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Les exercices physiques

dans la civilisation
grecque
CM 2
christophe.henrion@univ-reims.fr
Plan du CM 2

I : Le problème de l’origine des sports


II : Les fondements de la civilisation grecque
1 : Le cadre général
2 : Les quatre caractéristiques de la
civilisation grecque
III : L’éducation physique
1 : A Sparte
2 : A Athènes
IV : Les Jeux Olympiques
I : Le problème de l’origine des sports
En histoire : nécessité d’avoir des sources

Certains historiens considèrent que le sport est constitutif


de notre espèce, il existerait un homo sporticus

David Sansone (Professor of the Classics, University of Illinois) Greek athletics


and genesis of sport, University of California, 1988 :
l’origine des sports nous renvoie au moment de l’homme
préhistorique, à des sacrifices rituels pour accroître
l’énergie humaine
Rudolph Brasch, How
did sports begin ?,
1970 « le sport
trouve ses racines
dans le désir de
l’homme de vaincre
ses ennemis visibles
et invisibles et
d’influencer les forces
naturelles »
Il a écrit également
How did sex begin?
dont je ne vous
parlerai pas
Bernard Jeu
Les compétitions
sportives :

▪ cérémonies païennes
▪ rituels accompagnant
moments importants
de la vie sociale
▪ compétition est
surtout présente lors
du passage du monde
des vivants au monde
des morts
II : Les fondements de la civilisation grecque
1: Le cadre général
Une terre sèche, cloisonnée, montagneuse
2 : Les quatre caractéristiques de la civilisation grecque

a. Une civilisation religieuse


les Grecs vivent dans des polis (=cités) ce sont
des communautés d’hommes et de dieux
les dieux sont immortels et les hommes
mortels
tout s’explique par l’intervention des dieux
racontée dans des mythes
la religion est ritualisée (prière, libation,
offrande, sacrifice…)
b. Une civilisation pessimiste

L’existence humaine est par définition éphémère et


surchargée de soucis
Homère compare l’homme aux « feuilles que le vent
jette à terre » Iliade, 6, 146
Il sait que sa vie est déjà décidée par le destin
(moira), il doit suivre la loi divine (thémis),
d’abord en faisant preuve d’honneur (timë)
envers les dieux (offrir sacrifices)
Il est difficile de ne pas transgresser les limites
imposées par les dieux car l’idéal de l’homme est
l’excellence (arete)
Une excellence excessive suscite l’orgueil démesuré
et l’insolence (hybris) que les dieux frappent alors
c. Une civilisation esclavagiste

➢ Coupure fondamentale : celle qui oppose les


hommes libres aux esclaves
➢ Sources lacunaires et disparates. Nous ne possédons
aucun texte écrit par un esclave
➢ L'esclavage est indispensable à l'exercice de la
liberté
Aristote: "Si les navettes tissaient d'elles mêmes, les
maîtres n'auraient pas besoin d'esclaves!"
➢ On est esclave par prise de guerre ou par naissance
d. Une civilisation patriarcale et bisexuelle

➢ Opposition des catégories


homosexuelles/hétérosexuelles n’a aucun sens
➢ Uniquement les citoyens
➢ Esclave aussi sexuel
➢ L’adultère féminin est vigoureusement
sanctionné par crainte des bâtards
➢ Education du jeune (andreïon) aux mains d’un
citoyen (éromène) qui le forme (éraste) : guerre
L’armée au combat : la phalange
III : L’éducation physique

➢ Dans deux
cités (villes)
➢ Sparte
➢ Athènes
III : L’éducation physique
1.A Sparte :
➢ Cité des exercices physiques par excellence
➢ Système éducatif immuable et sévère
➢ Préparation aux combats et aux beaux corps
➢ Combattant = hoplite
➢ Mixité des exercices « Se trouvant mêlés (les
garçons et les filles) dans les exercices de gymnase et
pour tout le reste de l’éducation, ils seront amenés par
une nécessité naturelle à former des unions »
Platon, La République, 5, 458 d
➢ Cet entraînement physique a un but :
la sauvegarde et l’intérêt de la cité avant
tout

➢ Les deux mots d’ordre sont :


▪ patriotisme
▪ dévouement jusqu’au sacrifice
Le modèle de ce sacrifice suprême : le roi
Léonidas en 480 avant notre ère

«Passant, va dire à Sparte


que ses fils sont morts
pour obéir à ses lois»

Cette inscription rappelle le


sacrifice de 300
HOPLITES de la cité de
Sparte ainsi que de 700
soldats d’autres cités
dans le défilé des
Thermopyles
Organisation de l’éducation à Sparte
➢ L’enfant est enlevé à sa famille à l’âge de 7 ans
➢ Il passe de classe d’âge en classe d’âge, dirigée
par des moniteurs, soumis à des exercices
pénibles
➢ Accoutumance à la douleur à partir de 12 ans
➢ Mal nourri, obligé à voler
➢ A la fin de l’adolescence, il fait la cryptie :
« Ils ont un poignard […] tant qu’il fait jour, ils se
disséminent dans les retraites les plus ignorées,
sans rien faire; la nuit tombée, ils gagnent les
chemins que suivent les hilotes (=esclaves), s’ils
en surprennent un, ils l’égorgent »
Plutarque, Lycurgue, 28
Opposition jeune homme en formation
(cryptoi) et adulte combattant (hoplite)
CRYPTOI HOPLITES

Couteau Entièrement armé

Nuit, hiver, montagne Jour, été, plaine

Ruse Loyauté

Mange seul ce qu’il Repas pris en commun


trouve, vole (= sissyties)
Secret / désordre Ordre
Devenir de cette éducation ?

➢ Elle s’éteint d’elle-même


➢ Le nombre des citoyens devient
insuffisant, on appelle cela l’oliganthropie
➢ Certains échouent (par peur, par
faiblesse), ils sont exclus des droits
civiques et formant la catégorie des
« trembleurs », ils portent des vêtements
sombres et se rasent la moitié de la barbe
(citoyen = rasé; vieillard = barbu)
2. A Athènes :

➢ L'éducation à Athènes est très différente


de celle qui se pratique à Sparte :
moins militaire et gérée par des individus
et non pas par cité
➢ Les exercices physiques dominent car ils
épanouissent le corps et forme le
caractère avec formation intellectuelle
➢ Objectif : devenir « bel & bon » (kalos
kagathos)
❖ Au début du Ve siècle avant notre ère
(époque classique), le jeune garçon
fréquente successivement trois écoles :

a) à partir de 7 ans, celle du grammatiste


(celui qui enseigne l'alphabet (grammata)
b) celle du cithariste pour la musique
c) à partir de 12 jusque vers 16 ans, celle de
la palestre avec pédotribe (de "pais"
l'enfant et "tribo" exercer)
Scène de palestre :
discobole, pédotribe, athlètes
amphore à figures rouges (vers
515 av. J.-C.)
Paris, Musée du Louvre G 42 Palestre d’Olympie
➢ Le nouvel écolier passe sous la surveillance du
pédagogue (de "pais" l'enfant et "agein" :
conduire), esclave chargé de l'accompagner
dans les trajets entre l'école et la maison +
formation morale
➢ Vêtu d'un manteau pourpre, le pédotribe est
armé d'un long bâton fourchu qui lui sert à
corriger les élèves récalcitrants
➢ Les jeunes gymnastes s'exercent nus (gymnos =
nu), pour protéger leur corps contre les
intempéries, s'enduisent le corps d'huile et le
recouvrent ensuite de poussière
➢ Après l'entraînement, au son du hautbois, ils se
décapent la peau avec un racloir de bronze, le
strigile
➢ Ils pratiquent les cinq sports du pentathlon :
✓ lutte
✓ course
✓ saut
✓ lancement disque & javelot
Idéal beauté, proportion de la tête : 7 x dans le corps, 2 x
entre les genoux et les pieds, 2 x dans la largeur des
épaules et 2 x dans la hauteur du torse
Finalités de l’éducation : « bel & bon »
❖ On peut lire dans Aristophane, Les Nuées,
(vers 1002 et suiv.) le résultat idéal de cette
éducation athénienne :

« Tu passeras des loisirs au gymnase […] si


tu agis comme je dis tu auras toujours la
poitrine robuste, le teint clair, les épaules
carrées, la langue courte, les fesses
grosses et le sexe petit »
Apollon l’idéal de la beauté
masculine
Le jeune athénien
termine sa formation par
l’éphébie
➢ L'éphébie rassemble les
jeunes citoyens de 18 à 20
ans, astreints au service
militaire. Il est formé au
combat hoplitique
▪ Ephébie :

➢ Le jeune est tenu à l'écart de sa famille


pendant toute la durée de son initiation
➢ L'initiation commence par une formation
religieuse. Les éphèbes sont invités à
honorer les différents sanctuaires de la
cité
➢ Pendant la première année, les
entraînements se déroulent en dehors de
murs de la ville dans des camps militaires
situés aux frontières de la cité
➢ Cette première étape de la formation
s'achève par la remise de la part de l'État
du bouclier rond de l'hoplite et d’une lance
➢ Ils prêtent ensuite, serment de fidélité à la
cité et ses institutions
Forteresses aux frontières
d’Athènes
➢ La deuxième année se déroule dans les
garnisons de la région d’Athènes
➢ Les jeunes recrues participent aux travaux
importants, tels que la construction des
ponts, de retranchements ou de
fortification
➢ A la fin des deux années, le jeune éphèbe
est affecté au groupe militaire
représentant sa tribu : la taxis
➢ Il reste mobilisable jusqu'à l'âge de 60 ans
Conclusion
◼ Dès l’enfance, l’Athénien est bercé par la
pratique des exercices physiques à travers
les agônes, l’éducation, les loisirs et
l’éphébie
◼ Les exercices physiques permettent de
répondre aux critères de beauté et de
citoyenneté
IV : Les jeux olympiques
▪ Présentation générale :
➢ Des concours sportifs sont organisés à Olympie
et sont désignés d’après le nom du site, « Jeux
Olympiques »
➢ Fondation en 776 av. notre ère
➢ Ces Jeux ont lieu au même endroit, tous les
quatre ans
➢ Cette période de quatre années a pris le nom
d’«Olympiade » et servait de système de
datation : le temps ne se comptait pas en
années, mais en Olympiades
➢ À l’occasion de ces Jeux Panhelléniques (=qui
regroupe tous les Grecs) = trêve sacrée
➢ Des messagers (spondophores) vont de cité en
cité pour annoncer la date des compétitions
➢ Ils exigent l’arrêt des combats, avant, pendant
et après les Jeux afin de permettre non
seulement aux athlètes mais aussi aux
spectateurs de se rendre sur les sites en toute
sécurité, à l’aller comme au retour
➢ Les Jeux Panhelléniques ont un caractère
religieux très important
➢ Chacun des Jeux était célébré en l’honneur d’un
dieu précis :
▪ Zeus, le roi des dieux, à Olympie et à Némée
▪ Apollon, le dieu de la lumière et de la raison, à
Delphes
▪ Poséidon, le dieu de la mer et des chevaux, à
l’Isthme de Corinthe

➢ Lors des concours sportifs, on considère que la


victoire est accordée par les dieux
Le site d’Olympie

➢ Olympie n’est pas une cité, mais un


sanctuaire
➢ Le site se compose d’un espace sacré
(Altis), délimité par un mur d’enceinte et
d’un espace profane
Participation aux jeux
➢ Trois critères pour participer aux Jeux : être un
homme, grec et être libre
➢ Les femmes, les esclaves et les étrangers sont
exclus
➢ Les participants, quatre semaines avant les Jeux,
arrivent à Elis, cité proche d’Olympie
➢ Une sélection est faite : ceux qui sont retenus se
rendent sur le site d’Olympie
➢ Ils prêtent alors serment : participer aux
compétitions avec loyauté et dans le respect des
règles
Tricherie & amendes
➢ Lorsque les athlètes ne respectent pas les
règles, le juge sévit pendant le concours en
usant du fouet
➢ Pour des fautes plus graves, les athlètes doivent
payer une amende. Avec cet argent, on fait
ériger des statues de Zeus à Elis et à Olympie, et
on inscrit les noms des tricheurs sur leur socle
➢ À Olympie, ces statues (les Zanes) sont
disposées le long du chemin du stade
Le déroulement

➢ À leur apogée, déroulement : cinq jours


➢ Que des sports individuels
➢ Pas de sports d’équipe
➢ Lieux des compétitions : stade et hippodrome
Premier jour

➢ Les athlètes ainsi que les juges


prêtent le serment d’agir dans le
respect des règles
➢ Concours pour les trompettistes et les
hérauts
Deuxième jour

➢ Compétitions hippiques dans l’hippodrome


➢ Epreuve reine = course des quadriges (char tiré
par quatre chevaux)
➢ Courses de chars tirés par poulains et course de
chevaux montés
➢ Conducteurs de char = aurige
➢ Seuls avec longue tunique
➢ Les vainqueurs ne sont ni les jockeys, ni les
auriges, mais les propriétaires des chevaux
➢ Le pentathlon a lieu dans le
stade pendant l’après-midi
➢ Il comporte cinq épreuves :
lancer du disque, saut en
longueur, lancer du javelot,
course et lutte

Le lancer du disque :
pratiqué sans élan
tous les athlètes utilisent le
même disque
➢ Le saut en longueur: utilisation d’haltères en
pierre ou en métal, de forme variable L’épreuve
consiste probablement en une suite de cinq
sauts à pieds joints et sans élan, ce qui suppose
de l’harmonie et un sens du rythme Le rythme
est souligné par un joueur de flûte
➢ Le lancer du javelot : utilisation d’une
lanière de cuir fixée sur la hampe du
javelot afin de lui conférer une rotation
supplémentaire
TROISIEME JOUR
➢ Point culminant des Jeux
➢ Réservé au grand sacrifice : cent bœufs abattus
(=hécatombe) en l’honneur de Zeus et d’autres divinités
➢ Viande est partagée par la communauté lors d’un repas
auquel assistaient tous les participants aux Jeux
Hécatombe
QUATRIEME JOUR

➢ Les courses à pied dans le stade


➢ Les spectateurs prennent place sur les talus
➢ Les officiels (organisateurs et juges) bénéficient d’une
tribune
➢ Le stade est rectangulaire ; on court en ligne droite. Le
sol est de terre battue. Les concurrents prennent place
sur une ligne de départ signalée par des pierres en
calcaire blanc
➢ Pour les courses plus longues, les coureurs contournent
une borne ou un poteau à chaque fin de stade
➢ Il existait différents types de courses:

La course du stade, une longueur de


stade, soit environ 192m
Le diaulos, deux longueurs ou double stade
Le dolichos, une course de longue distance
(de 7 à 24 stades)
La course en armes (à Olympie, il
s’agissait d’un diaulos), revêtus d’un
casque et de jambières et portaient un
bouclier
Course en armes
➢ L’après-midi
est consacré au sports de
combat : pugilat (boxe), lutte et pancrace

➢ Tirage au sort des athlètes


➢ Pas de catégorie de poids
➢ Pour mettre fin au combat, un des
adversaires peut lever le doigt
(scène représentée sur certains vases)
Doigt levé = fin du combat
➢ Le pugilat :

➢ Les mains des pugilistes sont protégées


par de longues lanières de cuir
➢ Des pièces de métal sont même ajoutées
sur les jointures des mains, rendant ainsi
les coups beaucoup plus violents
Pugilat
Lutte
➢ La lutte: les lutteurs combattent debout, à
mains nues Il existe différentes prises. Celui qui
touche le sol à trois reprises au moins avait
perdu
➢ Le pancrace : sorte de lutte qui autorise tous
les coups à part mordre, arracher les yeux et
introduire les doigts dans le nez de l’adversaire
Cinquième et dernier jour

➢ Vainqueurs à l’honneur
➢ Dans le stade, ils sont couverts de rubans
et recevaient des palmes
➢ On leur donne ensuite des couronnes
d’olivier lors d’une cérémonie solennelle
➢ Enfin, les vainqueurs sont conviés à un
banquet avec les juges
Les récompenses
➢ Un seul vainqueur par épreuve son prix
est une couronne de feuillage
➢ À Olympie, une couronne d’olivier
sauvage. En plus de sa couronne, l’athlète
victorieux reçoit un ruban de laine rouge,
la taenia
Les couronnes
Conclusion
La fin des Jeux Olympiques

➢ Durant plus d’un millénaire, les Grecs, puis plus


tard les Romains, se réunissent à Olympie pour
célébrer ensemble la fête en l’honneur de Zeus
et veillent à ce que les Jeux Olympiques restent
un événement majeur

➢ C’est un décret de l’empereur Théodose en 393


après J.-C. qui interdit la pratique des cultes
païens et par là l’organisation des Jeux

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