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UNIVERSITÉ CATHOLIQUE D’AFRIQUE CENTRALE

INSTITUT CATHOLIQUE DE YAOUNDÉ


FACULTÉ DE PHILOSOPHIE
LICENCE III

Exposé d’histoire des idées philosophiques de l’éducation

Thème : L’éducation dans l’antiquité grecque dans l’Iliade et


l’Odyssée d’Homère

Présenté par

GOMA Précieux

NIKIEMA Téwendé Charles

Professeur
DR ESSAMA Siméon

ANNEE ACADEMIQUE 2023-2024


PLAN DE TRAVAIL

Introduction

I. Contexte historique de l’Iliade et de l’Odyssée


II. Les caractéristiques de l’éducation Homérique
III. Visée de l’éducation homérique

Conclusion

Introduction

La question de l’éducation a marqué l’histoire humaine depuis l’antiquité à nos jours. Elle
demeure et reste incontournable dans nos sociétés humaines, car, là où il y a l’homme
l’éducation ne saurait manquer sa place. C’est dans ce canevas, que le poète antique
Homère illustre par ces deux œuvres historiques qui sont l’Iliade et l’Odyssée, nous plonge
au cœur de l’éducation antique grecque. Ces deux œuvres ont façonné l’esprit des jeunes
grecs. Si l’Iliade nous offre une action unique de la guerre de Troie avec de multiples
héros, L’Odyssée, elle nous traite d’un seul héros Ulysse mais vu à travers des épisodes
différents. À travers ces récits la trace de la question éducative se dessine progressivement,
à travers la structure de la société grecque antique au point que nous pouvons nous pencher
sur les caractéristiques de l’éducation homérique d’une part et d’autre part sur la visée de
l’éducation homérique

I. Contexte historique de l’Iliade et de l’odyssée

Homère a été un aède de fin du VIIIe siècle avant Jésus Christ. Il était surnommé le poète
par les anciens, les deux œuvres de la littérature occidentale que sont L’Iliade et l’Odyssée
lui sont attribuées. L’Iliade est une épopée de le Grèce antique, et l’Odyssée, un long
voyage mouvementé, aventureux comme celui d’Ulysse1.

L’Iliade et l’Odyssée, sont deux œuvres littéraires dont les trames historiques s’avèrent
complémentaires. En effet, L’Iliade œuvre dont le thème majeur s’articule autour de la
1
Homère, Odyssée, Traduction par Médéric Dufour, Flammarion, Paris, 2017, page 15
guerre de Troie raconte la célèbre guerre de Troie, entre les achéens et les troyens.
Déclenchée par les troyens notamment Priam qui pour avoir pris la femme de Ménélas, un
des rois des cités grecques va voir sa cité être attaquée, par les achéens. Les guerriers des
cités grecques venus pour réparer l’affront faite à l’un de leurs rois se verront
physiquement affaibli sur le champ de bataille par le retrait des troupes d’Achille. Ce
dernier apprenant le décès de son ami Patrocle prendra les armes pour se venger et
triomphera de ses ennemis. L’odyssée, elle s’inscrit dans la suite logique de l’Iliade et
raconte le voyage d’Ulysse, un des vaillants guerriers achéens, protégé des dieux, roi
d’Ithaque (une iles grecque) qui rentrant de la guerre de Troie se verra être captif du
courroux du dieu Apollon dont il a tué le cyclope. Cette captivité le conduira o errer sur la
mer à travers ses treize aventures qui l’exposera à plusieurs adversités avant son retour
dans sa terre natale.

I. Les caractéristiques de l’éducation Homérique

Dans les récits homériques, la question éducative semble être traitée de manière subreptice
et se dévoile à travers les caractéristiques primordiales de la structure sociale de la
grecque antique qui sont la parenté et la classe. Cette éducation avait également un
caractère orale, physique, sportive et religieux.

Tout d’abord, la grecque antique au temps d’Homère connaissait une structure sociale
bidimensionnelle. D’une part, nous avons la classe des paysans et d’autre part la classe
aristocratique des guerriers-citoyens qui régnait souverainement sur les paysans. Il
convient de noter que l’éducation des paysans était sommaire et connaissait une
transmission de père en fils. Ainsi, les fils de paysans apprenaient à devenir paysans.
L’éducation reçue, était donc en fonction de la classe sociale de chaque citoyen dans la
cité ainsi que sa parenté. Homère dans l’Iliade va se pencher très peu sur cette forme
sommaire d’éducation destinée à la classe des paysans qui est traditionnelle. Cette
éducation traditionnelle des paysans grecs était une éducation de l’immanence sociale,
non institutionnalisée, qui s’acquiert dans la vie courante, elle est plus éthique. Homère
traitera plus dans ses œuvres de l’éducation traditionnelle aristocratique des guerriers-
citoyens qui occupait le sommet de la société grecque. Il faut faire la différence entre
l’éducation traditionnelle dominée par l’oralité et la transmission des valeurs et celle
traditionnelle magistrale qui s’oppose à celle de nos jours. Cette forme d’éducation est
magistro-centrisme, l’éducation traditionnelle au sens pédagogique. Cette éducation des
guerriers, témoigne bien de l’appartenance sociale des apprenants. C’est ainsi
qu’ « Achille sera désigné de Fils de Pelée, Nestor de fils de Nélée, Hélène fille de Zeus,
Agamemnon le roi guerrier, Pélops fouetteur de chevaux, Atrée pasteur de troupe, Thyeste
riche en troupeaux, Héphaïstos fabriquant de sceptre, Castor dompteur de chevaux, Pallux
vaillant boxeur ou encore Ulysse descendant de Zeus »2 pour désigner leur appartenance
et l’éducation qui était la leur. L’éducation homérique décèle donc ici deux
caractéristique qui sont rien d’autre que la classe sociale et la parenté. Cela s’illustre
encore par « l’effroi de l’enfant Astyanax devant le cimier de crins de cheval de son
père »3.

Ensuite, soulignons le caractère orale, physique et sportive de cette éducation homérique


qui mettait l’apprenant à l’école d’un plus âgé expérimenté et habile dans le domaine pour
l’initier convenablement. Nous lisons cela dans les lignes d’Homère à travers les exercices
aux combats, la rudesse des combats, des duels, le soin de l’équitation et bien d’autres
activités physiques du même genre. Mieux encore au chant II Ulysse tancera les jeunes
bavards en ces termes : « Insensé, reste tranquille et écoute tes supérieurs, toi sans
vaillance guerrière, jamais tu n’as compté à la guerre, ni au conseil » pour leur montrer
que « tous ne peuvent régner et que le commandement du multiple n’a point de place
dans cette ville »4

Enfin, Homère incluant dans la cité grecque antique la présence des divinités, ne
manquent pas de préciser leur place et contribution qui reste particulière dans l’éducation
de la classe des guerriers citoyens. Cette coexistence se révèlent dans son chant I où il
affirmera : « Les dieux et les hommes, les écuyers casqués dormirent la nuit. Seul Zeus ne
fut pas emporté par ce sommeil profond ». Mieux encore Homère dans son chant I de
L’Iliade renchérira en soulignant qu’en « Grèce tout acte est voué à l’échec s’il n’a pas
l’aval des dieux »5 Ainsi, nous trouverons dans ces deux œuvres la présence de plusieurs
divinités avec leur rôle et contribution dans l’éducation du jeune aristocrate ou guerrier
citoyen. Nous avons entre autre : les olympiens comme Aphrodite, déesse de l’amour ;
Apollon, divinité solaire de la lumière et des arts ; Arès, Dieu de guerre dans son aspect le
plus sauvage et cruel, il est accompagné sur le champ de bataille par la Discorde, la

2
Homère, Iliade, Traduction par Eugène Lasserre, Flammarion, Paris, 2000
3
Ibidem page, 11
4
Ibidem, page 45
5
Ibidem, page 23
Terreur et la Crainte ; Athéna, déesse guerrière de sagesse, associée à la stratégie
militaire ; Héphestos, Dieu du feu et forgeron de l’Olympe ; Hercule demi dieu fort et
vigoureux, Hermès, messager divin, dieu du commerce et des voleurs, Poseidon, il règne
sur la mer, les séismes. Nous n’omettons pas les Erinyes, déesses de la vengeance, les
Moires, divinités du destin. Toutes ces divinités avaient une place importante dans la
l’éducation grecque qui avait principalement un caractère religieux. Avec ces
caractéristiques de l’éducation homériques quelles peuvent en être les principales visées ?

III. Visée de l’éducation homérique

L’éducation homérique révélant plusieurs caractéristiques ne s’oriente pas dans le vide.


En revanche elle vise à préparer le jeune grec à être prêt et mur pour affronter l’ardeur et
la rudesse de la vie quotidienne, celle des travaux rudes et des combats infernaux que ce
soit sur terre et sur les mers.

La première visée de l’éducation homérique est donc sans conteste le « Kalos Kagatos »6
grec qui signifie littéralement ‘’bel et bien’’ , désignant le devoir être de toute œuvre
éducative. Cet idéal éducatif, est recherché avec le concours des dieux et reçoit sa plus
belle illustration au chant III où Homère démontrera la grandeur de l’éducation grecque à
travers le charme et la force d’Ulysse : « Ulysse de ses larges épaules était imposant.
Avec Ulysse aucun humain ne pouvait rivaliser, alors ce n’était plus tant sa la beauté
d’Ulysse que nous admirions en le voyant »7.

Dans ce même chant, Homère à travers le vieillard demandera d’après Ajax : « quel est
cet autre guerrier brave et grand qui dépasse les autres par sa tête et ses larges épaules »8.
Toutes ces illustrations démontrent bien le but de l’éducation homérique qui visait à
modeler le corps, à le rendre robuste et fort pour le combat et également beau, garnis de
vertus chevaleresque. Cet idéal, est inséparable du deuxième objectif de l’éducation
homérique qui est l’ «aretè »9 ou vertu. Les jeunes grecques étaient éduquées au
maniement des armes et pour cela étaient des hommes de valeurs, des héros, des hommes
de vertus. En effet, la courtoisie étant le propre d’un bon chevalier et s’accompagnait de
grandes valeurs humaines. Nous percevons des traces de l’«aretè » dans les deux œuvres

6
ESSAMA Siméon, cours d’histoire des idées de l’éducation, Licence III, UCAC, 2023, page 2
7
Homère, op.cit. page 66
8
Ibidem, page 67
9
ESSAMA Siméon, op.cit. page 2
à travers les qualificatifs homériens qui dépeignent la vertu comme idéal de l’éducation
antique grecque. A cet effet, il désignera « Achille, comme l’intrépide grand héros de la
guerre de Troie, Pallux comme un vaillant boxeur »10. Mieux encore à la question du
vieillard d’Homère dans l’Iliade, la belle Hélène d’Argos répondra en désignant
Ulysse: « C’est le fils de Laërte, l’ingénieux Ulysse qui grandit Ithaque, malgré la rudesse
du pays, il sait toute sorte de ruses et de pensées bien tramées ». L’idéal éducatif chez
Homère conjugue donc à la fois chez le jeune aristocrate grec le beau et le bien en alliant
en lui beauté et courtoisie, force et vertu. Le jeune grec est donc à la fois éduqué à etre
fort et ingénieux, beau et courageux, robuste et intrépide.

Conclusion

Pour conclure, nous avons vu comment la question de l’éducation marquant l’histoire de


l’humanité, a été une préoccupation antique importante traitée par Homère dans ses deux
œuvres l’Iliade et l’Odyssée. Nous avons également vu avec les caractéristiques de
l’éducation homérique qui sont la classe sociale, la parenté, le religieux, le physique et le
sportif, l’idéal qu’une telle éducation poursuit qui est d’une part le « kalos kagatos » et
d’autre part l’« aretè ». Pour finir, nous pouvons soutenir avec Pierre Bergounioux
qu’ « après la lecture d’Homère notre conception de l’éducation ne saurait rester le
même »11.

Bibliographie :

 Homère, Odyssée, Traduction par Médéric Dufour, Flammarion, Paris, 2017,


 Homère, Iliade, Traduction par Eugène Lasserre, Flammarion, Paris, 2000
 ESSAMA Siméon, cours d’histoire des idées de l’éducation, Licence III, UCAC, 2023

10
Homère, op.cit. page 55
11
Ibidem, page de couverture

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