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Journal mensuel N°10 Octobre 2023

Réflexion libre:
Le Journal Tchicaya Utam’si est un espace de réflexion des
étudiants congolais d’ici et d’ailleurs, ouvert à tous les amou-
reux du logos. Le journal a pour mission d’éveiller les cons- « S’approprier nos
ciences africaines au « Saper Aude » ...la sortie de l’état de imaginaires à inves-
tutelle pour oser penser par soi-même…. Nous ouvrons l’an-
née académique par ce présent numéro. tir, sans oublier l’ur-

. Bonne lecture, à tous et à toutes... gence de connaitre

et de mieux faire
connaître nos pen-
seurs»

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Email: Rationalitebantu@yahoo.com
Info: Directeur de publication Joseph Nguétaridi. +243 895 436 205

BRAZZAVILLE
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Éditorial

« L’homme ne vit pas de symbolique du repas, valeur tradi-

tionnelle qui s’articule autour de la
pain seulement, mais de
catégorie du biso na biso, la bisoïté,
toute parole qui sort de la
Gloire MALONGA et Précieux GO-
bouche de Dieu » dixit la bible.
MA ont mis du pain sur la table ; Mr
Cette célèbre maxime biblique, dont
Gloire MALONGA en abordant
l’appropriation philosophique relève
l’épineuse question qui fait le lit de
de facto le rapport anthropologique Presneil DIAFOUKA
l’actuelle politique africaine :
corps-âme, prouve à suffisance que
l’Afrique francophone à l’épreuve Chercheur en Droit/ UCAC
l’homme ne peut se réduire à sa vie
du coup d’état, quel avenir pour la
végétative, plutôt, il doit s’ouvrir à
démocratie africaine ? Mr Précieux
la vie de l’esprit, du V ous, à la
GOMA quant à lui soulève la ques-
transcendance, tant soit verticale
tion du développement culturelle-
qu’horizontale en nourrissant son
ment soutenable à partir de son plai-
âme par la comtemplatio. La philo-
doyer pour une éthique de la ratio-
sophie entendue comme bonne
nalité bantoue. Dans la perspective
usage de la raison, idéal polyma-
de la sagesse africaine, nous nous
thique, offre à l’homme, la pâture de
interrogeons avec Mr Précieux:
l’âme, l’ambroisie et le nectar que
comment un zèbre peut-il demeurer
nous pouvons appeler trivialement
zèbre sans sa zébrure ?
le pain de l’esprit, garant de l’équi-
libre humain dans le rapport corps- Chers lecteurs et lectrices,
âme. En effet, l’une des caractéris- nous vous souhaitons une bonne lec-
tiques majeures du Muntu mieux dit, ture, et surtout une bonne année aca-
des peuples bantous étant le partage, démique.
particularité qui se manifeste dans la

La démocratie africaine à l’épreuve du coup-d’état.
La politique de l’autruche et
Gloire MALONGA l’éthique des armes de laquelle
Philo 2, Séminaire F. s’affirme la pseudo démocratie
Singha dans l’espace politique africain,
induit inévitablement à la déstabilisation de la chose
publique. Privatisation de la chose publique, sabotage
des constitutions, atrophication des principes démocra-
tiques, tel est le modus operandi par lequel procède le
putsch. Cet oxymore de la pratique politique dans
l’état africain qui met en mal l’essor de la démocratie
en Afrique, atrophie l’élan des peuples vers le déve-
loppement, le mieux-être. Dans cette dynamique, notre
réflexion consistera à questionner la practicité du coup
d’état, sa légitimité en étroit lien vis-à-vis des prin-
cipes démocratiques ainsi que le devenir de l’état afri-
cain.
Le monde est selon jean Paul Sartre, « le complexe
synthétique des réalités ustensiles en tant qu’elles
s’indiquent les unes des autres suivant des cercles de
plus en plus vastes et en tant que l’homme se fait an-
noncer à partir de ce complexe ce qu’il est » (l’être et
le néant, Gallimard, p.52) les desiderata de Sartre
laissent entrevoir le rôle majeur que l’homme joue
dans l’expansion du monde et de tout ce qui le consti-
tue. Cette façon de voir le monde est aussi valable en
politique. C’est l’homme qui donne à la politique sa
raison d’être et lui sert de moteur premier. En effet, la
politique dans son essence a pour seul objectif, le bien-
être collectif sinon la tranquillité intérieure et la sécuri-
té extérieure. Lorsque le politique, mieux dit, le gou-
vernant ne favorise pas le bien d’un plus grand
nombre, l’éthique de la communion, la société tombe
en ruine. Ceci implique le fait que d’aucuns choisis-
sent la voie de la révolte, de la violence dont l’optique
de faire restaurer le devant-être démocratique. C’est ce
qui justifie en partie première l’ethos du putsch qui
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aujourd’hui fait le lit des démocraties à béquilles dans
l’Etat africain ; démocraties dont la légitimité des ré-
gimes y affairent est sujette à caution du fait qu’ils
procèdent par le sabotage des principes démocratiques,
notamment celui du libre et transparent processus élec-
toral. Dans ces entrefaites, penser l’Afrique oblige
donc à faire recours à la pensée inflexionnelle de Ngo-
ma-binda qui, par le truchement de des douze prin-
cipes qui la structure fait d’elle une philosophie appe-
lée au succès. En effet, les catégories que dépeignent
ses principes: authenticité, raison pratique, utilité
émancipatoire, socialité, sélection, proximité, actualité,
publicité, adéquation éducationnelle, exigence poli-
tique, etc. constitue tant soit une véritable chirurgie de
l’Etat africain ainsi que de même un remède de la con-
dition existentielle africaine. Le principe d’exigence
politique répond directement à notre p préoccupation
du rapport démocratie-Pusth quel avenir et devenir
pour l’état africain ? Nous répondons avec Ngoma-
binda, que toute action politique doit s’appesantir sur
la morale pour qu’elle ne vise pas la discrimination,
pour qu’elle ne soit pas une arme dévastatrice des plus
faibles mais pour qu’elle soit la fontaine où tout le
monde sans distinction pourrait s’abreuver en toute
liberté et quiétude. En d’autres termes, l’action poli-
tique dans la perspective de Ngoma-binda doit donner
du primat sur l’action collective plutôt qu’individua-
liste.
In fine, le principe de socialité tout comme celui de
l’exigence politique met un accent particulier sur l’agir
mutuel. Le putsch seul ne saurait apporter un renou-
veau sur tous les plans de la société en Afrique. Il im-
porte que chacun mette sa main dans la patte pour me-
ner à bien cette initiative qui se veut apporter une ré-
demption en Afrique et cela passe par le respect la
constitution.

L’Esprit populaire : Plaidoyer pour une éthique de la rationalité
Précieux GOMA
philo 3, Ucac-Ucy
La vie de l’esprit se doit
d’être conscience de soi nous le précise Hegel. Par-
venu à son auto conscience, l’esprit se doit d’être
pour soi. L’injonction socratique nosce te ipsum
(connais-toi toi-même), résume la vie de l’Esprit.
Chaque peuple est donc appelé à travailler au cours
de l’histoire son auto connaissance, son auto cons-
cience. Le mal de plus d’un peuple en Afrique c’est
de n’être pas encore parvenu à leur connaissance de
soi. Vidé de nos patrimoines culturels, taxé de char-
latanisme, l’africain aujourd’hui souffre d’une crise
d’identité ; Eboussi boulaga dira la crise du Muntu.
Comment œuvrer en Afrique, au Congo particulière-
ment de sorte à rendre libre l’Esprit populaire des
peuples Bantou ?
Pour l’émancipation de l’Esprit populaire, l’Etat doit
mettre en place des politiques pour une éthique de la
rationnalité bantu, une éthique dont la visée consiste-
rait à soigner le Muntu en crise ; crise d’identité,
identité culturelle, religieuse et patriotique. En effet,
l’Etat est le matériel premier de la réalisation de
L’Esprit, de la raison universelle dans le monde
(Hegel, la raison dans l’histoire). Œuvrer à la réali-
sation de l’Esprit dans notre monde, dans notre
Afrique, c’est travailler à l’émancipation des peuples,
au progrès, ainsi qu’à la liberté des peuples car nous
dit Hegel, la liberté est la substance de l’Esprit (La
raison dans l’histoire, Union générale d’édition,
1965, p.75). L’inconscience béate, ainsi que l’immé-
diateté qui se traduit dans nos Etat, tant soit dans leur
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Bantoue
gestion, qu’au niveau du vécu populaire est sympto-
matique de l’immaturité de notre Esprit. Il en revient
alors au philosophe éthiquement correct d’être lu-
mière pour nos cités de sorte à les réveiller du som-
meil de leur ignorance sur eux même, sur leur destin
ainsi que sur leur inconscience.
L’Afrique dont Hegel croyait outre de l’Histoire doit
œuvrer à la matérialisation de son passage dans
l’Histoire à partir de ses catégories propres dont He-
gel ignorait. Catégories de laquelle s’affirme la ratio-
nalité bantoue (Mveng et Hebga en sont des pion-
niers sur ce chemin). Cette éthique doit procéder par
une autre éthique qui se veut éthique de la transgres-
sion (Jean-Marc Ela), endogène et exogène. La trans-
gression endogène doit viser l’insoumission aux poli-
tiques dictatoriales dont l’éthos se résume à l’immé-
diateté ; politiques ventriloques (F.Bayard). La trans-
gression exogène doit quant à elle viser le refus de
tout catégories fixes et ou morale universelle impo-
sée par un ailleurs oxydentalisant. Ainsi l’éthique de
la transgression, c’est-à-dire la pensée dissidente
pour une Afrique insoumise doit précéder et ouvrir le
plaidoyer pour une éthique de la rationalité bantoue
car comme le dira si bien Hegel « le commencement
de l’esprit nouveau est le produit d’un long boulever-
sement de formes culturelles variées, le prix d’un
chemin aux enchevêtrements multiples et d’une as-
treinte et d’un effort tout aussi multiples » (Hegel,
phénoménologie de l’Esprit, Gallimard, 1993, p.29).