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1.

Pour une affirmation de l’identité chrétienne

Lorsque Fabien Eboussi Boulaga laisse joliment entendre que : « Nous sommes dépouillés de


notre capacité de revenir à soi, de se comprendre en parlant, de raisonner et de réfléchir aux
conséquences des actes accomplis ou à poser »1, il préconise déjà l’ethicité de l’intelligence
qui doit se déployer de manière phénoménale et zététique pour le mieux-être de l’être
Africain. Il souhaite désenchanter et dépoétiser la fameuse abscondité de tout le continent
Africain qui participe de la catégorie de l’aussi. De mémoire, il apparait que l’africanité est
le socle de tout l’affairisme post-Egyptien. Celui-ci tire ses racines dans les proto-sentences
d’IMHOTEP l’égyptien, premier savant systématicien de l’histoire, qui rêve de l’éternité.
Après lui PTAHOTEP questionnera la vérité qui ne peut être qu’atteinte que l’effort de la
Pensée. Plus précieuse que l’émeraude, la pensée Egyptienne fut le socle de toute l’odyssée
sapientielle et rationnelle du fameux miracle Grec ou du règne de la raison. En outre, Sans
davantage épiloguer sur Epictète ou Saint Augustin qui sont des Africains et les représentants
les plus éminents de l’originalité et de l’apologétique philosophique, il faut s’attarder sur
l’africanité d’Oscar BIMWENYI KWESHI, défenseur practiciel de toute l’identité nègre
dans sa pureté immaculée. Celui-ci prone l’idée d’une appropriation des autres pensées pour
travestir l’Afrique. C’est à ce niveau qu’intervient la pensée la pensée japonaise sus-évoquée.
Quelle peut être son implication dans la quête noétique et transformatrice du réel ? Ici, il faut
se demander, mieux il faut chercher la voie royale pour mieux affirmer l’africanité. D’après
ce que nous avons vu dans la proto-partie, la pensée japonaise aboutit à une phénoménologie
certes en ébauche, mais propice au développement même identitaire grâce à ses implications.
Ce qui est impliqué par ce que nous venons de dire c’est la phénoménologie, néo-japonaise
d’une part, sauvera et aidera l’Afrique à sortir de la raque. En effet, cette dernière porte sur
son visage les traces d’une longues Tradition d’esclavage et de servitude qui a vu naitre une
abondante littérature Européocentriste et ipséité. Historiquement tout s’est déroulé comme si
le nègre n’était pas apte à la civilisation parce que doué de la mentalité prélogique selon
Lévy-Bruhl. IL a fallu la négation de la négation d’une philosophie africaine par les hommes
comme Amadou Mathar M’BOW, directeur général de l’Unesco d’alors, pour commencer à
percevoir le nègre comme un être de Raison. Lors de la célébration du 23 e centenaire de la
mort d’Aristote en 1978, il déclarait : « Aristote vit en nous sans que nous le sachions »
c’est-à-dire chacun vit dans et avec la philosophie. Aussi en 1960, dans la revue Zaïre, André
Doutreloux utilisera pour la première fois le concept d’ethnophilosophie compris comme,

1
Fabien Eboussi Boulaga, Lignes de résistance, Ed. CLE, Yaoundé, 1999, p. 10
production linéaire et ethnologico-philosophique sur la totalité des systèmes africains. C’est
donc en raison que Basile Juléat Fouda parlera de la philosophie négro-africaine de
l’existence ou de du bancalisme ontologique qui comme la philosophie japonaise du
shintoïsme, implique de vivre avec la nature comme dans une communauté de destin sans
vouloir la dominer. Bien Plus, l’africanité semble ne pourvoir s’affirmer qu’en opérant des
ruptures phénoménologiques. C’est que, la phénoménologie qui vise la scientificité radicale
de la pensée, permet de retracer le sens et de redécouvrir au quotidien l’origine principielle du
monde. En effet la phénoménologie appréhendée comme « description du réel tel qu’il
apparait à la conscience »2 décrit intuitivement et de manière pure les actes et les essences de
la conscience. Elle devient possible grâce aux réductions ou actes de la conscientisation de la
conscience par elle-même. La première réduction est dite phénoménologique. C’est le
premier moment de la conscientisation ou la rupture avec les préjugés et l’attitude naturelle.
C’est le lieu de la suspension de la croyance aux choses donc l’horizon de la rationalité.
Cadre idéale pour une Afrique en situation Sartrienne. L’émergence commence donc par les
ruptures naïves et asservissantes. Après la réduction phénoménologique arrive la réduction
eidétique. A ce niveau l’essence de la chose apparait par le processus d’idéation. La chose se
donne à la conscience. La conscience rentre en elle-même pour se représenter idéalement la
consistance de l’essence. Ainsi, La conscience, et donc celle de l’Africain peut arriver à
déterminer l’essence pure des choses, de chaque problème, de sorte que il ne puisse plus
rencontrer aucune difficulté dans l’explication de son milieu. Le troisième moment de la
réduction est la réduction transcendantale qui permet d’arriver à la pureté de son devenir.
Dans ce troisième moment, on détermine mieux les possibilités au sein desquelles la
conscience se sépare d’elle-même, pour mieux se dépasser et revenir sur elle-même. La
conscience se libère d’elle-même pour accéder à son idéalité pure. Il y’a éveil du Moi qui se
libère du factuel et de la facticité pour ce se réaliser. Ce qui est impliqué par cette troisième
réduction c’est que l’Afrique peut se libérer de sa souffrance. Le peuple noir n’est donc pas
condamné à la désuétude existentielle. Au contraire par la pensée de plus en plus
phénoménale, il peut se libérer de ses chaines comme le prisonnier de Platon dans le mythe
de la caverne. Par une ascèse et une dialectique toujours ascendante et avide de bonheur, de
prospérité, de développement, et d’authenticté, le peuple noir peut franchir le Rubicon et
conserver sa spécificité la plus inouïe : son identité. C’est l’intuition qui traverse d’ailleurs
toute la pensée de Fabien Eboussi Boulaga. Avec lui, c’est la rupture avec les autres et leur
philosophie, ou la mise entre parenthèse voire l’épochè des autres philosophies qui constitue
2
Noella Baraquin, Dictionnaire de philosophie, Ed. Armand Colin, Paris, 2011, p. 389
la condition de la libération de l’Afrique. Car la philosophie ou le philosophe qui doute se
retire de la mêlé et atteint facilement la vérité des choses et la réalité même des choses. Le
désir du philosophe prospecte et poursuit uniquement l’authenticité entendue comme
« volonté d’être soi par soi, volonté elle-même débarrassée des préjugés déposés par la
tradition et l’école, depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte »3. Comme dans une perspective
phénoménologique l’authenticité s’intuitive d’elle-même pour la découverte de la vérité, de
sa propre différence. Par une démarche de déracinement, de rupture passéiste, l’Afrique sort
de l’assistantialisme, de l’éternelle dépendance pour devenir ce qu’elle doit être de façon
originelle. Car si le « le passé, dans cette perspective n’est envisagé que parce qu’il s’ouvre
sur notre liberté »4 Par le principe d’individuation, le Muntu doit réagir et agir en rejetant le
conformisme et poussant l’effort idéel jusqu’au bout pour accéder à l’humanité. Le Muntu
doit s’appartenir sans la moindre inclination avant d’avoir la prétention d’appartenir à la
civilisation. C’est la dialectique de l’authenticité : l’être-soi du noir doit se démarquer des
autres dans le devenir. Il s’oppose à l’universel pour mieux se poser et revendiquer une
identité propre contraire aux superstructures idéologiques comme la négritude pure et
essentielle. La valeur du Muntu à l’échelle mondiale est possible grâce à ce qu’il fait de lui-
même et de sa science. Ceci implique qu’il doit agir en axant sa pensée sur le présent et le
présentiel. Et tant-il que la pensée est la seule chose qui nous fait être, il faut passer par la
méthode initiatique pour espérer arriver à l’émergence la plus haute. Cette méthode implique
le sentir en tant que « communication originelle avec le monde »5 et formant avec ce dernier
une solidarité de destin au sein de toutes les épreuves existentielles. Par une succession
d’épreuves et de crises, l’africain peut sortir de la pauvreté, de l’osmose identitaire, de
l’anéantissement de soi, de la déchéance continuelle. Et parce que la vie est concrète, une
philosophie authentique et une science authentique devient celle qui prend en compte la
souffrance et la misère de l’homme noir pour les travestir en moments de réussite et
sautériologique africaine. La philosophie de l’authenticité dans cette seule mesure devient le
réalisme africain. C’est grâce à ce réalisme que le nègre trouve toujours une solution à chaque
problème. En raison de toute cette dialectique athenticitaire, nous tombons irrémédiablement
dans les implications de la pensée phénoménologique japonaise. Celle-ci induit la
conscientisation et nous plonge définitivement dans le pragmatisme africain ou le
consciencisme. Par ailleurs, s’il est universellement reconnu que c’est grâce à la philosophie

3
Ernest Menyomo, Descartes et les Africains, Harmattan, Paris, 2010, p. 178
4
Fabien Eboussi Boulaga, A contretemps, Karthala, Paris, 1991, p.258
5
Fabien Eboussi Boulaga, La crise du Muntu, Paris, Présence Africaine, 1977, p.218
que de nombreux continent ont pu émerger de la noyade obscurantiste et atechnique, il faut
aussi penser que c’est grâce à elle, que l’on peut parvenir à une véritable rédemption de la
société africaine. En effet, c’est uniquement grâce à la philosophie que les africains peuvent
établir un corps de doctrine régulant le développement et l’identité africaine dans on
ensemble. A ce niveau de la réflexion la révolution sociale apparait comme le critère unique
pour une africanité meilleure, et c’est dans cette mesure uniquement que le consciencisme
peut prendre en compte le réalisme japonais qui partit du shintoïsme pour arriver à la
technologie, conséquence logique de toute philosophie scientifique et par ricochet
phénoménologique. Qu’est-ce que le consciencisme ? Indiquant par quelle voie le progrès
sera tiré du conflit qui agite actuellement la conscience de l’Afrique, le consciencisme peut
être appréhendée comme une « doctrine qui se donne qui se donne pour objectif de
conscientiser le peuple, en le sensibilisant sur lui-même et sur les différents problèmes qui se
posent à survie »6 et l’invitant à la révolution à l’image des autres sociétés ou culturalités.
Comme dans la phénoménologie japonaise, la conscience est le point de départ et le point
d’arrivée. Ce qui fait du consciencisme une doctrine plus que savante et noétique, il devient
une idéologie politique, étatique et éthique impliquant la sortie de chaque africain hors de lui,
hors de la monoscience ou monoconscience pour mieux décider sur la plan gouvernemental
et sociétal. C’est ce que l’auteur appréhende comme le communalisme. De ce fait, l’africanité
pour mieux se réaliser dans se situer dans la situation de Jean-Paul Sartre. C’est-à-dire
produire historiquement et socialement les conditions ultimes et concrètes du développement
et de l’authenticité africaine. Bien sûr ceci dans une logique identitaire et perpétuelle. Aussi
faut-il le signifier ici, tant que la « conscience est donc d’abord un produit social et demeure
comme telle, aussi longtemps que des hommes existent »7 la conscience et partant la société
africaine s’enlise dans une théorie et dans l’effectivité de la lutte des classes, moteur de
l’histoire et chemin royal de l’industrialisation. Le phénomène de la conscience semble donc
être loin de l’épiphénoménisme, une articulation plutôt matérielle pouvant créer toutes les
possibilités d’émergence et d’affirmation de l’Esprit Africain. Quelle est donc la critériologie
conceptuelle de toute la causticité africaine, ou de tout l’effort sapientiel dans le discours
philosophique ?

6
Ernest Menyomo, Op. cit, p. 65
7
Karl Marx, l’idéologie Allemande, in Œuvres choisies par H. Lefèvre et Guterna, Coll. Idées. P. 131

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