Vous êtes sur la page 1sur 3

Exemple de Rédaction d’un Sujet Type Question : Classe de 1ère A4

Sujet : L’Afrique doit-elle compter sur la philosophie pour parvenir à son émergence ?

Consigne : Tu feras du sujet ci-dessus une dissertation philosophique en prenant en compte les tâches ci-
après :
Tâche 1 : Rédige une introduction dans laquelle, après avoir amené le sujet, tu poseras le problème
philosophique dont il est question et élaboreras une problématique subséquente. (03 points) ;
Tâche 2 : A partir de ta culture philosophique et dans le respect des règles de la logique, élabore une analyse
dialectique du problème soulevé. (03 points) ;
Tâche 3 : Rédige une conclusion dans laquelle, après avoir rappelé le problème et dressé brièvement un bilan
de ton développement, tu proposes une solution personnelle et contextualisée dudit problème. (03 points).

Daniel MOUKOURI – Enseignant de Philosophie.


Introduction
Aujourd’hui, les noirs sont davantage témoins de divers maux qui frappent sur eux. Certains pensent
que la cause relève de l’égoïsme de l’homme, d’autres pensent plutôt qu’elle est déterminée par des forces qui
dépassent l’entendement, pourtant, tout porte à croire que la cause principale, dans ces deux cas, n’est qu’un
problème de mentalité. Cette réalité pousse donc à s’interroger en ce sens : l’Afrique doit-elle compter sur la
philosophe pour parvenir à son émergence ? En d’autres termes, il est question de savoir si le domaine de la
pensée critique et rationnelle est la voie la mieux avisée pour sortir les noirs du sous-développement. Ainsi
se pose le problème de la philosophie comme condition de développement de l’Afrique. De ce fait, comment
peut-on justifier le fait que la liberté des nègres passe nécessairement par la philosophie ? N’est-ce pas ignorer
que cette discipline, contrairement à la science, brille par son caractère spéculatif ? Quel serait donc la
véritable condition de développement de l’Afrique ?

Développement
D’emblée, il semble judicieux de se pencher vers la philosophie pour trouver satisfaction et fonder
ainsi la liberté de toute la communauté noire.
D’abord, disons que ce choix nous parait éclairé dans la mesure où l’Afrique, l’histoire nous en est
témoin, est le continent le plus pauvre de tous. Sa pauvreté est tant matérielle qu’intellectuelle, mais il se
pourrait que celle-ci domine sur celle-là. Or, comment cela se manifeste-t-il ? Tantôt par des croyances non
fondées qu’on ne juge même pas nécessaire de remettre objectivement en question, tantôt par l’absence de
connaissance objective de la réalité. Pourtant, la connaissance est la première richesse que tout homme doit
posséder. Nous comprenons donc pourquoi René Descartes dira que : « c’est proprement avoir les yeux
fermés sans tacher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher », vu qu’il confirme le rôle que joue
la philosophie, en tant qu’éveilleuse de conscience.
Aussi, la philosophie peut avoir sa place dans la quête du développement de l’Afrique en ce sens que
s’il arrive même que sur le plan collectif, à défaut de parvenir à éveiller la conscience communautaire, elle
pourra quand-même toucher une personne qui sera comme le représentant de toute sa communauté. À ce
niveau, le philosophe sera vu comme le libérateur de la société, il sortira celle-ci de son joug. On verra donc
que sur le plan politique, il disposera de la connaissance nécessaire pour mener à bien son rôle à l’égard des
siens, en ayant ainsi opérer l’ascension dialectique, ce qui lui permettra dès lors de définir l’ordre que doivent
suivre les autres. C’est la raison pour laquelle Platon dira à cet effet que : « l’ordre règnera dans la cité le jour
où les philosophes seront rois ou que les rois deviendront philosophes », pour souligner ainsi l’implication
incontournable de la philosophie dans la vie en communauté.
Vu ces justifications, il semble donc clair qu’il n’était pas insensé de voir en la philosophie, le chemin
qui mène à la liberté de l’Afrique. Mais, doit-on pour autant fermer les yeux sur son manque de pragmatisme ?

La philosophie, reconnaissons-le, a su nous convaincre de compter sur elle pour sortir les noirs de
leur marasme. Seulement, ses limites tendent à nous faire revenir sur nos propos, et ce, pour deux raisons.
La première est qu’elle brille par son caractère théorique, c’est dire qu’elle est une pure spéculation.
La philosophie est une discipline qui tend à s’exclure de toute réalité objective en ce sens qu’elle n’influence
que le côté mental de l’homme, pourtant, fondamentalement, les africains sont un peuple dont le principal
souci qui le gêne est la famine. Et parce qu’ils ont faim, ils semblent s’accorder sur le fait que les idées
n’emplissent pas leurs estomacs. Un ventre affamé ne saurait donc avoir l’oreille attentive face aux discours
philosophiques, au point où Karl Marx a pu dire que : « jusqu’ici, les philosophes n’ont fait qu’interpréter le

Daniel MOUKOURI – Enseignant de Philosophie.


monde de différentes manières, ce qui importe, c’est de le transformer » ; ainsi, cette transformation dont
l’auteur fait mention n’est rien d’autre que la science.
La seconde raison qui remet en question la crédibilité de la philosophie, relativement à l’effectivité du
développement en Afrique, est l’attitude peu orthodoxe de certains philosophes. Il s’est avéré que la
philosophie pousse, à un moment, à l’anticonformisme et à l’athéisme. Les philosophes veulent donc êtres si
hors du commun qu’ils entreprennent changer l’ordre établi dans le monde. En contexte africain, l’ordre qui
est établi est celui fondé depuis des milliers d’années par leurs ancêtres. Ainsi, la modification de cet ordre
est quasiment impossible, combien de fois sa suppression ? Ce fait justifie donc la pertinence de la pensée de
Georges Clémenceau lorsqu’il affirme : « si j’avais une province française à punir, je la ferais gouverner par
un philosophe », montrant ainsi le potentiel désordre social qu’il peut amener dans une société, même en
contexte africain.
Si les uns embrassent la philosophie et entendent y fonder leur espoir pour l’émergence de l’Afrique,
et que les autres trouvent qu’elle est plutôt inutile de plus qu’elle est nuisible, quelle serait donc la véritable
condition du développent de l’Afrique ?

L’Afrique fait face à plusieurs obstacles dans la quête de son autonomie. Parmi eux, figure ceux repris
respectivement dans chacune de ces eux thèses antagonistes, à savoir, la pauvreté intellectuelle qui peut se
résoudre à partir de la philosophie, et la pauvreté matérielle, qui peut être réglée par la science. Mais le
problème s’avère manifestement double, or on ne saurait résoudre un problème et laisser l’autre, d’où la
nécessité de prendre avec nous la philosophie, mais de joindre à elle la science, qui pourra combler ses
déficits, comme le préconise Kwame Nkrumah en ces termes : « la théorie sans la pratique est vide et la
pratique sans la théorie est aveugle ». Concilier l’idéalisme philosophique et le pragmatisme scientifique
semble donc la méthode la mieux avisée.

Conclusion
Enfin de compte, il était question de discuter sur le problème de la philosophie comme condition du
développement de l’Afrique. Ainsi, perçue comme la condition sine qua none dudit développement, la
philosophie voulait s’imposer car confiante de l’idéal qu’elle porte en elle. Cependant, il nous a semblé
judicieux de remettre en cause cette conception et de lui reprocher tant son manque de pragmatisme que son
anticonformisme, ce qui serait d’autant plus un problème pour les africains qui veulent sortir du sous-
développement. Toutefois, nous, nous pensons que la philosophie, malgré tout, est le véritable fondement de
la liberté des nègres car elle au moins touche l’idéal, et nous fait tendre vers la perfection.

Dm

Daniel MOUKOURI – Enseignant de Philosophie.

Vous aimerez peut-être aussi