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Sujet : Selon Ebenezer Njoh-Mouelle : « il n’y a pas de philosophie dans les proverbes ». Qu’en penses-tu ?
Consigne : Tu feras du sujet ci-dessus une dissertation philosophique en prenant en compte les tâches ci-
après :
Tâche 1 : Rédige une introduction dans laquelle, après avoir amené le sujet, tu poseras le problème
philosophique dont il est question et élaboreras une problématique subséquente. (03 points) ;
Tâche 2 : A partir de ta culture philosophique et dans le respect des règles de la logique, élabore une analyse
dialectique du problème soulevé. (03 points) ;
Tâche 3 : Rédige une conclusion dans laquelle, après avoir rappelé le problème et dressé brièvement un bilan
de ton développement (03 points).
Développement
Dans sa pensée, Njoh-Mouelle entend justifier l’inexistence d’une philosophie propre aux négro-
africains de par deux principales raisons.
Premièrement, on voit que la philosophie africaine brille par son dogmatisme démesuré. En effet,
cette philosophie, qu’on nomme communément l’ethnophilosophie, n’est, semble-t-il, bien que faussement
admis, qu’une fusion entre la philosophie et l’ethnologie. Les africains pensent donc philosopher en ayant
récupéré l’héritage culturel ancestral laissé par leurs ancêtres en l’ayant érigé au rang de pensée pure, or, il
se pourrait qu’ils ignorent qu’ils sont, de plein fouet, frappés par le dogmatisme car, de par leur nature,
certains éléments de cette culture ont horreur de la critique, le cas des traditions. On comprend donc
pourquoi Marcien Towa conviendra avec l’auteur lorsqu’il dira que : « déterrer une philosophie, ce n’est pas
encore philosopher » ; et donc, si philosopher, c’est poursuivre son bonheur, les africains semblent plutôt
poursuivre leur malheur car ils font tout, sauf de la philosophie.
Secondement, on comprend dans cette pensée de Njoh-Mouelle que la philosophie africaine est un
pur mythe en ce sens qu’elle n’est qu’une négation de la philosophie à proprement parler. En fait, la
philosophie en elle-même se veut essentiellement universelle et critique. Pourtant, la philosophie africaine
n’est philosophie que pour les nègres, en plus, elle ne fait même pas la promotion de l’esprit critique, car avec
elle, l’on accepte tout ce à quoi elle nous soumet, jusqu’à l’irrationnel. Ici, loin de penser par soi-même, on
pense plutôt par les ancêtres. Ainsi, par ricochet, tout porte à croire que le problème du sous-développement
dont subit l’Afrique jusqu’à ce jour est conditionné par la précarité mentale dont ce peuple fait preuve. Il y a
donc lieu de reconnaitre avec Voltaire pour qui : « la superstition peut mettre le monde en flammes, mais la
philosophie peut les éteindre », c’est-à dire, seule l’activité réflexive peut conditionner leur vraie liberté.
Il est donc clair à présent qu’Ebénézer Njoh-Mouelle ait raison de nier la pensée nègre, ce qui, par
ricochet, renseigne sur la position des philosophes critiques africains. Seulement, n’est-ce pas repousser en
même temps nos ancêtres ?
La pensée de l’auteur est fondée, cela va de soi. Mais, nous devons reconnaitre deux choses qu’il
semble n’avoir manifestement pas pris en compte.
La première est que la négation de ce qu’on considère comme notre pensée, n’est que le rejet
systématique de nos ancêtres, ce qui serait un inconcevable paradoxe. Dans chaque peuple, les mœurs sont
principalement influencées par le vécu des ancêtres. C’est l’appartenance à une communauté et la pratique
de sa culture qui déterminent l’identité de chaque individu. Or le principe est que, dans toute culture, les
ancêtres sont sacrés car ce sont eux qui en sont les fondateurs ; si l’on refuse donc de faire comme eux, nous
perdrons dignité, respect et même bénédictions venant d’eux. En s’opposant ainsi à la conception de Njoh-
Ce qui reste vrai dans la pensée de Njoh-Mouelle, en dépit des critiques qui lui ont été admises,
est qu’il tente de donner au monde, et aux africains particulièrement, une vision réaliste, ou dirions-nous
plutôt, une vision actuelle de la philosophie. Il n’y a pas de quoi regarder en arrière, car le monde avance, nos
défis également. Reposer ainsi la pensée sur la culture, qui n’a véritablement impacté que dans l’époque
passée, nous semble aujourd’hui dépassé. En voyant donc l’ethnophilosophie comme une « discipline
hybride, à cheval sur l’ethnologie et la philosophie et qui n’est franchement ni l’une ni l’autre », Paulin
Hountondji veut se joindre à Njoh-Mouelle pour exhorter les africains à cesser de philosophistiser leurs
cultures et d’apprendre à penser par eux-mêmes.
Conclusion
En fin de compte, ce sujet nous invitait à discuter sur le problème de l’existence d’une philosophie
africaine, dont posait d’ailleurs la pensée d’Ebenezer Njoh-Mouelle. Au demeurant, on a vu avec cet auteur
qu’il est insensé de parler d’une philosophie nègre car cela, selon lui, ne serait qu’une négation de la
philosophie elle-même. Or, on a trouvé judicieux de remettre méticuleusement en cause sa conception du
sujet. Il fallait donc montrer que la culture d’un peuple est ce par quoi, ce peuple est considéré comme tel ;
on trouve ainsi la nécessité de la prendre comme pensée pour se démarquer davantage des autres. Toutefois,
nous, nous pensons que nous devons méthodiquement procéder à une mise à jour de nos cultures afin de ne
plus l’entacher d’irrationalité. La philosophie critique a tout son sens, mais nos cultures encore plus.
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