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Une dizaine de pays et plus de 100 communications sont attendus à
l’occasion du colloque international sur la notion de l’intégration africaine,
organisé à Yamoussoukro du 18 au 21 octobre 2022 par quatre entités , à
savoir le département de philosophie de l’université Félix Houphouët-Boigny,
l’institut universitaire Saint Jean-Paul ii de Yamoussoukro, l’association
ivoirienne des professeurs de philosophie (aipp), et la fondation Félix
houphouët-boigny pour la recherche de la paix. Pour en savoir davantage
nous avons rencontré le Professeur Thiémélé L. Ramsès BOA, président du
comité scienti que. Il est également auteur . Son dernier ouvrage paru est «
La philosophie du dos. Tome 2. Derrière soi, l’ombre et la lumière ». Abidjan,
aux Editions Kamit, 2021, 227 pages.
Une dizaine de pays et plus de 100 communications sont attendus à cette occasion.
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Signalons pour commencer que ce sont des entités di érentes qui ont organisé le
colloque auquel tu fais référence et celui-ci. Malgré leur di érence, un point commun
les rassemble : ces entités proviennent des universités. Ce qui veut dire que nous
revenons en quelque sorte à une des fonctions de l’université : faire de la recherche.
Mais surtout faire de la recherche utile à la société. Ouvrir l’université à la société. Nous
avons été absorbés pendant longtemps par l’enseignement, oublieux d’une dimension
importante de l’université. Aujourd’hui, il est heureux que les colloques, les symposiums,
les congrès ou les forums reprennent. Nous connûmes cela quand nous étions étudiants
dans les années 80-90 sur des questions diverses controversées du reste comme : la
philo, l’histoire, le théâtre africain, la science, la démocratie africaine, etc.
Ne m’emmenez pas à faire le colloque avant terme. C’est de cela qu’il sera question
durant ces trois jours de discussions, d’échanges et sûrement d’empoignades
intellectuelles. Selon les résumés reçus, des dimensions multiples de l’intégration
devront être abordées dont la dimension politique, enseignement, culturelle, artistique,
sécuritaire ou environnementale.
Y a-t- il selon vous une di érence entre la vision de l’intégration africaine telle que
voulue et pensée par les pères des indépendances et celle de la génération actuelle ?
Cette question renvoie comme la question antérieure, aux assises à venir. Mais d’ores et
déjà, je peux répondre oui. Il y a une di érence parce que, à l’origine même la di érence
existait. À la naissance du panafricanisme ou de l’idée d’intégration, existaient plusieurs
visions. Les nuances sont inhérentes aux di érentes visions ; elles sont de tous les sens
:
Nuance chromatique liée à cette vision : faut-il pas dépasser la couleur de la peau,
refuser de s’enfermer dans la racialité en concevant une intégration conditionnée au-
delà de la couleur de la peau ? 6 PARTAGER SUR
Nuance spatiale : Faut-il partir de la diaspora vers l’Afrique ou partir de l’Afrique vers
ses di érentes diasporas dans un vaste mouvement d’intégration ?
Nuance institutionnelle : par les États , les Institutions c’est-à-dire par le haut ou par le
bas, par les peuples, les individus ?
Toutes ces visions vont donner lieu à une intégration fondée sur une nuance spatio-
temporelle : tirant leçons des di cultés historiques, l’Afrique sera divisée en 5 zones.
L’idéal d’intégration sera redimensionné autour de 5 zones : Nuance zonale : comment
donner du poids à ces di érentes zones, sans a aiblir les États mais également sans se
couper les unes des autres, etc.
Pas du tout. Les déplacements de populations nous le démontrent tous les jours.
L’intégration fonctionne très bien dans le domaine universitaire par exemple avec le
Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (Cames) .
Au plan sportif, il y’a UFOA (Union des fédérations Ouest-Africaines). Il a même existé
une Miss CEDEAO. D’autres aspects montrent la réalité de l’intégration.
La CEDEAO des peuples ou état des aspirations d’intégration des populations d’Afrique
L’on parle souvent d’une CEDEAO des peuples à côté de la CEDEAO des États,
est-ce la même chose au niveau de l’Union africaine ?
Nous voulons plus d’intégration. L’intégration par le haut, par les Institutions est lente,
insu samment proche des gens. Au niveau de l’UA, il y eut le même reproche au point
où certaines personnes et pas des moindres ont considéré l’UA comme un syndicat des
chefs d’État.
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Le peuple a le sentiment d’être trahi dans son désir de plus d’union, d’intégration et de
souveraineté aussi
Mais en fait qu’est-ce ce qui sépare les peuples d’Afrique selon vous ?
Tout nous sépare et en même temps tout nous unit. Ce qui sépare : forêt, désert, euve,
langues, cultures, les formes de colonisation. Mais ce qui nous sépare nous unit :
construire des ponts, des routes d’intégration, rechercher les éléments communs de nos
langues et cultures. Partir des malheurs communs pour bâtir une Afrique heureuse
On ne peut rien prédire sur le passé, encore moins sur le futur, quand il s’agit des
hommes.
L’Afrique est comme tous les autres continents : guerres, dissensions, grands ensembles
ont existé. Personne ne peut prédire ce qui aurait pu se passer si rien n’était venu
perturber le déroulement de l’histoire. Du reste, ce que nous sommes, est le fruit de ces
perturbations liées à la nature même de l’histoire. Avant l’invasion actuelle des
Européens et leurs longues installations sur notre sol, il y eut celle des Perses, des
Hyksos, Hittites, des Grecs. Avant la colonisation, les razzias des Noirs appelées traite
des Noirs véritables crimes contre l’humanité avaient déjà déstabilisé peuples, États et
empires. La colonisation n’a fait qu’accélérer le processus de désintégration.
Tout et rien. C’est à la fois le paradoxe et la complexité de notre situation. D’abord nous-
mêmes : il nous faut vouloir plus fortement l’intégration, la penser et la vivre en actes
concrets. Se donner les moyens de l’intégration, en comprendre la nécessité vitale.
Ensuite l’ordre du monde qui s’est mis en place sans nous et bien souvent contre nous.
Réécoutons le discours de M. Dussey, Ministre des A aires étrangères du Togo à la
dernière AG de l’ONU : réformer l’ONU et son mode de fonctionnement. Sans être
paranoïaque ni victimaire, je dirais6que notre intégration
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constitution d’une force perçue comme source de désintégration du système
impérialiste et d’oppression. Donc, nous avons à lutter à la fois contre nous et contre
l’extérieur. Les forces centripètes et centrifuges d’intégration se combattent en nous.
En n il y’a le poids des problèmes sur nos frêles épaules. L’Afrique est vaste. Les
hommes circulent péniblement, de même les idées.
Plus de 130 communications ont été proposées. En plénière comme en ateliers. 5 axes
ont été dé nis. Au départ nous en avions prévu 3. Mais vu l’engouement et le nombre
élevés des propositions, nous sommes passés à 5 axes qui sont :
AXE 1 :
HISTOIRE DE L’INTEGRATION AFRICAINE
AXE 2 :
BILAN DE L’INTEGRATION AFRICAINE
AXE 3 :
DÉFIS DE L’INTEGRATION
AFRICAINE
AXE 4 :
INTÉGRATION SOCIOCULTURELLE ET INDEPENDANCE ECONOMIQUE
AXE 5 :
SCIENCES, TECHNOLOGIES, CAPITAL HUMAIN ET MULTIPOLARITE
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Une dizaine de pays ayant répondu à notre appel à communication, venant pêle-mêle du
Burkina-Faso, de la Guinée, du Mali, Sénégal, Tunisie, Gabon, Niger, Togo, Cameroun, etc.
Le colloque nous en donnera les pistes. Mais, la partie qui nous concerne sera l’édition
des actes. La Fondation FHB nous le promet. Le public aura donc à sa disposition
l’ensemble des idées qui seront brassées au colloque.
La ré exion n’est jamais de trop. C’est même parce que nous ne ré échissons pas
souvent que nous sommes surpris quand les problèmes adviennent. Nous faisons notre
part : ré échir, faire des propositions. Aux artistes, aux hommes politiques, aux
journalistes de jouer leur rôle.
Le lien est évident. Nous sommes leurs héritiers. C’est pourquoi dans l’intitulé du thème
du colloque, il y a l’idée d’un point de départ et d’un point d’arrivée de l’idée de
l’intégration. Je rappelle l’intitulé du colloque : « L’intégration africaine : de la vision des
pères des indépendances à l’actualité d’un projet ». L’atelier 2 sera consacré au bilan de
cette idée d’intégration. Nous verrons quelle leçon devons-nous tirer de ce
cheminement historique car reconnaissons que depuis 1900, beaucoup d’eau a coulé
sous les ponts.
Nous avons envoyé l’appel à communication dans le monde entier. Selon le programme
de chacun et sans doute l’intérêt du moment, le public a répondu. Nous avons reçu je le
disais plus haut, plus de 100 communications (128 précisément). Ce n’est pas non plus,
parce que quelqu’un ne sera pas avec nous qu’il est forcément contre notre idée. Je ne
crois pas à cette logique de la sorcellerie. Tous les courants seront représentés, si je
m’en tiens aux résumés proposés. Toute idée qui concourt à l’unité africaine ou au
renforcement de l’intégration m’est a priori sympathique.
Professeur vous-mêmes vous êtes sur les réseaux sociaux, quel retour
d’expérience ?
Il y a de tout. Et c’est une bonne chose. Une sélection naturelle se fera avec le temps. Je
suis pour la liberté d’expression. Nous avons toutes les nuances de panafricanisme,
d’intégration et d’amour de l’Afrique et personne n’en a le monopole. J’aime ce
foisonnement d’initiative. C’est pourquoi je m’abstiens de critiquer les courants de
pensée. Je déplore cependant l’extrémisme ou le langage outrancier, discourtois.
Vous êtes ivoiriens, mais vous revendiquez vous-même à titre personnel une
sorte d’authenticité africaine avec l’Égypte, l’Égyptologie … Pouvez-vous nous
en parler ?
Moi Ramsès ?
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Est-ce pour cela que vous êtes Ramsès ?
Entre autres. Oui, bien sûr. J’ai décidé de participer à la reconstitution du corps glorieux
d’Osiris, donc de l’Afrique. De contribuer à ma façon à sortir de l’oubli nos héros
constitués, à en faire des inspirateurs. Au prénom donné par mes parents, les pauvres,
qui croyaient bien faire en m’a ublant d’un prénom de pape, j’ai adjoint celui d’un
Africain bâtisseur.
Que le public vienne nombreux. Le public intellectuel bien sûr, les curieux aussi. Que les
proviseurs et les patrons des fonctionnaires laissent les professeurs, les étudiants venir
s’instruire. Il nous revient que certains proviseurs, certains responsables des ministères,
qui ne comprennent pas bien l’enjeu de la ré exion, font des misères pour les
autorisations d’absence et les ordres de mission. Il faut qu’ils comprennent que plus les
individus trouvent des lieux d’expression de la di érence intellectuelle, moins ils
utilisent les armes comme règlement des di érends.
Professeurs, intellectuels, autorités politiques, élèves, venez nous instruire, venez vous
instruire.
Tags Colloque international sur l'intégration africaine Professeur Thiémélé Ramsès BOA
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