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Le corps dans les arts visuels, représentations et signification

Introduction sur le corps


Le corps est le sujet principal de la représentation occidentale → hypernarcissime
Il est surreprésenté dans les magazines, les réseaux sociaux, mais il a aussi une histoire.
(Religion → corps de Jésus → à moitié homme à moitié dieu → comment le représenter ? )
Il est surtout la surface de projection de nos désirs, craintes, croyances ou encore cadres
sociaux. La peinture, le cinéma, la sculpture se sont appropriés son image et ses significations,
lesquelles ont évolué au fils du temps.
→ joue et renforce les stéréotypes, identification
Le corps renvoie aussi à des stéréotypes culturels et historiques (voire clichés)
Il faut pouvoir analyser ces images du corps pour mieux comprendre qui les produit, qui les
subit et comment elles ont façonné notre rapport à l’autre.
→ Mais le corps ne fut pas toujours représenté.
L’Homme et l’Oiseau → 90% des scènes de Lascaux sont des scènes représentant des
animaux. Homme avec bec d’oiseau → shamanisme, oiseau = ciel ?

La silhouette animale est volontairement déformée et vue sous plusieurs angles (trois quarts,
profil etc)
Définition du corps humain
• Corps = corpus, corporis = partie matérielle des âtres animés
• Organisme humain (se différencie de l’âme/esprit/raison)
• Corps comme siège des sensations
• Corps comme anatomie (membres, squelette)
• Puis expression ; corps politique, corps électoral, corps céleste ou prendre corps
(adhérer à qqc)
Donc le corps est à la fois une enveloppe, un élément qui s’oppose à l’âme, un sujet parfois
tabou mais il est aussi souvent du côté de la tromperie, du mensonge. Pourtant au départ il est
aussi celui de la mort, ce qui existe quand la vie s’éteint.
Notre axe de recherche : comment est-on passé du « corps tombeau » au « corps objet » ?
• Le corps et la mort
• Le corps et la religion
• Le corps et le beau
• Le corps et le désir
• Le corps et l’artificiel
Statue cubique, Moyen Empire, 1780 av JC
David, Michel-Ange, 1501, Marbre (4m de haut)
Orlan, Le baiser de l’artiste, 1977 → grande révolution art contemporain → le corps de
l’artiste est véritablement dans l’œuvre.

LE CORPS COMME REPRÉSENTATION DES DIEUX

L’Égypte : un art de l’éternité


L’histoire égyptienne est millénaire, elle dure de 3100 av JC à 30 ap JC. Elle est célèbre pour
ses pyramides :
• La pyramide tombeau du corps :
C’est le tombeau du corps du défunt pharaon : donc le corps roi doit être protégé comme
quelque chose de sacré. Le corps est embaumé et déposé dans un sarcophage.
• La pyramide abrite la momie royale :
Aspect triangulaire → pointe vers le ciel/Ra = stabilité et direction, la base et la pointe
forment l’unité de la terre et du ciel, du lien au divin.
Les pyramides sont gardées par des sculptures mi-homme mi-animal ex le sphynx de Giseh
monumental (75 m de long)
• Égyptiens → pas d’intérêt pour la représentation exacte/réalité
• Art égyptien = art symbolique
Il est difficile de parle d’artiste égyptien (libre de sa création) mais d’artisan (il sculpte, peint
selon un schéma imposé).
Les codes de la représentation :
• Statues assises doivent avoir mains sur les genoux
• Hommes ont le teint plus sombre que les femmes (distinguer genre et classe sociale)
• Le roi a une tête de cobra sur son couvre-chef : le Némès.
• La couronne d’Égypte est unifiée : rouge, basse Égypte, blanche, haute Égypte
(Pschent)
• Les dieux sont représentés soit sous forme animale : Anubis (embaumement); chacal,
Horus (ordre); faucon etc
• L’art n’est pas destiné au beau, il a une fonction utilitaire : « maintenir l’âme en vie ».
• Observation aigüe de la nature sans réalité géométrique
• Conserver le réel dans son entier : évocation précise des activités du défunt, actes de
vie.
• Règles précises ; ensemble de normes pour meilleure lisibilité. Souci de clarté de la
narration (style story board, bd)
• Multiplier les points de vue (face, profil, ¾) chaque événement est représenté sous
l’angle le plus caractéristique → souci de clarté
Règles : visage, jambes de profil, œil, sourcils, épaules, poitrine de face, bassin de ¾
Un art mortuaire :
• L’embaumement
• Les Égyptiens pensaient qu’il y avait le corps : Djet, et le double spirituel du corps :
Ka.
• Pour que le défunt rejoigne Osiris et le monde des morts, il doit le faire par
l’intermédiaire de son Ka, mais l’embaumement du Djet est nécessaire.
• Ce rite vient donc du mythe d’Isis qui a embaumé le corps d’Osiris pour lui redonner
vie
• L’embaumement c’est la renaissance du défunt, de son Ka, dans l’au-delà
• En général des statues, peintures, offrandes accompagnent le sarcophage pour guider
le mort dans son voyage.
• Les pyramides évoquent l’ascension spirituelle du Ka du pharaon. Les couloirs
s’élèvent depuis la chambre mortuaire jusqu’aux cieux. Un livre des morts est placé à
côté du défunt pour le guider lors de la pesée ou le jugement de l’âme.
• Cérémonie de la pesée : tribunal présidé par Osiris qui décide si le Ka mérite
l’immortalité. Le cœur du défunt est déposé dans une balance, de l’autre côté une
plume. Si l’équilibre se fait, c’est un juste, sinon son cœur est dévoré.
• Technique de momification :
• Excerebation : extraction du cerveau par les fosses nasales, on vide le crâne. On coule
à l’intérieur une résine végétale.
• Éviscération : on fend le corps avec une pierre, on sort les viscères, on lave, on remplit
avec de la cannelle, myrrhe, on laisse le cœur et on recoud.
• Déshydratation : corps mis dans linge.
• etc

Conclusion :
L’art égyptien prend soin du corps qui est indispensable à la vie dans l’au-delà. C’est un art
destiné à la mort qui le préoccupe toute sa vie et le corps est nécessaire à son âme mais aussi
en tant que signe de sa présence sur Terre.

LE CORPS ANTIQUE GREC

Le corps grec : un art de l’idéalisation du vivant


L’art grec a cherché à représenter le corps de manière réaliste et idéalisée dans le même
temps. Le grec doit prendre soin du corps (gymnases publics) et s’occuper de politique, les
travaux manuels sont confiés aux esclaves. La cité était une affaire d’homme qui favorisait
l’homosexualité. Les hommes évoluaient nus au stade.
Connaissance du corps limité car autopsie était interdite : ouvrir le corps est un tabou. Siècle
d’Hypocrate.

Contexte
1 – Les rites
Les rites sont fixés par les auteurs grecs, dans par exemple les poèmes Homériques.
Les rites prennent la forme d’ablutions, de prières, de libations, de sacrifices, organisés par un
prêtre.
Les Dieux sont très présents, ils protègent les maisons, la famille, les dieux sont le jouet de
passions humains : ils aiment, se jalousent, tuent... Les Dieux et héros font échos aux
hommes.
2 – Les sacrifices
Le plus souvent on sacrifie des animaux ; le sang est versé sur un autel, et on l’oriente soit
vers le ciel soit vers la terre, les abats sont mangés.
Il s’agit d’offrandes aux Dieux, mais à la différence de l’Égypte, il n’y a pas d’unité de ces
rites; ils sont locaux et variés.
3 – Les offrandes
Soit petites statuettes, en argiles soit des Kouros (fem : Kore) au-devant des temples, les cités
construisent aussi des temples miniatures (comme le Trésor de Delphe).
Kuros →période archaïque, comme chez les Égyptiens →visage/corps figé, bras le long du
corps
→ grec → un pied devant → début du mouvement →léger sourire
4 – Profane et sacré
Ente les deux, pas de frontière tranchée. Il y a une profonde superstition mais pas de dogme
rigoriste (différent de l’Égypte).
Le culte commence toujours par une procession qui précède le sacrifice, qui s’achève par un
banquet.
Les jeux olympiques sont très représentés aussi.
5 – Sanctuaires et temples
L’espace de l’acte religieux se réalise dans le temple. Le temple est lui-même une offrande
que les Hommes font aux Dieux.
Le plus souvent est dit périptère (=fait le tour), entouré d’une colonnade, au centre un Naos
(chambre du Dieu). Il est décoré en bas-reliefs à l’extérieur et de cariatides. Deux ordres
principaux apparaissent au VIIe : dorique et ionique (avec volutes).
6 – Mythes et Théogonie
La vie des Grecs s’inscrit dans les récits mythiques et pratiques culturelles (sacrifices, fêtes et
concours) et l’art a familiarisé ces gens avec ces rites.
Le mythe fournit la justification des rites auxquels ils se plient.
• Mythe, mythos : fable, récit qui met en scène les différentes forces de la nature.
• Théogonie : naissance des Dieux
Le mythe permet d’élaborer les contraintes et obligations nécessaires pour maintenir la
cohésion sociale : l’obligation du mariage pour contrôler la sexualité, ou encore le mythe de
Diane chasseresse symbolise le rite de passage du monde de l’enfance vers le monde adulte.
La « gravitas » grecque : le sentiment que les statues pensent (lien avec corps/esprit de la
philosophie)
Les Dieux : il y a environ 12 dieux de l’Olympe et ils s’amusent du destin des Hommes (ref
Homère)
Passage de l’âme intérieure au mouvement, yeux levés vers le ciel, bouche ouverte

Art et représentation
L’évolution c’est l’apparition du sourire (donc de l’expression), du déplacement de la jambe
gauche, et l’apparition de l’émotion des figures.
Le canon humain : 7 à 8 fois la tête dans le corps on établit les rapports de proportion
harmonique.
Le contrapposto : faire reposer le poids sur une jambe; on cherche l’Homme du
mouvement/corps ??
La beauté grecque est une beauté grave, où l’expression est intérieure, comme si on voulait
représenter la conscience.
Drapé, contorsions des hanches, torse nu = code de la représentation féminine. Sauf Athéna.
Puis apparition de l’idéalisation d’un corps en mouvement.
Myron le discobole, ou lanceur de Disques (Ve siècle) : idée de représenter l’effort sans la
souffrance qui l’accompagne. Marbre. Idée aussi de saisir un instant, un moment et de le fixer
par la sculpture. Plus de vraisemblance, mais pas plus de naturel. La Grèce invente l’idée de
l’instantanéité.
Donc le corps de l’athlète devient l’idéal de la société grecque, c’est la manière dont elle veut
se voir. Puis apparition de l’émotion (et pathos).
Exemple : Laocoon
LE CORPS PHILOSOPHIQUE DANS L’ANTIQUITÉ

À la recherche du corps antique


L’Antiquité dupe une éthique du corps, le souci de soi (Michel Foucault) passe par une
norme, un usage du corps dans le cadre de la cité. Les anciens ont réfléchi à ce corps, ils l’ont
pensé.
Tout le monde connaît le corps grec à travers celui des statues des Vénus, des Jupiter, des
éphèbes (jeunes hommes), athlètes, à la musculature souvent exacerbée, aux rondeurs pour les
femmes et déesses.
Les corps sculptés ont été façonnés à l’image des Dieux comme les dieux seront pensés à
l’image des hommes.
→ Les corps antiques nous ont transmis l’idée d’une perfection physique : en art et en
sculpture cela se traduit à la fois par une recherche de Réalisme et d’Idéalisation.
Exemple : idéal des jeux Olympiques
• En Grèce, il y a un lien bien plus fort entre sport et art; idéalisme du corps et
d’accomplissement du héro-citoyen
• Pour être représenté il faut gagner la course du stadium (192 m) les anciennes gloires
du sport sont statufiées
• Premiers JO à Olympie au VIIIe siècle vers 776 ap. JC
Au IVe siècle, Platon, Aristote, Hippocrate, les Stoïciens, Épicure, ont pensé ce corps et ont
laissé différentes positions divergentes sur ses capacités, ses usages, sa beauté.

Le corps, une nature pensante


Nous, Modernes (héritons de Descartes), pensons souvent le corps comme une matière, une
surface étendue, jointe à une nature pensante (l’esprit),
Les Anciens pensent que l’âme était plus élevée que le corps et que la chair est trompeuse,
tout comme le monde sensible.
Ex Platon : assimile le corps au mot grec soma et au mot séma (tombeau) « le corps est un
tombeau pour l’âme » cf Phédon
Le corps enferme l’âme, c’est son enveloppe, mais l’Homme n’a pas besoin du corps pour
penser.
• Aristote sera plus nuancé et affirme que l’âme est bien quelque chose du corps. Ils ne
sont pas séparés. cf De la génération des Animaux
• Chez Hippocrate, le corps est un ensemble d’humeurs (liquides : la bile, le sang...)
qu’il faut équilibrer. cf De la Nature de l’Homme
• Chez Diogène Laerce « vies, doctrines et sentences des philosophes illustres » a
compilé des textes de philosophes, textes antiques sur le corps → assimilé à l’identité,
il faut le nourrir, corps = construction de soi
Le corps miroir de l’âme
Le corps chez les anciens est paradoxal car si l‘âme est souvent mieux considéré il faut quand
même entretenir le corps car l’apparence physique est pensée comme image de la place qu’il
occupe dans la société. Par exemple : le corps d’un esclave n’est rien par rapport à celui de
son maître. Qualité d’un corps exprime celle de l’individu.
Les traités grecs et latins insistent sur les proportions du corps, et le fait que la perfection
physique est le signe d’une perfection morale.
Mais Socrate est laid avec une belle âme → donc pas d’union de l’Être et de Paraître.
→ le corps est-il lié à l’identité de quelqu’un ? (Question omniprésente au cinéma)
Exemple : Le Banquet de Platon : Socrate parle avec Alcibiade qui dit qu’à l’intérieur du
corps laid de Socrate il a une belle âme (moral)
Ex : chez Hippocrate De la Nature de l’Homme, idée que la médecine doit s’attacher à la
recherche des symptômes et l’écoute du patient, idée que la maladie est un déséquilibre entre
les humeurs.
Donc le corps antique n’est pas seulement celui de la perfection, de la sculpture mais aussi
celui de l’humanité et d’un corps organique et politique.

Platon le corps enveloppe sans valeur de l’âme


Ex : Phédon
« Nous serons purs, séparés de cette chose insensée qu’est le corps » -Socrate
• L’âme est l’esclave du corps.
• Objectif : se détacher du corps
• Pourquoi : le corps a des « appétits » (désirs), il faut toujours lle satisfaire →
développe l’envie (de posséder, qui mène à la guerre)
• Dans le Phédon, Platon retrace les dernières conversations avec Socrate.

Jacques-Louis David, La mort de Socrate


Socrate en blanc, Alcibiade en rouge (le plus jeune, le plus beau)
→ art antique → toges, drapé / surexposition des muscles (valorisation du corps)
→ XVIIIe :
• Gestuelle (visage caché dans mains)
• Organisation en frise
• Scène → ref théâtre → gestuelle narre l’histoire
• Aimé → entouré, disciples tristes de le voir partir, relation proche entre Socrate et
Alcibiade → lui tend la cigüe
• Règle des tiers, personnage principal sur la ligne de force
• Ligne horizontale → signifie le calme
• Ligne verticale → signifie la structure, la forme, la stabilité
• Socrate sur la verticale = Socrate est fort (acte de courage, se donne la mort)
• Ligne oblique → donne de la dynamique
• Gauche noir →échappée du regard → vers la mort ?
• Couleurs → gamme chromatique étendue ou restreinte → brun, ocre, bleu, rouge,
blanc
• Lumière en faisceau, clair-obscur (contraste lumière/ombre)
• Faire attention à l’organisation pleins/vides
• Héroïse Socrate (suicide, pas autorisé à l’époque)
Socrate condamné pour ne pas avoir reconnu les dieux de la cité → impiété (pratique pas/n’a
pas la foi), et avoir corrompu la jeunesse. Comme il n’a pas assez honoré les Dieux, ils les ont
punis avec la guerre contre Sparte (que les Athéniens perdent). Socrate choisit la mort contre
l’exil.
Évoque le problème du corps, de la mort et de l’âme. Ses paroles vont marquer l’imaginaire
occidental :
• Vie terrestre ne mérite pas notre attachement
• Si nous avons un corps, nous avons une âme
• Mort du corps ≠ mort de l’âme
• Âme immortelle, corps mortel → entrave pour la connaissance
On retrouvera cette crainte du corps à l’époque chrétienne

Aristote le corps et l’âme sont indissociables


Pour Aristote, dans Traité de l’âme, l’âme est substance, forme et mouvement, l’âme est le
propre de tous les êtres vivants « l’âme est quelque chose du corps » → il n’y a pas de
séparation entre corps et âme. ex de Pinocchio
• Un être vivant c’est un être qui a une âme donc l’âme c’est la vie.
• Le corps serait une matière inerte sans l’âme qui l’anime mais sans le corps il n’y
aurait rien à animer.
• C’est l’âme qui fait vivre.

LE CORPS CHRÉTIEN : L’ÉGLISE ET LE DILEMME DE L’ÂME

Le corps est au cœur du mystère de l’Église : l’Eucharistie (moment de grâce qui commémore
le sacrifice du Christ), moment où Jésus consacre le pain.
L’hostie que mange les croyants est la chair du fils de Dieu. Et le vin n’est-il pas le sang du
Christ ?
Dieu envoie son fils sur Terre, en s’incarnant dans le ventre de Marie, puis il est cloué sur la
croix.
2 mots-clés : souffrance & rédemption
Le corps est partout mais souvent souffrant, notamment celui de Jésus (Nouveau Testament).
Le corps est donc ce qui sauve (Jésus sur la croix sauve les hommes et s’élève, assomption
Marie) alors pourquoi autant le haïr, le craindre, pourquoi le corps doit-il s’effacer devant
l’esprit ?
Au départ, les premiers chrétiens détestent l’image (=icône) ils pensent que c’est de
l’idolâtrie, au VIIe siècle les icônes se multiplient et plaisent au peuple. Puis, au le Concile de
Justinien stipule que Jésus ne doit pas être représenté par un agneau car il est un homme et
qu’il ne doit pas être représenté sous forme symbolique. Puis en 726, Léon III contre les
images, querelle de l’Iconoclasme : lutte contre les images, destruction des images. Dans la
tradition grecque, représentation par les icônes donc icônes de Dieu, Jésus, Saints...
Principe : fond d’or, peinte par les moines et visages symboliques. Yeux en amande, posture
main prière/bénédiction, livre saint, petite bouche, auréole d’or (nimbe). Schéma permanent :
• Yeux amande → montre l’éveil de l’esprit
• Nez fin/long → signe de l’aristocratie (à l’époque)
• Bouche fermée → intériorisation des passions
Pour les chrétiens orthodoxes, ce n’est pas une représentation de Jésus mais une émanation de
Jésus.
Dès la Renaissance, on va aimer représenter le Nouveau Testament et les scènes de la vie du
Christ et la dualité du corps et de l’âme ou profane et spirituel.

ANNONCIATION

Annonciation, FRA ANGELICO, 1430


Peinture religieuse (genre) de l’annonciation (sujet), peinture à l’huile (technique) sur un
panneau de bois (support).
• Position de Marie : posture de servitude, d’acceptation
• Chapiteaux corinthiens, héritage romain Antique
• Templum = église = ventre de Marie
• Dans la Bible, la colonne est le Christ et dans cette peinture, Gabriel est séparé de
Marie par une colonne. Au-dessus de la colonne, relief de Dieu → « sous le regard de
Dieu »
• Rayon de soleil → Dieu, colombe → Saint Esprit
• Bleu → couleur mariale, couleur céleste
• À gauche, Adam et Ève chassés par un Ange plus violent
• Figures plus petites car moins importantes
• Gabriel et Marie dans une sorte de boîte : début de la perspective
• 2 femmes opposées : Ève la pécheresse, Marie la Rédemptrice
• Pièce au 2nd plan : intimité de Marie ? Banc de prière ?

CRUCIFIXION

DUCCIO, Crucifixion, v.1308

• Corps de Jésus très maigre, barbe + cheveux longs (=vécu, int.)


• Corps tourné, stigmates (clous mains, pieds), nimbe
• Saint Jean Baptiste baptise Jésus dans le Jourdain
• Corps allongé → style très médiéval
• Marie pleurant pour humaniser le message chrétien → créer de l’empathie pour sa
douleur pour que les croyant adhèrent +

LE PERUGIN, Crucifixion, 1483

• Modernise la scène sacrée → placer la scène religieuse dans la réalité du peintre et


dans un décor naturel (Vinci, la Vierge au Rocher)
• Idéalisation du corps de Jésus
• Vierge rajeunie pour + idéaliser
LA PIETA

GIOVANNI BELLINI, La Pieta de Brera, 1460

• Vierge vieille, comme une image de mort


• Jésus, mort, teint verdâtre
• Bouches entrouvertes → signifier la parole

SAINT AUGUSTIN (354-430) ET LE CORPS SPIRITUEL

Père de l’Église, il pense d’abord le corps comme le tombeau de l’âme puis il évolue, se
convertit au christianisme en 386 : car Dieu crée le Corps, mortel et corruptible, et que le
corps est destiné à une transformation pour accéder à l’immortalité. Mais le passage du corps
« animal » au corps spirituel consiste dans un changement de qualité non de nature. // le
Christ ressuscité
Dans l’Évangile de Jean : C’est le Christ qui montre à Thomas les trous dans sa chair. « À la
Résurrection, les Saints auront les corps dans lesquels ils ont souffert ici-bas » (La Cité de
Dieu). Donc le corps spirituel sera toujours corps dans la vie éternelle mais la souffrance aura
disparu.
L’incrédulité selon Saint Thomas, CARAVAGE XVIIe
Approche du corps plus profane et différente de ce qui a été fait jusque-là.

RESURRECTION

La Résurrection du Christ, RAPHAËL, 1499-1502

Contrairement au réalisme de Caravage, cette peinture de Raphaël est plus symbolique et


médiévale. Bien qu’appartenant à la même époque, Caravage et Raphaël ont un style très
différent.
Le drapeau représente qui est le commanditaire, son écusson.
Pour Saint Augustin, la sexualité n’est pas un vice en soit; elle donne lieu à la reproduction,
Ce qui est un vice, un péché, est le désir. La manière de punir ce péché est la douleur de
l’accouchement. Si Eve aime, elle doit souffrir. La douleur est « justifiée ».
La chute de l’homme, RUBENS, XVIIe siècle
La plupart du temps, la responsable du péché originel est Ève. Or, dans son œuvre, l’homme
participe au péché. C’est une affaire collective, pas seule la femme est fautive, l’homme aussi.
Selon les différents papes, ou autorités politiques, la représentation des sexes est interdite. Peu
de personnages peuvent être représentés nus à part Adam et Ève et la mythologie grecque.
Sinon ils peuvent aller en prison.

La tentation d’Adam et Ève, Michel Ange, 1509-1510 (plafond Chapelle Sixtine)

On représente rarement la pilosité pour ne pas être trop réaliste (sur certains tableaux, il y a
des repeintes pour cacher les sexes). Ève a un corps très masculin, les personnages sont
enlaidis comme si le péché avait enlaidi leur âme.
Au XVIIème siècle, un nouveau thème apparait; celui de l’immaculée conception.
(Velasquez)
L’amour de Dieu implique de souffrir dans sa chair, se développe alors une théologie du
stigmate. Le corps devient central.
Immaculée Conception, VELASQUEZ, v. 1618

Marie montée dans le ciel, dans un environnement céleste, comme une sainte. Elle rejoint
Dieu. Un corps spirituel de la Vierge.
EXEMPLE :
Mise au tombeau, CARAVAGE, 1602 (300x203 cm)
Caravage fait la transition entre l’époque Renaissance et l’époque Baroque. Dans toutes ses
peintures religieuses, il y met une touche érotique. Marie, avec les cheveux drapés, et Marie-
Madeleine, jeune et belle, le possible amour de Jésus. Mise au tombeau par Nicodème
(disciple de Jésus). On peut mettre en parallèle le film de Scorcèse La dernière tentation du
Christ. À la sortie du film, des cinémas ont été brûlés car il met l’accent sur les doutes de
Jésus entre rejoindre Dieu ou Marie Madeleine.

La Flagellation du Christ, CARAVAGE, 1607

On reproche au Christ d’être trop beau sous les traits de Caravage. Est-ce qu’une image
religieuse peut être séduisante ? À quel point peut-elle être séduisante ? Caravage met en
scène l’hypocrisie de cette religion.
Lignes de force (jambes) se dirigent vers Jésus. Lumière blanche sur Jésus qui le sublime et
montre sa musculature, contours des personnages flous, Christ est net. Clair-obscur : lumière
puissante comme projecteur. Jugé indécent à Rome, accepté à Naples.
Donc mots-clés : érotisme religieux, mélange de sacré et de profane.
Grands genre (religion, mythologie, Histoire) vs genres mineurs (nature morte, etc...)
LE CORPS MODERNE

Dans l’Europe de l’âge moderne, de 1500 à 1800, même si les anciennes théories perdurent, le
corps devient un aspect culturel de la pensée humaine.
À la Renaissance, la science de l’Homme progresse, « l’anthropologie » est divisée en 2 :
science de l’âme et science du corps dite « anatomie ». La médecine, la dissection, la vue au
microscope progressent.
De Léonard de Vinci, en passant par Ambroise Paré (père de la chirurgie moderne), ou
Giordano Bruno (théorie de l’héliocentrisme), les nouvelles sciences modernes commencent à
peser et à influencer la conception du corps.

XVème
L’homme de Vitruve, DA VINCI, 1490

Vitruve était un ingénieur romain qui pensait que l’Homme, comme l’architecture, devait être
une harmonique, parfaite. Ici, Vinci place le nombril au centre du cercle et les organes
génitaux au centre du carré. Un texte en-dessous explique les distances œil/nez/bouche les +
harmonieuses et les proportions parfaites.
L’humanisme : l’Homme devient la mesure de toute chose, et non plus Dieu.
En art, le corps se libère peu à peu de la tutelle religieuse, il va se servir des mythes pour
pouvoir exprimer son envie de peindre des corps plus réels, plus nus et plus érotiques, plus
profanes.

XVIème
Homme dessinant une femme coudée, DÜRER, 1538 (gravure)

Instructions sur la mesure.


On voit ainsi une sorte de machine à dessiner : le « perspectographe » est un dispositif
constitué d’une « grille » ou « fenêtre » à travers laquelle l’artiste regarde une femme
couchée.

XVIIème

On aime étudier le corps, on le pense souvent comme une mécanique organique. Par
Descartes, au XVIIème siècle nous parle de « l’animal-machine », où il imagine une
conception mécaniste du corps animal. On imagine le corps qu’on ouvre comme un savant
assemblage, comme des ressorts, des leviers... on veut l’ouvrir ce corps.
Je pense donc je suis → conscience (début)
Leçon du Docteur Tulp, REMBRANDT, 1538
Peintre Hollandais. C’est un portrait d’un groupe de chirurgiens, sans doute les
commanditaires. Ils dissèquent un condamné à mort. Docteur Tulp (chapeau noir) préside. On
voit la rigidité du corps et l’aspect verdâtre du teint. C’est une image parfaitement profane;
nous ne sommes plus sur l’idée du corps qui s’élève. Rembrandt met l’accent sur le rouge de
la peau des docteurs. Il les fait poser en action.

XVIème

Diane et Actéon, CESARI, 1597-1608

• Un corps érotisé et profane : la mythologie comme paravent du corps.


• Diane → croissant de lune
• Actéon → chasseur : chiens, carquois, peau de bête
• Croisement jeux de regards
• Tableau à la vocation clairement érotique autorisé par sa nature mythologique
• Tous les sexes sont dissimulés ou assombris
• Ici Actéon est une sorte de voyeur involontaire. Il surprend des femmes (grotte) et se
voit puni (cerf). Le désir est coupable.
• La Pulsion scopique de FREUD : plaisir de regarder ou voir. Le voyeur est un
animal qui ne résiste pas à la pulsion scopique.
• Au Cinéma, voir Psychose, 1960, de HITCHCOCK (Fenêtre sur Cour aussi) → Code
Hays, censure américaine
• → le Mépris, GODARD, 1963 (arrivée de la Nouvelle Vague)

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