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XÉNOPHANE
DOXOGRAPHIE -
FRAGMENTS
Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer
XÉNOPHANE.
DOXOGRAPHIE
7. GALIEN (Hist. phil.). — (3, Dox. 601, 5). — Cette secte, qui est
d'ordinaire considérée plutôt comme aporétique que comme dogmatique,
eut, dit-on, pour chef Xénophane de Colophon. — (7, Vors. 51, 38). Parmi
ceux qui appartiennent à la secte intermédiaire, Xénophane a des doutes sur
toutes choses, sauf qu'il pose pour dogme que l'univers est un et que c'est là
le dieu, qui est limité, raisonnable, immuable. (Cf. SEXT. EMP., I, 225 :
L'univers est un et le dieu est incorporé à l'univers; il est sphérique,
impassible, immuable, raisonnable, Vors. 52, 17-19).
13. AÉTIUS, II. (Vors. 53, 6-23). — 13. Xénophane : (Les astres sont
formés) de nuages enflammes qui s'éteignent chaque jour et après la nuit se
rallument comme des charbons; leurs levers et leurs couchers sont en
réalité des inflammations et des extinctions. — 18. Ces sortes d'étoiles qui
paraissent sur les vaisseaux, et qu'on appelle Dioscures, sont de petits
14. AÉTIUS, II (Vors. 53, 26-28). — 23. La Lune est un nuage feutré
(enflammé ?) — 28. Anaximandre, Xénophane, Bérose : La Lune a sa
lumière propre. — 29. Xénophane attribue aussi à l'extinction sa disparition
mensuelle.
15. AÉTIUS, III (Vors. 53, 29-37). — 2. Les comètes et les étoiles
filantes sont des nuages enflammés qui se constituent ou qui sont en
mouvement. — 3. Les éclairs proviennent des nuées illuminées par le
mouvement. — 4. Tous les phénomènes météorologiques proviennent,
comme cause principale, de la chaleur du Soleil. Celui-ci pompant
l'humidité de la mer, l'eau douce, en raison de sa légèreté, se dégage, puis,
passant à l'état de brouillard, forme des nuages d'où l'épaississement fait
dégoutter la pluie, ou encore elle se dissipe en vents. Il dit textuellement :
(voir fr. 11).
FRAGMENTS.[1]
1. Εἷς θεὸς 1. Il est un seul dieu suprême parmi les dieux et les
ἔν τε θεοῖσι καὶ hommes; il ne ressemble aux mortels ni pour le corps ni pour
ἀνθρώποισι la pensée (23)
μέγιστος,
2. Tout entier il voit, tout entier il pense, tout entier il
οὔ τι δέμας
entend (24).
θνητοῖσιν
ὁμοίιος οὐδὲ
3. Mais, sans labeur aucun, son penser mène tout (25).
νόημα.
4. Il reste, sans bouger, toujours en même état; il ne lui
2. Οὖλος
convient pas de s'en aller ailleurs (26).
ὁρᾶι, οὖλος δὲ
νοεῖ, οὖλος δέ 5. Les mortels croient que les dieux sont nés comme
τ´ ἀκούει. eux, qu'ils ont des sens, une voix, un corps semblable aux
leurs (14).
3. Ἀλλ´
ἀπάνευθε 6. Mais si les bœufs ou les lions avaient des mains, s'ils
πόνοιο νόου savaient dessiner et travailler comme les hommes, les bœufs
φρενὶ πάντα feraient des dieux semblables aux bœufs, les chevaux des
κραδαίνει. dieux semblables aux chevaux; ils leur donneraient des corps
tels qu'ils en ont eux-mêmes (15).
4. Αἰεὶ δ´
ἐν ταὐτῶι
μίμνει
κινεύμενος
οὐδέν,
οὐδὲ
μετέρχεσθαί μιν
ἐπιπρέπει
ἄλλοτε ἄλληι.
5. Ὡς
πλεῖστ´
ἐφθέγξαντο
θεῶν ἀθεμίστια
ἔργα,
κλέπτειν
μοιχεύειν τε καὶ
ἀλλήλους
ἀπατεύειν.
6. Ἀλλ´ εἰ
χεῖρας ἔχον
βόες 〈ἵπποι τ´〉
ἠὲ λέοντες
ἢ γράψαι
χείρεσσι καὶ
ἔργα τελεῖν
ἅπερ ἄνδρες,
ἵπποι μέν θ´
ἵπποισι, βόες δέ
τε βουσὶν
ὁμοίας
καί 〈κε〉 θεῶν
ἰδέας ἔγραφον
καὶ σώματ´
ἐποίουν
τοιαῦθ´, οἷόν
περ καὐτοὶ
δέμας εἶχον
〈ἕκαστοι〉.
6 β.
Αἰθίοπές τε
〈θεοὺς
σφετέρους〉
σιμοὺς μέλανάς
τε
Θρῆικές τε
γλαυκοὺς καὶ
πυρρούς 〈φασι
πέλεσθαι〉.
κλέπτειν
10. Terre et eau, tout ce qui naît ou pousse (29).
μοιχεύειν τε καὶ
ἀλλήλους
11. La mer est la source de l'eau (30).
ἀπατεύειν.
12. Nous voyons sous nos pieds cette limite de la Terre,
8 Ἐκ
en haut, du côté de l'éther, mais le bas s'en va à l'infini (28).
γαίης γὰρ πάντα
καὶ εἰς γῆν 13. Ce qu'on appelle Iris est aussi un nuage qui paraît
πάντα τελευτᾶι. naturellement violet, rouge et vert (32).
9. Πάντες 14. Il n'y a jamais eu, il n'y aura jamais personne qui ait
γὰρ γαίης τε καὶ une claire connaissance des dieux ni de tout ce dont je parle.
ὕδατος Qui pourrait s'exprimer là-dessus de la façon la plus
ἐκγενόμεσθα. accomplie, celui-là même n'en sait rien; il n'y a partout que
des opinions (34).
10. Γῆ καὶ
ὕδωρ πάντ´ 15. Voilà ce qui m'a paru ressembler à la vérité (35).
ἔσθ´ ὅσα
16. Les dieux n'ont pas tout montré aux hommes dès le
γίνοντ(αι) ἠδὲ
commencement, mais les hommes cherchent, et avec le temps
φύονται.
ils trouvent le meilleur (18).
11. Πηγὴ
17. Voici ce qu'il est bon de dire près du feu, par un
δ´ ἐστὶ θάλασσ´
temps d'hiver, couché sur un lit moelleux, n'ayant plus faim,
ὕδατος,
buvant du vin doux et grignotant des pois : « De quel pays es-
12. Γαίης tu ? quel âge as-tu, mon ami ? et quel âge avais-tu quand le
μὲν τόδε πεῖρας Mède est survenu ? » (22).
ἄνω παρὰ
18. Maintenant je commence un autre discours, je prends
ποσσὶν ὁρᾶται
une nouvelle voie...
ἠέρι
προσπλάζον, τὸ
... Un jour, dit-on, comme il (Pythagore) passait près
κάτω δ´ ἐς
d'un chien qu'on battait, il s'écria, plein de pitié : « Arrête, ne
ἄπειρον
frappe plus, c'est l'âme d'un ami, je l'ai reconnu en entendant
ἱκνεῖται.
ses plaintes. » (7).
13. Ἥν τ´
19. Que quelqu'un remporte la victoire par la légèreté de
Ἶριν καλέουσι,
ses pieds, ou au pentathle à Olympie, là où le temple de Zeus
νέφος καὶ τοῦτο
s'élève sur les bords du Pisas, qu'il triomphe à la lutte, au
πέφυκε,
pugilat, ou encore à ce terrible combat qu'on appelle
πορφύρεον καὶ
pancrace, on le verra honoré parmi ses concitoyens, siégeant
φοινίκεον καὶ
au premier rang pour les spectacles, nourri aux frais du
χλωρὸν ἰδέσθαι.
peuple; la ville lui offrira un don digne d'être consacré. Pour
une course de chevaux, ce sera la même chose; et cependant
14. Καὶ τὸ
je suis plus digne de tels honneurs; ma science vaut mieux
μὲν οὖν σαφὲς
16. Οὔ τοι plus dans les jeux la légèreté que la vigueur, ce n'est pas pour
ἀπ´ ἀρχῆς cela que la ville aura de meilleures lois. Non, il n'y a guère à
πάντα θεοὶ se réjouir, pour une ville, d'une victoire remportée sur les
θνητοῖς´ bords du Pisas, ce n'est pas cela qui remplit les magasins (2).
ὑπέδειξαν,
20. Quand ils ne subissaient pas l'odieuse servitude,
ἀλλὰ χρόνωι
empruntant aux Lydiens leurs ruineuses folies, ils allaient à
ζητοῦντες
l'agora tout couverts de pourpre; ils étaient souvent là plus de
ἐφευρίσκουσιν
mille, superbes, la chevelure artistement ordonnée, exhalant
ἄμεινον.
le parfum de savantes onctions (3).
17. Πὰρ
πυρὶ χρὴ
τοιαῦτα λέγειν
χειμῶνος ἐν
ὥρηι
ἐν κλίνηι
μαλακῆι
κατακείμενον,
ἔμπλεον ὄντα,
πίνοντα γλυκὺν
οἶνον,
ὑποτρώγοντ´
ἐρεβίνθους·
18. Νῦν
αὖτ´ ἄλλον
ἔπειμι λόγον,
δείξω δὲ
κέλευθον.
Καί ποτέ μιν
στυφελιζομένου
σκύλακος
παριόντα
φασὶν
ἐποικτῖραι καὶ
τόδε φάσθαι
ἔπος·
"Παῦσαι, μηδὲ
ῥάπιζ´, ἐπεὶ ἦ
φίλου ἀνέρος
ἐστὶν
ψυχή, τὴν
ἔγνων
φθεγξαμένης
ἀϊών".
19. Ἀλλ´ εἰ
μὲν ταχυτῆτι
ποδῶν νίκην τις
ἄροιτο
ἢ πενταθλεύων,
ἔνθα Διὸς
τέμενος
πὰρ Πίσαο
ῥοῆις ἐν
Ὀλυμπίηι, εἴτε
παλαίων
ἢ καὶ
πυκτοσύνην
ἀλγινόεσσαν
ἔχων
εἴτε τὸ δεινὸν
ἄεθλον ὃ
παγκράτιον
καλέουσιν,
ἀστοῖσίν κ´ εἴη
κυδρότερος
προσορᾶν,
καί κε
προεδρίην
φανερὴν ἐν
ἀγῶσιν ἄροιτο,
καί κεν σῖτ´ εἴη
δημοσίων
κτεάνων
ἐκ πόλεως, καὶ
δῶρον ὅ οἱ
κειμήλιον εἴη—
εἴτε καὶ
ἵπποισιν· ταῦτά
κε πάντα λάχοι,
οὐκ <ἐὼ>ν
ἄξιος ὥσπερ
ἐγώ· ῥώμης γὰρ
ἀμείνων
ἀνδρῶν ἠδ´
ἵππων ἡμετέρη
σοφίη.
Ἀλλ´ εἰκῆι μάλα
τοῦτο νομίζεται,
οὐδὲ δίκαιον
προκρίνειν
ῥώμην τῆς
ἀγαθῆς σοφίης·
οὔτε γὰρ εἰ
πύκτης ἀγαθὸς
λαοῖσι μετείη
οὔτ´ εἰ
πενταθλεῖν οὔτε
παλαισμοσύνην,
οὐδὲ μὲν εἰ
ταχυτῆτι ποδῶν,
τόπερ ἐστὶ
πρότιμον,
ῥώμης ὅσς´
ἀνδρῶν ἔργ´ ἐν
ἀγῶνι πέλει,
τούνεκεν ἂν δὴ
μᾶλλον ἐν
εὐνομίηι πόλις
εἴη·
σμικρὸν δ´ ἄν τι
πόλει χάρμα
γένοιτ´ ἐπὶ τῶι,
εἴ τις ἀεθλεύων
νικῶι Πίσαο
παρ´ ὄχθας·
οὐ γὰρ πιαίνει
ταῦτα μυχοὺς
πόλεως.
20.
Ἀβροσύνας δὲ
μαθόντες
ἀνωφελέας
παρὰ Λυδῶν,
ὄφρα τυραννίης
ἦσαν ἄνευ
στυγερῆς,
ἤιεσαν εἰς
ἀγορὴν
παναλουργέα
φάρε´ ἔχοντες,
οὐ μείους
ὥσπερ χείλιοι
ὡς ἐπίπαν,
αὐχαλέοι,
χαίτηισιν
†ἀγαλλομεν
εὐπρεπέεσσιν,
ἀσκητοῖς
ὀδμὴν χρίμασι
δευόμενοι.
21. Νῦν 21. Le sol est pur, pures sont les mains et les coupes;
γὰρ δὴ ζάπεδον voici les couronnes de fleurs, voici le suave parfum qui
καθαρὸν καὶ circule dans la fiole. Le crater est debout, rempli d'allégresse;
χεῖρες ἁπάντων il y a du vin et il ne fera pas défaut, il est prêt dans les
καὶ κύλικες· cruches, doux comme le miel, odorant comme la fleur. Au
πλεκτοὺς δ´ milieu de nous l'encens exhale sa sainte vapeur; voici de l'eau
ἀμφιτιθεῖ fraîche, pure et de bon goût, voici des pains dorés et la table
στεφάνους, est richement chargée de fromage et de miel onctueux. Au
ἄλλος δ´ εὐῶδες milieu, l'autel tout couvert de fleurs; tout autour, dans la
μύρον ἐν φιάληι maison, les chants et la joie. Il faut d'abord, en hommes sages,
παρατείνει· célébrer le dieu par de bonnes paroles et de chastes discours,
κρητὴρ δ´ faire des libations et demander de pouvoir nous comporter
ἕστηκεν μεστὸς justement; voilà ce qu'il faut, amis, pas d'injures; puis, que
ἐυφροσύνης· chacun boive de façon à pouvoir retourner chez lui sans
ἄλλος δ´ οἶνος serviteur, à moins d'être trop âgé. Et nous louerons celui qui,
ἑτοῖμος, ὃς tout en buvant, dira des choses utiles et vertueuses, selon sa
οὔποτέ φησι mémoire ou son esprit. Il ne faut pas raconter les combats des
προδώσειν, Titans, des Géants ou des Centaures, contes forgés par les
μείλιχος ἐν anciens, ni des disputes ou des bagatelles qui ne servent à
κεράμοις, rien; il faut toujours bien penser des dieux (1).
ἄνθεος
22. Pour une cuisse de chevreau, tu as reçu, présent
ὀζόμενος·
honorable, celle d'un bœuf engraissé; cela se saura dans toute
ἐν δὲ μέσοις
l'Hellade, cela ne s'oubliera pas, tant qu'il y aura des
ἁγνὴν ὀδμὴν
chanteurs hellènes (6).
λιβανωτὸς
ἵησιν,
23. Ne verse pas d'abord le vin dans la coupe; mais
ψυχρὸν δ´ ἐστὶν
d'abord l'eau, le vin ensuite (5).
ὕδωρ καὶ γλυκὺ
καὶ καθαρόν· 24. Voilà déjà soixante-sept ans qui ont balloté mon
παρκέαται δ´ inquiétude sur la terre hellène; j'étais né depuis vingt-cinq, si
ἄρτοι ξανθοὶ je sais bien la vérité là-dessus (8).
γεραρή τε
25. La partie n'est pas égale, entre un impie et un
τράπεζα
homme pieux. (Vors, 44, 13).
τυροῦ καὶ
μέλιτος πίονος
ἀχθομένη·
βωμὸς δ´
ἄνθεσιν ἂν τὸ
μέσον πάντηι
πεπύκασται,
μολπὴ δ´ ἀμφὶς
ἔχει δώματα καὶ
θαλίη.
Χρὴ δὲ πρῶτον
μὲν θεὸν ὑμνεῖν
εὔφρονας
ἄνδρας
εὐφήμοις
μύθοις καὶ
καθαροῖσι
λόγοις,
σπείσαντάς τε
καὶ εὐξαμένους
τὰ δίκαια
δύνασθαι
πρήσσειν·
ταῦτα γὰρ ὦν
ἐστι
προχειρότερον,
οὐχ ὕβρεις·
πίνειν δ´
ὁπόσον κεν
ἔχων ἀφίκοιο
οἴκαδ´ ἄνευ
προπόλου μὴ
πάνυ γηραλέος.
Ἀνδρῶν δ´
αἰνεῖν τοῦτον ὃς
ἐσθλὰ πιὼν
ἀναφαίνει,
ὡς ἦι
μνημοσύνη καὶ
τόνος ἀμφ´
ἀρετῆς,
οὔ τι μάχας
διέπειν Τιτήνων
οὐδὲ Γιγάντων
οὐδὲ 〈 〉
Κενταύρων,
πλάσμα〈τα〉 τῶν
προτέρων,
ἢ στάσιας
σφεδανάς· τοῖς
οὐδὲν χρηστὸν
ἔνεστιν·
θ<εῶ>ν 〈δὲ〉
προμηθείην
αἰὲν ἔχειν
ἀγαθήν.
22.
Πέμψας γὰρ
κωλῆν ἐρίφου
σκέλος ἤραο
πῖον
ταύρου
λαρινοῦ, τίμιον
ἀνδρὶ λαχεῖν
τοῦ κλέος
Ἑλλάδα πᾶσαν
ἀφίξεται, οὐδ´
ἀπολήξει,
ἔστ´ ἂν ἀοιδάων
ἦι γένος
Ἑλλαδικόν.
23. Οὐδέ
κεν ἐν κύλικι
πρότερον
κεράσειέ τις
οἶνον
ἐγχ<έα>ς, ἀλλ´
ὕδωρ καὶ
καθύπερθε
μέθυ.
24. Ἤδη
δ´ ἑπτά τ´ ἔασι
καὶ ἑξήκοντ´
ἐνιαυτοὶ
βληστρίζοντες
ἐμὴν φροντίδ´
ἀν´ Ἑλλάδα
γῆν·
ἐκ γενετῆς δὲ
τότ´ ἦσαν
ἐείκοσι πέντέ τε
πρὸς τοῖς,
εἴπερ ἐγὼ περὶ
τῶνδ´ οἶδα
λέγειν ἐτύμως.
[1] Les chiffres gras entre parenthèses indiquent, l'ordre des fragments