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[56] SUJET N° 56 - 10PHESAG1 - 2010 - Série ES - ANTILLES -

SESSION NORMALE
Un credo religieux diffère d’une théorie scientifique en ce qu’il prétend
exprimer la vérité éternelle et absolument certaine, tandis que la science
garde un caractère provisoire : elle s’attend à ce que des modifications de
ses théories actuelles deviennent tôt ou tard nécessaires, et se rend compte
que sa méthode est logiquement incapable d’arriver à une démonstration
complète et définitive. Mais, dans une science évoluée, les changements
nécessaires ne servent généralement qu’à obtenir une exactitude
légèrement plus grande ; les vieilles théories restent utilisables quand il
s’agit d’approximations grossières, mais ne suffisent plus quand une
observation plus minutieuse devient possible. En outre, les inventions
techniques issues des vieilles théories continuent à témoigner que celles-ci
possédaient un certain degré de vérité pratique, si l’on peut dire. La
science nous incite donc à abandonner la recherche de la vérité absolue, et
à y substituer ce qu’on peut appeler la vérité « technique », qui est le
propre de toute théorie permettant de faire des inventions ou de prévoir
l’avenir. La vérité « technique » est une affaire de degré : une théorie est
d’autant plus vraie qu’elle donne naissance à un plus grand nombre
d’inventions utiles et de prévisions exactes. La « connaissance » cesse
d’être un miroir mental de l’univers, pour devenir un simple instrument à
manipuler la matière.
RUSSELL, Science et religion
Le texte de Russel est en trois parties :

∆ L’auteur établit la différence entre « le credo religieux » et la


« Théorie scientifique ». L’objectif est de commencer par montrer dans
un premier temps que les enjeux ne sont pas les mêmes. La recherche de la
vérité n’est pas du tout abordée de la même façon. Pour l’esprit religieux,
« la vérité doit être éternelle » dit le texte, elle se veut immuable, « rien ne
doit pouvoir l’altérer » dit encore le texte car, la vérité est à l’image de la
parole divine, par essence elle ne peut pas être fausse parce que Dieu est
considéré comme étant de nature parfaite. Ainsi, le crédo religieux est de
nature mystique et l’expérience qu’il propose est une expérience guidée par
la foi, autrement dit, par la croyance, à ce propos on peut faire référence à
ce passage du nouveau testament qui dit : « heureux ceux qui croient sans
voire ». Pour ce qui est de la position scientifique, elle est beaucoup plus
circonspect et préfère suivre les avancées des connaissances aux grès des
découvertes et des expériences nouvelles . La position scientifique se veut,
en effet, rationnelle, prudente, elle s’appuie sur des expériences induites par
la réalité, ce qui l’oblige à accepter que ses conclusions puissent n’être que
provisoires, en fonction des données qui peuvent varier avec l’ avancée du
savoir et les progrès dans la maitrise du réel. A ce propos l’auteur dit dans
sont texte : « Elle s’attend à ce que des modifications de ses théories
actuelles deviennent tôt ou tard nécessaires et se rend compte que sa
méthode est logiquement incapable d’arriver à une démonstration complète
et définitive. »
∆ La seconde partie a pour fonction de préciser la qualité d’une vérité
pratique. Son avantage, c’est que même si de nouvelles formes issues des
expériences en cours prennent le pas sur les anciennes, ces dernières
conservent cependant une valeur de témoignage de vérités autrefois
admises. On remarque ainsi que l’auteur veut que le lecteur comprenne que
ce que propose l’empirisme scientifique n’est pas le fruit d’une simple
conviction mais bien crédité par tout un travail de recherche validé par
l’épistémologie elle même, c’est pourquoi Cournot dit dans son texte que :
« les inventions techniques issues de vielles théories continuent à témoigner
que celle-ci possédaient un certain degré de vérités pratiques. » La science
représente ainsi une invitation à ne rien considérer comme acquis, voire
définitif, il faut accepter de remettre en cause son savoir, accepter que la
compréhension du réel évolue en fonction des nouveaux moyens techniques
dont se dote la science. Ceux-ci offrent d’ailleurs un atout majeur car, ils
vont permettre non seulement d’accéder à de nouvelles vérités sur l’univers
et le monde qui nous entoure, mais aussi d’envisager celles qui pourraient
être à venir. Ceci peut s’illustrer par le passage du texte où l’auteur dit :
« la science nous invite donc à abandonner la recherche de la vérité absolue
, et à y substituer ce qu’on peut appeler la vérité « technique » qui est le
propre de toute théorie permettant de faire des inventions ou de prédire
l’avenir. »
∆ Enfin dans la dernière partie du texte, l’auteur termine son
discours en appelant à ne pas rechercher de vérités absolues, recherche qui
pour lui reste privée de sens car la connaissance demeure une connaissance
sensible psychique et non une connaissance rationnelle des phénomènes. Il
s’agit là d’une différence importante, la vérité scientifique si elle peut
conjuguer théorie et expérience ne peut pas s’appuyer sur de simples
sentiments ou sur comme le dit le philosophe Pascal « un Dieu sensible au
coeur et non à la raison ». La science ne peut se contenter de simples
intuitions, elle doit interroger de façon précise le réel et elle doit tenir
compte des réponses de celui-ci. La position scientifique exige donc des
vérités fondées sur des faits et non simplement sur le simple acte de foi que
quelque chose existe. C’est pourquoi on peut lire dans le texte : « Une
théorie est d’autant plus vraie qu’elle donne naissance a un plus grand
nombre d’inventions utiles et prévisions exactes. »

Thèse centrale :

Il faut bien distinguer la vérité éternelle, de la vérité scientifique qui


demeure une succession de vérités corrigées dont l’objectif et de faire
progresser la connaissance et de démontrer que rien n’est véritablement
permanent dans le savoir.

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