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CHAPITRE 2

ESCOMPTE SIMPLE

L’escompte est une forme particulière de prêt ; car, en échange de promesses écrites de
paiement, le banquier avance une somme d’argent à son client. Cette somme est égale au
montant de la promesse diminué d’une somme que le banquier retient sur le total. A ce titre,
l’escompte est calculé comme un intérêt simple. Il est une opération bancaire de court terme.

Notion d’escompte à intérêt simple


On peut retenir deux définitions du terme "escompte". En effet, il existe deux principales
techniques à la disposition des entreprises pour couvrir leurs besoins de trésorerie:
Définition 1: l'escompte est une technique (opération financière)
L’escompte est une solution financière intermédiaire qui permet à une entreprise commerciale
ou industrielle de couvrir ses besoins de trésorerie, en cédant des effets de commerce [traites,
lettres de changes ou billet à ordre (warrant)]. Autrement dit l’escompte est l’opération par
laquelle un banquier verse par avance au porteur d’un effet de commerce non échu.
Définition 2: l'escompte est un intérêt
L’escompte est aussi l’intérêt payé au banquier par l’entreprise ou le commerçant qui
mobilise sa créance en remettant à un banquier un effet de commerce contre remise de
liquidité; ce faisant, il reçoit la valeur actuelle de l'effet. Il s'agit du montant de celui-ci, sous
déduction d’une somme que le banquier retient pour se payer le service qu'il rend au
commerçant. Cette somme est appelée escompte.
Ainsi, la valeur actuelle (V) de l’effet désigne la différence entre sa valeur nominale (C) et
l’escompte (E):
V = C – E.

Calculs de l'escompte
Il existe deux (2) méthodes de calcul de l’escompte :
- une première permet d’aboutir à l’escompte commercial ou (escompte en dehors).
Cette méthode prend en compte la valeur nominale C (montant réel de l’effet) ;
- une deuxième aboutit à l’escompte rationnel (ou escompte en dedans). Ici l’escompte
est calculé sur la valeur actuelle V (montant de l’avance effectuée par le banquier).
2.1. Escompte commercial
Si nous appelons Ec l’escompte commercial, C, la valeur nominale de l’effet, e le taux
d’escompte appliqué par la banque, et n, le nombre de jours qui séparent la date de remise à
l’escompte de l’effet de la date d’échéance de l’effet, (n correspond à la durée du prêt
Cen Cn
consenti par le banquier), on peut établir la relation suivante: E c = ou E c = avec
360 D
360
D=
e
Exemple 2.1: Monsieur GATOH négocie le 7 mars une traite de 9000 francs, payable le 30
avril. Calculons l’escompte commercial et la valeur actuelle commerciale. Si le taux
d’escompte est 12 % et si le jour de négociation (jour de banque) est compté en plus.
Solution
7 mars = Jour de négociation ou de remise à l'escompte.
30 avril = date d'échéance (date à laquelle la traite devrait être payée).

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n (nombre de jours) = (31 – 7) + 30 + 1 (jour de banque) = 55 jours.

  9000 ∗ ∗  165 et la valeur actuelle commerciale est Vc.

  9000  165  8835 .
On peut remarquer que l’escompte est une fonction linéaire du taux, du temps et de la valeur
nominale de l’effet.
L'escompte commercial n’est pas logique. Il est un intérêt calculé sur la valeur nominale de
l’effet alors que le banquier ne verse qu’une somme égale à la valeur actuelle commerciale.
Ainsi, si on veut être conforme aux principes de calcul de l’intérêt simple, on utilisera
l’escompte rationnel.
2.2. Escompte rationnel
L’escompte rationnel est la différence entre la valeur d’un effet au jour de présentation et sa
valeur à l’échéance, appelée valeur nominale. C’est encore l’intérêt de la valeur actuelle
rationnelle.
La valeur actuelle rationnelle est la somme qui, augmentée de ses propres intérêts calculés (à
intérêt simple) au taux d’escompte en fonction du nombre de jours d’escompte, devient égale
à la valeur nominale de l’effet.
Calcul de l'escompte rationnel E R
Si le taux d'escompte est noté i, la valeur nominale C et V' la valeur actuelle rationnelle, on
peut écrire:
 #$ &#
    ∗  ∗ . Or,    !     ∗ " %  & ′

 &#
On peut écrire également         ∗   ′ D’où    ∗" %.
& #$

De l’exemple 2.1, on vérifie aisément que :   9000 ∗ 0,12 ∗  162, 0294599 ≅


162.
On constate que: V’ = 8838 et que Er = 9000-8838=162.
On doit remarquer aisément que l’escompte rationnel est plus bénéfique à M.GATOH
commerçant; mais dans la réalité, c’est l’escompte commercial qui est utilisé par les banques.
Le taux réel du crédit accordé par les banques dans ce cas est supérieur au taux d’escompte
affiché.
En effet, soit i' ce taux réel on doit pouvoir écrire ce qui suit:
55
8838 × i '× = 165 et il en résulte que i = 0,1221995 ⇒ t = 12,22 % > 12 %
360
2.3. Actualisations commerciale et rationnelle
De tout ce qui précède, on peut établir une relation entre le taux d'escompte et le taux d'intérêt
simple. Il suffit de définir et de comparer les notions d'actualisation rationnelle et
d'actualisation commerciale.
Supposons un capital C0, et soit i le taux du marché financier; quelle était la valeur du capital
C0 il y a n périodes?
Actualisation rationnelle
Si on procède par actualisation rationnelle, on doit considérer le capital C-n a été placé
pendant n périodes pour acquérir la valeur C0. On écrit : C-n(1+in) = C0. Il vient de cette
-
relation que: ,  #$
On doit remarquer que n est supposé être positif (+), on conséquence –n désigne seulement le
passé.

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Actualisation commerciale
Si on procède par actualisation commerciale, on considère que le capital C0 va produire
pendant n périodes au taux i un intérêt I et I = C0 *n*i. Selon la pratique de l'escompte on doit
écrire ce qui suit: ,   . ,
Ce qui revient à écrire: ,   /  /  ou ,  "1  %.
On remarque alors aisément que la relation ,  "1  % est à une notation près la
relation qui donne la valeur actuelle d'un effet escompté; il suffit de considérer que la passé
est représenté par des valeurs négatives. Le tableau suivant résume bien cette situation.

Temps Actualisation rationnelle Actualisation commerciale


0 "1  %

Passé
,
1 ! 
Futur C-n(1+in) C-n(1+in)

Les banquiers et financiers n'utilisent pas l'actualisation rationnelle. Ils préfèrent


l'actualisation commerciale. Par ailleurs d'un point de vue purement mathématique, on peut
retenir la forme continue de la fonction d'actualisation. Ce qui a pour conséquence de faire
évoluer le capital dans le temps et on peut donc écrire: C(t) = C(0) (1+it) avec t ϵ R, avec pour
une actualisation rationnelle, des fonctions différentes qui représentent le passé et le futur. Le
passé est représenté par une branche hyperbole et le futur par une droite. La fonction
discontinue (représentée par morceaux) et associée à l'actualisation rationnelle est:

 "0% ∗ "1 ! 1% 1 3 0


"1% 2 "0%
 140
1  1

On vérifie aisément que cette fonction est continue et admet une dérivée première continue
sur R+. C'est donc dire que la valeur passée d'un capital n'est jamais totalement ni
complètement nulle. Ce qui est naturellement logique et satisfaisant d'un point de vue
6
financier. Or, pour des valeurs de 5 
7
la valeur de C-t s'annule. Ce qui a pour conséquence
de rendre négatives les valeurs antérieures et éloignées du capital. C'est pour cela la théorie de
l'intérêt simple doit demeurer une théorie de court terme.

Détermination du taux effectif de l’escompte


3.1. Généralités
Lorsqu'une banque escompte un effet, elle opère d’autres retenues sur la valeur nominale de
l’effet, ce qui a pour conséquence de diminuer de la somme réellement encaissée par celui qui
négocie l’effet en question.
L’ensemble des retenues, encore appelé agio d’escompte comprend :
- l’escompte commercial ;
- Les commissions ;
- La taxe sur la valeur ajoutée (T.V.A.) et la taxe sur les affaires financières (T.A.F).
Notons que la pratique de la T.V.A. est telle que le banquier ou l’escompteur lorsqu’il est une
société est redevable de la totalité de la T.V.A. collectée, à l’État. En conséquence, c'est
l'ensemble des retenues hors taxes qui constitue le produit réellement encaissé par
l'escompteur.

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3.2. Les différentes Commissions
Les commissions sont généralement de trois (3) ordres. Elles sont :
- Soit proportionnelles à la valeur nominale d’effet et au temps c’est-à-dire la durée qui
sépare la date de négociation de la date d’échéance;
- Soit proportionnelles seulement à la valeur commerciale et donc indépendantes du
temps;
- Soit fixes c’est-à-dire indépendantes à la du nominal et de la durée de l’effet escompté.
Comme on peut le constater les commissions majorent le taux d’escompte et rendent
l’opération coûteuse pour le négociateur et ce surtout dans les cas où les effets sont d’une
faible valeur nominale et/ou d’échéance très proche ; on parle dans ces cas d’effets brûlants.

Les commissions d’endos (prorata temporis) sont :


- Les commissions de bordereau (non prorata tempos)
- Les commissions d’encaissement
- Les commissions de manipulation
- Les commissions d’acceptations ou de non acceptation
- Les commissions de longue échéance
On distingue, en plus des commissions, les frais suivants : frais de correspondance, timbres
fiscaux, frais divers (téléphone, fax, …).
Il existe selon les pays, une taxe sur les activités financière, (TAF) celle-ci, si elle existe, est
fixée par l’administration fiscale et perçue par la banque pour le compte du trésor public.
Cette taxe n'est pas applicable sur les intérêts et escomptes, ni sur les commissions d'endos et
d'acceptation ni sur les commissions de découvert pour les comptes courants.
La taxe sur la valeur ajoutée (T.V.A.) s’applique aux autres commissions sauf l’escompte et
les commissions d’endos, son taux est actuellement de 20,6% en France et de 18% au Togo.
3.3. Taux de revient et taux de placement
La somme : "escompte commercial + commissions" porte le nom d’Agio banquier. Sur une
partie des commissions est perçue la TVA (reversée au trésor public).

L’agio total est égal à (=) Agio banquier + TAF +TVA.


Valeur nette = valeur nominale – escompte commercial – commission – (TVA+TAF)
Valeur nette = valeur nominale – agio total

L’opération d’escompte entraîne le paiement de frais supérieurs au taux d’escompte


généralement affiché. On peut donc, pour bien analyser l’opération d’escompte, être amener à
calculer.
Le taux réel d'escompte, c'est le taux de l'opération d'escompte. -le taux réel d’escompte : il
est calculé comme étant en pourcentage unique établi en fonction du montant total des agios
d’escompte, supporté par l’entreprise de la valeur nominale d’effet.
36000 × Agio total
Taux réel d’escompte (Te) =
Valeur no min ale × n

Le taux de placement pour le banquier escompteur (Tp) : Ce taux résulte de la somme


effectivement prêtée et du gain effectif procuré par l’opération d’escompte.

36000 × Agio banquier


Taux de placement pour le banquier, ( T p ) =
Valeur nette × n

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Le taux de revient pour l’entreprise qui négocie les effets, il dépend de la somme
effectivement empruntée (reçue) et la somme effectivement remboursée (le nominal).
36000 × Agio Total
Taux de revient pour l'entreprise (TR) = .
Valeur nette × n
Comme on peut le constater, les commissions et les autres frais et taxes majorent le taux réel
d'escompte (TR); ce qui a pour conséquence de rendre coûteuse l'opération d'escompte pour le
négociateur. Cette situation peut être encore aggravée par le fait que les effets soient de faible
valeur nominale et/ou soient d'échéance très proche; c'est le cas des effets dits brulants c'est-à-
dire ayant des dates d'échéance à moins de 10 jours de la date de négociation.
3.4. Taux équivalents et équivalence d'effets à intérêts simples.
Définition
Dans son travail le banquier peut être amené à comparer deux ou plusieurs effets dans le but
par exemple de déterminer l’effet ou les effets les plus rentables pour lui. Il établira ainsi une
équivalence entre ces effets.
Deux effets sont équivalents à une date donnée si escomptés dans les mêmes conditions leurs
valeurs actuelles sont égales. De mêmes, un effet sera équivalent à plusieurs autres si sa
valeur actuelle est égale à la somme des valeurs actuelles des autres effets.
Avec l’escompte commercial on aura: D−n c= D−n' c'
D D
Pour un effet équivalent à deux autres : D−n c= D−n' c'+ D−n'' c''
D D D
La date d’équivalence est toujours antérieure à la date d’échéance de chacun des effets.
La date d’équivalence doit être postérieure à la date de création des effets équivalents, sinon
le problème n’a aucune signification pratique.
La date d’équivalence est unique car si deux effets de valeur nominale différente sont
équivalents à une date, l’équivalence ne peut avoir lieu à cette date.
Si deux effets ont la même valeur mais des échéances différentes, ils ne seront jamais
équivalents ; si deux effets ont même valeur nominale et même échéance ils sont toujours
équivalents. A partir des règles simples de calcul de l’équivalence des effets, on peut avoir à
déterminer :
-Une date d’équivalence.
- -Le montant nominal d’un effet unique qui remplace plusieurs effets.
-L’échéance moyenne, etc..
Exemple
Une entreprise qui doit régler 500.000, à échéance du 30 mai, demande le 10 avril à son
créancier de reporter l’échéance au 30 juin. Quel est le montant du nouvel effet que
l’entreprise signera pour remplacer le premier. (Escompte commercial à 12%).

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