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Algèbre 1

Aziz LMAKRI
API 1
Ecole Nationale Supérieure d'Arts et Métiers de Casablanca

20 décembre 2023

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 1 / 376


Plan

1 Notions de logique

2 Ensembles, Applications et Relations

3 Arithmétique dans Z

4 Structures Algébriques

5 Polynômes et Fractions rationnelles

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Références

Voici quelques références : ces livres devraient également être disponibles sur Internet.

Lelong-Ferrand, Arnaudiès : Cours de mathématiques, Tome 1, Algèbre. Dunod. Ce livre

est très complet et très détaillé. On peut l'utiliser comme ouvrage de référence.

Serge Lang : Algebra (en anglais), Springer-Verlag. C'est comme une encyclopédie de

l'algèbre ; on y trouve beaucoup de sujets rassemblés, écrits de façon concise.

Jean-Marie Monier : Algèbre 1, tome 5 : Cours et 600 exercices corrigés, 1


re année MPSI,

PCSI, PTSI.

Roger Godement : Cours d'algèbre.

Patrice Tauvel : Cours d'algèbre.

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Chapitre 1 : Notions de logique
Qu'est ce que la logique ?

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Qu'est ce que la logique ?

La logique, c'est la science qui étudie la validité des arguments et la rigueur


des démonstrations. Sans cette validité et cette rigueur, on ne sera jamais
sûr de nos résultats.

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Assertion

Dénition 1
Une assertion est une phrase soit vraie, soit fausse, mais jamais les deux à
la fois. C'est le principe du tiers-exclu.

Exemple 1
1 Rabat est la capitale du Maroc.
2 Il pleut.
3 Je suis plus grand que toi.
4 La somme de deux nombres pairs est un nombre pair.
5 24 est un multiple de 2.
6 19 est un multiple de 2.
7 Dans un produit, l'ordre des facteurs aecte le résultat.

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Assertion

Dénition 2
Dans le cadre d'une théorie mathématique, une assertion est une phrase
mathématique (ou propriété) à laquelle on peut attribuer une, et une
seule, valeur, à savoir vraie (V en abrégé) ou fausse (F en abrégé) et est
notée par une lettre P, Q, R, etc.

Exemple 2
1 5 ∈ N (V).
2 2 × 7 = 10 (F).
3 0 = 1 (F).
4 (1 + 2) n'est pas une assertion.
5 Pour tout x ∈ R, on a x ≥ 0 (V).
2

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Assertion

Une table de vérité consigne ces deux possibilités :


propriété : P
V
F
Table 1  Table de vérité

Dénition 3
Les énoncés que nous rencontrerons le plus souvent sont d'une nature plus
générale : ils contiendront des variables, ils seront vrais pour certaines
valeurs attribuées aux variables, faux pour toutes les autres valeurs. Un tel
énoncé s'appelle une proposition.

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Assertion

Exemple 3
"x > 10" est une proposition, elle est vraie pour les nombres strictement
supérieurs à 10, fausse dans tous les autres cas.

Dénition 4
Un théorème est une assertion vraie.
Exemple 4

1 "x étant un nombre réel donné, ( x ≥ 0)" n'est pas une proposition.

2 " 2 n'est pas un nombre rationnel" est une proposition vraie.
3 "9 est un nombre premier" est une proposition fausse.

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Opérations sur les assertions

Si P est une assertion et Q est une autre assertion, nous allons dénir
de nouvelles assertions construites à partir de P et de Q :
⇝ Connecteurs logiques.

À une assertion, on peut associer sa négation, à deux assertions, leur


disjonction, ou leur conjonction. De plus, à ces trois opérations ou
connecteurs, on ajoute les opérations d'implication et d'équivalence.
• Négation : non (P)
• Disjonction : P ou Q
• Conjonction : P et Q
• Implication : P =⇒ Q
• Équivalence : P ⇐⇒ Q
Les valeurs booléennes des ces assertions associées dépendent des
valeurs des assertions de départ et sont données par les dénitions
suivantes.

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Opérations sur les assertions : La négation NON

Dénition 5
La négation d'une assertion P se note non (P) ou P ou encore ⌝P qui est
vraie si et seulement si P est fausse.
La valeur de vérité de ⌝P en fonction de celle de P est donnée par le
tableau suivant :
P ⌝P
V F
F V
Table 2  Table de vérité de ⌝P

Exemple 5
La négation de l'assertion 1 − 4 = 3 est 1 − 4 ̸= 3.
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Opérations sur les assertions : L'opérateur logique OU

Dénition 6
Étant données deux assertions P et Q, on appelle disjonction de ces deux
assertions, l'assertion notée (P ou Q) ou bien ( P ∨ Q ) qui est vraie si et
seulement si l'une au moins d'elles est vraie.
On reprend ceci dans la table de vérité :
P Q P ∨Q
V V V
V F V
F V V
F F F
Table 3  Table de vérité de P ∨ Q

Exemple : "7 > 0 ou 7 ̸= 0" est vraie ; "7 > 0 ou 7 = 0" est vraie ; "7 < 0
ou 7 = 0" est fausse.
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Opérations sur les assertions : L'opérateur logique ET

Dénition 7
Étant données deux assertions P et Q, on appelle conjonction de ces deux
assertions, l'assertion notée (P et Q) ou bien ( P ∧ Q ) qui est vraie si et
seulement si les deux assertions sont simultanément vraies.
On reprend ceci dans la table de vérité :
P Q P ∧Q
V V V
V F F
F V F
F F F
Table 4  Table de vérité de P ∧ Q

Exemple : "4 > 0 et 2 > 0" est vraie ; "4 > 0 et 2 < 0" est fausse ; "4 < 0
et 2 < 0" est fausse.
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Opérations sur les assertions : L'opérateur logique =⇒

Dénition 8
Étant données deux assertions P et Q, on dénit l'assertion P implique Q,
appelée implication et notée P =⇒ Q , qui est fausse seulement quand P
est vraie et Q est fausse et vraie dans les autres cas.
On reprend ceci dans la table de vérité :
P Q P =⇒ Q
V V V
V F F
F V V
F F V
Table 5  Table de vérité de P =⇒ Q

√ √
Exemple : Les propositions " 2 > 0 =⇒
√ 3 > 0" et " 2 < 0 =⇒ 3 < 0"
sont vraies. Par contre la proposition " 2 > 0 =⇒ 3 < 0" est fausse.
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Opérations sur les assertions : L'opérateur logique =⇒

Dénition 9
Soient P et Q deux assertions. On dit que
1 Q est une condition nécessaire pour avoir P si dès que P est vraie,
alors nécessairement, forcément, obligatoirement Q est vraie.
2 Q est une condition susante pour avoir P s'il sut que Q soit
vraie pour que P soit vraie.
Voici quelques exemples d'implications vraies.

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Opérations sur les assertions : L'opérateur logique =⇒

Exemple 6
1 ABCD est un carré =⇒ ABCD est un rectangle.
2 ABCD est un carré implique ABCD est un parallélogramme.
3 Pour que ABCD soit un parallélogramme il sut qu'il soit un carré.
4 ABCD un parallélogramme est nécessaire pour que ABCD soit un
carré.
5 n ∈ N =⇒ n ∈ Z.

Exercice 1
Soient a, b et c trois nombres réels. Montrer que :
a > 3, b > 3, c > 3 =⇒ ab + bc + ca < abc.

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Opérations sur les assertions : L'opérateur logique =⇒

Solution.
On suppose que a > 3, b > 3 et c > 3 est vrai, et on montre que
ab + bc + ca < abc est varie.
On a,
a > 3, b > 3, c > 3 =⇒ 1
a < 13 , 1
b < 13 , 1
c < 1
3

=⇒ 1
a + b1 + c1 < 1

=⇒ abc( 1a + b1 + c1 ) < abc

=⇒ ab + bc + ca < abc.
D'où le résultat. ■

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Opérations sur les assertions : L'opérateur logique ⇐⇒

Dénition 10
1 Étant données deux assertions P et Q, on dénit l'assertion P
équivaut à Q, appelée équivalence et notée P ⇐⇒ Q , qui est vraie
lorsque P et Q sont toutes les deux vraies ou fausses.
2 On dit encore que les assertions P et Q sont équivalentes ou que P
est une condition nécessaire et susante pour Q
On reprend ceci dans la table de vérité :
P Q P ⇐⇒ Q
V V V
V F F
F V F
F F V
Table 6  Table de vérité de P ⇐⇒ Q

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Opérations sur les assertions : L'opérateur logique ⇐⇒

Remarque 1
L'assertion P ⇐⇒ Q signie P =⇒ Q et Q =⇒ P .

Exemple 7
ABC est un triangle rectangle en A si et seulement si BC 2
= AB 2 + AC 2

Dénition 11
Deux assertions sont dites synonymes si elles ont le même tableau de
vérité.
Exemple 8
P =⇒ Q et ⌝P ∨ Q sont synonymes.

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Contraposée vs Réciroque

Propriété 1 (Contraposée)
Etant données deux propositions logiques P et Q, alors les propositions
suivantes sont équivalentes :
1 P =⇒ Q
2 Q =⇒ P
La deuxième implication est appelée contraposée de la première
implication.
Preuve : On donnera la preuve de cette équivalence de deux manière
diérentes.

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Contraposée vs Réciroque

Exemple 9
1 Soient A et B deux ensembles nis. On a :
(A ⊂ B =⇒ card(A) ≤ card(B)) ⇐⇒ (card(A) > card(B) =⇒ A ̸⊂ B).

2 Soit n ∈ N. On a :
(n2 pair =⇒ n pair ) ⇐⇒ (n impair =⇒ n2 impair ).

Propriété 2 (Réciroque)
Etant données P et Q deux propositions logiques, on appelle la réciroque
de l'implication P =⇒ Q la proposition Q =⇒ P

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Lois logiques

Si une proposition dépendante d'une ou plusieurs propositions P, Q, R, ...


est vraie quelles que soient les valeurs de vérité de P, Q, R, ..., on dit qu'il
s'agit d'une loi logique (on dit encore : une tautologie ou un théorème
de logique). En voici des exemples parmi les plus utiles :
Exemple 10
1 P ∨P
2 P ∧P
3 ⌝(P ∧ (⌝P))
4 P =⇒ P
5 P ⇐⇒ P
6 Négation d'une implication : ⌝(P =⇒ Q) ⇐⇒ (P∧ ⌝Q).

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Lois logiques

Proposition 1
Soient P, Q et R trois assertions. On a alors
1 ⌝( ⌝(P)) ⇐⇒ P
2 (P ∧ ⌝P) est une proposition toujours fausse (loi de non
contradiction).
3 (P ∨ ⌝P) est une proposition toujours vraie (loi du tiers exclu).
4 Lois de Morgan
(i) ⌝(P ∧ Q) ⇐⇒ (⌝P) ∨ (⌝Q) (négation d'une conjonction).
(ii) ⌝(P ∨ Q) ⇐⇒ (⌝P) ∧ (⌝Q) (négation d'une disjonction).
5 Distributivité :
(i) P ∧ (Q ∨ R) ⇐⇒ (P ∧ Q) ∨ (P ∧ R).
(ii) P ∨ (Q ∧ R) ⇐⇒ (P ∨ Q) ∧ (P ∨ R).
6 Transitivité de l'implication : ((P =⇒ Q) ∧ (Q =⇒ R)) =⇒ (P =⇒ R).

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Lois logiques

Remarque 2
Les propriétés précédentes peuvent être démontrées en construisant des
tables de vérité. Certaines d'entre elles peuvent être déduites des autres.

Exercice 2
Démontrer les lois logiques (propriétés) précédentes.

Exercice 3
Compléter les pointillés par le connecteur logique qui s'impose :
⇐⇒, ⇐=, =⇒.
x ∈ R, x = 4 . . . . . . x = 2 ;
1 2

2 z ∈ C, z = z . . . . . . z ∈ R;
3 x ∈ R, x = π . . . . . . e 2ix = 1.

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Lois logiques

Solution.
1 x ∈ R, x 2 = 4 ⇐= x = 2 ;
2 z ∈ C, z = z ⇐⇒ z ∈ R;
3 x ∈ R, x = π =⇒ e 2ix = 1.

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Quanticateurs : ∃ et ∀

Dénition 12
Les quanticateurs sont des symboles utilisés pour écrire des énoncés.
Une phrase quantiée est une assertion mathématique contenant un ou
des quanticateurs.
1 Le symbole ∃ désigne le quanticateur existentiel. Ainsi, ∃ x se lit
il existe au moins un élément x 
2 Le symbole ∃! x signie  il existe un et un seul élément x .
3 Le symbole ∀ désigne le quanticateur universel et ∀ x signie 
pour tout élément x  ou encore quel que soit l'élément x.

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Quanticateurs : ∃ et ∀

Exemple 11
1 ∀ n ∈ N, n ≥ 0 est une proposition vraie.
2 ∃ x ∈ C, x < 0 est une proposition vraie.
2

3 ∀ x ∈ C, x ≥ 0 est une proposition fausse.


2

4 ∀ x ∈ R, |x| = x  est une proposition fausse.



5 ∃ x ∈ [0, 1], x > x  est une proposition vraie.
6 ∀ x ∈ [1, +∞[, x ≥ 1 est une proposition vraie.
2

7 ∀ x ∈ R, x ≥ 1 est une proposition fausse.


2

8 ∀ n ∈ N, n(n + 1) est divisible par 2 est une proposition vraie.


9 ∃ x ∈ R, x(x − 1) < 0 est une proposition vraie.
10 ∃ x ∈ R, x = −1 est une proposition fausse.
2

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Quanticateurs : ∃ et ∀

Remarque 3
Lorsque plusieurs quanticateurs sont emboîtés, on ne peut les permuter et
obtenir une assertion équivalente que lorsqu'ils sont du même type. En
général
∀ ∃ ⇎ ∃ ∀.

Exemple 12
1 ∀ x ∈ R, ∃ y ∈ R, x + y = 0 est vraie.
2 ∃ x ∈ R, ∀ y ∈ R, x + y = 0 est fausse.

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Quanticateurs : ∃ et ∀

Proposition 2 (Négation d'une phrase quantiée)


Etant donné un ensemble E , soit P(x) une assertion dépendant de x qui
représente un objet de E . Alors, la négation d'une phrase quantiée se
dénit comme suit :
1 ⌝ (∀ x ∈ E , P(x)) ⇐⇒ ∃ x ∈ E , ⌝ P(x).
2 ⌝ (∃ x ∈ E , P(x)) ⇐⇒ ∀ x ∈ E , ⌝ P(x).

Exemple 13
1 ⌝ (∀ x ∈ R, x 4 + 1 > 0) ⇐⇒ ∃ x ∈ R, x 4 + 1 ≤ 0.
2 ⌝ (∃ z ∈ C, z 2 + z + 1 = 0) ⇐⇒ ∀ z ∈ C, z 2 + z + 1 ̸= 0.
3 ⌝ (∀ x ∈ R, x + 1 ∈ Z) ⇐⇒ ∃ x ∈ R, x + 1 ∈
/ Z.

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Quanticateurs : ∃ et ∀

Proposition 3 (Distributivité)
Soient P(x) et Q(x) deux assertions dépendant de x . Alors
1 (∀ x ∈ E , P(x)) ∧ (∀ x ∈ E , Q(x)) ⇐⇒ ∀ x ∈ E , P(x) ∧ Q(x).
2 (∃ x ∈ E , P(x)) ∨ (∃ x ∈ E , Q(x)) ⇐⇒ ∃ x ∈ E , P(x) ∨ Q(x).
3 (∀ x ∈ E , P(x)) ∨ (∀ x ∈ E , Q(x)) =⇒ ∀ x ∈ E , P(x) ∨ Q(x).
4 ∃ x ∈ E , P(x) ∧ Q(x) =⇒ (∃ x ∈ E , P(x)) ∧ (∃ x ∈ E , Q(x)).

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Quanticateurs : ∃ et ∀

Remarque 4
1 L'implication inverse de 3 n'est pas vraie.
i) ∀ n ∈ N, (n est pair ou n est impair). Cette assertion est vraie.
ii) (∀ n ∈ N, n pair ) ou (∀ n ∈ N, n impair) est fausse.
2 L'implication inverse de 4 n'est pas vraie.
i) (∃ x ∈ R, x > 0) et (∃ x ∈ R, x < 0). Cette assertion est vraie.
ii) ∃ x ∈ R, (x > 0 et x < 0) est fausse.

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Quanticateurs : ∃ et ∀

Remarque 5
1 Pour la négation d'une phrase logique, il n'est pas nécessaire de savoir
si la phrase est fausse ou vraie. Le procédé est algorithmique : on
change le "pour tout" en "il existe" et inversement, puis on prend la
négation de l'assertion P .
2 Pour la négation d'une proposition, il faut être précis : la négation de
l'inégalité stricte "<" est l'inégalité large "≥", et inversement.
3 Les quanticateurs ne sont pas des abréviations. Soit vous écrivez une
phrase en français : "Pour tout réel x , si f (x) = 1 alors x ≥ 0", soit
vous écrivez la phrase logique :
∀ x ∈ R, f (x) = 1 =⇒ x ≥ 0.

Mais surtout n'écrivez pas "∀ x réel, si f (x) = 1 =⇒ x positif ou nul".

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Quanticateurs : ∃ et ∀

Exercice 4
Soient I un intervalle non vide de R et f : I −→ R une fonction à valeurs
réelles dénie sur I . Exprimer à l'aide de quanticateurs les assertions
suivantes :
1 La fonction f s'annule.
2 La fonction f est la fonction nulle.
3 f n'est pas une fonction constante.
4 f ne prend jamais deux fois la même valeur.
5 La fonction f possède un minimum.
6 f prend des valeurs arbitrairement grandes.
7 f ne peut s'annuler qu'une seule fois.

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Quanticateurs : ∃ et ∀

Solution.
1 ∃x ∈ I : f (x) = 0.
2 ∀x ∈ I : f (x) = 0.
3 ∃x, y ∈ I : f (x) ̸= f (y ).
4 ∀x, y ∈ I (x ̸= y ) : f (x) ̸= f (y ).
5 ∃x ∈ I : ∀y ∈ I : f (y ) ≥ f (x).
6 ∀M ∈ R, ∃x ∈ I : f (x) > M .
7 ∃x0 ∈ I : f (x0 ) = 0 et ∀x ∈ I (x ̸= x 0 ) : f (x) ̸= 0.

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Quanticateurs : ∃ et ∀

Exercice 5
Soient I un intervalle non vide de R et f : I −→ R une fonction à valeurs
réelles dénie sur I . Exprimer les négations des assertions suivantes :
1 ∀x ∈ I , f (x) ̸= 0.
2 ∀y ∈ R, ∃x ∈ I , f (x) = y .
3 ∃M ∈ R, ∀x ∈ I , |f (x)| ≤ M.
4 ∀x, y ∈ I , x ≤ y =⇒ f (x) ≤ f (y ).
5 ∀x, y ∈ I , f (x) = f (y ) =⇒ x = y .

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 36 / 376


Quanticateurs : ∃ et ∀

Solution.
1 ∃x ∈ I : f (x) = 0.
2 ∃y ∈ R : ∀x ∈ I , f (x) ̸= y .
3 ∀M ∈ R, ∃x ∈ I : |f (x)| > M.
4 ∃x, y ∈ I : x ≤ y et f (x) > f (y ).
5 ∃x, y ∈ I : f (x) = f (y ) et x ̸= y .

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Raisonnements mathématiques

"Démontrer" consiste à utiliser de nombreuses règles logiques qui


permettent de partir des hypothèses pour parvenir à une conclusion.
Une démonstration (ou preuve ) est construite à partir d'un
raisonnement logique accompagné d'une séquence d'arguments
valides. Il existe plusieurs types de démonstration :
• la démonstration directe,
• la démonstration par contraposée,
• la démonstration par disjonction des cas,
• la démonstration par l'absurde,
• la démonstration par récurrence,
• la démonstration par contre-exemple.

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Raisonnements mathématiques
Raisonnement directe

Proposition 4
La démonstration directe de H =⇒ C consiste à établir successivement des
assertions intermédiaires pour arriver à C en partant de H .

Exemple 14
Démontrons directement que, pour tout entier naturel n, on a n est impair
ou n est pair.
2

Notons (P) l'assertion l'entier n est impair et (Q) l'assertion l'entier


n est pair. Dans ce cas, (H) est n est un entier naturel et (C) est
2

(P ou Q). Nous avons à établir que (P ou Q) est vraie. Supposons que


l'assertion  n est impair  soit fausse. Alors n est pair, il existe un entier
p tel que n = 2p . Il s'ensuit que n = 4p , et donc n est pair.
2 2 2

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Raisonnements mathématiques
Raisonnement directe

Exercice 6
Soient n ∈ N etpP(n) = n + 7n + 12. Montrer qu'il n'existe aucun élément
2

n ∈ N tel que P(n) ∈ N.

Exercice 7 (à faire)
Démontrer que pour tout entier relatif n, le nombre 16n 2
− 48n + 33 est un
entier naturel.

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Raisonnements mathématiques
Raisonnement directe

Solution.
Pour tout n ∈ N, on a
n2 + 6n + 9 < n2 + 7n + 12 < n2 + 8n + 16,

d'où
(n + 3)2 < P(n) < (n + 4)2 .
Puisque n + 3 > 0, on déduit que
n+3 < P(n) < n + 4.
p

Donc P(n) ∈/ N, puisqu'il est strictement compris entre deux entiers


p

consécutifs.

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Raisonnements mathématiques
Raisonnement directe

Remarque 6
1 La démonstration de P ⇐⇒ Q consiste en tentant de procéder par
équivalences successives, mais ce n'est une bonne idée que dans de
rares cas extrêmement simples. La plupart du temps, on procédera par
double implication.
1 On montre que P =⇒ Q est vrai ;
2 On montre que Q =⇒ P est vrai.
2 Pour montrer l'équivalence de trois proposition P ⇐⇒ Q ⇐⇒ R , il
sut de montrer trois implications convenablement choisies, par
exemple P ⇐⇒ Q , Q ⇐⇒ R et R ⇐⇒ P .

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Raisonnements mathématiques
Raisonnement directe

Exercice 8 (à faire)
On considère une fonction f : R −→ R et les deux propositions :
P : f est une fonction paire et impaire ;
Q : f est la fonction nulle.
Montrer que P ⇐⇒ Q .

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Raisonnements mathématiques
Raisonnement par contraposée

Proposition 5
La démonstration par contraposée s'appuie sur la règle logique suivante :
(P =⇒ Q) ⇐⇒ (⌝Q =⇒⌝P).

Exemple 15
Soit n un entier naturel. Démontrons que si n² est pair alors n l'est aussi.

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Raisonnements mathématiques
Raisonnement par contraposée

Solution.
Ici, P est l'assertion "n est pair" et Q est l'assertion "n est pair".
2

La négation de Q est alors "n est impair" et la négation de P est


l'assertion "n est impair".
2

En utilisant la démonstration par contraposée ce qui revient à montrer


que si n impair implique que n l'est.2

Supposons que n = 2k + 1 avec k étant un entier naturel, et donc


n = 4k + 4k + 1 = 4 k(k + 1) +1 est impair.
2 2

| {z }
pair
Ceci achève le résultat désiré. ■

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Raisonnements mathématiques
Raisonnement par disjonction des cas

Dénition 13
Si l'on souhaite vérier une proposition P(x) pour tous les x dans un
ensemble E , on montre la proposition pour les x dans une partie A de E ,
puis pour les x n'appartenant pas à A. C'est la méthode de disjonction
des cas ou la méthode de cas par cas.

Proposition 6
Soient P, Q et R trois assertions. On a
[(P ∨ Q) =⇒ R] ⇐⇒ (P =⇒ R) ∧ (Q =⇒ R).

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Raisonnements mathématiques
Raisonnement par disjonction des cas

Exemple 16
Prenons deux nombres réels a et b. On a :
1
Max(a; b) = (a + b + |a − b|),
2
et
1
Min(a; b) = (a + b − |a − b|).
2

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Raisonnements mathématiques
Raisonnement par disjonction des cas

Solution.
En eet, on distingue deux cas :
1Premier cas : Supposons que a ≥ b. Alors Max(a; b) = a. Par ailleurs,
(a + b + |a − b|) = (a + b + (a − b)) = a puisque a − b ≥ 0.
1
2
1
2

2Deuxième cas : Supposons maintenant que a < b. Donc


Max(a; b) = b. D'autre part, puisque a − b < 0, alors
1
2
(a + b + |a − b|) = 12 (a + b + (b − a)) = b.
Conclusion : pour tout (a; b) ∈ R , on a bien
2

1
Max(a; b) = (a + b + |a − b|).
2

L'autre égalité se démontre de la même manière.
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Raisonnements mathématiques
Raisonnement par disjonction des cas

Exercice 9
Soient x, y ∈ R et λ < 0. Montrons que
Max{λ x, λ y } = λ Min{x, y }.

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Raisonnements mathématiques
Raisonnement par disjonction des cas

Solution.
Il y a tout d'abord deux cas selon x et y.
1 Premier cas : On suppose que x ≤ y . En multipliant les membres de la
dernière l'inégalité par λ , on obtient λ x ≥ λ y , ce qui entraine
Max{λ x, λ y } = λ x . Par ailleurs, λ Min{x, y } = λ x . Donc
Max{λ x, λ y } = λ Min{x, y }.
2 On suppose que x > y . En multipliant les membres de la dernière
l'inégalité par λ , on obtient λ x < λ y , ce qui donne
Max{λ x, λ y } = λ y . D'autre part, λ Min{x, y } = λ y . Alors
Max{λ x, λ y } = λ Min{x, y }.
D'après les deux cas il s'ensuit que Max{λ x, λ y } = λ Min{x, y }, pour tous
x, y ∈ R et λ < 0. ■

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Raisonnements mathématiques
Raisonnement par l'absurde

Proposition 7
La démonstration par l'absurde qu'une assertion (P) est vraie consiste à
supposer que (P) est fausse et à montrer que (⌝P =⇒ Q) est vraie, avec
(Q) une assertion dont on sait qu'elle est fausse d'où on aboutit une
contradiction. Il en résulte que l'assertion P est vraie.

Remarque 7
1 La force du raisonnement par l'absurde réside dans le fait que
n'importe quelle absurdité permettera de conclure.
2 On peut voir le raisonnement par l'absurde comme une utilisation de
la contraposée. En eet, supposer P est fausse et aboutir à une
absurdité, revient à prouver une implication.

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Raisonnements mathématiques
Raisonnement par l'absurde

Exemple 17

Démontrons que le réel 2 est irrationnel.

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Raisonnements mathématiques
Raisonnement par l'absurde

Exemple 18

Démontrons que le réel 2 est irrationnel.

Démonstration.

Ici,√ l'assertion (P) est  2 est irrationnel. La négation de (P) est donc
 2 est rationnel. Nous la supposons vraie et il existe alors

deux entiers
n
naturels n et m (avec m ̸= 0) premiers entre eux tels que 2 = . De
m
2m = n , nous déduisons que n est pair et donc que n est pair (voir
2 2 2

Exemple 15). Écrivant ensuite n = 2k avec k entier, il s'ensuit que


m = 2k , montrant ainsi que m , et donc m, est pair. Les nombres n et m
2 2 2

ont 2 comme diviseur commun, ce qui est contradictoire avec le fait que n
et m sont premiers entre eux. ■

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Raisonnements mathématiques
Raisonnement par l'absurde

Exemple 19
Soit x ∈ R. Montrer que ∀ε > 0, |x| < ε =⇒ x = 0.

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Raisonnements mathématiques
Raisonnement par l'absurde

Exemple 20
Soit x ∈ R. Montrer que ∀ε > 0, |x| < ε =⇒ x = 0.

Démonstration.
On suppose que x ̸= 0. Puisque ε ∈ R∗+ est quelconque, on peut prendre
|x| |x| 1
par exemple ε = , ce qui donne |x| < , ce qui implique 1 < ,
2 2 2
absurde. D'où le résultat. ■

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Raisonnements mathématiques
Raisonnement par l'absurde

Exercice 10 (à faire)
Soit p un entier naturel.
1 Démontrer que si √p n'est pas entier, alors il est irrationnel.
2 Montrer que si p est un nombre premier, alors √p est irrationnel.

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Raisonnements mathématiques
Raisonnement par récurrence

Description.
Le raisonnement par récurrence permet de démontrer qu'une propriété
P(n) à une variable n sur l'ensemble N des entiers naturels est vraie quel
que soit n ∈ N avec n ≥ n pour un certain n ∈ N en suivant les trois
0 0

étapes suivants :
1 Initialisation : On vérie que P(n ) est vraie.
0

2 Hérédité : Pour tout n ≥ n , on suppose que la propriété est vraie au


0

rang n et on démontre qu'elle vraie au rang n + 1. C'est à dire, on


démontre l'implication : P(n) =⇒ P(n + 1) vraie.
3 Conclusion : On peut conclure que la propriété P(n) est vraie quel
que soit n ≥ n . 0

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Raisonnements mathématiques
Raisonnement par récurrence

Exemple 21
Démontrons par récurrence que pour tout n ∈ N, on a 2n > n.

Solution.
Pour n = 0, nous avons 2 = 1 > 0. Donc la propriété est vraie pour
0

n = 0.
Soit n ∈ N et supposons que 2n > n. Alors
2n+ = 2n × 2 = 2n + 2n > n + 2n . Comme 2n ≥ 1 ; on obtient
1

2n+ > n + 1.
1

On peut donc conclure que 2n > n pour tout n ∈ N.


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Raisonnements mathématiques
Raisonnement par récurrence

Exercice 11
Démontrons par récurrence que, pour tout entier naturel n, l'entier n 3
−n
est divisible par 3.

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Raisonnements mathématiques
Raisonnement par récurrence

Solution.
Posons tout d'abord P(n) l'assertion n − n est divisible par 3.
3

0 − 0 = 3 × 0 est divisible par 3, par suite P(0) est vraie.


3

Soit n ∈ N tel que P(n) est vraie (on dit que c'est l'hypothèse de
récurrence). Alors ∃k ∈ N tel que n − n = 3k et on a :
3

(n + 1)3 − (n + 1) = n3 + 3n2 + 3n + 1 − n − 1
= n3 − n + 3(n2 + n)
= 3k + 3(n2 + n).

Donc (n + 1) − (n + 1) est divisible par 3, càd P(n + 1) est vraie.


3

Ainsi, pour tout entier naturel n, l'entier n − n est divisible par 3.


3

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Raisonnements mathématiques
Raisonnement par récurrence

Exercice 12 (à faire)
Montrer par récurrence que pour tout entier naturel non nul n, 2 n + 2 est
2

un entier naturel divisible par 3.

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Raisonnements mathématiques
Raisonnement par contre-exemple

Dénition 14
Pour inrmer une assertion, on peut utiliser un exemple ou un cas
particulier qui la contredit, qu'on appelle alors un contre-exemple.
Description. Soit E un ensemble. Pour montrer qu'une assertion du type
"∀x ∈ E ; P(x)" est fausse, il sut de trouver un élément x ∈ E qui ne
0

vérie pas la propriété P(x). Cet élément x est appelé contre-exemple de


0

l'assertion "∀x ∈ E ; P(x)".

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Raisonnements mathématiques
Raisonnement par contre-exemple

Exemple 22
Peut-on dire que |x + y | = |x| + |y | pour tous x et y dans R ?

Solution.
C'est faux car si x = −3 et y = 2, alors |x + y | = | − 1| = 1. D'autre part,
nous avons | − 3| + |2| = 3 + 2 = 5. ■

Exemple 23
Au XVII e siècle, le mathématicien français Pierre den Fermat émit la
conjecture que tous les nombres de la forme Fn = 2 + 1 (avec n ∈ N) sont
2

des nombres premiers. En 1732, Leonhard Euler a démontré que cette


conjecture est fausse en prouvant que F = 4294967297 était divisible par
5

641.
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Raisonnements mathématiques
Raisonnement par contre-exemple

Exercice 13
Soient f et g deux fonctions dénies sur R à valeurs dans R. Montrons en
utilisant un contre exemple que l'assertion suivante
fg = 0 =⇒ f = 0 ou g = 0,

n'est pas vraie.

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Raisonnements mathématiques
Raisonnement par contre-exemple

Solution.
Par contraposée, il sut de montrer que
f ̸= 0 et g ̸= 0 =⇒ fg ̸= 0 (1)
est fausse. En particulier pour
1 si x < 0 0 si x < 0
 
f (x) =
0 si x ≥ 0
et g (x) = 1 si x ≥ 0

Il est clair que f et g sont deux fonctions non nulles, alors que fg = 0. Donc
l'implication (1) est fausse. ■

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Chapitre 2 : Ensembles, Applications et Relations
Ensembles

Dénition 15
En mathématiques, on étudie des objets de diérents types : des points,
des nombres ou encore des vecteurs par exemple. Ces objets ou éléments
forment des collections ou ensembles. On notera, en général, un élément
par une lettre minuscule (l'élément x) et un ensemble par une lettre
majuscule (l'ensemble E).

Dénition 16
Un ensemble est une "collection" d'objets appelés éléments.

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Ensembles

Exemple 24
Parmi les ensembles déjà rencontrés, citons notamment :
E : l'ensemble des étudiants de l'ENSAM.
N : l'ensemble des entiers naturels.
Z : l'ensemble des entiers relatifs.
Q : l'ensemble des nombres rationnels.
R\Q : l'ensemble des nombres irrationnels.
R : l'ensemble des nombres réels.
C : l'ensemble des nombres complexes.
Soient a et b deux réels distincts, [a, b[ est l'ensemble des réels x qui
vérient a ≤ x < b.

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Ensembles

Dénition 17
1 Si E = {a, b, c . . .} est l'ensemble dont les éléments sont a, b, c . . .. On
dit que E est dénie en extension.
2 Si E = {x ∈ E/ P(x)} est l'ensemble des éléments vérinats la
propriété P(x). On dit que E est dénie en compréhension.

Exemple 25
1 E = {−1, 0, 1} st dénie en extension.
2 E = {x ∈ R/ x + x ≥ } est dénie en compréhension.
2 1
4

3 {x ∈ R/ 0 ≤ x ≤ 1} = [0, 1].
4 {n ∈ N/ n = n} = {0; 1}.
2

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Ensembles

Exercice 14 (Écriture en extension)


Écrire en extension (c'est-à-dire en donnant tous leurs éléments) les
ensembles suivants :

1 A = {nombres entiers compris entre 2 et 2π}.
p
2 B = {x ∈ Q; ∃(n, p) ∈ N∗ × N, x = et 1 ≤ p ≤ 2n ≤ 7}.
n

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Ensembles

Solution.

1 A = {nombres entiers compris entre 2 et 2π} = {2, 3, 4, 5, 6}.
2 Pour écrire B, on remarque que ≤ n ≤ =⇒ n = 1, 2 ou 3. Pour
1 7

chaque valeur possible de n, on détermine ensuite les valeurs possibles


2 2

de p :
• Pour n = 1, on a p ∈ {1, 2}.
• Pour n = 2, on a p ∈ {1, 2, 3, 4}.
• Pour n = 3, on a p ∈ {1, 2, 3, 4, 5, 6}.
Finalement, on trouve
1 3 1 2 4 5
B = {1, 2, , , , , , }.
2 2 3 3 3 3

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Ensembles

Remarque 8
1 L'ensemble qui ne contient aucun élément se nomme l'ensemble vide
et se note 0/ , ∅ ou simplement {}.
a

2 Un ensemble formé d'un et un seul élément x est appelé un singleton


et est noté {x}.
a. La notation ∅ a été introduite par le mathématicien français André Weil du groupe
Bourbaki .

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Ensembles
Appartenance

Dénition 18
1 La relation d'appartenance se note x ∈ E et s'énonce "x appartient à
l'ensemble E ", ou encore "x est un élément de E".
2 La négation de cette relation est une autre relation qui se note x ∈/ E
et s'énonce "x n'appartient pas à l'ensemble E", ou encore "x n'est
pas un élément de E".

Exemple 26
1 Le nombre 3 est entier naturel, ce qui se représente par 3 ∈ N.
2 π ∈ R, mais n'est pas un nombre rationnel, d'où π ∈ / Q.

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Ensembles
Inclusion

On dénit la relation d'inclusion de la manière suivante.


Dénition 19
1 On dit qu'un ensemble E est inclus dans un ensemble F, ce que l'on
note E ⊂ F , si et seulement si tout élément de E appartient à F,
c'est-à-dire
E ⊂ F ⇐⇒ (∀x ∈ E , x ∈ F ).
2 On note E ̸⊂ F la négation de E ⊂ F , c'est-à-dire
E ̸⊂ F ⇐⇒ (∃x ∈ E , x ∈
/ F ).

3 Lorsque E ⊂ F et qu'il existe au moins un élément de F qui


n'appartient pas à E, on dit que E est un sous-ensemble propre de F,
ce qui est noté E ⊊ F .

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Ensembles
Inclusion

Exemple 27
1 {5} ⊂ N.
2 Si F = {0, 2, 4, 6, 8, 10} et E = {10, 2, 8} ; alors E ⊂ F .
3 N ⊊ Z.
4 N ⊂ Z ⊂ Q ⊂ R ⊂ C.
5 Pour tout ensemble E, on a ∅ ⊂ E .
Exercice 15
Soit E = {a, b, c} un ensemble. Peut-on écrire :
(a) a ∈ E ; (b) a ⊂ E ; (c) {a} ⊂ E ;
(d) ∅ ∈ E ; (e) ∅ ⊂ E ; (f ) {∅} ⊂ E ?

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 75 / 376


Ensembles
Egalité

Dénition 20
1 On dit que l'ensemble E est égal à l'ensemble F (et l'on note E = F )
si tout élément de E est un élément de F et si tout élément de F est
un élément de E.
2 Lorsque les ensembles E et F ne sont pas égaux, ils sont dits distincts
et l'on note E ̸= F .

Exercice 16
On considère les deux ensembles :
n π 2kπ o n 9π 2kπ o
A= + /k ∈ Z et B = − /k ∈ Z .
4 5 4 5
Montrer que A = B.
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Ensembles
Partie d'un ensemble. Ensemble des parties

Dénition 21
1 Soit E un ensemble. On appelle partie de E (ou sous-ensemble de E)
tout ensemble A vériant A ⊂ E .
2 Toutes les parties de E constituent un nouvel ensemble, noté P(E ),
que l'on nomme ensemble des parties de E. Pour tout ensemble de
E, E et ∅ appartiennent à P(E ).

Exemple 28
1 L'ensemble des nombres pairs est une partie de N.
2 L'ensemble des nombres impairs est une partie de N.
3 Si E = {0, 1, 2}, on a
P(E ) = {∅, {0}, {1}, {2}, {0, 1}, {0, 2}, {1, 2}, E }.

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Ensembles
Partie d'un ensemble. Ensemble des parties

Remarque 9
Soit A un ensemble d'un ensemble E. On a
1 A ∈ P(E ) ⇐⇒ A ⊂ E .
2 {x} ∈ P(E ) ⇐⇒ x ∈ E .

Exercice 17
Décrire P(P({a})) où a désigne un élément.

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Ensembles
Complémentaire

Dénition 22
Soit A un sous-ensemble de E. On appelle complémentaire de A dans E,
et l'on note CE (A), CEA ou encore A, l'ensemble des éléments de E qui
n'appartiennent pas à A.
CEA = {x ∈ E / x ∈ E et x∈
/ A}.

Autrement dit
x ∈ CEA ⇐⇒ x ∈
/ A.

Propriété 3
CE∅ = E , CEE = ∅, CE E = A.
CA

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Ensembles
Complémentaire

Figure 1  Complémentaire de A dans E

Exemple 29
1 Soient E = R et A = [0, 1], on a CE (A) =] − ∞, 0[∪]1, +∞[.
2 Soient E = {0, 1, 3, 4} et A = {1, 4}. On a CE (A) = {0, 3}.
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Ensembles
Opérations sur les ensembles : Intersection

Soient A et B deux parties de E.


Dénition 23 (Intersection)
On appelle intersection des ensembles A et B, l'ensemble des
1

éléments qui appartiennent à la fois à A et à B. Celui-ci est noté


A ∩ B . Autrement dit

x ∈ A ∩ B ⇐⇒ x ∈ A et x ∈ B.

2 Lorsque A ∩ B = ∅ (c'est-à-dire lorsque A et B n'ont aucun élément


commun), on dit que A et B sont disjoints.

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Ensembles
Opérations sur les ensembles : Intersection

Figure 2  Intersection des ensembles A et B

Exemple 30
Soit A = {0, 5, −1}, B = {4, 5, 2} et C = {9} trois ensembles. On a
A ∩ B = {5} et A ∩ C = ∅.

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Ensembles
Opérations sur les ensembles : Intersection

Exercice 18
On considère les deux ensembles :
n 5 + 4k o n 5 + 8k ′ o
A= /k ∈ Z et B = / k′ ∈ Z .
10 20
Montrer que A et B sont disjoints.

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Ensembles
Opérations sur les ensembles : Intersection

Proposition 8
Soient A, B et C trois sous-ensembles de E. Alors, on a
1 A ∩ A = A, A ∩ E = A et A ∩ ∅ = ∅.
2 A ∩ B ⊂ A et A ∩ B ⊂ B .
3 A ∩ B = B ∩ A (Commutativité).
4 A ∩ (B ∩ C ) = (A ∩ B) ∩ C (Associativité).
5 A ∩ B = B ⇐⇒ B ⊂ A.
6 A ∩ CEA = ∅.

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Ensembles
Opérations sur les ensembles : Réunion

Soient A et B deux parties de E.


Dénition 24 (Réunion)
On appelle réunion des ensembles A et B, l'ensemble des éléments qui
appartiennent à A ou à B. Celui-ci est noté A ∪ B . Autrement dit
x ∈ A ∪ B ⇐⇒ x ∈ A ou x ∈ B.

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Ensembles
Opérations sur les ensembles : Réunion

Figure 3  Réunion des ensembles A et B

Exemple 31
Soient A = {0, 5, −1} et B = {4, 5, 2} deux ensembles. On a
A ∪ B = {0, 2, −1, 5, 4}.

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Ensembles
Opérations sur les ensembles : Réunion

Proposition 9
Soient A, B et C trois sous-ensembles de E. Alors, on a
1 A ∪ A = A, A ∪ E = E et A ∪ ∅ = A.
2 A ∪ B = B ∪ A (Commutativité).
3 A ∪ (B ∪ C ) = (A ∪ B) ∪ C (Associativité).
4 A ∪ B = B ⇐⇒ A ⊂ B .
5 A ∪ CEA = E .

Exercice 19
Considérons les ensembles E = {x ∈ R / x − 3x + 2 = 0} et
2

F = {x ∈ Z / − 3 ≤ x ≤ 1}. Déterminer E ∪ F et E ∩ F .

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Ensembles
Opérations sur les ensembles

Proposition 10
Soient A, B et C trois sous-ensembles de E. Alors, on a
A ∩ (A ∪ B) = A ∪ (A ∩ B) = A.
distributivité
1 A ∩ (B ∪ C ) = (A ∩ B) ∪ (A ∩ C ).
2 A ∪ (B ∩ C ) = (A ∪ B) ∩ (A ∪ C ).
lois de De Morgan a

1 CEA∩B = CEA ∪ CEB .


2 CEA∪B = CEA ∩ CEB .

a. Augustus De Morgan (1806 - 1871) était un mathématicien britannique. Il est


considéré comme l'un des fondateurs de la logique moderne.

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Ensembles
Opérations sur les ensembles : Diérence

Soient A et B deux parties de E.


Dénition 25 (Diérence)
On appelle diérence de A et de B, et on note A\B , l'ensemble des
éléments de E appartenant à A mais pas à B. Autrement dit
x ∈ A\B ⇐⇒ x ∈ A et x ∈
/ B.

Proposition 11
Soit A une partie d'un ensemble E. On a
1 A\A = ∅ et E \A = CE (A).
2 A\B = ∅ ⇐⇒ A ⊂ B.
3 A\B = A ∩ CE (B) = A\(A ∩ B).

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Ensembles
Opérations sur les ensembles : Diérence

Figure 4  Diérence de A et de B

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Ensembles
Opérations sur les ensembles : Diérence

Exemple 32
Soient A = {0, 5, −1} et B = {2, 4, 5}. On a A\B = {−1, 0} et
B\A = {2, 4}.

Exercice 20 (à faire)
Soient E un ensemble et A, B, C, D ∈ P(E ). Montrer que
1 CE (A)\CE (B) = B\A
2 (A\B)\C = A\(B ∪ C ).
3 A\(B\C ) = (A\B) ∪ (A ∩ C ).
4 (A\B) ∩ (C \D) = (A ∩ C )\(B ∪ D).
5 A\B = A ∪ B ⇐⇒ B = ∅.

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Ensembles
Opérations sur les ensembles : Diérence symétrique

Soient A et B deux parties de E.


Dénition 26 (Diérence symétrique)
La diérence symétrique de deux ensembles A et B, notée A∆B , est
l'ensemble des éléments qui appartiennent soit à A, soit à B, mais pas aux
deux ensembles à la fois.
Formellement, on a :
A∆B = (A\B) ∪ (B\A),

où A\B est l'ensemble des éléments de A qui ne sont pas dans B, et B\A
est l'ensemble des éléments de B qui ne sont pas dans A.

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Ensembles
Opérations sur les ensembles : Diérence symétrique

Proposition 12
Soient A et B deux parties d'un ensemble E. On a
1 La diérence symétrique est une opération symétrique, c'est-à-dire que
A∆B = B∆A.
2 Elle est également associative, c'est-à-dire que
(A∆B)∆C = A∆(B∆C ).
3 A∆B = (A ∪ B)\(A ∩ B).
4 A∆A = ∅ et A∆∅ = A.
5 A∆E = CE (A) et A∆CE (A) = E .

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Ensembles
Opérations sur les ensembles : Diérence symétrique

Figure 5  Diérence symétrique de A et B

Exemple 33
1 Soient A = [−2, 1] et B = [0, 3]. On a A ∪ B = [−2, 3] et A ∩ B = [0, 1],
alors A∆B = [−2, 0[∪]1, 3].
2 Si A = {1, 2, 3, 4} et B = {2, 3, 5, 6}, alors A∆B = {1, 4, 5, 6}.

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Ensembles
Partition

En mathématiques, une partition d'un ensemble E est un ensemble de


parties non vides de E deux à deux disjointes et dont l'union est E.
Dénition 27
Soit E un ensemble non vide. Une famille (Ai )i∈I de parties de E est
appelée partition de E, si les conditions suivantes sont satisfaites :
1 ∀i ∈ I , Ai ̸= ∅.
2 ∀(i, j) ∈ I , i ̸= j =⇒ Ai ∩ Aj = ∅.
2

i∈I Ai = E .
S
3

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Ensembles
Partition

Exemple 34
1 L'ensemble des entiers naturels pairs et l'ensemble des entiers impairs
forment une partition de l'ensemble N.
2 Les ensembles A = {0}, A = R∗− et A = R∗+ forment une partition de
1 2 3

R.
3 Soit E = R, la famille {R− , R+ } n'est pas une partition de E car
R− ∩ R+ = {0} ̸= ∅.

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Ensembles
Produit d'ensembles

Étant donnés deux ensembles E et F, on peut associer à tous éléments


x ∈ E et y ∈ F le nouvel objet (x, y ) appelé couple ordonné. Ce couple est
un élément d'un nouvel ensemble, que l'on nomme ensemble produit de E
par F.
Dénition 28
Soient E et F deux ensembles. On appelle ensemble produit de E par F
(ou produit cartésien de E et de F ), et l'on note E × F , l'ensemble des
couples (x, y ), tels que x ∈ E et y ∈ F :
n o
E × F := (x, y ) / x ∈ E et y ∈ F .

L'égalité entre couples est dénie par l'équivalence logique suivante :


(a, b) = (c, d) ⇐⇒ (a = c et b = d).

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Ensembles
Produit d'ensembles

Exemple 35
R = R × R = (x, y ) / x, y ∈ R .
n o
1 2

2 Soient E = {a, b, c} et F = {1, 2, 3}. Alors


E × F := (a, 1), (a, 2), (a, 3), (b, 1), (b, 2), (b, 3), (c, 1), (c, 2), (c, 3) .
n o

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Applications

Dénition 29
Soient E et F deux ensembles. Une application f de E dans F est un
procédé qui à tout élément x de E associe un élément unique de F, noté
f (x). Autrement dit

∀x ∈ E , ∃!y ∈ F , f (x) = y .

Notation :
f : E −→ F ou E −f→ F .
Quand f (x) peut être exprimer par une formule, on écrit :
f : E −→ F
x 7−→ f (x) = . . .

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Applications

Dénition 30
1 On dit que y est l'image de x par f, ce que l'on note f (x), tandis que
x est un antécédent de y par f.
2 On dit aussi que E (resp. F) est l'ensemble de départ (resp.
l'ensemble d'arrivée) de f.
3 Le graphe d'application f est l'ensemble
n o
G (f ) = (x, f (x)) ∈ E × F ; x ∈ E .

4 L'ensemble des applications de E vers F se note A (E ; F ) ou plus


fréquemment F E .

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Applications

Exemple 36
On a
f : R −→ R
x 7−→ f (x) = sin(x)
est une application.

Figure 6  Courbe de l'application sin

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Applications

Remarque 10
Notons que tout élément de F n'est pas nécessairement l'image d'un
élément de E.
Dénition 31
Soient deux ensembles E et F.
1 On appelle fonction f de E dans F, une relation qui à x de E associe
au plus un élément y de F.
2 L'ensemble des éléments de E auxquels f associe exactement un
élément dans F est appelé l'ensemble (ou domaine) de dénition de f
et noté Df .

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Applications

Exemple 37
On a
f : R −→ R
1
x 7−→
x
est une fonction, mais n'est pas une application. En revanche
g : R∗ = Dg −→ R
1
x 7−→
x
est une application.

Remarque 11
Une fonction f de E dans F est une application ⇐⇒ Df = E.

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Applications

Proposition 13
Deux applications f ; g : E −→ F sont égales si et seulement si pour tout
x ∈ E , f (x) = g (x). On note alors f = g .

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Applications
Exemples d'applications.

Soient E, F deux ensembles et a ∈ F . Si tout élément x de E a pour


image f (x) = a, l'application est dite constante et égale à a.
Soit E un ensemble. L'application qui à chaque élément x de E associe
lui-même est appelée application identique ou identité de E. On la
note IE ou idE .
Soient E un ensemble et A une partie de E. On appelle fonction
caractéristique de A dans E ou fonction indicatrice de A dans E la
fonction de E dans {0, 1} telle que f (x) = 1 si x ∈ A et f (x) = 0 si
x ∈ CE (A). On la note Ind(A) ou 1A .
La fonction qui à chaque nombre réel x associe 0 est appelée fonction
nulle et on la note 0E .
Soient n un entier positif, a , a , . . . , an des réels, la fonction
0 1

p : R −→ R qui à chaque réel x, associe : p(x) = a + a x + . . . + an x n


0 1

est appelée une fonction polynôme .


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Applications
Composition des applications

Dénition 32
Soient E, F et G trois ensembles, f : E −→ F et g : F −→ G sont deux
applications. L'application g ◦ f de E dans G, dénie par
g ◦ f (x) = g (f (x)) pour tout x ∈ E ,
est appelée composée de g et de f.

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Applications
Composition des applications

Figure 7  Composée de g et de f.

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Applications
Composition des applications

Remarque 12
1 Pour pouvoir dénir g ◦ f , il est nécessaire que l'ensemble de départ de
g soit égal à l'ensemble d'arrivée de f.
2 L'ordre de composition est également important, en général on a
g ◦ f ̸= f ◦ g (n'est pas commutatif).

Exemple 38
1 Soient f et g deux applications dénies sur R par f (x) = x et 2

g (x) = x + 1. On a f ◦ g (x) = (x + 1) et g ◦ f (x) = x + 1.


2 2

2 On considère les applications f (x) = sin(x) et g (x) = x , on a :


2

(g ◦ f )(x) = sin (x) et (f ◦ g )(x) = sin(x ).


2 2

3 Si f (x) = −x et g (x) = ln(x), alors f ◦ g (x) = −(ln(x)) , alors que


2 2

g ◦ f n'est pas dénie.

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Applications
Composition des applications

Théorème 1
Soient E, F, G et H quatre ensembles non vides. Soient f ∈ FE ; g ∈ GF et
h ∈ HG .
1 f ◦ (g ◦ h) = (f ◦ g ) ◦ h.
2 IdF ◦ f = f et f ◦ IdE = f .

Remarque 13
Soit E un ensemble non vide et f ∈ A (E ). Pour n ∈ N, on pose
f| ◦ f ◦{z. . . ◦ f} = f n .
n fois

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Applications
Image directe

Soient E et F deux ensembles et f ∈ A (E ; F ). Soit A ⊂ E .


Dénition 33
L'image directe de A par f ou image de A par f, notée f (A), est le
sous-ensemble de F contenant les images des éléments de A par f, on a :
f (A) = {images des éléments de A par f}
= {y ∈ F | ∃x ∈ A, y = f (x)}
= {f (x), x ∈ A}.

Avec des quanticateurs, cela donne ∀y ∈ F


y ∈ f (A) ⇐⇒ ∃x ∈ A tel que y = f (x).
En particulier f (E ) (i.e., l'image de E) est noté Im(f ) et est dit image de f.
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Applications
Image directe

Exemple 39
1 Soit
f : R −→ R
x 7−→ sin(x)
On a f ([0, π]) = [0, 1] et Imf = f (R) = [−1, 1].

Remarque 14
1 / = 0/ .
f (0)
2 x ∈ A =⇒ f (x) ∈ f (A) mais f (x) ∈ f (A) n'implique pas forcément
x ∈ A.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 111 / 376


Applications
Image directe

Exemple 40
Soit
f : R −→ R
x 7−→ x 2
On a f ([0, 2]) = [0, 4] et f (−1) = 1 ∈ [0, 4] mais −1 ∈/ [0, 2].

Exercice 21
Soit f l'application dénie par :
f : R −→ R
x 7−→ x 2 + 2x

Montrer que f ([−1, 1]) = [−1, 3].

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 112 / 376


Applications
Image directe

Solution.
On montre les doubles inclusions.
⊂) Soit y ∈ f ([−1, 1]), il existe x de [−1, 1] tel que f (x) = y .
On a :
f (x) = x + 2x = x + 2x + 1 − 1 = (x + 1) − 1.
2 2 2

Comme −1 ≤ x ≤ 1, alors 0 ≤ x + 1 ≤ 2, donc :


−1 ≤ (x + 1)2 − 1 ≤ 3.

Donc y ∈ [−1, 3] ; c'est-à-dire f ([−1, 1]) ⊂ [−1, 3].


Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 113 / 376


Applications
Image directe

Solution.
⊃) Soit y ∈ [−1, 3]. Résolvons l'équation f (x) = y dans [−1, 1].
Soit x ∈ [−1, 1].
f (x) = y ⇐⇒ x 2 + 2x = y
⇐⇒ (x + 1)2 = y + 1

⇐⇒ x + 1 = y + 1, x + 1 ≥ 0 et y + 1 ≥ 0

⇐⇒ x = y + 1 − 1.

Comme y ∈ [−1, 3], alors : −1 ≤ y + 1 − 1 ≤ 1 ; d'où
y = f (x) ∈ f ([−1, 1]). Ce qui sigine que [−1, 3] ⊂ f ([−1; 1]).

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Applications
Image directe

Étant donnée une application f ∈ A (E ; F ), on a les propriétés suivantes.


Propriété 4
Pour toutes parties A et B de E,
1Si A ⊂ B alors f (A) ⊂ f (B).
2f (A ∪ B) = f (A) ∪ f (B).
3f (A ∩ B) ⊂ f (A) ∩ f (B).

Preuve
Exercice à faire.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 115 / 376


Applications
Image directe

Dénition 34
Une partie A d'un ensemble E est dite stable par une application
f : E −→ E si et seulement si, ∀a ∈ A, f (a) ∈ A. Autrement dit f (A) ⊂ A.

Exemple 41
1
L'intervalle [0, 1] est stable par l'application f dénie par f (x) =
x +1
2

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Applications
Image réciproque

Dénition 35
Soient E et F deux ensembles et f ∈ A (E ; F ). Soit B ⊂ F . L'image
réciproque de B par f, notée f − (B) est le sous-ensemble de E contenant
1

les antécédents des éléments de B par f, c'est-à-dire


f −1 (B) = {x ∈ E | ∃y ∈ B, f (x) = y } = {x ∈ E | f (x) ∈ B}.

Avec des quanticateurs, on a


∀x ∈ E , x ∈ f −1 (B) ⇐⇒ f (x) ∈ B.

Remarque 15
1 f −1 (0)
/ = 0.
/
2 f −1 (F ) = E

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 117 / 376


Applications
Image réciproque

Exemple 42
Soit l'application
f : R −→ R
x 7−→ x 2
Déterminer f − 1
([−1, 4]).
On a
f −1 ([−1, 4]) = {x ∈ R | f (x) ∈ [−1, 4]}
= {x ∈ R | − 1 ≤ f (x) ≤ 4}
= {x ∈ R | − 1 ≤ x 2 ≤ 4}
= {x ∈ R | 0 ≤ x 2 ≤ 4}
= {x ∈ R | − 2 ≤ x ≤ 2}
= [−2, 2].

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Applications
Image réciproque

Exercice 22
1 Considérons l'application f de [0, 1] dans [0, 2] dénie par
f (x) = 2 − x. Déterminer f − ({0}).
1

2 Soit g l'application dénie sur R par : g (x) = cos(x).


Déterminer g − ([1, 2]).
1

2x
3 Soit h l'application dénie sur R par : h(x) = .
x +1
2

Montrer que h− ([−1, 1]) = R.


1

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 119 / 376


Applications
Image réciproque

Solution.
1 f −1 ({0}) = {x ∈ [0, 1] / f (x) = 0}.
On a f (x) = 2 − x = 0 =⇒ x = 2 ∈/ [0, 1], alors f − ({0}) = 0.
1
/
2 g ([1, 2]) = {x ∈ R / g (x) ∈ [1, 2]} = {x ∈ R / cos(x) ∈ [1, 2]} = 0.
−1
/
Car ∀x ∈ R on a cos(x) ∈ [−1, 1].
3 Soit x ∈ R, alors x ∈ h− ([−1, 1]) ⇐⇒ h(x) ∈ [−1, 1]. Donc
1

2x 2x
−1 ≤ h(x) ≤ 1 ⇐⇒ −1 ≤ ≤ 1 ⇐⇒ |≤1
|
x +12
x +1 2

⇐⇒ 2|x| ≤ x 2 + 1 ⇐⇒ (|x| − 1)2 ≥ 0.


La dernière inégalité est vraie pour tout x ∈ R. Finalment,
h− ([−1, 1]) = R.
1


Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 120 / 376
Applications
Image réciproque

Étant donnée une application f ∈ A (E ; F ), on a les propriétés suivantes.


Propriété 5
Pour toutes parties A et B de E,
1Si A ⊂ B alors f − (A) ⊂ f −
1 1
(B).
2 f −1 (A ∪ B) = f −1 (A) ∪ f −1 (B) .
3 f −1 (A ∩ B) = f −1 (A) ∩ f −1 (B) .

Preuve
Exercice à faire.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 121 / 376


Applications
Image réciproque

Exercice 23 (à faire)
Soient E et F deux ensembles non vides et f ∈ A (E ; F ). Montrer que :
1 ∀A ∈ P(F ), f − (A) = f − (A).
1 1

2 ∀B ∈ P(E ), B ⊂ f − (f (B)). 1

3 ∀C ∈ P(F ), f (f − (C )) ⊂ C .
1

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 122 / 376


Applications
Surjection

Soient E et F deux ensembles et f ∈ A (E ; F ).

Dénition 36
L'image f (E ) de E par f est une partie de F. Si tout élément de F est
l'image par f d'au moins un élément de E, on dit que f est une
application surjective de E dans F, donc f (E ) = F .
L'application f est dite surjective ou une surjection si et seulement si
tout élément de l'ensemble d'arrivée F a au moins un antécédent dans
E par f.
Avec des quanticateurs, cela donne
f est surjective ⇐⇒ ∀y ∈ F , ∃x ∈ E , y = f (x).

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 123 / 376


Applications
Surjection

Exemple 43
1 La fonction f dénie sur R par f (x) = 4x + 1 est surjective, puisque
pour tout réel arbitraire y , il existe des solutions d'équation y = 4x + 1
y −1
d'inconnue x , une solution est x = .
4
2 La fonction g dénie sur R par g (x) = x , n'est pas surjective, car
2

certains réels ne possèdent pas d'antécédent. Par exemple, il n'y a pas


de réel x tel que g (x) = −2.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 124 / 376


Applications
Surjection

Exercice 24
Les applications suivantes sont-elles surjective ?
1 f dénie sur N par f (n) = 4n + 1.
1 1

2x
2 f dénie de ]1, +∞[ dans ]2, +∞[ par f (x) = .
x −1
2 2

1
3 f dénie de R dans ]0, 1] par f (x) = .
x − 2x + 2
3 3
2

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 125 / 376


Applications
Surjection

Exercice 25
On considère l'application :
f : R −→ R
x 7−→ x 2 + 4x + 1

1 Montrer que ∀x ∈ R; f (x) ≥ −3;


2 l'application f est-elle surjective ? Justier.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 126 / 376


Applications
Injection

Soient E et F deux ensembles et f ∈ A (E ; F ).

Dénition 37
f est dite injective ou une injection si et seulement si tout élément de
l'ensemble d'arrivée F a au plus un antécédent dans E par f
(c'est-à-dire soit pas d'antécédent, soit exactement un antécédent).
Avec les quanticateurs, cela donne
f est injective ⇐⇒ ∀(x, y ) ∈ E 2
, f (x) = f (y ) =⇒ x = y .

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 127 / 376


Applications
Injection

Remarque 16
En prenant la contraposée, quand deux éléments distincts de E ne
correspondent pas à deux images diérentes de F, on dit que f est une
application injective. Dans ce cas, on a :
f est injective ⇐⇒ ∀(x, y ) ∈ E 2
, x ̸= y =⇒ f (x) ̸= f (y ).

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 128 / 376


Applications
Injection

Exemple 44
1 La fonction f dénie sur R par f (x) = 4x + 1 injective. En eet,
∀x, y ∈ R, on a f (x) = f (y ) =⇒ 4x + 1 = 4y + 1 =⇒ x = y .
2 La fonction g dénie sur R par g (x) = x , n'est pas injective, car si
2

c'était le cas, on aurait ∀x, y ∈ R, g (x) = g (y ) =⇒ x = y . En


particulier, on a g (1) = g (−1) =⇒ 1 = −1, absurde.

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Applications
Injection

Exercice 26
Les applications suivantes sont-elles injective ?
2x
1 f dénie de ]1, +∞[ dans ]2, +∞[ par f (x) = .
x −1
1 1


2 f2 dénie de ]1, +∞[ dans R par f2 (x) = x + x 2 − x.

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Applications
Injection

Remarque 17
f est non injective ⇐⇒ ∃(x, y ) ∈ E 2
, f (x) = f (y ) et x ̸= y .

Exemple 45
On considère l'application :
f : R −→ R
x 7−→ x 2 − 3x + 2

On a f (1) = 0 = f (2) mais 1 ̸= 2. Ceci signie que l'application f n'est pas


injective.

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Applications
Bijection

Soient E et F deux ensembles et f ∈ A (E ; F ).

Dénition 38
L'application f est dite bijective ou une bijection si et seulement si
elle est à la fois surjective et injective, c'est à dire tout élément de
l'ensemble d'arrivée F a un et un seul antécédent dans E par f.
Autrement dit, est l'image d'un unique élément de E.
Avec des quanticateurs, cela donne
f est bijective ⇐⇒ ∀y ∈ F , ∃!x ∈ E , y = f (x).

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Applications
Bijection

Exercice 27
Les applications suivantes sont-elles bijectives ?
1

f1 : R\{2} −→ R\{1}
x +1
x 7−→
x −2
2

f2 : [− 14 , +∞[ −→ [ 25 , +∞[

5 1
r
x 7−→ + x+
2 4

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Applications
Bijection

Dénition 39
Soit f ∈ A (E ; F ) une application bijective. On dénit une application de F
vers E, en associant à tout élément y de F son seul antécédent par f. Cette
application appelée application réciproque de f et est notée f − et 1

vériant :
∀x ∈ E , ∀y ∈ F , x = f −1 (y ) ⇐⇒ y = f (x).
L'application f − est également bijective et (f −
1 1
)−1 = f .

Exemple 46
L'application f qui à x ∈ R , associe f (x) = e x ∈ ]0, +∞[ est bijective et son
application réciproque est l'application f − = ln .
1

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Applications
Bijection

Exercice 28
Soit l'application
f : [2; +∞[ −→ [1, +∞[
x 7−→ x 2 − 4x + 5

Montrer que f est bijective et donner f − 1


.

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Applications
Bijection

Solution.
Soit y ∈]1, +∞[. Résolvons l'équation f (x) = y dans ]2, +∞[.
Soit x ∈ [2; +∞[,
f (x) = y ⇐⇒ x 2 − 4x + 5 = y
⇐⇒ x 2 − 4x + 4 + 1 = y
⇐⇒ (x − 2)2 = y − 1
⇐⇒ |x − 2| = y − 1
p

⇐⇒ x = 2 + y − 1
p

√ √
comme 2 + y − 1 ≥ 2 c'est-à-dire 2 + y − 1 ∈ [2; +∞[ ceci signie que f
est une application √bijective. Sa réciproque est l'application f − dénie
1

par : f − (x) = 2 + x − 1, ∀ x ∈ [1, +∞[.


1

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 136 / 376


Applications
Bijection

Proposition 14
Soit f ∈ A (E ; F ).Il y a équivalence entre
1 f est bijective.
2 Il existe une application g ∈ A (F ; E ) telle que g ◦ f = idE et
f ◦ g = idF , une telle application g = f − . 1

Proposition 15
Soient f ∈ A (E ; F ) et g ∈ A (F ; G ) deux applications bijectives. Alors,
1 f −1est unique.
2 L'application g ◦ f est bijective et (g ◦ f )− 1
= f −1 ◦ g −1 .

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 137 / 376


Applications
Bijection

Démonstration.
Exercice à faire. ■

Exemple 47
Soient f et g deux applications bijectives dénies par :
f : R −→ ]0, +∞[ g : ]0, +∞[ −→ ]1, +∞[
x 7−→ ex
et x 7−→ 2x + 1

Alors g ◦ f est bijective. De plus, on a


x −1
(g ◦ f )−1 (x) = f −1 ◦ g −1 (x) = ln , ∀x ∈ ]1, +∞[.
2

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 138 / 376


Applications
Restrictions et prolongements

Dénition 40 (Restriction)
Soient E , F deux ensembles, f : E −→ F une application et A une partie de
E. On appelle restriction de f à A l'application, notée f|A , dénie par :
f|A : A −→ F
x 7−→ f (x).

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 139 / 376


Applications
Restrictions et prolongements

Exemple 48
Soit
f : R −→ R
x 7−→ |x|.
Les applications
g|R+ : R+ −→ R h|R− : R− −→ R
et
x 7−→ x x 7−→ −x.

sont les restrictions de f sur R+ et R− .

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Applications
Restrictions et prolongements

Dénition 41 (Prolongement)
Soient E et F deux ensembles, f : E −→ F une application et G un
ensemble tel que E ⊂ G . On appelle prolongement de f à G toute
application f˜ : G −→ F telle que :
∀x ∈ E , f˜(x) = f (x).

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 141 / 376


Applications
Restrictions et prolongements
Exemple 49
Soit
f : R∗ −→ R
x 7−→ sin(x)
x .
Les applications
g : R −→ R
sin(x)
x ̸= 0,

si
x 7−→ x
1 si x =0

et
h : R −→ R
sin(x)
x ̸= 0,

si
x 7−→ x
−4 si x =0
sont des prolongement de f respectivement sur R.
Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 142 / 376
Applications
Restrictions et prolongements

Remarque 18
1 Il y a toujours une innité de prolongements possibles à une
application.
2 Une application est toujours le prolongement d'une de ses restrictions

Exemple 50
1 Soit f ∈ A (R) une application dénie par f (x) = x 2 , ∀x ∈ R. On a
f˜ ∈ A (C, R) dénie par f˜(z) = |z|2 , ∀z ∈ C est un prolongement de fà
C.
2 Soit f ∈ A (N) une application dénie par f (n) = n, ∀n ∈ N. On a
f˜ ∈ A (Z, N) dénie par f˜(n) = |n|, ∀n ∈ Z est un prolongement de fà
Z.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 143 / 376


Applications

Exercice 29
Soient E = [0, 1], F = [−1, 1], et G = [0, 2] trois intervalles de R.
Considérons l'application f de E dans G dénie par :
f (x) = 2 − x,

et l'application g de F dans G dénie par :


g (x) = x 2 + 1.

1 Déterminer f ({ }), f − ({0}), g ([−1, 1]), g − ([0, 2]).


1
2
1 1

2 L'application f est-elle bijective ? justier.


3 L'application g est-elle bijective ? justier.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 144 / 376


Relations

Dénition 42
Une relation binaire R d'un ensemble E vers un ensemble F est
1

dénie par une partie Γ de E × F . Si (x, y ) ∈ Γ, on dit que x est en


relation avec y et l'on note xRy .
2 E est appelé ensemble de départ de la relation R .
3 F est appelé ensemble d'arrivée de la relation R .
4 Γ = {(x, y ) ∈ E | xRy } est appelé le graphe de la relation R .
2

Remarque 19
Quand une relation binaire est dénie d'un ensemble E vers lui-même
(autrement dit E = F dans la dénition précédente, donc déne par une
partie Γ de E ), on l'appelle aussi relation interne sur E , ou simplement
2

relation sur E .

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 145 / 376


Relations

Exemple 51
1 Pour tout ensemble E ̸= ∅, la relation d'appartenance sur E × P(E )
a pour ensemble de départ E et ensemble d'arrivée l'ensemble P(E )
des parties de E . Autrement dit pour tout (x, A) ∈ E × P(E ), alors
xRA ⇐⇒ x ∈ A. En particulier x n'est pas en relation avec ∅ (puisque
x ̸∈ ∅). En revanche x est en relation avec {x}, puisque x ∈ {x}.
2 R : "x est inférieur ou égal à y" est une relation binaire sur R. On a
1

3R 5, car 3 ≤ 5. En revanche "5 n'est pas inférieur ou égal à 3".


1

Donc 5 n'est pas en relation avec 3 par la relation R .


1

3 R : "x − y est un nombre pair" est une relation binaire sur Z. On a


2

12R 16, car 12 − 16 est un nombre pair. En revanche 2 n'est pas en


2

relation avec 1 par la relation R .


2

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 146 / 376


Relations

Dénition 43
Une relation binaire R dans un ensemble E est dite :
1Réexive si et seulement si ∀x ∈ E , xRx .
2Symétrique si et seulement si ∀(x, y ) ∈ E , xRy ⇒ y Rx .
2

3Antisymétrique si et seulement si ∀(x, y ) ∈ E , xRy et y Rx ⇒ x = y .


2

4Transitive si et seulement si ∀(x, y , z) ∈ E , xRy et y Rz ⇒ xRz .


3

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 147 / 376


Relations

Exemple 52
1 La relation ” = ” dans un ensemble quelconque est réexive,
symétrique, antisymétrique et transitive.
2 La relation ” <" dans R, ni réexive ni symétrique, mais elle est
transitive et antisymétrique.
3 L'inclusion ” ⊂ ” dans P(E ) est réexive, non symétrique,
antisymétrique et transitive.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 148 / 376


Relations
Relations d'équivalence

Dénition 44
Soit R une relation binaire dans un ensemble E. On dit que R est une
relation d'équivalence si et seulement si R est réexive, symétrique et
transitive.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 149 / 376


Relations
Relations d'équivalence
Exemple 53
1 La relation ∥ est une relation d'équivalence pour l'ensemble E des
droites du plan :
• réexivité : une droite est parallèle à elle-même,
• symétrie : si D1 est parallèle à D2 , alors D2 est parallèle à D1 ,
• transitivité : si D1 , parallèle à D2 et D2 est parallèle à D3 , alors D1 est
parallèle à D3 .
2 Soient n ≥ 2 un entier xé. Dénissons la relation R sur l'ensemble
E = Z par a ≡ b[n] ⇐⇒ n|(a − b). La relation ainsi dénie est appelée
congruence modulo n. Il est clair que R est une relation
d'équivalence.
3 Dans l'ensemble des droites du plan ane euclidien, la relation ⊥
d'orthogonalité est symétrique, mais n'est ni réexive ni transitive.
Une droite n'est en eet pas perpendiculaire à elle-même et, d'autre
part, D ⊥ D et D ⊥ D entraînent D ∥ D et non D ⊥ D .
1 2 2 3 1 3 1 3

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 150 / 376


Relations
Relations d'équivalence : Classe d'équivalence

Étant donnée une relation d'équivalence, on identie les éléments qui sont
en relation en introduisant les classes d'équivalence.
Dénition 45
1 Soit R une relation d'équivalence dans un ensemble E. Pour chaque x
de E, on appelle classe d'équivalence de x (modulo R ), le sous
ensemble de E noté C (x) (ou cl(x) ou x̊ ou encore x ) et est déni par
C (x) = {y ∈ E , xRy }.

2 Tout élément de C (x) est appelé un représentant de la classe C (x).


3 L'ensemble des classes d'équivalence modulo R s'appelle ensemble
quotient de E par R et se note E /R .

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 151 / 376


Relations
Relations d'équivalence : Classe d'équivalence

Exemple 54
1 La relation "=" dans un ensemble E quelconque non vide est une
relation d'équivalence, alors C (x) = {x} et l'ensemble quotient
{{x} | x ∈ E }.
2 La classe d'équivalence de a ∈ Z est notée a. Par dénition nous avons
donc a = {b ∈ Z|b ≡ a[n]}. Comme un tel b s'écrit b = a + kn pour un
certain k ∈ Z, alors c'est aussi exactement a = {a + kn|k ∈ Z}. De
plus, on a n = 0, n + 1 = 1, n + 2 = 2, n + 3 = 3, ... et donc l'ensemble
des classes d'équivalence est l'ensemble quotient et est noté Z/nZ,
avec Z/nZ = {0, 1, ..., n − 1} qui contient exactement n éléments.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 152 / 376


Relations
Relations d'équivalence : Classe d'équivalence

Exercice 30
Soient x, y ∈ R. Considérons une relation binaire R sur R dénie par :
xRy ⇐⇒ x 2 − x = y 2 − y .

1 Montrer que R est une relation d'équivalence.


2 Chercher les classes d'équivalence suivantes : 0, 1, 2, 1/2

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 153 / 376


Relations
Relations d'équivalence : Classe d'équivalence

Solution.
1 Soient x, y ∈ R, et dénissons xRy si et seulement si x − x = y − y .
2 2

Nous montrons que R est une relation d'équivalence.


(i) Réexivité : Pour tout x ∈ R, x 2 − x = x 2 − x , donc xRx .
(ii) Symétrie : Pour tout x, y ∈ R, si xRy , alors x 2 − x = y 2 − y , donc
y 2 − y = x 2 − x , et donc y Rx .
(iii) Transitivité : Pour tout x, y , z ∈ R, si xRy et y Rz , alors
x 2 − x = y 2 − y et y 2 − y = z 2 − z , donc x 2 − x = z 2 − z , et donc xRz .
2 Calculons les classes d'équivalence des éléments suivants : {0, 1, 2, }. 1
2

(1) 0 = {y ∈ R | 0Ry }. Puisque y 2 − y = 02 − 0, ainsi 0 = {0, 1}.


(2) 1 = {y ∈ R | 1Ry }. Puisque y 2 − y = 12 − 1, ainsi 1 = {0, 1}.
(3) 2 = {y ∈ R | 2Ry }. Puisque y 2 − y = 22 − 2, ainsi 2 = {−1, 2}.
(4) 12 = {y ∈ R | 12 Ry }. Puisque y 2 − y = ( 12 )2 − 12 = − 14 , ainsi 12 = { 21 }.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 154 / 376


Relations
Relations d'équivalence : Classe d'équivalence

Exercice 31 (à faire)
On dénit sur R la relation binaire R par :
2

(x, y )R(x ′ , y ′ ) ⇐⇒ x + y = x ′ + y ′ .

1 Montrer que R est une relation d'équivalence.


2 Trouver la classe d'équivalence du couple (0, 0).

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 155 / 376


Relations
Relations d'équivalence : Classe d'équivalence

Propriété 6
Soient x, y ∈ E et R une relation d'équivalence sur E. On a
1 xRy ⇐⇒ x = y .
2 x n'est pas en relation avec y ⇐⇒ x ∩ y = 0.
/
3 E = ∪x∈E x.
Autrement dit l'ensemble E /R = {x | x ∈ E } constitue une partition de E.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 156 / 376


Relations
Relations d'ordre

Dénition 46
1 Soit R une relation binaire dans un ensemble E. On dit que R est une
relation d'ordre si et seulement si R est réexive, antisymétrique et
transitive.
2 Le couple (E , R) est appelé ensemble ordonné où E est un ensemble
et R une relation d'ordre.
Remarque 20
Il est clair que ≤ et ≥ sont deux relations d'ordre sur R.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 157 / 376


Relations
Relations d'ordre

Dénition 47
Soit (E , R) un ensemble ordonné. La relation R est dite relation d'ordre
total si deux éléments quelconques de E sont comparables :
∀(x, y ) ∈ E 2 , (xRy ou y Rx).

Dans le cas contraire, l'ordre est dit partiel.

Dénition 48
Soient E un ensemble, R une relation d'ordre sur E et A une partie de E .
La relation induite par R dans A est une relation d'ordre appelée relation
d'ordre induite par R sur A.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 158 / 376


Relations
Relations d'ordre

Exemple 55
1 La relation ≤ usuelle sur R est une relation d'ordre total car
∀ x, y ∈ IR, x ≤ y ou y ≤ x.
2 Soient (x, y ), (x ′ , y ′ ) ∈ R ;
2

(x, y )R(x ′ , y ′ ) ⇐⇒ (x ≤ x ′ ) ∧ (y ≤ y ′ )

est une relation d'ordre partiel, en eet : ∃ (1, 2), (3, 0) ∈ R , et (1, 2)
2

n'est pas en relation avec (3, 0), et (3, 0) n'est pas en relation avec
(1, 2).

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 159 / 376


Relations
Relations d'ordre : Éléments remarquables d'un ensemble ordonné

Dénition 49
Soient (E , R) un ensemble ordonné et A une partie de E .
1 Un élément x de E est appelé un majorant (resp. minorant) de A
dans E si et seulement si
∀a ∈ A, aRx (resp. ∀a ∈ A, xRa).
2 On dit que A est majorée (resp. minorée) dans E si et seulement si
A admet au moins un majorant (resp. minorant) dans E , c'est-à-dire
∃x ∈ E , ∀a ∈ A, aRx (resp. ∃x ∈ E , ∀a ∈ A, xRa).
3 Un élément a de E est appelé un plus grand (resp. plus petit)
élément de A si et seulement s'il appartient à A et s'il majore (resp.
minore) A, c'est-à-dire
x ∈ A et ∀a ∈ A, aRx (resp. x ∈ A et ∀a ∈ A, xRa).

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 160 / 376


Relations
Relations d'ordre : Éléments remarquables d'un ensemble ordonné

Dénition 50
Soient (E , R) un ensemble ordonné et A une partie de E .
1 On dit qu'un élément M de E est la borne supérieure de A dans E ,
notée sup A, si l'ensemble des majorants de A dans E admet M
comme plus petit élément.
2 Un élément m de E sera appelé la borne inférieure de A dans E ,
notée inf A, si l'ensemble des minorants de A dans E admet m comme
plus grand élément.
3 Soit x ∈ A. On dit que x est un élément maximal (resp. minimal) de
A, si x n'est pas en relation avec aucun élément de A sauf lui-même
(resp. lorsqu'il n'existe aucun élément de A en relation avec x sauf
l'élément x) c'est-à-dire
∀a ∈ A, xRa =⇒ x = a (resp. ∀a ∈ A, aRx =⇒ x = a).

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 161 / 376


Relations
Relations d'ordre

Remarque 21
1 Si l'ordre est total, les notions d'élément maximal et de plus grand
élément sont confondues (de même pour élément minimal et plus petit
élément).
2 Les notions d'élément maximal et d'élément minimal d'un ensemble
ordonné n'ont vraiment d'intérêt que pour les ensembles partiellement
ordonnés.
3 a est un plus grand élément ⇒ a est un élément maximal. La
réciproque n'est pas vraie en générale.
4 Plus grand élément d'un ensemble s'il existe est unique mais élément
maximal n'est pas nécessairement unique.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 162 / 376


Relations
Relations d'ordre

Exemple 56
1 Dans (R, ≤), l'ensemble R+ n'a pas d'élément maximal.
2 Dans (R, ≤), l'intervalle [0, 1] admet un élément maximal et un seul,
qui est 1. C'est aussi le plus grand élément de [0, 1].
3 Dans R muni de l'ordre usuel, l'ensemble N ne possède pas de borne
supérieure.
4 Dans (R, =), l'ensemble R n'admet ni un majorant ni un minorant et
chaque x ∈ R est à la fois élément maximal et élément minimal pour la
relation =.
5 Soit E = {2, 3, 4, 5} muni de la relation "a divise b'. On a 2 n'est pas
un élément maximal de E car 2|4 et 2 ̸= 4. C'est un sous-ensemble
ordonné de N\{0, 1} pour la relation divise. Les éléments maximaux
sont bien 3, 4 et 5.
Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 163 / 376
Relations
Relations d'ordre

Exercice 32 (à faire)
Montrer que l'ensemble A = {x ∈ Q; x 2
< 2} n'admet pas une borne
supérieure dans Q.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 164 / 376


Relations
Relations d'ordre

Exercice 33
On dénit sur R la relation T par
2

(x, y )T (x ′ , y ′ ) ⇐⇒ |x − x ′ | ≤ y ′ − y

1 Vérer que T est une relation d'ordre. Cet ordre est-il total ?
2 Soit (a, b) ∈ R , représenter l'ensemble
2

E = {(x, y ) ∈ R2 | (x, y )T (a, b)}.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 165 / 376


Chapitre 3 : Arithmétique dans Z
Introduction

Z = {. . . ; −2; −1; 0; 1; 2; . . .} désigne l'ensemble des entiers relatifs.


Dans ce chapitre, entier signie entier relatif, i.e. appartenant à Z.
Motivation
• L'arithmétique est l'un des secteurs scientiques les plus anciens et est
souvent considérée comme l'une des branches les plus abstraites des
mathématiques,
• elle connaît aujourd'hui de nombreuses applications en informatique,
en électronique et en cryptographie.
• Le développement de l'informatique est fortement lié à l'arithmétique.
• Lorsqu'on a besoin de traiter des informations, de faire fonctionner des
documents multimédias (textes, sons, images) sur des machines, il est
souvent nécessaire de les coder.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 167 / 376


Introduction

Motivation
L'arithmétique est au c÷ur du cryptage des communication. Pour crypter
un message on commence par le transformer en un ou plusieurs nombres.
Le processus de codage et décodage fait appel à plusieurs notions de ce
chapitre :
• On choisit deux nombres premiers p et q que l'on garde secrets et on
pose n = p × q . Le principe étant que même connaissant n il est très
dicile de retrouver p et q (qui sont des nombres ayant des centaines
de chires).
• La clé secrète et la clé publique se calculent à l'aide de l'algorithme
d'Euclide et des coecients de Bézout.
• Les calculs de cryptage se feront modulo n.
• Le décodage fonctionne grâce à une variante du petit théorème de
Fermat.
Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 168 / 376
Multiples et diviseurs

Dénition 51
Soient a, b ∈ Z. On dit que a divise b, et on note a|b s'il existe k ∈ Z tel
que b = a × k.
On note
D(a) l'ensemble des diviseurs de a
aZ l'ensemble des multiples de a.

Remarque 22 (Autres formulations)


a|b signie que :
1 b est un multiple de a.
2 b est divisible par a.
3 a est un diviseur de b.
4 Le reste dans la division euclidienne de b par a est nul.
Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 169 / 376
Multiples et diviseurs

Exemple 57
1 7|21 car 21 = 7 × 3.
2 3|6 car 6 = 3 × 2.
3 −4 divise 12 car : 12 = −4 × (−3).
4 n est pair signie que 2|n.
5 ∀n ∈ Z, 2|n(n + 1) En eet :
• Si n est pair, n = 2p pour p ∈ Z et donc n(n + 1) = 2 × p(2p + 1).
• Si n est impair, alors n = 2p + 1 pour p ∈ Z et donc
n(n + 1) = (2p + 1)(2p + 2) = 2 × (2p + 1)(p + 1).

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 170 / 376


Multiples et diviseurs

Proposition 16
1 ∀a ∈ Z, a|0 et 1|a.
2 ∀a ∈ Z, a|1 =⇒ a = ±1.
3 Un entier n est toujours divisible par 1, −1, n et −n.
4 a|b et b|c =⇒ a|c.
5 ∀a, b ∈ Z, a|b et b|a =⇒ b = ±a.
6 a|b et b ̸= 0 =⇒ |a| ≤ |b|.
7 ∀a, b, c ∈ Z, ∀u, v ∈ Z, c|a et c|b =⇒ c|(au + bv ).
8 ∀x ∈ Z∗ , a|b ⇐⇒ ax|bx.
9 Soient n ∈ N∗ et a, b ∈ Z∗ . Alors an |bn ⇐⇒ a|b.

Démonstration.
Exercice à faire. ■

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 171 / 376


Multiples et diviseurs

Remarque 23
Si a ̸= 0, alors 0 ne divise pas a. En eet, il n'existe aucun k ∈ Z tel que
a = k × 0.

Exercice 34
Pour quels entiers n strictement positifs, le nombre n 2
+1 divise-t-il n + 1 ?

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 172 / 376


Multiples et diviseurs

Exercice 35
Pour quels entiers n strictement positifs, le nombre n 2
+1 divise-t-il n + 1 ?

Solution.
Si n + 1 divise n + 1, comme tout est positif, on doit avoir n + 1 ≤ n + 1,
2 2

ce qui n'est vérié que pour n = 1. On vérie ensuite que n = 1 est bien
solution. ■

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 173 / 376


Multiples et diviseurs
Division euclidienne

Théorème 2
Soient a ∈ Z et b ∈ Z∗ , alors ∃! (q, r ) ∈ Z tel que a = bq + r et 0 ≤ r < |b|.
2

Remarque 24 (Terminologie)
L'entier a s'appelle le dividende, b est le diviseur, q est le quotient
1

et r s'appelle le reste de la division euclidienne de a par b.


2 Eectuer une division euclidienne c'est déterminer son reste et son
quotient.
3 r = 0 ⇐⇒ b|a.

Exemple 58
Si a = 6789 et b = 34, alors 6789 = 34 × 199 + 23. On a bien 0 ≤ 23 < 34.
Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 174 / 376
Multiples et diviseurs
PGCD de deux entiers

Dénition 52
Soient a, b ∈ Z. Le plus grand entier naturel qui divise à la fois a et b,
s'appelle le plus grand commun diviseur de a et b et se note
PGCD(a, b) ou a ∧ b.

Remarque 25
1 La dénition usuelle ne permet pas de dénir 0 ∧ 0 puisqu'il n'existe
pas de plus grand diviseur de 0. On pose par convention 0 ∧ 0 = 0.
2 Soient a, b ∈ Z. On a D(a) ∩ D(b) = D(a ∧ b) où D(x) désigne
l'ensemble des diviseurs de x.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 175 / 376


Multiples et diviseurs
PGCD de deux entiers

Exemple 59
1 D(12) = {−12; −6; −4; −3; −2; −1; 1; 2; 3; 4; 6; 12}
D(15) = {−15; −5; −3; −1; 1; 3; 5; 15}
D(12) ∩ D(15) = {−3; −1; 1; 3}. Donc, 15 ∧ 12 = 3. De plus,
D(12) ∩ D(15) = D(3) = D(15 ∧ 12).
2 On a 21 ∧ 14 = 7 ; 12 ∧ 32 = 4 ; 21 ∧ 26 = 1 et 0 ∧ −3 = 3.
3 a ∧ ka = a, pour tout k ∈ Z et a ≥ 0.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 176 / 376


Multiples et diviseurs
PGCD de deux entiers

Proposition 17
1 ∀a, b ∈ Z, a ∧ b ≥ 0.
2 ∀a, b ∈ Z, a ∧ b = b ∧ a.
3 ∀a ∈ Z, a ∧ 1 = 1.
4 ∀a, b, c ∈ Z, c|a et c|b ⇐⇒ c|a ∧ b.
5 ∀k, a ∈ Z, a ∧ ka = |a|.
6 ∀a ∈ Z, a ∧ 0 = |a|.

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Multiples et diviseurs
PGCD de deux entiers

Dénition 53
On dit que deux entiers a et b sont premiers entre eux, si a ∧ b = 1.

Exemple 60
1 Les deux entiers 9 et 14 sont premiers entre eux, car 9 ∧ 14 = 1.
2 Deux nombres premiers distincts sont premiers entre eux (car 1 est le
diviseur commun positif).
3 42 et 77 sont tous les deux divisibles par 7 ; donc ils ne sont pas
premiers entre eux.
4 Pour tout a ∈ Z, a et a + 1 sont premiers entre eux. En eet soit d un
diviseur commun à a et à a + 1. Alors d divise aussi a + 1 − a. Donc d
divise 1 mais alors d = −1 ou d = +1. Le plus grand diviseur de a et
a + 1 est donc 1. Ainsi, a ∧ (a + 1) = 1.

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Multiples et diviseurs
PGCD de deux entiers

Théorème 3
Soient a, b, c ∈ Z. Alors a ∧ b = b ∧ (a − bc).

Démonstration.
On pose δ = a ∧ b et δ ′ = b ∧ (a − bc).
• On a δ |a et δ |b =⇒ δ |a et δ |bc =⇒ δ |(a − bc) et δ |b =⇒ δ |δ ′ .
• Inversement, δ ′ |b et δ ′ |(a − bc) =⇒ δ ′ |b et δ ′ |a =⇒ δ ′ |δ .
Ainsi |δ | = |δ ′ |. Comme δ ≥ 0 et δ ′ ≥ 0, alors δ = δ ′ . ■

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Algorithme d'Euclide

On souhaite calculer le pgcd de a et b. On calcule des divisions euclidiennes


successives. Le pgcd sera le dernier reste non nul.
• division de a par b, a = bq + r . Par le Théorème 3, a ∧ b = b ∧ r et
1 1 1

si r = 0 alors a ∧ b = b si non on continue :


1

• b = r q + r , donc a ∧ b = b ∧ r = r ∧ r ,
1 2 2 1 1 2

• r1 = r2 q3 + r3 , a ∧ b = r2 ∧ r3 ,
.. .. ..
• . . .
• rk−2 = rk−1 qk + rk , a ∧ b = rk−1 ∧ rk ,
• rk−1 = rk qk + 0, a ∧ b = rk ∧ 0 = rk .
Ainsi l'algorithme se termine car nous sommes sûrs obtenir un reste nul, les
restes formant une suite décroissante d'entiers positifs ou nuls :
b > r > r > . . . > 0.
1 2

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Algorithme d'Euclide

Exemple 61
1 Calculons le pgcd de a = 600 et b = 124.

Ainsi, 600 ∧ 124 = 4.


2 Soient a = 123 et b = 18. Calculons a ∧ b. On a 123 = 18 × 6 + 15, ce
qui implique que 123 ∧ 18 = 18 ∧ 15. De plus 18 = 15 × 1 + 3, donc
18 ∧ 15 = 15 ∧ 3 = 3. Par suite 123 ∧ 18 = 3.
3 De même, on a −28 ∧ 16 = 4.
Exercice 36
Calculer 9945 ∧ 3003.
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Algorithme d'Euclide

Exercice 37
Calculer 9945 ∧ 3003.
Solution.

Ainsi, 9945 ∧ 3003 = 39. ■

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Algorithme d'Euclide
Égalité de Bézout

Théorème 4
∀a, b ∈ Z, ∃(u, v ) ∈ Z2 tel que au + bv = a ∧ b. Le couple (u, v ) s'appelle
couple de Bézout.

Remarque 26
1 Un tel couple n'est pas unique, comme le montre l'exemple suivant
1 × 6 − 1 × 4 = 6 ∧ 4 = 2.
−3 × 6 + 5 × 4 = 6 ∧ 4 = 2.
2 S'il existe (u, v ) ∈ Z tel que au + bv = d , alors a ∧ b divise d.
2

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Algorithme d'Euclide
Égalité de Bézout

Exemple 62
Calculons le couple de Bézout pour a = 400 et b = 142. On a
400 ∧ 142 = 2. On exprime le PGCD à l'aide de la dernière ligne où le reste
est non nul. Puis on remplace le reste de la ligne précédente, et ainsi de
suite jusqu'à arriver à la première ligne.
400 = 142 × 2 + 116
142 = 116 × 1 + 26
116 = 4 × 26 + 12
26 = 2 × 12 + 2
12 = 2 × 6 + 0.

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Algorithme d'Euclide
Égalité de Bézout

Suite : Exemple 62
De plus, on a
2 = 26 − 2 × 12
= 26 − 2(116 − 4 × 26)
= 26 − 2 × 116 + 8 × 26
= −2 × 116 + 9 × 26
= −2 × 116 + 9(142 − 116 × 1)
= 9 × 142 − 11 × 116
= 9 × 142 − 11(400 − 2 × 142)
= −11 × 400 + 31 × 142.
Ainsi u = −11 et v = 31.

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Algorithme d'Euclide
Égalité de Bézout

Exemple 63
Calculons les coecients de Bézout pour a = 600 et b = 124. Nous
reprenons les calculs eectués pour trouver 600 ∧ 124 = 4. La partie gauche
est l'algorithme d'Euclide. La partie droite s'obtient de bas en haut. On
exprime le PGCD à l'aide de la dernière ligne où le reste est non nul. Puis
on remplace le reste de la ligne précédente, et ainsi de suite jusqu'à arriver
à la première ligne.

Ainsi pour u = 6 et v = −29 alors 600 × 6 + 124 × (−29) = 4.


Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 186 / 376
Algorithme d'Euclide
Égalité de Bézout

Exemple 64
Calculons les coecients de Bézout correspondant à 9945 ∧ 3003 = 39.

À vous de nir les calculs. On obtient 9945 × (−16) + 3003 × 53 = 39.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 187 / 376


Algorithme d'Euclide
Égalité de Bézout

Théorème 5 (Théorème de Bézout)


Soient a, b ∈ Z. On a
a ∧ b = 1 ⇐⇒ ∃ (u, v ) ∈ Z2 tel que au + bv = 1.

Démonstration.
⇒) On suppose que a ∧ b = 1.
Alors ∃ (u, v ) ∈ Z tel que au + bv = a ∧ b = 1.
2

⇐) Inversement, s'ils existent u et v deux éléments de Z tels que


au + bv = 1, alors a ∧ b divise 1. Ainsi a ∧ b = 1 ou a ∧ b = −1.
Or, a ∧ b ≥ 0, on en déduit que a ∧ b = 1.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 188 / 376


Algorithme d'Euclide
Égalité de Bézout

Exercice 38
Soient a, b, c ∈ Z. Montrer que ac ∧ bc = |c|(a ∧ b).

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 189 / 376


Algorithme d'Euclide
Égalité de Bézout

Exercice 39
Soient a, b, c ∈ Z. Montrer que ac ∧ bc = |c|(a ∧ b).

Solution.
On pose δ = ac ∧ bc et δ ′ = c(a ∧ b).
Il est clair que δ |ac et δ |bc . D'autre part, ∃ (u, v ) ∈ Z tel que
2

au + bv = a ∧ b. On en déduit que cau + cbv = c(a ∧ b).


Par ailleurs, δ |(cau + cbv ), c'est-à-dire δ |c(a ∧ b). Ainsi δ |δ ′ . (1)
Comme a ∧ b|a et a ∧ b|b, alors δ ′ |ac et δ ′ |bc . Par suite δ ′ |δ . (2)
Finalement, de (1) et (2) on en déduit que |δ | = |δ ′ |, ainsi
ac ∧ bc = |c|(a ∧ b).

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 190 / 376


Algorithme d'Euclide
Égalité de Bézout

Théorème 6 (Théorème de Gauss)


∀a, b, c ∈ Z. On a 
a|bc
=⇒ a|c.
a∧b = 1

Démonstration.
Comme a|bc , alors ∃k ∈ Z tel que ka = bc . De plus, on a a ∧ b = 1, alors
d'après le théorème de Bézout ∃ (u, v ) ∈ Z tel que au + bv = 1. Alors
2

au + bv = 1 ⇒ cau + cbv = c ⇒ a (uc + vk) = c ⇒ a|c.


∈Z
| {z }

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 191 / 376


Algorithme d'Euclide
Égalité de Bézout

Proposition 18
Soienta, b et c des éléments de Z. Alors
 a|c
1 b|c =⇒ ab|c.
a∧b = 1

a∧c = 1

=⇒ ab ∧ c = 1.
b∧c = 1
2

Démonstration.
Exercice à faire ■

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 192 / 376


PPCM de deux entiers

Soit a et b deux entiers non nuls. L'ensemble des nombres de N∗ qui sont
multiples à la fois de a et de b, admet un plus petit élément, pour la relation
d'ordre de divisibilité. C'est le plus petit commun multiple de a et de b.
Dénition 54
Soient a, b ∈ Z. On appelle plus petit commun multiple de a et b noté
PPCM(a, b) ou a ∨ b et est déni par :
1 si a = 0 ou b = 0, alors a ∨ b = 0.
2 si a ̸= 0 et b ̸= 0, alors a ∨ b = min({m ∈ N∗ ; a|m et b|m}).

Remarque 27
1 Le plus petit commun multiple de a et b est le plus petit élément
strictement positif de aZ ∩ bZ.
2 ∀a, b ∈ Z. On a a ∨ b = b ∨ a.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 193 / 376


PPCM de deux entiers

Exemple 65
1 On a :
12Z = {. . . ; −12; 0; 12; 24; 36; 48; 60; 72; 84; 96; . . .}.
16Z = {. . . ; −16; 0; 16; 32; 48; 64; 80; 96; . . .}.
Donc, 12Z ∩ 16Z = {. . . ; −48; 0; 48; 96; . . .}. Ainsi, 12 ∨ 16 = 48.
2 On a 6 ∨ 8 = 24.
Exercice 40
1 Déterminer le PPCM de 2 et 3.
2 Soit n un entier relatif, démontrer que n 3
−n est multiple de 6.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 194 / 376


PPCM de deux entiers

Exercice 40
1 Déterminer le PPCM de 2 et 3.
2 Soit n un entier relatif, démontrer que n 3
−n est multiple de 6.

Solution.
1 Les multiples strictement positifs de 3 sont : 3 ; 6 ; . . . ; parmi eux le
plus petit entier pair est 6, donc : 2 ∨ 3 = 6.
2 On a : n − n = n(n − 1) = (n − 1) × n × (n + 1);
3 2

• n3 − n est donc le produit de trois entiers consécutifs, l'un d'entre eux


est multiple de 3, donc n3 − n est multiple de 3.
• n × (n + 1) est le produit de deux entiers consécutifs, l'un d'eux est
multiple de 2, donc n3 − n est multiple de 2.
• Ainsi, n3 − n est multiple de 2 et de 3, il est donc multiple de leur
PPCM, c'est-à-dire de 6.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 195 / 376
Nombre premier

Dénition 55
1 Un nombre premier est un entier supérieur ou égal à 2 qui admet
exactement deux diviseurs distincts entiers et positifs qui sont alors 1
et lui-même.
2 Un nombre qui n'est pas premier est appelé nombre composé.

Exemple 66
1 Les nombres 2, 3, 5, 7, 11 sont des nombres premiers.
2 1 n'est pas premier car il n'a qu'un seul diviseur entier positif.
3 0 non plus car il est divisible par tous les entiers positifs.
4 12 est un nombre composé.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 196 / 376


Nombre premier

Proposition 19
Soient n, p ∈ Z, avec p > 1. Alors, les assertions suivantes sont
équivalentes :
1 p est premier.
2 p ∤ n =⇒ p ∧ n = 1.
3 ∀k ∈ [[1, p − 1]], p ∧ k = 1.

Proposition 20
Soit p est un nombre premier. Alors p|ab =⇒ p|a ou p|b

Remarque 28
Si p n'est pas premier la proposition 20 n'est pas vraie en générale.
En eet, 6 n'est pas premier. On a 6|2 × 3, alors que 6 ∤ 2 et 6 ∤ 3.
Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 197 / 376
Nombre premier

Proposition 21
Si un nombre premier divise un produit de facteurs premiers, alors il est
égal à l'un d'eux.

Proposition 22
Tout entier naturel supérieur à 2, possède au moins un diviseur premier.

Remarque 29
Le résultat reste vrai pour tout n ∈ Z\{−1, 0, 1}.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 198 / 376


Nombre premier
Théorème fondamental de l'arithmétique

Théorème 7
Tout entier n ∈ Z\{−1, 0, 1} peut être écrit comme produit de facteurs
premiers.
n = εp1α1 × p2α2 × . . . × pkαk , (2)
avec p < p
1 2 < . . . < pk sont tous premiers et rangés en ordre croissant, les
exposants α 1 , α , . . . , αk sont tous des entiers strictement positifs et
2

ε ∈ {−1, 1}.

Remarque 30
1 La décomposition (2) s'appelle la décomposition en facteur
premier de n.
2 Si n est positif, alors ε = 1 et si n est négatif, alors ε = −1.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 199 / 376


Nombre premier
Théorème fondamental de l'arithmétique

Exemple 67
1 20 = 2 × 5 et −20 = −2
2 2
× 5.
2 60 = 2 × 3 × 5.
2

3 4896 = 2 × 3 × 17.
5 2

Utilisations de la décomposition en produit de facteurs premiers :


Trouver tous les diviseurs d'un nombre.
Reconnaître si un nombre est un carré, un cube, etc.
Calculer un PGCD.
Calculer un PPCM.
Calculer la somme de tous les diviseurs d'un nombre.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 200 / 376


Nombre premier
Théorème fondamental de l'arithmétique

Proposition 23
Soient m, n ∈ Z\{−1, 0, 1}. Quitte à admettre des exposants nuls, nous
pouvons considérer que leurs facteurs premiers sont les mêmes. Ecrivons
donc
|n| = p1α1 × p2α2 × . . . × pkαk , et β β
|m| = p1 1 × p2 2 × . . . × pk k ,
β

pour i ∈ {1, . . . , k}, αi ≥ 0 et βi ≥ 0. Alors


min{α1 ,β1 } min{α2 ,β2 } min{αk ,βk }
n ∧ m = |n| ∧ |m| = p1 × p2 × . . . × pk .

et
max{α1 ,β1 } max{α2 ,β2 } max{αk ,βk }
n ∨ m = |n| ∨ |m| = p1 × p2 × . . . × pk .

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 201 / 376


Nombre premier
Théorème fondamental de l'arithmétique

Exemple 68
Soient a = 36 et b = 15. Calculons a ∨ b et a ∧ b.
Solution.
On a 36 = 2 × 3 et 15 = 3 × 5, ce qui implique que 36 = 2
2 2 2
× 32 × 50 et
15 = 2 × 3 × 5. Alors
0

a ∨ b = 2 × 3 × 5 = 180.
2 2 1

a∧b = 2 ×3×5 = 3
0 0

Proposition 24
∀a, b ∈ Z, on a (a ∧ b) × (a ∨ b) = |ab|.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 202 / 376


Equation de type ax + by = c

équation diophantienne
On appelle équation diophantienne toute équation à inconnues
entières.
Pour résoudre l'équation :
ax + by = c, (3)
d'inconnues x, y ∈ Z et de coecients a, b, c ∈ Z, on procède de la
manière suivante :

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 203 / 376


Equation de type ax + by = c

1 Simplication par a ∧ b. On calcule d = a ∧ b.


Si d ne divise pas c, alors il n'y a pas de solutions.
Sinon on divise l'équation par d et on aboutit l'équation
a0 x + b0 y = c0 , (4)
avec a 0 ∧ b0 = 1.
Donc résoudre (3) revient a résoudre (4).
2 Recherche d'une solution particulière. Soit il existe une solution
particulière évidente, soit on la trouve en écrivant une relation de
Bézout entre a et b . 0 0

3 Recherche de la solution générale. Soit (x , y ) une solution


0 0

particulière. Ainsi (x, y ) est solution si et seulement si


a (x − x ) + b (y − y ) = 0.
0 0 0 0

Une utilisation du théorème de Gauss permet de conclure que les


solutions de (4) sont les couples (x + kb , y − ka ) avec k ∈ Z.
0 0 0 0

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 204 / 376


Equation de type ax + by = c

Remarque 31
Résoudre en entiers l'équation ax + by = c , revient géométriquement à
trouver les points à coordonnées entières (x, y ) sur la droite d'équation
cartésienne ax + by = c.

Exemple 69
Résolvons dans Z , les équations suivantes :
2

16x − 8y = 5.
216x + 28y = 12.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 205 / 376


Equation de type ax + by = c

Solution.
1 6x − 8y = 5.
On remarque que 6 ∧ 8 = 2 ne divise pas 5. Donc 6x − 8y = 5. n'admet
pas de solution dans Z . 2

2 16x + 28y = 12.


On a 16 ∧ 28 = 4|12, alors 16x + 28y = 12 admet des solutions dans
l'ensemble Z . En simpliant par 4, l'équation 16x + 28y = 12, devient
2

4x + 7y = 3. (5)
Il est clair que (−1, 1) est une solution particulière de (5). On vérie
que le couple trouvé fonctionne : 4(−1 + 7k) + 7(1 − 4k) = 3. Par
conséquent l'ensemble des solution de l'équation (5) est
B = {(−1 + 7k, 1 − 4k); k ∈ Z}.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 206 / 376
Congruence

Dénition 56
Soit n ≥ 2 un entier. On dit que a est congru à b modulo n, ssi n divise
b − a. On note alors a ≡ b[n].

Remarque 32
La relation de congruence modulo n est une relation d'équivalence.

Proposition 25
∀n ∈ N\{0, 1}, ∀(a, b, c, d) ∈ Z4 avec a ≡ b[n] et c ≡ d[n], on a
1 a ± c ≡ b ± d[n].
2 ac ≡ bd[n].
3 ∀k ∈ N∗ , on a ak ≡ bk [n].

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 207 / 376


Équation de congruence ax ≡ b[n]

Théorème 8
Soit n > 1 un entier et c un entier premier avec n. Alors il existe un entier
c' tel que
cc ′ ≡ 1[n].
Un tel entier c' est appelé un inverse de c modulo n.

Exemple 70
On a 21 = 7 × 3 ≡ 1[10]. Donc 3 est l'inverse de 7 modulo 10.

Proposition 26
Soient n ∈ N\{0, 1} et a, b, c ∈ Z tels que ac ≡ bc[n]. Si c ∧ n = 1, alors
a ≡ b[n].

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 208 / 376


Équation de congruence ax ≡ b[n]

Proposition 27
Soit a ∈ Z∗ , b ∈ Z xés et n ≥ 2. Considérons l'équation
ax ≡ b[n], (6)
d'inconnue x ∈ Z. Alors
1 Il existe des solutions si et seulement si a ∧ n|b.
2 En divisant l'équation (6) par a ∧ n, on obtient a x ≡ b [n
0 0 0 ],
a b n
où a =0 ,b = 0 , et n =
0 avec a ∧ n = 1.
0 0
a∧n a∧n a∧n
Alors, la solution de l'équation (6) est donné par :
x ≡ a0′ b0 [n0 ], (7)
où a′ est l'inverse de a modulo n .
0 0 0

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 209 / 376


Équation de congruence ax ≡ b[n]

Exemple 71
1 Résolvons l'équation suivante : 2x ≡ 3[5].
Comme 2 ∧ 5 = 1, alors x ≡ 2′ × 3[5], où 2' l'inverse de 2 modulo 5. Il
est clair que 2′ = −2 car −2 × 2 = −4 ≡ 1[5]. Aussi, 2′ = 3 car
3 × 2 = 6 ≡ 1[5]. Ainsi, x ≡ −2 × 3[5] ≡ −1[5] ou bien,
x ≡ 3 × 3[5] ≡ 9[5] ≡ −1[5].
2 Résolvons l'équation suivante : 15x ≡ 1[9].
Comme 15 ∧ 9 = 3 ∤ 1, alors l'équation n'admet pas de solution.
Autrement-dit, un entier x est solution de l'équation si et seulement si
il existe un entier k tel que : 15x − 9k = 1. Le premier membre de
l'égalité est multiple de 3 et le second ne l'est pas donc : S = 0.
/

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 210 / 376


Équation de congruence ax ≡ b[n]

Exercice 41
Résolvons les équations suivantes
19x ≡ 4[18].
29x ≡ 6[24].

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 211 / 376


Équation de congruence ax ≡ b[n]

Solution.
1 L'équation n'admet pas de solution dans Z, car 9 ∧ 18 = 9 ne divise
pas 4.
2 Comme 9 ∧ 24 = 3 divise 6, alors il existe des solutions. En divisant par
9 ∧ 24 = 3, on obtient l'équation 3x ≡ 2[8]. Ici 3 ∧ 8 = 1, donc
x ≡ 3′ × 2[8]. Il est facile de montrer que 3′ = −5. Donc
x ≡ −10[8] ≡ −2[8] ≡ 6[8], c'est-à-dire les solutions sont de la forme
x = 6 + 8k, k ∈ Z.

Remarque 33
On peut les regrouper en 3 classes modulo 24 i.e, x = 6 + 24k ,
1

x = 14 + 24k , x = 22 + 24k avec k ∈ Z. Dans ce cas, on a x = 6, x


2 3 1 2 = 14
et x = 22. Il y a 9 ∧ 24 = 3 classes modulo 24.
3

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Équation de congruence ax ≡ b[n]
Petit théorème de Fermat

Théorème 9
Soit p un nombre premier. Alors, on a
1 ∀n ∈ Z, np ≡ n[p].
2 Pour tout entier n n'est pas divisible par p, on a np− 1
≡ 1[p].

Exemple 72
On a 20 29
≡ 20[29] et 20 28
≡ 1[29].

Exercice 42
Calculons le reste de la division euclidienne de 14 3141
par 17 .

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Équation de congruence ax ≡ b[n]
Petit théorème de Fermat

Solution.
Le nombre 17 étant premier, on sait par le petit théorème de Fermat que
14 ≡ 1[17]. Écrivons la division euclidienne de 3141 par 16, on obtient
16

3141 = 16 × 196 + 5. Alors


14 3141
≡ (1416 )196 × 145 [17] ≡ 1196 × 145 [17] ≡ 145 [17].

Il ne reste plus qu'à calculer 14 modulo 17. Puisque 14 ≡ −3[17], donc


5

14 5
≡ (−3)5 [17] ≡ −27 × 9[17] ≡ 7 × 9[17] ≡ 36[17] ≡ 12[17].

Car −27 ≡ 7[17]. Donc le reste de la division euclidienne de 14 3141


par 17
est égal à 12. ■

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Critères de divisibilité

Les critères de divisibilité par 2, 3, 4 ,5 9 et parfois 11, ont été utilisés


au collège et lycée. Nous allons généraliser et démontrer ces propriétés
à l'aide des congruences.
Soit n un entier naturel. On note ak ak− . . . a a son écriture décimale,
1 1 0

c'est-à-dire
k
n= ∑ ai 10i = ak 10k + ak− 10k− 1
1
+ . . . + a1 10 + a0 ,
i=0

où aj ∈ [[0, 9]], et j ∈ [[0, k]].


Exemple 73
Si n = 147, alors k = 2 et a 2 = 1, a1 = 4, a0 = 7.

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Critères de divisibilité

Proposition 28
Soit n un entier naturel tel que n = ak ak− . . . a a . Alors,
1 1 0

1 n est divisible par 5 si et seulement si a est divisible par 5.


0

2 n est divisible par 4 si et seulement si a a est divisible par 4.


1 0

k
3 n est divisible par 9 si et seulement si ∑ ai l'est.
i=0
k
4 n est divisible par 11 si et seulement si ∑ (−1)i ai l'est.
i=0

Démonstration.
Exercice à faire ■

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Critères de divisibilité
Congruences modulo 5

Exercice 43 (Congruences modulo 5)


Soit n = ak 10k + ak− 10k− + . . . + a 10 + a .
1
1
1 0

1 Vérier que : ∀p ∈ N∗ , 10p ≡ 0[5].


2 En déduire que : n ≡ a [5].0

3 Déterminer le reste de la division euclidienne par 5 de 1738, 2352,


13325 et 32064512.

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Critères de divisibilité
Congruences modulo 5

Solution.
1 Soit p un élément de N∗ , on a 10p = 5(2 × 10p− ) et 2 × 10p−
1 1
∈ Z.
Donc 10p ≡ 0[5].
k k
2 On a n = a 0 + ∑ ai 10i et ∑ ai 10i est une somme de multiple de 5,
i=1 i=1
k
donc ∑ ai 10i est multiple de 5 ; d'où n ≡ a [5]. 0

i=1
3 Les restes de la division euclidienne par 5 de 1738, 2352, 13325 et
32064512 sont respectivement les mêmes restes que pour 8, 2, 5, 2 ;
ces reste sont donc respectivement 3, 2, 0 et 2.

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Critères de divisibilité
Congruences modulo 4

Exercice 44 (Congruences modulo 4)


Soit n = ak 10k + ak− 10k− + . . . + a 10 + a .
1
1
1 0

1 Vérier que : ∀p ∈ N\{0, 1}, 10p ≡ 0[4].


2 En déduire que : n ≡ a a [4].
1 0

3 Déterminer le reste de la division euclidienne par 4 de 1738, 2352,


13325 et 32064512.

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Critères de divisibilité
Congruences modulo 4

Solution.
1 Soit p un élément de N\{0, 1}, on a 10p = 4(25 × 10p− ) et 2

25 × 10p− ∈ Z. Donc 10p ≡ 0[4].


2

k k
2 On a n = a 1 a0 + ∑ ai 10i et ∑ ai 10i ∈ 4Z ; d'où n ≡ a1 a0 [4].
i=2 i=1
3 Les restes de la division euclidienne par 4 de 1738, 2352, 13325 et
32064512 sont respectivement les mêmes restes que pour 38, 52, 25,
12 ; ces reste sont donc respectivement 2, 0, 1 et 0.

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Critères de divisibilité
Congruences modulo 9

Exercice 45 (Congruences modulo 9)


Soit n = ak 10k + ak− 10k− + . . . + a 10 + a
1
1
1 0 .
1 Vérier que : ∀p ∈ N, 10p ≡ 1[9].
k
2 En déduire que : n ≡ ∑ ai [9].
i=0
3 Déterminer le reste de la division euclidienne par 9 de 1738, 2352,
13325 et 32064512.

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Critères de divisibilité
Congruences modulo 9

Solution.
1 Soit p un élément de N.
• Si p = 0, on a 100 = 1 ; donc 10p ≡ 1[9].
• Si p ̸= 0, on a 10 ≡ 1[9]. Donc 10p ≡ 1p [9] ≡ 1[9].
Ainsi, ∀p ∈ N, 10p ≡ 1[9].
2 On a n = ak 10k + ak− 10k−
1
1
+ . . . + a1 10 + a0 et
k
∀p ∈ N, ap 10p ≡ ap [9]. Donc par somme n ≡ ∑ ai [9].
i=0
3 On a : 1738 ≡ 1 + 7 + 3 + 8[9] et 1 + 7 + 3 + 8 = 19 = 2 × 9 + 1 ; donc
le reste de la division de 1738 par 9 est 1. De même, les restes de la
division par 9 de 2352, 13325 et 32064512 sont respectivement 3, 5 et
5.

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Critères de divisibilité
Congruences modulo 11

Exercice 46 (Congruences modulo 11)


Soit n = ak 10k + ak− 10k− + . . . + a 10 + a
1
1
1 0 .
1 Vérier que : ∀p ∈ N, 10p ≡ (−1)p [11].
k
2 En déduire que : n ≡ ∑ (−1)i ai [11].
i=0
3 Déterminer le reste de la division euclidienne par 11 de 1738, 2352,
13325 et 32064512.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 223 / 376


Critères de divisibilité
Congruences modulo 11

Solution.
1 Soit p un élément de N.
• Si p = 0, on a 100 = 1 et (−1)0 = 1 ; donc 10p ≡ (−1)p [11].
• Si p ̸= 0, on a 10 ≡ −1[11]. Donc 10p ≡ (−1)p [11].
Ainsi, ∀p ∈ N, 10p ≡ (−1)p [11].
2 On a n = ak 10k + ak− 10k−
1
1
+ . . . + a1 10 + a0 et
k
∀p ∈ N, ap 10p ≡ (−1)p ap [11]. Donc par somme n ≡ ∑ (−1)i ai [11].
i=0
3 On a : 1738 ≡ −1 + 7 − 3 + 8[11] ; donc le reste de la division
euclidienne de 1738 par 11 est 0.De même, les restes de la division
euclidienne par 11 de 2352, 13325 et 32064512 sont respectivement 9,
4 et 7.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 224 / 376


Chapitre 4 : Structures Algébriques
Groupes
Introduction

Introduction
Dans ce chapitre, nous allons étudier les opérations algébriques
permettant de composer entre eux, deux éléments quelconques d'un
ensemble donné. Autrement dit, à tout couple d'éléments d'un
ensemble G, nous ferons correspondre un élément bien déni de G. Si
l'ensemble considéré et la loi possèdent certaines propriétés, on obtient
ce qu'on appelle une structure algébrique.
Dans la suite, on suppose que G est un ensemble non vide.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 226 / 376


Groupes
Lois de composition interne

Dénition 57
On appelle loi de composition interne (L.C.I) sur G, toute
application dénie sur G × G à valeurs dans G.
On note souvent une L.C.I par : ∗, •, ×, +, ⊥, T , ...
On note x ∗ y l'image de (x, y ) par la fonction ∗ :
∗ : G ×G −→ G
(x, y ) 7−→ x ∗ y

Un ensemble muni d'une loi de composition interne s'appelle un


magma.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 227 / 376


Groupes
Lois de composition interne

Exemple 74
1 La somme sur N, N∗ , Z, Q, R, C (mais pas sur Z∗ , Q∗ , R∗ , C∗ ).
2 Le produit sur N, N∗ , Z, Q, R, C.
3 La diérence sur R ou Z (mais pas sur N).
4 La composition des applications sur G G (applications de G dans G).
5 Les lois ∪, ∩ et ∆ (réunion, intersection et diérence symétrique)
dénies sur P(G ).

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Groupes
Lois de composition interne

Exercice 47
Montrer que l'application
∗ : R\{ 12 } × R\{ 12 } −→ R\{ 12 }
(x, y ) 7−→ x + y − 2xy

est une L.C.I sur R\{ }. 1


2

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 229 / 376


Groupes
Lois de composition interne

Solution.
Soient x, y ∈ R\{ }. Montrons que x + y − 2xy ∈ R\{ }. Plus précisément
1
2
1
2

il faut prouver que x + y − 2xy ̸= car il est évident que x + y − 2xy ∈ R,


1
2

on va raisonner par l'absurde on suppose que x + y − 2xy = , sachant que 1


2

x ̸= , et y ̸= :
1
2
1
2

x ∗ y = x + y − 2xy = 1
2
⇒ x(1 − 2y ) + (y − 21 ) = 0

⇒ ( 12 − y )(2x − 1) = 0

⇒ x= 1
2
et y = 1
2
,

contradiction, alors ce qu'on a supposé est faux c'est à dire


x + y − 2xy ̸= , d'où x ∗ y ∈ R\{ }. Ainsi, ∗ est une loi interne.
1
2
1
2

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 230 / 376


Groupes
Restriction des lois de composition interne aux sous-ensembles

Dénition 58
Soient (G , ∗) un magma, et A ⊂ G . On dit que l'ensemble A est stable
sous ∗, si pour tout x, y ∈ A on a x ∗ y ∈ A. La structure algébrique (A, ∗)
est appelée un sous-magma.

Remarque 34
1 L'application (x, y ) 7−→ x ∗ y de A × A dans A est donc une L.C.I sur
A. On l'appelle la loi induite sur A par la loi ∗ dénie sur G.
2 On dit aussi que ∗ restreinte à A est une L.C.I sur A. Autrement dit,
A hérite de la loi de E.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 231 / 376


Groupes
Restriction des lois de composition interne aux sous-ensembles

Exemple 75
1 Considéré comme sous-ensembles de Z, l'ensemble Z∗ est stable pour
la multiplication, mais Z∗ n'est pas stable pour l'addition, puisqu'on
observe que 1 + (−1) = 0 ∈/ Z∗ .
2 La chaine d'inclusion suivante est formée de sous-ensemble stable à la
fois pour la multiplication et l'addition sur chacun des ensembles dans
lequel il est contenu : N ⊆ Z ⊆ Q ⊆ R ⊆ C.
3 L'ensemble [−1, 1] est stable par la loi induite × dénie sur R.
4 L'ensemble [−2, 3] n'est pas stable ni par loi + ni par la loi × dénies
sur R.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 232 / 376


Groupes
Axiomes de la structure de groupe

Dénition 59
Soit (G , ∗) un magma.
1 ∗ est dite commutative si et seulement si : ∀x, y ∈ G , x ∗ y = y ∗ x.
2 ∗ est dite associative si et seulement si :

∀x, y , z ∈ G , x ∗ (y ∗ z) = (x ∗ y ) ∗ z.

3 ∗ admet un élément neutre si et seulement si :


∃e ∈ G , ∀x ∈ G , x ∗ e = e ∗ x = x.

4 Soit x ∈ G on dit qu'un élément x ′ ∈ G est l'élément symétrique de x


si et seulement si
x ∗ x ′ = x ′ ∗ x = e.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 233 / 376


Groupes
Lois de composition interne

Remarque 35
1 Étant donnée une loi de composition interne associative dans un
ensemble G,
• Si la loi est notée +, son élément neutre est noté 0G ou 0, et on parle
de l'opposé de x qu'on note x ′ = −x .
• Si la loi est notée multiplicativement, son élément neutre est noté 1G
ou 1, et on parle de l'inverse de x qu'on note x ′ = x −1 .
2 Si (G , ∗) possède un élément neutre e, alors il est unique.
En eet, soit e et e ′ deux éléments neutre pour ∗, alors
e = e ∗ e ′ = e ′ ∗ e = e ′ , et donc e = e ′ .
3 Le symétrique d'un élément n'est pas toujours unique.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 234 / 376


Groupes
Lois de composition interne

Théorème 10 (Unicité du symétrique)


Soit ∗ une L.C.I dans G, associative et admettant un élément neutre e.
Si un élément x ∈ G admet x ′ un symétrique à droite et x” un symétrique
à gauche, alors x ′ et x” sont identiques.

Démonstration.
Soient x ′ un symétrique à droite de x et x” un symétrique à gauche de x,
alors x ∗ x ′ = e et x” ∗ x = e . Donc
x ′ = e ∗ x ′ = (x” ∗ x) ∗ x ′ = x” ∗ (x ∗ x ′ ) = x” ∗ e = x”

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 235 / 376


Groupes
Lois de composition interne

Exercice 48
Sur R muni de la multiplication et de l'addition, on dénit la loi ∗ par :
x ∗ y = x + y + xy .

Montrer que ∗ est commutative et associative ; qu'elle possède un élément


neutre. Quels sont les éléments symétrisables ?

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 236 / 376


Groupes
Lois de composition interne

Exercice 49
Soit ∗ une loi dénie sur R par :
x ∗ y = xy + (x 2 − 1)(y 2 − 1).

1 Vérier que ∗ est commutative, non associative et admet un élément


neutre.
2 Résoudre les équations suivantes :
i) 2 ∗ y = 5,
ii) x ∗ x = 1.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 237 / 376


Groupes
Groupe

Dénition 60
Un groupe est un ensemble non vide muni d'une loi de composition interne
(G , ∗)tels que :
1 ∗ est associative ;
2 ∗ admet un neutre eG ;
3 tout élément de G est symétrisable (admet un symétrique) pour ∗.
Si de plus ∗ est commutatif, on dit que (G , ∗) est un groupe commutatif ou
encore abélien.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 238 / 376


Groupes
Groupe

Exemple 76
1 Les ensembles Z, Q, R et C sont des groupes abéliens pour l'addition,
dont l'élément neutre est 0 et le symétrique de a est son opposé −a.
2 Les ensembles Q∗ , R∗ et C∗ sont des groupes abéliens pour la
multiplication, dont l'élément neutre est 1 et le symétrique de a est
son inverse a− = a .
1 1

3 L'ensemble P(G ) muni de la diérence symétrique ∆ est un groupe


abélien.
Remarque 36
Dans un groupe, tout élément est régulier (ou simpliable), c'est-à-dire que
l'on a toujours : x ∗ y = x ∗ z =⇒ y = z, et y ∗ x = z ∗ x =⇒ y = z

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 239 / 376


Groupes
Groupe

Exercice 50
Pour diverses raisons (à déterminer), les couples suivants ne sont pas des
groupes :
1(N, +), (R, ×).
2(P(G ), ∪), (P(G ), ∩).
3(G G , ◦).

Proposition 29
Soit (G , ∗) un groupe. Alors,
1 pour tout x ∈ G , on a (x ′ )′ = x .
2 si x et y sont deux éléments inversibles (symétrisables) il en sera de
même de x ∗ y et on a : (x ∗ y )′ = y ′ ∗ x ′ .

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 240 / 376


Groupes
Groupe

Démonstration.
1 Pour tout x ∈ G , ∃! x ′ ∈ G tel que x ∗ x ′ = x ′ ∗ x = e avec e est
l'élément neutre de G.
De même ∃! (x ′ )′ ∈ G tel que (x ′ )′ ∗ x ′ = x ′ ∗ (x ′ )′ = e .
Il est clair que (x ′ )′ ∗ x ′ = x ∗ x ′ . Donc, (x ′ )′ = x.
2 Soient x, y ∈ G deux éléments inversibles, alors
(x ∗ y ) ∗ (y ′ ∗ x ′ ) = (x ∗ y ∗ y ′ ) ∗ x ′ = (x ∗ e) ∗ x ′ = x ∗ x ′ = e
De la même manière on montre que (y ′ ∗ x ′ ) ∗ (x ∗ y ) = e .
D'où on déduit que x ∗ y est inversible et que (x ∗ y )′ = y ′ ∗ x ′ .

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 241 / 376


Groupes
Groupe

Exemple 77
Soit fa,b : R −→ R une application dénie par fa,b (x) = ax + b.
Montrons que l'ensemble A = {fa,b |a ∈ R∗ , b ∈ R} muni de la composition
◦ est un groupe non commutatif.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 242 / 376


Groupes
Groupe

Solution
Il est clair que f , = IdR ∈ A , Donc A ̸= 0/ .
1 0

Soient fa,b , fc,d ∈ A . On a fa,b ◦ fc,d = fac,ad+b ∈ A , car ac ̸= 0. Ceci


montre que (A , ◦) est un magma.
De plus f , = IdR est l'élément neutre de (A , ◦) ;
1 0

f , −b est le symétrique de fa,b ;


1
a a
on peut facilement vérier que la loi ◦ est associative.
Donc (A , ◦) est un groupe.
En revanche, on a f , ◦ f , ̸= f , ◦ f , , ce qui montre que la loi ◦ n'est
2 3 3 2 3 2 2 3

pas commutative, ainsi le groupe (A , ◦) n'est pas abélien.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 243 / 376


Groupes
Groupe

Exercice 51
Soit G =] − 1, 1[. On dénit
x +y
x ∗y = , ∀x, y ∈ G .
1 + xy
Montrer que (G , ∗) est un groupe abélien.

Exercice 52
Soit (G , ·) un groupe d'élément neutre e. Soient a, b ∈ G et n ∈ N tels que
(a · b)n = e . Montrer que (b · a)n = e.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 244 / 376


Groupes
Sous-groupe

Dénition 61
Un sous-ensemble H d'un groupe G est dit un sous-groupe de G , si c'est
un groupe pour la loi de composition interne de G et est noté H ≤ G .
Autrement-dit, H est un sous-groupe de G ssi :
1e ∈ H (e l'élément neutre de ∗ ),
2∀x, y ∈ H ⇒ x ∗ y ∈ H ,
3∀x ∈ H ⇒ x ′ ∈ H ( x ′ le symétrique de x par ∗ ).

Exemple 78
1 ({0}, +); (Z, +); (Q, +)et (R, +) sont des sous-groupes du groupe
additif R.
2 (Q∗ , ×) est un sous-groupe de (R∗ , ×).

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 245 / 376


Groupes
Sous-groupe

Dénition 62
1 G et {e} sont deux sous-groupes de G , appelés sous-groupes triviaux
de G .
2 Un sous-groupe H de G est dit propre, s'il est distinct de G et {e} et
est noté H < G .
Exemple 79
1 R et {0} sont des sous groupes triviaux de R.
2 Z et Q sont des sous-groupes propres du groupe additif R.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 246 / 376


Groupes
Sous-groupe

Proposition 30
Une partie H d'un groupe (G , ∗) est un sous-groupe de G , si H vérie les
deux conditions suivantes :
1H ̸= 0/ .
2∀x, y ∈ H ⇒ x ∗ y ′ ∈ H , où y ′ désigne le symétrique de y .

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 247 / 376


Groupes
Sous-groupe

Démonstration.
Nous allons montrer que H est un groupe pour la loi ∗.
1On a H ̸= 0/ ⇒ ∃x ∈ H . En utilisant le point 2, on obtient
x ∗ x′ = e ∈ H.
2∀x ∈ H ⇒ e ∗ x ′ = x ′ ∈ H .
3∀x, y ∈ H ⇒ x, y ′ ∈ H ⇒ x ∗ (y ′ )′ = x ∗ y ∈ H .
4La loi est associative, puisqu'elle est associative dans G.
On en déduit que H ≤ G . ■

Exemple 80
Le cercle unité S 1
= {z ∈ C; |z| = 1} ≤ C∗ pour la loi ×.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 248 / 376


Groupes
Sous-groupe

Solution.
1 On a 1 ∈ S 1
⇒ S 1 ̸= 0/ .
2 Soient z , z
1 ∈ S 1 . I est clair que z1 , z2 ̸= 0. Ainsi
2

z1 × z2′ = z1 × z2−1 = zz21 ∈ S 1 , puisque z1 , z2 ∈ C et z1


z2 = |z1 |
|z2 | .
D'où S 1
≤ C∗ .

Remarque 37
Pour démontrer qu'un ensemble muni d'une loi de composition est un
groupe, il est souvent recommandé de montrer que c'est un sous-groupe
d'un groupe connu.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 249 / 376


Groupes
Sous-groupe

Proposition 31
Soit H ≤ Z. Alors H = {0} ou H = nZ avec n = min{k ∈ H; k > 0}.

Démonstration.
Si H ̸= {0} alors {k ∈ H; k > 0} ̸= 0/ , donc n = min{k ∈ H; k > 0}
existe. Comme n ∈ H , on a aussi kn ∈ H pour tout k ∈ Z et donc
nZ ⊂ H .
Inversement, si a ∈ H ils existent q ∈ Z et r ∈ {0, 1, · · · , n − 1} tels que
a = nq + r (division euclidienne). Comme (−q)n et a ∈ H , on en
conclut que r = a + (−q)n ∈ H et comme 0 ≤ r < n la minimalité de n
permet de conclure que r = 0, c'est-à-dire que a = nq ∈ nZ, en d'autre
termes H ⊂ nZ.
Par conséquent H = nZ. ■

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Groupes
Sous-groupe

Exercice 53
1 Soit (G , ∗) un groupe. Montrer que H ≤ G et K ≤ G ⇒ H ∩ K ≤ G .
2 Montrer que 3Z ∪ 7Z n'est pas un sous groupe de (Z, + ).

Remarque 38
1 L'intersection d'une famille de sous-groupe est un sous-groupe de
(G , ∗).
2 Si H et K sont des sous-groupe de (G , ∗), alors H ∪ K ≤ G si et
seulement si H ⊂ K ou K ⊂ H .

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 251 / 376


Groupes
Sous-groupe

Solution.
1 • est clair que e ∈ H et e ∈ K avec e est l'élément neutre de G. Donc
H ∩ K ̸= 0/ .
• Soient x, y ∈ H ∩ K , on a x, y ∈ H et x, y ∈ K . Or H et K sont deux
sous groupes de (G , ∗), on en déduit que x ∗ y ′ ∈ H et x ∗ y ′ ∈ K . Ainsi
x ∗y′ ∈ H ∩K.
Ceci montre que H ∩ K ≤ G .
2 Montrons que 3Z ∪ 7Z n'est pas un sous groupe de (Z, +). Par
absurde, on suppose que 3Z ∪ 7Z est un sous groupe de (Z, +), donc
la loi + est une loi de composition interne dans 3Z ∪ 7Z. En particulier
pour 3, 7 ∈ 3Z ∪ 7Z, on a 3 + 7 = 10 ∈ 3Z ∪ 7Z, ce qui implique que
10 ∈ 3Z ou 10 ∈ 7Z, ceci est impossible donc 3Z ∪ 7Z n'est pas un
sous groupe de (Z, +).

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 252 / 376


Groupes
Morphismes de groupes

Dénition 63
Étant donné deux groupes (G , ∗) et (G ′ , ⊥), un morphisme de groupes de
G dans G ′ est une application f : G −→ G ′ telle que, quels que soient x et
y dans G , on ait :
f (x ∗ y ) = f (x) ⊥ f (y ).
Un morphisme de groupes est aussi appelé homomorphisme de groupes.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 253 / 376


Groupes
Morphismes de groupes

Exemple 81
1 La fonction exponentielle complexe
exp : C −→ C∗
z 7−→ exp(z)

vérie : exp (z + z ′ ) = exp(z) × exp (z ′ ). C'est donc un morphisme de


groupes de (C, +) dans (C∗ , ×).
2 La fonction
ln :]0, +∞[ −→ R
x 7−→ ln(x)
vérie ∀x, y ∈]0, +∞[, ln(x × y ) = ln(x) + ln(y ) est morphisme de
groupes de (]0, +∞[, x) dans (R, +).

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Groupes
Morphismes de groupes

Dénition 64
1 L'ensemble des morphismes d'un groupe G dans un groupe G ′ est
noté Hom(G,G').
2 Un morphisme d'un groupe G dans lui-même est appelé
endo-morphisme de groupe. L'ensemble des endo-morphismes d'un
groupe G noté End(G).
3 Un morphisme bijectif d'un groupe G dans un groupe G ′ est appelé
iso-morphisme de groupe et l'ensemble des iso-morphismes noté
Isom(G, G').
4 Un iso-morphisme d'un groupe G dans lui-même est appelé
auto-morphisme et l'ensemble des auto-morphismes noté Aut(G).

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 255 / 376


Groupes
Morphismes de groupes

Proposition 32
Soient G 1 , G2 et G trois groupes, f
3 ∈ Hom (G1 , G2 ) et g ∈ Hom (G 2 , G3 ).
Alors
1 g ◦ f ∈ Hom (G1 , G3 ).
2 f ∈ Isom (G1 , G2 ) =⇒ f −1 ∈ Isom (G2 , G1 ).

Démonstration.
Exercice à faire. ■

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 256 / 376


Groupes
Morphismes de groupes

Exercice 54
Soient G un groupe et fa est une application de G dans G dénie par
fa (x) = a ∗ x ∗ a′ , ∀a ∈ G .

Montrer que fa ∈ Aut (G ) (I'application fa s'appelle automorphisme


intérieur de G ).

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 257 / 376


Groupes
Morphismes de groupes

Solution.
fa ∈ Aut(G ) ⇐⇒ fa ∈ End(G ) et bijectif.
On a ∀x, y ∈ G ,
fa (x ∗ y ) = a ∗ x ∗ y ∗ a′ = (a ∗ x ∗ a′ ) ∗ (a ∗ y ∗ a′ ) = fa (x) ∗ fa (y ).
Alors fa est un endo-morphisme.
Montrons que fa est bijectif.
• Pour tout y ∈ G , on a fa (x) = y ⇒ x = a′ ∗ y ∗ a, donc fa est surjectif.
• De plus fa est injectif, puisque fa (x) = fa (y ) ⇒ x = y .
Ainsi, fa ∈ Aut(G ). ■

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Groupes
Morphismes de groupes

Proposition 33
Soit f ∈ Hom (G , G ′ ).
1 f (e) = e ′ .
2 f (x ′ ) = (f (x))′ , ∀x ∈ G .
3 H ≤ G ⇒ f (H) ≤ G ′ .
4 H ′ ≤ G ′ ⇒ f −1 (H ′ ) ≤ G , où f −1
(H ′ ) = {x ∈ G , f (x) ∈ H ′ }.

Démonstration.
Exercice à faire. ■

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 259 / 376


Groupes
Morphismes de groupes

Dénition 65 (Image et Noyau)


Soit f ∈ Hom (G , G ′ ).
1 f (G ) est appelé l'image de f et est noté Im(f ).
2 = {x ∈ G , f (x) = e ′ } est appelé le noyau de f et est noté
f −1 ({e ′ })
ker(f ).

Remarque 39
Soit f ∈ Hom (G , G ′ ). Alors Im(f ) ≤ G ′ et ker(f ) ≤ G .

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Groupes
Morphismes de groupes

Proposition 34
Soit f un morphisme.
: (G , ∗) → (G ′ , ⊥)
1 f est injectif ⇔ ker(f ) = {e}.
2 f est surjectif ⇔ Im(f ) = G ′ .

Démonstration.
Exercice à faire. ■

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 261 / 376


Groupes
Morphismes de groupes

Exercice 55
Soit f : (Z, +) −→ (Q∗ , ×) dénie par f (n) = 2n .
1 Montrer que f ∈ Hom (Z, Q∗ ).
2 Déterminer ker(f ) et Im(f ).
3 L'application f est-elle injective ? surjective ?

Exercice 56
Montrer qu'il n'existe pas un morphisme f : (Z, +) −→ (Z, +) tel que
f (2) = 3.

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Groupes
Morphismes de groupes

Exercice 57
Soit (G , ·) est un groupe. Montrer que l'application f ∈ G G telle que
f : x 7−→ x est un morphisme si et seulement si G est abélien.
2

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 263 / 376


Groupes
Groupes symétriques

Soit E un ensemble non vide. On note SE l'ensemble des permutations de


E (c'est-à-dire des bijections de E dans lui-même). On sait que si f et g
sont deux éléments de SE , alors f ◦ g ∈ SE . Ainsi (SE , ◦) est un magma ; or
cette loi est associative et ldE désigne l'application identité de E ,
c'est-à-dire
f ◦ ldE = ldE ◦ f = f , ∀f ∈ SE ,
autrement dit ldE est l'élément neutre de SE .
De plus, toute permutation f de E admet une application réciproque f − 1

qui est aussi une permutation de E et qui vérie :


f −1 ◦ f = f ◦ f −1 = ldE .

Alors, on a la dénition suivante.

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Groupes
Groupes symétriques

Dénition 66
(SE , 0) est dit groupe symétrique de E .

Remarque 40
1 Si E = {1, 2, · · · , n}, le groupe symétrique SE est noté Sn et s'appelle
le groupe symétrique de degré n et d'ordre n!.
2 Un élément σ ∈ Sn s'écrit
1 2
 
··· n
σ (1) σ (2) ··· σ (n)

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 265 / 376


Groupes
Groupes symétriques

Exemple 82
1 Les 6 éléments de S peuvent s'écrire :
3

1 2 3 1 2 3 1 2 3
     
σ = = Id, σ2 = , σ3 = ,
1
1 2 3 2 3 1 3 1 2
1 2 3 1 2 3 , 1 2 3 .
     
σ = , σ5 = σ6 =
4
1 3 2 3 2 1 2 1 3
1 2 3 4 1 2 3 4 .
 −1  
2 On a 2 4 3 1 =
4 1 3 2

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 266 / 376


Groupes
Groupes symétriques

Proposition 35 (Produit de permutations)


Soient σ , τ ∈ Sn .
σ ◦ τ = σ · τ est appelé produit de τ par σ dans Sn , et on a

1 2
 
··· n
σ ◦τ =
σ ◦ τ(1) σ ◦ τ(2) · · · σ ◦ τ(n)

où σ ◦ τ(i) = σ (τ(i)).

Exemple 83
Dans S , on a
3

1 2 3 1 2 3
   
σ2 ◦ σ6 =
3 2 1 = σ5 et σ 6 ◦ σ2 =
1 3 2 = σ4

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 267 / 376


Groupes
Groupes symétriques

Remarque 41
On remarque que l'on a σ 2 ◦ σ6 ̸= σ6 ◦ σ2 . Donc le groupe S n'est pas
3

abélien.
Théorème 11
∀n ≥ 3, le groupe Sn n'est pas abélien.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 268 / 376


Groupes
Groupes symétriques

Dénition 67
Soit r ∈ {2, 3, · · · , Card(E )}.
1 On appelle cycle d'ordre r (ou r -cycle), toute permutation σ ∈ SE qui
permute circulairement r éléments de E et laisse xe les autres,
c'est-à-dire qu'il existe une partie {x , · · · , xr } de E telle que :
1

∀k ∈ {1, 2, · · · , r − 1}, σ (xk ) = xk+ et σ (xr ) = x


1 1

et ∀x ∈ E \ {x , x , · · · , xr } , σ (x) = x .
1 2

On notera σ = (x , x , · · · , xr ) un tel cycle.


1 2

2 L'ensemble
{x1 , x2 , · · · , xr } = Supp(σ ) = {x ∈ E | σ (x) ̸= x}
s'appelle le support de σ .

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 269 / 376


Groupes
Groupes symétriques

Remarque 42
1 Supp (IdE ) = 0/ .
2 L'inverse d'un r-cycle est un r-cycle de même support.
3 Si σ = (x , x , · · · , xr ) est un r -cycle, alors ∀k ∈ {1, 2, · · · , r }, on a
1 2

xk = σ k− (x ).
1
1

Proposition 36
Un r -cycle σ est d'ordre r dans le groupe (SE , 0). Autrement dit σ r = IdE .

Remarque 43
Si σ est un r -cycle, le calcul de σ m pour tout entier relatif m peut alors
s'obtenir en eectuant la division euclidienne de m par r ; on a m = qr + k
avec k ∈ {0, · · · , r − 1} et σ m = σ k .
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Groupes
Groupes symétriques

Proposition 37
Soient σ 1 , σ2 ∈ SE . Alors Supp (σ
1 ) ∩ Supp (σ2 ) = 0/ ⇒ σ1 ◦ σ2 = σ2 ◦ σ1 .

Exemple 84
Soient σ = 11 23 32 44 et τ = 14 22 33 41 .
   

On a Supp(σ ) = {2, 3} et Supp(τ) = {1, 4}.


Ainsi, Supp(σ  = 0/ . Alors σ ◦ τ = τ ◦ σ . En eet,
) ∩ Supp(τ)
1 2 3 4

σ ◦τ =
4 2 3 1 = σ ◦ τ.

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Groupes
Groupes symétriques

Exemple 85
Soient σ = 12 21 33 44 et τ = 14 22 33 41 .
   

On a Supp(σ ) = {1, 2} et Supp(τ) = {1, 4}.


Ainsi, Supp(σ  = {1} ̸= 0/ .Alors σ ◦ τ ̸= τ◦ σ . En eet,
) ∩ Supp(τ)
1 2 3 4 1 2 3 4 .

σ ◦τ =
4 1 3 2 et σ ◦τ =
2 4 3 1

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 272 / 376


Groupes
Groupes symétriques

Théorème 12
∀σ ∈ SE − {IdE } se décompose en produit de cycles deux à deux disjoints.
Cette décomposition est unique à l'ordre près i.e.,
σ = τ1 ◦ τ2 ◦ · · · ◦ τp

et on a
et o(σ ) = o (τ
Sp
Supp(σ ) = k=1 Supp (τk ) 1 ) ∨ o (τ2 ) ∨ · · · ∨ o (τp )

Exercice 58
Soit σ = 12 23 34 45 51 67 76 88 ∈ S .
 
8

Décomposer en produit de cycles deux à deux disjoints.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 273 / 376


Groupes
Groupes symétriques

Solution.
Une telle décomposition s'obtient en prenant, dans le cas où il n'est pas
xe, les images de 1 par σ , σ , · · · , jusqu'au moment où on retombe sur 1
2

puis on recommence avec le plus petit entier dans


{1, 2, · · · , 8} − Supp σ k (1) avec k ∈ {1, · · · , n} et ainsi de suite.
On a σ (1) = 2, σ (1) = 3, σ (1) = 4, σ (1) = 5, σ (1) = 1, ce qui donne le
2 3 4 5

premier cycle (1, 2, 3, 4, 5), puis σ (6) = 7, σ (6) = 6 et σ (8) = 8, donc


2

σ = (1, 2, 3, 4, 5)(6, 7) = τ1 ◦ τ2
où τ = (1, 2, 3, 4, 5) et τ = (6, 7) deux cycles disjoints.
1 2

De plus, o(σ ) = o (τ ) ∨ o (τ ) = 5 ∨ 2 = 10.


1 2 ■

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 274 / 376


Groupes
Groupes symétriques

Exercice 59
1 2 3 4 5 6 7 8
 
Soit σ = 2 3 4 5 1 7 6 8 ∈ S8 . Calculer σ 2023
.

Solution.
La permutation σ = (1, 2, 3, 4, 5)(6, 7) = τ ◦ τ est d'ordre o(σ ) = 10, donc
1 2

σ = IdS . En eectuant la division euclidienne, on a pour tout entier


10
8
relatif 2023 = 10 × 202 + 3. Ce qui donne σ = σ × + = σ . Et,
2023 10 202 3 3

1 2 3 4 5 6 7 8
 
3 3 3 3
σ = τ1 ◦ τ2 = τ1 ◦ τ2 =
4 5 1 2 3 7 6 8

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Groupes
Groupes symétriques

Exercice 60 (à faire)
Soient f une permutation dénie par
f (1) = 2, f (2) = 3, f (3) = 4, f (4) = 5, f (5) = 1,

et g une permutation dénie par


g (1) = 2, g (2) = 1, g (3) = 4, g (4) = 3, g (5) = 5.

Écrire f , g , f −
1
, g −1 , g ◦ f , f ◦ g , f 2 , g 2 , (g ◦ f )2 .

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Groupes
Groupes symétriques

Dénition 68
Une transposition est un cycle d'ordre 2 qui échange i et j est notée σi,j .

Exemple 86
1 2 3 4 5
 
On a σ , 2 4 =
1 4 3 2 5 ∈ S5 est une transposition.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 277 / 376


Groupes
Groupes symétriques

Remarque 44
1 On remarquera que si σ est une transposition alors σ = Id{ ,··· ,n} , i.e.
2
1

σ = σ− .1

2 La décomposition de σ ∈ Snen produit de transpositions n'est pas


unique. Par exemple si σ = 12 21 33 , on a
σ = σ , = σ , ◦σ , ◦σ , .
1 2 2 3 1 3 2 3

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Groupes
Groupes symétriques

Théorème 13
Soit r ∈ {2, · · · , n}, tout r -cycle dans SE s'écrit comme produit de r − 1
transpositions :
(x1 , x2 , · · · , xr ) = (x1 , x2 ) (x2 , x3 ) · · · (xr −1 , xr ) .

Exemple 87
On a σ = 12 23 34 45 51 67 76 88
 
= (1, 2, 3, 4, 5)(6, 7).
Donc σ = (1, 2)(2, 3)(3, 4)(4, 5)(6, 7).

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Groupes
Groupes symétriques

Dénition 69 (Signature)
Soit σ ∈ Sn , le nombre
σ (j) − σ (i)
ε(σ ) = ∏ ∈ {−1, 1}
1≤i<j≤n
j −i

s'appelle la signature de σ .
1 Si ε(σ ) = 1, on dit que la permutation σ est paire.
2 Si ε(σ ) = −1, on dit que la permutation σ est impaire.

Exemple 88
1 2 3 4 , on a ε(σ ) = −1
 
Pour σ = 3 1 4 2
Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 280 / 376
Groupes
Groupes symétriques

Remarque 45
1 La signature d'une permutation r -cycles σ ∈ S(E ) est dénie par
ε(σ ) = (−1)r − .1

2 Si σ est une transposition, on a ε(σ ) = −1.

Exemple 89
1 2 3 4
 
On reprend l'exemple précédent. On a σ = 3 1 4 2 = (1, 3, 4, 2)
est un 4-cycle, donc ε(σ ) = (−1) − = −1.
4 1

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Groupes
Groupes symétriques

Théorème 14
Soient σ et τ deux éléments de Sn . On a
1 ε( Id ) = 1.
2 ε(σ ◦ τ) = ε(σ )ε(τ).
ε σ − = ε(σ ).
1
3

Exercice 61
1 2 3 4 5 6 7 8 .
 
Déterminer la signature de σ = 5 1 2 3 4 7 6 8

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 282 / 376


Groupes
Groupes symétriques

Exercice 61
1 2 3 4 5 6 7 8 .
 
Déterminer la signature de σ = 5 1 2 3 4 7 6 8

Solution.
On a σ = (1, 5, 4, 3, 2)(6, 7) et ε(σ ) = (−1) − × (−1) − = −1.
5 1 2 1

On peut aussi écrire σ comme produit de transpositions :


σ = (1, 5)(5, 4)(4, 3)(3, 2)(6, 7) et ε(σ ) = (−1) = −1
5

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 283 / 376


Groupes
Groupes symétriques

Exercice 62
Pour les permutations σ suivantes, décomposer σ en produits de cycles
disjoints, en produit de transpositions, calculer l'ordre de σ , la signature de
σ , calculer σ :
100

1 2 3 4 5 6
 
σ =
3 5 4 6 2 1 .
1
1

1 2 3 4 5 6 7 8 9 .
 
σ2 =
4 6 9 7 2 5 8 1 3
2

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 284 / 376


Groupes
Groupes symétriques

Solution.
1 On commence par étudier les images successives de 1 . Ce sont 3, 4, 6.
On étudie ensuite les images successives de 2 . On trouve 5 (ensuite
on revient à 2). On a épuisé tous les éléments de 1, . . . , 6.
La décomposition canonique de σ en produits de cycles disjoints est
1

σ = (1, 3, 4, 6) ◦ (2, 5) .
1

Pour décomposer σ en produit de transpositions, il sut de


1

décomposer chacun des cycles en produits de transposition. Pour le


second, c'est facile car il s'agit déjà d'une transposition. Pour le
premier, on écrit (1, 3, 4, 6) = (1, 3) ◦ (3, 4) ◦ (4, 6), et donc
σ = (1, 3) ◦ (3, 4) ◦ (4, 6) ◦ (2, 5) .
1

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 285 / 376


Groupes
Groupes symétriques

Solution.
L'ordre du cycle (1, 3, 4, 6) est 4 , l'ordre du cycle (2, 5) est 2 , I'ordre de la
permutation est donc le ppcm de 2 et 4 , à savoir 2 ∨ 4 = 4. Donc
o (σ1 ) = 4 .

Puisqu'on a décomposé σ en produit de transpositions, il est facile de


1

déterminer sa signature. Elle vaut


ε (σ1 ) = (−1)4 = 1 .

Enn, puisque 4 | 100, on en déduit que σ1100 = ld . ■

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 286 / 376


Groupes
Groupes symétriques

Solution.
2 Par la même méthode, on trouve
σ2 = (1, 4, 7, 8) ◦ (2, 6, 5) ◦ (3, 9),
σ2 = (1, 4) ◦ (4, 7) ◦ (7, 8) ◦ (2, 6) ◦ (6, 5) ◦ (3, 9).
L'ordre de σ est le ppcm de 4,3 et 2, soit 12. La signature de σ est
2 2

(−1) = 1. Enn, puisque 100 ≡ 0[2], 100 ≡ 1[3] et 100 ≡ 0[4], on en déduit
6

que
σ2100 = (2, 6, 5)1 = (2, 6, 5).

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Groupes
Groupes symétriques

Exercice 63
Soit σ = 13 25 36 47 51 62 74 .
 

1 Décomposer σ en produit de cycles à supports disjoints.


2 Donner la signature de σ .
3 Décomposer σ en produit de transpositions.
4 Calculer σ . 2001

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Groupes
Groupes symétriques

Solution.
1 La décomposition de σ en produit de cycles à supports disjoints est
σ = (1, 3, 6, 2, 5) ◦ (4, 7) .
2 La signature du 5-cycle (1, 3, 6, 2, 5) est (−1) − = 1. La signature de
5 1

la transposition (4, 7) est -1 . La signature de σ est donc


ε(σ ) = 1 × (−1) = −1 .
3 On va décomposer chaque cycle en produit de transpositions. D'où
σ = (1, 3) ◦ (3, 6) ◦ (6, 2) ◦ (2, 5) ◦ (47) .
On peut alors retrouver que la signature de σ est égale à −1 = (−1) . 5

4 On remarque que σ = Id (l'ordre de σ valant le ppcm de 2 et 5, soit


10

10). Ainsi, σ = σ = ld . Finalement, σ


200
=σ .
2000
 10 2001


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Anneaux
Notion d'anneau

Dénition 70
Soit A un ensemble muni de deux lois de composition internes ∗, δ , on dit
que (A, ∗, δ ) est un anneau si :
1 (A, ∗) est un groupe commutatif.
2 La loi δ est associative.
3 La loi δ est distributive sur la loi ∗ à gauche et à droite, c'est-à-dire
∀x, y , z ∈ A,
• xδ (y ∗ z) = (xδ y ) ∗ (xδ z) (distributivité à gauche).
• (x ∗ y )δ z = (xδ z) ∗ (y δ z) (distributivité à droite).

Si de plus δ est commutative, on dit que (A, ∗, δ ) est un anneau


commutatif.
Si δ admet un élément neutre ; noté 1A , on dit que (A, ∗, δ ) est un
anneau unitaire.
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Anneaux
Notion d'anneau

Remarque 46
1 Le symétrique d'un élément a ∈ A pour la loi ∗ est appelé l'opposé de
a et est noté −a.
2 Si a possède un inverse pour la loi δ , on l'appelle l'inverse et on le
note a− .
1

3 Prenez garde au fait qu'en général (A, δ ) n'est pas un groupe, car les
éléments de A n'ont pas tous des inverses.
4 Attention aussi au fait qu'en général la loi δ n'est pas commutative.

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Anneaux
Notion d'anneau

Exemple 90
1 (Z, +, ×) est un anneau commutatif et unitaire.
2 L'anneau nul {0} formé d'un unique élément est unitaire il s'appelle
un anneau trivial. Ici 0 est un élément neutre pour l'addition et la
multiplication.
3 L'anneau 3Z n'est pas unitaire.

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Anneaux
Notion d'anneau

Dénition 71
L'ensemble des a ∈ A qui possèdent un inverse pour la loi A× est appelé le
groupe des éléments inversibles de A et est noté A× .

Exemple 91
Z× = {−1, 1} est un groupe pour la loi ×.

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Anneaux
Sous-anneau

Dénition 72
Soit (A, ∗, δ ) un anneau. On appelle sous-anneau de A toute partie
non-vide B de A qui vérie :
1 (B, ∗) est un sous-groupe du groupe (A, ∗).
2 B est stable par la loi δ , i.e, ∀x, y ∈ B on a xδ y ∈ B .

Remarque 47
Si l'anneau A est commutatif, alors tout sous-anneau de A est
commutatif.
Si B est un sous-anneau unitaire d'un anneau unitaire A, alors B est
lui-même un anneau unitaire, et on a 1B = 1A .

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Anneaux
Sous-anneau

Exemple 92
Z, Q et R sont des sous anneaux de l'anneau commutatif unitaire (C, +, ×).

Proposition 38
Soit A est un anneau et B est un sous ensemble non vide de A. Alors B est
un sous-anneau de A, si pour tous x, y ∈ B on a :
1 x − y ∈ B,
2 xδ y ∈ B

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Anneaux
Sous-anneau

Exemple 93
1 Si A est un anneau, alors {0A } et A lui-même sont des sous-anneaux
de A.
2 Z est un sous-anneau unitaire de Q.
3 ∀n ≥ 2, l'ensemble nZ = {nx, x ∈ Z} est un sous-anneau non unitaire
de Z.
Exercice 64
On appelle entier de Gauss tout nombre complexe dont la partie réelle et
la partie imaginaire sont des entiers, et noté Z[i] = {a + ib, a, b ∈ Z}.
Montrer que Z[i] est un anneau commutatif unitaire.

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Anneaux
Sous-anneau

Solution.
On sait que (C, +, ×) est un anneau commutatif unitaire. Il est clair que
Z[i] ⊂ C et Z[i] ̸= 0/ car 0 = 0 + i × 0 ∈ Z[i].
Alors il sut de montrer que Z[i] est un sous-anneau de C.
Soient z , z ∈ Z[i], avec z = a + ib et z = a + ib . On a
1 2 1 1 1 2 2 2

1 z1 − z2 = (a1 − a2 ) + i(b1 − b2 ) ∈ Z[i].


2 z1 z2 = (a1 a2 − b1 b2 ) + i(a1 b2 + a2 b1 ) ∈ Z[i].
Ceci montre que Z[i] est un sous-anneau de C.
Comme la multiplication dans C est commutative et 1 = 1 + i × 0 ∈ Z[i].
Alors Z[i] est un anneau commutatif unitaire. ■

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Anneaux
Morphisme d'anneaux

Dénition 73
Soient (A, +A , ×A ) et (B, +B , ×B ) deux anneaux. On appelle morphisme
d'anneaux de A dans B toute application f : A −→ B vériant les deux
propriétés suivantes pour tous x, y ∈ A :
1 f (x +A y ) = f (x) +B f (y ),
2 f (x ×A y ) = f (x) ×B f (y ).
Si les deux anneaux A et B sont unitaires, alors f (1A ) = 1B .

Exemple 94
l'application f dénie sur (C, +, ×) par f (z) = z̄ est un morphisme
d'anneaux. En eet, soient z , z ∈ C. On a :
1 2

f (z + z ) = f (z ) + f (z ), f (z × z ) = f (z ) × f (z ) et f (1) = 1.
1 2 1 2 1 2 1 2

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Anneaux
Morphisme d'anneaux

Dénition 74
Soit f : A −→ B un morphisme d'anneaux.
1 Le noyau de f est ker (f ) = {a ∈ A, f (a) = 0B }.
2 L'image de A par f est Im(f ) = f (A).

Proposition 39
Soient A et B sont deux anneaux et soit f ∈ Hom(A, B). Alors
1 L'image d'un sous-anneau de A est un sous-anneau de B.
2 L'image réciproque d'un sous-anneau de B est un sous-anneau de A.

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Anneaux
Idéaux d'un anneau

Dénition 75
Soit (A, +, ×) un anneau. Une partie I de l'anneau A est un idéal à
gauche (resp. à droite) si
1 (I , +) est un sous-groupe de (A, +).
2 Pour tout a ∈ A, pour tout x ∈ I , on a a × x ∈ I (resp. x × a ∈ I .)
On dit que I est un idéal bilatère s'il est à la fois un idéal à gauche et à
droite.
Remarque 48
Si A est commutatif, les notions d'idéal à gauche, d'idéal à droite et d'idéal
bilatère coïncident.

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Anneaux
Idéaux d'un anneau

Proposition 40
Soit A un anneau commutatif. On dit qu'une partie I de A est un idéal de
A si I vérie les propriétés suivantes :
1 I est non vide.
2 I est stable pour la soustraction, c'est-à-dire ∀(x, y ) ∈ I , x − y ∈ I .
2

3 Pour tout élément a de A et tout élément x de I, le produit a × x


appartient à I, autrement dit :
a×x ∈ I pour tout a ∈ A et x ∈ I .

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Anneaux
Idéaux d'un anneau

Exemple 95
1 A et {0A } sont des idéaux de A.
2 Les idéaux de Z sont les nZ avec n ∈ N.
Proposition 41
1 La somme I + J := {x + y , x ∈ I , y ∈ J} et l'intersection I ∩ J de deux
idéaux à gauche (resp. à droite) est un idéal à gauche (resp. à droite).
2 La réunion I ∪ J de deux idéaux à gauche (resp. à droite) est un idéal
à gauche (resp. à droite) si et seulement si I ⊂ J ou J ⊂ I .

Démonstration.
Exercice (voir énoncé analogue pour les sous-groupes). ■

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Anneaux
Intégrité

Dénition 76
Soit (A, +, ×) un anneau commutatif. On dit que A est intègre s'il vérie :
1 A ̸= {0A }.
2 ∀x, y ∈ A, x × y = 0A ⇐⇒ x = 0A ou y = 0A .

Dénition 77
Un élément x de A est appelé un diviseur de zéro dans A lorsque x ̸= 0A
et lorsque qu'il existe y ̸= 0A dans A tel que x × y = 0A .

Remarque 49
A est un anneau intègre si et seulement s'il n'admet aucun diviseur de zéro.

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Anneaux
Intégrité

Exemple 96
Soient f , g ∈ F (R, R) dénies par
2 x <0 0 x <0
 
f (x) =
0 x ≥ 0.
et g (x) = −1 x ≥ 0.

On a f ̸= 0 et g ̸= 0 et f (x) × g (x) = 0, ∀x ∈ R. On en déduit que f et g


sont des diviseurs de zéro. Alors l'anneau (F (R, R), +, ×) n'est pas intègre.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 304 / 376


Corps
Notion de corps

Dénition 78
On appelle corps commutatif (ou plus simplement corps) tout anneau
commutatif unitaire dans lequel tout élément non-nul est inversible.

Exemple 97
1 (C, +, ×) est un corps commutatif.
2 (R, +, ×) est un corps commutatif.
3 (Z, +, ×) n'est pas un corps.

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Corps
Notion de corps

Proposition 42
Soit K un ensemble muni de deux lois de composition internes ∗, δ , on dit
que (K, ∗, δ ) est un corps si :
1 (K, ∗, δ ) est un anneau unitaire.
2 (K\{e}, δ ) est un groupe, où e est l'élément neutre de ∗.
Si de plus δ est commutative, On dit que (K, ∗, δ ) est un corps commutatif.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 306 / 376


Corps
Sous-corps

Dénition 79
Soit K un corps. On appelle sous-corps de K tout sous-anneau unitaire B
de K tel que l'inverse de tout élément non-nul de B appartient à B.

Exemple 98
(Q, +, ×) est un sous-corps du corps (R, +, ×).

Exercice 65
Montrer que Q[i] = {p + qi| p, q ∈ Q} est un sous-corps de (C, +, ×).

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Corps
Sous-corps

Solution.
Il est clair que Q[i] est sous-anneau unitaire de (C, +, ×). Soit
z = p + qi ∈ Q[i] tel que z ̸= 0. On a z est inversible et son inverse est

1 p (−q)
z −1 = (p + qi)−1 = = 2
2
+i 2 ∈ Q[i].
p + qi p +q p + q2

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Corps
Morphisme de corps

Dénition 80
Soient A et B deux corps. Un morphisme de corps est simplement un
morphisme d'anneaux f : A −→ B.

Proposition 43
Soit f : A −→ B un morphisme de corps. Alors
1 ∀x ∈ A× , on a f (x) ∈ B × et f (x − ) = (f (x))−
1 1
.
2 f est un morphisme injectif.

Exercice 66
Montrer que tout corps est un anneau intègre.

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Chapitre 5 : Polynômes et Fractions rationnelles
Polynômes

Dans ce chapitre K désigne R ou C.


Dénition 81
On appelle polynôme à coecients dans K à une indéterminée X toute
expression P sous la forme :
P(X ) = an X n + . . . + a1 X + a0 ,


1 est appelé indéterminée.
X
2a , a , . . . , an ∈ K sont des constantes appelées coecients de P .
0 1

3n ∈ N.
On note K[X ] l'ensemble des polynômes à coecients dans K.

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Polynômes

Exemple 99

1 7X 5
− 12 X 3 + 5X − 1 est un polynôme de R[X ].
2

2 X 3 − i+3 1 X + i − 1 est un polynôme de C[X ].

Dénition 82
1 Si an ̸= 0 alors l'entier n est appelé le degré de P et on note
deg(P) = d ◦ P = n, l'élément an est appelé le coecient dominant de
P.
2 Si le coecient dominant vaut 1 (i.e., an = 1), on dit que P est un
polynôme unitaire (normalisé).
3 Le polynôme dont tous les coecients sont nuls est appelé polynôme
nul, noté 0, et par convention, son degré est −∞.
4 Si P(X ) = a = a X . P est dit polynôme constant et d ◦ P = 0.
0 0
0

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 312 / 376


Polynômes

Exemple 100
1 1
2
X 8 − 7X 3 + X 2 − 1
est un polynôme de degré deg (P) = 8 et de
coecient dominant a = . 8
1
2

2 Soit P(X ) = 3 + 5X − 7X . Alors deg (P) = 5 et a = −7 est le


3 5
5

coecient dominant de P.
3 Soit P(X ) = 5 − 3X + X . Alors P est unitaire, car a = 1.
2
2

Remarque 50
Deux polynômes P et Q dans K[X ] sont égaux (i.e., P = Q ) signie que les
coecients de mêmes degré sont égaux.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 313 / 376


Polynômes

Proposition 44
Soient P et Q deux polynômes dans K[X ].
1 La somme P + Q est un polynôme et
deg(P + Q) ≤ max(deg(P), deg(Q)).
2 Le produit PQ est un polynôme et
deg(PQ) = deg(P) + deg(Q).
3 La composée P ◦ Q est un polynôme et dans le cas où les polynômes
P et Q sont non nuls alors
deg(P ◦ Q) = deg(P) deg(Q).

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 314 / 376


Polynômes

Exemple 101
Soient P(X ) = X 3
+X2 −1 et Q(X ) = X , alors
2

1 P + Q = X 3 + 2X 2 − 1 et

deg(P + Q) = 3 ≤ max(deg(P), deg(Q)).

2 PQ = X 5 + X 4 − X 2 et
deg(PQ) = 5 = deg(P) + deg(Q).

Q ◦ P = X 3 + X 2 − 1 = X 6 − 2X 5 + X 4 − 2X 3 + 2X 2 + 1 et
2
3

deg(PQ) = 6 = deg(P) deg(Q)

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 315 / 376


Polynômes
Structure de K[X ]

Proposition 45
Soient P, Q et R des polynômes dans K[X ].
1 P + Q = Q + P.
2 (P + Q) + R = P + (Q + R).
3 P + 0 = 0 + P = P.
4 −P = −an X n · · · − a X − a tel que P + (−P) = 0.
1 0

5 P · Q = Q · P.
6 (P · Q) · R = P · (Q · R).
7 P · 1 = P.
8 P · (Q + R) = P · Q + P · R .
9 Si P · Q = 0 ⇐⇒ P = 0 ou Q = 0.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 316 / 376


Polynômes
Structure de K[X ]

Proposition 46
(K[X ], +, ·) est un anneau commutatif est intègre. D'où, la structure de
K[X ] est bien un corps.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 317 / 376


Polynômes
Fonctions polynômes

Dans cette section, nous allons nous borner à remplacer la variable muette
X par des nombres réels ou complexes.

Dénition 83
n
La fonction polynôme (polynômiale) associée à P(X ) = ∑ ak X k est
k=0
n
l'application P(x) = ∑ ak x ; obtenu par substitution de X à x .
k
k=0

Exemple 102
P(x) = 3x 2 − 5x + 2 est une fonction polynômiale.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 318 / 376


Polynômes
Fonctions polynômes

Dénition 84
Soit n ∈ N∗ , on note Kn [X ] = {P ∈ K[X ], deg (P) ≤ n}.

Proposition 47
Soit n ∈ N∗ , l'ensemble Kn [X ] n'est pas un anneau.

Démonstration.
Il sut de donner un contre exemple. Pour cela pour P(X ) = X n et
Q(X ) = X , on a évidemment P, Q ∈ Kn [X ], mais PQ ∈
/ Kn [X ], ce qui
implique que Kn [X ] n'est pas un anneau. ■

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 319 / 376


Polynômes
Division dans K[X ]

Soient A et B deux polynômes.


Dénition 85
1 On dit que B divise A et on note B|A s'il existe un polynôme Q tel
que A = BQ .
2 On dit alors que B est un diviseur de A ou encore que A est un
multiple de B.
3 On dit que A et B sont des polynômes associés lorsque A = λ B , avec
λ ∈ K∗ .

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 320 / 376


Polynômes
Division dans K[X ]

Exemple 103
1 X −1 divise X 3
− 1, en eet
X − 1 = (X − 1)(X
3 2
+ X + 1).
2 On a (X + 1)|(X 3
+ 1). En eet
X + 1 = (X + 1)(X
3 2
− X + 1)..

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 321 / 376


Polynômes
Division dans K[X ]

Proposition 48 (Division euclidienne)


Soient A et B deux polynômes tels que B est non nul, alors il existe un
unique couple de polynômes (Q, R) tel que :
A = BQ + R avec deg(R) < deg(B).

Q et R s'appellent resp. le quotient et le reste de la division euclidienne


de A et B .
Remarque 51
Soit A un polynôme non nul. Si B divise A alors :
B|A ⇐⇒ R = 0 avec 0 ≤ deg B ≤ deg A.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 322 / 376


Polynômes
Division dans K[X ]

Exemple 104
Soient P(X ) = 2X + X − X + X + 1 et Q(X ) = 2X
4 3 2 2
− X − 2. Eectuons
la division euclidienne de P par Q .
Donc,
2X
|
4
+ X 3 − X 2 + X + 1 = (2X 2 − X − 2) (X 2 + X + 1) + (4X + 3) .
{z } | {z } | {z } | {z }
Dividende diviseur quotient reste

Exercice 67
Eectuer la division euclidienne de
1X + 2X + 1 par X + 3.
3 2

22X − 3X + 4X − 5X + 6 par X
4 3 2 2
− 3X + 1.
34X − 2X + 5X + 4X + 2 par X
5 4 3 2
+ 1.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 323 / 376


Polynômes
PGCD

Dénition 86
Soient A et B deux polynômes, il existe un polynôme unitaire D tel que les
diviseurs communs à A et B soient les diviseurs de D, appelé PGCD de A
et B, et on note PGCD(A, B) = D ou A ∧ B = D .

Exemple 105
Calculons D(X ) = (X 3
+ 2X 2 − X − 2) ∧ (X 2 + 4X + 3).

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 324 / 376


Polynômes
PGCD

Solution.
On a X + 1 un polynôme unitaire tel que les diviseurs communs à
X + 2X − X − 2 et X + 4X + 3 soient les diviseurs de X + 1. Donc
3 2 2

D(X ) = X + 1. ■

Remarque 52
Le PGCD peut se calculer par l'algorithme d'Euclide de la même façon que
pour les nombres entiers.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 325 / 376


Polynômes
PGCD

Proposition 49 (Algorithme d'Euclide)


ˆ Supposons deg A ≥ deg B , on pose A = BQ 1 + R1 .
,→ Si R1 = 0 alors A ∧ B = α10 B où α0 est le coecient dominant de B.
,→ Sinon R1 ̸= 0, donc A ∧ B = B ∧ R1 .
ˆ Par division euclidien de B par R , on a B = R
1 Q2 + R2 .
1
1
,→ Si R2 = 0 alors B ∧ R1 = α1 R 1 , où α1 est le coecient dominant de R1 .
,→ sinon on continue le processus.
ˆ Comme les degrés des Ri sont strictement décroissants, il existe k ∈ N
tel que Rk− = Rk Qk+ + Rk+ .
1 1 1

ˆ La condition d'arrêt est "le reste est nul" ! Finalement


A ∧ B = B ∧ R = . . . = Rk− ∧ Rk avec Rk+ = 0, par suite
1 1 1

A ∧ B = αk Rk , où αk est le coecient dominant de Rk .


1

Ainsi, A ∧ B est le dernier reste non nul NORMALISÉ.


Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 326 / 376
Polynômes
PGCD

Exemple 106
Soient les deux polynômes A = X − X + X − 1 et B = X − 1.
3 2 3

Calculons A ∧ B .
On a A = BQ + R avec Q = 1 et R = −X + X .
1 1 1
2

Comme R ̸= 0, on obtient : A ∧ B = B ∧ R .
1 1

Or B = R Q + R avec Q = −X − 1 et R = X − 1.
1 2 2 2 2

On a R ̸= 0 alors B ∧ R = R ∧ R .
2 1 1 2

De la division euclidien de R par R résulte que R = R Q + R avec


1 2 1 2 3 3

Q = −X et R = 0. Donc A ∧ B = R = X − 1.
3 3 2

Exercice 68
Soient les deux polynômes A = X + X + 1 et B = X 5 4
− 2X 3 − X + 2.
Utiliser l'algorithme d'Euclide pour déterminer A ∧ B .
Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 327 / 376
Polynômes
PGCD

Dénition 87
Soient A et B deux polynômes de K[X ]. On dit que P et Q sont premiers
entre eux si P ∧ Q = 1.

Exemple 107
1 X +1 et X + 1 sont premiers entre eux.
2

2 X2 + 1 et X − 1 sont premiers entre eux.


3

Remarque 53
Si le dernier reste non nul est une constante de K∗ (non nulle), alors A et B
sont premiers entre eux.

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Polynômes
PGCD

Exercice 69
Déterminons (X − 1) ∧ (X 2
+ 2X + 1).

Solution.
La division euclidienne de X 2
+ 2X + 1 par X − 1 donne
X 2 + 2X + 1 = (X − 1)(X + 3) + 4.

Comme le reste est 4 ̸= 0. Alors les deux polynômes X 2


+ 2X + 1 et X − 1
sont premiers entre eux. ■

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Polynômes
Théorème de Bezout

Théorème 15
Soient A et B ∈ K[X ], tel que D est le pgcd de A et B , alors il existe deux
polynômes U et V tels que : D = AU + BV

Exercice 70
Soient P(X ) = 3X + 2X + 2 et Q(X ) = X − 2.
3 2 2

1 Utiliser l'algorithme d'Euclide pour déterminer P ∧ Q .


2 En déduire deux polynômes U et V tels que UP + VQ = P ∧ Q .

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Polynômes
Théorème de Bezout

Théorème 16 (Identité de Bézout)


Soient P, Q ∈ K[X ]. Alors
P ∧ Q = 1 ⇐⇒ ∃ U, V ∈ K[X ], PU + QV = 1.

Proposition 50 (Lemme de Gauss)


Soient P, Q, R des polynômes de K[X ] tels que :
P ∧Q = 1 et P|QR =⇒ P|R.

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Polynômes
Zéros ou racines d'un polynôme

Dénition 88
Soient P ∈ K[X ] et α ∈ K. On dit que α est une racine de P ou zéro de P
si P(α) = 0.

Exemple 108
1 Le nombre 2 est une racine de P(X ) = X − 2. En eet
P(2) = 2 − 2 = 0.
2 Les racines de P(X ) = (X − 1)(X + 7) sont 1 et −7.
2

Théorème 17
Soient P ∈ K[X ] et α ∈ K. On
P(α) = 0 ⇐⇒ (X − α)|P(X ).

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Polynômes
Zéros ou racines d'un polynôme

Démonstration.
⇒) Si P(α) = 0, considérons la division euclidienne de P(X ) par X − α .
On a P(X ) = (X − α)Q(X ) + R(X ) avec deg (R) < deg (X − α) = 1,
donc R est une constante. On obtient alors 0 = P(α) = R donc R = 0,
Ainsi, (X − α)|P(X ).
⇐) Si (X − α)|P(X ), alors ∃Q ∈ K[X ] tel que P(X ) = (X − α)Q(X ). On
a alors P(α) = 0.

Remarque 54
Le seul polynôme ayant une innité de racines est le polynôme nul.

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Polynômes
Zéros ou racines d'un polynôme

Exercice 71 (Devoir à faire)


1 Déterminer a et b pour que X 2
− aX + 1 divise X 3
− X + b.
n
2 Soit P(X ) = ∑ aj Xj avec aj ∈ Z. Montrer que si P a une racine
j=0
rationnelle αβ , alors α|a et β |an .
0

3 Déterminer les entiers naturels n tels que Pn (X ) = (X + 1)n − X n − 1


soit divisible par P(X ) = X + X + 1.
2

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Polynômes
Ordre de multiplicité d'une racine

Dénition 89
Soit P ∈ K[X ] et α ∈ K et m ∈ N∗ . On dit que α est une racine d'ordre m
si (X − α)m divise P et (X − α)m+ ne divise pas P .
1

Remarque 55
1 Si m = 1 on dit que α est une racine simple.
2 Si m = 2 on dit que α est une racine double.
3 Si m = 3 on dit que α est une racine triple.
4 une racine multiple est une racine au moins double.

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Polynômes
Ordre de multiplicité d'une racine

Exemple 109
Soit P(X ) = (X − 7) X +1 . Alors, 7 est une racine triple. i et −i sont
3 2


des racines simples de P .

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Polynômes
Ordre de multiplicité d'une racine

Proposition 51
Soit P ∈ K[X ] et α ∈ K et m ∈ N∗ . α est une racine d'ordre m si
∃Q ∈ K[X ] tel que P(X ) = (X − α)m Q(X ) et Q(α) ̸= 0

Proposition 52
Un polynôme de degré n ∈ N admet au plus n racines comptées avec leur
ordre de multiplicité.

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Polynômes
Dérivation dans K[X ]

Dénition 90
n
Soit P(X ) = ∑ ak X k où n ∈ N, on appelle polynôme dérivé de P le
k= 0

polynôme
n
P ′ (X ) = ∑ kak X k−
1
.
k=1

Exemple 110
Soit P(X ) = 5X 3
− 12X + 1. On a P ′ (X ) = 15X 2
− 12.

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Polynômes
Dérivation dans K[X ]

Proposition 53
Soit P, Q deux polynômes dans K[X ] et α ∈ K.
1 deg(P) ≤ 0 ⇐⇒ P ′ = 0 ;
2 Si deg(P) ≥ 1, alors deg (P ′ ) = deg(P) − 1 ;
3 (αP + Q)′ = αP ′ + Q ′ ;
4 (PQ)′ = P ′ Q + PQ ′ ;
n
5 (PQ)(n) = ∑ Cnk P (n−k) Q (k) , ∀n ∈ N (Formule de Leibniz) ;
k=0
6 (P ◦ Q)′ = Q ′ P ′ ◦ Q .

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Polynômes
Dérivation dans K[X ]

Théorème 18 (Formule de Taylor)


Soit P ∈ K[X ] tel que deg(P) ≤ n où n ∈ N et α ∈ K, alors :
n
P (k) (α)
P(X ) = ∑ (X − α)k .
k=0 k!

Proposition 54
Soit P ∈ K[X ] et α ∈ K et m ∈ N∗ . α est une racine d'ordre m si et
seulement si P(α) = P ′ (α) = P ′′ (α) = . . . = P (m− ) (α) = 0 et
1

P (m) (α) ̸= 0.

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Polynômes
Dérivation dans K[X ]

Remarque 56
Soit P(X ) = X − X − X + 1. On a 1 est une racine de multiplicité 2,
3 2

puisque P(1) = 0 et P ′ (1) = 0 et P”(1) ̸= 0. De plus, −1 est une racine


simple (ou racine de multiplicité 1) car P(−1) = 0 et P ′ (−1) ̸= 0.

Exercice 72
Soit P(X ) = X − 5X + 7X
5 4 3
− 2X 2 + 4X − 8. Quelle est la multiplicité de
2 en tant que racine de P ?

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Polynômes
Polynôme irréductible dans K[X ]

Dénition 91
Soit P un polynôme dans K[X ], on dit que P est irréductible ssi :
1 deg(P) ≥ 1 (i.e., non-constant).
2 Les seuls diviseurs de P sont les polynômes constants et les polynômes
associés.
Exemple 111
1 X2 −2 est irréductible dans Q[X ] et pas dans R[X ].
2 X2 + 1 est irréductible dans R[X ] et pas dans C[X ].

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Polynômes
Polynôme irréductible dans K[X ]

Remarque 57
1 Les polynômes irréductibles dans C sont aX + b avec a ̸= 0.
2 Les polynômes irréductibles dans R sont aX + b avec a ̸= 0 et
aX + bX + c , a ̸= 0 tel que b − 4ac < 0.
2 2

Théorème 19
Tout polynôme de degré 1 est irréductible.

Démonstration.
En eet, soit P de degré 1, et Q un diviseur de P . Alors d ◦ Q ∈ {0, 1}. Si
d ◦ Q = 0, alors Q est une constante, si d ◦ Q = 1, alors d ◦ Q = d ◦ P . Donc P
et Q sont associés. ■

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Polynômes
Polynôme irréductible dans K[X ]

Remarque 58
1 Les polynômes irréductibles jouent dans K[X ] le même rôle que les
nombres premiers dans l'ensemble Z.
2 De même que tout entier possède une décomposition en facteurs
premiers, tout polynôme a une décomposition en facteurs irréductibles.

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Polynômes
Décomposition en facteurs irréductibles dans C[X ]

Théorème 20
Tout polynôme non constant P de C[X ] se décompose en produit de
facteurs irréductibles dans C[X ] sous la forme
m
P(X ) = λ ∏ (X − αi )βi ,
i=1

avec λ ∈ C∗ , les αi dans C, les βi dans N∗ .

Remarque 59
Dans C[X ], tout polynôme est le produit de polynômes du premier degré. Il
en résulte immédiatement que sur C tout polynôme de degré p admet
exactement p racines (comptées avec leur multiplicité). C'est le théorème
D'Alembert-Gauss.
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Polynômes
Décomposition en facteurs irréductibles dans C[X ]

Exemple 112
1 Dans C, on peut écrire X + X = X (X − i)(X + i). Ce polynôme a
4 2 2

pour racines : 0 avec la multiplicité 2, i et −i .


2 Soit n ∈ N∗ . Les racines du polynôme X n − 1 sont les racines n de ièmes

l'unité :
n−1 
Xn −1 =
i 2kπ

∏ X −e n .
k=0
C'est la décomposition en facteurs irréductibles de X n − 1 dans C[X ].

Exercice 73
Décomposer dans C[X ] les polynômes suivants en facteurs irréductibles.
1) X + 1. 2) X − 1. 3) X + 1. 4) X + 1.
3 3 4 6

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Polynômes
Décomposition en facteurs irréductibles dans R[X ]

Théorème 21
Tout polynôme non constant P de R[X ] se décompose en produit de
facteurs irréductibles dans R[X ] sous la forme
m n lj
P(X ) = λ ∏ (X − αi )βi ∏ X 2 + bj X + cj ,
i=1 j=1

avec λ dans R, les αi , bj , cj dans R, tels que : ∀j ∈ [|0, n|], bj2 − 4cj < 0 et
les βi , lj dans N

Remarque 60
Dans R[X ] tout polynôme est le produit de polynômes du premier degré et
de polynômes du second degré qui n'ont pas de racine réelle.

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Polynômes
Décomposition en facteurs irréductibles dans R[X ]

Exemple 113
Dans R, on peut écrire X + X = X (X + 1). Ce polynôme a pour racines
4 2 2 2

0 avec la multiplicité 2 et X + 1 est un polynôme sans racine réelle.


2

Remarque 61
1 Soit P ∈ R[X ] Si α ∈ C est une racine de P , alors ᾱ est une racine de
P avec la même multiplicité.
2 Pour factoriser P dans R[X ], on peut décomposer P dans C[X ] puis
revenir à R[X ]. En remarquant que
(X − α)(X − ᾱ) = X − 2XRe(α) + |α| .
2 2

| {z }
∆<0

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Polynômes
Décomposition en facteurs irréductibles dans R[X ]

Exercice 74
1 Décomposer dans C[X ] puis dans R[X ] les polynômes suivants en
facteurs irréductibles.
1) X + 1. 2) X − 1. 3) X + 1. 4) X + 1.
3 3 4 6

2 Soit n ∈ N∗ , décomposer dans R[X ] les polynômes suivants :


1) X n − 1. 2) X n + 1.

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Polynômes
Polynômes scindés

Dénition 92
On dit qu'un polynôme non constant est scindé si la somme des ordres de
multiplicité de ses racines est égal à son degré. Autrement dit, P de degré n
est scindé si et seulement si il existe un n−uplet (λ , · · · , λn ) de Kn tel que
1

P(X ) = λ (X − λ1 ) × . . . × (X − λn ), λ ∈ K∗ .

Exemple 114
Soit P(X ) = 3X − 1 est scindé dans R[X ]. En eet
2

P(X ) = 3(X − √ )(X + √ ). Tandis que, P(X ) = X


1

3
1

3
2
+2 n'est pas scindé
dans R[X ].

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Polynômes
Polynômes scindés

Théorème 22 (Théorème fondamental d'algèbre)


Tout polynôme de C[X ] est scindé.

Exemple 115
√ √
P(X ) = X 3 + 1 = (X + 1)(X − 1−i2 3
)(X − 1+i2 3
).
Alors P est scindé dans C[X ].

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Polynômes
Polynômes scindés

Proposition 55
Soient P et Q deux polynômes écrits sous la forme :
β β
P = aR1α1 . . . Rkαk ; Q = bR1 1 . . . Rk k

où les Ri sont des polynômes irréductibles deux à deux distincts unitaires et


les αi , βi des entiers naturels (possiblement nuls) et a, b ∈ K. Alors :
min{α1 ,β1 } min{αk ,βk }
A ∧ B = R1 . . . Rk ,

A ∨ B = R1
max{α1 ,β1 } max{αk ,βk }
. . . Rk .

Exemple 116
(X − 1) ∧ (X + 1) = 1 et (X − 1) ∨ (X + 1) = X 2
− 1.

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Fractions rationnelles

Dénition 93
On note K(X ) l'ensemble des fractions rationnelles à coecients dans K,
c'est à dire qui s'écrivent sous la forme :
A(X )
F (X ) = B(X ) ,

avec A ∈ K[X ], B ∈ K[X ] et B ̸= 0.

Exemple 117
F (X ) = X 3 −3X +1
X 2 −1
est une fraction rationnelle sur R ou C, mais on a aussi
(X 3 − 3X + 1)(X + 1)
F (X ) =
(X 2 − 1)(X + 1)

comme on a 3
2
= 6
4
.
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Fractions rationnelles

Remarque 62
Sans pouvoir dénir la notion (car elle fait appel au pgcd de deux
polynômes et à la notion de polynômes premiers entre eux), on essaiera de
parler de forme irréductible d'une fraction comme d'une forme dont on
ne peut pas simplier plus l'écriture. On peut aussi dire que F = BA
est sous forme irréductible lorsque A et B n'ont pas de facteur commun.

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Fractions rationnelles
Degré d'une fraction rationnelle

Comme pour les polynômes, on aura besoin de parler de degré.


Dénition 94
Étant donné une fraction rationnelle F (X ) = B(X ) , on appelle degré de F
A(X )

et on note deg(F )
deg(F ) = deg(A) − deg(B).

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Fractions rationnelles
Pôles et zéros

Dénition 95
Soit F ∈ K(X ) et deux polynômes A et B tels que F = BA soit une forme
irréductible de F . On appelle
1 PÔLES de F les racines de B
2 ZÉROS de F les racines de A
Exemple 118
X + 32
F (X ) = admet pour pôles −1 et 1 et pour zéro −32.
X2 −1

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Fractions rationnelles
Partie entière d'une fraction rationnelle

Nous admettrons le résultat suivant :


Théorème 23
Soit F ∈ K(X ). Il existe un unique polynôme E ∈ K[X ] tel que
deg(F − E ) < 0.

On appelle E la partie entière de F .


Cela veut dire qu'on peut écrire
 de  manière unique toute fraction sous
la forme F = E + B avec deg B = deg(R) − deg(B) < 0, c'est à dire
R R

d'un polynôme plus une fraction de degré négatif (le degré du


numérateur est plus petit que le degré du dénominateur).
Le mot partie entière vous rappelle quelque chose : par exemple
7 1
= 3 + avec 3 un entier et 1 < 2.
2 2
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Fractions rationnelles
Partie entière d'une fraction rationnelle

Pour les fractions rationnelles, la division euclidienne nous permet


d'obtenir la partie entière.
En eet, la division euclidienne de A par B s'écrit
A = B ·Q +R avec deg(R) < deg(B)

c'est à dire
A R R 
=Q+ avec deg < 0,
B B B
et donc le quotient de la division euclidienne de A par B est bien la
partie entière de BA .

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Fractions rationnelles
Décomposition en éléments simples dans R(X )

R
Notre fraction F s'écrivant sous la forme E + , le E nous intéresse
B
R
car c'est un polynôme qu'on sait intégrer. Pour la partie , qu'on
B
appelle la partie polaire, ce n'est pas toujours évident d'en trouver
une primitive. Pour nous aider, on va la décomposer en éléments
simples, c'est à dire simplement intégrables.
Rappelons un résultat important : dans R[X ], tout polynôme B peut
s'écrire sous forme de produit de facteurs irréductibles, c'est à dire
m n lj
B(X ) = a ∏ (X − ri )βi ∏ X 2 + bj X + cj .
i=1 j=1

Les ri étant les pôles de F .

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Fractions rationnelles
Décomposition en éléments simples dans R(X )

Dénition 96
1 On appelle éléments simples de 1ère espèce relatifs aux pôles ri , les
m fonctions rationnelles du type
A1 A2 Ami
, , ... , ,
x − ri (x − ri ) 2
(x − ri )mi

où les Ak sont des constantes réelles.


2 On appelle éléments simples de 2ème espèce relatifs aux polynômes
irréductibles X + bj X + cj , les n fonctions rationnelles du type
2

B1 x + C1 B2 x + C2 Bnj x + Cnj
, , ... , ,
2
x + bj x + cj 2
(x + bj x + cj ) 2
(x + bj x + cj )nj
2

où les Bk , Ck sont des constantes réelles.


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Fractions rationnelles
Décomposition en éléments simples dans R(X )

Exemple 119
Voyons ce que cela donne sur un exemple. Considérons
R(x) x 3 − 21x − 7
=
B(x) (x + 2)(x − 1)2 (x 2 + x + 1)

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Fractions rationnelles
Décomposition en éléments simples dans R(X )

1 éléments simples de 1 ère


espèce :
• le pôle x = 1 de multiplicité 2 ; 2 éléments simples :
A1 A2
, ,
x −1 (x − 1)2
• le pôle x = −2 de multiplicité 1 ; 1 élément simple
A3
x +2
2 éléments simples de 2 ème
espèce : 1 seul, associé au facteur
irréductible x + x + 1
2

B1 x + C1
x2 + x + 1

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Fractions rationnelles
Décomposition en éléments simples dans R(X )

Remarque 63
Attention ! il faut toujours d'abord s'assurer de la décomposition complète
du dénominateur ! Par exemple, B(x) aurait pu être écrit comme
B(x) = (x − 1)(x + 2)(x − 1) ce qui ne permet pas de voir immédiatement
3

les éléments simples.


Nous admettrons alors le théorème suivant :

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 363 / 376


Fractions rationnelles
Décomposition en éléments simples dans R(X )

Théorème 24
Soit F (x) = B(x)
A(x)
une fraction rationnelle irréductible. Alors
1 Si A = BQ + R , deg R < deg B (div.euclidienne de A par B ), on a
F = BA = Q + B R
.
B se décompose de manière unique en somme de tous les éléments
2 R

simples relatifs à B , i.e. ;


R(x) Aik Bjk x + Cjk
= ∑∑ k
+∑∑ 2 k
B(x) i k (x − ri ) j k (x + bj x + cj )

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Fractions rationnelles
Décomposition en éléments simples dans R(X )

Exemple 119 (suite)


Pour reprendre notre exemple, la structure de la décomposition en éléments
simples de B(x)
R(x)
est
x 3 − 21 x − 7 A1 A2 A3 B1 x + C1
= + + + 2 .
(x + 2)(x − 1) (x + x + 1) x − 1 (x − 1)
2 2 2
x +2 x +x +1

Maintenant, le plus dur reste à faire : calculer les coecients de la


décomposition.

Aziz LMAKRI (ENSAM Casablanca) Algèbre 1 20 décembre 2023 365 / 376


Fractions rationnelles
Calculs des coecients de la décomposition

Cas d'un pôle simple.


Supposons que F admette un pôle simple r , alors
F (x) = P(x)
(x−r )Q1 (x) = α
x−r
P1 (x)
+Q1 (x)
.
d'après ce qui précède, en remarquant que r n'est pas une racine de
Q , sinon, ce serait un pôle multiple de F .
1

On en déduit que !
P1 (x) P(x) P1 (x)
α = (x − r ) F (x) − Q1 (x)
= Q1 (x) − (x − r ) Q 1 (x)
.

Comme r n'est pas une racine de Q , les fractions QP et QP sont


1
1
1
1
dénies en r . On peut donc remplacer x par r dans l'expression
précédente et on obtient :
P(r )
α= .
Q1 (r )
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Fractions rationnelles
Calculs des coecients de la décomposition

Exemple 120
On considère la fraction rationnelle suivante :
5 x − 29
F (x) = .
(x + 3) (x − 8)
F (x) présente deux pôles simples :−3 et 8 . La forme de sa
décomposition est donc :
α β
F (x) = + .
x +3 x −8
On pose : P(x) = 5x − 29, Q1 (x) = x − 8 et Q2 (x) = x + 3 et on
obtient : α = QP(− 3)

1 (−3)
= 4 et β = QP(2 (88)) = 1
Bilan :
4 1
F (x) = + .
x +3 x −8

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Fractions rationnelles
Calculs des coecients de la décomposition

Cas de pôles multiples : La division selon les puissances croissantes.


Soit
P(x)
F (x) =
(x − r )n Q(x)
une fraction présentant r comme pôle d'ordre n (2 ≤ n). Alors il existe
n nombres λ , λ , · · · , λn et un polynôme P (x) tels que :
1 2 1

F (x) = λ1
(x−r )n + λ2
(x−r )n−1
λn
+ · · · + x−r + PQ(x)
1 (x)

Pour trouver ces nombres et ce polynôme on procède en utilisant le


changement de variable h = x − r puis on opère une division suivant
les puissances croissantes du numérateur par Q(h + r ) à l'ordre n − 1.
Les nombres λi apparaissent dans le quotient de cette division, et le
polynôme dans le reste comme le montre une simple division et un
retour à la variable x .
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Fractions rationnelles
Calculs des coecients de la décomposition

Cas de pôles multiples : La division selon les puissances croissantes.


Exemple 121
Soit
2x 3
+ 15 x 2 + 38 x + 30
F (x) =
(x + 2)3 (x + 1)
F (x) présente −2 comme pôle triple , −1 comme pôle simple.
La forme de la décomposition de F (x) est donc :
α β γ δ
F (x) = + + + .
(x − 2)3
(x + 2) 2
x +2 x +1
On fait dans F (x) le changement de variable x = h − 2
2 h3 + 3 h2 + 2 h − 2
F (h − 2) = .
h3 (h − 1)

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Fractions rationnelles
Calculs des coecients de la décomposition

Cas de pôles multiples : La division selon les puissances croissantes.


Exemple 121 (Suite)
On divise le numérateur obtenu par h − 1 suivant les puissances
croissantes à l'ordre 2 = 3 − 1 (3 est l'ordre de −2 comme pôle de la
fraction). On obtient :
2 h + 3 h + 2 h − 2 = (h − 1) (2 − 3 h ) + 5 h .
3 2 2 3

Pour revenir à F (h − 2) on divise les deux membres de cette égalité


par h (h − 1) ce qui nous donne
3

2 3 5
F (h − 2) = − + .
h 3
h h−1
On pose h = x + 2 ce qui nous donne :
2 3 5
F (x) = − + .
(x + 2) 3
x +2 x +1

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Fractions rationnelles
Calculs des coecients de la décomposition

Autres méthodes. On peut souvent se débrouiller autrement : limite en


l'inni, valeurs particulières, identication, parité ...
Méthode des limites
Cette méthode consiste à multiplier d'abord par la plus basse puissance qui
intervient dans la décomposition en éléments simples, et de prendre la
limite x → ∞ (où il sut de garder les puissances les plus élevées). Ainsi,
on a dans le membre de droite la somme des coecients qui correspondent
à cette puissance, qui permet de déterminer un coecient en terme des
autres.

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Fractions rationnelles
Calculs des coecients de la décomposition

Exemple 122
Considérons
x 3 − 21 x − 7 A1 A2 A3 B1 x + C1
F (x) = = + + + 2
(x + 2)(x − 1) (x + x + 1) x − 1 (x − 1)
2 2 2
x +2 x +x +1

On multiplie par x , la limite donne alors


x4
lim = 0 = A1 + A3 + B1
x→∞ x 5

et donc B 1 = −A1 − A3 = −2 − 1 = −3

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Fractions rationnelles
Calculs des coecients de la décomposition

Méthode des valeurs particulières


Une autre méthode consiste à simplement prendre des valeurs particulières
pour x (diérents des pôles) et ainsi d'avoir un système d'équations qui
permettra de déterminer les coecients manquants.

Exemple 123
−7 A
En gardant notre exemple, prenons x = 0 : = −A + A +
3
+ C1
2 2
1 2

et donc C = − + A − A − A = − + 2 + 3 − = −4 + 5 = 1
1
7
2 1 2
3
2
7
2
1
2

Remarque 64
dans le cas général, il faut ainsi créer un système d'autant d'équations
(indépendantes) qu'il reste de coecients à déterminer.
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Fractions rationnelles
Calculs des coecients de la décomposition

Par identication
La méthode générique qui marche toujours mais qui n'est pas toujours
la plus rapide, consiste à réécrire la somme des éléments simples sur le
dénominateur commun qui est B(x), et d'identier les coecients des
mêmes puissances de x du membre de gauche (coecients de R(x))
et du membre de droite (les A, B, C multipliés par une partie des
facteurs de B(x)).
Ainsi on obtient un système d'équations linéaires dont la solution
donne les coecients (manquants).

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Fractions rationnelles
Résumé

Pratique de la décomposition
Soit G la fraction à décomposer
1 On détermine la partie entière à l'aide d'une division euclidienne. Soit
H cette partie, on pose F = G−H.
2 On détermine les pôles de F avec leur ordre de multiplicité et on
dresse la liste des diviseurs primaires du dénominateur.
3 On écrit la forme de la décomposition de F dans R (étape
indispensable et capitale !).
4 On choisit la méthode que l'on va appliquer.
5 Un examen de la parité permet, lorsque la fraction est paire ou impaire,
de réduire le nombre d'inconnues recherchées par identication.
6 Une fois F décomposée, on revient à G en lui ajoutant H !

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Bon courage...

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