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Chapitre 1 Logique et raisonnement mathématiques

Université de Médéa

M. ZAMIME M. Bouzefrane

January 11, 2021

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1. Introduction à la logique mathématique
1.1. Assertions

Dé…nition
Une assertion est une phrase soit vraie, soit fausse, pas les deux en même
temps.

Exemple
– « Médéa est une ville algériènne» . C’est une assertion vraie.
– « 24 est un multiple de 2» . C’est une assertion vraie.
– « 2 + 3 = 9» . C’est une assertion fausse.

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1.2 Les connecteurs logiques

Les connecteurs logiques permettent à partir des assertions P, Q,


R,... de créer de nouveaux assertions dont on peut déterminer la
valeur de vérité à partir des valeurs de vérité de P, Q, R,...
Les cinq connecteurs logiques usuels sont « non » , « et » , « ou » ,
« ) » et « , » .

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1.2.1 La négation « non »

L’assertion « non P » notée par P où eP est vraie si P est fausse, et


fausse si P est vraie.
Table de vérité:

P P
1 0
0 1

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1.2.2 L’opérateur logique « et »

L’assertion « P et Q » est vraie si P est vraie et Q est vraie.


L’assertion « P et Q » est fausse sinon.

p q p^q
1 0 0
1 1 1
0 0 0
0 1 0

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1.2.3 L’opérateur logique « ou »

L’assertion « P ou Q » est vraie si l’une des deux assertions P ou Q


est vraie.
L’assertion « P ou Q » est fausse si les deux assertions P et Q sont
fausses.

p q p_q
1 0 1
1 1 1
0 0 0
0 1 1

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1.2.4 L’implication

L’assertion « (non P) ou Q » s’appelle l’implication de Q par P.


elle est notée « P ) Q » .

p q p)q
1 0 0
1 1 1
0 0 1
0 1 1

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1.2.5 L’équivalence

L’équivalence est dé…nie par :


« P , Q » est l’assertion « (P ) Q) et (Q ))P) » .
On dira « P est équivalent à Q » ou « P équivaut à Q » ou « P si
et seulement si Q » .
Cette assertion est vraie lorsque P et Q sont vraies ou lorsque P et Q
sont fausses.

p q p,q
1 0 0
1 1 1
0 0 1
0 1 0

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1.3 Propriétés

Proposition
Soient P, Q et R trois assertions. Alors on a:
1) P ^ Q () P _ Q
2) P _ Q () P ^ Q
3) P ^ (Q _ R ) () (P ^ Q ) _ (P ^ R )
4) P _ (Q ^ R ) () (P _ Q ) ^ (P _ R )
5) P ) Q () Q ) P.

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1.3 Les quanti…cateurs
1.3.1 Dé…nition

Une assertion P (x ) peut dépendre d’un paramètre x, par exemple «


x 2 1 » , l’assertion P (x ) est vraie ou fausse selon la valeur de x.
Le quanti…cateur 8: « pour tout »
L’assertion 8x 2 E P (x ) est une assertion vraie lorsque les assertions
P (x ) sont vraies pour tous les éléments x de l’ensemble E .

Exemple
8x 2 R x 2 + 1 > 0. C’est une proposition qui est vraie car x 2 + 1 > 0 est
véri…ée pour tout les nombres réels.

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1.3 Les quanti…cateurs
1.3.1 Dé…nition

Le quanti…cateur 9: « il existe »
L’assertion 9x 2 E P (x ) est une assertion vraie lorsque l’on peut trouver
au moins un x de E pour lequel P (x ) est vraie.

Exemple
« 9x 2 R x (x 1) 0» est vraie car pour x = 31 , on a
x (x 1) = 13 1
3 1 = 29 0.

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1.3.2 La négation des quanti…cateurs

La négation de « 8x 2 E P (x ) » est « 9x 2 E eP (x ) » .
La négation de « 9x 2 E P (x ) » est « 8x 2 E eP (x ) » .

Exemple
la négation de « 8x 2 R x 2 + 1 > 0» est l’assertion « 9x 2 R
x2 + 1 0 » .

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1.3.3 Les quanti…cateurs multiples

L’assertion quanti…ée « 9x 2 E 9y 2 F P (x, y ) » est vraie lorsqu


’il existe (au moins) un élément x appartenant à E et lorsqu ’il existe
(au moins) un élément y appartenant à F véri…ant P (x, y ).

Exemple
L’assertion 9 x 2 R 9 y 2 R x + y 5 est vraie. Il su¢ t de considérer
par exemple x = 2 et y = 3 (ou encore x = 2 et y = 1).

L’assertion quanti…ée « 8x 2 E 8y 2 F P (x, y ) » est vraie lorsque


tous les éléments x de E et tous les éléments y de F véri…ent P (x, y ).

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1.3.3 Les quanti…cateurs multiples

Exemple
L’assertion 8x 2 R 8y 2 R x + y > 5 est fausse car sa négation 9x 2 R
9y 2 R x + y 5 est vraie.

Observation
1) On peut permuter deux quanti…cateurs identiques.
2) On ne peut pas permuter deux quanti…cateurs di¤érents

Exemple
« 8x 2 R 9y 2 R x y » est une assertion vraie puisque si x est un réel
quelconque, alors en prenant y = x + 1 on a : x y .
En revanche l’assertion « 9y 2 R 8x 2 R x y » est fausse puisque
l’ensemble des nombres réels n’est pas borné.

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2. Les di¤érents modes de démonstration en mathématique
2.1 Raisonnement direct

On veut montrer que l’assertion « P ) Q» est vraie. On suppose que P


est vraie et on montre que Q est vraie.
Exemple
Montrer que si x, y 2 Q alors x + y 2 Q.

Solution
Rappelons que l’ensemble des rationnels Q = ba a 2 Z, b 2 Z . On
0
suppose que x, y 2 Q. On pose x = ba a 2 Z, b 2 Z , y = ba 0 a0 2 Z,
0 0 +ba 0
b 0 2 Z . On obtient x + y = ba + ba 0 = ab bb 0 . Il est claire que
ab 0 + ba0 2 Z et bb 0 2 Z . D’ou x + y 2 Q.

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2.2 Raisonnement par contraposée

Il sert à démontrer qu’une implication « P ) Q » est vraie. Il


s’appuie sur l’équivalence logique suivante (P ) Q ) () (Q ) P ).
Au lieu de montrer que l’implication « P ) Q» est vraie, le
raisonnement par contraposée consiste à montrer que l’implication
« Q ) P » est vraie.

Exemple
Soit n 2 N. Montrer que si n2 est pair alors n est pair.

Solution
Nous supposons que n est impair. Nous voulons montrer qu’alors n2 est
impair. Comme n est impair, il existe k 2 N tel que n = 2k + 1.
Alors n2 = (2k + 1)2 .
n2 = 2 2k 2 + 2k + 1.
n2 = 2k 0 + 1 et donc n2 est impair.
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2.3 Raisonnement par l’absurde
Pour montrer qu’une assertion P est vraie, on suppose l’assertion P est
vraie et on cherche une contradiction.
Example
p
Montrer que / Q.
22

Solution
p p
Par l’absurd, supposons que 2 2 Q. Donc 2 = ba avec a 2 Z, b 2 Z .
2
On choisit a et b tels que pgcd(a, b ) = 1. On obtient 2 = ba 2 ou encore
a2 = 2b 2 , d’où a2 pair. D’après l’exemple précédent, on en déduit que a
est pair. Il existe donc m 2 N tel que a = 2m. On obtient b 2 = 2m2 ce
qui signi…e que b2 est pair. On en déduit alors que b est pair (voir
l’exemple précédent), ce qui signi…e qu’il existe m0 2 N tel que b = 2m0 .
On a donc fait apparaître un diviseur commun à a et b (à savoir le nombre
2), ce qui est contraire à notre hypothèse « a et b sont premiers entre eux.

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Observation
Ce mode de raisonnement est souvent utilisé pour montrer qu’une
implication « A ) B» est vraie. Rappelons l’équivalence logique suivante:
A ) B , (A^ B) ). Pour montrer par l’absurde que l’implication «
A ) B » est vraie, on suppose l’énoncé A et l ’énoncé B comme étant
vrais et on montre que cela conduit à une contradiction.

Exemple
p
Soient x et y deux nombres rationnels. Montrer que x + y 2=1)
(x = 1 et y = 0).

Solution
p
Supposons quep x + y 2 = 1 et x 6= 1 ou y 6= 0. Supposons d’abord
y 6= 0. Alors 2 = 1 y x . Puisque x et y appartiennent à Q, il est clair que
p
y appartient aussi à Q. Ceci implique que 2 2 Q, contradiction. Donc
1 x

y = 0.pSupposons que x 6= 1 (avec y = 0). p Cei implique que


x + y 2 = x = 1,contradiction. D’où x + y 2 = 1 ) (x = 1 et y = 0).
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2.4 Raisonnement par contre-exemple

Un raisonnement par contre-exemple sert à démontrer qu’une


assertion de la forme « 8x 2 E P (x ) » est fausse. Pour cela, on
démontre que sa négation est vraie. On a vu que
(8x 2 EP (x )) = (9x 2 E P (x ) ).
Ainsi, pour montrer que « 8x 2 E P (x )» est une assertion fausse, la
méthode consiste à exhiber un élément x de E ne véri…ant pas P (x ).
L’élément x de E qui ne véri…e pas P (x ) est appelé contre exemple.

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2.4 Raisonnement par contre-exemple

Exemple
"toute application de R dans R est soit paire soit impaire" est une
assertion fausse puisqu’on peut trouver une application de R dans R qui
n’est ni paire, ni impaire. C’est par exemple le cas de l’application x 7! e x .

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2.5 Raisonnement par disjonction de cas

Le raisonnement par disjonction de cas s’utilise quand on veut


démontrer une propriété P (x ) dépendant d’un paramètre x
appartenant à un ensemble E et que la justi…cation dépend de la
valeur de x.
On écrit alors E = E1 [ E2 [ ... [ En et on sépare les raisonnements
suivant que x 2 E1 , x 2 E2 , ..., x 2 En .

Observation
On emploie fréquemment ce raisonnement pour résoudre des (in)équations
avec des valeurs absolues (le raisonnement dépend du signe de la quantité
à l’intérieur de la valeur absolue), démontrer des propriétés en
arithmétique (on sépare le raisonnement suivant la parité de certains
entiers, leur congruence modulo n...).

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2.5 Raisonnement par disjonction de cas

Exemple
n (n +1 )
Montrer que pour tout entier n, 2 est un entier.

Solution
On sépare deux cas:
si n est pair, alors n = 2k et n + 1 = (2k + 1). On a alors
n (n +1 )
2 = k (2k + 1) qui est bien un entier.
Si n est impair, alors n = 2k + 1 et n + 1 = (2k + 2). On a alors
n (n +1 )
2 = (k + 1) (2k + 1) qui est lui aussi bien un entier.

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2.6 Raisonnement par récurrence

Soit n, n0 2 N.
Le principe de récurrence permet de montrer qu’une assertion de type
(8n n0 P (n)) est vraie.
La démonstration par récurrence se déroule en trois étapes:
1) On montre que P (n0 ) est vraie.
2) On suppose que P (n) est vraie 8n n0 , et on démontre alors que
l’assertion P (n + 1) est vraie 8n n0 .
3) P (n) est vraie pour tout n n0 .

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2.6 Raisonnement par récurrence

Exemple
n (n +1 )
Montrer que 8n 2 N 1 + 2 + ...n = 2 .

Solution
1) Si n = 1, on obtient 1 = 1 et donc P (1) est vraie.
n (n +1 )
2) Supposons que 1 + 2 + ...n = 2 8n 2 N . On a d’après
n (n +1 )
l’hypothèse de recurrence 1 + 2 + ...n + (n + 1) = 2 + (n + 1)
n
= (n + 1) 2 + 1
= (n +1 )(2 n +2 ) .
n (n +1 )
3) 8n 2 N 1 + 2 + ...n = 2 .

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