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Champ magnetostatique

 14
Le champ magnétique a été introduit dans le cours de première année. Dans ce chapitre
on va compléter son étude dans le cas du régime stationnaire. On parle alors de champ
magnétostatique.

1 Courant électrique
1.1 Vecteur densité de courant
Le courant électrique a été présenté dans le cours de première année. Il s’agit du transport de
charge électrique résultant d’un mouvement d’ensemble de particules chargées. On va définir
un vecteur densité de courant électrique décrivant ce phénomène de transport.

Pour cela, on considère une surface élémentaire dSM autour d’un point M, et un vecteur dSM ,
normal à la surface. Dans un premier temps, on ne considère qu’un seul type de porteurs de
charge mobiles, dont la vitesse moyenne au point M à l’instant t est #» v 1 (M,t) 1 . La densité
volumique de charge due à ces porteurs est ρ1 (M,t).
Quelle est la charge électrique d2 q(M,t) qui traverse dSM entre les instants t et t + dt, dans

le sens défini par le vecteur dSM ? Cette charge est contenue, à l’instant t, dans le cylindre
s’appuyant sur la surface dSM dont les génératrices sont parallèles à #»
v 1 et de longueur v1 dt,
où v1 = k v 1 k (voir figure 14.1).


dSM
M θ
v 1 (M,t)

v1 (M,t)dt
Figure 14.1 – Flux de charges à travers une surface élémentaire.

1. Il s’agit de la vitesse moyenne des porteurs de charges d’un volume de taille mésoscopique autour du point M.
CHAPITRE 14 – C HAMP MAGNÉTOSTATIQUE

Soit θ l’angle entre la direction normale à dSM et la vitesse des charges. Ce cylindre a pour
volume :

dτ = dSM (v1 dt) cos θ = #»
v 1 · dSM
On a donc :
d2 q(M,t) = ρ1 (M,t)dτ

v 1 (M,t) · dSM dt
= ρ1 (M,t) #»

v 1 )(M,t) · dSM dt
= (ρ1 #»

☞ La notation d2 q souligne le fait que cette charge est doublement élémentaire : parce
que la surface dSM est élementaire et parce que la durée dt l’est aussi.


Le vecteur densité de courant électrique, j (M,t), est tel que la charge électrique qui

traverse la surface dSM dans le sens du vecteur dSM pendant la durée dt est :

d2 q(M,t) = j (M,t) · dSM dt


#» #»
(14.1)

k j k s’exprime en A · m−2 .

Dans le cas où il y a un seul type de porteur de charge ce vecteur est :



v 1 )(M,t)
j (M,t) = (ρ1 #»

Dans le cas, plus général, où il y a différents types de porteurs de charge numérotés par i, on
ajoute les charges des différents porteurs traversant la surface et :
!

j (M,t) = ∑ ρ v (M,t)
i

i (14.2)
i

Exemple

• Dans un métal, les porteurs de charge sont les ions du réseau cristallin et les électrons
de conduction. La densité volumique de courant est :

j (M,t) = (ρel #»
v el ) (M,t)

dans le référentiel lié au métal où les ions sont fixes.


• Dans un électrolyte contenant des ions A+ et B− , la densité volumique de courants
est :

v A+ + ρB− #»
j (M,t) = (ρA+ #» v B− ) (M,t)
Lorsqu’ils sont soumis à un champ électrique ces deux types d’ions se déplacent en
sens inverse ; ils donnent alors des contributions de même sens à la densité volumique
de courant, car ρA+ et ρB− sont de signes contraires.

416
PROPRIÉTÉS GLOBALES DU CHAMP MAGNÉTOSTATIQUE

1.2 Intensité traversant une surface orientée


Considérons une surface S orientée. La charge traversant S entre deux instants t et t + dt
est d’après (14.1) :
¨
#» #»
dq = j (M,t) · dSM dt
M∈S

Ainsi, le débit de charge à travers S , appelé intensité traversant S à l’instant t, est :

dq
¨
#» #»
IS (t) = = j (M,t) · dSM (14.3)
dt M∈S

L’intensité traversant une surface est égale au flux du vecteur densité de courants à
travers cette surface.

1.3 Distributions filiformes


L’intensité traversant un fil conducteur est donnée par la relation (14.3) : c’est l’intensité qui
traverse n’importe quelle section S de ce fil (voir figure 14.2). Le choix de l’orientation de
la surface correspond au choix d’un sens positif pour I le long du fil.


j (M,t)

dSM

S
Figure 14.2 – Intensité traversant un fil.

2 Propriétés globales du champ magnétostatique


2.1 Flux du champ magnétostatique
a) Conservation du flux magnétique

On admet la propriété suivante :

Le champ magnétostatique est un champ à flux conservatif, c’est-à-dire que son flux
à travers toute surface fermée S est nul :

#» #»
ΦB = B (M) · dSM = 0.
M∈S

b) Flux à travers un contour


Une conséquence de la propriété précédente est que le flux du champ magnétique est le même
à travers toute surface Sγ s’appuyant sur contour orienté Γ (voir appendice mathématique).

417
CHAPITRE 14 – C HAMP MAGNÉTOSTATIQUE

Ceci permet notamment de définir le flux magnétique à travers un circuit qui intervient dans
le phénomène d’induction (voir cours de première année).
La démonstration de ce résultat s’appuie sur la figure 14.3.


dS1M

S1 dS2M

S2

dS′ 2M

Γ #»
P dlP

Figure 14.3 – Deux surfaces oritentées S1 et S2 s’appuyant sur le même contour.


La surface S1 ∪ S2 est une surface fermée donc le flux de B sortant de cette surface est nul,
ce qui s’écrit :

#» #»
B (M) · dSM = 0
M∈S1 ∪S2
¨ ¨
#» #» #» #»
⇔ B (M) · dS1M + B (M) · dS′ 2M = 0
M∈S1 M∈S2
¨ ¨
#» #» #» #»
⇔ B (M) · dS1M − B (M) · dS2M = 0,
M∈S1 M∈S2
#» #»
car, compte tenu des orientations de S2 et de la surface fermée S1 ∪ S2 , dS′2M = −dS2M .

On en déduit l’égalité des flux de B à travers S1 et S2 .

2.2 Circulation du champ magnétostatique - Théorème d’Ampère


Soit Γ un contour fermé orienté quelconque et SΓ une surface s’appuyant sur Γ.
La circulation du champ magnétostatique le long de Γ est :
˛
#» #»
CB = B (P) · dl P .
P∈Γ

L’intensité traversant SΓ est :


¨
#» #»
I(SΓ ) = j (M) · dSM .
M∈SΓ

En régime stationnaire, I(SΓ ) ne dépend en fait que du contour Γ et pas de la surface SΓ



choisie pour l’exprimer (le champ vectoriel j (M) est un champ à flux conservatif, comme le
champ magnétostatique). On l’appelle intensité enlacée par le contour Γ et on la note Ienlacée .
Ces deux grandeurs sont liées par la propriété suivante que l’on admet :

418
SYMÉTRIES ET INVARIANCES DU CHAMP MAGNÉTIQUE

Théorème d’Ampère :
CB = µ0 Ienlacée . (14.4)

Ce théorème permet de calculer les champ magnétostatiques comme le théorème de Gauss


les champs électrostatiques.

3 Symétries et invariances du champ magnétique


Les sources du champ magnétostatique sont les distributions de courants, tout comme les
sources du champ électrostatique sont les distributions de charges électriques. On va donc
commencer par étudier les symétries et les invariances usuelles des distributions de courants.

3.1 Symétries et invariances usuelles des distributions de courants


a) Symétrie plane
Considérons un plan Π, la symétrie SΠ par rapport à Π et SΠ la symétrie vectorielle associée.

La distribution de courants D est symétrique par rapport au plan Π si et seulement si :


• pour tout point M de D, M ′ = SΠ (M) est dans D,
#» #» 
• j (M ′ ) = SΠ j (M) .

plan Π
#» ′

j (M) j (M )

M M′
I I

Figure 14.4 – Exemple de distribution de courants présentant un plan de symétrie.

Par exemple, D est symétrique par rapport au plan (xOy) si et seulement si dans la base
u x , #»
( #» u z ), jx (x, y, −z) = jx (x, y, z), jy (x, y, −z) = jy (x, y, z) et jz (x, y, −z) = − jz (x, y, z) pour
u y , #»
tout point M(x, y, z) élément de D, en supposant que M ′ (x, y, −z) appartienne aussi à D.
Remarque

En un point M d’un plan de symétrie, j (M) appartient à ce plan, les lignes de courant

(lignes de champ de j ) sont tangentes à ce plan.

419
CHAPITRE 14 – C HAMP MAGNÉTOSTATIQUE

b) Antisymétrie plane

La distribution de courants D est antisymétrique par rapport au plan Π∗ si et seulement


si :
• pour tout point M de D, le point M ′ = SΠ∗ (M) est aussi dans D,
#» #» 
• j (M ′ ) = −SΠ∗ j (M) .

plan Π∗


j (M)
M′
M #» ′
j (M )
I I

Figure 14.5 – Exemple de distribution de courants présentant un plan d’antisymétrie.

Par exemple, D est antisymétrique par rapport au plan (xOy) si et seulement si dans la base
u x , #»
( #» u z ), jx (x, y, −z) = − jx (x, y, z), jy (x, y, −z) = − jy (x, y, z) et jz (x, y, −z) = jz (x, y, z)
u y , #»
pour tout point M(x, y, z) élément de D, en supposant que M ′ (x, y, −z) appartienne aussi à D.
Remarque

En un point d’un plan d’antisymétrie, j est orthogonal à ce plan, les lignes de courant
sont perpendiculaires à ce plan.

c) Invariance par translation

On considère un vecteur #»
a et la translation T #»
a de vecteur a .

La distribution de courants D est invariante par la translation de vecteur #»


a si et seule-
ment si :
• pour tout point M de D, le point M ′ = T #»
a (M) est aussi dans D,
#» ′ #»
• j (M ) = j (M).

Par exemple, D est invariante par la translation de vecteur #» a = a #» u x si et seulement si


#» #»
j (x, y, z) = j (x + a, y, z) pour tout point M(x, y, z) de D, si M ′ (x + a, y, z) appartient aussi
à D.

Si la distribution D est invariante par toute translation de vecteur parallèle à #» u x alors j (M)
ne dépend pas de x.

420
SYMÉTRIES ET INVARIANCES DU CHAMP MAGNÉTIQUE

d) Invariance par rotation


On considère un axe ∆, un angle θ0 et la rotation R∆,θ0 d’angle θ0 autour de l’axe ∆ et R∆,θ0
la rotation vectorielle associée.
La distribution de courants D est invariante par la rotation d’angle θ0 autour de ∆ si et
seulement si :
• pour tout point M de D le point M ′ = R∆,θ0 (M) est aussi dans D,
#» #» 
• j (M ′ ) = R∆,θ0 j (M) .

3.2 Symétries du champ magnétique


a) Transformation du champ magnétique par une symétrie plane

On cherche la manière dont est transformé le champ magnétique par une symétrie par rapport
à un plan. Pour cela, on revient à relation entre le champ magnétique et la force de Lorentz.

schéma pour q > 0


v

v′
M M′
q
q′

#» #» #» #» #»
F = q #»
v ∧ B (M) F ′ = q′ v′ ∧ B′ (M ′ )
#» #»
B B′

Π
Figure 14.6 – Champ magnétique et symétrie par rapport à un plan.


Soit une charge ponctuelle q placée en M où règne un champ magnétique B (M) et animée
d’une vitesse v . Elle subit la force :

#» # »
F = q #»
v ∧ B(M)

On considère la symétrie par rapport au plan Π. La charge q devient la charge q′ = q et se


retrouve en M ′ = SΠ (M), symétrique de M par rapport à Π. Elle est animée d’une vitesse
#» #» #»
v′ = SΠ ( #» v par rapport à Π et elle subit une force F ′ = SΠ ( F ) symétrique
v ), symétrique de #»

de F par rapport à Π (voir figure 14.6).
L’invariance des lois de l’électromagnétisme permet d’avoir la même écriture pour la relation
entre force, vitesse et champ magnétique :
#» #» #» #» #»
F ′ = q v′ ∧ B′ (M ′ ) soit SΠ ( F ) = q SΠ ( #»
v ) ∧ B′ (M ′ ).

421
CHAPITRE 14 – C HAMP MAGNÉTOSTATIQUE

Or une symétrie plane change l’orientation de l’espace (l’image d’une main droite est une
#» #»
main gauche) donc : SΠ ( #»
a ) ∧ SΠ ( b ) = −SΠ ( #»
a ∧ b ). On a donc nécessairement :
#» #» 
B′ (M ′ ) = −SΠ B (M) .


L’image par la symétrie par rapport à un plan Π du champ magnétique B est égale à

l’opposé du symétrique de B par rapport au plan Π.

L’étude qui vient d’être faite correspond au cas où le champ magnétique B est parallèle au
plan P et perpendiculaire à la vitesse v . Elle se généralise à toutes les positions relatives du


champ magnétique B .
Une telle propriété caractérise les pseudo-vecteurs (appelés aussi vecteurs axiaux) : le

champ magnétique B est un pseudo-vecteur.

b) Champ créé par une distribution symétrique par rapport à un plan



On considère une distribution D de densité de courant j et D ′ la distribution symétrique de
#»′
D par rapport à un plan Π donné. En notant j sa densité de courant, on a pour tout point M :
#»′ ′ #» 
j (M ) = SΠ j (M) , (14.5)
où M ′ = SΠ (M) est le symétrie de M D’autre part, on vient de voir que :
#»′ ′ #» 
B (M ) = −SΠ B (M) , (14.6)
#»′ ′
en notant B (M ) le champ créé par D ′ en M ′ .
On suppose maintenant que la distribution D est symétrique par rapport au plan Π. Dans
ce cas, les distributions D et D ′ sont identiques. Donc le champ magnétique créé en un point
M ′ est le même que ce soit par D ou par D ′ :
#» #»
B′ (M ′ ) = B (M ′ ).
En utilisant la relation (14.6), on obtient donc :
#» ′ #» 
B (M ) = −SΠ B (M)
Cette situation est résumée sur la figure suivante :
plan de symétrie

B (M)

M′
M
#» ′
B (M )
Figure 14.7 – Quand la distribution de courants admet un plan de symétrie, le champ
magnétique en M ′ , symétrique de M , est l’opposé du symétrique du champ
magnétique en M .

422
SYMÉTRIES ET INVARIANCES DU CHAMP MAGNÉTIQUE


Dans le cas particulier où M appartient au plan Π, SΠ (M) = M donc B (M) est égal à l’opposé
de son symétrique par rapport au plan Π, il est donc orthogonal au plan Π.

Si la distribution de courants admet un plan de symétrie Π :


#» #»
• pour tout point M, B (SΠ (M)) = −SΠ ( B (M)),

• pour tout point M appartenant à Π, B(M) est orthogonal à Π.

c) Champ créé par une distribution antisymétrique par rapport à un plan



On considère une distribution D de densité de courant j et D ′ la distribution antisymétrique

de D par rapport à un plan Π∗ donné. En notant j′ sa densité de courant, on a donc pour tout
point M de l’espace :
#»′ ′ #» 
j (M ) = −S∗Π j (M) (14.7)
où M ′ est le symétrique de M par rapport au plan Π∗ . D’autre part, on a toujours :
#»′ ′ #» 
B (M ) = −SΠ∗ B (M) , (14.8)

en notant B′ (M ′ ) le champ créé par D ′ en M ′ .
On suppose maintenant que la distribution D est antisymétrique par rapport au plan Π∗ .
Dans ce cas, les distributions D et D ′ sont opposées. Donc :
#» #»
B′ (M ′ ) = − B (M ′ ).

En utilisant la relation (14.8), on obtient :


#» ′ #» 
B (M ) = SΠ∗ B (M)

La situation est représentée sur la figure suivante :


plan d’antisymétrie
#» #» ′
B (M) B (M )

M M′

Figure 14.8 – Quand la distribution de courants admet un plan d’antisymétrie, le


champ magnétique en M ′ , symétrique de M , est le symétrique du champ magnétique
en M .


Dans le cas particulier où M appartient au plan Π∗ , SΠ∗ (M) = M donc B (M) est son propre

symétrique, il appartient donc au plan Π .

423
CHAPITRE 14 – C HAMP MAGNÉTOSTATIQUE

Si la distribution de courants admet un plan d’antisymétrie Π∗ :


#» #»
• pour tout point M, B (SΠ∗ (M)) = SΠ∗ ( B (M)),

• pour tout point M appartenant à Π∗ , B (M) est parallèle à Π∗ .

d) Invariances du champ magnétique


Invariance par translation Si la distribution de courants D est invariante par la translation
a , pour tout point M :
T #»
#» #» #»
B (T a (M)) = B (M).

Si la distribution de courants D est invariante par toute translation T #»


a de vecteur
☞ #»
a parallèle à l’axe (Oz) (par exemple), alors B (M) ne dépend pas de z.

Invariance par rotation Si la distribution de courants D est invariante par la rotation R∆,θ0 :
#» #»
B (R∆,θ0 (M)) = R∆,θ0 ( B (M)).

Si la distribution de courants D est invariante par toute rotation autour de l’axe (Oz)
☞ (par exemple), en coordonnées cylindriques (r, θ , z) d’axe (Oz) les composantes de

B (M) dans la base cylindrique locale ne dépendent pas de l’angle θ .

e) Application : comparaison de deux distributions

Figure 14.9 – Deux fils Figure 14.10 – Deux fils


parcourus par des courants parcourus par des courants
identiques. opposés.
La figure 14.9 représente la carte des lignes de champ d’un ensemble de deux fils rectilignes
parallèles parcourus par des courants de même sens et de même intensité. Le plan médiateur
et le plan contenant les deux fils (dont les traces dans le plan de figure sont représentés en

424
TOPOGRAPHIE DU CHAMP MAGNÉTOSTATIQUE

trait tireté) sont des plans de symétrie de la distribution de courants, on observe bien que les
lignes de champ, au niveau de ces plans, les coupent orthogonalement. On observe également
qu’elles sont antisymétriques de part et d’autre de ces plans (bien remarquer l’orientation des
flèches).
La figure 14.10 représente la carte des lignes de champ d’un ensemble de deux fils rectilignes
parallèles parcourus par des courants opposés. Le plan médiateur est un plan d’antisymétrie
de la distribution, on observe que les lignes de champ, au niveau de ce plan, lui appartiennent.
On observe également qu’elles sont symétriques de part et d’autre de ce plan. Le plan conte-
nant les deux fils est toujours un plan de symétrie de la distribution de courants. Les lignes de
champ le coupent orthogonalement et elles sont antisymétriques de part et d’autre de ce plan.
On remarque sur la figure 14.9 une ligne de champ particulière, qui forme une sorte de huit.
En fait, cette courbe est composée de deux lignes de champ, chaque moitié du huit.

4 Topographie du champ magnétostatique


4.1 Propriétés des lignes de champ du champ magnétostatique
a) Forme des lignes de champ

Le champ magnétique étant à flux conservatif, son flux à travers une surface fermée est nul.
Par conséquent, les lignes de champ ne peuvent pas diverger à partir des sources comme
celles du champ électrostatique. Elles sont fermées et entourent les sources.

Les lignes de champ magnétique sont fermées et entourent les sources.

Remarque
Si la modélisation des sources du champ conduit à une distribution infinie, certaines
lignes de champs peuvent sembler ouvertes, mais elles se ferment à l’infini.

D’après le théorème d’Ampère, elles sont orientées, autour les sources, dans le sens donné
par la règle de la main droite : si on place la main droite de telle manière que le pouce droit
pointe dans le sens du courant électrique, la ligne de champ est orientée dans le sens des
doigts (voir cours de première année).
Exemple
Les deux fils de la figure 14.9 sont donc parcourus par des courants orientés vers l’avant,
alors que sur la figure 14.10, le fil de gauche est parcouru par un courant qui pointe vers
le fond et le fil de droite par un courant qui pointe vers l’avant.

b) Évolution de la norme du champ magnétostatique le long d’un tube de champ

Le champ magnétique est à flux conservatif. Le raisonnement qui a été fait pour le champ
électrostatique dans une zone vide de charge peut être transposé au champ magnétique. Ainsi :

Le long d’une ligne de champ, la norme du champ magnétostatique décroît quand les
lignes de champ voisines s’écartent et elle augmente quand les lignes de champ voisines
se rapprochent.
425
CHAPITRE 14 – C HAMP MAGNÉTOSTATIQUE

4.2 Comment distinguer une carte de champ électrostatique d’une carte


de champ magnétostatique ?
Si on observe une carte de lignes de champ, comment savoir si cette carte peut correspondre
à un champ électrostatique ou à un champ magnétostatique ?

a) Flux et circulation
Le champ électrostatique est à circulation conservative, le champ magnétostatique à flux
conservatif.
Si on peut mettre en évidence une surface fermée à travers laquelle le flux n’est pas nul, alors
il ne peut pas s’agir d’un champ magnétostatique.
Si on peut mettre en évidence un chemin fermé (appelé contour) le long duquel la circulation
n’est pas nulle, alors il ne peut pas s’agir d’un champ électrostatique.

b) Au voisinage de sources
Si des sources sont présentes dans la partie représentée :
• les lignes de champ électrostatique divergent depuis les charges ou convergent vers elles
selon leur signe ;
• les lignes de champ magnétostatique s’enroulent autour des courants, l’orientation des
lignes permet de déterminer le sens des courants.

c) Loin des sources

On verra au chapitre 16 que dans une région où il n’y a ni charges ni courants les équations
#» #»
vérifiées par les champs E et B sont les mêmes : rien ne permet de distinguer les deux
champs.

4.3 Exemples
a) Carte des lignes de champ créé par une spire

Figure 14.11 – Lignes de champ magnétique d’une spire.

426
TOPOGRAPHIE DU CHAMP MAGNÉTOSTATIQUE

Le plan de la spire est plan de symétrie de la distribution de courants : les lignes de champ
coupent ce plan orthogonalement et sont antisymétriques de part et d’autre de ce plan.
Tout plan contenant l’axe de la spire est plan d’antisymétrie de la distribution de courants :
les lignes de champ sont symétriques de part et d’autre de ce plan et en un point de ce plan
lui appartiennent.

b) Carte des lignes de champ créé par deux spires

Figure 14.12 – Deux spires Figure 14.13 – Deux spires


parcourues par des courants parcourues par des courants
de même sens. en sens contraire.

Dans le cas de la figure 14.12, le plan parallèle aux spires et équidistant des deux est un plan
de symétrie de la distribution de courants. Les lignes de champ coupent ce plan orthogonale-
ment et sont antisymétriques de part et d’autre de ce plan.
Dans le cas de la figure 14.13, c’est un plan d’antisymétrie. Les lignes de champ sont symé-
triques de part et d’autre de ce plan et en un point de ce plan lui appartiennent.
Dans les deux cas, tout plan qui contient l’axe des spires est un plan d’antisymétrie. Les lignes
de champ en un point de ce plan lui appartiennent et sont symétriques de part et d’autre de ce
plan.
Enfin, dans le cas de la figure 14.13, le point O, centre de la figure, est à l’intersection de trois
plans d’antisymétrie orthogonaux deux à deux (le plan parallèle aux spires et équidistant des

deux et deux plans orthogonaux contenant l’axe des spires). Le champ B (O) appartient donc
à trois plans orthogonaux deux à deux : il ne peut qu’être nul.

427
CHAPITRE 14 – C HAMP MAGNÉTOSTATIQUE

5 Exemples de calculs de champ magnétostatique


5.1 Comment appliquer le théorème d’Ampère ?

L’étude préalable des symétries permet de connaître a priori la direction de B et de quelle(s)
variable(s) il dépend. L’application du théorème d’Ampère à un contour choix judicieusement

choisi, le long duquel on peut facilement exprimer la circulation de B , permet ensuite de
déterminer le champ magnétique.

☞ • Le contour d’Ampère est choisi de manière à rendre simple le calcul de la cir-


culation. Le meilleur choix est souvent la ligne de champ (fermée) passant par
le point où l’on souhaite calculer le champ. Si les lignes de champs ne sont pas
fermées, on choisira un contour composé de parties ou bien perpendiculaires au
champ ou bien tangentes au champ et telles que la norme du champ soit uniforme
le long de cette partie du contour. Dans le premier cas, la circulation sera nulle.
Dans le second, le produit scalaire entre vecteur déplacement orienté et champ
magnétique est égal au produit de la norme du champ magnétostatique en tout
point de cette portion de contour multipliée par la longueur de celle-ci, en faisant
attention au signe.
On n’oubliera pas non plus la règle de base suivante : le contour d’Ampère doit
passer par le point où on cherche à calculer le champ.
• Si on cherche la direction du champ en un point, les plans de symétrie ou d’anti-
symétrie considérés doivent passer par ce point.
• Un plan de symétrie ou d’antisymétrie particulier donne des renseignements sur
le champ de part et d’autre de ce plan et sur le champ en un point de ce plan.

5.2 Exemple de problème à symétrie cylindrique : fil infini, de rayon a,


parcouru par un courant uniformément réparti en volume
Un fil cylindrique, d’axe (Oz) et de rayon a, est parcouru par un courant d’intensité I unifor-
mément répartie. On étudie le champ magnétique créé par le fil à une distance r petite devant
sa longueur, on le supposera donc infini.
On va appliquer le théorème d’Ampère pour exprimer ce champ magnétique, aussi bien à
l’extérieur qu’à l’intérieur du fil.
z

uz

Π

B (M)

#» M ur

j

Figure 14.14 – Exemple de distribution de courants à symétrie cylindrique.


428
E XEMPLES DE CALCULS DE CHAMP MAGNÉTOSTATIQUE

a) Étude des symétries


La distribution de courants ne dépend que de la distance r à (Oz). L’espace est donc repéré par
les coordonnées cylindriques d’axe (Oz). Le champ magnétostatique en M s’écrit a priori :
#» #»
B (M) = B (r, θ , z) = Br (r, θ , z) #»
u r + Bθ (r, θ , z) #»
u θ + Bz (r, θ , z) #»
uz

La distribution de courants a les éléments de symétrie suivants :



• Le plan Π = (M, #» u z ) est plan de symétrie de D, B (M) est orthogonal à ce plan, il est
u r , #»

donc porté par #»
u θ : B (M) = Bθ (M) #» uθ.
• La distribution D est invariante par toute rotation autour de l’axe (Oz) et par toute transla-
tion parallèlement à l’axe (Oz) donc Bθ (M) ne dépend que de r : Bθ (M) = B(r).
Remarque
Le plan passant passant par M et orthogonal à (Oz) est plan d’antisymétrie de D (plan

(M, #» u θ )), donc B (M) appartient à ce plan, ce qui est en accord avec le résultat
u r , #»
précédent.

En conclusion :

B (M) = B(r) #»
uθ.

b) Application du théorème d’Ampère

On applique alors le théorème d’Ampère en prenant pour contour orienté le cercle Γ d’axe
(Oz), passant par M.

Γ #»
B (M)


j

Figure 14.15 – Choix du contour pour le théorème d’Ampère.

La circulation du champ magnétique est :


˛ ˛ ˛
#» #»
CB = B (M) · dl M = B(r)dlM = B(r) dlM = B(r) × 2π r
M∈Γ M∈Γ M∈Γ

On calcule l’intensité enlacée Ienlacée en s’appuyant sur la figure 14.16. C’est le flux du vecteur
densité de courant à travers le disque délimité par Γ et orienté dans un sens que l’on déduit de

429
CHAPITRE 14 – C HAMP MAGNÉTOSTATIQUE

l’orientation de Γ par la règle de la main droite (ce sens est indiqué sur la figure). Le vecteur
( I
#» u si r < a,

2 z
densité de courant est : j = π a#»
0 si r > a.

M
r M a
dS
a r

dS

r<a r>a
Figure 14.16 – Calcul de l’intensité enlacée.

Il vient :
Ir2
• pour r < a , Ienlacée = jπ r2 = ,
a2
• pour r > a, Ienlacée = jπ a2 = I.
Le théorème d’Ampère s’écrit donc :

2

µ j π r 2 = µ0 Ir si r < a,
2π rB(r) = 0 2
 µ jπ a2 = µ aI si r > a.
0 0

c) Champ magnétique créé par le fil


On trouve donc le champ magnétique :
 #» µ0 jr #» µ0 Ir #» µ0 #» # »
 pour r < a : B (r) = 2 u θ = 2π a2 u θ = 2 j ∧ OM


#» # »


 pour r > a : #» µ0 ja2 #» µ0 I #» µ0 a2 j ∧ OH
B (r) = uθ = uθ = ,
2r 2π r 2 OH 2
où H est le projeté de M sur l’axe du fil. La dernière expression est intéressante car elle ne
dépend pas du système de coordonnées.
Tout problème à symétrie cylindrique se traitera de la même façon. L’étude des
☞ symétries et des invariances et le choix du contour d’Ampère sont identiques. La
seule chose qui change, c’est le calcul de l’intensité des courants enlacés par le
contour qu’il faut adapter à chaque situation.

d) Limite du fil infiniment fin


Si a tend vers 0, le fil devient infiniment fin et seul le deuxième cas existe.

430
E XEMPLES DE CALCULS DE CHAMP MAGNÉTOSTATIQUE

Le champ magnétique créé par un fil infiniment fin confondu avec l’axe (Oz) et par-
couru par un courant d’intensité I est :
# »
#» µ0 I #» u z ∧ HM
µ0 I #»
B (M) = uθ = , (14.9)
2π r 2π HM 2
où H est le projeté orthogonal du point M sur le fil.

Tout circuit filiforme étudié à une distance faible devant les autres dimensions du circuit est
assimilable à un fil infini : les lignes de champ au voisinage des circuits filiformes seront
toujours des cercles. Les différents exemples rencontrés plus haut le confirment.

5.3 Solénoïde long


L’expression du champ créé par une bobine longue a été vue en première année. Grâce au
théorème d’Ampère, nous allons établir cette expression.

a) Dispositif

On considère un solénoïde constitué de N spires circulaires enroulées sur un cylindre de


longueur ℓ, de rayon a.

a
i i

Nspires de rayon a sur une longueur ℓ


Figure 14.17 – Bobine longue ou solénoïde.

b) Rappel du cours de première année


La carte des lignes de champ magnétique créé par la bobine de la figure (14.17) a été étudiée
en première année. La figure 14.18 montre l’allure de ces lignes de champ.

zones où les effets de bords ne sont plus négligeables

zone de champ uniforme


Figure 14.18 – Lignes de champ magnétique d’une bobine.

Le résultat suivant a été admis : à l’intérieur d’une bobine longue, le champ magnétique est

431
CHAPITRE 14 – C HAMP MAGNÉTOSTATIQUE

quasiment uniforme, parallèle à l’axe (Oz) de la bobine et vaut



B = µ0 ni #»
uz
où n est le nombre de spires par unité de longueur.
Dans la suite, nous allons étudier le champ dans la zone où les effets de bords sont négli-
geables. Dans la pratique, cette zone est d’autant plus grande que le rapport a/ℓ est petit.

c) Champ créé par un solénoïde infini

i z

Figure 14.19 – Solénoïde infini.

Le solénoïde, de rayon a, comporte n spires par unité de longueur. Sa longueur L est très
grande devant son rayon a, on le considère comme infini.

Étude des symétries


• Le plan contenant le point M où on cherche le champ et orthogonal à (Oz) est plan de symé-

trie de la distribution de courants donc B (M) est orthogonal à ce plan :

u z.
B (M) = Bz (M) #»
• Le solénoïde est invariant par toute translation selon l’axe (Oz) et par toute rotation autour
de l’axe (Oz), donc : Bz (M) = B(r).
En conclusion :

B (M) = B(r) #»u z.

Utilisation du théorème d’Ampère On applique le théorème d’Ampère en prenant pour


contour orienté un rectangle situé dans un plan θ constant, de longueur h arbitraire.

r2
r1
z
Figure 14.20 – Circulation du champ le long d’un rectangle.


La circulation de B le long de ce contour est :
CB = B(r2 )h + 0 − B(r1)h + 0

Si r1 et r2 sont inférieurs à a, le contour est entièrement à l’intérieur du solénoïde donc il


n’enlace aucun courant. Le théorème d’Ampère s’écrit : CB = 0 et, d’après l’expression de

432
E XEMPLES DE CALCULS DE CHAMP MAGNÉTOSTATIQUE


CB : B(r2 ) = B(r1 ). Le champ est uniforme à l’intérieur du solénoïde. On le note B int =
Bint u z .

Si r1 et r2 sont supérieurs à a, le contour est entièrement à l’extérieur du solénoïde donc
il n’enlace aucun courant. On trouve de même : B(r1 ) = B(r2 ). Le champ magnétique est

uniforme à l’extérieur du solénoïde. On le note B ext = Btext #»
u z.
Pour un contour « à cheval » sur le solénoïde (r1 < a < r2 ), Ienlacée = −nIh (attention à
l’orientation respective du vecteur surface et du courant, voir figure 14.21).

h

dS
i
r2 a b
z
M
Figure 14.21 – Circulation du champ le long d’un rectangle.

Le théorème d’Ampère s’écrit pour ce contour :

Bext h − Binth = −µ0 nIh (14.10)

On admet que le champ à l’extérieur du solénoïde infini est rigoureusement nul : Bext = 0. Il
vient alors Bint = µ0 nI.

Un solénoïde infini crée le champ magnétique :


( #»
B int = µ0 nI #»
uz
#» #» (14.11)
B ext = 0

433
CHAPITRE 14 – C HAMP MAGNÉTOSTATIQUE

SYNTHÈSE

SAVOIRS
• vecteur densité de courant

• B est à flux conservatif
• théorème d’Ampère

• B est orthogonal à tout plan de symétrie de la distribution de courants qui le crée

• B appartient à tout plan d’antisymétrie de la distribution de courants qui le crée

• B est antisymétrique par rapport à tout plan de symétrie de la distribution de courants
qui le crée

• B est symétrique par rapport à tout plan d’antisymétrie de la distribution de courants qui
le crée
• champ créé par un fil rectiligne infini
• champ créé par un solénoïde long sans effets de bords

SAVOIR-FAIRE
• déterminer l’intensité du courant électrique traversant une surface orientée
• étude des symétries de la distribution de courants
• étude des invariances de la distribution de courants
• exploiter les symétries et invariances de la distribution de courants pour prévoir les pro-
priétés du champ créé
• choisir un contour et une surface adaptés aux symétries de la situation pour appliquer le
théorème d’Ampère
• reconnaître le caractère conservatif ou non du flux d’un champ de vecteur dont la carte
des lignes de champ est donnée
• orienter les lignes de champ magnétostatique créées par une distribution de courants

• associer l’évolution de la norme de B à l’évasement des tubes de champ
• vérifier qu’une carte de lignes de champ est compatible avec les symétries et les inva-
riances d’une distribution de courants
• déterminer le champ créé par un fil infini
• déterminer le champ créé par un solénoïde long sans effets de bords sachant que le
champ est nul à l’extérieur

MOTS-CLÉS
• flux conservatif • plan d’antisymétrie • fil infini
• circulation • invariance • solénoïde long sans effets
• plan de symétrie • symétrie cylindrique de bords

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