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CAHIER PRATIQUE

DOCUMENTS JUIN-JUILLET 2014

GUIDE À L’USAGE DES ÉLUS LOCAUX

Le logement social
et les politiques locales
de l’habitat

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S T RU IR E
CON 14
www.sema
ineh lm.fr

L ’AV EN IR  ! 14 22 JUIN 20

Partenaires officiels de la deuxième Semaine nationale des Hlm

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Le guide du logement social / Éditos

L’accès au logement :
un axe majeur des
politiques territoriales

P
ermettre à chacun d’accé- demande qui, si elle se concentre
der au logement est un axe dans les territoires les plus urbains,
majeur des politiques terri- s’exprime également dans les
toriales que mènent les élus petites villes et les zones rurales
communaux et intercommunaux. de notre territoire.
C’est un objectif exigeant car la Les lois récentes ont multiplié les
conduite de la politique de l’habi- outils pour faciliter la production de
tat doit être inscrite dans un projet logements et ont renforcé les dispo-

© S. GAUTIER
durable de développement, en cohé- sitifs spécifiques au logement social
rence avec les projets économiques, tant pour en accroître la proportion
Jacques Pélissard,
urbains, environnementaux comme minimale dans les zones tendues, président de
avec l’évolution sociologique du ter- que pour en adapter les condi- l’Association des
ritoire. Il est complexe à mettre en tions d’occupation et les modalités maires de France
œuvre parce qu’il requiert l’interven- d’attribution. Il convient maintenant
tion de nombreux acteurs et niveaux que les maires et présidents d’inter-
de décision. communalité, comme les acteurs
Cet objectif ne peut être atteint du logement social, s’approprient
qu’avec une intervention publique ces nouvelles règles et développent
diversifiée portant aussi bien sur les collaborations nécessaires à leur
la planification urbaine, la produc- mise en œuvre.
tion de foncier constructible, que Afin de les accompagner dans cette
sur le soutien aux programmes démarche, l’Association des maires
de construction, de rénovation ou de France et l’Union sociale pour
d’adaptation des logements. l’habitat ont décidé de réaliser ce
Le logement social tient une place nouveau guide commun permettant
particulière dans la politique de de mettre en perspective l’ensemble
l’habitat parce qu’il répond à la des outils existants, et susceptible,
demande des habitants les plus par l’acquisition d’une culture com-
modestes et participe à la mobi- mune, de faciliter la mise en œuvre
lité sociale et résidentielle des de projets d’habitat, notamment
populations. Les effets prolongés de logements sociaux, adaptés aux
de la crise économique ne font besoins des populations et au déve-
que renforcer son utilité face à une loppement des divers territoires. ◆

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Le guide du logement social / Éditos

Le logement pour tous,


notre métier,
notre engagement

L
e logement est devenu une Qui, mieux que l’élu local, est à
préoccupation majeure l’écoute de ces besoins ? Qui, mieux
pour nos concitoyens : coût, que lui, connaît le « marché local »,
accès au logement dès le ses ressources et ses carences ?
© DR USH - THOMAS GOGNY

début d’un parcours professionnel, De l’identification des besoins


taille, accessibilité… Les élus locaux à l’entrée des habitants dans un
sont souvent les premiers interpe- immeuble ou une maison, l’élu local
lés par leurs concitoyens qui cher- est l’un des piliers de la réussite d’un
chent à maîtriser leur dépense de projet de nouveaux logements. Avec
Jean-Louis Dumont, logement ou à accéder à un logement les organismes Hlm, il peut former
président de l’Union
sociale pour l’habitat
qui correspond à leur besoins. Cette une équipe gagnante, au service des
demande est une demande immé- orientations qu’il aura prises dans les
diate. Au quotidien, les organismes documents d’urbanisme et de plani-
Hlm sont les partenaires des collec- fication. Les organismes Hlm sont
tivités locales et des entreprises pour des opérateurs professionnels du
y répondre. logement, ils mèneront la recherche
Pourtant, le nombre de demandeurs des financements, ils réuniront
de logements sociaux ne cesse de architecte et entreprises, et ils res-
croître. C’est une conséquence de teront des partenaires de long terme
la crise qui frappe notre pays. C’est de la collectivité locale en assurant
aussi une responsabilité que le mou- la gestion de son patrimoine. Agir
vement Hlm assume en se fixant des pour le logement, c’est aussi une af-
objectifs ambitieux de production de faire de temps. Un mandat suffit à
nouveaux logements. peine pour voir les premiers résul-
Cette responsabilité nous impose tats de l’action.
un dialogue permanent et de qua- L’Association des maires de France
lité avec les élus locaux. Que ce soit et l’Union sociale pour l’habitat ont
pour produire les logements indis- donc souhaité vous proposer, dès ce
pensables au développement ou au début de mandat, un guide pour vous
maintien de l’activité et de l’emploi, aider, non à devenir des spécialistes
pour permettre aux jeunes ménages du logement, mais à vous repérer, à
de trouver un logement de qualité à avoir à la fois une vue d’ensemble
un prix abordable, pour accueillir de ce vaste champ et une approche
les retraités, pour réhabiliter le claire des principaux éléments qui
patrimoine dans un cœur de bourg composent une politique locale de
ou encore pour produire des loge- l’habitat adaptée à un territoire. C’est
ments très sociaux : les besoins sont le fruit de ce travail commun que
cruciaux autant que multiformes. nous vous remettons aujourd’hui. ◆

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Le guide du logement social / Sommaire

© PHOTOS : PIERRE-YVES BRUNAUD - VINCENT MONTHIERS - SABRINA MARTINEZ.


p.8 p.14 p.31

c. Aménager en lien avec la réalité b. Des acteurs économiques Photo de couverture :


Entretien ...................................... p.6 du territoire et sociaux qui contribuent Ecoquartier Alturan,
3. Intégrer le logement social à la cohésion sociale et à la mixité Habitat Sud Atlantic,
dans une stratégie de développe- Saint-Jean-de-Luz (64).
1re partie c. Vers des projets globaux, DR LEIBAR & SEIGNEURIN © MARTIN Y ZENTOL
ment durable ................................................p. 20 mieux intégrés aux politiques
Le logement social, a. Caractéristiques et spécificités intercommunales Photo de gauche et page 8 :
pourquoi ?................................ p.8 du logement social aujourd’hui Zac du Chêne Saint-Fiacre,
La Résidence Urbaine
1. Le logement social b. Bien insérer le logement social
3e partie de France (3F), Chanteloup-
répond aux problématiques dans la ville en-Brie (77)
d’aujourd’hui .........................................................p. 9 c. Des préoccupations Les logements Photo du milieu et
environnementales
a. Une société en mutation sociaux, pour page 14 : Résidence
b. Le logement social au cœur de La Canopée, Le Col,
ces enjeux 4. Mener une opération quels habitants ? .........p.31 à Bayonne (64)
de logement locatif social ......... p. 22 1. L’attribution des
2. Organismes Hlm : une mission a. Choisir un organisme Hlm Photo de droite et
logements sociaux : un dispositif
b. Choisir un mode opératoire page 31 : Résidence
d’intérêt général au service encadré ................................................................ p. 32
avec l’organisme du Pissot, OPH des Landes,
du territoire ................................................... p. 11 a. Les objectifs d’attribution à Tarnos (40)
a. Qui sont les organismes Hlm ? c. Définir un programme de des logements sociaux
b. Les organismes Hlm au service logements adaptés aux besoins b. Un processus d’attribution
du « mieux vivre ensemble » locaux qui associe différents acteurs
c. Le rôle important des élus locaux d. Les différents types de logements c. Le traitement de la demande
locatifs sociaux de logement social
2e partie 5. Le montage financier 2. Les réponses apportées
d’une opération de logement
Le logement social, locatif social ................................................. p. 24
aux ménages les plus
fragilisés .............................. p. 36
comment ? ..............................p.14 a. Le « tour de table des financeurs » a. Le rôle essentiel des aides
1. Bien connaître son territoire b. Sécuriser les investissements à la personne
pour répondre aux besoins en sur le long terme b. Des dispositifs partenariaux
logements ...................................................... p. 15 pour accompagner les ménages
a. La prise en compte des enjeux 6. Le rôle des organismes en difficulté
territoriaux à l’échelle pertinente Hlm dans l’accession sociale c. La prévention des expulsions
b. Les documents de planificaiton à la propriété ................................................ p. 26 d. Une gamme de solutions pour
c.Les documents de programma- a. Les différents dispositifs les personnes dont les difficultés
tion de la politique de l’habitat b. La vente Hlm ne sont pas seulement financières
d. Une vue d’ensemble
du marché local du logement 7. La gestion du patrimoine par 3. Favoriser le « vivre ensemble »
Coordination :
Elisabeth Gras,
e. Connaître la population pour l’organisme Hlm ................................... p. 27 dans les logements sociaux .... p. 40 chargée de communication
anticiper ses besoins a. Adapter le patrimoine en fonction a. Une gestion locative adaptée
institutionnelle à l’Union sociale
pour l’habitat.
des besoins b. Accompagner les locataires Sous la direction de :
2. Maîtriser le foncier pour b. La convention d’utilité sociale individuellement Joachim Soëtard, directeur
anticiper la construction de c. L’enjeu de la réhabilitation c. Développer la mobilité
de la communicaiton et des revues
logements sociaux .............................. p. 18 thermique des locataires
de l’Union sociale pour l’habitat.

a. Actions et outils à long terme Avec le concours de


d. La concertation avec l’ensemble des fédérations,
pour constituer des réserves 8. Mener des projets de renouvel- les habitants directions, services et filiales
foncières lement urbain dans de l’Union sociale pour l’habitat.
b. Actions à court terme pour rendre des quartiers Hlm ............................... p. 29 Et de Marie-Claude
le foncier plus accessible aux opé- a. L’habitat comme levier Glossaire Serre-Combourieu et
Valérie Brassart pour l’Association
rations de logement social de la transformation des quartiers et bibliographie .........p.42 des maires de France.

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Le guide du logement social / Introduction

ENTRETIEN

« Le logement social : un outil


au service des maires pour favoriser
le développement local »
Emmanuel Rivière, directeur de l’unité « stratégies d’opinion » de TNS Sofres, revient sur les principaux
enseignements d’une enquête sur la perception et les projets des candidats et des maires
en matière de logement social, réalisée début 2014 pour l’Union sociale pour l’habitat dans le cadre
de la campagne des élections municipales.

d’hui à se loger aux prix du marché), fortes attentes par rapport aux orga-
à l’accession facilitée à la propriété et nismes Hlm en matière de réduc-
à la rénovation thermique. Autant de tion de la consommation énergétique
sujets qui visent à redonner, en prio- des logements et de rénovation des
rité, du pouvoir d’achat. logements existants. Autres priorités
selon les maires : la dispersion des lo-
Quel rôle le logement social peut-il gements Hlm au sein de la commune
jouer selon eux en faveur du dévelop- et la mixité au sein du parc, l’adéqua-
pement local ? tion de l’offre et de la demande au
Candidats et maires prêtent au sein du parc social existant et l’ac-
logement social un certain nombre cession sociale à la propriété.
d’atouts au premier rang desquels
figure sa capacité à être un filet de Comment les élus perçoivent-ils les
sécurité pour les personnes confron- organismes Hlm en tant que parte-
tées subitement à un accident de la naires ? Dans quels domaines ce par-
vie. Deuxième atout : il permet de tenariat peut-il être renforcé ?
maintenir un dynamisme démo- Derrière le logement social, c’est
graphique. Le logement est ainsi vu toute l’ingénierie des organismes
© DR

par les maires comme un moyen Hlm qui est appréciée et sollicitée
efficace de rajeunir la population par les élus. Les organismes sont
et de maintenir sur le territoire les jugés positivement sur leurs mis-
Que nous apprend cette enquête services associés à cette population sions fondamentales : qualité des
sur la manière dont les élus envisa- (écoles, crèches, commerces…). Troi- logements, maîtrise de la progression
gent la question du logement sur leur sième atout : les potentialités du loge- des loyers, rigueur sur le plan de la
territoire ? ment social en matière d’innovation gestion. Mais ils sont aussi attendus
Le logement est, avec l’emploi, l’un sociale, architecturale, technique. sur leur capacité à délivrer du conseil
des premiers sujets de préoccupation Les écoquartiers, les résidences et de l’information, en particulier
des citoyens. Il est, on le sait, étroite- intergénérationnelles, les adapta- chez les candidats non sortants. Les
ment lié aux questions d’emploi, de tions de l’habitat aux personnes maires souhaiteraient notamment
pouvoir d’achat et de qualité de vie. à mobilité réduite en sont autant une information homogène, actua-
Pour les élus, élaborer une politique d’exemples. Enfin, ils considèrent le lisée et consolidée au niveau de la
du logement, c’est construire l’ave- logement social comme un véritable commune ou de l’intercommunalité,
nir de leur ville. Le logement joue outil d’aménagement de leur ville. sur l’état du parc social, sur les
à la fois les rôles de révélateur et de demandes des locataires Hlm et sur
moteur du dynamisme de leur com- Quelles sont les principales attentes les besoins de logements Hlm. Un
mune. Les élus sont donc particu- des élus vis-à-vis des organismes Hlm ? partenariat bien établi donc entre
lièrement sensibles, même s’il y a Le logement social est évoqué sys- maires et organismes Hlm, et le sou-
des contrastes géographiques forts, à tématiquement par les candidats et hait des élus qu’il soit renforcé en
l’accès au logement abordable (pour les élus comme l’un des principaux matière de collecte de l’information,
les plus démunis comme pour les outils dont ils disposent pour agir afin de piloter plus finement les pro-
classes moyennes qui peinent aujour- en matière de logement. Ils ont de jets d’aménagement de leur ville. ◆

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Le guide du logement social / Introduction

Parmi les thèmes suivants, lesquels seront Pour chacun des objectifs suivants des MÉTHODE
très débattus dans votre commune pendant organismes Hlm, pouvez-vous dire s’il vous semble DE L’ENQUÊTE
les mois qui viennent ? prioritaire ou secondaire dans votre commune ?
Réalisée du
Le logement, dont le logement Hlm ● Prioritaire ● Important mais pas prioritaire ● Secondaire ● NSP 2 décembre 2013
68 % au 10 janvier 2014,
Réduire la consommation énergétique des logements
La sécurité pour diminuer les charges des locataires 1%
l’enquête « Logement
56 % 76 % 23 % social : perceptions
Les impôts locaux Rénover les logements existants et attentes des
55 % 68 % 24 % 5% candidats et des
L’école Renforcer la mixité sociale maires » a comporté
52 % 54 % 35 % 10 % deux phases : une
L’emploi Se montrer conciliants avec les locataires qui ont première phase
51 %
des difficultés à payer leur loyer d’entretiens conduits
32 % 55 % 9% auprès de six maires
L’environnement
36 %
Rendre plus claires les conditions d’attribution des logements Hlm sortants (ou adjoints)
50 % 35 % 13 %
et de six candidats
Les transports en commun Construire davantage de Hlm pour répondre à la demande d’opposition,
32 % 40 % 37 % 21 %
suivie d’une phase
La circulation Permettre aux personnes modestes de devenir quantitative avec
propriétaires d’un logement neuf
30 %
36 % 40 % 23 % 200 interviews
La propreté
Permettre aux locataires Hlm en place de devenir
par téléphone,
26 % propriétaires de leur logement réalisées auprès de
Le pouvoir d’achat 32 % 38 % 29 % 120 maires sortants
21 % Démolir les tours et les barres Hlm et reconstruire de nouveaux logements et 80 candidats
34 % 20 % 21 % 3% d’opposition.

Selon vous, est-il facile ou difficile pour chacune Selon vous, les logements Hlm doivent-ils
des catégories suivantes de la population être attribués :
de trouver un logement adapté à ses moyens NSP
Uniquement 2%
et à ses besoins dans votre commune ?
aux plus démunis
● Très facile ● Assez facile ● Assez difficile ● Très difficile ● NSP 9%

Les personnes en situation professionnelle précaire


14 % 36 % 46 %
Maires et candidats *
3%
33 %
Les jeunes 56 %
22 % 38 % 37 %
Aux personnes À de larges
1% à revenus modestes catégories sociales
Les familles monoparentales
25 % 45 % 25 % NSP
4% Uniquement 1%
aux plus démunis
Les personnes âgées
38 % 40 % 14 % À de larges
5% 25 % catégories sociales
31 %
Les familles
42 % 38 % 11 % Ensemble des français **

5%
Les classes moyennes 43 %
7% 51 % 36 % 6% Aux personnes
à revenus modestes

* En 2014. ** Résultats « ensemble des Français » pour un baromètre d’image


réalisé par TNS Sofres pour l’Union sociale pour l’habitat en 2013.

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Zac du Chêne Saint-Fiacre, La Résidence Urbaine de France (3F), Chanteloup-en-Brie (77)

© PIERRE-YVES BRUNAUD
1re partie

Le logement social,
pourquoi ?
e logement est l’une des depuis plusieurs années : évolutions la propriété, permet de trouver des
L principales préoccupations des
citoyens avec l’emploi et le pouvoir
démographiques, évolution de la
composition des familles et des modes
réponses ajustées aux besoins des
territoires. Par ailleurs, le logement
d’achat. de vie, mais aussi évolution des social et ses opérateurs possèdent
Dans tous les territoires, qu’ils soient territoires et de leurs problématiques. des caractéristiques propres qui les
tendus ou détendus en termes Ils sont également liés à une distinguent des autres opérateurs
d’accès au logement, des attentes précarisation des ménages dans de la construction et de l’immobilier :
particulières s’expriment et des un environnement économique plus ces caractéristiques en font des
interpellations sont adressées aux difficile. partenaires pérennes des politiques
élus locaux. Ces besoins sont liés Dans ce contexte, le logement social, de l’habitat dans les territoires.
aux mutations connues par la société en locatif ou en accession sociale à

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Le guide du logement social / Le logement social, pourquoi ?

Le logement social répond


1 aux problématiques d’aujourd’hui

DR AQUITANIS © F.ACHDOU
Aquitanis, Bordeaux (33)

L a société est actuellement tra-


versée par des mutations impor-
tantes et par de nombreuses fractures.
des familles monoparentales et des
recompositions familiales crée de
nouveaux besoins.
Au niveau plus local, les équilibres
centre - périphérie tendent à se mo-
difier, sous l’influence des change-
Si les faits sont connus, il importe de ments de mode de vie. L’augmenta-
mettre en exergue quelques carac- La précarité augmente. La société est tion des coûts des transports ainsi
téristiques actuelles de la situation marquée par des écarts de revenus que les exigences environnemen-
française qui semblent plus particu- de plus en plus importants dans la tales obligent à poser la question de
lièrement impacter la politique du population. Les ménages les plus la densité dans les villes. Les centres-
logement et le logement social. modestes se paupérisent, notam- villes et les lieux à proximité d’infras-
ment du fait d’une précarisation tructures de transports en commun
Une société en mutation du travail : chômage, CDD, temps connaissent un regain d’attractivité.
partiels subis. L’ascension sociale Enfin, les choix résidentiels sont
La population française s’accroît. Si les connue hier entre deux générations fortement liés aux problématiques
tendances démographiques récentes n’est plus évidente aujourd’hui, y d’emploi. Le développement écono-
se maintiennent, la France métro- compris pour les classes moyennes. mique concerne les grandes villes,
politaine comptera, selon l’Insee, mais l’attractivité des espaces périur-
73,6 millions d’habitants en 2060, Des stratégies résidentielles nouvelles bains s’est développée. En tout état
soit 11,8 millions de plus qu’en 2007. et des enjeux d’attractivité du terri- de cause, le logement est un vecteur
Simultanément, la composition par toire. À l’échelle régionale, l’Insee d’attractivité pour les entreprises qui
tranches d’âge connaît de profondes constate des mouvements impor- désirent s’installer dans un territoire,
transformations. En 2060, les 60 ans tants vers l’ouest et le sud qui vont mais aussi un accompagnateur de
et plus représenteraient près d’un continuer de se renforcer. Des zones leur implantation, qui permet l’ins-
tiers de la population. rurales connaissent un regain de tallation de leurs salariés.
dynamisme. Dans d’autres régions, Le logement, qui occupe en moyenne
Les modes de vie évoluent. On se l’attractivité serait moins forte, mais près de 24 % de leurs dépenses, est
marie plus tard, on divorce, on il pourrait être nécessaire de pro- une préoccupation importante des
refonde une famille… L’augmenta- duire une offre de logement écono- ménages. Pour de nombreuses per-
tion du nombre des ménages isolés, miquement plus abordable. sonnes simplement modestes, et ◗◗◗

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Le guide du logement social / Le logement social, pourquoi ?

◗◗◗ pas seulement les plus démunies, Trouver un logement lorsque l’on longueur des délais d’attente. La loi
se loger aux conditions du marché débute dans la vie, que l’on alterne de mobilisation pour le logement et
pose problème. Selon un sondage des stages, des CDD, ou avec un la lutte contre l’exclusion de 2009
récent (1), 55 % des Français, toutes CDI peu rémunéré, est souvent permet de créer des dispositifs sim-
catégories sociales confondues, pen- un parcours semé d’obstacles. Un plifiés pour les moins de 30 ans, qui
sent que leurs enfants auront un jour grand nombre de jeunes adultes peuvent, dans le cadre de la politique
besoin d’un logement social. sont contraints de rester chez leurs locale, obtenir un contrat de bail d’un
parents, d’autres doivent s’éloigner an, renouvelable une fois.
Le logement social de leur ville d’origine pour trou- Depuis plusieurs années, les per-
au cœur de ces enjeux ver un logement locatif accessible. sonnes âgées sont de plus en plus
Pourtant, garder des jeunes dans une nombreuses à se tourner vers les
Le logement social est traditionnel- commune est un gage d’avenir. Plus organismes Hlm. Au fil du temps,
lement le logement « familial ». S’il tard, lorsque ces jeunes fonderont leur logement peut être devenu trop
joue un rôle de solidarité pour les une famille, ils permettront de main- grand, trop cher et souvent éloigné
plus modestes, il a aussi vocation à tenir une classe ou une école, ce qui du centre-ville. En offrant un loyer
accueillir des classes moyennes, des peut s’avérer important pour la vie abordable, une localisation plus
professions intermédiaires, comme en milieu rural. Le logement social proche des services mais aussi des
des instituteurs, des infirmières, constitue alors une solution, même possibilités d’adaptation en cas de
lorsque les prix du marché sont éle- de façon transitoire, pour les aider handicap, le logement social appa-
vés, etc. Il remplit, dans les terri- à démarrer dans la vie. Cependant, raît alors comme une solution. Les
toires, un rôle important en faveur de l’accès au logement social peut être organismes Hlm adaptent leur ges-
la mixité sociale et générationnelle. difficile pour les jeunes, du fait de la tion pour répondre à ces attentes.
Concernant le handicap moteur ou
mental, les organismes Hlm appor-
tent des réponses individualisées en
FOCUS adaptant des logements dans le parc
La diversité de l’habitat et l’obligation des 25 % ou 20% existant et en produisant une offre de
de logements sociaux dans certaines communes logements neufs accessibles, confor-
mément à la loi « handicap »de 2005.
L’article 55 de la loi « solidarité et – les résidences sociales et les logements
renouvellement urbains » (SRU) du foyers de personnes âgées, de personnes Des actions partenariales visent à
13 décembre 2000 a créé l’obligation pour les handicapées, de jeunes travailleurs rapprocher l’offre de la demande,
communes de 3 500 habitants (1 500 en Île- et de travailleurs migrants, s’ils sont notamment par le repérage de l’offre
de-France) appartenant à un EPCI ou à une conventionnés, ainsi que les places dans adaptée existante (conventions avec
agglomération de plus de 50 000 habitants les centres d’hébergement ; les hôpitaux).
comprenant au moins une commune de plus – certains logements à vocation sociale
de 15 000 habitants de disposer d’au moins appartenant aux collectivités locales ou Pour les personnes en situation pré-
20 % de logements locatifs sociaux d’ici à à l’État. caire, en situation de réinsertion,
2020. Son objectif est de renforcer l’offre Les logements en accession sociale à la ou qui connaissent simplement des
de logements disponibles pour les ménages propriété ne sont pas comptabilisés. difficultés, les organismes Hlm pro-
à revenus modestes, et de s’assurer une Les communes qui n’atteignent pas le seuil posent un panel de solutions alter-
répartition équilibrée du logement social sur requis (20 ou 25 %) sont soumises à un
le territoire. prélèvement obligatoire et doivent s’engager natives en logement ou en héberge-
Ce seuil a été relevé à 25 % par la loi du dans un plan de rattrapage comportant des ment : logement très social, CHRS,
18 janvier 2013. Toutefois, le taux de 20 % objectifs intermédiaires triennaux. La loi résidences sociales, maisons relais,
est conservé pour les communes situées de 2013 a renforcé le rythme de rattrapage : logement d’insertion (voir p. 38)
dans des zones où il y a peu de tensions sur 25 % minimum du déficit en 2014-2016, Pour toutes les familles, les orga-
le marché du logement. La loi élargit aussi 33 % en 2017-2019, 50 % en 2020-2022 et
l’appréciation du taux de 20 % aux communes 100 % en 2023-2025. À chaque fin de période
nismes Hlm aident à construire des
de plus de 15 000 habitants hors périmètre triennale, un bilan est établi. Si les communes parcours résidentiels, qui peuvent
SRU en forte croissance démographique(1). soumises au prélèvement n’ont pas tenu leur conduire vers un logement social
Chaque année, un inventaire des logements engagement triennal, le préfet peut engager mieux adapté aux besoins, mais
locatifs sociaux comptabilise(2) : une procédure de constat de carence. Dans aussi vers le logement intermédiaire
– les logements locatifs des organismes ce cas, le préfet fixe par arrêté, pour une
Hlm (à l’exception des logements construits durée maximale de trois ans, le taux de la
ou encore l’accession sociale à la pro-
depuis 1977 et non conventionnés) ; majoration du prélèvement obligatoire qui priété sécurisée. Cependant, le loge-
– les logements locatifs conventionnés (ou ne peut être supérieur à cinq fois le montant ment social ne peut répondre seul à
récemment déconventionnés), soumis à des du prélèvement. toutes les questions et les politiques
conditions de ressources, des autres bailleurs locales de l’habitat doivent veiller à
(EPL, bailleurs privés personnes physiques ou
morales…) ; (1) La liste des communes et agglomérations concernées par mobiliser et à articuler tous les seg-
l’objectif de 20 % est précisée par le décret n° 2013-671 du ments du parc de logements. ◆
– les logements des SEM d’outre-mer et de 24 juillet 2013. Elle est consultable sur www.legifrance.gouv.fr
certaines entreprises minières ; (2) Cf. article L302-5 du code de la construction et de l’habitation.
(1) Baromètre de l’image du logement social, réalisé
par TNS Sofres pour l’USH, mai 2013.

10

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Le guide du logement social / Le logement social, pourquoi ?

Organismes Hlm : une mission


2 général au service du territoired’intérêt

DR EXPANSIEL PROMOTION GROUPE VALOPHIS / ATELEIR D’ARCHITECTURE GERA © F.ACHDOU


Programme mixte sur un ancien site industriel, Expansiel Promotion Groupe Valophis, Athis-Mons (91)

réés au début du XXe siècle, les


C organismes Hlm sont des opé-
rateurs sociaux porteurs d’une mis-
intercommunaux ou départemen-
taux, sont des établissements publics
locaux rattachés à une collectivité
à la propriété destinées à des mé-
nages à revenus modestes. Elles peu-
vent également réaliser et gérer des
sion d’intérêt général. Il en existe locale ou à un établissement public logements locatifs sociaux et déve-
aujourd’hui 755, répartis sur l’en- de coopération intercommunale loppent les missions de syndic soli-
semble du territoire. Ces opéra- doté de la compétence « habitat ». daire de copropriété.
teurs ont des statuts juridiques dif- Ils conçoivent et réalisent des opéra- Trois autres familles d’opérateurs
férents, qui s’expliquent par leur tions de logement locatif et des opé- peuvent concourir à la réalisation
histoire et, dans certains cas, par rations d’accession à la propriété. Ils de logements sociaux :
leurs missions. sont aussi aménageurs ; – les sociétés anonymes coopératives
– les entreprises sociales pour l’habi- d’intérêt collectif pour l’accession à la
Qui sont les tat (ESH) sont des sociétés investies propriété (Sacipap), anciennement
organismes Hlm ? d’une mission d’intérêt général. Elles sociétés anonymes de crédits
exercent les mêmes activités que les immobiliers, ne sont pas Hlm au sens
Il existe trois familles d’organismes OPH ; du titre IV du code de la construc-
Hlm : – les sociétés coopératives d’Hlm réa- tion et de l’habitation, mais elles réa-
– les offices publics de l’habitat (OPH) lisent principalement des opéra- lisent des opérations d’accession à
(ex-OPHLM et Opac), communaux, tions d’accession sociale sécurisée la propriété pour des ménages ◗◗◗

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Le guide du logement social / Le logement social, pourquoi ?

DR USH © F.ACHDOU
La mixité et la diversité, moteurs de l’action des organismes Hlm

◗◗◗ sous plafond de ressources. Au taires occupants modestes par le biais tion de logements sociaux intervien-
titre de leurs missions sociales, elles de microcrédits (1) ; nent selon des conditions équiva-
accompagnent également des accé- – les entreprises publiques locales lentes à celles des organismes Hlm ;
dants à la propriété et des proprié- (EPL) (2) de construction ou de ges- – en outre, les organismes privés agréés
« maîtrise d’ouvrage d’insertion » (MOI)
par l’État, en majorité d’origine asso-
ciative, interviennent dans le champ
FOCUS du logement très social, des foyers,
Mixité sociale, diversité sociale : des concepts à la pratique des résidences sociales ou des pen-
Les notions de mixité et de diversité sociales d’apparence ou de condition physique »(2). sions de familles.
sont définies par la loi. Elles fixent un cadre S’il est impossible, et sans doute vain, de
pour l’action des organismes Hlm : l’objectif de chercher à déterminer le « bon degré » de mixité Les organismes Hlm
diversité de l’habitat résulte de l’article 16 de la ou de diversité pour que ces personnes ou au service du « mieux vivre
loi d’orientation pour la ville de 1991 et l’objectif groupes coexistent harmonieusement, nous
de mixité sociale des villes et des quartiers est connaissons les effets de l’absence de mixité
ensemble »
inscrit dans la loi de lutte contre les exclusions sociale et ses conséquences.
de 1998 et dans le CCH à l’article L411(1). D’une façon générale, la réalisation de logements Tous les organismes Hlm sont por-
Bien qu’actées par la loi, la diversité et la mixité sociaux nouveaux est une solution pour teurs d’une mission d’intérêt géné-
sociales restent des notions difficiles à définir. permettre de satisfaire une pluralité d’impératifs. ral. Par la réalisation de logements
Loin de se réduire à la seule dimension de Elle représente un enjeu pour les politiques de
locatifs ou en accession à la pro-
l’habitat, elles renvoient à la dimension urbaine l’habitat : davantage de logements sociaux, bien
et notamment aux questions de transports, de répartis sur le territoire des agglomérations pour priété, ils répondent aux attentes
services et d’école. Leur promotion exige des y accueillir différentes catégories de ménages, des catégories sociales qui ne peu-
engagements importants pour aller à l’encontre dont les jeunes et les classes moyennes, ne vent se loger correctement aux prix
de la tendance des marchés à la ségrégation pouvant se loger de façon satisfaisante dans du marché. Ils ont vocation à pro-
territoriale et au souhait de « l’entre-soi ». les conditions du marché. Mais également plus
duire, gérer et adapter des logements
La mixité sociale doit fonctionner comme de logements pour accueillir les personnes
une ligne directrice permanente de l’action défavorisées dans une situation de mixité sociale de haute qualité technique, archi-
locale. Elle renvoie à la question de l’équilibre des villes et des quartiers. tecturale, urbaine et environnemen-
permettant la cohésion sociale et le vivre tale. En ce sens, ils sont au service
ensemble, mais aussi à l’égalité des chances. (1) L’article L411 du CCH et l’article L121-1 du code de l’urbanisme
se réfèrent à une obligation de mixité sociale et urbaine. Les notions du « mieux vivre ensemble » dans
La Halde définit la diversité sociale de manière de mixité et de diversité sont aussi très présentes dans la loi « SRU ». les villes et les quartiers.
large : elle doit être entendue « en termes de Mais on les retrouve également dans la loi « libertés et responsabilités
niveaux de revenu et d’éducation, mais aussi en locales » à propos du PLH, la loi portant engagement national pour le Cette mission sociale engage les
logement et la loi « Dalo ».
termes d’origines géographiques, culturelles, (2) Définition de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et
organismes à produire des logements
ethniques, d’âge, de compositions familiales, pour l’égalité, rapport sur la diversité sociale dans l’habitat, octobre 2007. auxquels sont attachées des obliga-
tions particulières :

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Le guide du logement social / Le logement social, pourquoi ?

– des performances techniques


exigeantes ; FOCUS
– un loyer ou un prix de vente
maximum ;
Logement Hlm, logement social, logement aidé, quelles différences ?
– des conditions d’accès définies : des Lorsque l’on parle de logement social, il logements construits sous l’impulsion de ces
ressources plafonnées, des priorités s’agit traditionnellement – et dans ce guide dispositifs ont été conçus selon des logiques
– des logements gérés par les organismes d’investissement plutôt qu’en réponse à des
pour choisir entre les demandeurs ;
Hlm ou par des EPL. Son caractère social besoins locaux en logement. Il arrive qu’ils ne
– des garanties pour les locataires et est pérenne, il est lié à l’habitation et non trouvent pas de locataire. Le récent dispositif
les accédants : le droit au maintien au ménage qui l’occupe. Il fait l’objet de « Du˜ ot » réoriente l’aide à l’investissement
dans le parc social, la sécurisation caractéristiques précises et d’obligations liées locatif vers une production plus sociale.
des accédants à la propriété ; à ses financements. Les pouvoirs publics apportent également
Le terme de logement « aidé » est plus général leur soutien à l’accession à la propriété. Les
– des services spécifiques gratuits : ni
que celui de « logement social » : il s’agit offices publics de l’habitat, les entreprises
commission ni frais de dossier pour de logements avec un conventionnement à sociales pour l’habitat et les coopératives Hlm
accéder au logement ; vocation sociale ou intermédiaire. Le parc mettent en œuvre des formes d’accession
– des obligations en matière de privé existant bénéficie d’aides publiques, sociale encadrées par des plafonds de prix
concertation locative ; notamment les logements conventionnés avec et de revenus, les acquéreurs bénéficiant de
ou sans travaux, avec les aides de l’Agence garanties de rachat et de relogement pour
– l’organisation d’un précontentieux
nationale de l’habitat. En contrepartie d’une faire face aux aléas de la vie personnelle ou
et des obligations en matière de pré- aide financière publique, le propriétaire professionnelle.
vention des expulsions. conventionne son logement, c’est-à-dire qu’il Dans le cadre d’un partenariat équilibré avec
La mixité sociale (voir focus page s’engage – pour une durée limitée (six ou neuf les collectivités locales, cette accession peut
précédente) est une mission fonda- ans) – à louer son logement à des personnes aussi être accompagnée de clauses dites
sous un certain niveau de ressources défini. anti-spéculatives.
mentale, inséparable de l’accueil de
La contrepartie sociale est moins importante Bien souvent, les élus locaux accompagnent
ceux qui rencontrent des difficultés. et sa durée plus courte que pour un logement ces différents dispositifs par des aides de
Par rapport à d’autres acteurs de social. Une exception : les logements produits forme très variée. Le mécanisme du « prêt à
l’habitat, deux caractéristiques fon- par quelques opérateurs spécialisés dans le taux zéro », dont les ciblages et les modalités
dent la spécificité des organismes logement très social. ont été modifiés plusieurs fois ces dernières
Par ailleurs, des aides fiscales dites années, apporte également une aide
Hlm :
« Robien » ou « Scellier » ont visé à encourager financière aux accédants.
– leurs engagements sociaux et terri- l’investissement locatif privé. En contrepartie Le caractère social de ces différents
toriaux pérennes (pas de déconven- de l’aide fiscale, les logements sont dispositifs est plus ou moins marqué. Il
tionnement des logements au bout de conventionnés et les loyers sont plafonnés. est important de clarifier les termes de
quelques années à la différence des Cependant, ce conventionnement est limité comparaison des coûts et des contreparties
dans le temps et les loyers restent trop sociales pour les différents types de
logements privés conventionnés) ;
élevés pour jouer véritablement un rôle logements afin de mesurer les avantages réels
– leur mission d’intérêt général qui social. En outre, dans certains territoires, des apportés à la collectivité.
se traduit par des règles : réinves-
tissement des résultats dans leur
activité, place donnée aux collecti-
vités locales, aux habitants et aux vent présenter des demandes aux té dans l’un des quatre collèges du
partenaires dans leurs instances de opérateurs Hlm pour siéger dans conseil d’administration.
décision. les instances, si des sièges réser- – réforme des offices publics de
vés aux collectivités locales sont l’habitat (2007) : la collectivité de
Le rôle important des élus vacants. Depuis 2003, la place des rattachement dispose de la majorité
locaux collectivités locales dans les ins- des voix au conseil d’administration.
tances des organismes s’est accrue La loi « Alur » prévoit par ailleurs
Les élus locaux sont représentés très fortement : que les offices communaux dont
dans les conseils d’administration – réforme des ESH (SA Hlm) la collectivité de rattachement est
de chaque organisme Hlm, quel (2003) : les collectivités locales siè- membre d’un établissement public
que soit son statut. Il est important gent de façon obligatoire au conseil de coopération intercommunale doté
que les représentants des collecti- d’administration ; de la compétence habitat soient rat-
vités locales occupent cette place – réforme des coopératives d’Hlm tachés à ce dernier au plus tard le
qui leur est réservée dans les ins- (2003) : les collectivités locales sont 1er janvier 2017. ◆
tances. Elle leur permet de partici- désormais obligatoirement asso-
per en amont aux choix stratégiques ciées au capital des sociétés coopé- (1) Dans le cadre d’une convention signée avec
l’État, les Sacipap accompagnent des publics
qui présideront à l’action des orga- ratives d’intérêt collectif d’Hlm (Scic spécifiques vers l’accession sociale. Elles
interviennent également auprès de propriétaires
nismes dans les territoires. Si elles d’Hlm) ; occupants pour favoriser l’adaptation de leur
n’ont pas été sollicitées, les collec- – réforme des Sacipap (ex-Crédit logement au vieillissement ou au handicap ou
encore dans le cadre de la lutte contre l’habitat
tivités locales dont une part impor- immobilier) (2006) : les collectivi- indigne, la lutte contre la précarité énergétique et
tante du patrimoine de l’organisme tés locales sont « associées obliga- l’aide aux copropriétés dégradées.
(2) Nouvelle dénomination des sociétés d’économie
se trouve dans leur territoire peu- toires » et disposent de la majori- mixtes (SEM).

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Résidence La Canopée, Le Col, Bayonne (64)

DR COOPÉRATIVE LE COL © VINCENT MONTHIERS


2e partie

Le logement social,
comment ?
uel territoire veut-on construire d’entreprises. Combiné à d’autres réussite de l’ensemble des politiques
Q pour l’avenir ? Face aux enjeux
de notre société, l’action publique
leviers, il joue un rôle important dans
la prolongation ou l’in˜ échissement
assurant le développement du
territoire.
locale vise à apporter des réponses à des tendances démographiques : La politique du logement sur un
travers un projet de territoire, autour logements pour les familles ou les territoire, c’est l’habitat privé, qu’il faut
de trois axes : emploi, services et jeunes et maintien d’une classe développer ou rénover, mais aussi le
logement. à l’école, logements adaptés à la logement social.
Ce dernier occupe toute sa place dans population vieillissante et soutien au L’objet de cette deuxième partie
ce projet. Il accompagne et renforce secteur des services à la personne, etc. est d’expliquer, à partir des besoins
les politiques de développement Dans ce contexte, mener une politique identifiés, la genèse d’une opération
économique et d’implantation de logement, c’est contribuer à la de logement locatif social.

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Le guide du logement social / Le logement social, comment ?

Bien connaître son territoire pour


1 répondre aux besoins en logements
L oger les jeunes qui quittent le
domicile de leurs parents, main-
tenir des personnes âgées à domicile
contexte plus large dans lequel elle
se situe. Pour cette raison, la prise
en compte des échelons supracom-
lions d’habitants (72 % de la popu-
lation française), regroupaient 21 208
communes (58 % des communes
dans des logements adaptés, trou- munaux, ainsi que la connaissance françaises) et couvraient 45 % du ter-
ver un logement pour l’institutrice de leurs documents de planification ritoire national.
ou le jeune cadre qui débute dans (Scot) et de programmation (PLH), Le plan local d’urbanisme (PLU) (2)
une entreprise locale, permettre à un est essentielle. Ces documents pré- est le document d’urbanisme de
couple qui se sépare de trouver deux sentent des diagnostics et fixent des l’intercommunalité (ou le cas échéant
logements adaptés aux revenus de orientations qui apportent des infor- de la commune) qui définit le pro-
chacun… Ces préoccupations, bien mations indispensables et ont des jet global d’aménagement du terri-
connues des élus interpellés par leurs incidences pour les échelons com- toire et précise l’utilisation des sols.
concitoyens, traduisent les besoins de munaux. Si ces documents n’exis- Il doit être compatible avec le Scot et
logements sociaux d’une commune. tent pas, ils peuvent être rédigés à conforme au PLH. Avec la loi « SRU »
Mais au-delà, comment connaître l’initiative des acteurs locaux en et la récente loi « Alur », le PLU est
précisément les besoins par rapport mobilisant leurs partenaires. aussi devenu un instrument de la
aux logements disponibles ? lutte contre l’étalement urbain. Son
L’intervention des élus en matière de Les documents de rapport de présentation doit analyser
logement se conçoit à partir d’une planification. la capacité de densification et de ◗◗◗
connaissance fine des dimensions
économiques, sociales et urbaines Avec la loi « Alur », le schéma de
de leur territoire. Cela suppose d’ana- cohérence territoriale (Scot) (1)
lyser les caractéristiques et les évo- est devenu le document central, VAR (83)
lutions de la population du terri- intégrant l’ensemble des schémas L’observatoire départemental
toire, pour comprendre les moteurs et normes locales de développe- de l’habitat du Var
des comportements résidentiels des ment territorial. Il met en cohé- Créé en 2011 par le conseil général avec l’agence
habitants, qui déterminent le marché rence les politiques publiques d’ur- d’urbanisme de l’aire toulonnaise et du Var (AU[dat]-
Var), l’observatoire départemental partenarial de
local du logement sur lequel on sou- banisme, d’habitat, de transports et
l’habitat a pour but d’éclairer les décisions des
haite intervenir. de commerce des intercommunali- acteurs locaux en matière d’habitat. Au sein du
Le choix de l’échelle d’observation est tés – au minimum deux EPCI – qui comité de pilotage et du comité technique siègent les
primordial. Il détermine l’efficacité de l’élaborent pour répondre aux en- représentants du conseil général, de l’État, des EPCI,
la stratégie d’intervention. Une obser- jeux de développement d’un bas- de l’AU[dat]-Var et de l’Adil. Un comité technique
élargi réunit, en plus des précédents, l’ensemble
vation sur un territoire trop restreint sin d’habitat ou d’un pays. À par-
des professionnels de l’habitat, du logement et de
occultera les vrais phénomènes en tir d’un diagnostic, le Scot précise l’immobilier : l’association régionale Hlm Paca et
cours et en gênera la compréhension. les objectifs d’aménagement et Corse, la chambre des notaires, les promoteurs, les
Une observation sur un territoire trop d’urbanisme, y compris en matière constructeurs, les agents immobiliers, l’observatoire
large ne guidera pas suffisamment d’équilibre social et de construc- immobilier de Provence, les banques, l’EPF Paca, les
chambres consulaires…
le choix des priorités d’action et des tion de logements sociaux. Il com-
À partir des données et analyses communiquées par
volets d’intervention.Les besoins en prend aussi une analyse du potentiel une dizaine de fournisseurs de statistiques (Insee,
logements s’apprécient à un moment de densification et de mutation de direction générale des finances publiques, Min.
donné, mais ils doivent surtout s’ins- l’ensemble des espaces bâtis pour not-Perval, direction régionale de l’environnement,
crire dans une évolution probable. À limiter la consommation d’espaces de l’aménagement et du logement Paca, CAF, etc.)
et par chaque acteur impliqué dans l’observatoire,
partir des constats actuels, quel scéna- naturels, agricoles ou forestiers. Son
sont élaborés des tableaux de bord statistiques qui
rio souhaite-t-on écrire pour l’avenir ? élaboration associe l’État et tous les dressent un état des lieux pratique et concret de
échelons de collectivités locales et chacune des 153 communes du département et de
La prise en compte leurs groupements concernés. Il est leurs ECPI. Les intercommunalités s’en inspirent pour
des enjeux territoriaux souhaitable d’y associer les orga- élaborer, suivre ou revoir leur PLH. En 2014 est prévue
la parution d’un document intitulé « Photographie de
à l’échelle pertinente nismes de logement social.
l’habitat », premier état des lieux complet de l’habitat
Au 1er janvier 2013, les services du dans le Var et ses territoires. Il sera complété les
La connaissance de son territoire, ministère de l’Égalité des territoires années suivantes par des notes de conjoncture et des
notamment pour la commune, et du Logement avaient dénombré études approfondissant certaines problématiques.
passe par la compréhension du 407 Scot qui concernaient 47 mil-

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Le guide du logement social / Le logement social, comment ?

◗◗◗ mutation de l’ensemble de l’es- sure ou tout élément d’information Le plan départemental de l’habitat
pace bâti et exposer les modalités per- nécessaire à la mise en œuvre de la (PDH) (4), initié en 2006, vise à faci-
mettant de densifier ces espaces, tout politique de l’habitat. liter la coordination des différentes
en limitant la consommation d’es- politiques de l’habitat sur l’ensemble
paces agricoles, naturels ou forestiers. Les documents du territoire concerné. Il est élaboré
En outre, il doit établir un inven- de programmation de pour six ans. Il peut aider à assurer
taire des capacités de stationnement la politique de l’habitat la cohérence entre les territoires do-
et des possibilités de mutualisa- tés d’un PLH et ceux qui ne le sont
tion des espaces de stationnement. Le programme local de l’habitat (PLH) pas, en particulier dans les territoires
Il comprend une partie d’orienta- (3) est le document stratégique qui ruraux.
tion, le projet d’aménagement et de énonce la politique du logement à
développement durable (Padd). Celui- l’échelon intercommunal pour six Une vue d’ensemble
ci inscrit la commune dans le cadre ans. Il vise à répondre aux besoins en du marché local du logement
plus large du bassin de vie et définit logements et en hébergement, à favo-
les infrastructures nécessaires, mais riser le renouvellement urbain et la Pour être efficace, la réponse aux
aussi les logements attendus. mixité sociale et à améliorer l’acces- besoins en logements doit s’ap-
La loi « Alur » instaure le transfert sibilité du cadre bâti aux personnes puyer sur une stratégie de régula-
automatique de la compétence PLU handicapées. Ceci en assurant entre tion du marché immobilier dans le-
aux intercommunalités (communau- les communes et entre les quartiers quel se situe la commune. À cette
tés de communes et d’aggloméra- d’une même commune une réparti- fin, il est nécessaire d’avoir une vue
tion) au terme d’un délai de trois ans tion équilibrée et diversifiée de l’offre de l’ensemble des logements exis-
suivant sa promulgation. Cependant de logements. tants dans le territoire, selon leur sta-
un mécanisme de minorité de blo- Le PLH est élaboré par toutes les tut d’occupation (locatif privé, loca-
cage permet aux maires de s’opposer communautés de communes com- tif social, accession à la propriété),
au transfert de la compétence PLU au pétentes en matière d’habitat de plus leur nature (individuel ou collec-
niveau intercommunal s’ils rassem- de 30 000 habitants comprenant au tif, taille et typologie des logements,
blent un quart des communes repré- moins une commune de plus de places d’hébergement, etc.), leur qua-
sentant au moins 20 % de la popula- 10 000 habitants, par les communau- lité (vacance, insalubrité, etc.) et leur
tion d’une communauté. tés d’agglomération, les métropoles prix (redevances, loyers, charges,
Lorsqu’il est élaboré par un EPCI, le et les communautés urbaines. prix d’acquisition, etc.). Dans un se-
PLU peut tenir lieu de programme Le PLH comprend un diagnostic cond temps, l’analyse des marchés
local de l’habitat. Il comprend alors sur le fonctionnement des marchés (prix, volume, tendance) et des flux
également un programme d’orienta- du logement et sur la situation de permet d’identifier des produits, des
tions et d’actions où figure toute me- l’hébergement, un document d’orien- quartiers où la demande ne trouve
tation et un programme d’action, avec pas de réponse ou bien l’offre, de
notamment le nombre de logements preneurs.
BASSE-NORMANDIE sociaux à réaliser. Il définit les objec- Dans le secteur privé, l’informa-
Le travail statistique mené par tifs et les moyens de l’amélioration tion est très dispersée : les agences
l’association régionale pour l’habitat social du parc existant et du développe- immobilières et leurs réseaux ou
Basse-Normandie dans le cadre des PLH ment de l’offre, pour l’habitat social les notaires permettent d’avoir une
L’association régionale pour l’habitat social Basse- et privé, en tenant compte de l’équi- connaissance indicative du sec-
Normandie est régulièrement sollicitée par les EPCI libre social. Il inscrit l’habitat dans teur privé en accession ou location.
qui lancent ou actualisent un PLH. Elle participe une logique de développement ter- Dans les marchés les plus tendus,
au diagnostic et au suivi du PLH en fournissant et ritorial qui implique l’urbanisme, les les observatoires des loyers en cours
analysant des statistiques issues des organismes
Hlm, fondées sur des indicateurs homogènes portant transports et le développement éco- d’expérimentation dans 19 sites –
sur le patrimoine existant, l’occupation du parc nomique et social. Le PLH prend éga- à terme dans 28 agglomérations de
social, la demande de logements locatifs sociaux et lement en compte les besoins géné- plus de 50 000 habitants – permet-
les attributions. Sous réserve du respect du secret rés par les projets de renouvellement tront aussi d’avoir une vision fiable
statistique, ces données sont fournies à l’échelle urbain des quartiers, en termes de du niveau des loyers dans les loge-
communale et à celle de l’EPCI avec un zoom sur les
zones urbaines sensibles et une comparaison avec relogement, de reconstitution d’offre ments occupés ainsi que de ceux
le département qui sert de référence. La fourniture de logements abordables et d’objec- proposés à la location.
de ces données fait l’objet d’une convention de mise tifs de peuplement. Il détaille les ac- La demande de logement social,
à disposition gracieuse par laquelle la collectivité tions par commune ou par secteur. Il récemment simplifiée et centralisée
s’engage à faire participer l’association régionale est à noter que les PLH peuvent aussi dans le système national d’enregis-
aux analyses tirées de ces statistiques. Ces résultats
viennent compléter l’analyse des besoins en
comprendre un « volet foncier » per- trement de la demande (SNE), est
logements par zone urbaine réalisée et régulièrement mettant d’identifier les terrains aptes quantitativement mieux cernée que
actualisée par l’association et la Dreal. à la construction et si possible les pro- celle du secteur privé. En revanche,
cédures et outils de leur mobilisation. la compréhension de ses évolutions

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Le guide du logement social / Le logement social, comment ?

DR HABITATIONS DE HAUTE-PROVENCE © MARC CARPENTIER


Habitations de Haute-Provence, écoquartier de Forcalquier (04)

doit mobiliser des dispositifs parta- lution de sa population. Les réponses soins actuels et à venir, en termes
gés de connaissance et de gestion à quelques questions simples consti- d’habitat privé et social, mais aussi
dans les territoires, qui existent dans tuent des indicateurs pertinents des en termes de typologie de logements :
certaines régions, à l’initiative des tendances et des besoins éventuels individuels ou collectifs, grands ou
bailleurs sociaux (voir p. 35). des habitants. petits, etc.
La commune aura aussi tout intérêt La population a-t-elle évolué au Concernant l’habitat social, s’agit-il
à mobiliser les observatoires locaux cours de la période écoulée ? Com- de produire des logements intermé-
de l’habitat ou les diagnostics déve- ment a-t-elle évolué par tranches diaires, sociaux, ou très sociaux (5),
loppés dans le cadre des PLH et des d’âge et par catégories socioprofes- des structures adaptées à des pro-
Scot. Les services locaux de l’Etat, sionnelles ? Quelle est la composi- blématiques spécifiques (travailleurs
les agences d’urbanisme et les asso- tion familiale des ménages (don- précaires, logements de réinsertion,
ciations régionales d’Hlm sont des nées Insee issues du recensement) ? logements pour personnes âgées,
interlocuteurs pour les collectivi- Les revenus de la population évo- handicapées…) ?
tés locales : ils peuvent apporter des luent-ils et dans quel sens (données Pour chaque situation, un pro-
informations ou réaliser des études Filocom de l’administration fiscale) ? gramme de logements, défini en
qui permettent de mieux cerner les Les jeunes ménages trouvent-ils des fonction des besoins locaux, sera la
enjeux des marchés locaux. logements dans leur commune d’ori- réponse aux attentes de la popula-
gine ? Les personnes âgées ont-elles tion et des élus. Chaque opération
Connaître la population des solutions pour continuer à vivre de logement social est unique. Elle
pour anticiper ses besoins dans leur environnement habituel ? s’inscrit dans une problématique
Les inscriptions dans les écoles particulière et constitue une réponse
Inscrire une opération de logements sont-elles en baisse, en hausse ? Des adaptée à la situation. ◆
neufs ou une requalification dans entreprises ont-elles l’intention de
une stratégie globale d’habitat est venir s’implanter sur le territoire ?
indispensable pour répondre dura- Au regard de ces constats, l’offre de (1) Cf. articles L122-1 à 19 du code de l’urbanisme.
(2) Cf. articles L123-1 à 20 du code de l’urbanisme.
blement aux besoins des habitants. logement est-elle suffisante, quanti- (3) Cf. articles L302-1 à 4 du code de la
L’analyse du territoire suppose de tativement et qualitativement ? Ce construction et de l’habitation (CCH).
(4) Cf. articles L302-10 à 12 du CCH.
s’appuyer sur le diagnostic de l’évo- diagnostic permet de définir les be- (5) Voir les types de logements locatifs, p. 23.

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Le guide du logement social / Le logement social, comment ?

Maîtriser le foncier pour anticiper


2 la construction de logements sociaux
Actions et outils à long
D epuis plusieurs années, les
hausses des prix de l’immobi-
lier et du foncier se sont mutuelle-
terme pour constituer
des réserves foncières
moyen ou long terme. C’est une pro-
cédure d’anticipation, utile non seu-
lement pour constituer des réserves
ment renforcées dans un effet « boule foncières, acquises progressivement,
de neige », dont la conséquence est Les établissements publics fonciers mais aussi pour éviter la spéculation.
une véritable flambée des prix. Ce locaux (EPFL) et d’État (EPFE) : les Elle permet également l’expropria-
phénomène a incité à la recherche établissements publics fonciers tion lorsque cela revêt un caractère
de terrains moins chers, souvent éloi- locaux, instaurés par la loi d’orien- d’utilité publique.
gnés des villes, et a contribué à l’éta- tation pour la ville de 1991, peu- Le droit de préemption urbain (DPU) :
lement urbain, dont nous constatons vent être créés à l’initiative des col- une fois institué sur tout ou partie
les conséquences : inflation du coût lectivités locales, et notamment des zones urbaines ou à urbaniser
des infrastructures et réseaux pour la des intercommunalités. Il en existe du POS ou du PLU, le DPU offre la
collectivité, du coût des transports et aujourd’hui une vingtaine. Les col- possibilité pour le maire de se porter
de l’énergie pour les particuliers, etc. lectivités membres de l’EPF siègent acquéreur d’un bien immobilier, dès
Par ailleurs, ce renchérissement des au conseil d’administration. Il existe lors qu’une déclaration d’intention
coûts constitue un obstacle important également aujourd’hui une quin- d’aliéner (DIA) a été transmise à la
pour l’équilibre financier des opéra- zaine d’établissements publics fon- commune par le vendeur d’un bien.
tions de logement social. Les collecti- ciers d’État, généralement à l’échelle
vités locales, principalement les com- des régions. Ils sont créés à l’initia- Actions à court terme
munes et EPCI, peuvent et doivent tive de l’État, par décret du Conseil pour rendre le foncier plus
mener une politique foncière qui se d’État, après avis des collectivités accessible aux opérations
projette et se gère dans la durée et locales concernées. de logement social
anticiper les besoins en logement. Leur vocation commune est le déve-
Elles peuvent fortement agir pour loppement d’une maîtrise foncière La mise à disposition de terrains : une
aider à produire du foncier pour la axée sur des thèmes prédéfinis dans collectivité locale peut décider de
construction de logements sociaux. leur programme pluriannuel d’in- céder un terrain (ou de réaliser une
vestissement, notamment l’habi- forte décote) pour un opérateur Hlm.
tat, mais aussi les zones d’activité, Dans ce cas, cet apport permet des
l’environnement… droits de réservation supplémen-
FOCUS L’EPF réalise des acquisitions fon- taires sur les logements construits.
PLU et logement social cières à moyen et long terme pour Par ailleurs, des terrains de l’État ou
le compte de la collectivité, en sup- de ses établissements (RFF, RATP…)
La commune – ou dorénavant l’intercommunalité –
peut, si elle le souhaite, orienter son PLU – ou son PLU
portant les coûts de portage. Il peut peuvent aussi être cédés, avec
intercommunal – de façon à faciliter la réalisation de également opérer le « pré-aménage- une forte décote possible pour la
logements sociaux : ment », la dépollution, etc., du fon- construction de logements sociaux,
– le PLU peut déterminer des « emplacements réservés cier acquis (mais non son aménage- depuis la loi dite « Duflot »du 18 jan-
pour le logement », notamment social, à condition que ment final). Les ressources de l’EPF vier 2013.
ceux-ci contribuent aux objectifs de mixité sociale ;
– le PLU peut délimiter des « secteurs de mixité » dans
émanent d’emprunts, de subventions Dans le cadre d’un bail emphytéotique,
lesquels un pourcentage des logements d’un programme de l’État et des collectivités locales, la collectivité peut mettre à dispo-
privé sera affecté notamment au logement social. Le ainsi que d’une ressource propre : la sition des terrains pour une longue
promoteur peut vendre une partie des logements en Vefa taxe spéciale d’équipement. période (60 ans le plus souvent),
à un organisme de logement social ou lui rétrocéder une La loi « Alur » vise à généraliser les pour la production d’une opération
partie du terrain ;
– le PLU peut permettre de majorer le gabarit de 20 %
EPF sur l’ensemble du territoire. de logements. La commune en reste
pour des programmes prévoyant plus de 50 % de Les zones d’aménagement diffé- propriétaire pendant toute la durée
logements sociaux. Il pourra aussi dorénavant prévoir des ré (ZAD), créées par arrêté préfecto- du bail et reçoit un loyer ou « prête »
densités de construction accrues à proximité des nœuds ral, sur proposition ou après avis de le terrain à titre gratuit. À l’issue de
de transport en commun ; la commune ou de l’EPCI en ayant la période de bail, soit la commune
– enfin, il peut exempter l’organisme de la taxe
compétence, permettent la préemp- récupère l’usage de son bien et la
d’aménagement et alléger l’obligation de places de
stationnement pour toutes les opérations de logement tion par le maire sur une durée de propriété des constructions réalisées
social. six ans (renouvelable), dans la pers- dessus, soit elle cède le terrain au
pective de réaliser un projet urbain à propriétaire des logements.

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Le guide du logement social / Le logement social, comment ?

DR USH © F.ACHDOU
Le quartier Transition à Boulogne-sur-Mer (62)

Dans le cadre du nouveau « bail partielle pour les entreprises et exo- Dans le cas d’une opération isolée sur
réel immobilier relatif au logement » nération totale pour les particuliers. une parcelle, la ville peut décider de
(Brilo), une collectivité locale peut Une commune, ou un département, faciliter l’opération en cédant le ter-
de même décider de mettre à dispo- peut aussi exonérer la construction rain, qu’elle aura maîtrisé, au prix de
sition des terrains pour une durée de logements sociaux de leur part de l’euro symbolique ou de l’estimation
de 18 à 99 ans. Le preneur s’en- la taxe d’aménagement. de France Domaine.
gage alors à produire du logement À travers le PLU, la commune précise Dans le cas d’un foncier disponible
« intermédiaire » par la construction le droit des sols, leur destination, et important et d’un projet plus com-
ou la réhabilitation de constructions fixe un cadre pour les actions d’amé- plexe, une opération d’aménage-
existantes, destiné, pendant toute nagement. Ainsi, elle peut faciliter ment, notamment à travers l’outil
la durée du contrat, à être occupé, l’accès au foncier ou la construc- de la zone d’aménagement concer-
à titre de résidence principale, par tion de logements sociaux sur cer- té (ZAC) ou du lotissement (permis
des personnes physiques dont les taines parcelles (voir focus page pré- d’aménager), peut être réalisée : réali-
ressources n’excèdent pas des pla- cédente) ou par la mise en œuvre de sation de logements plus nombreux,
fonds fixés par décret. Ce disposi- certains outils (ZAD, DPU, secteurs de commerces…
tif, réservé aux zones tendues, vise de mixité sociale, ZAC…). Les organismes Hlm sont compé-
à diminuer le prix des logements tents en matière d’aménagement,
en dissociant le foncier du bâti et à Aménager en lien avec tout comme les EPL, et peuvent
assurer la pérennité de la vocation la réalité du territoire réaliser (par exemple en conces-
sociale de ces logements. sion d’aménagement) le projet pour
Les avantages fiscaux pour les terrains La réalisation d’une opération de lo- la collectivité. Dans le cadre de la
cédés en vue de réaliser des logements gements sociaux peut se dérouler procédure d’aménagement de type
sociaux. La commune peut faire suivant plusieurs modes d’interven- ZAC concédée, la ville peut, dans
connaître le dispositif avantageux tion : par exemple en diffus, en lo- certaines conditions, déléguer son
concernant l’impôt sur la plus-va- tissement, en ZAC ou dans le cadre droit de préemption urbain, voire
lue réalisée en cas de vente à un or- d’une opération de renouvellement d’expropriation, à l’aménageur. ◆
ganisme Hlm : exonération d’impôt urbain.

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Le guide du logement social / Le logement social, comment ?

Intégrer le logement social dans une


3 stratégie de développement durable

© GIRONDE HABITAT/ARCHITECTE PATRICK MASSAUX/ PHOTOGRAPHIE : POSITIF /BORDEAUX


Résidence Florus II, Gironde Habitat, Floirac (33)

Caractéristiques
L e projet de logements souhaité
par la commune doit s’intégrer à
la réalisation d’un projet de ville glo-
son intégration urbaine et à la prise
en compte des contraintes et de
l’environnement du terrain choisi.
et spécificités du logement
social aujourd’hui
bal, alliant les dimensions sociétales, Du point de vue sociétal, ils recher-
économiques et environnementales. chent les conditions d’un bon voisi- Le logement social n’est pas contraint
Les organismes Hlm veillent à la qua- nage, tant dans les espaces privés et par des dispositifs réglementaires
lité architecturale de l’opération, à publics qu’en termes de peuplement spécifiques qui dicteraient les carac-
et de mixité sociale et génération- téristiques des constructions, les sur-
nelle. Les organismes Hlm sont des faces ou les typologies. Chaque réa-
KIENTZHEIM (68) constructeurs et des gestionnaires. lisation est unique et répond à un
Une résidence BBC dans un ancien Ainsi, ils sont sensibles à la problé- cahier des charges précis et concerté.
presbytère matique de la gestion dès la concep- Les logements sociaux aujourd’hui
Les premiers logements aidés dans la commune de tion, ce qui oriente leurs choix en sont des logements qui doivent res-
Kientzheim ont été réalisés dans l’ancien presbytère termes de matériaux de qualité, de pecter l’identité architecturale des
datant de 1821, acquis par la coopérative Colmar fonctionnement et d’usage. Cela lieux et s’intégrer parmi les autres
Habitat en bail emphytéotique. La nouvelle résidence implique une approche des opéra- constructions. La qualité architec-
BBC, Le Clos de Boisgautier, comprend onze
logements : cinq dans l’ancienne construction et six tions par coût global, mais suppose turale a fait l’objet d’une attention
dans la nouvelle. Le tout dans l’enceinte fermée, elle- aussi de limiter les dépenses énergé- particulière par les organismes ; les
même adossée au rempart du Moyen-âge. tiques et d’avoir recours à des éner- logements sociaux actuels sont donc
gies nouvelles. très éloignés des barres d’immeubles

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Le guide du logement social / Le logement social, comment ?

DR ESTUAIRE DE LA SEINE © PAUL KOSLOWSKI


et des tours construites dans les
années soixante. Ce sont des opé-
rations en collectif avec un nombre
limité de logements. Les projets ac-
tuels des organismes Hlm ne dépas-
sent pas en moyenne une vingtaine
de logements. Les immeubles res-
pectent une hauteur maximale selon
les lieux et sont généralement dotés
de balcons ou de terrasses. Certaines
constructions collectives possèdent
des entrées individualisées.
Des maisons mitoyennes ou en bande
se développent dans les villes. Dans
les territoires plus détendus, les
organismes construisent des mai- Éco-hameau paysagé, Estuaire de la Seine
sons individuelles disposant d’un jar- Groupe Logeo, Sainneville-sur-Seine (76)
din. Les maisons représentent 35 %
de la production actuelle de loge- vé. Dans les logements neufs, le label les 800 000 logements les moins éco-
ments sociaux, répondant aux désirs Haute qualité environnementale, sur nomes, la profession s’est engagée à
des habitants. Ce sont des opérations les chantiers comme dans les loge- les rénover avant 2020. ◆
mixtes associant du locatif social et ments, est pratiquement généralisé.
de l’accession sociale à la propriété. Concernant l’énergie, les labels Haute
performance énergétique et Très
Bien insérer le logement haute performance énergétique se
social dans la ville développent très rapidement, rédui- PULNOY (54)
sant fortement la consommation et Une offre d’habitat mixte adaptée
La localisation des logements fait donc la facture des locataires. Avec aux besoins
aujourd’hui l’objet d’une attention la loi « Grenelle 1 », la consommation Un questionnaire, adressé en 2000 aux habitants âgés
soutenue. Il est essentiel que les énergétique des logements sociaux de 60 ans et plus, a révélé la nécessité de mettre en
logements soient bien insérés dans la ne doit pas dépasser 50 kWh/m²/an œuvre des logements adaptés et des logements plus
spécifiques. Après ré˜ exion, la commune a décidé
ville, à proximité des équipements, depuis 2012 et, en 2020, ils devront de créer une zone résidentielle comprenant 260
des services publics et des lignes de produire autant d’énergie qu’ils en logements dont 30 % de logements locatifs sociaux,
transport en commun. Certaines opé- consomment. Les premières opéra- une résidence services pour personnes âgées, un
rations de logements peuvent inté- tions de bâtiments dits « à énergie Ehpad, un centre d’animation senior et une crèche
grer au pied des immeubles des pro- positive » viennent d’être livrées. Et de 32 places. Permettant d’assurer une mixité tant
générationnelle que sociale, cette opération, menée
jets à usage collectif et bénéficiant à la les premiers résultats de l’Observa- sur huit années, s’est révélée un tel succès qu’une
ville : commerces de proximité, équi- toire de la performance énergétique deuxième zone résidentielle est à l’étude.
pements (crèches, PMI…) construits du logement social montrent que les
par l’organisme Hlm. Durant la négo- engagements sont respectés, tant en
ciation préalable avec la collectivité, termes de performances techniques
ces enjeux doivent être étudiés col- et énergétiques qu’en termes de SAINNEVILLE-SUR-SEINE (76)
lectivement. Le choix de l’emplace- réponses aux attentes des habitants. Un éco-hameau paysagé dans
ment, par rapport aux possibilités en L’expérience des organismes Hlm le prolongement d’un village normand
matière de foncier, de déplacements en matière d’innovation et de maî- Sur le territoire de la Pointe de Caux, à Sainneville-
et de services, est fondamental pour trise des charges est ancienne. La par- sur-Seine, l’éco-hameau Les Charmilles, créé
que les logements jouent un rôle so- ticularité des organismes Hlm, à la dans le prolongement du village, est composé de
cial dans la durée. fois constructeurs et gestionnaires de 23 logements : seize pavillons locatifs et sept en
leurs logements, les incite à recher- accession à la propriété réalisés par l’ESH Estuaire de
la Seine (groupe Logeo). Ils forment en entrée de bourg
Des préoccupations cher la qualité dans la durée : du gros un quartier dense de logements qui s’insère dans un
environnementales œuvre aux finitions, en passant par environnement constitué de maisons ou de corps de
les équipements, chaque produit est ferme et d’équipements. Construits en ossature bois,
Les logements sociaux ont une lon- choisi selon sa durabilité, sa consom- les pavillons sont dotés d’une isolation thermique très
gueur d’avance en matière technique mation énergétique, sa résistance, etc. performante, d’un chauffage par pompe à chaleur
géothermique avec, en complément, de petits poêles à
et énergétique : la moyenne de tous Ainsi, dans le logement ancien, les bois de 10 kW et des panneaux solaires. Une attention
les logements sociaux est aujourd’hui logements sociaux sont beaucoup particulière a été portée au traitement des eaux
de 170 kWh/m²/an, contre 240 kWh/ moins « énergivores » que les loge- pluviales, ainsi qu’aux aménagements paysagers.
m²/an pour le secteur résidentiel pri- ments privés. Pour ce qui concerne

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Le guide du logement social / Le logement social, comment ?

Mener une opération


4 de logement locatif social

DR MEURTHE ET MOSELLE HABITAT


Résidence Bella Vista, Meurthe et Moselle Habitat, Vandœuvre-lès-Nancy (54)

L a réalisation de logements
sociaux dans un territoire
émane d’une demande de la col-
terme de la construction. Il reste
ensuite présent à travers la gestion
des logements.
confiance ne signifie pas que le parte-
naire doit être unique. De nombreux
élus apprécient de travailler avec plu-
lectivité, qui a identifié un besoin, sieurs organismes Hlm, ce qui permet
ou qui répond à des engagements Choisir un organisme Hlm de faire appel aux savoirs différenciés
pris au niveau intercommunal dans qu’ils apportent.
le cadre du programme local de l’ha- Il existe plusieurs familles d’orga-
bitat. La commune sollicite alors nismes Hlm ; leur existence est liée Choisir un mode opératoire
un ou plusieurs organismes Hlm. à l’histoire. Ces organismes ont des avec l’organisme
Ils peuvent l’aider le cas échéant à compétences partagées, mais aussi
élaborer un diagnostic pour préci- des spécificités. Le choix d’un La réalisation de logements sociaux
ser les besoins. organisme Hlm suppose de s’enga- peut prendre des formes différentes
Régulièrement, les organismes Hlm ger dans la durée avec celui-ci. Il est et ne nécessite pas toujours de
peuvent également contacter les important qu’une confiance s’éta- construire de nouveaux logements.
élus pour leur proposer des projets blisse entre les partenaires. L’expé- La production des logements doit
de logements dans leur commune rience de l’organisme, sa proximité, contribuer à l’harmonie de la ville
pour répondre à des besoins identi- mais aussi sa gestion – visible notam- et peut ainsi aider à valoriser des
fiés par eux. Une fois l’accord trou- ment à travers le patrimoine déjà pos- bâtiments existants en transformant
vé entre la commune et un orga- sédé – sont à prendre en compte avant leur usage.
nisme Hlm, celui s’engage à réaliser de décider de la mise en œuvre d’une La construction de logements neufs en
l’ensemble de l’opération jusqu’au nouvelle opération. Cependant, la location ou en accession à la propriété.

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Le guide du logement social / Le logement social, comment ?

Elle permet de renforcer l’offre de Plafonds de ressources en revenus mensuels nets (Plus 2014)
logements dans la commune, mais Catégorie de ménage Paris et communes Île-de-France Hors IdF
nécessite du foncier disponible. limitrophes
L’acquisition-amélioration, qui redonne Une personne seule 2 130 euros 2 130 euros 1 850 euros

vie à des bâtiments anciens ou Deux personnes ne comportant aucune 3 190 euros 3 190 euros 2 470 euros
personne à charge à l’exclusion des jeunes
vétustes, ou change leur usage. C’est ménages
le cas d’anciennes gares, d’hôtels Trois personnes ou une personne seule avec 4 180 euros 3 830 euros 2 980 euros
une personne à charge ou jeune ménage sans
désaffectés, de casernes, d’anciennes personne à charge
écoles ou de logements privés. Ce Quatre personne ou une personne seule avec 4 990 euros 4 590 euros 3 590 euros
dispositif est très utile pour la revi- deux personnes à charge
talisation des centres bourg, mais Cinq personnes ou une personne seule avec 5 930 euros 5 430 euros 4 230 euros
trois personnes à charge
nécessite un diagnostic initial pour
Six personnes ou une personne seule avec 6 680 euros 6 110 euros 4 760 euros
valider la viabilité de l’opération au quatre personnes à charge
regard des normes. Par personne supplémentaire 740 euros 680 euros 530 euros
L’acquisition en Vefa (vente en l’état
futur d’achèvement) par un orga- Caractéristiques des différents produits de logements locatifs sociaux
nisme Hlm de logements construits PLUS PLAI PLS PLI

par un promoteur, à partir d’un cahier OBLIGATIONS


Plafonds de ressources en % du Plus 100 55-60 130 140 à 180 selon
des charges validé par l’organisme. la zone
Ce dispositif permet à l’organisme Plafonds de loyers en % du Plus 100 89 150 à 195 selon 150 à 275
Hlm d’acquérir un nombre limité, la zone
ou la totalité, des logements d’un Conventionnement Oui Oui Oui Non
programme. AIDES
TVA à taux réduit Oui Oui Oui Non
Subvention de l'État : taux maximum 5% 20% 0 0
Définir un programme
Subvention foncière de l'État Oui Oui Oui Non
de logements adaptés
Exonération de TFPB 25 ans 25 ans 25 ans Non
aux besoins locaux
CARACTÉRISTIQUES DU PRÊT
Taux du prêt (pour un livret A à 1,25 %) LA + 0,6% LA - 0,2% LA + 1,11% LA + 1,40%
Le choix d’une opération de loge- = 1,85% = 1,05% = 2,36% = 2,65%
ments sociaux résulte d’un arbitrage Durée du prêt 40 ans 40 ans 40 ans 30 ans
entre les différents modes de produc-
tion (construction, acquisition-amé- merces, crèches, etc.) s’ils ont été Plus. Le PLS propose des niveaux de
lioration, Vefa…) et différents types demandés par la collectivité. loyers plus proches du privé (l’écart
de logements, en locatif et en acces- peut rester important, par exemple
sion. La définition d’un programme Les différents types de en Île-de-France), qui peuvent être
de logements s’élabore à partir du logements locatifs sociaux trop élevés par rapport aux revenus
diagnostic, mais aussi des possibili- de la majorité des demandeurs.
tés de financements. D’une manière Il existe trois catégories de logements Les organismes Hlm proposent
générale, le programme doit viser sociaux : ils s’apprécient selon un également des logements intermé-
l’équilibre financier de l’opération niveau de loyer et un niveau de res- diaires (PLI) dont les plafonds sont
(voir chapitre suivant). Il doit aussi sources pour les futurs locataires qui supérieurs à ceux du PLS, mais qui
concourir à l’équilibre social en of- varient selon les territoires (zones dé- ne bénéficient pas des mêmes aides
frant une gamme diversifiée de forme finies par le ministère). Ces niveaux et ne sont pas comptabilisés comme
et de prix de logements, tout en ré- dépendent du type de prêt contrac- des logements sociaux, notamment
pondant aux besoins locaux. té par l’organisme Hlm auprès de la au regard des obligations liées à
Un programme de logements sociaux Caisse des dépôts. Ainsi, les types l’article 55 de la loi « SRU ».
peut aussi être associé à la réalisation de logements portent le nom du prêt Les lois de finances annuelles
d’autres types de logements. Sur une principal qui les finance. déclinent les objectifs de production
parcelle donnée, les élus peuvent dé- Le Plus (prêt locatif à usage social) sert consignés dans le pacte d’objectifs et
cider de produire des logements loca- de référence en termes de ressources de moyens signé par l’État et l’USH
tifs sociaux, des logements en acces- et de loyers plafonds. en juillet 2013. Elles imposent par
sion sociale à la propriété, mais aussi Le Plai (prêt locatif aidé d’Intégration) est exemple la construction de logements
proposer à la vente des lots libres à plus social et destiné à des ménages spécifiquement en Plai. Les obliga-
des particuliers pour la construction qui connaissent des difficultés éco- tions relatives aux principaux pro-
de leur propre logement. Ce disposi- nomiques et sociales. duits de logements locatifs sociaux
tif est intitulé programme « mixte ». Le PLS (prêt locatif social) est destiné à mobilisés par les organismes Hlm et
Le programme inclut aussi des équi- des ménages dont les revenus sont lé- les aides correspondantes sont rap-
pements en rez-de-chaussée (com- gèrement supérieurs aux plafonds du pelées dans les tableaux ci-dessus. ◆

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Le guide du logement social / Le logement social, comment ?

Le montage fi nancier d’une


5 opération de logement locatif social
L e financement d’une opération
de logement social nécessite de
réunir plusieurs partenaires, dont
mentation des coûts de construction.
Pour cette raison, de nombreux par-
tenaires sont sollicités, afin de réali-
Plan de financement moyen d’une
opération de logements neufs (Plus),
données nationales 2012
les collectivités locales, qui jouent ser une équation qui est presque tou- Subventions
de l’État Subventions des
un rôle décisif, notamment pour ce jours identique, même si les parts de 1% collectivités locales
et du « 1 %Logement »
qui concerne la garantie de l’opéra- chaque partie sont variables d’une 8%
tion. Cependant, le système actuel, opération à l’autre :
15 % Fonds propres
appuyé sur la Caisse des dépôts et le de l’organisme
Hlm
livret A, connaît une grande stabili-
Prêts de la Caisse des dépôts
té depuis près d’un siècle. (ou d’autres établissements bancaires 76 %
pour le PLS)
Le « tour de table + Subventions de l’État
+ Subventions des collectivités locales
des financeurs » + Subventions ou prêts du 1% (CIL)
+ Fonds propres des organismes Hlm Prêts de la CDC
et autres prêts
L’organisme Hlm, maître d’ouvrage = Une opération de logement social
de l’opération de logement social,
doit effectuer ce qu’on appelle le Plus la part des subventions et fonds de façon presque systématique, mais
« tour de table des financeurs ». En propres est élevée, plus les loyers leurs montants sont variables. Les
effet, pour parvenir à l’équilibre de peuvent être bas. collectivités locales peuvent aus-
l’opération, il est nécessaire de réunir si aider à la construction de l’opé-
des financements suffisants : prêts, Les prêts de la Caisse des dépôts. Ce ration par apport de terrain. Mais
subventions et fonds propres. Ceux- sont des prêts d’une très longue elles apportent surtout une garantie
ci se révèlent de plus en plus impor- durée (jusqu’à 50 ans) dont le mon- d’emprunt pour l’opération, indis-
tants, principalement du fait de l’aug- tant varie avec le taux du livret A, pensable à sa réalisation.
sur lequel ils sont assis. Ils nécessi-
tent une garantie de la collectivité Les contributions d’Action Logement.
locale ou de la CGLLS (voir p. 25). La participation des employeurs à
FOCUS l’effort de construction (PEEC), ou
La délégation des aides à la pierre Les subventions de l’État : les aides à la « 1 % Logement », a été rendue obli-
La loi du 13 août 2004 permet aux EPCI compétents en pierre. Leur montant varie selon le gatoire en 1953. Le taux de prélè-
matière d’habitat, et dotés d’un PLH, de demander au type de prêt (Plus ou Plai). Elles sont vement est aujourd’hui de 0,95 %,
préfet la délégation de compétence d’attribution des distribuées par les services locaux dont 0,50 % pour financer les aides
aides à la pierre du logement social et du logement privé de l’État ou la collectivité locale qui personnelles. Les 0,45 % restants
conventionné, pour une durée de six ans renouvelable.
a obtenu la délégation des aides. sont collectés par les comités inter-
Le département peut être délégataire par subsidiarité, sur
le territoire départemental non couvert par la délégation L’attribution de ces aides consti- professionnels du logement (CIL),
d’un EPCI. Dans la pratique, la délégation est accordée tue « l’agrément » pour l’opération. gérés paritairement entre patro-
aux collectivités déjà porteuses d’une production Elles sont destinées à la construc- nat et syndicats de salariés, et cer-
de logements importante et régulière. Aujourd’hui, tion, à l’acquisition et à la réhabili- taines chambres de commerce et
108 collectivités locales sont délégataires, dont
tation de logements, ou à la transfor- d’industrie. Les ressources dispo-
82 communautés. La loi « Alur » comprend un ensemble
de dispositions permettant de renforcer la délégation mation de locaux non résidentiels en nibles vont à l’accession à la pro-
aux EPCI. logements. Elles peuvent revêtir les priété des salariés et au finance-
La délégation se traduit par un accroissement de la formes suivantes : ment de programmes Hlm, ce qui
capacité opérationnelle de la collectivité qui peut ainsi se – des primes ou subventions versées confère aux CIL des droits de réser-
positionner comme « chef de file » de l’habitat dans son
directement aux opérateurs (locatif vation. Depuis 2001, le « 1 % Loge-
territoire et, lorsqu’il s’agit d’un EPCI, conforter la portée
de son PLH. social) ; ment »finance l’Anru pour la réali-
La délégation donne lieu au développement de – des aides fiscales sous forme d’exo- sation d’opérations de rénovation
partenariats locaux avec les acteurs de l’habitat, et nérations ou de réductions d’impôt urbaine. Il a également contribué au
notamment les organismes Hlm. La prise de délégation (taux réduit de TVA, exonération de financement de l’Agence nationale
implique un renforcement des moyens humains de la
TFPB compensée par l’État). de l’habitat pendant plusieurs an-
collectivité et s’accompagne souvent d’une augmentation
des moyens financiers que la collectivité consacre à sa nées. À présent, il verse une contri-
politique de l’habitat. Les subventions des collectivités locales. bution supplémentaire aux aides à
Les collectivités apportent des aides la personne.

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Le guide du logement social / Le logement social, comment ?

DR CLAIRSIENNE
Opération d’habitat mixte Cœur de Cauderan, Clairsienne, Bordeaux (33)

Les fonds propres des organismes Hlm. vations de logements dans les pro- nancière. La garantie des opérations
Ils représentent en moyenne entre 8 grammes financés (95 % des cas). d’accession sociale à la propriété est
et 15 % du financement selon le type Quand la collectivité est dans l’in- réalisée par la société de garantie à
d’opération. Compte tenu du renché- capacité financière d’octroyer cette l’accession sociale (SGAHLM). ◆
rissement des coûts de production, garantie ou qu’elle s’y refuse, une
ils sont utilisés de façon croissante garantie payante peut être accordée
par les organismes Hlm. par la Caisse de garantie du logement
locatif social (CGLLS) pour un coût FOCUS
Pour tous, en dehors des prêts de la correspondant à 2 % du montant du
Et le livret A ?
Caisse des dépôts, ces financements prêt. En pratique, ces garanties ne
permettent de bénéficier de droits sont quasiment jamais appelées. L’épargne populaire, collectée à travers le livret A, finance
le logement social, par un mécanisme stable et peu
de réservation sur les logements Indépendamment de sa garan- coûteux pour les finances publiques. L’argent collecté
produits. tie, la CGLLS intervient dès qu’un auprès des épargnants est centralisé à hauteur de 65 %
organisme est en situation de fragilité auprès des fonds d’épargne de la Caisse des dépôts,
Sécuriser les investissements financière: elle aide au retour à l’équi- ce taux ayant été porté transitoirement à 60 % au cours
sur le long terme libre financier en contrepartie d’un de l’été 2013. La Caisse des dépôts peut ainsi délivrer
aux organismes des prêts à très long terme à des taux
plan de rétablissement. Elle peut aussi préférentiels pour construire ou réhabiliter les logements.
Les prêts aux bailleurs sociaux sont intervenir auprès des organismes qui Les prêts financent environ 75 % du montant des
garantis gratuitement par les collec- réalisent un plan stratégique de pa- opérations, ce qui limite le recours aux subventions.
tivités locales en échange de réser- trimoine, en apportant une aide fi-

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Le guide du logement social / Le logement social, comment ?

Le rôle des organismes Hlm dans


6 l’accession sociale à la propriété
L es organismes Hlm s’attachent à

DR AIGUILLON-RÉSIDENCES GROUPE ARCADE/VINCENT PERRAUD © GUILLAUME AYER


favoriser la mobilité de leurs loca-
taires, notamment vers l’accession
sociale à la propriété qui peut être
un mode de promotion sociale. Cette
accession sociale s’entend comme
l’acquisition d’un logement par un
ménage disposant de ressources mo-
destes, définies réglementairement.
Les opérateurs Hlm qui produisent
des logements destinés à l’accession
les vendent en quasi-totalité à des
primo-accédants, propriétaires occu-
pants, dont les revenus sont com-
pris entre deux et trois Smic. Les prix
de vente sont plafonnés. Attentifs à
sécuriser dans la durée le parcours de
Résidence Milin, Aiguillon-Résidences Groupe Arcade, Saint-Herblain (44)
ces ménages, les organismes sont très
impliqués dans la gestion des copro- conseil et aide au financement, ga- tuée est alors mobilisée comme
priétés provenant de leur activité. rantie de rachat à un prix minimum apport. Un dispositif de sécurisa-
en cas d’accident de la vie et garan- tion (rachat du logement et reloge-
Les différents dispositifs tie de relogement de la famille dans ment) est apporté aux accédants. Ces
un logement locatif adapté. Comme opérations, agréées par l’État, bénéfi-
L’accession sociale classique (en Vefa). pour n’importe quelle opération cient d’un taux de TVA à 5,5 % ainsi
Outre un haut niveau de service et d’accession, l’acquéreur achète son que d’une exonération de la taxe fon-
un encadrement des plafonds de logement en état futur d’achèvement cière sur les propriétés bâties.
ressources et des prix de vente, une (Vefa), sur la base du projet établi par
des grandes spécificités de l’acces- l’organisme Hlm. Lorsqu’il maîtrise La vente Hlm
sion sociale mise en œuvre par les cette compétence, l’organisme assure
organismes Hlm est la sécurisation la gestion de la copropriété et contri- L’accession sociale à la propriété est
de l’accédant. L’organisme l’accom- bue ainsi à la préservation du patri- à distinguer de la vente Hlm, forme
pagne tout au long du processus : moine acquis par ses clients. très particulière d’accession. Déci-
Dans les périmètres élargis de la dée par l’organisme Hlm, la vente
rénovation urbaine, les opérations Hlm permet à un locataire Hlm de
d’accession sociale bénéficient d’une devenir propriétaire de son logement,
TRAPPES (78) TVA à taux réduit. dans lequel il vit souvent depuis plu-
L’accession sociale dans sieurs années. L’organisme propose
le cadre de la rénovation urbaine La location-accession ou accession à son locataire l’acquisition du loge-
Expansiel Promotion, coopérative Hlm filiale sociale progressive (PSLA). Ce dispo- ment, qui doit être construit depuis au
de Valophis Habitat, contribue, par des opérations sitif permet à l’acquéreur une acqui- moins dix ans. En cas de vente d’un
d’accession sociale à la propriété, à la diversification sition en deux temps. Dans un pre- logement vacant, celui-ci peut aus-
de nombreux quartiers en rénovation urbaine. mier temps, il occupe le bien en tant si être proposé à un locataire de l’or-
À Trappes, Expansiel Promotion a conçu une opération
de 120 logements en accession sociale sécurisée, que « locataire-accédant », et verse ganisme Hlm. La collectivité locale
répartis dans six bâtiments, dans le quartier des une redevance constituée d’une par- donne son avis sur les mises en vente.
Merisiers. Livrée en 2009, cette opération a permis tie locative et d’une partie acquisi- La vente Hlm est un outil d’aide à
à des ménages aux revenus modestes et moyens tive destinée à constituer un capi- l’accession à la propriété de ménages
de devenir propriétaires. Depuis, la coopérative a tal. Dans un second temps, débute modestes. Elle peut constituer aus-
renouvelé l’expérience en s’associant aux élus locaux
dans la conception puis la commercialisation des le processus d’accession : au bout si pour l’organisme un outil de ges-
logements et en s’appuyant sur les dispositifs publics d’une période allant de un à cinq ans, tion pour le renouvellement de son
comme le PSLA ou la TVA à taux réduit en zone Anru. l’option est levée et la phase d’acqui- patrimoine. Chaque année, environ
sition peut débuter. L’épargne consti- 7 à 8 000 logements sont vendus. ◆

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Le guide du logement social / Le logement social, comment ?

La gestion du patrimoine
7 par l’organisme Hlm

DR TERRE ET BAIE HABITAT


Quartier Croix-Saint-Lambert, Terre et Baie Habitat, Saint-Brieuc (22)

L a gestion du patrimoine fait par-


tie intégrante de la responsabi-
lité de l’organisme Hlm, qui doit la
trimoine (voir focus ci-contre). Un
diagnostic global du parc de loge-
ments sociaux permet de définir un
conduire en lien avec les EPCI et les mode de traitement différencié, gra- FOCUS
communes. dué dans le temps et avec des modes
Le plan stratégique de patrimoine
d’intervention très différents selon
Adapter le patrimoine les ensembles immobiliers. Il est Le plan stratégique de patrimoine (PSP) est le document
de référence de la politique patrimoniale d’un bailleur
en fonction des besoins important que ces objectifs soient social. Il comporte un état des lieux de la qualité
mis en perspective avec les objec- technique et de l’attractivité des différents groupes
Longtemps, la préoccupation tifs des politiques de l’habitat dans immobiliers de l’organisme Hlm. Ce diagnostic permet
majeure des organismes a été la pro- le territoire. de définir des orientations d’évolution compatibles avec
duction de nouveaux logements. Depuis 2010, les organismes Hlm la capacité de financement à moyen terme (à dix ans) :
adaptation et rénovation – avec prise en compte des
Avec le vieillissement du parc doivent signer avec le préfet de enjeux énergétiques et thermiques – du parc existant,
construit dans les années 1970 est région et les collectivités locales une démolition, vente, capacité de développement… Ces
apparue la nécessité d’élaborer des convention d’utilité sociale, pour orientations sont ensuite soumises à l’arbitrage du
politiques de gestion du patrimoine six ans. Cette convention détermine conseil d’administration de l’organisme.
dans la durée. Il s’agit d’arbitrer entre les orientations de l’organisme en Le plan stratégique de patrimoine doit tenir compte
des orientations des programmes locaux de l’habitat
maintenance, amélioration et démo- matière de gestion du patrimoine, des collectivités. Il fait ainsi l’objet d’une actualisation
lition, tout en continuant à accroître mais également les orientations sur périodique. Le PSP est obligatoire en amont des
l’offre. Ces politiques s’expriment l’ensemble de sa politique, y compris conventions d’utilité sociale.
à travers le plan stratégique de pa- la production nouvelle. ◗◗◗

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Le guide du logement social / Le logement social, comment ?

La convention d’utilité sociale

DR ICF HABITAT LA SABLIÈRE © I. MATHIE


Les départements et les EPCI dotés
d’un programme local de l’habi-
tat sont associés à l’élaboration des
conventions d’utilité sociale (CUS).
Ils sont signataires des CUS conclues
par les organismes qui leur sont rat-
tachés ainsi que pour les organismes
disposant d’un patrimoine repré-
sentant plus de 20 % du parc social
sur leur territoire. Ils peuvent l’être
pour les autres organismes disposant
d’un patrimoine sur leur territoire.
Depuis la loi « Maptam » du 27 jan-
vier 2014, l’État peut déléguer aux
métropoles, à leur demande, l’élabo-
ration, la contractualisation, le suivi
et l’évaluation des CUS pour la par-
tie concernant leur territoire.
La CUS fait le lien entre le plan stra-
tégique de patrimoine de chaque
organisme et les programmes locaux
de l’habitat. Elle établit une relation
entre les logiques territoriales qui Une réhabilitation d’ICF Habitat La Sablièere, Cergy (95)
sont celles des politiques locales de
l’habitat et les logiques patrimoniales service rendu, après concertation partir d’indicateurs de performance
des organismes. Il est ainsi nécessaire avec les locataires ; définis par décret. En cas de man-
que la collectivité locale accorde de – les orientations de la politique quement, les organismes sont sou-
l’importance à ces conventions qui patrimoniale et d’investissement de mis à des pénalités, au bénéfice de
fixent la politique de l’organisme l’organisme ; la Caisse de garantie du logement
pour plusieurs années. – les modalités de la concertation locatif social.
La CUS comprend : locative avec les locataires ;
– le classement des ensembles – les engagements pris par l’orga- L’enjeu de la
immobiliers, établi en fonction du nisme sur la qualité du service rendu réhabilitation thermique
aux locataires ;
– un cahier des charges de gestion Dans le cadre du Grenelle de l’envi-
sociale : politique sociale et de peu- ronnement, les organismes Hlm se
plement, plafonds de ressources, sont engagés à rénover d’ici à 2020
TARN (81) supplément de loyer de solida- les 800 000 logements les moins
Une convention pour réduire rité (SLS), prévention des expul- économes en énergie, c’est-à-dire
la précarité énergétique et lutter sions, définition chiffrée des enga- consommant plus de 230 kWh/m²/
contre le changement climatique
gements en faveur des personnes an (catégories E, F et G). Il s’agit de
Tarn Habitat et le conseil régional de Midi-Pyrénées défavorisées. ramener leur consommation à un
ont signé, en décembre 2013, une convention
formalisant un objectif commun : la réduction de la Optionnelle pour la première géné- maximum de 150 kWh/m²/an (caté-
précarité énergétique et la lutte contre le changement ration de CUS, la remise en ordre gorie C). Ces rénovations bénéficient
climatique. La région s’est engagée à accompagner des loyers est obligatoire dès la de « l’éco-prêt logement social » de la
financièrement la réhabilitation thermique de près seconde génération. Cette remise en Caisse des dépôts à taux bonifié et
de 800 logements. Pour Tarn Habitat, engagé depuis ordre obéit à une double contrainte : d’un dégrèvement de TFPB à hau-
cinq ans dans l’amélioration de la performance
énergétique, le bilan montre une baisse de 9 % des la masse totale des loyers plafonds teur de 25 % du montant des tra-
consommations énergétiques moyennes sur son reste inchangée et l’accessibilité à la vaux d’économie d’énergie réali-
parc et une baisse de 11 % des rejets de gaz à effet meilleure catégorie de logement doit sés, en imputant ce dégrèvement à
de serre. Au-delà de l’intervention technique, des être assurée aux ménages modestes. l’ensemble des logements sociaux de
actions d’accompagnement des locataires complètent Avec la convention d’utilité sociale, l’organisme dépendant d’un même
la démarche : formation aux nouveaux équipements,
suivi des consommations ou encore forums « éco » à les organismes s’engagent sur un centre des impôts (1). ◆
l’issue des travaux, sous forme d’ateliers participatifs certain nombre de sujets relatifs à
et thématiques. leur mission sociale. Une évalua- (1) Ce dégrèvement de TFPB est intégralement
tion est réalisée tous les deux ans, à compensé par l’État aux collectivités locales.

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Le guide du logement social / Le logement social, comment ?

Mener des projets de renouvellement


8 urbain dans des quartiers Hlm
E nviron un million de logements

DR OPAC DU RHÔNE © L.DANIÈRE


sociaux construits dans les
années 1950 et 1960, représentant
un quart du parc Hlm, sont concen-
trés dans des quartiers populaires
qui constituent le cœur de la géo-
graphie prioritaire de la politique
de la ville depuis 30 ans. Dans le
prolongement des grands projets
de ville (GPV) initiés en 2000, le
programme national de rénova-
tion urbaine (PNRU), lancé en 2003
et mis en œuvre par l’Anru, s’est
attaché à remettre 500 de ces quar-
tiers relégués dans le mouvement de
la ville et à leur redonner un cadre
de vie de qualité. Pour mener cette
politique ambitieuse, les collectivi-
tés locales, les organismes Hlm et
l’État se sont organisés, ont dévelop-
pé de nouveaux savoir-faire et des
coopérations opérationnelles. Cette
lutte contre la ségrégation sociale
et urbaine est un chantier de lon-
gue durée qu’il s’agit, aujourd’hui,
de poursuivre en tirant les ensei-
gnements de la période 2003-2013.

L’habitat comme levier de la


transformation des quartiers

Les collectivités locales, porteuses


des projets de rénovation urbaine
(PRU) financés par l’Anru, et les Résidence Marie Curie Sklodowska, Opac du Rhône, La Duchère, Lyon (69)
organismes Hlm ont acquis une
véritable culture de projet et ont Les quartiers qui ont bénéficié de maisons de ville, habitat intermé-
organisé une « maîtrise d’ouvrage cette politique connaissent un chan- diaire, petits collectifs) ;
urbaine » pour mettre en œuvre ces gement positif de leur physionomie – des interventions massives de
projets complexes. grâce à quatre leviers : requalification du parc Hlm main-
La réussite d’un PRU résulte de – des restructurations urbaines tenu (réhabilitation et résidentiali-
l’étroite interaction entre projet ambitieuses ont cherché à reposition- sation) ont conduit à un embellis-
urbain et projet patrimonial. Aussi ner le quartier sur des fonctions plus sement généralisé des quartiers, à
les organismes Hlm s’emploient- diversifiées et à le mettre en liaison redonner aux habitants la dignité
ils à adapter leur plan stratégique avec la ville. Elles ont parfois néces- de leur cadre de vie et à améliorer
de patrimoine pour répondre aux sité des démolitions importantes, les conditions de gestion urbaine de
exigences des PRU en termes de qui ont porté sur les secteurs les plus proximité ;
désenclavement, de création d’un dégradés et les plus rejetés ; – des interventions ciblées sur les
maillage viaire et de réorganisation – les programmes neufs sont por- secteurs les plus stratégiques du
des espaces publics et à mettre en teurs d’une nouvelle morphologie quartier avec la combinaison d’un
cohérence leur propre calendrier urbaine et architecturale plus proche même niveau d’ambition urbaine et
opérationnel avec celui du projet. de la ville « banale » (individuels, d’ambition patrimoniale ont per- ◗◗◗

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Le guide du logement social / Le logement social, comment ?

◗◗◗ mis d’accentuer l’impact sur la l’introduction dans le quartier, par Vers des projets globaux,
transformation de l’image du quar- leur activité de construction, de nou- mieux intégrés aux politiques
tier. Ainsi, la place de l’habitat a été velles formes urbaines et architec- intercommunales
centrale dans ces projets : sur un turales intégrant des dimensions
investissement global de 42 milliards esthétiques, paysagères et environ- La loi de programmation pour la ville
d’euros de 2003 à 2015, 27 milliards nementales. Par des opérations de et la cohésion urbaine du 21 février
d’euros sont consacrés à l’habitat et transformation d’usage et d’aména- 2014 prévoit le lancement d’un nou-
servent à démolir 140 000 logements gement de pieds d’immeubles, ils veau programme de renouvellement
(soit 11 000 par an), reconstruire créent aussi de l’immobilier d’acti- urbain sur la période 2014-2024
133 000 logements sociaux dont vité à des coûts abordables pour les d’un montant de 5 milliards d’eu-
46 % sur site, en réhabiliter 315 000 créateurs d’entreprises ou les ges- ros d’aides de l’Anru, qui ciblera les
et en résidentialiser 345 000. tionnaires de services de proximité. quartiers prioritaires de la politique
Pour conduire dans les meilleures de la ville présentant des dysfonc-
Des acteurs économiques conditions le volet sensible des tionnements urbains importants.
et sociaux qui contribuent à la PRU, à savoir le relogement, qui a En effet, les grands quartiers Hlm
cohésion sociale et à la mixité touché généralement les ménages pris en compte dans le PNRU n’ont
les plus vulnérables, les organismes parfois été traités que partielle-
Le rôle des organismes Hlm dans ces Hlm se sont dotés d’une véritable ment et n’ont pas toujours atteint
projets est plus large que celui de ingénierie sociale en interne. Ils un seuil de transformation durable.
maître d’ouvrage des interventions ont répondu à l’objectif de faire du Par ailleurs, d’autres quartiers, qui
sur leur propre patrimoine Hlm. relogement un facteur d’intégration n’ont pas bénéficié d’interventions
Ils se sont donné les moyens d’être sociale et d’amener les ménages à conséquentes pendant cette der-
acteurs du volet « diversification passer d’un déménagement subi à nière période, sont touchés, à leur
urbaine des projets ». Ils ont déve- la construction d’un projet résiden- tour, par des processus accélérés de
loppé des programmes d’acces- tiel. Pour cela, les organismes se sont disqualification.
sion sociale sécurisée, qui s’avère appuyés sur une écoute et une ana- L’évaluation des avancées et limites
être un produit adapté à la clientèle lyse approfondie des attentes et dif- du PNRU conduit à donner des
potentielle de ces quartiers. Grâce ficultés des ménages, sur des parte- inflexions importantes à ce nouveau
à la TVA à taux réduit et à la prime nariats avec les services sociaux et programme, notamment :
Anru, ils peuvent réaliser des opéra- les associations et sur des outils de – l’articulation du projet urbain et
tions qui visent deux objectifs : sta- suivi de type enquête de satisfaction du projet social sera mieux assurée
biliser les ménages du quartier et post-relogement. par une intégration des PRU dans
de la ville qui sont dans une trajec- Les organismes sont également des le contrat de ville, contrat unique et
toire socio-économique ascendante acteurs sociaux et économiques qui global qui sera le cadre de la nou-
et attirer de nouvelles populations contribuent à la cohésion sociale des velle politique de la ville. Les acteurs
par un bon rapport qualité / prix. quartiers. Ils déploient des moyens locaux auront à concevoir et à parta-
Les organismes Hlm participent à humains et financiers pour assu- ger des projets de territoire intégrés ;
rer une gestion de proximité adap- – le portage des projets à l’échelle
tée aux évolutions urbaines et intercommunale, leur intégration
sociales de leur patrimoine dans dans les PLH et PLU permettront de
STRASBOURG (67) ces contextes. Ils jouent un rôle dans mieux positionner les quartiers dans
Le projet de rénovation urbaine l’insertion par l’économique en tant leur agglomération et de mieux redé-
du quartier du Neuhof
que donneurs d’ordre et employeurs. ployer géographiquement l’offre à bas
Dans ce grand quartier de 7 800 logements et 19 600 Ils se sont ainsi fortement impliqués loyer, trop concentrée aujourd’hui
habitants (7 % de la population de la ville), la centralité
et l’habitat ont été les principaux leviers de la dans la mise en œuvre des clauses dans les quartiers populaires ;
diversification urbaine. La desserte du quartier par d’insertion dans les marchés de la – la place des habitants sera renfor-
une ligne de tramway avec trois stations et la création rénovation urbaine. Ils développent cée par la coconstruction des projets
d’un cœur de quartier avec un programme important par ailleurs des partenariats avec les avec les conseils citoyens et la mise
d’équipements publics ont constitué l’épine dorsale structures d’insertion par l’écono- en place d’une maison du projet
du projet. Une diversification résidentielle a été
introduite par le renouvellement de 300 logements Hlm mique, comme les régies de quar- dans chaque PRU qui constituera le
les plus dégradés et le développement de plus de 500 tiers, participent au montage de lieu de la concertation. Les associa-
logements privés et en accession sociale. chantiers d’insertion et se sont en- tions de locataires seront parties pre-
La diversification par l’immobilier d’activité est gagés dans le programme « emplois nantes de ces nouveaux dispositifs ;
également un volet important du projet qui a bénéficié d’avenir ». Enfin, les organismes Hlm – les dimensions du développe-
du dispositif des zones franches urbaines (ZFU). Ainsi
depuis 2005, 500 emplois ont été créés à l’entrée nord soutiennent les initiatives des asso- ment économique et commercial et
du quartier et le projet de création d’un parc d’activité ciations et des habitants pour créer de la haute performance environne-
devrait à terme créer 1 000 emplois. du lien social et favoriser le « vivre mentale seront davantage prises en
ensemble ». compte dans les nouveaux PRU. ◆

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Résidence du Pissot,OPH des Landes, Tarnos (40)

DR OPH DES LANDES © SABRINA MARTINEZ.EPS


3e partie

Les logements sociaux,


pour quels habitants ?
ne fois les logements réalisés, Hlm, pour tout ce qui relève de définies localement. Compte tenu de
U le partenariat entre les élus,
les services de la ville et les
l’accompagnement social lorsqu’il
est nécessaire et sur les questions du
la diversité des besoins, qui suppose
d’apporter des réponses précises,
organismes Hlm se poursuit à « bien vivre » à l’intérieur ou autour une palette de « produits » particuliers
travers la gestion du patrimoine des résidences. Quant à l’organisme peut être proposée aux habitants.
et la vie dans les logements. Les de logement social, son rôle évolue L’organisme a pour obligation
élus restent également impliqués, de celui de maître d’ouvrage à celui d’être à l’écoute des demandes des
principalement via les attributions de de gestionnaire, aux côtés de la locataires, de favoriser la concertation
logements. Les services de la ville collectivité locale, notamment en et d’apporter un soin particulier à la
ou de l’intercommunalité continuent matière d’attribution et de politique de qualité du service rendu.
de travailler avec les organismes peuplement, en fonction d’orientations

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Le guide du logement social / Les logements sociaux, pour quels habitants ?

L’attribution des logements


1 un dispositif encadré sociaux :

D e l’enregistrement de la
demande de logement à l’attri-
bution du logement à un ménage,
renforce le rôle de pilotage des EPCI
dans ce domaine.
contribution du parc privé, y com-
pris à travers le conventionnement.

une réglementation détaillée Les objectifs d’attribution Des règles définies au niveau natio-
encadre la procédure. Celle-ci fait des logements sociaux nal et local donnent un cadre aux at-
intervenir différents partenaires : les tributions de logements. La loi fixe
organismes Hlm, responsables de la L’attribution d’un logement locatif ainsi deux conditions à l’accès au
décision d’attribution et les acteurs social est un acte important, effectué logement social : des conditions de
locaux, dont les collectivités locales. à partir de la mise en regard de ressources (voir tableau p. 23) et la
Cette réglementation vise à enca- demandes individuelles, qui peu- citoyenneté française ou, pour les
drer les attributions et à organiser vent être complexes ou délicates, personnes étrangères, un titre de
l’enregistrement et le traitement des avec une offre disponible. Elle séjour régulier.
demandes, mais aussi à garantir les s’effectue dans le respect de règles
droits des demandeurs de logement. d’attribution définies par le code Au niveau national, le CCH détermine
L’article 97 de la loi « Alur » fait évo- de la construction et de l’habitation plusieurs grandes catégories de per-
luer certaines de ces procédures et (CCH), règles qui sont parfois décli- sonnes prioritaires :
nées localement. – les personnes en situation de han-
L’attribution doit veiller au respect dicap ou les familles ayant à leur
de la mixité sociale des villes et des charge une personne en situation
FOCUS quartiers. Elle participe à la mise en de handicap ;
Qu’est-ce que le droit au logement opposable ? œuvre du droit au logement, pour – les personnes mal logées, défavo-
satisfaire les besoins des personnes risées ou rencontrant des difficultés
Institué par la loi du 5 mars 2007, le droit au logement
opposable (Dalo) se veut une réponse à la crise du de ressources modestes ou défavo- particulières de logement pour des
logement abordable et aux situations de mal logement risées. Elle doit aussi prendre en raisons d’ordre financier ou tenant
mises en évidence depuis plusieurs années par les compte la diversité de la demande à leurs conditions d’existence ;
associations. Il ne s’applique pas au seul logement social et favoriser l’égalité des chances des – les personnes hébergées ou logées
mais concerne tous les acteurs. Depuis le 1er janvier 2008,
demandeurs. temporairement dans un établisse-
le droit à un logement décent et indépendant est ainsi
garanti par l’État à toute personne qui, résidant sur le Cependant, dans les zones les plus ment ou logement de transition ;
territoire français et dans des conditions de permanence tendues, l’attribution relève de plus – les personnes mal logées ou repre-
définies par décret, n’est pas en mesure d’y accéder par en plus d’injonctions qui peuvent nant une activité après une période
ses propres moyens ou de s’y maintenir. se révéler paradoxales. La mise en de chômage de longue durée ;
Qui est éligible ?
œuvre du droit au logement oppo- – les personnes victimes de
Ce droit s’exerce par un recours amiable, puis par un
recours contentieux, pour certaines catégories de sable impose une réponse priori- violences.
ménages : les demandeurs de bonne foi dépourvus taire aux ménages les plus en dif-
de logement, menacés d’expulsion sans relogement, ficulté. Cela n’est évidemment pas Les objectifs d’attribution peuvent être
hébergés temporairement en établissement ou logement contestable, mais rend plus difficile déclinés localement. La loi prévoit ain-
de transition, logés dans des locaux impropres, insalubres
le maintien de la vocation généraliste si que les PDALHPD et les PLH défi-
ou dangereux, dans des locaux manifestement suroccupés
ou ne présentant pas le caractère d’un logement décent, du parc social d’accueillir tous ceux nissent des orientations permettant
avec un enfant mineur ou une personne handicapée. qui ne peuvent se loger dignement de guider les politiques d’attribution.
Depuis 2012, ce droit est ouvert aux personnes qui n’ont aux conditions du marché. Les accords collectifs intercom-
pas reçu de proposition adaptée à leur demande dans le L’accueil de ces différentes catégories munaux à l’initiative de l’EPCI, ou
délai d’attente fixé localement par le préfet.
de ménages sans exclusion doit être départementaux à l’initiative du pré-
Quelle est la procédure ?
Pour ces ménages, le recours amiable s’effectue auprès organisé de façon partenariale dans fet, définissent de manière contrac-
d’une commission de médiation départementale qui les territoires, en veillant aux équi- tuelle avec les bailleurs sociaux des
doit statuer sur le caractère prioritaire de la demande et libres de mixité sociale. Cela rend objectifs annuels chiffrés d’accueil
l’urgence du relogement. Si celui-ci est reconnu, le préfet ainsi nécessaire la définition dans les des personnes en difficulté répon-
désigne les ménages à reloger à un bailleur social, sur
territoires, dans le cadre des PLH et dant aux critères du PDALHPD.
le contingent préfectoral, ou propose une solution dans
le parc privé. Le préfet demande son avis au maire. En des PDALHPD (voir p. 37), d’orien- Ils sont réalisés pour une durée de
l’absence d’offre dans un délai défini, un recours peut être tations sur le rôle attendu de l’offre trois ans.
déposé par le demandeur auprès du tribunal administratif. nouvelle de logement social comme En outre, depuis la loi « Alur », les
du parc existant, mais aussi sur la EPCI peuvent mettre en place des

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Le guide du logement social / Les logements sociaux, pour quels habitants ?

DR OPHIS DU PUY-DE-DÔME/CLERDÔME, ARCH. NASRINE SERAJI © C. CAMUS


Résidence Victor Duruy, Ophis du Puy de Dôme et Clerdôme, Clermont-Ferrand (63)

conférences intercommunales du mixité sociale et de droit au loge-


logement, auxquelles participeront ment sur leur territoire. LILLE MÉTROPOLE
les maires, le préfet, les bailleurs Enfin, les organismes Hlm doivent COMMUNAUTÉ URBAINE (59)
sociaux, les réservataires, les asso- définir des orientations d’attribution, L’accord collectif d’attribution
ciations de locataires, les associa- arrêtées par leur conseil d’adminis-
L’accord intercommunal de Lille Métropole a été signé
tions d’insertion, etc. Ces confé- tration ou de surveillance. en décembre 2012. Il a pour objectif la définition d’une
rences seront chargées de définir stratégie de peuplement conciliant droit au logement
des orientations en matière d’attri- Un processus d’attribution et mixité sociale. Il définit des publics prioritaires,
bution, qui seront mises en œuvre qui associe différents acteurs correspondant à treize situations. Certaines d’entre
elles sont visées par le PDALHPD ou par le Dalo.
par des conventions entre les diffé-
Certaines relèvent spécifiquement des politiques
rents acteurs. Les conférences pilo- Depuis les années 1950, différents communautaires ou communales. L’accord fixe des
teront notamment les accords col- acteurs sont associés aux attribu- objectifs d’attribution en faveur de ces ménages
lectifs d’attribution qui fixent des tions de logement par le biais des prioritaires, à hauteur de 40 % des attributions. Ils
objectifs d’accueil des ménages prio- réservations. sont répartis par commune et par organisme dans la
perspective d’un meilleur équilibre social des territoires.
ritaires et les conventions intercom- En contrepartie des subventions,
En parallèle, une charte des bonnes pratiques renforce
munales de mixité sociale prévues garanties ou apports en terrain, les la transparence du fonctionnement des commissions
dans les contrats de ville. Elles seront collectivités locales, l’État et les col- d’attribution. L’évaluation menée pour l’année 2013
à même de prendre en compte de lecteurs du « 1 % Logement » obtien- montre que les objectifs de l’accord ont été dépassés.
manière cohérente les objectifs de nent des droits de réservation ◗◗◗

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Le guide du logement social / Les logements sociaux, pour quels habitants ?

DR ARRA © L.DANIÈRE
Mieux informer les demandeurs, un des objectifs de la loi « Alur ».

◗◗◗ sur les logements, qui sont sti- manière collégiale sur les dossiers
FOCUS pulés dans une convention de réser-
vation. Ces droits donnent aux réser-
présentés (trois au minimum pour
chaque logement). La décision tient
Quel est le rôle du maire dans l’attribution vataires un pouvoir de proposition compte du patrimoine du deman-
des logements dans sa commune ? de candidats. deur, du niveau de ses ressources,
Le maire joue un rôle important, de l’enregistrement de Ainsi, au maximum 20 % des loge- de la composition familiale, de ses
la demande à l’attribution. ments d’une opération sont réser- conditions de logement actuelles,
En contrepartie des aides et de la garantie apportée par
sa commune, le maire dispose de droits de réservation
vés aux collectivités locales, EPCI, de l’éloignement des lieux de travail
sur un certain nombre de logements, pour lesquels il CCI (soit, pour une opération de dix et de la proximité des équipements
propose à la commission d’attribution des candidats. logements, deux logements réservés répondant aux besoins des deman-
La commune peut demander à être un lieu d’accueil et à la commune). Toutefois, des réser- deurs. Elle respecte les critères défi-
d’enregistrement du numéro unique départemental. Le vations supplémentaires peuvent nis par le CCH.
maire peut par ailleurs être délégataire, par convention,
de la gestion du contingent préfectoral ou donner son
être obtenues dans le cas d’aides par-
accord pour une délégation à l’EPCI. ticulières comme l’apport du terrain. Le traitement de la demande
Le maire intervient au niveau de l’attribution car il est De même, jusqu’à 30 % des de logement social
membre de droit, avec voix délibérative, de toutes les logements peuvent être réservés
commissions d’attribution statuant sur des logements pour l’État pour des publics prio- L’enregistrement de la demande
situés dans sa commune. Si un organisme possède plus
de 2 000 logements sur le territoire d’une commune ou
ritaires (dont au plus 5 % pour les Un ménage souhaitant accéder à
d’un EPCI, le maire ou le président de l’EPCI peuvent fonctionnaires) ; un logement social doit déposer
demander la création d’une commission d’attribution pour Enfin, un pourcentage variable est un dossier de demande (sur la base
ce territoire. réservé aux employeurs et collec- d’un formulaire unique) auprès d’un
Depuis la loi de mobilisation pour le logement et la lutte teurs du « 1 % », selon leur participa- organisme Hlm ou d’un réservataire
contre l’exclusion, le maire ou le président de l’EPCI peut
imposer le relogement d’un ménage dans le cas d’une
tion financière à l’opération ; (État, collectivités locales et leurs
opération de résorption d’habitat insalubre. Il dispose Les logements non réservés sont lais- groupements, collecteur du « 1 % »
d’un représentant (EPCI et / ou commune) au sein de la sés à disposition de l’organisme Hlm. ou employeur), qui procède à son
commission de médiation qui instruit les recours amiables La décision d’attribution, quel que enregistrement dans le système
au titre du Dalo. Le maire participe à la commission soit le réservataire, revient à la com- national d’enregistrement de la
d’orientation des attributions que peut créer l’EPCI sur
son territoire. La loi « Alur » prévoit également l’association
mission d’attribution (voir focus demande (SNE).
des maires à l’élaboration du plan partenarial de gestion page suivante) mise en place par le La loi « Alur » prévoit que le deman-
partagée de la demande et d’information des demandeurs bailleur social et dont le fonction- deur peut aussi s’enregistrer sur in-
que devront établir les EPCI dotés d’un PLH approuvé. nement est régi par un règlement ternet et qu’il dépose les pièces jus-
intérieur. La commission statue de tificatives en un seul exemplaire (ces

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Le guide du logement social / Les logements sociaux, pour quels habitants ?

pièces devant être scannées et mises – un dispositif de gestion partagée


en commun dans le SNE ou dans un de la demande qui vise à mettre en PAYS DE LA LOIRE
fichier partagé de gestion). Ces dis- commun les dossiers de demande Fichier partagé
positions devraient être opération- de logement social, les pièces justi-
de la demande de logement social
nelles dès publication de la loi pour ficatives nécessaires à l’instruction, Depuis 1996, la région Pays de la Loire est dotée d’un
fichier partagé de la demande de logement social,
l’enregistrement sur internet, et en les informations relatives à la situa-
piloté par l’association régionale Hlm et administré
2015 pour ce qui concerne le dos- tion des demandeurs et au traitement par le Creha Ouest. Ce fichier a été reconnu centre
sier unique. de leurs dossiers. Ce dispositif, qui de délivrance du numéro unique de la demande en
Chaque demandeur reçoit ensuite devra être interconnecté au SNE ou 2001, puis en 2011, à la suite des deux réformes
dans un délai maximum d’un mois, à un fichier partagé enregistrant la successives de la gestion de la demande. Depuis
l’origine, l’État, les collectivités locales, les Adil et le
une attestation d’enregistrement, demande pour le compte du SNE,
« 1 % » sont partenaires de ce dispositif précurseur :
avec son numéro unique d’enregis- devra être mis en place au plus tard en effet, le demandeur dépose une seule demande,
trement (1). Une attente supérieure fin 2015. via un formulaire unique (désormais Cerfa), dans
à un délai fixé localement ouvre le l’un des 250 lieux d’enregistrement. Il peut ensuite
droit au demandeur à déposer un re- Des expériences de fichiers modifier, actualiser ou renouveler sa demande dans
n’importe quel lieu ou sur internet, la saisie en ligne
cours au titre du Dalo. partagés de gestion de la demande
des demandes étant effective depuis plusieurs années.
Les fichiers partagés de gestion de la Le fichier met en commun la liste des demandeurs.
Le droit à l’information du demandeur demande, dont le mouvement Hlm Il permet de rapprocher l’offre de la demande, et
La loi « Alur » définit un droit à est à l’origine, anticipent par rap- constitue pour les bailleurs sociaux et leurs partenaires
l’information du demandeur : sur la port aux objectifs de la loi « Alur » un outil de gestion de la demande et des attributions :
recherche de demandeurs, gestion des commissions
procédure d’attribution, sur l’offre car l’ensemble des acteurs travaillent
d’attribution, gestion des prospections et des
disponible, sur la satisfaction de la sur le même fichier et sont en me- propositions de logement, traçabilité de la gestion de
demande sur le territoire souhai- sure de consulter les données issues la demande et des refus des demandeurs, gestion des
té. Les demandeurs devront être de l’instruction de la demande (his- contingents de réservation, gestion des attributions…
informés de l’avancement du traite- torique des propositions, des refus Ce dispositif joue également un rôle important dans
la connaissance de la demande. Des statistiques sont
ment de leur demande. Il s’agit, par des commissions d’attribution et
produites annuellement sur l’offre et la demande par
une plus grande transparence, de des demandeurs, motifs de ces refus, département et par EPCI. Le fichier de la demande
lever des incompréhensions et de etc.). Dans les 27 départements (2) où permet aussi d’affiner les analyses sur les profils des
permettre au demandeur de mieux ces fichiers existent, les EPCI pour- demandeurs de logement et sur les attributions.
orienter sa demande. ront s’appuyer sur ces outils. Le rôle de gestionnaire du Creha Ouest a été étendu
aux fichiers partagés existants en Bretagne, et une
Ces fichiers, qui sont l’aboutissement
charte déontologique inter-régionale a été adoptée
La gestion partagée de la demande d’une démarche de projet partena- par les instances du Creha Ouest, constituant
Afin de favoriser une gestion parta- riale, apportent une qualité de ser- un corpus d’engagements pris par chacun des
gée de la demande entre les acteurs vice renforcée au demandeur. Dans partenaires du dispositif.
d’un même territoire et d’amélio- ces projets mobilisateurs, les col-
rer le service aux demandeurs, la lectivités locales et les collecteurs
loi « Alur » donne l’obligation a tout qui sont souvent le premier point
EPCI doté d’un PLH de mettre en d’accueil du demandeur s’organi-
place : sent pour être des lieux d’enregistre- FOCUS
– un plan partenarial de gestion ment, directement ou par l’intermé-
Qui sont les membres de la commission
de la demande et d’information diaire de maisons de l’habitat (3). Le
d’attribution ?
des demandeurs. Ce plan définit demandeur peut aussi d’ores et déjà
– six administrateurs membres du conseil
les orientations destinées à assurer enregistrer, renouveler et modifier sa
d’administration ou du conseil de surveillance de
la gestion partagée des demandes demande en ligne. ◆ l’organisme Hlm ; la désignation des membres est
de logement social et à satisfaire au (1) Numéro régional en Île-de-France et différente en fonction du statut (OPH, ESH, coopérative)
départemental dans les autres territoires. et du nombre de commissions de l’organisme ;
droit à l’information des deman-
(2) En Pays de la Loire, Bretagne, Poitou-Charentes,
deurs. Les communes et un repré- Alsace, Bourgogne, en Haute-Garonne, dans le
– le maire de la commune d’implantation du logement (ou
Calvados, l’Indre-et-Loire, le Rhône et l’Isère. son représentant). Membre de droit, il dispose d’une voix
sentant des bailleurs sont associés
(3) C’est le cas dans les Pays de la Loire, en Isère, prépondérante en cas d’égalité des voix ;
à son élaboration. Le plan fixe no- en Haute-Savoie, en Côte-d’Or, en Indre-et-Loire ou – un représentant des associations (désigné par le préfet)
dans le Calvados par exemple.
tamment le délai maximum dans menant des actions d’insertion agréées et ayant une voix
lequel tout demandeur qui le sou- consultative sur la décision d’attribution ;
haite doit être reçu après l’enregis- – le représentant de l’État, ou l’un de ses représentants
membre du corps préfectoral, assiste à la commission
trement de sa demande. Le plan
d’attribution à sa demande ;
doit également prévoir l’organisa- – le président de l’EPCI compétent en matière de PLH, à
tion et le fonctionnement du ser- titre consultatif ;
vice d’information et d’accueil des – un représentant d’une association de défense des droits
demandeurs, avec au moins un lieu des locataires.
d’accueil commun ;

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Le guide du logement social / Les logements sociaux, pour quels habitants ?

Les réponses apportées


2 les plus fragilisés aux ménages

DR CILIOHPAJ AVENIR ET JOIE


Maison-relais Les Terrasses de Delbourg, CILIOHPAJ Avenir et Joie, Agen (47)

C rise économique, précarisation


des ménages, évolution des
modèles familiaux ont fait émerger
Le parc social, dans ses formes
diverses, peut alors constituer un
plus. Des types de logements plus
tionnés, les locataires bénéficient
de l’APL (ALS ou ALF dans le parc
privé). Depuis 2001, un barème
des publics plus vulnérables qui, spécifiques, répondant à des deman- d’aides unique s’applique dans le
sans être marginaux, ont de nou- des particulières, ont vu le jour. logement social et le logement privé.
veaux besoins en logement, aux- Aujourd’hui, près de 2,1 millions
quels le parc de logement privé n’est Le rôle essentiel de locataires Hlm bénéficient de
pas toujours en mesure de répondre. des aides à la personne l’aide, avec un montant moyen de
Des aides à la personne sont versées 240 euros par mois.
par l’État pour faciliter l’accès et Comme dans le parc privé, les Cette aide est calculée en tenant
le maintien dans le logement. Les locataires du parc social bénéficient compte du montant du loyer, des
collectivités locales sont régulière- d’aides personnelles au logement ressources du ménage, mais aussi
ment confrontées aux questions de pour faire baisser l’effort financier en fonction de plafonds de loyers.
familles en situation de précarité qui que constitue leur logement. Les Ces barèmes de l’APL sont revalori-
se tournent vers elles. Localement, aides à la personne constituent un sés chaque année en tenant compte
des dispositifs partenariaux existent soutien supplémentaire au main- de l’évolution des prix de détail et du
pour faciliter le logement des per- tien dans le logement pour les reve- coût de la construction. Cependant,
sonnes en difficultés, pilotés par les nus les plus modestes. depuis quelques années, le pouvoir
collectivités et auxquels participent Dans le parc locatif social, comme solvabilisateur de ces aides s’est for-
les organismes Hlm. dans tous les logements conven- tement érodé. Par ailleurs, les loyers

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Le guide du logement social / Les logements sociaux, pour quels habitants ?

plafonds sont en décalage impor- partenaires locaux, pour une durée


tant avec le niveau des loyers prati- maximale de six ans. Le PDALHPD PAYS DE LA LOIRE
qués, notamment dans les zones où fixe, par secteur géographique, en te- Remobiliser les locataires en difficultés
le marché immobilier est tendu, ce nant compte des programmes locaux grâce à « l’accompagnement collectif
qui conduit de nombreux experts à de l’habitat et des bassins d’habitat, individualisé »
considérer que la revalorisation de les objectifs à atteindre pour assu- L’organisme Hlm LNH et l’association nantaise
ces aides est indispensable, notam- rer aux personnes et familles visées Anef-Ferrer ont développé une méthodologie
ment pour mieux prendre en compte par le plan la mise à disposition du- d’accompagnement de ménages en difficultés dans un
objectif d’insertion ou de maintien dans le logement.
le forfait « charges ». rable d’un logement et garantir la L’innovation réside dans la complémentarité d’un
En Hlm, l’aide est versée selon le sys- mixité sociale des villes et des quar- accompagnement individualisé et d’une approche
tème du tiers payant au bailleur par tiers. Il permet un véritable suivi et collective favorisant les échanges d’expériences et de
les caisses d’allocations familiales une évaluation des actions, mobili- savoir-faire. Elle s’appuie sur une participation active
(CAF) et les caisses de mutualité so- sant l’ensemble des outils de droit du bénéficiaire. Les séances de travail collectives ont
porté, à la demande des locataires concernés, sur
ciale agricole (CMSA) ; elle vient par commun, dont le FSL et les procé- différentes thématiques notamment en lien avec la
conséquent en déduction de la men- dures d’attribution prioritaire de lo- gestion du budget et du logement. Initié en 2008, ce
sualité ou du loyer à acquitter par le gements sociaux, ceci en lien étroit dispositif a bénéficié à 130 ménages qui, grâce à cette
bénéficiaire. avec les chartes de prévention des démarche, ont développé leurs capacités d’autonomie,
expulsions. régularisé leur situation administrative et budgétaire et
pu se réapproprier leurs droits et devoirs de locataires.
Des dispositifs partenariaux
pour accompagner les Le Fonds de solidarité logement (FSL).
ménages en difficulté Ces aides départementales, qui font
l’objet d’une décentralisation depuis gement (avec une prise en charge de
Outre les aides à la personne, des 2005, ont bénéficié en 2009 à 624 389 neuf mois maximum d’impayés de
aides spécifiques et ciblées peu- ménages dans le parc privé et dans loyers). Le Loca-pass est fréquem-
vent être mobilisées pour favori- le parc social, pour un montant glo- ment utilisé par les organismes Hlm :
ser l’insertion et le maintien dans bal de près de 250 millions d’euros. entre 150 000 et 200 000 locataires
le logement social des ménages les Ce fonds vise : en bénéficient chaque année, c’est-
plus fragiles. Ces aides apportées – l’accès au logement (126 094 mé- à-dire plus d’un tiers des entrants.
par des partenaires extérieurs vien- nages aidés). L’aide, sous forme
nent appuyer l’action de prévention de prêt ou d’allocation directe, est La prévention des expulsions
des organismes Hlm. Le bon fonc- conditionnée à une garantie et à
tionnement des processus partena- un accompagnement social quasi Depuis la loi du 5 mars 2007 sur
riaux permet la bonne insertion des systématique ; le droit au logement opposable,
ménages. – l’aide au maintien dans le loge- les ménages menacés d’expulsion
ment, en cas de difficulté passagère font partie des personnes à reloger
Les plans départementaux d’action (77 206 ménages aidés) ; prioritairement. Une circulaire du
pour le logement et l’hébergement des – l’aide aux fluides (depuis 2005) : 26 octobre 2012 demande aux pré-
personnes défavorisées (PDALHPD). Le 421 089 ménages ont bénéficié fets de ne pas procéder à l’expulsion
PDALHPD contribue à garantir le d’une aide au paiement de l’éner- de ces ménages sans relogement.
droit au logement par des mesures gie, de l’eau ou du téléphone. 81 %
destinées à permettre à toute per- des aides concernent des charges Les chartes de prévention des expul-
sonne éprouvant des difficultés par- d’énergie. sions locatives. Pour permettre le trai-
ticulières, en raison notamment de tement coordonné des situations
l’inadaptation de ses ressources Le Loca-pass. Le Loca-pass est un d’expulsion locative, la loi « Alur »
ou de ses conditions d’existence, système d’aide pour les ménages prévoit qu’une charte de prévention
d’accéder à un logement indépen- octroyé par le « 1 % Logement » de l’expulsion, dont les dispositions
dant ou de s’y maintenir, d’y dispo- (logement des salariés) pour les ai- seront fixées par décret, doit être éla-
ser de la fourniture d’eau, d’éner- der à s’installer dans un logement. Il borée dans chaque département avec
gie et de services téléphoniques propose deux aides qui peuvent ou l’ensemble des partenaires concer-
et de pouvoir disposer, le temps non être cumulées. La première est nés. Elle est approuvée par le comi-
nécessaire, si elle le souhaite, d’un destinée à faciliter le dépôt de garan- té responsable du PDALHPD et fait
accompagnement correspondant à tie demandé par le bailleur : il s’agit l’objet d’une évaluation annuelle de
ses besoins. Le PDALHPD inclut les d’une avance sous forme d’un prêt ce même comité ainsi que devant la
mesures complémentaires destinées remboursable en 25 mois. La seconde CCAPEX.
à répondre aux besoins en héberge- est une garantie contre les impayés
ment des personnes. de loyers et de charges, qui remplace Les commissions de coordination des
Le plan est élaboré et mis en œuvre la garantie personnelle, pendant trois actions de prévention des expulsions
par l’État et le département et leurs ans à compter de l’entrée dans le lo- locatives (CCAPEX) sont l’outil ◗◗◗

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Le guide du logement social / Les logements sociaux, pour quels habitants ?

DR LE MANS HABITAT
◗◗◗ partenarial de la prévention des
expulsions, également conforté par
la loi « Alur ». Créées dans chaque
département, elles ont pour mis-
sions de :
– coordonner, évaluer et orien-
ter le dispositif de prévention des
expulsions locatives défini par le
PDALHPD et la charte pour la pré-
vention de l’expulsion ;
– délivrer des avis et des recom-
mandations à tout organisme ou
personne susceptible de partici-
per à la prévention de l’expul-
sion, ainsi qu’aux bailleurs et
aux locataires concernés par une
situation d’impayé ou de menace
Colocation étudiante, Le Mans Habitat, au Mans (72)
d’expulsion.
bailleur renonce à poursuivre la matière de mise en place de places
Les protocoles de prévention des procédure judiciaire d’expulsion et d’hébergement sur leur territoire,
expulsions dans le parc social. Pré- doit, au terme du protocole, conclure obligations qui ont été renforcées
vus par la loi du 18 janvier 2005 de un nouveau bail avec l’occupant. par la loi sur le droit au logement
programmation pour la cohésion Dix mille protocoles ont été signés opposable :
sociale, les protocoles de prévention en 2012. – au minimum une place d’héberge-
des expulsions, signés pour deux ment par tranche de 2 000 habitants
ans entre l’occupant et le bailleur Une gamme de solutions pour les communes membres d’un
Hlm, visent à maintenir dans le lo- pour les personnes dont EPCI à fiscalité propre dont la popu-
gement les ménages défaillants et les difficultés ne sont pas lation est supérieure à 50 000 habi-
dont le bail a été résilié. L’occu- seulement financières tants ainsi que pour les communes
pant s’engage à reprendre les paie- dont la population est au moins égale
ments et voit son aide personnelle Le logement social constitue une à 3 500 habitants et qui sont com-
au logement rétablie. Dès lors que réponse pour ceux qui ne peuvent prises dans une agglomération de
l’occupant respecte ses engagements accéder à un logement aux prix du plus de 50 000 habitants comprenant
(qui figurent dans le protocole), le marché. Compte tenu du service ren- au moins une commune de plus de
du et de la localisation, l’intérêt pour 15 000 habitants ;
certains publics est manifeste : les – une place par tranche de
RHÔNE (69) jeunes, les personnes âgées, les per- 1 000 habitants dans les communes
Des logements et des services adaptés sonnes handicapées, les ménages visées ci-dessus et comprises dans
pour favoriser le maintien à domicile des à très faibles ressources. Le parc une agglomération de plus de
personnes âgées social classique permet de trouver 100 000 habitants.
Partenaire de la charte « Rhône + vivre chez soi » du des solutions adaptées, mais les Les organismes Hlm peuvent être
conseil général qui encourage les bailleurs sociaux à organismes sont également inves- maîtres d’ouvrage délégués pour dif-
développer une offre de logements adaptés, l’Opac tis dans la production d’une offre férents types de structures d’héberge-
du Rhône a livré 200 logements neufs répondant à ce diversifiée d’hébergements et de ment destinées à accueillir de façon
référentiel et adapté cette année, dans le parc existant,
son 1 600e logement au vieillissement. Confronté à logements accompagnés pour les temporaire des personnes en grandes
un vieillissement accru de ses locataires (30 % de ménages en grande difficulté sociale difficultés. Ces structures sont gérées
ses locataires âgés de plus de 60 ans et 7 % de ces ou en mobilité. par des associations :
nouveaux entrants âgés de plus de 65 ans), il s’est – centres d’hébergement d’urgence
doté de moyens humains spécifiques et contribue au Les réponses en matière d’héber- (CHU) pour l’accueil à la journée ou
développement d’une offre nouvelle dédiée. Il a été
primé en 2013 dans le cadre du concours Agevillage gement. L’entrée directe dans le la nuit ;
pour une opération intergénérationnelle qui accueille logement pour les ménages les plus – centres d’hébergement et de réin-
personnes âgées, familles et jeunes travailleurs. fragiles n’est parfois pas possible. sertion sociale (CHRS) pour l’accueil,
Dans le cadre du programme européen Host, l’Opac Avant cela, le passage par une struc- d’une durée de six mois maximum,
du Rhône a investi en outre le domaine des TIC ture d’hébergement temporaire peut de personnes isolées ou de familles,
en proposant à une soixantaine de ses locataires
âgés des tablettes numériques afin de rompre leur s’avérer une solution pour répondre avec mission d’accompagnement et
isolement et de leur apporter des informations sur les à l’urgence. d’insertion ;
services susceptibles de les aider dans leur quotidien. Les communes et les intercom- – centres d’accueil des demandeurs
munalités ont des obligations en d’asile (Cada, pour la durée de l’ins-

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Le guide du logement social / Les logements sociaux, pour quels habitants ?

truction de la demande) et centres – des maisons relais, destinées à


provisoires d’hébergement (pour accueillir de façon pérenne les per- RENNES (35)
les personnes ayant obtenu le sta- sonnes nécessitant une présence et La colocation solidaire dans le parc Hlm :
tut de réfugiés, pour une durée de un accompagnement, notamment s’investir au plus près des habitants
six mois). du fait de difficultés psychologiques, Archipel Habitat et Espacil ont développé à Rennes
Malgré le renforcement des obli- avec une formule d’habitat semi- un partenariat avec l’Afev, association étudiante, qui
gations des collectivités locales en collectif et une animation gérée par consiste à installer des colocations étudiantes en
matière d’hébergement, les places un hôte ; cœur de quartier. Trois à quatre étudiants se partagent
un logement Hlm et animent un projet social tout
d’accueil dans ces différentes – des résidences-accueil qui permet- au long de l’année au bénéfice des habitants, en
structures restent le plus souvent tent l’accueil pérenne d’adultes en contrepartie d’un loyer très modéré. Après une phase
insuffisantes. Devant l’ampleur des situation d’exclusion du fait d’un han- d’expérimentation dans le quartier de Villejean (quatre
besoins, le passage à un logement dicap psychique. Elles sont gérées en colocations en 2011), la démarche est étendue et
pérenne est une solution pour libé- partenariat avec des services médico- associe d’autres bailleurs sociaux. Soutenu par la
ville de Rennes, Rennes métropole, la région et des
rer des places dans les structures. sociaux et psychiatriques. partenaires locaux, ce dispositif est un réel moyen
C’est un enjeu fort et un axe de tra- Ces différentes résidences sont comp- de conjuguer offre de logements abordables pour un
vail important pour les organismes tabilisées au titre de l’article 55 de la public jeune, engagement citoyen en direction des
Hlm, en lien avec les associations. loi « SRU » qui impose aux villes de quartiers et utilisation de la ressource étudiante pour le
disposer d’une certaine proportion développement territorial. D’autres bailleurs sociaux ont
mis en place avec l’Afev ce type de dispositif à Poitiers,
Les résidences sociales. Elles sont de logements sociaux. Villeurbanne, Paris, Le Mans et Caen.
destinées à des publics spécifiques,
connaissant des situations particu- Le logement d’insertion en diffus. Par
lières et durables, du fait de leur ailleurs, les organismes Hlm gèrent
âge, de leur origine, de maladies, des logements d’insertion en dif- contrat d’apprentissage ou de pro-
ou encore de difficultés sociales. fus dans le parc de logements clas- fessionnalisation dans le cadre d’un
Dans certains cas, ces structures sont sique, qui peuvent être loués à des contrat d’une durée d’un an ;
une étape avant le passage vers un associations. Certains sont appelés – la colocation, mise en œuvre par
logement classique dans le parc à répondre de façon provisoire à des les bailleurs sociaux, notamment
social. Elles sont construites par les besoins très précis (personnes sor- en faveur des étudiants. Elle pré-
organismes Hlm, mais gérées dans la tant de prison, d’hôpitaux psychia- sente l’intérêt de pallier la pénu-
plupart des cas par des associations triques). D’autres sont utilisés par rie de petits logements dans le parc
dont c’est le cœur de métier. les associations pour permettre un social et de diminuer le taux d’effort
Des partenariats étroits sont donc passage en souplesse des familles de chacun. La loi de mobilisation
noués entre les bailleurs et les asso- ayant connu des difficultés finan- pour le logement et la lutte contre
ciations. Ces structures peuvent être : cières ou sociales vers le logement l’exclusion a clarifié les modalités
– des résidences sociales, qui durable, par le système des baux glis- juridiques de la colocation pour
accueillent pour des séjours de sants : au bout de quelques mois ou favoriser son développement. La loi
quelques jours à plusieurs années années, le bail signé avec l’associa- ouvre notamment la possibilité de
des personnes cumulant des diffi- tion passe à la famille occupante. louer des logements en colocation
cultés économiques et sociales, iso- Ces solutions diversifiées, dans à des étudiants, des personnes de
lées et ayant besoin d’une aide à la forme, les publics et la gestion, moins de 30 ans ou des personnes en
l’insertion sociale ; concourent toutes à trouver des insertion professionnelle pour une
– des foyers de travailleurs migrants solutions intermédiaires et adaptées durée limitée. La mise en œuvre de
pour des hébergements allant de pour chacun. Ces solutions peuvent cette disposition doit donner lieu à
quelques mois à plusieurs années, être pérennes ou transitoires avant des expérimentations de « circuits
notamment pour les immigrés l’accès à un logement pérenne. courts d’attribution ».
vieillissants ; – la sous-location, qui offre l’oppor-
– des foyers de jeunes travailleurs, Les baux spécifiques. Des solutions tunité de louer une pièce du loge-
destinés à des jeunes entre 16 et plus souples peuvent être proposées ment à une personne extérieure au
30 ans, en mobilité professionnelle, en réponse à des besoins particuliers, ménage. Ce dispositif vise principa-
et dans l’attente d’une stabilisation notamment vis-à-vis des jeunes qui lement les personnes en sous-occu-
dans un logement ; débutent dans la vie : pation : il leur permet ainsi de rester
– des foyers de logements étudiants, – les logements meublés, proposés à dans leur logement tout en propo-
qui font l’objet de partenariat avec la location aux étudiants par les orga- sant une solution de logement abor-
les Crous. Dans le cadre du plan de nismes Hlm depuis quelques années. dable pour un étudiant, un appren-
relance en faveur du logement étu- La loi de mobilisation pour le loge- ti ou une personne en insertion
diant, les organismes se sont engagés ment et la lutte contre l’exclusion professionnelle. ◆
à renforcer leur production nouvelle étend cette disposition aux jeunes de
(5 000 logements par an) ; moins de 30 ans, aux titulaires d’un

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Le guide du logement social / Les logements sociaux pour quels habitants ?

Favoriser le « vivre ensemble


3 dans les logements sociaux »

© OPAC 38
Jardin partagé, Opac 38, Échirolles (38)

U ne politique du logement doit


aussi porter une attention par-
ticulière au « vivre ensemble » et au
diens, qui sont de véritables relais
de l’organisme auprès des habi-
tants. Par ailleurs, les organismes
urbaine, patrimoniale ou sociale.
Ces démarches associent des par-
tenaires, principalement les collec-
bon fonctionnement des résidences mettent en place des actions et une tivités locales, ainsi que les repré-
et des quartiers. Ce point fait partie communication particulière desti- sentants des habitants. Si la gestion
de la mission des organismes Hlm, à nées aux locataires. Ils suivent leurs reste complexe dans certains terri-
travers la gestion locative, aux côtés demandes, recueillent leurs avis à toires, des progrès très importants
de la collectivité locale. travers des dispositifs de concerta- ont été réalisés. Ceux-ci sont révélés
Depuis plusieurs années, les orga- tion et des enquêtes de satisfaction. notamment à travers les résultats des
nismes ont renforcé leur gestion enquêtes de satisfaction triennales et
de proximité et leur présence sur Une gestion locative adaptée d’autres dispositifs d’écoute-clients,
le terrain, en mettant en place des plus réguliers. Lors du dernier bilan
agences ou antennes locales, avec Les organismes Hlm travaillent éga- triennal, le taux de satisfaction des
des interlocuteurs disponibles pour lement à l’amélioration continue de locataires au niveau national avoi-
les locataires, mais aussi pour les la qualité du service rendu aux habi- sinait les 83 %.
services des collectivités locales. Ils tants dans tous les ensembles immo- Les organismes se sont équipés pour
ont travaillé à la formation des gar- biliers, quelle que soit leur situation pouvoir apporter des réponses effi-

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Le guide du logement social / Les logements sociaux, pour quels habitants ?

caces aux besoins de leurs locataires des familles et en articulation avec


sur leur « cœur de métier ». Une le PDALHPD : acteurs sociaux, asso- INDRE-ET-LOIRE (37)
attention particulière a été accordée ciations, partenaires du milieu sani- Un groupe d’habitants référents pour
à la propreté et au traitement des taire et médico-social et centres com- améliorer la qualité de service en continu
réclamations. Les organismes ont munaux d’action sociale (CCAS). Val Touraine Habitat a choisi de faire de la concertation
aussi mis en place des modes Alors que le nombre des situations avec les locataires une de ses priorités. L’OPH
d’organisation adaptés : présence sur de précarité et de fragilité sociale et départemental a mis en place en mai 2012 un
le terrain renforcée avec des gardiens de santé augmente, l’accompagne- groupe d’habitants référents. Ils sont consultés
régulièrement sur des thèmes aussi divers que le
et autres agents de proximité... Des ment exercé par les organismes Hlm
site internet de l’office, la charte du « mieux vivre
actions de formation et de qualifica- peut compléter l’action des pouvoirs ensemble » ou la démarche qualité. Cette vingtaine
tion des personnels sur les sites ont publics. d’habitants bénéficient également d’informations et
permis de repenser les services de de présentations pédagogiques leur permettant de
proximité pour les personnes âgées, Développer la mobilité disposer des clés pour un échange de qualité avec le
bailleur. Par ailleurs, Val Touraine Habitat réunit chaque
les familles monoparentales, les per- des locataires année un forum des locataires qui associe plusieurs
sonnes isolées et de développer les centaines de locataires dans un dialogue constructif
commerces de proximité, l’activité Les organismes Hlm travaillent pour avec les représentants de l’office sur les questions
et l’emploi. développer la mobilité des locataires du quotidien des locataires. Ces dispositifs permettent
Ces démarches sont souvent for- Hlm et répondre à leurs attentes qui une prise en compte effective des attentes et des
besoins des locataires dans les décisions de l’office.
malisées dans des « chartes » ou évoluent avec les parcours de vie.
« engagements » qui associent les Ils apportent une attention particu-
habitants et les partenaires, et cer- lière aux situations de sur et sous-oc-
tains organismes ont obtenu des cer- cupation ainsi qu’à l’inadéquation
tifications ISO 9001, Qualibail ou entre les ressources et le montant de FOCUS
Qualirésidence. Pour aller plus loin, la quittance. Des propositions peu-
Les élections des représentants des locataires
et toucher tous les organismes, des vent aussi être faites aux ménages
Tous les quatre ans, les locataires Hlm sont invités
diagnostics conseil « Habitat, quali- pour accéder à la propriété.
à un rendez-vous citoyen unique : les élections des
té, services »®, conduits par des audi- Dans le cadre de ces mutations, cer- représentants des locataires. Ce vote, dont le scrutin
teurs externes, se développent dans tains organismes proposent la prise est organisé par les organismes Hlm, permet d’élire
la branche professionnelle afin d’ob- en charge des frais de déménagement les 1 700 locataires qui siègeront avec voix délibérative
jectiver les situations, d’évaluer pour et d’installation. au sein des conseils d’administration ou des conseils de
surveillance des organismes Hlm, disposant des mêmes
chaque organisme les acquis et les Les dispositifs visant à favoriser la
droits que les autres administrateurs.
marges de progrès et, si nécessaire, mobilité ont été renforcés avec la loi
d’aider à résorber les situations de de mobilisation pour le logement et
non qualité. la lutte contre l’exclusion de 2009.
Afin de construire et maintenir la
Accompagner les La concertation citoyenneté dans les quartiers, les
locataires individuellement avec les habitants organismes peuvent accompa-
gner l’émergence de représentants
Les organismes Hlm interviennent Le « vivre ensemble » est l’un des d’habitants au niveau de l’immeuble
aussi pour des besoins plus parti- facteurs clés du bien-être dans les ou du groupe d’immeubles (conseils
culiers et peuvent être amenés à quartiers d’habitat social. La contri- consultatifs de quartier, délégués de
jouer un rôle important en matière bution des habitants est essentielle, cage d’escalier, personnes relais…).
d’accompagnement social. Des ils peuvent devenir des relais de la Des chartes de bon voisinage sont
conseillers et travailleurs sociaux ont vie collective de leurs quartiers. Les proposées, le plus souvent rédi-
pour missions d’aider les ménages habitants sont représentés par des gées avec les locataires ou leurs
fragiles à accéder au logement, de administrateurs au sein du conseil représentants.
traiter de façon précoce les impayés d’administration des organismes Les habitants sont en général
et de prévenir les expulsions. Ils peu- Hlm. Ces administrateurs sont élus désireux d’être impliqués plus en
vent contribuer au règlement des par l’ensemble des locataires et ils ont amont dans les choix de projets et
troubles de voisinage. Ils sont en les mêmes pouvoirs et mêmes devoirs de constructions conçus pour eux.
contact permanent avec les locataires que les autres administrateurs. Pour les projets de renouvellement
et leur intervention permet d’adapter Les organismes Hlm ont l’obligation urbain, réhabilitation ou résidentia-
les procédures de gestion aux diffi- d’organiser un plan de concertation lisation, des réunions de concerta-
cultés sociales rencontrées. Ils jouent locative avec l’ensemble des loca- tion et un travail très en amont avec
également un rôle dans les parte- taires. Ce plan définit les modalités les associations de quartiers, les ami-
nariats avec les acteurs extérieurs pratiques de la concertation et ins- cales de locataires, sont mis en place,
en charge de l’accompagnement taure un ou plusieurs conseils de y compris au-delà des seules obliga-
social, en fonction des difficultés concertation locative. tions réglementaires. ◆

41

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Le guide du logement social / Glossaire, bibliographie

GLOSSAIRE
ADIL Agence départementale
d’information sur le logement
ALUR Loi « Accès au logement
Pour aller plus loin…
et pour un urbanisme rénové »
(loi du 24 mars 2014)
ANAH Agence nationale
de l’habitat
OUVRAGES ET REVUES Association des maires de France
& Associations départementales de maires Hlm Association des maires de France
& Associations départementales de maires
LES CAHIERS DU RÉSEAU LES CAHIERS DU RÉSEAU
ANIL Agence nationale pour ■ « Le guide du maire 2014 », Association des maires de N°17 N°16

l’information sur le logement


ANRU Agence nationale
France, 2014 questions
■ « Le guide du président d’intercommunalité 2014 »,
pour la rénovation urbaine
APL Aide personnalisée au logement Association des maires de France, 2014
que se posent
CADA Centre d’accueil ■ « HLM : 12 questions que se posent les maires. I Le guide du président
les maires I Le guide du maire
de demandeurs d’asile
Guide à l’usage des collectivités locales », Union sociale
d’intercommunalité 2014
2014
CCAPEX Commissions
de coordination des actions de pour l’habitat, 2014
prévention des expulsions locatives ■ « 10 idées reçues sur les HLM », Union sociale pour Guide pratique à l’usage des collectivités locales

CCAS Centre communal l’habitat, 2013 Guide pr


p atique
q à l’usage
g des collectivités locales

d’action sociale
CCH Code de la construction ■ « Les villes moyennes et l’habitat. Portraits de
et de l’habitation territoires et stratégies habitat », 20
0
2014
d intercommu
d’intercommu
rcommuna
nal
CCI Chambre de commerce
et d’industrie
Fédération des villes moyennes, Caisse des dépôts, Union sociale I Le guide
gui
g de du préside
préside
les maires I Le g
guide
uide du mair
maire
e

CGLLS Caisse de garantie


pour l’habitat, 2013
que se posent
■ « L’habitat social dans la prospective territoriale »,
du logement locatif social
CHRS Centre d’hébergement
questions
Union sociale pour l’habitat, Caisse des dépôts, 2012
et de réinsertion sociale
■« Le logement social », Michel Amzallag, Claude Taffin, N N°16
CHU Centre d’hébergement LES CAHIERS DU RÉSE
E LES CAHIERS DU RÉSEAU
■ « Guide
& de l’administrateur
Hlm de coopérative
Associations départementales de & Associations départementales de maires
d’urgence LGDJ, 2009
Association des maires de Association des maires de France

CIL Comité interprofessionnel d’HLM », A.RE.COOP, 2014


■ « Les HLM acteurs et témoins de leur temps »,
du logement ■ « Livret de l’administrateur d’un office public de
CUS Convention d’utilité sociale Ouvrage collectif, Union sociale pour l’habitat, 2006 l’habitat », Fédération des Offices Publics de l’Habitat, 2010
DALO Droit au logement opposable
DPU Droit de préemption urbain
ENL Loi « Engagement national pour
le logement » (loi du 13 juillet 2006)
EPCI Établissement public
SITES INTERNET
de coopération intercommunale ■ Union sociale pour l’habitat : www.union-habitat.org ■ Association des maires de France : www.amf.asso.fr
EPF Établissement public foncier
EPL Entreprise publique locale ■ Fédération nationale des Offices Publics ■ Le Courrier des maires : www.courrierdesmaires.fr
ESH Entreprise sociale pour l’habitat de l’Habitat : www.foph.fr
■ Ministère du Logement et de l’Égalité
(SA Hlm)
■ Fédération nationale des entreprises sociales des territoires : www.territoires.gouv.fr
FSL Fonds de solidarité logement
pour l’habitat : www.esh.fr
HLM Habitation à loyer modéré ■ Anru : www.anru.fr
MAPTAM Loi de modernisation ■ Fédération nationale des sociétés coopératives
de l’action publique territoriale d’Hlm : www.hlm.coop ■ Anil : www.anil.org
et d’affirmation des métropoles (loi
■ UES-AP / Procivis : www.procivis.fr ■ Fédération des EPL : www.lesepl.fr
du 27 janvier 2014)
OPH Office public de l’habitat ■ Fédération
nationale des associations régionales ■ Réseau des acteurs de l’habitat :
PDALHPD Plan départemental
d’organismes d’habitat social : www.fnar-habitat.org www.acteursdelhabitat.com
d’action pour le logement et
l’hébergement des personnes
défavorisées
PDH Plan départemental de l’habitat
PDU Plan de déplacements urbains
PLAI Prêt locatif aidé d’intégration
PLH Programme local de l’habitat
PLS Prêt locatif social
PLU Plan local d’urbanisme
PLUS Prêt locatif à usage social
PRU Projet de rénovation urbaine
PSP Plan stratégique de patrimoine
SACICAP Société anonyme
coopérative d’intérêt collectif pour
l’accession à la propriété
SCOT Schéma de cohérence
territoriale
SEM Société d’économie mixte
SGAHLM Société de garantie
de l’accession Hlm
SNE Système national
d’enregistrement (de la demande
de logement social)
FORMATION
SRU Loi « Solidarité et ■ Afpols – Formation pour l’habitat : www.afpols.fr ■ Mairie 2000 (formation de l’Association
renouvellement urbains »
■ École du renouvellement urbain : des maires de France) : http://mairie2000.asso.fr
(loi du 13 décembre 2000)
www.ecoledurenouvellementurbain.com ■ « Le Courrier des maires »
TFPB Taxe foncière sur les
propriétés bâties ■ École de l’accession sociale à la propriété en partenariat avec le Groupe Territorial :
USH Union sociale pour l’habitat (EASP) : www.ecoledelaccessionsocialealapropriete.fr http://territorial.fr/987-formations.htm
VEFA Vente en l’état futur
■ Le Moniteur : http://formations.lemoniteur.fr
d’achèvement
ZAC Zone d’aménagement concerté
ZAD Zone d’aménagement différé

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L’Union sociale pour l’habitat
L ’Union sociale pour l’habitat
représente, en France métropo-
litaine et dans les territoires d’outre-
trois missions : un rôle de représen-
tation nationale auprès des pouvoirs
publics, des médias, des milieux pro-
En 2013, 106 000 logements locatifs
et foyers ont été financés par les orga-
nismes Hlm qui détiennent et gèrent
mer, quelque 755 organismes Hlm à fessionnels et de l’opinion publique ; 4,2 millions de logements et logent
travers ses cinq fédérations (la Fédéra- une mission de réflexion, d’analyse et plus de 10 millions de personnes.
tion nationale des Offices Publics de d’étude sur tous les dossiers relatifs Les opérateurs de logement social
l’Habitat, les entreprises sociales pour à l’habitat et d’élaboration de propo- sont aussi des acteurs importants
l’habitat, la Fédération nationale des sitions pour une politique sociale de de l’accession sociale à la propriété :
sociétés coopératives d’Hlm, l’Union l’habitat ; une fonction d’information, environ 12 000 logements ont été ven-
d’économie sociale pour l’accession à de conseil et d’assistance auprès des dus à des accédants, en secteur grou-
la propriété et la Fédération nationale organismes afin de faciliter, rationa- pé ou en diffus. Animés par 12 000
des associations régionales d’orga- liser et développer leurs activités et administrateurs bénévoles, ces opé-
nismes d’habitat social). Elle remplit leurs compétences professionnelles. rateurs emploient 80 000 salariés. ●

Les contacts régionaux


Dans chaque région, une association régionale d’organismes d’habitat social regroupe l’ensemble des organismes de logement
social qui interviennent sur son territoire. Elle connaît les problématiques en matière de logement à chacun des échelons : régional,
départemental et intercommunal. Chaque association régionale exerce plusieurs missions, pour les organismes Hlm et auprès
des collectivités locales, qu’elle informe sur les possibilités d’intervention en matière de logement social.

ALSACE BOURGOGNE HAUTE-NORMANDIE MIDI-PYRÉNÉES PICARDIE


AREAL Union Sociale pour Union Sociale pour Union sociale pour Union régionale pour
2 rue Saint-Léonard – CS 50005 l’Habitat de Bourgogne l’Habitat de l’habitat Midi-Pyrénées l’habitat en Picardie
67608 SÉLESTAT CEDEX 30 boulevard de Strasbourg Haute-Normandie 104 avenue Jean Rieux 2 rue Delambre- Appartement 7
Tél. : 03 90 56 11 90 21000 DIJON 30 rue Malherbe 31500 TOULOUSE 80000 AMIENS
www.areal-habitat.org Tél. : 03 80 36 44 44 76100 ROUEN Tél. : 05 61 36 07 60 Tél. : 03 22 80 91 42
www.habitat-bourgogne.org Tél. : 02 32 81 45 50 www.habitat-midipyrenees.org www.urh-picardie.org
AQUITAINE www.ush-haute-normandie.org
AROSHA BRETAGNE NORD - PAS-DE-CALAIS POITOU-CHARENTES
Hangar G2 ARO Habitat Bretagne ÎLE-DE-FRANCE Association régionale AROSH PC
1 quai Armand Lalande 39 rue Jules Lallemand AORIF pour l’habitat Nord - Pas- Porte de Paris
33300 BORDEAUX 35000 RENNES 15 rue Chateaubriand de-Calais 2 rue du général Sarrail
Tél. : 05 56 69 47 90 Tél. : 02 99 35 02 75 75008 PARIS 1 rue Édouard Herriot – BP 11 86000 POITIERS
www.union-habitat.org/ www.arohabitat-bretagne.org Tél. :01 40 75 70 15 59008 LILLE Tél. : 05 49 88 71 80
espacearosha (adhérents) www.aorif.org Tél. : 03 28 16 07 70 www.aroshpc.org
CENTRE www.hlm-nord-pas-de-calais.org
AUVERGNE Union Sociale pour LANGUEDOC- RHÔNE-ALPES
Association régionale l’Habitat de la région ROUSSILLON PACA ET CORSE ARRA
Auvergne de l’Union Centre URO Habitat Association régionale 4 rue de Narvik – BP 8054
Sociale pour l’Habitat Maison des Entreprises 261 rue Simone Signoret des organismes HLM 69351 LYON CEDEX 08
Maison de l’habitat – 4e étage 14 boulevard Rocheplatte CS 20017 de Provence-Alpes-Côte- Tél. : 04 78 77 01 07
129 avenue de la République 45058 ORLÉANS CEDEX 1 34077 MONTPELLIER CEDEX 3 d’Azur et Corse www.arra-habitat.org
63100 CLERMONT-FERRAND Tél. : 02 18 84 50 00 Tél. : 04 99 51 25 30 Immeuble Le Saint-Georges
Tél. : 04 73 34 01 07 www.ush-centre.org www.urohabitat.org 97 avenue de la Corse
www.ar-auvergne-ush.org 13007 MARSEILLE
EN OUTRE-MER
(adhérents) CHAMPAGNE- LIMOUSIN Tél. : 04 91 13 73 26
www.arhlmpacacorse.com Union Sociale pour
ARDENNE AROLIM l’Habitat Outre-mer
BASSE-NORMANDIE ARCA 3 rue Montyon
Association régionale PAYS DE LA LOIRE 14 rue Lord Byron
38 rue Cérès 87000 LIMOGES 75384 PARIS CEDEX 08
pour l’habitat social 51100 REIMS Tél. : 05 55 79 97 48 Union Sociale pour
Basse-Normandie l’Habitat des Pays Tél. : 01 40 75 68 58
Tél. : 03 26 05 04 14 www.arolim.com www.habitat-outre-mer.fr
55 rue des Jacobins www.arca-hlm.com de la Loire
14000 CAEN LORRAINE 8 avenue des Thébaudières
Tél. : 02 31 50 08 30 FRANCHE-COMTÉ 44800 SAINT-HERBLAIN À BRUXELLES
ARELOR HLM
www.arhlm-bassenormandie.org Tél. : 02 40 94 87 59 Représentation auprès
Union Sociale pour 9 rue Charlemagne
www.ush-pl.org de l’Union européenne
l’Habitat Franche-Comté BP 50248 Square de Meeus 18
2 H rue Bertrand Russell 57000 METZ 1050 BRUXELLES – BELGIQUE
25000 BESANÇON Tél. : 03 87 69 01 35 Tél. : 0032 221 384 40
Tél. : 03 81 52 21 55 www.arelor-habitat.org www.union-habitat.eu
www.ushfc-hlm.org

Pour en savoir plus : www.union-habitat.org

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Tous les 15 jours, Actualités Habitat fait le point sur l’actualité économique, juridique, technique,
sociale liée au secteur de l’habitat, du logement social et de la politique de la ville. La revue,
dont la maquette a récemment évolué, propose de nouvelles rubriques et une formule enrichie
de points de vues et d’interviews (experts, élus, chercheurs, économistes, sociologues, etc.).

ABONNEMENT 2014 L’Union sociale pour l’habitat - Direction des Activités Promotionnelles – Editions
14, rue Lord Byron - 75384 Paris Cedex 08 - Contact : C. Lara / S. Blanc (Tél. : 01 40 75 52 67 / 52 64)
Périodicité bimensuelle - 1 an ( 22 numéros et des suppléments).
Organismes adhérents : 276 €TTC - Autres abonnés France : 437 €TTC - Etranger : 468 €

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