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UPJV – UFR des Lettres – L1

CM sur le roman, contrôle n°1, 26 octobre 2023

Exemples de réponses non retouchées, trouvées dans différentes copies


(précision / argumentation claire / bonne qualité de l’expression)

1. Que veut-on dire quand on désigne le roman comme le « parvenu des Lettres » ?

C’est Marthe Robert qui désigne le roman comme le « parvenu des Lettres ». Elle compare le roman à
un parvenu, à quelqu’un qui accède à une classe sociale supérieure alors qu’il n’en possède pas les manières,
l’éducation. Marthe Robert entend par là que le roman, bien qu’il ne possède pas de règles d’écriture
extrêmement normées comme c’est le cas longtemps pour la poésie et le théâtre (les deux genres bien
établis), a réussi à devenir « riche » car il est le genre dominant et est extrêmement pratiqué. Malgré donc
son manque de règles strictes (comme la versification, les rimes…), le roman est devenu très populaire.

2. Pourquoi parle-t-on de réalisme subjectif à propos de Stendhal ?

Le roman stendhalien se caractérise par un réalisme subjectif, en ce qu’il met fortement l’accent sur
l’individualité du personnage et plus particulièrement du héros. La réalité est toujours vue dans ses romans
selon un certain point de vue. De la même manière, le narrateur apporte quelquefois un jugement sur le
personnage, se prenant d’empathie pour lui ou s’apitoyant. D’où l’image pour Stendhal du « miroir que l’on
promène sur un chemin » : ce miroir reflète effectivement la réalité par nature, mais il est déplacé par
quelqu’un, une individualité qui vient apporter sa subjectivité, son point de vue dans cette représentation de
la réalité. Cette image caractérise le roman chez Stendhal. Ainsi, le réalisme de ses œuvres passe par le point
de vue de ses personnages, dont l’individualité est centrale : il s’agit pour eux d’apprendre à se connaître par
le moyen de leurs actions. [ce tout dernier point est marginal dans cette question]

3. Donnez quelques preuves du fait que Victor Hugo assigne une fonction morale à la littérature et au roman
en particulier.

Pour Victor Hugo, le romancier et le poète jouent le rôle de phare, d’éclaireur. Pour lui, son œuvre doit
avant tout être utile et émancipatrice. En ce sens, il assigne une fonction morale à la littérature et au roman.
Cette idée, on la retrouve particulièrement dans la note liminaire des Misérables, publié en 1862. Dans celle-
ci en effet, Victor Hugo explique que tant qu’il y aura de la misère et des problèmes dans le monde, son
œuvre ne peut être qu’utile.
Cette fonction morale du roman, on la retrouve également dans son roman Quatre-vingt-treize, publié
en 1874. En effet, dans celui-ci, Victor Hugo ne se contente pas, à travers ses personnages, de rendre compte
de l’opposition de valeurs entre l’Ancien régime et la Révolution ; ce qu’il veut avant tout, c’est rendre
compte de l’essor de cet idéal révolutionnaire, souillé par les âmes noires et inflexibles, notamment avec
Cimourdain. Ce que veut Victor Hugo, c’est faire réfléchir. [je n’écrirais pas « souillé » pour Cimourdain,
personnage justement trop pur]

4. Que veut-on dire, quand on parle à propos de Flaubert d’« impersonnalité » ou d’« impassibilité » ?

Ce que l’on veut dire, lorsque l’on parle d’« impersonnalité » ou d’« impassibilité » dans le roman
flaubertien, c’est que le narrateur a tendance à se mettre à distance, au point de s’effacer, par rapport à ce
qu’il raconte ; c’est-à-dire qu’il n’émet aucun jugement, qu’il n’intervient pas pour donner son point de vue.
D’où la notion d’« impersonnalité » : on ne ressent pas la subjectivité du narrateur, et par extension de
l’auteur, en lisant l’œuvre. Cette manière de faire, encensée par Zola, qui considère que l’auteur ne doit que
rendre compte des faits sans moraliser, est à opposer au narrateur balzacien, qui, lui, intervient fréquemment,
donnant son avis et moralisant sur son œuvre.
Cette notion [idée] est à nuancer cependant, car les textes de Flaubert contiennent souvent une certaine
ironie implicite, critiquant ce qui a été appelé, d’après le personnage principal de son roman Madame
Bovary, le bovarysme, et qui se caractérise par la tendance qu’ont certains hommes et certaines femmes à se
voir autrement qu’ils sont. [ce tout dernier point est marginal dans la question]

5. AU CHOIX :

Qu’est-ce que le roman-feuilleton ?

Le « feuilleton » existait déjà avant le roman-feuilleton. Il désignait, dans les journaux, une rubrique
(située en bas de page) où l’on trouvait des débats ou des articles de science par exemple. Cependant, au
début du XIXe siècle, vers 1836, cette rubrique s’est mise à contenir des romans, qui paraissaient donc partie
par partie (il fallait attendre l’exemplaire suivant du journal pour avoir la suite). Ce fut l’idée de Girardin,
qui tout en divisant par deux le prix de son journal La Presse, y a fait paraître des romans-feuilletons pour
attirer le public. De nombreux romans célèbres furent des romans-feuilletons ; on trouve par exemple Les
Trois Mousquetaires ou Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas, La vieille Fille de Balzac ou Les
Mystères de Paris d’Eugène Sue.

Rappelez et expliquez point par point le sous-titre des Rougon-Macquart.

Le cycle romanesque de Zola Les Rougon-Macquart, a pour sous-titre « Histoire naturelle et sociale
d’un famille sous le second Empire » ; tous des termes ont un sens important. « Histoire naturelle / « une
famille » : on comprend que Zola ambitionne de raconter l’histoire d’une seule et même famille, en
s’appuyant sur les sciences naturelles. En effet, Zola s’appuie sur les travaux scientifiques de son époque,
notamment sur un traité de l’hérédité qui définit les règles de transmission ou de non-transmission des traits
physiques et moraux d’une génération à une autre. Par « Histoire sociale », on comprend également qu’il
s’agit de rendre compte de toute la société, de comprendre ses mœurs et ses institutions [j’aurais ajouté une
phrase sur les milieux sociaux]. « Sous le second Empire » : on comprend enfin que cette histoire se
déroulera sous les 18 ans de règne de Louis-Napoléon Bonaparte. Tout comme Balzac l’avait fait avec la
monarchie de Juillet et la Restauration, Zola veut faire la peinture du second Empire.
Ce sous-titre en dit finalement beaucoup sur Zola et son projet naturaliste, un mouvement littéraire qui
succède au réalisme. Zola se prend réellement pour un scientifique et veut faire de cette série un réel compte
rendu d’enquête, qui rendrait compte de la société avec objectivité.

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