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LE DIALECTE BÉOTIEN
G. VOTTÉRO
1. Introduction
1.1. Contexte géographique et historique
Le territoire béotien s'étend sur environ 2580 km2 (à peu près comme
l'Attique) ; il occupe la bande de terre qui relie la Grèce du Nord à l'Attique
et au Péloponnèse, et n'est séparée de l'Eubée que par les 73 m du détroit de
l'Euripe. C'est donc une zone stratégique de communication entre le Nord et
le Sud, par terre et par mer.
Avec son enchaînement de montagnes, collines, plaines, marécages, le
paysage béotien était à la fois très varié et compartimenté1. Ainsi peut
s'expliquer en partie la situation politique de la Béotie antique, qui n'a
jamais formé d'entité monocéphale comme l'Attique : au 2e millénaire, la
région est divisée en deux royaumes mycéniens ; au premier millénaire, et
probablement dès le 6e s., elle est organisée en une confédération qui
comptera jusqu'à 17 cités2, avec une large prééminence de Thèbes.
De par sa situation géographique, la région a participé à tous les grands
événements du monde grec : ruine du monde mycénien, "Ages sombres",
"naissance de la cité", évolutions et rivalités politico-sociales (tyrannie,
oligarchie, démocratie…), quête de l'hégémonie, invasions (autres Grecs,
Perses, Macédoniens, Romains), avec leurs conséquences : destructions,
déplacements de populations, massacres …
La Béotie commence à prendre son visage de l'époque classique à la fin
du 8e s. : tous les sites importants sont alors occupés et la population est
stabilisée. La relative richesse des terres fait que les Béotiens ont fort peu
participé au mouvement de colonisation grecque outremer des 8e-6e s.. A
l'époque classique, la population est surtout rurale et répartie sur une grande
partie du territoire. Elle passait pour la plus importante de Grèce et on
l'évalue actuellement à 200 000 habitants, soit au moins autant que celle de
l'Attique voisine3.
Excepté Thèbes, les villes étaient peu importantes et servaient principa-
lement de centres politiques.
La cité la plus active sur le plan politique, Thèbes, n'est donc pas celle
qui fournit les textes les plus nombreux ni les plus intéressants sur le plan
syntaxique ; en revanche, si le corpus de Thespies n'est pas le plus
abondant, il est le plus riche (mais à date tardive : 3e-2e am).
1.2.1.4. Ce corpus est donc très déséquilibré dans le temps et l'espace, et
très inégal par son contenu. En pratique il est difficile de reconstituer les
paradigmes en entier ; il est même hasardeux d'étendre à l'époque archaïque
ce qu'on observe en réalité 4 ou 5 siècles plus tard. Pour réduire les risques
d'erreur, il faut se limiter aux traits attestés tout au long de l'histoire
effective du dialecte tel que le montrent les inscriptions, ou aux traits
probables, parce qu'on peut les suivre sur au moins deux siècles pleins (la
fréquence d'un trait n'étant pas un critère en soi).
1.2.2. La documentation littéraire est de trois sortes :
(cf. p§hs, ghan) qui montrent que le texte de Corinne a été transmis par des
copistes ignorant le dialecte10 et appliquant sans discernement des équations
graphiques du 3e s. av. J.-C. (cf. infra).
Les vers de Corinne ne sont donc pas un témoignage direct du dialecte
béotien, mais une langue littéraire à coloration épique "présentant sporadi-
quement des faits de béotien vernaculaire"11.
1.2.3. Les graphies
1.2.3.0. Pour les grammairiens antiques la principale caractéristique du
dialecte béotien était ses graphies évoluées pour les voyelles et diphtongues
; et les équations graphiques qu'ils avaient établies (H = *AI ; U = *OI ; EI =
*I ou *H ; OU = *U) les ont conduits à considérer comme béotien tout mot
comportant *ai écrit H, *e: écrit EI…, voire à créer des formes inconnues
auparavant (p§hs, ghan). Les Modernes ont repris cet argument
graphique12, mais, si de facto les graphies béotiennes sont souvent
caractéristiques — et parfois déroutantes —, elles ne le sont pas toujours :
partout il y a des graveurs novateurs et des graveurs conservateurs (§ 1.5).
1.2.3.1. La Béotie a connu deux alphabets : épichorique, puis ionien-
attique. L'alphabet épichorique béotien relève du groupe occidental
"rouge"13 et il est proche de l'alphabet chalcidien. Il compte 21 signes usuels
pour : a, b, g, d, e, w, h, th, i, k, l, m, n, o, p, r, s, t, u, ph, kh ; pour k + s et p
+ s on utilise des digrammes ; ces signes, avec des variantes stylistiques,
sont utilisés jusqu'au changement d'alphabet. S'y ajoutent épisodiquement 4
signes, pour • s + d, • k vélaire, • *e/e:/ei, • ks ou kh (selon le cas), dont la
rareté est due à : une faible utilité (1 et 2), une innovation temporaire (3),
des influences extérieures (4). Les particularités notables de cet alphabet
sont, outre ê14, les variations OI / OE / O pour *oi, AI / AE / A pour *ai, et
les géminées JJ et CC pour tth, kkh.
1.2.3.2. L'adoption de l'alphabet ionien-attique a eu lieu probablement au
4e am, dans un contexte politique semblable à celui de l'adoption de
l'alphabet ionien par les Athéniens15. Linguistiquement cet alphabet ne
présentait guère d'intérêt, car son apport essentiel (distinction e/e: et o/O:)
sera très vite inutile, d'où des flottements dans les usages graphémiques qui
ne disparaîtront jamais16. Les 24 signes usuels pour : a, b, g, d, e, w, e:, th, i,
k, l, m, n, k + s, o, p, r, s, t, u, ph, kh, p + s, O:, sont adaptés à la phonologie
du dialecte : on a f (pour w), issu du vieil alphabet et OU pour u(:) (car en
10 Malgré leur relative ancienneté (2e s. ap. J.-C.) ces papyrus sont postérieurs d'au moins 300 ans à
la date la plus tardive proposée pour Corinne.
11 D.L. Page, Corinna, 65. Londres, 1953.
12 Cf. Meillet A., Aperçu d'une histoire de la langue grecque, 92. Paris, 1913/1955.
13 Guarducci M. : Epigrafia Greca I. Caratteri e storia della disciplina. La scrittura greca dalle
origini all'età imperiale , 80-83. Rome 1967.
14 Vottéro 1995-96.
15 Une "révolution démocratique", cf. Vottéro, "L'alphabet ionien-attique en Béotie", in P. Carlier, Le
IVe siècle : histoire et historiographie, 174-180. Nancy, 1996.
16 Le vieil alphabet continuera à être utilisé dans le système numéral, cf. Vottéro 1994, 320.
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attique U note y(:), mais cf. infra). Z est toujours très rare, sauf tardivement.
Parmi les usages graphiques hérités, on notera JJ, QQ, CC, EI (= i:) et U
(= u(:))17. Plusieurs variations vont peu à peu apparaître : OI / U / EI pour
*oi, AI / H pour *ai, EI / I / H pour *ei/i, et OU / IOU pour u(:). Par ailleurs
AI, AU, EU, UI notent couramment e:, au, eu, *ui, mais peuvent aussi être
de faux digrammes pour a + *ei, a + u/*o(:), e + *oi, *oi + i, tandis que HI
rend *ai + *ei.
A partir du 3e s. on rencontre des graphies tantôt très spéciales et
éloignées de celles de la koinè, tantôt très influencées par cette même koinè
(cf. § 7.2).
17 Le béotien n'a pas connu l'évolution *u(:) --> y(:) de l'attique, mais il a possédé au 4ef-3e s. un
phonème y(:) ; on peut donc avoir, dans un même texte, U notant y(:) (tradition ionienne-attique), U
notant u: (tradition béotienne), à côté de OU notant u:, cf. Boiwtus (= y:), Polukratios et
Drwpoulw (= u:) [152].
18 Pour a) Ahrens, § 51 ; pour b) Hoffmann O. : Die griechischen Dialekte in ihrem historische
Zusammenhange, p. V (Göttingen, 1891-98).
19 Détail in Vottéro 2006, § 1.2.
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l'"éolien" était très floue20 ; par ailleurs une autre tradition, qui s'appuyait
sur des faits contextuels, le rapprochait du "dorien"21. En fait, compte tenu
du contexte géopolitique, il faut s'attendre en Béotie à une situation
linguistique très complexe, et difficilement classable (§ 7.1).
1.4.2. Un dialecte barbare ? La question se posait dans l'Antiquité, cf.
Athénée XIV 621 f : p'alin d` èeperwthje‘is Kle'arcosë, 8ws qhÒin
£Hg'hÒandros, p'otera Boiwto’i barßar'wteroi tugc'anouÒin
!ontes çh Jettalo'i, `Hle'ious !eqhÒen. Sur quoi pouvait-on se fonder
pour évoquer le caractère plus ou moins barbare du béotien ? La réponse
n'est pas indiquée, mais on peut citer : la phonétique, la morphologie, le
lexique, l'onomastique, qui, combinés aux graphies, peuvent présenter, à
côté d'éléments pan-grecs évidents, un aspect déroutant et ainsi avoir gêné
l’intercompréhension.
1.5 Subdialects
On a longtemps cru pouvoir identifier différents parlers en Béotie, en
essayant de dégager quelques isoglosses, e.g. le traitement de *e + V qui
aurait eu deux variantes22 :
- *e + V --> i (d'où la graphie I usuelle), dans une zone correspondant au
bassin du Copais
-*e + V --> e (d'où la graphie E), dans le Sud de la Béotie.
En fait il s'agit de traditions graphiques locales et individuelles23 : a)
certaines cités sont ‘modernistes’ (Hyettos…), d'autres ‘traditionnalistes’
(Thespies), d'autres encore ‘neutres’ (Thèbes, Tanagra…) ; mais on a des
exemples de I à Thespies et de E à Orchomène ; b) s'il est vrai que les
graveurs béotiens ont souvent le souci de noter phonétiquement leur
dialecte, tous ne l'ont pas ; certains ont toujours recours aux graphies
historiques ; il faut donc d'abord définir le système graphémique utilisé par
chaque graveur.
D'autre part toutes les études précises (sur les graphies, la morphologie,
l'onomastique, le système numéral, le calendrier…) montrent une assez
grande unité, voire uniformité régionale : les faits sont attestés partout, mais
avec une fréquence plus ou moins grande et un développement plus ou
moins important.
Pourtant il y avait nécessairement en Béotie des variations linguistiques
locales et sociales (§ 1.1) ; mais elles ne sont guère accessibles à travers les
documents disponibles, tous écrits, émanant souvent de l'administration
locale ou fédérale et livrant en fait une koina béotienne, langue politique de
20 Sur les 13 traits attribués à l’éolien, seuls 3 ou 4 se retrouvent en béotien, sans être exclusifs (!), cf.
Vottéro 2006, § 1.1.1.2.
21 Ibid., § 1.1.1.1.
22 Van Der Velde R., "Boeotische Dialekt-Geographie", in Donum Natalicium Schrijnen, 660-664.
Utrecht, 1929.
23 Vottéro 1995-96, § 2.3.6.3 / 2.5.1-2 / 4.3.
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33 § 2.2.1.6.
34 Vottéro 1995-96.
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10
35 § 5.3.
36 Teodorsson S.-T., The Phonemic System of the Attic Dialect. 400-340 B.C., 199-200. Göteborg
1974.
37 Sur Jiouiw, cf. § 2.2.2.7.
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11
43 Cf. grec moderne : lorsque des mutations ont eu lieu, elles ont affecté essentiellement des sous-
ensembles, qui ont 'glissé' les uns par rapport aux autres, sans que les usagers aient jugé utile de
modifier leur système graphique ; ainsi les graphèmes utilisés pour les anciennes occlusives ont été
conservés pour les nouvelles spirantes.
44 Le pronom de 1 sg «i'wn, «i'wnga (cf. Corinne, Aristophane) n'apparaît pas dans les inscriptions ; les
formes m@e xullei@o (= -l'egou ??) et *leIis (= legis) sont très discutables.
45 Mais Jiogitos est aussi possible, d'où § 2.2.1.3.
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15
46 Les autres finales de 3 pl. ne présentent pas d’échanges graphiques, seul NJ apparaît, cf. § 3.6.4.2.
47 Un des 2 plus anciens exemples épigraphiques connus de NJI.
48 Les deux formes eudomon citées habituellement sont soit mal assurée, soit erronée.
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*oi), a: et u:
— les voyelles brèves tendent également à se réduire à 3 : i, a, u.
— on peut même s'interroger sur la survie de l'opposition de quantité
vocalique, cf. l'utilisation occasionnelle de EI et H pour *i et *e brefs, et W
pour *o bref, et inversement de E pour *i: et *e:, et O pour *o:.
— les exemples de syncope (i, a, o, u) deviennent nombreux à partir du 3e s.
(cf. modification de la nature de l'accent ?).
50 L'explication habituelle de NJ (analogie de *senti --> *enthi, ou de -meja, -Òje, e.g. Thumb-
Scherer § 237, 14 ; Blümel, § 171) est peu plausible : comment expliquer la généralisation de la
graphie à partir d'une seule forme ou des 1 et 2 pl, et l'absence d'exemples anciens ? L'explication
'graphique' proposée ici, combinant phonétique et stylisation du dialecte (§ 7.2), rend mieux compte
du phénomène, et s'accommode bien du !entè (= !enti) d'Aristophane, Ach. 902 (§ 1.2.2.1).
51 Brixhe 1995-1996.
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2.4 Accentuation
3. Morphologie
3.0. Les graphies rencontrées nécessitent souvent un décryptage à partir
des évolutions phonétiques étudiées, notamment l'évolution des diphtongues
et voyelles.
3.1. Article
3.1.1. Flexion
- sg. : 7o, ton, tw, toi ; 7a, tan, tas, tai ; to, to, tw, toi
- pl. : toi, tws, twn, tois ; tai, tas, tan, tais ; ta, ta, twn, tois
3.1.2. Particularités :
- radical *t- généralisé au pl. (toi, tai)
- ces 2 formes toi et tai sont d'ailleurs ambivalentes : D sg en -*oi et -*ai
+ N pl (cf. § 2.1.2.2 et T 6, l. 11/15, 18/27)
- contraction en -a: (tan [T 6]) au G pl. F.
- il existe une forme renforcée en -i, à valeur de démonstratif (§ 3.4.1).
3.2. Noms
3.2.1. Thématiques
3.2.1.1. Flexion
- M/F. : sg. -os, -e, -on, -w, -oi ; pl. -oi, -ws, -wn, -ois ; Du. -w, oin
- Nt. : sg. -on, -on, -w, -oi ; pl. -a, -a, -wn, -ois
3.2.1.2. Particularités
- vocatif rare (Qoiße [T 1]) et parfois concurrencé au 3e f par le N (Eèudamos
caire [96])
- D sg en *oi (ancien locatif56 ?), e.g. tu damu [266]
- Du. dans faganw [195] (F pl) et DioÒkoroin [221].
3.2.2. Thèmes en -a
3.2.2.1. Flexion
- F. : sg. -a, -an, -as, -ai ; pl. -ai, -as, -awn, -ais ; Du. -aw
- M. : sg. -a(s)/-a, -an, -ao/-a, -ai ; -ai, -as, -awn, -ais
3.2.2.2. Particularités
- G pl : pas de contraction en -a: (M : twn guawn [T 7] ; F : tan MwÒawn
[204])
- le G sg M peut perdre son -o final (Swkleida [120])
55 Cf. Martinet, Economie des changements phonétiques3, § 4.52, 4.66-4.68, 5.19-5.24, Berne 1970.
56 Cf. Vottéro 1995/1, 100…, 117.
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3.3. Adjectifs
Sans particularité morphologique, ils suivent la flexion nominale
correspondante.
3.4. Pronoms
La plupart des formes rencontrées suit la flexion thématique.
3.4.1. Démonstratifs
Seuls deux radicaux sont bien attestés :
- o7utos, sans t- initial, e.g. : o7uton, -w, -ws (Acc pl), o7utwn (G pl) ; Nt pl
o7uta [T 6]
- l'article 7o/to-… renforcé par la particule -i (tan prorreiÒin tani [201]
; tui / tuii [T 8 ; 213], = *toi-i), valant 8ode.
3.4.2. Relatifs
- le relatif usuel est 7os, sans particularités (tan… a
7 n èelaße [269])
60
- on a aussi *7ottos (èeqè 7oëttw [202]), 7opottos (7opotta [T 8]), et
7oÒtis (7wÒtinas ka [201])
- l'article peut être employé comme relatif (T 3).
3.4.3. Interrogatifs-indéfinis
— Tis n'est employé qu'une fois comme interrogatif-exclamatif (àw ti
legëis [55]) ; il est usuel comme indéfini (§ 3.7 et T 6, l. 14; T 9, l. 10)
On a aussi :
— l'adjectif mhdotios (meidotih pëareureÒi [39], D F sg = mhdè
7opo¶iæ)
— l'interrogatif indirect (potera… èh… [T 6], Acc. Nt pl.)
— oèujeis/mhjeis (meijeni meijen [T 9]) au lieu d'oèude'is/mhde'is
3.5. Numéraux
Le système numéral béotien n'est pas attesté avant le 4e am ; mais il est
vraisemblablement ancien63.
3.6. Verbes
3.6.0. Le système verbal n'est connu que de manière très incomplète, et
surtout à partir du 3e s. :
Périodes I et II Période III Période IV Total
210 attestations / 230 attestations / 2550 attestations / 2990
37 formes différentes 79 formes différentes 537 formes différentes attestations
64 Souvent citée comme signe d'une flexion athématique des verbes en -ew, cette forme est isolée en
béotien (cf. deiei [204], deiontws…), n'est pas très assurée (pierre brisée juste après DEI :
dei÷menois) et s'explique bien par la phonétique (§ 2.1.2.3, "e").
65 Les exceptions sont rares, tardives et probablement artificielles : «iaetw [243], «iaontus [T 6],
timewÒa [242].
66 Formes fréquentes, mais tardives : elles pourraient être artificielles.
67 Mais une distinction graphique a souvent été maintenue, cf. Vottéro “Recherches orthographiques
en Grèce ancienne”, Kat4a di'alekton, A.I.O.N. XIX (1997), 583-591, § 1.2.
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24
3.6.4. Désinences
3.6.4.1. Actives :
a) indicatif :
— thématiques, e.g. : - prés. -liëpw [220] ; leflis [55] ; «eci [T 5] ; «econji
[148] ; ft. o«iÒi [202] / -ßali [204] ; o«iÒonji [201]
- impft. -eyaqidde [T 6] ; «epolemion [T 3] (3 pl) ;
aor. «elaße [269] ; «elaßomen [197] ; -agagon [194] (3 pl)
— athématiques, e.g. :
- prés. : «emi [92] ; e«i [181] ; «eÒti [193] / did@oti [T 2] ; -tijenti [163]
- impft. : (par-)eis [T 7], (par-)eian [T 7] (= àhn, àhÒan)
3.6.4.2. Médio-passives :
a) indicatif :
— thématique, e.g. : prés. èoqeileth [244] ; ft. layeth [139], -
graqeiÒonjh [203] ; aor. -eileto [245] ; -eßalëonjo [T 3]
— athématique, e.g. : prés. ginuth [196] ; aor. -eyaqittato [245] ;
«ekomixameja [196] ; «emiÒjwÒanto [T 7] ; pft gegrapth [146],
«eÒtroteuajh [150] (3 pl) ; pqpft. -egegrapto [246]
72 Variantes : «ih/e«ih, in T 6, et 7oëpws beßeia e«ih, qui n'est pas un optatif (IThesp. n° 214 ; 3e
pm), cf. § 2.1.2.2.
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b) impératif :
— thématique, e.g. : prés. xullei#o 73 [50], -graqeÒjw [244]
— thématique : pft. qequlacÒo [52]
c) subjonctif (thématique à voy. longue), e.g. : prés. beileith [205]
(= bo'ulhtai), ginoueith [247] (= g‘ignhtai) ; beilwnjh [205],
ginouwnjh [247] ; aor. geneith [T 6] (= g‘enhtai), komitteiëth [245]
d) optatif : —
e) infinitif : finale -Òjai, e.g. : prés. -legeÒjh [216] ; didoÒjh [251]
; aor. »eleÒjh [T 6] ; jeÒjh [245] ; -logittaÒth [245] ; pft. dedocjh [T 6]
— pft. périphrastique74 : (èaq-)—eimëenas e«imen [27]
f) participe : finale -menos (-a)
— thématique, e.g. : prés. bhlomenh [T 6], poiomena [33] ; aor. genomenon
[169]
— athématique, e.g. : prés. »iÒtamenw [63], ginioumenon [161] ; aor.
komittamenoi [98] ; pft. gegrammenon [T 9]
3.7. Indéclinables
— Les adverbes présentent surtout des particularités phonétiques et
graphiques, e.g. : èhi [142] (= a«ie'i), «epi [T 9] (= «epe'i), èwn [T 6] (= oøun),
parfois lexicales, e.g. : Òaetos [247] (= t§htes).
— Pour les prépositions on notera :
- l'apocope (cf. § 2.1.3.4)
- «eÒs, et sa variante + consonne «es (= *«ex), e.g. : «eÒÒ-eimen [T 6/7],
«eÒ-graqeiÒonjh [203]
- peda pour met'a (peda twn polemarcwn [T 6])
- pot(i) pour pr'os (§ 2.1.3.4)
- «en + D et Acc. («en polin ~ «en poli [T 6])
— Conjonctions
- ka = èan, e.g. : «epi ka [T 9] (= «epe‘i ka)
- a«i / èh (--> e«i) = att. e«i, e.g. : èh de ka ti / e«i de tië ka [204]
- 7aws… (= 8ews), e.g. : 7awsë ka 7a èanjeÒis [31]
- «ette 'aussi longtemps que' (= ¡eÒte), e.g. : «ette pan ka dwei75
73 Cf. § 5.1.
74 Vottéro 2008, § 1.1.
75 Les combinaison «ette kan et «ettan ka sont des hybrides dialecte + koinè (Léb., IG 3054 ; Cor.,
Migeotte 1993, l. 19-20, …).
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27
[40].
4. Syntaxe
4.0. La phrase complexe n'est réellement connue qu'à date tardive (§ 1.2.1.2)
et surtout dans des textes très formulaires. Voici quelques particularités :
5. Lexique
Le lexique béotien présente des particularités assez nombreuses, dont voici
quelques exemples :
— appellatifs78, e.g. :
- profaÒtidas [T 6] : 'des faubourgs'
- (tan) petrameinon [245] : 'quadrimestre'
- (to) «epipatroqion [T 6] : 'patronyme'
5.2. Calendrier79
Le calendrier béotien se caractérise par : • une influence ionienne-attique
inexistante ; • un seul nom commun aux trois dialectes dits 'éoliens'
(£Omol'wios) ; • 4 noms communs à la Grèce du Nord, e.g. : Boukatios ;
• 1 nom connu ailleurs, mais rare (`Agriwnios) ; • 4 noms spécifiques à la
Béotie (soit 1/3) : ProÒtathrios, Jhloujios, Pamßoiwtios,
`Alalkomenios [T 8].
5.3. Anthroponymes80
L'onomastique béotienne est riche (§ 1.2.1.3) et présente plusieurs traits
particuliers, cf. :
— suffixes :
-*e:, habituellement précédé d'une consonne géminée (Keqal—l@e
[271], Mennei [99], Trokchs [88]) ; ses correspondants féminins usuels sont -
w et -is, (Xenokkw [T 5], `Erottis [135])
-icos/-ica (Eèugeiticos [47], `Olunpica [9])
-wndas (AèeÒcr@ondas [68])
— procédés phonétiques :
- aspiration expressive, e.g. : Qij@on [177] (< *Pijwn), Jijj@e [7] (<
*Tijj@e) : ce procédé disparaît au cours du 5e s.
- gémination expressive, e.g. : Gojjidas [70], Mennidao [124] (à
comparer aux composés Poliou-gajidao [21], O7uper-menidao [21])
— traits morphologiques :
- N M asigmatique pour les noms en -a: (§ 3.2.2.2) et en *-e: (cf.
supra et note 59)
- suffixe d'adjectif patronymique81, e.g. : `Ollumpiciw [13] ;
Bwjinhw [26] (< *-na-ios) ; l'AP est remplacé par le génitif au 3e pm.
6. Word-formation
— Pour les NP, cf. supra
— pour les verbes on notera :
- des variations de suffixe à valeur sémantique (transitif ~ intransitif),
e.g. pour «emba‘inw (T 7) : «en-ßaÒe 'a mis en adjudication' (aor.
sigmatique) ~ «en-eßa 's'est engagé [à bail]' (aor. radical)
- parmi les variations de suffixe à valeur aspectuelle, l'opposition dd ~
tt, e.g. : prés. komiddeëÒjh [245] (inf. M) ~ aor. komitteiëth [245] (subj.
M) ; cette opposition est ancienne (cf. T 4), mais au 3e s. tt est concurrencé
par -ks- : «ekomixameja [196] (indic. aor. M)
- le passage de la flexion thématique à une flexion athématique (<
fermeture de o(:) --> u(:)), cf. ginoueith [247] (3 sg subj.), mais l'aor. reste
thématique (geneith [T 6], 3 sg. subj.)
- des vocalismes radicaux particuliers : bhlomenh (T 6, = boul-),
dwei [T 9] (= z§Ì).
82 Cf. § 1.2.1.4.
(texte du 08/09/2012)
30
83 Vottéro 1996/1.
84 L'influence de la koinè est "multiforme" : langue politique, juridique, administrative, technique,
culturelle…, cf. Vottéro 1996/1 ; 2002.
85 Vottéro 1996/1, § 1.4.
(texte du 08/09/2012)
31
86 Ibid. § 2.3.
(texte du 08/09/2012)
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Bornes du territoire de Copai vers Acraiphia, délimité par les autorités béotiennes.
Commentaire : — 7oria = 8orh ; — `Akrhqeiasë : Acc. pl de l'ethnique *`Akraiqieus
; — 7orittaëntwn : ptcp. aor. de 7oriddw (= -‘izw).
Que les (commissaires) une fois en place afferment les parcelles aux conditions faites
antérieurement ; … à ceux qui ont irrigué et ont respecté les clauses, qu'il soit permis … de
(texte du 08/09/2012)
34
AD 3, 1917
2) - 421, n° 1 (Léb., 3e pm)
3) - 422, n° 4 (Léb., 3e pm)
AE
4) - 1896, 243-6, n° V (vase, 5e am)
5) - 1900, 110, B b, n° 1 (Thb., 7e d)
6) - 1919, 82, n° 120 (Oropos, 3e f)
7) - 1920, 28, n° 2 (Thb., 6e f/5e d)
8) - 1934-35, chron. 3, n° 3 (Béotie, 5e)
9) - 1934-35, chron. 4, n° 48 (Thb., 5e f/4e d)
10) - 1936, 23-47, n° 220, II b (Acr., 3e pm)
Athenische Mittheilungen
11) - 49, 1924, 125-31, n° 19 a (Orch., 3e pm)
12) - 49, 1924, 125-31, n° 19 a, l. 45 (Orch., 3e pm)
13) - 49, 1924, 125-31, n° 19 b (Orch., 3e pm)
BCH
14) - 23, 1899, 587, n° 1 (Thb., 3e pm)
15) - 25, 1901, 363, n°3 (Thb., 4e / 3e)
16) - 70, 1946, 262 a (Léb., 3e pm)
17) - 82, 1958, 189, n° 7 (Orch., 3e pm)
18) - 83, 1959, chron. 683-85 (Tan., 2e am)
19) - 90, 1966, chron. 856-57 (Ari., 5e pm)
20) - 91, 1967, 594-96 (hydrie, 5e am)
21) - 94, 1970, 151-57, n° 4 (Cop., 3e pm)
22) - 98, 1974, 200-02, n° 14 (Orch., 3e f)
23) - 98, 1974, 653 (Thb., 5e s.)
24) - 99, 1975, 415-16, n° 2 (vase, 6e pm)
25) - 99, 1975, 467-76, n° 16 (vase, 6e f)
26) - 99, 1975, 83-87 (Cop., 3e pm)
27) - 102, 1978, 359-74 (Orch., 3e d)
Fouilles de Delphes V, 3 : Rolley Cl., Les trépieds à cuve clouée. Paris, 1967.
53) - 268 (trépied, 6e m)
Fraser P.M. - Rönne T., Boeotian and West-Greek Tombstones. Lund, 1957
54) - Thèbes n° 62 (3e pm)
Glotta 1, 1909
55) - 82-86 (vase, 4e am)
Migeotte L. 1984 : L'Emprunt public dans les cités grecques. Recueil des documents et
analyse critique. Québec-Paris.
242) - n° 10 (Chors. 2e d)
243) - n° 11 (Thisb., 2e d)
244) - n° 12 (Orch., 3e f)
245) - n° 13 (Orch., 3e f)
246) - n° 16 A (Acr., 3e pm)
Migeotte L. 1993 : "Un fonds d'achat de grain à Coronée", in J.-M. Fossey - J. Morin,
Boeotia Antiqua III. Amsterdam, 1993.
247) - , 11-23 (Cor., 3e pm)
Roesch P.1985.
252) - 119/130 (Tan, 5e am)
(texte du 08/09/2012)
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SEG
257) - 22, 432 (Cop., 2e am)
258) - 24, 373 (Thb., 5e f ?)
259) - 25, 517 (Thb., 5e m/4e am)
260) - 25, 546 b (Thb., 5e f)
261) - 25, 551 (Cop., 5e am)
262) - 25, 553(Ari, 4e am)
263) - 3, 357 (Acr., 3e pm )
264) - 3, 361 (Acr., 3e pm)
265) - 3, 365 (Cor., 3e am)
266) - 30, 444 (Orch., 3e pm)
267) - 30, 449 A (Orch., 3e pm)
268) - 30, 449 C (Orch., 3e pm)
11. Bibliographie
Outre les manuels et dictionnaires usuels on notera :
Blümel W. : Die aiolischen Dialekte. Phonologie und Morphologie der
inschriftlichen Texte aus generativer Sicht. Göttingen, 1982.
Brixhe Cl. 1985 : "Energie articulatoire et phonétique béotienne", in Roesch
1985, 365-384.
Brixhe Cl. 1995-96 : “La succession des consonnes dans le mot : prémices
pamphyliennes d’une règle combinatoire moderne”, Verbum 18, 3-4,
259-264.
Brixhe Cl. 1996 : Phonétique et phonologie du grec ancien I, quelques
(texte du 08/09/2012)
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