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Laurent LELLOUCH

Musique et proportion
cours n°1

Quelques personnages...

Pythagore (Samos, ca. 580 av. J.-C. – Métaponte, ca. 495 av. J.-C.)

Philolaos de Crotone (Crotone ou Tarente, ca. 470 av. J.-C. – Thèbes, ca. 390 av. J.-C.)

Archytas de Tarente (Tarente, ca. 435 av. J.-C. – Apulie, 347 av. J.-C.)

Platon (Athènes, 428/7 – 348 /7 av. J.-C.)

Aristote (Stagire, 384 av. J.-C. – Chalcis, 322 av. J.-C.)

Aristoxène (Taras, ca. 360 av. J.-C. – Athènes, ca. 300 av J.-C.)

Plutarque (Chéronée, 46 – ca. 125)

Nicomaque de Gérase (Gérase (actuelle Jordanie), ca. 60 – ca. 120)

Claude Ptolémée (Canope (Basse-Égypte), ca. 100 – ca. 168)

Augustin d’Hippone, dit Saint-Augustin (Thagaste (province romaine d'Afrique), 354 – Hippone (id.), 430)

Martianus Capella (Madaure (province romaine d’Afrique), ca. 360 – Carthage (id.), ca. 428)

Anicius Manlius Severinus Boethius, dit Boèce (Rome, 480 – Pavie, 524)

Cassiodore (Scolacium, 485 – Copanello, ca. 580)

Bibliographie succinte :

Aristoxène, Harmonica (Éléments harmoniques)


Plutarque, Traité de l’âme
Nicomaque, Harmonikon enchiridion (perdu)
Ptolémée, Harmoniques
Saint-Augustin, De musica
Martianus Capella, De nuptiis philologiae et Mercurii
Boèce, De Institutione musica (Traité de la musique), ca. 510

On trouvera une bibliographie « récente » et une discographie relatives à la musique grecque antique ici :
https://anticopedie.fr/download/musique-grecque-fr.pdf

Un peu de vocabulaire...

« Les sons emméliques sont ceux que l’oreille peut appréhender en ce sens qu’ils sont adaptés l’un à l’autre. Les
sons ekméliques sont ceux qui ne présentent pas un telle relation. » (Ptolémée, 10.23)

« L’emmélique est la vertu des sons, l’ekmélique le vice, et, d’une manière réciproque, la vertu est l’emmélique du
son, et le vice l’ekmélique. D’une manière commune à chacun des genres, ce qui est accordé est en accord avec la
nature et ce qui n’est pas accordé ne l’est point. » (Ptolémée, 97.1-97.5)

« La conjonction de sons, par conséquent, est formée de rapports. Or les rapports sont généralement evalués à
l’aide de nombres. » (Boèce, Livre IV, II)
Proportions élémentaires :

Proportion Rapport fréquentiel Intervalle (nom greco-latin) Intervalle (nom actuel)


double 2 Diapason Octave
sesquialtère 3/2 Diapente Quinte
sesquitierce 4/3 Diatessaron Quarte
sesquioctave 9/8 Tonus Seconde

« Or les sons consonants ou dissonants sont perceptibles selon des rapports multiples ou superpartiels. Les sons
consonants sont ceux qui, émis en même temps, se mêlent pour former une sonorité agréable et homogène. Les
sons dissonants sont ceux qui, émis en même temps, ne produisent pas une sonorité agréable ou homogène. Cela
dit, disons quelques mots des rapports. » (Boèce, Livre IV, II)

Rapports (paraphrase de Boèce, livre I, IIII)

Multiple : une fréquence (ou, inversement une longueur de cordes) est un multiple entier de l’autre (x2, x3, x4…
Boèce ne va pas plus loin, dommage !). Cela revient à dire, en termes plus modernes, que la note la plus aiguë est
incluse dans la série harmonique de la plus grave.

Superparticulier ou superpartiel : rapport de type 1 + 1/n, avec n entier. Les rapports sesquialtère, sesquitierce et
sesquioctave appartiennet à cette catégorie (respectivement pour n = 2, n = 3 et n = 8).

Superpartient : superbipartient : rapport de type 1 + 2/n (comme la sixte majeure « juste » 5/3) ;
supertripartient : rapport de type 1 + 3/n ; etc.

Multiple superparticulier ou multiple superpartiel : rapport de type m + 1/n, avec m ≥ 2 (double sesquialtère 5/2
pour m = n = 2 ; double sesquitierce 7/3 pour m = 2 et n = 3…).

Multiple superpartient : rapport de type m + k/n, avec m ≥ 2, k ≥ 2 et k < n, comme le double superbipartient 8/3
(quarte + octave, obtenu avec m = 2, k = 2, n = 3).

Intervalles déduits par opération

Diesis ou limma : différence entre un rapport sesquitierce (quarte) et deux tons. Correspondant à un rapport de
256/243, ce « petit demi-ton » est de taille inférieure à la moitié d’un ton (Boèce, Livre II, XXVIIII-XXX).

Apotomè (« découpe » en grec) : intervalle résultant du retranchement d’un limma ou diesis à un ton.

Comma : différence de six tons à une octave (Boèce, Livre II, XXI ; Livre III, IIII). De manière équivalente :
différence d’un ton à deux diesis, ou encore d’un apotomè à un diesis (Livre III, VI). Le rapport résultant
(531441/524288), communément nommé « comma pythagoricien » correspond environ à un neuvième de ton.
« Le comma est le plus petit élément perceptible à l’ouïe » (Boèce, Livre III, X).

Philolaos et Aristoxène définissent chacun deux autres intervalles plus petits que le demi-ton :

« Le schisma est la moitie du comma, le diaschisma la moitie de la diesis, c'est-a-dire du demi-ton plus petit. »
(Philolaos, cité par Boèce, Livre III, IX).

« Maintenant que cela est connu, il faut tacher de definir l'intervalle tonié. Le ton est la difference des 2 premiers
consonants [c'est-a-dire de la quarte et de la quinte], sous le rapport de la grandeur. On le divisera de 3 manières;
car on chante musicalement la moitié, le tiers et le quart du ton, et les intervalles plus petits que ceux-la ne
peuvent se chanter musicalement. On appellera la plus petite [de ces divisions] diésis enharmonique minime, la
seconde, diésis chromatique minime, et la plus grande, demi-ton. »
(Aristoxène, Livre I, XII)

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