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Document proposé par Bernard Théry, Lycée Saint-Rémy, Roubaix bthery@nordnet.

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Figures de style concernant la SYNTAXE


Les numéros de pages renvoient manuels en usage au lycée Saint-Rémi : FMH = Français-Méthodes 2de-1re, Hachette, 2004 ; Litt-
2de = Littérature 2de, Textes et séquences, Hatier, 2000. Bordas 1° = Français-Première, coll. Littérature, Bordas, 2001
Autres références : FMT = Français, Méthodes et Techniques, cl. des lycées, Nathan 2001 ; VCT = Vocabulaire du commentaire de texte,
Larousse, 1990 ; Bord. 1° = Français 1° Bordas 2001 ; P.F. = Pratique du français, sde, première, terminale, Hatier ; NPF. = Les Nouvelles
Pratiques du français, Hatier, 2000 ; Pt Bac = Faire le point Bac, Les mots-clés de l'épreuve de français,Hachette, 1987 ; L.2° = Littérature
seconde, Hatier 2000 ; PAE. = Procédés annexes d'expression, Bonnard, Magnard ; Org.1 = Organibac Tome 1; Gradus = Gradus. Les procédés
littéraires, Bernard Dupriez, coll. 10/18, 1984.
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ANAPHORE** (FMH 110a ; Bord.1° 536 ; L.2° 495 ; ; NPF 249 ; FMT29, 98 ; M&T p. 32-33 ; Org. 1 p.324 )
On appelle anaphore (du grec "anaphoros", report, retour) la répétition d'un mot ou de quelques mots en
tête de phrases rapprochées ou de fragments d'une même phrase.
Ex.: a) Rome, l'unique objet de mon ressentiment, / Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant,
Rome, qui t'a vu naître et que ton cœur adore, / Rome, enfin, que je hais, parce qu'elle t'honore." (Corneille, Horace)
b) Anaphore de "quand" dans Spleen IV de Baudelaire.

PARALLELISME (FMH 110a ; L. 2°, p. 495)


On appelle parallélisme une répétition de structures. Cette figure consiste à juxtaposer ou coordonner deux
membres de phrases, deux phrases ayant la même construction et la même longueur ou à peu près ; on forme
ainsi des groupes binaires, ternaires avec même syntaxe et même rythme.
Ex. : a) Des trains sifflaient de temps à autre et des chiens hurlaient de temps en temps (R. Queneau, Le Chiendent) b) Par la joie,
la beauté du monde pénètre dans notre âme. Par la douleur, elle nous entre dans le corps (S. Weil)

ASYNDETE** (une) (Bord.1° 521 ; M&T p. 59)


On appelle "asyndète" (du grec "asundeton", absence de lien) une absence de liaison entre deux mots, deux
groupes de mots ou deux propositions. Ex.: "Vous n'êtes point gentilhomme, vous n'aurez pas ma fille". (Molière)
Polysyndète : c’est le contraire de l’asyndète, elle multiplie les mots de liaison entre des groupes syntaxiques.
« Je sentis tout mon corps et transir et brûler » Racine, Phèdre.

ELLIPSE** (FMH 422 ; Bord.1° 520 ; M&T p.32-33 ; Org. 1 p.327 ; NPF 109 ; FMT 160,172,418)
L'"ellipse" (du grec "elleipsis", manque) consiste à supprimer un ou plusieurs mots que l'esprit supplée de
façon plus ou moins spontanée. Cette figure donne de la concision, de la rapidité (Ne pas confondre avec le
sens que prend ce même mot dans l'étude d'un texte narratif).
Ex.: a) Il fait un froid ! b) Chacun son tour ! c) L'un était très riche, l'autre fort pauvre.
d)"Je t'aimais inconstant. Qu'aurais-je fait fidèle?" (Racine, Andromaque)
e) "La rosée offrait ses perles, / Le taillis ses parasols" (V.Hugo, Vieille chanson du jeune temps)
f) "Comme toi le despote, il brise le navire" (V.Hugo parlant de l'Océan dans Au Peuple)

ZEUGMA (FMH 428 ; Bénac, Nouveau vocabulaire de la dissertation et des études littéraires)
On appelle "zeugma" (du grec "zeugma", joug)
1) Une sorte d'ellipse, dans un membre de phrase, d'un ou plusieurs termes qui figurent dans le membre voisin, et qu'il
faudrait rétablir, pour que la syntaxe soit correcte et intelligible, en général avec une modification dans le nombre, le
genre, voire la construction syntaxique.
Ex. : "L'air était plein d'encens et les prés de verdure." (V.Hugo) (Il faut sous-entendre "étaient pleins")

2) Par extension, une figure que certains préfèrent appeler "ATTELAGE"


et qui consiste à rattacher à un même mot deux éléments dont l'un discorde avec l'autre,
- soit grammaticalement
Ex.: "Il savait compter l'heure et que la terre est ronde." (Musset)
- soit sémantiquement, l'un des deux étant seul en liaison habituelle avec le mot (par ex., on réunit un terme abstrait et
un terme concret)
Ex.: a) Il est parti travailler avec son courage et son vélo. b) Il admirait l'exaltation de son âme et les dentelles de sa jupe. (Flaubert)
c) "Vêtu de probité candide et de lin blanc."(V.Hugo, Booz endormi)
d) "Enfermée dans sa chambre et dans sa nudité." (R.Martin du Gard, Les Thibault)
e) "Plus tard il devint empereur / Alors il prit du ventre et beaucoup de pays." (J.Prévert)

Fiche 4 , figures de syntaxe, 2006 page 1 / 2


ANACOLUTHE (une)* (FMH 419 ; Bord.1° 536 ; M&T p. 32-33 ; Org.1 p.324 ; NPF 249 ; FMT 417)
On appelle "anacoluthe" ( du grec "anacoluthon", absence de suite) la rupture d'une construction syntaxique.
Ex.: a) "Exilé sur le sol, au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher." (L'Albatros, Baudelaire)
b) "Le nez de Cléopâtre, s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé." (Pascal)

INVERSION*
Consiste à intervertir l'ordre des termes d'une proposition ou les membres d'une phrase contrairement à
l'usage habituel (sujet-verbe-complément ; proposition principale-propositions subordonnées). Cette
modification de l'ordre strict rompt la monotonie d'un texte et peut apporter grâce et élégance.
Ex.: a)"De figures sans nombre égayez votre ouvrage" (Boileau) ; b)"Restait cette redoutable infanterie de l'armée
d'Espagne..."(Bossuet, Oraison funèbre du prince de Condé)

CHIASME* (du gr "chiasma", croisement ; prononcer "kiasme") (FMH 110b ; L.2° 495 ; NPF 249 ; FMT 29,417)

Construction qui consiste en une présentation croisée d'éléments similaires et parfois même identiques : les
mots du 2° groupe sont présentés dans l'ordre inverse de ceux du 1° ; en présentant les mots sur deux lignes,
on obtient une croix analogue à la lettre grecque X (chi).
Ex.: a) "La neige fait au nord ce qu'au sud fait le sable" (V.Hugo) ; b) "Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger" (Molière) ; c) "Ce
qui fait la valeur des grandes vacances, c'est qu'elles sont la vacance des grandes valeurs." (Edgar Morin)

HYPALLAGE (une)* (du grec "hupallagê", change, interversion) FMH 423


Consiste à attribuer à un mot de la phrase ce qui conviendrait à un autre mot de la même phrase sans
qu'il soit possible de se méprendre sur le sens.
Ex.: a) "Les moissonneurs posant leurs faucilles lassées." (Desfontaines) ; b) "Flot dans la foule, âme dans la tempête." (V.Hugo)
c) "Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire" (Lamartine) ; d) "Et de longs corbillards, sans tambour ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; (...)" (Baudelaire) ; e) "De guerre lasse" ( = ce sont les combattants qui sont las)

PERIODE* (; Bord.1° 521 ; M&T p. 13 ; P.A.E. p. 130-131 ; J.Gardes-Tamine, La stylistique, p. 161; NPF 55 ; FMT 23,419)

Il s'agit d'une phrase longue, complexe, considérée comme une unité de souffle et de sens, dont le mouvement est dit
circulaire (d'où son nom, du grec "périodos", circuit) et qui comprend plusieurs membres, généralement disposés de façon
à faire apparaître symétries et balancements.
Elle doit former une phrase complète et comprendre plusieurs propositions ; la période typique est celle où les subordonnées sont en
tête, et où le sens n'est vraiment complet qu'avec la présence en fin de phrase de la principale (ex. a ).
Elle fait apparaître un rythme lié à la symétrie de ses membres, rythme binaire ou ternaire. On oppose la "cadence
majeure", dans laquelle les volumes vont croissant (ex. b) à la "cadence mineure", où ils vont décroissant (ex. c).
On distingue deux types principaux de période : les périodes à deux grands segments (mouvement ascendant, puis
descendant) et les périodes à trois segments (mouvement ascendant, palier, descente : ex. d). La dernière proposition
est appelée "clausule" ou "chute".

Ex.: a) "Que le prédicateur vienne à paraître, que la nature lui ait donné une voix enrouée et un tour de visage bizarre, que son barbier l'ait mal
rasé, si le hasard l'a encore barbouillé de surcroît, quelques grandes vérités qu'il annonce, je parie la perte de la gravité de notre sénateur."
(Pascal, Pensées).
b) "C'est dans ces nuits que m'apparut une muse inconnue ; je recueillis quelques-uns de ses accents : je les marquai sur mon livre, à la clarté
des étoiles, comme un musicien vulgaire écrirait les notes que lui dicterait quelque grand maître des harmonies." (Chateaubriand, Mémoires
d'Outre-Tombe)
c) "La terre et le ciel ne m'étaient plus rien ; j'oubliais surtout le dernier : mais je ne lui adressais plus mes vœux, il écoutait la voix de ma
secrète misère car je souffrais, et les souffrances prient." (Chateaubriand, Mém. d'Outre-Tombe)
d) "La lune n'est pas plus tôt couchée, qu'un souffle venant du large brise l'image des constellations, comme on éteint les flambeaux après une
solennité." (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe)
e) "Contemplateurs stoïques des maux incalculables que cette catastrophe vomira sur la France, impassibles égoïstes qui pensez que ces
convulsions du désespoir et de la misère passeront comme tant d'autres, et d'autant plus rapidement qu'elles seront plus violentes, êtes-vous bien
sûrs que tant d'hommes sans pain vous laisseront tranquillement savourer les mets dont vous n'aurez voulu diminuer ni le nombre, ni la
délicatesse ?" (Mirabeau, Sur la banqueroute, 1789)

AUTRES FIGURES DE STYLE concernant la SYNTAXE (au delà du niveau bac)


Fiche 4 , figures de syntaxe, 2006 page 2 / 2
ANADIPLOSE , du grec "ana-diplo“", redoubler (VCT )
Procédé qui consiste … reprendre au début d'une proposition un mot qui appartient à la proposition
précédente.
Exemple d'anadiplose "emphatique " : "Et les princes et les peuples gémissaient en vain ; en vain
Monsieur, en vain le roi lui-même tenait Madame serrée par de si étroits embrassements" (Bossuet, Oraison
funèbre de la duchesse d'Orléans)
Exemple d'anadiplose "de liaison" : "Pour moi, c'est un malheur. Un malheur, tout le monde sait ce que
c'est. Ça vous laisse sans défense." (Camus, l'Etranger).
L'anadiplose introduit les répliques, en conversation :
Le Comte : Combien la Comtesse t'a-t-elle donné pour cette belle association ?
Figaro : Combien me donnâtes-vous pour la tirer des mains du docteur ?" (Beaumarchais, Le Mariage de
Figaro, III,5).

EPANADIPLOSE (Gradus )
Consiste à reprendre le même mot au début et à la fin d'une phrase, d'un vers ou de deux propositions
corrélatives.
Ex. : "L'homme est un loup pour l'homme" (Plaute, Asinaria) ; "La mère est enfin prête ; très élégante, la
mère" (R. Queneau, le Chiendent) ; "L'enfance sait ce qu'elle veut . Elle veut sortir de l'enfance." (J.
Cocteau)

APOSIOPESE , du grec "apo-siôpaô", se taire (VCT ; Gradus)


Consiste à interrompre une construction par un silence qui traduit une émotion, une hésitation, une
menace, une volonté de diversion ; dans ce cas, on enchaîne sur un autre sujet. Les aposiopèses sont
fréquentes dans le monologue intérieur, où l'on ne prend pas la peine de finir ses phrases.
Ex. : "Je devrais sur l'autel où ta main sacrifie / Te ... mais du prix qu'on m'offre il faut me contenter"
(Racine, Athalie, V,5) ;
Lisette. - Ah ! tirez-moi d'inquiétude. En un mot, qui êtes-vous ?
Arlequin. - Je suis ...n'avez-vous jamais vu de fausse monnaie ? (Marivaux, le Jeu de l'Amour et du hasard,
III,6)

HYPERBATE, du grec "uper-baton", inversion (FMH, p. 423 ; VCT ; Bénac ; Pt Bac ; Gradus)
Ce mot a reçu dès l'Antiquité un sens très élargi. Cette figure consiste à renverser l'ordre attendu des
éléments d'une phrase, souvent pour substituer l'ordre passionnel … à l'ordre logique ou pour donner plus de
conviction à la phrase.
Ex. : "Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine." (André Chénier, Bucoliques) ;
"Le matin, elle fleurissait, avec quelles grâces ! vous le savez." (Bossuet, Oraison funèbre d'Henriette
d'Angleterre, 1670).
Alors que la phrase paraît finie, on y ajoute un mot ou un syntagme qui se trouve ainsi mis fortement en
évidence. Littré définit cette figure comme une inversion "pour exprimer une violente affection de l'âme".
Ex. : "Albe le veut, et Rome (Corneille, Horace)

PROLEPSE, du grec "pro-lepsis", anticipation (VCT ; Bénac)


Expression prématurée d'une idée, soit pour la mettre en relief, soit pour réfuter, par anticipation, une
objection supposée.
Ex. : "Vous me direz que la délinquance dans nos villes s'est accrue, malgré la vigilance de notre police."

SYLLEPSE grammaticale, du latin "sullepsis" et du grec "sullêpsis" = compréhension (VCT)


Consiste à réaliser l'accord selon le sens et non selon la grammaire. On peut parler d'accord logique.
Exemple de syllepse du nombre : "Il est six heures" ; exemple de syllepse du genre : "Charmant objet, vous
n'êtes point tombée en de barbares mains. " (Voltaire)

Fiche 4 , figures de syntaxe, 2006 page 3 / 2

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