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ELLIPSE** (FMH 422 ; Bord.1° 520 ; M&T p.32-33 ; Org. 1 p.327 ; NPF 109 ; FMT 160,172,418)
L'"ellipse" (du grec "elleipsis", manque) consiste à supprimer un ou plusieurs mots que l'esprit supplée de
façon plus ou moins spontanée. Cette figure donne de la concision, de la rapidité (Ne pas confondre avec le
sens que prend ce même mot dans l'étude d'un texte narratif).
Ex.: a) Il fait un froid ! b) Chacun son tour ! c) L'un était très riche, l'autre fort pauvre.
d)"Je t'aimais inconstant. Qu'aurais-je fait fidèle?" (Racine, Andromaque)
e) "La rosée offrait ses perles, / Le taillis ses parasols" (V.Hugo, Vieille chanson du jeune temps)
f) "Comme toi le despote, il brise le navire" (V.Hugo parlant de l'Océan dans Au Peuple)
ZEUGMA (FMH 428 ; Bénac, Nouveau vocabulaire de la dissertation et des études littéraires)
On appelle "zeugma" (du grec "zeugma", joug)
1) Une sorte d'ellipse, dans un membre de phrase, d'un ou plusieurs termes qui figurent dans le membre voisin, et qu'il
faudrait rétablir, pour que la syntaxe soit correcte et intelligible, en général avec une modification dans le nombre, le
genre, voire la construction syntaxique.
Ex. : "L'air était plein d'encens et les prés de verdure." (V.Hugo) (Il faut sous-entendre "étaient pleins")
INVERSION*
Consiste à intervertir l'ordre des termes d'une proposition ou les membres d'une phrase contrairement à
l'usage habituel (sujet-verbe-complément ; proposition principale-propositions subordonnées). Cette
modification de l'ordre strict rompt la monotonie d'un texte et peut apporter grâce et élégance.
Ex.: a)"De figures sans nombre égayez votre ouvrage" (Boileau) ; b)"Restait cette redoutable infanterie de l'armée
d'Espagne..."(Bossuet, Oraison funèbre du prince de Condé)
CHIASME* (du gr "chiasma", croisement ; prononcer "kiasme") (FMH 110b ; L.2° 495 ; NPF 249 ; FMT 29,417)
Construction qui consiste en une présentation croisée d'éléments similaires et parfois même identiques : les
mots du 2° groupe sont présentés dans l'ordre inverse de ceux du 1° ; en présentant les mots sur deux lignes,
on obtient une croix analogue à la lettre grecque X (chi).
Ex.: a) "La neige fait au nord ce qu'au sud fait le sable" (V.Hugo) ; b) "Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger" (Molière) ; c) "Ce
qui fait la valeur des grandes vacances, c'est qu'elles sont la vacance des grandes valeurs." (Edgar Morin)
PERIODE* (; Bord.1° 521 ; M&T p. 13 ; P.A.E. p. 130-131 ; J.Gardes-Tamine, La stylistique, p. 161; NPF 55 ; FMT 23,419)
Il s'agit d'une phrase longue, complexe, considérée comme une unité de souffle et de sens, dont le mouvement est dit
circulaire (d'où son nom, du grec "périodos", circuit) et qui comprend plusieurs membres, généralement disposés de façon
à faire apparaître symétries et balancements.
Elle doit former une phrase complète et comprendre plusieurs propositions ; la période typique est celle où les subordonnées sont en
tête, et où le sens n'est vraiment complet qu'avec la présence en fin de phrase de la principale (ex. a ).
Elle fait apparaître un rythme lié à la symétrie de ses membres, rythme binaire ou ternaire. On oppose la "cadence
majeure", dans laquelle les volumes vont croissant (ex. b) à la "cadence mineure", où ils vont décroissant (ex. c).
On distingue deux types principaux de période : les périodes à deux grands segments (mouvement ascendant, puis
descendant) et les périodes à trois segments (mouvement ascendant, palier, descente : ex. d). La dernière proposition
est appelée "clausule" ou "chute".
Ex.: a) "Que le prédicateur vienne à paraître, que la nature lui ait donné une voix enrouée et un tour de visage bizarre, que son barbier l'ait mal
rasé, si le hasard l'a encore barbouillé de surcroît, quelques grandes vérités qu'il annonce, je parie la perte de la gravité de notre sénateur."
(Pascal, Pensées).
b) "C'est dans ces nuits que m'apparut une muse inconnue ; je recueillis quelques-uns de ses accents : je les marquai sur mon livre, à la clarté
des étoiles, comme un musicien vulgaire écrirait les notes que lui dicterait quelque grand maître des harmonies." (Chateaubriand, Mémoires
d'Outre-Tombe)
c) "La terre et le ciel ne m'étaient plus rien ; j'oubliais surtout le dernier : mais je ne lui adressais plus mes vœux, il écoutait la voix de ma
secrète misère car je souffrais, et les souffrances prient." (Chateaubriand, Mém. d'Outre-Tombe)
d) "La lune n'est pas plus tôt couchée, qu'un souffle venant du large brise l'image des constellations, comme on éteint les flambeaux après une
solennité." (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe)
e) "Contemplateurs stoïques des maux incalculables que cette catastrophe vomira sur la France, impassibles égoïstes qui pensez que ces
convulsions du désespoir et de la misère passeront comme tant d'autres, et d'autant plus rapidement qu'elles seront plus violentes, êtes-vous bien
sûrs que tant d'hommes sans pain vous laisseront tranquillement savourer les mets dont vous n'aurez voulu diminuer ni le nombre, ni la
délicatesse ?" (Mirabeau, Sur la banqueroute, 1789)
EPANADIPLOSE (Gradus )
Consiste à reprendre le même mot au début et à la fin d'une phrase, d'un vers ou de deux propositions
corrélatives.
Ex. : "L'homme est un loup pour l'homme" (Plaute, Asinaria) ; "La mère est enfin prête ; très élégante, la
mère" (R. Queneau, le Chiendent) ; "L'enfance sait ce qu'elle veut . Elle veut sortir de l'enfance." (J.
Cocteau)
HYPERBATE, du grec "uper-baton", inversion (FMH, p. 423 ; VCT ; Bénac ; Pt Bac ; Gradus)
Ce mot a reçu dès l'Antiquité un sens très élargi. Cette figure consiste à renverser l'ordre attendu des
éléments d'une phrase, souvent pour substituer l'ordre passionnel … à l'ordre logique ou pour donner plus de
conviction à la phrase.
Ex. : "Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine." (André Chénier, Bucoliques) ;
"Le matin, elle fleurissait, avec quelles grâces ! vous le savez." (Bossuet, Oraison funèbre d'Henriette
d'Angleterre, 1670).
Alors que la phrase paraît finie, on y ajoute un mot ou un syntagme qui se trouve ainsi mis fortement en
évidence. Littré définit cette figure comme une inversion "pour exprimer une violente affection de l'âme".
Ex. : "Albe le veut, et Rome (Corneille, Horace)