CNAM Béton Précontraint Flexion en précontrainte partielle

Flexion en précontrainte partielle

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Introduction
La fissuration d’un élément en béton n’est dangereuse en terme de corrosion que si les
fissures restent ouvertes pendant une durée importante. On peut donc admettre
l’ouverture de fissures sous des actions de courte durée, pourvu qu’elles se referment
convenablement lorsque l’action cesse. Pour cela, il faut:

• Limiter la traction dans les aciers (pas de plastification)

• Limiter l’ouverture des fissures (pas de glissement entre acier et béton)

• Limiter les effets de répétition d’actions de courte durée provoquant la

fissuration (fatigue)

Il en découle le principe de la précontrainte partielle:

• L’élément reste comprimé (modérément) sous l’effet des charges permanentes ou

des charges de longue durée d’application,

• Sous les actions variables de courte durée, le béton peut être tendu et fissuré. Il se
comporte comme du béton armé. Il faut des armatures pour maîtriser limiter la
fissuration. 2
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Intérêt de la précontrainte partielle

• Meilleur comportement que le béton armé vis-à-vis de la corrosion, et de la fissuration,

• Compression sous combinaison quasi-permanente plus faible que dans le cas de la

précontrainte totale. Les déformations de fluage sont ainsi réduites, et maîtrisées (par
exemple, on peut choisir d’ajuster P pour avoir une précontrainte centrée sous
combinaison quasi-permanente, annulant ainsi pratiquement les déformations différées
de flexion),

• Moins de force de précontrainte à ancrer donc moins de problème de diffusion

d’efforts concentrés,

• Meilleure ductilité que le béton précontraint en précontrainte totale grâce à la

présence d’aciers passifs,

• Dans les poutres préfabriquées destinées à supporter des charges importantes, la

précontrainte partielle permet, par rapport à la précontrainte totale, de limiter la
compression dans le talon pendant les phases de construction,

• Peut présenter une économie d’investissement.

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Domaine d’application
La précontrainte partielle n’est généralement pas dimensionnée au plus juste, c’est-à-
dire pour respecter strictement la condition de non-décompression des sections sous
combinaison permanente, car cela conduit à placer une quantité d’acier passif souvent
très importante pour reprendre les tractions sous combinaisons de service.

On préfère plutôt adopter un effort de précontrainte qui assure un bon comportement et

un bon état de sollicitations dans la structure à vide (annulation des flexions dues aux
charges permanentes comme indiqué précédemment par ex).

Quelques exemples d’applications intéressantes de la précontrainte partielle:

• Planchers de bâtiment élancés: la précontrainte permet de limiter les

déformations différées préjudiciables au revêtement,

• Poutres préfabriquées,

• Tablier de pont à haubans (centrage des sollicitations de flexion sous charges

permanentes),

• Flexion transversale des hourdis de pont

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Principe du calcul en section fissurée

Hypothèses

- Conservation de la planéité des sections (linéarité du diagramme des déformations sur la

hauteur de la section),

- Élasticité des matériaux acier passif (indice s) et de précontrainte (indice P):

σP = EP εP et σs = Es εs
EP = nP x Ecm
Es = ns x Ecm
A noter que les coefficients d’équivalence nP et ns (voisins de 6) retenus pour le calcul de
la tension dans les aciers passifs et la surtension dans les actiers de précontrainte sont
basés sur le module d’élasticité moyen à court terme du béton, contrairement aux
pratiques antérieures (BPEL).

- Non-intervention du béton tendu: σc = Ecm εc si εc > 0

σc = 0 sinon

- Non-glissement entre acier et béton (égalité des déformations εc , εP , εs)

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Principe du calcul en section fissurée

Convention de signe

Contraintes σ et déformations ε sont comptées positives pour le béton comprimé et

pour les aciers tendus.

Analyse des déformations

Exemple d’une section soumise à un moment extérieur Mext > 0 :

État Quasi-
permanent

État sous comb.

caractéristique

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Principe du calcul en section fissurée

Analyse des déformations

L’allongement total des armatures de précontrainte εP sous les actions qui provoquent
la traction du béton est la somme de trois termes:

- leur allongement sous combinaison quasi-permanente εPd = εPk,inf infini

- un premier complément d’allongement accompagnant le retour à 0 de la

déformation du béton adjacent à l’armature ∆’εεP,

- un second complément d’allongement au-delà de la décompression du béton ∆’’εεP.

Les contraintes dans les matériaux sont déduites des hypothèses présentées ci-avant.

On note que εc , ∆’’εεP et εs (de même que σc , ∆’’σ

σP/nP , et σs/ns ) sont alignées sur la
droite du diagramme des déformations (contraintes) sur la hauteur de la section.

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Principe du calcul en section fissurée

Equilibre des efforts

Il y a équivalence entre le système de forces extérieures et le système de forces intérieures,

ce qui peut s’écrire de deux façons équivalentes:

{M} = { ∫ ∫B σcdB ; - AP (σσPd + ∆’σ

σP + ∆’’σ
σP ) ; - As σs }
= { ∫ ∫B σcdB ; - Pk - ∆’P - AP ∆’’σ
σP ; - As σs }
Ou
∆’P}
{M; Pk+∆ = { ∫ ∫ B σcdB ; - AP ∆’’σ
σP ) ; - As σs }

avec B = aire de la surface de béton comprimé 8

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Principe du calcul en section fissurée

Calcul des contraintes

Le diagramme de contraintes (σ σc , ∆’’σ

σP , σs) équilibre la sollicitation de flexion composée
formée par le moment extérieur M (moment sous charges permanentes et charges
d’exploitation) et la force (Pk + ∆’P) appliquée au niveau des aciers de précontrainte Ap.

La linéarité du diagramme des déformations et l’adhérence acier-béton liant les trois

inconnues (σσc , ∆’’σ
σP , σs) :
εc ∆" ε p εs σ c ∆"σ p / n p σ s / ns
= = soit encore = =
hc d p − hc d s − hc hc d p − hc d s − hc

, on détermine les deux inconnues restantes au moyen de deux équations exprimant

l’égalité des efforts normaux (1) et moments calculés par rapport aux As (2 ) internes et
externes:
hc
(1) Pk + ∆' P = ∫ σ c ( y)b( y)dy − ξ1 Ap ∆"σ p − Asσ s
0
hc

(2) M EXT/ As = M g + g '+q + (Pk + ∆' P)(d s−d p ) = ∫ (ds − hc + y)σ c ( y)b( y)dy − (ds − d p )ξ1 Ap∆"σ p
0

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Principe du calcul en section fissurée

Calcul des contraintes

Dans les expressions (1) et (2),

hc désigne la hauteur de béton comprimé,

b(y) la largeur de la section de béton comprimé à l'ordonnée y, mesurée à partir de

l'axe neutre, comptée positivement vers le haut,

ds et dp les distances entre la fibre comprimée (supérieure ici) et les aciers passifs et
de précontrainte respectivement,

ξ1 est un coefficient de réduction de la section des Ap situées en zone tendue due à la

différence de leur comportement en adhérence par rapport aux armatures passives

φs ξ et φp sont définis par §6.8.2 de l’EC2 (pour un câble de section

ξ1 = ξ Ap adhérent à un béton < C50/60, ξ = 0.5 et φp = 1.6√ √Ap)
φp
φs diamètre maximal des As
§7.3.2 EC2
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Prescriptions de l’EC2
Limitation des contraintes

Les limitations en contrainte dans les matériaux sont définies dans les §7.3 et §7.4 de
l’EC2-1-1 (bâtiment) et de l’EC2-2 (ponts) en fonction de la classe d’environnement de
l’ouvrage.

Par exemple, pour un ouvrage justifié en classe XC4, on doit à minima assurer:

- que les contraintes de compression dans le béton ne dépassent pas 0.45 fck sous combinaison
permanente et 0.60 fck sous combinaison caractéristique, avec dans les deux cas la valeur
caractéristique de la précontrainte,

- la non décompression des sections d’enrobage (- de 100 mm des Ap) sous combinaison permanente,
avec la valeur probable de la précontrainte.
Cette condition fixe la quantité minimale de précontrainte à mettre en œuvre.

- que l’ouverture des fissures sous combinaison fréquente est inférieure à wmax = 0.2 mm (équivalent à
justifier que la tension dans les aciers est inférieure à 1000wmax = 200 MPa avec la méthode simplifiée
proposée en annexe nationale à l’EC2 §7.3.3),

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Prescriptions de l’EC2
- que la tension dans les aciers passifs ne dépasse pas 0.8 fyk sous combinaison caractéristique avec la
valeur caractéristique de la précontrainte (ou 300 MPa si l’on souhaite s’affranchir de vérification à
la fatigue des armatures tendues).

Ces deux dernières conditions fixent la quantité minimale d’armatures passives.

- que la tension en valeur moyenne dans les aciers de précontrainte ne dépasse pas 0.8 fyk sous
combinaison caractéristique.

Ferraillage minimal longitudinal (// à la fibre moyenne)

- Ferraillage de peau: il n’est pas prévu systématiquement contrairement aux règles antérieures,
sauf pour les poutres de pont (AN à l’EC2-2 clause 9.1):
- poutre précontrainte : max (3 cm²/ml de paroi perpendiculaire à la fibre moyenne; 0.1%Ac)
- poutre en classe XD et XS : 5 cm²/ml de paroi perpendiculaire à la fibre moyenne

- Ferraillage minimal en zone tendue (zone σc < 0 sous combinaison caractéristique) :

Le ferraillage minimal défini par le §7.3.2 de l’EC2 correspond à la quantité nécessaire pour
reprendre le moment de fissuration (c’est-à-dire le moment créant une traction –fctm en fibre extrême
en présence de l’effort Pk,inf infini). Il n’est généralement pas dimensionnant en précontrainte partielle
puisque le moment caractéristique dépasse souvent largement le moment de fissuration.
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Calcul de la précontrainte
Précontrainte minimale

La non décompression des sections d’enrobage (- de 100 mm des Ap) sous combinaison
permanente, avec la valeur probable de la précontrainte, doit être assurée.

Si l’on suppose que la poutre est soumise sous combinaison quasi-permanente à un

moment extérieur du au poids propre et aux superstructures MQP positif, alors la
précontrainte minimale vaut, en supposant les câbles excentrés au maximum en fibre
inférieure (e0 = -v’+d’ ) :
M QP
Pm min =
ρv + v'−d '

De même, sous moment QP négatif, en supposant les câbles excentrés au maximum en

fibre supérieure (e0 = v-d) :
− M QP
Pm min =
ρv'+v − d

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Calcul de la précontrainte
Précontrainte centrée

On peut aussi choisir d’adopter une valeur de précontrainte plus élevée que le
minimum réglementaire, en sorte que le moment de précontrainte MP =P x e0 équilibre
celui apporté par les charges de poids propre et de superstructure MQP , annulant ainsi
pratiquement les déformations différées de flexion).

Dans le cas d’une flexion positive sous charges de poids propre et de superstructure par
exemple, la quantité de précontrainte correspondante vaut:

M QP
Pm =
v'−d '

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