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TITRE XIII

-
SANTÉ ET PREMIERS
SECOURS

2022

Organisme responsable :
Direction de la Médecine des Forces / Échelon Santé Spécialisé Milieu Terrestre
(DMF/ESSMT)

Tous droits réservés DRHAT © 2022


AVANT-PROPOS

« La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas
seulement en une absence de maladie ou d'infirmité » (préambule de la constitution de
l'Organisation mondiale de la santé).
L'hygiène et l'éducation pour la santé sont essentielles tant au casernement qu'en mission, sur
le territoire national et sur un théâtre d'opération extérieur.
L'éducation pour la santé, dont les enseignements doivent créer de véritables réflexes
d'hygiène [*], est essentielle tant du point de vue individuel que collectif.
Les mesures d'hygiène et de prévention ainsi que l'éducation pour la santé ne sont pas
uniquement l'affaire du service de santé des armées mais l'affaire de tous.
« Le respect des mesures d'hygiène et de prévention concourt à promouvoir ou conserver le
bien-être physique et mental, réduire ou éliminer l'incidence et l'impact des maladies, des
blessures et des décès, améliorer la préparation et la capacité opérationnelle des forces »
(doctrine OTAN [*] Force Health Protection).
Au combat, la maladie peut réduire les effectifs encore plus vite que les actions directes
de l'ennemi.
Les mesures de prévention associées à un suivi médical du personnel militaire contribuent au
maintien de la capacité opérationnelle des forces armées.
Quel que soit son niveau d'emploi, le militaire doit détenir les compétences nécessaires pour
porter assistance à une victime dans une situation d'urgence en réalisant les gestes de
premiers secours.
Les connaissances et savoir-faire techniques compatibles avec la situation de combat,
permettent de dispenser les gestes salvateurs dans l'attente d'une prise en charge
paramédicale ou médicale.
Le secourisme et le sauvetage au combat contribuent ainsi à une prise en charge adaptée et à
la préservation des chances de survie du blessé de guerre.
L'action conjointe des combattants et des soignants garantit la meilleure qualité de
prise en charge en cas de blessure ou de maladie.
Le suivi médical du personnel, le respect des mesures d'hygiène et de prévention ainsi que
l'application des gestes de premiers secours participent au maintien de la capacité
opérationnelle des forces terrestres.

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SOMMAIRE

I - SUIVI MÉDICAL DU PERSONNEL 4


1. VISITE MÉDICALE PÉRIODIQUE................................................... 5
2. VISITE MÉDICALE DÉPART OM/OPEX.......................................... 10

II - HYGIÈNE ET PRÉVENTION 12
1. HYGIÈNE INDIVIDUELLE........................................................... 14
2. HYGIÈNE COLLECTIVE AU CASERNEMENT ................................... 41
3. HYGIÈNE COLLECTIVE EN CAMPAGNE ET EN INTERVENTION ......... 45
4. RISQUE VECTORIEL ................................................................. 67

III - PREMIERS SECOURS 90


1. PRÉVENTION ET SECOURS CIVIQUES DE NIVEAU 1...................... 91
2. SAUVETAGE AU COMBAT DE NIVEAU 1 ....................................... 93
3. RELÈVE ET TRANSPORT D'UN BLESSÉ......................................... 94

IV - TRAUMATISMES ET BLESSURES 109


1. PATHOLOGIES CIRCONSTANCIELLES........................................ 110
2. PLAIES ET HÉMORRAGIES....................................................... 149
3. ATTEINTES TRAUMATIQUES DES MEMBRES............................... 158
4. EXPOSITION À UN ÉVÉNEMENT NRBC....................................... 168

V - GLOSSAIRE 181
VI - DÉFINITION 183

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I - SUIVI MÉDICAL DU PERSONNEL

BUT RECHERCHÉ
Comprendre l'importance du suivi médical comme mesure de prévention des risques médicaux
et sanitaires et à la surveillance de l'état de santé du militaire.

RÉFÉRENCES
Instruction ministérielle n° 812/ARM/RH-AT/PRH/LEG du 16 février 2018 relative aux
normes médicales d'aptitude applicables au personnel militaire de l'armée de Terre ;
Instruction ministérielle n° 1700/DEF/DCSSA/PC/MA du 31 juillet 2014 relative à la
détermination et au contrôle de l'aptitude médicale à servir du personnel militaire.

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1/ VISITE MÉDICALE PÉRIODIQUE
L'article L. 4132-1 du code de la défense précise que « nul ne peut être militaire s'il ne
présente les aptitudes exigées pour l'exercice de la fonction ». Cette exigence englobe non
seulement les compétences techniques nécessaires pour tenir un emploi, mais aussi les
aptitudes physique, mentale et médicale.
Il existe différents types de visites médicales :
la visite médicale périodique ;
la visite de départ OPEX [*];
la visite de retour OPEX ;
la consultation de reprise en cas d'arrêt de travail supérieur ou égal à 21 jours.

1.1 - DÉTERMINATION DE L'APTITUDE MEDICALE


La visite médicale périodique [*] est obligatoire pour tout militaire en situation d'activité ou
appartenant à la réserve opérationnelle de niveau 1 quel que soit son grade. La validité de
cette visite est de deux ans sauf mention contraire apportée par le médecin ou exception
réglementaire (personnel navigant par exemple).

L'autorité d'emploi est responsable du suivi de la validité des aptitudes, des convocations aux
visites médicales périodiques et du contrôle de leur exécution.
Le militaire, convoqué pour la visite médicale périodique, remet au médecin des armées :
la Fiche Emploi-Nuisances [*] (FEN [*]) ;
la fiche de présentation à la visite médicale périodique.

5
La fiche emploi-nuisances est établie par le chef d'organisme pour chaque poste à partir de
l'analyse des risques. Elle permet au médecin de réaliser une surveillance médicale adaptée
selon les risques professionnels identifiés.

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La fiche de présentation à la visite médicale périodique est complétée par le commandant
d'unité. Ce document précise l'emploi tenu ou à pourvoir et l'ensemble des aptitudes médicales
susceptibles de se révéler nécessaires avant l'échéance de validité de la visite médicale
périodique.

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La [*]Visite Médicale Périodique (VMP [*]) comprend :
un questionnaire préalable complété et signé par le militaire ;
un examen biométrique [*] comprenant un contrôle du poids, de la taille, de la tension
artérielle et de l'acuité visuelle. Une étude de l'audition par audiométrie [*] est réalisée
tous les 2 ans avant 35 ans puis tous les 4 ans (sauf si la spécialité ou l'emploi impose de
la contrôler plus fréquemment) ;
un examen clinique ;

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un électrocardiogramme [*] (ECG [*]) tous les 2 ans pour les personnels de moins de 20
ans, tous les 4 ans entre 20 et 40 ans et tous les deux ans après 40 ans ;
la vérification de l'existence dans le dossier médical des deux déterminations du
groupage sanguin ABO Rhésus Kell ;
un examen dentaire associé, si nécessaire, à la prescription d'un cliché panoramique
dentaire.
L'examen dentaire, par un chirurgien-dentiste des armées, peut être réalisé préalablement à la
VMP afin que le médecin puisse délivrer un certificat médico-administratif d'aptitude sans
mention de restriction dentaire.
Aucun autre examen complémentaire n'est systématique. En fonction de la situation clinique, le
médecin peut prescrire, s'il le juge nécessaire, des examens complémentaires ou des
consultations spécialisées :
soit dans le cadre d'une pathologie (à charge de la sécurité sociale) ;
soit dans le cadre d'une détermination de l'aptitude médicale au service, à l'emploi ou à la
spécialité (à charge du service de santé des armées).
A l'issue de cette visite, le médecin met à jour, si possible, les vaccinations réglementaires et il
établit un certificat médico-administratif d'aptitude où sont mentionnées :
l'aptitude médicale au service, à la spécialité, à la conduite de véhicules, à la désignation
pour une OPEX, pour une mission ou une affectation à l'étranger et toute autre aptitude
médicale demandée par le commandement ;
les éventuelles contre-indications à l'entraînement physique militaire et sportif ou à des
activités spécifiques ;
les éventuelles restrictions d'emploi ;
les références d'une dérogation aux normes médicales (si une dérogation a été accordée
par le commandement).
L'aptitude médicale, ainsi définie, est renouvelée avec une périodicité de 2 ans, sauf mention
contraire. En cas d'événement « santé » survenant pendant cette période et susceptible
d'influer sur l'aptitude médicale, une nouvelle visite médicale doit être demandée par le militaire
ou son commandement.

1.2 - DÉTERMINATION DE L'APTITUDE DENTAIRE


En complément d'un cliché panoramique dentaire [*] à jour, le contrôle clinique de l'état
dentaire est réalisé par un chirurgien-dentiste militaire d'active ou de réserve.
La durée de validité d'une visite dentaire réalisée par le chirurgien-dentiste militaire est
actuellement de 2 ans sauf mention restrictive argumentée.
En cas de besoin de soins dentaires, il est rappelé que le militaire a libre choix de son
chirurgien-dentiste traitant.
Si les soins sont réalisés par un chirurgien-dentiste militaire, les restrictions d'aptitude seront
levées à l'issue du traitement.
Si les soins sont réalisés par un chirurgien-dentiste civil, une visite chez le chirurgien-dentiste
militaire sera nécessaire pour constater la guérison et/ou le traitement et lever les restrictions
d'aptitude.
La prescription d'un cliché [*]panoramique dentaire peut être associée à l'examen dentaire.

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2/ VISITE MÉDICALE DÉPART OM/OPEX

2.1 - DÉTERMINATION DE L'APTITUDE MEDICALE


Cette visite concerne le personnel à jour de VMP, apte OPEX ou outre-mer et désigné pour un
départ en opération ou pour une affectation outre-mer.
Même si elle comporte une vérification de l'aptitude médicale à la projection, la consultation
préalable à un départ n'est pas une visite d'aptitude. Elle a pour but de réaliser les actions
nécessaires permettant au militaire de partir en mission :
contrôle et mise à jour des vaccinations réglementaires ;
mise à jour du carnet international de vaccination ;
contrôle de la mise en condition médicale (vaccination, groupe sanguin, état dentaire,
état psychologique, prise d'une thérapeutique susceptible d'interférer avec les mesures
de prophylaxie [*], etc.) ;
actualisation et remise au militaire de son livret médical réduit ;
délivrance d'une information adaptée aux risques sanitaires de la zone de projection ;
identification des donneurs de sang potentiels, susceptibles d'être sollicités durant la
mission.
Le contrôle de l'aptitude médicale porte sur :
le profil médical qui doit être conforme au profil minimal requis pour la projection (établi
par chaque armée, direction et service) ;
l'absence de contre-indication formelle à la projection survenue depuis la dernière
VMP :
alcoolisme chronique ou toxicomanie ;
mauvais état bucco-dentaire ;
affection présentant un risque de décompensation [*] pendant la mission ;
thérapeutique incompatible avec les contraintes opérationnelles ;
grossesse (un test de dépistage est prescrit lors de la visite) ;
existence d'affections qui, sans constituer une contre-indication formelle à la
projection, peuvent justifier des recommandations, voire des explorations
médicales ou une consultation spécialisée préalables au départ.
la validité du panoramique dentaire.
Le médecin des armées vérifie que le personnel a été classé apte dentaire à la date du départ.
Il n'y a pas de préparation odontologique [*] spécifique.

2.2 - PRÉVENTION
Avant projection et/ou sur le théâtre d'opérations, le service de santé des armées dispense une
information sur l'hygiène générale en campagne et les risques sanitaires spécifiques liés au
territoire. Cette information est individuelle (projection isolée) ou collective (projection d'une

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unité constituée). Si cela est nécessaire, le service de santé des armées fournit avant le
départ, pendant la durée de la projection et pour le retour les traitements de prévention du
paludisme.

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II - HYGIÈNE ET PRÉVENTION

BUT RECHERCHÉ
Maintenir une hygiène individuelle et collective satisfaisante pour maintenir le potentiel au
combat de l'unité.
Appliquer les mesures de prévention et de protections individuelles et collectives pour se
protéger et protéger ses camarades des maladies et infections.

Important
Les règles de prévention qui sont à appliquer en OPEX ne doivent jamais entraver les
actions de combats.

RÉFÉRENCES
Guide d'éducation sanitaire pour les missions extérieures et les séjours outre mer (mise à
jour périodique) ;
Arrêté du 21 décembre 2009 relatif aux règles sanitaires applicables aux activités de
commerce de détail, d'entreposage et de transport de produits d'origine animale et
denrées alimentaires en contenant ;
Arrêté du 8 octobre 2013 relatif aux règles sanitaires applicables aux activités de
commerce de détail, d'entreposage et de transport de produits et denrées alimentaires
autres que les produits d'origine animale et les denrées alimentaires en contenant ;
Guide pour la mise en place d'un plan de maîtrise sanitaire en restauration collective
militaire, version n°5 ;
Guide des bonnes pratiques d'hygiène de la restauration en situation opérationnelle,
version n°3 du 29 septembre 2017 ;
Note n° D16.010041 du 23 novembre 2016 relative à la gestion des eaux destinées à la
consommation humaine au sein des forces stationnées à l'étranger ;
Exigences en matière de potabilité de l'eau en cours d'opérations, en campagne et dans
les situations d'urgence AMedP-4.9 version A.1 de mars 2014 ;
Publication interarmées PIA-4.0.9.1 "Gestion de l'eau en opération extérieure"
n°172/DEF/CICDE/NP du 23 juin 2010 amendée le 8 mars 2012 ;
Décret n° 2007-49 du 11 janvier 2007 relatif à la sécurité sanitaire des eaux destinées à
la consommation humaine ;
Instruction ministérielle n°1180/DEF/DCSSA/AST/TEC/1 du 16 mai 1994, modifiée,
relative à la prophylaxie dans les armées des maladies transmissibles ;
Instruction ministérielle n°3100/DEF/DCSSA/AST/TEC/EPID du 25 mai 2005, modifiée,
relative à la prophylaxie dans les armées de l'infection à VIH et du SIDA ;
Circulaire n°1300/DEF/DCSSA/AST/TEC/EPID du 31 mai 2005 relative à la conduite à
tenir en cas d'exposition au sang (AES) ;

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Circulaire n°2670/DEF/DCSSA/AST/TEC/EPID du 20 septembre 2005 relative à la
conduite à tenir en cas d'exposition sexuelle à risque ;
Paludisme et prévention en République Centrafricaine, guide pratique à l'usage des
cadres de contact, novembre 2014 ;
Circulaire n° 680/DEF/DCSSA/AST/TEC du 3 avril 2009 relative à la lutte contre le
paludisme dans les armées (avec mises à jour par note
n°2007/DEF/DCSSA/AST/BERS/EPID du 15 novembre 2011 et par note
n°504288/DEF/DCSSA/PC/ERS/EPID du 27 juin 2013) ;
Document guide à l'usage des comités de lutte anti-moustiques (CLAM)
n°469/DEF/DCSSA/AST/TEC du 16 février 1999 ;
Instruction ministérielle n°710/DEF/DCSSA/AST/TEC du 12 mars 1997, modifiée, relative
à la désinsectisation et à la dératisation dans les armées ;
Instruction ministérielle n°5549/DEF/CAB du 19 avril 2007 relative aux dépistages de la
toxicomanie et de la consommation excessive d'alcool applicable aux militaires ;
Instruction ministérielle n°300 009/DEF/EMAT/CAB/CEMAT du 5 octobre 2011 relative
aux dépistage à l’initiative de l'autorité militaire de la consommation excessive d'alcool et
de l'usage de produits stupéfiants applicables au personnel de l'armée de Terre ;
Guide pratique – Gestion du cycle veille – sommeil en milieu militaire (SSA/IRBA/UNEO)
– mars 2020.

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1/ HYGIÈNE INDIVIDUELLE

OBJECTIF
Pour le cadre de contact et ses hommes :
se protéger et protéger ses subordonnés des maladies et infections afin de maintenir la
capacité opérationnelle des forces ;
promouvoir l'application des règles d'hygiène individuelle pour maintenir et améliorer la
santé des hommes afin d'aller au terme de la mission.

1.1 - HYGIÈNE GENERALE


L'hygiène personnelle est l'ensemble des pratiques destinées à préserver la santé de chaque
soldat.
Une rupture dans l'application des règles élémentaires d'hygiène prédispose à la survenue de
maladies pouvant altérer la capacité opérationnelle des forces.

1.1.1 - HYGIÈNE CORPORELLE


La peau sécrète la sueur. Celle-ci s'évapore en laissant un dépôt acide qui se mélange au
sébum (sécrétion grasse produite par les glandes sébacées) et aux cellules cornées [*]
éliminées tous les jours par la peau. Ce mélange, rapidement MALODORANT, constitue la
crasse qui favorise la pullulation des MICROBES.
Il faut effectuer une toilette journalière du corps entier (douche ou bain) à l'eau et au savon.
Cette toilette quotidienne doit être IMPÉRATIVEMENT faite dans les PAYS CHAUDS mais ce
rythme doit également, sauf circonstances exceptionnelles, être respecté dans les pays au
climat tempéré ou froid.
La saleté des mains et des ongles est un facteur de dissémination TRÈS IMPORTANT de
certaines maladies contagieuses, par exemple celles dites « à transmission fécale » :
HÉPATITES VIRALES, FIÈVRES TYPHOÏDES, DYSENTERIES BACILLAIRES et
AMIBIENNES, etc.

1.1.2 - HYGIÈNE BUCCO-DENTAIRE


L'hygiène bucco-dentaire n'est qu'un aspect particulier et fondamental de l'hygiène corporelle.
Elle est nécessaire pour conserver une denture en bon état.
L'état bucco-dentaire (maladie carieuse, dentition incomplète, etc.) influe sur l'aptitude
médicale à servir (SIGYCOP - Instruction N°1700/DEF/DCSSA/PC/MA du 31 juillet 2014). Les
maladies bucco-dentaires peuvent causer gêne, douleurs, déformations voire se compliquer
d'infections pouvant causer la mort.
Les pathologies dentaires entraînent des conséquences immédiates sur la santé, sur l'aptitude
médicale à servir aux missions (notamment extérieures ou outre-mer), ainsi que sur le plaisir
de manger et de séduire.
Il sera d'autant plus difficile, long et coûteux de se soigner lorsqu'on a attendu pour traiter les
conséquences mais aussi les causes.

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Important
Le brossage des dents doit être associé à une discipline alimentaire (ne pas manger
entre les repas, éviter les aliments mous, collants, sucrés (ex. : bonbons, pâte à
tartiner...) et les boissons acides comme les sodas même sans sucre).

1.1.2.1 - LE BROSSAGE DES DENTS


Le brossage des dents nécessite 3 éléments :
une brosse à dents à poils souples et synthétiques. Sa tête doit être petite pour
atteindre toutes les dents et son manche doit être simple, droit et rigide pour transmettre
exactement le mouvement de la main. Elle se change dès qu'elle est usée (c'est-à-dire
dès que les poils ne sont plus parallèles entre eux). Elle est maintenue en dehors de son
usage en bouche, propre et sèche ;
du dentifrice fluoré qui doit s'appliquer en petites quantités sur une brosse sèche pour
ne pas diluer le dentifrice. Le type et la marque du dentifrice importent peu, seulement
doit-on déconseiller les dentifrices abrasifs, riches en silice et éviter ceux recherchant le
blanchiment ;
une glace pour voir ce que l'on fait (il en existe de petite taille qui peuvent se glisser dans
une trousse de toilette même sommaire).
Le brossage des dents se réalise après chaque repas, donc habituellement trois fois par jour
pendant 3 minutes. En mode dégradé, il est impératif de se brosser les dents très
consciencieusement au moins tous les soirs, avant le coucher. Bien évidemment, il ne faut
rien manger après ce brossage.

1.1.2.2 - L'HYGIÈNE ALIMENTAIRE


L'hygiène alimentaire consiste à connaître les comportements à risque pour conserver
l'alimentation de son choix tout en minimisant leurs impacts négatifs sur la santé.
Réduire la fréquence des prises alimentaires et proscrire le grignotage. Toute prise
alimentaire sauf l'eau plate entraîne une agression directe même dans une bouche
propre. Cette agression est d'autant plus violente que l'aliment est acide (citron, soda,
pomme, etc.) et il faut du temps à la bouche pour revenir à l'équilibre. Il faut éviter de
manger entre les repas.
Éviter les aliments mous, collants et sucrés et les consommer de préférence en
début ou au milieu des repas. Le sucre est transformé en acide faible par les
bactéries [*] de la plaque dentaire (celle qui doit être enlevée par le brossage). Plus les
aliments sont mous, collants et sucrés, plus leur action négative dure dans le temps. Il
faut éviter ce type d'aliments.
Éviter les sodas, jus de fruits, boissons énergisantes et acides entre les repas. Les
consommer avec parcimonie et, si possible, au début ou au milieu des repas principaux.
Ne pas se brosser les dents immédiatement après une boisson acide comme un
soda. L'attaque chimique se doublerait d'une action mécanique. Pour les sportifs qui
consomment régulièrement des boissons énergisantes pendant les entraînements, il faut
se rincer la bouche avec de l'eau claire après consommation (sinon, risque important de
développer des caries).

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1.1.2.3 - LES VISITES DE CONTRÔLES
Les pathologies bucco-dentaires les plus fréquentes comme les caries sont d'évolutions très
lentes (plusieurs années). Un comportement responsable permet d'éviter la multiplication des
visites de contrôle et de soins dentaires.
Réaliser l'intégralité des traitements des pathologies dépistées par le dentiste.
Identifier et corriger les causes des problèmes (défauts d'hygiène dentaire,
alimentation, traitements inadaptés, etc.). Si chaque année ou tous les deux ans, la visite
chez le chirurgien-dentiste découvre de nouvelles caries, c'est que le traitement des
causes n'est pas suffisant (il ne sert à rien d'augmenter l'hygiène dentaire si la cause
vient de l'hygiène alimentaire).
Être acteur de ses traitements, s'y intéresser et participer aux choix (matériaux,
obturations, couronnes, etc.) :
les plombages traditionnels (amalgames d'argent) sont sans danger pour la santé,
très durables (22 ans en moyenne) et réclament peu de suivi mais ils sont
métalliques donc peu esthétiques : ils doivent donc être privilégiés pour les dents
postérieures ;
les plombages blancs sont simplement collés, ils durent beaucoup moins longtemps
(2 ans en moyenne) et demandent donc des visites plus régulières. S'ils sont
choisis, le programme des contrôles devra être renforcé, l'hygiène dentaire plus
intensive et le comportement alimentaire plus rigoureux.

Remarque
La consultation d'un chirurgien-dentiste des armées lors de la visite médicale périodique (VMP)
est l'occasion de faire un bilan sur la santé bucco-dentaire.

1.1.3 - HYGIÈNE DES MAINS


Le lavage des mains doit être fréquent. C'est le moyen le plus efficace pour :
limiter la propagation des germes entre individus (serrage de mains, poignées de porte,
...) ;
limiter le risque d'auto contamination par frottements des yeux, du nez, de la bouche.
Le serrage de mains est un facteur élevé de risque de transmission ; le salut militaire
réglementaire est le plus adapté car sans contact direct.
Situation dans lesquelles il est indispensable de se laver les mains :
avant et après chaque repas ;
après être allé aux toilettes (systématiquement) ou manipulé tout ce qui pourrait
potentiellement transmettre des germes ;
avant de manipuler ou de préparer des aliments ;
après avoir nettoyé du matériel, de l'armement, ... ;
fréquemment pendant la journée pour garder les mains propres ;
après avoir été en contact avec des animaux ou des plantes ;
après un contact physique avec la population locale.
Comment se laver les mains efficacement ?

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Avec de l'eau potable et du savon, pendant au moins 30 secondes.
Il est important de vérifier la présence d'eau et de savon dans les sanitaires et à proximité
des lieux de restauration. L'eau non potable ne doit être utilisée qu'en dernier recours car
elle présente un risque de contamination, ce qui annulerait les avantages du lavage des
mains.
Avec une solution désinfectante pour les mains à base d'alcool (gel hydro-alcoolique)
lorsque le savon et l'eau ne sont pas disponibles.
Avec les lingettes imprégnées de solution à base d'alcool contenues dans le kit hygiène.
Les désinfectants pour les mains à base d'alcool ne sont pas efficaces si les mains sont
couvertes de salissures ou de matières grasses.

1.1.4 - HYGIÈNE DES PIEDS


Au cours de la vie militaire, les pieds sont souvent mis à l'épreuve par le sport, la marche, le
combat etc. Les pieds sont le moyen de transport ultime des « 100 derniers mètres ». En
conséquence, ils doivent faire l'objet de soins constants et de mesures élémentaires de bon
sens.
Les chaussures
Les chaussures seront adaptées à la taille du pied avec une chaussette adaptée. Lors de
l'essayage, il est important de les garder un moment au pied. Celui-ci ne doit ni être trop serré,
ni trop libre ; aucun point d'appui douloureux ne doit être ressenti.
Elles doivent être séchées/aérées dès que possible pour éviter l'humidité pouvant favoriser la
survenue de plaies ou mycoses.
Les chaussettes
Les chaussettes doivent être choisies avec soin : taille adaptée (sans plis), non serrées, avec
une matière permettant l'évaporation de la transpiration. Les chaussettes en fibres
synthétiques seront évitées.
Elles doivent être propres et sèches, changées, si possible, quotidiennement et en particulier
par temps très froid ou très humide. En cas de grand froid, la superposition de deux paires de
chaussettes, dont une en laine permet d'éviter les gelures.
L'hygiène des pieds proprement dite
Les pieds doivent être :
• lavés fréquemment ;
• séchés soigneusement, particulièrement entre les orteils.
Toute plaie du pied (ampoule, blessure) doit être surveillée. Des pommades et poudres
protectrices peuvent être prescrites et fournies par le service de santé des armées si des
signes d'accumulation d'humidité apparaissent (rougeurs entre les orteils, pieds malodorants,
macération etc.).

1.1.5 - HYGIÈNE DE LA PEAU


La peau est le plus grand organe du corps humain. Elle protège le corps des germes, des
rayons directs du soleil, isole et aide à réguler la température du corps.
En plus de toutes les mesures d'hygiène citées plus haut, il est essentiel de prendre en compte
les points suivants :

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protéger la peau des rayons du soleil : une protection solaire adaptée sur peau propre
est recommandée ;
effectuer régulièrement une toilette du corps à l'eau potable et au savon (en fonction
des possibilités) pour limiter le risque d'infections de la peau. Une attention particulière
doit être portée aux zones de transpiration et aux endroits humides (aisselles, parties
génitales, fesses, pieds) ;
idéalement et au mieux, avec une douche « classique » journalière ; à défaut une
par semaine ;
en cas d'absence de sanitaires, avec une douche à la bouteille d'eau (deux
bouteilles pour une douche) ;
au minimum, une toilette quotidienne de type « débarbouillage ».

Remarque
Les tatouages réalisés de façon artisanale, sans matériel adapté (stérile et à usage unique)
exposent au risque d'infection de la peau.

1.1.6 - HYGIÈNE VESTIMENTAIRE


Entretien du linge
Pour garantir la propreté de la peau, des règles d'hygiène vestimentaires sont à mettre en
place et à adapter selon l'environnement et les contraintes opérationnelles.
Il est déconseillé de partager le linge de lit, le linge de toilette (serviette), les vêtements
et sous-vêtements afin d'éviter la transmission de germes (infections de la peau, parasites,
etc.)
Les serviettes de toilettes doivent être lavées régulièrement. Elles ne doivent pas être posées
sur des surfaces sales (matelas sans protection, chaise ou table etc.)
Concernant les sous-vêtements :
utiliser des sous-vêtements, de préférence en coton, propres, changés quotidiennement ;
laver, rincer et sécher soigneusement les sous-vêtements.
En fonction des moyens sur place :
permettre l'accès à des machines à laver, lessive, sèche-linge fonctionnels ou lavandier
au moins deux fois par semaine ;
en conditions dégradées, lavage minimal des sous-vêtements / linge de corps avec de
l'eau et du savon.
Adaptation des vêtements aux conditions climatiques
Les vêtements qui protègent le corps humain contre le froid, la chaleur ou la pluie, ne doivent
pas empêcher l'évaporation de la sueur.
La toile de coton et de lin sont très perméables à l'air mais bonnes conductrices de la
chaleur. Ce sont des tissus de choix pour les vêtements d'été, car ils favorisent l'évaporation
de la sueur. Ce ne sont pas des tissus à retenir pour l'hiver car ils ne conservent pas la chaleur
du corps.

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La laine emprisonne de l'air qui se réchauffe au contact du corps. La superposition de
plusieurs vêtements de laine préserve donc très bien l'organisme contre la déperdition de
chaleur ; l'isolement est assuré par les épaisseurs de tissu et les couches d'air qui existent
entre chaque épaisseur. La laine est donc le tissu de choix pour les vêtements d'hiver.
Les tissus imperméables : l'imperméabilisation des tissus par le caoutchouc ou la paraffine a
l'inconvénient de s'opposer à la circulation de l'air, donc d'empêcher l'évaporation de la sueur.
Ces vêtements ne peuvent donc pas être portés très longtemps.
Des tissus modernes dits microporeux (Gore tex®, etc.) ont l'avantage de permettre la
circulation normale de l'air donc de la sueur évaporée et d'empêcher le passage des liquides.
Ces matières permettent la confection de tenues imperméables qui peuvent être portées par
tous les temps. Ces vêtements "techniques" doivent faire l'objet d'un lavage approprié pour
éviter tous risques d'altération de l'imperméabilité des tissus microporeux.
Dans tous les cas, les vêtements moulants sont à proscrire. Une circulation optimale de l'air est
obtenue par le port de vêtements amples qui favorisent les échanges thermiques entre
l'individu et le milieu extérieur et ainsi l'évaporation de la sueur.
La couleur des vêtements joue un rôle sur les échanges de chaleur. Les tissus clairs,
réfléchissent la lumière solaire donc absorbent moins la chaleur que les tissus foncés. En été,
il est préférable de porter des vêtements de couleur claire, en hiver des vêtements sombres.
Les vêtements de sport sont conçus pour donner toute liberté de mouvement et permettre
l'évaporation rapide et intense de la sueur au cours d'efforts musculaires prolongés. Ils doivent
être ouverts en cours de séance de sport afin de permettre l'évaporation de la sueur.
REMARQUES
Une étoffe mouillée perd ses qualités d'écran thermique. L'eau est vingt-sept fois
meilleure conductrice de la chaleur que l'air. Une étoffe mouillée perd toute qualité
isolante donc tout pouvoir de conserver la chaleur. La laine mouillée conserve toujours un
peu d'air entre ses mailles donc un certain pouvoir de conserver la chaleur.
30% de la chaleur corporelle s'évacue au niveau de la tête.
Tout tissu qui sèche consomme de la chaleur. Le port de sous-vêtements (tee-shirts,
chaussettes) mouillés par la transpiration expose au risque de refroidissement donc
d'hypothermie et de gelures au niveau des orteils et des doigts.
Une circulation optimale de l'air est obtenue par le port de vêtements amples qui
favorisent les échanges thermiques entre l'individu et le milieu extérieur et l'évaporation
de la sueur.
Le rôle du cadre de contact relève le plus souvent du bon sens. Quelques principes
élémentaires, non exhaustifs, peuvent être proposés :
le linge de corps mouillé doit être changé par du linge sec dès la fin de l'effort, d'où
l'importance de prévoir du linge de rechange ;
les vêtements moulants sont à proscrire (risque de coup de chaleur en ambiance chaude,
absence d'isolation thermique en ambiance froide) ;
porter des vêtements secs, un bonnet, des gants et des chaussettes adaptées en
ambiance froide (risque d'engelures) ;
couvrir la tête lors des expositions au soleil.

19
1.1.7 - HYGIÈNE ALIMENTAIRE
Si l'alimentation quotidienne du militaire est abordée dans ce chapitre, l'alimentation spécifique
dans le cadre d'objectifs sportifs précis, de postes particuliers ne sera en revanche pas
abordée. Elle requiert des conseils auprès de spécialistes tels que les médecins des forces et
les moniteurs EPMS [*].
Les dépenses énergétiques quotidiennes d'un adulte sédentaire se situent entre 2200 et 2600
kcal. La pratique d'une activité physique augmente les besoins entre 500 et 1000 kcal/j selon
son intensité.
Une répartition en 4 ou 5 prises par jour est conseillée avec un petit déjeuner devant
représenter environ 25% de la ration journalière. Pour construire un repas équilibré, il convient
de suivre la règle mnémotechnique du 421 soit 4 portions de glucides, 2 portions de protéines
et 1 portion de lipides.
Les glucides ont un rôle déterminant pour les performances physiques. Ils sont de deux
types :
les glucides simples, aussi appelés « sucres rapides » (miel, sucre, sucreries,
sodas, fruits) dont la consommation doit être modérée. Attention, les boissons
énergisantes (type Redbull, Monster) contiennent une importante quantité de
sucres ;
les glucides complexes aussi appelés « sucres lents » (riz, pâtes, pain complet,
farine, légumes secs, pommes de terre) sont à privilégier.
Les lipides ou graisses contenus dans les graisses animales ou végétales sont une
source d'énergie indispensable et doivent être consommés modérément.
Les protéines peuvent être d'origine animale (viande, œuf, poisson, lait, fromage) ou
végétale (céréales, légumes secs, oléagineux). Les protéines végétales sont à privilégier.
Il est important de boire au minimum 1.5 litre d'eau par jour. Un homme adulte de 75 kg
perd en moyenne 2.5 litre d'eau par jour indépendamment du climat, de l'altitude et de toute
activité physique. Pour équilibrer ces pertes, l'apport de 1.5 litre d'eau par jour est
indispensable, le reste étant apporté par les aliments.
Comment se nourrir lors d'un déploiement en pays chaud / en manœuvre ?
Dans ces deux situations les personnels sont exposés à la « sous nutrition » de terrain. Elle est
causée par une augmentation des activités combinée à un manque d'appétit lié à la chaleur. Il
est donc recommandé de :
fractionner les prises alimentaires ;
faire des collations.
L'hydratation
Même en l'absence de symptômes, la déshydratation engendre très précocement une
diminution des performances physiques et une augmentation des risques du trouble de la
conscience.
Pour prévenir la déshydratation, voici quelques recommandations simples :
être à l'écoute de sa soif : boire avant d'avoir les premières sensations de soif ;
boire régulièrement plutôt qu'une grande quantité en une seule prise (150 à 250 ml / 20
minutes lors d'un exercice intense) ;
en cas de déshydratation, privilégier l'eau mais aussi les boissons contenant du sel
(compensation des pertes d'eau et de sel dans la sueur) ; les potages ou les bouillons
cubes sont un bon compromis.

20
Les boissons énergétiques (type Powered, Isostar) sont adaptées car elles contiennent
notamment du sel. Attention ce n'est pas le cas pour les boissons énergisantes (type Monster,
Redbull).
Les compléments alimentaires
Pour un sportif, une alimentation variée et équilibrée apporte tout ce dont le corps a besoin
sans nécessité de complément. La diversité alimentaire suffit à prévenir les carences.
Leur utilisation peut être dangereuse en cas de déshydratation et d'exercice de haute intensité
à la chaleur. Ils peuvent être contaminés par des produits toxiques qui ne figurent pas sur la
composition officielle.
En cas de consommation de compléments alimentaires, il est recommandé de ne jamais se
fournir sur internet et de vérifier les normes des produits achetés car ils peuvent contenir des
produits toxiques et/ou substances dopantes qui ne figurent pas sur la composition officielle.
Pour contrôler l'absence de contamination d'un complément alimentaire, il faut vérifier sur
l'emballage la présence de la mention Afnor NF V94-001 ou des mentions suivantes :
label Sport Protect pour les produits vendus en France ;
certification National Sanitation Foundation, Logo Informed Sport, Logo Informed Choice
pour les produits vendus à l'étranger.

1.1.8 - CONSOMMATION DE SUBSTANCES PSYCHOACTIVES

1.1.8.1 - DÉFINITIONS
« Une substance psychoactive s'entend d'une substance qui, lorsqu'elle est ingérée ou
administrée, altère les processus mentaux, comme les fonctions cognitives ou l'affect [*]
» (Organisation Mondiale de la Santé).
Nous pouvons regrouper sous ce terme le tabac, l'alcool, la cocaïne, l'héroïne, les nouveaux
produits de synthèse, certains médicaments et bien d'autres produits. Le terme « psychoactif »
n'implique pas forcément une dépendance.
L'addiction est un comportement qui vise à produire du plaisir ou écarter une sensation de
malaise interne. L'addiction se distingue par une impossibilité répétée à contrôler ce
comportement en dépit de la connaissance de ses conséquences négatives (sur la santé du
sujet, sur sa situation familiale, professionnelle, sociale, etc.). Ce comportement peut être lié à
une substance, mais pas exclusivement. Il existe des addictions sans substance (addiction aux
jeux d'argent et de hasard, addiction au sport, au sexe, etc.). C'est un problème de santé
publique étant donné leur fréquence, leurs complications médicales et leur coût social.
Classiquement, trois types de comportement sont décrits : le non-usage, l'usage simple et le
mésusage (qui correspond à l'addiction). Notre vigilance doit se porter sur le mésusage, avec
différents niveaux de sévérité :
l'usage à risque : consommation de substance supérieure aux seuils définis, sans
conséquence sur le plan médical, psychologique ou social, ou consommation d'une
substance illicite même dans le cadre d'une expérimentation unique ;
l'usage nocif : toute consommation qui s'associe à au moins un dommage, qu'il soit
médical, psychologique ou social ;

21
la dépendance : apparition d'une tolérance (nécessaire augmentation des
consommations pour obtenir les mêmes effets) et d'un syndrome de sevrage en cas
d'arrêt, besoin irrépressible de consommer afin d'éviter les symptômes de manque, perte
de contrôle face aux consommations avec une augmentation du temps consacré à la
recherche du produit au détriment de la vie socio-professionnelle de l'individu.

1.1.8.2 - DONNÉES GÉNÉRALES


Le tabagisme régulier concerne 26.7% des adultes âgés de 18 à 75 ans selon les
résultats des études menées en 2017 (chiffres de l'Observatoire français des drogues et
des toxicomanies) . Des études internationales montrent que ces chiffres sont plus élevés
en population militaire. Le nombre annuel de décès attribués au tabagisme pour l'année
2015 a été estimé en France à 75 000, dont la majorité par cancer (principalement cancer
du poumon).
L'alcool est la deuxième cause de mortalité évitable en France. Environ 49 000 décès
sont attribuables à l'alcool chaque année, à cause des complications suivantes : cancers,
maladies cardio-vasculaires, maladies digestives, accidents, suicides, etc. Les
conséquences en termes d'accidentologie sont également majeures : le contentieux
relatif à l'alcool au volant représente 45% des condamnations pour infraction à la sécurité
routière.
Le cannabis est la première substance illicite consommée en France. 42% des adultes
de 18 à 64 ans ont expérimenté au moins une fois la substance. Les conséquences en
termes d'accidentologie sont importantes : conduire sous l'influence du cannabis multiplie
par 1,7 le risque d'avoir un accident de la route et par 29 si une consommation d'alcool y
est associée.
On observe une augmentation de la consommation de cocaïne depuis plusieurs années.
Il en est de même pour d'autres substances comme la MDMA/ecstasy.
La consommation d'héroïne reste stable.
De nouveaux produits de synthèse ont fait leur apparition il y a plusieurs années,
imitant ainsi certaines drogues comme la MDMA, le cannabis et la cocaïne. Entre 2008 et
2018, 286 nouvelles substances ont circulé au moins une fois sur le territoire français,
avec des difficultés de contrôle par les pouvoirs publics. Leur vente sur internet facilite
leur diffusion.

22
Il n'est pas possible de faire un catalogue exhaustif de l'ensemble des substances auxquelles
le militaire peut être éventuellement confronté. Il est important de ne pas sous-estimer les
marchés locaux lors des missions extérieures et de se renseigner sur les substances
présentes ou faisant l'objet d'un trafic (exemples du khat à Djibouti et de l'alcool frelaté en
Afrique).
Le recours à l'ensemble de ces substances peut être à l'origine de complications médico-
légales, mais également de situations d'urgence plus spécifiques au milieu militaire, liées en
particulier au contexte opérationnel et à la disponibilité des armes.

1.1.8.3 - LA CONSOMMATION D'ALCOOL


L'alcool est une substance psychoactive légale en France. Sa consommation altère les
capacités cognitives [*] de l'individu, dès le premier verre et de manière croissante : diminution
de la vigilance, des capacités de concentration et d'attention, augmentation du temps de
latence de la réponse après une stimulation, somnolence, confusion voire coma. Ainsi, la
consommation d'alcool chez le militaire, même modérée, doit toujours être considérée
comme à risque en temps opérationnel.
L'Organisation Mondiale de la Santé recommande de ne pas dépasser une consommation de
2 unités d'alcool par jour (une unité d'alcool ne correspond pas à un verre rempli) chez la
femme et de 3 chez l'homme, avec au moins une journée par semaine d'abstention. Elle se
prononce également sur l'importance de ne pas dépasser 4 unités d'alcool par occasion lors
d'un usage ponctuel. Ces chiffres ne sont pas à considérer comme une norme, mais comme
une limite supérieure à ne pas atteindre. En outre, lors des activités professionnelles de
type astreinte, garde, conduite d'engins (véhicule léger, VBCI, aéronef, etc.), comme de
tout métier dit de « sécurité » avec notamment un port d'armes, une absence de
consommation est de rigueur. En conséquence, la disponibilité du produit est à contrôler,
notamment en opération extérieure. Conformément aux recommandations de l'OMS et du Haut
Conseil de la santé publique français, la prévention doit s'exercer dans plusieurs domaines :
limitation de l'accès à l'alcool, encadrement de la publicité, réduction des risques,
diffusion de campagnes de prévention. Il convient alors de veiller à la gestion des points de
vente en opération extérieure comme sur le territoire national dans les unités militaires.

Équivalence en alcool des boissons - Source ameli.fr - 2019


Des urgences médicales sont à connaître.

23
L'ivresse donne lieu à une première phase d'excitation psychomotrice [*] (altération de
l'attention, de la concentration, du jugement, de la mémoire et de l'adaptation à
l'environnement), suivie par une incoordination globale fréquemment associée à une
confusion. Selon les taux d'alcoolémie, l'ivresse peut évoluer vers un état de coma, dont
le risque principal est l'encombrement des voies aériennes.
Le syndrome de sevrage lié à un arrêt brutal de la consommation chez un individu
présentant une dépendance à la substance : tremblements, sueurs, nausées,
vomissements et dans les situations les plus graves : agitation, hallucinations visuelles,
crises d'épilepsie.
Dans certaines zones du monde, des « spiritueux » frauduleux, ayant par exemple l'apparence
du whisky ou du gin, sont vendus à des prix très faibles au marché noir. La composition est
incertaine et l'origine douteuse. Il s'agit le plus souvent d'alcool frelaté. Cette substance est
hautement toxique. Elle cause chaque année des décès. Sa consommation, même à très
faible dose, peut entraîner des tableaux psychiatriques sévères (agitation, hallucinations, état
confusionnel, épisodes délirants, etc.), mais également d'autres atteintes organiques majeures,
notamment ophtalmologiques (troubles visuels, cécité), voire entraîner un coma et le décès. Il
est nécessaire d'informer tout militaire sur les dangers de ces produits et sur l'interdiction
formelle d'en consommer.

Exemple de poches d'alcool frelaté

Important
Il est important de considérer le mésusage de l'alcool comme le signe d'une souffrance
psychique. L'accompagnement vers des soins adaptés est nécessaire, avec
bienveillance et sans jugement.

24
Voir aussi

Voir aussi
3 films de prévention de la consommation d'alcool dans les armées

1.1.8.4 - LA CONSOMMATION DE CANNABIS


Le cannabis, substance illicite en France, peut se consommer sous plusieurs formes :
l'herbe, ou marijuana (extrémités fleuries de la plante et feuilles), fumée seule ou avec du
tabac ;
la résine séchée, coupée avec différentes substances, consommée avec du tabac ;
l'huile de cannabis, ingérée.
Il convient de lutter contre la banalisation de la consommation de cette substance qui peut
entraîner plusieurs effets : une modification de l'humeur (euphorie, voire exaltation), des
perturbations de la sphère intellectuelle (fausse impression de facilitation intellectuelle car en
réalité les fonctions sont altérées), changement du vécu corporel (sentiment d'être libéré de
son corps), modifications sensorielles. Ainsi, sa consommation doit toujours être considérée à
risque en milieu militaire, d'autant plus en opération.
La molécule qui est à l'origine des effets psychoactifs [*] du cannabis s'appelle le THC (Δ-9-
tétrahydrocannabinol). La concentration en THC peut varier selon les formes consommées
(plus importante dans l'huile que dans la résine par exemple), mais également selon la

25
provenance du produit. Ainsi, dans certaines régions du monde, les individus peuvent se
procurer du cannabis nettement plus dosé que celui trouvé en France, entraînant parfois des
effets psychoactifs plus importants.

1.1.8.5 - LA CONSOMMATION DE TABAC


Le tabac peut être consommé sous différentes formes : cigarettes industrielles, cigarettes
roulées, cigares ou cigarillos, snus (dans les pays du Nord de l'Europe principalement, poudre
de tabac à garder sous la lèvre), chicha et d'autres formes selon la localité. Il existe également
la cigarette électronique, dont l'usage est répandu et qui permet de consommer de la nicotine.
La toxicité du tabac provient des additifs présents dans la substance (goudrons, cyanure,
etc.). La dépendance provient de la nicotine. Il est important de signaler que du tabac de
contrebande circule dans certains pays, avec à l'intérieur des additifs plus toxiques encore que
ceux présents dans le marché réglementé.
Les conséquences de la consommation de tabac sont physiques et s'observent après une
consommation chronique. La principale complication reste le cancer du poumon. Les effets du
tabac sont toutefois visibles au niveau pulmonaire avant d'atteindre le stade de cancer :
diminution de la capacité respiratoire totale et donc effet sur les performances sportives,
bronchite chronique, etc. Un arrêt brutal de la consommation donne lieu à un syndrome de
sevrage avec : une irritabilité, une anxiété, des troubles du sommeil. Ces symptômes peuvent
durer plus d'un mois dans les cas de dépendance sévère.
La consommation de tabac est souvent considérée comme « positive » par celui qui fume :
impression d'effet stimulant au réveil, d'apaisement de l'angoisse en journée, etc. Ces effets
correspondent aux attentes du fumeur, mais ne sont pas confirmés dans les études menées
sur ce sujet. La consommation de tabac est régulièrement le reflet de l'angoisse vécue. Elle
peut être observée et alerter lorsqu'elle se majore brutalement. Dans certaines circonstances,
comme en opération extérieure, la consommation de tabac augmente du fait du stress
ressenti, de l'accessibilité au produit et de son prix faible. Cette consommation ne doit pas être
négligée.
La cigarette électronique est un dispositif qui permet de continuer à consommer de la nicotine
à des concentrations variables (que le sujet choisit), sans inhaler les goudrons et autres
substances présentes dans la fumée du tabac. Cette pratique tend à diminuer la morbidité [*]
liée au tabagisme, à condition de ne pas fumer les deux en même temps (e-cigarette et tabac
classique). Les effets sur la santé, sur le long terme, ne sont pas encore connus du fait du peu
de recul à ce jour.

1.1.8.6 - AUTRES SUBSTANCES

LA COCAÏNE
La cocaïne est extraite d'une plante. Elle se présente sous la forme d'une poudre blanche
(chlorhydrate de cocaïne) ou de cailloux fumables (crack ou free base). La consommation
donne généralement lieu à une intense euphorie puis à une désinhibition, à des idées de
grandeur et une augmentation de l'estime de soi ou encore à une agressivité dans certains
cas. La dépendance à la substance apparaît très rapidement, avec des complications
physiques qui peuvent être graves (infections, pathologies cardiaques, neurologiques,
pulmonaires, psychiatriques).
Cette substance est particulièrement accessible dans certaines zones géographiques, comme
l'Amérique du Sud.

26
LES NOUVEAUX PRODUITS DE SYNTHÈSE
Ces produits sont très nombreux, disponibles en vente libre sur certains sites internet. Ils sont
de forme variée (comprimés, poudre, etc.) et les effets sont divers selon la molécule prise. Là
encore, une prise en charge médicale est nécessaire.

Voir aussi
En savoir plus sur les nouveaux produits de synthèse

L'HÉROÏNE
L'héroïne est une substance opiacée [*] qui peut être utilisée par voie nasale, fumée ou
injectée. Sa consommation est rare, mais ses effets doivent être connus : sentiment de bien-
être intense, euphorie, pâleur, ralentissement du rythme cardiaque. La dépendance à la
substance est très intense et s'installe quasi immédiatement. Une prise en charge médicale en
urgence est indiquée.

LES MÉDICAMENTS
Certains médicaments peuvent être détournés de leur usage initial à cause de leurs effets
psychoactifs [*]. Les principales molécules concernées sont les opiacés, puissants
antalgiques [*]. Le mésusage de telles substances peut être à l'origine d'une dépendance
sévère.

1.1.8.7 - ADDICTIONS SANS SUBSTANCE


Des comportements évocateurs d'une dépendance chez certains sujets ont mis en évidence
des caractéristiques comparables à celles du trouble de l'usage de l'alcool ou d'autres
substances, tels que :
envahissement de la pensée ;
envie impérieuse ;
impulsivité ;
perte de contrôle du comportement malgré des conséquences négatives dans la vie
quotidienne.
Ces comportements concernent par exemple :
les achats compulsifs ;
le jeu pathologique ;
l'addiction au sexe ;
la pratique sportive excessive qui peut également orienter vers une dépendance avec
des conséquences médicales minimisées par l'individu (blessures notamment).

1.1.8.8 - DÉPISTAGE
Les sujétions particulières de la fonction militaire permettent de soumettre l'ensemble
des militaires au dépistage de la consommation de certaines substances psychoactives
illicites mais également du mésusage d'alcool.

27
Conformément à l'instruction n°300009/DEF/EMAT/CAB/CEMAT du 5 octobre 2011, l'autorité
militaire est autorisée à contrôler le taux d'alcoolémie ou la consommation de
substances psychoactives (cannabis, opiacés, amphétamines et leurs dérivés, cocaïne et
ses dérivés, LSD et GHB). Ce test doit avoir pour objectif d'assurer la sécurité de la mission,
pour l'individu contrôlé et pour les tiers, mais également de prévenir les dangers que la
consommation d'une substance peut entraîner pour la santé du personnel. Aucun dépistage
ordonné par le commandement ne doit avoir pour objet la détermination de l'aptitude
médicale du militaire concerné. Le personnel habilité à réaliser un dépistage est celui désigné
par le commandant de la formation, à l'exclusion du personnel relevant du service de santé des
armées. Le commandement doit également assurer un rôle actif en termes de prévention,
notamment au travers de campagnes d'information et de sensibilisation vis-à-vis des risques
des différentes substances psychoactives.
Selon la même instruction, le service de santé des armées est responsable de l'évaluation
de l'aptitude médicale. A ce titre, il peut pratiquer des dépistages de la consommation de
substances psychoactives ou d'un mésusage de l'alcool. Le dépistage est alors réalisé par un
médecin des armées ou sous son contrôle. Son résultat est couvert par le secret professionnel
et ne peut être communiqué à l'autorité militaire que sous la forme d'une appréciation en
termes d'aptitude ou inaptitude médicale.

Important
Les comportements addictifs sont souvent la conséquence d'une souffrance psychique.
Ils doivent être repérés, sans porter de jugement et sans stigmatiser [*] le personnel
concerné.

1.1.9 - HYGIÈNE PHYSIQUE


Le maintien de la condition physique joue un rôle important dans la capacité opérationnelle des
forces et dans le bien-être du militaire. La pratique sportive doit être encouragée. Elle sera
organisée en accord avec les règles de bonnes pratiques de l’Entraînement Physique Militaire
et Sportif (EPMS [*]) de façon à limiter les blessures et les risques, liés au climat (période
d'acclimatation en ambiance chaude/froide etc.).

1.1.10 - HYGIÈNE DU SOMMEIL


Le sommeil est une période de repos de 5 à 8 heures en moyenne ayant préférentiellement
lieu la nuit. Les créneaux horaires favorables au sommeil sont la nuit entre 23h00 et 7h00 et en
début d'après-midi de 13h00 à 15h00. L'heure du coucher influence la qualité et la quantité de
sommeil nocturne.
Le manque de sommeil peut avoir de nombreuses conséquences :
sur la performance mentale : baisse des capacités intellectuelles et de la vitesse de
réaction, difficulté de concentration, de maintien de l'attention, troubles de la mémoire etc.
;
sur les blessures induites par l'exercice : augmentation du risque de blessure, retard de
récupération, aggravation des douleurs musculaires ;
sur la tolérance aux contraintes environnementales : diminution ou ralentissement de la
capacité d'acclimatation (augmentation du risque de coup de chaleur d'exercice) ;

28
sur la réponse immunitaire : favorisation ou aggravation d'infections virales ou
bactériennes.
Une dette de sommeil trop importante conduit à un vieillissement accéléré de l'organisme.
Pour optimiser la qualité du sommeil, il doit avoir lieu dans un environnement propice
(idéalement) :
calme, sans bruit ;
totalement noir ;
frais (18 – 21 °C) ;
sans animaux domestiques ;
aéré ;
comportant une séparation des zones de couchages entre les personnels travaillant de
jour et de nuit (« hibouisation » des zones vie ; sur les bivouacs, instaurer une zone
calme pour le sommeil).

Comment mieux dormir ?


garder le même rythme dans le cycle de sommeil et d'éveil ;
éviter de manger juste avant de dormir ;
limiter les boissons excitantes après le déjeuner ;
éviter l'activité physique et l'utilisation d'écrans juste avant de dormir.

Important
Boire de l'alcool, consommer des stupéfiants, prendre des médicaments sans avis médical ne
permet pas d'améliorer l'endormissement ni la qualité du sommeil.

Point d'attention : sommeil et récupération sur le terrain


Le rythme sur le terrain ou en campagne n'est pas toujours compatible avec une durée de
sommeil de 7 à 8 heures par jour. Pour éviter la dette de sommeil, plusieurs propositions
peuvent être faites :

29
extension de sommeil : dormir plus les nuits avant le départ (2 heures de plus en
moyenne) ;
récupération accrue pendant la mission ;
siestes : toute période de sommeil même courte est bonne à prendre ;
optimisation des ressources des forces armées [*] (ORFA [*]) pour permettre la
récupération ;
techniques de gestion du décalage horaire.

Voir aussi

Le manuel « Gestion du cycle veille/sommeil en milieu militaire » (SSA / UNEO / IRBA [*] -
2020)
La sieste optimisée pour les militaires (SSA / IRBA - 2019)

1.1.11 - EXPOSITION AU BRUIT

1.1.11.1 - PRINCIPALES SOURCES DE BRUIT


Les sources bruyantes sont principalement :
la pratique du tir ;
les expositions aux enceintes lors des concerts ;
l'utilisation intensive de casques audio avec un volume trop fort ;
les explosions ;
l'effet Larsen avec les téléphones portables ;
les engins bruyants (chantiers, chars, aéronefs, etc.).

1.1.11.2 - CONSÉQUENCES DU BRUIT


L'exposition au bruit constitue une nuisance majeure en milieu professionnel. Le bruit est une
nuisance pouvant être responsable à la fois :
d'une surdité insidieuse, dont les principaux facteurs de risque sont l'exposition chronique
et dose dépendante à des bruits dépassant les seuils fixés par la réglementation. Du fait
des spécificités de leur métier, les militaires sont fréquemment soumis à un
environnement bruyant sans possibilité de maîtriser les niveaux de bruit ;
d'une surdité ou de lésions brutales, dont le principal facteur de risque est l'exposition
aiguë à des bruits impulsionnels (traumatismes sonores aigus (TSA [*]) abordés au
chapitre 1.8 de la section IV ) les plus nocifs étant ceux des armes à feu.
L'association fréquente des deux expositions augmente le risque de lésion sur l'appareil auditif.
Dans les deux cas pourront se produire une surdité et des sifflements d'oreille permanents.

1.1.11.3 - PRÉVENTION
Se référer au paragraphe relatif au "trouble sonore aigu" du chapitre 1.8 de la section IV.

30
1.2 - PATHOLOGIES SPÉCIFIQUES

1.2.1 - LA GALE
La gale est une affection contagieuse qui se transmet par un contact humain direct ou par le
linge infesté, comme dans le cas typique de la literie de la chambre de permanence. Cette
pathologie, dont l'incubation est de 3 semaines, est liée à un parasite, le sarcopte, qui se
manifeste par un prurit ou démangeaison augmentant la nuit, entraînant un "grattage".
Les lésions, sous forme de vésicules [*], ont des localisations évocatrices : paumes des mains,
entre les doigts.
Pour être radical, le traitement doit prendre en charge :
le patient ;
l'entourage proche ;
le linge.
Le patient et son entourage proche, c'est à dire la chambrée, le personnel ayant séjourné dans
la chambre de garde, l'entourage familial doivent tous bénéficier soit du traitement local, soit du
traitement par comprimé. Il est important de traiter les personnels concernés en même temps.
Le traitement local consiste en une application cutanée de TOPISCAB, renouvelée une
semaine plus tard.
Un traitement par comprimé peut être aussi proposé.
Il est impératif de traiter tout le linge utilisé dans la semaine qui précède tel que :
les draps et serviettes par un lavage en machine avec une température supérieure ou
égale à 60° ;
les vêtements, la literie, les matelas, les coussins, les sièges et les objets non lavables
doivent être vaporisés par un produit insecticide adapté.

Lésions typiques de la gale au niveau de la main

1.2.2 - LES STAPHYLOCOCCIES


Liées à des bactéries (les staphylocoques), les staphylococcies constituent un problème de
santé publique dans les Armées car elles sont fréquentes et potentiellement graves pour le
militaire et ses proches.
En effet, certaines souches bactériennes contiennent une toxine qui favorise la pénétration de
la bactérie et l'atteinte de viscères [*] (poumon, os, cœur, ...).

31
L'infection cutanée [*] peut se traduire par des manifestations variées : furoncle (pustule [*] très
douloureuse), folliculite (micro-pustules centrées par les poils), abcès, panaris (abcès au
niveau de l'extrémité du doigt), érysipèle ("grosse jambe rouge douloureuse et fébrile"),
impétigo (croûtes jaunâtres, surtout sur le visage).
Elle se transmet essentiellement par le contact cutané et surtout par les mains. Certains sujets
sont porteurs chroniques [*] asymptomatiques [*].
Les antibiotiques, pris de façon inadaptée, peuvent favoriser la sélection de souches
résistantes.
La prévention repose sur une bonne hygiène et surtout l'utilisation fréquente de gel hydro-
alcoolique pour les mains (après être allé aux toilettes, avant chaque repas, après un contact
avec un malade, ...).
Le traitement précoce des malades le plus souvent par antiseptique [*] et antibiotique durant
une période suffisante, parfois grâce à un geste chirurgical (cure de panaris, évacuation
d'abcès) et la désinfection des sujets ayant un portage chronique de staphylocoque
(notamment dans les orifices tels que narines, oreilles, anus et les plis inguinaux, axillaires,
inter-fessier) évitent la dissémination des germes.

Abcès

Panaris

32
1.2.3 - LES INFECTIONS SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES
ET LEUR PRÉVENTION
Si la plupart de la population a entendu parler des Infections Sexuellement Transmissibles
(IST [*]), les connaissances restent cependant souvent imprécises. Par ailleurs, la gravité
relative de ces infections a très sérieusement augmenté depuis le début des années 1980 avec
l'apparition du Virus de l'Immunodéficience Humaine (VIH [*]), responsable, entre autres, du
Syndrome d'Immuno-Déficience Acquise (SIDA [*]).
Il est nécessaire de distinguer les IST [*] des maladies générales d'origine sexuelle comme les
pathologies liées au VIH, au virus de l'hépatite B ou au virus de l'hépatite C.

1.2.3.1 - LES INFECTIONS SEXUELLEMENT


TRANSMISSIBLES :
Une IST est évoquée devant une urétrite ou une ulcération [*] génitale le plus souvent. Mais il
ne faut pas ignorer les topographies plus rares (anus, cavité buccale) ou les symptomatologies
plus trompeuses (éruption cutanée, notamment lors de syphilis secondaire ou de primo-
infection [*] au VIH). Une ulcération génitale (autre IST) constitue un facteur de risque de
contracter le VIH.

LA BLENNORRAGIE OU URÉTRITE GONOCOCCIQUE


La blennorragie ou urétrite gonococcique se manifeste, habituellement, de deux à cinq
jours, après le rapport, par deux signes principaux :
un écoulement de pus au méat [*] urinaire ;
une douleur importante à chaque émission d'urine : le malade a l'habitude de dire qu'« il
pisse des lames de rasoir ».

Blennorragie ou urétrite gonococcique

LES CHLAMYDIOSES
Les chlamydioses, liées à la bactérie chlamydia, sont des urétrites plus fréquentes et plus
trompeuses car il existe moins de symptômes que pour les blennorragies mais le risque
d'infection des trompes puis de stérilité chez la femme est bien réel.

33
Important
La chlamydiose est en forte augmentation, c'est l'IST la plus fréquemment
diagnostiquée.

LA SYPHILIS
La syphilis qui était, avant l'apparition du SIDA, la plus grave des IST, reste une des plus
trompeuses. Elle se manifeste au début par le chancre qui apparaît deux à quatre semaines
après le rapport infectant. Le chancre est une ulcération (plaie) superficielle, non douloureuse,
du gland, du prépuce ou des organes génitaux féminins accompagnée d'une augmentation du
volume des ganglions de l'aine. Toute ulcération de ce type, quel qu'en soit le siège (anus,
amygdale, vulve, ...), doit être montrée sans délai à un médecin.
En l'absence de traitement antibiotique approprié, des atteintes de nombreux organes peuvent
la compliquer à long terme, en particulier au niveau cardiologique et neurologique (syphilis
tertiaire).

Syphilis (chancre)

Syphilis pharyngée

L'HERPÈS GÉNITAL
L'herpès génital se manifeste par l'apparition de petites vésicules [*] (bulles) sur les organes
génitaux se creusant ensuite et engendrant des brûlures et des démangeaisons très gênantes.
Il est du à un virus (HSV2 ou HSV1) difficile à éradiquer. Les récidives sont fréquentes (chaque
épisode étant contagieux) et nécessitent, dans certains cas, un traitement prolongé par
antiviral.

34
Les risques pendant l'accouchement sont très importants (transmission à l'enfant).

Herpès génital avec paraphimosis


(étranglement de la base du gland de la verge
par le prépuce)

Herpès chronique chez un sujet ayant le SIDA

LES VÉGÉTATIONS VÉNÉRIENNES


Les végétations vénériennes (condylomes) ou « crêtes de coq » sont dues à un
papillomavirus et se présentent comme des verrues des organes génitaux. Elles sont
contagieuses. L'incubation peut aller jusqu'à trois mois. Certains virus ont un pouvoir
cancérigène et favorisent ainsi le cancer du col de l'utérus, justifiant l'utilisation d'un vaccin
chez les adolescentes (et même recommandé chez les adolescents depuis décembre 2019).

35
Condylomes de la verge

Condylomes

LE CHANCRE MOU ET AUTRES IST TROPICALES


Le chancre mou (ulcération profonde inflammatoire, douloureuse, parfois multiple), la
maladie de Nicolas Favre et la donovanose ou granulome vénérien tropical sont des
maladies qui sont essentiellement rencontrées outre-mer. Elles se manifestent par un chancre
ou des ganglions plus importants que dans la syphilis.

Chancre mou

36
LES INSECTES PARASITES DES RÉGIONS GÉNITALES
Les morpions ou poux du pubis (phtyriase) et la gale humaine (scabiose) ne sont pas à
proprement parler des IST mais ils se contractent lors d'un contact rapproché et de ce fait
peuvent constituer un marqueur de risque sexuel. Ils provoquent des démangeaisons
importantes. Leur élimination est simple, sous réserve que le traitement prescrit soit bien
appliqué.

1.2.3.2 - L'INFECTION PAR LE VIH ET LE SIDA :


C'est une maladie due à la destruction du système de défense de l'organisme d'un individu par
le Virus de l'Immuno-déficience Humaine (VIH).

LA TRANSMISSION DU VIRUS
Elle se fait exclusivement par le sang et les sécrétions génitales et donc principalement à
l'occasion de rapports sexuels homo ou hétérosexuels.
Les muqueuses génitales, du fait de leur fragilité naturelle, sont le siège, lors des rapports, de
petites lésions qui favorisent le passage du virus. Celui-ci, présent dans le sang, le sperme ou
les sécrétions vaginales, peut donc passer indifféremment de l'un vers l'autre des partenaires.
La contamination peut se faire également par voie sanguine. La transfusion sanguine est
actuellement sans danger dans les pays développés où le dépistage est systématique chez les
donneurs. En revanche, l'usage de seringues ou d'aiguilles souillées par du sang, est un mode
important de transmission qui explique le grand nombre de séropositifs parmi les toxicomanes.

Voir aussi
Comment se transmet le VIH ?

LA SÉROPOSITIVITÉ
Dans les premiers mois qui suivent la contamination par le virus, le sujet ne ressent
généralement rien. Il fabrique des anticorps qui signent la présence du virus dans son
organisme. Ces anticorps pourront être détectés, en moyenne, au troisième mois par un
examen du sang. Le sujet est devenu séropositif ; il peut le rester plusieurs années sans
présenter de symptômes de la maladie. Il peut, cependant, transmettre le virus à son ou ses
partenaire(s) lors de rapports sexuels.
Parmi les sujets séropositifs, certains pourront voir apparaître quelques symptômes :
augmentation du volume des ganglions ;
perte de poids ;
fièvre ;
diarrhées persistantes.
Dans tous les cas, les sujets séropositifs doivent se soumettre à un contrôle médical régulier
afin de suivre l'évolution de leurs défenses immunitaires et débuter un traitement médical dès
l'apparition des premiers symptômes.

37
LA MALADIE : LE SIDA
Elle apparaît après un délai variable (de quelques mois à plusieurs années) et se manifeste
par des infections graves, des atteintes des nerfs et du cerveau, un amaigrissement important
et certains cancers.

Le sarcome de Kaposi est un cancer caractérisé par


le développement de tâches au niveau de la peau.

LE TRAITEMENT MÉDICAL
Actuellement, un certain nombre de médicaments, administrés dans des conditions très
précises, permettent d'empêcher ou de retarder l'aggravation de la maladie. Leur prise doit,
dans tous les cas, s'accompagner d'une amélioration de l'hygiène de vie.
En tout état de cause, aucun traitement n'est actuellement capable de guérir un patient atteint
du SIDA. Mais la trithérapie (prise de 3 molécules médicamenteuses) a permis une diminution
majeure de la mortalité et du risque d'infections [*] opportunistes.
Par ailleurs, le traitement précoce lors d'une expositions sexuelles à risque (ESAR [*])peut
éviter la contamination. Idéalement, ce traitement doit être débuté dans les 4 heures qui
suivent l'exposition (rapport sexuel potentiellement contaminant). Il faut donc consulter le
plus vite possible, dans les premières heures qui suivent, dans ce genre de situation, et ce,
quelle que soit l'heure.

LA PRÉVENTION DE LA TRANSMISSION DU VIH


Études sur un vaccin
De nombreux travaux sont en cours pour tenter de mettre au point un vaccin efficace contre le
VIH. Des difficultés très importantes, liées en particulier à la grande variabilité de ce virus,
rendent la mise au point de ce vaccin très hypothétique à court terme.
La protection contre la transmission sanguine
Elle passe par l'usage de produits sanguins « propres » ce qui est maintenant le cas dans les
pays développés, mais reste malheureusement très incertain dans la plupart des pays à faible
niveau socio-économique. Le service de santé des armées a donc été amené à mettre en
place des stocks de sang sur certains sites où des troupes sont pré-positionnées. Par ailleurs,
un interrogatoire et des examens biologiques doivent être réalisés, avant tout départ en OPEX,
pour les donneurs de sang volontaires.
L'utilisation de matériels d'injection à usage unique, autre moyen important de lutte contre cette
transmission, qui est la règle pour tous les actes médicaux en France, reste aussi l'exception
dans certaines régions ce qui est la cause de la forte contamination des toxicomanes.

38
La protection contre la transmission sexuelle
En dehors de l'abstinence, la protection contre la transmission sexuelle repose sur deux
conditions principales :
une bonne hygiène de vie, avec en particulier un abandon ou au moins une limitation
du « vagabondage sexuel ». La multiplication des partenaires et la survenue d'IST à
répétition sont évidemment des facteurs de risque importants, surtout dans certaines
régions du monde où la maladie est très présente ;
l'usage systématique du préservatif.
Le préservatif, qui doit être de qualité (marquage NF ou CE), correctement conservé et
bien utilisé, est, en effet, le seul moyen de protection efficace. Il est fourni gratuitement par
le service de santé des armées dans les régions où le risque est important, outre-mer en
particulier.

Le préservatif est le seul rempart contre le sida


(et les autres IST)

1.2.3.3 - LES HÉPATITES VIRALES B ET C


Il s'agit de maladies très graves du foie qui peuvent se compliquer de cirrhose [*] ou de cancer.
Elles sont dues à deux virus (hépatite B / hépatite C) véhiculés par le sang, le sperme, les
sécrétions vaginales ou la salive ; leur transmission sera donc la même que celle du VIH, en
particulier par voie sexuelle.
Cependant, à la différence du VIH, il existe un vaccin efficace contre l'hépatite B mais pas
contre l'hépatite C, à ce jour). Cette vaccination est obligatoire pour tout militaire, en particulier
devant séjourner outre-mer, ainsi que pour tout personnel médical ou paramédical.
En France, 280 000 personnes sont porteuses du virus de l'hépatite B et 200 000 du virus de
l'hépatite C (chiffres 2017).

Important
L'hépatite virale B, l'hépatite virale C ou le SIDA peuvent entraîner une inaptitude outre-
mer, une inaptitude OPEX, voire une inaptitude définitive au service.

39
Voir aussi
L'hépatite virale B, une infection potentiellement grave contre laquelle un vaccin offre une
protection efficace.

1.2.3.4 - LA PRÉVENTION DES INFECTIONS SEXUELLEMENT


TRANSMISSIBLES :
La prévention des IST repose sur l'abstinence, l'arrêt du « vagabondage sexuel », et l'usage
correct du préservatif, au préalable bien conservé, lors de tout rapport sexuel.
L'usage correct du préservatif comprend l'utilisation du préservatif à chaque rapport, le retrait
immédiat à la fin du rapport, l'utilisation éventuelle d'un lubrifiant adapté en dehors de tout
autre produit. La vaseline n'est pas appropriée de même que le beurre qui modifie la structure
du préservatif ainsi que ses qualités de protection.
L'Exposition Sexuelle À Risque (ESAR [*] [*])
On parle d'ESAR dans les cas suivants :
rapport non protégé (absence de préservatif) ;
rupture ou glissement du préservatif ;
préservatif coincé dans le vagin.
Il est important de connaître la conduite à tenir en cas d'ESAR.
Il est urgent de consulter, le plus rapidement possible, dans les 4 HEURES MAXIMUM
suivant l'ESAR, et de venir à la consultation si possible accompagné du/de la partenaire
appelé "patient source".
L’interrogatoire médical minutieux, réalisé lors de la consultation post-ESAR, va permettre, en
fonction du type de rapport sexuel, du profil du partenaire et/ou du type d'accident de
déterminer le risque potentiel de transmission de maladies, telles que l'hépatite B, l'hépatite C
ou le SIDA.
Les sérologies [*] virales sont réalisées chez le patient ainsi que chez le "patient source".
L’examen sanguin, ainsi réalisé, permet d'avoir rapidement une première notion de
séropositivité ou séronégativité.
Le médecin, en fonction de l'analyse conjointe des données de l’interrogatoire et des résultats
sérologiques du patient et du "patient source", va déterminer la stratégie de prise en charge de
l'ESAR.
En fonction des cas, seule une surveillance sérologique peut être recommandée pendant trois
mois ou un traitement par trithérapie peut être instauré.
Dans tous les cas, il est impératif d'utiliser un préservatif à chaque rapport pendant les trois
mois de surveillance sérologique, une séro-conversion tardive étant possible.

40
2/ HYGIÈNE COLLECTIVE AU CASERNEMENT

OBJECTIF
Pour le cadre de contact et ses hommes :
maintenir la capacité opérationnelle de la troupe en appliquant les principes d'hygiène
collective au casernement ;
promouvoir l'application des règles d'hygiène collective pour un niveau élevé de
protection de la santé de ses hommes.

2.1 - LA SÉCURITÉ SANITAIRE DES ALIMENTS EN


RESTAURATION COLLECTIVE
Le risque majeur en restauration collective est la TOXI-INFECTION ALIMENTAIRE
COLLECTIVE (TIAC [*]). Cette affection, le plus souvent d'ordre digestive, est redoutable
parce qu'elle atteint simultanément un grand nombre voire la totalité des personnels d'une
même unité qu'elle peut mettre instantanément hors de combat. La gravité individuelle est très
variable suivant les agents infectieux en cause et l'état de santé du consommateur.
Elle est toujours due à un ou plusieurs aliments ou à de l'eau contaminés dans lesquels
certains microbes ont proliféré et/ou ont produit des toxines. Le respect de quelques règles
d'hygiène simples (bonnes pratiques d'hygiène : BPH [*]), permet d'éviter ces TIAC [*].

2.1.1 - SÉCURITÉ DES MATIÈRES PREMIÈRES


Les denrées alimentaires, utilisées comme matières premières pour la production des repas,
peuvent être contaminées par des agents biologiques, chimiques ou par des corps étrangers et
peuvent être à l'origine de la survenue de maladies d'origine alimentaire. En métropole, un
système de surveillance de la chaîne alimentaire est en place, dit « de la fourche à la
fourchette », qui permet d'avoir confiance dans la maîtrise des risques sanitaires. Les
fabricants des denrées alimentaires ont l'entière responsabilité de commercialiser des denrées
saines, mais c'est à l'utilisateur final de respecter les conditions d'emploi, notamment les
conditions de conservation et la date limite de consommation lorsqu'elles sont indiquées.
De plus, pour les services de restauration, les modalités d'achats des denrées intègrent des
mesures de contrôle par une sélection des fournisseurs et une surveillance régulière à
l'occasion des livraisons.

2.1.2 - L'UTILISATION DE PRODUITS CONGELÉS OU


SURGELÉS
Le stockage de ces denrées, leur décongélation et leur utilisation doivent répondre aux
exigences suivantes :
conservation à une température inférieure ou égale à -18°C, pas de stockage au sol,
pas de denrées nues sans emballage ;
décongélation en chambre froide à +4°C maximum, idéalement la veille pour une
utilisation le lendemain. L'emballage de la denrée est retiré et celle-ci est placée dans un
bac alimentaire couvert ;

41
utilisation rapide après décongélation, au maximum dans les trois jours suivant la mise
en décongélation ;
recongélation d'un produit décongelé interdite.
La congélation de produits frais ne peut être réalisée qu'exceptionnellement sous réserve du
respect de la date limite de consommation des produits, des températures de conservation et
d'assurer la parfaite traçabilité des opérations (indication de la date de mise en congélation).
La congélation ne tue pas les bactéries ni les virus. De nombreux produits congelés ou
surgelés (cuisses de poulet, steaks hachés) peuvent être cuits directement sans décongélation
préalable.

2.1.3 - LA CONSERVATION ET LE TRANSPORT DE MATIÈRES


PREMIÈRES ET PLATS PRÉPARÉS À L'AVANCE
La plupart des bactéries responsables des TOXI-INFECTION ALIMENTAIRE COLLECTIVE
(TIAC) se multiplient entre + 3°C, et + 63°C ; il est donc impératif de maintenir les denrées en
dehors de cet intervalle de température.
La conservation au réfrigérateur, à une température inférieure ou égale à + 3 °C est obligatoire
pour de nombreuses denrées et préparations, en particulier pâtisseries, charcuteries,
fromages, salades, sauces, ...
Les plats chauds doivent être maintenus à une température supérieure ou égale à + 63°C, y
compris pendant leur transport, et être consommés dès que possible. Les conteneurs de
transport de type « norvégiennes » doivent, par ailleurs, être maintenus dans le plus grand état
de propreté. Dans ces conteneurs, les produits chauds et froids ne doivent jamais être
mélangés : le chaud doit rester chaud et le froid doit rester froid.
La consommation des restes de repas est interdite. On entend par restes :
des produits servis, c'est-à-dire qui ont été remis directement au consommateur (service
à table) ou qui ont été posés (qu'il a posé lui-même) sur son plateau ;
des produits exposés, c'est-à-dire mis à disposition du consommateur en meubles de
distribution (self-service) mais qui n'ont pas été consommés.

2.1.4 - LES LOCAUX DE RESTAURATION


Afin de limiter les risques de contamination des denrées via leur environnement proche, il
convient de :
maintenir les locaux en bon état en effectuant les travaux de réparation nécessaires
(reprise de faïence cassée, joints de portes de chambres froides, ...) sans tarder ;
maintenir les installations dans un état de propreté suffisant en procédant au nettoyage
quotidien ou régulier en fonction des surfaces (sols, murs, plafonds, ...) ; la fréquence doit
être adaptée en fonction des conditions environnementales ;
respecter le principe de "marche en avant", si les locaux le permettent : c'est un principe
selon lequel une denrée ne peut pas revenir en arrière c'est-à-dire, par exemple, revenir
de la zone de production des repas vers la zone de stockage des matières premières ;
respecter le principe de sectorisation sale/propre : ce principe repose sur le fait de
séparer dans l'espace ou dans le temps les actions dites « sales » comme le
déconditionnement, l'épluchage et le parage des légumes des actions dites « propres »
comme la préparation des hors d'œuvre ou la cuisson des plats ;

42
maîtriser des flux d'air afin d'éviter l'entrée d'air provenant de l'extérieur dans les zones
de production ;
alimenter les locaux en eaux destinées à la consommation humaine, c'est-à-dire les eaux
qui, soit en l'état, soit après traitement, sont utilisées pour la boisson, pour la cuisson et la
préparation des aliments, ainsi que pour tous les autres usages individuels et collectifs
qui participent à garantir aux personnels de bonnes conditions d'hygiène : ablutions,
douche, lavage des effets vestimentaires, entretien des locaux.

2.1.5 - LE MATÉRIEL DE CUISINE


Les surfaces, en contact direct avec les denrées, peuvent être à l'origine de leur contamination.
Pour l'éviter, il faut veiller à leur propreté ainsi qu'à leurs conditions d'entreposage. Après
chaque utilisation, le matériel de cuisine doit être au besoin démonté, nettoyé, désinfecté et
rangé à l'abri des contaminations (poussières, insectes). Une attention particulière sera portée
aux planches à découper, hachoirs, couteaux. L'utilisation de matériel en bois, difficile à
entretenir et à nettoyer, est déconseillé.
Les produits de nettoyage utilisés sont des produits spécifiques agréés "contact alimentaire"
dont les prescriptions de stockage et d'utilisation, indiquées sur leur étiquetage, doivent être
respectées.

2.1.6 - LE PERSONNEL CHARGÉ DE L'ALIMENTATION


Le manque d'hygiène individuelle du personnel peut être la cause de contamination des
aliments. L'individu, même soumis à une visite médicale périodique, contamine les aliments à
partir de ses mains mal ou non lavées, d'une maladie de peau, d'une plaie, d'un panaris
(infection purulente du doigt), de ses vêtements sales. En conséquences le personnel de
cuisine doit :
porter des vêtements propres (changés quotidiennement), de préférence de couleur
claire, exclusivement réservés à son travail en cuisine ;
avoir les mains propres, avec les ongles courts, sans montre ni bijou et les laver avec du
savon pendant au moins 30 secondes aussi souvent que possible, en particulier après
chaque passage aux toilettes et avant toute manipulation d'aliments. Le séchage des
mains se fait avec du papier à usage unique ;
consulter l'antenne médicale de rattachement dès que se pose un problème (fièvre,
diarrhée, rhume, angine) et ne prendre ou reprendre ses fonctions qu'avec l'autorisation
du médecin.

Important
L'alimentation collective n'a que peu de rapports avec l'alimentation domestique et un certain
nombre de gestes pratiqués à la maison doivent absolument être interdits au sein des
organismes de restauration car ils sont dangereux à grande échelle.

2.2 - LES DÉCHETS


La gestion des déchets est un point essentiel de la maîtrise des animaux et insectes nuisibles.
Les principes, ci-dessous, doivent être connus et appliqués.

43
2.2.1 - LE STOCKAGE DES DÉCHETS
Le stockage des déchets organiques [*] est très souvent un élément de nuisances et
d'insalubrité [*] ; il doit donc faire l'objet d'une vigilance particulière.
Le local à poubelles doit être clos pour éviter l'accès des rongeurs, voire des chiens et des
chats errants ; il doit être orienté au Nord plutôt qu'au Sud pour limiter les effets nocifs de la
chaleur ; il doit être facilement nettoyable (sol et murs carrelés, sol en pente pour faciliter le
drainage des effluents [*]). Enfin, les ouvertures d'aération doivent être équipées de grillage
moustiquaire afin d'éviter la présence d'insectes, mouches en particulier.

2.2.2 - LA COLLECTE DES DÉCHETS


La collecte des déchets doit être, autant que possible, quotidienne dans les casernements. Les
conteneurs, fournis par les services de ramassage, doivent être tenus fermés et être aussi
étanches que possible.

2.2.3 - L'ENTRETIEN HYGIÉNIQUE DES INSTALLATIONS


Le local doit être vidé et nettoyé de préférence chaque jour, désinfecté, désinsectisé et dératisé
aussi souvent que nécessaire.
Les conteneurs à déchets défectueux (couvercle arraché, roulettes cassées, ...) doivent être
systématiquement remplacés. Les conteneurs à déchets doivent être lavés (nettoyage et
désinfection) régulièrement afin de retirer les déchets organiques [*] pouvant être présents.

2.3 - LES ANIMAUX NUISIBLES


Les rongeurs, comme les insectes, sont des sources de nuisances et des vecteurs de
maladies et d'épidémies [*]. Les nuisibles sont aussi la cause de préjudices matériels pour les
denrées alimentaires, qui sont consommées, détruites ou souillées. Ils doivent donc être
maîtrisés.
En priorité, les locaux de stockage doivent être rendus étanches en ayant une attention
particulière aux trous dans les murs, aux passages de câbles et de canalisations, aux espaces
entre les portes et le sol, aux grilles d'aération, ...
Afin de se prémunir des dégâts causés par les nuisibles, il peut être nécessaire de rendre
inaccessibles les denrées alimentaires sensibles (pâtes, céréales, ...) par une barrière
physique, avec utilisation de contenants résistants et étanches.
Enfin, la lutte chimique contre les nuisibles dans les organismes de restauration collective fait
l'objet de contrats auprès de sociétés spécialisées, à charge des GSBdD ou des unités pour
celles non embasées.

44
3/ HYGIÈNE COLLECTIVE EN CAMPAGNE ET
EN INTERVENTION
L'hygiène collective en campagne et en intervention fait appel aux mêmes règles
générales que l'hygiène au casernement. Les camps de manœuvre sont maintenant tous
dotés des mêmes conditions de confort et d'hygiène que les installations permanentes. Les
règles énoncées dans ce chapitre s'appliquent donc plus particulièrement aux exercices en «
terrain libre » et aux séjours en zone d'intervention où les conditions d'hygiène sont plus
précaires.

OBJECTIF
Pour le cadre de contact et ses hommes :
maintenir la capacité opérationnelle de la troupe en appliquant les principes d'hygiène
collective en campagne et en intervention ;
promouvoir l'application des règles d'hygiène collective pour un niveau élevé de
protection de la santé de ses hommes.

3.1 - L'HYGIÈNE ALIMENTAIRE EN INTERVENTION

3.1.1 - HYGIÈNE ALIMENTAIRE COLLECTIVE EN


INTERVENTION
Les recommandations formulées pour le casernement s'appliquent en intervention. Le cadre de
restauration sera particulièrement vigilant à l'état de santé des PCI (Personnels Civils
Intérimaires) employés en restauration dans son camp, en coopération avec les médecins du
SSA [*] présents sur le camp et aux chaînes d'approvisionnement (sources de denrées et
traçabilité) des vivres utilisés.
Les recommandations détaillées sont disponibles dans le « guide des bonnes pratiques
d'hygiène de la restauration en situation opérationnelle » édité par le SSA.
Chemin d'accès : site intradef du SCA : Espaces Filières/Restauration Hébergement Hôtellerie
Loisirs/Accueil RHL/Fond Documentaire RHL/Sécurité Sanitaire des aliments/Guides.

3.1.2 - HYGIÈNE ALIMENTAIRE INDIVIDUELLE EN


INTERVENTION

3.1.2.1 - LA RATION DE COMBAT INDIVIDUELLE


RÉCHAUFFABLE
La ration de combat individuelle réchauffable (RCIR [*]) constitue un apport nutritionnel
suffisant pour une activité de 24 heures, sous réserve que tous les éléments constitutifs soient
réellement consommés.
Au plan qualitatif, la variété des menus disponibles permet d'éviter la routine ; il convient
seulement de veiller à assurer les approvisionnements nécessaires.

45
Lorsque l'utilisation des RCIR se prolonge, un apport complémentaire de fruits et légumes frais
contrôlés doit être organisé pour un apport en fibres et vitamine C.

3.1.2.2 - LES VIVRES FRAIS


Ils sont souvent préférés mais ils présentent, outre-mer en particulier, des inconvénients et des
risques importants.
Ces aliments doivent être sains et contrôlés avant leur livraison, pendant leur préparation et
jusqu'à leur consommation.
La viande locale ne doit être consommée que si un contrôle vétérinaire est réalisé et sous
réserve de pouvoir assurer la chaîne du froid jusqu'à la préparation de cette viande. Dans ce
cas, une cuisson à cœur est impérative.
La ration alimentaire peut être améliorée en fournissant des fruits et légumes frais, mais ceux-
ci doivent être soumis à un lavage et à une désinfection selon le protocole suivant :
épluchage (éventuel) ;
lavage soigneux à grande eau ;
désinfection par trempage de 5 à 10 minutes dans une solution javellisée (30 ml d'eau de
Javel à 2,6% dans 50 litres d'eau) ;
rinçage.
L'eau utilisée pour ces opérations doit être de qualité « potable ».

3.2 - L'APPROVISIONNEMENT EN EAU POTABLE


Il s'agit de l'un des principaux problèmes rencontrés pour assurer le soutien d'une troupe en
opération. En effet, l'eau est un élément indispensable à la vie et à l’hygiène. La fourniture
d'eau, en quantité suffisante et d'une qualité sanitaire irréprochable, représente un objectif
majeur pour garantir la santé des personnels et favoriser une bonne hygiène collective,
contribuant au maintien de la capacité opérationnelle de l'unité.

3.2.1 - LES CATEGORIES D'EAUX


Deux catégories d'eaux doivent être considérées : d'une part les Eaux Destinées à la
Consommation Humaine (EDCH [*]) et, d'autre part, les eaux réservées à des usages
qualifiés de « techniques ».
Les eaux destinées à la consommation humaine sont les eaux qui, soit en l'état, soit après
traitement, sont utilisées pour la boisson, pour la cuisson et la préparation des aliments ainsi
que pour tous les autres usages individuels et collectifs qui participent à garantir aux
personnels de bonnes conditions d'hygiène : ablutions, douche, lavage des effets
vestimentaires, entretien des locaux.
La notion d'EDCH s'impose :
pour les usages alimentaires : boisson, préparation des aliments, lavage de la vaisselle,
entretien des matériels utilisés pour la préparation des denrées ;
pour les usages liés à l'hygiène corporelle : lavabo, douche, bain, lavage du linge ;
pour l'entretien des locaux à vocation d'hébergement, de bureau, de soins ou de
restauration ;
pour la décontamination NRBC [*] du personnel.

46
Les eaux brutes, disponibles dans la nature (eaux de rivières, lacs, puits, etc.), ne sont pas
utilisables en l'état. Elles ne constituent que des ressources en eau qui nécessitent un
traitement avant usage.
Les usages, qualifiés de techniques qui peuvent représenter en opération des quantités très
importantes, ne concernent ni l'alimentation ni l'hygiène corporelle ou certains locaux. Il s'agit :
de la construction, de l'entretien et de la maintenance de l'infrastructure (évacuation des
excretas [*], entretien des bâtiments et des zones à vocation technique, etc.) ;
de domaines spécifiques tels que le lavage du matériel militaire ;
de la protection incendie.
Les eaux techniques peuvent nécessiter un traitement simple (simple décantation par
exemple) mais aussi parfois un traitement plus élaboré (filtration, adoucissement, etc.)
répondant à un usage spécifique.

3.2.2 - LES BESOINS EN EAU

3.2.2.1 - ASPECT QUANTITATIF


Les besoins en eau pour les forces armées, qu'ils soient individuels ou collectifs, varient selon
le contexte de l'opération et les usages envisagés. Les besoins individuels varient notamment
selon le climat et l'activité. Il est d'usage de distinguer, selon les circonstances, des besoins
minimaux, normaux et spécifiques.
Les besoins minimaux sont les besoins quotidiens en EDCH pour un combattant engagé
dans une opération ponctuelle de courte durée, se trouvant isolé ou en détachement. Ces
besoins minimaux lui permettent d'assurer uniquement :
la boisson ;
la préparation des aliments ;
le lavage des mains et les ablutions sommaires.
Les besoins minimaux sont les suivants :
par climat tempéré : 10 litres d'eau par homme et par jour ;
par climat chaud : 30 litres d'eau par homme et par jour ;
de manière exceptionnelle et pendant une durée n'excédant pas trois jours, ces
quantités peuvent être ramenées respectivement à 5 et 10 litres par homme et par
jour.
Les besoins normaux correspondent à l'objectif à atteindre dès que les besoins minimaux
sont atteints et si les ressources et l'environnement local le permettent. Les besoins
normaux, constitués d'EDCH et d'eaux « techniques » permettent de garantir des
conditions de vie « normales » aux personnels d'une force déployée. Ils sont calculés pour
satisfaire l'alimentation, le lavage corporel, le lavage des vêtements, des locaux et du matériel
et sont estimés à 150 litres/homme/jour.
Les besoins spécifiques couvrent, par exemple, les cyno-groupes, la restauration collective,
les activités médicales, la protection incendie ou les travaux d'infrastructure ; ces usages
peuvent nécessiter, selon les cas, de l'EDCH ou se satisfaire d'eaux « techniques ».

47
3.2.2.2 - ASPECT QUALITATIF
Les critères qualitatifs applicables sont définis par instruction ministérielle. La conformité à ces
critères correspond à la notion d'eau « potable » couramment utilisée.

Important
Pour tous les usages « domestiques », une seule qualité d'eau est acceptable : il s'agit de l'eau
« potable ».

3.2.3 - LES EAUX UTILISABLES POUR PRODUIRE DE L'EDCH


Les eaux à utiliser prioritairement pour le traitement et la production d'eau potable sont dans
l'ordre : les eaux du réseau, les eaux souterraines, les eaux de surface (fleuves, rivières, lacs,
etc.). Dans tous les cas, en première intention, l'eau doit être considérée comme suspecte et
être traitée.

Important
En situation précaire, et c'est le plus souvent le cas des troupes en campagne, toute eau
doit être considérée comme suspecte et traitée avant d'être consommée.

3.2.4 - LE TRAITEMENT DE L'EAU

3.2.4.1 - ÉTAPES DU TRAITEMENT DE L'EAU


En l'absence de moyens dédiés, un traitement de fortune de l'eau nécessite plusieurs étapes.
Le prétraitement
Il permet l'élimination par des procédés simples (dégrillage, tamisage, dégraissage, etc.) du
maximum d'éléments grossiers contenus dans l'eau brute (flottants, graisses, graviers, etc.),
indésirables et nuisibles pour les traitements ultérieurs.
La décantation
Elle permet d'éliminer les particules les plus lourdes, sous l'effet de leur poids, de manière à
limiter le colmatage des filtres lors de l'étape suivante.
La filtration
Le passage à travers un filtre (ou plusieurs filtres successifs, du plus grossier au plus fin)
permet d'éliminer une partie des particules restantes en fonction de la taille des pores du filtre.
La désinfection
C'est l'étape ultime du traitement de l'eau de consommation avant sa distribution. Elle a pour
but la destruction de tous les micro-organismes pathogènes (pouvant provoquer une maladie)
présents dans l'eau. Elle doit aussi empêcher par la suite toute prolifération de micro-
organismes dans la bâche de stockage ou dans le réseau de distribution.
La désinfection permet ainsi l'élimination du risque biologique (risque à court terme). Il peut
subsister quelques germes, car la désinfection n'est pas une stérilisation (c'est-à-dire la
destruction de tous les germes présents dans le milieu).
La désinfection a deux effets recherchés :

48
l'effet microbicide : capacité de détruire les germes pathogènes déjà présents dans l'eau ;
l'effet rémanent : effet du désinfectant qui se maintient dans le réseau de distribution ou
dans la bâche de stockage et qui permet de garantir la qualité bactériologique de l'eau.
Une bonne désinfection repose sur la combinaison des facteurs « concentration du
désinfectant » et « temps de contact » : moins la concentration est importante, plus le temps
de contact doit être long. Ces facteurs diffèrent selon les désinfectants utilisés et les agents
microbiens à éliminer.
Différents procédés de désinfections sont possibles :
moyens physiques : l'ébullition prolongée (au moins 5 minutes) est le moyen le plus
connu ; les ultraviolets ou la microfiltration peuvent aussi être utilisés ;
moyens chimiques : le chlore sous différentes formes (chlore gazeux, eau de Javel,
hypochlorite de calcium). Seuls les dérivés chlorés permettent l'obtention d'un effet
persistant.
Une concentration de chlore adaptée est nécessaire pour assurer une bonne
désinfection. Par la suite, le stockage et la distribution de l'eau potable dans de bonnes
conditions impliquent d'assurer un maintien de la concentration en chlore de l'eau.
Pour être efficace, la désinfection doit être effectuée sur une eau préalablement débarrassée
de la matière organique (étape de clarification : coagulation, floculation, décantation puis
filtration) car elle inactive le chlore. En outre, s'il est efficace contre les bactéries et les virus, le
chlore l'est moins contre les parasites (amibes, cryptosporidies, etc) ; seule la filtration permet
de les éliminer.
Pour mémoire, l'ozonation est un procédé de désinfection non rémanent utilisable dans le
traitement des EDCH mais techniquement difficile à mettre en œuvre de façon maîtrisée en
OPEX.

Important
Il importe de toujours respecter la succession logique décantation, filtration puis
désinfection.

3.2.4.2 - UTILISATION DES DÉSINFECTANTS CHLORÉS


COURANTS
Les solutions désinfectantes chlorées sont caractérisées par leur teneur en chlore « actif »
(acide hypochloreux en équilibre avec son ion hypochlorite) exprimée en % (g pour 100 ml de
solution).
D'une manière générale, les solutions désinfectantes doivent être préparées à partir d'eau
potable, froide. Lors de l'utilisation de dérivés chlorés solides (poudre d'hypochlorite de
calcium, comprimés de dichloro-isocyanurate de sodium), il importe de veiller à la complète
dissolution du produit avant utilisation et d'assurer une homogénéisation aussi parfaite que
possible de la solution. Le plus simple est de dissoudre le comprimé ou la poudre dans un
faible volume d'eau (seau, bidon propres) avant mélange de la solution concentrée, ainsi
produite, à de plus grands volumes d'eau.
Les principaux agents utilisables pour assurer la chloration de l'eau ou la préparation de
solutions désinfectantes, en contexte opérationnel, sont le dichloro-isocyanurate de sodium
(DCCNa) et l'eau de Javel.

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Le dichloro-isocyanurate de sodium (DCCNa)
Ce produit peut être présenté sous forme de :
comprimés de 3,5 mg (soit environ 2 mg de chlore actif disponible) pour le traitement de
l'eau de boisson à titre individuel ; un comprimé pour un litre d'eau claire à laisser en
contact une demi-heure avant consommation (exemple : les comprimés disponibles dans
les RCIR [*]) ;
comprimés de 33 mg de DCCNa (soit environ 19 mg de chlore actif disponible) utilisables
pour le traitement de l'eau en réservoir.
L'eau de Javel
L'eau de Javel se présente, en général, sous deux formes :
en berlingot de 250 ml, contenant une solution à diluer (« eau de Javel concentrée ») à
9,6 % de chlore actif ;
en solution prête à l'emploi (« eau de Javel diluée ») à 2,6 % de chlore actif.
En Europe, les étiquettes indiquent des pourcentages de chlore actif (sortie usine) ou, pour
certaines formes industrielles, des degrés chlorométriques. Dans certains pays, les
formulations commercialisées peuvent répondre à d'autres standards. Lors d'achat local de
solutions chlorées, il convient de bien vérifier, ou le cas échéant de calculer, la concentration
(en pourcentage de chlore actif) de l'eau de Javel avant utilisation et d'ajuster les protocoles
d'emploi en conséquence. De même il est nécessaire de vérifier que l'eau de Javel ou
l'hypochlorite de calcium peuvent être utilisés pour l'eau potable (norme EN NF 900, 901 ou
équivalent). En effet, il existe de nombreuses formulations commerciales non adaptées (pour
les WC, le linge, les piscines, etc.) pouvant contenir notamment des détergents, des
adoucissants, des parfums et des impuretés.

3.2.5 - L'APPROVISIONNEMENT EN EAU D'UNE


COLLECTIVITÉ
Il existe plusieurs dispositifs permettant d'assurer l'approvisionnement en eau d'une
collectivité :
l'UMTE (Unité Mobile de Traitement de l'Eau) : unité intégrée et autonome capable de
produire une eau potable à partir de n'importe quelle source d'eau (eaux saumâtres, eaux
de mer, polluées ou contaminées) disponible sur le terrain. L'UMTE peut être employée
au sein de groupements interarmes (GTIA) et produit 1,5 m3 d'eau potable par heure.

la STEM (Station de Traitement de l'Eau Mobile) : unité de traitement conteneurisée


capable de produire une EDCH à partir d'eaux de mer, saumâtre ou d'eaux douces.

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La STEM produit 10 m3/heure d'EDCH à partir d'une ressource d'eau douce non polluée
chimiquement, 6 m3/heure à partir d'une ressource d'eau douce polluée chimiquement et
3 m3/heure à partir d'une ressource d'eau de mer.

3.2.6 - RÔLES RESPECTIFS DES DIFFÉRENTES ARMES ET


SERVICES
Le sapeur et le vétérinaire reconnaissent le site et effectuent les expertises et les analyses
nécessaires dans leurs domaines de compétences respectifs :
le sapeur produit l'eau ;
le service du commissariat des armées stocke et transporte avec l'aide des moyens du
Train qui fournit les vecteurs ;
le service de santé des armées contrôle et valide.
La production et la distribution de l'eau peuvent être également sous-traitées. Le service de
santé des armées reste malgré tout en charge du contrôle et de la validation des filières.

3.2.7 - MOYENS DE FORTUNE POUR LE TRAITEMENT D'UNE


RATION D'EAU À L'ÉCHELLE INDIVIDUELLE
Pour le combattant isolé, sans autre possibilité de ravitaillement à partir de la logistique
militaire, il est possible d'améliorer la qualité de l'eau disponible en appliquant du mieux
possible les règles suivantes :
Sur le terrain, il faut donner la préférence à la ressource apparemment la moins polluée :
préférer les eaux limpides (attention : cela n'est en aucun cas un gage absolu de
sécurité) ;
choisir un site de prélèvement de l'eau le plus éloigné possible de toute activité
humaine. Questionner les populations locales, voir les points d'eau qu'elles utilisent, peut
s'avérer intéressant pour limiter le risque ;
préférer les eaux vives aux eaux stagnantes ;
éviter les sites suspects, reconnaissables par la présence de cadavres d'animaux à
proximité du point d'eau, de poissons morts dans l'eau, de reflets irisés à la surface,
d'odeur anormale. Repérer la présence de canalisations de rejet d'eaux usées, d'une
décharge, de fûts de produits chimiques ou d'hydrocarbures et autres sources de
pollutions dans l'environnement immédiat du point d'eau ;
dans le cas d'une rivière, recueillir l'eau le plus en amont possible de toute implantation
humaine (villages, usines, points d'eau pour le bétail, ...) et, si possible, à bonne distance
de la rive.

51
Le traitement fait ensuite appel autant que possible à trois étapes : décanter, filtrer,
désinfecter.
LES PREMIÈRES ÉTAPES consistent en une décantation et/ou une filtration.
si l'eau est trouble, laisser décanter 2 heures dans un récipient puis filtrer sans remettre
en suspension : fabriquer un filtre grossier avec un linge (chèche, béret, ...) replié sur lui-
même ; obturer du mieux possible le goulot de la gourde individuelle avec ce filtre ;
remplir la gourde en faisant en sorte que l'eau traverse le filtre (au besoin, immerger la
gourde dans la ressource / l'eau) ; enlever le filtre ;
pour une eau claire, seule une filtration reste obligatoire ;
en cas de mise à disposition d'un Appareil Individuel Portatif de Traitement de l'Eau
(AIPTE [*]), l'utilisation de ce matériel assure une filtration microbiologique dans des
conditions optimales. L'utilisation d'une eau brute, peu chargée en particules ou ayant
subi une décantation préalable, permet d'améliorer les performances de cet appareil.

Appareil Individuel Portatif de Traitement de l'Eau


(AIPTE)

DANS TOUS LES CAS, L'EAU FILTRÉE DOIT ÊTRE DÉSINFECTÉE.


désinfection par le chlore : avec des comprimés de purification de l'eau de boisson
fournis dans les rations de combat individuelles réchauffables.
ajouter 2 comprimés de purification de l'eau dans la gourde contenant l'eau filtrée ;
agiter doucement et laisser agir durant au moins trente minutes. L'eau est
désormais consommable.
ébullition : Si l'on dispose d'un réchaud à gaz de terrain, il est conseillé de faire bouillir
l'eau durant 5 minutes, de préférence dans un récipient muni d'un couvercle. Laisser
refroidir l'eau avant de la consommer.
Même bouillie, l'eau s'altère rapidement sans désinfectant (quelques heures) et doit être
consommée rapidement ; l'eau chlorée peut être consommée durant 24 heures.
Pour augmenter la durée de conservation, réaliser une nouvelle chloration à raison d'un
comprimé de purification par litre d'eau toutes les 24 heures.
Dans tous les cas, veiller à garder l'eau dans un récipient propre et parfaitement fermé : la
gourde individuelle est le moyen idéal. Éviter de souiller le goulot de la gourde avec les mains.

3.3 - LES MATIÈRES USÉES


Elles représentent, avec l'approvisionnement en eau potable, le problème sanitaire essentiel
pour une collectivité en situation précaire et ceci peut être le cas d'une troupe en campagne.

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3.3.1 - LA QUANTITÉ
1 000 personnes, soit l'effectif approximatif d'un régiment, produisent chaque jour :
1,5 tonne d'urine (ou 1 500 litres) ;
250 kg de matières fécales ;
1 tonne d'ordures diverses.
Laisser ces éléments se répartir de façon anarchique autour d'un cantonnement de campagne
expose à des risques multiples et graves. Cette accumulation, outre les nuisances et les
odeurs qu'elle va provoquer, va entraîner très vite une pullulation d'agents pathogènes
(bactéries et parasites) et une prolifération d'insectes et de rongeurs nuisibles.
Les risques sanitaires sont représentés par :
les maladies dites du « péril fécal » (par exemple le choléra) ;
les maladies dites « à vecteurs » c'est-à-dire transmises par les insectes (par exemple le
paludisme) ;
la pollution chimique dans certains cas.

3.3.2 - L'ORIGINE DES MATIÈRES USÉES


On peut distinguer deux grands types de matières usées :
les eaux usées ;
les ordures.

3.3.2.1 - LES MATIÈRES USÉES LIQUIDES (EAUX USÉES)


On distingue :
les eaux de pluie sont peu dangereuses ;
les eaux ménagères (de vaisselle, de douche, etc.) sont riches en matières grasses ;
les matières excrémentielles (matières fécales et urines) sont très dangereuses car elles
contiennent des bactéries et parfois des virus ou des parasites et sont susceptibles de
provoquer des problèmes de santé.

3.3.2.2 - LES MATIÈRES USÉES SOLIDES (ORDURES)


On distingue :
les eaux grasses sont les résidus alimentaires des cuisines ;
les restes de repas ;
les débris incinérables (papiers, cartons, emballages, etc.) ;
les débris non incinérables (verre, ferraille, boîtes de conserve, etc.).
Le traitement de chacun de ces produits est différent.

3.3.3 - LE TRAITEMENT DES MATIÈRES EXCRÉMENTIELLES


Le but est de les rendre inoffensives au plan sanitaire. Cinq techniques principales existent, le
choix dépendant :
de la durée du séjour ;

53
de l'effectif concerné ;
de la dureté du sol ;
de la profondeur de la nappe phréatique.
Les adjudants d'unité (ADU) responsables des blocs sanitaires, doivent identifier l'adéquation
entre les besoins et l'existant d'infrastructures sanitaires aussi bien quantitativement que
qualitativement. Au besoin, demander une révision du marché d'entretien des blocs sanitaires
auprès du commandant de site (COMSITE).

3.3.3.1 - LES LATRINES À TRANCHÉES OU FEUILLÉES


Indication : séjour de courte durée ou dans les premiers jours d'une implantation prolongée.
Installations nécessaires : 5 tranchées pour 100 hommes pendant trois jours + 3 fosses pour
100 hommes supplémentaires ; tranchées rectangulaires de 3 m x 0,30 m et de 0,50 à 0,60 m
de profondeur ; 60 cm entre chaque fosse ; le fond des fosses doit être situé à plus de 90 cm
d'une nappe phréatique éventuelle.
La terre de déblai doit être rejetée à l'arrière, à une petite distance du bord, afin que l'usager
puisse, de part et d'autre de la tranchée, poser le pied sur un sol ferme et non sur de la terre
meuble ; il est généralement avantageux de disposer une série de feuillées les unes à côté des
autres, par éléments de 3 mètres de longueur. Les feuillées peuvent être entourées d'écrans
improvisés soit en branchages, soit en toile de tente. Après chaque usage, un peu de terre de
déblai est rejetée dans la tranchée pour recouvrir les excréments (utilisation d'une pelle ou
d'une boite de conserve par exemple). Ce système a l'avantage d'être extrêmement simple et
facile à établir.
L'emplacement des feuillées doit être choisi avec soin à environ une cinquantaine de mètres
de l'endroit occupé par la zone "vie" de l'unité. Il faut également tenir compte de l'emplacement
des cuisines dont les feuillées doivent toujours être éloignées de plus de 100 mètres.
Une stricte discipline doit être imposée aux personnels qui ne doivent, en aucun cas,
déféquer en dehors des feuillées qui doivent être fléchées.
Une surveillance biquotidienne assure la propreté des bords des tranchées et leur désinfection
soit par du chlorure de chaux en solution à 10 % (et non pas par du chlorure de chaux en
poudre, comme on le fait trop souvent, ce qui entraîne une répartition inégale du désinfectant),
soit par du crésylol sodique en solution à 5 %. Le chlorure de chaux a l'avantage d'être un
excellent désodorisant. Lorsque les feuillées sont comblées à la moitié environ de leur
profondeur, elles doivent être mises hors de service ; elles sont alors comblées après
désinfection et signalées par une pancarte explicite.

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3.3.3.2 - LES LATRINES À FOSSE
Indication : une fosse pour 50 hommes pour un séjour excédant une semaine pouvant servir
simultanément à 4 hommes.
Installations nécessaires : les latrines sont des feuillées de grandes dimensions. La fosse a
une largeur de 60 cm environ, une longueur de 2,40 m et une profondeur dépendant de la
nature du sol et de la durée d'utilisation prévue, variant de 1,50 m à 3 m ; on peut calculer
environ 30 cm de profondeur en plus, par semaine d'utilisation. Pour faciliter son emploi, on
dispose, le long d'un bord, à 50 cm environ du sol, une perche horizontale supportée par des
piquets, et qui tient lieu de siège improvisé. Une seconde perche, plus élevée et en retrait, sert
de dossier et s'oppose à tout renversement en arrière.
Un dispositif beaucoup plus perfectionné est constitué par un siège bâti, sorte de caisse sans
fond posée par-dessus la fosse dont elle excède légèrement les dimensions. La partie
supérieure en est percée d'ouvertures circulaires ou carrées munies de couvercles. Sur une
fosse ayant les dimensions données plus haut, on peut disposer quatre ouvertures. La terre est
damée soigneusement tout autour de la base du bâti. Ce dispositif a le très gros avantage de
limiter la pullulation des mouches. L'adjonction d'un bâti sur la fosse permet d'éviter la
pullulation des mouches à condition de le nettoyer régulièrement.
L'emplacement des fosses est choisi selon les mêmes règles que celui des feuillées. Il peut
être entouré, comme celles-ci, d'un écran protecteur.
Une discipline extrêmement rigoureuse doit s'appliquer afin de préserver la tente. En
effet, si le sol du camp est souillé de matières fécales, celles-ci seront ramenées sous les
semelles.
La désinfection de la fosse se fait soit par du crésyl® ou du chlorure de chaux.
Le bâti lui-même est nettoyé chaque jour par brossage avec une solution chaude de savon
noir, suivi d'un rinçage soigneux à l'eau de Javel diluée à 20 degrés chlorométriques et d'un
séchage.
Il faut creuser une tranchée périphérique pour détourner les eaux de ruissellement et mettre en
place des caillebotis autour du dispositif.

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3.3.3.3 - LES WC CHIMIQUES
Indication : une cabine permet l'isolement de l'utilisateur.
Installations nécessaires : la cuvette est installé sur un réservoir de 200 litres d'eau à laquelle
est ajouté un produit désinfectant. En cas d'installation prolongée, ces WC chimiques sont
installés sur une fosse préalablement creusée qui reçoit également les eaux et matières usées.
Le réservoir du réceptacle doit être périodiquement vidangé. La filière d'élimination des
excretas [*] doit être contrôlée.

3.3.3.4 - LES LATRINES À PUITS FORÉ


Indication : les latrines à puits foré sont équipées d'un bâti extérieur permettant l'isolement
des utilisateurs.
Installations nécessaires : le puits est d'un diamètre de 30 à 40 centimètres et d'une
profondeur de 4 à 8 mètres. Le creusement de ce type d'installation nécessite un matériel
spécifique (tarière à moteur). Cette installation n'est utilisable que si la nappe phréatique est à

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au moins 6 mètres en dessous du sol (minimum 90 cm entre le fond du puits et la nappe
phréatique) et que le terrain est suffisamment meuble. Il faut prévoir 8 trous pour 100 hommes
avec une distance de 1,80 m entre chaque trou.
La désinfection se fait par le chlorure de chaux ou le crésylol sodique efficace contre les
mouches. La terre qui entoure le rebord intérieur du bâti est également imbibée le chlorure de
chaux ou le crésylol sodique.

3.3.3.5 - LES PUISARDS À URINE


Indication : un puisard à urine est adapté pour 200 hommes. Bien établi, il peut servir
indéfiniment.
Installations nécessaires : le puisard est une fosse creusée dans le sol, d'environ 1 m dans
toutes ses dimensions, et remplie de cailloux ou de boîtes de conserves écrasées jusqu'à 10
cm du sol environ. L'espace restant est comblé avec de la terre soigneusement damée. Une
épaisseur de toile à sac huilée est placée sous la dernière couche de terre afin de prévenir les
nuisances (odeurs, insectes).
Ce dispositif peut être amélioré en enfonçant dans le cailloutis de longs entonnoirs formés
d'une tôle enroulée en cornet et qui servent à recueillir les urines. L'orifice supérieur des
entonnoirs doit se situer entre 60 et 75 cm du sol.
L'entretien est assuré en badigeonnant les entonnoirs et en arrosant la terre de recouvrement
du puisard avec du chlorure de chaux ou du crésylol sodique. Sa mise hors service se fait très
simplement en supprimant les entonnoirs.

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Puisard à urines pour homme

Puisard à urines pour le personnel féminin

3.3.4 - ÉLIMINATION DES AUTRES EAUX USÉES

3.3.4.1 - LES EAUX DE RUISSELLEMENT


Il est important, en particulier outre-mer, de creuser et d'entretenir des fossés pour assurer une
bonne évacuation des eaux de ruissellement afin d'éviter la pullulation des insectes et en
particulier des moustiques responsables de la transmission, entre autres, du paludisme.

3.3.4.2 - LES EAUX MÉNAGÈRES


Les eaux de cuisine sont riches en graisses et entraînent une pullulation des mouches et un
colmatage des puisards. Il en va de même pour les eaux de douche, riches en savon.
Il est nécessaire de prévoir un dispositif de séparation des graisses aisément réalisable avec
un tonneau garni de cendres.

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Les graisses récupérées seront incinérées, la toile de jute et les cendres changées aussi
souvent que nécessaire.

Les ordures, en particulier les « eaux grasses » qui sont des déchets alimentaires, favorisent la
multiplication des insectes et des rongeurs. Leur élimination repose sur la collecte et la
destruction.

3.3.5 - ÉLIMINATION DES ORDURES


Les recommandations de traitement des ordures ménagères au casernement s'appliquent en
intervention. Le militaire en OPEX doit être particulièrement attentif à la gestion des déchets
car son environnement de travail est également son environnement de vie. Le stockage et la
gestion de déchets doivent s'effectuer de façon rigoureuse afin d'éviter toute contamination et
ne pas attirer des nuisibles, vecteurs potentiels de maladies infectieuses (cf. chapitre 4).

3.3.5.1 - LA COLLECTE
Elle doit se rapprocher, autant que possible, des conditions appliquées au casernement et
donc être quotidienne. Le local de stockage, quand il existe, doit permettre d'éviter les
intrusions animales. Les poubelles doivent comporter des couvercles.

3.3.5.2 - LA DESTRUCTION
Elle fait appel à deux techniques :
l'enfouissement profond dans des fosses creusées, si possible, par des engins de
terrassement ;
l'incinération dans des fours improvisés à tranchée en croix et en tonneau.

INCINÉRATEUR TRANCHÉE EN CROIX ET FÛT


MÉTALLIQUE
Cet incinérateur est construit en creusant deux tranchées de 2,50 m de long sur 0,30 m de
large et de 0,30 m de profondeur, se croisant à angle droit en leur milieu.
Au point de croisement, on dispose une grille improvisée avec des tiges de fer que l'on
recouvre d'un fût métallique dont les fonds ont été enlevés.

59
Le fonctionnement de l'appareil est amorcé en allumant un feu de bois dans le tonneau ; on
ajoute ensuite peu à peu les ordures.
On obtient, assez facilement des combustions prolongées ou même continues, ce qui épargne
le combustible d'appoint.
Lorsque le vent est assez fort, laisser ouverte uniquement la tranchée dont la direction se
rapproche le plus de celle de l'arrivée du vent. Obturer les trois autres avec des tôles
enfoncées verticalement au ras du fût.
Le rendement est amélioré en entourant le fût d'une maçonnerie de pierres ou de briques qui
conserve la chaleur.
On obtient le même résultat en employant de l'argile qui cuit peu à peu. Dans ce cas, on peut
aussi employer un tonneau de bois qui brûle lentement en laissant persister l'enveloppe
d'argile cuite.

INCINÉRATEUR EN FÛT MÉTALLIQUE


Cet incinérateur est improvisé à partir d'un fût de 180 litres. Les deux extrémités sont
découpées. L'une d'elles est perforée et placée sur quatre encoches en forme de V découpées
sur les côtés du fût pour former le foyer.
Il doit se trouver au 1/3 de la hauteur du fût, en partant du sol. Quatre arrivées d'air sont
découpées sur les côtés du fût en dessous du foyer.
Un incinérateur de ce type assure le traitement des ordures d'une compagnie.

ATTENTION : quelque soit le type d'incinérateur, il ne faut pas brûler d'aérosols ni de produits
explosifs (risque d'explosion avec risque de blessures et de traumatisme sonore).

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3.3.6 - RÈGLES GÉNÉRALES DE L'ÉLIMINATION DES
MATIÈRES USÉES
L’élimination des matières excrémentielles et des eaux usées ou des ordures doivent se faire
en aval du camp et sous le vent dominant.
La collecte est un point crucial de l’élimination des matières usées qui doit être
préparée et faire l'objet de consignes précises à appliquer avec rigueur.
L'objectif de ces mesures vise à préserver les effectifs.

3.4 - LE RISQUE ANIMAL

3.4.1 - GÉNÉRALITÉS
60% des maladies infectieuses humaine sont d'origine animale ou utilisent un réservoir animal.
Ces maladies qui se transmettent naturellement de l'animal à l'homme sont appelées
zoonoses [*].
Les animaux vivants ou morts, ainsi que les produits animaux (trophées, peaux, cuirs, cornes,
dents...) peuvent constituer une source de contamination pour l'homme et contribuer à
propager de nombreuses maladies dont certaines sont mortelles.
Ces maladies peuvent avoir des conséquences très graves pour la santé des soldats, à
l'échelle individuelle ou collective (cas des maladies infectieuses et contagieuses), et sont
susceptibles de compromettre de manière significative la capacité opérationnelle des forces et
la bonne conduite des opérations.
Toutes les espèces animales sont potentiellement dangereuses : animaux domestiques ou
sauvages, ruminants (vache, mouton, ...), carnivores (chien, chat, mouflette, ...), rongeurs (rat,
souris, ...), lapin, porc, chèvre, gazelle, âne, cheval, singe, oiseau, tortue, ...
L'homme peut être infecté par des agents de zoonose de plusieurs manières :
par morsure / griffure (ex. : rage, pasteurellose, herpès B) ;
par contact directs sans morsure / griffure (ex : caresse du pelage, léchage de la peau
par un animal, projection de salive dans les yeux, etc.) ;
par contact rapprochés et partage du même environnement que les animaux tels que
bivouac dans une étable occupée ou ayant été occupée par des vaches/chèvres (ex. :
fièvre Q) ou bivouac dans des grottes occupées par des chauve-souris (ex. :
histoplasmose) ;
par contact avec des matériels contaminés par des animaux infectés ainsi que des mains
souillées au contact de ces animaux ;
par consommation d'aliments ou d'eau contaminés par des matières fécales ou des
urines d'animaux ;
par baignade dans des eaux (stagnantes ou de rivière) contaminées par des urines ou
des matières fécales d'animaux (ex. : leptospirose et urine de rongeur, bilharziose et
matières fécales de bovins).

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En plus de la transmission de maladies infectieuses, certains animaux (animaux venimeux)
peuvent être à l'origine d'envenimations graves, par piqûre ou morsure (serpents, scorpions,
araignées) ou par simple contact dans le cas d'animaux vénéneux (ex. :
amphibiens/grenouilles, crapauds). Les contacts avec les animaux peuvent également être à
l'origine de traumatismes et de plaies : morsure de chien, griffure de chat, ruade de cheval, ...

Important
En toutes circonstances, il convient de respecter cette règle stricte : "NE PAS APPROCHER,
NE PAS ATTIRER, NE PAS TOUCHER LES ANIMAUX".

3.4.2 - LES ANIMAUX ERRANTS ET DANGEREUX

3.4.2.1 - DÉFINITIONS
Un animal errant est un animal domestique, identifié ou non, sans propriétaire connu, en état
de divagation.

62
Un animal dangereux est un animal domestique ou sauvage qui peut porter atteinte à
l'intégrité physique ou à la santé des militaires et des animaux militaires. Les animaux errants
manifestant un comportement d'agressivité et les animaux venimeux, notamment, entrent dans
cette catégorie.
Un animal venimeux est un animal pourvu de venin qu'il est capable d'inoculer (injection par
piqûre, morsure ou contact) pour se nourrir ou se défendre.
Un animal vénéneux est un animal qui secrète du venin sans inoculation. L'intoxication est
consécutive à une ingestion ou un simple contact.
Le venin est une substance d'origine animale produit par des glandes spécialisées (avec ou
sans appareil inoculateur). Les venins sont souvent des mélanges de substances complexes
(toxines, enzymes, ...).

3.4.2.2 - LUTTE CONTRE LES ANIMAUX ERRANTS ET


DANGEREUX
Dans la maîtrise du risque animal, le militaire est bien souvent « le maillon faible » en
fournissant de la nourriture et un abri. Cette attitude est à proscrire absolument pour éviter tout
effet d'attraction et de sédentarisation d'animaux errants.
La lutte contre les animaux errants, au sein des emprises militaires, repose sur des mesures
complémentaires qui visent à contrôler et réduire, dans le respect des règles de protection
animale, les populations d'animaux présents.

3.4.2.3 - MESURES DE PRÉVENTION


En premier lieu, des mesures et dispositifs sont à mettre en place afin d'empêcher l'entrée
d'animaux errants sur les emprises (contrôle aux accès, intégrité des barrières d'enceinte). En
outre, il faut éliminer tous les facteurs et comportements susceptibles d'attirer les animaux ou
de favoriser leur implantation dans une zone où sont stationnés des militaires, notamment :
interdiction de les adopter ;
interdiction de les nourrir et d'entrer en contact avec eux ;
utilisation de méthodes ou de dispositifs d'effarouchage ;
gestion hygiénique des déchets et des ordures ménagères ;
gestion rigoureuse des provisions personnelles.
Concernant les animaux terrestres, outre les interdictions d'adoption, ces mesures sont
essentiellement les suivantes :
débroussaillage ;
entretien régulier des espaces verts au sein et aux abords immédiats de l'emprise ;
entretien de certaines catégories de végétaux susceptibles de constituer des niches
écologiques favorables (ex. : arbres et arbustes) ;
élimination des collections d'eau de pluie ;
protection des réserves d'eau potable ;
lutte contre les proies éventuelles (insectes, rongeurs, ...) ;
protection des stocks alimentaires ;
mise en place de barrières physiques (moustiquaires de lit, conception des locaux) ;

63
effarouchement (bruit, vibrations du sol...), notamment lors de l'accès à des zones à
risque ;
port de chaussures fermées dans les zones de haute végétation ;
déplacement la nuit avec une source lumineuse sauf contexte tactique particulier.
Concernant les animaux marins, les mesures de prévention sont :
éviter la baignade en cas de présence de nombreuses méduses échouées ou de
signalétique alertant sur le risque ;
porter une tenue de plongée intégrale, avec gants et chaussons, si baignade dans une
zone à risque ;
ne pas se baigner en présence de poissons morts ou blessés ;
ne pas se baigner dans les embouchures de rivières ou après des crues ;
ne pas nager près des fonds sablonneux ;
ne pas explorer à la main à l'aveugle une cavité marine ;
ne pas se baigner le jour avec des bijoux brillants qui peuvent attirer les poissons ;
éviter la nuit d'éclairer la surface de l'eau depuis la plage ou à bord d'un bateau (risque
de traumatismes perforants par poissons de type orphie ou aiguillette) ;
rincer systématiquement sa tenue après une plongée ;
porter des chaussures fermées à semelles épaisses en bord de mer dans les zones à
risque.

3.4.2.4 - MESURES DE LUTTE


Les mesures de lutte reposent principalement sur des campagnes de capture d'animaux
errants et/ou dangereux présents sur les emprises militaires. Selon les cas, ils sont
euthanasiés ou relâchés à l'extérieur et à distance des sites militaires.
Elles sont uniquement mises en œuvre par du personnel formé (prestataires spécialisés,
vétérinaires, techniciens vétérinaires, pompiers) et sur demande du commandement qui pourra
s'appuyer sur l'expertise des vétérinaires des armées.
En effet, lors de la mise en œuvre de ces mesures, des précautions doivent être prises pour
prévenir toutes atteintes à l'intégrité et à la santé des opérateurs et des personnes (prévention
des morsures, griffures et envenimations, notamment) tout en respectant les règles de
bientraitance animale (manipulations des animaux).
Il est de la responsabilité de tout militaire de ne pas entraver le bon déroulement de ces
opérations de capture :
ne pas toucher ni déplacer les appâts utilisés pour capturer les animaux ;
ne pas détruire ni endommager les cages de capture ;
ne pas libérer les animaux (notamment les chats) capturés.

3.4.3 - LA RAGE
La rage est une maladie infectieuse d'origine virale. C'est le risque le plus important en
opérations en raison du déploiement fréquent des armées dans des régions où la maladie est
présente en permanence.

64
La rage tue 60 000 personnes chaque année dans le monde, essentiellement en Afrique et en
Asie.

C'est une maladie qui entraîne systématiquement la mort dès lors que les symptômes sont
déclarés. Chez l'homme, la maladie se déclare en général entre 3 semaines et 3 mois (jusqu'à
parfois 1 an) après l'infection. A titre d'exemple, un soldat américain est mort de la rage en août
2011, après avoir été mordu par un chien, 6 mois plus tôt, en Afghanistan.
Le virus est transmis à l'homme en général par le contact avec la salive des animaux infectés,
lors d'une morsure, d'une griffure, mais aussi par léchage des muqueuses (ex. : bouche, yeux)
ou d'une peau qui présente des égratignures ou des plaies. La rage peut être transmise par
des animaux qui semblent en bonne santé.
Le virus peut infecter tous les mammifères domestiques ou sauvages.
Conduite à tenir en cas de morsure/griffure par un animal suspect ou à
risque vis-à-vis de la rage
1. Un rinçage abondant et un nettoyage de la plaie doivent être effectués immédiatement
après la morsure/griffure, pendant au moins 15 minutes à l'eau et au savon, puis être
complétés par une désinfection avec de la povidone iodée (Bétadine®) ou d'autres
substances qui tuent le virus de la rage.
Remarque : un nettoyage et une désinfection de la plaie sont indiqués dans tous les cas
de morsure par un animal, qu'il soit ou non à risque vis-à-vis de la rage.
2. Un médecin doit être consulté dans les plus brefs délais.
3. L'animal ne doit pas être abattu, sauf si son comportement agressif représente un danger
pour les personnes (risques de nouvelles morsures et/ou griffures).
En cas d'abattage, ne pas viser la tête. Ne pas enterrer le cadavre. Le cadavre de
l'animal doit être présenté dans les meilleurs délais au vétérinaire ou, en l'absence de
vétérinaire, au médecin.

65
4. Lorsque la situation le permet et que l'on peut s'en saisir sans danger (animal non
agressif), l'animal doit être placé à l'isolement (enfermé) et être surveillé pendant 15
jours.

3.4.4 - LES ANIMAUX MASCOTTES


Les mascottes militaires sont des animaux conservés par les forces armées à des fins
cérémonielles, comme emblèmes d'unités spéciales ou simplement comme compagnons. Ils
diffèrent d'un animal militaire en ce sens qu'ils n'ont aucune utilisation opérationnelle et qu'ils
ne sont, en aucun cas, employés dans des actions de guerre.
En contexte opérationnel, ces animaux peuvent répondre à des besoins psychologiques,
lorsque le combattant se trouve isolé ou en situation de stress. Cependant, à côté de ces
bénéfices, la détention d'une mascotte peut être source de dangers.
Les mascottes peuvent représenter un danger physique en raison des risques de morsure, de
griffure, de choc ou même d'envenimation (en cas d'adoption d'animaux dangereux). Mais le
danger le plus insidieux est d'ordre sanitaire, la mascotte pouvant transmettre des maladies à
l'homme.
La détention de mascottes est strictement encadrée. La décision de détention relève du
commandement. Un avis technique est émis par le service de santé des armées (SSA). Seuls
les animaux bénéficiant d'un avis favorable du SSA seront soutenus par celui-ci (vaccination,
vermifuge, soins).
Les mascottes ne peuvent jamais être adoptées à titre individuel.
En aucun cas les mascottes, présentes sur les sites d'opérations à l'étranger, ne peuvent être
ramenées en France. Plus généralement, hormis les chiens militaires, AUCUN ANIMAL NE
DOIT ÊTRE RAMENÉ EN FRANCE.
D'une part, il existe un risque d'introduction d'agents pathogènes [*] (virus de la peste
porcine africaine, virus de la fièvre aphteuse, ...) ou d'espèces invasives qui auront un
impact sur l'environnement et la biodiversité.
D'autre part, un grand nombre d'espèces animales exotiques sont protégées par la
convention sur le commerce international des espèces de la faune et de la flore sauvages
menacées d'extinction.

66
4/ RISQUE VECTORIEL

OBJECTIF
Comprendre que :
les forces sont stationnées ou appelées à être projetées dans des zones à haut risque de
maladie à transmission vectorielle (paludisme, dengue, chikungunya, zika, leishmaniose,
etc.) ;
le paludisme peut tuer, la dengue et le chikungunya peuvent entraîner des séquelles, le
zika peut causer des troubles neurologiques chez l'adulte et des malformations foetales ;
les maladies concernées sont transmises lors de piqûres d'insectes ou morsures de
tiques ;
le risque vectoriel doit être pris en compte dès le déploiement pour ne pas nuire à la
capacité opérationnelle de l'unité ;
la lutte anti-vectorielle est une mesure fondamentale car s'il n'y a pas de piqûre, il n'y a
pas de maladie à transmission vectorielle ;
le traitement de prévention du paludisme doit être pris régulièrement pendant la mission
ou le séjour et doit être poursuivi selon la prescription médicale après le retour en
métropole ;
toute survenue de fièvre, frissons ou d'autres signes anormaux (maux de tête, douleurs
musculaires, troubles digestifs, éruption cutanée, etc.) survenant sur le territoire et au
retour d'une zone à risque doit faire l'objet d'une consultation en urgence pour éliminer un
paludisme.

4.1 - GÉNÉRALITÉS
Les insectes jouent un rôle prépondérant dans la transmission de nombreuses maladies, outre-
mer et en opérations extérieures, mais aussi sur le territoire national. Ils sont, par ailleurs, la
cause d'une nuisance parfois importante. La lutte contre ces vecteurs fait l'objet de directives
particulières adaptées aux circonstances et aux risques.
Les situations les plus exposantes pour les militaires sont les ouvertures de théâtre, la
proximité de camps de déplacés ou de clandestins et la présence d'une épidémie dans la
population civile. L'observance des moyens de prévention peut faire défaut et entraîner
des épidémies, en particulier lors des périodes de combat, de relève ou au retour des
zones à risque.
Les principales maladies à transmission vectorielle sont :
dans les zones intertropicales : le paludisme, les arboviroses (fièvre jaune, dengue, zika,
chikungunya) et la leishmaniose ;
en Europe : les maladies transmises par les tiques ou la fièvre West Nile.
Que représente le risque vectoriel dans les armées ?
Sur les dix dernières années, près de 2 300 cas de paludisme ont été déclarés dans les
armées, dont 70 paludismes graves et sept décès. Un tiers des cas de paludisme surviennent
dans le mois qui suit le retour en métropole. Une crise de paludisme entraîne au minimum 7
jours d'arrêt maladie et un suivi médical avec une inaptitude temporaire d'au moins 3

67
semaines. Les épidémies de paludisme ont toujours un impact opérationnel important. Une
épidémie présente un risque de saturation des moyens santé et d'évacuation, en particulier
lors des phases d'engagement opérationnel.
Ce chapitre présente les vecteurs (insectes ou tiques) les plus fréquemment rencontrés ainsi
que les maladies les plus courantes qu'ils transmettent.
Les signes cliniques sont décrits (de façon succincte) ainsi que les moyens de prévention,
vaccin ou médicaments quand ils existent et les moyens de protection individuelle et de lutte
antivectorielle à mettre en œuvre.

4.2 - LES PRINCIPAUX VECTEURS

4.2.1 - L'ANOPHÈLE : MOUSTIQUE VECTEUR DU PALUDISME

4.2.1.1 - GÉNÉRALITÉS
Seule la femelle pique : elle se nourrit de sang pour assurer la maturation de ses œufs. En
Afrique, elle pique essentiellement de la tombée de la nuit au lever du jour. En Guyane,
elle peut aussi piquer en journée. Sa piqûre est indolore.
Son vol est silencieux et a une portée jusqu'à un kilomètre de son lieu de naissance (gîte
larvaire). Le moustique adulte se repose en Afrique à l'intérieur des habitations, mais
aussi dans la végétation (taillis, buissons, hautes herbes).

Anophèle femelle (repas sanguin)

Les gîtes larvaires (lieux de ponte) sont des collections d'eau propre. Les flaques, les
boîtes de conserve, les ornières, notamment à la saison des pluies, mais aussi les eaux
permanentes tels que les marigots, les rizières, les lagunes, les réservoirs d'eau à ciel ouvert
représentent des gîtes potentiels.

68
Exemple de gîte larvaire

La durée du cycle de reproduction du moustique (passage de l'œuf à l'état adulte) est de 1 à 3


semaines, ce qui signifie qu'une collection d'eau stagnante susceptible de disparaître
rapidement (< 7 jours) ne représente pas un gîte "producteur".

Cycle de développement du moustique (7j à 21j)

69
4.2.1.2 - RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE

Distribution géographique du paludisme, source : CDC, 2020

4.2.1.3 - SIGNES CLINIQUES


Le paludisme est une maladie due à un parasite (plasmodium) du sang transmis à l'homme,
exclusivement par la piqûre de l'anophèle femelle. Il existe plusieurs espèces de plasmodium :
les deux espèces les plus fréquemment rencontrées sont le Plasmodium falciparum et le
Plasmodium vivax.
Classiquement, le paludisme se manifeste par une "crise de palu" avec une fièvre, des
frissons, des tremblements, des sueurs. Ces signes sont parfois associés à des troubles
digestifs, des maux de tête, des douleurs musculaires ou un malaise général. Néanmoins, des
formes atypiques sont fréquentes, avec nausées, vomissements, diarrhées, fatigue inhabituelle
ou de la toux.
Il existe des traitements efficaces contre le paludisme. Mais le PLASMODIUM FALCIPARUM
PEUT TUER OU PROVOQUER DES FORMES GRAVES en cas de retard de diagnostic et
malgré l'instauration du traitement. Par ailleurs, Plasmodium vivax peut provoquer des crises
répétées pendant plusieurs mois. Dans ce cas, un traitement spécifique doit être instauré.
Tout accès de fièvre ou survenue de symptômes anormaux pendant le séjour et au
retour de zone à risque doit faire évoquer un paludisme et doit faire l'objet d'une
consultation médicale en urgence.

4.2.1.4 - MOYENS DE PRÉVENTION


Actuellement il n'existe pas de vaccin efficace contre le paludisme, seule la mise en œuvre
systématique et conjointe des moyens de prévention permet de diminuer le risque de
paludisme et des formes graves qui peuvent être associées :
la prévention des piqûres de moustiques ;
la prise d'une chimio-prophylaxie [*] adaptée ;
la consultation urgente en cas de symptômes.

70
Le document ci-dessus est régulièrement mis à jour par le SSA sur le site intradef du
CESPA [*].
La chimio-prophylaxie est indispensable et obligatoire dans le cadre militaire. Adaptée à la
zone impaludée, son efficacité est indéniable mais non absolue ; elle doit toujours être
associée au respect des mesures individuelles de protection antivectorielle. Plusieurs
médicaments sont disponibles, le choix dépend du statut du personnel (permanent, tournant,
emploi particulier), de la tolérance des individus vis-à-vis du médicament, des
recommandations des autorités sanitaires et de la durée du séjour. Seul le médecin référent de
l'unité ou en charge de la mission peut prescrire le médicament le mieux adapté au contexte et
à la mission.
La molécule la plus souvent utilisée est la DOXYCYCLINE (ex : Doxypalu®) : elle doit être
prise tous les jours et au milieu d'un repas (ou d'une collation) avec un grand verre d'eau.
Le traitement sera débuté le jour du départ. Il sera poursuivi pendant toute la durée du
séjour et pendant 4 semaines suivant la fin de la mission. En effet, le parasite met
plusieurs jours à plusieurs semaines pour se développer et se multiplier dans le sang.
Une autre molécule peut être utilisée pour les séjours courts (moins de 14 jours consécutifs), il
s'agit de l'atovaquone-proguanil (ex : Malarone®), à prendre pendant les repas, une fois par
jour. Le traitement sera débuté le jour du départ, poursuivi pendant toute la durée du séjour et
pendant 7 jours suivant la fin de la mission.
Tout défaut, retard ou prise irrégulière de ce traitement expose au risque de maladie. Il
est possible de programmer une alarme (téléphone, montre), de mettre le traitement à
disposition lors des repas et dans les sacs d'alerte pour ne pas oublier de le prendre. En cas
d'oubli ou de doute, il faut rattraper le plus tôt possible la prise du traitement. En cas d'allergie
ou d'intolérance, ne pas attendre sans prendre de traitement : consulter un médecin pour
changer de traitement.

71
Les effets secondaires sont rares : ce sont surtout des troubles digestifs qui peuvent être
évités en prenant le traitement au milieu du repas et avec un grand verre d'eau. Parfois, la
doxycycline peut favoriser la survenue de "coup de soleil", une protection solaire est donc
conseillée en complément, en particulier pour les personnels ayant une peau "sensible".
Il existe beaucoup de « légendes » à propos d'autres effets (troubles de la mémoire, fatigue,
...) : la doxycycline est prescrite depuis longtemps pour le traitement de l'acné, sans que ces
effets soient décrits par les personnes ayant pris ce traitement.

Important
Une prise régulière de chimio-prophylaxie ne dispense pas de consulter un médecin en
urgence, en cas de fièvre ou de signes cliniques anormaux pendant ou après le séjour.
Dans ce cas, il faut informer le médecin de la notion de séjour en zone impaludée afin qu'il
puisse évoquer le paludisme et faire le diagnostic dans les meilleurs délais.

4.2.2 - L'AEDES : MOUSTIQUE VECTEUR DES VIRUS DE LA


DENGUE, DU CHIKUNGUNYA, DU ZIKA, DE LA FIÈVRE
JAUNE...

4.2.2.1 - GÉNÉRALITÉS
L'Aedes est un moustique affectionnant principalement les zones urbaines ; Aedes aegypti et
Aedes albopictus (moustique tigre) peuvent transmettre les virus responsables de la dengue,
du chikungunya ou du zika ; l'Aedes pique principalement le jour surtout en début et fin de
journée, à l'extérieur mais aussi à l'intérieur des maisons, son périmètre d'action est
habituellement limité à 200 mètres.

Aedes albopictus
(moustique "tigre")

Aedes aegypti

72
Les gîtes larvaires sont domestiques et artificiels (soucoupe de vase, plantes engainantes,
pneus, boites de conserves, ...) avec de l'eau propre, dans des zones le plus souvent
ombragées. Le cycle de reproduction des Aedes est le même que pour les Anopheles si ce
n'est que la femelle pond ses œufs en plusieurs fois à des endroits différents. Les œufs
résistent très bien à la dessiccation (sécheresse) rendant la gestion des gîtes larvaires très
importante.

Exemple de gîte larvaire

4.2.2.2 - RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE

Distribution géographique du zika dans le monde, source ECDC, 2017

73
Distribution géographique de la dengue, source CDC, 2021

Distribution géographique du chikungunya, source ECDC, 2020

La fièvre jaune ne sera pas abordée ici étant donnés l'absence de cas recensé dans les
armées et l'existence d'un vaccin efficace présent dans le calendrier vaccinal appliqué aux
Armées.

4.2.2.3 - SIGNES CLINIQUES


Ces trois maladies se traduisent volontiers par un syndrome pseudo-grippal avec fièvre élevée
d'apparition brutale, douleurs musculaires, articulaires (chikungunya en particulier), une
éruption cutanée, une conjonctivite (zika) et des maux de tête.
Il existe des formes hémorragiques pour la dengue qui peuvent être sévères et nécessitent une
consultation en urgence.
Dans le cas du chikungunya, des douleurs chroniques articulaires invalidantes sont possibles.
Pour le zika, des complications neurologiques peuvent se voir chez l'adulte ; lors de la
grossesse des malformations neurologiques congénitales peuvent être observées en cas
d'infection.

4.2.2.4 - MOYENS DE PRÉVENTION


Actuellement, il n'existe pas de vaccin disponible pour les voyageurs (hormis le vaccin
contre la fièvre jaune) ni de médicament efficace contre ces maladies (pas de
chimioprophylaxie [*] ni de traitement spécifique).
Seule la mise en œuvre des moyens de protection personnelle et de lutte antivectorielle
permet de limiter le risque d'être piqué et donc de contracter ces maladies.
En cas de suspicion d'arbovirose [*] (dengue, chikungunya, zika), il est impératif que le
malade soit protégé par une moustiquaire dès le début des signes et pendant la durée
de la maladie. Ceci afin de casser la chaîne de transmission en évitant qu'un moustique
"sain" ne s'infecte et ne transmette le virus.

74
4.2.3 - LE CULEX : VECTEUR DE L'ENCÉPHALITE JAPONAISE,
DU VIRUS WEST NILE...

4.2.3.1 - GÉNÉRALITÉS
Le culex est un moustique qui pique surtout au crépuscule et à l'aube, le plus souvent à
l'intérieur des maisons. Il affectionne aussi bien la ville que la campagne, son vol est de
quelques centaines de mètres. Son vol est bruyant. Le cycle de reproduction du culex est
du même principe que celui de l'anophèle.

Culex adulte (pendant un repas sanguin)

Les gîtes larvaires sont principalement représentés par des collections d'eau sale, plus
ou moins ombragées, mais on peut le trouver aussi dans des zones de rizières.

Exemple de gîte larvaire

4.2.3.2 - RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE


L'encéphalite japonaise est présente en Asie du Sud-Est. Le West-Nile est une maladie
cosmopolite, présente aussi dans le Sud-Est de la France.

4.2.3.3 - SIGNES CLINIQUES


Encéphalite japonaise
C'est une maladie infectieuse grave à expression neurologique (encéphalite). Elle se
manifeste brutalement et se caractérise généralement par une fièvre, des maux de tête et
une conscience altérée. Il n'existe pas de traitement spécifique efficace. Le risque de
séquelles et de décès est important.
West Nile

75
Virus responsable d'un tableau pseudo-grippal (fièvre, maux de tête, douleurs
musculaires) avec signes digestifs, éruption cutanée et parfois des complications
neurologiques.

4.2.3.4 - MOYENS DE PRÉVENTION


Encéphalite japonaise
Il existe un vaccin efficace contre cette maladie. Le déploiement de militaires dans les
zones à risque restant exceptionnel, la vaccination est réalisée, au cas par cas, lors de la mise
en condition du personnel.
West Nile
Il n'existe pas actuellement de vaccin ni de traitement spécifique de cette maladie. Le
virus responsable atteint l'homme, les chevaux et certains oiseaux.

4.2.4 - LE PHLÉBOTOME : VECTEUR DE LA LEISHMANIOSE

4.2.4.1 - GÉNÉRALITÉS
C'est un insecte de type « moucheron » très petit. Il vit en forêt, dans la canopée et descend se
nourrir à la tombée du jour ou lors de l'abattage des arbres (réalisation de DZ). Sa piqûre
est souvent douloureuse.
Il transmet, lors de son repas sanguin, le parasite responsable de la leishmaniose.
Les militaires se contaminent essentiellement en forêt lors de missions ou de stages de
formation à la vie en forêt comportant des séquences de "survie".

Phlébotome

4.2.4.2 - LES SYMPTÔMES


La leishmaniose peut se présenter sous différentes formes cliniques classées principalement
en trois catégories :
la leishmaniose cutanée, caractérisée par des lésions ulcérées (creusantes) indolores
localisées sur les parties découvertes du corps. Ces lésions peuvent apparaître de 1 à 4
mois après la piqûre infectante. Le traitement à mettre en œuvre nécessite des injections
d'antiparasitaires ;

76
la leishmaniose cutanéo-muqueuse [*]. Elle se caractérise par une lésion cutanée
initiale, comme la leishmaniose cutanée, mais peut se compliquer d'atteintes des
muqueuses et du cartilage. Son traitement repose sur des injections d'antiparasitaires
pendant 20 jours sous surveillance hospitalière ;

la leishmaniose viscérale, forme la plus grave, se manifeste par de la fièvre, une


anémie [*], un amaigrissement, un gonflement du foie, de la rate et des ganglions
lymphatiques. Elle est mortelle en l'absence de traitement.
Il est conseillé de consulter un médecin le plus rapidement possible, devant toute lésion
cutanée suspecte ("lésion ne guérissant pas"), afin que le traitement soit mis en route
précocement. Des cicatrices sont les principales séquelles notables surtout lorsqu'elles sont
situées sur le visage.

4.2.4.3 - RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE


La leishmaniose se retrouve particulièrement au Maghreb, en Amérique du Sud (notamment en
Guyane) et en Asie (Afghanistan).

4.2.4.4 - MOYENS DE PRÉVENTION


A ce jour, il n'existe pas de vaccin ou de médicament efficace (chimio-prophylaxie) pour
éviter la maladie.
Seule la mise en œuvre des mesures individuelles de protection personnelle anti-vectorielle et
le respect des consignes, lors des déplacements en forêt, permettent de limiter le risque d'être
piqué et donc de contracter la maladie.

77
4.2.5 - LES TIQUES : VECTEURS DES AGENTS
RESPONSABLES DE LA MALADIE DE LYME, DE
L'ENCÉPHALITE À TIQUES...

4.2.5.1 - GÉNÉRALITÉS
Les tiques sont des Arachnides. Elles vivent dans la végétation et s'accrochent sur les parties
découvertes du corps se trouvant à leur portée, généralement les membres inférieurs. Mais
elles sont capables, ensuite, de se déplacer sur d'autres parties du corps.
La tique (mâle ou femelle) va s'accrocher à la peau et mordre en enfonçant son rostre [*] qui va
lui permettre de se gorger du sang indispensable à son développement. C'est lors de ce repas
sanguin, qu'elle peut transmettre, dans les 24 à 72 heures, les agents (virus, bactéries, etc.)
responsables de maladies.

Tique (ixode)

Morsure de tique

4.2.5.2 - RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE


On rencontre la tique du printemps à l'automne ; souvent en milieu humide et boisé mais aussi
dans les prairies et même parfois dans les parcs en zones urbanisées.
Maladie de Lyme
La maladie de Lyme est présente partout en France et en Europe.
Encéphalite à tique

78
La maladie est présente en Europe centrale, du nord et orientale, au nord de l'Asie centrale, de
la Chine et du Japon, mais aussi dans l'Est de la France.
La population militaire est particulièrement exposée lors d'exercices en zone à risque. Les
activités militaires amènent fréquemment les hommes au contact du vecteur (manœuvres,
bivouacs, marche en forêts, ...).

Encéphalite à tique en Europe, source ECDC, 2019

4.2.5.3 - SIGNES CLINIQUES


Maladie de Lyme
Apparition d'une rougeur (érythème) centrée sur le point de morsure de la tique avec parfois
douleurs musculaires ou articulaires. En l'absence de traitement, la maladie peut évoluer vers
des formes chroniques, notamment des atteintes neurologiques.

Érythème migrant typique d'une maladie de Lyme

Encéphalite à tiques
Maladie virale à début brutal avec fièvre, frissons et maux de tête puis apparition de signes
neurologiques (obnubilation, agitation, ...). Risque de séquelles neurologiques ou de décès.

79
4.2.5.4 - MOYENS DE PRÉVENTION ET TRAITEMENT
Maladie de Lyme
A ce jour, il n'existe pas de vaccin efficace. En revanche, la maladie peut être traitée par
antibiotiques. La prise en charge précoce permet généralement d'éviter l'évolution vers des
formes graves.
Encéphalite à tiques
Il existe un vaccin efficace. Sa prescription, lors d'exercice en zone à risque et période à
risque, est sous la responsabilité du service de santé des armées. En revanche, une fois la
maladie déclarée, il n'y a pas de traitement curatif.
Dans tous les cas, la tique doit être retirée au plus tôt. La prévention des morsures de
tique repose sur les actions décrites dans le chapitre lutte anti-vectorielle, paragraphe
4.4.2.4.

4.3 - LES AUTRES VECTEURS


D'autres insectes peuvent transmettre des maladies ou être responsables de nuisances, mais
le risque est plus faible pour les militaires. Les mouches, les taons, les punaises (triatomes)
peuvent transmettre des maladies telles que les filarioses [*], arboviroses [*] ou
trypanosomiases [*].

Simulie
(responsable de la cécité des rivières)

Glossine ou Mouche tsé-tsé


(maladie du sommeil : trypanosomiase africaine due
à un parasite)

Taon
(filaire sous cutanée humaine)

80
Triatome
(maladie de Chagas ou trypanosomiase américaine ;
parasitose responsable d'insuffisance cardiaque)

Les poux de corps et les puces dont la puce chique responsable de la tungose (lésion cutanée
en "boule de gui") peuvent également transmettre des maladies. Les poux de cheveux ne
transmettent pas de maladie.

Poux de corps (pouvant être responsables du typhus


ou de la fièvre à poux)

Puce
(pouvant être responsable de la peste)

Remarque
Les punaises de lit, elles, donnent des démangeaisons ou des inflammations de la peau mais
ne transmettent pas, a priori, de maladie (sauf si écrasées sur la peau ; donc à ne pas faire).

4.4 - L'ORGANISATION DE LA LUTTE ANTI VECTORIELLE


La prévention des maladies à transmission vectorielle repose sur la mise en œuvre impérative
d'un ensemble de moyens :
l'information, la sensibilisation ;
la lutte contre la transmission : la protection personnelle anti-vectorielle, la lutte collective
;

81
la chimio-prophylaxie antipaludique et la vaccination contre certains risques viraux,
adaptées à la zone, au risque et à la mission ;
la consultation médicale précoce en cas de fièvre, de doute sur certains signes cliniques
ou pour l'extraction de tiques.
La mise en œuvre de toutes les composantes de cette stratégie implique tous les
niveaux de la chaîne de commandement.
Elle est organisée et contrôlée par le Comité de Lutte Anti-Moustiques (CLAM), déployé
dans les forces stationnées outre-mer ainsi qu'en OPEX quand le risque vectoriel existe ou a
été identifié.
Le CLAM coordonne la Lutte Anti-vectorielle (LAV) sous la direction du commandement. Il est
multidisciplinaire et le service de santé des armées en est membre à titre de conseiller
technique. Hors période d'épidémie, l'organisation d'un CLAM tous les 6 mois est
approprié.
Pour les OPEX, une formation à la Prévention et la Maîtrise des Risques en Opérations
(PMRops) est mise en place au profit des personnels projetés dans des fonctions intégrées à
la chaîne PMRops. La lutte anti-vectorielle est abordée au cours de cette formation ciblée sur
les commandants de site et de détachement, les majors de camp, les adjoints interarmées de
prévention des théâtres (AIPT) et les chargés de prévention des risques professionnels en
opération (CPRPO).
Les objectifs et le rôle du CLAM
définir une stratégie de lutte anti-vectorielle en s'appuyant sur les recommandations du
service de santé des armées et tout particulièrement les documents produits par le
CESPA ;
planifier et mettre en œuvre cette stratégie ;
superviser les actions de lutte (indicateurs) ;
faire une évaluation finale des actions.
Les textes de référence
Directive relative à la lutte contre le paludisme dans les armées n° 2021-
514792/ARM/DCSSA/SDD/SES/NP du 13 décembre 2021 ;
Note N° D-21-003288/ARM/EMA/DSH/PMRE/NP du 17 juin 2021 relative à la mise en
place d'une formation à la Prévention et la Maîtrise des Risques en Opérations (PMRops)
et organisation des sessions 2021-2022 ;
PIA-4,10,2_RISQ-BIO-NAT(2019) relative à la maîtrise des risques biologiques naturels
environnementaux lors des engagements opérationnels ;
PIA-4,21_PMROPS(2018) relative à la prévention et maîtrise des risques en opération ;
Document-guide à l'usage des Comités de Lutte Anti-Moustiques (CLAM) doc n°
469/DEF/DCSSA/AST/TEC du 16 février 1999.

4.4.1 - L'INFORMATION
Elle doit être systématique pour tous les personnels susceptibles d'être affectés en
zone à risque (paludisme, dengue, chikungunya, zika, etc.) et ce, quelle que soit la durée
du séjour.
Elle évoquera les risques et les mesures de prévention à mettre en œuvre. L'information
insistera aussi sur la notion de consultation en urgence en cas de survenue de fièvre
que ce soit pendant le séjour ou après le retour en métropole.

82
Des séances d'information sont organisées par le personnel du service de santé des armées.
Le soutien du commandement est indispensable pour la réalisation des séances de
sensibilisation.

4.4.2 - LA LUTTE CONTRE LA TRANSMISSION : LA LUTTE


ANTI-VECTORIELLE
C'est la lutte et la protection contre les arthropodes hématophages, (insectes ou acariens se
nourrissant de sang), vecteurs d'agents pathogènes (parasites, virus, bactéries, ...) ou
responsables de nuisances. Elle consiste en la mise en œuvre de mesures physiques et/ou
chimiques, individuelles et collectives.

4.4.2.1 - MESURES INDIVIDUELLES

CONTRE LES MOUSTIQUES


MOYENS PHYSIQUES
Protection contre le vecteur du paludisme
Dès le coucher du soleil et jusqu'à une heure après le lever du soleil, l'ordre doit être donné de
restreindre les activités nocturnes et de porter vêtements longs couvrant les membres : treillis
ou vêtements manches baissées, pantalons longs, chaussures fermées, y compris au retour
de garde et de patrouille.
Protection contre les vecteurs des arboviroses
Porter des vêtements longs en toutes circonstances toute la journée.

83
En cas de garde statique en zone de haute nuisance
vectorielle, la moustiquaire de tête est un moyen
complémentaire de protection

MOYENS CHIMIQUES
Les répulsifs cutanés. Ce ne sont pas des insecticides. Ces produits doivent être
correctement appliqués sur toute l'étendue de peau découverte pour être efficace. Ils
permettent d'éviter que le moustique pique, même s'il se pose sur la peau (écœurement
au contact du produit). Il faut penser à renouveler les applications en respectant les
recommandations du fournisseurs (généralement 2 à 3 applications par jour). Attention,
certains produits à base de DEET (produit chimique connu depuis les années 1950
comme répulsif contre les insectes) peuvent altérer les plastiques. Il est recommandé
d'appliquer ces répulsifs au moins 20 minutes après l'application d'une crème
solaire.
Les moustiquaires de lit. Les lits seront systématiquement équipés de moustiquaires au
quartier comme sur le terrain. Les moustiquaires fournies sur les théâtres sont pré-
imprégnées d'insecticides avec une durée d'efficacité de 3 à 5 ans et jusqu'à 20 lavages.
Il n'y a pas lieu de réimprégner ces moustiquaires avec de l'insecticide (imprégnation
industrielle de longue durée). Celles-ci doivent-être correctement disposées (absence
d'espace de passage pour les moustiques, moustiquaire bordée autour du matelas) et
entretenues (attention aux déchirures et fermetures). Penser à indiquer dessus la date de
mise en service et les lavages successifs.

Pensez à fermer votre lit-moustiquaire


même pendant la journée en votre absence

CAS PARTICULIER DU SPORT ET DE LA TOILETTE


Pour le sport en tenue courte, il est recommandé de recouvrir les parties découvertes de
répulsifs et d'éviter les positions statiques. En période épidémique, l'heure du lever
pourra être retardée pour éviter les piqûres du matin. La chronologie suivante sera alors
respectée : sport puis douche puis rassemblement en tenue longue.
Pour se rendre au bloc sanitaire, pour la toilette, il est recommandé de porter des
vêtements amples, longs et de maintenir les portes d'accès aux blocs sanitaires fermées.

84
Récapitulatif des mesures à mettre en œuvre pour se protéger contre les piqûres de moustique
dans la prévention du paludisme

CONTRE LES PHLÉBOTOMES


MOYENS PHYSIQUES
Avant tout déploiement ou lors de la préparation d'une activité dans une zone à risque, il est
impératif de consulter les recommandations émises par le service de santé des armées qui
précisent les périodes à risque et rappellent les moyens à mettre en œuvre pour se prémunir.
Arrêter toute progression en forêt et sur les cours d'eau au moins 1h avant le coucher du
soleil (soit vers 16h30 en Guyane), les phlébotomes descendant de la canopée (cime des
arbres) pour leur repas sanguin.
Éviter dans la mesure du possible de réaliser des zones d'abatis (les phlébotomes se
reposent dans les arbres en Guyane). Si nécessité d'abattre des arbres (création de DZ),
penser à se protéger en portant des pantalons longs, des chaussures fermées et en
baissant les manches.
Porter une moustiquaire de tête lors des gardes.
MOYENS CHIMIQUES
Utiliser systématiquement une moustiquaire imprégnée d'insecticide (hamac
moustiquaire avec une maille plus petite contre les passage des moucherons) en bon
état (éviter l'achat en local non validé par le SSA).
Appliquer du répulsif cutané sur les zones de peau découvertes.

85
CONTRE LES TIQUES
Avant toute manœuvre ou déplacement sur des zones à risques, il est impératif de consulter
les recommandations émises par le service de santé des armées qui précisent les périodes
d'activité des tiques et rappellent les modalités de prévention.
Seuls la mise en œuvre des moyens de protection personnelle anti vectorielle et le respect des
consignes lors des déplacements de personnels permettent de limiter l'exposition.

86
4.4.2.2 - MESURES COLLECTIVES

CONTRE LES MOUSTIQUES

DOMICILIAIRES
MOYENS PHYSIQUES
L'utilisation de grillages moustiquaires doit être systématique, au niveau des
fenêtres, dans les zones vie (chambre, bureau, foyer, hôtellerie, restaurant, sanitaires, ...)
en vérifiant régulièrement leur état. Les portes d'entrée doivent être fermées.
La ventilation et la climatisation sont des moyens complémentaires utiles.
MOYENS CHIMIQUES
La pulvérisation intradomiciliaire. Elle utilise des insecticides rémanents (durée
d'action prolongée) qui visent à détruire et éloigner les insectes adultes (la durée
d'efficacité est de l'ordre de 2 à 3 mois). La pulvérisation intradomiciliaire s'applique sur
les murs à l'intérieur des habitations, des halls d'immeuble etc. Elle est réalisée avec
des pulvérisateurs à pression préalable. Il n'y pas lieu de pulvériser de l'insecticide
dans les chambres déjà équipées de moustiquaires imprégnées d'insecticide.
L'efficacité des moustiquaires est suffisante et équivalente. La cible est donc les
lieux de convivialité, les salles de sport, les postes de garde, les salles de restauration.
Lors de la mise en œuvre, évacuer les personnels, les animaux et protéger le mobilier.
Ne pas fumer, ne pas manger, ne pas boire. Les locaux sont largement aérés. La
réintégration des locaux n'est autorisée qu'une fois le produit est sec sur les murs, au
minimum 2 heures après l'application.
Petits moyens. Des insecticides en aérosol et des diffuseurs électriques peuvent être
utilisés à l'intérieur des maisons en l'absence des personnels et compléter les dispositifs
mis en place (grillage moustiquaire, moustiquaire, etc.). Les serpentins insecticides ne
peuvent être utilisés qu'en extérieur en mesure barrière autour des terrasses.
L'emploi de produit insecticide à usage professionnel nécessite l'obligation de posséder un
certificat « certibiocide » qui autorise l'achat, l'utilisation et la détention de produits chimiques
classés TP18.
Cette mesure permet de s'assurer que seuls des professionnels formés utilisent ces produits.
Tout insecticide présente un risque pour la santé humaine si les conditions d'usage ne sont pas
respectées. Les insecticides utilisés doivent disposer d'une autorisation de mise sur le marché
en France (efficacité, toxicité pour l'homme et conditions d'usage validées par une instance
sanitaire).
Ce type d'action est externalisé à des sociétés spécialisées.

PÉRI-DOMICILIAIRES
S'il est possible de choisir un site d'implantation, il faut privilégier un lieu élevé, peu arboré,
bien ventilé, loin des collections d'eau (plus d'1 km) et à distance d'au moins 1 km des
populations locales.
MOYENS PHYSIQUES
Dans tous les cas, il s'agit d'aménager l'environnement. Il faut détruire tous les gîtes larvaires
réductibles, traiter les gîtes larvaires non réductibles et limiter les gîtes de repos des insectes
adultes.
Cela nécessite d'identifier les gîtes larvaires potentiels et de les traiter en réalisant :

87
le comblement méthodique de toutes les collections d'eau réductible ; le drainage des
terrains ;
l'enlèvement de tous les objets usagés susceptibles de constituer un gîte (fûts, bouteilles,
pneus, boîtes de conserves, etc.) ;
l'entretien scrupuleux des canalisations (favoriser la circulation d'eau en éliminant les
obstacles) ;
la protection des citernes et autres récipients destinés à conserver l'eau (mise en place
de couvercles, pose de toile tendue sur les orifices).

Pneus protégés pour éviter l'eau stagnante

Les zones susceptibles de servir de lieux de repos aux moustiques adultes nécessitent la
taille/coupe des buissons, des herbes hautes, dans un rayon d'au moins 400 mètres autour
des habitations ou du bivouac.
MOYENS CHIMIQUES
L'épandage d'insecticides (larvicide) dans les collections d'eau
L'épandage d'un mélange eau / granulés de larvicides ou la dispersion manuelle de granulés
permet de détruire les larves d'insectes. Ce produit biologique à base de toxines de bactéries
sous la formulation Vectomax® doit être renouvelé toutes les 4 semaines. Il ne peut être utilisé
sur les eaux potables.
Les larvicides mécaniques dans les collections d'eau potable
Pour traiter les eaux potables (puits, bassins de rétention de grande surface), un film liquide
antimoustique à base de silicone est utilisé à la surface du plan d'eau.
Les pulvérisations spatiales d'insecticides
Dans tous les cas, cette pulvérisation est réalisée en collaboration avec les acteurs civils
locaux de la lutte antivectorielle (LAV). Cette stratégie est strictement réservée à un début
d'épidémie d'arbovirose (dengue, chikungunya).

CONTRE LES PHLÉBOTOMES ET LES TIQUES


La lutte anti-vectorielle ne repose pas sur la mise en place de mesures collectives
spécifiques en dehors de la prise en compte des recommandations du service de santé des
armées lors de toute préparation de mission (manœuvre, OPEX).
Elle repose principalement sur le respect de l'application des mesures de protection
individuelles.

88
4.4.3 - CONCLUSION
Au sein des armées, l'exposition au risque vectoriel est majeure du fait de la situation
géographique des zones d'implantation et de projection des forces.
Dans ces zones à haut risque, les contraintes d'exercice, les conditions d'hygiène précaires,
l'intensité des engagements peuvent modifier les comportements (stress, ...) et augmenter le
risque de survenue de maladies. Elle nécessite une vigilance de tous les instants.
La prévention des maladies à transmission vectorielle est une lutte intégrée (mesures
personnelles et collectives) pour laquelle le commandement doit être fortement
impliqué. L'efficacité des mesures repose sur l'observance [*] parfaite de toutes les
mesures préconisées. La mise en œuvre du CLAM est impérative, dès l'implantation des
forces dans les zones à haut risque vectoriel. La qualité de son animation et du suivi de
ses actions est un gage de préservation des effectifs et, de fait, de la capacité
opérationnelle des forces.
Néanmoins, les contraintes générées quotidiennement dans la vie de l'unité avec les difficultés
propres aux activités outremer entraînent rapidement une démobilisation.
Tous les cadres doivent montrer l'exemple, informer et sensibiliser le personnel, afin de
les convaincre de l'intérêt et de la faisabilité de cette prévention. La Lutte anti vectorielle
est nécessaire à la protection et au maintien en condition opérationnelle des forces en
opération. Le commandement devra vérifier la bonne application des mesures de
prévention, individuelles et collectives.

89
III - PREMIERS SECOURS

BUT RECHERCHÉ
Rappeler les formations de secourisme et de sauvetage au combat permettant d'acquérir les
compétences nécessaires pour préserver l'intégrité physique de la victime en attendant
l'arrivée des secours.

RÉFÉRENCES PSC1
Décret n°91-834 du 30 août 1991 modifié relative à la formation aux premiers secours ;
Arrêté du 24 juillet 2007 modifié fixant le référentiel national de compétences de sécurité
civile relatif à l'unité d'enseignement prévention et secours civiques de niveau 1 ;
Instruction ministérielle n°1043/DEF/EMA/ORH/OR - n°151315/DEF/DGGN/SRH relative
à l'enseignement du secourisme dans les forces armées du 22 août 2007 ;
Circulaire n°340057/DEF/RH-AT/EP/PMF/DS/39 relative au secourisme et au sauvetage
au combat dans l'armée de Terre du 12 juin 2016 ;
Directive n°506008/CFT/DIV.LOG/BSAN/PILDOM/DS relative à l'enseignement du
secourisme dans l'armée de Terre du 21 avril 2016 ;
Lettre n°503569/ARM/EMAT/OAT/BEMP du 3 avril 2019 sur la politique du sauvetage au
combat et du secourisme dans l'armée de Terre de l'EMAT ;
Recommandations de la Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion des
Crises, relatives à l'unité d'enseignement Prévention et Secours Civiques de niveau 1
(version septembre 2019) ;
Référentiel interne de formation et de certification de prévention et secours civiques
niveau 1- CeFOS (version 3 - septembre 2019) ;
Fiches techniques PSC1 2019 (version 2).

RÉFÉRENCES SC1
Circulaire n°340057/DEF/RH-AT/EP/PMF/DS/39 relative au secourisme et au sauvetage
au combat dans l'armée de Terre du 12 juin 2016 ;
Lettre n°503569/ARM/EMAT/OAT/BEMP du 3 avril 2019 sur la politique du sauvetage au
combat et du secourisme dans l'armée de Terre de l'EMAT ;
Directive n°506015/CFT/DIV.LOG/BSAN/PILDOM/DS relative à la formation des
sauveteurs au combat de premier niveau et des opérateurs de premiers secours au
combat pour l'armée de Terre du 22 avril 2016 ;
Référentiel d'enseignement des gestes du sauvetage au combat n° 080/EVDG/DPMO du
28 janvier 2021 ;
Référentiel interne de formation et de certification relatif à l'unité d'enseignement
sauvetage au combat de niveau 1.

90
1/ PRÉVENTION ET SECOURS CIVIQUES DE
NIVEAU 1
L'unité d'enseignement "Prévention et Secours Civiques de niveau 1" (PSC1 [*]) a pour objectif
de faire acquérir à toute personne les compétences nécessaires à l'exécution d'une action
citoyenne d'assistance à personne en réalisant les gestes élémentaires de secours,
conformément aux dispositions en vigueur.
Le PSC1 est une formation du ministère de l'intérieur réglementée par la Direction Générale de
la Sécurité Civile et de la Gestion des Crises (DGSCGC).
Les gestes de secourisme restent la base de la prise en charge d'un blessé et doivent être
adaptés au contexte dans lequel se trouve le militaire.
L'enseignement de base est dispensé par un formateur PSC1 ou PS. D'une durée de 8 heures,
il est sanctionné par l'attribution d'un certificat de compétences de citoyen de sécurité civile –
prévention et secours civiques de niveau 1. Cette formation concerne tous les militaires et doit
être délivrée en école de formation initiale pour les officiers et sous-officiers et pendant la
formation générale initiale pour les engagés volontaires de l'armée de Terre.
Cette formation, essentiellement pratique, sera effectuée par un formateur PSC1 à jour de ses
formations continues, dans un contexte réaliste adapté aux missions du régiment.
Le PSC1 constitue un pré-requis à la formation au sauvetage au combat de 1er niveau
(SC1 [*]) enseigné à tous les militaires.
Des formations complémentaires (PSE1 - PSE2) peuvent éventuellement être suivies, compte
tenu de leur intérêt dans l'organisation et la prise en charge des secours sur le terrain.

Les recommandations de la Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion des


Crises relatives à l'unité d'enseignement Prévention et Secours Civiques de niveau 1 (PSC1)
décrivent les techniques et les conduites à tenir face à une victime que tout militaire doit savoir
mettre en œuvre.

Les recommandations de la Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion des


Crises (DGSCGC) relatives à l'unité d'enseignement Prévention et Secours Civiques de niveau
1 sont consultables sur le site internet suivant :
- Unité d'enseignement " PRÉVENTION ET SECOURS CIVIQUES DE NIVEAU 1 (PSC 1) -
version 2019 (ministère de l'intérieur)
En complément :

91
- Fiches des gestes techniques enseignés au cours des formations en PSC 1 - version 2019
(ministère des armées)

92
2/ SAUVETAGE AU COMBAT DE NIVEAU 1
Le sauvetage au combat de 1er niveau (SC1 [*]) consiste en la réalisation des seuls gestes
salvateurs compatibles avec les spécificités des situations de combat. Il est à mettre en
œuvre dès les premières minutes suivant la blessure, par tout militaire engagé proche de la
victime ou par le blessé lui-même.
Cette formation ne peut pas être abordée que si les gestes enseignés au "Prévention et
Secours Civiques de niveau 1" (PSC1 [*]) sont connus.
L'enseignement du sauvetage au combat dans l'armée de Terre est une composante, à part
entière, de la préparation de chaque combattant à sa mission opérationnelle.
La prise en charge du blessé de guerre nécessite que chaque combattant sache pratiquer les
premiers gestes de secours adaptés à l'état du blessé dans l'attente d'une prise en charge
paramédicale ou médicale. Dans le cas d'un blessé grave, les gestes de secourisme tels
qu'enseignés dans le PSC1 sont insuffisants pour maintenir la victime en vie jusqu'à l'arrivée
des secours médicalisés. Il apparaît donc indispensable de compléter le PSC1 par le
sauvetage au combat de niveau 1 (SC1).
La formation, d'une durée minimum de 8 heures, est mise en œuvre par les cellules de
secourisme de l'armée de Terre sous la responsabilité du service de santé des armées (SSA).
Cette formation, essentiellement pratique, sera effectuée par un formateur SC1 à jour de ses
formations continues, dans un contexte réaliste adapté aux missions du régiment.
Document de référence :
référentiel d'enseignement des gestes du sauvetage au combat n°080/EVDG/DPMO du 28
janvier 2021.

Important
Les gestes de sauvetage au combat ne peuvent être réalisés qu'au cours d'une
opération militaire en situation d'exception.

93
3/ RELÈVE ET TRANSPORT D'UN BLESSÉ

OBJECTIF
Posséder des connaissances complémentaires aux gestes de premiers secours pour assurer
la relève et le transport d'un blessé.

3.1 - GÉNÉRALITÉS
Dans un contexte opérationnel dangereux, le blessé sera immédiatement mis à l'abri. Cela
implique une mobilisation du blessé par les techniques décrites dans ce chapitre.
Une fois le blessé mis à l'abri et les premiers soins d'urgence administrés, on procédera à son
évacuation. Celle-ci pourra être réalisée dans de bonnes conditions avec des matériels
éprouvés ou à l'aide de moyens de fortune.
Certaines méthodes décrites ci-après ne pourront pas être réalisées suivant l'équipement porté
par la victime.

3.2 - MISE À L'ABRI ET TRANSPORT D'UN BLESSÉ PAR UN


SAUVETEUR ISOLÉ

3.2.1 - GÉNÉRALITÉS
Lors de la mise à couvert, le sauveteur doit veiller à sa propre sécurité (il doit se dissimuler de
l'ennemi) tout en ménageant son blessé et en économisant ses forces.
Il doit respecter deux principes de base :
traiter la menace puis analyser son environnement ;
éviter de mobiliser le blessé inutilement.
La technique de relève est conditionnée par :
les conditions générales de la menace au combat ;
la condition physique du sauveteur ;
la nature du terrain ;
la distance à effectuer pour se mettre à l'abri ;
l'état du blessé ;
le poids et la taille de la victime.

3.2.2 - LE BLESSÉ EST INCONSCIENT


Il convient de procéder à un dégagement d'urgence par traction à même le sol.

94
3.2.2.1 - MÉTHODE DE LA TRACTION PAR LES PIEDS

Méthode de la traction par les pieds.

3.2.2.2 - MÉTHODES DE LA TRACTION PAR LES POIGNETS


OU DE LA TRACTION PAR L'ÉQUIPEMENT

Méthode de la traction par les poignets

3.2.3 - LE BLESSÉ EST CONSCIENT MAIS NE PEUT PAS


MARCHER
Il peut aider à sa relève mais pas à son transport
Toutes les méthodes qui existent pour faire face à cette situation nécessitent une participation
active du blessé qui doit s'accrocher au sauveteur en passant les bras autour de son cou.
Ces méthodes peuvent donc être utilisées pour :
des blessés de la cheville et de la jambe ;
des blessés du thorax ou de l'abdomen.
Par contre, elles ne peuvent pas être employées pour :
les blessures graves des membres supérieurs ;
les blessures graves de la cuisse ;
les suspicions de blessures de la colonne vertébrale.
Deux méthodes :

95
Le portage sur le dos, genoux fléchis.

Le portage dans les bras.

3.2.4 - LE BLESSÉ PEUT MARCHER


Il peut aider à sa relève et à son transport
Le sauveteur utilise un seul procédé : celui du soutien en marche ou aide à la marche.

96
Portage d'un blessé par un sauveteur

3.3 - RELÈVE ET TRANSPORT D'UN BLESSÉ PAR


PLUSIEURS SAUVETEURS
Les conditions de relève et de transport d'un blessé à 2, 3 ou 4 sauveteurs dépendent :
de la distance à parcourir ;
de l'état du blessé qui peut ou non participer à sa relève ;
du poids et de la taille de la victime ;
du matériel dont ils disposent.

3.3.1 - COURTE DISTANCE À PARCOURIR


Si la distance à parcourir n'est pas trop longue et que l'on ne dispose pas de brancard, les
sauveteurs réalisent un portage.

3.3.1.1 - PORTAGE D'UN BLESSÉ POUVANT MARCHER


Ce procédé de portage n'est pas utilisable lorsqu'il existe une fracture du membre supérieur, le
blessé étant soutenu par les bras.

97
Portage d'un blessé par deux sauveteurs

3.3.1.2 - PORTAGE D'UN BLESSÉ EN POSITION ASSISE


Le procédé du portage en position assise ne peut être utilisé qu'avec des blessés :
conscients car ils participent souvent eux-mêmes à leur maintien ;
ne présentant aucune fracture ou blessure grave du membre supérieur ou de la cuisse
;
ne présentant aucune suspicion de lésion de la colonne vertébrale.
Ils convient parfaitement pour :
des blessures de la cheville et de la jambe après immobilisation ;
des blessures de l'abdomen ou du thorax après pansement.
Le premier sauveteur saisit le blessé sous les bras, le deuxième se place dans le même sens
que le premier, entre les jambes du blessé et saisit le blessé sous les genoux.

Portage d'un blessé entre deux sauveteurs.

98
3.3.2 - LONGUE DISTANCE À PARCOURIR

3.3.2.1 - TRANSPORT A L'AIDE D'UN BRANCARD


Si la distance à parcourir est longue (au delà de 100 mètres), les sauveteurs évacueront le
blessé à l'aide d'un brancard.
Le brancardage facilite le transport du blessé, sa rapidité et son confort.
Certaines règles doivent être observées rigoureusement au moment :
du chargement du blessé sur le brancard ;
de son installation ;
de son transport.

LE CHARGEMENT SUR LE BRANCARD


Il faut :
respecter l'axe tête-cou-tronc dans la mesure du possible ;
synchroniser les mouvements de lever et de poser de l'ensemble des sauveteurs ;
respecter les principes de relevage.
Le relevage d'un blessé couché ne pourra se faire que sous les directives d'un équipier
secouriste.

INSTALLATION DU BLESSÉ SUR LE BRANCARD


préparer éventuellement les liens nécessaires pour assurer l'arrimage du blessé sur le
brancard ;
une fois le blessé installé, le couvrir pour le protéger du froid (veste, couverture) ;
dans le cas de blessure du thorax, le blessé est installé si possible en position assise ou
semi-assise pour disposer du meilleur confort respiratoire, en disposant des vêtements
ou son sac à dos, sous sa tête et son dos pour le maintenir ainsi sans accentuer la
fatigue ;

Blessé installé en position assise.

dans le cas d'une blessure à l'abdomen, le blessé est allongé sur le dos, les genoux
seront maintenus fléchis en glissant dessous des vêtements, des couvertures, le sac à
dos ou le duvet roulé ;

99
Blessé allongé sur le dos, les genoux fléchis.

dans le cas de fracture des membres inférieurs, ceux-ci seront calés latéralement avec
une couverture roulée ou des vêtements pour limiter tout déplacement.

TRANSPORT DU BLESSÉ SUR LE BRANCARD


Synchroniser les mouvements de lever
La marche doit s'effectuer le plus possible à bout de bras, sans épauler et sans secousse.
Le brancard est toujours maintenu en position horizontale.
La tête du blessé est toujours placée en avant par rapport au sens de la marche de façon à ce
que le porteur à l'arrière ait un visuel sur le visage.

Synchronisation du lever du brancard.

100
La tête du blessé est placée en avant par rapport au
sens de la marche.

FIN DU TRANSPORT
Synchroniser les mouvements de poser.
Le blessé doit être laissé dans la position du transport.

3.3.2.2 - LES DIFFÉRENTS TYPES DE BRANCARDS


D'autres matériels peuvent avantageusement remplacer le brancard conventionnel. On peut à
cet effet utiliser par exemple un portoir souple, le brancard filet ou le FOXTROT LITTER ®.

Portoir souple

101
Brancard filet

Foxtrot Litter

RAPPEL :
Pour relever et transporter un blessé :
si on est seul :
le blessé est maintenu immobile jusqu'à l'arrivée des secours ;
sinon, en particulier au combat, il faut le traîner sur de courtes distances pour le
mettre à l'abri (sauvetage au combat de premier niveau).
s'il y a plusieurs sauveteurs et pas de brancard :
OPTION n°1 (courtes distances) : le blessé est porté avec les bras (si les lésions
présentées ou suspectées ne risquent pas d'être aggravées par cette manœuvre) ;
OPTION n°2 (longues distances) : le blessé est porté en brancard de fortune.
dans tous les autres cas, il faut utiliser le brancard ordinaire.

102
3.4 - EXTRACTION DU BLESSÉ D'UN VÉHICULE BLINDÉ

3.4.1 - GÉNÉRALITÉS
Sur les théâtres d'opérations extérieures, les véhicules blindés peuvent être exposés à des
attaques directes ou indirectes. Dans certaines situations, un blessé ne peut s'extraire de lui
même. Le contexte tactique peut alors imposer d'extraire les blessés afin de les rassembler sur
une zone sécurisée à plusieurs centaines de mètres du lieu de l'explosion. Les attaques
pouvant être combinées à des tirs directs ou indirects, l'exposition des sauveteurs au combat
doit être minimisée afin de ne pas augmenter les pertes humaines.
Pour ce chapitre, l'exemple est celui du Véhicule de l'Avant Blindé (VAB [*]) [*] qui comporte
comme tous les blindés un espace limité offert pour l'extraction. Il est à noter que chaque type
de blindé dispose de trappes d'évacuation spécifiques.

3.4.2 - CONTRAINTES TECHNIQUES


Lors d'attaques directes ou indirectes des véhicules blindés, l'accès aux blessés est toujours
délicat.
Dans le cas de dommages mécaniques mineurs, si les véhicules touchés peuvent poursuivre
leur progression sur la route, ils s'extrairont de la zone dangereuse.
Les blessés éventuels seront traités prioritairement à bord des engins blindés lors de ce
dégagement « sur roues ».
En cas d'immobilisation du véhicule, l'accès aux blessés se fera dans un premier temps à
l'intérieur par le personnel valide du véhicule immobilisé.
Les places du pilote et du chef de bord du VAB sont difficiles d'accès, le seul lien intérieur avec
l'arrière du véhicule est le couloir latéral droit. Ce dernier est d'une part étroit et d'autre part
souvent encombré par du matériel, il peut donc s'avérer très difficile de s'y glisser avec
l'ensemble des moyens de protection balistique.

Couloir latéral droit du VAB

103
En raison de l'impossibilité d'accéder aux blessés par le couloir intérieur du VAB, une solution
extérieure doit être envisagée afin de dispenser les premiers soins de sauvetage au combat
(voire d'extraire le personnel, si la situation tactique l'impose). À bord des VAB, cette extraction
par un accès extérieur peut se concevoir au niveau des trappes supérieures ou au niveau
des portes latérales.
La première solution reste celle enseignée classiquement dans les unités de l'armée de Terre
sous blindage. Dans un contexte où l'ennemi est potentiellement présent et à distance de tir,
cette technique d'accès par les volets supérieurs montre ici ses limites. Il paraît évident qu'un
ou plusieurs sauveteurs « perchés » sur le toit du VAB constituent des cibles à haute valeur
ajoutée.

L'exposition des sauveteurs au combat doit être minimisée


afin de ne pas augmenter les pertes humaines

3.4.3 - MISE EN ŒUVRE DE L'EXTRACTION D'URGENCE


L'extraction d'un blessé par une équipe médicale à l'aide de l'attelle d'immobilisation cervico-
thoracique est réalisée en 20 minutes en moyenne. Dans un contexte d'extrême urgence, cette
extraction sera réalisée sans utiliser d'attelle.
Ce contexte regroupe les urgences absolues (danger de mort imminente) ou des
circonstances particulières (véhicule en feu, danger de sur-accident, etc.).

3.4.3.1 - TECHNIQUE DES TRAPPES SUPÉRIEURES


Les sauveteurs devront tout d'abord accéder au toit du VAB puis une fois à l'aplomb des
trappes, les ouvrir complètement avec une séquence de déverrouillage-blocage des organes
de sécurité de la dite trappe. Dans un second temps ils devront se pencher et saisir le blessé
par ses éléments vestimentaires de protection balistique afin de le hisser sur le toit du
véhicule.
Cette technique présente plusieurs inconvénients tels que l'étroitesse de la trappe, la nécessité
de mettre en œuvre un effort très important dans des positions non ergonomiques, l'obligation
de transférer le blessé d'une grande hauteur vers le sol et enfin l'exposition des sauveteurs
et du blessé aux tirs ennemis pendant toute la phase sur le toit du VAB.

104
3.4.3.2 - TECHNIQUE DE LA PORTE LATÉRALE
Cette technique, dite de la porte latérale, offre des améliorations par rapport à l'extraction
décrite ci-dessus, notamment en diminuant la hauteur de travail des sauveteurs et en
apportant une solution de démultiplication de la force à utiliser pour extraire le blessé. Cette
technique d'extraction nécessite la présence d'au moins deux sauveteurs au combat (quatre
étant le nombre optimal).

1) Le premier sauveteur, après avoir ouvert la porte latérale


du conducteur ou du chef de bord, doit monter sur la roue
avant du VAB, les pieds sur la face supérieure du pneu et les
genoux fléchis.

2) Le deuxième sauveteur vient se coller à la roue du VAB et


offre une épaule ou des bras assurant un soutien de son
camarade perché à plus d'un mètre de hauteur.

3) L'extraction sera réalisée en quatre temps :

105
Premier temps : le sauveteur, après avoir vérifié, voire
dégagé les pieds du blessé, le saisit par ses éléments
vestimentaires de protection balistique, poignée dorsale et/ou
sous les bretelles des épaules, afin de l'orienter dos vers la
porte en assurant une rotation du tronc de 90°.

Deuxième temps : le sauveteur monte sur le seuil de la


porte, les pieds sur le rebord inférieur de l'encadrement de la
porte, passe les deux avant-bras sous les « épaulettes » de la
veste de protection balistique puis par une extension des
jambes, relève le blessé du fauteuil.

Troisième temps : le sauveteur en charge du blessé se


laisse tomber doucement vers l'arrière, tout en maintenant
fermement son camarade blessé, et profite ainsi de son
propre poids pour extraire la victime de l'habitacle au moins
jusqu'à mi-corps, soit le bassin à l'extérieur du passage de
porte.

106
Cette étape où le premier sauveteur bascule en arrière doit
bénéficier d'une assurance par un deuxième sauveteur, qui lui
se trouve debout à côté de la roue avant.

Quatrième et dernier temps : terminer l'extraction du blessé


une fois les pieds du premier sauveteur revenus au sol avec
notamment un soutien du bassin et des jambes par le
deuxième sauveteur.

Le blessé ainsi extrait pourra bénéficier des gestes


adaptés au sauvetage au combat.

Cette technique nécessite la présence d'au moins deux sauveteurs au combat et n'est pas
dénuée de risques pour le blessé (risque neurologique en cas de lésion du rachis, traumatisme
lors de l'extraction, chute, ...) comme pour les sauveteurs (mauvaise réception et chute).

107
Voir aussi
Pour l'extraction d'un char Leclerc, se référer à la revue Médecine et Armées 2011- Tome 39
(4) - pages 379 - 384

3.4.4 - CONCLUSION
L'extraction sous le feu est un acte de combat, visant à soustraire le combattant blessé du feu
de l'ennemi.
La mise en œuvre de l'extraction d'urgence d'un blessé, à bord d'un VAB, dans des conditions
optimales et un délai minimum, passe par un entraînement régulier des sauveteurs au
combat au quartier et sur différents types de véhicule ou dans le cadre des Mises en
Condition avant Projection (MCP) et Validations Avant Projection (VAP).

3.5 - CONDUITE À TENIR EN CAS D'ÉVACUATION


IMMÉDIATE IMPOSSIBLE
Dans bien des cas, les exigences du combat, la mission même du combattant, passent avant
le désir de tout faire pour sauver un camarade.
Il convient dès lors de :
rendre compte au chef de tout blessé laissé sur le terrain. Alertée par radio, l'équipe
d'auxiliaires sanitaires viendra à son secours ;
marquer l'emplacement du blessé par tout moyen susceptible de signaler la présence
de la victime. Ce signal pouvant dans certaines circonstances constituer une cible pour
l'ennemi, recourir à cette consigne sur ordre ;
installer le blessé dans une "position d'attente" adaptée à sa détresse selon les
recommandations du PSC1 et du SC1 ;
assurer la surveillance du blessé et rendre compte de l'évolution de son état.

108
IV - TRAUMATISMES ET BLESSURES

BUT RECHERCHÉ
Donner aux personnels les connaissances nécessaires pour permettre de sauvegarder
l'intégrité physique de la victime en attendant l'arrivée des secours.

CONSEIL POUR ABORDER L'ÉTUDE


Cette section est un complément de la section III (PSC1 et SC1) ; elle ne peut être abordée
que si les compétences relatives aux gestes de premiers secours et de sauvetage au combat
de premier niveau sont acquis.

109
1/ PATHOLOGIES CIRCONSTANCIELLES

OBJECTIF
Connaître et mettre en œuvre la conduite à tenir face à une victime présentant une pathologie
circonstancielle.
INFORMATION
Les pathologies circonstancielles sont abordées essentiellement lors de la mise en condition
avant projection en fonction des besoins du théâtre.

1.1 - LE SYNDROME D'ÉCRASEMENT OU CRUSH SYNDROME

1.1.1 - GÉNÉRALITÉS
Les risques naturels mais aussi les explosions sont à l'origine d'éboulis et d'effondrements qui
peuvent piéger les victimes.
Le « crush syndrom » ou syndrome des ensevelis est un ensemble de manifestations cliniques
résultant de la souffrance musculaire consécutive à l'écrasement prolongé d'une partie du
corps.
Il fut initialement décrit (par BYWATERS) en 1941, lors des bombardements de Londres.
En temps de guerre, il s'agit de victimes ensevelies lors de bombardements d'immeubles ou
d'abris, ou de victimes prises de réaction de panique dans les espaces clos avec compression
inter humaine.
La compression d'une partie du corps, généralement un ou plusieurs membres, empêche le
sang de circuler correctement. Cette situation entraîne, dans un premier temps, la mort des
muscles comprimés. Il s'en suit alors une fabrication de toxines, issues de la mort des tissus
musculaires. Tant que la compression est maintenue, ces toxines ne se répandent pas dans le
reste de l'organisme car la circulation sanguine, au niveau du membre comprimé, est
interrompue.
Lorsque la victime est dégagée, la compression est levée et les toxines sont alors brutalement
libérées. Elles peuvent atteindre le cœur et entraîner une détresse circulatoire (arrêt cardio-
ventilatoire). Elles peuvent aussi atteindre le rein et entraîner une insuffisance rénale, c'est-à-
dire que le rein, dont le rôle est normalement de filtrer le sang, ne pourra plus assurer cette
fonction.
En somme, le « crush syndrom » associe : une mort (nécrose) des tissus musculaires
par un écrasement, avec un risque de défaillance circulatoire (choc) et d'insuffisance
rénale secondaire.

1.1.2 - SIGNES DU "CRUSH"


Le crush peut apparaître après 2 heures de compression. Il se traduit par une peau froide,
livide et insensible au niveau de la zone comprimée. Ces caractères évoquent la mort de la
zone comprimée. On note également une impossibilité de bouger (le muscle mort ne peut
plus remplir son rôle). Attention, il ne s'agit pas d'une impossibilité de bouger liée à la douleur
mais bien d'une impossibilité de type paralysie.

110
Lors du dégagement de la victime, la circulation du sang se rétablit dans la zone comprimée,
engendrant :
un gonflement (œdème [*]) ;
la libération de toxines dans la circulation sanguine du corps contribuant à l'état de choc
et pouvant entraîner un arrêt cardio-respiratoire (ACR [*]) ;
une insuffisance rénale (urines rares et foncées tirant sur le brun rouge). Il n'est
souvent pas facile de s'en rendre compte ; les urines foncées peuvent avoir tâchées les
vêtements ;
une déshydratation (sensation de soif intense) ;
une hypothermie.

1.1.3 - CONDUITE À TENIR


Si la compression dure depuis au moins 2 heures, il est préférable d'attendre la présence
d'un médecin pour dégager une victime ensevelie.
Si le dégagement doit être réalisé sans délai, il faudra poser un garrot, de préférence avant
le dégagement ou aussitôt après, à la racine du ou des membres écrasé(s), afin
d'empêcher les toxines de se répandre dans l'organisme. Il convient de réaliser par ailleurs les
gestes de secours éventuellement nécessaires (d'autres lésions peuvent être associées, la
victime peut être inconsciente) et de couvrir la victime.

1.2 - LE TRAUMATISME PAR EFFET DE SOUFFLE OU BLAST

1.2.1 - GÉNÉRALITÉS
Le traumatisme par effet de souffle est une pathologie fréquente en temps de guerre
(explosions, bombardements, déflagrations).
Il est aussi devenu un accident du temps de paix. Les explosions sont plus fréquentes avec les
attentats et la progression des risques technologiques.

1.2.1.1 - DÉFINITION
Le traumatisme par effet de souffle ou "Blast" est l'ensemble des lésions causées sur
l'organisme par une ou plusieurs ondes de choc (augmentation brutale de la pression
atmosphérique suivie d'une dépression immédiate) causées par une déflagration ou une
détonation. L'intensité des lésions diminue à mesure que l'on s'éloigne du lieu même de
l'explosion ; elle est démultipliée en espace clos.

1.2.1.2 - MÉCANISME LÉSIONNEL


On observe deux types de lésions :
les lésions directes dont les effets directs de l'onde de choc sur l'organisme (distension
de l'air dans les poumons, le tube digestif, l'oreille interne) engendrent des déchirures
dans les tissus. Les lésions pulmonaires mettent en jeu le pronostic vital ;

111
les lésions indirectes ou associées sont des lésions traumatiques liées à la projection
au sol de la victime par le souffle de l'explosion ou à l'impact de projectiles reçus sur le
corps du blessé. L'exposition à la flamme de l'explosion engendre des brûlures externes
(peau) voire internes en cas d'inhalation de gaz incandescents (voies aériennes).

1.2.2 - SYMPTÔMES

1.2.2.1 - DESCRIPTION DES LÉSIONS DIRECTES DE BLAST


L'évolution se fait classiquement en trois phases :
phase initiale
Immédiatement après l'explosion, la victime est hébétée, stupéfaite. Elle présente une surdité
dans presque tous les cas. Attention, ce signe peut-être masqué ou amoindri par le port de
protections auditives.
phase de latence
Caractérisée par une absence complète de signes évidents (en l'absence de lésions
associées). Le sujet peut être euphorique, agité. La surdité persiste.
phase d'état
On observe une décompensation [*] brutale plus ou moins rapide de l'état général. Un tableau
clinique grave peut-être présent d'emblée.
La clinique peut être dominée par l'apparition :
d'une détresse ventilatoire : augmentation de la fréquence ventilatoire, toux sèche avec
écume blanche ou sanglante au niveau de la bouche, œdème pulmonaire [*], cyanose ;
de signes auditifs : surdité, bourdonnements, rupture de tympans ;
de signes abdominaux : ventre dur (hémorragie intestinale, déchirure des parois
intestinales ou viscérales), nausées, vomissements, hématurie (présence de sang dans
les urines) ;
de troubles de la conscience : agitation, troubles de la vigilance, crises convulsives.

1.2.2.2 - DESCRIPTION DES LÉSIONS INDIRECTES


Les lésions indirectes sont de nature traumatique, telles que :
plaies et hémorragies (avec ou sans corps étranger) ;
fractures multiples (crâne, membres) ;
lésions des parties molles ;
brûlures.

1.2.3 - CONDUITE À TENIR


Protéger du sur-accident, rechercher les circonstances de survenue.
Mettre le blessé au repos en position semi-assise si la conscience est normale.
Traiter les hémorragies et « emballer » les plaies éventuelles (pansements, trousse
collective).
Effectuer l'examen des fonctions vitales comme appris en PSC1.

112
Rechercher les lésions associées.
Immobiliser les fractures par des moyens de fortune ou avec du matériel.
Alerter les secours de l'unité.
Surveiller les fonctions vitales : conscience et ventilation ++.
Rassurer, couvrir et évacuer rapidement le blessé.

1.3 - LES BRÛLURES THERMIQUES ET/OU CHIMIQUES

1.3.1 - GÉNÉRALITÉS
Les brûlures sont des lésions de destruction, plus ou moins complète, de la peau et des tissus
sous-jacents. Les brûlures thermiques résultent du contact du corps avec une source de
chaleur provoquée par :
la présence de flammes de matériaux en combustion : matériaux solides (bois, papier,
matières plastiques, etc.) ou liquides inflammables ;
la projection ou le contact avec des liquides très chauds (eau le plus souvent, huile ou
tout autre liquide en milieu industriel) ;
des solides portés à haute température ;
des gaz chauds ;
certains rayonnements thermiques (soleil).
Ces brûlures sont provoquées lors de différentes circonstances :
incendies d'habitation, de locaux, de moyens de transport individuels ou collectifs
(voiture, avion, bateau, etc.) ;
accidents domestiques (renversement de liquide chaud, etc.) ;
actions de combat avec incendie et explosion de gaz et de vapeurs, projection de liquide
chaud, bombe incendiaire, IED.
Par ailleurs, des lésions très proches des brûlures thermiques peuvent être occasionnées par :
certains produits chimiques (acides, bases) ;
le passage de courant électrique.

1.3.1.1 - CARACTÉRISTIQUES D'UNE BRÛLURE


Une brûlure se caractérise par :
son aspect ;
son étendue ;
sa localisation ;
la présence de douleur ou non.
Le secouriste doit transmettre aux secours médicalisés une description précise des
caractéristiques de la brûlure. Ces dernières permettent au médecin d'évaluer la gravité et
l'urgence de la prise en charge.

113
ASPECTS D'UNE BRÛLURE
la rougeur (1er degré) ;
Douloureuse, la rougeur traduit une atteinte superficielle de la peau (atteinte de la couche
externe).

les cloques ou phlyctènes (2ème degré léger ou profond) ;


Uniques ou multiples et plus ou moins étendues, les cloques sont des vésicules
accompagnées d'une douleur forte ou modérée. Les cloques traduisent une atteinte plus
profonde de la peau. Les cloques peuvent se rompre et libérer un liquide plus ou moins clair.
Cette perte liquidienne peut entraîner un état de choc en cas de surface étendue.

Recommandation : ne jamais percer une cloque sans avis médical.


la destruction complète de l'épiderme et du derme (3ème degré) ;
La peau, ressemblant à de la cire, est pâle, noirâtre ou brunâtre. Toutes les couches de la peau
sont atteintes. Ces brûlures sont souvent peu douloureuses ou indolores car les terminaisons
nerveuses ont été détruites.

SURFACE DE LA BRÛLURE
Le secouriste doit évaluer la surface d'une brûlure car elle conditionne sa conduite à tenir :
gestes de secours, qualité de l'alerte.

114
Pour évaluer la surface atteinte, le secouriste peut s'aider de la paume de la main de la victime
qui est égale à 1% de la surface totale de sa peau, quel que soit l'âge, ou par la règle des «
neuf » de WALLACE.

Évaluation de la surface d'une brûlure


(paume de la main = 1 %)

Calcul de la surface brûlée


par la règle des 9 de WALLACE

LOCALISATION DE LA BRÛLURE
Elle doit être décrite avec précision notamment s'il s'agit de localisations particulières à risques
comme :
les brûlures de la face, souvent associées à des brûlures des voies aériennes (présence
de traces noires autour des narines et de la bouche, présence de toux ou de crachats
noirs qui seront systématiquement recherchés en cas de victimes d'incendie) ;
les brûlures du cou ;
les brûlures des mains, des plis de flexion, des pieds ;
les brûlures à proximité immédiate des orifices naturels.

115
DOULEUR DE LA BRÛLURE
La présence de douleur associée à la brûlure renseigne le médecin sur l'atteinte ou non des
structures nerveuses. La brûlure qui est douloureuse pourra guérir plus facilement que lorsque
les nerfs sont atteints et que la brûlure n'est pas douloureuse.

1.3.1.2 - LES BLESSURES ASSOCIÉES


Compte tenu des circonstances de survenue, les brûlures cutanées peuvent être associées à
d'autres atteintes qui aggravent l'état de la victime :
lésions par effet de souffle au cours d'explosions (avec atteinte respiratoire) ;
blessures également par explosion (fractures par exemple) ;
intoxication par fumée ou gaz ;
hémorragies.

1.3.2 - CONDUITE A TENIR EN PRÉSENCE D'UN BRÛLÉ

Important
LE REFROIDISSEMENT DE LA BRÛLURE DOIT SE FAIRE LE PLUS TÔT POSSIBLE,
PENDANT 15 MINUTES.
En présence d'un brûlé à plus de 20% de la surface corporelle, ne refroidir que les
localisations à risque.

1.3.2.1 - LES BRÛLURES PAR LE FEU


Le sauveteur doit, par ordre de priorité :
1. veiller à ne pas être intoxiqué lui-même par les fumées (retenir son souffle ou appliquer
un linge mouillé sur la bouche et le nez) ;
2. veiller à ne pas être brûlé par les vêtements enflammés ;
3. assurer le dégagement éventuel de la victime du local incendié ou du véhicule en feu ;
4. éteindre les vêtements en flammes soit en enroulant la victime dans une couverture, soit
en utilisant un vêtement ;
5. appliquer "la règle du 15/15/15" : refroidir à l'eau froide (15 degrés) toutes les régions
brûlées, dès que possible et pendant 15 minutes, l'eau étant à distance de 15 cm de la
peau brûlée. Si on est en présence d'un brûlé à plus de 20% de la surface corporelle, on
ne refroidit que les localisations à risque ;
6. protéger les brûlures par l'utilisation de pansements sur les brûlures localisées ;
7. retirer les vêtements de la victime, le plus tôt possible, sans ôter ceux qui collent à la
peau, ce qui peut être fait pendant l'arrosage ou sous la douche ;
8. faire appeler les secours médicalisés ;
9. sauf gêne respiratoire, allonger le brûlé sur une partie saine, si possible sur un drap
propre ;
10. prévenir le refroidissement en recouvrant la victime, si possible d'une couverture
isotherme ;

116
11. surveiller les fonctions vitales et agir en conséquence.

1.3.2.2 - LES BRÛLURES ÉLECTRIQUES


Ce sont, le plus souvent, des brûlures profondes qui se produisent dans le trajet du passage
du courant (muscles, tendons).
Dans la plupart des cas, le courant domestique à basse tension provoque des brûlures qui ne
sont pas visibles. Seul apparaît, sous forme de petites zones brûlées, le point d'entrée et le
point de sortie du courant.
Lors d'accidents avec des courants de haute tension, on peut constater de véritables
carbonisations des tissus.
Le sauveteur doit, après avoir coupé l'alimentation électrique :
assurer le dégagement de l'électrisé en veillant à ne pas être atteint à son tour (seul le
dégagement du courant de basse tension est possible) ;
réaliser un examen succinct de la victime pour constater l'absence de troubles
ventilatoires ou cardiaques ;
faire allonger l'électrisé et le laisser au repos même s'il est conscient ;
protéger la brûlure par un pansement sec ;
surveiller la victime en attendant la prise en charge par les secours.

1.3.2.3 - LES BRÛLURES PAR PRODUITS CHIMIQUES


Le sauveteur doit immédiatement :
ôter les vêtements imbibés de produits (avec des gants pour ne pas se brûler) ;
arroser à grande eau le plus tôt possible et abondamment la ou les régions atteintes
(pour diluer le produit) ;
éviter l'écoulement sur les parties non atteintes ;
continuer l'arrosage jusqu'à la prise en charge de la victime par les secours médicalisés.

1.3.2.4 - LES BRÛLURES PAR LE PHOSPHORE


Le sauveteur doit appliquer des pansements humides qui mettent les régions atteintes à l'abri
de l'air (le phosphore brûle spontanément à l'air ambiant).

1.3.2.5 - LES BRÛLURES PAR LE NAPALM


Le napalm est un produit incendiaire à base d'essence employé dans les bombardements ou
avec des lance-flammes.
Le sauveteur doit :
éteindre ce qui brûle par des enveloppements, des chiffons humides ou de la boue
humide ;
après l'extinction, pratiquer les mêmes soins que pour un brûlé.
Ne jamais essayer d'éteindre le napalm en frappant ou tapotant sur la partie touchée : ce
procédé augmenterait la surface en feu par projection du liquide enflammé.

117
1.3.2.6 - LES BRÛLURES PAR INHALATION, INGESTION

BRÛLURES INTERNES RESPIRATOIRES PAR INHALATION


Elles sont suspectées chez une personne victime d'un incendie, d'une explosion ou dont les
vêtements se sont enflammés et qui présente :
des brûlures de la bouche (lèvres, langue, face interne des joues, ...) ;
une raucité de la voix (voix anormalement grave) ;
une détresse respiratoire.
Il peut y avoir un œdème [*] (gonflement) du visage, qui doit faire suspecter des brûlures par
inhalation.
Si la victime est consciente et présente des difficultés respiratoires, appliquer la conduite à
tenir devant une victime qui présente une détresse respiratoire.

BRÛLURES INTERNES PAR INGESTION


Elles sont suspectées chez une personne qui, après avoir absorbé un liquide brûlant ou
caustique, présente de violentes douleurs dans la poitrine ou à l'abdomen, parfois associées à
des lésions de brûlure (thermiques) ou des traces blanchâtres (caustiques) au niveau des
lèvres ou de la bouche.
Le sauveteur doit :
ne pas faire vomir ;
ne pas donner à boire ;
allonger la victime sur le côté ;
surveiller la victime et garder l'emballage du produit chimique en cause et le produit
restant.

1.4 - LES MORSURES DE SERPENTS ET LES PIQÛRES


D'INSECTES, D'ARACHNIDES ET AUTRES ARTHROPODES

1.4.1 - GÉNÉRALITÉS
Ce sont des accidents fréquents dans nos pays tempérés. La morsure de serpent est
considérée comme une plaie grave car profonde et septique. Les piqûres d'insectes ou
morsures d'arachnides sont généralement peu graves ; toutefois la localisation et le nombre de
piqûres peuvent être des facteurs aggravants, plus particulièrement sur une victime isolée ou
allergique.
Le risque est plus important dans les zones intertropicales ou subtropicales (fréquence des
missions extérieures en Guyane, en Afrique, ...) par la variété d'animaux venimeux.

118
1.4.2 - LES MORSURES DE SERPENT

1.4.2.1 - MORSURE DE VIPÈRE


Un sujet peut être mordu par un serpent au cours d'exercices, de randonnées, de bivouacs. Il
s'agit, le plus souvent, d'une morsure unique située sur les parties exposées et découvertes du
corps.
En Europe, on ne trouve le plus souvent que deux types de serpents :
la couleuvre, inoffensive ;
la vipère, venimeuse.

La morsure de vipère est souvent moins grave qu'on ne le pense généralement ; cependant,
lorsqu'elle est renouvelée (marche sur un nid) ou localisée à la tête, au cou, elle peut être
dangereuse. Mais toute morsure n'est pas suivie d'envenimation.
La plaie qui en résulte est caractérisée par :
la plaie elle-même (deux points rouges par où coule une sérosité sanglante) ;
l'intoxication partielle ou générale due au poison (venin) injecté au moment de la morsure
: les effets sur le système nerveux sont les plus importants et apparaissent
progressivement (30 minutes au plus tard).

SYMPTÔMES
Les symptômes engendrés par une morsure de serpent sont :
enflure et rougeur hémorragique autour de la morsure ;

119
douleur à l'endroit de la morsure ;
angoisse du sujet ;
faiblesse musculaire généralisée ;
signes de paralysie ;
insensibilité dans la partie atteinte du corps ;
accélération de la ventilation et du pouls après quelques temps ;
maux de tête, sueurs, vomissements et coliques peuvent apparaître.

CONDUITE À TENIR
Ne pas poser de garrot, ne pas pratiquer d'aspiration.
Lorsque la victime est accompagnée.
Calmer et rassurer le blessé qui ne doit pas partir en courant pour chercher du secours
car cela ne ferait qu'augmenter la vitesse de propagation du venin ;
Mettre le blessé au repos absolu ; le porter s'il est nécessaire de le déplacer.
Retirer bague et bracelet en cas de morsure à la main.
Désinfecter la plaie si possible.
Réaliser un pansement légèrement compressif sur la blessure.
Immobiliser le membre atteint avec une attelle.
Alerter rapidement les secours médicalisés.
Surveiller les fonctions vitales et agir en conséquence jusqu'à l'arrivée des secours.
L'évacuation de la victime se fera en position allongée.
Lorsque la victime est isolée.
La victime doit rejoindre le poste médical le plus proche, en évitant toute marche
accélérée ou effort physique.

MESURES DE PRÉCAUTION - PRÉVENTION


En marchant sur des terrains infestés de serpents (zones rocailleuses et ensoleillées) :
s'équiper de chaussures montantes ;
se déplacer en réalisant des vibrations dans le sol (taper le sol) ;
ne pas soulever des pierres ni toucher des murs, des tas de bois ou des buissons sans
précaution.
Lors des bivouacs :
fermer les tentes individuelles ;
maintenir une lumière à l'intérieur pour effrayer tout serpent.

1.4.2.2 - CAS PARTICULIER DES SERPENTS TROPICAUX


En cas de morsure par des serpents tropicaux, les signes sont beaucoup plus importants et les
conséquences plus graves.

120
Les venins peuvent être hémotoxiques (toxiques pour le sang), neurotoxiques (nerfs, cerveau),
cardiotoxiques (cœur), myotoxiques (muscles). Il peut exister une combinaison de ces
différentes actions.

Nécrose après morsure de serpent

L'évacuation vers le poste médical ou l'hôpital le plus proche est impérative, et ce de manière
urgente en vue d'une éventuelle sérothérapie [*] extrêmement efficace (mortalité divisée par
trois). Seul un médecin peut effectuer cette sérothérapie.
Compte tenu de la gravité de ces morsures, il convient ici d'insister sur la prévention déjà
mentionnée plus haut :
ne jamais être seul ;
inspecter son duvet avant de se coucher ;
renverser ses chaussures avant de les mettre ;
porter des chaussures montantes ;
se déplacer en réalisant des vibrations dans le sol (taper le sol).
D'une manière générale ces animaux sont très craintifs et s'enfuient dès qu'ils entendent du
bruit.
Le venin reste toxique longtemps après la mort du serpent (se méfier des animaux morts :
persistance du réflexe de morsure un certain temps après la mort).

le cobra cracheur :
Il vise ce qui brille (donc les yeux) ; il est précis à 3
mètres. Son venin engendre de graves lésions de la
cornée [*].
En cas de projection de venin dans les yeux :
rincer rapidement, abondamment et longtemps les
yeux avec du sérum physiologique ou de l'eau.

121
1.4.3 - LES PIQÛRES D'INSECTES, D'ARACHNIDES ET
AUTRES ARTHROPODES
Les piqûres d'insectes (abeilles, guêpes, bourdons, moustiques, mouches) sont le plus souvent
bénignes. Quelques cas, cependant présentent un réel danger.
Une piqûre dans la cavité buccale, la gorge ou au cou peut exceptionnellement
provoquer une obstruction des voies respiratoires due à un gonflement local (guêpes,
abeilles).
Une hypersensibilité aux piqûres d'insectes ou morsure d'arachnides peut provoquer des
réactions allergiques potentiellement dangereuses.
La transmission de maladies mortelles : paludisme, fièvre jaune, maladie du sommeil,
fièvres hémorragiques en zone d'endémie [*] (pays tropicaux et équatoriaux).

1.4.3.1 - SYMPTÔMES
Au niveau de la piqûre :
démangeaisons, douleurs locales lancinantes, cuisantes ;
un gonflement et une rougeur de 5 à 10 cm de diamètre peuvent apparaître en quelques
minutes et jusqu'à quelques heures.

Signes de réaction générale en cas d'allergie :


troubles de la conscience ;
difficultés respiratoires ;
troubles du rythme cardiaque pouvant apparaître en l'espace de quelques secondes
jusqu'à une heure environ après la piqûre ;
urticaire (démangeaisons intenses généralisées) et rougeurs ;
œdème [*] de différentes parties du corps, en particulier le visage ;
diarrhée et vomissements.

1.4.3.2 - CONDUITE À TENIR


Réaction générale pour une victime consciente :
allonger le sujet jambes surélevées ;
en cas de difficultés respiratoires, laisser la victime assise et la surveiller.
Actions particulières :

122
éviter de gratter et de frotter ;
enlever avec précaution l'aiguillon s'il est présent (abeille) ;
refroidir la zone atteinte à l'aide d'un linge frais ;
tamponner la blessure avec un antiseptique autorisé ;
surélever le membre piqué.
En cas de piqûre dans la cavité buccale ou la gorge ou en cas de réaction allergique
généralisée :
alerter immédiatement le poste médical ;
faire sucer de la glace au patient (si possible) ;
maintenir la victime au repos, la rassurer ;
surveiller les fonctions vitales et agir en conséquence jusqu'à l'arrivée des secours.
Les morsures ou les piqûres des araignées, des scorpions ou des scolopendres sont
assimilables à des piqûres d'insectes. Dans les régions tropicales, ces morsures sont
potentiellement dangereuses et le recours médical s'impose.

Nécrose consécutive à une morsure par araignée


Loxosceles laeta en Amérique du Sud

Scolopendre, parfois venimeux


pouvant occasionner des douleurs, un œdème et
parfois une nécrose

1.4.3.3 - PRÉVENTION
Couvrir les parties du corps, éviter short et chemisette.
Utiliser des insectifuges à appliquer sur la peau pour éloigner les insectes.
Utiliser obligatoirement une moustiquaire dans les bivouacs, notamment dans les
territoires d'outre-mer.

123
Ne pas soulever les pierres à mains nues ; ne pas mettre les mains dans les trous ; ne
pas marcher pieds nus.

1.5 - L'HYPOTHERMIE - LES GELURES

1.5.1 - GÉNÉRALITÉS
En hiver, le risque d'apparition d'accidents dus au froid augmente lors des activités militaires se
déroulant à l'extérieur, surtout si le froid et l'humidité se conjuguent. Par ailleurs, certaines
activités augmentent plus spécifiquement le risque : opération en haute montagne, saut en
parachute à ouverture retardée, mission subaquatique, etc. Ces accidents peuvent être bénins
(engelures) ou graves (hypothermie sévère), avec ralentissement des fonctions vitales puis, à
l'extrême, arrêt cardio-respiratoire.
Le bon fonctionnement de l'organisme humain nécessite le maintien de sa température
centrale à 37 degrés. Lors de l'exposition au froid, il est nécessaire de corriger la tendance à la
baisse de cette température centrale par deux moyens :
augmentation de la production de chaleur dans le corps par :
le travail musculaire (l'exercice physique) ;
le "frisson thermique", réaction naturelle (physiologique) de l'organisme soumis au
froid ;
l'alimentation et / ou des boissons chaudes.
diminution de la déperdition de chaleur vers l'extérieur par :
des moyens complémentaires (vêtements adaptés, abris, chauffage).

1.5.2 - FACTEURS FAVORISANT LES ACCIDENTS DUS AU


FROID

1.5.2.1 - FACTEURS LIÉS À L'INDIVIDU


L'origine géographique ou raciale : les personnels originaires de pays chauds sont
plus prédisposés aux lésions dues au froid.
L'âge : chez l'adulte, la sensibilité augmente avec l'âge.
Les antécédents de lésions dues au froid.
La fatigue : réduction de l'activité physique et manque de sommeil réduisent la
résistance au froid.
L'activité : le travail musculaire est une importante source de chaleur ; cependant un
excès d'activité physique peut entraîner une transpiration qui, en s'accumulant dans les
vêtements, peut réduire leur pouvoir isolant.
L'immobilité entraîne une diminution de la production de chaleur, avec refroidissement
corporel, particulièrement au niveau des extrémités.
L'alimentation : la privation de nourriture favorise les accidents dus au froid. Une ration
de 3600 à 4000 calories est suffisante pour des personnels correctement protégés. Elle
peut être augmentée lors d'efforts physiques intenses.
L'alcool, le café, le tabac, les drogues.

124
L'alcool provoque une fausse sensation de chaleur en accélérant la circulation
sanguine cutanée, avec pour conséquence une augmentation des pertes
caloriques, une perte du "frisson" et donc l'accélération du refroidissement du corps.
Le tabac et le café entraînent des troubles de la circulation en périphérie des
membres, facteur favorisant l'apparition de gelures.

1.5.2.2 - FACTEURS LIÉS À L'ENVIRONNEMENT


Milieu ambiant : outre la température, l'humidité et le vent contribuent à la déperdition de
chaleur.
Circonstances opérationnelles : les périodes de combat aggravent les risques.
Durée d'exposition.

Remarque
Par temps froid ne pas laisser de personnel dormir dans des cabines de véhicule, moteur
tournant, pour se réchauffer. En effet, l'intoxication au monoxyde de carbone et/ou aux gaz
d'échappement peut avoir des conséquences mortelles.

1.5.3 - DESCRIPTION DES TROUBLES


Selon la durée d'exposition au froid et l'intensité du froid, les accidents constatés sont plus ou
moins étendus.
S'ils ne concernent qu'une partie du corps, ils se manifestent par des gelures.
S'ils concernent la totalité de l'organisme, à côté de possibles atteintes locales, s'installe
une diminution progressive de la température centrale : c'est l'hypothermie.

1.5.3.1 - LES GELURES


Les gelures sont engendrées ou favorisées par :
une action du froid sur la peau, au niveau de la face et des extrémités des membres
(mains et pieds) essentiellement. Elles peuvent survenir en quelques minutes, si la peau
nue est exposée au froid intense et au vent ;
le contact de la peau nue avec des corps métalliques très froids. Elles peuvent survenir
en quelques secondes ;
la déshydratation chronique en climat froid quand l'air est très sec.

GELURE SUPERFICIELLE
La peau est pâle, parfois violacée, la sensibilité est diminuée. Il peut parfois apparaître des
"bulles" de même aspect que celles provoquées par les brûlures. Lors du réchauffement à ce
stade, la peau devient rouge et douloureuse.

125
GELURE PROFONDE
La peau est violacée et totalement insensible. Des bulles plus volumineuses au contenu
sanglant apparaissent.

Gelure profonde

LE PIED DE TRANCHÉE
Aspect pathologique particulier qui s'apparente aux gelures, lié à l'action du froid associé à
l'humidité, pas forcément très intense, sur les tissus.
Cela n'arrive pas que dans des tranchées ; cela peut arriver à un pilote de char qui bouge peu,
dans un froid humide.

126
Pied de tranchée

1.5.3.2 - L'HYPOTHERMIE
La baisse de la température centrale du corps entraîne des troubles dès que celle-ci atteint 35
degrés. En cas d'immersion dans l'eau, la survenue de l'hypothermie est accélérée, la
conductivité thermique de l'eau étant vingt-cinq fois supérieure à celle de l'air.
Signes d'alarme :
ralentissement de l'activité physique et psychique avec conscience conservée ;
frisson intense généralisé (le frisson disparaît en dessous de 32 degrés) ;
apparition de douleurs musculaires (surtout dans la nuque).
Signes de gravité :
troubles de la conscience, le sujet est hébété ;
disparition du frisson et apparition d'une rigidité musculaire ;
peau livide.
L'évolution se fait vers l'inconscience puis l'arrêt cardio-respiratoire.

1.5.4 - CONDUITE À TENIR


Dans tous les cas, soustraire la victime du froid, l'isoler dans un endroit chaud
(habitation, véhicule, ambulance, ...), lui ôter les vêtements s'ils sont mouillés ou
humides.

1.5.4.1 - LES GELURES

LA GELURE SUPERFICIELLE
Mettre la victime au repos.
Enlever doucement gants, anneaux, chaussures.
Réchauffer la zone gelée en la couvrant.
Ne pas frotter.
Protéger la gelure par un pansement aseptique ou à défaut un linge propre.
Alerter les secours de l'unité et évacuer dès que possible.
Couvrir l'intéressé et surveiller ses fonctions vitales.

127
LA GELURE PROFONDE
Mettre la victime au repos strict.
Réchauffer la zone gelée, en la couvrant.
Protéger la peau par un pansement aseptique.
Alerter les secours de l'unité et évacuer en urgence.
Couvrir et surveiller les fonctions vitales, en particulier la conscience : risque de survenue
d'un coma, si hypothermie généralisée associée.

1.5.4.2 - L'HYPOTHERMIE
La priorité est le réchauffement du sujet après l'avoir soustrait de son environnement.
Sur le terrain, le camarade de combat effectuera un réchauffement doux :
contact avec la peau du sauveteur ;
rassurer et couvrir le blessé (couverture de survie, bouillotte si possible) ;
donner des boissons chaudes, si la victime est consciente (jamais d'alcool) ;
alerter les secours de l'unité et évacuer le plus rapidement possible.

1.5.5 - PRÉVENTION DES ACCIDENTS DUS AU FROID

1.5.5.1 - PRISE EN COMPTE DU RISQUE PAR LE


COMMANDEMENT
En période hivernale ou dans un environnement froid, les risques de gelure et d'hypothermie
doivent être pris en compte dans la préparation de toute mission. La prévention de ces risques
contribue à la préservation des effectifs.

1.5.5.2 - ENTRAÎNEMENT
Un entraînement physique régulier limite les risques d’accident lié au froid, de même qu'un
acclimatement progressif.

1.5.5.3 - HABILLEMENT - ALIMENTATION


L'habillement doit être en permanence adapté au climat et à la saison :
vêtements amples superposés et portés sous un vêtement résistant au vent et à l'eau ;
pieds protégés par des chaussettes non humides, superposées, non serrées, dans des
chaussures imperméables à l'eau ;
port de gants fourrés et tête protégée en toutes circonstances.
Une bonne hydratation et une alimentation riche en calories (graisse) favorisent la production
de chaleur.
La consommation d'alcool augmente les pertes de chaleur et constitue un facteur de risque de
l'hypothermie.

128
1.5.5.4 - PRISE EN CHARGE D'UN BLESSÉ
Quelle que soit la température extérieure, l'hypothermie doit être prévenue chez tout
blessé en l'isolant du sol et en le couvrant. En effet, un blessé a toujours tendance à se
refroidir et cela va aggraver son état.

1.5.5.5 - INFORMATION DU PERSONNEL


Au début de la période hivernale, les risques et mesures de prévention évoqués
précédemment doivent faire l'objet d'un rappel à l'ensemble du personnel.

1.5.6 - CAS PARTICULIER DE LA VICTIME ENSEVELIE DANS


UNE AVALANCHE
La victime présentera à la fois des lésions liées à un effet de souffle (blast), un syndrome
d'écrasement (crush), des lésions traumatiques et des pathologies dues au froid.

1.6 - LE COUP DE CHALEUR

1.6.1 - GÉNÉRALITÉS
Fréquent en milieu militaire, le coup de chaleur est un accident très grave, survenant lors
d'efforts physiques et/ou dans des conditions climatiques particulières. Il peut entraîner la mort.
L'effort physique entraîne une hausse de la température corporelle. Le coup de chaleur est la
conséquence de l'impossibilité pour l'organisme à réguler sa température corporelle.

1.6.2 - CAUSES
Le coup de chaleur survient, le plus souvent, lors d'une activité physique intense chez un jeune
peu entraîné, en ambiance thermique chaude.
Cette augmentation de température peut être due à de nombreux facteurs :
température ambiante chaude (à partir de 23 degrés) ;
degré d'humidité dans l'air important (difficilement mesurable) ;
absence de vent ;
exercices physiques ;
acclimatement et entraînements insuffisants ;
équipements et vêtements inadaptés ;
alimentation, en particulier en eau, insuffisante ;
sujets prédisposés ou fragiles ;
sujets en surcharge pondérale ;
médicaments, alcool ;
fatigue.

1.6.3 - SIGNES
Les signes sont importants à connaître :

129
douleurs du type crampes musculaires ;
troubles du comportement (agitation, propos incohérents, désorientation) ;
démarche ébrieuse ;
apparition d'une fatigue importante ;
maux de tête violents, avec parfois vertiges et nausées, voire vomissements ;
peau très chaude, sujet rouge, couvert ou non de sueur ;
hyperthermie (température > 40 degrés) ;
soif plus ou moins intense ;
respiration rapide et superficielle ;
Possibilité d'évolution vers perte de conscience et / ou état de choc, voire décès.

1.6.4 - CONDUITE À TENIR


Il faut agir rapidement avant l'aggravation des signes et l'apparition d'un coma.
Soustraire à la chaleur et mettre immédiatement au repos absolu dans un endroit frais et
ventilé.
Faire alerter les secours de l'unité par un tiers.
Refroidir en déshabillant le sujet, puis l'asperger avec de l'eau ou l'essuyer avec un linge
humide, ventiler avec ventilateur ou serviettes.
Faire boire, si conscient, de l'eau fraîche par petite quantité et fréquemment.
Surveiller les fonctions vitales jusqu'à l'arrivée des secours.

1.6.5 - PRÉVENTION
Connaître les contre-indications et les effets secondaires de certains médicaments
comme les médicaments pour les nerfs (neuroleptiques) et chez les sportifs, les produits
dopants.
Eviter dans la mesure du possible les activités physiques intenses aux heures chaudes.
Surveiller l'alimentation et l'hydratation, en particulier éviter la restriction hydrique et ne
pas consommer de boissons alcoolisées.
Adapter ses vêtements aux conditions climatiques ; attention aux vêtements trop serrés,
imperméables, qui ne permettent pas une évaporation de la sueur.
S'entraîner de façon progressive et adaptée.
Ne jamais faire du sport seul surtout en cas de pratique dans un lieu isolé.
Boire de façon répétée et en petites quantités à chaque fois.
Surveiller les sujets fragiles.
Respecter une période d'acclimatation à l'arrivée sur un théâtre d'OPEX ou MCD d'au
moins deux semaines sans pratique sportive afin que l'organisme s'acclimate aux
fortes chaleurs.
Prendre connaissance de l'index WBGT (wet-bulb globe température) et des consignes
qui doivent être affichées à l'entrée du camp ou du parcours de sport.
Cet indice prend en compte la température et le degré hygrométrique afin de faire une
estimation des conditions de pratique sportive :

130
- vert : sport autorisé sans restriction (mais avec précautions d'usage) ;
- orange : sport autorisé avec restrictions ;
- rouge : sport non autorisé.

Remarque
Le coup de chaleur n'est pas une fièvre mais une accumulation de chaleur dans
l'organisme qui n'est plus capable de l'évacuer, c'est pourquoi il ne faut pas donner du
paracétamol ou de l'aspirine (ils sont inutiles voire dangereux).

Important
Tout comportement anormal lors d'un effort doit faire arrêter l'effort et faire suspecter un
coup de chaleur d'exercice.

1.7 - LE STRESS OPÉRATIONNEL ET LE TRAUMATISME


PSYCHIQUE

1.7.1 - DÉFINITIONS
Tous les conflits, en fonction de l'intensité des combats et du retentissement physique et
psychique occasionné, ont été marqués par la problématique du taux d'attrition [*] lié à
l'incapacité opérationnelle du combattant. En effet, le soldat peut être particulièrement exposé
à des contraintes opérationnelles et à des situations potentiellement traumatiques. Les
manifestations psychiques susceptibles de résulter de ces expositions sont multiples.
L'instruction et l’entraînement dès le temps de paix doivent permettre d'en limiter la portée.
Deux registres cliniques sont à distinguer : le stress et le traumatisme psychique.
la notion de stress regroupe l'ensemble des réactions bio-psycho-comportementales
d'un individu affrontant une contrainte dans son environnement extérieur. Nul n'échappe
au stress qui constitue une réponse adaptative normale. Le stress au combat peut être
défini comme une réaction psychologique et physiologique d'alarme et de défense
observée chez le combattant à l'imminence, au déclenchement et pendant le
déroulement du combat. Dans certains cas, la nature ou l'intensité des facteurs de stress
peuvent conduire à l'épuisement des ressources adaptatives (l'individu ne parvient plus à
gérer le stress) et à l'apparition, sans mesure correctrice, d'un état pathologique [*]. La
fatigue opérationnelle peut en être une modalité évolutive ;
le traumatisme psychique est un bouleversement de l'équilibre psychique qui renvoie à
une effraction des défenses d'un individu lors de la confrontation soudaine, fulgurante
avec un événement particulièrement marquant pour lui : c'est le cas typique de la
confrontation directe à la mort. En général, il existe une dimension de rupture brutale
avec l'état antérieur et l'apparition d'une symptomatologie bien spécifique.
Il n'existe pas de continuum allant du stress au traumatisme. Il s'agit de deux réactions
bien différentes dans leur mécanisme, même si elles peuvent parfois être intriquées (un même
individu peut être à la fois stressé et traumatisé).

131
1.7.2 - CONTEXTE OPÉRATIONNEL
En opération, le militaire est confronté à des contraintes importantes. Si la plupart sont
inévitables car inhérentes à la mission, il est important de pouvoir les identifier et de maintenir
une forme de vigilance afin de limiter leur impact et de préserver au maximum la santé
psychique du combattant ainsi que l'efficience du fonctionnement du groupe.

1.7.2.1 - LES SITUATIONS STRESSANTES


Il s'agit de l'ensemble des situations qui exercent une contrainte physique ou psychique sur
l'individu. Leur effet est cumulatif, constituant ainsi une forme d'usure, susceptible de
s'améliorer lors de la levée des facteurs de stress en cause.
Les facteurs de contrainte peuvent être liés :
aux conditions de vie : bien souvent spécifiques au théâtre et à la mission, ils peuvent
varier au cours des opérations. Les principaux rapportés sont : la distance avec les
proches et la difficulté à communiquer avec ceux-ci ; le manque d'intimité et les
conditions d'hygiène dégradées ; un quotidien bien souvent rythmé par la vie du groupe
et limitant les temps de détente et les activités personnelles qui existent en métropole ;
les conditions climatiques, etc.
aux opérations : le combat ; le climat d'insécurité et la répétition ou l'exposition
prolongée aux situations nécessitant un état d'hypervigilance ; l'alternance de périodes
d'activité bien souvent intenses et de périodes d'ennui ; la difficulté à se ménager des
temps de repos et à préserver un temps de sommeil suffisant ; certains facteurs
susceptibles d'affecter l'organisme en fonction du degré d'exposition tels que le bruit, les
vibrations, l'ambiance thermique, etc.
à l'individu : traits de caractère ; capacité à gérer les situations de stress et à faire face à
l'enchaînement des missions sur le territoire national et à l'étranger ; intégration dans le
groupe ; préparation avant la mission et entraînement physique ; motivation pour la
mission ; situation personnelle et familiale avant le départ, etc.
Il existe des facteurs qui, a contrario, peuvent être protecteurs. Nous citerons le bon
fonctionnement du groupe, la cohésion d'ensemble, le leadership, la formation des chefs à la
gestion des événements critiques et aux problématiques psychologiques, l’entraînement avant
le départ en mission et le rythme régulier des pauses opérationnelles qui sont susceptibles de
constituer un soutien pour les individus. La présence d'une chaîne sanitaire intégrée est aussi
un facteur protecteur clairement identifié par les combattants. Le dialogue entre les acteurs du
soutien santé et le commandement est déterminant.

1.7.2.2 - LES SITUATIONS POTENTIELLEMENT


TRAUMATIQUES SUR UN PLAN PSYCHIQUE
Ce sont généralement des événements marquants, c'est-à-dire qui s'inscrivent par leur
brutalité au regard de la continuité de la mission. La façon de réagir face à ce type
d’événement est propre à chaque individu. Être confronté à un événement potentiellement
traumatique ne signifie pas forcément que l'individu va développer un tableau pathologique.
C'est ce que l'on constate par exemple quand, dans un groupe de combattants exposés au
même événement, seulement quelques-uns d'entre eux développent des symptômes.
De la même manière, développer des symptômes durant les jours qui suivent l’événement
potentiellement traumatique n'implique pas forcément que l'individu va présenter un état de
stress post-traumatique au long cours. En effet, la majorité des individus présentant des
symptômes immédiats ont une évolution clinique favorable en quelques jours ou en quelques
semaines.

132
Bien qu'il ne soit pas possible d'établir une liste exhaustive des situations potentiellement
traumatiques, certains événements nécessitent une vigilance particulière :
la rencontre avec la mort, que ce soit la sienne ou celle d'autrui (explosion d'un IED,
actions de combat, bombardements, accident de VAB, etc.) ;
la confrontation à une scène horrifiante (blessures, mutilations, découverte d'un
charnier, lieu d'un crash, etc.) ;
les situations au cours desquelles l'individu expérimente un sentiment
d'impuissance et/ou de passivité (ordre de ne pas intervenir notamment).
Il est nécessaire de souligner que l’événement potentiellement traumatique peut également
renvoyer à des problématiques plus personnelles dont on ne saurait généraliser la
configuration.
En outre, il est actuellement établi que la blessure physique ne constitue pas un facteur
protecteur mais vient au contraire augmenter le risque de présenter des symptômes psycho-
traumatiques par la suite.

1.7.3 - RÉACTIONS PATHOLOGIQUES

1.7.3.1 - RÉACTIONS DE STRESS


Les troubles liés au stress évoluent au cours du temps et sont extrêmement polymorphes [*],
associant des manifestations physiques, psychiques et comportementales. Leur expression est
en lien direct avec l'intensité, la durée ou la répétition de la situation stressante et tend à
diminuer ou à céder lors de l'arrêt de l'exposition à cette dernière.
La sensibilisation des chefs et des soldats au repérage des manifestations du stress et à
leur gestion constitue un facteur important pour la bonne conduite de la mission.
les manifestations physiques classiquement décrites sont : tachycardie (cœur qui bat
très vite) ; tremblements ; symptômes digestifs (nausées, vomissements, diarrhées) ;
sentiment d'oppression thoracique ; difficultés à respirer ; sensation d'épuisement intense
; plaintes somatiques [*] diverses (maux de tête, douleurs dorso-lombaires ou dans la
poitrine, etc.). Ces manifestations physiques, même si elles sont attribuées au stress, ne
doivent pas empêcher un examen clinique rigoureux du combattant à la recherche d'une
lésion physique (notamment après une exposition au combat) ;
les manifestations psychiques les plus souvent exprimées sont : vécu de malaise, de
tension, crainte sans objet, angoisse intense ; vécu catastrophiste (sensation de danger
imminent, inquiétude pour l'avenir) ; changement de caractère : tendance à perdre ses
moyens face aux difficultés ou aux frustrations, troubles de la concentration, irritabilité,
agressivité, etc.
les manifestations comportementales : manifestations bruyantes des émotions (pleurs,
cris, etc.), excitation psychomotrice voire agitation ou au contraire tendance au repli et à
l'isolement vis-à-vis du groupe, évitement des activités ou des prises d'initiatives,
difficultés à réaliser des gestes simples, impulsivité et tendance aux conflits avec les
autres membres du groupe, insomnie et impossibilité de se détendre, conduites à risque
(consommation excessive d'alcool ou de tabac, prise de drogue), tendance à s'opposer à
la hiérarchie (indiscipline, négligence dans la tenue ou l'hygiène, dévalorisation de la
mission et des chefs), accroissement des consultations médicales, etc.

133
1.7.3.2 - SYMPTÔMES PSYCHO-TRAUMATIQUES
Les réactions présentées dans les suites de la confrontation à une situation à potentialité
traumatique peuvent être immédiates ou différées.
Dans les minutes et les heures qui suivent, il est nécessaire d'être particulièrement attentif
aux réactions psycho-comportementales suivantes : état de stupeur ou de sidération (repli sur
soi, mutisme) ; agitation psychomotrice, actes automatiques potentiellement dangereux ;
troubles du cours de la pensée (propos incohérents, comportement inadapté, confusion, etc.).
Dans les jours qui suivent, sont particulièrement évocateurs : les cauchemars centrés sur
l’événement en cause, une insomnie, la présence de flash-back qui rappellent la scène vécue,
un état d'hypervigilance (sursauts au moindre bruit, tension anxieuse, état de qui-vive), un repli
ainsi que des changements sur le plan du caractère (irritabilité, agressivité) et sur le plan
cognitif [*] (difficultés de concentration, pertes de mémoire). Une attention toute particulière doit
être portée sur l'apparition de consommations de substances psychoactives (consommation
massive d'alcool susceptible de majorer les troubles du comportement).
La chronologie d'apparition des symptômes est extrêmement variable selon les individus. Ainsi,
chez la plupart des individus qui présentent des symptômes immédiatement après
l’événement, la symptomatologie va disparaître après quelques jours. D'autres ne présenteront
pas de symptômes immédiats mais développeront des réactions pathologiques plusieurs jours
voire plusieurs mois après l’événement.

1.7.4 - CONDUITE À TENIR ET ORGANISATION DES SOINS


Bien que les mécanismes à l'origine du stress et ceux à l'origine du traumatisme psychique
soient parfois intriqués, leurs conséquences sur l'individu (logique de rupture pour le
traumatisme, logique d'usure pour le stress) imposent une gestion et une organisation des
soins différentes.

1.7.4.1 - GESTION DU STRESS CHEZ LES COMBATTANTS


Le niveau de stress chez les combattants est, comme décrit précédemment, fonction de
l'exposition aux facteurs de contrainte et aux facteurs protecteurs.

134
La logique de gestion du stress est avant tout une logique de prévention. Celle-ci s'exerce à
différents temps de la mission. Si toutefois des symptômes persistent dans le temps, il est de la
responsabilité de chacun, et particulièrement des supérieurs hiérarchiques, de faciliter l'accès
à une consultation médicale pour le personnel en état de souffrance psychique.
Avant la mission :
Il s'agit du temps de la préparation opérationnelle :
l’entraînement à la mission doit être à même de développer la résistance physique et
mentale du combattant. Celui-ci doit acquérir par l'instruction et la répétition des
exercices, des automatismes nécessaires à l'accomplissement de la mission en situation
de stress ;
sur le plan collectif, l’entraînement répété permet d'améliorer le fonctionnement et la
cohésion du groupe à tous les niveaux (trinôme, groupe, section) ;
la sensibilisation aux objectifs, aux risques de la mission et au contexte géopolitique du
territoire, permet au combattant une anticipation relative de ce à quoi il est susceptible
d'être confronté. De la même manière, avant chaque action, cette sensibilisation doit être
renouvelée lors de la mise en condition du combattant afin de renforcer sa motivation et
de limiter la banalisation des dangers inhérents à la mission ;
l'information préalable sur les réactions possibles dans un contexte d'anxiété est à même
de lutter contre certaines idées reçues : il ne s'agit en aucun cas de lâcheté ou de
simulation. Ceci permet de désamorcer des idées éventuelles de culpabilité chez
l'individu et de lui permettre de s'appuyer sur ses camarades et le personnel soignant
dans le cas où il se retrouve en difficulté au cours de la mission.
En cela, l'hygiène psychique doit être valorisée au même titre que l'hygiène sportive.
Pendant la mission :
sur le plan collectif, il s'agit de ménager des temps de repos (la privation de sommeil est
un facteur de stress important) et des temps de pause opérationnelle si cela est
compatible avec la mission. La difficulté pour le commandement réside dans l'équilibre
délicat entre les temps de repos et les périodes d'activité. Lors des temps de pause
opérationnelle, il est important de préserver des moments de temps libre, qui peuvent par
exemple être utilisés par le soldat pour maintenir le lien avec ses proches en métropole. A
contrario, sur un camp, l'ennui est susceptible de s'installer rapidement. En cela,
l'organisation d’entraînements (dont l'intensité doit rester modérée afin de faciliter la
récupération des organismes) ou de tournois sportifs permet de maintenir une forme
d'activité pour les soldats tout en renforçant la cohésion du groupe. De la même manière,
une attention doit être portée à la dynamique du groupe : détection et désamorçage
précoce des tensions ou conflits éventuels, transmission des informations relatives à la
mission afin de favoriser la motivation des soldats. Dans le cadre de situations
particulièrement impactantes psychologiquement (par exemple, le décès d'un camarade),
il est nécessaire de veiller à réunir le groupe afin de délivrer avec tact les informations
nécessaires et de limiter les suppositions et rumeurs qui entretiennent un climat
d'anxiété ;
sur le plan individuel, une vigilance particulière doit être portée sur les changements
psychiques et comportementaux évoqués plus haut. La bienveillance des supérieurs et
des autres membres du groupe vis-à-vis des personnes en difficulté permet bien souvent
de désamorcer des situations complexes et de faciliter l'accès aux soins ;
la vigilance du chef par rapport à la santé de ses subordonnés est capitale. Le maintien
de certains repères tels que la discipline (tenue, hygiène, respect de la hiérarchie) ou
encore de temps d'information sur la programmation des jours à venir (« les ordres ») doit

135
également permettre d'identifier les individus en difficulté. L'organisation par la hiérarchie
de points de situation à la fin d'une action permet, au-delà des aspects tactiques, de
recontextualiser la place de chacun au cours de l'action et de porter une attention
particulière aux réactions des soldats. Ici aussi, il s'agit de ne pas présager des réactions
des autres individus par rapport à son propre vécu de l’événement. Les réactions de
chacun sont extrêmement variables (notamment en fonction de l'histoire personnelle) et
pas nécessairement proportionnelles à l'intensité de l’événement vécu ;
le sas de fin de mission est un dispositif qui participe à un désengagement progressif. Il
permet de prévenir certains effets du stress opérationnel, d'amorcer une réadaptation
graduelle au rythme de vie du quotidien au sein du régiment mais aussi auprès de la
famille.
Après la mission : la vigilance
De la même manière que pendant la mission, durant les semaines et les mois qui suivent le
retour de mission, peuvent apparaître des manifestations de mise en tension de l'équilibre
adaptatif de l'individu. En effet, le contexte du retour d'opération est générateur d'autres
facteurs de stress (difficultés de réadaptation à la vie civile, perte du soutien du groupe
militaire, retrouvailles parfois compliquées avec les proches, etc.). Par conséquent, il s'agira de
maintenir une forme de vigilance quant aux changements de comportement et de rester à
l'écoute des plaintes exprimées afin de pouvoir faciliter le recours aux soins. Le dialogue entre
le commandement, les cadres de contact et l'antenne médicale est capital pour permettre à un
militaire en souffrance de s'inscrire dans un parcours de soin ajusté.

1.7.4.2 - CONDUITE À TENIR DANS LES MINUTES ET LES


HEURES QUI SUIVENT UN ÉVÉNEMENT À POTENTIALITÉ
TRAUMATIQUE
Récemment, le service de santé des armées, par l'intermédiaire de l’École du Val-de-Grâce, a
élaboré un référentiel pédagogique pour la mise en œuvre des Premiers Secours
Psychologiques en Opération (PSPO [*]). La sensibilisation aux PSPO au profit du personnel
assurant la fonction de cadre est actuellement en cours au sein de différentes unités.
Les objectifs sont, dans les minutes et les heures qui suivent une exposition à un événement
susceptible d'avoir un impact psychologique, de permettre à n'importe quel combattant
d'adopter une attitude adaptée et sécurisante à l'égard d'un camarade en état de souffrance
psychique.
Quelles que soient les manifestations psychiques d'incapacité opérationnelle, les grands
principes de prise en charge sont les suivants :

136
établir une communication privilégiée par un contact physique ou verbal avec lui pour
le rassurer. Il s'agit d'amorcer un échange bienveillant en utilisant des messages simples,
fermes et clairs. Toute attitude agressive est à proscrire. Une fois le contact amorcé et
tant que dure l'état de souffrance psychique, le blessé ne doit pas être laissé seul. Si sa
gestion initiale repose sur ses camarades, ceux-ci doivent assurer une présence
permanente à ses côtés jusqu'à sa prise en charge par un personnel soignant ;
redonner des repères simples au sujet de manière à lui permettre de reprendre contact
avec la réalité (coordonnées de lieu, de temps, l'informer de ce qui s'est passé et de ce
qui est en cours actuellement) ;
donner au militaire en difficulté des ordres simples afin qu'il puisse être mis à l'abri ;
rendre compte à la hiérarchie ou à un personnel ayant une fonction de soignant,
des signes observés et de la prise en charge réalisée ;
assurer sa protection en veillant à ses besoins primaires (boire, manger, se protéger
du froid ou de la chaleur, etc.). Le retrait de son arme ou de ses chargeurs sera envisagé
en fonction de son état psychique et du niveau de risque sur le théâtre des opérations. Il
s'agira aussi de mettre en œuvre la démarche apprise dans le cadre du sauvetage au
combat de niveau 1 pour s'assurer que le combattant n'est pas blessé physiquement ;
orienter dès que possible vers un personnel soignant pour une évaluation
spécialisée. Garder en tête que dans ce type de situation, le blessé psychique se trouve
bien souvent dans l'impossibilité de demander lui-même les soins du fait de son état
clinique.
Différentes interventions, dont la pertinence et les modalités pratiques doivent être discutées
avec le commandement, pourront être organisées par le personnel soignant formé et entraîné
à de telles pratiques. Il s'agit, pour les citer, des débriefings médico-psychologiques collectifs
ou individuels des impliqués, qui interviennent classiquement quelques jours après
l’événement. Ces séances visent la verbalisation des affects [*], le repérage des individus les
plus impactés psychiquement et l'information sur les symptômes qui constituent des signaux
d'alarme et doivent orienter vers un suivi médical.

1.7.4.3 - REPÉRAGE DES TROUBLES PSYCHIQUES POST-


TRAUMATIQUES ET ORGANISATION DES SOINS AU LONG
COURS
Les troubles psychiques post-traumatiques sont susceptibles de s'exprimer à distance de la
mission, parfois plusieurs mois, voire plusieurs années plus tard.
En plus des symptômes de répétition traumatique (cauchemars et flash-back), de
l'hypervigilance (qui-vive et sursauts), des changements de caractère (irritabilité) et d'une
éventuelle consommation de substance psychoactive, des réactions d'évitement peuvent se
mettre en place à la fin de la mission. Il s'agit des comportements qui permettent à un individu
de ne pas être à nouveau confronté à une situation susceptible de lui rappeler la mission. Cela
peut être le souhait de ne plus participer aux entraînements ou aux exercices de tir, de prendre
ses distances avec le milieu militaire ou encore de ne plus supporter d'aller dans les lieux avec
de la foule où il serait difficile de s'extraire (refus d'aller dans les grands magasins, les
transports en commun, par exemple).
Très souvent, ce sont les proches (familles, collègues, commandement) qui amènent le blessé
psychique à consulter afin qu'il puisse bénéficier d'une évaluation spécialisée. Lors du retour
de mission, idéalement trois mois après, un bilan post-opérationnel doit être réalisé avec le
commandant d'unité et avec l'antenne médicale pour repérer les éventuels troubles psychiques

137
post-traumatiques (veiller à bien compléter la fiche de suivi post-opérationnel et à réaliser un
rapport circonstancié en vue de l'inscription au registre des constatations dans l'éventualité de
l'exposition à un événement potentiellement traumatique en mission).
Depuis 2013, le dispositif « Écoute Défense » propose aux militaires, anciens militaires et à
leur famille, un accueil téléphonique au 08 08 800 321 (numéro vert 7j/7 et 24h/24) susceptible
de faciliter leur information et leur orientation éventuelle vers des soins spécialisés.

L'inscription dans un parcours de soin spécialisé, le plus précocement possible, est la


cible recherchée ; elle permet d'infléchir favorablement le pronostic évolutif des
troubles psychiques.

138
1.8 - LE TROUBLE SONORE AIGU

1.8.1 - GÉNÉRALITÉS
Près de 1200 troubles sonores aigus (TSA [*]) aussi appelés traumatismes sonores aigus sont
déclarés tous les ans dans les armées françaises. Les TSA sont la 3e pathologie la plus
déclarée sans compter le fait que ce sont des blessures invisibles probablement sous-
déclarées par les militaires.
L'armée de Terre paie le prix le plus important, notamment chez les jeunes engagés, dont 3/4
des TSA surviennent lors d'exercices de tir (2/3 en exercices statiques).

Les symptômes qui orientent vers un TSA dans des circonstances favorisantes (par exemple
un tir) peuvent se présenter sous forme de :

139
douleurs des oreilles ;
sifflements d'oreilles aigus ;
baisse de l'audition, voire audition ouatée ;
vertiges éventuellement.
Si le TSA n'est pas pris en charge rapidement, à savoir le plus précocement possible, alors le
risque de séquelles à vie est important :
baisse de l'audition voire surdité ;
sifflements d'oreille permanents.

1.8.2 - PRÉVENTION
Le personnel doit donc porter des équipements de protection individuels (EPI [*]) adaptés à
l'activité pratiquée. C'est de la responsabilité directe de l'encadrement que son personnel soit
dans la tenue adaptée à l'activité. Les EPI font partie intégrante de l'équipement et de la tenue
réglementaire du combattant.
La hiérarchie a l'obligation :
d'évaluer le niveau sonore d'une activité ;
de mettre en place des mesures adaptées (protections, isolations, modifications des
matériels, etc.) ;
d'évaluer l'efficacité des mesures prises.
L'encadrement doit faire appliquer ces mesures et relayer à la hiérarchie tous problèmes
identifiés à chaque étape.
La prévention passe par les EPI :
casque anti-bruit ;
bouchons anti-bruit à clapets (type de combat arm 4.1 pour bruit d'armes et bruits
d'engins) ;
bouchons à atténuations non-linéaires (bruit d'armes uniquement) ;
bouchons moulés ;
bouchons en mousse (BAB [*]).
Le port d'un dispositif de protection auriculaire, qui fait partie de l'équipement personnel, est
obligatoire pour tout le personnel présent sur la zone de tir, sauf pour le personnel à bord d'un
engin blindé pouvant s'équiper de casques spécialement adaptés.

140
141
142
1.8.3 - CONDUITE À TENIR EN CAS DE TSA
Quelles que soient les circonstances de l'accident : en OPEX ou en métropole, en stand de tir
ou sur un camp, tout TSA doit être dirigé vers les services médicaux en urgence afin d'être
traité et suivi. De jour comme de nuit, chaque heure compte, cela ne doit pas attendre le
lendemain.
Un audiogramme doit être réalisé dans les plus brefs délais, auprès du service médical d'unité.

143
1.9 - LES PATHOLOGIES LIÉES À LA PRATIQUE DES
ACTIVITÉS PHYSIQUES

1.9.1 - GÉNÉRALITÉS
La pratique régulière d'une activité physique a des effets bénéfiques sur la santé :
prévention de la survenue des maladies du métabolisme (diabète, anomalies des lipides
par exemple), de l'hypertension artérielle, de certains cancers ;
effets positifs sur la santé mentale ;
contribution à un comportement positif sur l'hygiène de vie : moindre consommation de
tabac, d'alcool, meilleure alimentation ;
favorise le sommeil récupérateur.
Son corollaire est que la pratique d'une activité physique excessive ou sans contrôle médical
peut présenter des risques pour la santé pouvant aller des accidents musculo-squelettiques
jusqu'au décès (arrêt cardio-respiratoire, coup de chaleur d'exercice, accident traumatique
grave en sport extrême).
Il est donc important que le cadre de contact soit conscient de son rôle d'encadrement dans les
actes de combat ainsi que dans toutes les activités de la vie courante (y compris le sport).
Il doit donc appliquer et faire appliquer les textes réglementaires régissant l'entraînement
physique militaire et sportif (EPMS [*]) dans le cadre de l'entraînement au combat :
TTA 150 - titre XIV - Entraînement Physique Militaire et Sportif ;
Directive n° 17615 du 20 septembre 2016 pour la pratique de l'entraînement physique et
des sports dans les armées.

1.9.2 - LES PATHOLOGIES ET LEURS PRÉVENTIONS

1.9.2.1 - LES ACCIDENTS CARDIO-VASCULAIRES POUVANT


ALLER JUSQU'AU DÉCÈS
D'une façon pragmatique, il est classique de distinguer :
l'arrêt cardio-respiratoire chez les moins de 35 ans : anomalies cardiaques congénitales
ou acquises non dépistées ; rôle néfaste du tabac et des substances dopantes, pouvant
favoriser des spasmes des artères coronaires ; épisodes infectieux pouvant être à
l'origine de myocardites [*] avec troubles du rythme ;
l'obstruction des artères coronaires chez les plus de 35 ans : rôle néfaste du tabac aussi
important, en particulier dans les deux heures suivant l'effort ; autres facteurs de risque :
excès de mauvais cholestérol, obésité, stress, pollution atmosphérique, substances
dopantes mais également l'hérédité cardiovasculaire.
PRÉVENTION :
en ce qui concerne les morts subites des moins de 35 ans :
- importance de la sélection médicale avec électrocardiogrammes réguliers (ECG [*]) [*],
en particulier pour les sports en compétition ;
- nécessité d'un défibrillateur automatisé externe près des lieux où se pratique une
activité sportive ;

144
-respect des 10 règles d'or de la bonne pratique sportive éditées par le club des
cardiologues du sport (cf. ci-dessous).
en ce qui concerne les accidents cardio-vasculaires après 35 ans :
- importance de la visite médicale périodique avec ECG [*] réguliers ;
- prise en charge des facteurs de risque, en particulier à titre personnel : tabac, obésité,
hypertension artérielle (HTA [*]), mauvais cholestérol ; respect des règles d'hygiène de
vie ;
- nécessité d'un avis spécialisé en cas de reprise du sport et de facteur de risque
cardiovasculaire ;
- nécessité d'un défibrillateur automatisé externe près des lieux où se pratique une
activité sportive ;
- pas de douche dans les 15 minutes après la fin de l'activité physique ;
- importance de la connaissance du PSC1 (gestes de sauvetage primordiaux à réaliser
dans les premières minutes) ;
- respect des 10 règles d'or de la pratique sportive :
consultation médicale si :
- douleur inexpliquée dans la poitrine ou d'essoufflement anormal ;
- palpitations ;
- malaise ;
- à l'effort ou après l'effort.
échauffement et récupération pendant 10 minutes ;
hydratation régulière toutes les 30 minutes d'exercice ;
pas d'activités intenses si température extérieure inférieure à – 5 degrés ou
supérieure à 30° C ou si pic de pollution ;
pas de tabac 2 heures avant et après l'exercice physique ;
pas d'automédication ni de consommation de substances améliorant les
performances ;
pas d'exercice physique si fièvre ou dans les 8 jours après un épisode grippal ;
bilan médical si reprise d'un sport intense après 35 ans chez l'homme ou 45 ans
chez la femme.

145
1.9.2.2 - LES COUPS DE CHALEUR D'EXERCICES PARFOIS
MORTELS
Il existe de nombreux facteurs de risque : déshydratation, absence d'acclimatement, conditions
climatiques extérieures (chaleur humide sans vent), alcool, substances dopantes ou prise de
médicaments, vêtements inadaptés, obésité, sur-motivation. (cf section IV, chapitre 1,
paragraphe 6)

146
1.9.2.3 - LES BLESSURES DE L'APPAREIL LOCOMOTEUR
tendinites (rotuliennes, du tendon d'Achille) ;
entorses (chevilles, genoux) ;
lésions musculaires indirectes (« claquages » mollet ou quadriceps) ou directes par
chocs lors de sports collectifs ;
fractures de fatigue ou de contrainte, etc. ;
facteurs de risque : niveau d'aptitude physique, niveau ou charge d’entraînement, tabac,
chaussures ou équipements inadaptés ou usés, manque de sommeil, environnement
chaud, etc.

1.9.2.4 - LES BLESSURES ET LES MALADIES DES


ARTICULATIONS DES MEMBRES SUPÉRIEURS
Tendinites (épaules, poignets).
Luxations (épaule).
Lésions musculaires (biceps, etc.).

1.9.2.5 - LA PRÉVENTION DES BLESSURES


Importance de la catégorisation médico-physiologique et de son respect.
Respect des groupes de niveau pour la course à pied.
Entraînement progressif : en fréquence, durée et intensité.
Alternance de jour de travail sportif intense et de jour de travail léger tout en respectant
des périodes de repos.
Réalisation de séances de fractionné ou d'intervalle training (en lien avec les moniteurs
EPMS).
Variation des exercices sur la semaine.
Intérêt de la natation pour la posture, la sangle lombo-abdominale et le renfort des
muscles spinaux.
Respect d'une bonne hydratation.
Échauffements - étirements.
Chaussures / semelles adaptées de même que les équipements de protection
nécessaires selon le sport.
Vêtements adaptés à l'environnement.

1.9.2.6 - LES LOMBALGIES


La lombalgie, désignée plus communément « mal de dos », peut irradier jusqu'aux muscles
postérieurs des cuisses. Les lombalgies sont responsables de 20% des arrêts de travail chez
les militaires. C'est le premier motif de consultation en antenne médicale. Cette pathologie
concerne tous les âges, mais touche plus particulièrement l'adolescence et la population adulte
vers l'âge de 45 ans.

147
LES LOMBALGIES AIGUËS
Tout accident en service responsable d'une lombalgie aiguë doit être présenté dans les
meilleurs délais à l'antenne médicale.
Ne pas prendre de médicaments sans avis médical, même ceux prescrits pour des
douleurs similaires dans l'entourage.

LES LOMBALGIES CHRONIQUES


Les causes sont variées et le plus souvent bénignes. Les examens radiologiques ne sont pas
systématiquement nécessaires à la prise en charge de la lombalgie. Le diagnostic de
lombalgie se fait grâce à l'examen clinique du médecin.
Prévention
Il est primordial de mettre en place des actions pour prévenir la survenue des lombalgies telles
que :
adopter une posture droite dès que l'on y pense ;
équilibrer les sacs à dos (le lourd au centre et près du dos et en bas, le léger sur les
extérieurs) ;
soulever des objets lourds en s'accroupissant en fléchissant les genoux et en maintenant
le dos droit ;
éviter les mouvements de torsion tout en portant des objets lourds ;
pousser les objets lourds plutôt que de les tirer ;
rectifier sa position au bureau (posture droite, regard à hauteur du haut de son écran, bas
de son écran à 30° du regard, chaise pivotante) ;
privilégier des chaussures confortables ; pour le port des talons, ne pas dépasser 5 cm
de haut ;
faire du sport régulièrement avec des chaussures adaptées et s'échauffer avant tout
exercice ;
pour les stations assises prolongées (chauffeurs, secrétaires etc.) faire des pauses
régulières et marcher pour modifier les appuis du corps ;
réaliser des exercices d'assouplissement régulièrement (voire quotidiennement) ;
un personnel qui vit des difficultés à son travail, a un risque accru de présenter un mal de
dos (suivi des risques psychosociaux (RPS [*]) à mettre en place).
ne pas rester au lit en cas de mal de dos, il faut rester en mouvement ;
éviter la prise de poids.
Ne pas prendre de médicaments sans avis médical, même ceux prescrits pour des
douleurs similaires dans l'entourage.

148
2/ PLAIES ET HÉMORRAGIES

OBJECTIF
Acquérir des connaissances et des conduites à tenir complémentaires relatives aux plaies et
aux hémorragies.
INFORMATION
Ce chapitre est un complément de la section III (PSC1 et SC1) ; il ne peut pas être abordé que
si les gestes de premiers secours et du sauvetage au combat de premier niveau sont connus.

2.1 - GÉNÉRALITÉS
Les plaies sont des déchirures de la peau voire des tissus sous-jacents : muscles, tendons,
nerfs, vaisseaux.
En fonction des causes de survenue, elles peuvent être parfois très profondes et étendues.
Quand elles atteignent des parties du corps comme la tête, la poitrine ou le ventre, elles
peuvent perforer ces zones ; ce sont alors des plaies pénétrantes qui peuvent occasionner des
lésions très graves au niveau des organes vitaux (cerveau, poumons, cœur, etc.).
La gravité d'une plaie dépend :
immédiatement :
de l'hémorragie qu'elle peut entraîner en raison de son étendue et/ou de sa
profondeur ;
des lésions des organes vitaux qu'elle a entraînées (par exemple cerveau = trouble
de la conscience).
secondairement : du risque d'infection que la présence de corps étrangers et de
souillures dans la plaie peut provoquer.

2.2 - RECONNAÎTRE LA GRAVITÉ D'UNE PLAIE

2.2.1 - LES DIFFÉRENTS TYPES DE LÉSIONS


La connaissance des différents types de lésions permet au secouriste d'apprécier plus
facilement la profondeur donc la gravité d'une plaie et de décrire précisément la lésion lors de
l'alerte.

2.2.1.1 - LA CONTUSION
Un choc ou un coup peut provoquer une rupture des vaisseaux situés immédiatement sous la
peau. Le sang s'échappe dans les tissus sous l'épiderme, donnant une coloration violette et un
aspect gonflé à la peau qui peut ne pas être rompue, c'est l'hématome [*]. Ces hématomes
sont parfois très étendus traduisant une lésion plus profonde comme une fracture ou une
lésion interne.

149
2.2.1.2 - L'ÉCORCHURE (ÉRAFLURE)
Il s'agit d'une plaie simple, superficielle, qui n'atteint pas la peau en profondeur. Elle donne un
aspect rouge et suintant de la peau. Cette lésion est très douloureuse. Elle est en règle
générale provoquée par une chute ayant entraîné un glissement ou par une friction. Elle
contient souvent des petits corps étrangers incrustés sous la peau qui peuvent entraîner des
infections secondaires.

2.2.1.3 - LA COUPURE (PLAIE LINÉAIRE)


La coupure est provoquée par un objet tranchant (verre, lame d'un couteau, ...). Il s'agit de
l'aspect le plus fréquent d'une plaie. Elle peut être accompagnée d'un saignement abondant ou
d'une lésion d'un organe vital sous-jacent.

2.2.1.4 - LA PLAIE PUNCTIFORME


Une plaie punctiforme [*] est une plaie en forme de point, souvent profonde, car provoquée par
un objet pointu (clou, arme blanche, balle, ...) qui a traversé bien souvent les organes sous-
jacents. La gravité de cette plaie ne doit pas être méconnue même si elle ne parait pas
extérieurement très importante.

150
2.2.1.5 - LA LACÉRATION
Il s'agit d'une déchirure, souvent complexe, de la peau par arrachement ou écrasement. La
plaie est irrégulière avec des lambeaux de peau. Les dégâts de la peau et les hématomes
associés peuvent être importants.

2.2.2 - LA GRAVITÉ D'UNE PLAIE


Le secouriste doit pouvoir distinguer deux types de plaies.

2.2.2.1 - LA PLAIE GRAVE


La gravité d'une plaie dépend de :
sa localisation :
au cou, à l'œil ou à la face ;
à la main ;
au thorax ;
à l'abdomen ;
près des orifices naturels.
son aspect :
qui saigne abondamment ;
déchiquetée (lacération) ;
multiple et / ou étendue ;
avec corps étrangers.
son mécanisme :
par projectile (plaie punctiforme [*] profonde) ;
par outil ;
par morsure ;
par objet tranchant : couteau, cutter, ... (coupure profonde). [*]

2.2.2.2 - LA PLAIE SIMPLE


Une plaie simple est une petite coupure superficielle ou écorchure (éraflure) saignant peu et
non située à proximité d'un orifice naturel ou de l'œil.
Toute plaie qui ne correspond pas à la description d'une plaie simple est une plaie
grave.

151
En cas de doute, la plaie est considérée comme grave.

2.3 - CONDUITE À TENIR DEVANT UNE PLAIE

2.3.1 - LA PLAIE SIMPLE ET DE FAIBLE ÉTENDUE


La plaie simple nécessite de :
nettoyer la plaie au savon et à l'eau ;
protéger la plaie à l'aide d'un pansement adhésif.

2.3.2 - LA PLAIE SOUILLÉE


En cas de plaie souillée, il faut :
débarrasser la plaie de ses souillures (terre, sable, débris, ...) ;
nettoyer la plaie au savon et à l'eau puis appliquer un pansement débordant largement
(adhésif ou individuel) ;
consulter auprès d'un personnel médical ou paramédical.

2.3.3 - LA PLAIE AVEC SAIGNEMENT ABONDANT


La plaie avec saignement abondant est une plaie hémorragique dont la conduite à tenir est
décrite dans la partie 5 de ce chapitre.

2.4 - CONDUITE À TENIR DEVANT UNE PLAIE


PARTICULIÈRE
La conduite à tenir devant une plaie particulière est initiée par le sauveteur avant la prise en
charge médicale.

2.4.1 - LES PLAIES DU THORAX


Pour les plaies de la poitrine et en particulier pour les plaies pénétrantes, le sauveteur doit
respecter les règles suivantes :
s'il y a un corps étranger fiché dans la poitrine :
ne jamais retirer le corps étranger ;
installer le blessé en position semi-assise et assurer sa surveillance jusqu'à l'arrivée
des secours.
s'il n'y a pas de corps étranger dépassant de la plaie :
utiliser un pansement le plus large possible pour recouvrir très largement la plaie ;
serrer modérément le pansement à l'aide de bandes de toile.

152
Plaie du thorax :
le blessé est installé en position semi-assise

La conduite à tenir face à une plaie soufflante du thorax est enseignée dans le SC1.

2.4.2 - LES PLAIES DE L'ABDOMEN


Pour les plaies du ventre et en particulier pour les plaies pénétrantes, le sauveteur doit
respecter les règles suivantes :
ne jamais retirer un corps étranger fiché dans le ventre ; ne pas effectuer de
nettoyage de la plaie ;
si les intestins sortent par une partie de la plaie, ne pas y toucher et ne pas tenter
de les réintégrer dans le ventre ; les entourer d'un linge humide ;
s'il n'y a pas de corps étranger dépassant de la plaie :
protéger la plaie par la mise en place d'un pansement large type C (dotation du
SSA), modérément serré et l'humidifier régulièrement pour éviter qu'il ne colle aux
viscères ;
installer le blessé allongé sur le dos et si possible maintenir les genoux pliés.

Plaie de l'abdomen :
les jambes sont surélevées

2.4.3 - LES PLAIES DE LA TÊTE ET DE LA FACE


Le sauveteur doit :
réaliser un pansement compressif quand la plaie est profonde et/ou saigne
abondamment ;
veiller à la parfaite fixation de ce pansement ;

153
ne pas mettre en place de pansement compressif circulaire au niveau du cou ;
allonger le blessé sur le côté même s'il est conscient, pour éviter l'obstruction des voies
aériennes par des caillots de sang ;
surveiller attentivement la reprise éventuelle du saignement abondant qui peut être
masquée ; dans ce cas de figure, refaire un pansement compressif plus serré.

2.4.4 - LA PLAIE DE L'ŒIL


Le sauveteur doit respecter les règles suivantes :
ne jamais retirer un corps étranger fiché dans l'œil ;
rincer l’œil avec de l'eau en bouteille ou l'eau de la gourde ;
ne jamais mettre un liquide antiseptique dans l'œil ;
couvrir l'œil blessé de façon non compressive soit par des pansements oculaires soit par
des compresses qui seront maintenues par une bande circulaire autour de la tête, en
évitant d'obstruer les oreilles ;
installer le blessé en position allongée, tête calée (maintien tête si possible).

Pansement oculaire

Blessé en position allongée

154
2.4.5 - LES PLAIES PAR MORSURE
Une morsure peut occasionner :
un saignement abondant ;
des plaies très profondes, multiples ou localisées à certaines régions du corps (face,
cou) ;
l'inoculation de venin.
Toutefois, le risque important des morsures réside surtout dans :
la possibilité de transmission de certaines maladies infectieuses très graves (rage en
particulier : cf section II - chapitre 3 - paragraphe 4.3) ;
la survenue d'infection secondaire.

2.4.5.1 - RECONNAÎTRE LA GRAVITÉ D'UNE MORSURE


Les critères de gravité d'une morsure sont les mêmes que pour les plaies :
la localisation ;
l'aspect ;
le mécanisme (type de morsure).

2.4.5.2 - CONDUITE À TENIR DEVANT UNE MORSURE

MORSURE SIMPLE = PLAIE SIMPLE


Le sauveteur doit :
asseoir le blessé
assurer si possible le nettoyage de la plaie à l'aide de liquides antiseptiques ou à défaut
avec de l'eau et du savon ordinaire ;
mettre en place un pansement protecteur ;
rassurer le blessé et le faire diriger sur une formation sanitaire.

MORSURE GRAVE = PLAIE GRAVE


Le sauveteur doit :
allonger immédiatement le blessé sur un brancard ou sur le sol ;
assurer l'arrêt des saignements abondants éventuels à l'aide d'un pansement compressif
ou d'un garrot tourniquet ;
veiller à l'immobilisation de la région mordue quand il s'agit d'un membre supérieur ou
inférieur ;
maintenir la victime au repos jusqu'à l'arrivée des secours.

2.4.6 - SECTION D'UN MEMBRE OU D'UNE EXTRÉMITÉ


Il peut arriver qu'un membre ou une autre partie du corps (nez, oreille) soit sectionné ou
arraché. Il est possible, dans certains cas de « réimplanter » un membre amputé à l'aide de
techniques de microchirurgie. Il est donc essentiel :

155
d'arrêter le saignement et de lutter contre la détresse circulatoire ;
de retrouver et de protéger le membre sectionné.
Les techniques d'arrêt des hémorragies à utiliser sont les mêmes que celles décrites ci-dessus.
Les soins à apporter au membre sectionné sont les suivants :
envelopper le membre sectionné dans un linge stérile ;
placer le tout dans un sachet plastique ;
placer ce sachet dans un autre sac plastique rempli de glace ou dans un sac réfrigérant.
Le froid aide à préserver le membre amputé ;
écrire sur le sac le nom de la victime et l'heure de survenue de l'amputation ;
remettre le tout aux secours qui assureront le transport de la victime vers l'hôpital.

Protection du segment de membre amputé

Important
En aucun cas, le membre amputé ne doit entrer directement en contact avec de la glace.

2.5 - LES HÉMORRAGIES

2.5.1 - CONSÉQUENCES SUR L'ORGANISME D'UN


SAIGNEMENT ABONDANT
La perte abondante ou prolongée de sang conduit à une détresse circulatoire qui menace
immédiatement ou à très court terme la vie d'une victime car ses organes vitaux (en particulier
cerveau, cœur, poumon) sont privés de l'oxygène transporté par le sang.
Sous l'effet de l'hémorragie, la quantité de sang de l'organisme diminue.
Dans un premier temps, le cœur augmente la fréquence de ses contractions pour compenser
cette perte. Cela permet de maintenir un débit et une pression suffisants dans les vaisseaux
pour assurer la distribution de sang à l'organisme.

156
Dans un second temps, si le saignement n'est pas arrêté, la compensation n'est plus
possible. La pression s'effondre, le débit diminue, la pompe se désamorce et le cœur s'arrête.

Important
Tout saignement nécessite une action de secours immédiate, rapide et efficace, associée à un
compte rendu de situation pour permettre l'évacuation du blessé.
Au combat, ce sont la compression manuelle directe, les pansements compressifs et le garrot
qui sont les moyens les plus rapides et les plus efficaces pour stopper une hémorragie des
membres.

2.5.2 - PROTECTION CONTRE LES ACCIDENTS


D'EXPOSITION AU SANG
Il existe un risque de transmission de maladie par contact du sang de la victime avec le
secouriste.
Il convient donc de :
se protéger par le port de gants à usage unique ou, en leur absence, en interposant un
morceau de plastique, au mieux en glissant sa main dans un sac imperméable ;
toujours se laver les mains, les désinfecter (eau de javel à la bonne dilution, Dakin, ...) et
retirer les vêtements souillés de sang le plus tôt possible, une fois l'action de secours
terminée ;
de ne pas porter les mains à la bouche, au nez ou aux yeux ou de manger avant de
s'être lavé et désinfecté les mains.

Important
En cas de contact avec le sang d'une victime, le secouriste doit rendre compte à son
responsable et consulter en urgence un médecin.

2.5.3 - LES DIFFÉRENTES TECHNIQUES DE SECOURS


Ces techniques sont décrites dans les PSC1 et SC1 (section III).

157
3/ ATTEINTES TRAUMATIQUES DES
MEMBRES

OBJECTIF
Acquérir des connaissances et des conduites à tenir complémentaires relatives aux atteintes
traumatiques non hémorragiques des membres.
INFORMATION
Ce chapitre est un complément de la section III (PSC1 et SC1) ; il ne peut pas être abordé que
si les gestes de premiers secours et du sauvetage au combat de premier niveau sont connus.

3.1 - GÉNÉRALITÉS
Les membres supérieurs (bras, avant-bras, main) et inférieurs (cuisse, jambe, pied) sont
souvent l'objet de blessures lors de différents accidents ou d'actions de combat.
Il peut s'agir soit de plaies de la peau, des muscles et des tissus sous-jacents, soit de lésions
des os et des articulations qui assurent la constitution de ces membres, soit d'une combinaison
de ces différents éléments. Le cas extrême les regroupant toutes est le pied de mine.

Pied de mine

3.2 - LES DIFFÉRENTES ATTEINTES TRAUMATIQUES


Suivant le type d'accident (choc direct, chute) les forces qui s'exercent sur tout ou partie du
membre peuvent créer des lésions de gravité très différente :

158
les entorses sont des atteintes partielles des
ligaments qui assurent la cohésion des
articulations : épaule, coude, poignet (pour les
membres supérieurs), hanche, genou, cheville
(pour les membres inférieurs). Ces ligaments
peuvent être rompus ou simplement distendus.

les luxations correspondent à des lésions


différentes au cours desquelles les surfaces
des os qui assurent normalement l'articulation
ne sont plus en contact les unes avec les
autres.

les fractures correspondent à un bris de l'os. Dans les situations les plus graves,
plusieurs fragments osseux sont visibles dans la plaie : ce sont des fracas de membres.
Suivant les circonstances, le bris est :

unique (et la peau intacte) : ce sont les


fractures simples fermées ;

multiple : ce sont les fractures complexes et


graves avec quelquefois l'existence de fracture
en plusieurs fragments qui peuvent être
déplacés ;

associé à une plaie cutanée en regard de la


zone de fracture qui fait communiquer celle-ci
avec l'extérieur : ce sont des fractures
ouvertes.

159
En urgence, sur le terrain, il est parfois difficile devant une atteinte traumatique des membres
de pouvoir affirmer avec certitude que le blessé présente une contusion grave du membre, une
entorse, une luxation, une fracture simple ou complexe.
Dans tous les cas, si la douleur et la difficulté à mobiliser le membre atteint sont présentes, il
convient d'adopter une attitude simple permettant de faire face à toutes les situations avec un
triple objectif :
ne pas aggraver la blessure initiale par des gestes intempestifs ;
calmer la douleur que ressent la victime ;
dans certains cas, faciliter ou permettre le déplacement sur des distances relativement
courtes.

3.3 - RECONNAÎTRE UNE ATTEINTE TRAUMATIQUE DES


MEMBRES
Le sauveteur constate que :
les mouvements du membre atteint sont limités voire totalement impossibles :
le blessé tient son bras atteint par l'autre membre sain ;
le blessé ne peut pas poser le pied sur le sol, ne peut pas marcher ou reste étendu
par terre.
la douleur est apparue au moment de l'accident ; elle peut :
être ensuite spontanée et durable ;
n'apparaître que lors de tentatives de mouvements du membre atteint.
l'éventuelle déformation du membre atteint est :
limitée à un gonflement localisé et modéré ;
plus étendue à une grande partie du membre qui apparaît comme augmenté de
volume (par rapport au membre sain) ;
généralisée à tout le membre qui apparaît déformé dans toute sa longueur.
L'attention du sauveteur peut être attirée par l'aspect de la peau si la plaie est importante et
que l'on aperçoit des fragments osseux plus ou moins grands.

Important
Il faut éviter toute mobilisation intempestive pour éviter toute aggravation.

3.4 - LES CONSÉQUENCES


L'impossibilité de se servir du membre atteint est totale ou partielle suivant la gravité de
l'atteinte.
Partielle dans les entorses légères et les fractures des extrémités des membres (doigts,
orteils).
Importante dans les entorses graves, les luxations et la plupart des fractures simples.
Complète pour les fractures graves et complexes.

160
L'impotence du membre atteint peut mettre en danger le blessé s'il doit fuir un danger
imminent.

3.5 - LES COMPLICATIONS

3.5.1 - LE SAIGNEMENT ABONDANT


Un saignement abondant apparaît essentiellement pour les fractures (ouvertes ou fermées)
des gros os (cuisse et jambe) soit du fait de blessures associées des muscles soit par atteinte
des vaisseaux sanguins par des fragments osseux.

3.5.2 - L'INFECTION
L'infection est un risque secondaire pour toute fracture ouverte ou plaie souillée de terre et
débris divers.

3.5.3 - LA COMPRESSION
Un œdème ou un hématome peut comprimer les vaisseaux et les nerfs et provoquer un
refroidissement des extrémités, des fourmillements, une perte de sensibilité ou de motricité.

3.5.4 - LA PARALYSIE
La paralysie apparaît essentiellement, dans le cas de fracture et le luxation, par section ou
compression des nerfs.

3.6 - CONDUITE À TENIR


Quels que soient le type et la gravité de l'atteinte traumatique, le sauveteur doit :
veiller à ne pas mobiliser le membre atteint ;
installer le blessé dans la position où il se sent le mieux ;
immobiliser le membre atteint ; les techniques à employer vont différer suivant le membre
atteint et l'existence ou non de matériel de secours ;
rendre compte rapidement de la situation pour permettre l'évacuation du blessé.

Important
RÈGLE D'OR : toujours immobiliser l'articulation au-dessus et en-dessous de l'atteinte.

3.7 - IMMOBILISATION DES MEMBRES SUPÉRIEURS


Ce paragraphe est un complément relatif aux immobilisations de fortune décrites dans le
sauvetage au combat de niveau 1.

161
3.7.1 - IMMOBILISATION DE FORTUNE
Une immobilisation de fortune est réalisée par un système de soutien constitué d'un vêtement
du blessé ou d'un morceau de tissu pour obtenir une écharpe improvisée, tels que :
une manche de chemise épinglée ;
un pan de chemise relevé et fixé au niveau de l'épaule ;
un pan de veste également relevé et fixé comme le pan de chemise ;
un chèche, une écharpe, etc.
L'immobilisation sera réalisée comme suit :
l'écharpe improvisée est fixée soit avec des épingles à nourrice, soit avec un lien passé
autour du cou ;
la main est placée en bonne position dans le prolongement de l'avant-bras ;
la victime soutient le bras blessé à l'aide de l'autre main valide.

Immobilisation à l'aide du pan de la veste retourné et


fixé par une épingle

3.7.2 - IMMOBILISATION AVEC ATTELLE ET ÉCHARPE


IMPROVISÉES
Cette immobilisation utilise différents matériaux rigides pour réaliser une attelle improvisée
avec par exemple :
une planchette en bois (dimension : 10 cm x 30 cm environ) ;
des revues roulées.
L'attelle ainsi improvisée :
est maintenue en place par des bandes de toile, ou des bandages improvisés (foulard,
mouchoir) ;
est associée à la mise en place d'une écharpe improvisée qui permet une meilleure
immobilisation du membre.

162
Immobilisation improvisée à l'aide d'une revue roulée
et fixée au membre par des bandes de toile

3.7.3 - IMMOBILISATION AVEC MATÉRIEL


L'utilisation du matériel en dotation permet une meilleure immobilisation du membre atteint.
Elle se réalise en respectant les mêmes règles que pour l'immobilisation sans matériel.

3.7.3.1 - IMMOBILISATION PAR ÉCHARPE SIMPLE

Cette technique permet l'immobilisation de toutes les atteintes traumatiques de la main, de


l'avant-bras et du coude.

1er temps : préparer et déplier l'écharpe triangulaire pour que


son angle droit soit placé au niveau du coude

163
2ème temps : glisser l'écharpe entre le membre atteint et la
poitrine du blessé et placer un des chefs de l'écharpe
derrière le cou

3ème temps : plier et rabattre l'écharpe contre la poitrine

4ème temps : nouer derrière le cou les deux chefs de


l'écharpe

164
5ème temps : enrouler l'extrémité de l'écharpe sur
elle-même au niveau du coude pour assurer le
maintien de l'écharpe à ce niveau

3.7.3.2 - IMMOBILISATION PAR ÉCHARPE ET CONTRE-


ÉCHARPE
La technique décrite, ci-dessous, associée à la précédente permet l'immobilisation de toutes
les atteintes traumatiques du coude et du bras.
1er temps : réaliser la première immobilisation par écharpe simple.

2ème temps : poser horizontalement une deuxième


écharpe.
Le sommet est en bas au niveau du coude.
Les deux chefs sont noués latéralement sur
l'autre côté de la poitrine.

3ème temps : le sommet est enroulé sur lui-même


et engagé sous la contre-écharpe.

165
3.7.3.3 - IMMOBILISATION PAR SAM SPLINT ®
L'attelle SAM SPLINT® est une attelle d'immobilisation de membres en aluminium malléable,
recouverte de mousse.
Cette attelle permet de réaliser toutes sortes d'immobilisations, telles que celles du poignet, de
la main, du bras, du coude (mais aussi de la cheville, des tibias, du genou, du fémur, etc.).
Elle se fixe facilement à l'aide d'une bande ou d'un ruban adhésif.

Immobilisation de l'avant bras et du poignet par


attelle SAM SPLINT®

3.8 - IMMOBILISATION DES MEMBRES INFÉRIEURS


Ce paragraphe est un complément relatif aux immobilisations de fortune décrites dans le
sauvetage au combat de niveau 1.
Dans toutes les atteintes traumatiques des membres inférieurs, l'immobilisation doit se faire en
respectant des principes importants :
le blessé est en position allongée ;
la présence de deux sauveteurs est souhaitable : l'un maintient le membre et soulève
légèrement celui-ci tandis que l'autre assure la mise en place du système
d'immobilisation.

3.8.1 - IMMOBILISATION SANS MATÉRIEL


L'immobilisation, sans matériel, d'un membre inférieur (fracture de la cuisse ou de la jambe) ne
se pratique que dans des situations exceptionnelles d'isolement.
La technique consiste à solidariser le membre atteint au membre sain qui sert ainsi d’attelle.
Le sauveteur :

166
maintient le membre allongé pendant toute la durée de l'immobilisation ;
accole les deux membres l'un contre l'autre en rapprochant le membre sain du membre
blessé après avoir assuré un calage par des vêtements au niveau des genoux et des
chevilles ;
solidarise les deux membres inférieurs par des liens larges :
4 bandages circulaires placés, pour moitié, au-dessus et pour moitié au-dessous
des genoux ;
1 bandage en forme de 8 au niveau des pieds et des chevilles, pour immobiliser
celles-ci.

Immobilisation simultanée des deux membres


inférieurs à l'aide de 5 bandages

3.8.2 - IMMOBILISATION PAR SAM SPLINT®


Comme pour le membre supérieur, des attelles SAM SPLINT ®peuvent être utilisées.

Immobilisation de la jambe et de la cheville par attelle SAM SPLINT®

167
4/ EXPOSITION À UN ÉVÉNEMENT NRBC

OBJECTIF
Inculquer les notions essentielles dans les domaines de la protection médicale contre les effets
des agents nucléaire, radiologique, biologique et chimique (NRBC [*]) qui doivent être connues
et mises en application par tous les personnels.
INFORMATION
Ce chapitre ne se substitue pas aux autres documents consacrés à la défense nucléaire,
radiologique, biologique et chimique (NRBC) et les conduites à tenir face à ces attaques ou
événements NRBC doivent être parfaitement maîtrisées.
Les aspects spécifiquement d'action secouriste sont présentés ici. Les principes de la
décontamination médicale sont également brièvement présentés. Seuls les militaires du rang
et les sous-officiers affectés au sein du régiment médical pourront avoir à participer à la mise
en œuvre de la décontamination médicale approfondie au sein d'une Unité Médicale de
Décontamination des Armées (UMDA).
CONSEILS POUR ABORDER L'ÉTUDE :
Comprendre que :
sa propre protection est essentielle pour permettre de porter secours ;
l'extraction de la zone dangereuse, la mise à l'abri et la restauration si possible de la
protection de la victime sont les premières actions à mener.
Face à un risque NRBC ou suite à un événement NRBC, les spécialistes du service de
santé des armées (SSA) pourront apporter leur expertise et assureront un conseil au
commandement essentiel.
La contamination volontaire des ressources alimentaires, de l'eau ou d'autres produits de
consommation par des radionucléides, des agents chimiques ou biologiques est un scénario
parfaitement envisageable.
Un événement nucléaire ou radiologique (NR)
peut induire un risque d'irradiation et/ou de contamination ;
un irradié n'irradie pas ;
la dangerosité de l'irradiation sera réduite par l'augmentation de la distance par rapport à
la source, la disposition d'écran et la réduction du temps de présence à proximité de la
source ;
la contamination peut être externe ou interne.
Un événement biologique (B)
passera souvent inaperçu ;
peut se manifester plusieurs jours après l'exposition à l'agent biologique ;
nécessite le renforcement des mesures d'hygiène, parfois le renforcement de la lutte
contre les animaux vecteurs.
Un événement chimique (C)
peut induire un risque de contamination et/ou d'intoxication ;

168
est généralement détectable mais les symptômes peuvent parfois se manifester plusieurs
heures après l'exposition à l'agent chimique ;
le prétraitement (pyridostigmine) des intoxications par les neurotoxiques de guerre n'est
pris que sur ordre du commandement du fait de l'existence d'effets indésirables ;
l'auto-traitement d'urgence des intoxications par les neurotoxiques de guerre
(AutoInjecteur BiCompartiment, AIBC [*]) doit être effectué dès l'apparition des premiers
signes cliniques de l'intoxication.
RÉFÉRENCES :
DIA 3.8 (A)_NRBC (2012) : Doctrine interarmées de la défense NRBC
n°015/DEF/CICDE/DR du 11 janvier 2012 ;
PIA-3.8.1 (A)_DBA (2017) : Défense biologique des armées D-17-
002681/DEF/EMA/PLANS/MA/DR du 15 mai 2017 ;
PIA-3.8.2_MCO-NRBC (2008) : Mémento interarmées pour la mise en condition
opérationnelle avant déploiement sous menace NRBC en milieu extrême
n°864/DEF/EMA/MA4/NP du 3 juin 2008 ;
PIA-3.8.3 : Cadre d'emploi de l'intervention des forces armées en cas d'accident
radiologique sur une installation nucléaire civile (DR-SF)
n°4386/DEF/EMA/CPCO/CDT/DR-SF du 29 octobre 2013 ;
PIA-3.8.4_SSA (2014) : Principes de médicalisation d'une victime d'un événement NRBC
par le SSA n°506 999/DEF/DCSSA/PC/ERS/NP du 27 mars 2014 ;
PIA-3.8.5_SSA (2014) : Mémento d'emploi de l'UMDA n°507
169/DEF/DCSSA/PC/ERS/NP du 31 mars 2014 ;
Circulaire relative à la doctrine nationale d'emploi des moyens de secours et de soins
face à une action terroriste mettant en oeuvre des matières chimiques n° 700/SGDSN/
PSE/PSNPS du 2 octobre 2018 ;
Circulaire relative à la doctrine nationale d'emploi des moyens de secours et de soins
face à une action terroriste mettant en œuvre des matières radioactives n° 800/SGDSN/
PSE/PPS du 18 février 2011 ;
Fiches Biotox/Piratox/Piratome http://ansm.sante.fr/Dossiers/Biotox-Piratox-
Piratome/Biotox-Piratox-Piratome/(offset)/0
DFT NRBC 3.8 : Défense NRBC des Forces Terrestres du 18 juillet 2014 ;
NRBC 54 201 : Guide d'instruction collective pour la défense NRBC des forces terrestres
édition 2013 ;
NRBC 55 001 : Mémento de défense NRBC édition 2015 ;
NRBC 34 001 (TTA 601) : Manuel de défense NBC VOL 1 (DR) 2011 amendé en juin
2012.

4.1 - PRINCIPES GÉNÉRAUX


Après un événement NRBC, la survenue de blessures conventionnelles est très probable. Les
conduites à tenir développées dans les chapitres précédents doivent être appliquées. Elles
devront néanmoins prendre en compte le risque associé à la prise en charge de la victime. Il
conviendra de se protéger avant d'intervenir.

169
Une attaque avec des agents non conventionnels sera également génératrice de réactions
d'angoisse et de peur qu'il faudra pouvoir gérer (voir section IV chapitre II paragraphe 7 –
STRESS ET TRAUMATISME PSYCHIQUE).
Les blessures conventionnelles compliqueront la situation et pourront modifier le pronostic
d'une contamination par un agent NRBC.
Le respect de ces principes de base est incontournable :
se protéger par le port adapté d'équipements de protection individuels ;
ne pas consommer/utiliser l'eau ou les aliments qui risquent d'avoir été contaminés ;
réduire l'exposition de la victime en l'extrayant de la zone dangereuse, en la mettant à
l'abri et en restaurant son niveau de protection NRBC si possible ;
effectuer les gestes de secourisme adaptés à la situation ;
administrer l'AutoInjecteur BiCompartiment (AIBC) devant les symptômes d'une
intoxication par neurotoxique organophosphoré ;
en cas d'exposition à un risque de contamination par voie aérienne, couper les circuits de
ventilation-climatisation et calfeutrer ;
dans tous les cas, il convient de suivre scrupuleusement les ordres donnés sur la base
des consignes et conseils proposés par les spécialistes NRBC et le SSA concernant les
mesures à prendre.

4.2 - CONSÉQUENCES D'UN ÉVÉNEMENT NUCLÉAIRE OU


RADIOLOGIQUE

4.2.1 - EXPOSITION A DES RADIONUCLÉIDES


Suite à une explosion nucléaire ou une dispersion volontaire (attentat terroriste) ou
accidentelle de matériaux radioactifs, deux dangers de nature différente vont apparaître :
l'irradiation ;
la contamination interne et externe.

4.2.2 - EFFETS DE L'ARME NUCLÉAIRE


Les effets de l'arme nucléaire sont triples : mécaniques (50% de l'énergie libérée de la
puissance nominale), lumino-thermiques (35% de la puissance) et radiatifs (15%).

4.2.2.1 - EFFETS MÉCANIQUES


sur l'homme, les effets mécaniques directs sont dus à l'onde de pression qui apparaît à
la suite de l'explosion. C'est le « Blast Injury » qui se traduit par des lésions des organes
creux (tube digestif par exemple) et des hémorragies des organes pleins (foie par
exemple). A ces lésions de blast, s'ajoutent les lésions dues à la projection des
victimes contre un obstacle par l'onde de pression, lorsqu'elles ne se sont pas abritées
ou jetées à terre ;
les effets indirects résultent de lésions de polycriblage et de polytraumatismes dues à la
projection d'objets, à l'écroulement d'immeubles (crush injury pour les ensevelis) ou aux
incendies (brûlures). Ces effets sont finalement plus meurtriers que les effets directs.

170
Les victimes présenteront donc des atteintes conventionnelles (fractures, plaies, brûlures,
...) sur lesquelles il faudra pratiquer les gestes de sauvetage décrits dans les autres
chapitres.

4.2.2.2 - EFFETS LUMINO-THERMIQUES


Les effets directs du flash lumino-thermique sont représentés par les brûlures cutanées et
oculaires. Ces brûlures cutanées intéressent surtout les parties à découvert, mais aussi les
parties couvertes selon la nature (synthétiques) et la couleur (sombre) des vêtements.
La gravité des brûlures va décroître en fonction de l'éloignement du point d'explosion (point 0).
Cette gravité va dépendre également :
de la topographie, de la profondeur (1er, 2ème ou 3ème degré) et de l'étendue des
brûlures ;
de l'éventuelle contamination externe associée par des particules β ;
du risque d'infection favorisée par les conditions d'hygiène précaires engendrées ;
des lésions associées (polytraumatismes).
Les effets indirects du flash sont dus aux incendies et aux émanations de différents gaz de
combustion. Les victimes peuvent être des brûlés classiques, et/ou des intoxiqués.

4.2.2.3 - EFFETS RADIATIFS


Suite à l'explosion d'une bombe nucléaire, un flux intense de radiations (neutrons, gamma) est
émis. Le personnel exposé à ce flux sera fortement irradié en cas d'exposition directe
entraînant un syndrome d'irradiation aigu rapidement mortel. D'autre part, le souffle de
l'explosion va entraîner la dispersion massive de poussières et de matériaux contaminés par
les radiations les rendant ainsi radioactifs à leur tour. Le nuage de retombées va ensuite se
déposer au sol et sur le personnel présent. Ainsi, le sol et l'eau au voisinage de l'explosion sont
fortement radioactifs. En cas de non-protection, les personnes seront contaminées par ces
poussières radioactives par deux voies différentes :
la contamination externe se fait sur les parties découvertes et entraîne l’apparition d'un
syndrome cutané radio-induit pouvant aller jusqu'à de graves brûlures radiologiques ;
la contamination interne se fait par passage de poussières radioactives à travers une
plaie cutanée, par ingestion (digestive) ou inhalation (respiratoire) entraînant à moyen ou
long terme un risque de cancers.

4.2.3 - CONDUITE À TENIR


Cette contamination par des particules doit être prise en compte lors de l'évacuation et de la
prise en charge médicale. Il faut avant tout prévenir toute ingestion ou inhalation de ces
particules par la protection des voies aériennes et l'interdiction de fumer, consommer de
l'eau ou des aliments dans la zone.
À la suite de la dispersion de radionucléides par une bombe sale, les mêmes précautions
devront être prises mais le nombre de victimes sera très inférieur.
L'utilisation des antidotes (DTPA, Bleu de Prusse, comprimés d'iodure de potassium pour
protéger la glande thyroïde) se fera sur consignes données par le SSA.

171
L'émission de rayonnements ionisants par une source radioactive obéit à une loi de
décroissance dans le temps sur laquelle on ne peut agir. Il est donc nécessaire d'utiliser, en
permanence, des moyens de protection adaptés. Le maintien à distance de la source, la
réduction du temps d'exposition et l'utilisation d'écrans sont les actions de protection à mettre
en œuvre.

4.3 - DANGERS LIÉS À L'EXPOSITION À DES AGENTS


BIOLOGIQUES

4.3.1 - EXPOSITION
Les agents du risque biologique regroupent potentiellement un nombre important de bactéries,
virus ou toxines. Ces dernières sont des agents chimiques synthétisés par le vivant. Elles ne
se multiplient donc pas.
C'est la dispersion des agents biologiques par voie aérienne (aérosols liquides ou solides) qui
représente théoriquement le danger le plus important.
La survie de ces agents biologiques dans l'environnement ou sur des surfaces est très variable
en fonction du type d'agents.

4.3.2 - CONSÉQUENCES
Les conséquences seront très variables selon qu'il s'agit :
d'un agent biologique (virus ou bactérie) contagieux ou non ;
d'une toxine (absence d'aérosolisation secondaire significative, absence de réplication,
absence de contagiosité des malades).
On parle de sujet exposé quand le personnel a été exposé à un agent biologique mais ne
présente pas encore les symptômes de la maladie.
On parle de patient infecté ou malade à partir du moment où le sujet exposé présente des
symptômes (par exemple de la fièvre, pour les bactéries et les virus, ou des troubles
neurologiques pour le botulisme [*]...).
Ces signes cliniques peuvent apparaître plusieurs heures ou jours après l'exposition, en
fonction de la durée d'incubation de l'agent biologique.
Dans un très grand nombre de cas, et en l'absence de moyens de détection biologique de
terrain parfaitement efficaces, ce sont les premiers cas humains qui mettront en évidence
l'exposition à des agents biologiques. L'enquête permettra alors de remonter à la source
d'exposition et d'évaluer le nombre de sujets exposés.
Les malades infectés par un agent biologique de la menace ne sont pas tous contagieux, ceci
dépend de l'agent biologique concerné. Quand ils le sont, des mesures d'hygiène strictes
doivent être appliquées autour des malades. Dans l'attente de l'identification de l'agent
biologique, ces mesures d'hygiène sont donc appliquées de principe. Dans le cas de certaines
maladies contagieuses, le commandement peut décider une mise en quarantaine ou une
restriction de mouvements des troupes et populations.

172
4.3.3 - PRINCIPES DE BASE POUR LA GESTION DES
EXPOSÉS À UN AÉROSOL
Dans le cas où des agents biologiques auraient été dispersés par un agresseur, les victimes
devront être considérées potentiellement porteuses de contamination (exemple de la
contamination par des spores de bactéries, ...) et pouvant générer une aérosolisation à partir
de ces particules avec un risque de réexposition de la personne exposée et d'exposition des
intervenants (pas pour les toxines).
La protection des voies aériennes de la victime est donc nécessaire afin d'éviter une nouvelle
inhalation de particules. Un rinçage à l'eau stérile des yeux et un rinçage et la désinfection des
plaies doivent être effectués.
La prise en charge et la décontamination des victimes sont effectuées par du personnel portant
les équipements de protection individuels adaptés (protection respiratoire, protection des yeux
et des muqueuses, protection cutanée complète, ...). Elle repose sur un déshabillage, une
douche et un shampooing à l'eau tiède et au savon doux qui permettent de diminuer
drastiquement la contamination et donc le risque de réexposition/exposition.
Au sein de l'UMDA [*], le protocole appliqué pour la décontamination médicale approfondie
sera donc similaire, quelle que soit la nature de la contamination par particules solides
(poussières radioactives ou agents B/toxines).
Un sujet exposé à un aérosol biologique qui a bénéficié d'une décontamination soignée n'est
plus contaminant pour son entourage, et, tant qu'il n'a pas de symptômes cliniques, n'est pas «
contagieux ». Il doit bénéficier d'une surveillance médicale. Le SSA préconisera certaines
contre-mesures spécifiques afin de diminuer le risque d'apparition de symptômes (antibiotiques
pour certaines bactéries, parfois sur une durée prolongée ; vaccination pour certains virus,
etc.).

4.4 - DANGERS LIÉS À L'EXPOSITION À DES TOXIQUES


CHIMIQUES

4.4.1 - GÉNÉRALITÉS
Les agents chimiques peuvent se rencontrer sous les trois états de la matière : solide, liquide
ou gazeux. Si les agents de guerre chimique sont principalement des liquides plus ou moins
volatils, les différents toxiques chimiques susceptibles d'être rencontrés peuvent se présenter
sous ces trois états.
Les neurotoxiques de guerre et les vésicants (ypérite, lewisite) constituent les 2 grandes
familles d'armes chimiques. Toutefois, lors d'un accident industriel, une exposition à d'autres
familles de toxiques chimiques est possible. Les principes généraux énoncés au début de ce
chapitre doivent être suivis.

4.4.2 - DANGERS LIÉS À L'EXPOSITION AUX


NEUROTOXIQUES DE GUERRE OU AGENTS
ORGANOPHOSPHORÉS (NOP)
Les NOP [*] constituent l'élément essentiel de l'arsenal chimique de certains pays et ils peuvent
être employés dans un but militaire ou terroriste. Les NOP ayant un intérêt militaire sont
classés en deux groupes : les agents G (tabun, sarin, soman, sarin cyclohexylique, etc.) et

173
les agents V (VX ou A4 et ses analogues comme le VX russe ou chinois). D'autres agents ont
été récemment décrits et inscrits dans la convention d'interdiction des armes chimiques en
novembre 2019.
Ce sont des toxiques dits létaux car une intoxication sans traitement médical peut conduire à
la mort. La cible humaine de ces toxiques est une molécule biologique (enzyme appelée
acétylcholinestérase) qui régule naturellement l'action d'un neurotransmetteur essentiel à la vie
; son action se trouve bloquée.
Les NOP sont toxiques à la fois par inhalation de vapeurs et par contact avec la forme
liquide, qu'elle contamine des surfaces ou bien qu'elle soit mise en contact avec la peau ou
les muqueuses non protégées lors de la dispersion.
Une contamination doit toujours être crainte lors de la manipulation des victimes d'une
exposition à ces agents.
La différence majeure entre l'exposition aux vapeurs ou au liquide se situe au niveau du
délai d'apparition des symptômes et de leur progression : la symptomatologie est
d'emblée maximale sans latence lors d'un contact avec des vapeurs. En revanche, un délai de
quelques minutes à plusieurs heures caractérise l'intoxication percutanée [*] par le fait du
toxique liquide. Le délai est d'autant plus court que la dose est forte. Il varie selon les agents.
Les symptômes vont progressivement devenir plus importants.
Il est essentiel de reconnaître les symptômes d'une exposition à des NOP, afin d'utiliser
l'AutoInjecteur BiCompartimenté (AIBC [*]) à bon escient en cas d'intoxication.
L'importance respective des symptômes énumérés ci-dessous peut varier selon le type
de NOP, sa concentration et sa forme de diffusion (liquide ou vapeur).

4.4.2.1 - EXPOSITION À DES VAPEURS PEU CONCENTRÉES :


Les effets sont essentiellement loco-régionaux. On constate une contraction de la pupille
de l’œil (myosis), une augmentation des sécrétions (rhinorrhée = nez qui coule,
larmoiement) une respiration sifflante avec toux du fait de la bronchoconstriction [*] (comme
lors d'une crise d'asthme) et de l'augmentation des sécrétions bronchiques.

4.4.2.2 - EXPOSITION MODÉRÉE À UNE FORME LIQUIDE :


Des signes locaux peuvent n'être qu'une manifestation précoce : blanchiment et sudation
localisés et petites contractions des muscles sous la peau (appelées fasciculations). Ces
symptômes pourront disparaître avant l'apparition éventuelle de signes digestifs : douleurs
abdominales et épigastriques [*], nausées et vomissements qui restent des signes précoces de
cette voie d'intoxication.

4.4.2.3 - EXPOSITION MASSIVE PAR INHALATION OU


CONTACT PERCUTANÉ AVEC UN LIQUIDE :
Le sujet est gravement intoxiqué et cumule très rapidement (en quelques minutes) un arrêt
respiratoire accompagné de sécrétions profuses (encombrement des voies aériennes
supérieures par du mucus, hypersalivation). Il peut rapidement être atteint de crise convulsive
avec perte de conscience.
D'autres symptômes signent les fortes intoxications : nausées accompagnées de
vomissements, mictions (écoulements d'urine) et défécations involontaires.

174
Le myosis n'est pas un bon critère pour apprécier la gravité de l'intoxication percutanée
car il peut être causé par le simple contact du NOP avec l'œil même sous forme vapeur.

4.4.3 - LIMITATION DES EFFETS TOXIQUES DES AGENTS


ORGANOPHOSPHORÉS (NEUROTOXIQUES DE GUERRE) PAR
LA PRISE PRÉVENTIVE DE BROMURE DE PYRIDOSTIGMINE
Il est possible de protéger une partie du stock circulant de l'enzyme cible (acétylcholinestérase)
au moyen d'un médicament : le bromure de pyridostigmine. Ce médicament protégera
partiellement en permettant uniquement de survivre à une exposition à un NOP à des doses
plus élevées à condition que les traitements soient mis en place. La pyridostigmine seule n'a
aucun effet bénéfique.
Ce « prétraitement » (puisqu'il est pris avant tout contact avec le toxique) ne dispense en rien
du port des moyens de protection respiratoire et cutanée.
La pyridostigmine (30 mg par comprimé) doit être prise sur ordre de la hiérarchie, à raison
d'un comprimé toutes les huit heures. Il peut entraîner quelques gênes passagères. En cas
d'effets indésirables importants, il faut se rapprocher du médecin traitant.
Il est interdit de prendre deux comprimés à la fois. Cela n'assurera pas une protection
supplémentaire mais augmentera les effets indésirables.
La durée d'utilisation de ce « pré-traitement » ne doit pas excéder 14 jours. Depuis 2008,
l'utilisation de ce médicament en tant que prétraitement de l'intoxication par NOP est encadrée
par une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) pour une utilisation militaire exclusive.

4.4.4 - LUTTE CONTRE LES SYMPTÔMES D'UNE


INTOXICATION PAR LES NEUROTOXIQUES
ORGANOPHOSPHORÉS PAR L'ADMINISTRATION DE L'AUTO
INJECTEUR BICOMPARTIMENTÉ (AIBC)
Qu'il y ait eu ou non ordre de prise de bromure de pyridostigmine avant l'événement ayant
conduit à l'exposition au NOP, l'intoxication doit être combattue au plus vite, dès
l'apparition des premiers signes évocateurs. La parfaite connaissance de ces signes
permettra non seulement une injection à temps mais préviendra aussi les injections injustifiées.
Le dispositif permet la reconstitution de la solution et son injection, en deux temps successifs
:
première phase : reconstitution de la solution à injecter. Elle se fera sur ordre et/ou
dès la notion de menace avérée d'intoxication, par vissage du système, après retrait
de la sécurité de reconstitution ;

175
deuxième phase : injection intramusculaire (sans ordre) après retrait de la sécurité
d'injection, par pression sur le corps inférieur de l'auto-injecteur mis en contact de
la face externe de la cuisse, à travers les vêtements.

L'administration par le personnel ou son binôme d'un AIBC se fait dès l'apparition des premiers
signes cliniques, suivi, en cas de persistance des symptômes d'intoxication, de l'injection
d'un second AIBC 15 minutes après la première injection.
A noter :
L'AIBC est à garder à une température comprise entre +2 et +8°C pour une conservation
optimale (4 ans à partir de la fabrication du contenu en l'absence de reconstitution).
La durée de conservation après la reconstitution (ou en cas de rupture de la chaîne du froid)
n'est qu'au maximum de 6 mois.

AutoInjecteur BiCompartimenté (AIBC)


réel conditionné.

AutoInjecteur BiCompartimenté (AIBC)


d'instruction conditionné.

176
4.4.5 - DANGERS LIÉS À L'EXPOSITION À L'YPÉRITE
L'ypérite est un agent chimique qui présente une très forte toxicité et entraîne principalement
des atteintes des yeux, de la peau et des voies aériennes. Sous un climat tempéré, l'ypérite
s'évapore lentement et constitue d'abord un risque « liquide ». Malgré cette volatilité réduite,
plus de 80% des victimes de l'ypérite de la première guerre mondiale ont présenté des lésions
liées aux vapeurs.
Bien que faisant partie des toxiques létaux, l'efficacité militaire de l'ypérite réside dans ses
propriétés d'incapacitation et son effet cancérogène à long terme.
Selon la quantité d'ypérite inhalée à l'état de vapeur ou en contact avec la peau à l'état
de vapeur ou de liquide, la symptomatologie est d'apparition plus ou moins rapide.
1 - Au niveau de l'œil
Ce sont les premiers symptômes à apparaître après l'exposition à des vapeurs, les yeux
étant les organes les plus sensibles. Ils sont toutefois inconstants.
si l'intoxication est légère, 4 à 12 heures après le contact avec le toxique apparaissent
un larmoiement, des picotements, une sensation de brûlure et des démangeaisons
oculaires ;
si l'intoxication est sévère, le délai d'apparition de ces signes cliniques est compris
entre 1 et 2 heures. Ces derniers s'accompagnent d'une douleur intense, d'une gêne
intense à la lumière (photophobie) et d'une contraction incontrôlée et répétée des
paupières. Une conjonctivite (yeux rouges) apparaît avec œdème et brûlures sur les
paupières. Une infection secondaire est fréquente et des lésions cornéennes [*] sont
possibles. La cécité n'est en général que passagère.
2 - Au niveau de l'appareil respiratoire
Les lésions commencent au niveau des voies aériennes supérieures et s'étendent
proportionnellement à la dose reçue. Les effets les plus précoces après une exposition faible,
concernent donc le nez (irritation ou sensation de brûlure des narines avec hypersécrétions
nasales, saignement de nez), les sinus (irritation ou douleurs) et le pharynx (irritation, douleur,
sensation de brûlure de la gorge). Ces signes s'observent après un temps de latence, de 2 à 4
heures en cas d'intoxication sévère et de 12 à 24 heures si celle-ci est légère. Les effets
pathologiques deviennent ensuite plus importants proportionnellement à la dose inhalée :
modifications de la voix (voix rauque et parfois aphonie bien décrite pendant la première
guerre mondiale), laryngite, sensation de constriction thoracique et toux sèche
intermittente. Les lésions des voies aériennes conduisent à une toux productive. La victime
devra avoir été prise en charge par le SSA avant l'apparition de ces symptômes plus tardifs.
3 - Au niveau de la peau
Après une pénétration indolore de la peau, qui ne dure pas plus de quelques minutes,
l'évolution se déroule habituellement selon les phases suivantes :
temps de latence de 4 à 8 heures : il est proportionnel à la dose et peut ainsi atteindre
24 heures si la dose est faible ;
apparition d'une rougeur (érythème) qui gratte de façon intense, rapidement
douloureuse. Si la dose reçue n'est pas très élevée, l'érythème s'atténue et la peau
desquame (se détache par écailles) ;
dans le cas de doses plus élevées (moins de 10 µg – gouttelettes invisibles - suffisent
pour entraîner une vésication [*]), on observe la formation de bulles (comme pour une
brûlure thermique) au bout de 12 à 48 heures. Le sébum et l'humidité de la peau

177
favorisent la fixation et l'action toxique de l'ypérite qui s'accumule ainsi dans les sites
de macération sudorale : plis du coude, de l'aine, des aisselles, plis fessiers, scrotum
ou dans les zones de contact serrées comme la ceinture, la cheville, le poignet et
toutes les zones où la peau est fine.
Presque tout ce qui a été décrit dans la section IV sur les brûlures thermiques reste vrai (y
compris le refroidissement). Mais ici la prise en charge du secouriste doit être précédée par
une décontamination de la peau, de la tenue et des équipements de la victime (gant poudreur
et si possible déshabillage). L'usage de l'eau seule n'est pas conseillé car l'ypérite y est
peu soluble et cela risque d'entraîner un étalement de la contamination.
Il n'y a aucun antidote (médicament spécifique) disponible pour ces intoxications. Le rôle du
secouriste sera donc limité.

4.5 - DANGERS LIÉS À L'EXPOSITION À DES AGENTS


LACRYMOGÈNES

4.5.1 - MOLÉCULES UTILISÉES


Le CS est actuellement le seul lacrymogène utilisé par les forces de l'ordre en France.
Toutefois, les dérivés du piment (oléorésine capsicum) contenant de la capsaïcine (pepper
sprays), déjà largement utilisés en auto-défense, sont également amenés à équiper les forces
de l'ordre.

4.5.2 - SIGNES CLINIQUES


En cas d'exposition apparaissent :
au niveau des yeux : sensation de brûlure, larmoiement, photophobie et spasme des
paupières ;
au niveau des voies respiratoires : éternuements et rhinorrhée faisant suite à une
hypersalivation. Peut survenir ensuite une suffocation avec angoisse. Un risque
d'évolution vers l'œdème aigu du poumon est à craindre lors des expositions longues à
de fortes concentrations (lieux confinés). Au déclin de l'exposition, les sujets se plaignent
parfois de nausées, de céphalées, de toux, d'oppression thoracique et de fatigue ;
au plan cutanéo-muqueux [*], une sensation de "picotement et de cuisson" douloureuse
dans les zones humides et lésées. Un érythème peut se développer quelques minutes
après le contact et persiste environ 1 heure. Dans certaines conditions d'exposition, il a
été décrit l'apparition de bulles comme avec une brûlure thermique ou par ypérite.
Les symptômes les plus sévères décrits ci-dessus ne sont observés qu'après exposition à de
fortes concentrations comme celles qui pourraient être atteintes lors de la dispersion d'une
forte quantité dans des lieux très peu ventilés ou lors de la manipulation sans précaution des
conteneurs.

4.5.3 - CONDUITE À TENIR


La priorité consiste à sortir l'intoxiqué de l'atmosphère toxique, changer ses vêtements et
laver longuement (10 à 15 minutes) à l'eau, ou eau et savon, les parties exposées. Sur la
peau, cela peut entraîner un accroissement passager de la symptomatologie. Il faut laver les
yeux à l'eau abondamment et longuement.

178
La victime doit être ensuite dirigée vers le service médical pour complément d'examen et
traitement ultérieur si nécessaire.

4.6 - LA DÉCONTAMINATION MÉDICALE


L'Unité Médicale de Décontamination des Armées (UMDA [*]) est une structure de soins
(unité médicale opérationnelle) servie conjointement par deux équipes médicales du SSA
(2/2/0) et des auxiliaires sanitaires spécialisés du régiment médical (RMED). Elle sera le plus
souvent intégrée au sein d'un site de décontamination dit élargi, aux côtés des chaînes de
décontamination personnels, petits matériels et véhicules, armées par les personnels des
forces. Les personnels non blessés et les personnels servant au sein de l'UMDA lors d'une
relève seront ainsi décontaminés au sein d'un CEntre de Reconditionnement du PErsonnel
(CERPE [*]). Les opérations de décontamination s'exécutent en effet de façon graduée, selon
les contraintes tactico-opérationnelles.

Unité médicale de décontamination des armées


(UMDA)

La décontamination médicale est définie comme une succession d'actes médicaux associée
à des procédures de déshabillage et de décontamination. Elle répond à un double objectif :
d'une part, permettre la prise en charge médicale d'une victime NRBC en sécurité,
sans attendre son déshabillage complet pour l'intervenant et la victime ;
d'autre part, éviter le risque de transfert d'une contamination aux personnels et aux
infrastructures de soins.
Elle comporte deux niveaux de prise en charge selon le degré de technicité employé et
l'endroit où elle est effectuée au sein de la chaîne de soutien sanitaire.
On distingue :
la Décontamination Médicale Interventionnelle (DMI) qui permet aux personnels du
SSA, après décontamination et déshabillage limités aux zones d'abord vasculaire et
d'accès des voies aériennes, de prodiguer les premiers soins d'urgence et donc
d'augmenter les chances de survie de la victime. La DMI peut être réalisée par l'équipe
médicale au niveau du rôle 1 ou par l'équipe servant à l'avant de l'UMDA, sous contrainte
NRBC, grâce au Lot de Décontamination Interventionnelle (LDI) ;
la Décontamination Médicale Approfondie (DMA) réalisée au sein de l'UMDA par des
personnels du SSA et des forces. Elle permet une prise en charge médicale associée à
une décontamination, la plus complète possible des victimes avant évacuation vers
les structures médico-chirurgicales. Elle protège les victimes, les soignants et les
structures de soin contre les transferts de contamination.
Trois risques majeurs doivent être considérés pour les victimes et/ou les personnels au cours
des opérations de DMA :
l'hypothermie des victimes liée à l'usage d'une douche ;

179
le transfert de contamination ;
le risque d'exposition à des vapeurs toxiques.

180
GLOSSAIRE

ACR
Arrêt Cardio-Respiratoire
AIBC
AutoInjecteur BiCompartiment
AITPE
Appareil Individuel Portatif de Traitement de l'Eau
BAB
Bouchons Anti-Bruit
BPH
Bonnes Pratiques d'Hygiène
CERPE
CEntre de Reconditionnement du PErsonnel
CESPA
Centre d'Épidémiologie et de Santé Publique des Armées
ECG
ElectroCardioGramme
EDCH
Eaux Destinées à la Consommation Humaine
EPI
Équipement de Protection Individuel
EPMS
Entraînement Physique Militaire et Sportif
ESAR
Exposition Sexuelle À Risque
FEN
Fiche Emploi-Nuisances
HTA
Hypertension Artérielle
IRBA
Institut de Recherche Biomédicale des Armées
IST
Infections Sexuellement Transmissibles
NOP
Neurotoxique OrganoPhosphoré
NRBC
Nucléaire, Radiologique, Biologique et Chimique
OPEX

181
OPération Extérieure
ORFA
Optimisation des Ressources des Forces Armées
OTAN
Organisation du Traité de l'Atlantique Nord
PSC1
Prévention et Secours Civiques de niveau 1
PSPO
Premiers Secours Psychologiques en Opération
RCIR
Ration de Combat Individuelle Réchauffable
RPS
Risques Psycho-Sociaux
SC1
Sauvetage au Combat de niveau 1
SIDA
Syndrome d'Immuno-Déficience Acquise
SSA
Service de santé des Armées
TIAC
Toxi-Infection Alimentaire Collective
TSA
Trouble Sonore Aigu
UMDA
Unité Médicale de Décontamination des Armées
VAB
Véhicule de l'Avant Blindé
VIH
Virus de l'Immunodéficience Humaine (HIV en anglais)
VMP
Visite Médicale Périodique

182
DÉFINITION

affect
état de l'esprit tel qu'une sensation, une émotion, un sentiment.
anémie
baisse anormale du taux d'hémoglobine, transportant l'oxygène, dans le sang.
antalgique
qui agit contre la douleur.
antiseptique
désinfectant à usage corporel, tuant ou empêchant la croissance des bactéries, virus ou
champignons sur les surfaces externes du corps.
arbovirose
maladie due à un virus transmis par des piqûres de moustiques ou de tiques.
asymptomatique
qui ne présente aucun symptôme clinique
attrition
perte.
audiométrie
technique permettant l'évaluation de l'acuité auditive.
bactérie
organisme d'une seule cellule microscopique pouvant transmettre des infections ; le virus est
nettement plus petit et a besoin de cellules de l'organisme hôte pour se reproduire.
biométrie
mesure des caractéristiques physiques d'un individu, comme la taille, le poids.
botulisme
le botulisme alimentaire est une maladie grave et potentiellement fatale, mais néanmoins,
rare. C'est une intoxication provoquée par l'ingestion de neurotoxines puissantes, les toxines
botuliques, présentes dans les aliments contaminés.
bronchoconstriction
diminution du diamètre d'une bronche, comme dans la crise d'asthme par exemple.
cellules cornées
cellules de la couche la plus externe de la peau.
chimio-prophylaxie
prévention d'une maladie par la prise d'un médicament.
chronique
maladie ou affection dont les symptômes apparaissent lentement, qui dure longtemps et
s'installe parfois définitivement
cirrhose
maladie chronique du foie qui devient fibreux et fonctionnant mal.
cognitif/ives
se rapportant aux processus permettant l'acquisition des connaissances.

183
cornée
membrane transparente à l'avant de l'œil.
cutanée
de la peau.
cutanéo-muqueux
concerne la peau et les muqueuses (membranes tapissant les cavités du corps).
Déchets organiques
Les déchets organiques ou déchets fermentescibles sont des résidus d'origine végétale ou
animale qui peuvent être dégradés par les micro-organismes pour lesquels ils représentent
une source d'alimentation.
décompensation
Dégradation, souvent brutale, d'un organe ou d'un organisme. Ce terme s'applique aussi bien
dans un contexte physiologique que dans un contexte psychiatrique.
effluents
eaux usées.
électrocardiogramme
examen médical pour enregistrer l'activité électrique du cœur sur un papier.
endémie
présence habituelle d'une maladie infectieuse contagieuse dans une région donnée.
épidémie
propagation rapide d'une maladie infectieuse contagieuse à un grand nombre de personnes.
épigastrique
du creux de l'estomac (au milieu et en haut de l'abdomen).
excreta
substances rejetées hors de l'organisme.
fiche d'emplois-nuisances
permet de préciser les risques auxquels le personnel est exposé à son poste de travail.
filariose
maladie causée par la filaire, un ver parasite.
hématome
accumulation de sang sous la peau ou dans un organe.
hygiène
principes et pratiques pour préserver la santé, en particulier par la propreté du corps.
infection
envahissement de l'organisme par un microbe (bactérie, parasite, virus ou champignon)
pathogène (capable d'entraîner une maladie)
insalubrité
l'insalubrité est caractérisée par ce qui est malsain et peut nuire à la santé
méat
conduit ou orifice anatomique.
morbidité
état de maladie, ensemble des effets liés à une maladie.

184
myocardite
infection du muscle du cœur.
observance
adéquation entre le comportement du patient et le traitement proposé.
odontologique
concerne les dents.
œdème
gonflement des tissus par une accumulation de liquide anormale.
œdème pulmonaire
accumulation de liquide dans les poumons.
opiacée
substance dérivée de l'opium.
optimisation des ressources des forces armées
nouvelles techniques mises en place visant à mobiliser au mieux ses ressources physiques
et psychologiques en fonction des exigences des situations qu'il rencontre.
panoramique dentaire
radiographie de toute la denture.
pathogène
qui peut causer une maladie.
pathologie
maladie.
percutané
qui se fait par absorption à travers la peau.
polymorphe
se présentant sous des formes différentes.
primo-infection
première atteinte d'un organisme par un microbe ; par exemple celui de la tuberculose ou le
VIH.
prophylaxie
mesures à prendre pour éviter les maladies.
psychoactifs
qui altèrent les processus mentaux.
psychomotrice
concerne à la fois les fonctions psychiques et motrices.
punctiforme
en forme de point
pustule
élévation de la peau contenant du pus.
rostre
prolongement pointu vers l'avant du corps, ici d'un insecte ou d'une tique.
sérologie

185
méthode de biologie médicale visant à rechercher, dans un prélèvement sanguin (une « prise
de sang ») la présence d'anticorps (immunoglobulines) permettant d'affirmer un contact,
ancien ou récent, avec un agent infectieux : virus, bactérie, parasite.
sérothérapie
traitement par du sérum immunisant (stimulation du système immunitaire).
somatiques
se rapportant au corps.
stigmatiser
marquer un individu ou un groupe de façon négative.
trypanosomiases
maladies liées aux trypanosomes, parasites du sang (exemple : maladie du sommeil
transmise par la mouche tsé-tsé).
ulcération
formation d'un ulcère et donc d'un trou dans la peau ou une muqueuse.
vésication
formation d'ampoules sur la peau.
vésicules
lésions en élévation de la peau contenant une sérosité (liquide comme de la lymphe).
viscères
organes contenus dans les cavités du corps.
visite médicale périodique
visite pour déterminer l'aptitude médicale généralement effectuée tous les deux ans.
zoonoses
maladies infectieuses qui se transmettent naturellement de l'animal à l'homme.

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