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SANTÉ ET PREMIERS
SECOURS
2022
Organisme responsable :
Direction de la Médecine des Forces / Échelon Santé Spécialisé Milieu Terrestre
(DMF/ESSMT)
« La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas
seulement en une absence de maladie ou d'infirmité » (préambule de la constitution de
l'Organisation mondiale de la santé).
L'hygiène et l'éducation pour la santé sont essentielles tant au casernement qu'en mission, sur
le territoire national et sur un théâtre d'opération extérieur.
L'éducation pour la santé, dont les enseignements doivent créer de véritables réflexes
d'hygiène [*], est essentielle tant du point de vue individuel que collectif.
Les mesures d'hygiène et de prévention ainsi que l'éducation pour la santé ne sont pas
uniquement l'affaire du service de santé des armées mais l'affaire de tous.
« Le respect des mesures d'hygiène et de prévention concourt à promouvoir ou conserver le
bien-être physique et mental, réduire ou éliminer l'incidence et l'impact des maladies, des
blessures et des décès, améliorer la préparation et la capacité opérationnelle des forces »
(doctrine OTAN [*] Force Health Protection).
Au combat, la maladie peut réduire les effectifs encore plus vite que les actions directes
de l'ennemi.
Les mesures de prévention associées à un suivi médical du personnel militaire contribuent au
maintien de la capacité opérationnelle des forces armées.
Quel que soit son niveau d'emploi, le militaire doit détenir les compétences nécessaires pour
porter assistance à une victime dans une situation d'urgence en réalisant les gestes de
premiers secours.
Les connaissances et savoir-faire techniques compatibles avec la situation de combat,
permettent de dispenser les gestes salvateurs dans l'attente d'une prise en charge
paramédicale ou médicale.
Le secourisme et le sauvetage au combat contribuent ainsi à une prise en charge adaptée et à
la préservation des chances de survie du blessé de guerre.
L'action conjointe des combattants et des soignants garantit la meilleure qualité de
prise en charge en cas de blessure ou de maladie.
Le suivi médical du personnel, le respect des mesures d'hygiène et de prévention ainsi que
l'application des gestes de premiers secours participent au maintien de la capacité
opérationnelle des forces terrestres.
2
SOMMAIRE
II - HYGIÈNE ET PRÉVENTION 12
1. HYGIÈNE INDIVIDUELLE........................................................... 14
2. HYGIÈNE COLLECTIVE AU CASERNEMENT ................................... 41
3. HYGIÈNE COLLECTIVE EN CAMPAGNE ET EN INTERVENTION ......... 45
4. RISQUE VECTORIEL ................................................................. 67
V - GLOSSAIRE 181
VI - DÉFINITION 183
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I - SUIVI MÉDICAL DU PERSONNEL
BUT RECHERCHÉ
Comprendre l'importance du suivi médical comme mesure de prévention des risques médicaux
et sanitaires et à la surveillance de l'état de santé du militaire.
RÉFÉRENCES
Instruction ministérielle n° 812/ARM/RH-AT/PRH/LEG du 16 février 2018 relative aux
normes médicales d'aptitude applicables au personnel militaire de l'armée de Terre ;
Instruction ministérielle n° 1700/DEF/DCSSA/PC/MA du 31 juillet 2014 relative à la
détermination et au contrôle de l'aptitude médicale à servir du personnel militaire.
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1/ VISITE MÉDICALE PÉRIODIQUE
L'article L. 4132-1 du code de la défense précise que « nul ne peut être militaire s'il ne
présente les aptitudes exigées pour l'exercice de la fonction ». Cette exigence englobe non
seulement les compétences techniques nécessaires pour tenir un emploi, mais aussi les
aptitudes physique, mentale et médicale.
Il existe différents types de visites médicales :
la visite médicale périodique ;
la visite de départ OPEX [*];
la visite de retour OPEX ;
la consultation de reprise en cas d'arrêt de travail supérieur ou égal à 21 jours.
L'autorité d'emploi est responsable du suivi de la validité des aptitudes, des convocations aux
visites médicales périodiques et du contrôle de leur exécution.
Le militaire, convoqué pour la visite médicale périodique, remet au médecin des armées :
la Fiche Emploi-Nuisances [*] (FEN [*]) ;
la fiche de présentation à la visite médicale périodique.
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La fiche emploi-nuisances est établie par le chef d'organisme pour chaque poste à partir de
l'analyse des risques. Elle permet au médecin de réaliser une surveillance médicale adaptée
selon les risques professionnels identifiés.
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La fiche de présentation à la visite médicale périodique est complétée par le commandant
d'unité. Ce document précise l'emploi tenu ou à pourvoir et l'ensemble des aptitudes médicales
susceptibles de se révéler nécessaires avant l'échéance de validité de la visite médicale
périodique.
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La [*]Visite Médicale Périodique (VMP [*]) comprend :
un questionnaire préalable complété et signé par le militaire ;
un examen biométrique [*] comprenant un contrôle du poids, de la taille, de la tension
artérielle et de l'acuité visuelle. Une étude de l'audition par audiométrie [*] est réalisée
tous les 2 ans avant 35 ans puis tous les 4 ans (sauf si la spécialité ou l'emploi impose de
la contrôler plus fréquemment) ;
un examen clinique ;
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un électrocardiogramme [*] (ECG [*]) tous les 2 ans pour les personnels de moins de 20
ans, tous les 4 ans entre 20 et 40 ans et tous les deux ans après 40 ans ;
la vérification de l'existence dans le dossier médical des deux déterminations du
groupage sanguin ABO Rhésus Kell ;
un examen dentaire associé, si nécessaire, à la prescription d'un cliché panoramique
dentaire.
L'examen dentaire, par un chirurgien-dentiste des armées, peut être réalisé préalablement à la
VMP afin que le médecin puisse délivrer un certificat médico-administratif d'aptitude sans
mention de restriction dentaire.
Aucun autre examen complémentaire n'est systématique. En fonction de la situation clinique, le
médecin peut prescrire, s'il le juge nécessaire, des examens complémentaires ou des
consultations spécialisées :
soit dans le cadre d'une pathologie (à charge de la sécurité sociale) ;
soit dans le cadre d'une détermination de l'aptitude médicale au service, à l'emploi ou à la
spécialité (à charge du service de santé des armées).
A l'issue de cette visite, le médecin met à jour, si possible, les vaccinations réglementaires et il
établit un certificat médico-administratif d'aptitude où sont mentionnées :
l'aptitude médicale au service, à la spécialité, à la conduite de véhicules, à la désignation
pour une OPEX, pour une mission ou une affectation à l'étranger et toute autre aptitude
médicale demandée par le commandement ;
les éventuelles contre-indications à l'entraînement physique militaire et sportif ou à des
activités spécifiques ;
les éventuelles restrictions d'emploi ;
les références d'une dérogation aux normes médicales (si une dérogation a été accordée
par le commandement).
L'aptitude médicale, ainsi définie, est renouvelée avec une périodicité de 2 ans, sauf mention
contraire. En cas d'événement « santé » survenant pendant cette période et susceptible
d'influer sur l'aptitude médicale, une nouvelle visite médicale doit être demandée par le militaire
ou son commandement.
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2/ VISITE MÉDICALE DÉPART OM/OPEX
2.2 - PRÉVENTION
Avant projection et/ou sur le théâtre d'opérations, le service de santé des armées dispense une
information sur l'hygiène générale en campagne et les risques sanitaires spécifiques liés au
territoire. Cette information est individuelle (projection isolée) ou collective (projection d'une
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unité constituée). Si cela est nécessaire, le service de santé des armées fournit avant le
départ, pendant la durée de la projection et pour le retour les traitements de prévention du
paludisme.
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II - HYGIÈNE ET PRÉVENTION
BUT RECHERCHÉ
Maintenir une hygiène individuelle et collective satisfaisante pour maintenir le potentiel au
combat de l'unité.
Appliquer les mesures de prévention et de protections individuelles et collectives pour se
protéger et protéger ses camarades des maladies et infections.
Important
Les règles de prévention qui sont à appliquer en OPEX ne doivent jamais entraver les
actions de combats.
RÉFÉRENCES
Guide d'éducation sanitaire pour les missions extérieures et les séjours outre mer (mise à
jour périodique) ;
Arrêté du 21 décembre 2009 relatif aux règles sanitaires applicables aux activités de
commerce de détail, d'entreposage et de transport de produits d'origine animale et
denrées alimentaires en contenant ;
Arrêté du 8 octobre 2013 relatif aux règles sanitaires applicables aux activités de
commerce de détail, d'entreposage et de transport de produits et denrées alimentaires
autres que les produits d'origine animale et les denrées alimentaires en contenant ;
Guide pour la mise en place d'un plan de maîtrise sanitaire en restauration collective
militaire, version n°5 ;
Guide des bonnes pratiques d'hygiène de la restauration en situation opérationnelle,
version n°3 du 29 septembre 2017 ;
Note n° D16.010041 du 23 novembre 2016 relative à la gestion des eaux destinées à la
consommation humaine au sein des forces stationnées à l'étranger ;
Exigences en matière de potabilité de l'eau en cours d'opérations, en campagne et dans
les situations d'urgence AMedP-4.9 version A.1 de mars 2014 ;
Publication interarmées PIA-4.0.9.1 "Gestion de l'eau en opération extérieure"
n°172/DEF/CICDE/NP du 23 juin 2010 amendée le 8 mars 2012 ;
Décret n° 2007-49 du 11 janvier 2007 relatif à la sécurité sanitaire des eaux destinées à
la consommation humaine ;
Instruction ministérielle n°1180/DEF/DCSSA/AST/TEC/1 du 16 mai 1994, modifiée,
relative à la prophylaxie dans les armées des maladies transmissibles ;
Instruction ministérielle n°3100/DEF/DCSSA/AST/TEC/EPID du 25 mai 2005, modifiée,
relative à la prophylaxie dans les armées de l'infection à VIH et du SIDA ;
Circulaire n°1300/DEF/DCSSA/AST/TEC/EPID du 31 mai 2005 relative à la conduite à
tenir en cas d'exposition au sang (AES) ;
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Circulaire n°2670/DEF/DCSSA/AST/TEC/EPID du 20 septembre 2005 relative à la
conduite à tenir en cas d'exposition sexuelle à risque ;
Paludisme et prévention en République Centrafricaine, guide pratique à l'usage des
cadres de contact, novembre 2014 ;
Circulaire n° 680/DEF/DCSSA/AST/TEC du 3 avril 2009 relative à la lutte contre le
paludisme dans les armées (avec mises à jour par note
n°2007/DEF/DCSSA/AST/BERS/EPID du 15 novembre 2011 et par note
n°504288/DEF/DCSSA/PC/ERS/EPID du 27 juin 2013) ;
Document guide à l'usage des comités de lutte anti-moustiques (CLAM)
n°469/DEF/DCSSA/AST/TEC du 16 février 1999 ;
Instruction ministérielle n°710/DEF/DCSSA/AST/TEC du 12 mars 1997, modifiée, relative
à la désinsectisation et à la dératisation dans les armées ;
Instruction ministérielle n°5549/DEF/CAB du 19 avril 2007 relative aux dépistages de la
toxicomanie et de la consommation excessive d'alcool applicable aux militaires ;
Instruction ministérielle n°300 009/DEF/EMAT/CAB/CEMAT du 5 octobre 2011 relative
aux dépistage à l’initiative de l'autorité militaire de la consommation excessive d'alcool et
de l'usage de produits stupéfiants applicables au personnel de l'armée de Terre ;
Guide pratique – Gestion du cycle veille – sommeil en milieu militaire (SSA/IRBA/UNEO)
– mars 2020.
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1/ HYGIÈNE INDIVIDUELLE
OBJECTIF
Pour le cadre de contact et ses hommes :
se protéger et protéger ses subordonnés des maladies et infections afin de maintenir la
capacité opérationnelle des forces ;
promouvoir l'application des règles d'hygiène individuelle pour maintenir et améliorer la
santé des hommes afin d'aller au terme de la mission.
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Important
Le brossage des dents doit être associé à une discipline alimentaire (ne pas manger
entre les repas, éviter les aliments mous, collants, sucrés (ex. : bonbons, pâte à
tartiner...) et les boissons acides comme les sodas même sans sucre).
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1.1.2.3 - LES VISITES DE CONTRÔLES
Les pathologies bucco-dentaires les plus fréquentes comme les caries sont d'évolutions très
lentes (plusieurs années). Un comportement responsable permet d'éviter la multiplication des
visites de contrôle et de soins dentaires.
Réaliser l'intégralité des traitements des pathologies dépistées par le dentiste.
Identifier et corriger les causes des problèmes (défauts d'hygiène dentaire,
alimentation, traitements inadaptés, etc.). Si chaque année ou tous les deux ans, la visite
chez le chirurgien-dentiste découvre de nouvelles caries, c'est que le traitement des
causes n'est pas suffisant (il ne sert à rien d'augmenter l'hygiène dentaire si la cause
vient de l'hygiène alimentaire).
Être acteur de ses traitements, s'y intéresser et participer aux choix (matériaux,
obturations, couronnes, etc.) :
les plombages traditionnels (amalgames d'argent) sont sans danger pour la santé,
très durables (22 ans en moyenne) et réclament peu de suivi mais ils sont
métalliques donc peu esthétiques : ils doivent donc être privilégiés pour les dents
postérieures ;
les plombages blancs sont simplement collés, ils durent beaucoup moins longtemps
(2 ans en moyenne) et demandent donc des visites plus régulières. S'ils sont
choisis, le programme des contrôles devra être renforcé, l'hygiène dentaire plus
intensive et le comportement alimentaire plus rigoureux.
Remarque
La consultation d'un chirurgien-dentiste des armées lors de la visite médicale périodique (VMP)
est l'occasion de faire un bilan sur la santé bucco-dentaire.
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Avec de l'eau potable et du savon, pendant au moins 30 secondes.
Il est important de vérifier la présence d'eau et de savon dans les sanitaires et à proximité
des lieux de restauration. L'eau non potable ne doit être utilisée qu'en dernier recours car
elle présente un risque de contamination, ce qui annulerait les avantages du lavage des
mains.
Avec une solution désinfectante pour les mains à base d'alcool (gel hydro-alcoolique)
lorsque le savon et l'eau ne sont pas disponibles.
Avec les lingettes imprégnées de solution à base d'alcool contenues dans le kit hygiène.
Les désinfectants pour les mains à base d'alcool ne sont pas efficaces si les mains sont
couvertes de salissures ou de matières grasses.
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protéger la peau des rayons du soleil : une protection solaire adaptée sur peau propre
est recommandée ;
effectuer régulièrement une toilette du corps à l'eau potable et au savon (en fonction
des possibilités) pour limiter le risque d'infections de la peau. Une attention particulière
doit être portée aux zones de transpiration et aux endroits humides (aisselles, parties
génitales, fesses, pieds) ;
idéalement et au mieux, avec une douche « classique » journalière ; à défaut une
par semaine ;
en cas d'absence de sanitaires, avec une douche à la bouteille d'eau (deux
bouteilles pour une douche) ;
au minimum, une toilette quotidienne de type « débarbouillage ».
Remarque
Les tatouages réalisés de façon artisanale, sans matériel adapté (stérile et à usage unique)
exposent au risque d'infection de la peau.
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La laine emprisonne de l'air qui se réchauffe au contact du corps. La superposition de
plusieurs vêtements de laine préserve donc très bien l'organisme contre la déperdition de
chaleur ; l'isolement est assuré par les épaisseurs de tissu et les couches d'air qui existent
entre chaque épaisseur. La laine est donc le tissu de choix pour les vêtements d'hiver.
Les tissus imperméables : l'imperméabilisation des tissus par le caoutchouc ou la paraffine a
l'inconvénient de s'opposer à la circulation de l'air, donc d'empêcher l'évaporation de la sueur.
Ces vêtements ne peuvent donc pas être portés très longtemps.
Des tissus modernes dits microporeux (Gore tex®, etc.) ont l'avantage de permettre la
circulation normale de l'air donc de la sueur évaporée et d'empêcher le passage des liquides.
Ces matières permettent la confection de tenues imperméables qui peuvent être portées par
tous les temps. Ces vêtements "techniques" doivent faire l'objet d'un lavage approprié pour
éviter tous risques d'altération de l'imperméabilité des tissus microporeux.
Dans tous les cas, les vêtements moulants sont à proscrire. Une circulation optimale de l'air est
obtenue par le port de vêtements amples qui favorisent les échanges thermiques entre
l'individu et le milieu extérieur et ainsi l'évaporation de la sueur.
La couleur des vêtements joue un rôle sur les échanges de chaleur. Les tissus clairs,
réfléchissent la lumière solaire donc absorbent moins la chaleur que les tissus foncés. En été,
il est préférable de porter des vêtements de couleur claire, en hiver des vêtements sombres.
Les vêtements de sport sont conçus pour donner toute liberté de mouvement et permettre
l'évaporation rapide et intense de la sueur au cours d'efforts musculaires prolongés. Ils doivent
être ouverts en cours de séance de sport afin de permettre l'évaporation de la sueur.
REMARQUES
Une étoffe mouillée perd ses qualités d'écran thermique. L'eau est vingt-sept fois
meilleure conductrice de la chaleur que l'air. Une étoffe mouillée perd toute qualité
isolante donc tout pouvoir de conserver la chaleur. La laine mouillée conserve toujours un
peu d'air entre ses mailles donc un certain pouvoir de conserver la chaleur.
30% de la chaleur corporelle s'évacue au niveau de la tête.
Tout tissu qui sèche consomme de la chaleur. Le port de sous-vêtements (tee-shirts,
chaussettes) mouillés par la transpiration expose au risque de refroidissement donc
d'hypothermie et de gelures au niveau des orteils et des doigts.
Une circulation optimale de l'air est obtenue par le port de vêtements amples qui
favorisent les échanges thermiques entre l'individu et le milieu extérieur et l'évaporation
de la sueur.
Le rôle du cadre de contact relève le plus souvent du bon sens. Quelques principes
élémentaires, non exhaustifs, peuvent être proposés :
le linge de corps mouillé doit être changé par du linge sec dès la fin de l'effort, d'où
l'importance de prévoir du linge de rechange ;
les vêtements moulants sont à proscrire (risque de coup de chaleur en ambiance chaude,
absence d'isolation thermique en ambiance froide) ;
porter des vêtements secs, un bonnet, des gants et des chaussettes adaptées en
ambiance froide (risque d'engelures) ;
couvrir la tête lors des expositions au soleil.
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1.1.7 - HYGIÈNE ALIMENTAIRE
Si l'alimentation quotidienne du militaire est abordée dans ce chapitre, l'alimentation spécifique
dans le cadre d'objectifs sportifs précis, de postes particuliers ne sera en revanche pas
abordée. Elle requiert des conseils auprès de spécialistes tels que les médecins des forces et
les moniteurs EPMS [*].
Les dépenses énergétiques quotidiennes d'un adulte sédentaire se situent entre 2200 et 2600
kcal. La pratique d'une activité physique augmente les besoins entre 500 et 1000 kcal/j selon
son intensité.
Une répartition en 4 ou 5 prises par jour est conseillée avec un petit déjeuner devant
représenter environ 25% de la ration journalière. Pour construire un repas équilibré, il convient
de suivre la règle mnémotechnique du 421 soit 4 portions de glucides, 2 portions de protéines
et 1 portion de lipides.
Les glucides ont un rôle déterminant pour les performances physiques. Ils sont de deux
types :
les glucides simples, aussi appelés « sucres rapides » (miel, sucre, sucreries,
sodas, fruits) dont la consommation doit être modérée. Attention, les boissons
énergisantes (type Redbull, Monster) contiennent une importante quantité de
sucres ;
les glucides complexes aussi appelés « sucres lents » (riz, pâtes, pain complet,
farine, légumes secs, pommes de terre) sont à privilégier.
Les lipides ou graisses contenus dans les graisses animales ou végétales sont une
source d'énergie indispensable et doivent être consommés modérément.
Les protéines peuvent être d'origine animale (viande, œuf, poisson, lait, fromage) ou
végétale (céréales, légumes secs, oléagineux). Les protéines végétales sont à privilégier.
Il est important de boire au minimum 1.5 litre d'eau par jour. Un homme adulte de 75 kg
perd en moyenne 2.5 litre d'eau par jour indépendamment du climat, de l'altitude et de toute
activité physique. Pour équilibrer ces pertes, l'apport de 1.5 litre d'eau par jour est
indispensable, le reste étant apporté par les aliments.
Comment se nourrir lors d'un déploiement en pays chaud / en manœuvre ?
Dans ces deux situations les personnels sont exposés à la « sous nutrition » de terrain. Elle est
causée par une augmentation des activités combinée à un manque d'appétit lié à la chaleur. Il
est donc recommandé de :
fractionner les prises alimentaires ;
faire des collations.
L'hydratation
Même en l'absence de symptômes, la déshydratation engendre très précocement une
diminution des performances physiques et une augmentation des risques du trouble de la
conscience.
Pour prévenir la déshydratation, voici quelques recommandations simples :
être à l'écoute de sa soif : boire avant d'avoir les premières sensations de soif ;
boire régulièrement plutôt qu'une grande quantité en une seule prise (150 à 250 ml / 20
minutes lors d'un exercice intense) ;
en cas de déshydratation, privilégier l'eau mais aussi les boissons contenant du sel
(compensation des pertes d'eau et de sel dans la sueur) ; les potages ou les bouillons
cubes sont un bon compromis.
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Les boissons énergétiques (type Powered, Isostar) sont adaptées car elles contiennent
notamment du sel. Attention ce n'est pas le cas pour les boissons énergisantes (type Monster,
Redbull).
Les compléments alimentaires
Pour un sportif, une alimentation variée et équilibrée apporte tout ce dont le corps a besoin
sans nécessité de complément. La diversité alimentaire suffit à prévenir les carences.
Leur utilisation peut être dangereuse en cas de déshydratation et d'exercice de haute intensité
à la chaleur. Ils peuvent être contaminés par des produits toxiques qui ne figurent pas sur la
composition officielle.
En cas de consommation de compléments alimentaires, il est recommandé de ne jamais se
fournir sur internet et de vérifier les normes des produits achetés car ils peuvent contenir des
produits toxiques et/ou substances dopantes qui ne figurent pas sur la composition officielle.
Pour contrôler l'absence de contamination d'un complément alimentaire, il faut vérifier sur
l'emballage la présence de la mention Afnor NF V94-001 ou des mentions suivantes :
label Sport Protect pour les produits vendus en France ;
certification National Sanitation Foundation, Logo Informed Sport, Logo Informed Choice
pour les produits vendus à l'étranger.
1.1.8.1 - DÉFINITIONS
« Une substance psychoactive s'entend d'une substance qui, lorsqu'elle est ingérée ou
administrée, altère les processus mentaux, comme les fonctions cognitives ou l'affect [*]
» (Organisation Mondiale de la Santé).
Nous pouvons regrouper sous ce terme le tabac, l'alcool, la cocaïne, l'héroïne, les nouveaux
produits de synthèse, certains médicaments et bien d'autres produits. Le terme « psychoactif »
n'implique pas forcément une dépendance.
L'addiction est un comportement qui vise à produire du plaisir ou écarter une sensation de
malaise interne. L'addiction se distingue par une impossibilité répétée à contrôler ce
comportement en dépit de la connaissance de ses conséquences négatives (sur la santé du
sujet, sur sa situation familiale, professionnelle, sociale, etc.). Ce comportement peut être lié à
une substance, mais pas exclusivement. Il existe des addictions sans substance (addiction aux
jeux d'argent et de hasard, addiction au sport, au sexe, etc.). C'est un problème de santé
publique étant donné leur fréquence, leurs complications médicales et leur coût social.
Classiquement, trois types de comportement sont décrits : le non-usage, l'usage simple et le
mésusage (qui correspond à l'addiction). Notre vigilance doit se porter sur le mésusage, avec
différents niveaux de sévérité :
l'usage à risque : consommation de substance supérieure aux seuils définis, sans
conséquence sur le plan médical, psychologique ou social, ou consommation d'une
substance illicite même dans le cadre d'une expérimentation unique ;
l'usage nocif : toute consommation qui s'associe à au moins un dommage, qu'il soit
médical, psychologique ou social ;
21
la dépendance : apparition d'une tolérance (nécessaire augmentation des
consommations pour obtenir les mêmes effets) et d'un syndrome de sevrage en cas
d'arrêt, besoin irrépressible de consommer afin d'éviter les symptômes de manque, perte
de contrôle face aux consommations avec une augmentation du temps consacré à la
recherche du produit au détriment de la vie socio-professionnelle de l'individu.
22
Il n'est pas possible de faire un catalogue exhaustif de l'ensemble des substances auxquelles
le militaire peut être éventuellement confronté. Il est important de ne pas sous-estimer les
marchés locaux lors des missions extérieures et de se renseigner sur les substances
présentes ou faisant l'objet d'un trafic (exemples du khat à Djibouti et de l'alcool frelaté en
Afrique).
Le recours à l'ensemble de ces substances peut être à l'origine de complications médico-
légales, mais également de situations d'urgence plus spécifiques au milieu militaire, liées en
particulier au contexte opérationnel et à la disponibilité des armes.
23
L'ivresse donne lieu à une première phase d'excitation psychomotrice [*] (altération de
l'attention, de la concentration, du jugement, de la mémoire et de l'adaptation à
l'environnement), suivie par une incoordination globale fréquemment associée à une
confusion. Selon les taux d'alcoolémie, l'ivresse peut évoluer vers un état de coma, dont
le risque principal est l'encombrement des voies aériennes.
Le syndrome de sevrage lié à un arrêt brutal de la consommation chez un individu
présentant une dépendance à la substance : tremblements, sueurs, nausées,
vomissements et dans les situations les plus graves : agitation, hallucinations visuelles,
crises d'épilepsie.
Dans certaines zones du monde, des « spiritueux » frauduleux, ayant par exemple l'apparence
du whisky ou du gin, sont vendus à des prix très faibles au marché noir. La composition est
incertaine et l'origine douteuse. Il s'agit le plus souvent d'alcool frelaté. Cette substance est
hautement toxique. Elle cause chaque année des décès. Sa consommation, même à très
faible dose, peut entraîner des tableaux psychiatriques sévères (agitation, hallucinations, état
confusionnel, épisodes délirants, etc.), mais également d'autres atteintes organiques majeures,
notamment ophtalmologiques (troubles visuels, cécité), voire entraîner un coma et le décès. Il
est nécessaire d'informer tout militaire sur les dangers de ces produits et sur l'interdiction
formelle d'en consommer.
Important
Il est important de considérer le mésusage de l'alcool comme le signe d'une souffrance
psychique. L'accompagnement vers des soins adaptés est nécessaire, avec
bienveillance et sans jugement.
24
Voir aussi
Voir aussi
3 films de prévention de la consommation d'alcool dans les armées
25
provenance du produit. Ainsi, dans certaines régions du monde, les individus peuvent se
procurer du cannabis nettement plus dosé que celui trouvé en France, entraînant parfois des
effets psychoactifs plus importants.
LA COCAÏNE
La cocaïne est extraite d'une plante. Elle se présente sous la forme d'une poudre blanche
(chlorhydrate de cocaïne) ou de cailloux fumables (crack ou free base). La consommation
donne généralement lieu à une intense euphorie puis à une désinhibition, à des idées de
grandeur et une augmentation de l'estime de soi ou encore à une agressivité dans certains
cas. La dépendance à la substance apparaît très rapidement, avec des complications
physiques qui peuvent être graves (infections, pathologies cardiaques, neurologiques,
pulmonaires, psychiatriques).
Cette substance est particulièrement accessible dans certaines zones géographiques, comme
l'Amérique du Sud.
26
LES NOUVEAUX PRODUITS DE SYNTHÈSE
Ces produits sont très nombreux, disponibles en vente libre sur certains sites internet. Ils sont
de forme variée (comprimés, poudre, etc.) et les effets sont divers selon la molécule prise. Là
encore, une prise en charge médicale est nécessaire.
Voir aussi
En savoir plus sur les nouveaux produits de synthèse
L'HÉROÏNE
L'héroïne est une substance opiacée [*] qui peut être utilisée par voie nasale, fumée ou
injectée. Sa consommation est rare, mais ses effets doivent être connus : sentiment de bien-
être intense, euphorie, pâleur, ralentissement du rythme cardiaque. La dépendance à la
substance est très intense et s'installe quasi immédiatement. Une prise en charge médicale en
urgence est indiquée.
LES MÉDICAMENTS
Certains médicaments peuvent être détournés de leur usage initial à cause de leurs effets
psychoactifs [*]. Les principales molécules concernées sont les opiacés, puissants
antalgiques [*]. Le mésusage de telles substances peut être à l'origine d'une dépendance
sévère.
1.1.8.8 - DÉPISTAGE
Les sujétions particulières de la fonction militaire permettent de soumettre l'ensemble
des militaires au dépistage de la consommation de certaines substances psychoactives
illicites mais également du mésusage d'alcool.
27
Conformément à l'instruction n°300009/DEF/EMAT/CAB/CEMAT du 5 octobre 2011, l'autorité
militaire est autorisée à contrôler le taux d'alcoolémie ou la consommation de
substances psychoactives (cannabis, opiacés, amphétamines et leurs dérivés, cocaïne et
ses dérivés, LSD et GHB). Ce test doit avoir pour objectif d'assurer la sécurité de la mission,
pour l'individu contrôlé et pour les tiers, mais également de prévenir les dangers que la
consommation d'une substance peut entraîner pour la santé du personnel. Aucun dépistage
ordonné par le commandement ne doit avoir pour objet la détermination de l'aptitude
médicale du militaire concerné. Le personnel habilité à réaliser un dépistage est celui désigné
par le commandant de la formation, à l'exclusion du personnel relevant du service de santé des
armées. Le commandement doit également assurer un rôle actif en termes de prévention,
notamment au travers de campagnes d'information et de sensibilisation vis-à-vis des risques
des différentes substances psychoactives.
Selon la même instruction, le service de santé des armées est responsable de l'évaluation
de l'aptitude médicale. A ce titre, il peut pratiquer des dépistages de la consommation de
substances psychoactives ou d'un mésusage de l'alcool. Le dépistage est alors réalisé par un
médecin des armées ou sous son contrôle. Son résultat est couvert par le secret professionnel
et ne peut être communiqué à l'autorité militaire que sous la forme d'une appréciation en
termes d'aptitude ou inaptitude médicale.
Important
Les comportements addictifs sont souvent la conséquence d'une souffrance psychique.
Ils doivent être repérés, sans porter de jugement et sans stigmatiser [*] le personnel
concerné.
28
sur la réponse immunitaire : favorisation ou aggravation d'infections virales ou
bactériennes.
Une dette de sommeil trop importante conduit à un vieillissement accéléré de l'organisme.
Pour optimiser la qualité du sommeil, il doit avoir lieu dans un environnement propice
(idéalement) :
calme, sans bruit ;
totalement noir ;
frais (18 – 21 °C) ;
sans animaux domestiques ;
aéré ;
comportant une séparation des zones de couchages entre les personnels travaillant de
jour et de nuit (« hibouisation » des zones vie ; sur les bivouacs, instaurer une zone
calme pour le sommeil).
Important
Boire de l'alcool, consommer des stupéfiants, prendre des médicaments sans avis médical ne
permet pas d'améliorer l'endormissement ni la qualité du sommeil.
29
extension de sommeil : dormir plus les nuits avant le départ (2 heures de plus en
moyenne) ;
récupération accrue pendant la mission ;
siestes : toute période de sommeil même courte est bonne à prendre ;
optimisation des ressources des forces armées [*] (ORFA [*]) pour permettre la
récupération ;
techniques de gestion du décalage horaire.
Voir aussi
Le manuel « Gestion du cycle veille/sommeil en milieu militaire » (SSA / UNEO / IRBA [*] -
2020)
La sieste optimisée pour les militaires (SSA / IRBA - 2019)
1.1.11.3 - PRÉVENTION
Se référer au paragraphe relatif au "trouble sonore aigu" du chapitre 1.8 de la section IV.
30
1.2 - PATHOLOGIES SPÉCIFIQUES
1.2.1 - LA GALE
La gale est une affection contagieuse qui se transmet par un contact humain direct ou par le
linge infesté, comme dans le cas typique de la literie de la chambre de permanence. Cette
pathologie, dont l'incubation est de 3 semaines, est liée à un parasite, le sarcopte, qui se
manifeste par un prurit ou démangeaison augmentant la nuit, entraînant un "grattage".
Les lésions, sous forme de vésicules [*], ont des localisations évocatrices : paumes des mains,
entre les doigts.
Pour être radical, le traitement doit prendre en charge :
le patient ;
l'entourage proche ;
le linge.
Le patient et son entourage proche, c'est à dire la chambrée, le personnel ayant séjourné dans
la chambre de garde, l'entourage familial doivent tous bénéficier soit du traitement local, soit du
traitement par comprimé. Il est important de traiter les personnels concernés en même temps.
Le traitement local consiste en une application cutanée de TOPISCAB, renouvelée une
semaine plus tard.
Un traitement par comprimé peut être aussi proposé.
Il est impératif de traiter tout le linge utilisé dans la semaine qui précède tel que :
les draps et serviettes par un lavage en machine avec une température supérieure ou
égale à 60° ;
les vêtements, la literie, les matelas, les coussins, les sièges et les objets non lavables
doivent être vaporisés par un produit insecticide adapté.
31
L'infection cutanée [*] peut se traduire par des manifestations variées : furoncle (pustule [*] très
douloureuse), folliculite (micro-pustules centrées par les poils), abcès, panaris (abcès au
niveau de l'extrémité du doigt), érysipèle ("grosse jambe rouge douloureuse et fébrile"),
impétigo (croûtes jaunâtres, surtout sur le visage).
Elle se transmet essentiellement par le contact cutané et surtout par les mains. Certains sujets
sont porteurs chroniques [*] asymptomatiques [*].
Les antibiotiques, pris de façon inadaptée, peuvent favoriser la sélection de souches
résistantes.
La prévention repose sur une bonne hygiène et surtout l'utilisation fréquente de gel hydro-
alcoolique pour les mains (après être allé aux toilettes, avant chaque repas, après un contact
avec un malade, ...).
Le traitement précoce des malades le plus souvent par antiseptique [*] et antibiotique durant
une période suffisante, parfois grâce à un geste chirurgical (cure de panaris, évacuation
d'abcès) et la désinfection des sujets ayant un portage chronique de staphylocoque
(notamment dans les orifices tels que narines, oreilles, anus et les plis inguinaux, axillaires,
inter-fessier) évitent la dissémination des germes.
Abcès
Panaris
32
1.2.3 - LES INFECTIONS SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES
ET LEUR PRÉVENTION
Si la plupart de la population a entendu parler des Infections Sexuellement Transmissibles
(IST [*]), les connaissances restent cependant souvent imprécises. Par ailleurs, la gravité
relative de ces infections a très sérieusement augmenté depuis le début des années 1980 avec
l'apparition du Virus de l'Immunodéficience Humaine (VIH [*]), responsable, entre autres, du
Syndrome d'Immuno-Déficience Acquise (SIDA [*]).
Il est nécessaire de distinguer les IST [*] des maladies générales d'origine sexuelle comme les
pathologies liées au VIH, au virus de l'hépatite B ou au virus de l'hépatite C.
LES CHLAMYDIOSES
Les chlamydioses, liées à la bactérie chlamydia, sont des urétrites plus fréquentes et plus
trompeuses car il existe moins de symptômes que pour les blennorragies mais le risque
d'infection des trompes puis de stérilité chez la femme est bien réel.
33
Important
La chlamydiose est en forte augmentation, c'est l'IST la plus fréquemment
diagnostiquée.
LA SYPHILIS
La syphilis qui était, avant l'apparition du SIDA, la plus grave des IST, reste une des plus
trompeuses. Elle se manifeste au début par le chancre qui apparaît deux à quatre semaines
après le rapport infectant. Le chancre est une ulcération (plaie) superficielle, non douloureuse,
du gland, du prépuce ou des organes génitaux féminins accompagnée d'une augmentation du
volume des ganglions de l'aine. Toute ulcération de ce type, quel qu'en soit le siège (anus,
amygdale, vulve, ...), doit être montrée sans délai à un médecin.
En l'absence de traitement antibiotique approprié, des atteintes de nombreux organes peuvent
la compliquer à long terme, en particulier au niveau cardiologique et neurologique (syphilis
tertiaire).
Syphilis (chancre)
Syphilis pharyngée
L'HERPÈS GÉNITAL
L'herpès génital se manifeste par l'apparition de petites vésicules [*] (bulles) sur les organes
génitaux se creusant ensuite et engendrant des brûlures et des démangeaisons très gênantes.
Il est du à un virus (HSV2 ou HSV1) difficile à éradiquer. Les récidives sont fréquentes (chaque
épisode étant contagieux) et nécessitent, dans certains cas, un traitement prolongé par
antiviral.
34
Les risques pendant l'accouchement sont très importants (transmission à l'enfant).
35
Condylomes de la verge
Condylomes
Chancre mou
36
LES INSECTES PARASITES DES RÉGIONS GÉNITALES
Les morpions ou poux du pubis (phtyriase) et la gale humaine (scabiose) ne sont pas à
proprement parler des IST mais ils se contractent lors d'un contact rapproché et de ce fait
peuvent constituer un marqueur de risque sexuel. Ils provoquent des démangeaisons
importantes. Leur élimination est simple, sous réserve que le traitement prescrit soit bien
appliqué.
LA TRANSMISSION DU VIRUS
Elle se fait exclusivement par le sang et les sécrétions génitales et donc principalement à
l'occasion de rapports sexuels homo ou hétérosexuels.
Les muqueuses génitales, du fait de leur fragilité naturelle, sont le siège, lors des rapports, de
petites lésions qui favorisent le passage du virus. Celui-ci, présent dans le sang, le sperme ou
les sécrétions vaginales, peut donc passer indifféremment de l'un vers l'autre des partenaires.
La contamination peut se faire également par voie sanguine. La transfusion sanguine est
actuellement sans danger dans les pays développés où le dépistage est systématique chez les
donneurs. En revanche, l'usage de seringues ou d'aiguilles souillées par du sang, est un mode
important de transmission qui explique le grand nombre de séropositifs parmi les toxicomanes.
Voir aussi
Comment se transmet le VIH ?
LA SÉROPOSITIVITÉ
Dans les premiers mois qui suivent la contamination par le virus, le sujet ne ressent
généralement rien. Il fabrique des anticorps qui signent la présence du virus dans son
organisme. Ces anticorps pourront être détectés, en moyenne, au troisième mois par un
examen du sang. Le sujet est devenu séropositif ; il peut le rester plusieurs années sans
présenter de symptômes de la maladie. Il peut, cependant, transmettre le virus à son ou ses
partenaire(s) lors de rapports sexuels.
Parmi les sujets séropositifs, certains pourront voir apparaître quelques symptômes :
augmentation du volume des ganglions ;
perte de poids ;
fièvre ;
diarrhées persistantes.
Dans tous les cas, les sujets séropositifs doivent se soumettre à un contrôle médical régulier
afin de suivre l'évolution de leurs défenses immunitaires et débuter un traitement médical dès
l'apparition des premiers symptômes.
37
LA MALADIE : LE SIDA
Elle apparaît après un délai variable (de quelques mois à plusieurs années) et se manifeste
par des infections graves, des atteintes des nerfs et du cerveau, un amaigrissement important
et certains cancers.
LE TRAITEMENT MÉDICAL
Actuellement, un certain nombre de médicaments, administrés dans des conditions très
précises, permettent d'empêcher ou de retarder l'aggravation de la maladie. Leur prise doit,
dans tous les cas, s'accompagner d'une amélioration de l'hygiène de vie.
En tout état de cause, aucun traitement n'est actuellement capable de guérir un patient atteint
du SIDA. Mais la trithérapie (prise de 3 molécules médicamenteuses) a permis une diminution
majeure de la mortalité et du risque d'infections [*] opportunistes.
Par ailleurs, le traitement précoce lors d'une expositions sexuelles à risque (ESAR [*])peut
éviter la contamination. Idéalement, ce traitement doit être débuté dans les 4 heures qui
suivent l'exposition (rapport sexuel potentiellement contaminant). Il faut donc consulter le
plus vite possible, dans les premières heures qui suivent, dans ce genre de situation, et ce,
quelle que soit l'heure.
38
La protection contre la transmission sexuelle
En dehors de l'abstinence, la protection contre la transmission sexuelle repose sur deux
conditions principales :
une bonne hygiène de vie, avec en particulier un abandon ou au moins une limitation
du « vagabondage sexuel ». La multiplication des partenaires et la survenue d'IST à
répétition sont évidemment des facteurs de risque importants, surtout dans certaines
régions du monde où la maladie est très présente ;
l'usage systématique du préservatif.
Le préservatif, qui doit être de qualité (marquage NF ou CE), correctement conservé et
bien utilisé, est, en effet, le seul moyen de protection efficace. Il est fourni gratuitement par
le service de santé des armées dans les régions où le risque est important, outre-mer en
particulier.
Important
L'hépatite virale B, l'hépatite virale C ou le SIDA peuvent entraîner une inaptitude outre-
mer, une inaptitude OPEX, voire une inaptitude définitive au service.
39
Voir aussi
L'hépatite virale B, une infection potentiellement grave contre laquelle un vaccin offre une
protection efficace.
40
2/ HYGIÈNE COLLECTIVE AU CASERNEMENT
OBJECTIF
Pour le cadre de contact et ses hommes :
maintenir la capacité opérationnelle de la troupe en appliquant les principes d'hygiène
collective au casernement ;
promouvoir l'application des règles d'hygiène collective pour un niveau élevé de
protection de la santé de ses hommes.
41
utilisation rapide après décongélation, au maximum dans les trois jours suivant la mise
en décongélation ;
recongélation d'un produit décongelé interdite.
La congélation de produits frais ne peut être réalisée qu'exceptionnellement sous réserve du
respect de la date limite de consommation des produits, des températures de conservation et
d'assurer la parfaite traçabilité des opérations (indication de la date de mise en congélation).
La congélation ne tue pas les bactéries ni les virus. De nombreux produits congelés ou
surgelés (cuisses de poulet, steaks hachés) peuvent être cuits directement sans décongélation
préalable.
42
maîtriser des flux d'air afin d'éviter l'entrée d'air provenant de l'extérieur dans les zones
de production ;
alimenter les locaux en eaux destinées à la consommation humaine, c'est-à-dire les eaux
qui, soit en l'état, soit après traitement, sont utilisées pour la boisson, pour la cuisson et la
préparation des aliments, ainsi que pour tous les autres usages individuels et collectifs
qui participent à garantir aux personnels de bonnes conditions d'hygiène : ablutions,
douche, lavage des effets vestimentaires, entretien des locaux.
Important
L'alimentation collective n'a que peu de rapports avec l'alimentation domestique et un certain
nombre de gestes pratiqués à la maison doivent absolument être interdits au sein des
organismes de restauration car ils sont dangereux à grande échelle.
43
2.2.1 - LE STOCKAGE DES DÉCHETS
Le stockage des déchets organiques [*] est très souvent un élément de nuisances et
d'insalubrité [*] ; il doit donc faire l'objet d'une vigilance particulière.
Le local à poubelles doit être clos pour éviter l'accès des rongeurs, voire des chiens et des
chats errants ; il doit être orienté au Nord plutôt qu'au Sud pour limiter les effets nocifs de la
chaleur ; il doit être facilement nettoyable (sol et murs carrelés, sol en pente pour faciliter le
drainage des effluents [*]). Enfin, les ouvertures d'aération doivent être équipées de grillage
moustiquaire afin d'éviter la présence d'insectes, mouches en particulier.
44
3/ HYGIÈNE COLLECTIVE EN CAMPAGNE ET
EN INTERVENTION
L'hygiène collective en campagne et en intervention fait appel aux mêmes règles
générales que l'hygiène au casernement. Les camps de manœuvre sont maintenant tous
dotés des mêmes conditions de confort et d'hygiène que les installations permanentes. Les
règles énoncées dans ce chapitre s'appliquent donc plus particulièrement aux exercices en «
terrain libre » et aux séjours en zone d'intervention où les conditions d'hygiène sont plus
précaires.
OBJECTIF
Pour le cadre de contact et ses hommes :
maintenir la capacité opérationnelle de la troupe en appliquant les principes d'hygiène
collective en campagne et en intervention ;
promouvoir l'application des règles d'hygiène collective pour un niveau élevé de
protection de la santé de ses hommes.
45
Lorsque l'utilisation des RCIR se prolonge, un apport complémentaire de fruits et légumes frais
contrôlés doit être organisé pour un apport en fibres et vitamine C.
46
Les eaux brutes, disponibles dans la nature (eaux de rivières, lacs, puits, etc.), ne sont pas
utilisables en l'état. Elles ne constituent que des ressources en eau qui nécessitent un
traitement avant usage.
Les usages, qualifiés de techniques qui peuvent représenter en opération des quantités très
importantes, ne concernent ni l'alimentation ni l'hygiène corporelle ou certains locaux. Il s'agit :
de la construction, de l'entretien et de la maintenance de l'infrastructure (évacuation des
excretas [*], entretien des bâtiments et des zones à vocation technique, etc.) ;
de domaines spécifiques tels que le lavage du matériel militaire ;
de la protection incendie.
Les eaux techniques peuvent nécessiter un traitement simple (simple décantation par
exemple) mais aussi parfois un traitement plus élaboré (filtration, adoucissement, etc.)
répondant à un usage spécifique.
47
3.2.2.2 - ASPECT QUALITATIF
Les critères qualitatifs applicables sont définis par instruction ministérielle. La conformité à ces
critères correspond à la notion d'eau « potable » couramment utilisée.
Important
Pour tous les usages « domestiques », une seule qualité d'eau est acceptable : il s'agit de l'eau
« potable ».
Important
En situation précaire, et c'est le plus souvent le cas des troupes en campagne, toute eau
doit être considérée comme suspecte et traitée avant d'être consommée.
48
l'effet microbicide : capacité de détruire les germes pathogènes déjà présents dans l'eau ;
l'effet rémanent : effet du désinfectant qui se maintient dans le réseau de distribution ou
dans la bâche de stockage et qui permet de garantir la qualité bactériologique de l'eau.
Une bonne désinfection repose sur la combinaison des facteurs « concentration du
désinfectant » et « temps de contact » : moins la concentration est importante, plus le temps
de contact doit être long. Ces facteurs diffèrent selon les désinfectants utilisés et les agents
microbiens à éliminer.
Différents procédés de désinfections sont possibles :
moyens physiques : l'ébullition prolongée (au moins 5 minutes) est le moyen le plus
connu ; les ultraviolets ou la microfiltration peuvent aussi être utilisés ;
moyens chimiques : le chlore sous différentes formes (chlore gazeux, eau de Javel,
hypochlorite de calcium). Seuls les dérivés chlorés permettent l'obtention d'un effet
persistant.
Une concentration de chlore adaptée est nécessaire pour assurer une bonne
désinfection. Par la suite, le stockage et la distribution de l'eau potable dans de bonnes
conditions impliquent d'assurer un maintien de la concentration en chlore de l'eau.
Pour être efficace, la désinfection doit être effectuée sur une eau préalablement débarrassée
de la matière organique (étape de clarification : coagulation, floculation, décantation puis
filtration) car elle inactive le chlore. En outre, s'il est efficace contre les bactéries et les virus, le
chlore l'est moins contre les parasites (amibes, cryptosporidies, etc) ; seule la filtration permet
de les éliminer.
Pour mémoire, l'ozonation est un procédé de désinfection non rémanent utilisable dans le
traitement des EDCH mais techniquement difficile à mettre en œuvre de façon maîtrisée en
OPEX.
Important
Il importe de toujours respecter la succession logique décantation, filtration puis
désinfection.
49
Le dichloro-isocyanurate de sodium (DCCNa)
Ce produit peut être présenté sous forme de :
comprimés de 3,5 mg (soit environ 2 mg de chlore actif disponible) pour le traitement de
l'eau de boisson à titre individuel ; un comprimé pour un litre d'eau claire à laisser en
contact une demi-heure avant consommation (exemple : les comprimés disponibles dans
les RCIR [*]) ;
comprimés de 33 mg de DCCNa (soit environ 19 mg de chlore actif disponible) utilisables
pour le traitement de l'eau en réservoir.
L'eau de Javel
L'eau de Javel se présente, en général, sous deux formes :
en berlingot de 250 ml, contenant une solution à diluer (« eau de Javel concentrée ») à
9,6 % de chlore actif ;
en solution prête à l'emploi (« eau de Javel diluée ») à 2,6 % de chlore actif.
En Europe, les étiquettes indiquent des pourcentages de chlore actif (sortie usine) ou, pour
certaines formes industrielles, des degrés chlorométriques. Dans certains pays, les
formulations commercialisées peuvent répondre à d'autres standards. Lors d'achat local de
solutions chlorées, il convient de bien vérifier, ou le cas échéant de calculer, la concentration
(en pourcentage de chlore actif) de l'eau de Javel avant utilisation et d'ajuster les protocoles
d'emploi en conséquence. De même il est nécessaire de vérifier que l'eau de Javel ou
l'hypochlorite de calcium peuvent être utilisés pour l'eau potable (norme EN NF 900, 901 ou
équivalent). En effet, il existe de nombreuses formulations commerciales non adaptées (pour
les WC, le linge, les piscines, etc.) pouvant contenir notamment des détergents, des
adoucissants, des parfums et des impuretés.
50
La STEM produit 10 m3/heure d'EDCH à partir d'une ressource d'eau douce non polluée
chimiquement, 6 m3/heure à partir d'une ressource d'eau douce polluée chimiquement et
3 m3/heure à partir d'une ressource d'eau de mer.
51
Le traitement fait ensuite appel autant que possible à trois étapes : décanter, filtrer,
désinfecter.
LES PREMIÈRES ÉTAPES consistent en une décantation et/ou une filtration.
si l'eau est trouble, laisser décanter 2 heures dans un récipient puis filtrer sans remettre
en suspension : fabriquer un filtre grossier avec un linge (chèche, béret, ...) replié sur lui-
même ; obturer du mieux possible le goulot de la gourde individuelle avec ce filtre ;
remplir la gourde en faisant en sorte que l'eau traverse le filtre (au besoin, immerger la
gourde dans la ressource / l'eau) ; enlever le filtre ;
pour une eau claire, seule une filtration reste obligatoire ;
en cas de mise à disposition d'un Appareil Individuel Portatif de Traitement de l'Eau
(AIPTE [*]), l'utilisation de ce matériel assure une filtration microbiologique dans des
conditions optimales. L'utilisation d'une eau brute, peu chargée en particules ou ayant
subi une décantation préalable, permet d'améliorer les performances de cet appareil.
52
3.3.1 - LA QUANTITÉ
1 000 personnes, soit l'effectif approximatif d'un régiment, produisent chaque jour :
1,5 tonne d'urine (ou 1 500 litres) ;
250 kg de matières fécales ;
1 tonne d'ordures diverses.
Laisser ces éléments se répartir de façon anarchique autour d'un cantonnement de campagne
expose à des risques multiples et graves. Cette accumulation, outre les nuisances et les
odeurs qu'elle va provoquer, va entraîner très vite une pullulation d'agents pathogènes
(bactéries et parasites) et une prolifération d'insectes et de rongeurs nuisibles.
Les risques sanitaires sont représentés par :
les maladies dites du « péril fécal » (par exemple le choléra) ;
les maladies dites « à vecteurs » c'est-à-dire transmises par les insectes (par exemple le
paludisme) ;
la pollution chimique dans certains cas.
53
de l'effectif concerné ;
de la dureté du sol ;
de la profondeur de la nappe phréatique.
Les adjudants d'unité (ADU) responsables des blocs sanitaires, doivent identifier l'adéquation
entre les besoins et l'existant d'infrastructures sanitaires aussi bien quantitativement que
qualitativement. Au besoin, demander une révision du marché d'entretien des blocs sanitaires
auprès du commandant de site (COMSITE).
54
3.3.3.2 - LES LATRINES À FOSSE
Indication : une fosse pour 50 hommes pour un séjour excédant une semaine pouvant servir
simultanément à 4 hommes.
Installations nécessaires : les latrines sont des feuillées de grandes dimensions. La fosse a
une largeur de 60 cm environ, une longueur de 2,40 m et une profondeur dépendant de la
nature du sol et de la durée d'utilisation prévue, variant de 1,50 m à 3 m ; on peut calculer
environ 30 cm de profondeur en plus, par semaine d'utilisation. Pour faciliter son emploi, on
dispose, le long d'un bord, à 50 cm environ du sol, une perche horizontale supportée par des
piquets, et qui tient lieu de siège improvisé. Une seconde perche, plus élevée et en retrait, sert
de dossier et s'oppose à tout renversement en arrière.
Un dispositif beaucoup plus perfectionné est constitué par un siège bâti, sorte de caisse sans
fond posée par-dessus la fosse dont elle excède légèrement les dimensions. La partie
supérieure en est percée d'ouvertures circulaires ou carrées munies de couvercles. Sur une
fosse ayant les dimensions données plus haut, on peut disposer quatre ouvertures. La terre est
damée soigneusement tout autour de la base du bâti. Ce dispositif a le très gros avantage de
limiter la pullulation des mouches. L'adjonction d'un bâti sur la fosse permet d'éviter la
pullulation des mouches à condition de le nettoyer régulièrement.
L'emplacement des fosses est choisi selon les mêmes règles que celui des feuillées. Il peut
être entouré, comme celles-ci, d'un écran protecteur.
Une discipline extrêmement rigoureuse doit s'appliquer afin de préserver la tente. En
effet, si le sol du camp est souillé de matières fécales, celles-ci seront ramenées sous les
semelles.
La désinfection de la fosse se fait soit par du crésyl® ou du chlorure de chaux.
Le bâti lui-même est nettoyé chaque jour par brossage avec une solution chaude de savon
noir, suivi d'un rinçage soigneux à l'eau de Javel diluée à 20 degrés chlorométriques et d'un
séchage.
Il faut creuser une tranchée périphérique pour détourner les eaux de ruissellement et mettre en
place des caillebotis autour du dispositif.
55
3.3.3.3 - LES WC CHIMIQUES
Indication : une cabine permet l'isolement de l'utilisateur.
Installations nécessaires : la cuvette est installé sur un réservoir de 200 litres d'eau à laquelle
est ajouté un produit désinfectant. En cas d'installation prolongée, ces WC chimiques sont
installés sur une fosse préalablement creusée qui reçoit également les eaux et matières usées.
Le réservoir du réceptacle doit être périodiquement vidangé. La filière d'élimination des
excretas [*] doit être contrôlée.
56
au moins 6 mètres en dessous du sol (minimum 90 cm entre le fond du puits et la nappe
phréatique) et que le terrain est suffisamment meuble. Il faut prévoir 8 trous pour 100 hommes
avec une distance de 1,80 m entre chaque trou.
La désinfection se fait par le chlorure de chaux ou le crésylol sodique efficace contre les
mouches. La terre qui entoure le rebord intérieur du bâti est également imbibée le chlorure de
chaux ou le crésylol sodique.
57
Puisard à urines pour homme
58
Les graisses récupérées seront incinérées, la toile de jute et les cendres changées aussi
souvent que nécessaire.
Les ordures, en particulier les « eaux grasses » qui sont des déchets alimentaires, favorisent la
multiplication des insectes et des rongeurs. Leur élimination repose sur la collecte et la
destruction.
3.3.5.1 - LA COLLECTE
Elle doit se rapprocher, autant que possible, des conditions appliquées au casernement et
donc être quotidienne. Le local de stockage, quand il existe, doit permettre d'éviter les
intrusions animales. Les poubelles doivent comporter des couvercles.
3.3.5.2 - LA DESTRUCTION
Elle fait appel à deux techniques :
l'enfouissement profond dans des fosses creusées, si possible, par des engins de
terrassement ;
l'incinération dans des fours improvisés à tranchée en croix et en tonneau.
59
Le fonctionnement de l'appareil est amorcé en allumant un feu de bois dans le tonneau ; on
ajoute ensuite peu à peu les ordures.
On obtient, assez facilement des combustions prolongées ou même continues, ce qui épargne
le combustible d'appoint.
Lorsque le vent est assez fort, laisser ouverte uniquement la tranchée dont la direction se
rapproche le plus de celle de l'arrivée du vent. Obturer les trois autres avec des tôles
enfoncées verticalement au ras du fût.
Le rendement est amélioré en entourant le fût d'une maçonnerie de pierres ou de briques qui
conserve la chaleur.
On obtient le même résultat en employant de l'argile qui cuit peu à peu. Dans ce cas, on peut
aussi employer un tonneau de bois qui brûle lentement en laissant persister l'enveloppe
d'argile cuite.
ATTENTION : quelque soit le type d'incinérateur, il ne faut pas brûler d'aérosols ni de produits
explosifs (risque d'explosion avec risque de blessures et de traumatisme sonore).
60
3.3.6 - RÈGLES GÉNÉRALES DE L'ÉLIMINATION DES
MATIÈRES USÉES
L’élimination des matières excrémentielles et des eaux usées ou des ordures doivent se faire
en aval du camp et sous le vent dominant.
La collecte est un point crucial de l’élimination des matières usées qui doit être
préparée et faire l'objet de consignes précises à appliquer avec rigueur.
L'objectif de ces mesures vise à préserver les effectifs.
3.4.1 - GÉNÉRALITÉS
60% des maladies infectieuses humaine sont d'origine animale ou utilisent un réservoir animal.
Ces maladies qui se transmettent naturellement de l'animal à l'homme sont appelées
zoonoses [*].
Les animaux vivants ou morts, ainsi que les produits animaux (trophées, peaux, cuirs, cornes,
dents...) peuvent constituer une source de contamination pour l'homme et contribuer à
propager de nombreuses maladies dont certaines sont mortelles.
Ces maladies peuvent avoir des conséquences très graves pour la santé des soldats, à
l'échelle individuelle ou collective (cas des maladies infectieuses et contagieuses), et sont
susceptibles de compromettre de manière significative la capacité opérationnelle des forces et
la bonne conduite des opérations.
Toutes les espèces animales sont potentiellement dangereuses : animaux domestiques ou
sauvages, ruminants (vache, mouton, ...), carnivores (chien, chat, mouflette, ...), rongeurs (rat,
souris, ...), lapin, porc, chèvre, gazelle, âne, cheval, singe, oiseau, tortue, ...
L'homme peut être infecté par des agents de zoonose de plusieurs manières :
par morsure / griffure (ex. : rage, pasteurellose, herpès B) ;
par contact directs sans morsure / griffure (ex : caresse du pelage, léchage de la peau
par un animal, projection de salive dans les yeux, etc.) ;
par contact rapprochés et partage du même environnement que les animaux tels que
bivouac dans une étable occupée ou ayant été occupée par des vaches/chèvres (ex. :
fièvre Q) ou bivouac dans des grottes occupées par des chauve-souris (ex. :
histoplasmose) ;
par contact avec des matériels contaminés par des animaux infectés ainsi que des mains
souillées au contact de ces animaux ;
par consommation d'aliments ou d'eau contaminés par des matières fécales ou des
urines d'animaux ;
par baignade dans des eaux (stagnantes ou de rivière) contaminées par des urines ou
des matières fécales d'animaux (ex. : leptospirose et urine de rongeur, bilharziose et
matières fécales de bovins).
61
En plus de la transmission de maladies infectieuses, certains animaux (animaux venimeux)
peuvent être à l'origine d'envenimations graves, par piqûre ou morsure (serpents, scorpions,
araignées) ou par simple contact dans le cas d'animaux vénéneux (ex. :
amphibiens/grenouilles, crapauds). Les contacts avec les animaux peuvent également être à
l'origine de traumatismes et de plaies : morsure de chien, griffure de chat, ruade de cheval, ...
Important
En toutes circonstances, il convient de respecter cette règle stricte : "NE PAS APPROCHER,
NE PAS ATTIRER, NE PAS TOUCHER LES ANIMAUX".
3.4.2.1 - DÉFINITIONS
Un animal errant est un animal domestique, identifié ou non, sans propriétaire connu, en état
de divagation.
62
Un animal dangereux est un animal domestique ou sauvage qui peut porter atteinte à
l'intégrité physique ou à la santé des militaires et des animaux militaires. Les animaux errants
manifestant un comportement d'agressivité et les animaux venimeux, notamment, entrent dans
cette catégorie.
Un animal venimeux est un animal pourvu de venin qu'il est capable d'inoculer (injection par
piqûre, morsure ou contact) pour se nourrir ou se défendre.
Un animal vénéneux est un animal qui secrète du venin sans inoculation. L'intoxication est
consécutive à une ingestion ou un simple contact.
Le venin est une substance d'origine animale produit par des glandes spécialisées (avec ou
sans appareil inoculateur). Les venins sont souvent des mélanges de substances complexes
(toxines, enzymes, ...).
63
effarouchement (bruit, vibrations du sol...), notamment lors de l'accès à des zones à
risque ;
port de chaussures fermées dans les zones de haute végétation ;
déplacement la nuit avec une source lumineuse sauf contexte tactique particulier.
Concernant les animaux marins, les mesures de prévention sont :
éviter la baignade en cas de présence de nombreuses méduses échouées ou de
signalétique alertant sur le risque ;
porter une tenue de plongée intégrale, avec gants et chaussons, si baignade dans une
zone à risque ;
ne pas se baigner en présence de poissons morts ou blessés ;
ne pas se baigner dans les embouchures de rivières ou après des crues ;
ne pas nager près des fonds sablonneux ;
ne pas explorer à la main à l'aveugle une cavité marine ;
ne pas se baigner le jour avec des bijoux brillants qui peuvent attirer les poissons ;
éviter la nuit d'éclairer la surface de l'eau depuis la plage ou à bord d'un bateau (risque
de traumatismes perforants par poissons de type orphie ou aiguillette) ;
rincer systématiquement sa tenue après une plongée ;
porter des chaussures fermées à semelles épaisses en bord de mer dans les zones à
risque.
3.4.3 - LA RAGE
La rage est une maladie infectieuse d'origine virale. C'est le risque le plus important en
opérations en raison du déploiement fréquent des armées dans des régions où la maladie est
présente en permanence.
64
La rage tue 60 000 personnes chaque année dans le monde, essentiellement en Afrique et en
Asie.
C'est une maladie qui entraîne systématiquement la mort dès lors que les symptômes sont
déclarés. Chez l'homme, la maladie se déclare en général entre 3 semaines et 3 mois (jusqu'à
parfois 1 an) après l'infection. A titre d'exemple, un soldat américain est mort de la rage en août
2011, après avoir été mordu par un chien, 6 mois plus tôt, en Afghanistan.
Le virus est transmis à l'homme en général par le contact avec la salive des animaux infectés,
lors d'une morsure, d'une griffure, mais aussi par léchage des muqueuses (ex. : bouche, yeux)
ou d'une peau qui présente des égratignures ou des plaies. La rage peut être transmise par
des animaux qui semblent en bonne santé.
Le virus peut infecter tous les mammifères domestiques ou sauvages.
Conduite à tenir en cas de morsure/griffure par un animal suspect ou à
risque vis-à-vis de la rage
1. Un rinçage abondant et un nettoyage de la plaie doivent être effectués immédiatement
après la morsure/griffure, pendant au moins 15 minutes à l'eau et au savon, puis être
complétés par une désinfection avec de la povidone iodée (Bétadine®) ou d'autres
substances qui tuent le virus de la rage.
Remarque : un nettoyage et une désinfection de la plaie sont indiqués dans tous les cas
de morsure par un animal, qu'il soit ou non à risque vis-à-vis de la rage.
2. Un médecin doit être consulté dans les plus brefs délais.
3. L'animal ne doit pas être abattu, sauf si son comportement agressif représente un danger
pour les personnes (risques de nouvelles morsures et/ou griffures).
En cas d'abattage, ne pas viser la tête. Ne pas enterrer le cadavre. Le cadavre de
l'animal doit être présenté dans les meilleurs délais au vétérinaire ou, en l'absence de
vétérinaire, au médecin.
65
4. Lorsque la situation le permet et que l'on peut s'en saisir sans danger (animal non
agressif), l'animal doit être placé à l'isolement (enfermé) et être surveillé pendant 15
jours.
66
4/ RISQUE VECTORIEL
OBJECTIF
Comprendre que :
les forces sont stationnées ou appelées à être projetées dans des zones à haut risque de
maladie à transmission vectorielle (paludisme, dengue, chikungunya, zika, leishmaniose,
etc.) ;
le paludisme peut tuer, la dengue et le chikungunya peuvent entraîner des séquelles, le
zika peut causer des troubles neurologiques chez l'adulte et des malformations foetales ;
les maladies concernées sont transmises lors de piqûres d'insectes ou morsures de
tiques ;
le risque vectoriel doit être pris en compte dès le déploiement pour ne pas nuire à la
capacité opérationnelle de l'unité ;
la lutte anti-vectorielle est une mesure fondamentale car s'il n'y a pas de piqûre, il n'y a
pas de maladie à transmission vectorielle ;
le traitement de prévention du paludisme doit être pris régulièrement pendant la mission
ou le séjour et doit être poursuivi selon la prescription médicale après le retour en
métropole ;
toute survenue de fièvre, frissons ou d'autres signes anormaux (maux de tête, douleurs
musculaires, troubles digestifs, éruption cutanée, etc.) survenant sur le territoire et au
retour d'une zone à risque doit faire l'objet d'une consultation en urgence pour éliminer un
paludisme.
4.1 - GÉNÉRALITÉS
Les insectes jouent un rôle prépondérant dans la transmission de nombreuses maladies, outre-
mer et en opérations extérieures, mais aussi sur le territoire national. Ils sont, par ailleurs, la
cause d'une nuisance parfois importante. La lutte contre ces vecteurs fait l'objet de directives
particulières adaptées aux circonstances et aux risques.
Les situations les plus exposantes pour les militaires sont les ouvertures de théâtre, la
proximité de camps de déplacés ou de clandestins et la présence d'une épidémie dans la
population civile. L'observance des moyens de prévention peut faire défaut et entraîner
des épidémies, en particulier lors des périodes de combat, de relève ou au retour des
zones à risque.
Les principales maladies à transmission vectorielle sont :
dans les zones intertropicales : le paludisme, les arboviroses (fièvre jaune, dengue, zika,
chikungunya) et la leishmaniose ;
en Europe : les maladies transmises par les tiques ou la fièvre West Nile.
Que représente le risque vectoriel dans les armées ?
Sur les dix dernières années, près de 2 300 cas de paludisme ont été déclarés dans les
armées, dont 70 paludismes graves et sept décès. Un tiers des cas de paludisme surviennent
dans le mois qui suit le retour en métropole. Une crise de paludisme entraîne au minimum 7
jours d'arrêt maladie et un suivi médical avec une inaptitude temporaire d'au moins 3
67
semaines. Les épidémies de paludisme ont toujours un impact opérationnel important. Une
épidémie présente un risque de saturation des moyens santé et d'évacuation, en particulier
lors des phases d'engagement opérationnel.
Ce chapitre présente les vecteurs (insectes ou tiques) les plus fréquemment rencontrés ainsi
que les maladies les plus courantes qu'ils transmettent.
Les signes cliniques sont décrits (de façon succincte) ainsi que les moyens de prévention,
vaccin ou médicaments quand ils existent et les moyens de protection individuelle et de lutte
antivectorielle à mettre en œuvre.
4.2.1.1 - GÉNÉRALITÉS
Seule la femelle pique : elle se nourrit de sang pour assurer la maturation de ses œufs. En
Afrique, elle pique essentiellement de la tombée de la nuit au lever du jour. En Guyane,
elle peut aussi piquer en journée. Sa piqûre est indolore.
Son vol est silencieux et a une portée jusqu'à un kilomètre de son lieu de naissance (gîte
larvaire). Le moustique adulte se repose en Afrique à l'intérieur des habitations, mais
aussi dans la végétation (taillis, buissons, hautes herbes).
Les gîtes larvaires (lieux de ponte) sont des collections d'eau propre. Les flaques, les
boîtes de conserve, les ornières, notamment à la saison des pluies, mais aussi les eaux
permanentes tels que les marigots, les rizières, les lagunes, les réservoirs d'eau à ciel ouvert
représentent des gîtes potentiels.
68
Exemple de gîte larvaire
69
4.2.1.2 - RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE
70
Le document ci-dessus est régulièrement mis à jour par le SSA sur le site intradef du
CESPA [*].
La chimio-prophylaxie est indispensable et obligatoire dans le cadre militaire. Adaptée à la
zone impaludée, son efficacité est indéniable mais non absolue ; elle doit toujours être
associée au respect des mesures individuelles de protection antivectorielle. Plusieurs
médicaments sont disponibles, le choix dépend du statut du personnel (permanent, tournant,
emploi particulier), de la tolérance des individus vis-à-vis du médicament, des
recommandations des autorités sanitaires et de la durée du séjour. Seul le médecin référent de
l'unité ou en charge de la mission peut prescrire le médicament le mieux adapté au contexte et
à la mission.
La molécule la plus souvent utilisée est la DOXYCYCLINE (ex : Doxypalu®) : elle doit être
prise tous les jours et au milieu d'un repas (ou d'une collation) avec un grand verre d'eau.
Le traitement sera débuté le jour du départ. Il sera poursuivi pendant toute la durée du
séjour et pendant 4 semaines suivant la fin de la mission. En effet, le parasite met
plusieurs jours à plusieurs semaines pour se développer et se multiplier dans le sang.
Une autre molécule peut être utilisée pour les séjours courts (moins de 14 jours consécutifs), il
s'agit de l'atovaquone-proguanil (ex : Malarone®), à prendre pendant les repas, une fois par
jour. Le traitement sera débuté le jour du départ, poursuivi pendant toute la durée du séjour et
pendant 7 jours suivant la fin de la mission.
Tout défaut, retard ou prise irrégulière de ce traitement expose au risque de maladie. Il
est possible de programmer une alarme (téléphone, montre), de mettre le traitement à
disposition lors des repas et dans les sacs d'alerte pour ne pas oublier de le prendre. En cas
d'oubli ou de doute, il faut rattraper le plus tôt possible la prise du traitement. En cas d'allergie
ou d'intolérance, ne pas attendre sans prendre de traitement : consulter un médecin pour
changer de traitement.
71
Les effets secondaires sont rares : ce sont surtout des troubles digestifs qui peuvent être
évités en prenant le traitement au milieu du repas et avec un grand verre d'eau. Parfois, la
doxycycline peut favoriser la survenue de "coup de soleil", une protection solaire est donc
conseillée en complément, en particulier pour les personnels ayant une peau "sensible".
Il existe beaucoup de « légendes » à propos d'autres effets (troubles de la mémoire, fatigue,
...) : la doxycycline est prescrite depuis longtemps pour le traitement de l'acné, sans que ces
effets soient décrits par les personnes ayant pris ce traitement.
Important
Une prise régulière de chimio-prophylaxie ne dispense pas de consulter un médecin en
urgence, en cas de fièvre ou de signes cliniques anormaux pendant ou après le séjour.
Dans ce cas, il faut informer le médecin de la notion de séjour en zone impaludée afin qu'il
puisse évoquer le paludisme et faire le diagnostic dans les meilleurs délais.
4.2.2.1 - GÉNÉRALITÉS
L'Aedes est un moustique affectionnant principalement les zones urbaines ; Aedes aegypti et
Aedes albopictus (moustique tigre) peuvent transmettre les virus responsables de la dengue,
du chikungunya ou du zika ; l'Aedes pique principalement le jour surtout en début et fin de
journée, à l'extérieur mais aussi à l'intérieur des maisons, son périmètre d'action est
habituellement limité à 200 mètres.
Aedes albopictus
(moustique "tigre")
Aedes aegypti
72
Les gîtes larvaires sont domestiques et artificiels (soucoupe de vase, plantes engainantes,
pneus, boites de conserves, ...) avec de l'eau propre, dans des zones le plus souvent
ombragées. Le cycle de reproduction des Aedes est le même que pour les Anopheles si ce
n'est que la femelle pond ses œufs en plusieurs fois à des endroits différents. Les œufs
résistent très bien à la dessiccation (sécheresse) rendant la gestion des gîtes larvaires très
importante.
73
Distribution géographique de la dengue, source CDC, 2021
La fièvre jaune ne sera pas abordée ici étant donnés l'absence de cas recensé dans les
armées et l'existence d'un vaccin efficace présent dans le calendrier vaccinal appliqué aux
Armées.
74
4.2.3 - LE CULEX : VECTEUR DE L'ENCÉPHALITE JAPONAISE,
DU VIRUS WEST NILE...
4.2.3.1 - GÉNÉRALITÉS
Le culex est un moustique qui pique surtout au crépuscule et à l'aube, le plus souvent à
l'intérieur des maisons. Il affectionne aussi bien la ville que la campagne, son vol est de
quelques centaines de mètres. Son vol est bruyant. Le cycle de reproduction du culex est
du même principe que celui de l'anophèle.
Les gîtes larvaires sont principalement représentés par des collections d'eau sale, plus
ou moins ombragées, mais on peut le trouver aussi dans des zones de rizières.
75
Virus responsable d'un tableau pseudo-grippal (fièvre, maux de tête, douleurs
musculaires) avec signes digestifs, éruption cutanée et parfois des complications
neurologiques.
4.2.4.1 - GÉNÉRALITÉS
C'est un insecte de type « moucheron » très petit. Il vit en forêt, dans la canopée et descend se
nourrir à la tombée du jour ou lors de l'abattage des arbres (réalisation de DZ). Sa piqûre
est souvent douloureuse.
Il transmet, lors de son repas sanguin, le parasite responsable de la leishmaniose.
Les militaires se contaminent essentiellement en forêt lors de missions ou de stages de
formation à la vie en forêt comportant des séquences de "survie".
Phlébotome
76
la leishmaniose cutanéo-muqueuse [*]. Elle se caractérise par une lésion cutanée
initiale, comme la leishmaniose cutanée, mais peut se compliquer d'atteintes des
muqueuses et du cartilage. Son traitement repose sur des injections d'antiparasitaires
pendant 20 jours sous surveillance hospitalière ;
77
4.2.5 - LES TIQUES : VECTEURS DES AGENTS
RESPONSABLES DE LA MALADIE DE LYME, DE
L'ENCÉPHALITE À TIQUES...
4.2.5.1 - GÉNÉRALITÉS
Les tiques sont des Arachnides. Elles vivent dans la végétation et s'accrochent sur les parties
découvertes du corps se trouvant à leur portée, généralement les membres inférieurs. Mais
elles sont capables, ensuite, de se déplacer sur d'autres parties du corps.
La tique (mâle ou femelle) va s'accrocher à la peau et mordre en enfonçant son rostre [*] qui va
lui permettre de se gorger du sang indispensable à son développement. C'est lors de ce repas
sanguin, qu'elle peut transmettre, dans les 24 à 72 heures, les agents (virus, bactéries, etc.)
responsables de maladies.
Tique (ixode)
Morsure de tique
78
La maladie est présente en Europe centrale, du nord et orientale, au nord de l'Asie centrale, de
la Chine et du Japon, mais aussi dans l'Est de la France.
La population militaire est particulièrement exposée lors d'exercices en zone à risque. Les
activités militaires amènent fréquemment les hommes au contact du vecteur (manœuvres,
bivouacs, marche en forêts, ...).
Encéphalite à tiques
Maladie virale à début brutal avec fièvre, frissons et maux de tête puis apparition de signes
neurologiques (obnubilation, agitation, ...). Risque de séquelles neurologiques ou de décès.
79
4.2.5.4 - MOYENS DE PRÉVENTION ET TRAITEMENT
Maladie de Lyme
A ce jour, il n'existe pas de vaccin efficace. En revanche, la maladie peut être traitée par
antibiotiques. La prise en charge précoce permet généralement d'éviter l'évolution vers des
formes graves.
Encéphalite à tiques
Il existe un vaccin efficace. Sa prescription, lors d'exercice en zone à risque et période à
risque, est sous la responsabilité du service de santé des armées. En revanche, une fois la
maladie déclarée, il n'y a pas de traitement curatif.
Dans tous les cas, la tique doit être retirée au plus tôt. La prévention des morsures de
tique repose sur les actions décrites dans le chapitre lutte anti-vectorielle, paragraphe
4.4.2.4.
Simulie
(responsable de la cécité des rivières)
Taon
(filaire sous cutanée humaine)
80
Triatome
(maladie de Chagas ou trypanosomiase américaine ;
parasitose responsable d'insuffisance cardiaque)
Les poux de corps et les puces dont la puce chique responsable de la tungose (lésion cutanée
en "boule de gui") peuvent également transmettre des maladies. Les poux de cheveux ne
transmettent pas de maladie.
Puce
(pouvant être responsable de la peste)
Remarque
Les punaises de lit, elles, donnent des démangeaisons ou des inflammations de la peau mais
ne transmettent pas, a priori, de maladie (sauf si écrasées sur la peau ; donc à ne pas faire).
81
la chimio-prophylaxie antipaludique et la vaccination contre certains risques viraux,
adaptées à la zone, au risque et à la mission ;
la consultation médicale précoce en cas de fièvre, de doute sur certains signes cliniques
ou pour l'extraction de tiques.
La mise en œuvre de toutes les composantes de cette stratégie implique tous les
niveaux de la chaîne de commandement.
Elle est organisée et contrôlée par le Comité de Lutte Anti-Moustiques (CLAM), déployé
dans les forces stationnées outre-mer ainsi qu'en OPEX quand le risque vectoriel existe ou a
été identifié.
Le CLAM coordonne la Lutte Anti-vectorielle (LAV) sous la direction du commandement. Il est
multidisciplinaire et le service de santé des armées en est membre à titre de conseiller
technique. Hors période d'épidémie, l'organisation d'un CLAM tous les 6 mois est
approprié.
Pour les OPEX, une formation à la Prévention et la Maîtrise des Risques en Opérations
(PMRops) est mise en place au profit des personnels projetés dans des fonctions intégrées à
la chaîne PMRops. La lutte anti-vectorielle est abordée au cours de cette formation ciblée sur
les commandants de site et de détachement, les majors de camp, les adjoints interarmées de
prévention des théâtres (AIPT) et les chargés de prévention des risques professionnels en
opération (CPRPO).
Les objectifs et le rôle du CLAM
définir une stratégie de lutte anti-vectorielle en s'appuyant sur les recommandations du
service de santé des armées et tout particulièrement les documents produits par le
CESPA ;
planifier et mettre en œuvre cette stratégie ;
superviser les actions de lutte (indicateurs) ;
faire une évaluation finale des actions.
Les textes de référence
Directive relative à la lutte contre le paludisme dans les armées n° 2021-
514792/ARM/DCSSA/SDD/SES/NP du 13 décembre 2021 ;
Note N° D-21-003288/ARM/EMA/DSH/PMRE/NP du 17 juin 2021 relative à la mise en
place d'une formation à la Prévention et la Maîtrise des Risques en Opérations (PMRops)
et organisation des sessions 2021-2022 ;
PIA-4,10,2_RISQ-BIO-NAT(2019) relative à la maîtrise des risques biologiques naturels
environnementaux lors des engagements opérationnels ;
PIA-4,21_PMROPS(2018) relative à la prévention et maîtrise des risques en opération ;
Document-guide à l'usage des Comités de Lutte Anti-Moustiques (CLAM) doc n°
469/DEF/DCSSA/AST/TEC du 16 février 1999.
4.4.1 - L'INFORMATION
Elle doit être systématique pour tous les personnels susceptibles d'être affectés en
zone à risque (paludisme, dengue, chikungunya, zika, etc.) et ce, quelle que soit la durée
du séjour.
Elle évoquera les risques et les mesures de prévention à mettre en œuvre. L'information
insistera aussi sur la notion de consultation en urgence en cas de survenue de fièvre
que ce soit pendant le séjour ou après le retour en métropole.
82
Des séances d'information sont organisées par le personnel du service de santé des armées.
Le soutien du commandement est indispensable pour la réalisation des séances de
sensibilisation.
83
En cas de garde statique en zone de haute nuisance
vectorielle, la moustiquaire de tête est un moyen
complémentaire de protection
MOYENS CHIMIQUES
Les répulsifs cutanés. Ce ne sont pas des insecticides. Ces produits doivent être
correctement appliqués sur toute l'étendue de peau découverte pour être efficace. Ils
permettent d'éviter que le moustique pique, même s'il se pose sur la peau (écœurement
au contact du produit). Il faut penser à renouveler les applications en respectant les
recommandations du fournisseurs (généralement 2 à 3 applications par jour). Attention,
certains produits à base de DEET (produit chimique connu depuis les années 1950
comme répulsif contre les insectes) peuvent altérer les plastiques. Il est recommandé
d'appliquer ces répulsifs au moins 20 minutes après l'application d'une crème
solaire.
Les moustiquaires de lit. Les lits seront systématiquement équipés de moustiquaires au
quartier comme sur le terrain. Les moustiquaires fournies sur les théâtres sont pré-
imprégnées d'insecticides avec une durée d'efficacité de 3 à 5 ans et jusqu'à 20 lavages.
Il n'y a pas lieu de réimprégner ces moustiquaires avec de l'insecticide (imprégnation
industrielle de longue durée). Celles-ci doivent-être correctement disposées (absence
d'espace de passage pour les moustiques, moustiquaire bordée autour du matelas) et
entretenues (attention aux déchirures et fermetures). Penser à indiquer dessus la date de
mise en service et les lavages successifs.
84
Récapitulatif des mesures à mettre en œuvre pour se protéger contre les piqûres de moustique
dans la prévention du paludisme
85
CONTRE LES TIQUES
Avant toute manœuvre ou déplacement sur des zones à risques, il est impératif de consulter
les recommandations émises par le service de santé des armées qui précisent les périodes
d'activité des tiques et rappellent les modalités de prévention.
Seuls la mise en œuvre des moyens de protection personnelle anti vectorielle et le respect des
consignes lors des déplacements de personnels permettent de limiter l'exposition.
86
4.4.2.2 - MESURES COLLECTIVES
DOMICILIAIRES
MOYENS PHYSIQUES
L'utilisation de grillages moustiquaires doit être systématique, au niveau des
fenêtres, dans les zones vie (chambre, bureau, foyer, hôtellerie, restaurant, sanitaires, ...)
en vérifiant régulièrement leur état. Les portes d'entrée doivent être fermées.
La ventilation et la climatisation sont des moyens complémentaires utiles.
MOYENS CHIMIQUES
La pulvérisation intradomiciliaire. Elle utilise des insecticides rémanents (durée
d'action prolongée) qui visent à détruire et éloigner les insectes adultes (la durée
d'efficacité est de l'ordre de 2 à 3 mois). La pulvérisation intradomiciliaire s'applique sur
les murs à l'intérieur des habitations, des halls d'immeuble etc. Elle est réalisée avec
des pulvérisateurs à pression préalable. Il n'y pas lieu de pulvériser de l'insecticide
dans les chambres déjà équipées de moustiquaires imprégnées d'insecticide.
L'efficacité des moustiquaires est suffisante et équivalente. La cible est donc les
lieux de convivialité, les salles de sport, les postes de garde, les salles de restauration.
Lors de la mise en œuvre, évacuer les personnels, les animaux et protéger le mobilier.
Ne pas fumer, ne pas manger, ne pas boire. Les locaux sont largement aérés. La
réintégration des locaux n'est autorisée qu'une fois le produit est sec sur les murs, au
minimum 2 heures après l'application.
Petits moyens. Des insecticides en aérosol et des diffuseurs électriques peuvent être
utilisés à l'intérieur des maisons en l'absence des personnels et compléter les dispositifs
mis en place (grillage moustiquaire, moustiquaire, etc.). Les serpentins insecticides ne
peuvent être utilisés qu'en extérieur en mesure barrière autour des terrasses.
L'emploi de produit insecticide à usage professionnel nécessite l'obligation de posséder un
certificat « certibiocide » qui autorise l'achat, l'utilisation et la détention de produits chimiques
classés TP18.
Cette mesure permet de s'assurer que seuls des professionnels formés utilisent ces produits.
Tout insecticide présente un risque pour la santé humaine si les conditions d'usage ne sont pas
respectées. Les insecticides utilisés doivent disposer d'une autorisation de mise sur le marché
en France (efficacité, toxicité pour l'homme et conditions d'usage validées par une instance
sanitaire).
Ce type d'action est externalisé à des sociétés spécialisées.
PÉRI-DOMICILIAIRES
S'il est possible de choisir un site d'implantation, il faut privilégier un lieu élevé, peu arboré,
bien ventilé, loin des collections d'eau (plus d'1 km) et à distance d'au moins 1 km des
populations locales.
MOYENS PHYSIQUES
Dans tous les cas, il s'agit d'aménager l'environnement. Il faut détruire tous les gîtes larvaires
réductibles, traiter les gîtes larvaires non réductibles et limiter les gîtes de repos des insectes
adultes.
Cela nécessite d'identifier les gîtes larvaires potentiels et de les traiter en réalisant :
87
le comblement méthodique de toutes les collections d'eau réductible ; le drainage des
terrains ;
l'enlèvement de tous les objets usagés susceptibles de constituer un gîte (fûts, bouteilles,
pneus, boîtes de conserves, etc.) ;
l'entretien scrupuleux des canalisations (favoriser la circulation d'eau en éliminant les
obstacles) ;
la protection des citernes et autres récipients destinés à conserver l'eau (mise en place
de couvercles, pose de toile tendue sur les orifices).
Les zones susceptibles de servir de lieux de repos aux moustiques adultes nécessitent la
taille/coupe des buissons, des herbes hautes, dans un rayon d'au moins 400 mètres autour
des habitations ou du bivouac.
MOYENS CHIMIQUES
L'épandage d'insecticides (larvicide) dans les collections d'eau
L'épandage d'un mélange eau / granulés de larvicides ou la dispersion manuelle de granulés
permet de détruire les larves d'insectes. Ce produit biologique à base de toxines de bactéries
sous la formulation Vectomax® doit être renouvelé toutes les 4 semaines. Il ne peut être utilisé
sur les eaux potables.
Les larvicides mécaniques dans les collections d'eau potable
Pour traiter les eaux potables (puits, bassins de rétention de grande surface), un film liquide
antimoustique à base de silicone est utilisé à la surface du plan d'eau.
Les pulvérisations spatiales d'insecticides
Dans tous les cas, cette pulvérisation est réalisée en collaboration avec les acteurs civils
locaux de la lutte antivectorielle (LAV). Cette stratégie est strictement réservée à un début
d'épidémie d'arbovirose (dengue, chikungunya).
88
4.4.3 - CONCLUSION
Au sein des armées, l'exposition au risque vectoriel est majeure du fait de la situation
géographique des zones d'implantation et de projection des forces.
Dans ces zones à haut risque, les contraintes d'exercice, les conditions d'hygiène précaires,
l'intensité des engagements peuvent modifier les comportements (stress, ...) et augmenter le
risque de survenue de maladies. Elle nécessite une vigilance de tous les instants.
La prévention des maladies à transmission vectorielle est une lutte intégrée (mesures
personnelles et collectives) pour laquelle le commandement doit être fortement
impliqué. L'efficacité des mesures repose sur l'observance [*] parfaite de toutes les
mesures préconisées. La mise en œuvre du CLAM est impérative, dès l'implantation des
forces dans les zones à haut risque vectoriel. La qualité de son animation et du suivi de
ses actions est un gage de préservation des effectifs et, de fait, de la capacité
opérationnelle des forces.
Néanmoins, les contraintes générées quotidiennement dans la vie de l'unité avec les difficultés
propres aux activités outremer entraînent rapidement une démobilisation.
Tous les cadres doivent montrer l'exemple, informer et sensibiliser le personnel, afin de
les convaincre de l'intérêt et de la faisabilité de cette prévention. La Lutte anti vectorielle
est nécessaire à la protection et au maintien en condition opérationnelle des forces en
opération. Le commandement devra vérifier la bonne application des mesures de
prévention, individuelles et collectives.
89
III - PREMIERS SECOURS
BUT RECHERCHÉ
Rappeler les formations de secourisme et de sauvetage au combat permettant d'acquérir les
compétences nécessaires pour préserver l'intégrité physique de la victime en attendant
l'arrivée des secours.
RÉFÉRENCES PSC1
Décret n°91-834 du 30 août 1991 modifié relative à la formation aux premiers secours ;
Arrêté du 24 juillet 2007 modifié fixant le référentiel national de compétences de sécurité
civile relatif à l'unité d'enseignement prévention et secours civiques de niveau 1 ;
Instruction ministérielle n°1043/DEF/EMA/ORH/OR - n°151315/DEF/DGGN/SRH relative
à l'enseignement du secourisme dans les forces armées du 22 août 2007 ;
Circulaire n°340057/DEF/RH-AT/EP/PMF/DS/39 relative au secourisme et au sauvetage
au combat dans l'armée de Terre du 12 juin 2016 ;
Directive n°506008/CFT/DIV.LOG/BSAN/PILDOM/DS relative à l'enseignement du
secourisme dans l'armée de Terre du 21 avril 2016 ;
Lettre n°503569/ARM/EMAT/OAT/BEMP du 3 avril 2019 sur la politique du sauvetage au
combat et du secourisme dans l'armée de Terre de l'EMAT ;
Recommandations de la Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion des
Crises, relatives à l'unité d'enseignement Prévention et Secours Civiques de niveau 1
(version septembre 2019) ;
Référentiel interne de formation et de certification de prévention et secours civiques
niveau 1- CeFOS (version 3 - septembre 2019) ;
Fiches techniques PSC1 2019 (version 2).
RÉFÉRENCES SC1
Circulaire n°340057/DEF/RH-AT/EP/PMF/DS/39 relative au secourisme et au sauvetage
au combat dans l'armée de Terre du 12 juin 2016 ;
Lettre n°503569/ARM/EMAT/OAT/BEMP du 3 avril 2019 sur la politique du sauvetage au
combat et du secourisme dans l'armée de Terre de l'EMAT ;
Directive n°506015/CFT/DIV.LOG/BSAN/PILDOM/DS relative à la formation des
sauveteurs au combat de premier niveau et des opérateurs de premiers secours au
combat pour l'armée de Terre du 22 avril 2016 ;
Référentiel d'enseignement des gestes du sauvetage au combat n° 080/EVDG/DPMO du
28 janvier 2021 ;
Référentiel interne de formation et de certification relatif à l'unité d'enseignement
sauvetage au combat de niveau 1.
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1/ PRÉVENTION ET SECOURS CIVIQUES DE
NIVEAU 1
L'unité d'enseignement "Prévention et Secours Civiques de niveau 1" (PSC1 [*]) a pour objectif
de faire acquérir à toute personne les compétences nécessaires à l'exécution d'une action
citoyenne d'assistance à personne en réalisant les gestes élémentaires de secours,
conformément aux dispositions en vigueur.
Le PSC1 est une formation du ministère de l'intérieur réglementée par la Direction Générale de
la Sécurité Civile et de la Gestion des Crises (DGSCGC).
Les gestes de secourisme restent la base de la prise en charge d'un blessé et doivent être
adaptés au contexte dans lequel se trouve le militaire.
L'enseignement de base est dispensé par un formateur PSC1 ou PS. D'une durée de 8 heures,
il est sanctionné par l'attribution d'un certificat de compétences de citoyen de sécurité civile –
prévention et secours civiques de niveau 1. Cette formation concerne tous les militaires et doit
être délivrée en école de formation initiale pour les officiers et sous-officiers et pendant la
formation générale initiale pour les engagés volontaires de l'armée de Terre.
Cette formation, essentiellement pratique, sera effectuée par un formateur PSC1 à jour de ses
formations continues, dans un contexte réaliste adapté aux missions du régiment.
Le PSC1 constitue un pré-requis à la formation au sauvetage au combat de 1er niveau
(SC1 [*]) enseigné à tous les militaires.
Des formations complémentaires (PSE1 - PSE2) peuvent éventuellement être suivies, compte
tenu de leur intérêt dans l'organisation et la prise en charge des secours sur le terrain.
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- Fiches des gestes techniques enseignés au cours des formations en PSC 1 - version 2019
(ministère des armées)
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2/ SAUVETAGE AU COMBAT DE NIVEAU 1
Le sauvetage au combat de 1er niveau (SC1 [*]) consiste en la réalisation des seuls gestes
salvateurs compatibles avec les spécificités des situations de combat. Il est à mettre en
œuvre dès les premières minutes suivant la blessure, par tout militaire engagé proche de la
victime ou par le blessé lui-même.
Cette formation ne peut pas être abordée que si les gestes enseignés au "Prévention et
Secours Civiques de niveau 1" (PSC1 [*]) sont connus.
L'enseignement du sauvetage au combat dans l'armée de Terre est une composante, à part
entière, de la préparation de chaque combattant à sa mission opérationnelle.
La prise en charge du blessé de guerre nécessite que chaque combattant sache pratiquer les
premiers gestes de secours adaptés à l'état du blessé dans l'attente d'une prise en charge
paramédicale ou médicale. Dans le cas d'un blessé grave, les gestes de secourisme tels
qu'enseignés dans le PSC1 sont insuffisants pour maintenir la victime en vie jusqu'à l'arrivée
des secours médicalisés. Il apparaît donc indispensable de compléter le PSC1 par le
sauvetage au combat de niveau 1 (SC1).
La formation, d'une durée minimum de 8 heures, est mise en œuvre par les cellules de
secourisme de l'armée de Terre sous la responsabilité du service de santé des armées (SSA).
Cette formation, essentiellement pratique, sera effectuée par un formateur SC1 à jour de ses
formations continues, dans un contexte réaliste adapté aux missions du régiment.
Document de référence :
référentiel d'enseignement des gestes du sauvetage au combat n°080/EVDG/DPMO du 28
janvier 2021.
Important
Les gestes de sauvetage au combat ne peuvent être réalisés qu'au cours d'une
opération militaire en situation d'exception.
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3/ RELÈVE ET TRANSPORT D'UN BLESSÉ
OBJECTIF
Posséder des connaissances complémentaires aux gestes de premiers secours pour assurer
la relève et le transport d'un blessé.
3.1 - GÉNÉRALITÉS
Dans un contexte opérationnel dangereux, le blessé sera immédiatement mis à l'abri. Cela
implique une mobilisation du blessé par les techniques décrites dans ce chapitre.
Une fois le blessé mis à l'abri et les premiers soins d'urgence administrés, on procédera à son
évacuation. Celle-ci pourra être réalisée dans de bonnes conditions avec des matériels
éprouvés ou à l'aide de moyens de fortune.
Certaines méthodes décrites ci-après ne pourront pas être réalisées suivant l'équipement porté
par la victime.
3.2.1 - GÉNÉRALITÉS
Lors de la mise à couvert, le sauveteur doit veiller à sa propre sécurité (il doit se dissimuler de
l'ennemi) tout en ménageant son blessé et en économisant ses forces.
Il doit respecter deux principes de base :
traiter la menace puis analyser son environnement ;
éviter de mobiliser le blessé inutilement.
La technique de relève est conditionnée par :
les conditions générales de la menace au combat ;
la condition physique du sauveteur ;
la nature du terrain ;
la distance à effectuer pour se mettre à l'abri ;
l'état du blessé ;
le poids et la taille de la victime.
94
3.2.2.1 - MÉTHODE DE LA TRACTION PAR LES PIEDS
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Le portage sur le dos, genoux fléchis.
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Portage d'un blessé par un sauveteur
97
Portage d'un blessé par deux sauveteurs
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3.3.2 - LONGUE DISTANCE À PARCOURIR
dans le cas d'une blessure à l'abdomen, le blessé est allongé sur le dos, les genoux
seront maintenus fléchis en glissant dessous des vêtements, des couvertures, le sac à
dos ou le duvet roulé ;
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Blessé allongé sur le dos, les genoux fléchis.
dans le cas de fracture des membres inférieurs, ceux-ci seront calés latéralement avec
une couverture roulée ou des vêtements pour limiter tout déplacement.
100
La tête du blessé est placée en avant par rapport au
sens de la marche.
FIN DU TRANSPORT
Synchroniser les mouvements de poser.
Le blessé doit être laissé dans la position du transport.
Portoir souple
101
Brancard filet
Foxtrot Litter
RAPPEL :
Pour relever et transporter un blessé :
si on est seul :
le blessé est maintenu immobile jusqu'à l'arrivée des secours ;
sinon, en particulier au combat, il faut le traîner sur de courtes distances pour le
mettre à l'abri (sauvetage au combat de premier niveau).
s'il y a plusieurs sauveteurs et pas de brancard :
OPTION n°1 (courtes distances) : le blessé est porté avec les bras (si les lésions
présentées ou suspectées ne risquent pas d'être aggravées par cette manœuvre) ;
OPTION n°2 (longues distances) : le blessé est porté en brancard de fortune.
dans tous les autres cas, il faut utiliser le brancard ordinaire.
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3.4 - EXTRACTION DU BLESSÉ D'UN VÉHICULE BLINDÉ
3.4.1 - GÉNÉRALITÉS
Sur les théâtres d'opérations extérieures, les véhicules blindés peuvent être exposés à des
attaques directes ou indirectes. Dans certaines situations, un blessé ne peut s'extraire de lui
même. Le contexte tactique peut alors imposer d'extraire les blessés afin de les rassembler sur
une zone sécurisée à plusieurs centaines de mètres du lieu de l'explosion. Les attaques
pouvant être combinées à des tirs directs ou indirects, l'exposition des sauveteurs au combat
doit être minimisée afin de ne pas augmenter les pertes humaines.
Pour ce chapitre, l'exemple est celui du Véhicule de l'Avant Blindé (VAB [*]) [*] qui comporte
comme tous les blindés un espace limité offert pour l'extraction. Il est à noter que chaque type
de blindé dispose de trappes d'évacuation spécifiques.
103
En raison de l'impossibilité d'accéder aux blessés par le couloir intérieur du VAB, une solution
extérieure doit être envisagée afin de dispenser les premiers soins de sauvetage au combat
(voire d'extraire le personnel, si la situation tactique l'impose). À bord des VAB, cette extraction
par un accès extérieur peut se concevoir au niveau des trappes supérieures ou au niveau
des portes latérales.
La première solution reste celle enseignée classiquement dans les unités de l'armée de Terre
sous blindage. Dans un contexte où l'ennemi est potentiellement présent et à distance de tir,
cette technique d'accès par les volets supérieurs montre ici ses limites. Il paraît évident qu'un
ou plusieurs sauveteurs « perchés » sur le toit du VAB constituent des cibles à haute valeur
ajoutée.
104
3.4.3.2 - TECHNIQUE DE LA PORTE LATÉRALE
Cette technique, dite de la porte latérale, offre des améliorations par rapport à l'extraction
décrite ci-dessus, notamment en diminuant la hauteur de travail des sauveteurs et en
apportant une solution de démultiplication de la force à utiliser pour extraire le blessé. Cette
technique d'extraction nécessite la présence d'au moins deux sauveteurs au combat (quatre
étant le nombre optimal).
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Premier temps : le sauveteur, après avoir vérifié, voire
dégagé les pieds du blessé, le saisit par ses éléments
vestimentaires de protection balistique, poignée dorsale et/ou
sous les bretelles des épaules, afin de l'orienter dos vers la
porte en assurant une rotation du tronc de 90°.
106
Cette étape où le premier sauveteur bascule en arrière doit
bénéficier d'une assurance par un deuxième sauveteur, qui lui
se trouve debout à côté de la roue avant.
Cette technique nécessite la présence d'au moins deux sauveteurs au combat et n'est pas
dénuée de risques pour le blessé (risque neurologique en cas de lésion du rachis, traumatisme
lors de l'extraction, chute, ...) comme pour les sauveteurs (mauvaise réception et chute).
107
Voir aussi
Pour l'extraction d'un char Leclerc, se référer à la revue Médecine et Armées 2011- Tome 39
(4) - pages 379 - 384
3.4.4 - CONCLUSION
L'extraction sous le feu est un acte de combat, visant à soustraire le combattant blessé du feu
de l'ennemi.
La mise en œuvre de l'extraction d'urgence d'un blessé, à bord d'un VAB, dans des conditions
optimales et un délai minimum, passe par un entraînement régulier des sauveteurs au
combat au quartier et sur différents types de véhicule ou dans le cadre des Mises en
Condition avant Projection (MCP) et Validations Avant Projection (VAP).
108
IV - TRAUMATISMES ET BLESSURES
BUT RECHERCHÉ
Donner aux personnels les connaissances nécessaires pour permettre de sauvegarder
l'intégrité physique de la victime en attendant l'arrivée des secours.
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1/ PATHOLOGIES CIRCONSTANCIELLES
OBJECTIF
Connaître et mettre en œuvre la conduite à tenir face à une victime présentant une pathologie
circonstancielle.
INFORMATION
Les pathologies circonstancielles sont abordées essentiellement lors de la mise en condition
avant projection en fonction des besoins du théâtre.
1.1.1 - GÉNÉRALITÉS
Les risques naturels mais aussi les explosions sont à l'origine d'éboulis et d'effondrements qui
peuvent piéger les victimes.
Le « crush syndrom » ou syndrome des ensevelis est un ensemble de manifestations cliniques
résultant de la souffrance musculaire consécutive à l'écrasement prolongé d'une partie du
corps.
Il fut initialement décrit (par BYWATERS) en 1941, lors des bombardements de Londres.
En temps de guerre, il s'agit de victimes ensevelies lors de bombardements d'immeubles ou
d'abris, ou de victimes prises de réaction de panique dans les espaces clos avec compression
inter humaine.
La compression d'une partie du corps, généralement un ou plusieurs membres, empêche le
sang de circuler correctement. Cette situation entraîne, dans un premier temps, la mort des
muscles comprimés. Il s'en suit alors une fabrication de toxines, issues de la mort des tissus
musculaires. Tant que la compression est maintenue, ces toxines ne se répandent pas dans le
reste de l'organisme car la circulation sanguine, au niveau du membre comprimé, est
interrompue.
Lorsque la victime est dégagée, la compression est levée et les toxines sont alors brutalement
libérées. Elles peuvent atteindre le cœur et entraîner une détresse circulatoire (arrêt cardio-
ventilatoire). Elles peuvent aussi atteindre le rein et entraîner une insuffisance rénale, c'est-à-
dire que le rein, dont le rôle est normalement de filtrer le sang, ne pourra plus assurer cette
fonction.
En somme, le « crush syndrom » associe : une mort (nécrose) des tissus musculaires
par un écrasement, avec un risque de défaillance circulatoire (choc) et d'insuffisance
rénale secondaire.
110
Lors du dégagement de la victime, la circulation du sang se rétablit dans la zone comprimée,
engendrant :
un gonflement (œdème [*]) ;
la libération de toxines dans la circulation sanguine du corps contribuant à l'état de choc
et pouvant entraîner un arrêt cardio-respiratoire (ACR [*]) ;
une insuffisance rénale (urines rares et foncées tirant sur le brun rouge). Il n'est
souvent pas facile de s'en rendre compte ; les urines foncées peuvent avoir tâchées les
vêtements ;
une déshydratation (sensation de soif intense) ;
une hypothermie.
1.2.1 - GÉNÉRALITÉS
Le traumatisme par effet de souffle est une pathologie fréquente en temps de guerre
(explosions, bombardements, déflagrations).
Il est aussi devenu un accident du temps de paix. Les explosions sont plus fréquentes avec les
attentats et la progression des risques technologiques.
1.2.1.1 - DÉFINITION
Le traumatisme par effet de souffle ou "Blast" est l'ensemble des lésions causées sur
l'organisme par une ou plusieurs ondes de choc (augmentation brutale de la pression
atmosphérique suivie d'une dépression immédiate) causées par une déflagration ou une
détonation. L'intensité des lésions diminue à mesure que l'on s'éloigne du lieu même de
l'explosion ; elle est démultipliée en espace clos.
111
les lésions indirectes ou associées sont des lésions traumatiques liées à la projection
au sol de la victime par le souffle de l'explosion ou à l'impact de projectiles reçus sur le
corps du blessé. L'exposition à la flamme de l'explosion engendre des brûlures externes
(peau) voire internes en cas d'inhalation de gaz incandescents (voies aériennes).
1.2.2 - SYMPTÔMES
112
Rechercher les lésions associées.
Immobiliser les fractures par des moyens de fortune ou avec du matériel.
Alerter les secours de l'unité.
Surveiller les fonctions vitales : conscience et ventilation ++.
Rassurer, couvrir et évacuer rapidement le blessé.
1.3.1 - GÉNÉRALITÉS
Les brûlures sont des lésions de destruction, plus ou moins complète, de la peau et des tissus
sous-jacents. Les brûlures thermiques résultent du contact du corps avec une source de
chaleur provoquée par :
la présence de flammes de matériaux en combustion : matériaux solides (bois, papier,
matières plastiques, etc.) ou liquides inflammables ;
la projection ou le contact avec des liquides très chauds (eau le plus souvent, huile ou
tout autre liquide en milieu industriel) ;
des solides portés à haute température ;
des gaz chauds ;
certains rayonnements thermiques (soleil).
Ces brûlures sont provoquées lors de différentes circonstances :
incendies d'habitation, de locaux, de moyens de transport individuels ou collectifs
(voiture, avion, bateau, etc.) ;
accidents domestiques (renversement de liquide chaud, etc.) ;
actions de combat avec incendie et explosion de gaz et de vapeurs, projection de liquide
chaud, bombe incendiaire, IED.
Par ailleurs, des lésions très proches des brûlures thermiques peuvent être occasionnées par :
certains produits chimiques (acides, bases) ;
le passage de courant électrique.
113
ASPECTS D'UNE BRÛLURE
la rougeur (1er degré) ;
Douloureuse, la rougeur traduit une atteinte superficielle de la peau (atteinte de la couche
externe).
SURFACE DE LA BRÛLURE
Le secouriste doit évaluer la surface d'une brûlure car elle conditionne sa conduite à tenir :
gestes de secours, qualité de l'alerte.
114
Pour évaluer la surface atteinte, le secouriste peut s'aider de la paume de la main de la victime
qui est égale à 1% de la surface totale de sa peau, quel que soit l'âge, ou par la règle des «
neuf » de WALLACE.
LOCALISATION DE LA BRÛLURE
Elle doit être décrite avec précision notamment s'il s'agit de localisations particulières à risques
comme :
les brûlures de la face, souvent associées à des brûlures des voies aériennes (présence
de traces noires autour des narines et de la bouche, présence de toux ou de crachats
noirs qui seront systématiquement recherchés en cas de victimes d'incendie) ;
les brûlures du cou ;
les brûlures des mains, des plis de flexion, des pieds ;
les brûlures à proximité immédiate des orifices naturels.
115
DOULEUR DE LA BRÛLURE
La présence de douleur associée à la brûlure renseigne le médecin sur l'atteinte ou non des
structures nerveuses. La brûlure qui est douloureuse pourra guérir plus facilement que lorsque
les nerfs sont atteints et que la brûlure n'est pas douloureuse.
Important
LE REFROIDISSEMENT DE LA BRÛLURE DOIT SE FAIRE LE PLUS TÔT POSSIBLE,
PENDANT 15 MINUTES.
En présence d'un brûlé à plus de 20% de la surface corporelle, ne refroidir que les
localisations à risque.
116
11. surveiller les fonctions vitales et agir en conséquence.
117
1.3.2.6 - LES BRÛLURES PAR INHALATION, INGESTION
1.4.1 - GÉNÉRALITÉS
Ce sont des accidents fréquents dans nos pays tempérés. La morsure de serpent est
considérée comme une plaie grave car profonde et septique. Les piqûres d'insectes ou
morsures d'arachnides sont généralement peu graves ; toutefois la localisation et le nombre de
piqûres peuvent être des facteurs aggravants, plus particulièrement sur une victime isolée ou
allergique.
Le risque est plus important dans les zones intertropicales ou subtropicales (fréquence des
missions extérieures en Guyane, en Afrique, ...) par la variété d'animaux venimeux.
118
1.4.2 - LES MORSURES DE SERPENT
La morsure de vipère est souvent moins grave qu'on ne le pense généralement ; cependant,
lorsqu'elle est renouvelée (marche sur un nid) ou localisée à la tête, au cou, elle peut être
dangereuse. Mais toute morsure n'est pas suivie d'envenimation.
La plaie qui en résulte est caractérisée par :
la plaie elle-même (deux points rouges par où coule une sérosité sanglante) ;
l'intoxication partielle ou générale due au poison (venin) injecté au moment de la morsure
: les effets sur le système nerveux sont les plus importants et apparaissent
progressivement (30 minutes au plus tard).
SYMPTÔMES
Les symptômes engendrés par une morsure de serpent sont :
enflure et rougeur hémorragique autour de la morsure ;
119
douleur à l'endroit de la morsure ;
angoisse du sujet ;
faiblesse musculaire généralisée ;
signes de paralysie ;
insensibilité dans la partie atteinte du corps ;
accélération de la ventilation et du pouls après quelques temps ;
maux de tête, sueurs, vomissements et coliques peuvent apparaître.
CONDUITE À TENIR
Ne pas poser de garrot, ne pas pratiquer d'aspiration.
Lorsque la victime est accompagnée.
Calmer et rassurer le blessé qui ne doit pas partir en courant pour chercher du secours
car cela ne ferait qu'augmenter la vitesse de propagation du venin ;
Mettre le blessé au repos absolu ; le porter s'il est nécessaire de le déplacer.
Retirer bague et bracelet en cas de morsure à la main.
Désinfecter la plaie si possible.
Réaliser un pansement légèrement compressif sur la blessure.
Immobiliser le membre atteint avec une attelle.
Alerter rapidement les secours médicalisés.
Surveiller les fonctions vitales et agir en conséquence jusqu'à l'arrivée des secours.
L'évacuation de la victime se fera en position allongée.
Lorsque la victime est isolée.
La victime doit rejoindre le poste médical le plus proche, en évitant toute marche
accélérée ou effort physique.
120
Les venins peuvent être hémotoxiques (toxiques pour le sang), neurotoxiques (nerfs, cerveau),
cardiotoxiques (cœur), myotoxiques (muscles). Il peut exister une combinaison de ces
différentes actions.
L'évacuation vers le poste médical ou l'hôpital le plus proche est impérative, et ce de manière
urgente en vue d'une éventuelle sérothérapie [*] extrêmement efficace (mortalité divisée par
trois). Seul un médecin peut effectuer cette sérothérapie.
Compte tenu de la gravité de ces morsures, il convient ici d'insister sur la prévention déjà
mentionnée plus haut :
ne jamais être seul ;
inspecter son duvet avant de se coucher ;
renverser ses chaussures avant de les mettre ;
porter des chaussures montantes ;
se déplacer en réalisant des vibrations dans le sol (taper le sol).
D'une manière générale ces animaux sont très craintifs et s'enfuient dès qu'ils entendent du
bruit.
Le venin reste toxique longtemps après la mort du serpent (se méfier des animaux morts :
persistance du réflexe de morsure un certain temps après la mort).
le cobra cracheur :
Il vise ce qui brille (donc les yeux) ; il est précis à 3
mètres. Son venin engendre de graves lésions de la
cornée [*].
En cas de projection de venin dans les yeux :
rincer rapidement, abondamment et longtemps les
yeux avec du sérum physiologique ou de l'eau.
121
1.4.3 - LES PIQÛRES D'INSECTES, D'ARACHNIDES ET
AUTRES ARTHROPODES
Les piqûres d'insectes (abeilles, guêpes, bourdons, moustiques, mouches) sont le plus souvent
bénignes. Quelques cas, cependant présentent un réel danger.
Une piqûre dans la cavité buccale, la gorge ou au cou peut exceptionnellement
provoquer une obstruction des voies respiratoires due à un gonflement local (guêpes,
abeilles).
Une hypersensibilité aux piqûres d'insectes ou morsure d'arachnides peut provoquer des
réactions allergiques potentiellement dangereuses.
La transmission de maladies mortelles : paludisme, fièvre jaune, maladie du sommeil,
fièvres hémorragiques en zone d'endémie [*] (pays tropicaux et équatoriaux).
1.4.3.1 - SYMPTÔMES
Au niveau de la piqûre :
démangeaisons, douleurs locales lancinantes, cuisantes ;
un gonflement et une rougeur de 5 à 10 cm de diamètre peuvent apparaître en quelques
minutes et jusqu'à quelques heures.
122
éviter de gratter et de frotter ;
enlever avec précaution l'aiguillon s'il est présent (abeille) ;
refroidir la zone atteinte à l'aide d'un linge frais ;
tamponner la blessure avec un antiseptique autorisé ;
surélever le membre piqué.
En cas de piqûre dans la cavité buccale ou la gorge ou en cas de réaction allergique
généralisée :
alerter immédiatement le poste médical ;
faire sucer de la glace au patient (si possible) ;
maintenir la victime au repos, la rassurer ;
surveiller les fonctions vitales et agir en conséquence jusqu'à l'arrivée des secours.
Les morsures ou les piqûres des araignées, des scorpions ou des scolopendres sont
assimilables à des piqûres d'insectes. Dans les régions tropicales, ces morsures sont
potentiellement dangereuses et le recours médical s'impose.
1.4.3.3 - PRÉVENTION
Couvrir les parties du corps, éviter short et chemisette.
Utiliser des insectifuges à appliquer sur la peau pour éloigner les insectes.
Utiliser obligatoirement une moustiquaire dans les bivouacs, notamment dans les
territoires d'outre-mer.
123
Ne pas soulever les pierres à mains nues ; ne pas mettre les mains dans les trous ; ne
pas marcher pieds nus.
1.5.1 - GÉNÉRALITÉS
En hiver, le risque d'apparition d'accidents dus au froid augmente lors des activités militaires se
déroulant à l'extérieur, surtout si le froid et l'humidité se conjuguent. Par ailleurs, certaines
activités augmentent plus spécifiquement le risque : opération en haute montagne, saut en
parachute à ouverture retardée, mission subaquatique, etc. Ces accidents peuvent être bénins
(engelures) ou graves (hypothermie sévère), avec ralentissement des fonctions vitales puis, à
l'extrême, arrêt cardio-respiratoire.
Le bon fonctionnement de l'organisme humain nécessite le maintien de sa température
centrale à 37 degrés. Lors de l'exposition au froid, il est nécessaire de corriger la tendance à la
baisse de cette température centrale par deux moyens :
augmentation de la production de chaleur dans le corps par :
le travail musculaire (l'exercice physique) ;
le "frisson thermique", réaction naturelle (physiologique) de l'organisme soumis au
froid ;
l'alimentation et / ou des boissons chaudes.
diminution de la déperdition de chaleur vers l'extérieur par :
des moyens complémentaires (vêtements adaptés, abris, chauffage).
124
L'alcool provoque une fausse sensation de chaleur en accélérant la circulation
sanguine cutanée, avec pour conséquence une augmentation des pertes
caloriques, une perte du "frisson" et donc l'accélération du refroidissement du corps.
Le tabac et le café entraînent des troubles de la circulation en périphérie des
membres, facteur favorisant l'apparition de gelures.
Remarque
Par temps froid ne pas laisser de personnel dormir dans des cabines de véhicule, moteur
tournant, pour se réchauffer. En effet, l'intoxication au monoxyde de carbone et/ou aux gaz
d'échappement peut avoir des conséquences mortelles.
GELURE SUPERFICIELLE
La peau est pâle, parfois violacée, la sensibilité est diminuée. Il peut parfois apparaître des
"bulles" de même aspect que celles provoquées par les brûlures. Lors du réchauffement à ce
stade, la peau devient rouge et douloureuse.
125
GELURE PROFONDE
La peau est violacée et totalement insensible. Des bulles plus volumineuses au contenu
sanglant apparaissent.
Gelure profonde
LE PIED DE TRANCHÉE
Aspect pathologique particulier qui s'apparente aux gelures, lié à l'action du froid associé à
l'humidité, pas forcément très intense, sur les tissus.
Cela n'arrive pas que dans des tranchées ; cela peut arriver à un pilote de char qui bouge peu,
dans un froid humide.
126
Pied de tranchée
1.5.3.2 - L'HYPOTHERMIE
La baisse de la température centrale du corps entraîne des troubles dès que celle-ci atteint 35
degrés. En cas d'immersion dans l'eau, la survenue de l'hypothermie est accélérée, la
conductivité thermique de l'eau étant vingt-cinq fois supérieure à celle de l'air.
Signes d'alarme :
ralentissement de l'activité physique et psychique avec conscience conservée ;
frisson intense généralisé (le frisson disparaît en dessous de 32 degrés) ;
apparition de douleurs musculaires (surtout dans la nuque).
Signes de gravité :
troubles de la conscience, le sujet est hébété ;
disparition du frisson et apparition d'une rigidité musculaire ;
peau livide.
L'évolution se fait vers l'inconscience puis l'arrêt cardio-respiratoire.
LA GELURE SUPERFICIELLE
Mettre la victime au repos.
Enlever doucement gants, anneaux, chaussures.
Réchauffer la zone gelée en la couvrant.
Ne pas frotter.
Protéger la gelure par un pansement aseptique ou à défaut un linge propre.
Alerter les secours de l'unité et évacuer dès que possible.
Couvrir l'intéressé et surveiller ses fonctions vitales.
127
LA GELURE PROFONDE
Mettre la victime au repos strict.
Réchauffer la zone gelée, en la couvrant.
Protéger la peau par un pansement aseptique.
Alerter les secours de l'unité et évacuer en urgence.
Couvrir et surveiller les fonctions vitales, en particulier la conscience : risque de survenue
d'un coma, si hypothermie généralisée associée.
1.5.4.2 - L'HYPOTHERMIE
La priorité est le réchauffement du sujet après l'avoir soustrait de son environnement.
Sur le terrain, le camarade de combat effectuera un réchauffement doux :
contact avec la peau du sauveteur ;
rassurer et couvrir le blessé (couverture de survie, bouillotte si possible) ;
donner des boissons chaudes, si la victime est consciente (jamais d'alcool) ;
alerter les secours de l'unité et évacuer le plus rapidement possible.
1.5.5.2 - ENTRAÎNEMENT
Un entraînement physique régulier limite les risques d’accident lié au froid, de même qu'un
acclimatement progressif.
128
1.5.5.4 - PRISE EN CHARGE D'UN BLESSÉ
Quelle que soit la température extérieure, l'hypothermie doit être prévenue chez tout
blessé en l'isolant du sol et en le couvrant. En effet, un blessé a toujours tendance à se
refroidir et cela va aggraver son état.
1.6.1 - GÉNÉRALITÉS
Fréquent en milieu militaire, le coup de chaleur est un accident très grave, survenant lors
d'efforts physiques et/ou dans des conditions climatiques particulières. Il peut entraîner la mort.
L'effort physique entraîne une hausse de la température corporelle. Le coup de chaleur est la
conséquence de l'impossibilité pour l'organisme à réguler sa température corporelle.
1.6.2 - CAUSES
Le coup de chaleur survient, le plus souvent, lors d'une activité physique intense chez un jeune
peu entraîné, en ambiance thermique chaude.
Cette augmentation de température peut être due à de nombreux facteurs :
température ambiante chaude (à partir de 23 degrés) ;
degré d'humidité dans l'air important (difficilement mesurable) ;
absence de vent ;
exercices physiques ;
acclimatement et entraînements insuffisants ;
équipements et vêtements inadaptés ;
alimentation, en particulier en eau, insuffisante ;
sujets prédisposés ou fragiles ;
sujets en surcharge pondérale ;
médicaments, alcool ;
fatigue.
1.6.3 - SIGNES
Les signes sont importants à connaître :
129
douleurs du type crampes musculaires ;
troubles du comportement (agitation, propos incohérents, désorientation) ;
démarche ébrieuse ;
apparition d'une fatigue importante ;
maux de tête violents, avec parfois vertiges et nausées, voire vomissements ;
peau très chaude, sujet rouge, couvert ou non de sueur ;
hyperthermie (température > 40 degrés) ;
soif plus ou moins intense ;
respiration rapide et superficielle ;
Possibilité d'évolution vers perte de conscience et / ou état de choc, voire décès.
1.6.5 - PRÉVENTION
Connaître les contre-indications et les effets secondaires de certains médicaments
comme les médicaments pour les nerfs (neuroleptiques) et chez les sportifs, les produits
dopants.
Eviter dans la mesure du possible les activités physiques intenses aux heures chaudes.
Surveiller l'alimentation et l'hydratation, en particulier éviter la restriction hydrique et ne
pas consommer de boissons alcoolisées.
Adapter ses vêtements aux conditions climatiques ; attention aux vêtements trop serrés,
imperméables, qui ne permettent pas une évaporation de la sueur.
S'entraîner de façon progressive et adaptée.
Ne jamais faire du sport seul surtout en cas de pratique dans un lieu isolé.
Boire de façon répétée et en petites quantités à chaque fois.
Surveiller les sujets fragiles.
Respecter une période d'acclimatation à l'arrivée sur un théâtre d'OPEX ou MCD d'au
moins deux semaines sans pratique sportive afin que l'organisme s'acclimate aux
fortes chaleurs.
Prendre connaissance de l'index WBGT (wet-bulb globe température) et des consignes
qui doivent être affichées à l'entrée du camp ou du parcours de sport.
Cet indice prend en compte la température et le degré hygrométrique afin de faire une
estimation des conditions de pratique sportive :
130
- vert : sport autorisé sans restriction (mais avec précautions d'usage) ;
- orange : sport autorisé avec restrictions ;
- rouge : sport non autorisé.
Remarque
Le coup de chaleur n'est pas une fièvre mais une accumulation de chaleur dans
l'organisme qui n'est plus capable de l'évacuer, c'est pourquoi il ne faut pas donner du
paracétamol ou de l'aspirine (ils sont inutiles voire dangereux).
Important
Tout comportement anormal lors d'un effort doit faire arrêter l'effort et faire suspecter un
coup de chaleur d'exercice.
1.7.1 - DÉFINITIONS
Tous les conflits, en fonction de l'intensité des combats et du retentissement physique et
psychique occasionné, ont été marqués par la problématique du taux d'attrition [*] lié à
l'incapacité opérationnelle du combattant. En effet, le soldat peut être particulièrement exposé
à des contraintes opérationnelles et à des situations potentiellement traumatiques. Les
manifestations psychiques susceptibles de résulter de ces expositions sont multiples.
L'instruction et l’entraînement dès le temps de paix doivent permettre d'en limiter la portée.
Deux registres cliniques sont à distinguer : le stress et le traumatisme psychique.
la notion de stress regroupe l'ensemble des réactions bio-psycho-comportementales
d'un individu affrontant une contrainte dans son environnement extérieur. Nul n'échappe
au stress qui constitue une réponse adaptative normale. Le stress au combat peut être
défini comme une réaction psychologique et physiologique d'alarme et de défense
observée chez le combattant à l'imminence, au déclenchement et pendant le
déroulement du combat. Dans certains cas, la nature ou l'intensité des facteurs de stress
peuvent conduire à l'épuisement des ressources adaptatives (l'individu ne parvient plus à
gérer le stress) et à l'apparition, sans mesure correctrice, d'un état pathologique [*]. La
fatigue opérationnelle peut en être une modalité évolutive ;
le traumatisme psychique est un bouleversement de l'équilibre psychique qui renvoie à
une effraction des défenses d'un individu lors de la confrontation soudaine, fulgurante
avec un événement particulièrement marquant pour lui : c'est le cas typique de la
confrontation directe à la mort. En général, il existe une dimension de rupture brutale
avec l'état antérieur et l'apparition d'une symptomatologie bien spécifique.
Il n'existe pas de continuum allant du stress au traumatisme. Il s'agit de deux réactions
bien différentes dans leur mécanisme, même si elles peuvent parfois être intriquées (un même
individu peut être à la fois stressé et traumatisé).
131
1.7.2 - CONTEXTE OPÉRATIONNEL
En opération, le militaire est confronté à des contraintes importantes. Si la plupart sont
inévitables car inhérentes à la mission, il est important de pouvoir les identifier et de maintenir
une forme de vigilance afin de limiter leur impact et de préserver au maximum la santé
psychique du combattant ainsi que l'efficience du fonctionnement du groupe.
132
Bien qu'il ne soit pas possible d'établir une liste exhaustive des situations potentiellement
traumatiques, certains événements nécessitent une vigilance particulière :
la rencontre avec la mort, que ce soit la sienne ou celle d'autrui (explosion d'un IED,
actions de combat, bombardements, accident de VAB, etc.) ;
la confrontation à une scène horrifiante (blessures, mutilations, découverte d'un
charnier, lieu d'un crash, etc.) ;
les situations au cours desquelles l'individu expérimente un sentiment
d'impuissance et/ou de passivité (ordre de ne pas intervenir notamment).
Il est nécessaire de souligner que l’événement potentiellement traumatique peut également
renvoyer à des problématiques plus personnelles dont on ne saurait généraliser la
configuration.
En outre, il est actuellement établi que la blessure physique ne constitue pas un facteur
protecteur mais vient au contraire augmenter le risque de présenter des symptômes psycho-
traumatiques par la suite.
133
1.7.3.2 - SYMPTÔMES PSYCHO-TRAUMATIQUES
Les réactions présentées dans les suites de la confrontation à une situation à potentialité
traumatique peuvent être immédiates ou différées.
Dans les minutes et les heures qui suivent, il est nécessaire d'être particulièrement attentif
aux réactions psycho-comportementales suivantes : état de stupeur ou de sidération (repli sur
soi, mutisme) ; agitation psychomotrice, actes automatiques potentiellement dangereux ;
troubles du cours de la pensée (propos incohérents, comportement inadapté, confusion, etc.).
Dans les jours qui suivent, sont particulièrement évocateurs : les cauchemars centrés sur
l’événement en cause, une insomnie, la présence de flash-back qui rappellent la scène vécue,
un état d'hypervigilance (sursauts au moindre bruit, tension anxieuse, état de qui-vive), un repli
ainsi que des changements sur le plan du caractère (irritabilité, agressivité) et sur le plan
cognitif [*] (difficultés de concentration, pertes de mémoire). Une attention toute particulière doit
être portée sur l'apparition de consommations de substances psychoactives (consommation
massive d'alcool susceptible de majorer les troubles du comportement).
La chronologie d'apparition des symptômes est extrêmement variable selon les individus. Ainsi,
chez la plupart des individus qui présentent des symptômes immédiatement après
l’événement, la symptomatologie va disparaître après quelques jours. D'autres ne présenteront
pas de symptômes immédiats mais développeront des réactions pathologiques plusieurs jours
voire plusieurs mois après l’événement.
134
La logique de gestion du stress est avant tout une logique de prévention. Celle-ci s'exerce à
différents temps de la mission. Si toutefois des symptômes persistent dans le temps, il est de la
responsabilité de chacun, et particulièrement des supérieurs hiérarchiques, de faciliter l'accès
à une consultation médicale pour le personnel en état de souffrance psychique.
Avant la mission :
Il s'agit du temps de la préparation opérationnelle :
l’entraînement à la mission doit être à même de développer la résistance physique et
mentale du combattant. Celui-ci doit acquérir par l'instruction et la répétition des
exercices, des automatismes nécessaires à l'accomplissement de la mission en situation
de stress ;
sur le plan collectif, l’entraînement répété permet d'améliorer le fonctionnement et la
cohésion du groupe à tous les niveaux (trinôme, groupe, section) ;
la sensibilisation aux objectifs, aux risques de la mission et au contexte géopolitique du
territoire, permet au combattant une anticipation relative de ce à quoi il est susceptible
d'être confronté. De la même manière, avant chaque action, cette sensibilisation doit être
renouvelée lors de la mise en condition du combattant afin de renforcer sa motivation et
de limiter la banalisation des dangers inhérents à la mission ;
l'information préalable sur les réactions possibles dans un contexte d'anxiété est à même
de lutter contre certaines idées reçues : il ne s'agit en aucun cas de lâcheté ou de
simulation. Ceci permet de désamorcer des idées éventuelles de culpabilité chez
l'individu et de lui permettre de s'appuyer sur ses camarades et le personnel soignant
dans le cas où il se retrouve en difficulté au cours de la mission.
En cela, l'hygiène psychique doit être valorisée au même titre que l'hygiène sportive.
Pendant la mission :
sur le plan collectif, il s'agit de ménager des temps de repos (la privation de sommeil est
un facteur de stress important) et des temps de pause opérationnelle si cela est
compatible avec la mission. La difficulté pour le commandement réside dans l'équilibre
délicat entre les temps de repos et les périodes d'activité. Lors des temps de pause
opérationnelle, il est important de préserver des moments de temps libre, qui peuvent par
exemple être utilisés par le soldat pour maintenir le lien avec ses proches en métropole. A
contrario, sur un camp, l'ennui est susceptible de s'installer rapidement. En cela,
l'organisation d’entraînements (dont l'intensité doit rester modérée afin de faciliter la
récupération des organismes) ou de tournois sportifs permet de maintenir une forme
d'activité pour les soldats tout en renforçant la cohésion du groupe. De la même manière,
une attention doit être portée à la dynamique du groupe : détection et désamorçage
précoce des tensions ou conflits éventuels, transmission des informations relatives à la
mission afin de favoriser la motivation des soldats. Dans le cadre de situations
particulièrement impactantes psychologiquement (par exemple, le décès d'un camarade),
il est nécessaire de veiller à réunir le groupe afin de délivrer avec tact les informations
nécessaires et de limiter les suppositions et rumeurs qui entretiennent un climat
d'anxiété ;
sur le plan individuel, une vigilance particulière doit être portée sur les changements
psychiques et comportementaux évoqués plus haut. La bienveillance des supérieurs et
des autres membres du groupe vis-à-vis des personnes en difficulté permet bien souvent
de désamorcer des situations complexes et de faciliter l'accès aux soins ;
la vigilance du chef par rapport à la santé de ses subordonnés est capitale. Le maintien
de certains repères tels que la discipline (tenue, hygiène, respect de la hiérarchie) ou
encore de temps d'information sur la programmation des jours à venir (« les ordres ») doit
135
également permettre d'identifier les individus en difficulté. L'organisation par la hiérarchie
de points de situation à la fin d'une action permet, au-delà des aspects tactiques, de
recontextualiser la place de chacun au cours de l'action et de porter une attention
particulière aux réactions des soldats. Ici aussi, il s'agit de ne pas présager des réactions
des autres individus par rapport à son propre vécu de l’événement. Les réactions de
chacun sont extrêmement variables (notamment en fonction de l'histoire personnelle) et
pas nécessairement proportionnelles à l'intensité de l’événement vécu ;
le sas de fin de mission est un dispositif qui participe à un désengagement progressif. Il
permet de prévenir certains effets du stress opérationnel, d'amorcer une réadaptation
graduelle au rythme de vie du quotidien au sein du régiment mais aussi auprès de la
famille.
Après la mission : la vigilance
De la même manière que pendant la mission, durant les semaines et les mois qui suivent le
retour de mission, peuvent apparaître des manifestations de mise en tension de l'équilibre
adaptatif de l'individu. En effet, le contexte du retour d'opération est générateur d'autres
facteurs de stress (difficultés de réadaptation à la vie civile, perte du soutien du groupe
militaire, retrouvailles parfois compliquées avec les proches, etc.). Par conséquent, il s'agira de
maintenir une forme de vigilance quant aux changements de comportement et de rester à
l'écoute des plaintes exprimées afin de pouvoir faciliter le recours aux soins. Le dialogue entre
le commandement, les cadres de contact et l'antenne médicale est capital pour permettre à un
militaire en souffrance de s'inscrire dans un parcours de soin ajusté.
136
établir une communication privilégiée par un contact physique ou verbal avec lui pour
le rassurer. Il s'agit d'amorcer un échange bienveillant en utilisant des messages simples,
fermes et clairs. Toute attitude agressive est à proscrire. Une fois le contact amorcé et
tant que dure l'état de souffrance psychique, le blessé ne doit pas être laissé seul. Si sa
gestion initiale repose sur ses camarades, ceux-ci doivent assurer une présence
permanente à ses côtés jusqu'à sa prise en charge par un personnel soignant ;
redonner des repères simples au sujet de manière à lui permettre de reprendre contact
avec la réalité (coordonnées de lieu, de temps, l'informer de ce qui s'est passé et de ce
qui est en cours actuellement) ;
donner au militaire en difficulté des ordres simples afin qu'il puisse être mis à l'abri ;
rendre compte à la hiérarchie ou à un personnel ayant une fonction de soignant,
des signes observés et de la prise en charge réalisée ;
assurer sa protection en veillant à ses besoins primaires (boire, manger, se protéger
du froid ou de la chaleur, etc.). Le retrait de son arme ou de ses chargeurs sera envisagé
en fonction de son état psychique et du niveau de risque sur le théâtre des opérations. Il
s'agira aussi de mettre en œuvre la démarche apprise dans le cadre du sauvetage au
combat de niveau 1 pour s'assurer que le combattant n'est pas blessé physiquement ;
orienter dès que possible vers un personnel soignant pour une évaluation
spécialisée. Garder en tête que dans ce type de situation, le blessé psychique se trouve
bien souvent dans l'impossibilité de demander lui-même les soins du fait de son état
clinique.
Différentes interventions, dont la pertinence et les modalités pratiques doivent être discutées
avec le commandement, pourront être organisées par le personnel soignant formé et entraîné
à de telles pratiques. Il s'agit, pour les citer, des débriefings médico-psychologiques collectifs
ou individuels des impliqués, qui interviennent classiquement quelques jours après
l’événement. Ces séances visent la verbalisation des affects [*], le repérage des individus les
plus impactés psychiquement et l'information sur les symptômes qui constituent des signaux
d'alarme et doivent orienter vers un suivi médical.
137
post-traumatiques (veiller à bien compléter la fiche de suivi post-opérationnel et à réaliser un
rapport circonstancié en vue de l'inscription au registre des constatations dans l'éventualité de
l'exposition à un événement potentiellement traumatique en mission).
Depuis 2013, le dispositif « Écoute Défense » propose aux militaires, anciens militaires et à
leur famille, un accueil téléphonique au 08 08 800 321 (numéro vert 7j/7 et 24h/24) susceptible
de faciliter leur information et leur orientation éventuelle vers des soins spécialisés.
138
1.8 - LE TROUBLE SONORE AIGU
1.8.1 - GÉNÉRALITÉS
Près de 1200 troubles sonores aigus (TSA [*]) aussi appelés traumatismes sonores aigus sont
déclarés tous les ans dans les armées françaises. Les TSA sont la 3e pathologie la plus
déclarée sans compter le fait que ce sont des blessures invisibles probablement sous-
déclarées par les militaires.
L'armée de Terre paie le prix le plus important, notamment chez les jeunes engagés, dont 3/4
des TSA surviennent lors d'exercices de tir (2/3 en exercices statiques).
Les symptômes qui orientent vers un TSA dans des circonstances favorisantes (par exemple
un tir) peuvent se présenter sous forme de :
139
douleurs des oreilles ;
sifflements d'oreilles aigus ;
baisse de l'audition, voire audition ouatée ;
vertiges éventuellement.
Si le TSA n'est pas pris en charge rapidement, à savoir le plus précocement possible, alors le
risque de séquelles à vie est important :
baisse de l'audition voire surdité ;
sifflements d'oreille permanents.
1.8.2 - PRÉVENTION
Le personnel doit donc porter des équipements de protection individuels (EPI [*]) adaptés à
l'activité pratiquée. C'est de la responsabilité directe de l'encadrement que son personnel soit
dans la tenue adaptée à l'activité. Les EPI font partie intégrante de l'équipement et de la tenue
réglementaire du combattant.
La hiérarchie a l'obligation :
d'évaluer le niveau sonore d'une activité ;
de mettre en place des mesures adaptées (protections, isolations, modifications des
matériels, etc.) ;
d'évaluer l'efficacité des mesures prises.
L'encadrement doit faire appliquer ces mesures et relayer à la hiérarchie tous problèmes
identifiés à chaque étape.
La prévention passe par les EPI :
casque anti-bruit ;
bouchons anti-bruit à clapets (type de combat arm 4.1 pour bruit d'armes et bruits
d'engins) ;
bouchons à atténuations non-linéaires (bruit d'armes uniquement) ;
bouchons moulés ;
bouchons en mousse (BAB [*]).
Le port d'un dispositif de protection auriculaire, qui fait partie de l'équipement personnel, est
obligatoire pour tout le personnel présent sur la zone de tir, sauf pour le personnel à bord d'un
engin blindé pouvant s'équiper de casques spécialement adaptés.
140
141
142
1.8.3 - CONDUITE À TENIR EN CAS DE TSA
Quelles que soient les circonstances de l'accident : en OPEX ou en métropole, en stand de tir
ou sur un camp, tout TSA doit être dirigé vers les services médicaux en urgence afin d'être
traité et suivi. De jour comme de nuit, chaque heure compte, cela ne doit pas attendre le
lendemain.
Un audiogramme doit être réalisé dans les plus brefs délais, auprès du service médical d'unité.
143
1.9 - LES PATHOLOGIES LIÉES À LA PRATIQUE DES
ACTIVITÉS PHYSIQUES
1.9.1 - GÉNÉRALITÉS
La pratique régulière d'une activité physique a des effets bénéfiques sur la santé :
prévention de la survenue des maladies du métabolisme (diabète, anomalies des lipides
par exemple), de l'hypertension artérielle, de certains cancers ;
effets positifs sur la santé mentale ;
contribution à un comportement positif sur l'hygiène de vie : moindre consommation de
tabac, d'alcool, meilleure alimentation ;
favorise le sommeil récupérateur.
Son corollaire est que la pratique d'une activité physique excessive ou sans contrôle médical
peut présenter des risques pour la santé pouvant aller des accidents musculo-squelettiques
jusqu'au décès (arrêt cardio-respiratoire, coup de chaleur d'exercice, accident traumatique
grave en sport extrême).
Il est donc important que le cadre de contact soit conscient de son rôle d'encadrement dans les
actes de combat ainsi que dans toutes les activités de la vie courante (y compris le sport).
Il doit donc appliquer et faire appliquer les textes réglementaires régissant l'entraînement
physique militaire et sportif (EPMS [*]) dans le cadre de l'entraînement au combat :
TTA 150 - titre XIV - Entraînement Physique Militaire et Sportif ;
Directive n° 17615 du 20 septembre 2016 pour la pratique de l'entraînement physique et
des sports dans les armées.
144
-respect des 10 règles d'or de la bonne pratique sportive éditées par le club des
cardiologues du sport (cf. ci-dessous).
en ce qui concerne les accidents cardio-vasculaires après 35 ans :
- importance de la visite médicale périodique avec ECG [*] réguliers ;
- prise en charge des facteurs de risque, en particulier à titre personnel : tabac, obésité,
hypertension artérielle (HTA [*]), mauvais cholestérol ; respect des règles d'hygiène de
vie ;
- nécessité d'un avis spécialisé en cas de reprise du sport et de facteur de risque
cardiovasculaire ;
- nécessité d'un défibrillateur automatisé externe près des lieux où se pratique une
activité sportive ;
- pas de douche dans les 15 minutes après la fin de l'activité physique ;
- importance de la connaissance du PSC1 (gestes de sauvetage primordiaux à réaliser
dans les premières minutes) ;
- respect des 10 règles d'or de la pratique sportive :
consultation médicale si :
- douleur inexpliquée dans la poitrine ou d'essoufflement anormal ;
- palpitations ;
- malaise ;
- à l'effort ou après l'effort.
échauffement et récupération pendant 10 minutes ;
hydratation régulière toutes les 30 minutes d'exercice ;
pas d'activités intenses si température extérieure inférieure à – 5 degrés ou
supérieure à 30° C ou si pic de pollution ;
pas de tabac 2 heures avant et après l'exercice physique ;
pas d'automédication ni de consommation de substances améliorant les
performances ;
pas d'exercice physique si fièvre ou dans les 8 jours après un épisode grippal ;
bilan médical si reprise d'un sport intense après 35 ans chez l'homme ou 45 ans
chez la femme.
145
1.9.2.2 - LES COUPS DE CHALEUR D'EXERCICES PARFOIS
MORTELS
Il existe de nombreux facteurs de risque : déshydratation, absence d'acclimatement, conditions
climatiques extérieures (chaleur humide sans vent), alcool, substances dopantes ou prise de
médicaments, vêtements inadaptés, obésité, sur-motivation. (cf section IV, chapitre 1,
paragraphe 6)
146
1.9.2.3 - LES BLESSURES DE L'APPAREIL LOCOMOTEUR
tendinites (rotuliennes, du tendon d'Achille) ;
entorses (chevilles, genoux) ;
lésions musculaires indirectes (« claquages » mollet ou quadriceps) ou directes par
chocs lors de sports collectifs ;
fractures de fatigue ou de contrainte, etc. ;
facteurs de risque : niveau d'aptitude physique, niveau ou charge d’entraînement, tabac,
chaussures ou équipements inadaptés ou usés, manque de sommeil, environnement
chaud, etc.
147
LES LOMBALGIES AIGUËS
Tout accident en service responsable d'une lombalgie aiguë doit être présenté dans les
meilleurs délais à l'antenne médicale.
Ne pas prendre de médicaments sans avis médical, même ceux prescrits pour des
douleurs similaires dans l'entourage.
148
2/ PLAIES ET HÉMORRAGIES
OBJECTIF
Acquérir des connaissances et des conduites à tenir complémentaires relatives aux plaies et
aux hémorragies.
INFORMATION
Ce chapitre est un complément de la section III (PSC1 et SC1) ; il ne peut pas être abordé que
si les gestes de premiers secours et du sauvetage au combat de premier niveau sont connus.
2.1 - GÉNÉRALITÉS
Les plaies sont des déchirures de la peau voire des tissus sous-jacents : muscles, tendons,
nerfs, vaisseaux.
En fonction des causes de survenue, elles peuvent être parfois très profondes et étendues.
Quand elles atteignent des parties du corps comme la tête, la poitrine ou le ventre, elles
peuvent perforer ces zones ; ce sont alors des plaies pénétrantes qui peuvent occasionner des
lésions très graves au niveau des organes vitaux (cerveau, poumons, cœur, etc.).
La gravité d'une plaie dépend :
immédiatement :
de l'hémorragie qu'elle peut entraîner en raison de son étendue et/ou de sa
profondeur ;
des lésions des organes vitaux qu'elle a entraînées (par exemple cerveau = trouble
de la conscience).
secondairement : du risque d'infection que la présence de corps étrangers et de
souillures dans la plaie peut provoquer.
2.2.1.1 - LA CONTUSION
Un choc ou un coup peut provoquer une rupture des vaisseaux situés immédiatement sous la
peau. Le sang s'échappe dans les tissus sous l'épiderme, donnant une coloration violette et un
aspect gonflé à la peau qui peut ne pas être rompue, c'est l'hématome [*]. Ces hématomes
sont parfois très étendus traduisant une lésion plus profonde comme une fracture ou une
lésion interne.
149
2.2.1.2 - L'ÉCORCHURE (ÉRAFLURE)
Il s'agit d'une plaie simple, superficielle, qui n'atteint pas la peau en profondeur. Elle donne un
aspect rouge et suintant de la peau. Cette lésion est très douloureuse. Elle est en règle
générale provoquée par une chute ayant entraîné un glissement ou par une friction. Elle
contient souvent des petits corps étrangers incrustés sous la peau qui peuvent entraîner des
infections secondaires.
150
2.2.1.5 - LA LACÉRATION
Il s'agit d'une déchirure, souvent complexe, de la peau par arrachement ou écrasement. La
plaie est irrégulière avec des lambeaux de peau. Les dégâts de la peau et les hématomes
associés peuvent être importants.
151
En cas de doute, la plaie est considérée comme grave.
152
Plaie du thorax :
le blessé est installé en position semi-assise
La conduite à tenir face à une plaie soufflante du thorax est enseignée dans le SC1.
Plaie de l'abdomen :
les jambes sont surélevées
153
ne pas mettre en place de pansement compressif circulaire au niveau du cou ;
allonger le blessé sur le côté même s'il est conscient, pour éviter l'obstruction des voies
aériennes par des caillots de sang ;
surveiller attentivement la reprise éventuelle du saignement abondant qui peut être
masquée ; dans ce cas de figure, refaire un pansement compressif plus serré.
Pansement oculaire
154
2.4.5 - LES PLAIES PAR MORSURE
Une morsure peut occasionner :
un saignement abondant ;
des plaies très profondes, multiples ou localisées à certaines régions du corps (face,
cou) ;
l'inoculation de venin.
Toutefois, le risque important des morsures réside surtout dans :
la possibilité de transmission de certaines maladies infectieuses très graves (rage en
particulier : cf section II - chapitre 3 - paragraphe 4.3) ;
la survenue d'infection secondaire.
155
d'arrêter le saignement et de lutter contre la détresse circulatoire ;
de retrouver et de protéger le membre sectionné.
Les techniques d'arrêt des hémorragies à utiliser sont les mêmes que celles décrites ci-dessus.
Les soins à apporter au membre sectionné sont les suivants :
envelopper le membre sectionné dans un linge stérile ;
placer le tout dans un sachet plastique ;
placer ce sachet dans un autre sac plastique rempli de glace ou dans un sac réfrigérant.
Le froid aide à préserver le membre amputé ;
écrire sur le sac le nom de la victime et l'heure de survenue de l'amputation ;
remettre le tout aux secours qui assureront le transport de la victime vers l'hôpital.
Important
En aucun cas, le membre amputé ne doit entrer directement en contact avec de la glace.
156
Dans un second temps, si le saignement n'est pas arrêté, la compensation n'est plus
possible. La pression s'effondre, le débit diminue, la pompe se désamorce et le cœur s'arrête.
Important
Tout saignement nécessite une action de secours immédiate, rapide et efficace, associée à un
compte rendu de situation pour permettre l'évacuation du blessé.
Au combat, ce sont la compression manuelle directe, les pansements compressifs et le garrot
qui sont les moyens les plus rapides et les plus efficaces pour stopper une hémorragie des
membres.
Important
En cas de contact avec le sang d'une victime, le secouriste doit rendre compte à son
responsable et consulter en urgence un médecin.
157
3/ ATTEINTES TRAUMATIQUES DES
MEMBRES
OBJECTIF
Acquérir des connaissances et des conduites à tenir complémentaires relatives aux atteintes
traumatiques non hémorragiques des membres.
INFORMATION
Ce chapitre est un complément de la section III (PSC1 et SC1) ; il ne peut pas être abordé que
si les gestes de premiers secours et du sauvetage au combat de premier niveau sont connus.
3.1 - GÉNÉRALITÉS
Les membres supérieurs (bras, avant-bras, main) et inférieurs (cuisse, jambe, pied) sont
souvent l'objet de blessures lors de différents accidents ou d'actions de combat.
Il peut s'agir soit de plaies de la peau, des muscles et des tissus sous-jacents, soit de lésions
des os et des articulations qui assurent la constitution de ces membres, soit d'une combinaison
de ces différents éléments. Le cas extrême les regroupant toutes est le pied de mine.
Pied de mine
158
les entorses sont des atteintes partielles des
ligaments qui assurent la cohésion des
articulations : épaule, coude, poignet (pour les
membres supérieurs), hanche, genou, cheville
(pour les membres inférieurs). Ces ligaments
peuvent être rompus ou simplement distendus.
les fractures correspondent à un bris de l'os. Dans les situations les plus graves,
plusieurs fragments osseux sont visibles dans la plaie : ce sont des fracas de membres.
Suivant les circonstances, le bris est :
159
En urgence, sur le terrain, il est parfois difficile devant une atteinte traumatique des membres
de pouvoir affirmer avec certitude que le blessé présente une contusion grave du membre, une
entorse, une luxation, une fracture simple ou complexe.
Dans tous les cas, si la douleur et la difficulté à mobiliser le membre atteint sont présentes, il
convient d'adopter une attitude simple permettant de faire face à toutes les situations avec un
triple objectif :
ne pas aggraver la blessure initiale par des gestes intempestifs ;
calmer la douleur que ressent la victime ;
dans certains cas, faciliter ou permettre le déplacement sur des distances relativement
courtes.
Important
Il faut éviter toute mobilisation intempestive pour éviter toute aggravation.
160
L'impotence du membre atteint peut mettre en danger le blessé s'il doit fuir un danger
imminent.
3.5.2 - L'INFECTION
L'infection est un risque secondaire pour toute fracture ouverte ou plaie souillée de terre et
débris divers.
3.5.3 - LA COMPRESSION
Un œdème ou un hématome peut comprimer les vaisseaux et les nerfs et provoquer un
refroidissement des extrémités, des fourmillements, une perte de sensibilité ou de motricité.
3.5.4 - LA PARALYSIE
La paralysie apparaît essentiellement, dans le cas de fracture et le luxation, par section ou
compression des nerfs.
Important
RÈGLE D'OR : toujours immobiliser l'articulation au-dessus et en-dessous de l'atteinte.
161
3.7.1 - IMMOBILISATION DE FORTUNE
Une immobilisation de fortune est réalisée par un système de soutien constitué d'un vêtement
du blessé ou d'un morceau de tissu pour obtenir une écharpe improvisée, tels que :
une manche de chemise épinglée ;
un pan de chemise relevé et fixé au niveau de l'épaule ;
un pan de veste également relevé et fixé comme le pan de chemise ;
un chèche, une écharpe, etc.
L'immobilisation sera réalisée comme suit :
l'écharpe improvisée est fixée soit avec des épingles à nourrice, soit avec un lien passé
autour du cou ;
la main est placée en bonne position dans le prolongement de l'avant-bras ;
la victime soutient le bras blessé à l'aide de l'autre main valide.
162
Immobilisation improvisée à l'aide d'une revue roulée
et fixée au membre par des bandes de toile
163
2ème temps : glisser l'écharpe entre le membre atteint et la
poitrine du blessé et placer un des chefs de l'écharpe
derrière le cou
164
5ème temps : enrouler l'extrémité de l'écharpe sur
elle-même au niveau du coude pour assurer le
maintien de l'écharpe à ce niveau
165
3.7.3.3 - IMMOBILISATION PAR SAM SPLINT ®
L'attelle SAM SPLINT® est une attelle d'immobilisation de membres en aluminium malléable,
recouverte de mousse.
Cette attelle permet de réaliser toutes sortes d'immobilisations, telles que celles du poignet, de
la main, du bras, du coude (mais aussi de la cheville, des tibias, du genou, du fémur, etc.).
Elle se fixe facilement à l'aide d'une bande ou d'un ruban adhésif.
166
maintient le membre allongé pendant toute la durée de l'immobilisation ;
accole les deux membres l'un contre l'autre en rapprochant le membre sain du membre
blessé après avoir assuré un calage par des vêtements au niveau des genoux et des
chevilles ;
solidarise les deux membres inférieurs par des liens larges :
4 bandages circulaires placés, pour moitié, au-dessus et pour moitié au-dessous
des genoux ;
1 bandage en forme de 8 au niveau des pieds et des chevilles, pour immobiliser
celles-ci.
167
4/ EXPOSITION À UN ÉVÉNEMENT NRBC
OBJECTIF
Inculquer les notions essentielles dans les domaines de la protection médicale contre les effets
des agents nucléaire, radiologique, biologique et chimique (NRBC [*]) qui doivent être connues
et mises en application par tous les personnels.
INFORMATION
Ce chapitre ne se substitue pas aux autres documents consacrés à la défense nucléaire,
radiologique, biologique et chimique (NRBC) et les conduites à tenir face à ces attaques ou
événements NRBC doivent être parfaitement maîtrisées.
Les aspects spécifiquement d'action secouriste sont présentés ici. Les principes de la
décontamination médicale sont également brièvement présentés. Seuls les militaires du rang
et les sous-officiers affectés au sein du régiment médical pourront avoir à participer à la mise
en œuvre de la décontamination médicale approfondie au sein d'une Unité Médicale de
Décontamination des Armées (UMDA).
CONSEILS POUR ABORDER L'ÉTUDE :
Comprendre que :
sa propre protection est essentielle pour permettre de porter secours ;
l'extraction de la zone dangereuse, la mise à l'abri et la restauration si possible de la
protection de la victime sont les premières actions à mener.
Face à un risque NRBC ou suite à un événement NRBC, les spécialistes du service de
santé des armées (SSA) pourront apporter leur expertise et assureront un conseil au
commandement essentiel.
La contamination volontaire des ressources alimentaires, de l'eau ou d'autres produits de
consommation par des radionucléides, des agents chimiques ou biologiques est un scénario
parfaitement envisageable.
Un événement nucléaire ou radiologique (NR)
peut induire un risque d'irradiation et/ou de contamination ;
un irradié n'irradie pas ;
la dangerosité de l'irradiation sera réduite par l'augmentation de la distance par rapport à
la source, la disposition d'écran et la réduction du temps de présence à proximité de la
source ;
la contamination peut être externe ou interne.
Un événement biologique (B)
passera souvent inaperçu ;
peut se manifester plusieurs jours après l'exposition à l'agent biologique ;
nécessite le renforcement des mesures d'hygiène, parfois le renforcement de la lutte
contre les animaux vecteurs.
Un événement chimique (C)
peut induire un risque de contamination et/ou d'intoxication ;
168
est généralement détectable mais les symptômes peuvent parfois se manifester plusieurs
heures après l'exposition à l'agent chimique ;
le prétraitement (pyridostigmine) des intoxications par les neurotoxiques de guerre n'est
pris que sur ordre du commandement du fait de l'existence d'effets indésirables ;
l'auto-traitement d'urgence des intoxications par les neurotoxiques de guerre
(AutoInjecteur BiCompartiment, AIBC [*]) doit être effectué dès l'apparition des premiers
signes cliniques de l'intoxication.
RÉFÉRENCES :
DIA 3.8 (A)_NRBC (2012) : Doctrine interarmées de la défense NRBC
n°015/DEF/CICDE/DR du 11 janvier 2012 ;
PIA-3.8.1 (A)_DBA (2017) : Défense biologique des armées D-17-
002681/DEF/EMA/PLANS/MA/DR du 15 mai 2017 ;
PIA-3.8.2_MCO-NRBC (2008) : Mémento interarmées pour la mise en condition
opérationnelle avant déploiement sous menace NRBC en milieu extrême
n°864/DEF/EMA/MA4/NP du 3 juin 2008 ;
PIA-3.8.3 : Cadre d'emploi de l'intervention des forces armées en cas d'accident
radiologique sur une installation nucléaire civile (DR-SF)
n°4386/DEF/EMA/CPCO/CDT/DR-SF du 29 octobre 2013 ;
PIA-3.8.4_SSA (2014) : Principes de médicalisation d'une victime d'un événement NRBC
par le SSA n°506 999/DEF/DCSSA/PC/ERS/NP du 27 mars 2014 ;
PIA-3.8.5_SSA (2014) : Mémento d'emploi de l'UMDA n°507
169/DEF/DCSSA/PC/ERS/NP du 31 mars 2014 ;
Circulaire relative à la doctrine nationale d'emploi des moyens de secours et de soins
face à une action terroriste mettant en oeuvre des matières chimiques n° 700/SGDSN/
PSE/PSNPS du 2 octobre 2018 ;
Circulaire relative à la doctrine nationale d'emploi des moyens de secours et de soins
face à une action terroriste mettant en œuvre des matières radioactives n° 800/SGDSN/
PSE/PPS du 18 février 2011 ;
Fiches Biotox/Piratox/Piratome http://ansm.sante.fr/Dossiers/Biotox-Piratox-
Piratome/Biotox-Piratox-Piratome/(offset)/0
DFT NRBC 3.8 : Défense NRBC des Forces Terrestres du 18 juillet 2014 ;
NRBC 54 201 : Guide d'instruction collective pour la défense NRBC des forces terrestres
édition 2013 ;
NRBC 55 001 : Mémento de défense NRBC édition 2015 ;
NRBC 34 001 (TTA 601) : Manuel de défense NBC VOL 1 (DR) 2011 amendé en juin
2012.
169
Une attaque avec des agents non conventionnels sera également génératrice de réactions
d'angoisse et de peur qu'il faudra pouvoir gérer (voir section IV chapitre II paragraphe 7 –
STRESS ET TRAUMATISME PSYCHIQUE).
Les blessures conventionnelles compliqueront la situation et pourront modifier le pronostic
d'une contamination par un agent NRBC.
Le respect de ces principes de base est incontournable :
se protéger par le port adapté d'équipements de protection individuels ;
ne pas consommer/utiliser l'eau ou les aliments qui risquent d'avoir été contaminés ;
réduire l'exposition de la victime en l'extrayant de la zone dangereuse, en la mettant à
l'abri et en restaurant son niveau de protection NRBC si possible ;
effectuer les gestes de secourisme adaptés à la situation ;
administrer l'AutoInjecteur BiCompartiment (AIBC) devant les symptômes d'une
intoxication par neurotoxique organophosphoré ;
en cas d'exposition à un risque de contamination par voie aérienne, couper les circuits de
ventilation-climatisation et calfeutrer ;
dans tous les cas, il convient de suivre scrupuleusement les ordres donnés sur la base
des consignes et conseils proposés par les spécialistes NRBC et le SSA concernant les
mesures à prendre.
170
Les victimes présenteront donc des atteintes conventionnelles (fractures, plaies, brûlures,
...) sur lesquelles il faudra pratiquer les gestes de sauvetage décrits dans les autres
chapitres.
171
L'émission de rayonnements ionisants par une source radioactive obéit à une loi de
décroissance dans le temps sur laquelle on ne peut agir. Il est donc nécessaire d'utiliser, en
permanence, des moyens de protection adaptés. Le maintien à distance de la source, la
réduction du temps d'exposition et l'utilisation d'écrans sont les actions de protection à mettre
en œuvre.
4.3.1 - EXPOSITION
Les agents du risque biologique regroupent potentiellement un nombre important de bactéries,
virus ou toxines. Ces dernières sont des agents chimiques synthétisés par le vivant. Elles ne
se multiplient donc pas.
C'est la dispersion des agents biologiques par voie aérienne (aérosols liquides ou solides) qui
représente théoriquement le danger le plus important.
La survie de ces agents biologiques dans l'environnement ou sur des surfaces est très variable
en fonction du type d'agents.
4.3.2 - CONSÉQUENCES
Les conséquences seront très variables selon qu'il s'agit :
d'un agent biologique (virus ou bactérie) contagieux ou non ;
d'une toxine (absence d'aérosolisation secondaire significative, absence de réplication,
absence de contagiosité des malades).
On parle de sujet exposé quand le personnel a été exposé à un agent biologique mais ne
présente pas encore les symptômes de la maladie.
On parle de patient infecté ou malade à partir du moment où le sujet exposé présente des
symptômes (par exemple de la fièvre, pour les bactéries et les virus, ou des troubles
neurologiques pour le botulisme [*]...).
Ces signes cliniques peuvent apparaître plusieurs heures ou jours après l'exposition, en
fonction de la durée d'incubation de l'agent biologique.
Dans un très grand nombre de cas, et en l'absence de moyens de détection biologique de
terrain parfaitement efficaces, ce sont les premiers cas humains qui mettront en évidence
l'exposition à des agents biologiques. L'enquête permettra alors de remonter à la source
d'exposition et d'évaluer le nombre de sujets exposés.
Les malades infectés par un agent biologique de la menace ne sont pas tous contagieux, ceci
dépend de l'agent biologique concerné. Quand ils le sont, des mesures d'hygiène strictes
doivent être appliquées autour des malades. Dans l'attente de l'identification de l'agent
biologique, ces mesures d'hygiène sont donc appliquées de principe. Dans le cas de certaines
maladies contagieuses, le commandement peut décider une mise en quarantaine ou une
restriction de mouvements des troupes et populations.
172
4.3.3 - PRINCIPES DE BASE POUR LA GESTION DES
EXPOSÉS À UN AÉROSOL
Dans le cas où des agents biologiques auraient été dispersés par un agresseur, les victimes
devront être considérées potentiellement porteuses de contamination (exemple de la
contamination par des spores de bactéries, ...) et pouvant générer une aérosolisation à partir
de ces particules avec un risque de réexposition de la personne exposée et d'exposition des
intervenants (pas pour les toxines).
La protection des voies aériennes de la victime est donc nécessaire afin d'éviter une nouvelle
inhalation de particules. Un rinçage à l'eau stérile des yeux et un rinçage et la désinfection des
plaies doivent être effectués.
La prise en charge et la décontamination des victimes sont effectuées par du personnel portant
les équipements de protection individuels adaptés (protection respiratoire, protection des yeux
et des muqueuses, protection cutanée complète, ...). Elle repose sur un déshabillage, une
douche et un shampooing à l'eau tiède et au savon doux qui permettent de diminuer
drastiquement la contamination et donc le risque de réexposition/exposition.
Au sein de l'UMDA [*], le protocole appliqué pour la décontamination médicale approfondie
sera donc similaire, quelle que soit la nature de la contamination par particules solides
(poussières radioactives ou agents B/toxines).
Un sujet exposé à un aérosol biologique qui a bénéficié d'une décontamination soignée n'est
plus contaminant pour son entourage, et, tant qu'il n'a pas de symptômes cliniques, n'est pas «
contagieux ». Il doit bénéficier d'une surveillance médicale. Le SSA préconisera certaines
contre-mesures spécifiques afin de diminuer le risque d'apparition de symptômes (antibiotiques
pour certaines bactéries, parfois sur une durée prolongée ; vaccination pour certains virus,
etc.).
4.4.1 - GÉNÉRALITÉS
Les agents chimiques peuvent se rencontrer sous les trois états de la matière : solide, liquide
ou gazeux. Si les agents de guerre chimique sont principalement des liquides plus ou moins
volatils, les différents toxiques chimiques susceptibles d'être rencontrés peuvent se présenter
sous ces trois états.
Les neurotoxiques de guerre et les vésicants (ypérite, lewisite) constituent les 2 grandes
familles d'armes chimiques. Toutefois, lors d'un accident industriel, une exposition à d'autres
familles de toxiques chimiques est possible. Les principes généraux énoncés au début de ce
chapitre doivent être suivis.
173
les agents V (VX ou A4 et ses analogues comme le VX russe ou chinois). D'autres agents ont
été récemment décrits et inscrits dans la convention d'interdiction des armes chimiques en
novembre 2019.
Ce sont des toxiques dits létaux car une intoxication sans traitement médical peut conduire à
la mort. La cible humaine de ces toxiques est une molécule biologique (enzyme appelée
acétylcholinestérase) qui régule naturellement l'action d'un neurotransmetteur essentiel à la vie
; son action se trouve bloquée.
Les NOP sont toxiques à la fois par inhalation de vapeurs et par contact avec la forme
liquide, qu'elle contamine des surfaces ou bien qu'elle soit mise en contact avec la peau ou
les muqueuses non protégées lors de la dispersion.
Une contamination doit toujours être crainte lors de la manipulation des victimes d'une
exposition à ces agents.
La différence majeure entre l'exposition aux vapeurs ou au liquide se situe au niveau du
délai d'apparition des symptômes et de leur progression : la symptomatologie est
d'emblée maximale sans latence lors d'un contact avec des vapeurs. En revanche, un délai de
quelques minutes à plusieurs heures caractérise l'intoxication percutanée [*] par le fait du
toxique liquide. Le délai est d'autant plus court que la dose est forte. Il varie selon les agents.
Les symptômes vont progressivement devenir plus importants.
Il est essentiel de reconnaître les symptômes d'une exposition à des NOP, afin d'utiliser
l'AutoInjecteur BiCompartimenté (AIBC [*]) à bon escient en cas d'intoxication.
L'importance respective des symptômes énumérés ci-dessous peut varier selon le type
de NOP, sa concentration et sa forme de diffusion (liquide ou vapeur).
174
Le myosis n'est pas un bon critère pour apprécier la gravité de l'intoxication percutanée
car il peut être causé par le simple contact du NOP avec l'œil même sous forme vapeur.
175
deuxième phase : injection intramusculaire (sans ordre) après retrait de la sécurité
d'injection, par pression sur le corps inférieur de l'auto-injecteur mis en contact de
la face externe de la cuisse, à travers les vêtements.
L'administration par le personnel ou son binôme d'un AIBC se fait dès l'apparition des premiers
signes cliniques, suivi, en cas de persistance des symptômes d'intoxication, de l'injection
d'un second AIBC 15 minutes après la première injection.
A noter :
L'AIBC est à garder à une température comprise entre +2 et +8°C pour une conservation
optimale (4 ans à partir de la fabrication du contenu en l'absence de reconstitution).
La durée de conservation après la reconstitution (ou en cas de rupture de la chaîne du froid)
n'est qu'au maximum de 6 mois.
176
4.4.5 - DANGERS LIÉS À L'EXPOSITION À L'YPÉRITE
L'ypérite est un agent chimique qui présente une très forte toxicité et entraîne principalement
des atteintes des yeux, de la peau et des voies aériennes. Sous un climat tempéré, l'ypérite
s'évapore lentement et constitue d'abord un risque « liquide ». Malgré cette volatilité réduite,
plus de 80% des victimes de l'ypérite de la première guerre mondiale ont présenté des lésions
liées aux vapeurs.
Bien que faisant partie des toxiques létaux, l'efficacité militaire de l'ypérite réside dans ses
propriétés d'incapacitation et son effet cancérogène à long terme.
Selon la quantité d'ypérite inhalée à l'état de vapeur ou en contact avec la peau à l'état
de vapeur ou de liquide, la symptomatologie est d'apparition plus ou moins rapide.
1 - Au niveau de l'œil
Ce sont les premiers symptômes à apparaître après l'exposition à des vapeurs, les yeux
étant les organes les plus sensibles. Ils sont toutefois inconstants.
si l'intoxication est légère, 4 à 12 heures après le contact avec le toxique apparaissent
un larmoiement, des picotements, une sensation de brûlure et des démangeaisons
oculaires ;
si l'intoxication est sévère, le délai d'apparition de ces signes cliniques est compris
entre 1 et 2 heures. Ces derniers s'accompagnent d'une douleur intense, d'une gêne
intense à la lumière (photophobie) et d'une contraction incontrôlée et répétée des
paupières. Une conjonctivite (yeux rouges) apparaît avec œdème et brûlures sur les
paupières. Une infection secondaire est fréquente et des lésions cornéennes [*] sont
possibles. La cécité n'est en général que passagère.
2 - Au niveau de l'appareil respiratoire
Les lésions commencent au niveau des voies aériennes supérieures et s'étendent
proportionnellement à la dose reçue. Les effets les plus précoces après une exposition faible,
concernent donc le nez (irritation ou sensation de brûlure des narines avec hypersécrétions
nasales, saignement de nez), les sinus (irritation ou douleurs) et le pharynx (irritation, douleur,
sensation de brûlure de la gorge). Ces signes s'observent après un temps de latence, de 2 à 4
heures en cas d'intoxication sévère et de 12 à 24 heures si celle-ci est légère. Les effets
pathologiques deviennent ensuite plus importants proportionnellement à la dose inhalée :
modifications de la voix (voix rauque et parfois aphonie bien décrite pendant la première
guerre mondiale), laryngite, sensation de constriction thoracique et toux sèche
intermittente. Les lésions des voies aériennes conduisent à une toux productive. La victime
devra avoir été prise en charge par le SSA avant l'apparition de ces symptômes plus tardifs.
3 - Au niveau de la peau
Après une pénétration indolore de la peau, qui ne dure pas plus de quelques minutes,
l'évolution se déroule habituellement selon les phases suivantes :
temps de latence de 4 à 8 heures : il est proportionnel à la dose et peut ainsi atteindre
24 heures si la dose est faible ;
apparition d'une rougeur (érythème) qui gratte de façon intense, rapidement
douloureuse. Si la dose reçue n'est pas très élevée, l'érythème s'atténue et la peau
desquame (se détache par écailles) ;
dans le cas de doses plus élevées (moins de 10 µg – gouttelettes invisibles - suffisent
pour entraîner une vésication [*]), on observe la formation de bulles (comme pour une
brûlure thermique) au bout de 12 à 48 heures. Le sébum et l'humidité de la peau
177
favorisent la fixation et l'action toxique de l'ypérite qui s'accumule ainsi dans les sites
de macération sudorale : plis du coude, de l'aine, des aisselles, plis fessiers, scrotum
ou dans les zones de contact serrées comme la ceinture, la cheville, le poignet et
toutes les zones où la peau est fine.
Presque tout ce qui a été décrit dans la section IV sur les brûlures thermiques reste vrai (y
compris le refroidissement). Mais ici la prise en charge du secouriste doit être précédée par
une décontamination de la peau, de la tenue et des équipements de la victime (gant poudreur
et si possible déshabillage). L'usage de l'eau seule n'est pas conseillé car l'ypérite y est
peu soluble et cela risque d'entraîner un étalement de la contamination.
Il n'y a aucun antidote (médicament spécifique) disponible pour ces intoxications. Le rôle du
secouriste sera donc limité.
178
La victime doit être ensuite dirigée vers le service médical pour complément d'examen et
traitement ultérieur si nécessaire.
La décontamination médicale est définie comme une succession d'actes médicaux associée
à des procédures de déshabillage et de décontamination. Elle répond à un double objectif :
d'une part, permettre la prise en charge médicale d'une victime NRBC en sécurité,
sans attendre son déshabillage complet pour l'intervenant et la victime ;
d'autre part, éviter le risque de transfert d'une contamination aux personnels et aux
infrastructures de soins.
Elle comporte deux niveaux de prise en charge selon le degré de technicité employé et
l'endroit où elle est effectuée au sein de la chaîne de soutien sanitaire.
On distingue :
la Décontamination Médicale Interventionnelle (DMI) qui permet aux personnels du
SSA, après décontamination et déshabillage limités aux zones d'abord vasculaire et
d'accès des voies aériennes, de prodiguer les premiers soins d'urgence et donc
d'augmenter les chances de survie de la victime. La DMI peut être réalisée par l'équipe
médicale au niveau du rôle 1 ou par l'équipe servant à l'avant de l'UMDA, sous contrainte
NRBC, grâce au Lot de Décontamination Interventionnelle (LDI) ;
la Décontamination Médicale Approfondie (DMA) réalisée au sein de l'UMDA par des
personnels du SSA et des forces. Elle permet une prise en charge médicale associée à
une décontamination, la plus complète possible des victimes avant évacuation vers
les structures médico-chirurgicales. Elle protège les victimes, les soignants et les
structures de soin contre les transferts de contamination.
Trois risques majeurs doivent être considérés pour les victimes et/ou les personnels au cours
des opérations de DMA :
l'hypothermie des victimes liée à l'usage d'une douche ;
179
le transfert de contamination ;
le risque d'exposition à des vapeurs toxiques.
180
GLOSSAIRE
ACR
Arrêt Cardio-Respiratoire
AIBC
AutoInjecteur BiCompartiment
AITPE
Appareil Individuel Portatif de Traitement de l'Eau
BAB
Bouchons Anti-Bruit
BPH
Bonnes Pratiques d'Hygiène
CERPE
CEntre de Reconditionnement du PErsonnel
CESPA
Centre d'Épidémiologie et de Santé Publique des Armées
ECG
ElectroCardioGramme
EDCH
Eaux Destinées à la Consommation Humaine
EPI
Équipement de Protection Individuel
EPMS
Entraînement Physique Militaire et Sportif
ESAR
Exposition Sexuelle À Risque
FEN
Fiche Emploi-Nuisances
HTA
Hypertension Artérielle
IRBA
Institut de Recherche Biomédicale des Armées
IST
Infections Sexuellement Transmissibles
NOP
Neurotoxique OrganoPhosphoré
NRBC
Nucléaire, Radiologique, Biologique et Chimique
OPEX
181
OPération Extérieure
ORFA
Optimisation des Ressources des Forces Armées
OTAN
Organisation du Traité de l'Atlantique Nord
PSC1
Prévention et Secours Civiques de niveau 1
PSPO
Premiers Secours Psychologiques en Opération
RCIR
Ration de Combat Individuelle Réchauffable
RPS
Risques Psycho-Sociaux
SC1
Sauvetage au Combat de niveau 1
SIDA
Syndrome d'Immuno-Déficience Acquise
SSA
Service de santé des Armées
TIAC
Toxi-Infection Alimentaire Collective
TSA
Trouble Sonore Aigu
UMDA
Unité Médicale de Décontamination des Armées
VAB
Véhicule de l'Avant Blindé
VIH
Virus de l'Immunodéficience Humaine (HIV en anglais)
VMP
Visite Médicale Périodique
182
DÉFINITION
affect
état de l'esprit tel qu'une sensation, une émotion, un sentiment.
anémie
baisse anormale du taux d'hémoglobine, transportant l'oxygène, dans le sang.
antalgique
qui agit contre la douleur.
antiseptique
désinfectant à usage corporel, tuant ou empêchant la croissance des bactéries, virus ou
champignons sur les surfaces externes du corps.
arbovirose
maladie due à un virus transmis par des piqûres de moustiques ou de tiques.
asymptomatique
qui ne présente aucun symptôme clinique
attrition
perte.
audiométrie
technique permettant l'évaluation de l'acuité auditive.
bactérie
organisme d'une seule cellule microscopique pouvant transmettre des infections ; le virus est
nettement plus petit et a besoin de cellules de l'organisme hôte pour se reproduire.
biométrie
mesure des caractéristiques physiques d'un individu, comme la taille, le poids.
botulisme
le botulisme alimentaire est une maladie grave et potentiellement fatale, mais néanmoins,
rare. C'est une intoxication provoquée par l'ingestion de neurotoxines puissantes, les toxines
botuliques, présentes dans les aliments contaminés.
bronchoconstriction
diminution du diamètre d'une bronche, comme dans la crise d'asthme par exemple.
cellules cornées
cellules de la couche la plus externe de la peau.
chimio-prophylaxie
prévention d'une maladie par la prise d'un médicament.
chronique
maladie ou affection dont les symptômes apparaissent lentement, qui dure longtemps et
s'installe parfois définitivement
cirrhose
maladie chronique du foie qui devient fibreux et fonctionnant mal.
cognitif/ives
se rapportant aux processus permettant l'acquisition des connaissances.
183
cornée
membrane transparente à l'avant de l'œil.
cutanée
de la peau.
cutanéo-muqueux
concerne la peau et les muqueuses (membranes tapissant les cavités du corps).
Déchets organiques
Les déchets organiques ou déchets fermentescibles sont des résidus d'origine végétale ou
animale qui peuvent être dégradés par les micro-organismes pour lesquels ils représentent
une source d'alimentation.
décompensation
Dégradation, souvent brutale, d'un organe ou d'un organisme. Ce terme s'applique aussi bien
dans un contexte physiologique que dans un contexte psychiatrique.
effluents
eaux usées.
électrocardiogramme
examen médical pour enregistrer l'activité électrique du cœur sur un papier.
endémie
présence habituelle d'une maladie infectieuse contagieuse dans une région donnée.
épidémie
propagation rapide d'une maladie infectieuse contagieuse à un grand nombre de personnes.
épigastrique
du creux de l'estomac (au milieu et en haut de l'abdomen).
excreta
substances rejetées hors de l'organisme.
fiche d'emplois-nuisances
permet de préciser les risques auxquels le personnel est exposé à son poste de travail.
filariose
maladie causée par la filaire, un ver parasite.
hématome
accumulation de sang sous la peau ou dans un organe.
hygiène
principes et pratiques pour préserver la santé, en particulier par la propreté du corps.
infection
envahissement de l'organisme par un microbe (bactérie, parasite, virus ou champignon)
pathogène (capable d'entraîner une maladie)
insalubrité
l'insalubrité est caractérisée par ce qui est malsain et peut nuire à la santé
méat
conduit ou orifice anatomique.
morbidité
état de maladie, ensemble des effets liés à une maladie.
184
myocardite
infection du muscle du cœur.
observance
adéquation entre le comportement du patient et le traitement proposé.
odontologique
concerne les dents.
œdème
gonflement des tissus par une accumulation de liquide anormale.
œdème pulmonaire
accumulation de liquide dans les poumons.
opiacée
substance dérivée de l'opium.
optimisation des ressources des forces armées
nouvelles techniques mises en place visant à mobiliser au mieux ses ressources physiques
et psychologiques en fonction des exigences des situations qu'il rencontre.
panoramique dentaire
radiographie de toute la denture.
pathogène
qui peut causer une maladie.
pathologie
maladie.
percutané
qui se fait par absorption à travers la peau.
polymorphe
se présentant sous des formes différentes.
primo-infection
première atteinte d'un organisme par un microbe ; par exemple celui de la tuberculose ou le
VIH.
prophylaxie
mesures à prendre pour éviter les maladies.
psychoactifs
qui altèrent les processus mentaux.
psychomotrice
concerne à la fois les fonctions psychiques et motrices.
punctiforme
en forme de point
pustule
élévation de la peau contenant du pus.
rostre
prolongement pointu vers l'avant du corps, ici d'un insecte ou d'une tique.
sérologie
185
méthode de biologie médicale visant à rechercher, dans un prélèvement sanguin (une « prise
de sang ») la présence d'anticorps (immunoglobulines) permettant d'affirmer un contact,
ancien ou récent, avec un agent infectieux : virus, bactérie, parasite.
sérothérapie
traitement par du sérum immunisant (stimulation du système immunitaire).
somatiques
se rapportant au corps.
stigmatiser
marquer un individu ou un groupe de façon négative.
trypanosomiases
maladies liées aux trypanosomes, parasites du sang (exemple : maladie du sommeil
transmise par la mouche tsé-tsé).
ulcération
formation d'un ulcère et donc d'un trou dans la peau ou une muqueuse.
vésication
formation d'ampoules sur la peau.
vésicules
lésions en élévation de la peau contenant une sérosité (liquide comme de la lymphe).
viscères
organes contenus dans les cavités du corps.
visite médicale périodique
visite pour déterminer l'aptitude médicale généralement effectuée tous les deux ans.
zoonoses
maladies infectieuses qui se transmettent naturellement de l'animal à l'homme.
186