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Jeunesse, le devoir d’avenir p. 2-3 LE COIN DU CLINICIEN
Dominique Charvet La « désadoption »
Etre parents aujourd’hui et en situation de Comment être témoin d’un parcours
grande précarité Claire Vercraene p. 4 d’exclusion calamiteux ? p. 11-12
Jean Furtos
L’adolescent, l’identité et la violence scolaire
Jean-Jacques Jordi p. 5 SUR LE TERRAIN DES PRATIQUES
Réflexions sur l’incarcération des mineurs Accueil thérapeutique et adolescence
dans le Service de Psychiatrie
p. 7
Infanto-Juvénile du Nord
des Hauts de Seine
Michèle Zann, Jeanne Gaillard
p. 13 - 15
6
A propos des adolescents en errance : et grincements de dents p. 14 - 15
www.ch-le-vinatier.fr/orspere la mélancolisation d’exclusion ou Moncef Marzouki
d’une souffrance psychique
dans l’actuel Olivier Douville p. 9-10 ACTUALITES p. 16
Rhizome N° 6 - Octobre 2001 Dossier Adolescence
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Rhizome N° 6 - Octobre 2001 Dossier Adolescence
L’adolescent, l’identité et
la violence scolaire 1
Il n’est pas un jour sans que que, surtout, il n’y a pas de causes ment en milieu populaire et immi-
l’on entende ici ou là parler de spécifiques à l’échec scolaire des gré*. En ce sens, pour les collé-
violence scolaire. jeunes issus de l’émigration. giens, l’identité locale prend
Comme le faisait remarquer un nettement le pas tant sur l’identité
Jean-Jacques JORDI De la même manière, en règle inspecteur de l’Education Natio- d’origine que sur l’identité natio-
Historien, Coordonnateur générale, la communauté éduca- nale, la “pauvreté n’est pas gage de nale. Enfin, l’inscription de
de Réseau d’Education tive qui regroupe enseignants, per- l’indignité”. Enfin, mais il ne peut chaque élève dans son histoire,
prioritaire sonnel de direction et s’agir là d’une revue de détail, on a dans un projet de vie soutenu par
Marseille d’administration, surveillants, avancé que la constitution de clas- des actions spécifiques (culturelles
aides-éducateurs, évoque régulière- ses au collège, parce qu’elle est eth- et artistiques, scientifiques, sporti-
ment l’incivisme, l’irrespect de ces niquement inégalitaire - pour ves, actions de prévention des
“jeunes”, autant dans l’enceinte parler clair, des classes de “blancs”, conduites à risque...) permet à
scolaire qu’à l’extérieur. On a sou- des classes de “noirs”, des classes l’élève de se situer et de compren-
vent évoqué la violence en milieu “d’arabes” - produirait des blessu- dre pourquoi il se trouve ici et pas
scolaire - nous nous situons ici res et des douleurs, lesquelles, de ailleurs...
dans le cadre d’une population manière inéluctable, débouche- Pour autant, des problèmes subsis-
scolaire de collège - au travers de raient sur une violence quasi dra- tent. Si l’on constate une améliora-
plusieurs éléments constitutifs de matique3. Combien de fois ai-je tion du comportement dans les
cette violence. Tout d’abord, l’idée entendu : “Ils (les enseignants) classes de 4ème et de 3ème, les
que l’école en elle-même génère nous font pas travailler parce qu’on classes de 6ème semblent avoir
une violence qui est celle issue de est arabe”. Et quand je leur disais : quelques difficultés qui génèrent
la volonté affirmée de l’Etat d’inté- “et quand vous avez du travail, de la violence, et que le rappel à la
grer-assimiler tous ceux qui pas- vous le faites ?” La réponse était loi ne peut contenir. Sans doute,
sent par l’école comme l’on invariable : “non, puisque ça sert à ne fait-on pas évoluer des a priori
passerait dans un moule, moule rien !” sur tel ou tel collège en une ou
1
Il s’agit dans ce texte de républicain, laïc et gratuit. Forts de ces connaissances, avec deux années, et que si tel collège
réflexions et d’opinions Cependant, contrairement à une leurs possibilités, et sans que cela passe pour être le collège des “ara-
personnelles au regard d’une
pratique de terrain nourrie de
idée reçue, la France n’a pas refoulé puisse être considéré comme une bes et des Comoriens”, donc un
recherches sur l’histoire des dans son école les “petites patries” expérience, les communautés édu- “mauvais” collège au regard des
migrations. (la Bretagne, la Corse, la Provence, catives de deux collèges de autres, il est à craindre que cette
2
Directeur de recherche au l’Alsace, l’Auvergne...), mais a Marseille, avec lesquels je travaille, réputation lui survive encore,
CNRS (aujourd’hui disparu) considéré l’ethnicité comme poly- ont décidé que ceux qui étaient les quand bien même ses résultats
Contribution inédite au
rapport Jacques Berque.
ethnique et historicisée. L’école de mieux placés pour constituer les seraient en progression. Sans doute
3
la République a crée un fort senti- classes de 6ème étaient les institu- aussi, la mise en concurrence illégi-
Il reste toutefois le délicat
problème de l’orientation
ment d’appartenance à la France teurs et professeurs des écoles. Le time, faite les années précédentes,
après la classe de 3ème. sans véritablement se couper des principal critère restait la constitu- entre la “compétence” mythique
4
On pourrait avoir une
patries ou terroirs d’origine. De tion de classes hétérogènes. De de l’institution-école et la “compé-
réflexion semblable sur les fait, l’école a été et reste puissam- fait, les sentiments réels d’injustice tence-incompétence” des parents a
pratiques “répressives” ment intégratrice. Un enfant peut ou de victimisation qui pouvaient t-elle engendré une violence
(punitions) différenciée aux
élèves de certaines classes par
ne pas être français, mais l’élève, exister avec une affectation dans sourde contre ceux - les ensei-
rapport à d’autres. S’il parce qu’il est élève de l’école fran- une classe segréguée s’en trou- gnants - qui n’arrivaient pas à faire
n’existe plus de classe çaise, au sein de la société française, vaient sinon disparus, au moins travailler les élèves suffisamment
reléguée, le système de
punition ne peut plus être est un élève français nous rappelle affaiblis4. Ensuite, la violence cons- pour obtenir des résultats conve-
différencié. Abdelmalek Sayad2. Ensuite, on a tatée les années précédentes a nables. Il conviendrait en effet de
avancé l’idée que la violence est imposé à la communauté éduca- voir comment l’institution sco-
BIBLIOGRAPHIE : liée à l’échec scolaire, lui-même tive de mettre l’accent sur la néces- laire, après avoir délégitimé le rôle
* On verra sur ce point l’étude fait social lié à des mécanismes sité d’affirmer l’existence de règles, et le pouvoir des parents, peut
Migrants et sociétés urbaines en sociaux d’exclusion qui existent l’existence d’un règlement de l’éta- redonner du sens à l’autorité
Europe, l’exemple de Marseille
et de Francfort-sur-le-Main,
dans la société. Une des premières blissement, et l’existence d’une parentale... et non aux grandes
GAPRETS, Université de victimes de ces exclusions sont his- référence commune aux élèves soeurs ou aux grands frères. Il nous
Luminy, 1995-1997, et le toriquement les immigrés et par comme à l’ensemble de la commu- faut donc, en plus que ce que nous
document de synthèse paru dans
Migrations Etudes, ADRI, Paris,
conséquent leurs enfants. L’école nauté éducative permettant l’émer- avons dit, chercher ailleurs dans
Octobre 1999. étant le reflet de la société, aucun gence d’un sentiment d’appar- un double enjeu : faire de l’établis-
changement n’était possible sans tenance à une même “polis”. Sans sement scolaire un espace d’ap-
bouleversement de la société. doute ici, les caractéristiques de prentissages, de socialisation et de
C’était juste oublier qu’aucune Marseille et de sa culture locale civilité au rapport de la loi, et l’en-
société n’est immuable, que l’école favorisent l’adhésion à une forte jeu de ne plus ségréguer les diffé-
a parfois un peu d’autonomie, et identité collective, et particulière- rences mais de vivre ensemble. ■
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Rhizome N° 6 - Octobre 2001 Dossier Adolescence
Le suicide de l’adolescent :
la mort dans les yeux
Le suicide est par excellence L’acte suicidaire est bien au Le passage à l’acte suicidaire cor-
un acte intime au sens où il ne cœur du paysage adolescent ; il respond souvent à une tentative
concerne que le sujet et lui concerne plus de 1.000 adoles- magique de se débarrasser de la
seul et exclut de fait toute cents par an et 30.000 si on nécessité de faire des choix, d’ac-
Docteur Robert BRÈS référence à l’autre. C’est un prend en compte l’ensemble des cepter des limites et de s’inscrire
Psychiatre des Hôpitaux acte pur dont on ne peut rien tentatives de suicide. dans sa propre temporalité.
Unité de Soins pour dire, comme une histoire sans Il est rarement associé à une Mourir c’est se débarrasser de ce
Grands Adolescents, parole, un « innommable ». pathologie mentale. Le suicide qui embarrasse, grandir c’est
Polyclinique de Psychiatrie Cet acte n’est pas une des adolescents n’est pas le fait accepter de s’en embarrasser.
Hôpital de La Colombière démonstration mais une d’une maladie ou d’une problé- Souvent au décours d’une tenta-
CHU de Montpellier monstration ; on en a plein les matique spécifiée, mais bien un tive de suicide l’adolescent est
yeux et la bouche close. acte adolescent, liée donc aux pro- serein, heureux de vivre, comme
blématiques propres à l’adoles- s’il avait vérifié qu’il était vivant et
Le suicide apparaît d’autant plus cence. que les autres avaient répondu au
monstrueux quand il s’agit d’ado- terrible rendez-vous qu’il leur
lescents ; il est hors de propos, En ce qui concerne les grands avait donné. Quand il y a passage
semblant prendre à contre-pied adolescents, les 15 ans et plus, à l’acte, l’adolescent ne sait plus
l’éclosion souhaitée parfois crain- cette problématique est dominée pourquoi il s’est exposé à mourir.
tivement d’un sujet à venir. Il par la convocation culturelle à C’est pour cela qu’il est difficile
marque l’absence incongrue et s’inscrire dans ce qui va être leur de l’aider à penser cet acte, à en
cruelle d’un sujet en plein ad- histoire à l’écart de l’histoire dire quoi que ce soit. C’est pour
venir. parentale. L’adolescent est convo- cela qu’il est souvent préconisé
Cet innommable monstrueux qué à faire des choix (il ne peut d’intervenir très précocement au
ouvre à des réponses diverses dont pas tout avoir), accepter ses pro- décours d’un acte suicidaire.
la finalité n’est que de le déplacer, pres limites (il ne peut être tout)
de le conjurer, à l’instar de Persée et ce de manière quasi-irréversible Cet acte suicidaire ne correspond
qui pour affronter le regard de (et donc à s’inscrire dans une tem- pas toujours à l’incapacité qu’a
mort de Gorgone utilisait un arti- poralité). Ce mouvement d’éclo- l’adolescent à savoir se penser à la
fice en ne cherchant à le voir sion est particulièrement boule- fois dans le passé, dans le présent
qu’au travers d’un miroir afin versant, l’adolescent se sent perdu, et dans l’avenir, se penser donc
d’éviter l’occurrence mortifère de seul dans un monde trop grand ; dans une histoire ; l’acte répond
le regarder en face. et déprime dans la mesure où il se parfois non pas à un défaut de
rend compte qu’il ne prime plus. savoir mais à un défaut de vérité,
Le corps social oscille ainsi entre un peu comme si l’adolescent
des réponses de type hystérique ou Le rapport au temps doit se refor- voulait anticiper sur une vérité à
de type obsessionnel : muler brusquement ; l’adolescent venir. Il se laisse entraîner dans
n’est plus dans le temps des autres l’acte en ayant sincèrement l’im-
• Il s’agit parfois de démonstration (celui de ses parents, de la mode, pression qu’il découvre par cet
d’affects forts , de témoignages de de ses copains, celui des rythmes acte qu’il avait envie de mourir ;
douleurs intenses comme pour scolaires etc.) il entre dans sa pro- tout se passe comme si certains
détacher l’attention, la compas- pre temporalité, dans ce qui adolescents se trouvaient aux por-
sion et l’intérêt du mort vers ceux maintenant fait histoire pour lui. tes de la mort sans avoir jamais
qui souffrent ; ou de proposer une Se poser la question de son propre véritablement décidé de mourir.
reconstruction quasi-romanesque temps amène de fait à se poser la Au décours de l’acte ils sont alors
de l’acte pour l’inscrire dans une question de sa propre mort dans perplexes, comme incapables de
histoire autre ; on cherche des la mesure où c’est bien la mort qui penser ce qui leur est arrivé, ne
explications pour se soulager de donne sa mesure au temps. sachant que faire de cette vérité
trop fortes implications. Penser à sa mort, c’est échapper à révélée à leurs yeux.
la nécessité de penser au temps La prévention de tout acte suici-
• Il s’agit aussi de dresser des qui passe ; présentifier sa propre daire consisterait alors à permettre
tableaux statistiques, des descrip- mort c’est abolir le temps, ça à l’adolescent de prendre le temps
tions minutieuses, des analyses retire ce qui lui donnait la mesure, de grandir, d’entamer et poursui-
froides. L’acte est posé nu, sans c’est donc se penser immortel. vre cette longue Odyssée d’un
affects. Ulysse parfois déboussolé mais
Ces deux stratégies ont bien en Si l’adolescent n’a pas peur de animé du désir d’avancer vers son
commun de détourner le regard mourir, c’est qu’en fait il a très Ithaque. ■
de l’innommable de l’acte suici- peur de vieillir : « à mourir pour
daire. mourir, il choisit l’âge tendre ».
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N° 6 - Octobre 2001
Dossier Adolescence
comme si l’exclu vivait non seule- ce souci de l’autre […] est bel et fonctions orificielles, de la capa-
ment sa mise à part des circula- bien tissé de projections, d’identi- cité à ressentir la douleur et d’a-
tions et des liens, mais sa fications voire de dénis. Il n’en est dresser cette douleur à quiconque.
progressive chute dans un pas moins le ressort d’un montage
informe du corporel, du temps et qui interroge frontalement la Or une structure simple du com-
de l’espace. C’est dans ce moment dimension du soin. C’est à dire plexe d’autrui –je reprends cette
de mélancolisation que l’on voit que nous sommes de la sorte expression à Freud- par laquelle
se produire ces transferts par les- conviés à respecter des lieux et des l’exclu « profond » est un peu pris
quels un adolescent, en vive diffi- temps, tout en, et c’est un para- en charge par d’autres est aussi
culté narcissique, va se « coller » à doxe, rendant notre présence aisément rencontrable dans une
un autre bien plus atteint que lui régulière et dense. Nous consti- banlieue parisienne que dans une
par les processus de destruction tuons un point fixe, appelé à être mégapole africaine. A Bamako
de l’identité, et prendre soin de ce là et qui par sa fixité soignante aussi, des bandes de jeunes errants
qui reste de vivant, de survivant, troue effectivement la platitude déambulent dans la cité, dans les
en cet autre qu’il va situer à côté catastrophique et informe où interstices de ces villes, près de ces
de lui. Tout comme ce grand ado- s’isolaient des jeunes grandement lieux où tous passent et où nul ne
lescent m’avait mené au seuil d’un exclus, laissés au rythme languide prend la temps ou la peine de s’ar-
autre jeune, bien plus encore à la des auto-intoxications et des apa- rêter. Les gares routières, le
casse et à la dérive. Devenant alors thies mortifères. Il est pénible contrebas d’un pont enjambant le
le gardien du lieu et du temps, cet mais non rare de constater à quel Niger, etc…Tous les adolescents
adolescent, devenant « aide-soi- point qui se vit coupé, indigne, de ne vivent pas en bande. Des appa-
gnant », porte la demande de l’au- toute réciprocité, glisse avec une riements se forment. Là aussi, là
tre, façon sans doute progressive, rapidité effarante vers un état encore, des adolescents en errance
masquée, mais ô combien légi- « dé-langagier » de son corps. Au de lien vont se fixer à un autre en
time de faire passer en contre- point que la certitude même d’a- errance de corps. Et c’est là encore
bande sa propre demande. C’est voir un corps (et comme pro- la même logique, amener les soi-
ainsi d’altruisme dont je parle ici, priété et comme responsabilité) gnants à occuper ce point fixe où
vacille. Se produisent alors des le corps du plus aliéné s’est recro-
troubles organiques autour des quevillé, amené de la sorte, du
rythme, de la succession de pré-
sence, du contenant pour la
parole à venir.
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N° 6 - Octobre 2001
Le coin du Clinicien
La « désadoption »
Comment être témoin d’un parcours d’exclusion
calamiteux ?
Jean Furtos Il existe aujourd’hui un des familles, en nombre semble-t- ment d’école et de copains. La
Directeur scientifique processus de désaffiliation à il croissant, qui souhaitent collègue psychiatre qui cite cette
de l’ORSPERE l’œuvre dans le champ social. rompre le lien avec l’enfant situation redoute d’assister, sans
Bron (69) Ce terme renvoie, sur le regis- adopté souvent après un long pouvoir intervenir, au début
tre négatif, à l’affiliation à un cheminement et une recherche au d’une errance institutionnelle où
groupe, à une institution, à loin, parce que les liens de filia- est déjà engagé un processus à
des devoirs d’appartenance ; tion se passent mal ; il y a un long terme. Est-il pensable et
il renvoie aussi à la filiation, épuisement de l’investissement possible d’agir, se demande t-elle ?
cette suite discontinue des psychique qui se traduit par une Par exemple, peut-on imaginer un
générations qui fabrique du tentation de rupture en terme budget pour continuer d’amener
même et de l’autre. d’abandon de responsabilité. l’enfant à son école, ce qui coûte-
Analogiquement, nombre d’ado- rait moins cher en dégâts
Avec la « désaffiliation », nous lescents, ceux-là beaucoup plus humains, moins cher aussi que la
sommes en tout cas dans l’ère des nombreux, seraient de fait prise en charge institutionnelle
mots en « dé » : démariage, désin- désadoptés par leurs familles lourde et longue qui s’avérera
stitutionnalisation, désymbolisa- naturelles qui se perçoivent elles souvent nécessaire.
tion, défusion, déconstruction... aussi comme ne pouvant plus rien
Ils signifient une perte, un pour leurs enfants, du fait de Voici une autre vignette : depuis
mouvement de déliaison qui comportements trop difficiles. Par six ans, une jeune fille a fréquenté
garde, dans son principe, une épuisement, elles le désinvestis- épisodiquement l’Unité Médicale
potentialité de reliaison. Au sein sent pour survivre, dans le désar- d’Accueil (UMA) de l’Hôpital du
de ce processus, certains y trou- roi et la culpabilité; et cela Vinatier. Elle y est venue pour des
BIBLIOGRAPHIE :
vent leur compte, tels Tristan et concerne aussi bien l’investisse- hospitalisations rares et courtes,
*
Cf. Castel (R.) : « Le Roman de
Iseult* qui sortent des obligations ment du juge des enfants, des de 10 ans 1/2 à 16 ans 1/2, âge
la Désaffiliation », in La Revue ritualisées du social pour s’aimer, institutions éducatives, des famil- qu’elle a actuellement.
Le Débat, sept./Oct. 1990. ce qui se paie du prix fort. Moins les d’accueil, des services médi- A l’âge de 3 ans 1/2, Amélie a été
**
Darrot (J.) : « Adolescence et radicalement, celui ou celle qui caux. Le rejet est second. En tout confiée à une famille d’accueil, sa
Société : une crise peut en cacher
une autre », in Rhizome n°4,
peut assumer un minimum de cas, l’errance de certains adoles- mère ayant été condamnée à 3 ans
mars 2001. transgression des normes d’appar- cents constitue déjà un stade de prison. Elle est restée très atta-
tenance va plutôt bien sur le plan sérieux de SDF : « Un quart des chée à sa mère (qui ne s’occupe
de la créativité. Et ceux-là passent adultes sans domicile fixe n’habi- plus d’elle) et idéalise son père.
rarement par les services d’ur- taient déjà plus chez eux à Les deux parents sont séparés. Il y
gence générale et psychiatrique, 16 ans »**. aurait eu une longue période de
quoique parfois... Mais qu’en est- latence symptomatique.
1
Programme Régional
il de la désaffiliation pour les En désespoir de cause et de délin- A dix ans, Amélie était une petit
d’Accès à la Prévention et aux adolescents en grande difficulté, quance, ils peuvent être incarcé- fille sur le point d’entrer en CM2,
Soins. lorsque se superpose un processus rés, et se retrouver SDF à leur et dont l’avenir n’inspirait alors
2
Le travail de ce groupe d’exclusion sociale ? sortie de prison, situation aiguë aucune inquiétude exagérée,
donnera lieu à un rapport fin Ce questionnement permet d’in- de mise en grande précarité. même si elle avait besoin d’être
2001.
troduire une idée forte exprimée aidée. Ces dernières années, elle
3
Hospitalisation à la par des praticiens de l’urgence Des exemples cliniques fugue de tous les foyers, n’est plus
Demande d’un Tiers. médicale et sociale travaillant D’abord une vignette courte et scolarisée, semble se livrer à la
4
Institut Départemental de dans le cadre d’un projet PRAPS1 simple : voici une mère en état de prostitution et fréquente des
l’Enfance et de la Famille toujours en cours à l’ORSPERE2 : psychose décompensée. Elle est groupes sataniques.
5
Dixit Nathalie Giloux, ces praticiens constatent des hospitalisée en urgence à l’hôpital Les soignants des services d’ur-
psychiatre qui a présenté processus d’exclusion de jeunes psychiatrique sous la forme de gence ont le sentiment pénible de
cette situation.
adolescents ; ils se perçoivent eux- l’HDT3, et ses enfants, placés à l’avoir vu « dégringoler » sur une
mêmes en train d’assister, en l’IDEF4, quittent leur école et pente dévastatrice sans pouvoir
qualité de témoins impuissants et leurs copains pour l’école la plus intervenir efficacement, et d’avoir
souffrants, à un processus calami- proche du lieu d’accueil ; à la été « les témoins passifs d’un
teux de « désadoption », autre rupture avec la mère s’ajoute celle parcours calamiteux5 ».
mot en « dé ». avec les pairs. Si la séparation Son parcours s’est étiré de familles
« Désadoption » : ce néologisme a dure, les enfants vont être placés d’accueil en foyers, avec un
d’abord été utilisé dans le groupe en famille d’accueil : nouvelle comportement constitué de crises
PRAPS au sens propre ; il y aurait discontinuité, nouveau change- d’agitation et de violence clas- 11
Rhizome
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N° 6 - Octobre 2001
Le coin du Clinicien
La « désadoption »
Comment être témoin d’un parcours d’exclusion calamiteux ? (suite)
tique épuisant les capacités conte- dique, il n’y a pas de preuves pour se prennent pour l’unique inter-
nantes des éducateurs ; elle jubile- ou contre, mais une souffrance venant tout puissant, juste avant
rait, est-il rapporté, de éthique dans la mesure où elle le rejet. Dans cette gestion grou-
l’impuissance de ses éducateurs, interroge l’action. Comment pale se constitue, pour reprendre
comme si elle retournait sa propre faudrait-il faire ? les termes de René Kaès, une
impuissance et son propre C’est aussi une souffrance qui, forme d’appareil psychique grou-
désespoir en jouissant de ses sans se dissoudre à bon compte, pal autour de l’adolescent ; c’est la
affects projetés « dans » ceux et engage à une interprétation qui prise de contact, lettre ou télé-
celles qu’elle côtoie. ne vise à rien d’absolu sauf à phone, qui authentifie tous ces
Lorsqu’elle est hospitalisé à comprendre un tout petit peu ce intervenants : tel éducateur dans
l’UMA, elle est capable d’écrire qui se passe. Ainsi, que se passe-t- telle institution, plusieurs interve-
des choses intéressantes sur sa vie, il, justement, lorsque Amélie nants qui ne se connaissent pas
son histoire, ou alors des fulgu- vient à l’UMA ? Elle écrit, elle souvent, un juge, un pédiatre, un
rances telles que : coagule une histoire terriblement psychologue... Dire à l’adolescent,
« Vive le désespoir » ou broyée, ses cris, certains moments « J’ai téléphoné à Mme X. », ou
« Le passé, c’est le cimetière, psychiques. Elle permet aux « Mr X. m’a téléphoné à votre
L’avenir c’est le désert ». personnes qui l’accueillent (famil- sujet », fait émerger un groupe
Ce dernier aphorisme est l’exacte les d’accueil ou foyers) de se repo- subjectivement très concret ;
définition d’une position mélan- ser de l’intolérable et des certains ont un rôle majeur même
colique. projections qu’elle dépose en eux, s’il apparaît effacé ; ainsi, pour
à partir desquels ils répondent par Amélie, Monsieur D. un psycho-
Interrogeons nous sur le vécu une demande d’éviction... à l’ur- logue qui l’avait rencontrée régu-
des soignants : « être les témoins gence. Un tel apaisement est lièrement autrefois, continue de
passifs d’un parcours d’exclu- susceptible de favoriser la pour- jouer un rôle important dans ce
sion calamiteux... » Qu’est-ce suite des liens, d’empêcher un groupe à distance, rôle qu’on ne
qu’un témoin ? C’est quelqu’un surcroît de désaffiliation, encore peut qualifier de virtuel.
qui refuse de banaliser ce dont il une éviction « définitive ». Bien « Vive le désespoir », écrivait
est témoin. En l’occurrence, il plus, quelques jours en service Amélie. Peut-être en tout cas le
refuse de le réduire à des signes d’urgence permettent de prendre désespoir des soignants témoi-
observables, à une classification contact avec ceux et celles qui gne t-il d’un souci actif pour
nosographique. Quelque chose sont en relation avec ces adoles- l’avenir de l’adolescent en
d’injustifiable est authentifiée, qui cents en difficulté et qui partici- extrême difficulté de liens.
n’empêche pourtant pas d’agir en pent aux multiples institutions du Paradoxalement, cela revient à ne
qualité d’acteurs de sa pratique, champ social et soignant. On pas valider le sentiment d’impuis-
mais avec un reste qui n’est pas s’aperçoit que toutes ces person- sance des institutions qui, s’il suit
transformable. Le témoin a vu et nes, ces professionnels, consti- sa pente naturelle, peut paralyser
entendu, mais il veut témoigner à tuent sans le savoir une forme de toute anticipation positive pour
d’autres pour une sorte de procès. gestion groupale à distance, l’avenir du jeune.
Ici il ne s’agit pas d’un cadre juri- pourvu qu’aucune d’entre elles ne Le témoignage dont nous parlions
plus haut consiste probablement,
c’est en tout cas notre hypothèse,
à porter la mélancolie de l’adoles-
cent, à soutenir l’insoutenable
cruauté du sentiment d’indignité.
« Témoins passifs », disions-nous,
c’est à dire acceptant d’être choisis
comme « porteurs » ; une telle
passivité, éthique, appelle à une
activité psychique d’une haute
exigence. La souffrance silen-
cieuse (mais non muette) des
aidants peut éviter un excès de
destructivité, antidote du proces-
sus de désadoption. Le désespoir
soignant, sans rejet, est parfois le
défilé nécessaire pour tenir « le
devoir d’avenir ». ■
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N° 6 - Octobre 2001
Sur le terrain des pratiques
Dangereuse adolescence :
persiflage et grincements de dents
Le Dr Moncef Marzouki , professeur de santé communautaire, est la figure de proue de la Défense des Droits Humains
en Tunisie. Il a été déchu de son poste à l’Université de Sousse, en juillet 2000, par décision du pouvoir tunisien.
Dans le cadre du procès de la Ligue tunisienne des Droits de l’Homme, le Dr Moncef Marzouki est assigné à résidence
depuis le 10 mars 2001, essentiellement en raison de ses positions pour la défense des droits de l’homme et de l’enfant.
L’Université de Bobigny l’attend depuis mars 2001 comme professeur associé en santé publique, mais il ne peut
occuper cette chaire puisqu’on lui interdit de se rendre à l’étranger.
Deux hommes ont saccagé notre maltraitances plus subtiles. Puis vient le temps de la relativi-
vision imaginaire de l’enfance : Mais nous autres, gens du Sud sation.
Sigmund Freud dès la fin du (protégés de telles turpitudes à la Le viol des corps et des conscien-
XIXème siècle et Henry Kemp au fois par nos nobles et grandes ces ne constitue que l’extrémité
milieu des années soixante du valeurs religieuses et familiales et du spectre des comportements
défunt XXème. surtout par nos solides dictatures humains. A l’autre extrémité, il y
Le premier a montré que la sexua- qui nous empêchent de fouiller a le don de soi, la compassion,
lité et l’agressivité n’attendent pas dans les coulisses politiques et les l’affection la plus désintéressée.
l’adolescence pour exister. Elles poubelles sociales, sauf pour man- Entre les deux bouts, se succèdent
sont omniprésentes durant l’en- ger), nous n’avons à présenter que toutes les nuances de la réussite
fance, simplement elles y ont des de plates études sur le servage de comme de l’échec de la communi-
modes d’expression qui lui sont centaines de millions d’enfants ou cation et de la collaboration entre
propres. sur ces peccadilles que sont les êtres.
Le second a montré les ravages quelques dizaines de millions On peut donc affirmer que l’ado-
que font l’agressivité et la sexua- d’enfants à la rue. lescent est dangereux, non par ce
lité de certains adultes sur ce Résumons : entre 10 et 20 % des qu’il est, mais par ce qu’il révèle
même enfant travaillé par ses pro- enfants occidentaux et pas moins sur son entourage et sur son passé.
pres impulsions. de 50 % des enfants du tiers L’adolescent n’est pas qu’une his-
Tous les deux ou trois ans, il y a monde ont eu tous la même mau- toire personnelle plus ou moins
un grand festival mondial de vaise idée : naître. tragique qui serpente entre les
l’horreur, qui s’appelle le Congrès On revient en général des congrès nombreux écueils de l’existence.
de l’International Society for de l’IPSCAN avec la décision C’est un être social donc poli-
Prevention of Child Abuse and ferme et définitive de démission- tique.
Neglect (IPSCAN) fondée dans ner du genre humain et de nier Et c’est là le deuxième niveau du
les années 60 par ce tristement tout lien de parenté avec une problème.
célèbre Henry Kemp. espèce de bipèdes carnivores pra- Si l’enfance est un regard neuf
Celui tenu en 2000, à Durban en tiquant la torture, qui pullulent à porté sur le monde, l’adolescence
Afrique du sud, n’a pas déçu les la surface d’une planète appelée est un regard neuf porté sur la
amateurs des grands déballages. Terre comme des asticots sur de la société.
On peut même dire que ce fut un viande faisandée. Il jette sur elle le regard de l’éton-
grand crû. Il faut beaucoup de temps pour nement, de la perplexité, de l’in-
En général ces dégénérés d’occi- ramener l’aiguille de l’humeur à dignation mais surtout celui de la
dentaux viennent avec leurs statis- une position centrale en se conso- subversion.
tiques effroyables sur les lant comme on peut. On com- Il a vite fait de repérer toutes les
dévastations psychologiques des mence par bougonner en se disant anomalies d’une société hypocrite
crimes sexuels, violences et autres que 80% des enfants occidentaux qui fonctionne en permanence à
ne subissent que la lisière des lois et principes affi-
des traumatismes chés. Il va vouloir changer le
mineurs et ne s’en monde et devenir ipso facto une
tirent pas trop menace pour tous ceux qui ont
mal, la preuve en trouvé des arrangements avec lui.
est leur joie de Il ignore que le monde est plein
vivre et leur de vieux adolescents qui ont
remarquable essayé de changer ce monde à leur
résistance à l’hy- image, mais qu’au bout du
giène, l’amour compte c’est lui qui les a changés
parental et l’édu- à la sienne.
cation. Il se laisse aller à la dénonciation
facile, inconscient du fait que
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N° 6 - Octobre 2001
Libres Propos, Propos Libres
Dangereuse adolescence :
persiflage et grincements de dents (suite)
cette révolte si précieuse qui le L’adolescent éternel menace donc tion entre ce qu’on pourrait appe-
caractérise, a toutes les chances de un certain désordre des choses, ler la dimension existentielle de
se perdre comme un torrent mais pas seulement sur le long l’adolescence et ses dimensions
impétueux dans les méandres du terme. pathologique ou politique.
désert. Il ne sait pas à quel point D’une certaine façon, le désordre Woody Allen a fait remarquer très
elle est guettée par le risque si fré- établi a pris de gros risques en justement qu’on ne pouvait pas
quent de l’hédonisme de la jeu- concentrant tous ces dangereux décemment exiger de l’homme
nesse, de l’arrivisme de l’âge écervelés dans des espaces clos qu’il soit décontracté quand il est
adulte ou l’amertume et la désillu- appelés lycées, où ils peuvent guetté par la mort.
sion de la vieillesse. développer une conscience de
Fort heureusement, un certain groupe pour ne pas dire de classe. Freud, ce grand oiseau de mauvais
contingent arrive à survivre à tou- L’agressivité de l’adolescent, augure, a énoncé une autre terri-
tes les tentations d’accommode- comme celle du paria, n’est rien ble vérité sur l’existence
ment avec la doucereuse horreur d’autre que le passage à l’acte « Vivre, c’est vivre diminué ».
du monde. d’une souffrance qui n’en peut Autant le faire, dès lors, non dans
Et ce sont les adolescents jeunes, plus. un environnement aseptisé et
les adolescents d’âge mûr et les Le couple indissociable souf- confortable, mais dans une réalité
adolescents de 50 à 80 ans, qui france-agressivité est donc une où, contre le lourd tribut de la
vont s’acharner à domestiquer sa défense contre un environnement souffrance-agressivité, nous pou-
démence et, ce faisant, le rendre menaçant et dangereux. vons voler au monde tout son or
un tant soit peu vivable. C’est une réaction normale à une et ses diamants, en extraire tout ce
L’entêtement des adolescents éter- situation qui l’est beaucoup qu’il peut receler comme joie,
nels n’a d’égal que la résistance du moins. humour, panache, effronterie,
monde. Il y a hélas un troisième niveau au musique, amour et beauté ; toutes
Heureusement le processus est problème où la souffrance-agressi- pratiques et valeurs qu’incarne l’a-
continuel, car les réserves sont vité n’a aucun traitement . dolescence plus que toute autre
inépuisables. C’est ici qu’il faut faire la distinc- phase de la vie. ■
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Sur le terrain des pratiques
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Actualités
Nous avons lu :
■ Jeunesse, le devoir d’avenir ■ Adolescents dans la violence. Médiations éducatives et
Commissariat général du Plan-La Documentation française, 2001 soins psychiques
Un rapport majeur qui apporte un changement de regard sur Pierre Kamerrer Ed. Gallimard, 2000
la jeunesse, un changement de perspectives : il s’agit aujour- Ce livre apporte aux professionnels un regard théorique,
d’hui d’assurer la continuité éducative, de promouvoir de accessible aux psys comme aux non-psys, des réponses
nouvelles relations entre les jeunes et les institutions dans une cliniques et des méthodes concrètes pour répondre au phéno-
société en transition, particulièrement de leur donner la capa- mène de la violence des jeunes. A lire impérativement.
cité d’être acteur dans la vie de la cité.
Ce rapport pose le principe d’un droit qui s’adresse à l’en- ■ Les Prisons de la misère
semble des générations et non exclusivement aux jeunes. Loïc Wacquant Ed. Raisons d’agir, 1999
Site: www.plan.gouv.fr Un ouvrage intéressant qui décrit la « tolérance zéro », la
■ Des jeunes se prennent la tête ici, là-bas répression accrue de la délinquance des jeunes, le harcèle-
Francis Maqueda Ed. Hommes et perspectives, 2001
ment des sans-abris… et condamne la diffusion en Europe de
Un ouvrage sur la douleur d’exister des jeunes adultes ce nouveau sens commun pénal élaboré en Amérique
rencontrés dans les consultations qui est aussi l’expression du ■ Au coeur des banlieues. Codes, rites et langages
peu de soin qu’ils prennent de leur vie psychique. La David Lepoutre. Ed. Odile Jacob, 1997
« violence des jeunes » est mise en rapport avec une impos- C’est une lecture tonique, neuve, parfois drôle des compor-
sible identité ; l’attaque de l’altérité devient l’attaque de soi- tements et des pratiques des adolescents des grands ensem-
même. bles. Fruit d’un travail
■ La souffrance psychique des adolescents et des jeunes de terrain de plusieurs
adultes années dans la cité des RHIZOME est un bulletin national
Haut Comité de la santé publique Ed. ENSP, 2000. Quatre Mille, cette trimestriel édité par l’Observatoire
Régional sur la Souffrance Psychique En
Ce document fait le point sur les principaux indicateurs de chronique, au fil des Rapport avec l’Exclusion (ORSPERE)
santé psychique des jeunes de 15 à 25 ans et s’attache à jours, témoigne de la avec le soutien de la Direction Générale
apporter un «éclairage» sur les petits signes d’alerte repérables vitalité et de l’intelli- de l’Action Sociale
par chacun. A consulter. gence créatrice d’une Directeur de publication : Jean FURTOS
jeunesse souvent stig- Secrétaire de rédaction : Claudine BASSINI
matisée. Comité de rédaction :
- Guy ARDIET, psychiatre (St Cyr au Mont d’Or)
Agenda - Pierre BELMANT, Fnars (Paris)
- Marie Dominique BENEVENT, CRACIP (Lyon)
- Jean-Paul CARASCO, infirmier (St Maurice)