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La mémoire devient archive et conserve trace de tout par les moyens les / plus précis possibles. Elle
est aussi externalisée pour palier la peur de l’homme de perdre le passé, de perdre le sens du
présent et la prévisibilité du futur. Le travail d’accumulation et d’archive devient l’affaire de chacun
au-delà des historiens. Ce phénomène du fétichisme du / souvenir est propre a notre
contemporéanité : puisqu’on ne sait pas ce dont il faudra se rappeler, tout est conservé, rien n’est
détruit. L’externalisation de la mémoire n’est plus réservée aux seuls archivistes, chacun doit
conserver son vécu avec précision. Ainsi, les limites du concept de mémoire / ont été si repoussées
qu’il s’est fragmenté. Conserver ne suffit plus, il faut créer délibérément des archives, reconstitution
d’un passé oublié ou immédiat. Le présent se dédouble car il est présent mais aussi déjà archive.
La mémoire devient aussi un travail individuel. Alors que les historiens sont / délaissés, l’histoire n’a
jamais été aussi approfondie car la rupture mémoire-histoire pousse chaque minorité, discipline ou
individu à redéfinir son identité et ses origines par un travail de mémoire. La mémoire devenue
histoire est plus individuelle et psychologique car elle n’est plus résurrection mais reconstruction du /
passé. La mémoire est ainsi éclatée en mémoires privées et individuelles, à chacun de la faire
subsister. Ainsi la mémoire devenue collective nécessite que chaque individu s’y consacre.
Le rôle d’historien évolue aussi. Autrefois chargé de tout retranscrire avec objectivité, il se reconnait
un droit à la subjectivité et en fait même la clé de compréhension du passé. / La rupture mémoire-
histoire positionne l’historien non plus en moyen mais en lieu de mémoire.
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