LE FER AU SÉNÉGAL

1. Informations générales

Le fer est un métal de couleur blanc argenté, ductile, malléable et magnétique. Avec une teneur
en masse de 5%, le fer est, après l'aluminium, le 2ème élément métallique le plus répandu dans
l'écorce terrestre. C’est le quatrième élément le plus abondant de l’écorce terrestre après le
silicium, l’aluminium et l’oxygène.
Sa teneur d’exploitabilité est de 60%. Le fer est présent sous forme oxydée, Fe2O3 (hématite)
ou parfois Fe3O4 (magnétite), avec des teneurs en fer comprises entre 30%, pour les minerais
pauvres et 66%, pour les minerais riches. La teneur en fer d'un minerai constitué d'hématite
pure serait de 69,94%. Une partie de la production brésilienne est sous forme d'itabirite qui est
un minerai de fer (hématite, magnétite) métamorphisé, en présence de quantités importantes de
quartz. Les teneurs en fer sont comprises entre 37 et 52%.
Le fer entre dans la composition de très nombreux minéraux. Il se concentre principalement
dans les oxydes et hydroxydes qui forment ses principaux minerais (hématite, magnétite,
goethite) et les sulfures simples et multiples (pyrite, chalcopyrites, arsénopyrite, bornite). Il se
concentre aussi dans les carbonates et les phosphates (sidérite, vivianite) et dans de nombreux
silicates (amphiboles, pyroxènes, grenats, olivines, biotites).
Le fer est surtout utilisé après traitement chimique. Il s'agit du fer forgé, de la fonte et de l'acier.
Le fer commercial pur est utilisé dans la production de feuilles de métal galvanisées et d'électro-
aimants.
L’acier est présent dans l’industrie automobile (pots d’échappements, carrosserie), le bâtiment,
l’électroménager, l’électronique (puces électroniques). La fonte est surtout utilisée dans
l’industrie automobile (blocs moteurs, disques de freins, etc.) mais également dans la réalisation
d’éléments de chauffage, de mobiliers urbains (bancs, décoration de bâtiments), la fabrication
de conduites et tuyaux etc.

2. Occurrences : indices et gisements

14.2.1. Typologie des gisements

On retrouve le fer dans des gisements d’altération superficielle (« chapeau de fer », latérites
ferrugineuses), les gisements sédimentaires de tous ordres dont les plus importants sont
d’origine marine et des gisements dus à des phénomènes de métasomatose dans les calcaires
(skarns).
Le minerai de fer de la Falémé au Sénégal oriental est inclus dans la série de la Daléma qui a
subi un métamorphisme de contact dû du massif granodioritique de Boboti.
La minéralisation en magnétite est localisée dans l’auréole de métamorphisme, encaissée dans
un ensemble de cornéennes, calcaires dolomitiques, méta-microdiorite, méta-andésites, brèches
volcaniques et dolérites. Cette minéralisation primaire est formée essentiellement de la
magnétite avec un peu de pyrite et de pyrrhotites et des traces de chalcopyrite, de pentlandite et
de vallérite. L’oxydation supergène de cette minéralisation va donner les gisements de fer oxydé
(hématite) considérés comme économiques.

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2.2. Localisation au Sénégal
Au Sénégal, trois massifs principaux dignes d’intérêt économiques ont été reconnus à
Koudékourou, Kouroudiako et Karakaene. A ces réserves prouvées, s’ajoutent des réserves
probables comme ceux de Kouroukobi, de Farangalia, de Goto et de Safa.
Les indices et gisements de fer d’intérêt économique du Sénégal oriental sont tous localisés
dans la partie sud-est du domaine Birimien, non loin de la frontière malienne.
Ils sont connus sous le nom des gisements de fer de la Falémé. Plusieurs travaux furent réalisés
sur ces minerais de fer de la Falémé (Société des Mines de Fer du Sénégal Oriental, Miferso,
1975 -1982 ; Witschard, 1965 ; Milési et al., 1989 ; Wade, 1985 ; Schwartz et Melcher, 2004).
Les principaux gisements sont, du Nord au Sud, Karakaène, Kouroudiako, Farangalia, Goto et
Koudékourou. Pour la totalité du secteur de la Daléma, les estimations de réserves s’établissent
à 320 millions de tonnes de minerai supergène enrichi à 59% de Fe et 320 MT de minerai
primaire à 42% de Fe (Sustrac, 1984). Des estimations d’environ 750 millions de tonnes de
réserves totales de minerai de fer (hématite et magnétite) seraient aujourd’hui atteintes par les
travaux du groupe Arcelor Mittal (Krajka, 2007). Les hypothèses sur la genèse de la
minéralisation font l’objet de controverses scientifiques (Witschard, 1965 ; Wade, 1985 ; Milési
et al., 1989 ; Bassot, 1997). Pour la plupart de ces hypothèses, les sulfures sont les derniers
minéraux à précipiter.
Quelques autres indices de fer, ne présentant pas (à ce jour) d’intérêt économique, ont
également été identifiés au Sénégal oriental. Ces indices ne sont pas liés aux gisements de fer
de la Falémé et ont des origines différentes (Morisseau et al., 2010) :

1. L’indice de fer de Gounia dans les Mauritanides au sud de Bakel. Cet indice d’hématite
correspond à une minéralisation probablement d’origine hydrothermale et liée à une zone de
cisaillement (Morisseau et al., 2010). L’hématite se présente en petites veines imprégnant une
mylonite sur une dizaine de mètres d’épaisseur.

2. L’indice de fer de Gabou dans les Mauritanides au sud de Bakel. Cet indice d’hématite
correspond à une intense hématitisation de quartzite non loin du contact tectonique avec les
schistes chloriteux et les ultrabasites. La puissance de la formation hématitisée est de l’ordre
d’une vingtaine de mètres (Morisseau et al 2010).

3. L’indice de fer de Kéniéba dans la « poche » au nord-est de la Falémé. Cet indice se

situe dans la partie sommitale d’une colline allongée N-E, S-W. La minéralisation visible en
surface est constituée presque exclusivement de goethite et de traces de limonite. Cet indice est
situé près du contact du granite de Kéniéba. L’analyse révèle une teneur en MnO de près de 8%
(Morisseau et al., 2010).

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 Figure 1 - Plan de situation des principaux gisements de fer de la Falémé.

Figure 2 - Géologie locale du district ferrifère de la Falémé.

(Witschard, 1966 ; Sustrac, 1984 ; Schwartz & Melcher, 2004, modifiée).
1 : méta sédiments détritiques, 2 : andésite, 3 : diorite, 4 : granodiorite,5 : granite, 6 : tonalite,
7 : amas de magnétite, Mt : million de tonnes.

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 Figure 3 - Indices de fer du Sénégal (PASMI, 2010 modifiée).

2.3. Gisements en Afrique

En Afrique de l’Ouest, on trouve plusieurs gisements de fer:
o gisement de fer de Djidian Kéniéba, situé à 30 km au Nord-Ouest de Kéniéba avec 10
millions de tonnes à 40% de Fe et 17% de SiO2,
o gisement de fer de Diamou situé à 50 km à l’Ouest de Bafoulabé, avec 150 millions de
tonnes de minerai,
o gisement de fer de Balé (Kita), situé à 100 km au Sud de Kita près de la frontière guinéenne.
Les réserves sont estimées à 1,2 milliard environ de tonnes de minerai.
o Gisement de Simandou en Guinée.
o Mines de fer à Zouerate en Mauritanie

3. Analyse du marché et tendances

14.3.1. Production mondiale et réserves
La production mondiale en 2015 s'élève 3 320 millions de tonnes de fer métal. Les réserves
sont estimées 85 MT. Les principaux producteurs sont l'Australie (54 MT), la Russie (25 MT),
le Brésil et la Chine (23,0 millions de tonnes chacun) et les USA (11,5 millions de tonnes)
(Source : https://www.usgs.gov/) et la Mauritanie.
Les teneurs des minerais varient en moyenne de 30% pour la Chine à 66% pour le Brésil ; les
productions ont été ramenées à des teneurs moyennes de 65%.

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En 2015, les principales productions de minerai de fer ont été réalisées par les opérateurs
(Source : rapports des sociétés ) que sont Vale (Brésil - 346 millions de tonnes), Rio Tinto
(Australie - 263 millions de tonnes), BHP-Billiton (Australie - 233 millions de tonnes), FMG
(Australie - 164 millions de tonnes). En dehors de ce groupe de grands producteurs, les autres
sont en dessous de 100 millions de tonnes: Arcelor Mittal (Luxembourg - 63 millions de
tonnes), Anglo American (Afrique du Sud - 54 millions de tonnes), Metalloinvest (Russie - 40
millions de tonnes), Metinvest (Ukraine - 32 millions de tonnes), LKAB (Suède 25 millions de
tonnes) et US Steel (USA - 17 millions de tonnes).
En 2015, le groupe Vale (Brésil) possédait 17,5 milliards de tonnes de réserves de minerai de
fer devant le groupe russe Metalloinvest avec 14,2 milliards de tonnes et BHP-Billiton
(Australie) avec 6,8 milliards de tonnes.
14.3.2. Commerce international
En 2015, le total des importations s'élevait à 1,467 millions de tonnes de minerai et les
principaux importateurs sont la Chine (953 millions de tonnes), le Japon (131 millions de
tonnes), la Corée du Sud (73 millions de tonnes), l’Allemagne (41 millions de tonnes) et les
Pays Bas (32 millions de tonnes). Il faut noter qu'aucun de ces importateurs n'est un grand
producteur. L'Union Européenne absorbe 10% de ces importations, loin derrière la Chine à
65%.Les principaux exportateurs de minerai cumulent 1,502 millions de tonnes en 2015 et sont
constitués de (Source : http://www.intracen.org/) de l’Australie (810 millions de tonnes), le Brésil
(366 millions de tonnes), l’Afrique du Sud (65 millions de tonnes), l’Ukraine (40 millions de
tonnes) et le Canada (37 millions de tonnes).
4. Stratégies de développement
Des compléments de prospection pour la recherche de réserves additionnelles de fer doivent
être menées, pas pour certifier des réserves connues, mais pour explorer de nouvelles zones
potentielles et ainsi augmenter des ressources.