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Toutes les planètes sont habitées par des âmes heureuses: la lune
l'est par les âmes des femmes qui avaient fait vœu de virginité et qui
l'ont rompu malgré elles, pour contracter des mariages où elles ont
constamment suivi le chemin de la vertu 281. Dante interroge une de
ces âmes qui se fait connaître à lui: c'est la sœur de ce Forèse, qu'il
a rencontré dans l'un des cercles du Purgatoire 282. Elle était
religieuse de Ste.-Claire et avait été retirée, par force, du cloître pour
un mariage qui convenait à sa famille. Après un entretien où elle
satisfait aux questions du poëte, elle lui montre près d'elle
l'impératrice Constance, qu'on avait retirée, aussi par force, d'un
couvent du même ordre, pour lui faire épouser Henri V, fils de
Frédéric Barberouse, et qui fut mère de Frédéric II.
Note 281: (retour) C. III.
Note 282: (retour) Elle se nommait Piccarda. (Voy. Purg., c. XXIII, et ci-
dessus, pag. 171, note 2.)
Note 295: (retour) Dans la terrible soirée à qui l'on a donné le nom de
vêpres siciliennes.
Charles s'éloigne après quelques autres discours: une autre âme lui
succède 297. Dante l'interroge à son tour: elle lui répond du sein de
sa lumière: «C'est l'âme de Cunizza, sœur d'Azzolino ou Eccellino,
tyran de Padoue et de la Marche-Trévisane, dont on a parlé plusieurs
fois dans cet ouvrage 298. Elle avoue que si elle habite la planète de
Vénus, c'est qu'elle fut très-sujette à ses influences. Elle n'en a point
de regret, puisque c'est ce qui a lié son sort à celui du fameux
troubadour Foulques de Marseille, qui est là près d'elle, tout
resplendissant de lumière. Foulques s'entretient aussi avec Dante et
lui fait, comme Cunizza, l'aveu de son penchant à l'amour 299. Non
loin de lui est Raab, cette bonne fille de Jérico, qui fut sauvée du sac
de cette ville pour avoir recueilli quelques soldats de Josué dans sa
maison, où elle en recueillait tant d'autres, et avoir ainsi favorisé la
conquête de la terre promise. Il y avait donc, dans cette planète, de
quoi employer fort bien le temps; mais Foulques, devenu très-grave
depuis qu'il est un saint, ne fait que s'emporter, assez hors de
propos, contre Florence, Rome, les cardinaux, le pape et les
décrétales.
Note 297: (retour) C. IX.
Note 299: (retour) «La fille de Bélus (Didon) ne brûla pas de plus de
feux, quand elle offensa et Sichée et Créuse (en manquant à ce qu'elle
devait à l'un, et faisant manquer Énée à ce qu'il devait à l'autre), que lui,
tandis qu'il fut en âge d'aimer; ni cette souveraine du Rhodope (Phillis),
qui fut trompée par Demophoon; ni Alcide, quand Iole se rendit
maîtresse de son cœur.» Ce n'est pas cette accumulation d'exemples tirés
de la fable, qui est ici le trait le plus singulier, c'est que ce Foulques, qui
avait commencé par être troubadour, et livré, comme ils l'étaient tous, au
plaisir, finit par être dévot, se faire moine, et devenir évêque de Toulouse,
où il se distingua par son fanatisme persécuteur, dans la croisade contre
les malheureux Albigeois. Était-ce depuis sa conversion qu'il s'était lié
avec la tendre Cunizza? Pourquoi Dante, qui savait sans doute fort bien
comment il avait fini, ne parle-t-il point de lui comme évêque, mais
seulement comme poëte, et comme excessivement enclin à l'amour?
N'est-ce pas le dernier état où l'on vit, le dernier sentiment où l'on meurt,
qui décide du sort de l'âme? C'est en cela que consiste ici la plus forte
singularité.
Dante le quitte pour monter dans le Soleil 300. A chaque nouvel astre
où il s'élève, l'éclat de Béatrix, sa compagne, augmente, et il a
bientôt autant de peine à fixer les yeux sur elle que sur les astres
mêmes. C'est dans le soleil qu'il place les saints et les docteurs qui
ont été comme les lumières centrales de l'Église. Salomon y figure
seul pour l'ancien Testament; mais on y voit pour le nouveau,
Thomas d'Aquin Gratien le canoniste, le maître des sentences Pierre
Lombard, Denis l'aréopagite, Paul Orose, le philosophe Boëce,
l'Espagnol Isidore, et le vénérable Bède, et deux théologiens
français, Richard et Sigier, qui étaient alors des docteurs très-
célèbres 301.
Note 300: (retour) C. X.
C'est S. Thomas qui les fait tous connaître à notre poëte. Il lui fait
ensuite l'histoire et l'éloge, d'abord de S. François d'Assise 302, qui
épousa la Pauvreté, veuve depuis plus de onze cents ans 303; ensuite
de l'ordre qu'il fonda, et des premiers solitaires qui se déchaussèrent
comme lui. Or saint Thomas, qui fait ce panégyrique, était
dominicain, pour lui rendre la pareille; S. Bonaventure, qui était
franciscain, fait, plus pompeusement encore, celui de S. Dominique
et de son ordre 304. Il fait ensuite connaître au Dante plusieurs
autres docteurs qui l'accompagnent; Hugues de S. Victor, et Pierre
Manducator ou Comestor, que nous appelons Pierre-le-Mangeur, et
un autre Pierre, Espagnol, auteur d'une dialectique en douze livres,
et quelqu'un que l'on ne s'attend guère à voir au milieu d'eux, le
prophète Nathan, et le métropolitain Chrysostôme, et S. Anselme, et
Donat le grammairien, et Raban Maur, et un certain abbé calabrois,
nommé Giovacchino, doué de l'esprit prophétique. Pendant cette
espèce de dénombrement, et pendant les deux éloges de S.
Dominique et de S. François, les saints sont rangés en double cercle
et forment comme deux guirlandes lumineuses, au centre desquelles
Béatrix et Dante sont placés. Après chacun des discours, les saints
chantent un hymne et dansent en rond avec une vélocité au-delà de
toute expression humaine. Ils s'arrêtent pour un troisième éloge que
S. Thomas prononce encore, au milieu d'une explication
philosophique sur quelques doutes que Dante ne lui a point exposés,
mais qu'il lui a laissé lire dans ses regards 305. C'est l'éloge de
Salomon. Le saint orateur démontre comment ce roi, qui n'eut pas,
comme on sait, une sagesse trop austère, fut pourtant le plus sage
et le plus parfait des hommes. Dante reçoit encore quelques
explications sur l'éternité du bonheur des justes 306, sur
l'accroissement de ce bonheur après la résurrection des corps, sur
quelques autres points de doctrine, et n'ayant plus rien à apprendre
dans le Soleil, il monte dans l'étoile de Mars.
Note 302: (retour) C. XI.
Note 310: (retour) Il les nomme: c'est une Cianghella, qui était d'une
famille noble de Florence, et qui, étant restée veuve de bonne heure,
porta la galanterie jusqu'à la dissolution la plus effrénée; c'est un Lapo
Saltarello, jurisconsulte florentin, qui avait eu querelle avec le Dante, et
qui sans doute était d'assez mauvaise mœurs, pour que ce trait de satyre
personnelle ne parût pas une calomnie.
Il met dans la bouche de son trisaïeul la réponse que lui dictait son
courage. «Une conscience troublée, ou par sa propre honte, ou par
celle des siens, sera seule sensible à la dureté de tes paroles. Evite
donc tout mensonge, révèle ta vision toute entière, et laisse se
plaindre ceux qui en seront blessés. Si ce que tu diras paraît amer au
premier moment, il deviendra ensuite un aliment sain quand il sera
bien digéré. Le cri que tu jetteras, sera comme le vent qui frappe
avec plus de force les plus hauts sommets; et ce ne sera pas là ta
moindre gloire. C'est pour cela qu'on t'a fait voir dans les cercles
célestes, sur la montagne et dans la vallée des pleurs, les âmes de
ceux qui ont eu le plus de renommée; l'esprit des hommes se fixe
mieux par des exemples que par de simples discours, et s'arrête, par
préférence, sur les exemples les plus connus.»
«Qu'est-ce que les rois perses, dit cet aigle, ne pourront pas
reprocher à vos rois, quand ils verront ouvert ce grand livre où sont
écrits tous leurs méfaits? Là, on verra, parmi les œuvres d'Albert
(d'Autriche) celle qui bientôt y sera inscrite, et qui livrera la Bohême
au ravage 319; là, on verra la fourberie qu'emploie, sur les bords de
la Seine, en falsifiant la monnaie, celui qui mourra des coups d'un
sanglier 320; on verra l'orgueil qui rend fous les rois d'Écosse et
d'Angleterre 321, et qui leur donne une telle soif de pouvoir, qu'aucun
d'eux ne veut rester dans ses limites; on verra le luxe et la mollesse
de celui d'Espagne et celui de Bohême, qui ne connurent et n'eurent
jamais aucune vertu 322; on verra, dans le boiteux de Jérusalem 323,
pour une bonne qualité, mille qualités contraires 324; on verra
l'avarice et la bassesse de celui qui garde l'île de feu, où Anchise finit
sa longue carrière 325, et pour indiquer son peu de valeur, ses hauts
faits seront tracés en écriture abrégée, qui en contiendra beaucoup
en peu d'espace; et chacun y verra les actions honteuses de son
oncle 326 et de son frère 327, qui ont déshonoré une si illustre race et
deux couronnes; et l'on y connaîtra celui de Portugal 328, et celui de
Norwège 329, et celui de Dalmatie 330, qui a mal imité le coin des
ducats de Venise. Heureuse la Hongrie, si elle ne se laissait plus mal
gouverner! et heureuse la Navarre, si elle se faisait un rempart des
montagnes qui l'environnent 331! Chacun en voit la preuve dans les
plaintes et dans les murmures qu'élèvent Nicosie et Famagoste
contre le tyran qui les opprime et qui ressemble à tous les autres
332.»
Note 320: (retour) Philippe-le-Bel, qui mourut des suites d'une chute
qu'il fit à la chasse, occasionée par un sanglier qui se jeta dans les
jambes de son cheval. On l'accusait d'avoir altéré la monnaie, pour payer
une armée contre les Flamands, après la déroute de Courtrai, en 1302.
Note 323: (retour) Charles II, dit le Boiteux, fils de Charles d'Anjou, roi
de la Pouille ou de Naples, et qui prenait le titre de roi de Jérusalem.
Note 324: (retour) Cela est singulièrement exprimé dans le texte. «Sa
bonté sera marquée par un I, taudis que le contraire sera marqué par un
M.»
Note 325: (retour) Frédéric III, roi de Sicile, fils de Pierre d'Aragon, et
son successeur.
Note 329: (retour) Qui avait alors ses propres rois, et n'était pas réunie
au Danemarck.
Après cette sortie contre les rois qui vivaient alors, l'aigle fait l'éloge
des bons rois des anciens temps; mais on devinerait difficilement la
forme de cet éloge 333. On se souvient que ce sont des âmes de
saints qui ont formé, dans la planète de Jupiter, les différents
membres et le corps entier de cet aigle impérial (car c'est cette
enseigne de l'Empire qui a donné au poëte l'idée d'une invention si
gigantesque et si bizarre). L'aigle donc, tournant du côté du Dante
un de ses yeux, lui fait remarquer un roi qui en forme la prunelle, et
cinq autres qui en composent le tour. Dans la prunelle, c'est David.
Celui des cinq qui est le plus près du bec est Trajan; Ezéchias vient
ensuite, puis Constantin, malgré la faute qu'il fit de céder Rome au
Pape pour aller fonder l'empire grec 334; après lui, Guillaume-le-Bon,
roi de Sicile; et enfin, par une inversion chronologique un peu forte,
ce Riphée, que Virgile appelle le plus juste des Troyens et le plus ami
de la justice 335. Trajan et Riphée dans l'œil d'un aigle composé tout
entier de saints du christianisme, peuvent causer quelque surprise,
et Dante ne peut dissimuler la sienne; mais l'aigle fait à ce sujet une
discussion théologique qui ne lui laisse plus aucun doute; les
commentateurs les plus versés dans cette matière disent que cela
est conforme à la doctrine de S. Augustin. Cela est donc très-
orthodoxe, et nous pouvons être tranquilles là-dessus, comme Dante
le fut lui-même.
Note 333: (retour) C. XX.
Justissimus unus.
Qui fuit in Teucris, et servantissimus œqui.
(Æn., l. II, v. 426.)
Il monte au septième ciel, qui est celui de Saturne 336; une immense
échelle d'or occupait le centre de cette planète, et s'élevait à perte
de vue. Tous les échellons en étaient couverts d'étoiles qui
descendaient en si grand nombre, qu'il semblait que toutes les
lumières du ciel s'écoulassent par cette voie. Dès que ces esprits
lumineux sont parvenus au bas de l'échelle, ils se dispersent ça et là.
Dante interroge celui qui se trouve le plus à sa portée, et qui se
trouve être S. Pierre-Damien. En racontant son histoire, il n'oublie
pas qu'il fut cardinal, et cette dignité lui rappelle quel est le train
actuel des cardinaux et des papes. Encore une petite satyre, où le
poëte n'a pas craint de faire entrer jusqu'à ce mot populaire: «Les
chapes qui les couvrent, couvrent aussi leurs montures, et ce sont
deux bêtes qui vont sous la même peau 337. Ô patience divine,
ajoute-t-il, peux-tu donc en tant souffrir?»--Ô colère, ajouterai-je à
mon tour, peux-tu faire descendre si bas un aussi grand génie?
Note 336: (retour) C. XXI.
Béatrix dirige sur une autre lumière les regards du poëte 338; c'est S.
Benoît, fondateur d'un ordre célèbre. Dante l'aborde et lui parle.
Quoique saint Benoît dise que dans cette planète tout n'est
qu'amour et charité, il déclame aussi vivement contre les moines,
que Pierre Damien l'a fait contre les puissances de l'Église. Il est vrai
que la charité des saints ne doit pas se croire obligée de respecter
des scandales, qui n'ont d'apologistes que les défenseurs, non de la
religion, mais des superstitions les plus dangereuses et les plus
grossières.
Note 338: (retour) C. XXII.