Vous êtes sur la page 1sur 35

Machine Translated by Google

Islam et rationalité
L’impact d’al­Ghazāli

Documents rassemblés à l'occasion de son 900e anniversaire

VOLUME 1

Édité par

Georges Tamer

LÉIDE | BOSTON

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

Contenu

Préface ix
Notes sur les contributeurs xx

1 Dieu contre la causalité


La solution d'Al­Ghazālī et son contexte historique 1
Hans Daiber

2 L'attitude changeante d'Al­Ghazālī envers la philosophie 23


Wilferd Madelung

3 Al­Ghazālī et la rationalisation du suijisme 35


Binyamin Abrahamov

4 Révélation, Sciences et Symbolisme


Jawāhir al­Qur ān d'Al­Ghazālī 49
Georges Tamer

5 Al­Ghazālī à son plus rationaliste


La règle universelle pour interpréter allégoriquement la révélation (al­
Qānūn al­Kullī fī t­Ta wīl) 89
Franck Griffel

6 La comédie de la raison
Stratégies de l'humour dans al­Ghazālī 121
Éric Ormsby

7 Al­Ghazāli sur les émotions 138


Taneli Kukkonen

8 Sexe, mariage et famille dans la pensée d'Al­Ghazālī


Quelques notes préliminaires 165
Avner Giladi

9 Les devoirs de l'enseignant


La Dharī a d'Al­I fahānī comme source d'inspiration pour celle d'al­Ghazālī
Mīzān al­ Amal 186
Yasien Mohamed

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

viii Contenu

10 Revisiter la crise d'al­Ghazālī à travers son échelle d'action


(Mizān al­ Amal) 207
Jardin Kenneth

11 Al­Ghazālī sur la connaissance ( ilm) et la certitude ( yaqīn)


dans al­Munqidh min a ­ alāl et dans al­Qistās al­Mustaqīm 229
Luis Xavier López­Farjeat

12 L'herméneutique de Ghazālī et leur réception dans la tradition juive


Mishkāt al­Anwār (La Niche des Lumières) et Maïmonide
Shemonah Peraqim (Huit chapitres) 253
Scott Michael Girdner

13 Al­Ghazālī, Averroès et Moshe Narboni Conflit


et confusion 275 Alfred L. Ivry

14 L’image changeante d’al­Ghazālī dans la pensée juive médiévale 288


Steven Harvey

15 L'influence d'al­Ghazālī sur les œuvres juridiques, théologiques


et philosophiques de Barhebraeus 303
Hidemi Takahashi

16 R. Marti et ses références à al­Ghazālī 326 Jules


Janssens

17 L'ésotérisme d'Al­Ghazālī d'après le Bughyat al­Murtād d'Ibn Taymiyya


345 Yahya M.
Michot

18 Arbitrage entre al­Ghazālī et les Philosophes


Les commentaires de Tahāfut dans le contexte intellectuel ottoman 375
M. Sait Özervarli

Bibliographie 399
Index des œuvres d'al­Ghazālī 440
Index des auteurs 442
Index des sujets 452

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

CHAPITRE 5

Al­Ghazālī à son plus rationaliste


La règle universelle pour interpréter allégoriquement la révélation
(al­Qānūn al­Kullī fī t­Ta wīl)

Franck Griffel

Vers 715/1315, le théologien mamelouk Ibn Taymiyya (mort en 728/1328) écrivit une
réfutation monumentale de la théologie rationaliste de l'Islam, rejetant l'idée selon
laquelle la révélation et la raison se contrediraient (Dar ta āru al­ aql wa­n­
naql).1 Dans ce livre, qui dans son édition moderne s'étend sur plus de 4 000 pages
réparties en 11 volumes, il aborde les enseignements d'un certain nombre de penseurs,
à commencer par les premiers théologiens du IIe/VIIIe siècle et les Mu tazilites. Il se
concentre cependant principalement sur les falāsifa comme Ibn Sīnā.
(Avicenne, m. 428/1037), Ibn Rushd (Averroès, m. 595/1198) et des penseurs qu'Ibn
Taymiyya considérait comme leurs disciples parmi les théologiens de l'Islam, comme
al­Ghazālī (m. 505/1111), Ibn Tūmart. (mort en 524/1130), ou Fakhr ad­Dīn ar­Rāzī
(mort en 606/1210). Assez inhabituel pour ce genre de littérature, Ibn Taymiyya
commence son Dar ta āru juste après la basmala et un bref khu ba par une
citation relativement longue qu'il présente comme venant de « quelqu'un » (« qāla l­
qā il »). Dans cette citation, le « quelqu’un » explique le principe qu’il applique
concernant les passages où le sens extérieur de la révélation ( awāhir naqliyya) diffère
de ce qui a été établi de manière décisive par la raison (qawā i aqliyya). Dans
ces cas­là, comme l’affirme la position citée, les deux sources de connaissances
contradictoires ne peuvent pas être toutes les deux vraies ; par la suite, l'un doit être écarté et l'autre doit
« Donner la priorité à la révélation (as­sam ) », poursuit la citation, « est impossible
car la raison est le fondement de la révélation. Rejeter le fondement d'une chose, c'est
rejeter la chose elle­même et donner la priorité à la révélation reviendrait à rejeter
complètement la révélation et la raison. C’est pourquoi il est nécessaire de donner la
priorité à la raison. »2 Par la suite, la révélation doit être interprétée de manière
allégorique (yuta awwalu) partout où son sens extérieur entre en conflit avec la raison.3

1 En ce qui concerne la datation, voir l'introduction de l'éditeur à Ibn Taymiyya, Dar ta āru al­ aql
wa­n­naql aw­muwāfaqat a ī al­manqūl li­ arī al­ma qūl, éd. M. Rashād Sālim, 11 vol.,
Beyrouth : Dār al­Kunūz al­Adabiyya, sd [1980]), 1 : 7­10. Toutes les citations de ce texte rendues en
anglais sont ma propre traduction.
2 Ibn Taymiyya, Dar ta āru al­ aql wa­n­naql, 1 : 4.
3 Arabe. ta wīl signifie comprendre un mot ou un passage textuel d'une manière qui diffère du sens
apparent ou extérieur ( āhir). Je le traduis par « interprétation allégorique », car

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


© koninklijke brill nv, Leyde, 2015 | est ce que je 10.1163/9789004290952_006
Machine Translated by Google

90 Griffon

L’idée selon laquelle « la raison est le fondement de la révélation » (al­ aql asl an­
naql) est la prémisse principale de la position citée – et combattue – par Ibn Taymiyya
au début de son Dar ta āru . En terminant la citation, Ibn Taymiyya ajoute :

[Fakhr ad­Dīn] ar­Rāzī et ses disciples ont fait de cette position une règle
universelle (qānūn kullī) en ce qui concerne ce qui peut être conclu des Livres
de Dieu et des paroles de Ses prophètes et ce qui ne peut être conclu. d'eux.
C'est pourquoi [ar­Rāzī et ses disciples] refusent d'accepter des conclusions
basées sur les informations provenant des prophètes et des messagers sur les
attributs de Dieu et des choses similaires dont les prophètes [nous] informent.
Ces gens croient que la raison (al­ aql) contredit [cette information].4

Dans son ouvrage Établir [une compréhension] de la transcendance divine (Ta sīs
at­taqdīs), Fakhr ad­Dīn ar­Rāzī a un passage de deux pages où il décrit son attitude
envers les versets de la révélation où la formulation extérieure du texte ( awāhir) est
en conflit avec la raison. Il y décrit cette attitude comme « la règle universelle qui doit
être appliquée à tous les versets ambigus [dans la révélation] » (al­qānūn al­kullī al­
marjū ilayhi fī jamī al­mutashābihāt). La citation d'Ibn Taymiyya – qu'il attribue à
« quelqu'un » – inclut effectivement de nombreux éléments des enseignements d'ar­
Rāzī dans ce passage5, mais elle comprend également des phrases et des formules
que Fakhr ad­Dīn n'aurait pas utilisées, au premier rang desquelles l'affirmation selon
laquelle « la raison contredit [les informations qui viennent des prophètes] » (al­ aql
yu āri u [mā jā at bihi l­anbiyā ]) et que « la raison est le fondement de la
révélation » (al­ aql a l an­naql). La raison pour laquelle Fakhr ad­Dīn n’aurait pas
dit ces deux phrases deviendra claire à la fin de ce chapitre.
Les affirmations d’Ibn Taymiyya doivent donc être prises avec des pincettes et lues
dans le contexte de sa polémique. En substance, il précise que la position même qui
l’a poussé à écrire sa grande réfutation est celle selon laquelle « la raison est le
fondement de la révélation » (al­ aql asl an­naql). Ces savants coupables

le mot anglais « interprétation » n’inclut pas l’aspect du rejet du sens apparent ou extérieur.

4 Ibn Taymiyya, Dar ta āru al­ aql wa­n­naql, 1 : 4­5.


5 Voir Fakhr ad­Dīn ar­Rāzī dans son Ta sīs at­taqdīs, édité sous le titre Asās at­taqdīs, éd.
Mu yī d­Dīn abrī l­Kurdī et al., Le Caire : Ma ba at Kurdistān al­ Ilmiyya, 1328 [1910­11], 210.
Sur ce passage de Fakhr ad­Dīn ar­Rāzī et la réponse d'Ibn Taymiyya dans le Dar ta āru
voir Nicolas Heer, « La priorité de la raison dans l'interprétation des Écritures : Ibn Taymīya et le
Mutakallimūn », dans : L'héritage littéraire de l'Islam classique : études arabes et islamiques en
l'honneur de James A. Bellamy, éd. M. Mir, Princeton : Darwin Press, 1993, 181­95.

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

Al­Ghazālī à son plus rationaliste 91

de souscrire à cette position en font une « règle universelle ». La compréhension d'Ibn


Taymiyya du lien entre cette position et la règle universelle remonte à un petit ouvrage
d'al­Ghazālī. L'analyse de ce petit travail révélera ce que signifie réellement l'accusation
d'Ibn Taymiyya, ainsi que ce qu'il a en tête lorsqu'il dit que ses adversaires adoptent la
position selon laquelle la raison est un fondement (a l) de la révélation.

1 La « Règle universelle » (qānūn kullī) dans une lettre d'al­Ghazālī

À la suite du passage donné ci­dessus, Ibn Taymiyya informe ses lecteurs que la « règle
universelle » (qānūn kullī) n'est pas une invention de Fakhr ad­Dīn ar­Rāzī :

A propos de cette règle (qānūn) qu'ils appliquent, [nous disons que] un autre
groupe les a précédés et l'un d'eux était Abū āmid [al­Ghazālī]. Il posait une
règle (qānūn) en réponse aux questions qui lui étaient posées sur certains textes
révélés qui posaient des problèmes à celui qui la lui posait. Ces questions sont
similaires à celles que le Qā ī Abū Bakr ibn al­ Arabī a posées à al­Ghazālī. Le
Qā ī Abū Bakr ibn al­ Arabī rejeta bon nombre des réponses qu'il obtint [d'al­
Ghazālī] et dit : « Notre maître Abū āmid [al­Ghazālī] entra dans le ventre du
falāsifa ; et quand il voulait sortir de là, il ne pouvait pas. Le Qā ī Abū Bakr ibn
al­ Arabī rapporta d’al­Ghazālī lui­même qu’il avait dit : « Ma marchandise dans
le adīth
les études sont maigres. Abū Bakr ibn al­ Arabī lui­même appliqua une règle
différente et se basa sur la méthode d'Abū l­Ma ālī [al­Juwaynī] et d'autres avant
lui, comme le Qādī Abū Bakr al­Bāqillānī.6

Ibn Taymiyya a été extrêmement lu dans l'histoire de la théologie islamique et il résume


ici en un mot ce que les chercheurs modernes des cinquante dernières années ont
également soupçonné : le court texte d'al­Ghazālī qui circule sous le titre La règle
universelle de l'interprétation allégorique de la révélation. (al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl)
était initialement une réponse écrite aux questions qui lui étaient posées par son élève
Abū Bakr ibn al­ Arabī (d. 543/1148).7
En 1968, l'érudit libanais I sān Abbās présenta le contenu d'un manuscrit à
Rabā qui conservait certaines questions qu'Abū Bakr ibn al­ Arabī avait posées à al­
Ghazālī, y compris la réponse de ce dernier. Description de Abbās

6 Ibn Taymiyya, Dar ta āru al­ aql wa­n­naql, 1 : 5­6.


7 Sur Abū Bakr ibn al­ Arabī, voir Griffel, Al­Ghazālī's Philosophical Theology, New York : Oxford
University Press, 2009, 62­71.

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

92 Griffon

le texte de la lettre suggère que la courte épître al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl
en dérive.8 Ibn Taymiyya déclare prudemment que la réponse écrite d'al­Ghazālī à Abū
Bakr ibn al­ Arabī concernant les principes d'interprétation allégorique de la révélation
« est similaire » au texte dans lequel al­Ghazālī énonce sa règle sur la façon d'interpréter
la révélation de manière allégorique. l'interprétation de la révélation. Dans mon récent livre
sur al­Ghazālī, j’étais moins prudent dans les conclusions que je tirais des preuves selon lesquelles
nous avons : le texte de réponse aux questions d'Abū Bakr ibn al­ Arabī est le même texte
qui circule sous le nom d'al ­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl d'al­Ghazālī9 ; ou , pour le dire dans
l'autre sens, le un court texte circulant sous le nom d'al­ Qānūn al­kullī fī t­ta wīl d'al­
Ghazālī provient des réponses écrites qu'il a données aux questions de son élève Abū Bakr
ibn al­ Arabī. Ibn Taymiyya fournit des preuves supplémentaires pour confirmer cette
conclusion : « le Qā ī Abū Bakr ibn al­ Arabī a rapporté d'al­Ghazālī lui­même qu'il avait
dit : 'Ma contribution aux études du adīth est maigre.' »10 Nous trouvons cette phrase,
textuellement, vers la fin de l' al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl d'al­Ghazālī, ce qui rend tout à
fait certain que cet ouvrage était à l'origine la lettre à Abū Bakr ibn al­ Arabī qu'Ibn
Taymiyya fait référence. En effet, une fois l'essentiel des recherches sur ce chapitre terminé,
une édition de la réponse d'al­Ghazālī à la question d'Ibn Arabī a été publiée. Il est basé
sur un seul manuscrit, provenant initialement de la Zāwiyat an­Nā iriyya à Tamegroute,
dans le sud du Maroc, et maintenant conservé à la Bibliothèque nationale du Maroc à
Rabat. L'édition confirme que l'al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl d'al­Ghazālī est un extrait de sa
réponse à Ibn al­ Arabī.
Il est compilé principalement à partir de la discussion sur la neuvième question dans une
lettre beaucoup plus longue qu'al ­Qānūn et qui comprend des réponses à 17 questions
différentes.11

8I sān Abbās n’a pas tiré cette dernière conclusion. Pour une description du texte dans le manuscrit
uniden­tiijied de la Bibliothèque générale de Rabat (al­Khizānā al­ āmma) dont il existait
apparemment autrefois un ijilm (MS : 297­3) à la bibliothèque de l'Université américaine de
Beyrouth, I sān Lieu de travail d'Abbas ; voir son article, « Ri lat Ibn al­ Arabī ilā l­Mashriq
kamā awwarahā Qānūn at­ta wīl », al­Ab āth (Beyrouth) 21 (1968) : 59­91, en particulier. 68­70.
9 Griffel, Théologie philosophique d'Al­Ghazālī, 71.
10 Arabe. anā muzjā l­bi ā a fī l­ adīth ; Ibn Taymiyya, Dar ta āru al­ aql wa­l­naql, 1 : 6.
11 Al­Ghazālī, Ajwibat al­Ghazālī an as ilat Ibn al­ Arabī, éd. Mu ammad Abdū (Beyrouth : Dār al­
Kutub al­ Ilmiyya, 1433/2012), 74­94. L'édition est basée sur MS Rabat, Bibliothèque nationale,
Q555, fol. 1b­14b. Il s’agit très probablement du MS avec lequel I sān Abbās a travaillé. Je
remercie Pierre­Alain Defossé à Rabat de m'avoir orienté vers cette édition. Cela m'a fait réaliser
qu'il existe au moins un autre manuscrit de ce texte, à savoir MS Paris, Bibliothèque Nationale, no.
5639 (Fonds Archinard), que j'avais identifié à tort dans une étude antérieure (Théologie
philosophique d'Al­Ghazālī, 308, n. 61) comme un manuscrit d'un texte différent d'al­Ghazālī.

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

Al­Ghazālī à son plus rationaliste 93

Le texte d' al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl est conservé dans trois manuscrits dans les bibliothèques
du Caire et d'Istanbul.12 Il n'existe aucune copie connue de cet ouvrage dans les bibliothèques
européennes ou en Iran. Il est connu depuis au moins la fin du XIXe siècle et mentionné dans la liste
des œuvres d'al­Ghazālī établie par Carl Brockelmann.13 Une version éditée du texte, basée sur un
seul manuscrit de la Bibliothèque nationale du Caire,14 a été publiée au Caire en 1940. , sous le titre
trompeur de The Rule of

12 MS Le Caire, Dār al­Kutub al­Mi riyya, majāmi 180, foll. 89b–96b et deux MSS au Süleymaniye
Yazma Eser Kütüphanesi à Istanbul : MS Ayasofya 2194, foll. 92a­100b et MS Carullah 1075,
suiv. 1a à 8a. Le MS du Caire a été copié en Mu arram 1133/novembre 1720. Il est brièvement
décrit dans le catalogue des MSS de la bibliothèque khédivienne du Darb al­Gamāmīz au Caire.
Voir Fihrist al­kutub al­ arabiyya al­ma fū a bi­l­Kutubkhāna al­Khidīwiyya, 7 vol., Le Caire :
al­Ma ba a al­ Uthmāniyya, 1301­1309 [1883­1891], 7 : 231­32.
Une description plus détaillée se trouve dans Abd ar­Ra mān Badawī, Mu allafāt al­Ghazālī,
2e éd., Koweït : Wikālat al­Ma bū āt, 1977, 168­171. Les deux MSS du Süleymaniye
Kütüphanesi sont également des copies tardives des XIe/XVIIe ou XIIe/XVIIIe siècles. MS
Ayasofya 2194 est incomplet à la fin, ayant perdu son dernier feuillet. Badawī, Mu allafāt al­
Ghazālī, 168, mentionne un troisième MS à Istanbul, Bayezid Umumi Kütüphanesi, Veliyeddin
Efendi 1075. D'après Defter­i kütüpkhaneh­yi Veliyeddin, Istanbul : Dersaadet Ma mut Bey
Ma baası, 1303 [1885–86], 60, cependant, MS Veliyeddin Efendi 1075 est une copie d'un super­
commentaire sur le commentaire de Kemalpaşazadeh sur Hidāyat al­ ikma d'al­Abharī. Badawī
a très probablement confondu les collections Veliyeddin Efendi et Carullah à Istanbul, une
confusion probable étant donné que le nom complet de cette dernière est « Carullah Veliyeddin ».
13 Carl Brockelmann, Geschichte der arabischen Litteratur, 2e. éd., 2 vol. (Leyde : Brill, 1943­1949), 1 :
422, non. 21, fait référence au MS du Caire. Brockelmann mentionne que le texte a été édité par
AJ Casas y Manrique à Uppsala (Suède) en 1937. Il s'agit cependant d'une erreur. MJ Casas y
Manrique, āmi al­ aqā iq bi­ta rīd al­ alā iq : Origen y texto, Uppsala : Almquist &
Wiksell, 1937, est une étude du MS 402 de la bibliothèque universitaire d'Uppsala, qui contient
un texte attribué à al­Ghazālī. . La MS est décrite dans le catalogue de CJ Tornberg, Codices
arabici, persici et turcici Bibliothecae Regia Universitatis Upsaliensis, Lund : Impensis Reg.,
1949, 262­63, et le texte, selon l'étude de Casas y Manrique, n'est pas de al­ Ghazāli.

14 Al­Ghazālī, Qānūn at­ta wīl, éd. Mu ammad Zāhid al­Kawtharī, Le Caire : Maktab Nashr ath­
Thaqāfa al­Islāmiyya, 1359/1940. Le texte de cette édition a été réimprimé plusieurs fois, le plus
important dans trois petites réimpressions, toutes publiées sous le titre Qānūn at­ta wīl. Deux
réimpressions portent le nom d'al­Kawtharī en tant qu'éditeur sur la page de titre, la première
publiée au Caire (Maktabat al­Azhariyya li­t­Turāth, 2006), la seconde distribuée en supplément
(hadiyya) à Majallat al­Azhar (Le Caire ) 58.4 (Rabī II 1406 / décembre 1985­janvier 1986). Il
existe également une réimpression de ce texte édité par Ma mūd Bījū et publié à Damas sous
sa propre marque en 1413/1993. Le texte a également été réimprimé dans plusieurs volumes
collectifs d'épîtres d'al­Ghazālī, par exemple dans Majmū at rasā il al­Imām al­Ghazālī, éd.
A mad Shams ad­Dīn et al., 7 vol., Beyrouth : Dār al­Kutub al­ Ilmiyya, 1409­14/1988­1994,
7 : 121­32. Mu ammad Zāhid al­Kawtharī (1296­1371/1878­1952), l'éditeur du livre, était un
juriste anafi influent de Turquie qui s'est installé au Caire dans les années 1920 et qui

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

94 Griffon

Interprétation allégorique (Qānūn at­ta wīl).15 Ni l'édition ni aucun des manuscrits


de ce texte ne suggèrent que le texte remonte à des questions qui furent posées à al­
Ghazālī par Abū Bakr ibn al­ Arabī.
Le texte de cette courte épître se compose d'une série de questions – des
questions assez étranges, comme nous le verrons – et des réponses d'al­Ghazālī. Il
commence ses réponses en promettant une « règle universelle » (qānūn kullī), qui
consiste, comme nous le verrons également, en des remarques générales sur le
conflit entre raison et révélation ainsi que trois « recommandations » (singl. wa iyya)
qui doit être suivi lorsqu’on s’engage dans une interprétation allégorique (ta wīl) de la révélation.
Dans les pages suivantes, je présenterai ce travail et le contextualiserai dans le
corpus de l’œuvre d’al­Ghazālīs. Dans son édition et dans les manuscrits, la Règle
universelle d’interprétation (al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl) ne compte qu’une douzaine
de pages environ. Le livre est cependant très important pour notre compréhension de
la pensée d'al­Ghazālī sur la prophétie et les questions connexes. En outre, cela a
probablement eu un certain impact sur Fakhr ad­Dīn ar­Rāzī et certainement sur Ibn
Taymiyya, pour qui l’expression « règle universelle » (qānūn kullī) devient un
programme théologique attribué à ses adversaires.
Le texte d' al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl n'a pas été étudié de près jusqu'à présent ;
seuls quelques extraits en ont été traduits en anglais et en turc, et il a été mentionné
au passage à quelques reprises dans la littérature secondaire occidentale sur al­
Ghazālī.16 Ce qu’al­Ghazālī entend par « la règle universelle » de l’interprétation
allégorique, cependant, n’a pas été clarifiée ; le sien non plus

édité d'importants textes arabes classiques. C'était un fervent Ash arite et un critique virulent d'Ibn
Taymiyya. Voir le recueil d'introductions à ses éditions, Mu ammad Zāhid al­Kawtharī, Muqaddimāt
al­Imām al­Kawtharī, Le Caire : Dār ath­Thurayyā, 1418/1997. Ce volume contient également deux
articles biographiques sur al­Kawtharī, mais il manque malheureusement l'introduction d'une page
qu'al­Kawtharī a écrite pour son édition Qānūn at­ta wīl.
15 Notez qu’al­Ghazālī utilise l’expression qānūn at­ta wīl à deux reprises dans l’une de ses autres œuvres ;
voir son Fay al at­tafriqa bayna l­Islām wa­z­zandaqa, éd. Sulaymān Dunyā, Le Caire : Īsā l­Bābī l­
alabī, 1381/1961, 184, 187, 195.
16 Nicholas Heer, « Les Canons de Ta wil d'Al­Ghazali », dans : Windows in the House of Islam : Muslim
Sources on the Spirituality and Religious Life, éd. John Renard, Berkeley : University of California
Press, 1998, 48­54, propose une traduction anglaise de la partie centrale de l'ouvrage ainsi qu'une
brève paraphrase de son contenu. Déjà en 1930, Mehmet Şerafettin Yaltkaya (1879­1947) paraphrasait
le texte dans son article turc « Gazali'nin Te'vil Hakkında Basılmamış Bir Eseri », Darülfünun İlahiyat
Fakültesi Macmuası (Ankara) 4 (1930) : 46­58. . L'article est basé sur MS Istanbul, Carullah 1075. Al­
Qānūn al­kullī est brièvement mentionné dans Maurice Bouyges, Essai de chronologie des œuvres de
al­Ghazali (Algazel), éd. Michel Allard, Beyrouth : Imprimerie Catholique, 1959, 58­59 (n° 44), 115 (n°
162), dans Badawī, Mu allafāt al­Ghazālī, 168­171 (n° 44), et dans Martin Whittingham, Al­ Ghazālī
et le Coran : un livre, plusieurs significations, Londres et New York : Routledge, 2007, 2.

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

Al­Ghazālī à son plus rationaliste 95

Une explication intrigante du mot «Satan» (shay ān) dans la révélation n’a jamais
été présentée à un lectorat occidental.

2 Paternité et datation

L'existence d' al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl est bien documentée, même à un stade
relativement précoce. Un texte intitulé al­Qānūn al­kullī fut attribué à al­Ghazālī par
l'un de ses premiers bibliographes, Tāj ad­Dīn as­Subkī (d. 771/1370).17 Le
contemporain d'As­Subkī, al­Wāsi ī (d. 776/1374), qui dans sa biographie d'al­
Ghazālī possède une liste d'ouvrages encore plus longue que la première, mentionne
un ouvrage intitulé Qānūn at­tā wīl.18 Dans son article biographique (tarjama) sur al­
Ghazālī , al­Wāsi ī le cite également comme ayant dit : « Mes marchandises dans
le adīth sont maigres »19 – c’est la citation mémorable provenant de la fin d’ al­
Qānūn al­kullī fī t­ta wīl, suggérant que vers le 8 /XIVe siècle, la lettre à Abū Bakr
ibn al­ Arabī a circulé comme un ouvrage indépendant d'al­Ghazālī.20 S'appuyant
très probablement sur le témoignage d'as­Subkī ou sur sa propre connaissance d'un
exemplaire, le bibliographe al­Murta ā az­Zabīdī (d . 1205/1791) inclut également un
texte intitulé al­Qānūn al­kullī dans sa liste des œuvres d'al­Ghazālī.21 Récemment,
Martin Whittingham a remis en question la paternité d'al­Ghazālī pour ce petit ouvrage.
Il fut, autant que je sache, le premier à le faire – bien que Whittingham concède que
certaines sections de l’œuvre pourraient bien être authentiques, « l’œuvre, prise dans
son ensemble, présente des caractéristiques très peu caractéristiques d’al­Ghazālī,
notamment une structure désordonnée. et un commentaire effacé reconnaissant les limites

17 As­Subkī, abaqāt ash­shāiji iyya al­kubrā, éd. Ma mūd M. a ­ anā ī et Abd al­Fattā
M. al­ ilū, 10 vol. (Le Caire : Īsā l­Bābī l­ alabī, 1964­1976), 6 : 227.
18 L'œuvre d'Al­Wāsi ī (A ­ abaqāt al­ aliyya fī manāqib ash­shāiji iyya) n'est pas encore éditée. Le tar­
jama sur al­Ghazālī, cependant, est édité dans Abd al­Amīr al­A sam, Al­Faylasūf al­Ghazālī : I ādat
taqwīm li­mun anā ta awwurihi ar­rūhī, 3e éd., Beyrouth : Dār al­Andalus, 1981, 167­94. Kitāb Qānūn
at­ta wīl est mentionné deux fois dans cette liste aux pages 183 et 185. La liste d'Al­Wāsi ī des
œuvres d'al­Ghazālī est également imprimée dans Badawī, Mu allafāt al­Ghazālī, 471­74.
19 Arabe. anā muzjā l­bi ā a fī l­ adīth ; al­A sam, Al­Faylasūf al­Ghazālī, 179.
20 Cependant, la citation peut également avoir été répétée dans l'un des nombreux ouvrages d'Abū Bakr ibn al­
Arabī ; beaucoup d’entre eux sont encore inédits. Ammār ālibī, un expert d'Abū Bakr ibn al­
Arabī, a noté qu'al­Ghazālī a admis son expertise limitée dans les études de adīth à Abū Bakr et
que ce dernier a conservé la citation, voir Ārā Abī Bakr ibn al­ Arabī l­kalāmiyya de ālibī. 2 vol.,
Alger : al­Sharika al­Wa aniyya li­n­Nashr wa­t­Tawzī , sd [1974], 1 : 56.
21 Murta ā az­Zabīdī, It āf as­sāda al­muttaqīn bi­shar I yā ulūm ad­dīn, 10 vol. (Caire:
al­Ma ba a al­Maymaniyya, 1311 [1894]), 1 : 42.

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

96 Griffon

dans la connaissance de l'auteur de la science du hadith. »22 Ces raisons, cependant,


ne sont pas convaincantes : les biographes musulmans classiques d'al­Ghazālī
considéraient le commentaire effacé sur son manque d'expertise dans les études du
adīth comme authentique et je ne vois aucune raison douter de leur jugement; et s'il
est vrai que la structure initiale de l'ouvrage est effectivement désordonnée, confuse et
non ghazalienne, ce passage du début représente les questions posées à al­Ghazālī –
il n'est pas écrit par lui, mais enregistre simplement l'enquête d'un autre. Une fois que
le grand érudit élève la voix, l’œuvre présente le style de composition habituel et bien
structuré, si typique d’al­Ghazālī.
L'établissement du lien avec Abū Bakr ibn al­ Arabī nous permet de dater ce texte
et de le situer dans l'œuvre d'al­Ghazālī.23 Abū Bakr ibn al­ Arabī fut un élève d'al­
Ghazālī à Bagdad pendant une période relativement courte de quelques années. mois
de l'été 490/1097. Cela s'est produit après qu'al­Ghazālī eut quitté son poste
d'enseignant à la Ni āmiyya, après avoir été à Damas et à Jérusalem, et après avoir
accompli le ājj. Cet été­là, al­Ghazālī séjourna à Bagdad au « Ribā d'Abū Sa d,
juste en face de la madrasa Ni āmiyya ».24 Il en partit à l'automne, se dirigeant vers
sa ville natale, ābarān, dans le district de ūs, dans le Khorāsān, dans le nord­est
actuel. Iran. Abū Bakr ibn al­ Arabī nous a laissé une description vivante de sa brève
période d'études avec al­Ghazālī, donnant l'impression que leur relation était assez
intime.
Dans son récit autobiographique de ses voyages dans l’Orient musulman, Abū Bakr
Ibn al­ Arabī écrit :

J'ai développé des liens forts avec lui [à savoir, al­Ghazālī] et je suis devenu
insépa­rable de son tapis. J'ai saisi son isolement et son agilité, et à chaque fois

22 Whittingham, Al­Ghazālī et le Coran, 2.


23 Une datation antérieure a été entreprise par Bouyges, Essai de chronologie des œuvres de al­Ghazali,
58­59. Sur la base d'une comparaison avec le sujet de Fay al at­tafriqa, Bouyges a daté le texte
de la « période de retraite » d'al­Ghazālī, c'est­à­dire de 488­499/1095­1105.
Bouyges, cependant, ignorait le lien avec Abū Bakr ibn al­ Arabī, et se trompait également dans
sa datation du Fay al. Ce livre a été écrit en partie pour excuser l'accusation d'incrédulité, une
accusation qui a surgi lors de la controverse sur l'activité d'enseignement d'al­Ghazālī à la madrasa
Ni āmiyya à Nishapur après 499/1106. Sur le lien entre le Fay al et la controverse nishapurienne,
voir Richard M. Frank, Al­Ghazālī and the Ash arite School, Durham : Duke University Press, 1994,
76­77. Sur la controverse elle­même, voir Kenneth Garden, « Al­Māzarī al­Dhakī : al­Ghazālī's
Maghribi Adversary in Nishapur », Journal of Islamic Studies 21 (2010) : 89­107.

24 Griffel, Théologie philosophique d'Al­Ghazālī, 64, 65, citant Abū Bakr ibn al­ Arabī, Qānūn
at­ta wīl, éd. Mu ammad Sulaymānī, Beyrouth : Dār al­Gharb al­Islāmī, 1990, 111.

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

Al­Ghazālī à son plus rationaliste 97

il s'est occupé de moi, je l'ai épuisé de mes attentes. Il m'a permis de partager
sa place et j'étais avec lui le matin, l'après­midi, le déjeuner et le dîner, qu'il soit
en tenue décontractée ou en tenue de soirée. Dans ces moments­là, je pouvais
lui poser des questions sans retenue, comme un érudit dans un lieu où les
carcans de l'enquête [lui] sont confiés.
Je l'ai trouvé accueillant envers moi concernant l'enseignement et je l'ai trouvé
fidèle à sa parole.25

Il est fort probable que la réponse d'al­Ghazālī aux questions d'Abū Bakr ait été
générée au cours de cette courte période à Bagdad au cours de l'été 490/1097.
Plus tard, alors qu’Abū Bakr était lui­même un érudit accompli, il cite d’autres réponses
qu’il a obtenues d’al­Ghazālī, et nous devons supposer qu’elles proviennent toutes de
cette période. Il n’est évidemment pas impossible qu’après leur rencontre personnelle
à Bagdad, les deux hommes soient restés en contact par lettres. Mais pendant les
années où al­Ghazālī séjourna à ābarān, Abū Bakr ibn al­ Arabī était un voyageur
itinérant, passant de Bagdad à Damas en passant par Jérusalem, pour finalement
s'attarder à Alexandrie dans l'Égypte fatimide. Il fallut cinq ans à Abū Bakrij après sa
rencontre avec al­Ghazālī avant de retourner chez lui à Séville en 495/1102.
Il existe d’autres preuves dans le texte de la lettre qui soutiennent l’hypothèse
selon laquelle elle a été écrite en 490/1097, c’est­à­dire à l’époque où al­Ghazālī
travaillait sur son œuvre magnum éthique, la Renaissance des sciences religieuses
(I yā ulūm ad­dīn).26 Malgré le fait que le sujet de cette lettre touche à de
nombreux thèmes abordés par al­Ghazālī dans ses œuvres ultérieures – le plus
important étant son Critère décisif pour distinguer l’Islam de l’incrédulité clandestine
(Fay al at­tafriqa bayna al ­Islām wa­z­zandaqa) et son Retenir les gens ordinaires
de la science du Kalām (Iljām al­ awāmm an ilm al­kalām) – aucun de ces
ouvrages n'est mentionné. Parmi ses ouvrages antérieurs, al­Ghazālī ne mentionne
que Expliquer les merveilles du cœur (Shar ajā ib al­qalb), le 21e livre de
l’I yā ulūm ad­dīn, traitant des questions de l’âme, auquel il est fait référence
deux fois dans notre texte.27 Cela suggère que, même si des parties de l’ I yā étaient déjà disponib

25 Abū Bakr ibn al­ Arabī, Qānūn at­ta wīl, 112­13 ; voir aussi Griffel, Théologie philosophique d'Al­
Ghazālī, 65­66.
26 Pour la datation de l'I yā ulūm ad­dīn d'al­Ghazālī aux premières années après son départ de la
Ni āmiyya de Bagdad, 488/1095, voir Bouyges, Essai de chronologie des œuvres d'al­Ghazali,
41­44, et George F. Hourani. , « Une chronologie révisée des écrits de Ghazālī », JAOS 104 (1984) :
289­302, en particulier. 296­97.
27 Al­Ghazālī, al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl, éd. al­Kawtharī, pp. 14, 15 / MS Ayasofya 2194, fol. 100a / MS
Carullah 1075, fol. 7b, 8a. Dans les notes de bas de page suivantes, je ferai référence à la page

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

98 Griffon

ni le Fay al at­tafriqa ni l' Iljām al­ awāmm n'existaient au moment où la lettre a


été écrite. Ces deux livres sont désormais datés de la fin de la vie d'al­Ghazālī.28
Il est difficile de dire si le titre de cette épître remonte à al­Ghazālī lui­même. Il
existe des indications selon lesquelles al­Ghazālī a conservé des copies de ses
lettres et que certaines d'entre elles ont été publiées après sa mort à partir du corpus
de papiers qu'il a laissé derrière lui29. L'absence de référence à Abū Bakr ibn al­
Arabī dans la tradition manuscrite d' al­Ghazālī ­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl suggère
que cette tradition n'est pas basée sur la copie de la lettre du destinataire. Le MS de
Rabat décrit par I sān Abbas semble représenter une tradition manuscrite qui
remonte cependant à la copie d'Abū Bakr ibn al­ Arabī. Il mentionne le destinataire,
mais pas le titre al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl.30 Ainsi, il est fort possible que nous
ayons affaire à deux traditions manuscrites différentes du texte, l'une basée sur la
copie du destinataire de la lettre, représentée par le MS de Rabat, et une autre basée
sur la copie de la lettre de l'expéditeur et représentée par les trois manuscrits qui
constituent la base de cette étude. Si tel est le cas, alors le titre al­Qānūn al­kullī fī t­
ta wīl pourrait bien remonter à al­Ghazālī ou à quelqu'un qui a publié cette épître sur la base de s
Nous devrions au moins souligner qu'Abū Bakr lui­même a écrit une monographie
substantielle intitulée La règle d'interprétation (Qānūn at­ta wīl) qui traite des
enseignements d'al­Ghazālī sur le ta wīl, qu'il n'adopte pas pleinement, ce qui est
intéressant. Ibn Taymiyya en était conscient lorsqu'il dit qu'Abū Bakr appliquait une
règle d'interprétation différente basée sur al­Juwaynī et al­Bāqillānī.

et les numéros de folio de ces trois témoins textuels dans cet ordre divisés par des barres obliques. Le
lecteur doit garder à l’esprit que le MS Ayasofya 2194 n’a pas la fin du texte, ce qui signifie que la
deuxième référence à Ajā ib al­qalb est absente du texte de ce MS.
28 Pour la datation de Fay al at­tafriqa dans la période postérieure à 500/1106, voir fn. 23. Iljām al­ awāmm
est considéré comme le dernier ouvrage d'al­Ghazālī, terminé peu de temps avant sa mort en 505/1111.
Voir Griffel, Al­Ghazālī's Phlosophical Theology, 266. Cette datation est maintenant quelque peu
contestée par une citation du Bughyat al­murtād d'Ibn Taymiyya tirée du Mishkāt al­anwār d'al­Ghazālī.
Dans cette citation, le texte de Mishkāt al­anwār fait référence à Iljām al­ awāmm comme à une
œuvre achevée avant Mishkāt al­anwār. Voir la contribution de Yahya Michot à ce volume. Comparé à
la plupart des MSS disponibles de Mishkāt al­anwār ainsi qu'à toutes ses éditions, il s'agit d'une lectio
difijicilior et devrait attirer notre attention. Même si le statut d' Iljām al­ awāmm en tant que dernière
œuvre d'al­Ghazālī doit être révisé, il relèverait néanmoins de la période tardive de la vie d'al­Ghazālī
étant donné qu'il n'est mentionné dans aucune autre de ses œuvres.
29 Voir par exemple le recueil de ses lettres persanes Makātīb­i fārisī­yi Ghazzālī be­nām­i Fażā il al­anām
min rasā il ujjat al­Islām, éd. Abbās Iqbāl Āshtiyānī (Téhéran : Kitābfurūsh­i Ibn Sīnā, 1333
[1954]), qui a été publié par un parent après sa mort et doit être basé sur des copies des lettres d'al­
Ghazālī qu'il avait conservées dans sa bibliothèque.
30 Voir note de bas de page. 9 ainsi que l'édition récente du manuscrit de Rabat mentionné dans la note 11.

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

Al­Ghazālī à son plus rationaliste 99

3 Contenu de l'épître

Al­Qānūn al­kullī fī t­tā wīl peut être divisé en trois parties. La première partie du texte –
deux pages sur environ douze dans la version éditée – sont les questions de
l’interrogateur, très probablement Abū Bakr ibn al­ Arabī. Ils commencent par citer un
certain adīth. Le Prophète aurait dit : « Satan coule dans les vaisseaux sanguins de
l’un de vous » (inna sh­shay āna yajrī min a adikum majrā d­dam). Celui qui pose la
question voit un certain nombre de problèmes liés à ce adīth.
Après la basmala et le nom de l'auteur, l'épître commence en disant qu'elle traite de
« l'explication du sens » (bayān ma nā) du adīth que nous venons de citer. Il continue
avec les questions qui ont été posées à al­Ghazālī :

Satan est­il un mélange comme l'eau dans l'eau ou est­il entièrement contenu dans
[les vaisseaux sanguins] ? Le contact direct que Satan a avec les cœurs se produit­
il par un processus d'imagination (takhāyul) de l'extérieur et les cœurs portent cette
[imagination] vers les sens extérieurs où elle se manifeste ? Et l’infiltration
diabolique (ou : tentation, waswās) vient­elle des sens extérieurs ? Ou bien la
substance de Satan affecte­t­elle directement la substance des cœurs ? Et y a­t­il
quelque chose de commun entre ce que la prophétie décrit ici et entre quelque
chose de similaire lorsque les djinns sont présentés aux humains sous l'apparence
d'animaux ou sous différentes apparences de ce genre, comme la présentation
des anges – que la paix soit sur eux – aux prophètes dans l'apparence d'humains,
ou d'autres exemples comme ceux­ci ? Que ceci soit clarifié pour celui à qui il peut
arriver qu'il ait des représentations visuelles de ce genre, qui peuvent alors acquérir
une certaine fermeté matérielle, comme cela est arrivé aux anges.

Existe­t­il un moyen de concilier ce que la révélation dit ici sur les djinns et les
satans avec les enseignements des falāsifa ? S'agit­il d'exemples et d'expressions
des quatre humeurs qui sont à l'intérieur du corps pour le gouverner, ou non ?31

Si cette traduction paraît maladroite, c’est parce que le texte arabe original l’est encore
plus. Celui qui pose la question n’est pas un écrivain expérimenté, qui lance des idées et
des suggestions sans en développer aucune. Même si cette liste est issue d’une
conversation personnelle au cours de laquelle les questions ont été clarifiées, cette partie
de la lettre est mal structurée et souvent assez difficile à comprendre. Il existe toutes
sortes de demandes de renseignements sur des sujets mentionnés dans le Coran et dans le adīth .
corpus. Le discours des épileptiques (ma rū ūn) peut­il être lié à la prophétie,

31 Al­Ghazālī, al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl, 4/92b/1b.

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

100 Griffon

demande le questionneur ; qu’en est­il du adīth disant que Satan prend une fuite rapide
lorsqu’il entend l’appel à la prière32 ? Qu’en est­il de l’information, également issue du
corpus des adīth , selon laquelle les satans se nourrissent de fumier et d’os ? Comment
est­ce possible, étant donné qu’il existe ailleurs des informations selon lesquelles ils n’ont
aucun besoin corporel ?33 Qu’en est­il du barzakh ? Est­il plus proche du Paradis ou de
l’Enfer ?34 Et pourquoi le adīth dit­il que le Paradis est aussi vaste que le ciel et la
terre, alors qu’il doit être contenu quelque part dans les limites de ces deux ?35 Aussi,
qu’est­ce que « l’étang du messager » ? de Dieu » ( aw rasūl Allāh) qui est également
mentionné dans plusieurs adīths36 ? Certaines de ces questions – comme l’enquête
sur le type d’excréments laissés par les satans – touchent clairement à des sujets
délicats. Pour tout cela, celui qui pose la question exige une réponse d’al­Ghazālī.
Il est clair que l’interrogateur partage avec al­Ghazālī un certain nombre de prémisses
qui ne sont pas explicitement mentionnées dans les questions. Premièrement, la
révélation est comprise comme faisant référence à la fois au texte du Coran et à celui
du adīth cor­pus. Cela est également vrai pour le mot « prophétie » (nubuwwa). Al­
Ghazālī occupait la même position et jamais dans ses écrits sur le ta wīl ne fait­il de distinction entre

32 Voir Muslim ibn al­ ajjāj, as­ a ī , Kitāb as­ alāt, bāb 8.
33 Sur « shay ān » dans le corpus des hadiths , voir Voir Arent J. Wensinck et al. (éd.), Concordance et
indices de la tradition musulmane, 8 vol., Leiden : Brill, 1936­1988, 3 : 125­131 et Arent J.
Wensinck, Un manuel des premières traditions mahométanes, classé par ordre alphabétique, Leiden :
Brill, 1927, 210­12. Je n'ai pas pu localiser les sources de cette information dans le adīth canonique
corpus. Notez qu'Abū Bakr ibn al­ Arabī est considéré comme un érudit très approfondi du adīth
qui a écrit un long commentaire sur le recueil d'at­Tirmidhī : Āri at al­a wadhī bi­shar a īh
at­Tirmidhī, éd. Jamāl Mar ashlī, 14 parties en 8 vol., Beyrouth : Dār al­Kutub al­ Ilmiyya, 1997.
34 Le barzakh (« barrière » ou « séparation ») est mentionné trois fois dans le Coran (23 :100 ; 25 :53 ;
55 :20). L’interrogateur semble comprendre le barzakh comme faisant référence à un espace entre le
paradis et l’enfer, semblable au limbe, ou Limbo, dans la théologie latine chrétienne.
Cette compréhension est confirmée plus tard dans la réponse d'al­Ghazālī, lorsqu'il dit que le barzakh
peut être la station entre le Paradis et l'Enfer pour ceux qui n'ont fait ni bien ni mal, comme les fous ou
ceux qui n'ont pas été atteints par le message de l'Islam (al­Qānūn al­kullī, 6/ – / 8a). Sur le barzakh,
voir Christian Lange, art « Barzakh », dans l'Encyclopédie de l'Islam. TROIS, disponible en ligne sur
http:www.brillonline.nl; Mona M. Zaki, « Barzakh », dans Encyclopédie du Coran, éd. Jane D. McAuliffe,
6 vol., Leiden : Brill, 2001­06, 1 : 204­7, et B. Carra De Vaux, « Barzak h », dans Encyclopedia of
Islam. Nouvelle édition, éd. HAR Gibb et coll. 12 vol., Leiden et Londres : Luzac et Brill, 1954­2009,
1 : 1071­72.
35 Plus tard, dans son Fay al at­tafriqa, 179, al­Ghazālī abordera ce problème et proposera une solution.
Il ne répond pas à cette question dans cette lettre.
36 Voir, par exemple, al­Bukhārī, as­ a ī , Kitāb ar­Riqāq, bāb 52­53, ou Muslim ibn al­ ajjāj, as­ a ī ,
Kitāb al­Fa ā il, bāb 9. Le jour de la Résurrection, Mahomet est dit rencontrer sa communauté à
cette piscine. Voir AJ Wensinck, art. « aw », dans l'Encyclopédie de l'Islam. Nouvelle édition, 3 :
286.

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

Al­Ghazālī à son plus rationaliste 101

versets du Coran et du adīth : tous deux sont considérés comme une révélation, et
tous deux doivent être réconciliés avec la raison.37 Deuxièmement, celui qui pose la
question connaît quelque chose de la cosmologie et de la prophétologie avicenne, dans
la mesure où il considère qu'il est utile de comprendre des phénomènes comme les
anges, les djinns et les sataniques. Il sait que pour le falāsifa, le mot « ange » est
simplement une référence aux intellects et/ou âmes célestes, et il entretient l’idée que
les djinns et les satans peuvent être des objets d’un genre similaire, c’est­à­dire des
intellects célestes immatériels qui ont certains influences sur l’esprit humain. Pour sa
part, al­Ghazālī considérait la prophétologie d'Ibn Sīnā (Avicenne, m. 428/1037) comme
une explication valable du phénomène de la révélation divine38 ; il exprime cette opinion
très franchement dans une autre lettre adressée à Abū Bakr ibn al. ­ Arabī que ce
dernier citera plus tard dans un de ses ouvrages.39
La réponse d'Al­Ghazālī à ces questions se divise en deux parties : dans la première
partie, il critique celui qui pose la question pour la nature de ses questions, donne
quelques remarques générales sur le conflit apparent entre raison et révélation, et
énumère trois « recommandations » générales sur la façon dont aborder les textes de
révélation. Cette partie s’étend sur un peu plus de six pages, soit environ la moitié du
texte40. C’est dans cette section qu’al­Ghazālī promet sa « règle universelle » (qānūn
kullī), règle prétendument applicable dans tous les cas où le le sens extérieur de la
révélation ( āhir) se heurte à ce qui est connu par la raison ( aql). La deuxième partie
de sa réponse, de moins de quatre pages, soit près d'un tiers du texte, est une discussion
détaillée d'un nombre très limité de problèmes évoqués par l'interrogateur. Loin de
s’intéresser à tout ce qui est présenté, al­Ghazālī sélectionne quelques questions et
expose ses positions, même si au moins une des questions laissées sans réponse ici
sera reprise dans un ouvrage ultérieur d’al­Ghazālī.41 Son modèle de réponse est de se
rabattre sur la prophétologie d'Ibn

37 Griffel, Théologie philosophique d'Al­Ghazālī, 106.


38 Voir M. Aijiiji al­Akiti, « Les trois propriétés de la prophétie dans certaines œuvres d'Avicenne et d'al­
Ġazālī », dans : Interpréter Avicenne. Science et philosophie dans l'islam médiéval.
Actes de la deuxième conférence du groupe d'étude Avicenne, éd. Jon McGinnis, Leiden : Brill,
2004, 189­212 et Frank Griffel, « Le concept de prophétie d'Al­Ġazālī : l'introduction de la
psychologie avicenne dans la théologie aš arite », Sciences et philosophie arabes 14 (2004) :
101­44.
39 Griffel, Théologie philosophique d'Al­Ghazālī, 67­69.
40 Al­Ghazālī, al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl, 6­12 / 94a­98b / 2a­6a. Cette partie a été trans­
traduit en anglais dans Heer, « Al­Ghazali. Les chanoines de Ta'wil.
41 Voir note de bas de page. 35. Al­Ghazālī lui­même évoque un autre exemple de adīth qui est discuté
plus tard dans Fay al at­ afriqa, 179. Dans al­Qānūn al­kullī, 11/98a/5b (trad. anglais. 53) al­
Ghazālī men­ Le adīth dit que le Jour de la Résurrection, la mort apparaîtra comme un bélier
tacheté de blanc (kabsh amla ) et sera sacrifiée (voir par exemple al­Bukhārī, as­ a īh, Kitāb Tafsīr

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

102 Griffon

Sīnā et de donner des explications rationnelles et scientifiques – selon la


compréhension de la rationalité et de la science de son époque – des problèmes
textuels qu'il choisit d'expliquer. Avant d'entrer dans la partie qui traite en termes
généraux des règles sur la manière d'aborder le conflit apparent entre la raison et la
révélation, j'analyse d'abord cette dernière partie et je présente l'explication d'al­Ghazālī
du adīth sur la présence de Satan dans les vaisseaux sanguins de chacun.

4 Une explication avicenne de la signification de « Satan » (ash­shay ān)


dans l'Apocalypse

Le adīth cité au début de cette épître est considéré comme fiable ( a ī ) ; Ibn
Māja, Abū Dawūd et al­Bukhārī en ont tous des versions.
Al­Bukhārī rapporte de diverses sources qu'un jour, deux des « assistants » (an ār)
parmi les habitants de Médine regardèrent avec un désir sexuel évident la jeune et
belle Saijiyya bint Huyayy (d. vers 50/670), l'une des Les épouses du Prophète.
Le Prophète les réprimanda et dit : « Satan court dans les vaisseaux sanguins des
humains et je crains que quelque chose n’ait pénétré dans vos âmes. »42 Pour celui
qui pose la question, ce adi h pose un problème : comment expliquer que une
créature comme Satan, qui est généralement comprise comme un ange désobéissant
ou un djinn déchu, court dans les vaisseaux sanguins humains ?43 Dans sa réponse,
al­Ghazālī dit qu'une explication complète prendrait trop de place et fait simplement
allusion à la bonne explication. position. « Cela ne veut pas dire, dit­il, que le corps de
Satan se mélange au corps de l'humain dans un mélange comme l'eau avec l'eau. »
Au contraire, les effets de Satan se diffusent dans tout le corps de l’humain et circulent
à l’intérieur du corps tout comme les atomes de sang circulent dans tout son corps.
L’idée évoquée ici – mais non explicitée – est celle d’un jism la īf, un « corps subtil ».
Dans la première littérature kalām , les anges, les djinns et les satans sont des corps faits de fumée,

sourate Maryam, bāb 1). La mort, dit al­Ghazālī, ne peut pas se transformer en bélier car la
première est un accident ( ara ) tandis que la seconde est un corps (jism), ce qui indique que le adīth
doit être interprété allégoriquement. Cet exemple est également discuté dans le livre 31 du I yā
ulūm ad­dīn d'al­Ghazālī ; voir Richard Gramlich, Mu ammad al­Ġazzālīs Lehre von den Stufen
der Gottesliebe. Die Bücher 31­36 seines Hauptwerkes eingeleitet, übersetzt und kommen­tiert,
Wiesbaden : F. Steiner, 1984, 64­65.
42 « inna sh­shay ān yajrī min al­insān majrā d­dam wa­innī khashītu an yulqiya fī anfusikumā shay an » ;
al­Bukhārī, as­ ahīh, Kitāb al­I tikāf, bāb 11. Cf. aussi Ibn Māja, as­Sunan, Kitāb as­ iyām, bāb
65. Pour d'autres versions similaires, voir Wensinck, Concordance, 1 : 342.
43 Pour la compréhension plus traditionnelle de Satan (arabe ash­shay an et Iblīs) dans le tafsīr
littérature voir Andrew Rippin, art. « Diable », dans Encyclopédie du Coran, 1 : 524­528 et T. Fahd
et A. Rippin., art, « S h ay ān », dans Encyclopédie de l'Islam. Nouvelle édition, 9 : 406–9.

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

Al­Ghazālī à son plus rationaliste 103

matière subtile qui nous est invisible44. Al­Ghazālī utilise cependant le concept
différemment. Ce n’est plus Satan lui­même, mais ses effets (athar ash­shay ān) sont le
« corps subtil » et les effets de Satan sont des phénomènes de l’âme. Al­Ghazālī explique
comment Satan affecte les humains : Les humains ressentent en eux certaines tentations
diaboliques ou chuchotements diaboliques (wasāwis, singl. waswās).45 Ce sont souvent
des impressions présentées aux sens extérieurs. Leur caractère est similaire à
l’inspiration (ilhām) que reçoivent certains humains extraordinaires – il désigne ici les
saints Suiji. Al­Ghazālī explique les infiltrations de Satan de la manière suivante :

Les murmures diaboliques (wasāwis) de Satan sont semblables à l’inspiration


(ilhām) de l’ange. Nous rencontrons de manière inattendue différentes pensées
(khawā ir) dans notre cœur, certaines d’entre elles nous appellent à suivre notre
passion, d’autres nous appellent à suivre son contraire. Ces pensées (. . .) se
répartissent en différents groupes selon les causes [qu'elles ont.] [. . .] Puisqu’il
s’agit de pensées différentes, leurs causes sont différentes. La Révélation (shar )
appelle la cause à partir de laquelle l’inspiration est obtenue « un ange » (malak) et
celle à partir de laquelle le murmure diabolique est obtenu « un Satan » (shay ān).
« Inspiration » est une expression qui fait référence à une pensée envoyée pour
faire le bien, et « murmure diabolique » est une expression de [une pensée] qui est
envoyée pour faire le mal, et [les mots] « l'ange » et « le diable » sont des
expressions de leurs deux causes.46

La comparaison avec ilham (inspiration) nous place sur un territoire familier.


D’après d’autres écrits d’al­Ghazālī, nous savons qu’ilhām est une forme inférieure de
prophétie donnée aux awliyā , « amis de Dieu » ou saints Suiji, qui produit des visions
et une prescience de l’avenir. Des recherches récentes ont montré que dans sa
compréhension de la prophétie, al­Ghazālī dépend entièrement d'Ibn Sīnā. Il applique
pleinement les trois propriétés prophétiques d'Ibn Sīnā : c'est­à­dire la prophétie
imaginative grâce à une forte faculté d'imagination (takhayyul), la prophétie intellectuelle
grâce à de forts ads et l'accomplissement de miracles grâce à une faculté d'imagination exceptionnelle.

44 Josef van Ess, Théologie et Gesellschaft im 2. et 3. Jahrhundert Hidschra. Une histoire religieuse liée à
l'Islam frühen. 6 vol., Berlin : Walter de Gruyter, 1991­1997, 3 : 264, 369­73, 4 : 534.

45 Il existe une notion populaire dans le corpus des adīths selon laquelle chaque personne a son propre
satan, qui repose sur son épaule comme un tentateur constant ; voir Muslim ibn al­ ajjāj, as­
a ī , Kitāb ifāt al­munāijiqīn, bāb 16 et Andrew Rippin dans son art. « Shay ān », 408b.
46 Al­Ghazālī, al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl, 13/99a/6b.

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

104 Griffon

puissante faculté pratique de l'âme (quwwa nafsiyya amaliyya).47 L'une des raisons
pour lesquelles l'explication philosophique de la prophétie par Ibn Sīnā était si attrayante
pour al­Ghazālī était son applicabilité aux idées supérieures des saints Suiji et aux
« actes merveilleux » (karāmāt ) ils jouent. Les saints Suiji possèdent ces trois propriétés
– la révélation imaginative et intellectuelle plus une certaine capacité pratique – à un
degré qui leur permet d’avoir l’ilhām (l’inspiration) et d’accomplir certains actes
merveilleux. En fait, comme Ibn Sīnā, al­Ghazālī soutient que tous les humains ont une
part dans ces propriétés, d’autres plus, d’autres moins. La plupart des gens n’ont qu’une
très petite part et les prophètes en sont exceptionnellement bénis. Les awliyā se
situent quelque part entre les deux et leur inspiration est l’expression de leur lien
supérieur avec le royaume céleste.48
Il y a un élément intéressant dans l'enseignement d'Ibn Sīnā sur les miracles
prophétiques qui est très important pour al­Ghazālī. Ibn Sīnā affirme que la même
faculté pratique de l’âme qui permet aux prophètes d’accomplir des miracles permet
également aux sorciers d’accomplir la sorcellerie (si r). Le prophète et le sorcier
affectent tous deux des objets extérieurs à eux­mêmes grâce aux puissants pouvoirs
qu’ils possèdent dans leur âme. Les prophètes font cela dans l’intention de bénéficier à
l’humanité – c’est­à­dire d’être acceptés comme prophètes et de valider leur message
– tandis que les sorciers (singl. sā ir) utilisent cette faculté avec de mauvaises
intentions, principalement pour s’enrichir.49 Al­Ghazālī a adopté cette explication du
si r de Ibn Sīnā.50 Pour al­Ghazālī, le fait que le miracle prophétique et la sorcellerie
soient tous deux des effets de la même faculté humaine conduit à conclure qu'ils sont le
plus souvent indiscernables. Ceci, à son tour, lui fait abandonner le miracle prophétique
comme marqueur de la prophétie, un fait qui deviendra également important dans ce texte.

47 Sur ces trois propriétés (singl. khā a) , voir Dag N. Hasse, De Anima in the West d'Avicenne. The
Formation of a Peripatetic Philosophy of the Soul 1160­1300 (Londres/Turin : The Warburg
Institute / Nino Aragno Editore, 2000), 154­65 et Herbert A. Davidson, Alfarabi, Avicenna et
Averroes, sur l'intellect. Leurs cosmologies, théories de l'intellect actif et théories de l'intellect
humain, New York : Oxford University Press, 1992, 116­23.
48 Frank Griffel, « L'explication rationaliste des philosophes musulmans sur la prophétie de
Mu ammad », dans The Cambridge Companion to Muhammad, éd. par Jonathan E. Brockopp,
New York : Cambridge University Press, 2010. 158­179, en particulier. 174­77. L’analyse s’y
base sur al­Ghazālī, al­Munqidh min a ­ alāl / Erreur et délivrance, éd. Farid Jabré. 3e éd.,
Beyrouth : Commission libanaise pour la traduction des chefs­d'œuvre, 1969, 41­43.
49 Ibn Sīnā, al­Ishārāt wa­t­tanbīhāt, éd. Jacob Forget, Leyde : Brill, 1892, 220­221. Al­Ghazālī a copié
ce passage dans son rapport sur les enseignements philosophiques, MS London, British Library,
Or. 3126, fol. 284a.
50 Griffel, Théologie philosophique d'Al­Ghazālī , 197­198 et al­Akiti, « Trois propriétés de la prophétie »,
19.

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

Al­Ghazālī à son plus rationaliste 105

En accord avec l'explication d'Ibn Sīnā sur la sorcellerie et les miracles prophétiques,
al­Ghazālī enseigne que les infiltrations diaboliques et l'inspiration des Suijis ont une
seule et même cause. Dans le cas de l'inspiration des saints, l'humain est motivé à faire
le bien ; dans le cas des « infiltrations diaboliques », il ou elle est motivé à commettre le
mal moral. Les deux sont des effets distincts de la même cause. Al­Ghazāli
clarifications :

C'est comme un feu par lequel les côtés d'une maison sont éclairés et son plafond
devient noir. Nous savons que la luminosité est à l’opposé du noircissement et que
la cause de la luminosité est à l’opposé de la cause du noircissement. La cause de
l'éclat est la lumière du feu et la cause du noircissement est sa fumée. Grâce à
cette [comparaison], nous savons que la cause du murmure diabolique est différente
de la cause de l'inspiration. C’est effectivement le cas. Il reste à se demander si
cette cause est un accident ou non plutôt une substance qui n'est pas inhérente à
autre chose. Il est évident qu’il ne s’agit pas d’un accident mais d’une substance.
Reste alors à se demander s'il vit ou non. D’après les indications de la révélation et
aussi de certains aspects rationnels, il devient évident qu’il est vivant.51

C’est tout ce que dit al­Ghazālī à ce sujet dans cette épître. Selon la révélation, les
inspirations saintes et les infiltrations diaboliques ont des causes différentes : les premières
viennent des anges, les secondes des satans. Pourtant ces deux phénomènes très
différents, selon al­Ghazālī, pourraient avoir une cause commune à un niveau supérieur.
La cause de la luminosité des murs intérieurs d'une maison est la lumière du feu, et la
cause de l'obscurcissement du plafond est la fumée du feu. Ainsi, le rayonnement et
l’obscurité, bien qu’opposés l’un à l’autre, sont, à leur tour, provoqués par le même feu.
De manière analogue, al­Ghazālī affirme que la cause des murmures diaboliques est
Satan et que la cause de l'inspiration sainte est un ange ; à un niveau supérieur,
cependant, leur cause est essentiellement identique. La cause des inspirations saintes
était bien connue d’Ibn Sīnā puis d’al­Ghazālī : ce sont les âmes célestes qui, possédant
déjà la connaissance des événements futurs, transmettent une partie de cette
connaissance aux humains auxquels elles sont liées.52 Ici, al­Ghazālī étend les
enseignements d'Ibn Sīnā en la matière aux infiltrations diaboliques

51 Al­Ghazālī, al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl, 13/99a–b/6b.


52 al­Ishārāt wa­t­tanbī āt d'Ibn Sīnā , 210­211 et Davidson, Alfarabi, Avicenne et Averroès,
sur l'intellect, 121­22.

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

106 Griffon

(wasāwis), ce qu'Ibn Sīnā, autant que je sache, n'a jamais fait.53 Al­Ghazālī combine
deux idées avicennes, la première sur la cause de la révélation et de l'inspiration sainte
et la seconde sur le fait que les miracles prophétiques et la sorcellerie sont tous deux
causée par la même faculté chez l’homme. Pour al­Ghazālī, « Satan » et « les anges »
sont des noms désignant de simples intermédiaires – comme le suggère la comparaison
avec le feu dans une pièce – entre les infiltrations diaboliques et l’inspiration et leur cause
supérieure, l’âme céleste. Ou bien, et cela semble encore plus probable, les mots
« Satan » ou « anges » sont deux noms différents pour désigner la véritable cause des
inspirations saintes et des infiltrations diaboliques. Cette vraie cause est une âme céleste.
Les âmes célestes sont considérées comme des substances vivantes qui influencent
directement le comportement humain.
Dans cette épître, al­Ghazālī oppose sa propre explication à un certain nombre
d’alternatives, dont la plus intéressante est celle qu’il attribue au « falāsifa ». Dans d'autres
écrits tels que l' Incohérence des philosophes (Tahāfut al­falāsifa) ou son autobiographie
Le Libérateur de l'erreur (al­Munqidh min a ­ alāl), le nom « falāsifa » est généralement
utilisé comme chiffre qui remplace Ibn Sīnā. et ses partisans. Ce n’est pas le cas dans ce
texte. Le falāsifa, dit al­Ghazālī, rejetterait son interprétation et préférerait dire que le
adīth est une référence aux quatre humeurs qui existent dans chaque corps humain.
Selon la falāsifa, donc al­Ghazālī, il ne peut y avoir aucune interférence directe de Satan
– qui désigne ici une âme céleste – avec les corps humains. Les falāsifa ne nient pas que
les âmes célestes affectent les corps humains ; ils affirment plutôt qu'ils le font par d'autres
causes intermédiaires, parmi lesquelles les quatre humeurs. Al­Ghazālī, en revanche,
semble avancer une théorie selon laquelle les âmes célestes auraient une influence
directe sur les âmes humaines et leurs facultés. Ibn Sīnā partageait exactement la même
position, à savoir que l’influence des âmes célestes sur les humains peut être directe.
Cela peut aussi être indirect, bien sûr, par des intermédiaires tels que les quatre humeurs
et autres. Les falāsifa dont al­Ghazālī rapporte l'enseignement dans cette épître semblent
cependant être un groupe construit, non­Avicenne et, au contraire, plus proche des
enseignements du médecin grec Galien (mort vers 217 de notre ère). Ils ne semblent pas
être un groupe réel mais plutôt une construction d'al­Ghazālī, créée pour opposer ses
propres enseignements à eux et ainsi anticiper l'accusation probable selon laquelle ses
propres enseignements dérivent du falāsifa, c'est­à­dire d'Ibn Sīnā. et ses partisans.

D'autres explications dans cette courte épître sont également influencées par
l'explication philosophique de la prophétie d'Ibn Sīnā. Dans un ijit ( ar ) épileptique,
donc al­Ghazālī, on peut dire que l'épileptique est possédé par un djinn ; le mot « djinn »,
cependant, fait en réalité référence à « la cause (sabab) de l’apparition d’idées, de représentations ».

53 Ibn Sīnā ne semble jamais avoir été concerné ou confronté à une explication de ce à quoi ash­
shay ān fait référence dans la révélation.

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

Al­Ghazālī à son plus rationaliste 107

les imaginations et les imaginations dans son cœur. »54 Cette cause est encore une
fois une âme céleste. L’âme céleste qui est la cause de la révélation, ainsi al­Ghazālī,
est parfois appelée « une tablette », parfois « un Imam » et parfois « un livre ». Al­
Ghazālī fait ici référence aux passages coraniques qui mentionnent le « dépôt
conservé » (al­law al­ma fū , 85 :22), un « Imām clair » (imām mubīn, 15 :79) ou
« un livre clair » (kitāb mubīn, 6 :59, 10 :61 et ailleurs), et il comprend implicitement
ces phrases comme faisant référence aux âmes célestes qui sont les causes de la révélation divine.
Le lien entre l’épileptique et l’âme céleste est clarifié dans le passage suivant :

Le cœur est comme un miroir et la tablette (al­law ) est comme un miroir, mais
entre eux se trouve un voile. Si le voile est retiré, vous voyez dans le cœur les
images qui sont sur la tablette. Le voile est tout ce qui vous occupe55 et le cœur
est occupé dans ce monde. L'essentiel de son travail consiste à réfléchir à ce que
la perception sensorielle produit pour lui. La majeure partie de son activité
consiste à réfléchir (al­tafakkur) à ce que la perception sensorielle lui transmet.
Ainsi, il est toujours occupé lorsqu’il a une perception sensorielle. Lorsque la
perception sensorielle est inactive pendant le sommeil ou pendant une crise
d'épilepsie et lorsqu'il n'y a aucune autre occupation à l'intérieur de lui­même,
comme un mélange corrompu [des humeurs], alors peut­être que le cœur voit
certaines des images écrites sur la tablette.56

Ce passage contient de nombreuses références aux enseignements d’Avicenne sur la


prophétie. La faculté imaginative (al­quwwa al­mutakhayyila), par exemple, ne peut
chez les gens ordinaires se connecter aux âmes célestes que lorsque les sens ne sont
pas à l'œuvre. Il y a aussi une référence implicite à un passage célèbre de l'I yā
ulūm ad­dīn d'al­Ghazālī à propos d'un concours entre peintres grecs et chinois :
dans ce passage, un roi demande à deux groupes d'artistes, un chinois et un byzantin­
grec (rūmī) , chacun peindra la moitié d'une chambre pour pouvoir juger quel ouvrage
est supérieur. Chaque groupe travaillant séparément, ils sont séparés par un voile et ne
peuvent pas voir les efforts de leurs concurrents. Lorsque le voile qui sépare la chambre
est levé, les peintres grecs révèlent un portrait vivant de la création de Dieu orné de
couleurs brillantes et brillantes. En revanche, les peintres chinois avaient simplement
poli leur côté si minutieusement qu’il reflétait parfaitement la peinture des Grecs. Le roi
est très impressionné par les deux groupes. Les peintres grecs, donc al­Ghazālī,
représentent la voie des « philosophes et des savants »

54 Al­Ghazālī, al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl, 15/100b/7b–8a.


55 D'après l'édition. Les deux MSS disent : « Le voile, c’est l’occupation. »
56 Al­Ghazālī, al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl, 15/100b/7b–8a.

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

108 Griffon

(al­ ukamā wa­l­ ulāmā ) qui comprennent Dieu en acquérant les sciences et
ont obtenu leur « image » (naqsh) dans leur âme, tandis que les « amis de Dieu » (al­
awliyā ) – signifiant les Suijis – perçoivent Dieu à travers la manifestation de sa
splendeur sur leurs cœurs polis.57 Cette parabole apparaît dans le livre 21 de l’
I yā . Ce livre, Expliquer les merveilles du cœur (Shar ajā ib al­qalb) est le
seul ouvrage d'al­Ghazālī mentionné dans cette lettre, et il n'est certainement pas faux
d'utiliser cette lettre pour interpréter la parabole. Comme dans le cas des saints Suiji,
le voile qui se trouve entre l'âme de l'épileptique et le comprimé céleste est retiré, ce
qui permet à l'épileptique d'avoir un aperçu de « l'inconnu » (al­ghayb). Il a un accès
privilégié au savoir des âmes célestes.

5 Cinq attitudes à l'égard de la relation entre raison et révélation

Au début de sa réponse aux questions du chercheur, al­Ghazālī promet une « règle


universelle » (qānūn kullī) sur la manière de traiter les cas de conflit entre le sens
extérieur ( āhir) de la révélation et les résultats d'une enquête raisonnable.
Al­Ghazālī commence sa réponse en déclarant à quel point il « n'aime pas se plonger
dans ces questions et donner des réponses. Mais comme ces demandes peuvent
revenir, je mentionnerai une règle universelle (qānūn kullī) dont on peut bénéficier à
cette occasion. »58
Si l’on prend al­Ghazālī au mot, alors la « règle universelle » est ce qui vient juste
après cette phrase et qui est introduit par « . . . et je dis . . .» Le texte continue :

À première vue et après un examen superficiel, [il apparaît] qu’il y a un conflit


(ta ādum) entre ce que la raison dicte (al­ma qūl) et ce qui a été transmis
[dans la révélation] (al­manqūl). Ceux qui se sont plongés dans cette question
se divisent en [1] ceux qui exagèrent en se concentrant sur ce qui a été transmis
(al­manqūl) ; [2] ceux qui exagèrent en se concentrant sur ce que la raison dicte
(al­ma qūl) ; et [3] ceux du milieu, qui souhaitent rapprocher [la raison et la
révélation] et [les réconcilier]. Ceux du milieu [encore] se divisent en [3.1] ceux
qui font des préceptes de la raison (al­ma qūl) fondamentaux et ce qui est
transmis

57 Al­Ghazālī, I yā ulūm ad­dīn, 5 vol., Le Caire : Mu assasat al­ alabī wa­Shurakā ihi,
1387/1967­1968, 3 : 28­29. L'histoire apparaît également dans Mīzān al­ amal d'al­Ghazālī, éd.
Mu yī d­dīn abrī l­Kurdī, Le Caire : al­Ma ba a al­ Arabiyya, 1342 [1923], 37­8.
58 Al­Ghazālī, al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl, 6/94a/2b. Voir aussi Heer, « Les Canons de
Ta'wil », 48.

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

Al­Ghazālī à son plus rationaliste 109

(al­manqūl) secondaires et qui ne prêtent pas beaucoup d’attention aux


recherches sur ces dernières ; [3.2] ceux qui font de ce qui est transmis
fondamental et de ce qui est dicté par la raison secondaire et qui ne prêtent
pas beaucoup d'attention à la recherche sur ce dernier ; et [3.3] ceux qui
font de chacun des deux fondamentaux et qui désirent [ou : s'efforcent]59
de combiner les deux et de les réunir (at­ta līf wa­t­talfīq baynahumā). Il
existe donc cinq groupes. »60

Dans les trois pages suivantes, al­Ghazālī décrit ces cinq groupes sans toutefois
les identifier nommément61. Chacun des groupes représente une certaine
attitude envers la raison et la révélation qui se situe entre les extrêmes d'un
littéralisme strict d'une part et d'un autre côté, un rationalisme radical.
Concernant quelqu'un qui adhère excessivement au rationalisme, les érudits
musulmans s'accordent, ajoute al­Ghazālī, sur le fait qu'un tel rationaliste – qui
rejette tout passage biblique contradictoire en le décrivant comme une imagination
(ta wīr) du prophète inventée uniquement pour le bénéfice (ma la a) les
masses ( awāmm) – est un incroyant « à qui on devrait couper la tête ».62 La
description de ces deux groupes extrêmes est tout à fait parallèle aux passages
du Fay al at­tafriqa ultérieur d'al­Ghazālī, où ces deux attitudes sont identifiées
avec A mad ibn Hanbal et avec les falāsifa.63 Concernant ces derniers, al­
Ghazālī réitère sa condamnation juridique antérieure à la fin de son Tahāfut al­
falāsifa.64 Entre ces deux extrêmes se trouve un groupe plus modéré de
rationalistes, « qui rejettent ce ils sont difficiles à interpréter », et un groupe plus
modéré de littéralistes « qui ne réalisent le conflit entre les préceptes de la raison
et le sens extérieur que dans certaines questions marginales des sciences
rationnelles ». La cinquième et dernière attitude, qui, dans sa combinaison de
littéralisme et de rationalisme, se situe en plein milieu de ces cinq groupes, est
celle d’al­Ghazālī lui­même. Ce groupe, qui a trouvé la vérité (al­ijirqa al­
mu iqqa), nie l’existence d’une opposition ou d’une contradiction (ta āru ) entre la raison (al­

59 Ce dernier (yas ā) dans l'édition d'al­Kawtharī. Les deux MSS d'Istanbul ont yashūqu,
"désir."

60 Al­Ghazālī, al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl, 6/94a–94b/2b. Ma traduction a adopté de nombreuses


suggestions de Nicholas Heer, « The Canons of Ta'wil », 48.
61 Al­Ghazālī, al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl, 6­10 / 94a­97a / 2b­4b. Ce passage est disponible dans
une traduction anglaise dans Heer, « Les Canons de Ta'wil », 48­52.
62 Al­Ghazālī, al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl, 7/95a/3a. Heer, « Les Canons de Ta 'wil », 49.
63 Al­Ghazālī, Fay al at­tafriqa, 184, 192.
64 Al­Ghazālī, L'incohérence des philosophes / Tahāfut al­falāsifa. Un texte parallèle anglais­arabe, éd. et
trad. Michael E. Marmura, 2e. éd. (Provo [Utah] : Brigham Young Univ. Press, 2000), 226.

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

110 Griffon

Au lieu de prendre des extrêmes, ils emploient à la fois la raison et la révélation comme deux
fondements importants (singl. a l) de leur enquête.65
Dans son explication de ces attitudes vivantes à l'égard du conflit entre raison et révélation, al­
Ghazālī indique que la question de savoir quels passages de la révélation doivent être interprétés
allégoriquement dépend d'une distinction appropriée de ce qui est (1) possible selon la raison,
(2) impossible selon la raison, et ce que (3) la raison ne peut décider comme étant soit possible,
soit impossible.66 Encore une fois, c'est un sujet qu'il a traité plus tard dans son Fay al at­
tafriqa, où il explique ce qui vient d'être indiqué ici. .67 Dans ce contexte de ce qui est impossible
selon la raison, al­Ghazālī fait allusion à quelques exemples de conflits doctrinaux entre ces cinq
groupes, concernant, par exemple, la signification de mots tels que « ce qui précède » (al­ fawq)
ou « assis droit » (al­istiwā ) lorsqu'il est appliqué à Dieu.

L'explication d'Al­Ghazālī sur l'attitude du cinquième groupe, c'est­à­dire celui qui a une
position correcte, le conduit à trois « recommandations » (wa āyā, singl. wa iyya). Deux de
ces trois « recommandations » seront plus tard transformées en livres indépendants d’al­Ghazālī.
La première recommandation est simplement un aveu d’ignorance et une expression de l’ attitude
bi­lā­kayf du kalām ash arite : il ne faut pas aspirer à une compréhension complète de la
révélation, dans la mesure où certains passages de la révélation sont tout simplement
incompréhensibles et ne sont pas destinés à être interprété par la raison. Cette position est
confirmée par la déclaration coranique selon laquelle « la connaissance ne vous a été donnée
que peu. »68
La deuxième recommandation exprime le plus clairement le rationalisme d'al­Ghazālī : ne
jamais nier le témoignage de la raison. Ou, comme le dit al­Ghazālī : « Une démonstration
rationnelle [valable] n’est jamais fausse. »69 Si la raison est correctement appliquée dans un
argument démonstratif – un burhān – alors elle ne peut affirmer aucun mensonge.
La raison est le témoin de la révélation par lequel on connaît la vérité de celle­ci.
L'Apocalypse nous parle de détails que la raison pourrait ne pas être en mesure de prouver,
mais la raison est le témoin de caractère de la vérité de la révélation, sans laquelle la vérité de la
révélation ne serait pas acceptée : « Comment la véracité d'un témoignage peut­elle être

65 Al­Ghazālī, al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl, 9/97b/4a. Heer, « Les Canons de Ta'wil », 51.
66 Al­Ghazālī, al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl, 8/95b­96b/3b­4a. Heer, « Les chanoines de Ta 'wil »,
50­51.
67 Al­Ghazālī, Fay al at­tafriqa, 187. J'essaie d'expliquer les idées d'al­Ghazālī sur ce sujet dans mon Al­
Ghazālī's Philosophical Theology, 110­16.
68 Q 17:85.
69 Arabe. « lā yakdhibu burhānu l­ aqli a lan » ; al­Ghazālī, al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl, 10/97a/5a.
Heer, « Les Canons de Ta 'wil », 52.

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

Al­Ghazālī à son plus rationaliste 111

être connu grâce au témoignage d'un témoin de moralité qui a tort ? »70 Le témoin de
moralité doit avoir raison afin de convaincre le tribunal de la véracité du témoin principal
dans un procès. Le témoin principal (ash­shāhid) dans cette comparaison est la révélation,
qui nous informe sur des choses cachées à toute autre source de connaissance. Le témoin
de moralité (muzakkī) qui témoigne de la véracité du témoin principal ( idq) est la raison.
L’ensemble de l’édifice de la religion révélée, affirme al­Ghazālī dans cette lettre, repose
sur la raison, et si la raison n’était pas fiable, la fiabilité de la révélation ne pourrait pas
être établie.
Cette recommandation sera plus tard transformée dans son livre Fay al at­tafriqa, où
al­Ghazālī traite également de la règle selon laquelle les conclusions d'arguments ou de
démonstrations apodictiques (singl. burhān) doivent être acceptées.71 Nulle part,
cependant, il n'est aussi direct et aussi direct. aussi direct que dans cette lettre. Dans son
Fay al at­tafriqa, il soulignera le principe ash arite selon lequel la révélation doit être
interprétée de manière allégorique chaque fois que son sens extérieur entre en conflit avec
les préceptes de la raison. Il y établira également un raisonnement démonstratif au sens
aristotélicien de prémisses indubitables avec des syllogismes corrects comme étalon de la
raison. Pourtant, même dans le Fay al, il ne déclare pas qu’un argument démonstratif ne
peut jamais être faux, bien que cela soit clairement implicite.
Enfin, la troisième recommandation est de ne pas se lancer dans une interprétation
allégorique (ta wīl) lorsqu’on n’est pas sûr de l’intention (murād) du texte révélé. Dans
les cas où il existe diverses possibilités opposées quant à la signification du texte, il
convient simplement de s'abstenir de préciser l'une d'entre elles. Cette recommandation
sera également transformée plus tard en un livre : dans Retenir les gens ordinaires de la
science du Kalām (Iljām al­ awāmm an ilm al­kalām), al­Ghazālī donne des
indications très claires à ses collègues érudits sur ce qui peut et doit être fait. être divulgué
sur sa vision de la signification de la révélation et de ce qui ne devrait pas être divulgué.
Le principe selon lequel seules des interprétations bien établies et sans ambiguïté
devraient sortir de la bouche d’un érudit figure en bonne place sur cette liste.72

70 Arabes. « fa­kayfa yu rafu idqu sh­shāhidi bi­tazkiyati l­muzakkī l­kādhib ? al­Ghazālī, al­Qānūn al­
kullī fī t­ta wīl, 49/97b/5a.
71 Al­Ghazālī, Fay al at­tafriqa, 188. Voir aussi Griffel, Al­Ghazālī's Philosophical Theology,
120­21.

72 Dans Iljām al­ awāmm an ilm al­kalām, éd. Mu ammad M. al­Baghdādī (Beyrouth : Dār al­Kitāb
al­ Arabī 1406/1985), 53­86, al­Ghazālī formule sept « devoirs » (singl. wa īfa) continus pour
tous visant à comprendre les passages du révélation où le āhir est différent de ce que la raison
impose. Plusieurs de ces devoirs réitèrent le commandement de
s'abstenir de ta wīl partout où l'on a des doutes sur ce à quoi la révélation fait référence. Voir
Griffel, Théologie philosophique d'Al­Ghazālī, 266­268.

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

112 Griffon

6 Vérifier la révélation par la raison

Dans la partie centrale de l'épître, al­Ghazālī explique et analyse également cinq


différentes attitudes que les érudits ont développées à l'égard de cette relation.
Le plus intéressant est, bien entendu, la description de sa propre attitude, qui apparaît
à deux endroits : d’abord, lorsqu’il explique le cinquième groupe d’érudits et, ensuite,
lorsqu’il présente ses trois recommandations. Nous avons déjà souligné que la deuxième
recommandation – selon laquelle aucun argument démonstratif ne peut être erroné –
apparaît ici sous sa forme la plus explicite dans l'œuvre d'al­Ghazālī. Pourtant, même
s’il n’est pas explicitement énoncé, cet enseignement est au moins implicitement exprimé
dans d’autres ouvrages, notamment dans son Fay al at­tafriqa. Dans la description du
ijcinquième groupe, cependant, al­Ghazālī inclut un enseignement véritablement
nouveau, dans la mesure où il serait considéré comme bid a (« innovation hérétique »)
par certains – voire plusieurs – de ses pairs au sein de l’Ash arite. école.
Le cinquième groupe se situe au milieu des attitudes ijives et il « rassemble l’étude
de ce que la raison dicte et de ce qui a été transmis » à partir de la révélation.73 Les
membres de ce groupe acceptent à la fois le ma qūl et le manqūl comme fondements
de leurs vues et nient un conflit entre ces deux­là.
La raison sous­jacente pour laquelle ces deux éléments ne s’opposent pas est le fait
que la raison vérifie la révélation :

Celui qui dit que la raison ( aql) n’est pas vraie dit aussi que la révélation n’est
pas vraie car c’est seulement par la raison que la vérité de la révélation ( idq ash­
shar ) est connue. Si cette raison n’était pas vraie ( idq dhālika l­ aql)74, nous
ne connaîtrions pas la différence entre le vrai prophète et le faux (al­mutanabbī),
ni entre celui qui dit la vérité et celui qui dit une vérité. mensonge (a ­ ādiq wa­
l­kādhib).75

Al­Ghazālī justifie son attitude rationaliste et le fait qu’il accorde à la raison un rôle tout
aussi central que la révélation car, dit­il, seule la raison peut distinguer le vrai prophète
d’un imposteur en jugeant si son message est compatible avec ce que dicte la raison.
Traditionnellement, les théologiens ash arites vérifiaient les affirmations d'un vrai
prophète et le distinguaient d'un imposteur.

73 Arabe. « hiya al­ijirqa al­mutawassi a al­jāmi a bayna al­ba th an al­ma qūl wa­l­manqūl » ;
al­Ghazālī, al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl, 9/96b/4a. Heer, « Les Canons de Ta'wil », 51.
74 D'après MS Ayasofya 2194. L'édition et les autres MS ont : « N'était­ce pas le
preuve de la raison ( idq dalīl al­ aql) [. . .].”
75 Al­Ghazālī, al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl, 9/96b/4a–b. Voir aussi l'Engl légèrement différent. trans.
dans Heer, « Les Canons de Ta'wil », 51.

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

Al­Ghazālī à son plus rationaliste 113

seulement par l’acceptation des miracles accomplis dans l’histoire et attestés à travers
une chaîne ininterrompue de traditions (tawātur). Au début de l’ash arisme jusqu’à al­
Ghazālī, seuls les miracles pouvaient confirmer la prophétie et ainsi vérifier la révélation.
Toute tentative humaine de distinguer un prophète d'un imposteur en jugeant son
message, ses règles morales ou sa conduite suppose une connaissance de ce qui est
vrai, faux, bien ou mal avant la révélation et doit donc être rejetée. Pour les premiers
Ash arites jusqu'à la génération d'al­Ghazālī, la religion révélée reposait sur un miracle
prophétique combiné à un défi lancé aux adversaires du Prophète qu'ils ne peuvent
relever.76
Nous savons qu'al­Ghazālī différait de cette position et ne soutenait pas que toute
prophétie devait être établie par des miracles.77 Bien qu'al­Ghazālī n'ait pas nié l'existence
des miracles prophétiques, il les décrit comme une mauvaise méthode pour établir
quelque chose d'aussi important. comme religion révélée. Comme nous l'avons déjà
appris, les miracles peuvent être facilement confondus avec la sorcellerie ; en tant que
tels, ils constituent un critère peu fiable pour la vérité de la révélation. Dans son Ihyā
ulūm ad­dīn, al­Ghazālī conforte cette affirmation en racontant l’histoire du veau d’or :
« Quiconque est devenu croyant en voyant un serpent est devenu par inadvertance un
incroyant en voyant un veau »,78 c’est­à­dire : tous ces Israélites qui étaient convaincus
du caractère prophétique de Moïse par ses miracles furent également persuadés, au
moyen de la sorcellerie, d'accepter le faux prophète qui leur avait fait construire le Veau
d'Or.79 Ainsi, pour al­Ghazālī, la vraie prophétie ne peut être établie par des miracles. ;
trop souvent, les gens se trompent et confondent les véritables miracles avec la magie.
Dans son autobiographie al­Munqidh min a ­ alāl, al­Ghazālī suggère un critère
différent qu'il compare à la pratique Suiji. Pour commencer, al­Ghazālī reconnaît que
chaque humain est doté d’un moyen de juger les affirmations d’un prophète. Ce moyen
est indépendant de la vérité de la révélation et de tout miracle qui aurait pu être accompli.
Ici, dans le Munqidh, cela signifie non pas une connaissance rationnelle mais une
« expérience » (tajriba) : la reconstitution des prescriptions rituelles de la révélation (par
exemple, pendant la prière ou le jeûne du Ramadan) ou la récitation du texte révélateur
(c'est­à­dire le Coran), fournit un effet positif répété et ouvertement perçu sur l'âme. Le
type de connaissance décrit par al­Ghazālī dans le Munqidh est une connaissance
théorique sur les effets du travail d'un prophète. L’expérience de ces connaissances
théoriques est cependant décrite en termes pratiques :

76 Griffel, « Le concept de prophétie d'Al­Ġazālī », 101­104.


77 Griffel, Théologie prophétique d'Al­Ghazālī, 194­201.
78 Ibid., 197, voir al­Ghazālī, I yā , 4 : 315.
79 Q 20 :83­98.

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

114 Griffon

Si vous avez compris le sens de la prophétie et passé beaucoup de temps à


réfléchir (aktharta an­na ar) sur le Coran et l' akhbār, vous acquerrez la
connaissance nécessaire que Mahomet – que la bénédiction et la paix de Dieu
soient sur lui – était au plus haut niveau de prophétie. . Ceci est étayé par
l’expérience personnelle (tajriba) de ce qu’il dit des devoirs rituels et des effets
qu’ils ont sur la purification des âmes (lit. cœurs, qulūb).80

Nous savons qu'une révélation est vraie lorsque son étude conduit à l'expérience de
guérison ou d'amélioration de l'âme. C'est l'expérience répétée de l'œuvre de guérison
du prophète sur l'âme, pour ainsi dire, qui crée la certitude quant à sa prophétie. Ici,
dans le Munqidh, la rationalité ( aql) n’est pas citée comme critère pour juger de la
vérité de la révélation, bien que l’utilisation du terme réflexion (na ar) dans la citation
ci­dessus puisse être une allusion voilée à la rationalité. Dans le Munqidh, cependant,
l’accent est mis sur l’expérience (tajriba), et il s’agit principalement de l’expérience de
la pratique religieuse. Al­Ghazālī appelle ce type d’expérience dhawq, « dégustation »,
et il la relie à ce que font les Suijis et à la façon dont ils vivent la religion.
La position selon laquelle nous pouvons distinguer un vrai prophète d’un imposteur
en jugeant son message selon la raison est un rationalisme plus radical que ce que
suggère al­Ghazālī dans son al­Munqidh min a ­ alāl. Pourquoi est­ce différent ?
Al­Ghazālī a­t­il changé d’attitude entre l’année 490/1097 où il écrivit très probablement
cette épître et 500/1106, où il rédigea son autobiographie ? Bien que cela ne soit pas
impossible, il est prouvé qu’al­Ghazālī n’a jamais changé de position sur cette question ;
en effet, il existe des preuves que sa position dans al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl était sa
véritable position. Le type de vérification qu’il propose dans al­Munqidh min a ­ alāl
pourrait être une représentation différente de cette position, visant à diminuer le rôle de
la raison et à souligner celui de l’expérience (tajriba). Apparemment, al­Ghazālī a
présenté sa position très rationaliste sur la vérification de la prophétie de deux
manières : dans la première, dans une lettre privée adressée à un étudiant personnel,
il a admis ce qui ne peut, dans le contexte de la théologie ash arite, être considéré
comme une innovation rationaliste ; dans le second, inscrit dans une autobiographie
adressée à un public plus large, il exprime son point de vue dans des termes qui en
modèrent le ton rationaliste.
Des preuves de cette interprétation peuvent être trouvées dans The Correct Balance
(al­Qistās al­mustaqīm), accepté à l'unanimité comme étant un ouvrage tardif écrit juste
avant le Munqidh dans la période peu avant l'activité d'enseignement d'al­Ghazālī à la
madrasa Ni āmiyya à Nishapur (vers 499/1106). Al­Ghazāli écrit :

80 Al­Ghazālī, al­Munqidh min a ­ alāl, 43.

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

Al­Ghazālī à son plus rationaliste 115

De même, j’ai acquis la foi en la véracité de Muhammad (āmantu ana bi­ idqi
Mu ammad) – que la paix soit sur lui – et en la véracité de Moïse – que la
paix soit sur lui – non pas en raison de la fente de la lune et du changement
de bâton. en serpent, car cette voie est ouverte à beaucoup d'ambiguïtés et il
ne faut pas s'y fier. [. . .] Au contraire, j'ai appris les équilibres [à savoir.
arguments syllogistiques] du Coran, puis j'ai pondéré par lui toute la
connaissance [suggérée] de Dieu (al­ma ārif al­ilāhiyya), et des états dans
l'au­delà, du châtiment des méchants et de la récompense des obéissants. ,
tout comme je le mentionne dans [mon] livre Jawāhir al­Qur ān, et j'ai trouvé
tout cela en accord avec ce qui est dans le Coran et dans l' akhbār. Ainsi, j’ai
acquis la certitude (tayaqqantu) que Mahomet – que la paix soit sur lui – est
véridique et que le Coran est véridique ( aqq).81

Ici, al­Ghazālī utilise une terminologie qu'il a lui­même inventée et qu'il explique
ailleurs dans al­Qistās al­mustaqīm. Dans cette langue, il explique qu’il a scruté la
connaissance disponible sur Dieu au moyen, comme il le dit, des « balances » (al­
mawāzīn), un mot qui fait référence à la méthode logique syllogistique.
Grâce à une analyse rationnelle rigide, il a pu déterminer quels enseignements sur
Dieu et l’au­delà sont vrais. Une fois la vérité sur ces deux sujets déterminée de
manière rationaliste, al­Ghazālī la compare à la révélation divine et constate qu’elle
est en accord (muwāfaqa) avec ce qu’il a trouvé vrai par la raison. Cela lui a donné
la certitude que le Coran est une véritable révélation divine. Cette position est la
même que celle de sa lettre à Abū Bakr ibn al­ Arabī, où al­Ghazālī dit que « c’est
seulement par la raison ( aql) que la vérité de la révélation est connue ».

7 Conclusions

Al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl est, malgré sa brièveté, un témoignage textuel important
pour notre compréhension de l'attitude d'al­Ghazālī envers la révélation divine. Le
texte est étroitement lié à son Fay al at­tafriqa , mais il représente un engagement
antérieur dans la stratégie d'interprétation allégorique de la révélation partout où son
sens extérieur ( āhir) entre en conflit avec ce qui est connu de la raison.82 Ici, al­
Ghazālī prend position. c'est beaucoup plus rationaliste que dans le Fay al

81 Al­Ghazālī, al­Qistās al­mustaqīm, éd. Victor Chelhot, Beyrouth : Imprimerie Catholique,


1959, 81.
82 Voir fnn. 35, 41, 63.

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

116 Griffon

et plusieurs de ses autres écrits : « La raison serait­elle fausse, alors peut­être serait­elle
également fausse lorsqu'elle établit [la vérité] de la révélation puisque c'est par la raison que
nous connaissons [la vérité] de la révélation. »83 La révélation est vérifiée par com ­ en
comparant son message avec ce qui est déterminé de manière décisive par la raison. Après
avoir passé l'épreuve de la raison, le message des prophètes devrait alors être accepté comme une révélation d
Un tel point de vue n’avait jamais été avancé par un théologien de l’école Ash arite. Que telle
soit réellement la position d'al­Ghazālī sur ce sujet peut être corroboré par les commentaires
de ses autres ouvrages, où ce point de vue n'est pas expliqué mais simplement évoqué. Le
passage que j'ai cité d' al­Qistās al­mustaqīm
est l’un des plus concluants. Plus détaillé est un bref commentaire sur la raison

et révélation dans l'introduction de ses Choix essentiels de la science des principes [du droit] (al­
Musta fā fī ilm al­usūl), un ouvrage également de sa dernière période.
Là, al­Ghazāli dit :

La raison indique que le Prophète dit la vérité ; elle se rejette alors et s'engage à accepter
tout ce que véhiculent les paroles des prophètes concernant [les sujets] de Dieu et du
Jour dernier, à condition que la raison n'ait pas de moyen indépendant de percevoir cela
et ne le juge pas non plus impossible.84

Une autre indication de cette position se trouve dans l'autobiographie d'al­Ghazālī, al­Munqidh
min a ­ alāl. Il y dit que si l'on a compris le sens de la prophétie et « passé beaucoup de
temps à réfléchir sur le Coran et l' akhbār », on acquerra les connaissances nécessaires sur la
prophétie de Mahomet.85 « Réfléchir » (an­na ar) pourrait bien signifier comparer le Coran et
le adīth avec ce qui est connu de la raison. Si tel est le cas, cela ferait allusion à un
enseignement qu’al­Ghazālī n’a jamais pleinement expliqué dans aucun autre ouvrage que cette
lettre à l’un de ses étudiants. Cette dernière remarque en particulier a dérouté bon nombre de
ses lecteurs et a déclenché un certain nombre de commentaires dans le domaine des études
sur les Ghazālī.86

83 « loi khadhaba al­ aqlu fa­la allahu khadhaba fī ithbāti ash­shar i idh bihi arafnā sh­shar » ; al­
Ghazālī, al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl, 10/97a–98b/5a. Voir aussi l'Angl. trad. dans Heer, « Al­Ghazali.
Les chanoines de Ta'wil », 52.
84 Arabe. « al­ aql yadullu alā idq an­nabī » ; al­Ghazālī, al­Musta fā min ilm al­usūl, éd. amza ibn
Zuhayr āiji , 4 vol. (Médine [Arabie Saoudite] : al­Jāmi a al­Islāmiyya – Kulliyyat ash­Sharī a,
1413 [1992­93]), 1 : 14.
85 Voir note de bas de page. 80 ci­dessus.

86 Voir Duncan B. MacDonald, « The Life of al­Ghazzālī, avec des références particulières à son expérience
religieuse et à ses opinions », Journal of the American Oriental Society, 20 (1899) : 71­132, en
particulier. 96 ; Arend Th. van Leeuwen, Ghazālī als Apologeet van de Islam (Leyde : E. Ijdo, 1947)
95­98, 181 ; Vincenco M. Poggi, Un classico della spiritualià musulmana (Rome : Libreria

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

Al­Ghazālī à son plus rationaliste 117

Ici, dans sa lettre à Abū Bakr ibn al­ Arabī, al­Ghazālī explique l’argument qui sous­
tend ce commentaire. Dans un premier temps, il affirme que les résultats d’un argument
démonstratif (burhān al­ aql) ne peuvent être que corrects et vrais.87 Deuxièmement,
ce qui est établi au moyen d’arguments démonstratifs fonctionne comme un témoin de
caractère (muzakkī) pour la vérité de la révélation.88 Une fois que la raison a établi
qu'une certaine révélation est véridique et digne de confiance, cette révélation est
acceptée dans son intégralité comme source d'information sur des sujets sur lesquels la
raison n'a rien à dire, comme les attributs de Dieu ou l'au­delà, par exemple. Les grandes
lignes de cet argument étaient déjà connues du rationaliste Ash arite postérieur Fakhr
ad­Dīn ar­Rāzī. Dans ses Poursuites exaltées (al­Ma ālib al­ āliya), son ouvrage
majeur sur la théologie, il dit que la manière la plus avancée de vérifier la révélation est
de la comparer avec ce qui est connu de la raison. Dans un premier temps, nous
établissons, par une enquête raisonnable, ce qui est vrai ( aqq) dans la connaissance
théorique et ce qui est juste ( awāb) dans la connaissance pratique. Dans un deuxième
temps, nous étudions les affirmations d'un certain prophète, « et si nous constatons que
son message inclut une forte incitation pour que les gens passent du mensonge à la
vérité, alors nous savons qu'il est un vrai prophète et qu'il faut le faire. suivez­le.89
Jusqu’à présent, on avait supposé que Fakhr ad­Dīn ar­Rāzī était le premier Ash arite
à utiliser cette méthode pour vérifier la révélation.90 Or, nous pouvons dire qu’al­Ghazālī l’a précédé en ce
Cette façon de penser la révélation est différente à la fois des premiers Ash arites
et des falāsifa. Les Ash arites antérieurs n’auraient pas accepté que le message divin
soit vérifié par quelque chose d’aussi faillible et incertain que la connaissance théorique
humaine. Al­Ghazālī répond à cela en acceptant la démonstration (burhān) comme
moyen infaillible d’établir la vérité ; ici, il est d'accord

dell'Università Gregoriana, 1967) : 242­245 ; George F. Hourani, « Ghazālī on the Ethics of Action »,
dans : Journal of the American Oriental Society, 96 (1976) : 69­88, en particulier. 87­88 ; Richard M.
McCarthy dans les notes de sa traduction anglaise d'al­Ghazālī, Deliverance from Error
(Louisville [Kenn.] : Fons Vitae, 2000), 120 ; et Frank, Al­Ghazālī et l'école Ash arite, 67­68.

87 Voir note de bas de page. 69 ci­dessus.

88 Voir note de bas de page. 70 ci­dessus.

89 Ce passage semble déformé dans l’édition standard de Fakhr ad­Dīn ar­Rāzī, al­Ma ālib al­ āliya min al­
ilm al­ilāhī, ed A mad ijāzi as­Saqqā, 9 parties en 5 vol., Beyrouth : Dār al­Kitāb al­ Arabī, 1987, 8 :
103. Une lectio difijicilior est proposée dans une édition partielle antérieure de cet ouvrage, publiée sous
le titre an­Nubuwwāt wa­mā yata allaq bihā, éd. A mad ijāzi as­Saqqā, Le Caire : Maktabat al­Kulliyya
al­Azhariyya, 1985, 163. Voir aussi le court recueil de Fakhr ad­Dīn ar­Rāzī, Ma ālim u ūl ad­dīn, éd.
ā ā Abd ar­Ra ūf Sa d, Le Caire : al­Maktaba al­Azhariyya li­t­Turāth, 2004, 98­101. Sur ces
enseignements de Fakhr ad­Dīn, voir Sabine Schmidtke, The Theology of al­ Allāma al­ illī, Berlin :
Klaus Schwarz, 1991, 151­2.
90 Griffel, « Le concept de prophétie d'Al­Ghazālī », 104­13, 141.

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

118 Griffon

avec le falāsifa. Contre le falāsifa, al­Ghazālī affirme qu’une fois que la raison a légitimé la
vérité de la révélation, c’est la révélation qui doit être préférée dans des domaines qui
échappent à la méthode démonstrative. Que le message prophétique devienne une source
de connaissance dépassant la méthode démonstrative est une notion que les falāsifa
n’auraient jamais acceptée. Pour les falāsifa comme Ibn Sīnā ou Ibn Rushd, qui s’inscrivent
dans la tradition d’al­Fārābī, la révélation n’est qu’une manière différente d’exprimer la
même vérité établie par les démonstrations.
La révélation ne pourra jamais dépasser la raison et elle ne peut être acceptée comme une
source de connaissance supérieure à l’apodeixis (burhān).
Quelle est alors la fameuse « règle universelle » (al­qānūn al­kullī) concernant la pratique
de l’interprétation allégorique de la révélation ? Si l’on suit les paroles de l’épître d’al­
Ghazālī, cette règle est l’idée selon laquelle il n’y a pas de conflit (ta ādum) entre la raison
et la révélation, même si l’on peut avoir une telle impression (« au premier coup d’œil et
après un examen superficiel »). ).91 Il est préférable d'accepter à la fois la raison et la
révélation comme fondements (singl. a l) de sa connaissance et de nier toute opposition
(ta āru ) entre les deux. C’est la plus modérée des cinq approches de la question,
associant ( jama a) raison et révélation. Mais tout cela ne sont que des affirmations
théoriques. En termes de conseils pratiques sur la manière de poursuivre son interprétation
allégorique (ta wīl) de passages difficiles de la révélation, la règle universelle se compose
de trois recommandations (singl. wa iyya) : (1) faire preuve de patience et n'aspirer pas
à parvenir à une compréhension complète. compréhension de la révélation divine; (2) ne
présumez pas que la conclusion d’un argument véritablement démonstratif puisse être
fausse ; et (3) ne vous engagez pas dans une interprétation allégorique de la révélation
partout où il existe différentes possibilités de ce que le texte peut signifier.

Il convient de noter que plus tard dans son Fay al at­tafriqa al­Ghazālī utilisera à
nouveau le mot « règle » en relation avec l'interprétation allégorique. La « règle de
l'interprétation allégorique » (qānūn at­ta wīl) dans cet ouvrage est beaucoup plus
spécifique et consiste dans le principe selon lequel on ne peut s'engager dans une
interprétation allégorique (ta wīl) d'un texte révélé qu'une fois un argument démonstratif
(burhān ) a prouvé que la signification extérieure ( āhir) d’un passage de la révélation est
impossible.92 Dans cet ouvrage, l’apodeixis (burhān) devient l’étalon pour s’engager dans
une interprétation allégorique. Ici, dans cette brève épître, l'apodeixis est l'étalon de

91 Arabe. « fī awwal an­na ar wa­ āhir al­ijikr », al­Ghazālī, al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl, 6/94a/2b.
Heer, « Les Canons de Ta'wil », 48.
92 al­Ghazālī, Fay al at­tafriqa, 184, 187. Sur la « règle de l'interprétation allégorique » (Qānūn at­ta
wīl) dans le Fay al voir Griffel, al­Ghazālī's Phiosophical Theology, 111­122 et idem, Apostasie
und Toleranz im Islam : Die Entwicklung zu al­Ġazālīs Urteil gegen die Philosophie und die
Reaktionen der Philosophen, Leiden : Brill 2000, 304­19, 333­5, 432­33 et 466­67.

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

Al­Ghazālī à son plus rationaliste 119

vérification de la révélation. Si l’on compare ces deux ouvrages, la courte épître circulant
sous le titre al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl de 490/1097 représente une étape antérieure et
moins méthodologiquement ijirme de la réflexion sur le ta wīl. Le contexte rationaliste
des deux œuvres est cependant le même et il est exprimé ici plus clairement et plus
explicitement que dans le Fay al at­tafriqa.
Enfin, nous devons revenir au début de ce chapitre et nous demander si Ibn Taymiyya
a raison en affirmant que « ar­Rāzī et ses disciples » considéraient la position selon
laquelle la raison est le fondement (a l) de la révélation comme une « règle universelle ». »
Ibn Taymiyya a à la fois raison et tort sur ce point : il a tort lorsqu’il sous­entend que
Fakhr ad­Dīn et al­Ghazālī appellent la raison le fondement (a l) de la révélation.
Al­Ghazālī dit que la meilleure position concernant le conflit entre raison et révélation est
de faire de la raison et de la révélation « un fondement important ».93 Seul le groupe le
plus radical du côté des rationalistes, qu'al­Ghazālī identifie avec les falāsifa, adopte la
raison comme seul fondement de son enquête. Ibn Taymiyya a également tort lorsqu'il
laisse entendre qu'al­Ghazālī et Fakhr ad­Dīn ar­Rāzī croyaient que « la raison contredit
[les informations qui viennent des prophètes] » (al­ aql yu āri u [mā jā at bihi al­
anbiyā ]). Dans cette épître, al­Ghazālī tient plutôt à nier l’existence d’une opposition
ou d’une contradiction (ta āru ) entre la raison (al­ aql) et la révélation (ash­shar ).
Une telle opposition n'est qu'une impression ; en réalité ( aqqan) , une telle opposition
n’existe pas.94 Ibn Taymiyya a donc probablement tort lorsqu’il suggère que Fakhr ad­
Dīn avait dit ou laissé entendre que la raison est le fondement de la révélation, ayant
donc le privilège de s’y opposer.

Pourtant, il existe un niveau où les accusations d’Ibn Taymiyya semblent correctes.


Tout dépend de ce que l’on entend par « fondation » (a l) et là, les deux parties ont une
compréhension différente. Dans cette lettre, al­Ghazālī utilise a l pour signifier
« principale source d’information ». Il a raison de dire que les modérés – y compris, bien
sûr, lui et ses partisans – utilisent à la fois la raison et la révélation comme sources une
fois la véracité de cette dernière établie. La principale accusation d'Ibn Taymiyya contre
ses adversaires rationalistes de la théologie musulmane est qu'ils considèrent la raison
comme le fondement de la révélation. « Fondation » signifie ici « principal moyen de
vérification ». Les adversaires d'Ibn Taymiyya disent qu'un rejet de la raison impliquerait
un rejet de la révélation : « Rejeter le fondement d'une chose, c'est rejeter la chose elle­
même. »95 Al­Ghazālī et Fakhr ad­Dīn ar­Rāzī croyaient tous deux que la révélation est
vérifiée. par la raison et au moins al­Ghazālī

93 « al­ijirqatu [. . .] al­jā ilatu kulla wā idin minhumā a lan muhimman; al­Ghazālī, al­Qānūn al­kullī fī t­ta wīl, 9/97b/4a. Heer, « Al­Ghazali.

Les chanoines de Ta'wil », 51.

94 Voir note de bas de page. 65.

95 Voir note de bas de page. 2.

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA


Machine Translated by Google

120 Griffon

exprimait explicitement qu'un rejet de la raison conduirait également à un rejet de la révélation. La


raison est le « témoin de caractère » de la révélation, comme le dit al­Ghazālī, et si la raison pouvait se
tromper sur quelque chose, comment pourrions­nous supposer qu’elle a raison lorsqu’elle témoigne de
la vérité de la révélation ? « Celui qui qualifie la raison de fausse qualifie également la révélation de
fausse », dit al­Ghazālī dans cette épître, « parce que c'est par la raison que la vérité de la révélation
est connue. »96 C'est la position à laquelle Ibn Taymiyya s'est opposé et il semble clair que cela C’est
ce qu’il entend par « la raison étant le fondement de la révélation » (al­ aql a l an­naql). Si la vérité
de la révélation ne peut être connue que par la raison, alors la raison en est le fondement. C’est ainsi
qu’Ibn Taymiyya a compris la lettre d’al­Ghazālī à Abū Bakr ibn al­ Arabī et c’est pourquoi pour lui la
« règle universelle » s’identifie au principe selon lequel « la raison est le fondement de la révélation ».97
Il avait pourtant raison : seulement tant que l’on entend par « fondement » (a l) la position selon
laquelle la révélation est vérifiée par la raison. À propos du Dar ta āru d'Ibn Taymiyya, nous
pouvons maintenant conclure : ce qui a déclenché sa rédaction était – selon son passage introductif –
l'opinion défendue par les opposants à ses tels al­Ghazālī et Fakhr ad­Dīn ar­Rāzī selon laquelle la
révélation est vérifiée par la raison et que le la vérité de la révélation dépend de la vérité de la raison.

96 « man kadhdhaba al­ aqla fa­qad kadhdhaba ash­shar a idh bi­l­ aqli urifa idqu ash­shar » ; al­Ghazālī, al­
Qānūn al­kullī fī t­ta wīl, 9/96b/4a–b. Heer, « Al­Ghazali. Les Canons de Ta'wil », 51. Voir aussi fn. 75 et 83.

97 Ibn Taymiyya, Dar ta āru , 1 : 4 : « ar­Rāzī et ses partisans font de cette position une position universelle.
règle".

À l'usage de l'auteur uniquement | © 2015 Koninklijke Brill SA

Vous aimerez peut-être aussi