L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes

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TRIBUNE LIBRE DE LA LUTTE DES CLASSES H E B D O M A D A I R E D U PA R T I O U V R I E R I N D É P E N D A N T POI

AFP
LA COLÈRE GRONDE DANS TOUTE L’EUROPE

Révolte des paysans :

ils veulent vivre de leur travail

Solidarité avec les agriculteurs !

AFP

ÉCOLE
PALESTINE
Grève
Manifestations pour un cessez-le-feu, sous les fenêtres
jusqu’en Israël de la ministre
Oudéa-Castéra
le 25 janvier

Tel Aviv, le 18 janvier.

Pages 8, 9 et 12 Page 4
2 INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 792 À LA UNE Semaine du 25 au 31 janvier 2024

Macron responsable !
Pierre Valdemienne

aysans, la colère en marche ». C’est

« P par ce titre que le journal écono-
mique La Tribune dimanche
(21 janvier) a décidé d’ouvrir son
édition. Depuis plusieurs mois, la colère
couve chez les agriculteurs : il faut remonter à
mi-novembre dernier avec l’opération « pan-
neaux retournés » où les panneaux de signali-
sation à l’entrée des communes ont été mis à
l’envers dans des dizaines de départements,
pour signifier que l’agriculture marche sur la
tête et pour tenter de « sensibiliser l’opinion »,
comme on dit, sur la situation calamiteuse
des agriculteurs, avec des actions revendi-
quées ouvertement pour « ne pas déranger ».
Portés par le contexte en Europe, où des mobi-
lisations importantes ont lieu notamment en
Allemagne, mais aussi dans un certain nombre
de pays de l’Est, et constatant que les actions
visant à « ne pas déranger » avaient rempli l’ob-
jectif (c’est-à-dire ne déranger personne, pas
même le gouvernement), les agriculteurs ont
décidé d’engager des actions efficaces pour se
faire entendre.
C’est ainsi que depuis plusieurs jours désormais,
des barrages sont organisés sur les principaux
axes routiers du pays (A 64, A 16, A 7, A 29…),
mais aussi des blocages ont lieu – comme ça a
été le cas pour la centrale nucléaire de Golfech,
dans le Tarn-et-Garonne – pour demander des
mesures concrètes en faveur des agriculteurs.
Ce que demandent l’immense majorité des agri-
culteurs, entre autres, ce sont des prix garantis
par l’Etat (cf. ci-contre interview de Didier Gadéa,
secrétaire général du Modef). Et comme l’im-
mense majorité des travailleurs de ce pays, ils
demandent juste à pouvoir vivre de leur travail.

ILS ONT RAISON ! SOLIDARITÉ TOTALE
AVEC LES AGRICULTEURS !
En réponse, le Premier ministre, Gabriel Attal,
a reçu le principal syndicat, la FNSEA, lundi, et
doit recevoir la Confédération rurale ce mardi
après-midi, puis la Confédération paysanne,
mercredi matin. A l’heure où ces lignes sont
écrites, le Premier ministre n’a répondu à rien :
il a simplement informé qu’il ferait des pre-
mières annonces dans la semaine. Au même
moment, le ministre de l’Economie, Bruno Le
Maire, vient d’annoncer une augmentation de
quasiment 10 % du prix de l’électricité, impac-
tant directement les coûts des installations agri-
coles, notamment.
En réaction, et malgré le tragique accident qui
a coûté la vie à une agricultrice et à celle de sa
fille en Ariège, les agriculteurs décident de
poursuivre et d’intensifier les blocages, partis
« d’en bas », sans consigne, voire contre les
consignes des dirigeants de la FNSEA notam-
ment, qui se retrouvent bien souvent débordés
par la base, ce qui inquiète le gouvernement
qui redoute une « giletjaunisation » du mou-
vement. A Rennes, une manifestation d’agri-
culteurs est prévue jeudi, où des pêcheurs
bretons et des chauffeurs routiers ont prévu
de les rejoindre.
Une chose est sûre : c’est Macron qui est res-
ponsable de la situation des agriculteurs. Et
d'ailleurs, ses députés avaient empêché que la
proposition de loi de La France insoumise soit
adoptée pour des prix planchers payés aux agri-
culteurs et fixés en fonction des coûts de pro-
duction. C’est Macron qui a rejeté par 49.3 plus
de 600 millions d’aides agro-environnementales
et au bio en 2024. C’est Macron qui continue à
négocier des traités de libre-échange pour ouvrir
de plus en plus les frontières aux importations
agricoles à bas prix.
Dans ce contexte, et parce que ce qui se passe
chez les agriculteurs concerne tous les travail-
leurs, les secrétaires généraux des confédérations
syndicales vont-ils continuer à ne rien dire et
ne rien faire, à l'image de ces derniers mois sur
différents sujets ? Vont-ils, ne seraient-ce que
soutenir le mouvement des agriculteurs, comme
le font à juste titre les unions départementales
et les syndicats de base (cf. ci-contre) ? Des
unions départementales, des syndicats s'expri-
ment pour soutenir le mouvement des agricul-
teurs et inviter à les rejoindre. Ils ont raison.
n n
Blocage sur l’A62, près de Agen, le 23 janvier.
« On ne peut plus continuer à vivre comme ça ! »
(un agriculteur de Haute-Garonne)
Mardi 16 janvier : les agriculteurs organisés
par la FNSEA et les Jeunes agriculteurs débar-
quent à la cité administrative à Toulouse et
déversent du fumier.
Mercredi 17 janvier : « Le responsable régional
de la FNSEA copieusement hué et insulté
(« vendu » !) par les agriculteurs à Toulouse après
avoir appelé à rentrer dans le calme tandis que
la délégation annonçait qu'elle n'avait obtenu
aucune avancée ». (La Dépêche du Midi.) ;
– les agriculteurs décident alors de bloquer les
routes, en particulier l'autoroute A64 à Car-
bonne (au sud de Toulouse);
– le député LFI Christophe Bex est allé à leur
rencontre : « Ce n'est pas par plaisir que les
agriculteurs bloquent l'autoroute (…) Macron
a fait une conférence de presse mardi soir de
2 h 15, et il n’a pas une phrase pour le monde
agricole… ».
Vendredi 19 janvier : les agriculteurs occitans
ne relâchent pas leur mobilisation et multi-
plient les blocages.
Samedi 20 janvier : le préfet de Haute-Garonne
reçoit une délégation d'agriculteurs, sans résul-
tat : « Ce mouvement a la particularité de ne
pas être organisé par la FDSEA, mais d'avoir
Les marins pêcheurs bretons
aux côtés des agriculteurs
e Télégramme informe que les
L marins pêcheurs viendront mani-
fester aux côtés des agriculteurs
jeudi 25 janvier à Rennes. « On sera là en
soutien aux agriculteurs » annonce
David Le Quintrec, fileyeur. « Que ce soit
le prix du gasoil, les importations, les
taxes… On a même les revendications ».
« On ne lâche pas »
hristian, un agriculteur ren-
« C contré sur le barrage bloquant
l’A64 à hauteur de Carbonne
(31), témoigne : « On est là parce que ce
n’est plus possible de continuer à vivre
comme ça. Les taxes qui augmentent, le
GNR plus cher. Actuellement, à 1.20 le
litre, il passerait à 1.70. Avec entre 170 et
200 litres par jour, ce n’est plus possible de
faire face.
Sur mon exploitation, je génère 350 000 €
de chiffre d'affaires par an, il me reste à
été initié par plusieurs exploitants. » (France
Bleu - France3);
– dans son édition du 20 janvier, Le Figaro titre :
« Agriculteurs : la colère monte en France et en
Europe » ;
– l’animateur d’un GA de LFI va à leur rencon-
tre et rapporte : « Rien ne va plus, il faudrait y
aller tous ensemble, agriculteurs et ouvriers ».
– Emmanuel Macron a fait passer les consignes
aux ministères de l’Intérieur et de l’Agriculture
de sommer les préfets de rencontrer dans
chaque département les agriculteurs et leurs
Rennes se souvient de la dernière mani-
festation des marins pêcheurs. Plusieurs
centaines de pêcheurs avaient tenté de
rallier le Parlement de Bretagne. Des
affrontements avaient ensuite éclaté
avec la police qui avait utilisé du gaz
lacrymogène en réponse aux tirs de pro-
jectile et des fusées de détresse. n
AFP
peine 1 000 € par mois. Et ce sans comp-
ter les paperasses à remplir.
Sur les prix des denrées, ça dépend des cours
mondiaux, mais on veut agir sur les taxes
et les charges, il faudrait qu’on agisse tous
ensemble, agriculteurs, ouvriers, employés…
On maintient le barrage. On dort sur place
dans la paille. On attend les réponses du
préfet pas sur le GNR, car ça, c’est le gou-
vernement qui décide. Que Attal vienne
nous voir ici ! Pour l’instant, on ne lâche
pas ! » n
représentants « face aux tensions et pour pré-
venir tout nouveau risque de trouble à l’ordre
public ». Avec la demande de faire remonter
au gouvernement avant « dimanche 19 heures »,
« un compte rendu » de leurs échanges men-
tionnant « la liste exhaustive des organisations
et représentants rencontrés », « les revendications
recueillies » ou encore le « recensement des ras-
semblements ou actions de contestation à venir
(déclarés ou non) ».
Lundi 22 janvier, dans Les Echos : « Colère des
agriculteurs : la pression s'accentue sur le gou-
vernement de Gabriel Attal ». « C'est la première
grosse crise que doit gérer le gouvernement de
Gabriel Attal. Un sacré baptême du feu pour le
Premier ministre dont le monde agricole n'était
probablement pas le sujet de prédilection. Un
sujet “ultra touchy”, lâche un interlocuteur de
Gabriel Attal face à un mouvement qui a semblé
jusqu'ici échapper un peu aux dirigeants syn-
dicaux ».
Mardi 23 janvier, les blocages gagnent de nom-
breuses régions dans toute la France. Du nord
au sud de l’Italie, en Ecosse, en Lituanie, etc.,
les paysans rejoignent ce mouvement.
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 792
« Ils dérégulent, ils spéculent et nous on paye ! »
La parole à Didier Gadéa, secrétaire général du Modef national (Mouvement de défense des exploitants familiaux)
Qu’est-ce qu’il en
est de l’état de
la mobilisation
des agriculteurs
en France ?
Didier Gadéa:
En juillet 2015, il y
avait eu une révolte qui
était partie de la base des éleveurs.
La FNSEA avait « arraché » non pas
des prix libres mais des emprunts à
hauteur de 3 milliards. Donc les agri-
culteurs ont emprunté et se sont
encore plus endettés.
Là c’est encore une autre situation
car c’est la FNSEA et les jeunes agri-
culteurs (JA) qui ont lancé la mobili-
sation. Ils ont dit « ça suffit
maintenant, le gazole non routier
(GNR) pas question » parce que la taxe
les ampute jusqu’à 10 000 euros par
exploitation.
Communiqué de l'union départementale
Cgt-Force-Ouvrière de Loire-Atlantique
L'Union départementale FO 44
exprime sa solidarité totale avec les
agriculteurs
La commission administrative de
l'Union départementale Cgt-Force
ouvrière de Loire-Atlantique, réunie
ce lundi 22 janvier en présence
d'une soixantaine de militants, est
solidaire de la colère qui s'exprime
aujourd'hui chez les agriculteurs.
Elle condamne les mesures du gou-
vernement et de l'Union euro-
péenne qui conduisent à réduire
sévèrement les revenus des agricul-
teurs au profit d'une minorité.
Il faut que cela cesse :
– solidarité totale avec les agricul-
teurs ;
« Solidarité avec les agriculteurs »
La parole à Vincent Delauge, secrétaire général de l’union départementale FO de la Haute-Loire
Ta commission
exécutive a exprimé
sa solidarité avec les agriculteurs.
Pourquoi ?
Vincent Delauge : La Haute-Loire est
un département rural et nous
sommes toutes et tous en contact
avec des agriculteurs dans nos
familles, dans nos connaissances…
Comme nous, ils sont confrontés à la
baisse du niveau de vie. Il y en a
même de plus en plus qui reprennent
un emploi salarié pour pouvoir faire
« Les paysans veulent vivre de leur travail »
Le 23 janvier, Aurélie Trouvé, députée
LFI, a réaffirmé le soutien de la
France insoumise aux mobilisations
des agriculteurs et à leurs revendi-
cations.
a France insoumise avait le
L 30 novembre 2023 avait pro-
posé une loi pour instaurer des
prix planchers payés aux agricul-
teurs, fixés en fonction des coûts de
production. Les députés macro-
nistes avaient fait échouer cette loi
loi à 6 voix près ! Macron porte l’en-
tière responsabilité de la situation
désastreuse dans laquelle sont
plongés les agriculteurs de ce pays
A mon avis, c’est une manœuvre qu’a
lancé la FNSEA pour les élections pro-
fessionnelles mais le problème c’est
que quand tu sors le dentifrice du tube,
c’est compliqué de le faire rentrer. Ils
sont en train de se faire taper sur les
doigts par les agriculteurs car ces der-
niers ont appris que c’est la FNSEA qui
a négocié le GNR avec le ministre
Bruno Le Maire, le même qui avait sup-
primé les quotas laitiers en 2015…
Le prix de la viande bovine s’effondre ;
il y a des nouveaux traités qui viennent
d’être signés notamment avec la Nou-
velle-Zélande pour importer de la
viande ovine, du miel, du lait, ce qui
va encore aggraver la pression des prix
vers le bas ; il y a des retards de paie-
ment de la part de l’État notamment
pour les aides environnementales donc
on est obligés d’aller emprunter à 6,5%.
C’est une situation catastrophique,
– non à la suppression de la défis-
calisation du gasoil agricole et à
l'augmentation des taxes concernant
l'électricité au 1er février ;
– augmentation générale des
salaires au minimum au niveau de
l'inflation ;
– abandon de toutes les mesures
conduisant à réduire nos, droits, à
commencer par le recul de l'âge
légal de départ à la retraite à
64 ans et la loi « Immigration », loi
de division des travailleurs, qui
remet en cause les principes fon-
dateurs de la Sécurité sociale et
vise à faire pression à la baisse sur
les salaires.
Nantes, le 23 janvier 2024
vivre leur ferme, nous les côtoyons
même au boulot.Et puis nous avons
les mêmes adversaires. D’abord il y a
les décisions gouvernementales sur
les hausses des prix de l’énergie qui
les impactent directement. Par exem-
ple un camarade nous disait que le
GNR (gasoil non routier) a doublé en
un an, de 0,60 à 1,20 €. J’ai lu aussi
qu’ils se sont fait avoir sur la réforme
des retraites avec des promesses non
tenues. Et il y a les grands groupes qui
font des bénéfices records et qui les
qui n’arrivent pas à vivre de leur tra-
vail. La France insoumise annonce
qu’elle dépose à nouveau cette pro-
position de loi.
Mathilde Hignet, députée la France
insoumise, ouvrière agricole et fille
de paysans lors des questions au
gouvernement le 23 janvier 2024 :
« Au nom du groupe de la France
insoumise, j’adresse nos condo-
léances et notre soutien à la famille
de l’agricultrice qui a tragiquement
perdu la vie ainsi qu’à son mari et sa
fille grièvement blessés ce matin.
Depuis des mois, nous vous alertons
sur le mal-être et la grogne qui monte
dans les campagnes. Alors que l’infla-
À LA UNE
mais elle n’est pas nouvelle. Mais
aujourd’hui, vu que tout est en train
de s’effondrer - nous aussi on va faire
nos courses, le plein de la voiture, on
paye l’électricité – tout ça se surajoute.
Ce dont la FNSEA a peur aujourd’hui,
c’est qu’il y ait une convergence.
Si jamais les artisans, les commerçants,
les travaux publics, les routiers, débou-
lent sur nos ronds-points, ils savent
que là c’est danger !
Ils ont été reçus par le Premier ministre
hier soir, il n’en est pas sorti grand-
chose.
Quelles sont les revendications ?
Depuis des années, dans les organi-
sations professionnelles qui sont diri-
gées par la FNSEA, ils ont évacué des
Des agriculteurs bloquent l'autoroute A64, près
de Carbonne, au sud de Toulouse, le 20 janvier.
ruinent, la grande distribution d’un
côté et tous les fournisseurs de l’autre !
Donc c’est normal que nous soyons
solidaires de leur combat, comme
nous l’avions été pour les Gilets
jaunes : « Mêmes revendications, même
combat ! ».
La presse fait état de « déborde-
ments » dans leurs actions, qu’en
penses-tu ?
Dans la mobilisation sur les retraites,
Force ouvrière avait proposé de recon-
tion alimentaire a atteint 14 % en un
an, les prix payés aux agriculteurs ont
baissé de 10 %. Entre les deux, l’indus-
trie agro-alimentaire a augmenté de
71 % son taux de marge. Vous ne voyez
pas le problème ?
Les industriels se gavent alors qu’en
bout de la chaîne les agriculteurs et
les consommateurs se font asphyxier.
Et tout cela avec la complicité du gou-
vernement.
Nos agriculteurs sont en compétition
avec le reste du monde et vous conti-
nuez à signer les accords de libre-
échange. Les agriculteurs disparaissent,
il y a un suicide tous les deux jours. Des
centaines de familles sont détruites
discussions dans les assemblées géné-
rales et dans les réunions la question
du prix. On va te parler de primes, de
qualité, de bureaucratie, qu’il y a trop
de papiers à remplir – ce qui est vrai
par ailleurs - mais le prix a été évacué
car c’est le nerf de la guerre.
Nous, on a une revendication
modeste qui est « prix plancher fixé
et garanti par l’État ». Ça va à l’encon-
tre de tout ce qui est proposé y com-
pris à EGAlim (loi de 2021) qui ne
marche pas parce que c’est cadré dans
la concurrence libre et non faussée.
Mais il ne suffit pas de dire « les prix ».
C’est là que ça vient se heurter à la
concurrence libre et non faussée
puisque nous, justement, avec les prix
garantis par l’État, c’est le contraire
duire la grève les 8 et 9 mars après la
journée « de pays à l’arrêt » le 7 mars.
Nous avons essayé de déborder le cadre
des journées d’action. C’est sûr que si
nous y étions parvenus dans un ou
deux secteurs décisifs, nous aurions
fait reculer Macron ! Ce gouvernement
se moque bien de la colère qui est là
tant qu’il n’est pas touché au porte-
monnaie. Et dans les entreprises c’est
pareil, là où nous avons eu des résultats
intéressants, c’est là où les salariés ont
reconduit la grève. n l’exemption des taxes,
chaque année à cause de l’incertitude
et de la précarité des marchés agricoles.
Ca suffit vos discours creux et vos recu-
lades. Les paysans veulent vivre de leur
travail.
Alors, allez-vous enfin leur garantir
des prix rémunérateurs par la mise en
place de prix plancher, comme nous
l’avons proposé en novembre dernier ?
Allez-vous soutenir notre proposition
de moratoire sur les accords de libre-
échange ? »
Le ministre de l’Agriculture M. Fes-
neau, continuant d’ignorer les reven-
dications des agriculteurs, s’est permis
de répondre à Mathilde Hignet « écou-
tez-les », « allez sur le terrain ». n
Semaine du 25 au 31 janvier 2024 3
qu’on veut : on veut que l’État inter-
vienne. On veut aussi les quotients
multiplicateurs pour les marges.
Par exemple, mon litre de merlot, on
me le paye 60 centimes la bouteille
de 75cl et je le retrouve à Leclerc, à
seulement 6 km de chez moi, à
9 euros. Pareil pour tout, la viande, le
pain…etc.
C’est la même problématique poli-
tique que l’énergie.
En appliquant leur politique de déré-
gulation et en permettant la spécula-
tion, les intermédiaires se gavent. Les
intermédiaires de l’agro-alimentaire
se gavent, tout comme les intermé-
diaires du pétrole ou de l’électricité.
C’est la même politique : ils dérégulent,
ils spéculent et nous on paye ! n
AFP
Sur le rôle de
l’Union européenne
Au nom de la solidarité
avec l’Ukraine dans
la guerre,
l’Union européenne a
exempté de toute taxes
les exportations
alimentaires de l’Ukraine.
Les poulets et les céréales
ukrainiens déferlent
sur l’Europe. Vu le niveau
des salaires en Ukraine et
les paysans français
ne peuvent pas concourir.
Ajoutons que toutes
les mesures, au nom
de l’écologie exigent
des agriculteurs français
de ne pas utiliser
de pesticides, ce n’est pas
le cas en Ukraine. De plus,
les usines à poulets
en France qui sont déjà
un problème rassemblent
10 000 poulets. La plus
grosse usine ukrainienne,
ce sont 2 millions
de volailles nourries
aux OGM et soignées
aux antibiotiques.
4 INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 792
ECOLE
Grève sous les fenêtres
de la ministre
Oudéa-Castéra le 25 janvier
Le 15 janvier, à Paris, une étudiante lors de la grève des « prépas ».
Depuis sa nomination, la ministre
est empêtrée au cœur de plusieurs
polémiques qui fragilisent le gou-
vernement Attal-Macron. En paral-
lèle, la grève se prépare jeudi 25
janvier : des centaines d’écoles sont
d’ores et déjà annoncées fermées.
ela fait douze jours seule-
C ment qu’Amélie Oudéa-
Castéra a été nommée
ministre de l’Education
nationale et des jeux Olympiques
mais ça semble en réalité beaucoup
plus long, tant les casseroles s’accu-
mulent pour la ministre.
Après les mensonges autour de la sco-
larisation de son fils à l’école privée
Stanislas, on apprend que ce dernier
aurait bénéficié d’un système pour
contourner ParcourSup. Ce système
a d'ailleurs valu à l'établissement un
rappel à l'ordre du ministère de l'En-
seignement supérieur.
Une illustration des passe-droits dont
une certaine caste bénéficie pour
échapper à la trieuse ParcourSup mise
en place par Blanquer et Attal.
Oudéa-Castéra est par ailleurs aussi
pointée dans d’autres affaires. Elle est
mise en cause dans le rapport d’une
commission d’enquête parlementaire
sur les fédérations sportives fran-
çaises.
DES CENTAINES D’ÉCOLES
FERMÉES PAR LA GRÈVE
LE 25 JANVIER !
Déjà acculée lors de son audition en
novembre dernier, la ministre avait
échappé à un signalement pour par-
jure en décembre et a été épinglée
plus en détail dans le rapport de cette
commission publié ce mardi 23 jan-
vier. En cause, sa rémunération
« anormale » : 500 000 euros ! Rému-
nération extravagante qu’elle avait
osé juger insuffisante lors de l’audition
devant la commission : « Si je rapporte
ma rémunération actuelle au volume
d’heures que chaque semaine je m’en-
fourne, en bossant jour, nuit, week-
ends, je ne suis pas bien payée »,
avait-elle déclaré.
Macron veut mettre la jeunesse
au garde à vous
D
ans sa conférence de presse
du 16 janvier, Emmanuel
Macron a confirmé son
objectif de généraliser le SNU en
classe de seconde, du port de l’uni-
forme, avec en prime, apprentissage
obligatoire de la Marseillaise. Et bien
L’ACTUALITÉ POLITIQUE ET SOCIALE
AFP
Et le 23 janvier, la Tribune de Lyon
révèle qu’Amélie Oudéa-Castéra
aurait perçu près de 53 000 euros, en
2021, de la part du groupe lyonnais
Plastic Omnium, pour… huit réunions
(lire page 16) ! Décidément, la ministre
est tout à la fois l’incarnation et le
maillon faible du gouvernement Attal-
Macron, entièrement inféodé au privé
et au marché. D’ailleurs, elle « embar-
rasse une partie de la majorité » (Fran-
ceinfo).
Dans les salles des professeurs, les
mensonges de la ministre et ses dé-
sormais nombreuses affaires provo-
quent indignation et colère. Cela
intervient dans un moment où les
conditions de travail des élèves et des
professeurs n’ont jamais été aussi
dégradées. Il manque de tout, partout,
des postes, des personnels, des AESH,
des moyens….et les classes sont sur-
L (médecins étrangers à
chargées.
En ce moment, les dotations pour la
rentrée « tombent » dans les collèges
et les lycées pour préparer la rentrée
du « choc des savoirs » voulue par
Attal. Ce qui remonte : des dotations
en baisse, des fermetures de classes,
la mise en place des « groupes de
niveaux » en maths et en français qui
se feraient… en classe entière, etc.
Jeudi 25 janvier, répondant à l’appel
de la Fnec FP-FO, des centaines
d’écoles seront fermées et des milliers
d’enseignants et d’AESH seront en
grève dans tout le pays pour dire stop
à l’inclusion systématique et forcée,
pour revendiquer la création de
places dans les établissements spé-
cialisés à hauteur des besoins, pour
exiger un statut et un vrai salaire pour
Correspondant
les AESH !
Parmi les collègues grévistes, nom-
breux sont ceux qui sont inscrits dans
les trains, dans les bus et qui conver-
geront ce jeudi 25 janvier à Paris pour
manifester vers le ministère de l’Edu-
cation nationale « sous les fenêtres de
la ministre Oudéa-Castéra » pour que
cessent les économies sur le dos des
élèves les plus fragiles et des person-
nels, pour que cesse la maltraitance.
Rosalie Albani n
D Pontivy ont manifesté le
sûr, pas question de revenir sur les
10 0000 suppressions de postes
décidées par Macron et ses ministres
de l’Education depuis 2017, ni sur
les milliers de suppressions de
classes décidées pour la prochaine
rentrée ! n
HÔPITAUX
Les médecins étrangers,
avec leurs syndicats,
imposent un premier recul
au ministère
Devant le ministère de la Santé à Paris, le 18 janvier.
Dr Marie-Paule Lemonnier
Dans un communiqué du 22 janvier,
le ministère de la Santé annonce
qu’il prolonge à titre dérogatoire les
autorisations de travail des méde-
cins à diplôme étranger et qu’il leur
permet de rester dans leurs services
hospitaliers actuels. C’est un premier
pas obtenu par la mobilisation des
jours précédents.
e 18 janvier, les Padhue
diplôme hors Union euro-
péenne) étaient rassemblés
devant le ministère à l’appel de
leurs associations (SNPadhue et
Ipadecc) avec le soutien des syndi-
cats de médecins hospitaliers
Amuf, SNMH-FO et UFMICT-CGT.
Ils réclament le maintien à leur
poste des 2 000 médecins menacés
de licenciement.
Ce médecin est venu spécialement
d’Agen. A la fin du mois, son contrat
n’est pas renouvelé. « Cela fait 4 ans
que j’exerce à l’hôpital dont 3 ans dans
PONTIVY (MORBIHAN)
2 000 dans la rue
pour défendre l’hôpital
A Pontivy, le 20 janvier.
eux mille habitants de
20 janvier à l’appel du col-
lectif de défense de l’hôpi-
tal Centre-Bretagne (CHCB) avec le
soutien des syndicats CGT, CFDT et
Sud. (France 3 Bretagne, 20 jan-
vier). Des dizaines de postes de
médecins sont vacants. Un équi-
page de Smur est supprimé, il y a
« tri » des patients la nuit pour
accéder aux urgences. « Comme il
n’y a pas assez de personnel, on
ferme des lits et les gens attendent
un Ehpad. (…) Pendant 4 ans, il n’y a
pas eu de problème mais là, plus de
renouvellement possible. Mon chef de
pôle a écrit à l’ARS, au CNG. Partout,
on lui a répondu : “C’est la loi”. Fin
janvier, je vais laisser seule ma col-
lègue avec 183 résidents. »
Un autre médecin témoigne : « Nous
sommes tout le temps en danger. Nos
contrats sont renouvelés tous les
6 mois, le mien se termine le 12 février
et le même jour, mon titre de séjour
expire et on peut me demander de
quitter le territoire (…) L’hôpital a
besoin de mes compétences mais ne
me paie que 1 450 euros par mois. »
Une psychologue manifeste en soutien
d’une psychiatre algérienne de son ser-
vice. « On a appris la semaine dernière
que le contrat d’un médecin ne sera
pas renouvelé. C’est une situation hon-
teuse et injuste. Hier, ces médecins
étaient applaudis et aujourd’hui, on
leur demande de quitter la France ».
A la tribune, un médecin oncologue
raconte son parcours à plus d’un titre
symptomatique de la politique gou-
vernementale : « Le Conseil national
des heures et des heures aux
urgences » dénonce une manifes-
tante. « On a besoin d’un hôpital
ici » affirme un habitant de Pontivy :
« C’est un droit, comme l’école. Nos
anciens se sont battus pour cela ».
Les prises de parole des médecins et
les syndicats ont été applaudis. La foule
qui reprenait le chant des Gilets jaunes
a hué la députée macroniste. La dépu-
tée LFI qui défendait l’hôpital et la sécu
attaqués par la loi immigration, et la
menace de licenciement des Padhue,
a été chaudement applaudie.
Semaine du 25 au 31 janvier 2024
de gestion (CNG) a supprimé 13 postes
de ma spécialité. Avec 12 de moyenne,
Correspondant
nous nous retrouvons sans équiva-
lence. » Ainsi, alors le nombre de
patients atteints de cancer explose,
que les patients doivent attendre dans
l’angoisse de plus en plus longtemps
avant d’être pris en charge, ce méde-
cin qui a passé son équivalence avec
12 de moyenne, se retrouve licencié
parce que le CNG a supprimé
13 postes de cancérologues.
UNE SEULE EXIGENCE :
LE MAINTIEN DES MÉDECINS
À LEUR POSTE
LFI est le seul parti politique présent.
Hadrien Clouet, député LFI de Haute-
Garonne, apporte son soutien aux
manifestants et fait une analyse exacte
de la politique du gouvernement :
« Vous menez une lutte d’intérêt géné-
ral pour l’accès aux soins de toute la
population. Monsieur Macron nous
dit qu’on manque de temps médical
et en même temps, il licencie et expulse
du territoire des soignants capables
de répondre à la crise sanitaire. Il y a
une volonté délibérée du pouvoir de
créer des déserts médicaux ».
Nul ne peut ignorer que le licencie-
ment des médecins étrangers ne fera
qu’aggraver les conditions de travail
dans les hôpitaux. La question de
l’absence des fédérations de santé
CGT et FO se pose à tous.
Dans un premier temps, le ministère
a annoncé qu’il ne recevrait pas les
représentants des Padhue mais les
manifestants ont imposé qu’une délé-
gation soit reçue… Et le 22 janvier une
première réponse est tombée. Infor-
mations ouvrières y reviendra. n
LORIENT (MORBIHAN)
200 hospitaliers grévistes
réclament des créations
de postes
n préavis de grève a été
U déposé par CGT, CFDT,
Sud et FA de l’hôpital de
Lorient (GHBS) du 15 jan-
vier au 19 janvier.
L’intersyndicale a organisé neuf ras-
semblements sur les neuf sites du
GHBS entre le 16 janvier et le 18 jan-
vier. Le directeur n’a pas donné de
réponse aux revendications centrales
d’augmentation des effectifs.
Ludovic Bénabes (CGT) indique : « il
faudrait plus de 300 mises en stages
tout de suite pour rattraper le retard
pris depuis 2018. Il y a aussi un
énorme besoin de formation de nou-
veaux collègues pour permettre le
remplacement des absences. Ici, les
absences ne sont pas remplacées, par-
fois pendant plus de trois mois. Il faut
donc s’autoremplacer. Donc les col-
lègues en repos sont appelés chez eux
pour venir travailler. La mobilisation
du 16 janvier (près de deux cents gré-
vistes) a montré que les collègues n’ac-
ceptaient pas de travailler dans ces
conditions »
n n
 INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 792 L’ACTUALITÉ POLITIQUE ET SOCIALE Semaine du 25 au 31 janvier 2024 5

Acte II de la réforme du marché du travail :

que prévoit Macron ?
Ce qui se dessine pourrait être d’une
rare brutalité : nouveau durcissement
des règles de l’assurance chômage,
fin définitive de l’extension automa-
tique des accords de branche à toutes
les entreprises d’une branche don-
née, et un montant du Smic variant
d’une branche à l’autre.
Yacine Hadjhamou
ors de son intervention au
chômeurs de plus de 55 ans les
« obligera » à accepter n’importe quel
emploi. En les faisant basculer dans
le RSA, et en combinant cela avec le
fait que les allocataires du RSA seront
obligés à partir du 1 er janvier 2025
de justifier 15 heures d’activité par
semaine pour continuer à en béné-
ficier, on espère en haut lieu écraser
un peu plus les millions de « travail-
leurs pauvres » que produit jour
après jour le système.
sation des salaires minimum des
branches.
UNE MISE À BAS DU SMIC
Un rappel : ce qui s’appelait alors le
Smig a été créé en 1950, avec la grande
loi rétablissant la liberté de la négocia-
tion collective en France, afin d’éviter
que, dans les branches professionnelles
où les syndicats étaient absents, les
salaires négociés soient minimes (rap-
pelons que les salaires étaient bloqués
en assurant qu’on sera attentif à ce
qu’elle « valorise » les minima), on
ferait sauter les derniers verrous.
JUSQU’OÙ MACRON IRA-T-IL ?
Au nom du « dialogue social en entre-
prise », le projet serait, on l’a vu, d’ef-
fectuer un nouveau détricotage des
accords de branche, car toujours
selon les conseillers de l’Elysée cités
par Challenges, l’application auto-
matique des accords de branche
tion collective ! Jusqu’où le gouver-
nement ira-t-il ? Difficile à dire. Le
Premier ministre Attal se targue de
vouloir élaborer son discours de poli-
tique générale « avec les forces syn-
dicales ». Mais tous les salariés et
leurs représentants savent que le
« dialogue social » a été une formi-
dable machine à camoufler les
grandes régressions et les petits
renoncements.
La question de l’inflation, et des

L forum de Davos, le 17 janvier

dernier, Macron a annoncé :
« Nous allons ouvrir un
deuxième temps sur la réforme de
notre marché du travail en durcis-
sant les règles de l’assurance chô-
mage, en ayant plus de simplicité
sur les embauches », confirmant
ainsi les propos de l’Elysée sur cette
question depuis plusieurs
semaines.
Le magazine Challenges du 18 janvier
en dit un peu plus, en faisant réfé-
rence aux propos des conseillers de
l’Elysée.
LES CHÔMEURS DE PLUS DE
55 ANS PLONGÉS DANS LA MISÈRE
Pour les règles de l’assurance chô-
mage, l’objectif serait d’aligner la
durée d’indemnisation des travail-
leurs de plus de 55 ans, qui est
actuellement de 27 mois, sur celle
de ceux de moins de 55 ans, qui, elle,
n’est que de 18 mois. C’est la mesure
que soutient ouvertement le ministre
Bruno Le Maire depuis plusieurs
semaines. Le tout au nom du fait que
le taux d’emploi des 55-64 ans est
de 57 %, contre 82 % pour les 25-
49 ans.
Le postulat étant que projeter dans
la misère — car c’est de cela qu’il
La brutalité de la mesure avait freiné
jusqu’ici les ardeurs du ministre
Le Maire. Manifestement, ces « scru-
pules » ont disparu.
LA FIN DE L’EXTENSION
AUTOMATIQUE DES ACCORDS
DE BRANCHE
S’agissant des simplifications à l’em-
bauche, la nouvelle ministre du Travail
et de la Santé, Catherine Vautrin, sem-
ble lever un coin du voile. Elle déclare,
dans son interview à la presse régio-
nale, le 21 janvier, que « le président
de la République souhaite que nous
travaillions sur le renforcement du
dialogue social à l’intérieur de l’entre-
prise ». Ce qui confirme les propos
prêtés aux conseillers de l’Elysée par
Challenges : ce qui serait proposé, ce
serait la fin de l’extension automa-
tique des accords conclus dans les
branches professionnelles à toutes
les entreprises de la branche concer-
née (qu’il s’agisse de la boulangerie-
pâtisserie ou de la métallurgie) et,
dans la même veine, que les règles de
revalorisation du Smic soient revues
pour les confier à la négociation par
branche (son niveau pourrait donc
varier d’une branche à l’autre). Là
aussi, c’est tout à fait cohérent avec
les propos « jésuitiques » de Macron
depuis 1939, 11 ans !).
Le Smig était indexé sur l’inflation.
Dans la foulée de la grève générale de
mai et juin 1968, le patronat, terrorisé,
a concédé une augmentation de 35 %
pénaliserait les petites entreprises.
Alors, ce serait : malheur aux « grands
dirigeants » qui s’étaient vantés en
2017 d’avoir sauvegardé la branche
comme pivot central de la négocia-
salaires et des revenus qui ne suivent
pas, est devenue tellement brûlante
— l’actualité le rappelle chaque jour
— que le sujet est hautement inflam-
mable. A suivre. n
du Smig (alors qu’il avait refusé trois
mois auparavant une augmentation
de 3 % !). Voyant le patronat céder
aussi facilement, Pompidou, alors
Premier ministre, se tourna vers ses
conseillers et leur dit : « Ils sont fous ! ».
Est donc ensuite créé le Smic (1970),
avec une indexation sur l’inflation
(dès qu’elle atteint 2 %, le Smic est
automatiquement revalorisé) et sur
le salaire moyen qui alors progressait
plus vite que l’inflation.
Le tournant de la rigueur de 1982 (blo-
cage des salaires) a abouti à un tas-
sement, qui n’a cessé de s’accentuer,
du salaire moyen, d’où la « smicardi-
sation » des salaires.
Selon l’étude la plus récente, 39
branches professionnelles ont des
salaires minima inférieurs au Smic. En
janvier 2023, près de 18 % des salariés
du privé et près de 20 % des salariés
de la Fonction publique étaient payés
au Smic. En combinaison avec les
effets dévastateurs du temps partiel et
de la précarité, on aboutit l’augmen-
tation incessante du taux de pauvreté.
En renvoyant la revalorisation du Smic

AFP
s’agit — des centaines de milliers de sur le fait qu’il souhaite une revalori- aux branches professionnelles (tout Macron au forum économique de Davos, le 17 janvier.

Non à la nouvelle augmentation de l’électricité !

Le 21 janvier, sur TF1, Bruno
Le Maire a confirmé une nouvelle
augmentation du prix de l’électricité
au 1er février : il a eu le culot de dire
qu’il respectait ses engagements de
rester en dessous des 10 % avec une
hausse comprise entre 8,6 et 9,8 % …
Clarisse Delalondre
'est une décision gou-
« C vernementale (…). Ce
qui va faire la diffé-
rence, ce sera les taxes
(…) car la crise des prix est passée »,
a expliqué Emmanuelle Wargon,
présidente de la CRE (Commission
de régulation de l’électricité).
Campagne lancée le 15 janvier par La France insoumise.
LFI
Le Parisien précise : « Alors que les
tarifs se sont assagis sur les marchés
depuis plusieurs mois, les factures
vont bondir dès le 1er février, unique-
ment par la décision de l’État d’aug-
menter la pression fiscale. »
Fin 2021, et face à la flambée des prix
du marché de l’électricité, le gouver-
nement avait été contraint de mettre
en place le bouclier tarifaire, et la baisse
d’une taxe, la TICFE (taxe intérieure
sur la consommation finale d’électri-
cité). Mais la loi de Finances pour le
budget 2024 a prévu de réaugmenter
cette taxe, en la ramenant à 70 % de
son niveau d’avant 2021. C’est ce qui
conduit à une hausse de 10 % des tarifs
d’électricité pour les ménages.
En d’autres termes : alors que la flam-
bée des prix du marché s’est un peu
calmée, Le Maire et Macron en pro-
fitent pour remonter les taxes et donc
les prix, pour « renflouer les comptes
publics » sur le dos des usagers. Cette
taxe devrait rapporter 7 milliards
d’euros à l’Etat.
PAREIL POUR LE GAZ
Pour le gaz, le procédé est le même :
le gouvernement a réintroduit la
TICGN (taxe intérieure de consom-
mation sur le gaz naturel) qui avait été
gelée à la fin de l’année 2021. Depuis
janvier, cette taxe a été doublée par
décret, alourdissant de près de deux
milliards au total les factures.
Ces décisions politiques vont donc
encore grever les budgets des
ménages, déjà plombés par une infla-
tion record. Pour l’électricité, en comp-
tant les 10 % prévus pour le 1er février,
ce sera donc une hausse de 39 % en
un an des factures des usagers ! Du
jamais vu !
Le 15 janvier, la France Insoumise a
lancé une pétition pour exiger l’an-
nulation de cette nouvelle augmen-
tation : « En 2023, les tarifs de
l’électricité ont augmenté successive-
ment de 15 % puis de 10 %. Cela repré-
sente une hausse moyenne d’environ
425 euros dans l’année. Mais ce n'est
pas tout : en 2024, la facture d'électricité
doit de nouveau augmenter. Une
hausse de 10 % (environ 200 euros dans
l’année) est prévue le 1er février car le
gouvernement a pris la décision de
réintroduire une taxe sur l’électricité.
Ça suffit ! Alors que des millions de
Français galèrent à finir le mois, cette
nouvelle hausse va alourdir encore les
L’inflation des produits alimentaires
atteint 20 % en 2 ans
e journal Le Parisien titre à la
L une le 20 janvier « La folie des
prix ». Il fait référence au
résultat de son enquête sur l’évo-
lution des prix de vingt produits
alimentaires. Depuis 2022, le prix
de ce chariot a augmenté de 20 %,
chiffre confirmé par l’Insee. Une
enquête de l’UFC -Que choisir
montre qu’en 2 ans, le prix du
beurre Président a augmenté de
41,9 %, le papier toilette Lotus de
33,3 %, les yaourts Danone de
32,9 %, l’huile de tournesol Lesieur
de 29,6 %…. « On ne retrouve plus
un seul paquet de pâtes à moins de
1 euro » témoigne une étudiante.
Selon Grégory Caret, directeur de
l’Observatoire de la consommation
de l’UFC-Que choisir, les raisons
de cette flambée des prix sont l’aug-
factures. Trop, c’est trop ! Nous exigeons
du président de la République et de son
gouvernement qu’ils renoncent à cette
augmentation inacceptable. »
Tout à fait juste : Trop c’est trop, cette
nouvelle hausse doit être annulée !
n
mentation du prix des matières pre-
mières, mais aussi les « marges
excessives » pratiquées par les indus-
tries alimentaires et les distribu-
teurs et l’explosion du tarif de
l’énergie.
Les banques alimentaires alertent
sur une augmentation de 9 % de
leurs bénéficiaires ; selon les syn-
dicats étudiants près d’un étudiant
sur trois renonce à des achats ali-
mentaires pour des raisons finan-
cières mais le gouvernement n’en
a cure. Une loi limitant les réduc-
tions possibles sur les produits
d’entretien, d’hygiène et de beauté
(loi Descrozaille) doit entrer en
vigueur le 1 er mars et Bruno
Le Maire vient d’annoncer une aug-
mentation du tarif de l’électricité
de près de 10 %. M.-P. L n
 6 INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 792
LE 21 JANVIER, DES MANIFESTATIONS PARTOUT EN FRANCE
Paris
Correspondant
« Loi immigration : une attaque contre les droits
des étrangers et contre la Sécurité sociale ! »
Communiqué des fédérations FO et CGT des organismes sociaux du 22 janvier
La loi immigration adoptée le
19 décembre s'en prend aux étran-
gers, cherche à diviser les travailleurs
et à renforcer la précarité des plus
fragiles.
C'est un tournant dangereux qui
remet profondément en cause nos
principes d'égalité et de solidarité.
En s'attaquant aux droits des allo-
cataires étrangers par le condition-
nement désormais du versement
des allocations familiales et des APL
à un délai de présence en France,
elle constitue une offensive majeure
contre la Sécurité sociale et ses fon-
dements.
En effet, elle remet en cause un prin-
cipe essentiel de cette dernière : les
droits aux prestations sont liés uni-
quement à la cotisation et en aucun
cas à une condition de nationalité !
C'est ce qui est établi par l'article 5
Entendu dans la manifestation
l Rachel Keke, députée LFI :
« Nous allons tenir tête
au gouvernement,
mais nous, parle-
mentaires, ne
pouvons pas faire
grand-chose
seuls, nous avons
besoin de tout le
monde car l’union fait
la force, l’union populaire. (...)
J’ai décidé de faire le tour des quartiers
populaires, les gens ont peur, il n’y a
pas de sécurité, il y a de vrais pro-
blèmes dans les quartiers populaires.
Pourquoi le gouvernement fait une
politique pour abandonner ces quar-
tiers ? Ce n’est pas normal. Et en plus
le gouvernement rajoute la loi immi-
gration pour empirer la situation.
Quand on est venu chercher nos
grands-parents pendant la Seconde
L’ACTUALITÉ POLITIQUE ET SOCIALE
Retrait de la loi immigration !
Angers
Correspondant
de l'ordonnance du 19 octobre 1945
fixant le régime des assurances
sociales : « Les travailleurs étrangers
remplissant les conditions visées à
l'article 2 ci-dessus sont assurés obli-
gatoirement dans les mêmes condi-
tions que les travailleurs français ».
Si cette Sécurité est dite « sociale »,
c'est parce qu'elle est l'expression
de la solidarité des travailleurs. La
Sécurité sociale repose sur un prin-
cipe simple depuis sa création en
1945 : chacun y contribue selon ses
moyens et en bénéficie selon ses
besoins.
Cette loi signifie donc un véritable
basculement, une rupture avec les
principes historiques de la Sécurité
sociale.
Elle résonne avec le projet présenté
en 2023 par Gabriel Attal, alors
ministre des Comptes publics, de
Guerre mondiale, là il n’y avait pas de
loi immigration, il n’y avait pas d’im-
migrés. »
l Julie Garnier, conseillère régionale
Ile-de-France LFI :
« Cette loi, c’est la loi
de l’extrême droite,
elle ne parle pas
d’immigration (...)
elle ne parle que
de racisme, elle ne
parle que de préfé-
rence nationale.
(...) Si je suis là
aujourd’hui, si je porte aujourd’hui
une écharpe, c’est parce que la France
nous a accueillis, nous a permis d’avoir
un logement, m’a permis d’aller à
l’école, parce qu’elle m’a permis
d’avoir des droits, les mêmes droits
que les autres enfants. (...)
fusionner la carte Vitale et la carte
nationale d'identité pour, là encore,
lier droit à la Sécurité sociale et
nationalité.
Elle s'inscrit par ailleurs dans une
logique de destruction de la Sécurité
sociale déjà incarnée en particulier
par les LFSS (Lois de financement
de la Sécurité sociale) qui mettent
en place des mesures d'économies
incompatibles avec son fonctionne-
ment.
La Sécurité sociale a été conquise
par les travailleurs. Elle est leur bien
le plus précieux et s'appuie sur la
solidarité entre les générations, les
malades et les bien-portants, les tra-
vailleurs français et étrangers.
Parce que nos fédérations défendent
cette institution pied à pied, elles
exigent le retrait immédiat de la loi
immigration ! n
On ne fait pas de différence entre les
enfants, un enfant qui est en situation
irrégulière ou régulière, reste un
enfant. Une personne qui est là a
autant de droit que les autres.
C’est toujours les mêmes qu’on mon-
tre du doigt, toujours nous, parce
qu’on sortirait de leur pseudo « arc
républicain ».
l Jacques Toubon, ancien ministre
de la Justice et ex-Défen-
seur des droits :
« Introduire la pré-
férence nationale
avec cette loi, c'est
violer nos prin-
cipes fondamen-
taux. C’est pour ça
que pour ma part je me
suis engagé depuis le début contre ce
texte. »
Semaine du 25 au 31 janvier 2024
Vannes
Correspondant
« Le texte le plus régressif
de ces 40 dernières années »
Frédéric Souillot, secrétaire général de FO
ors de sa rencontre avec le Selon l’AFP, le Premier ministre
L Premier ministre, ven-
dredi 19 janvier, Frédé-
ric Souillot, secrétaire
a souligné auprès du syndica-
liste que « 85% des Français
sont pour (la loi immigra-
général de Force ouvrière a tion) ». Et le syndicaliste de
réaffirmé son opposition à rétorquer : « 94% des Français
la loi immigration. Un cour- étaient contre un recul de l'âge
rier de FO remis à Gabriel Attal de départ (à la retraite) et un
dénonce « le texte le plus régressif de allongement de la durée de cotisa-
ces 40 dernières années, qui porte gra- tions ». « Les sondages on ne s'en sert
vement atteinte aux principes répu- pas que quand on en a besoin ! » a-t-il
blicains d'égalité et de solidarité ». commenté. n
Manuel Bompard, député LFI, sur X
« À nouveau aujourd’hui, nous marchions
à Marseille pour le retrait de la loi Macron / Le Pen
qui défigure la République. Mêmes cotisations, mêmes
prestations, mêmes droits pour tous les travailleurs ! »
Billet
Fabien Roussel résistant ?
elon le journal Libération, au Ce Fabien Roussel est décidément une
S départ de la manifestation
parisienne, la place est « un
peu vide ». “Le pire, c’est si on
épée. Il n’y avait pas « peu » de résis-
tants en 1939, il n’y en avait aucun, car
la question de la résistance ne se posait
n’avait rien fait”, glisse le commu- pas. Elle s’est posée à partir de l’armis-
niste Fabien Roussel, quand même tice du 22 juin 1940.
un peu ébranlé par la faible En tout cas, s’il y avait des résistants,
affluence à quelques minutes du ils n’étaient pas au PCF, puisqu’il y avait
gong de départ. “Avec Sophie Binet, encore le Pacte germano-soviétique
on s’est dit qu’on ne pouvait pas et que le PCF « entre » en résistance
attaquer le mois de janvier sans en juin 1941 après le déclenchement
réaction. En 1939, il n’y avait pas de l’opération Barbarossa.
beaucoup de résistants mais à la fin Il y en a qui ferait mieux de se taire,
tout le monde l’était”. D’ailleurs, les mais c’est comme le scorpion et la
personnalités signataires de “l’appel grenouille, c’est leur nature.
des 201” ne sont pas encore toutes là. Notons que lors de la manifestation,
“Marina Foïs vient de me dire Fabien Roussel s’est fait huer par des
qu’elle arrive ! C’est son anniver- manifestants au point de trouver
saire aujourd’hui”, glisse Roussel à refuge derrière le cordon de CRS.
n ses voisins. » Christian Eyschen n
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 792
MÉGA-BASSINE À SAINTE-SOLINE (79)
De la prison avec sursis
requise contre les militants
Le 17 janvier neuf militants opposés
aux méga-bassines viennent d’être
reconnus coupables et lourdement
condamnés par le tribunal judiciaire
de Niort.
Correspondant
etit rappel des faits. Le
samedi 25 mars 2023 à
Sainte-Soline, une véritable
opération militaire d’une
brutalité inouïe avait été engagée
par la police aux ordres de Darma-
nin contre les manifestants qui
s’étaient rassemblés par milliers
pour protester contre la construc-
tion d’une méga-bassine. La Ligue
des droits de l’homme qui avait
placé des observateurs pendant la
manifestation avait publié un rap-
port accablant sur les agissements
de la police.
Ces militants, dont sept d’entre eux
sont des porte-parole de « Bassines
non merci », les Soulèvements de la
terre, la Confédération paysanne, la
CGT et Solidaires 79 ont été
condamnés à des peines de prison
avec sursis, jusqu’à 12 mois pour
Julien Le Guet à qui il est également
interdit de paraître à Sainte-Soline
pendant 3 ans !
« UNE VOLONTÉ D’ÉTOUFFER
UN MOUVEMENT »
Ces lourdes peines sont assorties de
multiples amendes et aussi, pour
les autres condamnés d’un bannis-
sement des Deux-Sèvres pour plu-
sieurs années. Comme l’indique un
communiqué des Soulèvements de
la terre : « Ces peines d’exclusion
sont la traduction de cette volonté
d’étouffer un mouvement. L’objet du
« Affaire Legay » : un procès exceptionnel
Les 11 et 12 janvier, se déroulait au
tribunal correctionnel de Lyon le pro-
cès du commissaire Rabah Souchi
concernant sa responsabilité dans la
charge dont a été victime Geneviève
Legay, militante d’Attac, lors d’un ras-
semblement de Gilets jaunes interdit
à Nice le 23 mars 2019…
Correspondant
V
iolemment renversée par
un policier lors d’une
charge ordonnée par le
commissaire divisionnaire
Rabah Souchi, Geneviève Legay,
73 ans, s’était retrouvée inanimée à
terre, le visage ensanglanté.
Devant le tribunal, elle a témoigné
des graves séquelles dont elle souffre,
près de cinq ans plus tard : elle a
perdu une partie de sa vue et de son
audition : « Je suis plus du tout auto-
nome, je vois mal, j’ai dû vendre ma
voiture ». Elle raconte également les
nombreuses visites de policiers et de
policières à l’hôpital pour lui faire dire
que c’est un journaliste qui l’a fait
tomber.
Elle explique pourquoi elle était venue
manifester : « J’en avais marre qu’on
perde les acquis des parents, des
grands-parents et les nôtres… Je suis
L’ACTUALITÉ POLITIQUE ET SOCIALE
Répression d’État
AFP
A Sainte-Soline, le 25 mars 2023.
procès pour le parquet était bel et
bien de dédouaner le gouvernement
de sa responsabilité écrasante dans
le maintien de l’ordre sanglant à
Sainte-Soline ».
Le 19 janvier, la justice condamnait
à 12 mois de prison avec sursis le
policier qui, avec une rare violence
avait asséné, en 2017, un coup de
matraque au jeune Théo, porteur
depuis d’une grave infirmité. A l’is-
sue du procès, des jeunes en colère
avaient brandi des pancartes : « A
quand du ferme pour la police ! »
Comment ne pas voir dans ces
deux procès, la marque du gouver-
nement Macron-Darmanin : police
et justice aux ordres, brutalité,
répression ! n
La militante Geneviève Legay, immobile, après avoir été jetée violemment
au sol par une charge policière.
descendue pour revendiquer le droit
de manifester ».
Le rapport de l’IGPN pointe du doigt
les actes du commissaire Souchi.
Selon plusieurs témoignages, il a exigé
une charge policière, alors que les
manifestants ne présentaient pas de
danger.
Un policier – cité à témoigner par la
propre défense du commissaire – décrit
le déroulement des faits ce jour-là :
« On a reçu l’ordre d’engager un groupe
de manifestants. C’était bon enfant,
pacifique. Vers 11 h 30 on a été rempla-
cés par un escadron de gendarmerie
mobile, nous nous sommes dirigés au
milieu de la place, pour faire une vague
de refoulement sur l’attroupement de
MARCHE BLANCHE POUR KYLLIAN À MONTFERMEIL (93)
« Qui me rendra mon enfant ? Personne ! »
Le 4 janvier dernier, Kyllian était
interpellé par la police qui lui infli-
geait une dizaine de coups de taser
et de matraque. Le jeune homme a
finalement succombé à ses blessures
dans la rue, à quelques pas de sa
mère qui était venue le chercher.
Correspondant
ne marche blanche était orga-
U nisée dimanche 21 janvier à
Montfermeil en présence de
la famille, des proches de Kyllian et
de Jérôme Legavre, député LFI de la
circonscription. Voici quelques
extraits du discours poignant de la
mère de Kyllian :
« Ils ont amené mon fils dans une
réserve. On parle de la vie d’un
enfant, la vie de mon fils qu’ils ont
pris cette nuit-là. Il m’a demandé
d’aller le chercher, je suis allée le cher-
cher. J’ai su l’aimer mais pas le proté-
ger. Vous croyez que vous, parce que
vous êtes dépositaires de l’autorité
publique, vous pouvez faire ce que
« Affaire Théo » : du sursis pour les policiers condamnés
Correspondant
e vendredi 19 janvier dernier,
L les trois policiers mis en
cause dans « l’affaire Théo »,
ont été condamnés à des peines
de 3 à 12 mois de prison avec sur-
sis. Sept ans après les faits, le ver-
dict tombe enfin. Du sursis pour
les policiers, alors que Théo gar-
dera des séquelles à vie.
Rappelons que le jeune Théodore
Luhaka, 22 ans à l’époque des faits,
a subi des coups de matraque et a
notamment été gravement blessé
à l’anus lors d’une interpellation à
AFP
Madame Legay. Instruction a été donnée
d’inviter les gens à quitter les lieux. On
se retrouve avec le commandant de la
compagnie départementale d’interven-
tion (CDI) Bastien et Souchi : “C’est pas
comme ça qu’on fait une charge, vous
la refaite, il faut les défoncer” ».
SCANDALE JUDICIAIRE ET D’ÉTAT
Ni lui ni sa section n’ont jamais été
auditionnés dans le cadre de l’en-
quête. Mais, courageusement, l’avocat
du commissaire « charge » le major
qui a poussé Geneviève Legay et ce
chef de section de la même compa-
gnie, cité par la défense mais qui tor-
pille le commissaire. L’IGPN cite
également un rapport de la gendar-
« Ma colère est grande. Ils se sont acharnés sur mon fils. »
vous voulez des gens. Mais ce n’est pas
ça la justice. Qui me rendra mon
enfant ? Personne ! Et demain ça va
recommencer, ce sera l’enfant d’un
autre. Mon fils n’est plus là mais mon
cri de colère je veux que vous l’enten-
diez tous parce que je ne m’arrêterai
pas, tant qu’il ne sera pas jugé.
J’entends les cris de mon fils et puis
plus rien. Et là le vide, mon visage se
fige et l’image se fige. Je suis là, per-
Aulnay-sous-bois (93). Ouest-France
rapporte que ce coup « a provoqué
la rupture de son sphincter (muscle
de l’anus, ndlr) avec une plaie de dix
centimètres de profondeur. Malgré
deux opérations chirurgicales, il
souffre à présent d’incontinence. »
Devant le tribunal judiciaire de
Bobigny plusieurs collectifs contre
les violences policières étaient réu-
nis, ainsi que la France Insoumise.
« Le message envoyé à la police c’est
“vous pouvez mutiler, tuer, vous
aurez du sursis” », a dit Amal Ben-
tounsi, de « Urgence la police
assassine ».
merie en date du 25 mars indiquant
que le capitaine de la gendarmerie
aurait refusé d’engager son escadron,
soit 70 hommes, estimant que la
charge décidée par le commissaire
Rabah Souchi, responsable des opé-
rations était « disproportionnée » face
à « une foule calme » ne présentant
aucun signe d’hostilité envers les
forces de l’ordre.
Dans ses réquisitions, le procureur
de Lyon, Alain Grellet, considère que
ce procès est « l’anatomie factuelle et
juridique d’un ordre mal ordonné et
donc mal exécuté ».
Comme l’indique un journaliste de
Nice Matin, le procureur « a rappelé
qu’un arrêté portait “à tort ou à raison,
interdiction de manifester ce jour là”.
Une précaution oratoire. La cour
administrative d’appel de Marseille a
en effet depuis jugé que cette manifes-
tation était in fine légale. Ipso facto,
l’interdire, ainsi que l’avait fait le préfet
de l’époque, était donc illégal au regard
du droit. » Evoquant un ordre « mani-
festement illégal » et un « usage délic-
tuel de la force publique », le procureur
a requis une peine de six mois avec
sursis pour le commissaire.
Quel sera jugement final mis en déli-
béré au 8 mars prochain ? Nous le
verrons…
Semaine du 25 au 31 janvier 2024 7
Mathew M.
sonne ne me voit. Ils sortent avec
mon fils. Ils le posent là. Il respire
encore, ils appuient deux nouvelles
fois sur sa tête, son cœur s’arrête (…)
Ils ont pris la vie de mon fils, juste là
devant moi. Est-ce que c’est juste ?
Il y a une cellule à l’hôpital, ils
auraient dû l’appeler. Ils seraient
venus, ils l’auraient aidé, personne
ne l’a aidé. Ma colère est grande. Ils
se sont acharnés sur mon fils. » n
Mathilde Panot, députée de la
France insoumise, était, elle aussi,
présente au tribunal judiciaire de
Bobigny et a commenté : « La colère
est grande face aux deux poids,
deux mesures », en comparant ces
peines de prison avec sursis aux
condamnations à de la prison
ferme infligées pour des jets de
canette lors des révoltes des quar-
tiers populaires.
Une fois de plus, après Adama,
Nahel ou Cédric Chouviat, c’est
l’impunité des policiers, organisée
par le gouvernement qui persiste.
n
Mais, Me Arié Alimi, avocat de Gene-
viève Legay, a fort opportunément
insisté à l’issue du procès : « Tout le
monde a menti pour soutenir le com-
missaire Souchi et protéger l’institu-
tion policière ainsi que de manière
générale le gouvernement d’Emma-
nuel Macron ». Il rappelle que le com-
missaire a été soutenu par le
président, Christian Estrosi, Eric Ciotti
et le procureur de la République de
l’époque (ce qui avait conduit les avo-
cats à demander le dépaysement du
procès). Il dénonce « un scandale
judiciaire, un scandale d’Etat, un
mensonge d’Etat qu’on ne doit pas voir
dans une démocratie comme la
nôtre », ce qu’ont également exprimé
les nombreuses personnalités pré-
sentes au cours de la journée lors des
tables rondes qui se sont succédées,
à l’initiative d’Attac, toute la journée
à la bourse du travail de Lyon…
Pour finir, laissons la parole à Gene-
viève Legay : « J’aurais aimé que ça
n’existe pas. (…) Ce que je veux, c’est
que justice soit rendue et on va essayer
d’être sereine ».
« À travers mon affaire, je veux attirer
l’attention sur les violences policières »,
dit-elle, en espérant que des victimes
issues de quartiers populaires soient
reconnues à leur tour. n
8 INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 792
16 janvier
l Selon Reuters, les États-Unis ont
mené mardi de nouvelles frappes
aériennes contre les missiles balis-
tiques anti-navires houthis au Yémen.
l L’aviation israélienne a bombardé
à Gaza une rue où les civils déplacés
attendent l’arrivée des camions d’aide
alimentaire.
Le journaliste britannique
Piers Morgan affirme
qu’Israël a largué huit fois
plus de bombes sur Gaza
en l’espace de cent jours
que l’armée américaine ne
l’a fait en six ans en Irak.
l Des bombardements israéliens
ont eu lieu près de l’hôpital al-Amal
à Khan Younis. Ils ont provoqué « un
état de panique et de peur parmi les
patients, les équipes médicales et les
personnes déplacées ».
l L’armée israélienne publie sur
Facebook des messages mettant en
garde les jeunes de Naplouse (Cisjor-
danie) impliqués dans les syndicats
étudiants. « Il n’existe pas de refuge
sûr pour les syndicats, même au sein
des campus universitaires. Nous appré-
henderons tous les individus impliqués
dans des groupes d’étudiants, en par-
ticulier à l’université de Najah. »
l Selon le quotidien israélien Haaretz,
la Knesset israélienne a approuvé la
prolongation de trois mois supplé-
mentaires d’un décret d’urgence auto-
risant les autorités israéliennes à
refuser aux Palestiniens détenus de
Gaza la possibilité de rencontrer des
avocats pendant une période pouvant
aller jusqu’à cent quatre-vingts jours.
17 janvier
l Au forum mondial de Davos, la
présidente de la Commission euro-
péenne, Ursula von der Leyen, a
Jour par jour,
suivez le fil
d’Informations
ouvrières en continu :
Palestine,
loi immigration,
actualité de la lutte
de classe.
t.me/ioRetraites
L’ACTUALITÉ INTERNATIONALE
déclaré que, pour le capital (“global
business community”), le problème
principal n’est « ni les conflits ni le cli-
mat », mais la « désinformation » et
la « polarisation des sociétés ».
l Le Bureau de la coordination des
affaires humanitaires (OCHA) de
l’Onu a publié une vidéo montrant la
situation désastreuse à laquelle sont
confrontés les réfugiés palestiniens
déplacés par les bombardements
israéliens sur la bande de Gaza. « Cer-
taines personnes n’ont pas mangé
depuis des jours, les enfants n’ont pas
de vêtements d’hiver, il n’y a pas de
soins médicaux. La plupart des pro-
duits ne sont pas disponibles sur le
marché et lorsqu’ils le sont, ils sont très
chers », a déclaré Olga Cherevko de
l’équipe d’OCHA.
l Le Centre international de justice
pour les Palestiniens (CIJP) a déclaré
le 16 janvier avoir remis des disques
durs et des dossiers de preuves à
l’unité des crimes de guerre de la
police britannique et déposé plainte
à l’encontre de ministres pour com-
plicité de crimes de guerre.
Des manifestants israéliens
contre la guerre se sont
rassemblés le 16 janvier
à Tel Aviv pour protester
contre le gouvernement
israélien et exiger la fin
de la guerre à Gaza.
« Je définis [cette guerre]
comme un génocide –
ni moins ni plus.
Malgré les dénégations,
c’est un génocide. »
l La Knesset (le Parlement israélien)
a approuvé la prolongation d’une
ordonnance temporaire qui permet
au ministre de la Sécurité nationale,
Itamar Ben Gvir, de déclarer « l’état
d’urgence dans les prisons » pour
réduire l’espace de vie des prisonniers
et admettre de nouveaux prisonniers
dans des prisons qui sont déjà à pleine
capacité. (Quotidien israélien Haaretz.)
l Les forces israéliennes ont détruit
des tombes dans un cimetière lors
d’un assaut terrestre à Khan Younis.
En Israël, manifestations pour le cessez-le-feu à Gaza
Le 18 janvier à Tel Aviv,
des centaines de Juifs et
Palestiniens de l’intérieur
manifestent ensemble pour exiger
un accord de cessez-le-feu,
la libération des otages
et la fin du massacre à Gaza.
Il s’agit du plus grand
rassemblement depuis le 7 octobre
contre la guerre et pour la paix
israélo-palestinienne.
Le 20 janvier, manifestation à Haïfa
(Israël), réprimée par la police.
Sur les pancartes, on peut lire :
« Pilotes de chasse, cessez de tuer
des enfants », « Israéliens pour
le cessez-le-feu ».
A Tel Aviv, énorme manifestation
contre le gouvernement
de Netanyahou.
Bombardements et famine à
Après plus de cent jours, Macron
ne demande pas de cessez-le-feu !
Dans sa conférence de presse, le
16 janvier, le président Emma-
nuel Macron a parlé de Gaza et
d’aide humanitaire.
e président français a soi-
L gneusement évité de
demander un cessez-le-feu.
Ce qui est tristement conforme
au vote de la France au Conseil
de sécurité de l’ONU pour une
résolution refusant tout cessez-
le-feu.
Le lendemain de la conférence de
presse présidentielle, le ministre
des affaires étrangères, Stéphane
Séjourné, a parlé devant l’Assem-
l L’armée jordanienne a déclaré que
son hôpital militaire de campagne
situé dans la ville de Khan Younis, à
Gaza, a été gravement endommagé
par les bombardements israéliens.
l Le Sénat américain a rejeté le
16 janvier une résolution présentée
par Bernie Sanders, qui visait à geler
l’aide militaire à Israël, en l’attente
d’un rapport du Département d’État
pour savoir si Israël a commis des vio-
lations des droits de l’homme dans
sa guerre contre Gaza. 72 sénateurs
ont voté en faveur du rejet de la réso-
lution, contre 11 qui l’ont soutenue.
l Clare Daly, députée irlandaise au
Parlement européen : « Malgré le
nombre catastrophique de morts qu’il
a infligé, Israël est en train de perdre
sur le terrain et devant l’opinion
publique. Il n’y a aucune chance que
cela se termine et qu’Israël ne reste pas
un État paria avec une occupation et
un apartheid en sursis, et ils le savent.
Ils le savent et font donc tout ce qu’ils
peuvent. (…) Prenez note, boucher
Biden, les ancêtres de l’Irlande dont
vous prétendez être originaire vous
désavouent, gardez notre pays hors de
votre bouche. Quant à von der Leyen
et à l’Allemagne génocidaire, avec leurs
paroles et leurs actes, ils soutiennent
Israël devant la CIJ, pas en notre nom.
Les peuples d’Europe sont aux côtés
de la Palestine et de l’Afrique du Sud. »
Tel Aviv, le 18 janvier.
Semaine du 25 au 31 janvier 2024
LES FAITS DU 16
de la situation humanitaire à Gaza
dans le contexte de la poursuite des
attaques israéliennes. L’organisation
humanitaire a déclaré que 800 000 per-
sonnes dans l’enclave souffrent d’in-
sécurité alimentaire, d’un manque
blée nationale, il a récusé le terme d’accès à l’eau potable et d’une pénu-
de génocide pour les morts de rie de produits de base, comme du
Gaza : « Accuser l’Etat juif de géno- pain, des légumes, du lait maternisé
cide, c’est franchir un seuil moral ». et des médicaments.
Des dizaines de milliers d’enfants,
de femmes, de vieillards, d’hom- l L’université islamique de Gaza, qui
mes, assassinés depuis plus de
cent jours ! Et des ministres, des
gouvernements, comme en France
avait été bombardée par les forces
israéliennes au début de la guerre, a
été à nouveau bombardée alors que
nient le génocide. Que ces gens ne les Palestiniens s’y abritaient. L’uni-
parlent pas de morale, ils n’en ont versité d’Israa, dans le sud de Gaza,
aucune ! Les manifestants, partout a été pulvérisée par 315 mines israé-
dans le monde les accusent, liennes.
comme aux USA, où ils scandent :
« How many kids – Have you killed l Les forces israéliennes ont lour-
today ? » (Combien d’enfants avez- dement bombardé des quartiers de
vous tués aujourd’hui). n Khan Younis et de Rafah. Selon
l’agence de presse palestinienne Wafa,
Israël continue de faire exploser des
l Le journal Haaretz rapporte que le quartiers résidentiels entiers à Khan
ministère israélien de l’Éducation a Younis et l’armée israélienne a largué
retiré le financement d’un événement des bombes au phosphore blanc sur
israélien parce que son hôte est une Qizan al-Najar, au sud de Khan You-
femme palestinienne mariée à un nis, et près de l’hôpital al-Najar situé
Israélien. Le ministère a déclaré : « Une à l’est de Rafah.
femme qui représente le mariage mixte
ne peut pas représenter la culture juive. » l Les frappes aériennes israéliennes
dans le centre de la bande de Gaza
l Pour le chef de l’Onu, Antonio ont tué un autre journaliste palesti-
Guterres, « le monde reste les bras croi- nien, Wael Fanounah.
sés alors que des civils, pour la plupart
des femmes et des enfants, sont tués, l Un chirurgien de l’hôpital al-Nas-
mutilés, bombardés, forcés de quitter ser, qui travaille avec Médecins sans
leurs foyers et privés d’accès à l’aide frontières (MSF), a déclaré que les
humanitaire. » forces israéliennes ont bombardé
massivement la zone proche de l’hô-
l Les compagnies maritimes japo- pital le 16 janvier sans ordre d’éva-
naises NYK Shipping Lines, Mitsu cuation préalable.
OSCA et Kawasaki Kaisha ont
annoncé la suspension de leurs acti-
vités en mer Rouge. 19 janvier
l Le ministre israélien de la Sécurité l Manifestation contre la guerre à
nationale Ben-Gvir sur la chaîne Haïfa en Israël : suite aux pressions
israélienne 7 : « Il n’y a pas d’échap- de la Haute Cour de Justice, l’organi-
patoire au déclenchement d’une véri- sation d’une manifestation contre la
table guerre dans le nord avec le guerre a été autorisée dans un lieu
Liban ». central de la ville, pour la première
fois depuis le début du conflit actuel
à Gaza.
18 janvier l Une jeune enfant de Gaza :"Quand
j’ai faim le soir, je me couvre la bouche
l La société du Croissant-Rouge pour étouffer le bruit de mon estomac
palestinien a émis un nouvel avertis- qui gronde, afin que ma mère n’en-
sement concernant la détérioration tende pas et ne réalise pas que j’ai faim,
pour lui épargner un chagrin."
l A Manchester (Royaume-Uni) : pro-
testation à l’intérieur du bâtiment
d’AXA Insurance. AXA est connue pour
ses investissements et ses partenariats
avec des banques israéliennes. A Bris-
tol, des militants, condamnant l’ar-
mement d’Israël et exprimant leur
soutien à la Palestine, bloquent le siège
du fabricant israélien Elbit.
l Pour le directeur général adjoint
de l’Unicef : « 70 % des personnes tuées
pendant la guerre sont des femmes et
Mostafa Alkharouf/Anadolu via AFP
des enfants, le massacre d’enfants doit
cesser immédiatement. Les résidents
du nord et les personnes déplacées
n’ont pas accès à l’eau potable et il n’y
a pratiquement pas de nourriture dis-
ponible. »
l Au forum mondial de Davos, le
président israélien a déclaré qu’Israël
« doit combattre le terrorisme sans
pitié » et qu’il ne reculait pas devant
la tragédie humaine à Gaza.
 INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 792
Gaza, crise politique en Israël
AU 21 JANVIER
20 janvier
l « La situation des femmes
enceintes et des nouveau-nés dans
la bande de Gaza est inimaginable
et exige des actions immédiates », a
déclaré Tess Ingram, porte-parole de
l’Unicef. Les enfants de Gaza souffrent
des « conditions les plus horribles que
j’aie jamais vues ». Ted Chaiban, direc-
teur exécutif adjoint de l’Unicef, a
déclaré dans un communiqué : « Nous
avons dit qu’il s’agissait d’une guerre
contre les enfants. Mais ces vérités ne
semblent pas passer ».
l Des milliers de cas de jaunisse ont
été détectés dans la bande de Gaza,
alors que l’accès à l’eau potable reste
sévèrement restreint, a prévenu le
chef de l’Organisation mondiale de
la santé.
l La discothèque allemande de
renommée mondiale Berghain de
Berlin a annulé le concert d’Arabian
Panther en raison des opinions pro-
palestiniennes du DJ.
l La gynécologue et obstétricienne
britannique Deborah Harrington a
passé deux semaines à l’hôpital des
martyrs d’Al Aqsa où elle dit avoir vu
des enfants souffrant de fractures,
d’amputations et de blessures
ouvertes à la poitrine. Elle était béné-
vole auprès de l’association caritative
Medical Aid for Palestinians (MAP).
L’amiral Rob Bauer, chef du
comité militaire de l’Otan,
a déclaré : « Nous devons
nous préparer à un conflit
avec la Russie. Il faut
disposer d’un système qui
permette de mobiliser un
grand nombre de personnes
en cas de guerre, qu’elle se
produise ou non. » L’Otan
va mobiliser 90 000 soldats
pour l’exercice le plus
important depuis la fin
de la guerre froide.
l Yémen : des raids américano-bri-
tanniques frappent à nouveau les
Houthis.
l 17 soldats grecs de tous grades de
la frégate Hydra, qui se préparait à
naviguer vers la mer Rouge dans le
cadre d’une mission dirigée par les
États-Unis contre les Houthis du
Yémen, ont démissionné, selon la
Fédération hellénique des syndicats
militaires (Grèce).
l Selon le journal Yedioth Aharo-
noth, « 41 % des Israéliens soutiennent
un accord d’échange de prisonniers,
contre 22 % en octobre dernier. »
l Selon le journal israélien Haaretz,
les démocrates israéliens doivent se
préparer à la guerre civile. Il est devenu
clair que la police a recommencé à
opérer en tant que milice du ministre
de la Sécurité nationale, Ben-Gvir. Les
policiers dispersent violemment
même les plus modestes manifesta-
tions et veillées de protestation.
L’ACTUALITÉ INTERNATIONALE
Les 20 et 21 janvier : manifestations en France…
Saintes, Lorient, Sens, Foix, Pau, Albi, Chambéry.
l Toujours lu dans Haaretz : « Selon
une source au sein de l’équipe minis-
térielle de sécurité : il n’y a pas d’avenir
pour la guerre, et Netanyahou tempo-
rise pour gagner du temps et échapper
à ses responsabilités. »
l Le ministre israélien de la Guerre,
Gadi Eisenkot a déclaré que le Pre-
mier ministre israélien Benjamin
Netanyahou devrait assumer l’entière
responsabilité de l’attaque du 7 octo-
bre. Lorsqu’on lui a demandé si les
dirigeants actuels d’Israël disent la
vérité au public, Eizenkot a répondu
simplement « non » et demandé de
nouvelles élections.
l David Hearst, éditeur en chef de
Middle East Eye, à propos des régimes
arabes au Moyen-Orient : « La colère
atteint un point d’ébullition dans le
cœur des Saoudiens, des Égyptiens, des
Jordaniens et des Irakiens – et elle finira
… et dans le monde
Copenhague (Danemark), Sanaa Yémen),
Beyrouth (Liban) devant l’ambassade
d’Afrique du Sud, San Francisco,
en Indonésie, Manchester, Brighton, Shef-
field (Angleterre) Malaga, Valence et
Madrid (Espagne) Berlin, Milan,
Uppsala (Suède)… (lire aussi page 12)
A Malaga.
Moissy-Cramayel en Seine-et-Marne
l Et aussi à Compiègne Lyon, Marseille, Nantes, Paris, Saint-Nazaire,
Bordeaux, Bourges, Annecy, Clermont-Ferrand, Massy, Tours…
par refaire surface et exploser. Les des-
potes devraient se méfier. Leur pro-
fonde réticence à tenir tête à Israël
pourrait leur exploser au visage. »
Selon le Jerusalem Post,
le gouvernement d’urgence
israélien est sur le point
de s’effondrer alors que la
guerre à Gaza se poursuit.
La question n’est plus
de savoir si des élections
auront lieu en 2024,
mais quand en 2024.
l Selon l’Observatoire euromédi-
terranéen des droits de l’homme,
l’armée israélienne a tué plus d’un
millier de Palestiniens et en a blessé
environ 20 000 autres au cours de la
A Manchester.
semaine dernière après que la Cour
de justice a tenu ses audiences suite
à la plainte de l’Afrique du Sud contre
Israël pour génocide à Gaza.
21 janvier
l Les forces israéliennes ont repris
leurs bombardements à proximité de
l’hôpital al-Amal de Gaza.
l Selon le New York Times, de hauts
commandants de l’armée israélienne
estiment que les deux objectifs décla-
rés d’Israël, à savoir détruire le Hamas
et libérer les captifs, ne sont pas com-
patibles.
l L’Iran affirme avoir perdu cinq
hommes lors d’une frappe israélienne
sur le siège des renseignements ira-
niens à Damas en Syrie.
Capture d’écran
Semaine du 25 au 31 janvier 2024 9
Correspondants
l A Tel Aviv, des familles de captifs
détenus à Gaza campent sous des
tentes devant le domicile de Neta-
nyahou depuis le 19 janvier.
l Antonio Guterres, le secrétaire
général de l’Onu, a de nouveau
appelé à un cessez-le-feu : « Les gens
à Gaza meurent non seulement de
bombes et de balles, mais aussi du
manque de nourriture et d’eau propre,
et d’hôpitaux sans électricité et sans
médicaments. Cela doit cesser » appe-
lant à « un cessez-le-feu humanitaire
immédiat et à la libération immédiate
et inconditionnelle de tous les otages. »
A Melbourne (Australie),
4 000 manifestants ont
organisé un blocus du port
pour appeler à un cessez-le-
feu à Gaza et empêcher le
déchargement d’un navire
israélien. Le blocus dure
depuis vendredi grâce
au soutien du syndicat
des travailleurs portuaires.
l Biden reste opposé à un cessez-le-
feu, selon un porte-parole de la Mai-
son-Blanche.
l Le ministre israélien des Affaires
étrangères, Eli Cohen : « La création
d’un État palestinien est une récom-
pense pour le terrorisme et un danger
pour l’État d’Israël, encourageant le
massacre des Juifs. »
l Le ministre britannique des
Affaires étrangères a recommandé la
poursuite des ventes d’armes à Israël.
l Pour le chef de la politique étran-
gère de l’Union européenne Josep
Borrell, « le Hamas a été financé par
le gouvernement israélien »
l Des soldats français de l’armée
israélienne ont posté une vidéo dans
laquelle ils disent : « Nous allons à Gaza,
c’est super, nous allons les massacrer ! »
10 INFORMATIONS OUVRIÈRES N 792
Provocation d’individus cagoulés
Pour la première fois depuis des
années, des individus vêtus de noir
se sont emparés de la rue et des
trottoirs face à notre siège, égale-
ment siège du journal Informations
ouvrières, au 87 rue du Faubourg
Saint-Denis à Paris.
Ce jeudi 18 janvier, La France Insoumise
organisait une conférence dans nos
locaux. L’orateur était Jean-Luc Mélen-
chon. Avant que la conférence ne com-
mence et pendant presque une
demi-heure, ce groupe d’individus a
tenté d’obstruer le passage devant notre
porte d’entrée. Insultant et vociférant
contre les passants. Tous cachés sous
leur masque, brandissant des drapeaux
israéliens de soutien à Netanyahou et
hurlant : « Hamas terroristes, LFI com-
plice » « Israël vivra, Israël vaincra ».
Qui sont ces gens ? Envoyés par qui ?
Dans quels buts ? Comment peuvent-
ils occuper la rue sans la moindre réac-
tion des pouvoirs publics ? Pourquoi
se cachent-ils derrière leurs masques ?
Cherchaient-ils une confrontation vio-
lente ?
Soutiens au POI et à la France insoumise
Parmi les soutiens reçus en France :
l Communiqué du NPA du 20 jan-
vier. Contre les provocations pro-
israéliennes de l'extrême droite
sioniste, soutien à La France insou-
mise et au POI
(...) Le NPA condamne les provoca-
tions de ces quelques individus en
défense de la politique de Netanya-
hou et de l’État d’Israël. Sans doute
espéraient-ils faire oublier que 85 %
de la population est déplacée à Gaza.
Sans doute espéraient-ils que leurs
vociférations (« Hamas terroristes, LFI
complice », « Israël vivra, Israël vain-
cra ») couvriraient les quelque 24 000
morts.es dont plus de 10 000 enfants.
Le NPA apporte sa solidarité à LFI et
au POI face ces disqualifications et
intimidations qui trahissent des pra-
tiques antidémocratiques. Comme
eux, nous agissons et combattons
pour un cessez-le-feu à Gaza, pour
l’arrêt des bombardements et des
massacres à Gaza et pour le respect
A l’étranger :
l Algérie : « Le Parti des travailleurs
exprime sa solidarité au leader de la
France insoumise, Jean-Luc Mélenchon
et au Parti ouvrier indépendant de
France qui viennent de faire face à une
tentative de violence et d’intimidation
en relation avec leur soutien au peuple
palestinien qui fait face à une guerre
d’extermination depuis le 7 octobre
2023 et en relation avec leur combat
pour un cessez-le-feu immédiat et per-
manent à Ghaza/Palestine. »
l Brésil : Le secrétariat aux relations
internationales du Parti des travail-
leurs (PT) du Brésil « défenseur des
libertés, rejette la violence politique
contre les droits fondamentaux des
citoyens. Le PT tient à condamner l’at-
taque qui a eu lieu à l’entrée du siège
du POI, le 18 janvier dernier. »
Dialogue et action pétiste exprime sa
solidarité.
0 L’ACTUALITÉ POLITIQUE ET SOCIALE
devant le siège du POI et d’IO
Une chose est certaine, c’est une ten-
tative d’agression contre les locaux
d’une organisation ouvrière, démocra-
tique, reconnue légalement, qui agit
sans masque et s’exprime en toute
clarté, en particulier dans son journal
Informations ouvrières.
Le POI condamne ces agissements et
ce recours à la violence dans les rela-
tions humaines. D’autant que cela se
produit dans un contexte dans lequel
les exactions contre les organisations
et militants ouvriers se multiplient.
Tout comme les insultes et appels au
meurtre sur les réseaux sociaux contre
tous ceux qui combattent et n’accep-
tent pas la dérive antidémocratique
engagée par Macron et ses soutiens.
Aujourd’hui le POI, la France Insoumise
qui subit acharnement et appels au
meurtre, hier les locaux de la Libre-
Pensée, ou encore les menaces contre
des responsables CGT ou le NPA.
Le POI est ouvert à toute confrontation
des positions politiques et des idées.
Il exclut de régler les différends par la
violence et l’intimidation. Il estime que
c’est dans l’unité de toutes les orga-
des droits des Palestinien-nes.
l « Communiqué de vigilance » du
Parti de Gauche du 21 janvier 2024
(...) Notre solidarité va à notre cama-
rade Jean-Luc Mélenchon (cible des
colons israéliens et de leurs relais poli- des colonies, et la nécessaire recon-
tiques et médiatiques en France et
ailleurs) ainsi qu’aux camarades du
POI qui ont accueilli cette réunion de
La France Insou-
mise.
Les autorités fran- « Personne ne fera taire
çaises, à commencer la voix de l’insoumission positions racistes,
par la Préfecture de qui s’exprime pour
police, feraient bien le cessez-le-feu à Gaza » organisations du
d’agir pour mettre
hors d’état de nuire
ces individus, vrai- Le Parti de Gauche
semblablement
membres de la Ligue
de Défense Juive. Cette organisation
multiplie les exactions en plein Paris,
prône la haine des organisations
l Burkina Faso : Le secrétaire général
de la Confédération générale du tra-
vail du Burkina Faso (CGTB) exprime
sa solidarité.
l Etats-Unis : La responsable des rela-
tions internationales du Democratic
socialits of America (DSA) a transmis
tout son soutien.
l Grèce : « Le Nouveau courant
gauche pour la libération communiste
(Nar) condamne la tentative d’intimi-
dation contre les militants du POI et
les soutient dans leur détermination à
défendre la lutte du peuple palesti-
nien. »
l Guadeloupe : « Nous, militants de
l’Association des travailleurs et des
peuples de Caraïbes et du Liyannaj
Kont Pwofitasyon (LKP) apportons
notre soutien aux militants et dirigeants
du POI. Nous soutenons toutes les
La conférence de LFI dans les locaux du POI le 18 janvier.
nisations démocratiques qu’il est par-
faitement possible de bloquer ces
dérives antidémocratiques d’où
qu’elles viennent. Et quels que soient
les soutiens dont elles disposent.
Sans tomber dans quelques provoca-
tions que ce soit, le POI saura, comme
démocratiques et internationalistes
et le massacre des Palestinien·nes.
Personne ne fera taire la voix de l’in-
soumission qui s’exprime pour le ces-
sez-le-feu à Gaza, la libération des
otages civils et des détenu·es poli-
tiques, l’arrêt et le démantèlement
naissance dans les faits des droits
nationaux du peuple palestinien.
Au moment où nous sommes des mil-
liers à nous mobili-
ser contre la loi
Darmanin et ses dis-
nous appelons les
mouvement ouvrier
et démocratique à la
vigilance par rapport
à l’extrême droite,
d’où qu’elle vienne ;
l’autodéfense unitaire et démocra-
tique est plus que jamais à l’ordre du
jour.
actions des forces progressistes et
démocratiques du mouvement ouvrier
allant dans le sens d’un cessez-le-feu
immédiat et la défense du droit du peu-
ple palestinien à l’autodétermination ».
l Italie : Potere al Popolo apporte
pleine solidarité. « Nous ne nous lais-
serons pas intimider par les nouveaux
fascistes, aux ordres de la réaction bour-
geoise la plus rustre. »
« Héritier de la tradition socialiste inter-
nationaliste à la cause palestinienne,
les camarades de Risorgimento socia-
lista expriment leur solidarité incon-
ditionnelle au POI et à Informations
ouvrières. »
l Liban : Le secrétaire général, au nom
du Parti démocratique populaire du
Liban, condamne l’attaque menée par
les bandes fascistes sionistes contre le
séminaire prévu du militant de gauche
c’est sa tradition, faire face à ces ten-
tatives.
Il ne cessera de combattre et d'agir
pour le cessez-le-feu immédiat et défi-
nitif, contre les massacres de Neta-
nyahou à Gaza et dans toute la
Palestine occupée. En dénonçant tous
l Bally Bagayoko, chef de file de la
France insoumise à Saint-Denis :
« Le camp de la haine, de l’intimida-
tion ne vaincra jamais face à la com-
munauté des humanistes et des
défenseurs des droits humains ! Les
militants du POI, de la France Insou-
mise sont de ce rang. Je leur apporte
mon total soutien, à la suite de
l’agression dont ils et elles ont été vic-
times. »
l Carlos Martens Bilongo, député
insoumis : « Soutien à l’ensemble des
camarades du POI.»
l Wissam Xelka et Yazid Arifi, mili-
tants chez Paroles d’honneur ont
adressé tout leur soutien au POI.
l Diangou Traoré, syndicaliste et
militante de la France insoumise : «
Soutien, aux camarades du POI, Rien
ne justifie la violence et les intimida-
tions. »
français Jean-Luc Mélenchon au siège
de votre parti. Ces pratiques confirment
la nature agressive du mouvement sio-
niste dans la Palestine historique et à
l’extérieur, et cela confirme à son tour
le danger du projet sioniste non seu-
lement pour le peuple palestinien et
les peuples arabes, mais aussi pour les
peuples du monde qui luttent pour
défendre leur vie, leur liberté et leurs
droits et pour être libérés de la domi-
nation impérialiste. »
l Niger :Des militants syndicalistes
ont exprimé leur solidarité et leur sou-
tien.
l Sénégal : La Ligue des travailleurs
et des étudiants sénégalais ainsi que
l’Union des travailleurs libres du Séné-
gal dénoncent vigoureusement la vaste
campagne de dénonciation, de vio-
lence et d’intimidation contre la France
insoumise. »
Semaine du 25 au 31 janvier 2024
LFI
ceux qui, bien au chaud dans leur fau-
teuil ou dans les palais du pouvoir,
ou courageusement masqués, leur
apportent leur soutien de haine et de
violence.
Communiqué du POI à Paris, le 19 janvier 2024
En bref
Au même moment…
n Lundi 22 janvier, à Noisy-le-Grand
(93), lors des vœux
du député Thomas Portes,
six provocateurs sont entrés
dans la permanence avec
des affichettes et des cris
« Insoumis, soumis au Hamas »,
une dizaine de militants FI
les ont raccompagnés à la sortie
du bâtiment et le député
a continué son discours.
n A Nice, dimanche 21 janvier,
lors de la manifestation contre
la loi immigration, une vingtaine
de provocateurs sont venus avec
une banderole « les nôtres avant
les autres ». Du jamais vu
auparavant.
n A Amiens, un groupe de crânes
rasés avec de grandes croix
blanches autour du cou ont suivi
silencieusement la manifestation
contre la loi immigration
dimanche 21 janvier, mitraillant
les manifestants de photos et se
prétendant journalistes
indépendants en reportage.
n A Nantes, « l'un de nos militants
est menacé de mort par
l'extrême droite, après l'avoir
tabassé en novembre parce que
syndicaliste et racisé. », (L’Union
Etudiante).
n Dans une vidéo publiée
sur les réseaux sociaux,
le député LFI Louis Boyard subit
une avalanche d’insultes et
de propos menaçants pendant
près de quatre minutes.
Le député cherche constamment
à apaiser la situation et reste
calme. « Aucun journaliste
indigné, aucun mot de soutien
de députés de la minorité
présidentielle, aucun signe
de la présidente de l’Assemblée
nationale » déplore Louis Boyard
sur son compte X.
Total soutien à Louis Boyard !
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 792
ROUTES BLOQUÉES PAR LES INTEMPÉRIES, PANNES DE TRAIN, ETC.
« En mode
dégradé »
Yan Legoff
- Des routes, des rues,
des ponts laissés impraticables,
couverts de neige ou de verglas,
pendant des jours,
avec des automobilistes pris
au piège, avec une population
contrainte de se déplacer
à ses risques et périls,
des transports scolaires
annulés ;
- des trains stoppés en pleine
voie pendant des heures
interminables à cause
de pannes à répétition
parfaitement prévisibles ;
- des hôpitaux étranglés,
qui n’accueillent les malades
aux urgences qu’une partie
de la journée, et, encore,
à condition de passer
par le « 15 »,
ou dans des préfabriqués
installés sur des parkings,
sans médecin…
C’est ce que,
dans des circulaires officielles,
on appelle le fonctionnement
« en mode dégradé »,
qui devient en réalité la norme
courante et généralisée,
et à laquelle on nous demande
de nous habituer,
car, comme le dit
la responsable d’une structure
de propagande financée
par le gouvernement (1),
« le citoyen est le premier
responsable de sa sécurité,
mais en France on a tendance
à toujours se tourner
vers l’État. Le citoyen doit
devenir un acteur
et ne pas simplement subir
les phénomènes » !
Plus de besoin de saler
les routes ! L’entretien
des trains peut aussi être
économisé ! Un service
des urgences peut bien fermer ;
l’infirmière ou le pharmacien
(s’il y en a) peuvent faire office
de médecin, etc.
Voilà où mènent des années
de contre-réformes,
de saccages et de privatisation
des services publics.
Et ils nous disent
que c’est pour notre bien !
(1) Sylvette Pierron, président de l’Iffo-RME,
structure associative missionnée par le minis-
tère du Développement durable et le minis-
tère de l’Education, pour « la sensibilisation
aux risques majeurs, et notamment météo-
rologiques, tout au long de l’année ».
L’ACTUALITÉ POLITIQUE ET SOCIALE Semaine du 25 au 31 janvier 2024 11
Rien ne marche !
Les naufragés du rail
Où mène la privatisation du SNCF ?
endredi 19 janvier, le train
AFP
Intercités Paris-Clermont-
Ferrand avec à son bord
700 passagers a été victime
d’une panne de locomotive, occa-
sionnant un retard de 8 heures : il
aura fallu 11 heures pour rejoindre
la capitale historique de l’Auvergne.
Au lieu d’arriver à 22 h 30, les passa-
gers atteindront la destination à 6 h
30 du matin. En plein épisode de
grand froid, les 700 passagers
auront donc passé la nuit dans des
conditions climatiques extrêmes.
Trois jours plus tard, lundi 22 janvier,
un train TER reste à l’arrêt pendant
2 heures en gare de Clermont (Oise).
Le même jour, le train TGV
La Rochelle-Paris accuse un retard de
8 heures après : il aura fallu 10 heures
pour rejoindre la capitale. Des per-
sonnes âgées, des handicapés, des
femmes seules avec des enfants en
bas âge … laissés à l’abandon en rase
En 2012, des voyageurs du train entre Cerbère et Paris sont évacués,
à la suite de la panne de leur train. Aujourd’hui ces incidents se multiplient.
campagne, sur une voie de garage,
pendant des heures. leur sens du dévouement, l’un d’entre « la SNCF va prolonger la vie d’une “magasin” d'ici 2025-2026 : des pièces
eux explique : « C’est à cause de la centaine de rames pour augmenter y seront récupérées et utilisées dès 2025
POUR FAIRE DES ÉCONOMIES, “cannibalisation” des rames ! Pour son offre de sièges sur les trains à et jusqu'en 2042 dans cette “canniba-
LA SNCF A TROUVÉ LA SOLUTION : faire des économies, la SNCF récupère grande vitesse, de l’ordre de 30 % d’ici lisation”. »
LA « CANNIBALISATION » les pièces sur des rames qui ne sont à 2030. (…) Botox, c'est le nom de cette « Cannibalisation » … le terme utilisé
DES RAMES plus en service pour les utiliser sur des opération que la SNCF vient de pré- veut tout dire… La recherche effrénée
Des « avaries matérielles », comme rames en fonction. Dès le départ du senter. (…) Objectif, selon les cas, réa- d’économies pour faire de la SNCF
elles sont nommées pudiquement trajet, le conducteur savait qu’il y avait liser une rénovation à mi-vie ou en fin une entreprise « rentable » dans le
dans le jargon de la SNCF, les voya- un moteur défectueux et qu’il y avait de vie pour prolonger leur durée de cadre des réformes successives de pri-
geurs qui empruntent le train en ren- potentiellement un risque de panne. circulation de 2 à 10 ans. (…) il est dif- vatisation du rail – et dont la « réforme
contrent tous les jours depuis quelque Mais il a reçu ordre de partir quand ficile de chiffrer le coût de Botox, évalué ferroviaire » de 2019 a accéléré le pro-
temps. Intercités, TER, TGV… tous les même… ». entre 500 millions et un milliard d'eu- cessus – mène à tout : jusqu’à la « can-
trains sont touchés. En cause, la « can- La « cannibalisation » des rames, un ros. 500 000 pièces de TGV sont ainsi nibalisation » des rames ! La
nibalisation » des rames, destinée à plan d’avenir que la direction de la réparées tous les ans plutôt que d'ache- conséquence : des milliers de voya-
faire des économies sur le matériel. SNCF a prévu de généraliser dans les ter du neuf. Cela représente une éco- geurs subissent chaque jour des
Dans une discussion avec le person- années qui viennent. nomie d'un demi-milliard d'euros par « retards » intolérables et insuppor-
nel de bord – à qui il faut tirer un coup L’hebdomadaire Le Point (22 septem- an. Dans ce cadre, 19 rames (hors tables.
de chapeau pour leur sang-froid et bre 2023) nous apprenait ainsi que Botox) seront garées en tant que P.V. n
A Amiens, se déplacer Sans-abris et morts de froid
à ses risques et périls Sous Macron, le nombre de per-
sonnes contraintes de vivre dans la
pelant même que c'était un de ses
engagements de campagne.
rue, y compris des milliers d’enfants,
l a beaucoup neigé à Amiens. La donc prendre la voiture à leurs
I neige atteignant 20 cm dans
une partie la ville. La mairie
avait préalablement fait saler
les rues du centre-ville riche et
commerçant, ainsi que certaines
risques et périls, soit aller à pied en
empruntant des trottoirs verglacés,
à leurs risques et périls aussi.
Pour les très nombreux Amiénois qui
travaillent à Paris, cela a été la galère.
a doublé.
D
epuis début janvier, au
moins quatre sans-abris
sont morts dans la rue,
dans une situation où les
UN BILAN CATASTROPHIQUE
Sept ans plus tard, le bilan est catas-
trophique. Selon la fondation Abbé-
Pierre, il y avait « 142 000 SDF en 2015
et 330 000 en 2023 », y compris un
nombre sans précédent d’enfants
grandes avenues. Mais la majorité Le dimanche 21 janvier, sur l’auto-
places en hébergement d’urgence dormant dehors, en pleine vague de
des rues n’a pas été salée. Le trans- route entre Abbeville et Amiens, qui,
sont de plus en plus difficiles à froid. Les enfants à la rue sont évalués
port scolaire a été interdit, les écoles selon le gestionnaire, avait été salée,
obtenir. Dans de nombreuses à près de 3 000 par l’Unicef et la Fédé-
quasiment fermées. De plus, pen- des pluies verglaçantes ont provoqué
villes de France, des familles sont ration des acteurs de la solidarité, ils
dant trois jours, les transports col- un gigantesque carambolage provo-
lectifs de la ville ont été arrêtés. quant 23 blessés dont 3 en urgence
hébergées dans des écoles faute de étaient estimés à au moins 1 600 en
logements. 2022. Le nombre de sans-abris a dou-
Pour tous ceux qui ne pouvaient absolue. Amiens, métropole, « capi-
Pour sa première séance de ques- blé depuis le premier mandat de
avoir recours au télétravail, il fallait tale » de la Picardie. L. G. n
tions à l'Assemblée nationale, mardi Macron.
16 janvier, le nouveau Premier Le 16 janvier dernier, au micro de
ministre, Gabriel Attal, a osé annon- BFMTV, Mathilde Panot déclarait :
DISPARITION
cer que les gouvernements Macron « Il est indigne d'avoir autant de per-
avaient « sorti 550 000 personnes du sonnes qui vivent à la rue dans un
sans-abrisme, en leur permettant pays aussi riche que le nôtre » et
André Bodin d'avoir un logement pérenne » alors dénonçait « la baisse des APL » et « la
que le gouvernement organise lui- criminalisation des personnes sans
L’union départementale FO des Deux-Sèvres
même la pénurie de places d’héber- abri avec la loi Kasbarian-Bergé »,
communique : « C’est avec une très grande
gement. « Les places d’hébergement dite « loi anti-squat » qui triple les
tristesse que notre union départementale
en plus, on les avait votées en com- sanctions encourues par les squat-
doit vous informer du décès de notre cama-
mission des finances, au moment de teurs notamment.
rade, ex-secrétaire général de l’UD. Il aurait
l’examen du budget. Il y avait une « Quand il y a des gens qui meurent
eu 85 ans ce 11 avril 2024. Arrivé en 1982
majorité et ça a été balayé à coup de dans les rues de la septième puis-
dans les Deux-Sèvres, il a été secrétaire
49.3 », dénonce Marie-Charlotte sance mondiale, oui, il y a une polé-
général jusqu’en 1999. La cérémonie aura
Garin, députée écologiste. mique », s’est indigné William
lieu le vendredi 26 janvier 2024, à 8 h 30,
Macron avait aussi énoncé sa volonté Martinet, député LFI des Yvelines,
au crématorium de Niort.
d'apporter un toit à « toutes celles et répondant au gouvernement le
Selon les vœux de Dédé, la cérémonie sera
ceux qui sont aujourd'hui sans abri » 16 janvier dernier.
sans fleur ni plaque. »
lors des vœux pour l'année 2018, rap- Jules n
12 INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 792
Appel internationaliste de parlementaires pour le cessez-le-feu
Ils sont maintenant
525 parlementaires de 34 pays
à avoir rejoint l’appel au cessez-
le-feu lancé, il y a 15 jours,
par Sevim Dagdelen (Allemagne,
ex- membre de Die Linke) et
Ilhan Omar (Etats-Unis, membre
de DSA).
Parmi eux : 13 élus aux Etats-
Unis, 25 de Belgique, 19 du
Brésil, 37 d’Italie, 22 de Norvège,
40 de Grande-Bretagne (autour
de Jeremy Corbyn),
62 de Turquie, 31 du Chili,
24 de Colombie, 14 d’Irlande.
En France, 89 parlementaires
ont signé, principalement
de la France insoumise
ainsi que 3 Ecologistes (EELV)
et 1 sénateur PS.
Ce lien international pour
le cessez-le-feu est un point
d’appui dans chaque pays face
aux gouvernements complices
du génocide à Gaza.
Manifestations dans le monde entier en soutien aux Palestiniens
Des manifestations puissantes ont encore eu lieu,
partout dans le monde contre la guerre d’exter-
mination que livre Israël contre la population de
Yémen
Le 19 janvier, à nouveau les manifestants se sont réunis au centre de Sanaa
contre les frappes aériennes anglo-américaines sur le pays et en soutien
au peuple palestinien.
En Espagne, le 20 janvier, des centaines
de milliers de manifestants ont défilé
dans quatre-vingt-dix villes du pays.
l’appel d’un large spectre d’orga-
A nisations, des manifestations
massives en soutien au peuple
palestinien ont eu lieu. Pour la pre-
mière fois depuis le 7 octobre, les syndi-
cats notamment les Commissions
ouvrières (CCOO) avaient engagé leurs
forces.
Les mots d’ordre les plus significatifs
ont été l’exigence du cessez-le-feu et
l’arrêt du blocus de Gaza et surtout que
le gouvernement espagnol rompe les
L’ACTUALITÉ INTERNATIONALE
« Nous vivons un Guernica permanent »
n La parole à Jordi Salvador Duch, député, signataire de l’appel (Etat espagnol)
Quel sens donnes-tu à ta signature
de l'appel des parlementaires ?
Il est important d’essayer de regarder
vers l’avenir car dans ces moments-
là, le temps vaut de l’or pour la vie
de millions de personnes. Le destin
des Palestiniens, comme celui des
Israéliens, est uni. Pour toutes ces
raisons, le cessez-le-feu permanent
constitue une demande minimale
prioritaire.
Mais je ne veux pas commencer à
donner mon avis sans dire que ce
qu’il s'est passé le 7 octobre dernier
est un acte très grave que je
condamne de toutes mes forces. Le
Hamas a mené une attaque aveugle
contre la population civile israé-
lienne qui était injustifiable. Ce
n’étaient pas des objectifs militaires.
On ne peut que le condamner.
Maintenant, il faut dire qu’il y a un
avant le 7 octobre. Il y a cette occu-
pation qui condamne des millions
de personnes à subir une cruelle
dictature militaire permanente à
Gaza, à Jérusalem-Est, en Cisjorda-
nie… des millions de personnes
soumises à des ordres martiaux et
à des tribunaux militaires dans des
territoires qui ne sont ni libres ni
souverains.
Nous sommes alors dans un scéna-
rio de guerre chronique et horrible
qui dure depuis décennies. Dans
cette logique, il est impossible de
Gaza et contre le peuple palestinien. Au Liban, au
Danemark, en Indonésie, aux Etats-Unis, en Grande-
Bretagne, en Allemagne, en Suède, en Italie, en
Mohammed Hamoud/Anadolu via AFP
relations avec Israël et le commerce des
armes. Un méga sondage de ces der-
niers jours montre que l’immense
majorité des peuples d’Espagne sou-
tiennent la Palestine, y compris au sein
des électeurs du Parti populaire
(droite).
Le gouvernement espagnol se livre à
une sorte de double langage : hôte
empressé de l’Otan à plusieurs reprises,
il condamne les massacres à Gaza et
s’est, pour l’instant, refusé à participer à
l'opération militaire en mer Rouge
contre le peuple du Yémen. Samedi
27 janvier, une nouvelle manifestation
est organisée à Madrid.
Semaine du 25 au 31 janvier 2024
PALESTINE
regarder vers l’avenir. Il n’y a aucune sons sans jugements où quand ils vernement, donc ce n’est pas exac-
chance pour la paix. sont jugés, c’est aucune garantie de tement pareil que pour les autres.
Dans ce contexte, pour moi l’appel des la défense – sont inacceptables. Nous devons passer des paroles aux
parlementaires est une manière de Cette guerre menace de s’étendre par- actes et je ne pense malheureuse-
prendre date et dire : ça suffit ! Avant tout avec les souffrances qui en résul- ment pas pour l’instant que ce soit à
toute chose, nous voulons un cessez- tent pour la population laborieuse l’ordre du jour du gouvernement. Il
le-feu immédiat et perma- qui paie toujours pour ne suffit pas d’être oralement critique
nent. Car en la matière, la « Cette guerre toutes les guerres. C’est à l’heure actuelle.
soi-disant « communauté menace pourquoi je ne peux pas En revanche, je suis plus optimiste
internationale » s’est révé- garder le silence et je dois quant à la force qui a émergé dans la
lée incapable – tout de s’étendre lutter non seulement par rue et qui exerce une pression sur les
comme les puissances partout avec les des appels mais par tout dirigeants pour qu’ils agissent : en
mondiales telles que souffrances qui ce que je peux pour par- posant des forces d'interception, des
l’Union européenne pour en résultent pour venir à la paix et la rendre embargos sur les armes et sur la fin
ne citer qu’elle – à forcer la population aussi juste que possible. du commerce des armes, avec de
à l’arrêt immédiat de la Il faut maintenant passer l'aide humanitaire qui arrive à bon
guerre ni à Gaza ni ailleurs laborieuse. » des paroles aux actes. port et pour les obliger à avancer des
sur la planète. Sans parler Tous les groupes ont propositions politiques de paix. Je
de la profonde complicité maintenu un discours veux et j’espère aussi qu’une partie
des États-Unis dans les guerres mon- très critique sur ce qui se passe de la population vivant en Israël met-
diales. Nous vivons un Guernica per- aujourd’hui en Palestine, mais tra fin à la barbarie. En fait, il existe
manent et télévisé. comme je l’ai déjà dit, Sumar et le déjà une opposition croissante et un
Le nombre de morts, le nombre de PSOE sont au gouvernement. Nous non à la guerre en Israël, malgré la
disparus, le nombre de personnes devons passer des paroles aux actes peur provoquée par la répression du
déplacées, le nombre d'enfants et je ne pense malheureusement pas régime criminel d’extrême droite de
morts est inacceptable. Et il est inac- pour l’instant que ce soit à l’ordre du Netanyahou.
ceptable de condamner des milliers jour immédiat au-delà des paroles. En ce sens, nous exigeons que le gou-
d'innocents à la faim, de détruire vernement se joigne à l’Afrique du
des hôpitaux, de ne laisser aucune Quelle appréciation porter sur la Sud dans l’accusation de génocide
infrastructure vitale intacte (eau, position du gouvernement Sanchez contre le gouvernement israélien et
télécommunications, électricité, concernant la guerre contre la qu’il prenne des mesures de précau-
écoles, hôpitaux…). Les procès som- Palestine ? tion telles qu’un cessez-le-feu immé-
maires, les innocents kidnappés - Tous les groupes parlementaires ont diat. Nous exigeons également que
dans ce cas à la fois par le Hamas et tenu un discours très critique sur ce le gouvernement rompe les relations
par l'armée israélienne, qui détient qui se passe aujourd’hui en Palestine, diplomatiques et commerciales avec
des milliers de jeunes dans ses pri- mais Sumar et le PSOE sont au gou- Israël. n
Australie où 4 000 manifestants ont bloqué le port
de Melbourne pour empêcher le déchargement d’un
navire israélien.
Tel Aviv, le 18 janvier :
le plus grand
Israël rassemblement depuis
le 7 octobre contre
la guerre, pour un
accord de cessez-le-
feu, la libération des
otages et la fin des
massacres à Gaza.
Ces manifestations ont
lieu alors que des
Mostafa Alkharouf-AFP
dizaines de milliers
d’Israéliens continuent
de manifester contre
le gouvernement
Netanyahou.
Madrid
Pierre-Philippe Marcou-AFP
n
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 792 L’ACTUALITÉ INTERNATIONALE Semaine du 25 au 31 janvier 2024 13

ARGENTINE
Grève générale !
Julio Turra entre les mains de la présidence de la ment Milei, d’autres revendications

AFP
République jusqu’en 2025, et que cela
La grève générale, appelée pour le pourrait se prolonger jusqu’à la fin
24 janvier, est un premier choc entre du mandat de Milei.
Milei et les organisations syndicales
et populaires. LA MOBILISATION PAR LE BAS
Des assemblées dans tous les syndi-
peine s’est-il écoulé un cats des trois centrales dans toutes
surgissent telles que : suspension du
paiement de la dette extérieure et
annulation de l’accord avec le FMI ;
pour combattre l’inflation, gel des
prix des produits alimentaires, de
l’énergie et des transports ; recon-
quête de la souveraineté sur les biens

À mois de gouvernement de
Javier Milei, qui a adopté
une « thérapie de choc » au
service du capital financier avec son
décret national d’urgence (DNU),
suivi par la « loi omnibus », qu’une
confrontation d’envergure natio-
nale s’annonce déjà pour le 24 jan-
vier prochain.
À partir de l’initiative de la centrale
syndicale CGT, immédiatement suivie
par les deux CTA (1), une grève géné-
rale à partir de la mi-journée du
24 janvier a été convoquée et se pré-
pare dans tout le pays, avec un ras-
semblement principal devant le
Congrès argentin à Buenos Aires. La
paralysie se produira dans toutes les
provinces du pays et compte déjà avec
le soutien militant d’un nombre incal-
culable de mouvements populaires
et de forces politiques qui vont du
Front de gauche des travailleurs (FIT-
U) jusqu’aux différents secteurs du
péronisme qui se sont unis derrière
l’appel de la CGT pour mettre à bas
le DNU et la « loi omnibus ».
Buenos Aires, le 27 décembre dernier,
manifestation contre le méga-décret de Milei.
Depuis cette annonce, à la fin du mois
de décembre, de la paralysie pour faire
barrage aux « trains de mesures » de
Milei, la CGT et la CTA des travailleurs
ont obtenu en justice la suspension
des mesures de travail qu’ils contien-
nent.
Chaque jour qui passe voit de nou-
veaux secteurs, mouvements et orga-
nisations se joindre à la préparation
du 24 janvier, qui s’annonce avec force,
car la conscience est de plus en plus
grande que les mesures qui s’attaquent
à l’économie populaire, aux droits
sociaux et du travail, les privatisations,
s’accompagnent de la tentative d’im-
poser un « régime d’exception », qui
aboutirait à concentrer le pouvoir
les provinces, des réunions avec des
parlementaires pour rejeter les « trains
de mesures », des mouvements popu-
laires – femmes, piqueteros (2), habi-
tants, étudiants – qui se préparent
pour aider au blocage général, tel est
le climat social en Argentine à
quelques jours du paro (3).
Dans la capitale fédérale et la province
de Buenos Aires ont commencé à sur-
gir des assemblées populaires dans
les quartiers qui préparent la grève
générale et discutent de sa poursuite.
Le 13 janvier, dans le parc Centenario
de Buenos Aires, a eu lieu une
deuxième rencontre de « l’Assemblée
des assemblées » avec 400 participants
où sont intervenus 30 représentants
d’assemblées de quartiers. La même
dynamique d’organisation par le bas
a débuté également dans les autres
provinces.
Dans cette mobilisation par le bas,
au-delà de l’exigence du renverse-
ment par le Congrès du DNU, de la
« loi omnibus » et du protocole de
répression émanant du gouverne-
communs et contrôle du commerce
extérieur ; rattrapage immédiat des
salaires et des pensions de retraite,
contre les licenciements, rétablisse-
ment de la loi sur les loyers et les
expulsions.
Il est clair que de telles demandes ne
seront possibles que par une cuisante
défaite du gouvernement Milei. Le
24 janvier marquera le début d’un pro-
cessus de lutte décisif pour l’avenir
immédiat de l’Argentine. Tout notre
soutien et notre solidarité internatio-
nale à la lutte du peuple travailleur
argentin ! n
(1) Il s’agit de la CTA-T : Centrale des travail-
leurs et travailleuses d’Argentine et de la CTA-
A : Centrale des travailleurs d’Argentine
autonome – NDT.
(2) Les piqueteros sont apparus en Argentine
au cours des années 1990. Ce sont des mili-
tants qui organisent des blocages d’axes de
communication, notamment par des mani-
festations statiques – NDT.
(3) En espagnol dans le texte : paro qui au
sens littéral signifie « arrêt » - NDT.

MAROC TAÏWAN

Les enseignants veulent À propos des élections du 13 janvier

la justice sociale e président élu, William Lai, 4 671 021 voix (33,49%) et Ko Wen-je, En effet, à l'issue des législatives tenues

Communiqué du comité de rédaction Akhbar Oumaliya – extraits) L parti démocrate progressiste

(DPP) indépendantiste et
pro-Washington, remporte
l’élection avec 5 586 019 voix. Soit
40,5 % des voix. C’est un résultat très
le Parti populaire taïwanais (PPT),
qualifié de flou vis-à-vis de Pékin, fait
une percée en obtenant 3 690 466 voix
(26,46%). Le taux de participation est
en baisse à 71,86% contre 74,90% à
le même jour que la présidentielle, le
DPP a perdu 10 sièges et n’en dispose
plus aujourd'hui que de 51, tandis que
le Kuomintang (KMT) en a remporté
14 et en possède désormais 52. Le Parti
DR

en dessous du score obtenu en 2020
par sa prédécesseure, Tsai
Ing-wen, qui avait rassemblé
8 170 241 voix, soit une perte de plus
de 2,5 millions de votes !
Hou Yu-ih du Kuomintang (KMT),
conciliant avec Pékin, obtient
l’élection de 2020.
Le parti présidentiel, qui disposait
d'une majorité absolue au Yuan légis-
latif (Parlement, composé de
113 sièges) avec 61 sièges, doit désor-
mais affronter une opposition qui
s’appuie potentiellement sur 60 sièges.
populaire taïwanais (PPT) est passé
de son côté de 5 à 8 sièges.
Des résultats qui semblent indiquer
le refus par la population taïwanaise
d’un conflit avec Pékin, fut-ce sous
protectorat américain.
n

JAPON
Manifestation des enseignants, le 7 janvier à Tanger. Arrêt du génocide à Gaza !
Le comité de rédaction du journal depuis des années. Ce mouvement
Akhbar Oumaliya dénonce les sus- d’ampleur, construit dans l’unité et
Shinbun Akahata

pensions temporaires illégales et soutenu par des mobilisations

arbitraires des enseignants en grève
et les considère comme une viola-
tion flagrante du droit de grève, et
souligne la nécessité d'abroger
immédiatement les décisions de
suspension et de répondre aux
revendications du mouvement
epuis le 5 octobre 2023,
massives et des grèves a entraîné
avec lui d’autres secteurs, en parti- Tokyo, le 20 janvier : manifestation
culier sur la question de la hausse à l’appel de l’association
des salaires. Le gouvernement, « Palestiniens du Japon »,
malgré des manœuvres, a fini par organisation composée
traiter positivement certaines des de Palestiniens et de sympathisants,
demandes justes et légitimes. pour l’arrêt du génocide
La mobilisation des enseignants dans la bande de Gaza,
maintient donc son combat en en Palestine, et un cessez-le-feu

D les femmes et les hommes

du secteur éducatif se
sont engagés dans un
mouvement historique pour défen-
dre l'école et la fonction publique
en particulier contre la suppression
du statut fondamental des fonc-
tions du secteur de l'éducation
nationale et pour la revalorisation
des salaires afin de compenser la
flambée des prix. Ce mouvement
concerne toutes les catégories de la
fonction publique du secteur édu-
catif qui demande justice sociale
défense de la fonction publique face
au projet du gouvernement qui
cherche à démanteler le statut fon-
damental de la fonction publique,
au travers d’une régionalisation et
immédiat. De nombreux citoyens
se sont rassemblés
avec des tambours, des maracas,
des marmites scandant en rythme :
« Stop à l'invasion »,
d’une réglementation sectorielle qui « Stop aux frappes aériennes »,
répond aux critères imposés par les « Palestine libre »
institutions financières internatio- et « Stop à l’occupation ».
nales. Ce projet gouvernemental
cherche à mettre en place une flexi-
bilité généralisée et à faire appliquer
des concepts de « rentabilité » et
d’« esprit d’entreprise » au sein de la
fonction publique. n
14 INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 792
ALLEMAGNE > Lu dans SoPoDe no 500
« Tous les agriculteurs de tout le pays sont dans la rue »
« Supprimer les subventions agricoles ? pour des bombes et des cadavres »
près le jugement
« A rendu, le 23 novembre
dernier, par la Cour
constitutionnelle fédé-
rale qui a déclaré le budget anti-
constitutionnel, le gouvernement
fédéral s’est empressé de préciser
que les dépenses militaires et les
coûts de la guerre en Ukraine ne
seraient pas touchés, tout comme
les subventions aux grandes entre-
GRÈCE > Contre la privatisation des universités
Un mouvement étudiant de grande ampleur
n Appel de Jeunesse communiste de libération (VKA) sur le mouvement étudiant
luttant pour une éducation publique et gratuite en Grèce, 15 janvier
e gouvernement grec a
« L annoncé un nouveau
projet de loi sur l’éduca-
tion intitulé “Université
libre”, dont l’objectif principal est la
création d’universités privées en
Grèce. L’organisation Jeunesse com-
muniste de libération rappelle que la
nature exclusivement publique et
gratuite de l’enseignement supérieur
est explicitement inscrite dans l’arti-
cle 16 de la Constitution grecque.
Avec ce texte, nous nous adressons à
la jeunesse militante du monde entier,
en communiquant la lutte pour l’édu-
cation publique et gratuite, de la part
de centaines de milliers de lycéens et
étudiants, d’enseignants, et de travail-
leurs de l’éducation publique.
Grâce aux grandes luttes du peuple et
de la jeunesse, l’article 16 n’a pas été
aboli malgré les tentatives des gouver-
nements antérieurs. La dernière fois
qu’un gouvernement a essayé d’abolir
l’article 16, en 2006-2007, et de créer
des universités privées, un mouvement
étudiant victorieux, soutenu par la
classe ouvrière grecque, a éclaté.
Presque toutes les universités grecques
étaient occupées, avec des assemblées
générales de milliers d’étudiants dans
chaque département et syndicat étu-
diant, avec des occupations d’univer-
sités et des manifestations de centaines
de milliers de personnes presque
chaque semaine, jusqu’à ce que le gou-
vernement batte en retraite.
UNE PRIVATISATION DES ÉCOLES
ET DES UNIVERSITÉS
Le financement public de l’éducation
est constamment réduit, ce qui a des
effets dévastateurs sur les écoles et les
universités, tandis que le nouveau
cadre pousse les universités à conclure
des partenariats avec le secteur privé
et les entreprises multinationales sous
L’ACTUALITÉ INTERNATIONALE
Correspondant
prises. Par contre, il a décidé de
prendre des mesures d’austérité
contre les agriculteurs, à savoir sup-
primer les aides telles que les sub-
ventions pour le diesel agricole.
Un nouveau coup de massue porté
sur la tête des agriculteurs qui depuis
longtemps déjà subissent les pressions
exercées par les groupes de l’agro-ali-
mentaire avides de profits, ainsi que
par les investisseurs financiers.
Manifestation des étudiants, à Athènes, le 11 janvier.
prétexte de les connecter au marché
et d’établir des “collaborations” réci-
proques. Alors que la guerre devient
un élément organique du capitalisme,
les universités grecques coopèrent avec
l’industrie de la guerre et l’Otan, détour-
nant leurs recherches des besoins
sociaux vers ceux des machines à tuer.
L’UNION EUROPÉENNE
À L’ORIGINE DES PRIVATISATIONS
L’Union européenne (UE) est à la base
de la politique décrite ci-dessus, en
plus des gouvernements et des intérêts
privés. Il s’agit donc d’une tentative
d’abolir non seulement l’éducation
publique, mais aussi le droit des États
et des peuples à décider différemment
de la direction de Bruxelles et des lob-
bies d’affaires qui dirigent l’UE.
Nous faisons l’expérience quotidienne
des résultats négatifs de la privatisa-
tion des biens sociaux, tels que l’élec-
tricité, l’eau, la santé et les transports.
Nous savons que le gouvernement
veut éviter le “fardeau” du finance-
ment de l’éducation publique, tout en
dépensant des sommes exorbitantes
pour la répression policière et l’équi-
pement militaire (est en tête des
En Allemagne, quatre groupes de dis-
tribution se partagent le marché de
l’alimentaire : le groupe Edeka, le
groupe Rewe, le groupe Aldi et le
groupe Schwarz. En 2021, ces quatre
groupes détenaient plus de 85 % du
chiffre d’affaires du commerce de
détail du secteur alimentaire, soit plus
de 218 milliards d’euros au total. Ils
peuvent souvent dicter leurs condi-
tions aux petits fournisseurs et déter-
minent les prix d’achat.
A cela s’ajoutent les coûts imposés
par l’industrie des engrais et des pes-
ticides, qui ne cesse d’engranger des
bénéfices toujours plus importants.
Mais il y a aussi l’augmentation des
prix de l’énergie due à la politique de
sanctions menée par le gouvernement
fédéral qui entraîne une hausse consi-
dérable des coûts que les agriculteurs
ne peuvent pas répercuter. Tout cela
réduit leurs revenus.
Le 18 décembre déjà, les agriculteurs
ont paralysé Berlin avec jusqu’à 3 000
tracteurs. De nombreuses manifes-
tations et rassemblements de protes-
tation ont suivi. Le 10 janvier, par
exemple, ils étaient 4 000 à Dresde ;
à Bremerhaven les agriculteurs ont
paralysé le terminal à conteneurs ;
Correspondant
dépenses de défense en termes de
pourcentage du PIB/population parmi
les pays de l’Otan, dépassant même
les Etats-Unis).
Avec le mouvement des travailleurs
et des peuples, nous exigeons une
éducation exclusivement publique,
gratuite et complète, ainsi que le droit
à l’emploi après les études.
DES ASSEMBLÉES GÉNÉRALES
ORGANISÉES PAR LES ÉTUDIANTS
ET DE GRANDES MANIFESTATIONS
Au début de l’année 2024, les syndi-
cats étudiants ont organisé des assem-
blées générales et des occupations
dans la plupart des universités
grecques, avec le soutien des lycéens,
des enseignants et des travailleurs.
De grandes manifestations ont déjà
été organisées dans toute la Grèce et
de nouvelles sont en cours d’organi-
sation dans les semaines à venir.
A travers cette campagne, nous vous
invitons à soutenir la lutte de la jeu-
nesse et de la classe ouvrière grecques
et à procéder à des déclarations ainsi
qu’à des actions en soutien au mou-
vement étudiant et éducatif en Grèce.
n
dans le Brandebourg, plus de
cent accès aux autoroutes ont été blo-
qués ; des manifestations ont eu lieu
à Mayence, Augsbourg, Flensburg,
Schwerin, en Hesse, Cottbus, Hanovre.
Des agriculteurs du Schleswig-Hol-
stein et de Basse-Saxe se sont rendus
au port de Hambourg formant trois
cortèges de tracteurs… Tous les agri-
culteurs de tout le pays sont dans la
rue, qu’ils soient à la tête de petites
exploitations ou agriculteurs écolos
en passant par les exploitations fami-
liales jusqu’aux grandes coopératives.
Le lundi 15 janvier 2024, les agricul-
teurs se sont mobilisés pour clôturer
leurs actions de protestation par une
marche en étoile et un grand rassem-
blement à Berlin, rue du 17-Juin.
REJOINTS PAR D’AUTRES CONTRE
LE GOUVERNEMENT SCHOLZ
Les agriculteurs ont été rejoints dans
de nombreuses villes et communes
par des chauffeurs de poids lourds,
les transporteurs de l’Association
fédérale du transport de marchan-
dises et de la logistique (BGL), qui
s’opposent à la hausse des tarifs aux
péages des autoroutes et demandent
davantage d’investissements de l’État
IRLANDE DU NORD > Grève dans le public
170 000 travailleurs en grève
A l’appel de 17 syndicats, infirmières,
sages-femmes, enseignants, em-
ployés des voiries, train et bus ont
participé à la grève du 18 janvier
pour une augmentation de leur
salaire. C’est la grève la plus impor-
tante depuis 1974 dans cette partie
de l’Irlande qui est maintenue sous
la dépendance de Londres.
es syndicats du secteur public
L en Irlande du nord revendi-
quent des augmentations de
salaires afin que ceux-ci soient ali-
gnés sur ceux de l’Angleterre, de
l’Écosse et du Pays de Galles. Ils exi-
gent aussi une augmentation des
dotations de fonctionnement pour
un meilleur fonctionnement des
services publics. Le gouvernement
britannique avait inclus 584 mil-
lions de livres dans ce but dans la
RUSSIE
Sans chauffage !
Des protestations liées aux pannes
de chauffage domestique ont lieu
dans plusieurs grandes villes
de Russie. Les habitants lancent
des appels à Poutine,
se réunissent dans les halls
de leurs immeubles, comme
à Moscou (notre photo).
Depuis début janvier,
la température ne dépasse pas
10°C dans des dizaines de milliers
de logements.
Rassemblement en soutien de Fail Alsynov
A Baïmak, (République d’Asie
centrale du Bashkortostan) qui fait
partie de la Fédération de Russie,
a eu lieu aujourd’hui un
rassemblement assez important en
soutien à Fail Alsynov, un activiste
national du peuple bachkir. Il y avait
entre 5 et 15 000 personnes,
malgré une température de -23°C.
Fail Alsynov s’est fait connaître en
dehors de la république lorsqu’il
Semaine du 25 au 31 janvier 2024
dans la réparation des ponts et des
routes ; des entreprises de bus pri-
vées, mais aussi de nombreux arti-
sans se sont associés à ce
mouvement de protestation. Les
chauffeurs de taxi annoncent égale-
ment des actions de protestation. Les
artisans rejoignent les agriculteurs,
leur protestation visant entre autres
la loi sur le chauffage.
La décision du gouvernement fédéral
de supprimer les subventions au prix
de l’énergie et de l’électricité touche
l’ensemble de la population. La
révolte des paysans est le signe avant-
coureur d’un soulèvement social
beaucoup plus profond et plus large
de la population.
Toutes les forces politiques ont pro-
testé contre les agriculteurs et les ont
mis en garde contre une « infiltration
de la droite dans leurs protestations ».
Une exception : Sahra Wagenknecht,
et son parti Was tun. Elle a déclaré :
« Chaque euro de charge supplémen-
taire pour les agriculteurs en Alle-
magne est un euro de trop. Je soutiens
leurs protestations et demande au gou-
vernement fédéral de revenir intégra-
lement sur les suppressions prévues. »
n
dotation de 3,3 milliards de livres de
l’Irlande du Nord inscrits au budget
du Royaume-Uni. Mais le secrétaire
d’Etat à l’Irlande du Nord a condi-
tionné, de façon perverse, le verse-
ment de cette somme au
rétablissement du parlement de l’Ir-
lande du Nord et de son exécutif
suspendu depuis deux ans.
Le parti unioniste DUP refuse de sié-
ger car il veut la garantie que la divi-
sion de l’Irlande entre Nord et Sud
sera maintenue. Les travailleurs du
secteur public nord-irlandais, toutes
confessions confondues, indépen-
damment des manœuvres, ont réa-
lisé dans la grève l’unité pour leurs
revendications.
Cette unité est l’élément majeur qui
posera à nouveau tôt ou tard la ques-
tion de la réunification de l’Irlande.
JP Martin n
DR
s’est battu pour le mont Kushtau,
que les autorités fédérales voulaient
céder pour l’exploitation d’une
mine. Dans cette lutte, qui a débuté
en 2020, la force motrice était le
mouvement national bashkort, qui
lutte pour la souveraineté de la
république du Bachkortostan. Les
autorités ont décidé de mettre le
chef de ce mouvement, Alsynov,
derrière les barreaux.
 INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 792
IL Y A 100 ANS, DISPARAISSAIT LÉNINE
« Une foi inébranlable en la volonté
de révolution des masses »
AFP
Le centième anniversaire de la mort
de Lénine (le 21 janvier 1924) nous
fournit l’occasion d’évoquer les
traits saillants de l’homme qui diri-
gea la révolution russe et organisa
la prise du pouvoir le 25 octobre
1917. Personne ne pouvait mieux
que Trotsky dégager les lignes de
force de la pensée de Lénine, ce qu’il
fit en juin 1924 dans son livre consa-
cré à Lénine et dont sont extraites
les citations qui suivent.
énine prenait les événe-
« L
ments et les rapports
sociaux en gros, il habi-
tuait sa pensée à saisir
les masses sociales et par là il reflé-
tait l’image de la révolution en
marche qui prit à l’improviste et
Plékhanov et Axelrod », écrit
Trotsky qui explique ce qu’il entend
par là : « Lénine avait surpris sans
erreur possible le bruit sourd de la
pression croissante exercée par les
temps nouveaux sur la bourgeoisie
(…). Lénine, en réalité, ne s’était
pas trompé lorsque, en mai, il
expliquait à M. Maklakov que “ce
pays d’ouvriers et de paysans indi-
gents était mille
fois plus à gauche
que les Tchernov et « De toute son énergie,
les Tsérételli (1) et par tous les moyens dont contenu concret,
cent fois plus à il disposait, il s’efforçait
gauche que nous
autres, les bolche-
de mettre le parti
viks”. C’est en ce la pression des masses et quent, une force
point qu’il faut le comité central du parti
apercevoir la sous la pression des rangs Lénine montre
source principale inférieurs. »
de la tactique de
Lénine.
Sous la pellicule
fraîchement formée, mais déjà assez
trouble, de la démocratie, il atteignait encore chaotique de la masse qui
aux profondeurs du “pays d’ouvriers
et de paysans indigents”. Et ce pays
était prêt à faire la plus grande des
révolutions. Cependant, il était
encore incapable de manifester cette
disposition en politique.
Les partis qui parlaient au nom des
ouvriers et des paysans, les trom-
paient, simplement.
Des millions d’ouvriers et de paysans
ignoraient encore notre parti, ne
l’avaient pas découvert, ne savaient
pas qu’il exprimait leurs tendances ;
et, en même temps, notre parti ne
comprenait pas encore toute sa puis-
sance virtuelle ; c’est pourquoi il se
trouvait “cent fois plus à droite” que
TRIBUNE LIBRE ET OPINIONS
les ouvriers et les paysans. Il fallait
procéder au rassemblement, il fallait
montrer au parti les millions
d’hommes qui avaient besoin de lui,
il fallait montrer le parti à ces millions
d’hommes.
On devait éviter de courir trop de
l’avant, mais on ne devait pas rester
en arrière. Il était nécessaire de don-
ner de patientes et persévérantes
explications. Or ce que l’on devait
expliquer était fort simple : “A bas les
dix ministres capitalistes !” (2) (…).
Quand Lénine arriva à Péters-
bourg (3), il apportait avec lui des
généralités toutes faites, dans les-
quelles se résumait toute l’expérience
sociale, théorique et pratique de sa
vie. A peine avait-il touché le sol de
Russie qu’il proclamait le mot d’ordre
de la révolution sociale. Mais c’est
seulement alors, dans l’épreuve qui
fut faite des vivantes masses labo-
rieuses, réveillées en Russie, c’est
alors que commença la vérification
de toute la somme des pensées accu-
mulées, révisées, fixées pendant tant
d’années !
Les formules résistèrent à cette
épreuve. Bien mieux, c’est ici seule-
ment, en Russie, à
Petrograd qu’elles
s’emplirent de leur
quotidien, irréfu-
table, et qu’elles
sous prirent, par consé-
irrésistible. (…)
alors, et peut-être
ressentit lui-même
pour la première
fois à quel point il
était capable d’entendre la clameur
s’éveillait. Avec quel mépris profon-
dément organique les trottinements
de souris des partis dirigeants de la
révolution de Février (…). Sous les
décors démocratiques qui couvraient
la scène, il entendait monter le gron-
dement d’événement d’une autre
envergure. (…)
Il voyait, entendait et sentait avant
tout l’ouvrier russe, cette classe
ouvrière dont le nombre avait consi-
dérablement augmenté, qui n’avait
pas encore oublié l’expérience de
1905 (4), qui avait passé par l’école
de la guerre, qui en avait connu des
illusions, qui avait éprouvé les hypo-
crisies et les impostures de la défense
nationale, et qui était prête mainte-
nant à supporter les plus grands
sacrifices et à risquer des efforts
inouïs.
Il sentait l’âme du soldat, du soldat
abasourdi par trois ans d’un carnage
diabolique – sans raison et sans but
– (5) , du soldat éveillé par le tonnerre
de la révolution et qui se disposait à
prendre sa revanche de toutes les
stupides immolations, de toutes les
humiliations, de tous les affronts,
par une explosion de haine qui
n’épargnerait rien.
Il entendait et sentait le moujik qui
traînait encore les entraves d’un ser-
vage multiséculaire et qui, mainte-
nant, grâce à la violence secousse de
la guerre, avait aperçu pour la pre-
mière fois la possibilité de prendre sa
revanche sur tous les oppresseurs, les
esclavagistes, les seigneurs : revanche
épouvantable, implacable. (…).
La révolution de Février courait sur
la pente (…), mais là-dessous, tout
bouillonnait et grondait, toutes les
rancunes du passé cherchaient leur
issue : et c’était la haine du garde dans
les campagnes, du commissaire de
quartier, du chef de police, du chef
des cadastres, du sergent de ville, du
fabricant, de l’usurier…Ainsi se pré-
parait la plus grande des éruptions
révolutionnaires qu’ait connues l’his-
toire. (…) Si l’on veut se rendre
compte de la conduite de Lénine
pendant cette période (la période qui
précède Octobre), il faut voir nette-
ment ceci : Vladimir Illitch avait une
foi inébranlable en la volonté de révo-
lution des masses, il croyait que la
révolution pouvait être faite par les
masses ; mais il n’avait pas la même
confiance dans l’état-major du parti.
Manifestation le 18 juin 1917 à Petrograd. Les mots d’ordre de ce cortège
sont : « La paix dans le monde ! », « Tout le pouvoir au peuple ! » « La terre
au peuple ! » et « A bas les dix ministres capitalistes ! ».
Il savait combien il est difficile de
passer des paroles aux actes. De toute
son énergie, par tous les moyens
dont il disposait, il s’efforçait de met-
tre le parti sous la pression des
masses et le comité central du parti
sous la pression des rangs inférieurs.
Pas une minute il ne considéra
comme suffisant que le comité cen-
tral eût adopté la formule de l’insur-
rection armée. »
Bref, autant de leçons d’une grande
actualité au moment où des masses
de millions d’hommes s’apprêtent à
se soulever à l’échelle du monde
contre la barbarie impérialiste et ses
conséquences : les guerres, la misère,
la mort. n perdu beaucoup de temps et d’énergie
(1)Tchernov, menchevik, et Tsérételli, socia-
liste révolutionnaire (SR), étaient ministres
du gouvernement provisoire dirigé par
Kerensky.
(2)La révolution de Février avait jeté à bas
le tsar et son régime. Un gouvernement pro-
visoire était constitué, composé majoritai-
rement de mencheviks et de socialistes
révolutionnaires et présidé par Kerensky.
La confrontation entre le gouvernement
provisoire et le congrès des soviets battait
son plein. Le congrès des soviets exigeait la
rupture avec la politique de guerre. « A bas
les dix ministres capitalistes ! Arrêt de la
guerre ! Ni paix séparée avec l’Allemagne, ni
traités secrets avec les capitalistes anglo-fran-
çais ! »
(3)Pendant la révolution de Février, Lénine
est en Suisse. Il rentre en Russie, en avril.
(4)La révolution de 1905, durement répri-
mée par le tsar, apparaît comme une répé-
tition générale.
(5)Référence aux milliers de morts sacrifiés
par l’impérialisme lors de la Première Guerre
mondiale.
AFP
Disponible à la Sélio
Histoire de
la Révolution russe,
Léon Trotsky.
1. La révolution
de Février 11,50 €
2. La révolution
d’Octobre 12,30 €
Semaine du 25 au 31 janvier 2024 15
LES NÔTRES
France Furby
DR
est avec tristesse que nous
C’
Furby.
avons appris le décès de
notre camarade France
Cette camarade avait rejoint la section
française de la IVe Internationale sur
le tard, dans le Morbihan. Elle nous
disait : « Je n’ai qu’un seul regret dans
ma vie militante, celui de ne pas avoir
rencontré le POI plus tôt, tant mon
analyse politique concorde depuis
longtemps à l’orientation du POI. J’ai
au PCF. »
Elle nous avait d’abord accompagnés
en militant pour le front unique dans
le cadre du CNRR (comité national
de résistance et de reconquête) puis
était venue aux réunions du POI.
Enfin, elle avait démarré un cycle d’ex-
posés et de discussion (ce que nous
appelons « groupe d’études révolu-
tionnaires ») avec la section française
de la IVe Internationale (le CCI), elle
qui était si intéressée par l’histoire du
mouvement ouvrier. A l’issue d’un
déplacement à Paris lors d’une ren-
contre nationale des CNRR, elle avait
fait le pas d’une intégration au CCI.
Dès ses études de sage-femme et
encore étudiante, elle s’était engagée
dans les combats organisés pour la
liberté de l’avortement en participant
à des campagnes organisées par des
médecins, des internes en médecine,
des infirmières, des particuliers, dans
les années qui ont précédé la loi Veil,
dont elle connaissait également les
limites.
Venant d’un milieu modeste, France
avait les intérêts de la classe ouvrière
chevillés au corps. Militante CGT de
longue date dans son métier, arrivée
à Pontivy, elle était l’une des respon-
sables du syndicat qui avaient com-
battu pour la création d’un nouvel
hôpital dans cette ville. Retraitée, elle
s’était battue pour la création d’un
comité de défense de l’hôpital contre
la fermeture de services, de plus en
plus menacés par la dégradation
générale des budgets de la santé et
des conditions de travail.
France était une personne qui s’ex-
primait d’une voix douce et très cal-
mement, sans jamais hausser le ton.
Ses interventions, toujours soutenues
par son érudition, sa volonté d’ouvrir
des perspectives de combat sur des
revendications précises, sans com-
promis avec les politiques progou-
vernementales, faisaient mouche à
chaque fois qu’elle prenait la parole.
Et encore en juillet 2023 quand,
devant près de 200 personnes réunies
à l’initiative de l’intersyndicale CGT-
Sud devant l’hôpital de Pontivy, elle
dénonçait les politiques de restriction
budgétaire imposées par l’ARS et par
le gouvernement Macron.
Enfin, elle s’est engagée avec déter-
mination dans la construction d’un
GA de LFI à Pontivy, après avoir mené
campagne pour le candidat de LFI à
l’élection présidentielle et la candidate
aux législatives.
Une belle personne et une sacrée mili-
tante.
Nos pensées vont à sa famille, son
mari, son fils, sa petite fille, ses deux
belles-filles, tous si importants pour
elle. Loïc Avry n
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 792
INFORMATIONS OUVRIÈRES
Tribune libre de la lutte des classes,
hebdomadaire du POI. Dans le cadre
de sa tribune libre, Informations ouvrières,
fondé par Pierre Lambert, offre la possibilité
de s’exprimer librement à tout groupement
L’HUMEUR
de Michel Sérac
83 % des citoyens forcés
de financer les écoles
séparatistes catholiques
La hautaine ministre Oudéa-
Castéra, si représentative du
président des riches, s’est rendue
à l’école publique Littré qui avait
révélé ses mensonges.
Elle a été conspuée : « du fric
public pour l’école publique ! ».
On distingue, pour l’école,
deux catégories de citoyens :
les 17 % et les 83 %.
Les 17 %, essentiellement
la classe sociale des Macron
et Oudéa-Castéra, ont la liberté
de payer 2 500 euros de frais
scolaires par enfant – surtout si,
comme la ministre, ils ont
empoché un salaire mensuel
de 35 000 euros (1). Ils sont libres
de choisir l’école de l’Église,
où l’on trie les élèves, par l’argent
et le niveau scolaire, où on les
endoctrine contre le droit à
l’avortement et la liberté sexuelle,
où l’on enseigne, en même temps,
les lois de la biologie et la
résurrection de la chair morte, etc.
Les 83 %, enfants de l’écrasante
majorité, fréquentent l’école
publique gratuite, ouverte à tous
sans ségrégation, où l’emprise
religieuse est interdite,
où l’on enseigne les seules
connaissances scientifiques (2).
Mais une loi du royaliste
de Gaulle (1959) force les 83 % à
financer par leur impôt les écoles
séparatistes catholiques :
c’est une violation despotique
de leur liberté. Ces milliards sont
proprement volés, soustraits
à l’école républicaine. Qui se
dégrade sans cesse, tandis que
l’école aristocratique Stanislas,
chère à la ministre Oudéa-
Castéra – sept gymnases,
deux piscines, trois hectares,
et les autres écoles religieuses
sont gorgées de fonds publics
détournés par le régime.
Cette spoliation des enfants du
peuple ne cessera qu’avec une
vraie république démocratique.
(1) Ce salaire mensuel, plus de deux ans de Smic,
a rémunéré sa fonction, sans doute exténuante, de
présidente de la Fédération française de tennis.
(2) Les bourgeois et leurs perroquets médiatiques
rabâchent que « les Français » veulent choisir
leur école, pas seulement les riches, etc. Cette
ruse ne vise qu’à couvrir les privilèges du clergé
d’un voile « démocratique » :
a) les effectifs des écoles catholiques stagnent
depuis 60 ans : 16-17 %. Ce n’est donc qu’à la
marge que des familles populaires, malgré leur
répugnance, se résignent à passer par l’école
séparatiste. C’est bien la bourgeoisie, petite,
moyenne et grande, qui fournit l’essentiel des
effectifs. b) Si les milliards volés étaient restitués
à l’école publique, si celle-ci retrouvait sa qualité,
des parents républicains n’auraient plus à sur-
monter leur dégoût pour le clergé – dont le rap-
port Sauvé a montré les hautes vertus éducatives,
avec 330 000 victimes de viols et de pédophilie.
ou formation politique qui entend sincèrement
combattre pour l’émancipation des travailleurs.
Cela sous leur propre responsabilité.
L’hebdomadaire est édité par l’association
(loi 1901) Informations ouvrières.
Nicole Bernard, directrice de la publication.
L
a ministre de l’Education natio-
nale, du sport et des jeux olym-
piques, M me Oudéa-Castéra fait
beaucoup parler d’elle.
Cela a commencé avec le fait qu’elle a
retiré ses enfants de l’école publique
pour les inscrire dans la très réaction-
naire école Stanislas dans le VIe arron-
dissement de Paris, où elle habite. La
question majeure n’est pas qu’elle ait
inscrit ses enfants dans le privé, mais
qu’elle a menti : elle avait justifié sa déci-
sion en prétendant qu’il y avait dans
l’école trop d’heures non remplacées. Ce
qui, pour une ministre de l’Education
nationale est une insulte aux ensei-
gnants, et qui plus est un mensonge.
L’école Littré est une très bonne école,
où il n’y a aucun problème d’absence et
de non-remplacement comme le témoi-
gnent les enseignants et parents d’élèves
de l’école. Elle a dû faire ses excuses.
Ce n’est pas tout. Alors que des cen-
taines de milliers de bacheliers souffrent
du système de ParcourSup, son fils, par
un contournement de ParcourSup a eu
comme quarante-et-un autres, son ins-
cription aux classes prépas de Stanislas.
Mieux vaut être le fils de la ministre de
l’Education nationale.
M me Oudéa-Castéra était camarade de
promotion d’Emmanuel Macron à l’Ena,
et dans ce petit monde, elle se retrouve
nommée ministre.
Avant d’entrer en politique, elle était
directrice exécutive chez Carrefour pour
un salaire de 1,4 million d’euros par an.
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Faites-le savoir !
Revers lifté
mis un parjure pour avoir menti lors de
leur audition sous serment. L’amour du
sport…
Mais manifestement, ces 500 000 euros
par an n’étaient pas suffisants. Et c’est
ainsi qu’elle a gagné 53 300 euros en
jetons de présence pour huit réunions du
groupe lyonnais de Plastic Omnium. Une
usine chimique qui fait siéger la respon-
sable de la fédération de tennis, quoi de
plus logique… Il faut dire qu’elle a des
frais. Elle possède une maison dans le
VIe arrondissement, l’arrondissement le
plus cher de la capitale. Comme elle,
son mari, Frédéric Oudéa a réussi dans
la vie. Diplômé de l’Ena, conseiller de
Nicolas Sarkozy, puis PDG de la Société
générale (rémunéré 3 millions d’euros
par an, soit une hausse de 34 % par rap-
port à l’année précédente). Il est
aujourd’hui le président de Sanofi.
Quand un ministre a des liens avec tel
AFP
La ministre Oudéa-Castéra, le 17 janvier.
ou tel secteur d’entreprises, on le
Elle est ensuite devenue responsable de décharge du suivi de ces secteurs. On
la Fédération française de tennis. Elle a applique ce que l’on appelle un déport.
expliqué : « J’ai renoncé aux deux tiers La ministre en question a donc interdic-
de ma rémunération pour ma passion tion de s’occuper de tout dossier avec
dans le sport ». A la tête de la fédération Axa, Carrefour, Société générale, Capgé-
de tennis, elle dit devant une commis- mini, Sportbudiz et Sanofi. Pour la
sion d’enquête de l’Assemblée nationale « championne » de tennis qu’elle fut,
revers lifté.
qu’elle ne touchait pas plus que son Lucien Gauthier n
prédécesseur.
Et cette enquête en cours sur les faux des P.S. : à l’école Stanislas, les parents
dirigeants de la fédération de tennis ont le choix entre des classes mixtes ou
démontre qu’elle touchait 500 000 euros non mixtes. Mme Oudéa-Castéra a choisi
par an, soit 90 000 euros de plus que son pour ses trois fils, des classes non
prédécesseur. Sept dirigeants ont com- mixtes !
ou en renvoyant ce formulaire qui ne donne droit qu’au journal papier
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