Vous êtes sur la page 1sur 2

Brèves remarques sur l’impact du tremblement

de terre sur l’économie du Grand Sud-Ouest


Les trois départements touchés par le tremblement de terre du 14 août 2021 (Sud, Nippes et Gran-
d’Anse) comptent pour une population estimée à environ 1,9 millions habitants dans 153 sections com-
munales. La population des 108 sections les plus touchées l’élève à environ 1,4 millions. Le séisme a
frappé la zone la plus urbanisée de la région du Grand-Sud. C’est important de le noter parce que la ré-
gion compte environ 60% d’urbains et que la population urbaine est principalement occupée dans le
tertiaire alors qu’en milieu rural, c’est l’agriculture qui domine.

L’économie urbaine
La hiérarchie urbaine est aussi importante en matière de dynamique économique. Les plus grandes
villes jouent un rôle plus important et plus diversifié dans l’animation de l’économie. Or, les deux
villes les plus importantes : Les Cayes et Fond-des-Nègres ont été fortement affectées. Jérémie qui
vient ensuite, est à la frontière de la zone la plus affectée. Aquin, tout près de l’épicentre a été dévastée.
Ces 4 villes totalisent 450 000 habitants, le quart du Grand Sud-Ouest; une masse considérable désor-
mais sans emploi. Déjà, le Grand Sud-Ouest comportait 58% de pauvres...

C’est l’âme de l’économie régionale qui a été atteinte de plein fouet. Les secteurs tertiaire et secondaire
qui se trouvent surtout en ville comptent un capital immobilier important qui a été largement détruit par
le séisme. Bien des commerçants feront certainement faillite. Mais le choc le plus dommageable pour
l’économie est l’impact négatif sur les sous-secteurs moteurs tourisme-restauration et agro-industrie qui
auront du mal à se relever et à produire l’effet levier sur les autres activités. Pour qu’il puisse y avoir
une reprise rapide, du crédit à long terme et à taux raisonnable devrait être ouvert pour une recapitalisa-
tion.

L’économie rurale
L’agriculture a certainement été moins affectée directement. Dans l’agriculture paysanne haïtienne, ce
sont les facteurs travail et terre qui dominent. On ne sait pas encore l’étendue des dommages du trem -
blement de terre sur la force de travail paysanne. Mais alors que la majorité des exploitations agricoles
ne procurent pas aux familles une vie réellement décente, la destruction de nombreux logements et la
raréfaction des services dans les bourgs accéléreront certainement la migration vers les villes. Cet effet
pervers sera renforcé si le secours aux sinistrés viendra avec des aliments pour concurrencer déloyale-
ment la production paysanne locale déjà en difficulté.

Que faire
 Pour l’aide aux sinistrés, utiliser en priorité et au maximum la production de la région et du
pays.

 Utiliser au maximum les ressources locales et nationales pour la reconstruction.

 Identifier les « patrons », dans les bourgs et les villes. Dans chaque section communale.
 Identifier les activités motrices telles l’agro-industrie et le tourisme et accompagner les « pa-
trons » dans ces domaines.

 Renforcement du TNC pour mise en place d’un système de collecte et gestion de données
d’évaluation.

 Mesures conservatoires (zonage, utilisation débris…)

 Mise sur pied d’un véritable bureau de la reconstruction intégrant l’État central, les collectivités
territoriales et la société civile.

Vous aimerez peut-être aussi