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LES
POLITIQUE MINISTRES ADAPTATION FINS
PAYS DEVELOPPES
CULTMAIN
RES
BUREAUCRATIE ORGANISATIONS SCIENCE POLITIQUE
SOCIETEMEFIANCE
PERCEPTION NEGATIVE POLITIQUE PARTISANE
POUVOIR
MINISTERES
FONCTION PUBLIQUE
REINGENIERIE
URE
DECISION INCOMPÉTENTS
CHANGEMENT INDIVIDUS
APPAREIL GOUVERNEMENTAL
MAITRE REALITE
HAUTS FONCTIONNAIRES
REGNE
PONGANISA
ECONOMIQUES
CONTROVERSE
ETAT
DEMOCRATIE PAIX
TABOUS
INTERETS
ADMINISTRATIFS
IRRATIONALITE
COMPROMIS
ARENE POLITIQUE
TIENCONCILIATION
OR
SECRETS
JEUX
PARTIS TAXES
SABTIONNE
REGLES
ABSTRACTIONS
ENIGMATIQUE
DEFAUTS
RIVALITE
INSTRUMENTS
I
COALITIONS
LITLELSE
ENTITE RISQUES TALENTS
FONCTIONNEMENT
COMPROMIS ART
BICEPHALE
LENTEUR
OBSERVATEUR
COMPÉTITION GOUVERNEMENT
ETABLISSEMENTS
LOIS
MALV POPU
PREMIER MINISTRE GESTION
ORGANIGRAMMES
SOUS-MINISTRE
TRANSPARENCE
INTERVENTION ENJEU
SOCIETES
ERSA LATION
TERRITOIRE
EMPLOYEURS
CONSOMMATEURS
IMMIGRANTS
RETRAITE
VIRAGE
TRAVAILLEURS
INSTITUTIONS
PREDOMINANTE
ADMINISTRATEURS
TECHNOCRATIQUE
SERVICES
INCITATIFS
DROITS
TACHES
TIONS
D'ETAT
PARLEMENTAIRES
DECENTRALISEE
SOLIDAIRES
PERIPUBLIC
ELUS
SECTEUR
BESOINS LOURDEUR
CLIENT CONTRAINTES
DECODER
OMBRES
CONTRIBUABLE
JUSTICE
EGALITE SCANDALES
FINANCES
JURISTES
BUDGETS CLIENTELE
PATRONS CONFIANCE
HARMONIE
EPARGNE
CENTRALE REPUTATION
ARGENT
AUTORISATION
COMMISSIONS
MACHINE INTEGRITE
ERREURS DELAIS CABINET
ACTEURS REGISTRE COUTS INTERVENANTS VULNERABLE INTENTIONS
PARLEMENT
FLEXIBILITE STRUCTURES
LIGN
ORGANISMES
DECISIONGOUVERNEMENT
COORDONNER
SURVEILLES RIGUEUR
COMENPJEUX
SUBVENTIONS ORIENTATIONS
CONVENTIONSSECRETAIRES
INFORMELLES
COMMUNICATIONS
DECLARATIONS
DIRECTEURS GENERAUX
DECISIONS
PROGRAMMES
GAL
GRANDES ORIENTATIONS
BIEPNROMOTIONS
CADRE LE E
DIRECTIVES NEUTRALITE
HIERARCHIES TENSIONS
LITIGES FONCTIONS
ANDIT
INTERETS
CLIENT
PARTIS
E DETIMENTE
ENTITE SECURITE
ORIENTER CLANS
AR
GAGNANTS
CATEGORISE DEPENDANCE
CRITIQUES MECONNUE
PAR
COMM
CAMP DIRIGEANTS
COMM
OPPOSITION SPECIALISTES
RESPECT MEFIANCE INFLUENCER
PARLEMENT
TI
AUTONOMIE
EQUIPE
POLITISES
RESEAUX
CONSTATS
CONTROLE REELECTION
CONSEIL GROUPES
MANDAT BLAME REVENUS VALEURS CHEF PERSONNEL PROCEDURES
SEPTENTRION
les fonctionnaires
À Ginette
Pour ses conseils, son appui,
sa présence et son amour
LES
POLITIQUE MINISTRES ADAPTATION FINS
PAYS DEVELOPPES
CULTMAIN
RES
BUREAUCRATIE ORGANISATIONS SCIENCE POLITIQUE
SOCIETEMEFIANCE
PERCEPTION NEGATIVE POLITIQUE PARTISANE
POUVOIR
MINISTERES
FONCTION PUBLIQUE
REINGENIERIE
URE
DECISION INCOMPÉTENTS
CHANGEMENT INDIVIDUS
APPAREIL GOUVERNEMENTAL
MAITRE REALITE
HAUTS FONCTIONNAIRES
REGNE
PONGANISA
ECONOMIQUES
CONTROVERSE
ETAT
DEMOCRATIE PAIX
TABOUS
INTERETS
ADMINISTRATIFS
IRRATIONALITE
COMPROMIS
ARENE POLITIQUE
TIENCONCILIATION
OR
SECRETS
JEUX
PARTIS TAXES
SABTIONNE
REGLES
ABSTRACTIONS
ENIGMATIQUE
DEFAUTS
RIVALITE
INSTRUMENTS
I
COALITIONS
LITLELSE
ENTITE RISQUES TALENTS
FONCTIONNEMENT
COMPROMIS ART
BICEPHALE
LENTEUR
OBSERVATEUR
COMPÉTITION GOUVERNEMENT
ETABLISSEMENTS
LOIS
MALV POPU
PREMIER MINISTRE GESTION
ORGANIGRAMMES
SOUS-MINISTRE
TRANSPARENCE
INTERVENTION ENJEU
SOCIETES D'ETAT
ERSA LATION
TERRITOIRE
EMPLOYEURS
CONSOMMATEURS
IMMIGRANTS
RETRAITE
VIRAGE
TRAVAILLEURS
INSTITUTIONS
PREDOMINANTE
ADMINISTRATEURS
TECHNOCRATIQUE
SERVICES
INCITATIFS
DROITS
TACHES
TIONS
PARLEMENTAIRES
DECENTRALISEE
SOLIDAIRES
PERIPUBLIC
ELUS
SECTEUR
BESOINS LOURDEUR
CLIENT CONTRAINTES
DECODER
OMBRES
CONTRIBUABLE
JUSTICE
EGALITE SCANDALES
FINANCES
JURISTES
BUDGETS CLIENTELE
PATRONS CONFIANCE
HARMONIE
EPARGNE
CENTRALE REPUTATION
ARGENT
AUTORISATION
COMMISSIONS
MACHINE INTEGRITE
ERREURS DELAIS CABINET
ACTEURS REGISTRE COUTS INTERVENANTS VULNERABLE INTENTIONS
PARLEMENT
FLEXIBILITE STRUCTURES
LIGN
ORGANISMES
DECISIONGOUVERNEMENT
COORDONNER
SURVEILLES RIGUEUR
COMENPJEUX
SUBVENTIONS ORIENTATIONS
CONVENTIONSSECRETAIRES
INFORMELLES
COMMUNICATIONS
DECLARATIONS
DIRECTEURS GENERAUX
DECISIONS
PROGRAMMES
GAL
GRANDES ORIENTATIONS
BIEPNROMOTIONS
CADRENLDEITE
DIRECTIVES NEUTRALITE
HIERARCHIES TENSIONS
LITIGES FONCTIONS
INTERETS
CLIENT
PARTIS
E DETIMENTE
ENTITE SECURITE
ORIENTER CLANS
AR
GAGNANTS
CATEGORISE DEPENDANCE
A
CRITIQUES MECONNUE
PAR
COMM
CAMP DIRIGEANTS
COMM
OPPOSITION SPECIALISTES
RESPECT MEFIANCE INFLUENCER
PARLEMENT
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AUTONOMIE
EQUIPE
POLITISES
RESEAUX
CONSTATS
CONTROLE REELECTION
CONSEIL GROUPES
MANDAT BLAME REVENUS VALEURS CHEF PERSONNEL PROCEDURES
septentrion
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rendez-vous sur notre site Internet au www.septentrion.qc.ca
La fonction publique
Parmi toutes les institutions de l’État, il en est une qui a
beaucoup d’importance et d’influence parce qu’elle
occupe une position centrale et prédominante : il s’agit
de la fonction publique. Cette dernière est cependant mal
connue. Certains la confondent avec le gouvernement ou
l’administration publique. Les politiciens aiment la pré-
senter comme une organisation de services. Même ceux
qui y travaillent la connaissent mal parce que les politiciens
veulent prendre toute la place et que les patrons adminis-
tratifs préfèrent travailler dans l’ombre.
La fonction publique est l’instrument privilégié dont
disposent les élus pour diriger l’État. C’est la machine
indispensable aux ministres pour planifier et programmer
l’action gouvernementale, élaborer et effectuer le suivi
des budgets, percevoir les taxes et les impôts, ainsi que
s LES FONCTIONNAIRES
Il est vrai, par ailleurs, que le ministre n’a pas toutes les
attributions d’un véritable patron : il ne nomme aucun
des fonctionnaires et ne peut pas les démettre.
Il est symptomatique cependant que personne ne dise
clairement aux fonctionnaires que le ministre est le patron.
Ainsi, on leur laisse croire que le sous-ministre est le chef
du ministère, alors que son titre même indique qu’il n’en
est que le « sous-chef ». Au niveau fédéral, l’article 126 de
la Loi sur l’emploi dans la fonction publique affirme que
« le greffier du Conseil privé et secrétaire du Cabinet est
le chef de la fonction publique ». La réalité cependant est
que le gouvernement, en particulier le premier ministre,
est le véritable chef de la fonction publique : ce dernier,
en effet, nomme le greffier et chacun des sous-ministres
et peut les destituer à son gré. Comme nous le verrons
plus loin, les désirs du premier ministre sont considérés
comme des ordres par le personnel de la fonction
publique.
Les nominations
Parmi tous les sujets soumis au Conseil des ministres, il
en est un qui retient l’attention plus que les autres : il s’agit
des nominations des hauts fonctionnaires et des membres
des conseils d’administration des organismes publics.
Plusieurs centaines de postes sont pourvus par décret
gouvernemental. Certaines personnes sont nommées à
VIE PAR EXEMPLE LES JUGES DAUTRES SONT NOMM£ES POUR
une période plus ou moins longue, le plus souvent cinq
OU DIX ANS LES AUTRES FONT LOBJET DE NOMINATIONS i AU BON
plaisir de Sa Majesté », c’est-à-dire pour une durée non
précisée et sont révocables à tout moment.
Aucun type de décisions ne traduit mieux l’exercice du
pouvoir que les nominations. Comme nous l’avons men-
tionné plus haut, la plupart des décisions du Conseil des
ministres sont d’ordre technique et ne présentent pas
beaucoup d’intérêt pour les politiciens. Il en va tout
autrement des nominations qui sont le domaine du
pouvoir par excellence.
Comme tout ce qui a trait aux décisions importantes,
c’est le premier ministre qui a la main haute sur les
nominations. Ses conseillers politiques contrôlent étroi-
tement tout le processus et les ministres sont les principaux
intervenants. Beaucoup d’intérêts sont en jeu. Les nomi-
nations sont le domaine où le lobby est le plus actif et où
le plus de pressions s’exercent. Leur importance est
énorme, car les personnes nommées par décret sont celles
s LES FONCTIONNAIRES
Partage du pouvoir
Les élus et les fonctionnaires doivent travailler ensemble
et, par conséquent, partager le pouvoir. Rappelons que le
pouvoir est la capacité d’acquérir et d’utiliser des res-
sources pour obtenir l’appui d’individus ou de groupes,
ou faire en sorte que ces derniers se soumettent. Les
ressources utilisées peuvent être tangibles, par exemple
l’argent, les biens et les services, ou intangibles, telles que
les aptitudes permettant d’encourager ou d’intimider les
autres. Il importe de noter que le pouvoir est largement
subjectif, car, pour qu’elles aient une emprise sur
quelqu’un, les faveurs offertes doivent être convoitées et
les menaces proférées doivent être redoutées.
Ce ne sont donc pas seulement les ressources dont les
ministres et les fonctionnaires disposent chacun de leur côté
qui leur confèrent du pouvoir, mais la capacité que
LES ACTEURS POLITIQUES s
Organisation bancale
C’est le partage d’objectifs communs qui fait que des gens
se regroupent pour travailler au sein d’une même
organisation. Que l’organisation soit publique ou privée,
avec ou sans but lucratif, les objectifs généraux sont les
éléments qui lui permettent d’agir comme un ensemble
et les bases guidant la prise des décisions.
Le fait de s’engager à atteindre des objectifs est une
source importante de satisfaction pour les membres d’une
organisation. Les progrès faits dans la poursuite de ces
objectifs constituent un encouragement pour les individus
et les motivent à continuer. Par contre, si des objectifs qui
ont nécessité beaucoup d’efforts sont soudainement
abandonnés, comme cela se produit souvent après un
changement de gouvernement, de ministre ou de sous-
ministre, il en résulte un sentiment de frustration chez les
fonctionnaires concernés. Ces derniers sont beaucoup
UNE ORGANISATION DYSFONCTIONNELLE s
d’arriver à ses fins. C’est d’autant plus facile que, pour les
nominations aux postes de gestionnaires, l’accent n’est
pas mis sur les compétences techniques, ce qui offre plus
de place à l’arbitraire. Le dirigeant peut ainsi faire préva-
loir les critères de loyauté plutôt que ceux qui sont reliés
à l’expertise.
C’est ce qui explique que des personnes qui ont une
réputation d’incompétence sont parfois promues à des
postes supérieurs. Elles possèdent, en effet, une qualité
indispensable : la loyauté. Étant donné que les dirigeants
sont exposés à toutes sortes de risques, tant politiques
qu’administratifs, ils éprouvent le besoin de s’entourer de
personnes en qui ils ont confiance. Comme il n’est pas
toujours possible de trouver des gens à la fois compétents
et loyaux, la fiabilité l’emporte sur la compétence.
En plus de l’intérêt que représente pour un dirigeant le
fait de s’entourer de nombreux cadres en qui il a confiance,
il existe d’autres raisons d’édifier de lourdes structures
administratives. On peut justifier ainsi l’accroissement des
ressources de l’organisation. Le truc est de multiplier les
unités administratives et de gonfler le niveau d’effectif
nécessaire dans chacune d’elles. On arrive ainsi à construire
des structures pyramidales qui ont en plus le mérite de jus-
tifier des postes élevés pour les gestionnaires supérieurs.
Bien que des structures administratives lourdes
consolident le pouvoir et le statut des dirigeants, elles
complexifient grandement les communications et sont
une source d’inefficacité. La circulation rapide de l’infor-
mation est une clé de succès dans toutes les organisations,
mais la multiplication des niveaux hiérarchiques a un effet
négatif en instaurant des règles quasi protocolaires pour
UNE ORGANISATION DYSFONCTIONNELLE s
Les règles
Les règles découlent du fait que nous vivons dans un État
de droit : tous les gestes de l’État doivent être autorisés
par une loi. Si une administration publique intervient sans
que son action soit clairement appuyée par une loi, tout
citoyen peut obtenir d’un tribunal que cette intervention
soit déclarée nulle.
Les lois sont précisées par des règlements qui ont une
valeur légale et qui, par conséquent, peuvent servir de
base aux jugements de cour. Pour s’assurer que les lois et
les règlements sont appliqués de la même façon par les
centaines ou les milliers de fonctionnaires qui sont chargés
de leur exécution, des règles d’interprétation sont
élaborées. Il s’agit des directives, procédures, normes et
autres instructions souvent compilées dans des manuels
d’interprétation. Avec le temps, les règles ont tendance à
être de plus en plus nombreuses et détaillées pour couvrir
les diverses situations qui se présentent, de même que les
UNE ORGANISATION DYSFONCTIONNELLE s
Leviers d’intervention
Les entreprises privées, surtout celles qui ne sont pas
syndiquées, disposent d’une panoplie de moyens pour
s LES FONCTIONNAIRES
Imputabilité et responsabilité
L’imputabilité est l’obligation de rendre des comptes.
Cette obligation est plus contraignante que la responsa-
bilité qui est le devoir de s’acquitter d’une tâche et de
répondre au besoin de son exécution. Par exemple, les
parents sont responsables d’éduquer leurs enfants, mais
ne sont pas imputables, car ils n’ont de comptes à rendre
à personne.
La reddition de comptes est, dans son sens premier, un
concept de nature financière. Elle implique le dépôt d’un
rapport. C’est ainsi que le gouvernement dépose des états
financiers périodiques et un rapport financier annuel. Les
ministères et les organismes produisent aussi des rapports
annuels d’activité. Peu de gens, cependant, considèrent
que ces rapports sont satisfaisants. On reproche aux
UNE MAISON DE VERRE s
mation entre eux, mais qu’au sein des firmes tout est mis
en œuvre pour que les conseillers aient accès aux travaux
de leurs collègues afin de s’en inspirer. Ce qui est fait pour
un ministère client pourra donc être utilisé pour réaliser
un mandat donné par un autre ministère. La mise en
commun des connaissances s’avère payante pour une boîte
externe, mais les ministères n’ont pas la même motivation
pour investir dans la gestion du savoir. Au contraire, quand
on se situe dans une dynamique de pouvoir plutôt que de
profit, l’information constitue une ressource qu’il importe
de conserver plutôt que de partager.
Les connaissances les plus valorisées au sein de la
fonction publique sont la tradition, les pratiques éprou-
vées et les façons de faire routinières. On se contente de
faire les choses comme elles ont toujours été faites parce
qu’on évite ainsi les erreurs et que, de toute façon, il n’y
a aucune incitation à changer.
La résistance au changement
On pourrait croire que les fonctionnaires n’ont pas peur du
changement étant donné qu’ils ont la sécurité d’emploi. Le
paradoxe est que tout le monde craint le changement. Bien
sûr, d’un certain point de vue, le changement est constant :
les gouvernements changent, les ministres changent, les
hauts fonctionnaires changent. Mais il s’agit d’un jeu de
chaises musicales plutôt que de véritables changements.
Les changements que les gens craignent le plus sont ceux
qui modifient les relations que les individus ont entre eux
et avec leurs clients. L’introduction des nouvelles techno-
logies a, dans un certain nombre de cas, apporté des
modifications de ce type et, par conséquent, de véritables
LE FONCTIONNEMENT DU SYSTÞME s
Gestion du personnel
Dans la fonction publique, la gestion du personnel est
désignée sous le terme « gestion des ressources humaines ».
Alors que certaines entreprises font des efforts remarqua-
bles pour démontrer que leur personnel constitue leur
s LES FONCTIONNAIRES
La sélection du personnel
L’aspect le plus stratégique de la gestion du personnel est
le processus de sélection, tant pour l’entrée en emploi que
pour les promotions subséquentes. Il s’agit d’une activité
fortement réglementée, car les gouvernements veulent
éviter le favoritisme, garantir l’équité et, en même temps,
assurer la représentativité de divers groupes tels que les
s LES FONCTIONNAIRES
L’évaluation du rendement
Le règlement prévoit que l’employé doit recevoir de son
supérieur une évaluation annuelle de son rendement au
travail. C’est le plus souvent la seule rétroaction dont
bénéficie le fonctionnaire sur son rendement. Cette
culture fondée sur la réglementation va à l’encontre des
meilleures pratiques de l’entreprise qui établissent que
l’employé doit recevoir une rétroaction fréquente, infor-
melle et personnalisée visant à encourager l’individu à
poursuivre ses efforts, ainsi qu’à corriger au fur et à
mesure ce qui ne fonctionne pas correctement. Dans ce
contexte, l’évaluation annuelle n’est qu’une récapitulation
de ce qui a été dit auparavant et a pour caractéristique
principale de ne comporter aucune surprise. Par consé-
quent, contrairement au type d’évaluation annuelle
effectuée dans la fonction publique, une telle récapitula-
tion n’est pas un moment stressant et n’entraîne aucune
méfiance entre le supérieur et le subalterne.
Il est évident que, lorsque le gestionnaire et l’employé
ne discutent de performance qu’une fois par année, le
climat est nécessairement tendu. Il s’agit d’une expérience
pénible pour les deux parties en cause. Pour que cet
LES PRATIQUES ADMINISTRATIVES INTERNES s
énergie dans leur travail sont plus méritoires que ceux qui
sont moins laborieux. Les supérieurs, cependant, valori-
sent d’abord la loyauté et l’appui donné à leurs objectifs
personnels. Personne ne fait évidemment état des vrais
critères utilisés pour distribuer les bonis, car les critères
politiques ne sont pas jugés décents ni avouables. La
plupart des employés nagent donc dans la confusion par
rapport au processus utilisé, ce qui alimente la méfiance,
le cynisme et la paranoïa.
La culture organisationnelle de la fonction publique
complique singulièrement la tâche des gestionnaires
lorsqu’il s’agit de se défaire d’employés incompétents.
Étant donné que le système est axé sur la protection des
fonctionnaires contre le favoritisme et les interventions
politiques, il est extrêmement difficile de renvoyer un
employé dont la performance est insatisfaisante une fois
qu’il a terminé sa période de stage et acquis sa perma-
nence. Il est, dans ce cas, assez facile pour un individu
d’utiliser la réglementation et les conventions collectives
pour y trouver les trucs et astuces permettant de faire
échec aux intentions de son supérieur. Les employés, en
effet, disposent de bien plus de privilèges que de devoirs.
Ils n’ont pas à s’efforcer de maintenir leurs compétences
ou à prendre les mesures nécessaires pour conserver leur
emploi au cas où leur poste viendrait à disparaître.
L’employeur a toutes les obligations : former l’employé
durant ses heures de travail et en lui payant des heures
supplémentaires si cette formation l’exige, lui trouver un
autre travail de même niveau lorsque son poste est aboli
par manque de travail ou à la suite de changements
technologiques, continuer à lui payer un salaire à ne rien
faire s’il ne peut être déménagé, etc.
LES PRATIQUES ADMINISTRATIVES INTERNES s
secteur public, ainsi que d’établir des liens étroits avec les
dirigeants syndicaux. Bien que cette stratégie ait eu des
conséquences budgétaires déplorables, les retombées
électorales se sont souvent avérées très positives.
Les gouvernements camouflent volontairement bien
des avantages concédés aux employés. Par exemple, par
l’octroi de primes dans toutes sortes de circonstances. Ces
dernières sont très nombreuses et tout le monde, sauf
bien sûr ceux qui en bénéficient, ignorent leur existence.
Grâce aux primes et aux heures supplémentaires, certains
employés arrivent à accroître considérablement leur
revenu.
Les nombreux congés accordés aux employés consti-
tuent aussi des avantages considérables que le public
ignore. En plus de quatre ou cinq semaines de vacances
et d’une douzaine de journées de congés de maladie, les
conventions collectives des fonctionnaires prévoient des
congés pour toutes sortes de raisons : congés parentaux,
congés sociaux, etc. Le système de paie contient des
centaines de codes pour catégoriser tous ces congés. Il
existe même un congé pour le don de sang à la Croix-
Rouge ! De nombreuses journées sont aussi consacrées à
la formation chaque année.
Lorsque les ministères doivent établir des plans de
travail pour prévoir l’utilisation du temps des employés
dans divers projets, ils calculent que la prestation effective
de travail d’un fonctionnaire est de 180 jours par année,
alors que le nombre de jours effectivement payés est de
261. Peu d’entreprises privées pourraient demeurer en
affaires si elles avaient de telles charges à supporter.
Les conditions de travail à peu près sans égales de la
fonction publique entraînent certains effets insolites. Par
s LES FONCTIONNAIRES
Gestion financière
De nombreux spécialistes de la gestion financière, parti-
culièrement ceux qui proviennent du secteur privé, ont
rêvé d’une situation où les budgets de l’État seraient
LES PRATIQUES ADMINISTRATIVES INTERNES s
La problématique politique
de la mesure des résultats
La mesure des résultats est un concept à la mode. Il est
difficile d’être contre l’idée d’évaluer les retombées des
actions des gouvernements, d’autant plus que des milliards
de dollars sont puisés dans les poches des contribuables
LA MESURE DU RENDEMENT s
La problématique administrative
de la mesure des résultats
D’un point de vue administratif, l’évaluation du rende-
ment est une activité pleine d’embûches. Il va sans dire
que personne n’aime qu’on critique son rendement et les
fonctionnaires ne font pas exception. Ceux qui sont
soumis à des évaluations tiennent à se voir attribuer des
notes favorables et réagissent négativement aux jugements
défavorables. Par conséquent, personne ne ménage ses
efforts pour que les résultats soient positifs. Par ailleurs,
les syndicats s’opposent systématiquement à ce que la
performance individuelle de leurs membres soit mesurée,
même s’ils acceptent plus volontiers les évaluations qui
portent sur le rendement des unités administratives et des
gestionnaires. Certaines tentatives pour mesurer le ren-
dement de certains groupes d’employés se sont avérées
politiquement catastrophiques, par exemple lorsqu’il s’est
LA MESURE DU RENDEMENT s
L’évaluation de programmes
Plusieurs intervenants, dont des universitaires, des instituts
de recherche et divers groupes d’intérêt, consacrent des
efforts importants à l’évaluation des programmes gou-
vernementaux. Malgré l’existence de lois sur l’accès à
l’information, la plus grande difficulté réside dans la col-
lecte des données nécessaires à une telle évaluation. Cette
tâche est particulièrement difficile lorsqu’il s’agit d’exa-
miner les effets d’ensemble des diverses mesures gouver-
nementales. Par exemple, pris un à un, chaque règlement
imposé aux entreprises peut sembler raisonnable, mais
l’effet cumulatif de tels règlements peut avoir pour consé-
quence d’imposer un lourd fardeau qui entrave la création
d’entreprises et mine leur compétitivité.
Lorsque des évaluations de programmes effectuées par
des intervenants externes sont rendues publiques, leurs
résultats sont souvent mis de côté parce que les problèmes
sont complexes et que ni les parlementaires, ni les médias,
ni le public n’ont les connaissances et l’intérêt requis pour
les analyser. Le plus souvent, seuls quelques aspects
retiennent l’attention et font l’objet d’un débat partisan.
L’opinion publique n’en sort pas très éclairée sur les
véritables résultats des interventions publiques.
Parfois, il n’existe pas de consensus sur la philosophie ou
les valeurs qui guident l’intervention de l’État. Il s’avère
alors impossible de s’entendre sur les critères qui devraient
être employés pour mesurer le succès ou l’échec. Il en est
ainsi, par exemple, en matière de justice criminelle. Certains
mettent l’accent sur la répression du crime et la punition
DES COUPABLES PLUS LE NOMBRE DE CONTREVENANTS INCARC£R£S
est élevé et plus les peines d’emprisonnement sont longues,
s LES FONCTIONNAIRES
Les contraintes
Il n’existe pas de modèle éprouvé qui pourrait servir de
base à une réforme du gouvernement. De multiples
tentatives ont été faites pour améliorer le fonctionnement
des fonctions publiques, mais toutes sont controversées.
Les divers groupes concernés ont tous leur vision propre
des problèmes à résoudre et des solutions à appliquer.
Certains voient le gouvernement et sa fonction publique
comme un holding, c’est-à-dire une organisation qui doit
laisser beaucoup de flexibilité à ses composantes. D’autres
le voient comme une entreprise bien intégrée qui doit
fonctionner comme une entité indivisible. Chose certaine,
il n’est pas facile de modifier une partie de l’édifice sans
toucher aux autres.
L’organisation du gouvernement repose sur trois fon-
dements : l’idéologie, c’est-à-dire la vision qu’ont les divers
intervenants des objectifs du système, de son environne-
MENT ET DE SON AVENIR LES STRUCTURES SOIT LES R¯LES ET
responsabilités des uns et des autres, ainsi que les rapports
QUILS ONT ENTRE EUX ET LA TECHNOLOGIE CEST Í DIRE LEN-
semble des outils et des techniques que les membres de
l’organisation utilisent. Pour qu’une réforme soit réussie,
il faudrait que les modifications apportées soient cohé-
rentes et puissent s’imbriquer les unes dans les autres de
façon au moins aussi harmonieuses que celle qui existe
dans la situation de départ. Il s’agit d’un défi colossal dans
le cas d’une organisation aussi complexe que celle d’un
gouvernement. C’est pour cette raison que les réformes
donnent rarement les résultats souhaités et engendrent
plutôt des problèmes insoupçonnés.
s LES FONCTIONNAIRES
Problèmes soulevés
par les réformes administratives
Étant donné que les lois sont le fondement de toutes les
actions de l’administration publique, bien des élus pensent
qu’il s’agit de changer les lois et les règlements pour
effectuer des réformes. Cette approche est particulière-
ment attrayante pour les législateurs puisqu’ils maîtrisent
entièrement le processus : commission parlementaire,
amendements au projet de loi et mise en œuvre des
articles de la loi selon le calendrier établi par le gouverne-
ment. La prépondérance de la loi est cependant une
illusion car, en matière administrative, les sanctions sont
le plus souvent inexistantes ou non appliquées. La mise
en œuvre des dispositions de la loi dépend de la bonne
volonté des fonctionnaires. L’adage de ces derniers dans
le cas de dérogations aux règles est : « Est-ce que ça conduit
en prison ? » Bien des lois de nature administrative demeu-
rent lettre morte ou sombrent dans l’oubli sans consé-
quence aucune.
s LES FONCTIONNAIRES
Visions utopiques
Le régime parlementaire britannique qui est le nôtre est
le résultat d’une longue évolution commencée au XIIIe
siècle. Malgré certains de ses aspects archaïques et même
anachroniques, personne ne croit qu’il serait possible de
le changer dans un avenir prévisible. Il est tout aussi dif-
ficile de changer les institutions administratives qui
accompagnent ce régime politique, car les institutions
politiques et administratives sont bien imbriquées les unes
dans les autres, de telle façon qu’elles se complètent et se
renforcent mutuellement.
Ces institutions ont aussi une autre caractéristique :
elles nous distinguent de notre voisin américain et contri-
buent à forger l’identité canadienne et québécoise. Au
Québec, l’État provincial est même devenu une compo-
sante essentielle de la culture et un instrument d’action
privilégié de la nation québécoise. C’est pourquoi toute
velléité d’affaiblir d’une quelconque façon cet instrument
est vue par certains comme une véritable trahison.
Il n’en reste pas moins que le fonctionnement de l’État,
tant au Canada qu’au Québec, comporte des faiblesses
évidentes. On observe un manque de vision à long terme
qui fait que certains problèmes comme le vieillissement
de la population, l’endettement public et la dégradation
de l’environnement ne reçoivent pas l’attention qu’ils
mériteraient. Il y a aussi un manque évident de cohérence
entre les politiques et les programmes qui, établis à
diverses époques pour combler de besoins particuliers, se
chevauchent et s’opposent parfois. Plusieurs déplorent
que, souvent, les gouvernements font fi des évidences
scientifiques, comme dans le cas de la surpêche des
s LES FONCTIONNAIRES
Conclusion
La première partie de cet ouvrage avait pour but d’exa-
miner la nature de la fonction publique. Il ne s’agit
cependant que d’une partie de la réalité, car les compor-
tements des divers intervenants au sein de cette institution
permettent d’en comprendre le fonctionnement. C’est le
sujet de la deuxième partie du livre.
Partie II
Les jeux politiques
des fonctionnaires
s LES FONCTIONNAIRES
Degré de politisation
En simplifiant quelque peu, on peut dire que ce qui dis-
tingue les gestes politiques des actions à caractère écono-
mique est qu’ils sont posés en vue d’obtenir des appuis
ou du pouvoir plutôt que pour faire de l’argent. Ainsi, un
consommateur qui encourage d’un commerçant local,
même si ce dernier vend plus cher qu’une grande surface,
pose un geste politique. Il en est de même d’une compagnie
qui offre un soutien financier aux sports ou à la culture,
ainsi que d’associations qui prônent l’achat chez nous.
Plusieurs facteurs font qu’une organisation est plus
exposée qu’une autre aux jeux politiques :
s LA TAILLE LES ORGANISATIONS COMPTANT UN GRAND
nombre d’employés ou de membres, par rapport à
CELLES QUI EN ONT PEU
s LES MULTIPLES EMPLACEMENTS LEXISTENCE DE PLUSIEURS
établissements dans des lieux géographiques diffé-
RENTS
s LES NIVEAUX HI£RARCHIQUES UNE HI£RARCHIE PYRAMIDALE
PAR RAPPORT Í UNE STRUCTURE L£GÞRE
s L£LOIGNEMENT DE LA DIRECTION LORSQUE LES AUTORIT£S
SONT PHYSIQUEMENT £LOIGN£ES DES TRAVAILLEURS
s LES FONCTIONNAIRES
La praxis de la micropolitique
Toutes les organisations offrent à leurs membres certains
avantages, privilèges ou bénéfices qui sont fortement
convoités et font l’objet d’une intense compétition. Dans
les entreprises privées, ces récompenses sont le plus
souvent des revenus accrus ou des moyens pour les
s LES FONCTIONNAIRES
Le réseautage
Le code vestimentaire
Utiliser le pouvoir
Un apprentissage continu
Savoir comment se comporter pour être accepté dans une
institution comme la fonction publique et, plus encore,
découvrir les comportements gagnants nécessite pour la
plupart des individus un long apprentissage. Car personne
ne dit clairement ce qui est attendu et les reproches sont
le plus souvent transmis à mots couverts. Une des qualités
essentielles à acquérir est donc de décoder correctement
les messages et d’en tirer des enseignements.
La principale difficulté réside dans le fait que, dans
toute conversation, il y a deux niveaux de langage : un
s LES FONCTIONNAIRES
La négociation
La plupart des gens se veulent accommodants et
s’empressent d’accepter la première offre qui leur est
présentée. Les plus perspicaces adoptent une attitude de
négociateur en toutes circonstances et avec tout le monde :
patrons, employés, collègues, clients et fournisseurs. Ils
obtiennent toujours plus parce qu’ils demandent plus. Ils
se disent que tout est négociable et n’acceptent jamais un
non comme réponse. Pour eux, « non » est simplement
une tactique de négociation. Ils s’efforcent de garder les
communications ouvertes et reviennent à la charge au
moment propice.
Ce qui démarque ceux qui pensent et agissent en
négociateurs est qu’ils ont une vision claire de ce qu’ils
veulent et prennent un grand soin à définir clairement
leurs objectifs. Ils ne se contentent pas de réagir aux
propositions de leurs interlocuteurs : ils prennent l’initia-
tive et contrôlent le dialogue.
Le fait est que les personnes qui consacrent du temps
et des efforts à définir des attentes élevées et à élaborer
des buts exigeants font preuve de plus de détermination
LES TALENTS Í D£VELOPPER s
La maîtrise de soi
Dans un monde de compétition, un des impératifs est de
ne jamais laisser l’émotif prendre le dessus sur le rationnel
et de conserver en tout temps la plus grande maîtrise de
soi. Les gestes faits sous le coup de l’émotion ou motivés
par la colère ou la vengeance sont rarement les plus
judicieux. Ceux qui jouent pour gagner ne perdent jamais
leurs intérêts de vue et agissent par calcul.
Toute situation comporte habituellement une part de
rationnel et une part d’émotif. Plus la part d’émotif est
grande, plus la situation est épineuse. Il devient alors
difficile de discuter, de s’expliquer et de négocier. C’est
pourquoi apprendre à maîtriser ses émotions est une des
habiletés les plus importantes qu’un fonctionnaire peut
acquérir pour assurer le succès de sa carrière.
Les émotions ont la particularité de suivre une spirale
pouvant rapidement devenir difficiles à maîtriser. Elles
entraînent les gens dans des attaques personnelles qui ne
produisent jamais rien de bon et qui peuvent laisser des
cicatrices profondes. Elles mettent les gens sur la défensive
et rendent les échanges très difficiles.
La première règle de conduite dans toute situation
tendue est de ne pas s’engager dans les échanges émotifs
et d’éviter de personnaliser les problèmes. Celui qui reste
calme alors que les autres se mettent en colère possède
un avantage tactique indéniable, car il est en mesure de
tirer les ficelles. Le fait de laisser les gens exprimer leurs
frustrations et leurs émotions est parfois suffisant pour
lénifier une situation. Ça permet de faire sortir la pression
de la marmite et de créer les conditions pour que les
s LES FONCTIONNAIRES
Gestion de crise
Quand une personne qui joue le jeu politique est impli-
quée dans un scandale, a commis une erreur ou s’est mis
les pieds dans les plats, elle se met immédiatement en
mode « gestion de crise ». Sa réputation étant en jeu, elle
ne prend rien à la légère. Tout atermoiement est exclu.
Elle effectue d’abord une analyse objective de la situation :
quels faits sont connus ? Quels autres faits sont susceptibles
d’être révélés ? Quelle est la part du vrai et du faux ?
Quelles conséquences sont à prévoir ?
Elle utilise ensuite toutes les tactiques d’un avocat : nier
avec véhémence ce qui est faux, rechercher les circons-
tances atténuantes pour ce qu’elle ne peut pas nier, relever
des précédents, utiliser la contre-attaque, mobiliser ses
alliés et trouver un bouc émissaire.
Il importe surtout pour le carriériste d’éviter d’être
blâmé. Toute erreur laisse une marque dans son dossier.
Cela ne peut que nuire. En évitant de reconnaître qu’on
a fait une erreur, on évite d’avoir à s’excuser. Les amis
s’empresseront d’oublier l’incident et les adversaires
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La reconnaissance
Gagner en argumentant
Un autre comportement appris à l’école et qui n’a pas sa
place dans la fonction publique, ni d’ailleurs dans le
monde du travail en général, est de rechercher une victoire
à coups d’arguments. Gagner en argumentant n’est pas
une bonne stratégie, parce que ça provoque du ressenti-
ment et de la rancœur chez l’interlocuteur. Les gens
n’aiment pas les personnes qui ont l’air de tout savoir ou
qui veulent les impressionner. Il vaut mieux utiliser des
voies indirectes que d’affronter ses interlocuteurs.
Le problème quand on gagne en argumentant est
qu’on ne peut pas être certain de la façon dont les autres
s LES FONCTIONNAIRES
Déposer un grief
Le dépôt d’un grief est une autre forme de contestation
de l’autorité. Même si le grief est fondé, le fait qu’il soit
déposé officiellement est perçu comme une attaque
contre l’organisation. Il en est de même des appels après
un concours de promotion et des plaintes de harcèlement
ou autres. Même si le droit de loger des griefs, des appels
et des plaintes est inscrit dans les lois et les règlements et
que l’exercice de ce droit est tout à fait légitime, l’employé
qui y a recours est marqué au fer rouge. Il est considéré
comme un lépreux, qu’il ait raison ou non. La méfiance
demeurera très longtemps.
Les autorités sont bien conscientes que certaines déci-
sions ne font pas l’affaire de tout le monde et que certains
comportements des gestionnaires peuvent laisser à désirer.
Elles s’attendent toutefois à ce que les employés fassent
part de leurs récriminations d’abord à leur patron puis, au
besoin, à leur supérieur hiérarchique. La façon normale de
régler de tels problèmes est de les traiter confidentiellement,
de les analyser posément et de leur apporter une solution
dans l’intérêt à la fois de l’organisation et des individus
concernés. Avoir recours à des procédures officielles et à
des écrits témoigne d’un manque de confiance envers
l’autorité et est vu comme un défi. Il s’agit d’une remise en
question de la relation employeur-employé et d’une
démonstration que le plaignant se considère plus important
que l’organisation. Une telle contestation de la part d’un
employé est considérée comme encore plus condamnable
si elle risque d’être rendue publique, car, dans ce cas, elle
entache la réputation non seulement de la personne qui est
mise en cause par la plainte, mais de toute l’organisation.
s LES FONCTIONNAIRES
Humilier un adversaire
Quelle que soit la façon de réagir avec un collègue dont
les comportements se sont avérés inconvenants ou qui
s’est transformé en adversaire, il ne faut jamais l’humilier.
Il importe de toujours lui permettre de sauver la face, sans
quoi il deviendra un ennemi pour toujours et portera une
haine tenace à son rival.
Il s’agit là d’une règle absolue, valable aussi bien dans
la fonction publique que partout ailleurs : il faut laisser à
l’adversaire une porte de sortie, même s’il faut pour cela
se faire violence, car les gens humiliés font passer leurs
émotions avant leur raison et sont prêts à tout pour se
LES PIÞGES Í £VITER s
Écarts de conduite
Les employés sont constamment observés par leurs
supérieurs et tout écart de conduite est relevé et noté. Les
engueulades et les débordements émotifs sont particuliè-
rement mal vus. À l’exemple des politiciens, les fonction-
naires les plus perspicaces créent un mur entre ce qu’ils
sont personnellement et leur moi professionnel, de façon
à demeurer toujours rationnels. Quand ils quittent la
maison, ils endossent leurs habits de travail et jouent la
partition qui leur est demandée. Tout comme leurs
patrons, les ministres, ils se disent que les ennuis qu’ils
ont et les critiques qu’ils reçoivent ne concernent pas leur
ego, mais seulement leur identité professionnelle. Les
contrariétés sont ainsi considérées de façon détachée et
deviennent beaucoup plus faciles à accepter. Cette
approche leur permet d’éviter d’extérioriser leurs émo-
tions, ce qui serait inévitablement mal perçu.
s LES FONCTIONNAIRES
S’ouvrir au patron
Certains pièges sont plus subtils que d’autres. Faire des
confidences au patron est un de ceux-là. L’employé ne
doit jamais perdre de vue que son supérieur n’est pas un
confident et qu’il a la responsabilité d’évaluer son rende-
ment. En confiant ses sentiments et ses pensées profondes
au patron, il y a un risque de faire surgir dans l’esprit de
ce dernier des impressions négatives et de lui donner une
fausse image de ce qui se passe en réalité. Il faut éviter
d’introduire de la confusion en exprimant des sentiments
qui n’ont rien à voir avec les comportements réels. Le
fonctionnaire avisé fait en sorte que son supérieur ait
toujours la meilleure impression possible de ses capacités
et de ses habitudes de travail. Si une personne se laisse
aller à dire quelque chose qui est contraire à l’image
qu’elle veut projeter, son patron se méfiera d’elle. Même
si elle a eu une mauvaise journée au bureau, la minute où
elle entre dans le bureau de son supérieur elle doit mettre
s LES FONCTIONNAIRES
Introduction 7
Partie I
Les secrets de la fonction publique 11
Chapitre 1
Le secteur public et la fonction publique 12
La fonction publique 15
Grandeurs et misères de la fonction publique 20
Chapitre 2
Le politique et l’administratif 21
Qui est le client ? 21
Qui est le patron ? 22
Caractère bicéphale de la fonction publique 23
Comparaison avec d’autres pays 24
Deux catégories d’intervenants 26
Mission et mode de fonctionnement 27
Les clans politiques et la bureaucratie 29
Chapitre
Les acteurs politiques 32
L’exercice du pouvoir politique 33
Grille de décisions des politiciens 34
Rôle proéminent du premier ministre 35
Les nominations 37
Rôle des ministres 38
Partage du pouvoir 40
Chapitre 4
Les acteurs administratifs 43
Vision et objectifs divergents 43
Tension entre les fonctionnaires et les ministres 45
Les cabinets ministériels 48
Deux catégories de fonctionnaires 50
Les hauts fonctionnaires 52
Les employés de la fonction publique 56
Chapitre
Une organisation dysfonctionnelle 62
Organisation bancale 62
Une organisation bureaucratique 65
Système hiérarchique lourd 66
Spécialisation des tâches 69
Les règles 72
Conséquences des lourdeurs de la bureaucratie 74
Leviers d’intervention 77
Chapitre 6
Une maison de verre 80
Une organisation vulnérable 80
Les chiens de garde 82
Imputabilité et responsabilité 84
Lois sur l’accès à l’information 86
Chapitre
Le fonctionnement du système 89
Dynamique entre fonctionnaires et élus 89
L’élaboration des politiques publiques 91
Une machine administrative orientée politiquement 95
La résistance au changement 98
Système de récompenses et de punitions 102
Chapitre 8
Les pratiques administratives internes 104
Gestion du personnel 105
La sélection du personnel 107
L’évaluation du rendement 110
Les relations de travail 113
Gestion financière 116
Un contexte de rationalité politique et administrative 119
Chapitre
La mesure du rendement 122
La définition des objectifs 122
La problématique politique de la mesure des résultats 124
La problématique administrative de la mesure
des résultats 126
L’évaluation de programmes 129
Les effets pervers de la mesure des résultats 131
Chapitre 10
Les réformes administratives 135
Les raisons qui motivent les réformes 135
Les contraintes 137
Problèmes soulevés par les réformes
administratives 139
Visions utopiques 143
Conclusion 146
Partie II
Les jeux politiques des fonctionnaires 147
Chapitre 11
La micropolitique 152
Degré de politisation 153
La praxis de la micropolitique 155
Les acteurs de la micropolitique 157
Chapitre 12
Les règles à respecter 160
Être loyal au patron 161
Les comportements souhaités 162
Les comportements à éviter 163
Devenir l’entrepreneur de sa propre carrière 167
Le réseautage 167
Faire valoir ses réalisations 169
Se conformer à la culture de l’organisation 171
Anonymat des fonctionnaires 171
L’information en tant que ressource 171
Séparation du travail et de la vie personnelle 173
Observance des règles administratives 174
Le code vestimentaire 175
Chapitre 1
Les stratégies mises en œuvre 177
Soutien de personnes expérimentées 177
Objectifs ambitieux et réalistes 178
Acquisition de réflexes politiques 182
Savoir où se situe le pouvoir 182
Analyser les choses sous l’angle politique 184
Utiliser le pouvoir 186
Recourir aux doubles standards 188
Chapitre 14
Les talents à développer 191
Un apprentissage continu 191
Les relations interpersonnelles 194
La négociation 198
Le langage non verbal 201
Interprétation des gestes 202
L’utilisation du langage non verbal 208
La maîtrise de soi 211
Chapitre 1
Les tactiques utilisées 214
Soigner son image personnelle 214
Construire et utiliser un réseau de contacts 217
Acquérir et utiliser l’information 219
Vendre ses projets 222
Gestion de crise 223
Tactiques avec le patron 225
Tactiques avec les employés 227
La reconnaissance 230
Tactiques avec les collègues 231
Chapitre 16
Les pièges à éviter 235
Modèles de comportement appris à l’université 235
Gagner en argumentant 237
Faire des suggestions sans en avoir le droit 238
Se montrer plus brillant que le patron 240
Déposer un grief 241
S’appuyer sur les employés 242
Humilier un adversaire 244
Écarts de conduite 245
S’ouvrir au patron 247
Le piège des courriels 249
Conclusion 252
CET OUVRAGE EST COMPOS£ EN DANTE CORPS
selon une maquette réalisée par josée lalancette
ET ACHEV£ DIMPRIMER EN F£VRIER
sur les presses de l’imprimerie marquis
à cap-saint-ignace
pour le compte de gilles herman
éditeur à l’enseigne du septentrion