Vous êtes sur la page 1sur 38

Comptabilité 2

PARTIE DE WOLF : CONSOLIDATION

Chapitre 1 : Principes, objectifs et législation

1.1 Objectifs de la consolidation

Exemple introductif :

Une société belge est composée de trois départements ; production, ventes et une direction
générale.
Cette société va devoir faire des comptes annuels, c’est-à-dire un bilan, un compte résultat
et des annexes.

Direction
générale

Production Ventes

Si elle délocalise sa production et les ventes et si elle garde la direction générale, alors la
société devient un simple holding de deux sociétés séparées ; P production et V ventes
(société de commercialisation)
Les actionnaires sont toujours les mêmes mais ils sont maintenant les actionnaires de la
société H holding. Ces actionnaires veulent avoir des comptes, ces comptes ce sont les
comptes consolidés ; comptes de groupes = les comptes annuels regroupés de chacune des
trois sociétés alors que de base ils sont séparés.
Les comptes consolidés permettent donc de restaurer l’unité du point de vue économique là
où il y a une maintenant une pluralité juridique. C’est le principe de consolidation.

Holding

Production Ventes

1.2 Principes des comptes

En théorie, la consolidation c’est l’addition. On additionne par exemple les ordinateurs des
trois sociétés pour reconstituer un compte bilan « équipement informatique du groupe ».

Charlotte Tramasure 1
2022/2023
Mais la consolidation est en réalité plus complexe, c’est l’addition mais après retraitements
et éliminations.

1. Retraitements

Dans notre exemple, si les trois sociétés n’utilisent pas la même monnaie, c’est difficile
d’additionner ces différentes monnaies. On doit d’abord faire des retraitements pour
remettre tout dans la même unité monétaire, ce retraitement est autre que la devise
fonctionnelle de la consolidation. On choisit en principe celle de la société mère.

Il y a d’autres retraitements à faire ; supposons que dans la société V l’amortissement des


bâtiments se fasse en 5 ans alors que dans la société mère l’amortissement des bâtiments se
fait en 20 ans. Que faire dans ce cas ? La réponse n’est pas mathématique, nous devons
engager des gens pour analyser la situation.
La question à se poser est : « pourquoi l’amortissement est-il différent entre les deux
sociétés ? »

ð Deux réponses possibles :

1) Pour des raisons fiscales (pas une raison valable)

Dans ce cas, ce seront les comptes annuels qui seront utilisés pour l’impôt. On devra
retraiter pour éliminer cette pollution fiscale car les comptes consolidés eux ne serviront pas
à calculer l’impôt, ils serviront simplement à l’information des actionnaires et non pas à des
fins fiscales.

2) Pour raisons politiques ou sociales

Dans ce cas, il faudra harmoniser les règles d’évaluation avant d’additionner afin que ce que
l’on additionne soit homogène. Ceci se fait grâce à un raisonnement.

2. Éliminations

Supposons maintenant que P vende sa production à V mais que ce soit V qui commercialise
et pas P. Les clients finaux iront donc chez V. Les opérations internes à une même entité ne
figurent pas dans les comptes annuels, car ces opérations n’auraient pas existé si les trois
sociétés avaient constitué une seule et même entité. On doit alors tout éliminer en
cherchant les différences et en réconciliant ça, ce sont les éliminations.

Direction
générale

Production Ventes CLIENTS


FINAUX
de

Charlotte Tramasure 2
2022/2023
La consolidation c’est donc l’addition après retraitements et éliminations mais il y aura aussi
de l’informatique de gestion (bien conçu, grâce à un filtre) pour permettre d’identifier
rapidement ce qui est une opération interne et ce qu’il ne l’est pas, afin de ne pas devoir
chercher partout et afin d’éviter un travail fastidieux.

1.3 Législation applicable

En théorie, la législation applicable est en premier lieu le Code des sociétés et associations
(CSA) et son arrêté royal d’exécution ; l’arrêté royal du 29 avril 2019.
CSA : détermine qui consolide et ce qu’on doit consolider (qui ? et quoi ?)
L’arrêté royal : détermine la manière dont on doit consolider (comment ?)

Mais nous sommes dans un monde de grandes multinationales dominé par les sociétés
cotées. Cela est dû au fait que la taille mondiale afin d’être compétitif est beaucoup trop
élevée.
Ces sociétés cotées veulent avoir un soutien actionnarial mais pour cela il faut offrir une
information financière uniforme en échange.
(Les 3 plus grands marchés financiers du monde : New-York, Londres et Shanghai.)

C’est pourquoi le code lui-même prévoit que dans un certain nombre de cas, ce ne sera pas
là qu’on cherchera la manière de consolider mais dans les IFRS (International Financial
Reporting Standars) et dans les IAS (International Accounting Standards). Les IAS/IFRS sont
les normes de rapportage financier internationales.

Lorsque l’on se trouve dans le cas de devoir chercher comment consolider dans les IAS/IFRS,
il faut faire appel à la juste valeur qui est la valeur centrale des IAS/IFRS. La juste valeur c’est
par exemple ; de l’actualisation, des cash-flow futur, des prévisions, … Il faut également
déterminer la durée, le taux d’actualisation, … Tout cela nécessite une large réflexion
économique qui n’est pas à la portée de tous.
Au contraire, la valeur centrale de l’arrêté royal est la valeur d’acquisition. C’est souvent le
prix d’achat donc c’est « à la portée de tous ».

A la base on utilisait que les IAS mais ensuite on s’est dit que l’information financière était
plus large que « purement comptable » car il y a d’autres aspects qui eux, ne le sont pas.
On a donc introduit les IFRS. Les IAS ne sont remplacées par les IFRS que lorsque l’on fait
vraiment un grand changement, pas lorsque l’on fait une simple mise à jour.

Les IAS/IFRS sont le produit d’abord d’un organisme privé ; IFRS foundation.
Le siège statutaire de cet organisme est établi en Amérique mais son quartier général effectif
se trouve à Londres.
Ce ne sont pas les administrateurs de cet organisme qui développent les IAS/IFRS, ils ont mis
en place un comité. Ce comité s’appelle IASB (International Accounting Standards board)

Rôle de l’IASB : mettre à jour/développer les IAS et dicter de nouvelles IFRS (+ les mettre
également à jour).

Charlotte Tramasure 3
2022/2023
La fonction principale de l’organisme IFRS foundation est donc de trouver le financement
pour cet organisme privé et de nommer des gens qui vont développer réellement les
normes.

!!! nouveau !!! à ISSB

IFRS foundation (maintenant : deux différents boards)

1) IASB
2) ISSB

Pourquoi ce deuxième board ?

à L’union européenne a publié une nouvelle directive. Une directive qui va obliger les
entreprises européennes à partir de 2025 à publier non seulement des informations
financières mais aussi des informations en matière de durabilité ; ce sont les informations
ESG (Environnemental, Social et Gouvernance)
NB : « à partir de 2025 » signifie rapporter ce qu’il se passe depuis le 1er janvier 2024.

Mais pour pouvoir publier ces informations, il faut des normes spécifiquement européennes.
L’IFRS foundation a donc créé un nouveau département pour établir ces informations de
durabilité qui répondent aux normes. Ce département est l’ISSB (International Sustainability
Standards Board)

ISSB :

Possède un processus différent car le parlement européen est soutenu par la commission et
le parlement dit que ce système d’IAS/IFRS ne fonctionne pas.
Il a donc été décidé que les normes en matière de durabilité seraient des normes
proprement européennes. Ils vont créer les ESS (European Social Survey) afin d’être le
moteur des normes mondiales et non plus appliquer des normes internationales.

(Les Américains appliquent les US GAAP et pas les IAS/IFRS)

Règlement 1666 de 2002 :

Selon ce règlement, les IAS/IFRS sont obligatoires pour toutes les sociétés cotées en Europe
qui établissent leurs comptes consolidés.
Elles devront donc le faire en fonction des IAS/IFRS. Mais ce pour autant qu’elles aient été
approuvées par la commission européenne, car elle a le pouvoir d’approuver une à une les
IAS/IFRS.
NB : un règlement est obligatoire et applicable directement au contraire d’une directive.

Règlement d’exécution 1126 de 2008 :

C’est un texte dans toutes les langues européennes de 1500 pages regroupant toute une
série d’IAS/IFRS applicables en Europe.

Charlotte Tramasure 4
2022/2023
Différences entre les IAS/IFRS de l’IASB et les IAS/IFRS de la commission européenne :

1. Différence linguistique

Les IAS/IFRS de l’IASB sont uniquement en anglais et celles de la commission sont dans la
vingtaine de langues officielles de l’union européenne. L’interprète officiel des règlements
des directives est la cour de justice européenne. Il n’y a pas de prééminence pour le texte
originel, toutes les versions sont à priori équivalentes.

2. Différence de timing

Il y a plus de normes IAS/IFRS dans l’IASB que dans la commission car la commission attend
que l’IASB en produisent pour qu’elle puisse décider si elle les accepte ou non et pour
ensuite les publier dans le journal officiel de l’union européenne. L’IASB a de l’avance, elle
est à la source même de la création de normes IAS/IFRS.
C’est pourquoi dans certains cas on emploie « les IAS/IFRS telles qu’applicables en Europe ».

3. Différence de fond

Il peut arriver que la commission européenne n’approuve pas une norme crée par l’IASB car
elle trouve que « ce n’est pas bon pour l’Europe ».

Exemple : Cela est arrivé par rapport à la comptabilité consolidée des banques et finalement
l’IASB a tenu compte de ce qu’a dit la commission européenne et a changé ses normes.

Les extensions belges du règlement 1666 de 2002. (Voir le règlement ci-dessus)

Premièrement, la Belgique oblige les établissements de crédits (banques) et les entreprises


d’assurance à publier leurs comptes consolidés selon les IAS/IFRS telles qu’approuvées par
la commission. Donc même si elles ne sont pas cotées, comme l’exige la loi de 2002 à la
base, elles doivent quand même le faire.
Cela a été décidé dans le but de donner plus de confiance dans les banques et assurances
belges.

Ensuite, la Belgique a décidé de permettre à toutes les sociétés belges qui le souhaitent
d’opter pour consolider leurs comptes selon les IAS/IFRS. Si cette décision est prise par les
sociétés elle sera dès lors définitive.
C’est très rare que des sociétés optent pour cette option car c’est très conceptuel, ça
nécessite une profondeur d’analyse élevée.

Et pour finir, la Belgique a interdit aux sociétés belges de faire leurs comptes annuels selon
les IAS/IFRS. Cette interdiction est liée à des raisons fiscales car les comptes annuels sont la
base pour la déclaration à l’impôt des sociétés. Pour que l’impôt soit le même pour tout le
monde, telle que le veut la constitution, il faut que les comptes annuels soient identiques.
S’ils étaient différents ça ferait un impôt différent pour une situation fiscale identique et
donc ça n’irait pas.

Charlotte Tramasure 5
2022/2023
Chapitre 2 : Champ d’application de la consolidation

Dans ce chapitre, nous allons répondre à deux questions ;

1) Qui est soumis à l’obligation de consolider ?


2) Qui doit faire partie du périmètre de consolidation ?

2.1 Qui doit consolider ?

Cette première question est exclusivement régie par le CSA.

Art 3.23 du CSA : Toutes sociétés mères belges qui contrôlent une ou plusieurs filiales
belges ou étrangères.

Société mère : signifie que la société a en dessous d’elle d’autres entités qu’elle domine et
où elle peut exercer une influence décisive, généralement parce que la société mère
possède la majorité du droit de vote.
Cette entité dominée par la mère sera appelée filiale.

Société belge : société qui a son siège statutaire en Belgique.

Filiale belge ou étrangère : il n’y a pas d’obligation d’avoir son siège statutaire en Belgique
pour la filiale.

Contrôle : définition en termes d’influence décisive

Art 1.14 §1 du CSA : Par contrôle d’une société il faut entendre le pouvoir de droit ou de fait
d’exercer une influence décisive sur la désignation de la majorité des administrateurs ou
gérants de celle-ci ou sur l’orientation de sa gestion.

Dans certains cas, il se pourrait qu’il y ait une influence décisive sur l’orientation de la
gestion et pas sur la désignation de la majorité des administrateurs.

Art 1.16 du CSA : Pour déterminer si on détient le contrôle, il faut tenir compte du contrôle
indirect que l’on peut exercer par l’intermédiaire d’une filiale en plus de celui qu’on détient
directement.

Exemple de contrôle indirect : J’ai une société M qui détient 60% de B et 40% des droits de
votes de C. Mais B détient quant à elle 20% de C. Comme M contrôle B avec 60%, elle peut
nommer la majorité des administrateurs.

M contrôle indirectement les droits de vote que B a sur C. M


Comme M a 40% chez C et contrôle indirectement les 20% de C 60% 40%
Elle a en fait 60% de C.
C’est donc M qui choisira la majorité des administrateurs de C.
B C
20%

Charlotte Tramasure 6
2022/2023
Contrôle de droit et contrôle de fait

L’organisation du pouvoir dans les sociétés n’est pas seulement une question comptable. Ce
sont des choses bien plus importantes que « juste de la comptabilité ».
On distingue dans l’art 1.14 et suivants le contrôle de droit et le contrôle de fait.

1. Contrôle de droit

Le contrôle est de droit lorsqu’il résulte de ce qui est prévu à l’art 1.14 §2. Dans les
différentes circonstances prévues dans cet article, on va dire que le contrôle est de droit au
sens qu’il est présumé de manière irréfragable, on ne peut pas prouver le contraire.

Les 4 cas prévus à l’art 1.14

1) Détention de la majorité des voix exerçables à l’assemblée générale (soit ½ + 1)

Dans l’exemple ci-dessus, M a le contrôle de droit de C et de B car M détient


directement ou indirectement la majorité absolue qui lui permet d’exercer le
pouvoir. Ce cas couvre 99% des situation.

2) Droit de nommer la majorité des administrateurs même si je ne suis pas majoritaire

Donc on a le droit de nommer les administrateurs indépendamment du droit de vote.


Ce cas est plus rare.

3) Contrôle de droit en vertu de conventions

Celui-ci résulte d’un accord avec des actionnaires. Si des actionnaires remettent leur
contrôle de droit à une personne pendant 10 ans, cette personne aura le contrôle de
droit durant toute cette période. Ce cas est rare également

4) En cas de contrôle conjoint (>< contrôle exclusif)

Un contrôle conjoint est défini comme ceci par l’art 1.14 ; lorsqu’un nombre limité
d’associés ont convenu que les décisions relatives à l’orientation de la gestion ne
pourraient être prise que de leur commun accord.
Exemple : U et V ont convenu qu’ils détenaient à deux une filiale F, souvent 50%
chacun mais ce n’est pas toujours le cas.

Charlotte Tramasure 7
2022/2023
2. Contrôle de fait

Le contrôle de fait est reconnu comme un contrôle qui va entrainer l’obligation de consolider
que dans quelques pays. La Belgique a levé une option de la directive européenne pour
obliger à consolider même quand il n’y a pas de contrôle de droit.

Le contrôle de fait, comme le dit l’art 1.14 §3, c’est dans les autres cas que le contrôle de
droit. Dans ce paragraphe, on aura une présomption simple c’est-à-dire une présomption où
l’on peut prouver le contraire.
On va donc pouvoir prouver que, même si les circonstances prévues dans le code sont
réunies, il n’y a pas contrôle.

Présomption simple définie par l’art 1.14 §3 : lorsque lors de la dernière et de l’avant
dernière assemblée générale, la majorité des voix présentes ou représentées proviennent
directement ou indirectement de la même mère de fait.

Exemple :

Année de l’AG Société X Petits porteurs (PP) Absents

2021 40% 9,9% 50,1%


2022 40% 4,9% 55,1 %

En 2021, X avec ses 40% de présents sur 50,1% a en fait tout décidé tout seul. Généralement,
il est prévu dans les statuts qu’une décision soit prise à l’assemblée générale ordinaire quel
que soit le nombre d’actionnaire présent. On peut prévoir d’autre règle, mais c’est celle-là
qui est la plus souvent utilisée.

X va dont être présumée mère de cette société jusqu’à preuves contraires.


X a la majorité à l’insu de son plein gré.

2 modèles historiques du capitalisme belge

1er modèle d’organisation de groupe (voir schéma à la page suivante)

A.F (Alexandre Frère) constituait une société 1 où il détenait 51% et où des petits porteurs
détenaient 49%.
La société 1 a 1000 de capital grâce à AF qui a mis 510 et les PP qui ont mis 490.
La société 1 constitue une société 2 et apporte ses 1000 dans celle-ci et des autres PP
apportent 999.
Donc 2 possède maintenant 1999 (1000 + 999) de capital et met ses 1999 dans une société 3
et PP apportent eux 1998. Ce qui fera donc capital au total de 3997 (1999+1998)
Donc AF contrôle casi 4000 en ayant mis 510.

Charlotte Tramasure 8
2022/2023
Petits porteurs A.F
è Capital

490 510

Petits porteurs Société n°1

999 1000

Société n°2 Petits porteurs

1999 1998

Société n°3

3997

2ème modèle d’organisation de groupe

Cas en Belgique : Il s’agit ici d’une organisation avec des familles qui ont fait un pacte.
Ces familles disposaient d’environ 35% d’une société SGB (Société Générale de Belgique) et
d’un autre côté il y avait des PP qui possédaient 65% de SGB.

Les PP ne viennent pas aux assemblées générales donc c’est ici un contrôle de fait car les
familles prendront les décisions sans posséder la majorité des parts.
Quelle est la raison de leur absence ? è C’est frustrant pour eux de venir car ils n’ont pas
participé à la préparation et n’auront rien à dire de pertinent.
Mais aussi car le fisc se fait produire la liste de présents à l’AG
Groupe de Petits
et il arrive que cela pose un problème s’ils n’ont pas déclaré
familles porteurs
qu’ils possédaient autant de parts dans une entreprise.

Donc la théorie prévalait en Belgique qu’on pouvait


35% 65%
contrôler des empires avec une minorité via contrôle de fait.

Société Générale de
Belgique

Charlotte Tramasure 9
2022/2023
Que s’est-il passé entre ces deux modèles ?

Le modèle des familles est le premier à s’être effondré.


La SGB contrôlait quasiment la moitié de la production privée en Belgique avec plusieurs
filiales en dessous (exemples : des producteurs d’électricité, des compagnies maritimes, la
GB (la générale de banque), …)
Le président de la SGB s’appelait gouverneur, cette société avait été créé avant la Belgique.
Au bout d’un certain moment, un entrepreneur italien a commencé à racheter les petits
porteurs en bourse, il a accumulé progressivement des parts pour finalement acquérir 51%
du capital sur 65%, il a donc eu la majorité. Un jour il demande à voir le gouverneur de la
SGB pour lui dire que « maintenant c’était lui le patron et qu’il allait lui prendre sa place ».

Le gouverneur a donc fait un conseil d’administration de la SGB pour faire une


augmentation du capital pour que l’entrepreneur italien soit dilué car il n’aurait plus 51%
après augmentation de capital.
Mais le problème est qu’il faut de l’argent. Une des filiales de SGB va donc faire elle-même
cette augmentation de capital. Mais cette société n’avait pas d’argent non plus…
Ils ont donc réveillé le conseil d’administration de la GB pour lui demander un prêt. On
appelle ça une augmentation de capital en bonnet de nuit.

Ensuite, il y a une AG qui s’est tenue parce que l’entrepreneur italien a continué à acquérir
en bourse. A ce moment-là il n’y a plus de contrôle de fait car tout le monde est présent.
Les familles vont finalement gagner contre l’entrepreneur italien.

Mais il y a un nouveau problème : il faut rembourser le prêt fait à la GB.


C’est à ce moment-là qu’arrivent les « chevaliers blancs ». Il y en a un qui va finalement
« ramasser la mise » en rachetant des familles et qui va finalement posséder le contrôle de
droit de la SGB, maintenant nommé ENGIE.
Engie va vendre tout ce qui est hors de son core business et ne va donc garder que la filiale
de producteur d’électricité ; Electrabel. L’argent de la vente va permettre de rembourser les
prêts.

Engie détient la SGB qui détient Electrabel.


Engie à SGB à Electrabel
Ils ont décidé de dissoudre l’intermédiaire SGB jugé « inutile » et Engie est devenue
l’actionnaire direct d’Electrabel.
Engie à Electrabel

Conclusion : le modèle de contrôle de fait n’a plus la faveur aujourd’hui.

Charlotte Tramasure 10
2022/2023
Le premier modèle d’Albert Frère a lui fait face à un autre problème : la mondialisation.
La mondialisation a imposé des extensions de taille pour avoir les grands effets d’économie
d’échelle, et pour acquérir une taille mondiale il faut des capitaux frais.

A.F va comprendre que son système ne va plus marcher car sa stratégie était de mettre des
PP à tous les étages mais un moment les PP se sont rendu compte qu’être dans les étages en
dessous ne servait à rien.
Les besoins de capitaux vont être trop élevés tel que AF va volontairement prendre la
décision de diluer ses sociétés dans des sociétés de tailles mondiale dans lesquelles il sera
l’actionnaire de référence.
Maintenant, c’est le premier actionnaire de Total et aussi d’Engie sans majorité absolue et
avec seulement l’idée d’être un actionnaire de référence.

NB : il reste 2 centres de décision en Belgique : KBC et Belfius (actionnaire unique : état


belge)

Pourcentage de contrôle et pourcentage d’intérêt

Supposons que nous ayons une société A qui détient 60% du droit de vote de B (et donc 60%
du droit aux dividendes) et cette société B détient elle-même 60% de la société C (droit de
votes et droit aux dividendes).

A 36 Pourcentage Pourcentage
60% de contrôle d’intérêt
ù%ù
B 60 60% 60%
60%
ù%ù 60% 36%
C 100

Le pourcentage de contrôle c’est le pourcentage du droit de vote que la société mère va


détenir sur la filiale. A ici a deux filiales dans notre exemple, il possède 60% du contrôle sur B
et 60% également sur C.

Le pourcentage d’intérêt c’est le pourcentage des bénéfices économiques qui peuvent


remonter jusqu’à la société mère, ici A.
Si B distribue un dividende à A, le pourcentage d’intérêt est là aussi de 60%.
Mais si c’est le dividende de C est 100, 60% va remonter chez B et si B renvoi vers A, là il y
aura seulement 36% de dividende qui sera remonté.
Le pourcentage d’intérêt de A dans C est donc de 36% contre 60% de pourcentage de
contrôle.
Le pourcentage d’intérêt se dilue tout au long de la chaine alors que le pourcentage de
contrôle on l’a ou on ne l’a pas.

Charlotte Tramasure 11
2022/2023
Les ASBL

Le CSA définit la filiale comme un organisme contrôlé avec ou sans but lucratif et qui a une
activité commerciale ou industrielle.
NB : Une ASBL peut avoir une activité commerciale comme objet mais doit le faire dans un
but désintéressé.

!!! Bon à savoir car nouveau !!!

Rappel : la commission des normes comptables est une commission composée de


spécialistes du droit comptable qui est instituée par le droit et qui interprète le droit
comptable.

Cette commission a constaté en 2022 dans l’avis n°9 qu’il est aujourd’hui possible pour une
ASBL d’avoir un objet commercial. Si elle a un objet commercial, alors elle est un organisme
avec ou sans but lucratif qui peut être consolidé.
Elle faut bien sûr qu’elle contrôle et cela se fait par le droit de vote à l’assemblée générale.

Exemple : On a M, B, C qui sont trois sociétés d’un groupe et elles ont chacune une voie dans
une ASBL interne au groupe.
Quel est l’intérêt de faire une ASBL dans un groupe ? è Cette ASBL peut par exemple
organiser des activités sportives pour le personnel (activité payante donc but commercial).

B C

`
ASBL

L’idée est que cette ASBL soit en équilibre mais il peut arriver qu’il y ait la tentation d’aller
loger dans une ASBL des choses déficitaires mais que l’on va quand même finir par payer
parce qu’on aura garanti les activités de l’ASBL.

Et c’est justement pour éviter ce genre de choses que la commission des normes comptables
a attiré l’attention sur le fait qu’aujourd’hui il n’y a pas de raison de ne pas consolider
certaines ASBL.

Charlotte Tramasure 12
2022/2023
Les consortiums

Qui doit donc consolider ?

è Les sociétés mères de droit


è Les sociétés mères de fait
è Les consortiums

Les consortiums c’est encore un choix de la Belgique qui n’était pas obligatoire selon la
directive européenne.

Un consortium est défini par l’art 1.19 du CSA ; ce sont des sociétés qui, sans être filiale les
unes des autres ni filiale d’une même société, sont placées sous une direction unique.

Exemple : Nous avons Monsieur X qui a deux sociétés, une société A et une société B. Il a
100% de A et 100% de B. Il décide de faire deux sociétés distinctes car imagions que A soit
francophone et B soit flamande, il est alors préférable de séparer ces sociétés parce que le
bilinguisme dans une société coûte plus cher.
Supposons même que A possède une société F en France et que B possède une société N aux
Pays-Bas.
A et B ne sont ni filiale l’une de l’autre ni filiale d’une même société (car attention monsieur
X n’est pas une société). Donc logiquement, avec ce que nous avons vu, rien n’oblige à
consolider.
Mais, la Belgique a décidé de quand même consolider car A et B sont placées sous une
direction unique (MX).
A et B vont devoir consolider le tout.
Monsieur X
MX
100% 100%

A B

F N

Présomption irréfragable : lorsque les organes d’administration des sociétés en consortium


(ici A et B) sont composés en majorité des mêmes personnes. Si c’est le cas, il y a obligation
de consolider le tout.

Présomption simple : lorsque l’actionnariat est composé en majorité des mêmes personnes,
on peut prouver le contraire.

Charlotte Tramasure 13
2022/2023
Trois exceptions où on ne consolide pas

1) Exemption de sous consolidation

Art 3.26 du CSA

A Illustrons cette exemption avec un exemple vu précédemment ;


60%
ù%ù Ici A doit consolider le tout, B devrait également consolider car il possède aussi une
B filiale C mais cette exception permet à B, sous certaines conditions, de ne pas
60% consolider. Parce que B est elle-même intégrée dans une consolidation plus grande.
ù%ù
C

2) L’exemption pour les groupes de taille réduite

Art 1.26 et 3.25 du CSA

Si on a des « petites choses », est-ce qu’il est d’intérêt publique d’avoir des comptes
consolidés ? L’enjeu n’est pas grand car il y a peu de chiffre d’affaires, peu de
personnel et peu de bilan. Ces groupes de taille réduite vont donc échapper à la
consolidation.

Seuils pour être considérés comme groupe de taille réduite :

250 travailleurs Si on ne franchit pas plus d’un de ces seuils,


17 millions de total de bilan on ne doit pas consolider.
34 millions de CA

3) Lorsqu’une mère ne possède que des filiales qui ensemble, sont d’intérêt
négligeable en termes de surplus d’informations.

Art 3.23 al.2 du CSA

Imaginons que A ait 1000 travailleurs, 2 millions de CA et 500 000 de total de Bilan et
qu’elle rachète la société B qui possède 2 travailleurs, 500 000 de CA et 100 000 de
total de bilan. A est une grande société et ajouter les informations de la petite
société B qu’elle a racheté ne sert à rien.
Par économie de coût, la société mère ne doit pas faire de consolidation.

Commentaire : cette 3ème exception est importante pour le développement des


sociétés familiales.

Charlotte Tramasure 14
2022/2023
Supposons que A n’avait pas eu cette filiale mais qu’elle était rentrée partiellement
en bourse pour financer sa croissance ou pour permettre à des membres de la famille
d’en sortir.
Nous avons vu que tant que cette société n’a pas de filiale, elle ne devait pas
consolider en IAS/IFRS.

Si maintenant la société commence à acheter des sociétés et commence à constituer


une filiale en Belgique, là elle devra faire des comptes consolidés en IAS/IFRS.
Cela va bloquer le développement à l’internationale de cette société. On a donc
décidé en Europe que tant que les filiales ne représentaient pas grand-chose par
rapport à la mère, on ne devait pas consolider.

2.2 Le périmètre de consolidation

Qui doit faire partie des comptes consolidés ? Que doit-on consolider ?

Au contraire de la première question « qui doit consolider ? », qui relève exclusivement du


droit belge, la question de savoir ce qui doit être consolidé dépend de si l’on applique les
normes belges ou les normes internationales. Dans les deux cas, cette seconde question est
guidée par une certaine idée d’orienter l’actionnaire de la mère dans ses prises de décision.

Périmètre de consolidation selon le droit belge

Selon l’arrêté royal du 29 avril 2019 portant exécution du CSA ;

1. Les exclusions obligatoires du périmètre

Art 3.98 et Art 3.99

Une filiale sur laquelle la société consolidante dispose d’un contrôle de fait, est
laissée en dehors de la consolidation au cas où son inclusion dans la consolidation
serait contraire au principe énoncé à l’art 3.105 c’est-à-dire au principe d’image
fidèle.

Les filiales en liquidation ainsi que les filiales qui ont renoncé à poursuivre leurs
activités ou pour lesquelles la perspective de continuité des activités ne peut être
maintenue, sont exclues de la consolidation.

2. Les exclusions facultatives du périmètre

Art 3.97 al.2

En cas d’usage des facultés d’exclusion, il en est justifié dans l’annexe.


è Le périmètre de consolidations comprend toutes les filiales mais il est tout de
même permis d’en exclure certaines à condition de le justifier.

Charlotte Tramasure 15
2022/2023
4 cas d’exclusion facultative (Art 3.97 al.1)

1) Lorsque compte tenu de son importance négligeable, son inclusion serait sans
intérêt sous l’angle de l’appréciation du patrimoine, de la situation financière ou
du résultat consolidé. Lorsque plusieurs filiales répondent à cette condition, il ne
peut être fait usage de cette faculté que si totalisées, ces filiales répondent à la
condition posée.

2) Lorsque des restrictions graves et durables affectent substantiellement l'exercice


effectif du pouvoir de contrôle sur la filiale en cause ou l’utilisation par celle-ci de
son patrimoine.
Exemple : X est une société pétrolière occidentale et a une filiale en Birmanie.
Il y a un coup d’état en Birmanie et les militaires s’emparent de la filiale
pétrolière. Ceci serait une restriction grave qui affecterait le contrôle de X sur sa
filiale.

3) Lorsque les informations relatives à cette filiale nécessaires pour son inclusion
dans la consolidation ne peuvent être obtenues sans frais disproportionnés ou
sans délai injustifié.

4) Une filiale peut être laissée en dehors de la consolidation lorsque ses actions
parts sont détenues exclusivement en vue de leur cession ultérieure. C’est une
projection de ce qu’aurait été le groupe si les actions avaient déjà été vendues.

Périmètre de consolidation selon les normes IAS/IFRS

Ici, la notion de contrôle est différente de celle du droit belge.

IFRS 10.6

Un investisseur contrôle une entité faisant l'objet d'un investissement lorsqu'il est exposé ou
qu'il a droit à des rendements variables en raison de ses liens avec l'entité faisant l'objet d'un
investissement et qu'il a la capacité d'influer sur ses rendements du fait du pouvoir qu'il
détient sur celle-ci.

En d’autres mots, une mère va contrôler une filiale si et seulement si tous les éléments ci-
dessous sont réunis.

3 conditions cumulatives

1) La mère détient le pouvoir sur l’entité faisant l’objet d’un investissement.


2) La mère est exposée (risques) ou a droit (bénéfices) à des rendements variables en
raison de ses liens avec la filiale.
3) La mère a la capacité d'exercer son pouvoir sur la filiale de manière à influer sur le
montant des rendements qu'il obtient.

Charlotte Tramasure 16
2022/2023
Si une société répond à cette définition de ce qu’est une filiale, elle fera partie du périmètre
de consolidation.

Il faut tout de même tenir compte du principe de matérialité (IAS 8.8)


Une prescription du référentiel IAS/IFRS peut ne pas être appliquée lorsque son application
ou sa non-application n’aurait pas d’effet significatif.
è Si l’inclusion des trois critères ci-dessus n’apporte pas un supplément d’information,
l’art 8.8 permet de les négliger.

Il y a quand même une exception selon la norme IFRS 5 ;


Une filiale qui répond à la définition de l’IFRS 10.6 et qui est destinée à la vente, doit être
exclue du périmètre de consolidation.

En parallèle avec les exclusions du droit belge, on peut considérer qu’une filiale en
liquidation ou en discontinuité, est assimilable à une filiale destinée à la vente. Celle-ci
répondra donc aux critères de l’IFRS 5 et ne sera pas inclue au périmètre de consolidation.

En ce qui concerne les restrictions graves et durables, il n’y a pas de rencontre avec la
définition de la filiale en IAS/IFRS car ces restrictions affectent le pouvoir de contrôle. Or
pour pouvoir être qualifiée de mère selon l’IFRS 10, il faut détenir un pouvoir effectif de
contrôle.

Au contraire du droit belge qui exprime clairement les exclusions obligatoires et facultatives,
les normes IAS/IFRS ne le font pas explicitement.
Cependant, le fait que les normes IAS/IFRS fassent place au jugement du préparateur des
états financiers (sous contrôle de l’auditeur externe), ne laisse pas de choix car la conclusion
dans ce cas n’est pas facultative (sauf l’hypothèse de l’impact non significatif).

Tableau récapitulatif

Exclusions du droit belge Leur équivalent dans le système IAS/IFRS


Filiales dont l’inclusion seraient contraire au Pas d’équivalent en IAS/IFRS
principe d’image fidèle
Filiales en liquidation ou en discontinuité Dans la plupart des cas, ces filiales seront non
consolidées en vertu de l’IFRS 5
Filiales d’intérêt négligeable en termes d’image Principe de matérialité générale applicable dans le
fidèle contexte référentiel IAS/IFRS
Filiales pour lesquelles des restrictions graves et S’il y a des restrictions graves et durables qui affectent
durables affectent de manière substantielle le le contrôle de la mère, on en conclura qu’il n’y a pas de
pouvoir de contrôle de la mère pouvoir effectif de contrôle et donc pas de filiale.
è Exclusion obligatoire
Lorsque les informations nécessaires à la
consolidation ne peuvent être obtenues que de Pas d’équivalent en IAS/IFRS
manière excessivement coûteuse et tardive
Filiales détenues en vue d’être cédées Cas couvert par l’IFRS 5 sous la forme d’une exclusion
obligatoire

Charlotte Tramasure 17
2022/2023
Chapitre 3 : Écarts de consolidation et goodwills

3.1 Notion et causes

Exemple introductif : Supposons qu’une société M acquiert 100% d’une société F pour un
prix P de 1000€. Au moment du rachat, la filiale F possède des capitaux propres CP de 600€.
Pour simplifier, supposons que les évaluations comptables normalement faites à la valeur
d’acquisition (valeur du passé/historique) correspondent à la juste valeur (valeur actuelle).
Exception ; un terrain, il y a en effet un terrain qui figure à l’actif de F pour un montant N
acheté dans le passé et qui aujourd’hui a une valeur économique de +250.

On achète donc pour 1000 une société qui a des capitaux propres de 600. Mais si on mettait
tout à la juste valeur et qu’on prenait en compte la plus-value sur le terrain, les capitaux
propres à la juste valeur (CPJV) seraient de 850 (600+250).

On va s’intéresser à la différence entre les 1000 et les 850. Cette différence s’appelle l’écart
de consolidation/le goodwill. Comment l’expliquer ?

Cette différence entre P et CP et/ou entre P et CPJV peut s’expliquer par ;

- L’existence de plus-values latentes non comptabilisées sur des actifs


Exemples : surévaluations de passifs, actifs non comptabilisés et même non
comptabilisables (valeur du personnel), créance en devises dont le cours a augmenté
mais dont la prise de valeur est portée en produits à reporter

- L’anticipation de super-profits futurs


Il se peut que l’entreprise soit plus profitable ou ait une meilleure culture d’économie
de coût que d’autres entreprises présentant un profil similaire de risque. M serait
donc prêt à payer un peu plus cher pour profiter de cette rentabilité future, c’est ce
qu’on appelle les effets de synergie.

- Le fait que M ait simplement payé trop cher


Cela a pu par exemple arriver à la suite d’une mauvaise évaluation des coûts ou juste
par orgueil.

Dans notre exemple, la différence initiale entre P et CP (entre 1000 et 600) a déjà été
expliquée et résorbée avec les 250 car il y avait une plus-value latente non comptabilisée
sur un actif (le terrain).

À l’inverse, il se pourrait que M achète une société F pour un prix p de 1000 alors que les
capitaux propres CP de F sont de 1400 au moment du rachat. (Situation moins fréquente)

Cette différence négative entre P et CP et/ou P et CPJV, appelée « badwill » peut s’expliquer
par ;

Charlotte Tramasure 18
2022/2023
- L’existence de surévaluations d’actifs ou sous évaluations de passifs (légales selon
le référentiel comptable applicable à F)
Exemples : frais d’établissement, provisions de risques en IAS/IFRS présentant une
probabilité de survenance de matérialisation du risque inférieure à 50%

- L’anticipation de pertes futures inéluctables tant qu’une restructuration n’est pas


intervenue
Exemple : M estime que F nécessite une restructuration qui entrainera des pertes
avant que F devienne de nouveau rentable. M obtient donc une décote sur le prix en
contrepartie.

- Le fait que M n’ait simplement pas payé assez cher


Cela a pu arriver à la suite d’une mauvaise analyse de valeur de l’entreprise par le
vendeur ou à la suite d’une asymétrie d’information.

3.2 Le traitement de la différence en droit belge

Art 3.130 de l’AR/CSA ;


La différence résultant de la compensation effectuée est dans les comptes consolidés
imputée dans la mesure du possible aux éléments de l'actif et du passif qui ont une valeur
supérieure ou inférieure à leur valeur comptable dans la comptabilité de la filiale.

En d’autres termes, on va essayer de résorber la différence en l’imputant en premier lieu sur


les éléments d’actifs qui ont une valeur économique supérieure à leur valeur comptable
(ex : le terrain de l’exemple précédent) et en second lieu sur les éléments du passif qui ont
une valeur économique inférieure à leur valeur comptable dans le chef de la filiale.

Il s’agit bien, en droit belge, d’essayer de résorber la différence en se rapprochant de la juste


valeur et ce, seulement si le droit belge l’autorise. En effet, il ne faut pas créer une
différence jusque dans l’autre sens et passer d’un écart positif à un écart négatif.

S’il subsiste une différence résiduelle positive l’art 3.130 al.2 nous dit : l'écart qui subsiste
après application de l'alinéa premier est inscrit au bilan consolidé sous la rubrique « écarts
de consolidation » à l'actif. Cet élément d’actif sera une immobilisation incorporelle.

L’amortissement de cet actif sera fait selon l’art 3.131 §1 : Les écarts de consolidation
positifs visés à l'article 3.130 al.2 font l'objet d'un amortissement à charge du compte de
résultat consolidé selon un plan approprié correspondant à la période d'utilisation probable
de cet actif. Si leur amortissement est réparti sur une durée supérieure à 5 ans il en est
justifié dans l'annexe. (Par défaut il sera amorti pendant 5 ans).

L’arrêté prévoit aussi des amortissements complémentaires si en raison de circonstances


nouvelles, le maintien à la valeur comptable nette n’est plus justifié économiquement.

Charlotte Tramasure 19
2022/2023
Cet écart de consolidation après imputation est donc amortissable, il a une durée de vie
limitée. On peut considérer qu’il s’agit alors d’une survaleur « transitoire » car, par exemple,
les superprofits escomptés ou les actifs non comptabilisables qui l’expliquent à la base, sont
réputés à disparaitre avec le temps.

En ce qui concerne une éventuelle différence résiduelle négative, elle sera, selon l’art 3.130
al. 2, portée et en principe maintenue au passif du bilan dans la rubrique « écarts de
consolidation ». On peut considérer par là qu’elle constitue une source de financement
complémentaire de l’entité.

Toutefois, lorsqu'un écart de consolidation négatif correspond à la prévision d'une faiblesse


des résultats futurs de la filiale concernée ou de charges qu'elle occasionnera, l’écart est
porté au compte de résultats consolidés dans la mesure et au moment où cette prévision se
réalise (Art 3.131 §2).
Cela permettra de neutraliser l’effet négatif de la prévision au moment où elle se réalisera.
Dans ce cas-ci, la source de financement que représentait la différence négative, est
temporaire.

3.3 Le traitement et la différence selon les normes IAS/IFRS

Cette différence ne se fera pas par rapport au prix P et les capitaux propres CP mais elle se
fera entre P les capitaux propres à leur juste valeur CPJV.
Sauf exception, on ajustera donc la valeur comptable de tous les actifs et passifs (de tiers)
comptabilisables à leur juste valeur, quitte à provoquer une inversion du signe de la
différence (ce qui était interdit en droit belge).

Si la cette différence résiduelle est positive, elle sera considérée comme un goodwill.
Un goodwill, selon l’IFRS 3, est un actif représentant les avantages futurs résultant des
autres actifs acquis lors d’un regroupement d’entreprises qui ne sont pas identifiés
individuellement et comptabilisés séparément.

Ce goodwill est présumé d’une durée d’utilisation illimitée et fera l’objet de tests
périodiques de dépréciation (au moins une fois par an ou à chaque fois que les circonstances
laissent supposer une dépréciation).
S’il ne peut plus être justifié pour son montant comptabilisé il fera alors l’objet d’une
dépréciation (réduction de valeur) à due concurrence.

Dans le cas inverse, si la différence est négative, elle sera appelée « badwill » et selon l’IFRS
3.34 elle sera portée en résultat.
Rappel : les causes économiques pour lesquelles on peut avoir ce badwill sont les
anticipations de pertes futures inéluctables.
Le système ici n’est pas de mettre ça au passif pour absorber les pertes futures comme en
droit de belge mais juste de considérer ça comme une « bonne affaire ».

Charlotte Tramasure 20
2022/2023
3.4 Appréciation

Les différences entre le système du droit belge et celui des normes internationales sur le
traitement des écarts de consolidation nécessitent quelques réflexions et observations
supplémentaires…

Premièrement, l’amortissement sur cinq ans d’un écart de consolidation positif pèse souvent
lourd sur le compte de résultats consolidés. Cela va conduire à ce que beaucoup de sociétés
mères concernées décident d’amortir sur des durées plus longues (10 ou 20 ans, voire plus).
Rappel important : cela ne veut pas dire qu’elles payeront plus(+) d’impôt car les comptes
consolidés ne servent pas de base à la perception de l’impôt en Belgique !

Du côté anglo-saxon, le goodwill a comptablement vocation à l’éternité mais il faut tout de


même le déprécier s’il n’est plus là ou plus entièrement là. Cela n’est pas simple, reconnaître
la disparition d’un goodwill dégagé lors d’une acquisition demande du courage pour un
dirigeant. C’est pour cette raison que les dépréciations de goodwill ont tendance à être plus
fréquentes à l’occasion d’un changement de dirigeant ou d’une récession profonde et
générale.

En étant dans le système des normes internationales où les dirigeant ne sont pas obligés
d’amortir le surprix payé pour acquérir une filiale, on constate que les prix élevés sur le
marché des fusions et acquisitions sont énormément favorisés et que la stratégie
d’acquisition agressive est également favorisée.
Alors qu’en étant dans le système européen où l’écart de consolidation doit être amorti, il va
y avoir des charges récurrentes au compte de résultat ce qui conduira à être plus prudent
dans les achats d’entreprise.
è On peut en conclure que le droit comptable influence les décisions de gestion.

Enfin, le traitement de la compensation différée de pertes futures est fortement différent


entre les deux systèmes.
Dans le système occidental européen, on stock la décote de prix obtenu en compensation de
pertes futures, on la met au passif du bilan dans la section « écart de consolidation ».
Tandis que les normes internationales prévoient de mettre cette décote en résultat et les
pertes également (dans le cas où elles se réaliseraient). Ce système incite à restructurer la
filiale en difficulté immédiatement et au plus vite après son acquisition.
è On peut conclure ici aussi que le droit comptable influence les décisions de gestion.

Charlotte Tramasure 21
2022/2023
Chapitre 4 : Aspects techniques de la consolidation

4.1 Les normes belges

Les normes belges prévoient deux techniques de consolidation ainsi qu’une autre technique
qui s’en rapproche ;

1) Une intégration globale des filiales sous contrôle exclusif (art 3.124 §1 de l’AR/CSA)
2) Une intégration proportionnelle (sauf exception) des filiales communes (art 3.124 §2)
3) Une mise en équivalence (qui ne constitue pas vraiment une consolidation), c.-à-d.
une correction de la valeur comptable.

Les sociétés qui subissent une mise en équivalence sont les suivantes :

- Les sociétés associées


Ce sont des sociétés qui ne sont pas des filiales mais sur lesquelles une autre société
comprise dans le périmètre de consolidation détient une influence notable (et pas
décisive comme avec les filiales), laquelle est présumée si cette autre société détient
au moins 1/5 des droits de vote. (Art 1.21 CSA et 3.124 de l’AR/CSA)

- Les filiales exclues de manière obligatoire (art 3.100 de l’AR/CSA)


Il s’agit principalement des filiales en liquidation ou en discontinuité et des filiales
contrôlées de fait si leur inclusion serait contraire au principe d’image fidèle.

On peut cependant ne pas mettre en équivalence ces sociétés et donc ne pas corriger
leur valeur comptable si cette mise en équivalence ne représente qu’un intérêt
négligeable pour l’image fidèle des comptes consolidés. (art 3.148 de l’AR/CSA)

L’élimination des opérations internes

En principe, les opérations internes au groupe telles que les prêts, les ventes ou encore les
dividendes doivent être totalement éliminées. (art 3.134 et 3.136 de l’AR/CSA)
Cependant, il existe les tolérances dans les cas suivants :

- Si l’élimination ne présente qu’un intérêt négligeable au regard de l’objectif d’image


fidèle (art 3.139)

- En ce qui concerne les entreprises en équivalence, l’élimination se fait selon l’art


3.145 §2 ; dans la mesure où les indications nécessaires à cet effet sont connues ou
accessibles.

L’élimination des opérations internes au groupe vise à reconstituer les états financiers qui
se seraient présentés si ces opérations avaient été internes à une même société. On essaye
de reconstituer « ce que ça aurait été » si ça avait été pour une seule entité juridique.
Elle permet aussi d’éviter des profits artificiels, des fraudes ou des manipulations que
peuvent générer par exemple des ventes internes à des prix surfaits.

Charlotte Tramasure 22
2022/2023
Utilisons un exemple afin d’illustrer le fonctionnement de l’intégration globale, l’intégration
proportionnelle et la mise en équivalence.

Nous avons une société M mère et une société N filiale ou société associée de M.
Voici leur bilan à l’année n et leur compte de résultat à l’année n+1.

Société M Société N
31/12/n 31/12/n
Immo corp. 1000 Capitaux propres 600 Immo corp. 150 Capitaux propres 200
Part. dans N 500 Dettes 1200 Actif circulant 100 Dettes 50
Actif circulant 300
1800 1800 250 250

Compte de résultat M
31/12/n+1
Compte de résultat 31/12/n+1
N
Produits/dividendes 200 Produits/dividendes 100
Dividendes N 40 Charges 20
Charges 140
100 80

4.1.1 Intégration globale

Analysons le premier cas où M détiendrait à elle seule 100% de la société N.


Si on suppose qu’il n’y a pas de retraitement à faire, le compte consolidé de M à l’année n
sera l’addition entre les comptes de N et de M mais avec les éliminations nécessaires.

Bilan consolidé 31/12/n


Compte de résulat consolidé
n+1

Im corp. 1150 Capitaux propres 600 Produits: 200+100 = 300


Δ Ecart conso 300 Dettes 1200+50=1250 Charges: 140+20 = 160
Act circ. 300+100=400 Amort. écart de conso: 300/5 = 60
1550+300= 1850 1850 Résultat consolidation: 80

On peut voir que la participation de M dans N de 500 est éliminée car elle n’aurait pas existé
si M avait formé une seule et même entité.
Les capitaux propres de N de 200 « viennent de M » donc sont aussi éliminés et on ne
reprend que ceux de M.
Comme l’actif n’est pas égal au passif, on indique l’écart de consolidation.

Dans le compte de résultat, on ne tient pas non plus compte du dividende de 40 que M
possède grâce à sa société N donc il est aussi éliminé.
Il reste à ajouter aux charges et produits l’amortissement de l’écart de consolidation

Charlotte Tramasure 23
2022/2023
Le deuxième cas est celui où M détiendrait 80% de la société N.

Bilan consolidé Compte de résulat consolidé


31/12/n n+1

Produits: 200+100 = 300


Im corp. 1150 Capitaux propres 600 Charges: 140+20 = 160
Δ Ecart conso 340 Int. min 200x20%= 40 Amort. écart de conso: 340/5 = 68
Act circ. 300+100=400 Dettes 1200+50=1250 Résultat consolidation: 72
1550+340= 1890 1890 Part minoritaire 80/5 = 16
Part groupe 56 (72-16)

Nous sommes toujours dans un cas d’intégration globale, c’est-à-dire de l’addition pure et
simple accompagnée des éliminations nécessaires.

Dans le bilan, les immobilisations corporelles, les actifs circulants et les dettes ne changent
donc pas c’est toujours ceux de N ajouté à ceux de M.
Pour les capitaux propres, il y a toujours les 600 de M mais cette fois ci, les 200 de N ne
viennent pas uniquement de M ; il y a 20% (100-80) qui sont apporté par des minoritaires.
Ces 20% sont appelés intérêt minoritaire et il faut en tenir compte dans le passif.

L’écart de consolidation n’est pas uniquement considéré comme la différence restante afin
d’équilibrer l’actif et le passif mais c’est surtout la différence entre la participation de M
dans N (500) et les 80% de 200 (160) et donc bien 340 (500-160).

Dans le compte de résultat, les produits et charges sont toujours l’addition de M et N.


Ici, il y a une part qui doit revenir aux minoritaires, cette part est 1/5 (20%) des 80 du
compte de résultat de N précédemment calculé en n+1, donc 16.

La part du groupe est la part qui doit revenir aux actionnaires du groupe majoritaire, c’est la
différence entre 72 (résultat consolidation) et 16 (part minoritaire).
Cette part groupe peut également être calculée comme telle ;

Résultat hors dividende de M : 200-140 = 60


+ 80% du résultat de N : 80/80% = 64
- l’amortissement de l’écart de conso : 68
= 60 + 64 – 68
= 56

Charlotte Tramasure 24
2022/2023
4.1.2 Intégration proportionnelle

Le troisième cas est celui où N serait filiale commune 50-50 de M et P.

Bilan consolidé Compte de résultat consolidé


31/12/n n+1

Im corp. 1000+75= 1075 Capitaux propres 600 Produits: 200+50 = 250


Δ Ecart conso 400 Dettes 1200+25=1225 Charges: 140+10 = 150
Act circ. 300+50=350 Amort. écart de conso: 400/5 = 80

1425+400= 1825 1825 Résultat conso (part groupe) : 20

Ici, nous sommes dans un cas d’intégration proportionnelle, on ne considère pas qu’il y ait
un majoritaire et un minoritaire mais uniquement deux majoritaires.
On ne va donc pas additionner globalement M et N mais on va additionner M et 50% de N.

Dans le bilan, on va additionner les immobilisations corporelles, les actifs circulants et les
dettes de M avec 50% de ceux de N.
Pour les capitaux propres, on va éliminer ceux de N car ils viennent de M et de P et
n’auraient pas existé si M avait formé une seule et même entité.

L’écart de consolidation s’explique par la différence entre la participation de M dans N qui


est de 500 et 50% des capitaux propres de N (200/2), cela fait bien 400 (500-100). On
retrouve ici le principe de synergie qui est une des causes de la survaleur créée et donc de
cet écart.

Dans le compte de résultat, on suit le même principe on additionne M et 50% de N pour les
produits et les charges.
Le résultat consolidé est entièrement part de groupe car ici il n’y a pas de minoritaires,
l’autre morceau est chez P.

Charlotte Tramasure 25
2022/2023
4.1.3 Mise en équivalence

Le dernier cas est celui où M détiendrait 30% de N sans contrôle de fait ni contrôle
conjoint.

Bilan consolidé "pro forma" Compte de résultat consolidé


31/12/n n+1

Im corp. 1000 Capitaux propres 600 Produits M 200


EME 60 Dettes 1200 EME (80 X 30%) 24
Ecart ME 440 Charges M 140
Act circ. 300 Amort. écart d'équiv. : 440/5 = 88
1800 1800 Résultat conso : 4

On les appelle le bilan consolidé et le compte de résultat consolidé « pro forma » car ce ne
sont pas des vrais comptes consolidés, il leurs manque l’élément déclencheur qui est
l’existence d’une filiale.

Ici, nous sommes dans un cas de mise en équivalence.

Pour rappel, il faut détenir au moins une filiale pour tenir des comptes consolidés.
Et dans le cas où on fait des comptes consolidés, on fait une mise en équivalence des
sociétés associées et des filiales exclues de manière obligatoire.

Ici, nous ne sommes pas dans un cas d’intégration donc on ne va pas additionner ligne à
ligne de M et de N.
C’est une correction de la valeur comptable dans les comptes annuels de M de la
participation N.

Dans le bilan, les immobilisations corporelles et les actifs circulants seront uniquement ceux
de M, on n’additionnera pas avec ceux de N.
Les dettes et les capitaux propres de M seront également les seuls présents au bilan pro
forma avec la mise en équivalence de N.

La participation de M dans N est de 500, cela représente 30% des capitaux de N (c.-à-d. 60)
car M a payé 500 pour détenir 30% de N.
La différence entre 500 et 60 est 440 et est appelée écart de mise en équivalence.

Dans le compte de résultat, les charges et les produits sont uniquement ceux de M.
On va remplacer le dividende par l’estimation de ce que M a droit dans les résultats de N, ici
30% du résultat de N à l’année n+1 (30% de 80 soit 24).
Par ailleurs, il y a une charge qui est l’amortissement en 5 ans de l’écart d’équivalence.

Charlotte Tramasure 26
2022/2023
4.2 Les normes internationales

Exemple introductif : Une société M et sa filiale F présentent les bilans suivants ;

Société M Société F
Immo corp. 100 Capitaux propres 250 Immo corp. 120 Capitaux propres 100
Part. dans F 262,5 Dettes 412,5 Actifs circulants 180 Dettes 200
Actifs circulants 300
662,5 662,5 300 300

M a acquis 75% de F le 31/12 pour 262,50 donc la participation de M dans F est de 262,50.

Les immobilisations corporelles de F ont une juste valeur différente de leur valeur
comptable, leur juste valeur est 170 au lieu de 120.

On va établir le bilan consolidé de M. Il y a deux colonnes à l’actif et au passif, l’une


représente le goodwill partiel et l’autre représente le goodwill complet.
En effet, il y a deux méthodes en IAS/IFRS pour calculer le goodwill.

Bilan consolidé de M 31/12/n


Goodwill Goodwill Goodwill Goodwill
partiel complet partiel complet

Immo corp. 100+170 270 270 Capitaux propres 250 250


Goodwill 150 200 Intérêt minoritaire 37,5 87,5
Act. circ. 300+180 480 480 Dettes 412,5+200 612,5 612,5

900 950 900 950

Comment faire le bilan consolidé de M ?

- Pour obtenir les immobilisations corporelles de M consolidé, il faut additionner celles


de M et F. Mais pour consolider les actifs et passifs de la filiale, il faut le faire en juste
valeur. Au contraire qu’avec les normes belges, on va additionner la valeur
comptable de la mère et la juste valeur de la filiale.

Charlotte Tramasure 27
2022/2023
- Pour obtenir les actifs circulants de M consolidé, il suffit d’additionner ceux de M et
F.
- Les capitaux propres sont uniquement ceux de la mère car ce sont les seuls qui
auraient existé si M avait formé qu’une seule entité.
- Les dettes seront également l’addition de celles de M et celles de F.

Goodwill partiel

Le goodwill partiel est un goodwill qui n’appartient qu’à la mère.

M a acheté pour 262,5 une chose dont la juste valeur des capitaux propre est ¾ (75%) de
150 (au lieu de la valeur comptable 100 inscrite au bilan de F) ce qui fait 112,50. Le goodwill
partiel de la mère est donc 150 (262,5 – 112,5)
Les intérêts minoritaires vont être de 37,50 car M possède 75% de F donc les minoritaires
possèdent 25%. 150x25% = 37,50

Goodwill complet

Le goodwill complet est le goodwill « total » et n’appartient pas qu’à la mère, c’est celui des
minoritaires ajoutés à celui de la mère.

On exprime dans les comptes la cote part des minoritaires dans une valeur qui existe
économiquement mais qui n’est pas dans les comptes car on ne peut pas l’y indiquer.
Donc ici le majoritaire a droit à 75% et son goodwill est de 150.
Les 25% restant peuvent se calculer via une règle de 3 (c’est une des deux méthodes ;
méthode de brutage du goodwill)

75% à 150 :3
25% à 50 x4
100% à200

Pour le calcul des intérêts minoritaires en goodwill complet, on fait également une règle de
3. En supposant l’absence de prime de contrôle et de décote d’absence de contrôle ; on
calcule les intérêts minoritaires comme étant 1/3 de ceux des majoritaires (vu que 25% c’est
1/3 de 75%). Ce qui donne 25%/75% X 262,5 = 87,5

Cette méthode est à prendre avec prudence car elle suppose que la valorisation de la
participation de l’acquéreur est dans une économie parfaite, le fait que les minoritaires
possèdent 25% et les majoritaires 75% ne veut pas dire avec exactitude que les minoritaires
possèdent 1/3 de la valeur du majoritaire comme le suggère cette méthode de calcul.
(Même si dans l’esprit anglo-saxon le marché parfait existe, ce n’est pas vraiment le cas.)

Une autre méthode pour calculer le goodwill complet est de voir quelle est la juste valeur
des 25% que possèdent les minoritaires dans la société. Cela suppose que F soit une société
cotée, auquel cas le calcul des intérêts minoritaires résulterait d’un cours de bourse des
actions qui ne sont pas sous le contrôle de la mère.

Charlotte Tramasure 28
2022/2023
Si le résultat de ce calcul effectué avec les cours de bourses de actions des minoritaires est
inférieur à celui obtenu avec la règle de 3, la différence sera la décote de minorité.

En général, on va privilégier le goodwill complet car il donne une image plus fidèle et
complète du groupe et surtout lorsqu’une entité inclut des intérêts minoritaires aussi
importants. Avec le goodwill complet, la contribution de ces minoritaires à la réalité
économique du groupe apparaitra plus clairement.

Le problème avec le goodwill complet est que lorsqu’il y a nécessité de faire une
dépréciation, cela pèsera encore plus sur les comptes car un même pourcentage de
dépréciation provoquera une charge plus importante puisque ça portera sur une montant
plus grand.
Dans notre exemple, faire une dépréciation sur un goodwill de 150 serait moins lourd que de
le faire sur un goodwill de 200.
NB : Les deux méthodes sont permises en IAS/IFRS mais les US GAAPs imposent la méthode
du goodwill complet.

En ce qui concerne les opérations internes au groupe, elles seront totalement éliminées car
elles peuvent créer des apparences de valeur qui n’existent pas.
Exception : on ne doit pas éliminer les opérations intra-groupe qui seraient sans intérêts
pour l’image fidèle des comptes.

D’un point de vue plus théorique, les normes internationales prévoient ;

- Une consolidation de type « intégration globale » des filiales sous contrôle exclusif.

- Une mise en équivalence des participations dans une entreprise associée, comme
en droit belge.
Rappel : une entreprise associée est une entité sur laquelle l’entreprise consolidante
exerce une influence notable, ce qui est présumé si l’entreprise consolidante en
détient directement ou indirectement au moins 20% des droits de vote (IAS 28.5).

- Une mise en équivalence des participations dans une co-entreprise (une filiale
commune est considérée comme une co-entreprise au sens des IAS/IFRS).
En droit belge, les filiales communes font l’objet d’une intégration proportionnelle et
non pas d’une mise en équivalence.

- Une entreprise associée ou une co-entreprise détenue en vue d’être vendue sera
toutefois traitée comme prévu par l’IFRS 5 art 15 ; c’est-à-dire que cette société sera
revalorisée au plus bas de la valeur comptable et de la valeur de revente (sa juste
valeur) diminué des coûts de la vente.

Charlotte Tramasure 29
2022/2023
4.3 Précisions sur la dépréciation du goodwill

En IAS/IFRS, le goodwill ne fera pas l’objet d’amortissement car on pense que les causes de
goodwill sont permanentes et que les marchés sont parfaits. (C’est naïf de penser ça d’après
De Wolf). Il sera donc maintenu sauf nécessité de le déprécier.

Selon des études scientifiques, il y a dépréciation de goodwill lorsqu’ ;

- Il y a une cause externe de type macroéconomique


- Il y a un changement de dirigeant/de direction
Souvent le successeur nettoie « les cadavres dans le placard » et fait des
dépréciations pour arranger certaines choses.

Concepts fondamentaux définitions (IAS 36.6)

• La valeur comptable est le montant auquel un actif est comptabilisé après déduction
du cumul des amortissements et du cumul des pertes de valeur y afférentes.

• Une unité génératrice de trésorerie est le plus petit groupe identifiable d’actifs qui
génère des entrées de trésorerie largement indépendantes des entrées de trésorerie
générées par d’autres actifs ou groupes d’actifs.
Exemple : un avion dans une compagnie aérienne.

• Les actifs de support sont des actifs, autres que le goodwill, qui contribuent aux flux
de trésorerie futurs tant de l’unité génératrice de trésorerie examinée que d’autres
unités génératrices de trésorerie.
Exemple : le siège social de la compagnie aérienne qui contribue aux flux de
trésorerie futurs de chaque avion.

• Les coûts de sortie sont des coûts marginaux directement attribuables à la sortie
d’un actif ou d’une unité génératrice de trésorerie, à l’exclusion des charges
financières et de la charge d’impôt sur le résultat. En d’autres mots c’est ce que cela
coûte de sortir.

• Le montant amortissable est le coût d’un actif, ou tout autre montant substitué au
coût dans les états financiers, diminué de sa valeur résiduelle.
NB : en droit belge le montant amortissable est simplement le coût de l’actif, on ne le
diminue pas de sa valeur résiduelle.

• L’amortissement est la répartition systématique du montant amortissable d’un actif


sur sa durée d’utilité.

• La juste valeur est le prix qui serait reçu pour la vente d’un actif ou payé pour le
transfert d’un passif lors d’une transaction normale entre des participants de marché
à la date d’évaluation.

Charlotte Tramasure 30
2022/2023
• La durée d’utilité est la période pendant laquelle l’entité s’attend à utiliser un actif.
(C’est une durée subjective)
Ou bien le nombre d’utilité de production ou d’unités similaires que l’entité s’attend
à obtenir de l’actif.
(Exemple : on a une imprimante et on prévoit de faire 1 million de copies)

• La valeur d’utilité est la valeur actuelle des flux de trésorerie futurs susceptibles de
découler d’un actif ou d’une unité génératrice de trésorerie.
En gros c’est la rentabilité attendue suite à l’utilisation d’un actif.

• La valeur recouvrable d’un actif ou d’une unité génératrice de trésorerie est la plus
élevée entre sa juste valeur diminuée des coûts de sortie et sa valeur d’utilité.
C’est ce qu’on espère pouvoir récupérer de l’actif. Soit le prix de revente de l’actif
soit les profits qui découleraient de son exploitation, on prend le plus élevé.

• Une perte de valeur est le montant par lequel la valeur comptable d’un actif ou
d’une unité génératrice de trésorerie excède sa valeur recouvrable.

D’un point de vue plus théorique, la norme IAS 36 fournit quelques règles directrices et
précisions sur la dépréciation du goodwill.

Elle prescrit notamment :

- De procéder à un test de dépréciation chaque fois qu’il existe des indices de


dépréciation des actifs (indices provenant de sources d’informations externes ou
internes), et de tester le goodwill au moins une fois par an.
Il ne faut pas nécessairement le faire à la date de clôture du 31/12 car si on a des
multinationales et qu’on fait tout le même jour c’est compliqué, le personnel
compétent pour faire ça ne court pas les rues. Ils vont donc faire un système de
rotation.

- D’acter une perte de valeur chaque fois que la valeur comptable devient supérieure
à la valeur recouvrable. Donc, si la valeur d’utilité demeure supérieure à la valeur
comptable, il n’y aura pas de perte de valeur, il est inutile de déterminer la juste
valeur diminuée des coûts de sortie (et inversement).

- De calculer la valeur d’utilité en estimant les flux de trésorerie nets futurs, puis en
leur appliquant un taux d’acquisition avant impôt qui reflète la valeur temps de
l’argent et les risques spécifiques à l’actif évalué, et cela sur un horizon de temps
raisonnable (5 ans maximum en principe : IAS 36.33, b), la valeur de sortie au terme
de cet horizon étant elle-même actualisée.

- D’affecter (de distribuer) le goodwill « à chacune des unités génératrices de


trésorerie de l’acquéreur ou à chacun des groupes d’unités génératrices de trésorerie
susceptibles de bénéficier du regroupement d’entreprises » (IAS 36.80), étant
entendu qu’on « descendra » au niveau des unités génératrices de trésorerie ou des

Charlotte Tramasure 31
2022/2023
groupes d’unités qui représentent le niveau le plus bas auquel le goodwill est suivi
pour des besoins de gestion interne, sans être plus grand qu’un secteur opérationnel
sur lequel l’entreprise fait rapport conformément à l’IFRS 8.

- De faire porter la perte de valeur successivement sur la partie du goodwill affectée


au groupe d’unités génératrices, puis sur les actifs individuels qui le ou la compose
(au prorata de la valeur comptable de ces actifs), mais sans que la valeur comptable
d’un actif puisse tomber en-dessous de sa juste valeur diminuée des coûts de sortie
(si on peut l’évaluer), ni de sa valeur d’utilité (si on peut la déterminer), ni de zéro
(IAS 36.104-105)

- De reprendre ultérieurement les pertes de valeur qui ne se justifient plus, à


l’exception des pertes de valeur sur goodwill, lesquelles sont définitives. Il est en
effet impossible de distinguer le retour de la valeur d’un goodwill déprécié, de la
création interne d’un nouveau goodwill (qu’on ne peut pas comptabiliser).

Illustrons ça à l’aide d’un exemple simplifié :

Une société holding achète le 31/12/n l’entièreté d’une compagnie aérienne moyennant un
goodwill de 200. Il y a donc un écart de 200 entre le prix qu’elle a payé pour acquérir les
actions de cette entreprise et la juste valeur de cette filiale.

On identifie deux groupes d’unités génératrices de trésorerie ;

- Groupe d’unités génératrices de trésoreries associé au fret (transport de


marchandise par voie aérienne.)

- Groupe d’unités génératrices de trésorerie appelé « groupe passager »

Ces deux groupes sont indépendants.

En effet, ils utilisent des avions différents et les autorisations de décollage et d’atterrissage
ainsi que les personnes sont également différents.

Les actifs identifiables composant le groupe fret ont au moment de l’acquisition une juste
valeur de 150. Ceux du groupe passagers, ont une juste valeur de 270.

Le goodwill est réparti sur les deux groupes car les deux tendent à générer un résultat
d’exploitation de même grandeur.

La valeur comptable initiale est donc de :


• 150 + 100 = 250 pour le groupe fret
• 270 + 100 = 370 pour le groupe passagers

Un an plus tard, le goodwill est procédé au test de dépréciation.

(Nous allons uniquement nous intéresser et l’appliquer à la partie fret)

Charlotte Tramasure 32
2022/2023
Les flux de trésorerie nets (c.-à-d. recettes prévisibles – les dépenses prévisibles, y compris
les réinvestissements) sont estimés (pour les cinq prochaines années à partir de n+2 à n+6) à
60, 65, 70, 50 et 25 et on peut également espérer une valeur de sortie au 31/12/n+6 de 4.

L’hypothèse est que ces chiffres, en baisse à partir de l’année n+5 et comprenant une valeur
de sortie très faible, s’expliquent par l’annonce d’un plan mondial « vert » de réduction du
transport aérien de fret.

En ce qui concerne la juste valeur diminuée des coûts de sortie, elle ne peut actuellement
pas être estimée, car le choc de l’annonce du 15/12/n+1 concernant ce plan « vert » a
déstabilisé le marché des cessions et acquisitions de compagnies aériennes.

Quant à la valeur comptable au 31/12/n+1, elle s’élève à :


• 140 (actifs autres que le goodwill, suite à quelques amortissements principalement)
+ 100 (partie affectée du goodwill)
= 240

La valeur d’utilité, si un taux d’actualisation constant de 10% est acceptable, sera égale à la
valeur actuelle des valeurs futures actualisées au taux de 10%.

60/1,10 + 65/1,102 + 70/1,103 + 50/1,104 + 25/1,105 + 4/1,105 = 213

La valeur recouvrable sera quant à elle le maximum entre la juste valeur diminuée des coûts
de sortie et la valeur d’utilité. Comme ici on ne connait pas la juste valeur diminuée des
coûts de sortie, la valeur recouvrable sera égale à la valeur d’utilité, c.-à-d. 213.

Finalement, la perte de valeur à enregistrer est :


• 240 (la valeur comptable)
- 213 (la valeur recouvrable)
= 27

Cette perte de valeur sera entièrement, et irréversiblement, imputée sur la partie du


goodwill affectée à ce groupe d’unités génératrices de trésorerie.
Celui-ci sera donc réduit à 100-27 = 73

Charlotte Tramasure 33
2022/2023
Chapitre 5 : Durabilité des entreprises

Directive (UE) 2022/2464 du Parlement européen et du Conseil du 14 décembre 2022


modifiant le règlement (UE) no 537/2014 et les directives 2004/109/CE, 2006/43/CE et
2013/34/UE en ce qui concerne la publication d’informations en matière de durabilité par
les entreprises

Directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) : Publication d’information en


matière de durabilité par les entreprises

5.1 Quelles entreprises sont visées par cette directive et quand est-ce qu’elles y seront
réellement soumises ?

Quand ? Cette nouvelle directive concerne déjà l’exercice comptable de 2024 mais les
informations en matière de durabilité ne seront publiées qu’en 2025.

Qui ? Les entreprises concernées seront les entreprises cotées occupant plus de 500
personnes. (Estimation : 3000 sociétés belges qui seront concernées à terme, représentant
55% du PIB privé belge)
Il y a un système qui est mis en place pour que toutes les entreprises ayant une présence
significative dans l’union européenne, même si elles n’y ont pas leur siège social, soient
quand même concernées par cette directive.
Dans ce chapitre, nous négligerons ce détail et nous nous intéresserons qu’aux entreprises
européennes.

Lors de l’exercice comptable 2025 rapporté en 2026, les grandes entreprises non cotées
seront ajoutées à cette directive.
Seront concernées les entreprises dépassant plus d’un des critères suivants :
Total de bilan de 20M d’euro
Chiffre d’affaires net de 40M d’euro
250 travailleurs

Enfin, lors de l’exercice comptable 2026 rapporté en 2027, toutes les autres entreprises
cotées seront ajoutées à cette directive. Même les entreprises en dessous des critères ci-
dessus, seront concernées. On vise ici ce qu’on appelle les petites et moyennes entreprises
cotées.

Ces informations de durabilité doivent également porter sur l’impact indirect des
entreprises visées à travers toute leur chaine de valeur.
En effet, les entreprises soumises ne peuvent pas ignorer ce que font leurs fournisseurs ni
même leurs clients.
Même si elles n’en ont pas la maitrise totale, les entreprises se doivent de rapporter
certaines choses de leur chaine de valeur, en amont et même parfois en aval.
Certaines entreprises visées seront donc susceptibles d’imposer à leurs fournisseurs, même
en dessous des critères, de produire des rapports de durabilité. (Attention c’est une
supposition car la directive n’est pas encore appliquée)

Charlotte Tramasure 34
2022/2023
5.2 Les bases idéologiques

Lorsqu’on publie une nouvelle directive européenne dans le journal officiel, on publie
également un préambule. Ce préambule doit être approuvé par le parlement et par le
conseil.

5.2.1 Première base idéologique

Le premier point du préambule de la directive 2022/2464 dit ceci :

Dans sa communication du 11 décembre 2019 intitulée "Le pacte vert pour l’Europe" (ci-après dénommé "pacte vert"), la
Commission européenne s’est engagée à réviser les dispositions relatives à la publication d’informations non financières de
la directive 2013/34/UE du Parlement européen et du Conseil. Le pacte vert est la nouvelle stratégie de croissance de
l’Union. Cette stratégie vise à transformer l’Union en une économie moderne, efficace dans l’utilisation des ressources et
compétitive, caractérisée par l’absence d’émission nette de gaz à effet de serre d’ici 2050. Elle vise aussi à protéger,
préserver et consolider le patrimoine naturel de l’Union, ainsi qu’à protéger la santé et le bien-être des citoyens de l’Union
des risques et incidences liés à l’environnement. Le pacte vert entend dissocier la croissance économique de l’utilisation des
ressources et faire en sorte que toutes les régions et tous les citoyens de l’Union participent à une transition socialement
juste vers un système économique durable, dans lequel aucune personne et aucun lieu n’est laissé de côté. Il contribuera à la
réalisation de l’objectif consistant à construire une économie au service des personnes et à renforcer l’économie sociale de
marché de l’Union, afin qu’elle soit parée pour l’avenir et garantisse la stabilité, l’emploi, la croissance et l’investissement
durable.

La publication des informations en matière de durabilité est un élément fondamental de ce


pacte vert.

5.2.2 Deuxième base idéologique

Certaines grandes entreprises doivent déjà aujourd’hui publier certaines informations dites
« non financières ».

Mais le considérant numéro 8 dit ceci :


De nombreuses parties prenantes considèrent que le terme "non financier" est inexact, notamment parce qu’il implique que
les informations en question sont dénuées de pertinence financière. Toutefois, ces informations sont de plus en plus
importantes sur le plan financier. Nombre d’organisations, d’initiatives et de praticiens dans le domaine de l’information en
matière de durabilité font référence aux "informations en matière de durabilité". Il est donc préférable d’utiliser le terme
"informations en matière de durabilité" au lieu d’"informations non financières". Il convient, dès lors, de modifier la directive
2013/34/UE pour tenir compte de ce changement terminologique.

5.2.3 Troisième base idéologique

Le considérant numéro 9 :

Les bénéficiaires finaux d’une meilleure publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises seraient les
particuliers et les épargnants, y compris les syndicats et les représentants des travailleurs qui seraient informés de manière
appropriée et seraient ainsi en mesure de participer au dialogue social dans de meilleures conditions. Les épargnants qui
souhaitent investir de manière durable auront l’opportunité de le faire, tandis que tous les citoyens bénéficieraient d’un
système économique stable, durable et inclusif. Pour concrétiser ces avantages, les informations en matière de durabilité
publiées dans les rapports annuels des entreprises doivent d’abord atteindre deux groupes d’utilisateurs primaires. Le
premier groupe d’utilisateurs comprend les investisseurs, y compris les gestionnaires d’actifs, qui souhaitent mieux
comprendre les risques et les opportunités que présentent les questions de durabilité pour leurs investissements et les
incidences de ces investissements sur la population et l’environnement. Le deuxième groupe d’utilisateurs comprend des
acteurs de la société civile, y compris des organisations non gouvernementales et des partenaires sociaux, qui souhaitent

Charlotte Tramasure 35
2022/2023
que les entreprises rendent mieux compte de leurs incidences sur la population et l’environnement. D’autres parties
prenantes pourraient également utiliser les informations en matière de durabilité publiées dans les rapports annuels,
notamment pour favoriser la comparabilité entre les secteurs du marché et au sein de ceux-ci.

Les partenaires commerciaux des entreprises, y compris les clients, pourraient s’appuyer sur les informations en matière de
durabilité pour comprendre les risques et les incidences en matière de durabilité tout au long de leurs propres chaînes de
valeur et, s’il y a lieu, pour en rendre compte. Les responsables politiques et les agences environnementales peuvent utiliser
ces informations, en particulier de manière agrégée, pour suivre les tendances environnementales et sociales, contribuer à la
comptabilité environnementale et éclairer les politiques publiques. Peu de citoyens et de consommateurs individuels
consultent directement les rapports annuels des entreprises, mais ils pourraient utiliser les informations en matière de
durabilité de manière indirecte, par exemple lorsqu’ils examinent les conseils ou les avis de conseillers financiers ou
d’organisations non gouvernementales. De nombreux investisseurs et gestionnaires d’actifs achètent des informations en
matière de durabilité auprès de fournisseurs de données tiers, qui collectent des informations auprès de diverses sources,
dont des rapports d’entreprise publics.

NB : Il est également prévu qu’à terme, il y ait des informations sectorielles de durabilité. Ce
n’est pas encore prévu ni mis en place actuellement. Pour l’instant la priorité reste les
entreprises individuellement.

5.3 Les règlements ESRS

On ne va pas rentrer en détail dans la directive car elle fixe un certain nombre de choses
générales qui servent seulement de base à des actes délégués.

Les actes délégués sont des règlements.


Rappel : une directive fixe les objectifs à atteindre par les états membres alors que les
règlements eux sont directement applicables dans tous les états membres sans avoir besoin
que les législateurs nationaux interviennent.

Comment ces règlements européens, qui sont appelés ESRS (European Sustainability
Reporting Standards) et qui n’existent pas encore, sont-ils élaborés ?

èLa commission européenne est l’autorité qui est prévue par le traité et confirmée dans la
directive pour adopter ces règlements.
Cependant, la commission n’a pas la force administrative pour les élaborer. Alors elle s’est
tournée vers un organisme qui a été fondé par des entreprises, et qui aujourd’hui est financé
par les états et par la commission.
Cet organisme s’appelle EFRAG (European Financial Reporting Advisory Group).
D’où le fait qu’il est prévu une consultation publique sur les projets de normes ESRS
proposées par l’EFRAC.

Procédé simplifié :
1. La commission donne un mandat à l’EFRAG
2. L’EFRAG publie des projets, des normes
3. Des consultations publiques ont lieu
4. La commission prend une décision finale tout en écoutant les états membres

Le caractère démocratique est donc préservé car la décision est prise par la commission
après des consultations publiques qui permettent à toute la société européenne de
s’exprimer.

Charlotte Tramasure 36
2022/2023
Aujourd’hui, L’EFRAG a publié un certain nombre de projets d’ESRS. Pour l’instant on se
trouve à l’étape 3 du procédé ; les consultations publiques, qui auront lieu jusqu’au 8 août.

Après ça, L’EFRAG devra encore tenir compte de la consultation publique et modifier ses
projets si nécessaire, la commission devra les approuver et ensuite les traduire dans toutes
les langues européennes avant qu’ils soient publiés dans le journal officiel. Ce qui demande
beaucoup de temps, on ne sait pas encore quand ces projets seront adoptés.
Initialement, la commission devait adopter la première série d’ESRS pour le 30/06/2023…

5.3.1 Concept fondamental des ESRS

1) ESRS 1 : Double materiality

/!\ Traduction du point 40 et 46 de l’ESRS 1 (initialement en anglais) :

40 : La double matérialité comporte deux dimensions : la matérialité d'impact et la matérialité financière.

46 : Une question de durabilité est importante du point de vue de l'impact lorsqu'elle concerne les incidences
matérielles, réelles ou potentielles, positives ou négatives de l'entreprise sur les personnes ou l'environnement à
court, moyen et long terme. Les impacts comprennent ceux qui sont causés par l'entreprise ou auxquels elle
contribue, ainsi que ceux qui sont directement liés aux activités, produits ou services de l'entreprise par le biais
de ses relations d'affaires. Les relations d'affaires englobent la chaîne de valeur de l'entreprise en amont (les
fournisseurs) et en aval (les clients) et ne se limitent pas aux relations contractuelles directes.

« ne se limitent pas aux relations contractuelles directes » signifie qu’il faut aussi englober
les fournisseurs des fournisseurs et les clients des clients.

5.3.2 Les différents secteurs des normes ESRS

Les normes ESRS sont réparties en 12 documents qui couvrent différents secteurs :

Les aspects généraux :


ESRS 1 Exigences générales
ESRS 2 Contenus généraux

L’environnement (E) :
ESRS E1 Changement climatique
ESRS E2 Pollution
ESRS E3 Ressources hydriques et marines
ESRS E4 Biodiversité et écosystèmes
ESRS E5 Utilisation des ressources et économie circulaire

Social (S) :
ESRS S1 Main d’œuvre propre à l’entreprise
ESRS S2 Employés de la chaîne de valeur
ESRS S3 Communautés concernées
ESRS S4 Consommateurs et utilisateurs

Charlotte Tramasure 37
2022/2023
Gouvernance (G) :
ESRS G1 Conduite commerciale

5.3.3 La question de l’audit

Toutes les entreprises qui entrent dans le champ d’application de la directive vont devoir
faire auditer ce qu’elles publient.
Trois questions se posent ;

• Quel genre d’audit voulons-nous, que voulons-nous que l’auditeur dise ?

è 2 conceptions :
1) Conception de l’assurance limitée : l’auditeur vérifie que tout ce
qui est demandé par l’ESRS figure dans le document publié par
l’entreprise et vérifie que rien n’est en contradiction avec ce qu’il
sait et ce qu’il a appris par ailleurs.
2) Conception de l’assurance raisonnable : après avoir contrôlé
l’exhaustivité des informations et vérifier les éventuelles
contradictions, on demande à l’auditeur de proactivement
s’exprimer à la fin par la conclusion d’image fidèle.

• Qui fait l’audit ?

Commissaires ou auditeurs des états financiers ?


è Il y a des arguments pour et contre pour chacune des deux possibilités.
Le compromis a été de renvoyer l’affaire aux états membres. La directive dit que ça peut
être l’auditeur des états financiers, mais les états membres peuvent aussi autoriser
d’autre auditeurs financiers que ceux qui sont commissaires, ou même d’autre
fournisseurs d’assurance limitée totalement différents des agences de contrôle
technique ou autre.

L’administration de l’économie a proposé qu’on se limite au commissaire en Belgique.

• Selon quelle façon de faire allons-nous auditer, selon quelles normes ?

C’est la commission qui est sensée fixer les normes d’audit, mais elle n’a pas les
compétences pour le faire. Et cette fois ci il n’y a pas d’organisme purement européen
pour le faire à la place de la commission.
La directive dit donc que la commission devra quand même faire les normes d’audit et en
attendant il faut attendre des suggestions et « faire au mieux ».

Charlotte Tramasure 38
2022/2023

Vous aimerez peut-être aussi