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Les déterminants de l’efficience des banques

participatives marocaines en comparaison avec leurs


consœurs malaisiennes
Balla Marouane

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Balla Marouane. Les déterminants de l’efficience des banques participatives marocaines en comparai-
son avec leurs consœurs malaisiennes. Économie et finance quantitative [q-fin]. Université abdelmalek
Essaadi, 2023. Français. �NNT : �. �tel-04436641�

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abroad, or from public or private research centers. publics ou privés.
Royaume du Maroc
Université Abdelmalek
ESSAADI

Centre des Etudes Doctorales :


Sciences Juridiques, Economiques, Sociales et de Gestion

Formation doctorale : Economie, Gestion et Développement


Durable

Thèse de doctorat pour l’obtention du titre de docteur


en Economie et Gestion

Les déterminants de l’efficience des banques


participatives marocaines en comparaison avec
leurs consœurs malaisiennes
Soutenue publiquement le Samedi 14 Octobre 2023

Présentée par : Sous la direction du :

M. BALLA Marouane Pr. ABOUZAID Badr

Membres du jury :

Pr. BELAMHITOU Mahmoud PES ENCG Tanger Président

Pr RAHMOUNI Ahmed Fath-Allah PES ENCG Tanger Suffragant

Pr. ABDELLAOUI Mohammed PES FSJES Fès Suffragant

Pr. MOUALLIM Isam PH ENCG Tanger Suffragant


Suffragant et
Pr. ABOUZAID Badr PH ENCG Tanger
directeur de thèse

Année universitaire : 2023-2024


A ceux et celles qui n’ont jamais perdu confiance

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Remerciement

Intégrer le cycle doctoral, c’est intégrer un processus de travail acharné et de maturité


académique où la délivrance d’un travail de qualité est un challenge en soi-même. Garder le
cap et maintenir un équilibre entre la vie personnelle, universitaire et professionnelle est une
espérance, et parfois la plus grande difficulté. Cette partie est l’opportunité d’en remercier
toutes les parties.

Mon premier remerciement est pour le professeur Abouzaid Badr, pour ses orientations
pertinentes, son encadrement et ses conseils précieux, et pour la confiance qu’il m’a accordé
depuis la première année de ce cycle doctoral. Sans lui, la thèse ne serait pas ce qu’il est
aujourd’hui. Mes remerciements s’adressent aussi aux memebres du jury, qui ont accepté de
juger ma thèse doctorale.

En final, je devrais occuper une place particulière de mon remerciement à ma petite famille. A
mes parents, pour leur soutien inconditionnel. A ma femme, qui m’a appuyé, soutenu et
supporté malgré des périodes parfois difficiles. Sans elle, ma réussite n’aurait jamais vu le jour.
Mes remerciements vont à mes frères, Omar, Othman et en particulier à Mohamed qui m’a
beaucoup assisté dans la partie pratique de ma recherche. Je remercie également, mes beaux
parents, et leur petite fille Inâm pour leur support habituel. En final, une pensée à toute
personne, qui m’a aidé de près, ou de loin, à réussir ce travail digne de thèse de doctorat.

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Sommaire
Remerciement ................................................................................................................ 2
Sommaire ....................................................................................................................... 3
Introduction générale ................................................................................................... 5
Partie I : Revue de littérature de la genèse et des déterminants de l’efficience des
institutions bancaires islamiques, cas du Maroc et de la Malaisie ......................... 16
Introduction de la première partie ............................................................................ 17
Chapitre I : Contexte de création des banques islamiques et analyse de ses
particularités ............................................................................................................... 19
Section 1 : La renaissance des banques islamiques .............................................. 20
Section 2 : Etude comparative entre le système financier conventionnel et
islamique ................................................................................................................... 49
Chapitre II : Les déterminants de l'efficience des banques .................................... 72
Section 1 : L'efficience comme mesure de performance ...................................... 73
Section 2 : Les facteurs déterminants de l'efficience des banques islamiques ... 95
Chapitre III : Les spécificités des secteurs bancaires islamiques Malaisien et
Marocain .................................................................................................................... 122
Section 1 : Caractéristiques du secteur bancaire participatif marocain .......... 123
Section 2 : Caractéristiques du secteur bancaire Malaisien .............................. 142
Conclusion de la première partie ............................................................................ 160
Partie II : Les déterminants de l’efficience des banques participatives Marocaines,
en comparaison avec leurs consœurs Malaisiennes ............................................... 162
Introduction de la deuxième partie ......................................................................... 163
Chapitre I : Conception du modèle de recherche .................................................. 165
Section 1 : Fondements épistémologiques et positionnement du chercheur .... 166
Section 2 : Mise en œuvre du design de recherche ............................................. 185
Chapitre II : Evaluation de l’efficience des banques islamiques Malaisiennes et
Marocaines................................................................................................................. 203
Section 1 : Mesure des inputs et des outputs....................................................... 204
Section 2 : Evaluation de l’efficience technique des banques............................ 224
Chapitre III : Les déterminants de l’efficience des banques islamiques
Malaisiennes et Marocaines ..................................................................................... 248
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Section 1 : Elaboration du modèle d’analyse ...................................................... 249
Section 2 : Présentation des résultats de l’étude ................................................. 263
Conclusion de la deuxième partie ............................................................................ 291
Conclusion générale .................................................................................................. 293
Annexes ...................................................................................................................... 300
Bibliographie ............................................................................................................. 322
Liste des tableaux ...................................................................................................... 331
Liste des figures ......................................................................................................... 333
Table des matières..................................................................................................... 334

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Introduction générale

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e développement de l’humanité a suscité toujours l’existence d’acteurs capables de

L financer la vie économique. Ce rôle important d’intermédiation financière a nécessité


la création des banques, qui se sont développées au fil du temps depuis les vieux temples
de Babylone, aux Lombards, à la banque universelle, ou encore à la banque globale. Dans ce
sens, l’histoire de l’intermédiation bancaire a débuté depuis l’antiquité, en commençant par les
Phéniciens, 3000 ans avant J.C, qui comptaient sur des acteurs devant garantir le change des
monnaies ou les prêts sur la cargaison. Mille ans après, les Babylons instauraient la
réglementation bancaire pour la première fois en l’histoire. Par la suite, il fallait attendre le
sixième siècle avant J.C pour que le concept de la banque hellénique se développa, en autorisant
les prêts à intérêts dans les villes grecques, auprès des trapézistes1. Deux siècles après, la banque
publique de Sinope est venue pour alléger les pièces de la monnaie, et stimuler l’activité
économique dans un temps où le taux d’intérêt était considéré comme une transgression aux
principes de la population. Ces taux d’intérêts exorbitants ont permis aux chevaliers, banquiers
en Rome et originaire d’une nouvelle aristocratie, d’accumuler des fortunes colossales et de
financer les conquêtes militaires et le change de la monnaie.
La venue du Christianisme a prohibé la pratique de l’intérêt (l’usure), ce qui a marqué une
détérioration de l’activité bancaire en Europe et un ralentissement du commerce. Dès lors, les
monastères commençaient à organiser l’activité bancaire dans un modèle qui ressemble
pratiquement à une banque islamique de nos jours. Il s’agit de prêter l’argent sous la condition
de participer aux bénéfices de l’emprunteur, ou de présenter une garantie foncière dont ils
profitaient jusqu’à remboursement. Cette même période marquait le développement d’un
nouvel instrument en Italie, appelé : La lettre de change. Un moyen de paiement couramment
utilisé dans la pratique commerciale d’aujourd’hui qui servit à la place de la monnaie, comme
étant un moyen de paiement, et un outil de crédit. Au cours de cette période, les Templiers
développaient des activités de dépôts sous un certain coût, et finançaient des opérations de
croisades, tandis que les Lombards2 organisaient les besoins financiers des entreprises, des
particuliers et des autres acteurs. Le lien entre la finance et le secteur réel de l’époque
s’organisait à travers ces acteurs qui échangeaient tous les types de produits y compris des
monnaies diverses3. Dans ce contexte, nous constatons que la vie sociale et économique va de
soit avec les activités bancaires.
Il fallait attendre le milieu du XVème siècle pour que le mot « banque » soit utilisé en langue
française4, qui vient du mot latin « Banco ». En fait, les premières banques apparues sont les
banques familiales comme les Médicis en Italie qui sont devenus les financiers de l’église de
Rome5, ou les Fugger en Allemagne qui sont à l’origine de la pratique moderne de la banque et
de la finance6. Au même temps, les banques publiques sont apparues durant la même période

1
Trapéziste, revient à une table que les échangeurs installaient pour effectuer leurs opérations ;
2
Les Lombards sont des Italiens spécialisés dans les activités commerciales qui ont installés des tables
partout en Europe ;
3
De Lima, P., Économie bancaire et croissance économique: vers une macroéconomie renouvelée, Éco
sup, Paris: Dunod, 2012 ;
4
Bahati Lukwebo, M., Les banques africaines face aux défis de la mondialisation économique: analyse
prospective du ratio prudentiel en République démocratique du Congo, Paris: l’Harmattan, 2012 ;
5
Le relâchement de la doctrine Chrétienne sur l’usure a permis aux Médicis d’atténuer la dominance
des juifs ;
6
Greville Pounds, N., An economic history of medieval Europe, 2nd ed, London, Longman, 1994 ;

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comme la Casa di San Giorgio à Gênes qui a pu assainir les finances de la ville, lourdement
endettées. De même, le désordre que connaissait l’Europe durant ce siècle, à cause des usuriers
et des changeurs a poussé à la création de ces banques publiques qui sont venues pour mettre
un terme à ces pratiques, en stimulant l’activité économique, et en assurant le commerce
international. Toutefois, les banques privées ont continué leurs services de prêts et de dépôts.
Ces pratiques ont été suivies par la création des banques émettrices et par l’émergence des
banques centrales qui ont débuté en Hollande, Gêne, Venise et l’Angleterre.
Le XVIIIème siècle marque la création de la première banque générale en France par le
financier John Law, qui privilégie l’émission des billets, la pratique du crédit, et
l’assainissement des dettes. Cependant, ce système a connu un effondrement qui a donné
naissance aux premiers principes prudentiels de l’activité bancaire. La fin de la période du
moyen-âge, et le début de la révolution industrielle a confirmé l’importance du secteur bancaire,
qui a soutenu l’activité économique, puis industrielle des pays européens durant le XIXème
siècle. Durant cette période, le travail bancaire s’est divisé par des grands établissements
bancaires qui se trouvaient en Angleterre, ainsi qu’un mode français qui comptait sur des petits
banquiers (des banquiers locaux) ou des grandes banques (la Haute Banque ou autrefois les
banques d’affaires).
Ce développement s’est traduit par un besoin de modernisation et de développement de l’usage
des moyens de paiement comme les chèques, le recours aux règlements annuels de
compensation et aux réserves de métaux précieux. Pourtant, plusieurs crises successives se
produisant suite aux retraits massifs des dépôts durant la guerre de 1870 et des crises survenues
pendant la grande dépression (1873-1896). Encore une fois, une nouvelle organisation efficace
des établissements s’est produite à travers des grandes banques comme le Crédit Lyonnais, la
Société Générale et le Crédit Industriel et Commercial, tandis que d’autres banques d’affaires
ont vu le jour à la fin du XIXème siècle telles que la Banque de Paris et des Pays-Bas (1872),
la Banque de l'Indochine (1875) et la Banque de l'Union parisienne (1904).
Le début du XXème siècle ne s’avérait pas favorable au développement de l’activité bancaire
puisqu’une série de crises commençait depuis l’année 1907 où une crise de liquidité bancaire a
déclenché une défiance de l’ensemble des sociétés financières, avec la faillite de 25 banques.
Une série d’interventions finissait par adopter le système de réserve fédéral en 1914 (FED) et
la présence des banques centrales comme prêteurs de dernier ressort, toutefois, ces mesures
n’ont pas empêché le déclenchement des crises entre l’année 1921 et l’année 1929. La suite de
la période (1929 -1939) connait un blocage de l'investissement et de la consommation suite à
des faillites bancaires en chaîne avec plus de 10.000 banques en USA seulement, ce qui a
entraîné des répercussions socioéconomiques importantes telles que la hausse du taux de
chômage et la baisse du revenu. Une situation qui a poussé l’américain Roosevelt, président des
Etats-Unis durant la période 1933-1945, à adopter une série d’actions correctives comme
l’intervention et l’encadrement de la masse monétaire par l’Etat, et le contrôle effective et
efficace des activités bancaires.
A travers cette rétrospective historique sur l’évolution de l’activité bancaire et le développement
des modèles d’intermédiation financière, il est perceptible que la libéralisation bancaire est
associée à des phénomènes des faillites et des crises bancaires qui poussent les autorités à
réglementer rigoureusement le secteur, au risque de susciter une panique généralisée. Une fois

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sortie de la crise, ces mêmes autorités sollicitent les acteurs bancaires à contribuer au
financement de l’économie et appellent à une dérégulation du système financier. Cette
dichotomie de fonction, qui caractérise les périodes de croissance économique et des périodes
de récession, engendre une contradiction, qui pousse les banques à orienter leurs activités vers
des opérations financières risquées sur les marchés financiers, plutôt que de se concentrer sur
leur rôle central d'intermédiation financière.
Ce risque de faillite est inhérent à l’activité des banques qui sont considérées des intermédiaires
financiers, cependant elles sont confrontées à une asymétrie d’information et une incertitude7
plus marquées, qui les poussent à développer des relations durables avec les clients. Il est donc
nécessaire d'évoquer les modèles liés au risque d'aléa moral et de sélection adverse, qui sont
des sources d'asymétrie d'information. En effet, le risque de sélection adverse surgit lorsque
l’emprunteur détient une information privilégiée et confidentielle avant la signature du contrat
(asymétrie d’information ex-ante). Ce risque désigne la situation où les banques optent pour les
projets les plus risqués dans le but de générer des rendements élevés dans la mesure où elle
applique un taux unique pour tous les projets. Cette situation résulte de l’incapacité des banques
à mesurer les risques liés à chaque projet, ce qui les conduit à évincer les projets à faible risque8
(et à faible rendement également).
Pour pallier à ces risques, plusieurs modèles ont été proposés. En premier lieu, le modèle de
Stiglitz et Weiss (1981)9 stipule que la banque doit rationner le crédit de façon à ce qu'il y ait
toujours des clients qui n'obtiennent pas de crédit. Pour se faire, la banque applique un taux
d’intérêt optimal r*, supérieur au taux d’intérêt r qui égalise l’offre des fonds à la demande.
Dans ce cas, la banque peut choisir de ne pas financer certains clients même s’ils ont accepté
un taux d’intérêt élevé que r*. La banque estime que, à ces taux, les clients sont plus risqués et
le revenu espéré du crédit pour la banque devient inférieur au crédit que la banque offre à un
taux de r*. Les auteurs fournissent plusieurs arguments pour justifier le rationnement du crédit
par la banque et l'application d'un taux d'intérêt inférieur au taux d'équilibre, tout en empêchant
l’augmentation des garanties exigées. Parmi ces arguments, nous pouvons citer :
- La pratique d'un taux d'intérêt élevé peut encourager les emprunteurs à s'engager dans
des projets plus risqués afin d'augmenter le revenu espéré du crédit. Ce contexte d'aléa
moral se réfère à la situation où les emprunteurs ont un avantage informationnel sur les
risques liés à leur projet et peuvent chercher à maximiser leur propre bénéfice au
détriment des intérêts de la banque ;
- Chaque individu supporte un niveau différent d’aversion au risque, ce qui peut
influencer son choix des projets et le taux d’intérêt optimal pour la banque. Ainsi, les
projets peu risqués et donc peu rentables sont susceptibles d'être rejetés. Les banques
peuvent donc rationner le crédit pour les projets jugés moins risqués afin de maintenir

7
Akerlof G., The Market for Lemons: Quality uncertainty and the market mechanism, The quarterly
Journal of Economics. Vol. 84, N° 3, Oxford University Press. 1970. pp. 488-500 ;
8
Reynaud Gisèle C., Éddy. E., La banque et le risque PME. Presses universitaires de Lyon. France.
2001. p. 92 ;
9
Stiglitz Joseph E., & Weiss, A., Credit Rationing in markets with imperfect information, The American
Economic Review. Volume 71, Issue 3. June 1981. pp. 393-410 ;

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un portefeuille équilibré entre les projets risqués et non risqués, et éviter les pertes
potentielles. ;
- Les banques, par aversion au risque, peuvent exiger des garanties supplémentaires.
Cependant, cela peut entraîner des effets de sélection adverse car seuls les clients les
plus riches et disposant de garanties suffisantes pourront accepter les conditions de
crédit. Par conséquent, les banques peuvent être confrontées à une sélection de clients
qui ne reflète pas l'ensemble du marché potentiel, ce qui peut affecter leur rentabilité et
leur stabilité à long terme.
Le deuxième modèle de Bester (1985)10, à l’inverse du premier modèle qui utilise un seul
contrat à tous les emprunteurs, a proposé une possibilité de distinction des emprunteurs avec
des niveaux différents de risque. En conséquence, chaque banque peut différencier le profil de
ces emprunteurs à travers des contrats déterminés par des taux d’intérêts prédéfinis et une
garantie en cas de défaillance en vue de se couvrir contre l’asymétrie d’information existante
sur le marché de crédit.
Le modèle de Bester (1987) 11 a connu un développement notable en considérant la possibilité
du risque d’aléa moral à cause de l'asymétrie d'information ex ante. Il conclut que les garanties
exigées peuvent atténuer les effets de l’aléa moral et inciter les emprunteurs à sélectionner des
projets moins risqués. Tout de même, Il est judicieux de rappeler que le développement d’une
relation de long terme entre la banque et ses clients peut permettre l’accès de ces derniers à des
conditions avantageuses (anciens bons clients) suite à la diminution des coûts d'audit ex-ante,
comme le mentionne le modèle de Fried et Howitt (1980)12.
Si l’on considère que le risque de sélection adverse désigne l’asymétrie d’information ex-ante,
le risque d’aléa moral sous-entend l’asymétrie ex-post. En effet, le prêteur ne peut prévoir le
comportement de l’emprunteur une fois que le financement a été accordé, ce qui peut conduire
à un détournement des fonds prêtés. Cette situation d’aléa moral engendre un coût élevé de
contrôle, appelé monitoring. Selon Diamond (1984)13, ces coûts de supervision représentent
l’une des raisons fondamentales qui justifient la nécessité d'une intermédiation bancaire afin de
minimiser les coûts de monitoring.
Evoquer la théorie de l’intermédiation d’information par les banques devra être suivi par le
développement du modèle de la panique bancaire de Diamond et Dybvig (1983). Selon ce
modèle, une panique peut être provoquée par l'anticipation de l'illiquidité ou de l'insolvabilité
de certaines banques. Cette crainte est déclenchée par l’inadéquation entre le niveau de liquidité
des actifs de la banque et ses dettes. Ainsi, les deux chercheurs prédisaient une crise semblable
à celle de 2007 en considérant que les agents peuvent subir des chocs de liquidité, surtout en
contexte de fragilité bancaire où les déposants se précipitent à retirer leurs dépôts. La panique

10
Bester H., Screening vs rationing in credit markets with imperfect information, American Economic
Review n° 75. 1985. pp. 850-855 ;
11
Bester H., The role of collateral in credit markets with imperfect information, European Economic
Review, n°31. 1987. pp. 887-899 ;
12
Fried J., Howitt P., Credit rationning and implicit contract theory, Journal of Money, Credit and
Banking, N° 12, 1980. pp. 471-487 ;
13
Douglas, D., Financial intermediation and delegated monitoring, Review of economic studies,
Volume 51, n°3. 1984. pp. 393-414 ;

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s'accentue en effet par le comportement de mimétisme adopté par les déposants. Pour faire face
à cette instabilité, les banques peuvent souscrire une assurance de dépôts gouvernementale, ou
recourir à un prêteur en dernier ressort afin d'éviter la propagation du phénomène de panique
bancaire.
Dans ce même contexte, un mouvement identitaire et culturel a été entamé avec la
décolonisation des pays musulmans en vue de « réislamiser les connaissances » (Kuran, 1995).
Cette réislamisation concernait la sphère politique, mais également la sphère économique et
financière fondée sur les principes financiers islamiques (Charia). Dans ce sens, il fallait
reprendre les pratiques anciennes datant de longtemps (sixième siècle) qui se basent sur le
principe de partage des profits et des pertes, ainsi que des produits nouveaux, similaires aux
produits conventionnels, capables de répondre aux besoins des clients dans un environnement
international, contraignant et compétitif, tout en respectant les principes financiers islamiques.
En gardant à l’esprit que la finance islamique n’est pas une activité bancaire privée de l’intérêt,
nous devons rappeler qu’elle s’appuie sur une théorie économique, elle-même construite sur les
principes et les règles de la Charia (Causse, 2012).
Les premières institutions bancaires islamiques sont d’abord apparues durant les années 1950
avec la création de la banque Mit Ghamr en Egypte et la caisse d’épargne des pèlerins en
Malaisie. Le développement de ces entités a pris part avec l’afflux massif des pétrodollars après
la guerre de Kippour en 1973, et la création de la Banque Islamique de Développement (BID)
en 1975. Les années 70 et 80 ont été marquées par une croissance significative de l'activité
bancaire islamique, notamment en Egypte, en Malaisie, en Iran et en Jordanie. Par la suite,
plusieurs organismes de régulation et de standardisation des règles de la finance islamique ont
vu le jour, à l’égard de l’Islamic Financial Services Board (IFSB), l’Accounting and Auditing
Organization for Islamic Financial Institutions (AAOIFI) durant les années 90. Ce mouvement
d’islamisation des Etats a entrainé un changement radical de certains pays qui ont choisi
d’islamiser complétement leurs systèmes bancaire (l’Iran par exemple), d’autres ont décidé un
mouvement de cohabitation des deux systèmes financiers, comme le Maroc, ou encore la
Malaisie qui prévoit une transition complète à un système financier islamique. En outre, le
modèle de la finance islamique a séduit les investisseurs occidentaux qui ont commencé,
progressivement, à adopter certaines pratiques financières islamiques dans leurs pays, tels que
l’Angleterre.
L'émergence de banques islamiques a coïncidé avec les transformations majeures survenues
dans le secteur financier conventionnel, telles que la libéralisation de l'accès au crédit, la
déréglementation, l'émergence de nouvelles technologies et la désintermédiation14, toutes ayant
eu lieu à partir des années 70. Ces changements ont engendré une nouvelle dynamique de
fusions-acquisitions, où les entités financières deviennent de plus en plus grandes pour ne pas
risquer de faire faillite ("Too big to fail"). Néanmoins, la gestion des risques financiers est
devenue plus complexe et diversifiée, en raison de l'insuffisance des réglementations adaptées
et efficaces. De même, les fonctions d’intermédiations sont devenues diversifiées et réparties
selon le métier, la clientèle, la récurrence des revenus, le degré d’intermédiation, etc15. Cette

14
Henri B., Finance internationale, 2ème éd. mise à jour : 1995, Paris: Presses Universitaires de France,
1995 ;
15
Pastré, O., éd., La nouvelle économie bancaire, Paris: Economica, 2005 ;

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multitude de fonctions bancaire a éloigné la banque de sa fonction traditionnelle, d’où la
difficulté de définir qu’est-ce qu’un établissement bancaire ? Olivier Pastré et al. (2005).
Evidemment, la réponse à cette question est délicate puisqu’une banque peut articuler plusieurs
métiers à la fois bancaires, de bancassurance, de gestion des actifs, des IPO, etc. Par ailleurs, le
nouveau modèle appelé « Originate to Distribute » permet aux banques de se débarrasser des
prêts, en suivant un processus de titrisation des créances en vue de pouvoir accorder de
nouveaux prêts. Cette évolution a renforcé l'attractivité de ce modèle pour les banques, mais a
également accru la complexité des risques encourus dans le système financier. Toutefois, il a
perdu son contrôle durant la période 2000-2006 à cause de la faible exigence des conditions
d’octroi des crédits par les banques16, ce qui a provoqué l’instabilité financière de 2007.
La crise des Subprimes a mis en lumière les risques des pratiques bancaires telles que le
financement spéculatif et le financement fondé sur le système Ponzi qui fragilisent l’économie
et déclenchent une série de faillites touchant les firmes vulnérables ainsi que les établissements
prudents malgré les mesures de couverture des risques de crédit et de liquidité. Ces firmes se
retrouvent dans une situation de stress, et d’illiquidité du système financier17. Pour y remédier,
il est crucial de renforcer la régulation et de respecter les réglementations internationales telles
que Bâle III. Des mesures micro prudentielles et macro prudentielles sont nécessaires pour
renforcer la résilience des établissements bancaires en période de crise. Parallèlement, les
banques devront recentrer leurs activités sur les fonctions traditionnelles, en se basant sur un
modèle plus simple, accessible et multi-spécialisée18.
D’après plusieurs auteurs (Chapra, 2008 ; Smolo et al., 2010 ; Derbel et al., 2011 ; Alam et al.,
2011 ; El Hussein, 2013), la crise de 2007 n’aurait pas pu prendre cette ampleur dans un régime
de finance islamique en raison de l’utilisation des instruments participatifs permettant
d’atténuer le risque comme la Moudaraba, la Mousharaka, etc. De plus, au moment où les
banques conventionnelles se battaient contre les défaillances et les faillites, durant la période
2000-201119, aucune banque islamique n’a déclaré faillite. Le secteur financier islamique a
également connu une croissance spectaculaire, avec un total d'actifs passant de 200 milliards
de dollars en 2003 à 1,8 billion de dollars en 2013. Pour cette raison, la finance islamique
interdit les activités spéculatives qui ont entraîné des pertes énormes pour les banques dans le
monde entier, ainsi que l'utilisation de produits dérivés et les transactions financières
déconnectées de l'économie réelle.
De façon globale, le secteur bancaire a subi des transformations profondes et radicales et joue
un rôle privilégié dans le financement de l’économie. En conséquence, il est essentiel que ce
secteur soit efficient pour garantir son bon fonctionnement. Au contraire, l’inefficience pourrait
être contreproductive à l’économie. Pascal de Lima (2012) soutient que l’efficience peut même
permettre d’anticiper une crise bancaire, suite à une forte volatilité des revenus et une
détérioration des scores d’efficience. Ce constat amène à définir le concept de l’efficience

16
Hull, J., Godlewski, C., et Merli, M., Gestion des risques et institutions financières, 2e éd, Paris:
Pearson education, 2010, pp. 38-39 ;
17
De Boissieu, C., et Couppey-Soubeyran, J., Les systèmes financiers: mutations, crises et régulation,
4e éd, Paris: Économica, 2013, pp.47-52 ;
18
Pauget, G., La banque de l’après-crise, Paris: « Revue banque » éd, 2009 ;
19
Archer, S., et Rifaat A., Islamic Finance: The New Regulatory Challenge, 2nd ed, Wiley Finance
Series, New York: Wiley, 2013 ;

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considérée comme étant la capacité d’une entité à minimiser les ressources pour un niveau
déterminé de production. Parallèlement, l’efficience technique consiste à maximiser la
production en utilisant un niveau déterminé de ressources. Cette efficience est décomposée en
deux mesures à savoir l’efficience technique pure, et l’efficience d’échelle. La première mesure
examine la façon dont les ressources sont exploitées, alors que la deuxième indique la capacité
d’une banque à opérer à une échelle optimale.
Pour évaluer l’efficience des banques, plusieurs méthodes peuvent être utilisées.
Traditionnellement, le calcul par la méthode des ratios a montré beaucoup de démérites
concernant sa vision restrictive et le choix arbitraire des ratios en vue de mesurer l’efficience à
long terme. Cela a conduit les chercheurs à développer des modèles plus sophistiqués basés sur
la construction d’une frontière d’efficience selon deux approches à savoir l’approche
paramétrique et l’approche non paramétrique. L’approche paramétrique repose sur l’existence
d’une forme fonctionnelle de la fonction de production, généralement de type Translog ou de
Cobb Douglas, estimé économétriquement à partir des données de l’échantillon. Elle regroupe
trois techniques qui sont l’approche de la frontière stochastique (SFA), l’approche de la
frontière épaisse (TFA), l’approche de la distribution libre (DFA). L’approche non
paramétrique, quant à elle, regroupe deux techniques : l’analyse d’enveloppement des données
(DEA), et l’ensemble de libre disposition (FDH). Elle se base sur la programmation linéaire
pour construire la frontière d’efficience, sans imposer de forme fonctionnelle à la frontière de
production. Ces méthodes présentent, certes, des avantages et des inconvénients qui permettent
de mesurer l’efficience et d’estimer la performance des banques dans un environnement en
constante évolution. Cependant, il n’est pas possible de juger la supériorité d’une méthode sur
une autre, plutôt que de justifier son choix par des raisons méthodologiques, par le besoin propre
de chaque étude, et par l’adéquation et la disponibilité des données.
Dans un environnement concurrentiel où les pays se rivalisent pour établir un environnement
propice à la création de banques islamiques et développer une finance prometteuse en termes
de revenus et de gestion des risques bancaires, la Malaisie a été précurseur dans cette industrie
depuis les années 60 et continue de développer un système financier entièrement islamique.
Toutefois, le Maroc a été très réticent à la création de banques islamiques, craignant que les
clients des banques conventionnelles migrent vers ces dernières. De plus, le lobbying bancaire
a poussé les autorités réglementaires à maintenir des barrières à l'entrée pour les institutions
financières islamiques internationales.
En effet, les premiers essais d’introduction des produits islamiques ont commencé avec une
conférence organisée par la banque centrale marocaine (BKAM) et la banque islamique de
développement (BID) en 1990 sur la thématique de la finance islamique. Ainsi, le Maroc a
commencé son processus de libéralisation financière et de développement de son écosystème.
Cependant, il a fallu attendre l’année 2007 pour que Bank Al Maghrib publie la première
directive sur les produits financiers participatifs ou « alternatifs ». Une directive qui n’a permis
que la commercialisation de trois produits de la finance islamique à savoir la Mousharaka, la
Mourabaha et l’Ijara. Trois ans plus tard, Attijariwafa Bank choisi de créer sa propre filiale,
Dar Assafa, qui n’a pas pu satisfaire les besoins de la clientèle à cause de la pression fiscale des
opérations et la cherté de produits. Ceci est accentué encore par la réticence des autres banques,
et le manque d’initiative du côté politique. En 2017, la banque centrale est arrivée à émettre
quatre circulaires pour encadrer l’activité des banques islamiques, mais ce lancement n’a pas

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été suivi par l’évolution de l’écosystème et le développement d’un cadre légal adéquat à leurs
activités. Les banques participatives ont ainsi commencé leurs activités avec des produits sans
couverture d’assurance Takaful, et avec des fonds injectés par leurs banques mères, qui sont
des banques conventionnelles !
Malgré les obstacles et les défis auxquels elles sont confrontées, les banques participatives au
Maroc ont connu une croissance continue de leurs indicateurs de performance, ainsi qu'une
expansion rapide de leurs réseaux d'agences. Ces résultats montrent le fort potentiel des banques
participatives, mais indiquent qu’elles doivent effectuer un travail indéniable d’optimisation
des inputs et des outputs dans un contexte où l’efficience des banques peut être déterminante
de leurs survies et se considère comme étant la clé de voûte de toute réussite sur le plan
économique et financier. Dans ce sens, notre étude ambitionne de mesurer l’efficience des
banques participatives marocaines et des banques islamiques malaisiennes dans l’objectif n’est
pas seulement de comparer ses résultats mais aussi de mettre en évidence l’influence de
l’introduction précoce de ces dernières.
Il convient également d'analyser en profondeur les déterminants de l'efficience des banques de
l'échantillon étudié, en vue d’identifier et d’améliorer les leviers de performance bancaire.
Ainsi, il est impératif de rappeler les caractéristiques propres de chaque secteur des pays de
notre étude, qui ont connu des transformations et des mutations profondes en termes de
réglementation et de réformes visant à accroître le rendement et la rentabilité des banques et à
moderniser leurs services. Ce passage est parfois influencé par des sources d’imperfection
provenant des facteurs financiers propres à la banque, ou des éléments extra-financiers ou
externes à la banque. Dans ce contexte, il devient indispensable pour ces banques de trouver les
moyens pour atteindre un niveau d’efficience optimal, tout en contribuant à la croissance
économique du pays.
En vue de traiter ces aspects dans notre travail de thèse, nous posons la problématique générale
suivante :
« Quels sont les déterminants de l’efficience des banques participatives marocaines,
en comparaison avec leurs consœurs Malaisiennes ? »
Le choix de la problématique de l’étude nous amène à demander des réponses aux questions
suivantes :
 Quelles sont les raisons sous-jacentes à l’émergence de l’industrie financière
islamique de manière générale et, en particulier, celle des banques islamiques ?
 Quels sont les éléments distinctifs qui caractérisent les banques islamiques par rapport
aux banques conventionnelles ?
 Quelle est la pertinence de la mesure de l'efficience bancaire et en quoi est-elle
importante ?
 Quelles sont les différentes approches méthodologiques pour mesurer l'efficience
bancaire ?
 A quel niveau d'efficience opèrent les banques islamiques malaisiennes et les banques
participatives marocaines ?
 Quels sont les facteurs qui peuvent agir comme déterminants de l'efficience des banques
islamiques malaisiennes et participatives marocaines ?

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Pour répondre à ces interrogations, notre thèse devra s’articuler autour de deux parties
distinctes. La première consistera en une étude théorique du sujet de notre recherche intitulée
« Revue de littérature de la genèse et des déterminants de l’efficience des institutions bancaires
islamiques, cas du Maroc et de la Malaisie ». La seconde partie portera sur l’étude empirique
intitulée « Les déterminants de l’efficience des banques participatives Marocaines, en
comparaison avec leurs consœurs Malaisiennes ». Chacune de ces parties sera divisée en trois
chapitres pour permettre une analyse approfondie et complète de la problématique.
Le premier chapitre de la partie théorique exposera le contexte de création des banques
islamiques en se penchant sur leur histoire et leur évolution au fil du temps. Nous proposons
également une cartographie de la finance islamique, en mettant en lumière sa présence dans
différentes régions du monde afin d'évaluer son degré d'intégration dans le système financier
mondial. Ensuite, nous aborderons les différents sources et produits de la finance islamique
ainsi que les institutions internationales qui gouvernent et contribuent activement au
développement de cette industrie. En final, une comparaison entre les systèmes financiers
conventionnels et islamiques sera entreprise pour souligner les similitudes et les différences
entre ces deux systèmes.
Le deuxième chapitre de la même partie sera consacré à l’étude du concept de l’efficience et de
ses déterminants. Ainsi, nous reviendrons sur une tentative de définition de ce concept et sa
décomposition. De même, nous expliquerons en détail les différentes approches et méthodes de
mesure de l’efficience que nous avons précédemment évoquée. La seconde section de ce
chapitre sera consacrée aux facteurs susceptibles d’affecter l’efficience bancaire. A cet effet,
nous allons diviser ces facteurs en deux catégories. La première est liée au contexte
macroéconomique et financier dans lequel toute banque évolue, tandis que la seconde
représente les variables spécifiques à chaque entité bancaire.
Après une compréhension approfondie des concepts fondamentaux de notre thèse, il conviendra
de présenter les caractéristiques des secteurs bancaires des pays faisant l’objet de notre étude,
à savoir le Maroc et la Malaisie. Dans cette optique, nous réserverons la première section à
l’exposition des particularités du secteur bancaire marocain, en mettant en contexte l’histoire
de la création des banques participatives, les enjeux de cette création ainsi que le potentiel de
développement de ces entités. La section suivante sera dédiée à l’analyse des caractéristiques
du secteur bancaire islamique en Malaisie, en exposant notamment l’histoire de la création des
banques islamiques dans ce pays, les indicateurs clés ainsi que les défis qu'ils doivent surmonter
pour prospérer, en prenant en considération leur potentiel de développement à travers un
écosystème financier durable et complet.
Dans la seconde partie de notre étude, nous nous concentrons sur la mise en pratique des
concepts théoriques, en commençant par la conception du modèle de recherche empirique. Dans
cette perspective se présente l’objectif de notre quatrième chapitre qui se livrera dans la
première section à l’analyse des fondements épistémologiques et du positionnement du
chercheur à travers le choix du paradigme, la construction de l’objet de recherche, et la
détermination, sur la base de la posture épistémologique, de l’approche et la voix de sa
recherche. La deuxième section se verra attribuer le choix du design de recherche qui nécessite
l’explication et la justification des processus méthodologiques. Ce design nous permettra de

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déterminer la taille de l’échantillon et les sources de données, tout en prenant en considération
les difficultés et les limites de la recherche empirique.
Le cinquième chapitre de notre étude a pour objectif d'évaluer l'efficience technique des
banques islamiques en Malaisie et au Maroc, conformément à la feuille de route précédemment
présentée. Nous commencerons par mesurer les inputs et les outputs définis suivant l’approche
choisie. Ensuite, nous mesurerons l’efficience technique des banques de l’échantillon, en la
divisant en deux composantes à savoir l’efficience technique pure et l’efficience d’échelle.
Pareil, nous diviserons les composantes de l’efficience entre les deux pays afin d’effectuer une
comparaison entre les deux contextes. Les différentes sections de ce chapitre concluront par
une discussion détaillée des résultats de l’étude.
Le dernier chapitre de notre thèse aura pour objectif de déterminer les variables pouvant
influencer l'efficience technique des banques de notre échantillon. Nous nous interrogerons
ainsi sur les facteurs susceptibles d'avoir un effet sur cette efficience. La première section sera
consacrée au modèle d’analyse, qui définira trois éléments essentiels à savoir la méthodologie
empirique, les variables du modèles et ses hypothèses sous-jacentes, ainsi que les tests
statistiques permettant de valider la qualité du modèle d’estimation. Par la suite, la deuxième
section présentera les résultats du modèle des banques islamiques malaisiennes et celui des
banques participatives marocaines, tout en analysant les résultats de la recherche. Pour terminer,
une discussion des apports et des implications managériales conclura ce chapitre.
En conclusion, nous mettrons l'accent sur les contributions et les limites théoriques,
méthodologiques et managériales de notre travail de thèse. Nous proposerons également des
pistes de recherche futures pour approfondir ce domaine d'étude.

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Partie I : Revue de littérature de la genèse et
des déterminants de l’efficience des institutions
bancaires islamiques, cas du Maroc et de la
Malaisie

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Introduction de la première partie

L’importance des banques comme un acteur indispensable dans l’économie mondiale n’est pas
à démontrer. En effet, les spécialistes sont unanimes que les banques, en tant qu’intermédiaires
financiers, jouent un rôle central dans l’économie dans un contexte de mondialisation financière
et d’interconnexion entre les pays. La crise financière de 2008 en est un témoin de l’influence
de la faillite des banques sur la sphère financière et sur les économies. Toutefois, plusieurs
recherches ont mis l’accent sur le caractère éthique et moral des banques conventionnelles qui
ont tiré le monde vers des crises sans précédentes à cause de leurs aléa moral, et leurs recherches
infinies de performances et de croissance à deux chiffres.
De l’autre côté, les banques islamiques ont fait preuve de résilience et de résistance face à la
dernière crise, comme le témoigne I. Shayrah (2008), A. Tayyebi (2009), A. Mirakhor et N.
Krichene (2010). De même, l’OCDE (2009) considère que « les banques islamiques sont
considérées comme un refuge relativement sûr contre les turbulences des marchés financiers
mondiaux, et elles incarnent un certain esprit d’équité et de justice par rapport à l’univers
souvent impitoyable de la finance occidentale ». Ces révélations ont suscité un intérêt particulier
auprès de la communauté des chercheurs qui ont commencé leurs études sur les déterminants
de performance des banques islamiques.
Dans ce contexte, la partie théorique de ce travail constitue la pièce maitresse de la recherche.
Ainsi, nous ne pouvons pas commencer notre étude empirique sans tracer un cadre théorique
adéquat des concepts clés de la recherche. Dans ce sens, il devient essentiel de présenter, en
premier chapitre, les banques islamiques, avant de les mettre en comparaison avec les banques
conventionnelles, en termes de points de similarités et de différences.
Après avoir présenté ces banques, il est de temps d’analyser le concept d’efficience, dans un
deuxième chapitre, qui suscite un intérêt croissant de plusieurs études et dont les banques
essaient d’améliorer. Cependant, le concept embrasse beaucoup d’ambiguïté lorsque d’autres
concepts comme la productivité, l’efficacité ou la performance sont évoqués. De même, il
convient de rappeler les différentes méthodes et approches de mesure de l’efficience en général,
et de l’efficience bancaire en particulier.
Par la suite, nous devons s’attarder sur l’analyse des déterminants susceptibles d’influencer
l’efficience bancaire. Ces facteurs peuvent être d’ordre macroéconomiques et financiers ou des
facteurs internes à la banque. Ainsi, des conditions macroéconomiques favorables telles qu’un
taux d’inflation faible, une croissance économique élevée se traduisent généralement par une
amélioration de l’efficience bancaire. Tout de même, la stabilité financière et la bonne
régulation du marché financier peuvent être favorable à une meilleure efficience. En final, le
système de management interne de la banque comme la politique de gestion des risques, la taille
ou le type de propriété peuvent jouer leurs rôles d’amélioration ou de destruction de l’efficience.
Le troisième chapitre de notre thèse se consacrera à l’analyse des caractéristiques du secteur
bancaire participatif marocain à travers un détour de son historique, ses enjeux et ses défis, sans
oublier de présenter l’état des lieux de cette industrie. De même, une liste des banques
participatives présentes dans le marché ainsi que leurs potentiels de développement fera l’objet

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de la suite de l’étude. En deuxième section, ce même travail devra être suivi pour la présentation
du secteur bancaire islamique malaisien.
Cette étude théorique ne se limitera pas à une présentation passive des concepts de notre
recherche, mais, elle essaiera d’apporter un sens d’analyse critique. Une analyse qui devra
mettre le point sur les éléments mal compris, les éléments non développés, et des aspects peu
abordés par la recherche.

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Chapitre I : Contexte de création des banques islamiques et analyse
de ses particularités

Le premier chapitre de notre thèse doit pouvoir mettre en contexte l’objet de cette recherche et
analyser les éléments constitutifs de cet objet. En effet, le contexte d’émergence de la finance
islamiques en général, et la création des banques islamiques en particulier, obéit à une logique
de nécessité qui a poussé les acteurs financiers à penser un système éthique et islamique,
capable de répondre aux besoins de placement d’une large communauté, principalement
installée aux pays du Golf. Cette industrie a connu un essor favorable, rapide et continu, parce
qu’elle ne s’est pas limitée à la collecte d’épargne, mais a développé plusieurs solutions de
financement et a plaidé à plusieurs investisseurs tant occidentaux que musulmans. Ainsi, la
finance islamique a commencé à s’installer ailleurs et partout dans le monde. De surcroît,
plusieurs Etats ont dû changé leurs systèmes financiers en un système purement islamique, ou
ont été obligé à adapter leurs réglementations aux nouvelles installations des banques
islamiques.
Dans ce chapitre, notre recherche va se diviser en deux sections. La première section sera
consacrée à la présentation des banques islamiques. Une présentation qui commencera par un
essai de définition des institutions bancaires islamique, avant de passer à l’analyse du contexte
de leurs émergences. Par la suite, une étude détaillée sur les fondements et les principes de la
finance islamique sera présentée au deuxième point de la première section. En continuant plus
bas, nous allons se retrouver avec un exposé des différentes opérations financières qui forment
l’ensemble de l’offre bancaire islamique, ainsi que des exemples de montages financiers
complexes faisant intervenir plusieurs produits dans la même opération de financement. Le
dernier point de la section devra répertorier les principales institutions financières islamiques,
de même que leurs rôles dans le développement et la promotion de l’industrie financière
islamique en tant qu’une industrie à part entière, et non comme une finance alternative. Et ce,
à travers l’innovation et l’institution d’une réglementation uniforme et partagée entre les
différents acteurs financiers islamiques.
La deuxième section est notre opportunité qui permettra d’effectuer un comparatif entre le
système financier conventionnel et islamique. En effet, plusieurs particularités font différencier
la pratique islamique telles que les règles de gouvernance qui obéissent à des règles de la sharia,
en plus des règles légales du pays. Parallèlement, le système d’information de gestion devra se
conformer aux principes de communication financières et comptables, aux demandes de la
direction des outils de diffusion d’indicateurs de gestion etc.
Le dernier point de notre chapitre sera dédié à la présentation des risques spécifiques liés
principalement à la nature d’activité des banques islamiques comme le risque commercial
déplacé identifié et défini par l’AAOIFI en 1999, ainsi que les risques partagés avec les banques
conventionnelles qui sont inhérents à l’activité bancaire en général. En outre, nous présenterons
les modes de gestion de ces risques qui sont, pratiquement, inspirées de la pratique
conventionnelle telle que les normes de suffisance de capital du comité Bâle de III.

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Section 1 : La renaissance des banques islamiques
Dans tout travail de recherche, la présentation et la compréhension du sujet d’étude est une
étape préliminaire et impérative. De toute évidence, nous allons commencer notre exploration
du sujet des banques islamiques à travers une démarche déductive qui débutera par une
présentation de la finance islamique en général, et des banques islamiques en particulier. Ainsi,
nous commençons par une analyse de l’état des lieux de la finance islamique, tout en s’arrêtant
sur l’historique et les raisons d’émergence de cette industrie. Le travail de recherche continuera
en présentant les fondements et les sources de la finance islamique qui se démarquent par une
portée religieuse.
Ensuite, nous allons lister les principes essentiels qui forment la base de l’industrie financière
islamique et qui régissent ses opérations financières. Ces dernières feront l’objet d’une
présentation détaillée qui expose les principaux produits. Ainsi, nous continuerons notre étude
par les types de comptes bancaires et les services financiers qu’une banque islamique peut
fournir, tout en proposant une étude comparative entre le système financier islamique et
conventionnel sur ces services. A la fin de cette section, nous s’arrêterons sur le rôle des
institutions financières islamiques internationales qui ont réussi à homogénéiser les pratiques
comptables et financières et à développer des marchés financiers islamiques secondaires. Le
tout dans le respect des règles de la Sharia.

I. Etat des lieux de la finance islamique


Pour commencer notre analyse, il est primordial de se livrer à un essai de définition du concept
des banques islamiques. De même, il ne faut pas oublier de mettre l’accent sur l’histoire de
création de ces entités, et de prime abord le besoin ou la nécessité qui a poussé le système
économique à adopter la pratique financière islamique. Après avoir présenté un aperçu
historique, nous mettons en revue la cartographie de la finance islamique mondiale, sa
répartition par segment et par région, ainsi que le niveau de présence de ces banques dans les
Etats islamiques et non islamiques.
I.1. Essai de définition
La multitude des définitions du concept des banques islamiques nous fait remarquer que les
différentes significations sont forcément similaires et se rapprochent les unes des autres, à
condition de respecter trois éléments essentiels. La première est qu’elles sont des institutions
bancaires qui fondent leurs activités et leurs relations sur la base des principes de la Charia. En
deuxième lieu, ce sont des institutions financières et bancaires qui tiennent à éviter le Riba
quelques soient les cas et dans toutes leurs relations. En final, ce sont des institutions financières
reposant sur un droit qui stipule qu’elles doivent être conformes aux principes financiers
islamiques comme le principe de partage des profits et des pertes, et ne pas avoir une conduite
basée sur le Riba ou/et le Gharar.
La banque islamique, comme son homologue conventionnel, est une institution qui rassemble
les fonds et les utilisent. Cependant, elle doit se baser sur la Charia dans la réalisation de l’équité
de distribution et l’investissement de ces fonds dans des activités licites. Ainsi, l’accord pour
l’institution de l’union mondiale des banques islamiques a mis en évidence la définition
suivante : « On entend par banque islamique dans ce cadre, les banques et institutions
financières qui se fondent sur un droit qui stipule de se conformer aux principes de la Charia

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islamique et d’éviter les intérêts en prenant ou en donnant ». Dans une définition plus large,
les banques islamiques sont définies comme étant « Une banque qui s’engage à appliquer les
principes de la charia dans toutes ses transactions bancaires et d’investissement, et ce à travers
l’application de la notion d’intermédiation financière établie sur le principe du partage des
bénéfices ou des pertes, et dans le cadre d’agence, qu’elle soit privée ou publique »20.
Dans le même ordre d’idées, il est possible de définir la banque islamique en tant qu’: « Une
banque ayant des caractéristiques juridiques, qui offre des services et transactions diverses à
ses clients, inspirées des principes de la charia islamique, qui œuvre à s’attirer les fonds
monétaires des entreprises et des particuliers, veillant à les placer et à augmenter leurs
rendements, de sorte à assurer une croissance économique »21. Une autre définition, plus
spécifique, prévoit que les banques islamiques, dites participatives au Maroc, « sont
considérées comme banques participatives les personnes morales régies par les dispositions
du présent titre, habilitées à exercer, à titre de profession habituelle, les activités visées aux
articles premier, 55 et 58 de la présente loi, ainsi que les opérations commerciales, financières
et d’investissements, après avis conforme du Conseil Supérieur des Ouléma conformément aux
dispositions de l’article 62 ci-dessous. Les activités et opérations visées ci-dessus ne doivent
donner lieu à la perception et/ou au versement d’intérêt »22. De ce qui précède, nous pouvons
ressortir les éléments de définition suivants :
 Une banque islamique est une banque habilitée à exercer une activité professionnelle,
selon la réglementation en vigueur dans chaque pays, lui permettant d’exercer son
activité à l’instar des autres banques traditionnelles ;
 La banque offre des services et a des relations bancaires avec ses clients, en conformité
avec les normes de la charia islamique, et ce en interdisant l’usure (Riba) ;
 Les banques islamiques sont habilitées à recevoir des dépôts, dont l’utilisation est
conditionnée par le respect des préceptes de la jurisprudence islamique contemporaine ;
 Les banques islamiques doivent financer leur clientèle à travers des produits conformes
à la Charia ;
I.2. Aperçu historique et besoin d'un système financier islamique dans le
système économique mondial
L’industrie financière islamique s’est fortement développée, depuis la création de la première
banque islamique. Nous découperons l’histoire en deux périodes.
I.2.1. Le système financier islamique avant 2000
Malgré des fondements très anciens (datant de l’apparition de l’Islam), la pratique actuelle de
la finance islamique diffère de celle pratiquée autrefois. Ce n’est qu’à partir des années 1940
que quelques expériences d’utilisation des techniques traditionnelles, ont vu le jour en Malaisie,
au Pakistan puis en Egypte (Causse, 2012). En effet, la première banque islamique d’épargne
méritant cette appellation, a été fondée par Ahmed ANNAJAR, le président de l’union
internationale des banques islamiques, en 1963 dans la région « Myt Ghamr » en Egypte où la

20
Madkhali, A., le rôle de la supervision des banques islamistes, approche islamo-juridique ;
21
Wadi Mzid, La finance islamique , Economic Agendas of Islamic Actors, PaperSieMed, pp-51-70 ;
22
Loi n° 103.12 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés, promulguée par le Dahir
n°1-14-193 du 1er Rabii I 1436 (24 décembre 2014), Article 54 ;

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population était considérée comme très religieuse et très réticente à l’idée de placer son argent
dans le système bancaire classique. A. ANNAJAR s’est inspiré des banques coopératives
allemandes. Cependant, et pour des raisons politiques, l’Etat égyptien a ordonné sa
nationalisation, pour devenir le Nassr Social Bank en 1972.
Au cours de la même période, une autre banque en Malaisie a vu le jour. Il s’agit du Peligrims
Fund Board, avec un système d’épargne qui permettait aux musulmans Malaisiens de collecter
les fonds du pèlerinage. Cette banque existe encore, mais sous l’appellation « Lembaga Tabung
Haji ». Dans les années 70, le choc pétrolier et le problème de la surliquidité, ont poussé les
Etats à la création d’institutions financières islamiques dans la région du Golf. Ainsi la Banque
islamique de Développement (BID) fût-elle créée en 1973 avec un capital autorisé de $ 2,277
millions dont $ 899,5 millions immédiatement souscrits. Des 40 pays islamiques participants,
quatre gros actionnaires souscrivirent dès le départ pour plus de $ 600 millions, ce furent
l'Arabie Saoudite, la Libye, le Koweït, et les Emirats arabes unis. Les opérations de la Banque
démarrèrent en 197523. En 1981, le premier établissement bancaire islamique dans le monde
occidental fut fondé à Genève, il s’agit de la Banque Islamique « Dar Al Mal Al Islami-DMI »,
(Causse 2009). Parrainée par les chefs d'Etat du Golfe, du Pakistan, de la Malaysie, de la Guinée
et du Soudan, elle fut lancée en mars par le prince saoudien Mohamed al Faisal al Saud.
De même, L'Islamic Investment Company sera la filiale opérationnelle de la DMI dans le
domaine de l'investissement. Le DMI envisage de créer des banques islamiques dans tous les
pays islamiques. La Banque asiatique islamique aura son siège à Kuala Lumpur. Parallèlement
seront créées une compagnie islamique du leasing, une compagnie commerciale islamique, une
compagnie islamique de consultants, une compagnie minière et une compagnie maritime.
La période allant des 1975 à 1990 a été enrichissante et marquée par la réplication conforme
aux principes de la Charia des principales techniques bancaires conventionnelles. Tandis que
les années 90 ont connu l’expansion de la Banque de détail islamique et la naissance de la
désintermédiation financière islamique, soit le passage d’une économie d’endettement à une
économie de marchés financiers. Ainsi, en 1991, l’organisation internationale de normalisation
de l’industrie de la finance islamique a été créée « l’Accounting and Auditing Organisation for
Islamic Finance Institutions (AAOIFI) » qui sera chargée d’élaborer les standards comptables
appropriés pour les IFI24. Cependant, il fallait attendre les années 2000, pour la création d’autres
organismes internationaux, comme la LMC (Liquidity Management Center), l’IIFM
(International Islamic Financial Market), l’IFSB (Islamic Financial Services Board), etc.
I.2.2. Le système financier islamique après l’an 2000
Les banques islamiques étaient quasiment absentes du système financier occidental et du monde
de la finance conventionnelle, jusqu’à la création de la première banque islamique en Grande
Bretagne (IBB) en 2004, en voulant rendre de la place de Londres, la capitale occidentale de la
finance islamique, en comptant presque 20 banques qui offrent des services financiers
islamiques, ce qui représente le double par rapport aux Etats-Unis25. Dans le même sens, Ch.
Lagarde, la ministre de l’économie (2008) a déclaré : « Nous adapterons notre environnement

23
Sid Ahmed, A., Finance islamique et développement, Tiers-Monde 23, no 92 (1982): 877‑90 ;
24
Rapport de la CDVM, la finance islamique, Octobre 2011 ;.
25
Financial Services Authority Islamic Finance in the UK: Regulation and Challenge, November 2007;

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juridique pour que la stabilité et l'innovation de notre place financière puissent bénéficier à la
finance islamique », Forum Paris Europlace 07/2008. Ces éléments témoignent du potentiel de
la finance islamique au Monde.
Suite à l’attaque du 11 septembre 2001, les investisseurs du moyen orient ont rapatrié leurs
revenus par crainte de les voir gelés, et par manque de confiance à l’égard du système
conventionnel (El Qorchi, 2005 ; Pastré & Gecheva, 2008). Chose qui a poussé à la
multiplication des établissements financiers islamiques, pour faire face à l’accumulation de
liquidités. En effet, le nombre d’établissements actifs dans ce segment a fortement augmenté.
On en compte plus de 500, dont environ 200 sont des entités dépendant de banques classiques,
exerçant dans soixante pays. En plus, le montant total des actifs conservés ou gérés selon les
principes de la Charia s’élevait à quelque 2 200 milliards de dollars dans le monde, soit un
triplement en dix ans. Ce qui représente 1% du total mondial, malgré un taux de croissance non
négligeable de 10% à 15%26.
Malgré l’importance de la finance conventionnelle dans le monde entier, la crise des Subprimes
en 2007, a révélé des défaillances liées aux problèmes éthiques et moraux, puisque la valeur
des instruments dérivés qui ont amplifié la crise aux États-Unis est d’environ 600 milliards de
dollars tandis que la production mondiale est de 20 milliards de dollars seulement. Ce système
mondial à base de la maximisation du profit, la vente à découvert, la spéculation, l’asymétrie
d’information et l’opacité a conduit à une détérioration éthique de l’activité financière
conventionnelle. Face à cette situation, la finance islamique réalise des avancées remarquables
en raison de sa dimension éthique et religieuse répondant aux règles de la Charia. Elle apparaît
aussi comme une forme d’investissement socialement responsable et qui permet d’investir dans
tous les secteurs d’activité à condition qu’ils soient conformes avec la loi islamique.
Conséquence, la finance islamique commence à attirer de plus en plus les investisseurs de tout
type et réalise un développement exponentiel, avec un taux de croissance à deux chiffres
estimés à 15% dans les années 2000, Columb (2008).
I.3. Cartographie de la finance islamique
Selon le rapport de l’IFSB27, le total des actifs dans la finance islamique en 2019 a atteint
2.438,6 Milliards US, contre 150 milliards US dans les années 1990 et 1.881,6 milliards US en
2016. Cette diminution est due principalement aux crises géopolitiques majeures, la chute des
prix des produits pétroliers, ainsi qu'une dépréciation prolongée de la monnaie locale aux États-
Unis en dollars dans certaines juridictions. En effet, le segment bancaire islamique a connu un
taux de croissance plus élevé de 12,7% par rapport à la croissance de 0,9% enregistrée en 2018.
L’atout du segment en valeur est passé de 1.571,3 MUSD au 2éme trimestre de 2018 à 1765,8
MUSD au troisième trimestre de 2019, selon le même rapport. Cependant, en raison d’une
croissance plus forte de l'ICM (Islamic Capital Market), la part des actifs de la banque islamique
a diminué de -3,6 points de pourcentage passant de 76% en 2éme trimestre de 2018 à 72,4% en
3éme trimestre 2019. La part du segment ICM dans la valeur totale de l'IFSI a augmenté de 3,6
points en allant de 501,6 milliards USD (22,9% : 2018) à 645,7 milliards USD (26,5% : 2019).
Ceci est le résultat d'une croissance à deux chiffres (22,2%) enregistrée en termes d'encours de

26
Geneviève Causse, La finance islamique, 2e éd, Marchés finance (Paris: RB éd, 2012) ;
27
Islamic Financial Services Board, Islamic Financial Services Industry Stability Report 2020, p.4 ;

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Sukuk de 543,4 milliards USD et de 29,8% de croissance en glissement annuel des actifs des
fonds islamiques. Le segment takāful a ralenti de -1,1 point, passant à 2,1% (3,2% : 2018). La
part du segment de l'IFSI (Islamic Financial Services Industry) a également baissé légèrement,
de -0,2 points, à 27,07 milliards USD à la fin de 2018. Malgré l’importance du total des actifs
islamiques qui avoisinent les 2.500 MUSD, la finance islamique ne pèse plus que 1% par
rapport au total des actifs mondiaux. Ces résultats sont résumés dans le tableau ci-après :
Tableau 1 : La répartition des IFI en segments et régions

Banking Sukuk Islamic Funds’ Takāful


Region Assets Outstanding Assets Contributions Total Share
GCC 854.0 204.5 36.4 11.70 1,106.6 45.4%
South-East
240.5 303.3 26.7 3.02 573.5 23.5%
Asia
Middle East
584.3 19.1 16.5 11.36 631.3 25.9%
and South Asia
Africa 33.9 1.8 1.6 0.55 37.9 1.6%
Others 53.1 14.7 21.1 0.44 89.3 3.7%
Total 1,765.8 543.4 102.3 27.07 2,438.6 100%
Share 72.4% 22.3% 4.2% 1.1% 100.0%
*Les données sur les Sukuk et les fonds islamiques concernent l’année 2019. Pour les banques
islamiques, le troisième trimestre de 2019. Et le Takaful révèle les données de la fin de l’année 2018 ;
Source : IFSB Secretariat Workings, 2019
En ce qui concerne la répartition géographique, la région du Golf conserve toujours sa position
de Leader, et le domicile des actifs de la finance islamique. Elle est suivie par la région MESA
qui constitue 25,9% des actifs. Tandis que, la région de l’Asie du Sud-est se place en troisième
position avec 23,5% du part de marché. L’Afrique est encore en retrait, et ne dépasse pas 1,6%
du total des actifs mondiaux, malgré le potentiel présent au sein de la région. Pour plus de
détails, nous présenterons la part de chaque pays dans les actifs islamiques mondiaux, dont nous
voyons clairement que l’Iran et l’Arabie Saoudite sont les précurseurs de la finance islamique,
avec des parts de marché respectifs de 28,6% et 24,9%. La Malaisie, quant à elle, représente
11,1% de la part de marché. Le reste étant inférieur à 10% et dispersé géographiquement.
Figure 1 : La part des actifs des banques islamiques dans chaque pays

35,0%

30,0% 28,6%
24,9%
25,0%

20,0%

15,0%
11,1%
10,0% 8,7%
6,3% 6,1%
5,0% 2,0% 1,8% 2,6% 2,1% 1,5%
0,6% 1,1% 0,8% 0,7% 0,7% 0,4%
0,0%

Source : IFSB Secretariat Working, 2019

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II. Etude des fondements et des principes de la finance islamique
L’Islam est le point de départ de la finance islamique. Elle s’agit d’une religion qui oriente les
principes de vie des musulmans. Ces principes sont présents dans la vie privée, sociale, éthique,
et construisent le cadre normatif de la communauté musulmane (Oumma-‫)أمة‬.

II.1. Les fondements et les sources de la finance islamique


Avant de partir sur l’analyse des principes de la finance islamique, il est primordial de connaitre
les fondements sur lesquels cette finance se base, ainsi que ses sources d’inspirations.
II.1.1. Les fondements de la finance islamique :
L’islam est fondé sur trois éléments, à savoir : La foi (Aquida-‫)عقيدة‬, la morale (Ethique-Akhlaq-
‫)أخالق‬, et la pratique (Charia-‫)شريعة‬. Cette dernière est subdivisée en deux : Obligation de culte
de Dieu (Ibadah-‫)عبادة‬, et les pratiques quotidiennes (Muamalat-‫)معامالت‬. Ces pratiques sont
d’ordres politiques, économiques, et sociaux. Nous pouvons schématiser les fondements de
l’Islam dans la figure ci-dessous28 qui montre clairement que l’islam a encadré la pratique
financière et bancaire à travers le respect des principes religieux issus de L’islam. Ensuite, nous
présenterons une définition courte de ces fondements pour en passer aux sources de l’Islam.

II.1.1.1. ‘Aquida
Le terme ‘Aquida en Islam renvoie à adhérer intiment et croire résolument, et à en croire en un
seul Dieu (Allah), à ses anges, à son livre saint, à ses prophètes et à la résurrection comme on
trouve dans le Coran : « Allah ne vous sanctionne pas pour la frivolité dans vos serments, mais
Il vous sanctionne pour les serments que vous avez l'intention d'exécuter » (Coran,5 : 89).
II.1.1.2. Charia
Issue du coran, la Charia aborde tous les comportements de la vie du fidèle dans une approche
à la fois globale et détaillée. Sur plus de six mille versets, six cents environ contiennent des
règles de droit. En effet, la Charia vérifie le respect des règles religieuses par la pratique
économique et financière des investisseurs et des acteurs financiers. La Charia regroupe deux
aspects à savoir L’Ibadah qui renvoie à l’obligation de culte de l’homme envers Dieu et la
Muamalat qui renvoie aux faits et aux gestes quotidiens qui régissent les relations entre les

28
Brian Kettel, Islamic Banking in the Kingdom of Bahrain (BMA 2002) ;

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hommes. Elle (Muamalat), de ce fait, régit les relations commerciales, financières et sociales
entre les Hommes.
II.1.1.3. Akhlaq
Ce sont les valeurs éthiques régissant la relation entre les Hommes et la relation de l’Homme
avec son Dieu. Elle mise sur les valeurs et la compassion, de l’attention et de la considération,
de l’amour et de la patience.
II.1.2. Les sources de l’Islam
Nous présenterons dans cette partie les sources de l’islam qui sont au nombre de cinq. Nous
commençons par :
II.1.2.1. Le Coran (‫)القرآن‬
D’après Youssef Seddik (Seddik, 2004), le Coran récapitule l’héritage biblique « du récit
adamique jusqu’à l’ascension de Jésus et la prédication de Jean Baptiste, en passant par le
Déluge, l’Exode, le règne de David et de Solomon, […] ». Il s’agit de la première source de la
loi divine qui est considéré par les savants et les Imams comme une référence aux différentes
questions posées.
Le Coran est divisé en 114 chapitres appelés sourates. Chaque sourate est elle-même composée
de versets appelés Ayates. En effet, seulement 10% des versets du Coran impliquent des règles
de droit dont à peine 10 versets concernent directement la finance islamique (Levy, 2012). En
conséquence, le cadre législatif coranique nécessite une complémentarité d'autres sources. En
outre, l’ambiguïté de certains récits coraniques nécessite un effort d’interprétation. Ainsi, la
terminologie « sciences coraniques » désigne la discipline qui vise à étudier et interpréter le
Coran en vue de dégager une meilleure compréhension (exégèse). La finance islamique se base
donc sur ces sciences coraniques dans son caractère social et économique.
II.1.2.2. La Sunna (‫)السنة‬
Considérée comme la deuxième source de la loi divine. La Sunna est fondée sur la pratique du
Prophète Mohamed ‫ صل هللا عليه وسلم‬ainsi que ses paroles-Dites (Sunna Fi’liya, et Sunna Qawliya
‫ )سنة فعلية و سنة قولية‬et rapportées par ses compagnons. Elle constitue une réponse aux questions
non abordées ou non explicitées par le Coran et spécifie les détails des stipulations générales
contenues dans le Coran à travers les Hadiths (le caractère obligatoire de la Zakat stipulé par le
Coran, a été complété par les dires du prophète en vue de savoir les méthodes de calcul de cet
impôt religieux).
La Sunna comprend les dires (hadith), les actes, les qualités morales et les approbations du
prophète. Par exemple, « Le droit au revenu dépend de la responsabilité prise par rapport aux
pertes correspondantes ». De même, le principe d’interdiction du riba (usure) a été reconnu dans
le Coran, cependant, les pratiques commerciales utilisées par Mahomet et ses compagnons ont
dessiné les modalités techniques de cette interdiction qui sont à l’origine des techniques de
financement islamiques contemporaines. Si le Coran et la Sunna sont les deux sources légales
principales des pratiques de la finance islamique, elles peuvent, en cas d’ambigüité, être
complétées par des sources « secondaires ».

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II.1.2.3. L’Ijma’ (‫)اإلجماع‬
Le consensus général (Ijma’) est la troisième source du droit musulman. Il s’agit des cas se
référant aux savants musulmans (Fouqaha et spécialistes de la Sharia) afin de trancher sur un
avis ou une question non abordée par les deux sources principales. Leur accord sur un même
avis constitue l’Ijma’, et est considéré comme un consensus ayant le statut de loi religieuse. A
titre d’exemple, les juristes s’accordent que la possession d’un bien est une condition sin qua
non pour pouvoir vendre le bien. Ce consensus est à l’origine du principe général et
contemporain de l’adossement des produits financiers à des actifs réels (Guermas-Sayegh,
2011).
II.1.2.4. Le Qiyâs (‫)القياس‬
Le raisonnement par analogie, est utilisé lorsqu’un cas juridique n’est pas mentionné dans les
textes, et que les juristes (savants) se réfèrent à une analogie ou une référence pour trancher.
Afin de mieux illustrer ces propos, nous pouvons donner l’exemple suivant : l’islam interdit le
vin car sa consommation provoque l’ivresse. Le texte ne fait pas référence aux autres boissons
qui peuvent causer les mêmes symptômes que le vin. En s’appuyant sur le Qiyâs, les juristes
interdisent tous les biens provoquant les mêmes symptômes que le vin.
II.1.2.5. L’Ijtihad (‫)اإلجتهاد‬
La cinquième source de l’Islam, l’Ijtihad, qui signifie l’effort de réflexion, est utilisé pour
interpréter les textes de l’Islam ou pour juger une action par les juristes et les savants musulmans
en se basant essentiellement sur le Qiyâs, Ijma’ et Maslaha29. Cette multitude de source, et cette
ambigüité d’interprétation expliquent la multitude des écoles de pensée et le manque de
standardisation de la finance islamique (Levy, 2012). D’où vient le rôle des organes
internationaux de normalisation financière et comptable islamique (AAOIFI, IFSB, etc.).
Dans ce qui suit, nous allons présenter les principes de la finance islamique, qui trouvent leurs
essences dans les fondements et les sources de l’Islam, mais pas seulement, nous trouvons que
la finance islamique a des origines plus vastes découlant de la finance éthique. Ces principes
ont été étudiés par de nombreux spécialistes musulmans et non musulmans comme El-Gamal
(2010, 2012), Warde (2000), Usmani (2004), El-Qorchi (2005).

II.2. Les principes de la finance islamique


Dans cette section, il s’agit de présenter les cinq piliers de l’islam financier qui repose sur trois
interdictions. Cependant, il faut rappeler que nous traiterons les aspects légaux islamiques des
contrats, ce qui veut dire qu’un contrat d’achat d’une voiture peut être autorisé comme il peut
être interdit lorsque son acheteur veut l’utiliser pour faire le mal. Se concentrer donc, sur la
légalité des contrats n’est pas l’unique considération de la finance islamique mais en est une
part importante (M. EL GAMAL, 2012).
II.2.1. L’interdiction du Riba
Le Riba correspond à l’usure et au taux d’intérêt. Cependant, le temps ne peut pas faire l’objet
de rémunération, et l’argent n’est qu’un moyen de transaction et ne peut faire l’objet de

29
Le terme Maslaha désigne le choix d’une solution qui privilégie l’intérêt général s’il ne contredit pas
les deux sources de jurisprudence principales ;

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transaction ! Et n’a pas de valeur en lui-même. En effet, le Riba (du verbe Rabâ) signifie
« augmenter et faire accroître une chose à partir d’elle-même » (El-Gamal, 2017, p.77). De
même, « le Riba ne se limite pas à l'usure, mais aux intérêts payés sur les prêts de toutes sortes
quels qu'en soient le volume et l'usage auxquels ils sont destinés (prêts à la production ou prêts
à la consommation) sont également assimilés à la définition du Riba » (Chaar, 2008b).
Face à cette situation, le Coran semble interdire catégoriquement le Riba dans les textes
religieux, quelle que soit sa forme, à travers le texte suivant :
279 Et si vous ne le faites pas, alors vous recevrez l’annonce d’une guerre de
la part d’Allah et de son prophète. Et si vous vous repentez, vous aurez
vos capitaux. Vous ne lèserez personne, et vous ne serez point lésée (Sourate 2-La vache) ;
Dans le même contexte, Mouslim mentionne que le prophète a dit (Salut et Bénédiction sur
Lui) que : « De l’Or contre de l’Or, de l’argent contre de l’argent, du blé contre du blé, de
l’orge contre de l’orge, des dattes contre des dattes, et du sel contre du sel : quantité égale
contre quantité égale, de main à main, toute augmentation constitue le Riba ».
Cependant, il ne faut pas confondre intérêts à Riba (El Gamal, 2017, p.80), parce qu’une
« simple analyse des méthodes islamiques « sans Riba » comme la vente comprenant une marge
(Murabaha) et le leasing (Ijara), révèle que ces deux modes ne sont pas sans intérêts lorsque
l’on prend compte des intérêts implicites qui sont facturés dans ce montage »30. Ce débat est
toujours présent dans le montage des produits islamiques que nous développerons plus loin. La
violation de l’interdiction du Riba conduit à deux formes, à savoir :
 Riba Al Nasi’a : Il s’agit de fixer à l’avance une somme à percevoir sur un prêt comme
une récompense à travers les crédits et les placements proposés par les établissements
bancaires et les organismes de financement conventionnels (Benlahmar, 2010, p.15) ;
 Riba Al fadl : Il correspond à la vente ou à l’échange de biens de même nature mais en
quantité différentes.
La première forme du Riba est la base de toute transaction dans la finance conventionnelle où
les prêts se font grâce à la présence d’intermédiaire financier et que la valeur temporelle de
l’argent est matérialisée par un paiement d’intérêts. Cependant, la finance islamique interdit
catégoriquement le Riba et ses pratiquants ont été menacées de guerre contre Allah et son
prophète. Également, le Riba accentue les inégalités entre les agents économiques, car, au-delà
de l’obligation du paiement de sa dette, l’emprunteur doit supporter le risque de perte et
rémunérer son créancier (intérêts facturés). Conséquence, le Riba est interdit, et laisse place à
un principe majeur dans la finance islamique appelé le principe de partage des pertes et des
profits ou le 3P.
II.2.2. Le principe de partage des profits et des pertes (PPP)
Percevoir une rémunération ne peut être légitime sans assumer le risque de perte du capital
investi. De ce fait, les banques islamiques partagent les risques avec les investisseurs dans la
plupart des contrats, en vue de refléter les valeurs d’éthique et d’équité sociale que prône la
Charia. C’est la traduction du principe islamique, Al Ghonm Bi Al Ghorm, selon lequel les

30
Mahmoud A. El- Gamal et Haverals. J., Finance islamique: aspects légaux, économiques et pratiques,
Comptabilité, contrôle & finance (Bruxelles [Paris]: De Boeck, 2010).

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rendements et les risques doivent être partagés (Hamza & Guermazi-Bouassida, 2012). Ce
mécanisme lie le capital financier à l’industrie et au commerce (Khan 1984), et permet
d’intégrer les investisseurs en tant qu’un agent soucieux de voir leurs investissements
pérennisés. Ce mode de financement s’oppose à celui des banques conventionnelles qui opèrent
selon le critère de solvabilité du demandeur, et non sur la base de la pertinence du projet et le
partage des risques qui sont associés.
Le principe est basé sur un contrat dans lequel un investisseur confie ses fonds à un
entrepreneur, et s’accordent à partager les gains et les pertes selon un ratio prédéfini (et non un
montant défini à l’avance comme le cas pour les banques conventionnelles). Les pertes sont
partagées sauf si elles sont dues à une négligence de la part de l’entrepreneur. Ce risque supporté
constitue, donc, la légitimité du rendement des parties. Ce partage, plutôt qu’un transfert de
risque, impliquant une plus grande discipline des agents économiques et financiers, peut
contribuer à réduire les prêts excessifs et le manque de discipline qui sont parmi les causes
principales de la crise des Subprimes (Chapra, 2008). Le principe des 3P a permet d’établir une
nouvelle relation de partenariat Prêteur-Emprunteur, dans l’objectif est de faire avancer l’affaire
et réussir le projet. L’investisseur, semblant à un capital risque, agit dans une opération à la fois
entrepreneuriale et financière. A noter qu’il faut considérer la différence qui existe entre un
profit et intérêt (Riba). Nous présenterons un tableau synthétique sur la différence entre un
profit et un intérêt :
Intérêt Profit
Augmentation du capital obtenue par la
L’intérêt représente l’augmentation
Origine transformation de celui-ci grâce au
du capital monétaire
facteur travail
Aucune condition : l’intérêt est un La réalisation du profit est conditionnée
Condition de coût fixe supporté par le préteur- par la transformation des fonds sous
réalisation emprunteur sans lien de causalité forme de biens matériels ou
avec la rentabilité. immatériels et la création de richesse ;
Le créancier ne subit, en principe, La part de profit est un partage de la
Conséquences
aucun risque (rémunération fixe). richesse entre les partenaires.
Source : La finance islamique, Geneviève Causse-Broquet, RB édition, 2éme édition, 2012 ;

II.2.3. L’interdiction du Gharar et du Maysir


Nous avons déterminé que l’interdiction du Riba tire son essence des addictions liées à
l’endettement et au fait de vivre en dessous de ses moyens, tandis que le Gharar est interdit pour
sa similitude aux jeux de hasards. La meilleure traduction du Gharar est « l’échange de
risque »31. Il concerne l’incertitude lié aux événements futurs, ainsi que le risque (non
quantifiable) pouvant résulter d’une vente. Ainsi, « Le prophète a interdit l’achat d’un animal
dans le ventre de sa mère, la vente de lait dans un tonneau sans qu’aucune mesure ne soit prise,
l’achat de butins de guerre avant leur distribution, l’achat de dons avant qu’ils n’aient été donnés
et l’achat des prises futures d’un plongeur ». L’exemple aussi, est celui de l’assurance, qui en
échange d’une prime prédéterminée, le dédommagement peut s’avérer important. Tout de
même, la vente de poissons de mer non encore pêchés, de fruits non encore mûrs, l’achat d’un

31
Selon Qadi ‘iyad, la traduction littérale du terme Gharar est « Qui est d’apparence agréable et
d’essence détestable » Voir Al-Qarafi (N.d vol,3 p.266) ;

Page 29 sur 346


animal dans la vente de sa mère…, sont interdites parce que leurs existences ne sont pas encore
déterminées.
L’interdiction du Prophète en ce qui concerne les ventes Gharar, rendent ces ventes illicites et
prohibés à l’unanimité. Cependant, puisqu’aucun contrat ne peut être dépourvu d’incertitudes,
un Gharar mineur est toléré (considéré comme un mal nécessaire). La nature excessive du
Gharar dans un contrat est laissée à l’appréciation de tout jurisconsulte32. Une exception à la
règle a été faite concernant les contrats Salam et Istisna’ où les objets du contrat ne sont pas
disponibles à présent, cependant le Gharar est éliminé en précisant les caractéristiques
essentielles de l’objet du contrat : le prix, la quantité, etc. A ce titre, les assurances et les produits
dérivés tels que les Futures, Forwards et les Swaps sont à proscrire, puisqu’une assurance ne
peut faire l’objet d’un contrat, et devrait être assimilée à une option : la prohibition de Bay’ al
Gharar peut donc être vue comme étant l’interdiction de toute vente inutile et consolidée d’un
risque (M. El Gamal, 2017, p.89). Dans le même contexte d’interdiction, la jurisprudence
musulmane impose la transparence et la justice, et interdit la spéculation (Maysir), qui était une
des principales causes de la crise de 2008. La spéculation concerne les opérations où le droit
des parties dépend d’un événement aléatoire.
II.2.4. L’interdiction des Activités illicites
La finance islamique interdit le financement des activités dites « illicites – Haram », tels que
les investissements ayant une relation avec l’élevage du porc, l’armement, la pornographie, les
jeux de hasards, l’assurance, etc. En effet, la loi islamique vise à « promouvoir le bien-être de
tous les hommes, bien être qui repose sur la sauvegarde de leur foi, de leur être, de leur
intellect, de leur postériorité et de leur richesse » Al-Ghazali.
Ce principe de la finance islamique rejoint celui de la notion de responsabilité sociétale des
entreprises « RSE » préconisé pour un développement durable des entreprises. Le conseil
d’administration à travers le Charia Board, veille donc à respecter les conditions de licité des
contrats à travers un filtrage extra financier effectué pour chaque entité islamique.
A noter qu’un filtrage financier et extra financier est effectué afin de vérifier si l’activité de
l’entreprise est licite au vu de la loi islamique (Sharia Compliant) ou illicite, avec un seuil de
tolérance fixé par rapport au chiffre d’affaires et au ratio d’endettement. Cependant, les sociétés
arrivent à contourner ces ratios par le biais de certains contrats comme le leasing. Un paradoxe
qui laisse une opportunité d’arbitrage dans les décisions des jurisconsultes. L’exemple est celui
du financement d’un projet d’achats d’appareils par une compagnie aérienne qui a un service
de Duty Free (ou vente d’alcool), une flexibilité est admise lorsqu’on considère le projet à
financer dans son ensemble. Désormais, la compagnie achète l’appareil pour assurer le transport
et non pour vendre l’alcool.
Tout de même, certains types de contrats comportant une condition suspensive ou les contrats
doubles sont interdits par la Sharia. En outre, la pratique de la surenchère (ou bai’ al bai’) ou la
vente sous contrainte (Bai’ al Mudtar) sont interdites par la loi islamique tout autant qu’elles
relèvent de l’éthique des affaires que le respect des principes islamiques. Une autre interdiction
relève de la pratique de la thésaurisation « De même, à ceux qui thésaurisent l’or et l’argent et
ne les dépensent pas dans le sentier de Dieu, eh bien, annonce-leur un châtiment douloureux…

32
Al-Baji Al-Andalusi ;

Page 30 sur 346


Goûtez donc de ce que vous thésaurisez ! » (Sourate 9, V. 34, et 35). Cela signifie que les
musulmans doivent dépenser dans le sentier du Dieu, ce qui suppose le paiement de la Zakat,
que les biens doivent être purifiés. Et enfin, le verset fait référence à l’obligation de faire
fructifier son argent pour le bien commun.
II.2.5. Le principe d’adossement à un actif réel (Asset Backing)
Toute transaction financière doit, selon les principes de la finance islamique, reposer sur un
actif réel tangible. Une particularité, qui la distingue de la finance conventionnelle. Le droit de
propriété d’un bien paraît donc une condition sin qua non à l’accomplissement des opérations
entre les agents et permet de réduire l’écart entre la sphère réelle et financière. Cependant, Pour
qu’un objet soit qualifié de propriété (Mal) au sens de la loi islamique, il doit satisfaire deux
conditions dont la première requiert la possibilité de détention physique et d’avoir des usages
bénéfiques potentiels. De la même façon, la propriété, au sens islamique, fait l’objet de plusieurs
controverses entre les écoles (Hanafites, malékites…), et d’arbitrages de la sharia à savoir33:
 Propriétés valorisées ou non valorisées : les propriétés valorisées concernent les biens
détenus à titre privé tandis que les propriétés non valorisées incluent les biens publics et les
biens que leurs usages ne sont pas permis par l’Islam. Dans ce contexte, plusieurs arbitrages
peuvent être effectués pour pouvoir rendre légale une opération considérée en premier lieu
comme illégale. Par exemple, une entreprise dont les ratios d’endettement dépassent le seuil
de tolérance, et par le biais de contrats leasing concernant des biens légitimes que les
banques d’investissements arrivent à rendre l’acquisition de ladite entreprise conforme aux
principes de la Sharia ;
 Caractère transportable et Sukuk : Il s’agit des biens immeubles (‘aqar) et meubles
(Manqul). Les premiers peuvent être revendus avant leurs possession (école Hanafite), mais
interdits pour les meubles ;
 Droits liés au caractère fongible : les biens fongibles sont classés en fonction du poids,
volume, longueur, tandis que les biens non fongibles différent significativement en valeur
par rapport aux biens de même genre. A ce titre, les ventes Salam sont autorisées pour les
biens fongibles seulement ;
 Propriété : Il s’agit de « Toute chose détenue par un être humain, qu’il s’agisse d’une
propriété particulière, ou l’usufruit d’une propriété » Article 125 du Majallat Al-Ahkam Al
‘adliyya. Dans ce sens, certaines propriétés publiques (rivières, parcs…) ne peuvent pas
faire l’objet de propriété privée et doivent être étudiées au cas par cas pour décider si elles
peuvent être reprises dans un contrat jugé conforme (on parle des droits d’usufruits).
 Développements et restrictions de la propriété partielle : les arrangements dits de
« Time-sharing » ont permis aux logements près de la Mecque et Médine de conclure des
contrats de location de longue durée avec une société, qui à leur tour, émis des certificats
d’usufruits (Sukuk al Manfa’a) qui permet à leurs porteurs de bénéficier de l’usufruit du
bien immobilier pour une certaine période.
 Fiducie, garantie et intérêt : Deux types de possession sont reconnues par les
jurisconsultes classiques et qui résulte des dépôts, leasing et partenariats. Il s’agit de la
Fiducie qui signifie le transfert à un tiers, fiduciaire, d’un bien qu’il doit gérer et rendre au
bout d’un temps convenu et dans des conditions déterminées, sans pour autant dédommager

33
Gamal et Haverals, Finance islamique. p. 61 à 67 ;

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ou compenser le propriétaire qu’en cas de négligence ou/et transgression. Le deuxième type,
à savoir la garantie, exige qu’une assurance soit donnée contre tout dommage. Dans ce
contexte, si les dépôts d’un tiers sont rémunérés et garantis par la banque, il s’agit du Riba
interdit et ne représente plus un contrat de dépôt légitime (Ida’).
Après avoir présenté les principes de la finance islamique, nous passerons à l’étude de ses
instruments.
III. Analyse des opérations financières islamiques courantes
L’islam a encouragé la pratique du commerce depuis son avènement. C’est en ces termes que
Yusuf Ali (1991) a traduit le verset 275 de la deuxième Sourate : « Ceux qui profitent de l’usure
(Riba) vont à leur perte et seront touchés par la folie. Souvenez qu’Allah a permis le commerce
et a interdit l’usure ». Dans ce sens, l’islam a permis le commerce et considère l’opération
comme licite lorsque l’acheteur et le vendeur s’accordent sur l’objet, le prix, les caractéristiques
du produit « Que les échanges et le commerce reposent sur le consentement mutuel » Verset 29
de la quatrième Soura, traduit par Yusuf Ali (1991).
En effet, il existe plusieurs instruments de la finance islamique qui ont été validés par les
jurisconsultes et ont utilisé les contrats nommés pour préserver le caractère islamique et
légitime de ces contrats. Par exemple, les financiers préfèrent utiliser le terme « Ijara » au lieu
de « Leasing » et le terme « Mourabaha » au lieu de « Vente avec marge bénéficiaire ». Nous
commençons, par présenter les différents produits de la finance islamique.

III.1. Les produits de la finance islamique


Nous présenterons les contrats nommés qui sont développés dans le monde de la finance
islamique, et connaissent un succès important. Nous commençons par les opérations
commerciales qui ne font pas appel au principe du partage des profits et des pertes, pour en
continuer avec les opérations faisant appel à ce principe. Pour en finir, nous présenterons les
opérations sans contrepartie.
III.1.1. Les opérations commerciales (Sans PPP)
Les opérations commerciales courantes qui ne nécessitent pas un partage des profits et pertes
sont principalement la Mourabaha, et l’Ijara.
III.1.1.1. Mourabaha : Vente avec marge bénéficiaire
Nous pouvons distinguer entre deux types de ventes, à savoir la vente fudiciaire (Amana-‫)أمانة‬
dont laquelle l’acheteur et le vendeur s’accordent sur le prix de la marchandise tout en prenant
en considération le prix original d’achat. Au contraire, les ventes avec négociation
« Mousawma-‫ » مساومة‬sont établies en commun accord entre les parties. Si le prix de vente est
supérieur au prix d’achat, nous sommes en présence d’un contrat Mourabaha, dans le cas
contraire, le contrat est appelé « Wadia’h-‫» وديعة‬. Aussi, si le prix de vente est égal au prix
d’achat, la vente est intitulée « Tawliya-‫» تولية‬, parce que le vendeur n’a réalisé ni une perte, ni
un gain. Nous développerons, dans ce qui suit, le contrat Mourabaha.
Au sens littéral, la Mourabaha signifie le profit ou le surplus. Et conceptuellement, elle s’agit
d’un contrat de vente au prix de revient majoré d’une marge bénéficiaire connue et convenue

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entre l’acheteur et le vendeur34. Pour l’IIBI (2016), la Murabaha peut être définie comme étant :
« Une opération de vente dans lequel le vendeur déclare le coût d’achat et le profit. Un contrat
de vente entre un vendeur et un acheteur ; le vendeur vend un bien spécifique à l’acheteur à un
coût majoré d’une marge approuvée par les parties qui représente le profit. Le vendeur est
dans l’obligation d’informer le client concernant le coût d’achat et la marge »35.
Dans des cas très rares, l’opération est réalisée entre l’acheteur et le vendeur seulement, mais
dans la majorité des cas, l’opération fait intégrer une banque qui sert d’intermédiaire entre les
deux parties. De même, la banque islamique ne demande pas le paiement immédiat du bien,
mais de manière échelonnée (vente à crédit ou Bay’ Bithaman Ajil).
La plupart de nous tentait d’assimiler cette opération à une ruse juridique (El Gamal, 2012).
Cependant, il s’agit d’une vente à crédit avec marge bénéficiaire, et la légitimité de la Murabaha
tient son essence du fait du report qui justifie le rendement. Dans ce sens, Al Kasani dans Badai
Al-Sanai (oeuvre principale de l’Ecole Hanafite) indique que « le prix peut être augmenté sur
base du report », de même qu’Ibn Rushd, de l’école Malékite, dans Bidayat al-Mujtahid wa
Nihayat al-Muqtasid qui estime que « le temps est reflété dans le prix ».
Dans cet esprit, nous pouvons conclure que les ventes à crédit sont autorisées, mais que les prêts
à intérêts sont à proscrire. Ainsi, le contrat Mourabaha est beaucoup similaire à un prêt à
intérêts, cependant plusieurs éléments le diffèrent du Mourabaha. D’une part, la marge est la
rémunération du risque qu’encoure la banque entre le délai de commande et de livraison
puisqu’elle est responsable des dommages pouvant survenir. D’autre part, la marge négociée
est fixe et la banque ne peut pas infliger des intérêts de retards au client.

 Tawarruq ou Bay’ Al Inah


Lorsque le client a besoin de liquidités, deux montages sont possibles : Le bai’ Al Inah et la
Tawarruq. Le premier consiste en un achat et une vente entre les deux mêmes parties, l’un vend
un bien à l’autre contre paiement comptant, et le rachète à un prix majoré et paiement différé
(Causse 2012). Ce type de montage est considéré comme une ruse juridique et un stratagème
condamné par les jurisconsultes de plusieurs écoles.
Quant au deuxième mécanisme, le Tawarruq est basé sur un achat suivi d’une vente. Ainsi, la
banque achète des marchandises auprès d’une entreprise et les revend ensuite au client. Ce
dernier revend ces marchandises à une autre entreprise et reçoit les liquidités. Les deux contrats
étant séparés, les jurisconsultes tolèrent cette pratique en la considérant comme une nécessité,
sous réserve des conditions décrites par l’AAOIFI dans sa norme 30, toutefois, l’académie du
Fiqh a déclaré, en 2009, la non-conformité de ces pratiques à la Sharia.
III.1.1.2. Ijara : Leasing
L’Ijara désigne un contrat de Vente-Location (Crédit-Bail), dans lequel une partie cède
l’usufruit ou le droit d’utiliser un bien, pendant une période déterminée, avec ou sans option
d’achat à la fin de la période (ou donné à titre gratuit). Le prix payé constitue la rémunération
de l’usufruit du bien. L’opération Ijara est autorisée par l’Islam comme en témoigne les versets :

34
Hamad N., “Mou’jam Al Moustalahat Al iqtissadiya Fi Loughat al Fouqahas” Al Maahad Al Alami
Lil Fikr Al Islami, 1ére edition, 1993 ;
35
Institute of Islamic Banking and Insurance, IIBI, 2016 ;

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L’une d’elles dit : « O mon père, engage-le [à ton service] moyennant salaire, car le meilleur
à engager c’est celui qui est fort et digne de confiance ». Il dit : « Je voudrais te marier à l’une
de mes deux filles que voici, à condition que tu travailles à mon service durant huit ans. Si tu
achèves dix [années], ce sera de ton bon gré ; je ne veux cependant rien t’imposer d’excessif.
Tu me trouveras, si Allah le veut, du nombre des gens de bien ». (Al Qassas-26-28).
Les jurisconsultes ont donc abordé le terme Ijar, tant pour le leasing d’actifs que l’engagement
des travailleurs. Ainsi, la principale différence qui réside entre le contrat de bail islamique et
conventionnel est que le bien doit être en possession par le bailleur tout au long du contrat.
Cependant, ce sont les mêmes facteurs qui seraient prises pour déterminer le montant de la
redevance à savoir la valeur du bien, la durée d’amortissement, le taux de référence etc. Deux
conditions sont évoquées pour la conclusion d’un contrat Leasing, la première condition est
celle de la promesse de vendre l’actif à la fin du contrat ou donné à titre gratuit, si le preneur le
souhaite, sans pour autant être une condition du contrat, qui constitue la deuxième condition.
De manière évidente, un locataire qui paie ses loyers mensuels exercera cette option. Dans ce
contexte, l’AAOIFI36 a établi les normes nécessaires à la comptabilisation du transfert du bien
du bailleur au locataire pour les différents cas possibles (vente à un prix symbolique, vente au
prix de marché, ou à la valeur de rachat).

 Sous Leasing
L’académie Fiqh de l’Organisation de la Conférence Islamique a jugé, en 1988, que le preneur
peut vendre son droit à son usufruit futur au bailleur ou à un tiers (sous-preneur), quel que soit
le taux convenu. Cependant, le contrat de sous-leasing doit avoir la permission du bailleur,
parce que le sous-preneur pourrait avoir un usage différent de l’actif. Cette condition est exigée
par certains experts pour que, toute partie ait un droit de propriété suffisamment significatif, en
vue de légitimer la rémunération reçue par la structure basée sur le leasing.

 Coûts de maintenance et d’assurance


L’opinion classique Hanafites37 insiste sur le fait que tous les frais de réparations, d’assurance
et autres, doivent être supportés par le Bailleur, sauf ceux causés par un abus ou négligence du
preneur. Cependant, la pratique actuelle basée sur des SPV, qui n’ont le droit de propriété de
l’actif en question que pour une durée et pour un besoin spécifique, implique que le preneur
supporte en réalité tous les frais de réparation et d’assurance grâce à l’établissement judicieux
d’accords conclus avec d’autres SPV.
III.1.2. Les contrats à terme : Salam et Istisna’
Vendre un bien qui n’existe pas au moment de la conclusion du contrat est interdit, en raison
de la présence du Gharar. Toutefois, il existe quelques exceptions permises par la loi islamique
par le biais des contrats Salam et Istisna’. Chose qui a été confirmée par le Hadith du prophète
repris sous l’autorité d’Ibn Abbas (El Gamal, 2012, p 27) : En se rendant à Médine le Prophète
a rencontré des habitants qui concluaient des contrats de Salam (dont le prix était payé à

36
(FAS) 32 « Ijarah » qui remplacera le FAS 8 existant « Ijarah et Ijarah Muntahia Bittamleek », Voir
Organisation de comptabilité et d’audit des institutions financières islamiques ;
37
Al-Zuhayli (2003, vol. 1, p 417) ;

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l’avance) relatifs à des fruits pour une durée de 2 ou 3 ans. Il a dit : « Quiconque conclut un
contrat de Salam doit spécifier le volume ou le poids ainsi que le terme fixe ».
Dans ce cas de figure, le prix de la marchandise est donc payé immédiatement et entièrement
ou de manière échelonnée au fur et à mesure que les travaux de construction ou de
développement progressent (dans le cas d’Istisna’), tandis que le bien spécifié est livré à une
date future définie à l’avance. Le Salam était utilisé pour les activités agricoles, avant d’être
développé pour des produits plus complexes.
III.1.2.1. Le Salam : Vente à terme prépayée
L’AAOIFI (2010, p. 176) définit le Salam comme étant : « Un type de vente dans lequel le prix,
le capital Salam, est payé au moment où le contrat est conclu alors que la livraison du bien
vendu, al-Muslam fihi, se fait dans le futur à terme ». Le Salam signifie donc une vente
prépayée. Les jurisconsultes ont insisté que seuls les biens fongibles (mesurés par le volume,
poids, longueur et taille) sont autorisés pour que le contrat soit licite. Ainsi, tout contrat doit
stipuler la nature, la qualité et la quantité spécifique du bien.
La différence qui existe entre les contrats à terme islamiques et conventionnels (Forwards,
Futurs) est que, dans les premiers, le prix est payé immédiatement, tandis que pour le deuxième,
le paiement est différé. De même, la date de la livraison est spécifiée et doit être respectée par
le vendeur. Si ce dernier ne réussit pas à fabriquer l’objet du contrat, il doit l’acquérir du marché
pour le transférer à l’acheteur.
Ce mécanisme a un inconvénient majeur lorsque la banque est celle qui finance l’acquisition et
qui va prendre livraison du bien à l’échéance du contrat. Cependant, la banque n’a aucune utilité
à avoir en stock l’objet fongible du contrat, et représente des risques comme le risque de
stockage, de perte, de dégradation de valeur, etc. Ce qui l’oblige à dénouer sa position par un
Salam Parallèle.

 Le Salam parallèle (Salam Mouwazi)


Le Salam parallèle est la combinaison de deux contrats Salam, qui doivent être séparés et
indépendants. Le bien objet du contrat parallèle peut donc être différent du premier, pour autant
qu’ils soient égaux en termes de valeur (AAOIFI, 2010). Le Salam parallèle est autorisé par
deux fatwas à savoir : seconde Fatwa du second Symposium Dalla Albaraka et Fatwa 4148
émise par le comité de Shariah de Al-Rajhi Investment Corporation38. Les étapes du Salam et
du Salam parallèle sont présentées comme suit (Hideur ; CCI, 2009) :
 Étape 1 : A (banque) achète un bien de B (client) pour une livraison différée au titre
d’un contrat Salam.
 Étape 2 : A vend le bien non fabriqué à C (grossiste, fournisseur, ou tierce partie) au
titre d’un contrat de Salam parallèle et est payé à l’avance ;
 Étape 3 : La période du second contrat de Salam (parallèle) étant plus longue, le prix
sera légèrement supérieur à celui du premier contrat Salam ; ainsi A enregistre un profit
sur la différence entre les deux contrats.

38
Gamal et Haverals, Finance islamique. Ou Voir fatawa.al-islam.com ;

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Le Salam parallèle fait intégrer une troisième partie appelée, SPV –Special Purpose Vehicule,
qui doit accomplir ces étapes entre les différentes parties pour que le contrat soit légitime.
III.1.2.2. Istisna’ : Contrat d’Entreprise
Le contrat Istisna’ est un contrat nommé qui prévoie que l’acheteur (Mustasni’) paie le prix en
une seule fois, ou de manière échelonnée, tandis qu’une obligation est reconnue dans le chef du
constructeur/vendeur (Sani’) de livrer l’objet de la vente, à une date future (El Gamal, 2017).
De manière générale, le contrat d’entreprise porte sur des gros ouvrages (développement
d’infrastructures, immeubles, aéronautiques…) et peut être utilisé en combinaison avec un
contrat de leasing (Ijara) pour financer ces infrastructures. Les jurisconsultes ont établi que le
contractant responsable de l’ouvrage peut sous-traiter le projet, si le contrat le permet, en
établissant un second contrat Istisna’.

 Istisna’ parallèle
Ce mécanisme est la combinaison de deux contrats Istisna’ où le demandeur du contrat (qui
peut être la banque) est à la fois l’acheteur et le vendeur. Le fonctionnement de l’Istisna’
parallèle commence par un vendeur (la banque) qui s’engage dans un contrat Istisna’, et assume
les risques liés à la fabrication/construction des biens. Ensuite, la banque doit dénouer sa
position, puisqu’elle ne dispose pas des ressources humaines pour la construction, en transférant
les risques à la banque (acheteur) qui s’engage dans un contrat Istisna’ parallèle, indépendant
et distinct, avec un constructeur pour livrer le bien à la date définie par le premier contrat. La
différence du prix entre les deux contrats constitue le profit de la banque. Néanmoins, la banque
reste responsable de la conformité du bien et de différentes clauses contenues dans le premier
contrat. Dans la pratique, les deux contrats à terme sont utilisés par la banque en vue de financer
les activités des entreprises à travers des ruses juridiques pour se procurer de la liquidité à
travers les contrats Salam et istisna’. Le contrat Istisna’ partage les mêmes fonctions avec le
contrat Salam, cependant trois points de différences entre un contrat Salam et un contrat Istisna’
peuvent être présentée dans le tableau suivant :
Salam Istisna’
Paiement Une seule fois Une seule ou échelonnée
Date de livraison Précise et contraignante Date de livraison peut
changer (délai raisonnable)
Objet de vente Biens fongibles Gros ouvrages

III.1.2.3. ‘Urbun : Avance sur paiement


L’Urbun est une avance sur paiement effectué par un acheteur potentiel à un vendeur potentiel
en vue d’acquérir une propriété particulière. Il s’agit d’une option d’achat payé à l’avance, et
qui sera déduite du montant dans le cas où l’acheteur exerce son option. Dans le cas contraire,
il perd l’avance. Cependant, les experts classiques ont demandé que la durée d’exercice de
l’Urbun doit être déterminée, car le vendeur devrait peut-être attendre indéfiniment que
l’acheteur décide ou non d’exercer son droit39. La particularité de cet instrument islamique est
l’existence d’un Gharar, car le vendeur ne sait pas si l’acheteur va ou non conclure le contrat.

39
Al-Zuhayli (2003, vol. 1, p 417) ;

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De même, le vendeur n’est pas rémunéré pour l’existence de cette option, car l’avance sera
déduite du montant à payer. Chose qui a poussé la majorité des experts classiques à prohiber
cette pratique.
Contrairement à ce qui précède, Ahmad Ibn Hanbal a considéré que l’Urbun est une pratique
légitime en se basant sur la tradition prophétique suivante : « Le messager du Dieu a autorisé la
vente al ‘urbun »40. Par ailleurs, la plupart des jurisconsultes hanbalites et sunnites ont reconnu
que les ventes basées sur les avances sont très communes et donnent une certaine compensation
au vendeur lorsque l’acheteur décide de ne pas exercer son droit.
Finalement, l’Académie Fiqh de l’Organisation de la Conférence Islamique a jugé, lors de sa
huitième séance à Brunei en 1993, que les ventes al ‘urbun étaient légitime41 : « La vente avec
arrhes est permise au cas où la période d’attente est définie. Les arrhes sont considérées comme
étant une partie du prix si la transaction est menée à son terme. En cas de désistement de
l’acheteur, l’acompte revient au vendeur ».
III.1.3. Les contrats de partenariats : Moudaraba et Mousharaka
En Islam, plusieurs contrats font intégrer le principe de partage des profits et des pertes. Nous
présenterons les deux produits couramment utilisés qui sont le Mousharaka et le Moudaraba.
Ces deux mécanismes sont des participations dans le capital d’un projet qui partagent les profits
entre les associés. En effet, ces deux instruments permettent de rapprocher la sphère
commerciale et financière, en couplant la performance et la productivité de l’actif.
III.1.3.1. Le Moudaraba : Partenariat passif
L’AAOIFI (2010, p.224) définit le Moudaraba comme un partenariat de profit dans lequel une
des parties fournit le capital et l’autre fournit le travail42. Cette définition peut être enrichie par
celle d’El GAMAL (2012, p. 54) : « Un partenariat d’investissement (de partage des pertes et
des profits) afin de financer un commerce. Les parties sont un Rabb-al mal (le principal dans
une relation d’agence), autrement dit un investisseur qui apporte uniquement le capital et un
Mudarib (l’Agent), un investisseur qui gère le projet. Si l’affaire est rentable, les profits sont
distribués en fonction d’un ratio prédéterminé. S’il y a des pertes, ces dernières sont
uniquement supportées par l’apporteur du capital ». La Moudaraba est donc un contrat établi
sous la forme d’une société en commandite, entre des investisseurs appelés, commanditaires
(Rabb Al Mal), et des entrepreneurs (Mudarib) qui apportent leur savoir-faire. Ce contrat
permet une répartition des profits selon un ratio prédéterminé et non un montant fixé à l’avance.
Ce ratio est librement négocié entre les deux parties. La rémunération intervient après avoir
retenu les frais de gestion et le remboursement du capital. Cependant, les pertes sont supportées
par Rabb Al Mal, sauf négligence ou mauvaise gestion de la part du Mudarib. Les jurisconsultes
ont reconnu, dans ce sens, deux sortes de Moudaraba :
 Moudaraba limitée (Société en commandite restreinte) : dont les activités sont
limitées par leurs durées, localisation géographique, secteur d’activité, etc. Cependant,
cette forme de société n’est pas permise par les Malékites et les Chaféites. Ce qui nous

40
Cité par Abdulrazzaq dans Musannaf sous l’autorité de Zayd ibn Aslam ;
41
La vente avec Arrhes – Académie Internationale du Fiqh Islamique – OCI (iifa-aifi.org) ;
42
Accounting & Auditing Organization for Islamic Financial Institutions (AAOIFI) (2010), Sharia
Standards for Islamic Institutions, p 224 (Standard n°13) ;

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amène à la deuxième forme :
 Moudaraba illimitée (Société en commandite illimitée) : qui doit préciser le
pourcentage de répartition des bénéfices, mais qui donne la liberté d’agir.
Ce type de contrat est risqué pour la banque, il repose sur la confiance et la compétence de
l’entrepreneur. Il est plutôt utilisé actuellement dans les fonds communs de placement (FCPI)
lors de la collecte des fonds des déposants (Causse, 2012). Enfin, une partie peut mettre fin au
contrat, à condition d’en avertir l’autre partie. Dans ce cas, le montant principal ou/et les
profits/pertes sont liquidés et distribués selon les ratios prédéterminés.
III.1.3.2. La mousharaka : Partenariat actif
El Gamal (2012) définit dans son livre la Mousharaka comme étant : « Un accord de partenariat
entre 2 ou plusieurs parties afin de financer une affaire commerciale et dans lequel toutes les
parties font un apport en cash ou nature. Les profits sont répartis en fonction d’un ratio
prédéterminé alors que les pertes sont réparties en fonction de l’apport en capital effectué. ».
En fait, la Mousharaka est en quelque sorte une société en participation (société de personnes
ou de capitaux) dans laquelle les partenaires (Mousharik) participent au financement et à la
gestion du projet. Ce mode de financement peut être utilisé pour la réalisation d’un projet
spécifique (joint-venture par exemple). A noter que les apports peuvent être effectués en
numéraire ou en nature. Cependant, la plupart des jurisconsultes se sont accordés à dire qu’il
valait mieux investir avec des apports en numéraire. Dans le cas contraire, les apports en nature
sont évalués à leur juste valeur (AAOIFI, 2000, p.188), et que la différence entre la valeur
comptable et la juste valeur doit être comptabilisés en compte de résultat.
Dans le cas de la Mousharaka, les parties sont engagées dans la gestion des affaires de
l’entreprise. Néanmoins, certains partenaires peuvent choisir de ne pas s’immiscer dans la
gestion ou bien de désigner une tierce personne. Le contrat Mousharaka est une forme de
financement conforme à la théorie économique et islamique. Il peut être utilisé sous différentes
formes à savoir la Mouzarah pour le secteur agricole, la Mousaqat en ce qui concerne les
vergers. Cependant, les banques considèrent que ces contrats présentent un risque élevé.
D’autre part, les entreprises se trouvent hésitantes à cette modalité de financement qui restreint
leur liberté et implique un suivi rigoureux des opérations par la banque. Il existe trois types de
participations dans le contrat Mousharaka à savoir (El Melki 2011) :
 Mousharaka permanente et constante : Dans ce cas, la participation des investisseurs
reste constante tout au long de la durée du contrat, ou peut être maintenue aussi
longtemps que possible (IIBI, 2016). Le contrat peut prendre fin si une partie le souhaite,
après notification. Dans le cas contraire, les autres investisseurs peuvent racheter les
parts de l’apporteur qui s’est retiré.
 Mousharaka moutanaqissa (Mousharaka dégressive) : Elle s’agit d’une forme de
partenariat utilisée par les banques pour céder de manière progressive sa participation.
Le contrat prend fin lorsque la banque a récupéré sa cote part, en plus des
remboursements des profits/pertes reçus/payés à travers le ratio de partage. Le ratio de
partage des profits peut donc être en fonction de l’évolution des participations de chaque
partie ou rester fixe tout au long de la période engagée (AAOIFI, 2010), cependant, le
ratio de partage des pertes correspond au prorata des parts ;
 Participation temporaire dans une opération spécifique : Il s’agit d’un projet

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spécifique à courte durée. Le contrat prend fin au terme du projet.
A travers l’analyse des deux contrats de partenariats, nous pouvons conclure que la différence
qui existe entre la Moudaraba et la Mousharaka est le partage des pertes qui doit être supporté
par les deux parties pour cette dernière.
III.1.4. Les Sukuks
Malgré leur apparition récente, le marché des Sukuks suscite un intérêt croissant des institutions
qui cherchent une alternative de financement des investissements. Ce marché, qui n’existait pas
au début du siècle, ne cesse de s’accroître, et atteint un volume de plus de 180 milliards de
dollars en 2019 (IFSB, Stability Report, 2020). De ce fait, les Sukuks est un terme qui
signifie « Titre donnant droit à »43, il peut s’agir d’un chèque, certificat, ou un acte ou document
juridique. Ils sont des sortes d’obligations islamiques basées sur un actif (Asset backed
securities). L’AAOIFI définit les Sukuks comme étant : « Des certificats de valeur égale
représentant des parts indivises de propriété d’actifs tangibles, d’usufruits et de services, ou la
propriété d’actifs d’un projet particulier ou d’une activité d’investissement spécifique »44.
Tandis qu’Au Maroc, les Sukuks sont considérés comme étant : « Des titres représentant un
droit de jouissance indivis de chaque porteur sur des actifs éligibles acquis ou devant être
acquis ou des investissements réalisés ou devant être réalisés par l’émetteur de ces titres »45.
D’après ces définitions, nous pouvons déduire que les Sukuks sont des certificats financiers
adossés à des actifs tangibles, qui confèrent un droit de propriété à leur détenteur. Ce dernier
reçoit une rémunération basée sur le rendement de l’activité ou de l’actif (et non un intérêt fixe).
Dans ce contexte, la première émission revient au groupe Saoudien Al baraka en 1998 (Causse,
2012), cependant, ils se sont développés après l’événement du 11 septembre 2001, et le
rapatriement des fonds de l’étranger vers les pays du Golf. Dès lors, la Malaisie conserve une
place privilégiée dans l’émission des Sukuks, et représente plus de 36% des émissions en 2019.
Les différentes étapes de l’opération sont décrites ci-après :
1. Le propriétaire de l’actif (Originateur) cède ses actifs à une structure juridique
indépendante (SPV-Special Purpose Vehicle) ;
2. Le propriétaire, en accord avec le SPV, choisit le type de contrat islamique Sukuk
Moudaraba, Mourabaha, Ijara… ;
3. Le montant de l’actif est divisé en parts égales. Chaque part donnant droit à la
propriété dudit actif ;
4. Les souscripteurs reçoivent périodiquement le montant des profits fixes (Sukuk sans
PPP) ou variables (Sukuk avec PPP) ;
5. A la maturité, le SPV vendra l’actif à l’originateur et remboursera les détenteurs des
Sukuks par cette vente.

43
Bengarai, T. et Belmadi, A., Comprendre la finance islamique : principes, pratiques et éthique (Paris
: Ed. Les Quatre Sources, 2010).
44
AAOIFI (2008). Les normes shari’ah pour les institutions financières. Article 2, n°17, p: 307;
45
Dahir n° 1-08-95 du 20 Chaoual 1429 (20 octobre 2008) portant promulgation de la loi n° 33-06
relative à la titrisation des actifs (modifiée par la loi n° 119-12 et par la loi n°05-14), section II – des
certificats de sukuk, article 7-1, (pp :8) ;

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A noter que les contrats Sukuks sont basés sur différents contrats islamiques : Moudharaba-
Sukuks, Ijara-Sukuks, etc. Le choix de la forme du contrat définira le type des Sukuks. Ainsi,
durant la vie des Sukuks, les souscripteurs ont droit à une rémunération fixe ou variable, et
assument un risque proportionnel à leurs parts.
III.1.5. Les opérations sans contrepartie
Le Qard Hassan est un prêt sans intérêts autorisé pour les banques islamiques. Il s’agit d’un prêt
sans contrepartie effectué dans un but humanitaire à des particuliers dans le besoin, ou en
difficulté. Le Qard Hassan peut être utilisé pour financer des opérations ou des projets dans le
domaine social, éducatif, religieux. Les fonds peuvent provenir de fonds de Zakat, ou
d’organismes de bienfaisances. La banque ne peut facturer des intérêts, mais peut prélever des
frais de service (charges administratives). Alkazaz (2001)46 a énuméré deux catégories
susceptibles de bénéficier du Qard Hassan au Pakistan à savoir les étudiants doués afin de leur
permettre de suivre leurs études et aux petits paysans (2 à 5,6 ha), aux métayers, aux pêcheurs,
à des coopératives pauvres en capitaux. Les modalités de remboursement du prêt sont définies
par les deux parties au moment de la conclusion du contrat.

III.2. Les comptes bancaires et les services financiers islamiques


La structure des ressources des banques islamiques diffère de celle des banques
conventionnelles. Ainsi, nous pouvons énumérer quatre types essentiels de ressources à savoir,
le capital, les profits non distribués, les comptes de dépôts et les fonds Zakat. Cette partie sera
consacrée donc à l’étude des différents comptes qu’une banque islamique peut ouvrir, ainsi que
les financements et les montages financiers islamiques basés sur différents types de contrats.
III.2.1. Les types de comptes de dépôts
Dans le cas des comptes de dépôts, la banque joue le rôle d’un Moudharib, et le client est Rab
Al Mal. Les comptes de dépôts sont à l’ordre de trois :
III.2.1.1. Les comptes courants
Ce type de compte est très similaire aux comptes des banques conventionnelles, les droits et les
obligations des parties sont définies pour que la banque ne verse aucune rémunération au
déposant. De même, elle exige que le compte soit toujours dans une position créditrice. Tandis
que le client peut retirer ses dépôts à tout moment, bénéficie des services classiques de manière
gratuite (carte, chèque, opérations de caisse…). Ainsi, le client voit ses dépôts assurés contre
toute perte, en contrepartie, il ne reçoit aucune rémunération.
III.2.1.2. Les comptes d’épargne
Il s’agit des comptes de dépôts à terme qui ont pour objectif d’inciter à l’épargne. Les règles de
gestion sont définies pour que la banque gère le compte contre des frais de gestion, partage les
profits avec le client selon le taux de répartition convenu. Ainsi, la banque est responsable de
la manière dont elle gère les fonds et doit rétribuer le client en cas de négligence de sa part. De
sa part, le client n’a aucun droit de regard sur le compte, le rendement de son compte n’est pas
garanti ni le remboursement du capital. Cependant, des clauses qui protègent les déposants en

46
Alkazaz, A., Chapitre 5. L’islamisation du système bancaire et du système de financement au Pakistan,
in Les capitaux de l’islam, éd. par Gilbert Beaugé (CNRS Éditions, 2001), 101‑22 ;

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cas de négligence ou mauvaise gestion par la banque sont stipulées dans le contrat. De même,
le client est tenu d’informer la banque préalablement pour le retrait de ses fonds.
III.2.1.3. Les comptes d’investissement
Il s’agit d’un compte très répandu dans les banques islamiques. Leur mode de fonctionnement
basé sur le principe du PPP les rend tout à fait conforme à la Sharia. Les comptes
d’investissement ne sont pas garantis par les banques islamiques, et ne reçoivent pas de
rémunération fixe. Le contrat, liant la banque au client, définit toutes les modalités relatives à
l’objet, l’échéance, les règles de partage, après déduction des commissions de gestion.
 Les comptes standards (Dépôts d’investissements illimités) : où les fonds sont
intégrés avec ceux de la banque (pool d’investissement), et la rémunération est définie
à la fin de l’année. Ces comptes sont moins risqués (l’investissement porte sur plusieurs
projets) ;
 Les comptes affectés (Dépôts d’investissement limités) : Dans ce cas, les fonds ne
sont pas mélangés avec ceux de la banque. La rémunération a lieu en fin d’opération.
Dans le cas des comptes affectés, la banque doit correspondre chaque opération de crédit avec
un débit spécifique. Le contrat utilisé étant le contrat Wakala ou le contrat Moudharaba.
III.2.2. Les services bancaires (Jouala)
Les banques islamiques proposent des prestations de services similaires à celles des banques
conventionnelles, comme : les opérations de change, les virements, les chèques, le factoring…
Cependant, les transactions doivent être licites et autorisées par l’Islam. Par exemple, le change
(Sarf), est autorisé seulement en espèces. Dans le cas contraire, l’opération pourra déclencher
de la spéculation. Le tableau, en annexes, présente une comparaison entre les différents services
des banques conventionnelles et banques islamiques. A travers ce tableau, il apparaît clairement
que les services ne respectant pas les principes de la Sharia, ne sont pas remplies par les banques
islamiques, tels que les crédits à la consommation, les produits dérivés, etc. C’est pour cette
raison que le financement des besoins en fonds est rempli par l’achat de matières premières ou
de marchandises comme le Salam et la Mourabaha afin de respecter les interdictions, ce qui est
considéré comme une ruse juridique.
III.2.3. Le financement des projets : Exemples de montages financiers
Le financement des projets nécessite des montages parfois complexes, dans le cas de gros
projets d’infrastructures qui implique la combinaison de plusieurs contrats financiers
islamiques obligatoirement indépendants. La gestion de ces projets nécessite également la
création d’une structure de gestion et d’exploitation qui réunira les acteurs du projet. Il s’agit
premièrement des apporteurs de fonds tels que les agences de financement islamiques
internationales, dans lesquels nous utiliserons le contrat Mousharaka, Sukuks ou Moudharaba.
Ensuite, les constructeurs ou les prestataires qui se chargent de la réalisation du projet à travers
la conclusion d’un contrat Istisna’. Enfin, le client ou les utilisateurs indirects peuvent être des
entités publiques ou privés.

 Exemple 1 : Mousharaka, Istisna’ et Ijara :


L’exemple porte sur une collectivité souhaitant construire une station d’épuration des eaux. La
figure suivante présente les étapes de financement du projet :

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Figure 2 : Financement de projet par les contrats : Mousharaka, Istisna’ et Ijara

(1) Contrat Mousharaka


Client Banque
(Collectivité) islamique

(2) Participation X% (2) Participation Y%

(3) Projet : Station


Constructeur Istisna’
d’épuration

(4) Ijara

(5) Encaissement (6) Rémunération et


Société de remboursement du
distribution capital
Revenus des
ventes

 Exemple 2 : Mousharaka, Ijara, Salam et Istisna’ :


La construction d’une centrale électrique au Liban a nécessité la mobilisation des agences
multilatérales de financement, telle que la Banque Islamique de Développement (BID), ou la
Multilateral Investment Guarantee Agency (MIGA), filiale de la banque mondiale. Dans
l’exemple, deux structures projets sont présentes, la première se charge du projet et la deuxième
(société intermédiaire) se charge des flux entre la structure projet et les différents prêteurs.
Figure 3 : Co-financement d’un projet par les contrats Mousharaka, Ijara, Salam et
Istisna’

Agences multilatérales
(BID, FMI…)
Banque A
Promoteur A
(2) Mousharaka
Promoteur B Banque B
Assureurs
Promoteur C Banque C

(1) Apport en (9) Takaful


capital
(6) Ijara Société
Société de
intermédiaire
projet (3) Mousharaka
dégressive (4) Istisna’
(8) Salam (5) Mise à
(7) Contrat disposition
de prestation Sous-traitants
Constructeurs
(maintenance…)
Client

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IV. Les institutions financières islamiques (IFI)
La finance islamique a connu un développement considérable ces deux dernières décennies,
cependant, elle souffre d’obstacles liés à l’hétérogénéité des pratiques et l’inexistence des
marchés financiers adéquats. Nous présentons dans ce qui suit les principales institutions
financières islamiques ainsi que leurs rôles.

IV.1. Le rôle des institutions financières islamique


La finance islamique est devenue une véritable industrie, après être une niche. D’où la nécessité
de création d’un environnement financier international. Dans cette partie, nous allons examiner
la nécessité de créer des institutions financières islamiques en vue de réguler l’activité
financière, normaliser et homogénéiser les pratiques comptables et financières, gérer les
liquidités et développer les marchés financiers internationaux.
IV.1.1. Réguler l’activité financière internationale
Le développement de l’industrie financière islamique impose d’assurer la viabilité et la solidité
des institutions sans pour autant se détourner de la mission essentielle de ces institutions, à
savoir le développement économique, social et la moralisation du système. En effet, il s’agit de
s’assurer que les banques disposent des moyens nécessaires quant à la disponibilité et la
suffisance des capitaux, l’identification et la mesure des risques et les techniques de leur
gestion, le contrôle interne, l’audit externe etc.
Cette régulation s’est imposée à cause de l’expansion rapide de cette industrie et le besoin d’une
régulation spécifique aux institutions islamiques étant donné que la réglementation
internationale est un système global qui ne reconnait pas la différence entre les institutions (que
ce soit banques classiques, sociétés d’investissements, banques islamiques…). La
réglementation internationale émane des recommandations du Comité de Bâle à savoir le ratio
« Mac Donough » qui repose sur trois piliers :
 Pilier 1 : relatif à l’exigence minimale de fonds propres ;
 Pilier 2 : concerne le processus de surveillance de la gestion des fonds propres par les
autorités de contrôle ;
 Pilier 3 : vise à instaurer une discipline de marché à travers l’amélioration de la qualité
des communications financières ;
Les accords de Bâle revêtent une importance particulière dans la réglementation financière de
chaque pays. Son application ressort des compétences des banques centrales des pays qui les
adoptent. La question qui se posera alors est l’adaptabilité de ce ratio aux spécificités des
banques islamiques ?
Cette question a été posée par plusieurs chercheurs qui trouvent que les opérations bancaires
islamiques sont différentes des opérations des banques conventionnelles du fait des restrictions
et des interdictions. En effet, les banques islamiques ne peuvent pas commercer leurs dettes, ni
se permettre des intérêts de retards de paiement. Également, les contrats islamiques sont, par
nature, plus risqués comme le cas des dépôts d’investissements ne présentant pas les mêmes
risques que les comptes courants. En final, les banques islamiques ne peuvent pas faire appel à
la banque centrale pour se refinancer à cause de l’interdiction du Riba.

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Dans le même ordre d’idées, les techniques comptables internationales ne sont pas toutes
adéquates par rapport aux banques islamiques qui doivent élaborer leurs propres états
comptables. Un exemple souvent posé par les praticiens est celui des comptes d’investissement
qui peuvent être intégré dans le capital de la banque ? Être considéré comme des quasi-fonds
propres ? Ou des actifs hors bilan ? Chapra et Khan (2000).
L’étude de l’IIRF (Institut Islamiques de Recherches et de Formation) indique que la
réglementation des banques classiques doit être appliquée par les banques islamiques,
cependant il faut éviter la double réglementation qui pénaliserait et conduirait à une baisse de
leur compétitivité. L’exemple est celui de l’opération Mourabaha qui implique une double
opération de vente souvent taxées séparément dans plusieurs pays, cependant, il fallait
défiscaliser la deuxième opération de vente pour éviter de pénaliser le client.
IV.1.2. Normaliser les pratiques comptables
La mondialisation est un phénomène qui a obligé les institutions financières islamiques à
homogénéiser leurs pratiques comptables. De même, les informations produites doivent être
claires, transparentes, explicites mais surtout comparables. Cependant, le système financier et
comptable de ces institutions demeure peu transparent et peu développé à cause des
réglementations nationales différentes l’une à l’autre, chose qui freine le développement à
l’international de ces institutions. L’harmonisation comptable constitue un processus
d’amélioration et une baisse de diversité des méthodes comptables. La littérature a, dans ce
sens, distingué deux types d’harmonisation (Tay et Parker, 1990 ; Rahman et al, 1996 ;
Canibano et Mora, 2000 ; Parker et Morris, 2001 ; Ampofo et Sellani, 2005 ; Joshi et al, 2008 ;
Nobes, 2013) à savoir une harmonisation comptable informelle qui se réfère à
l’harmonisation des pratiques comptables des organisations, et une harmonisation comptable
formelle qui renvoie à celle des régulations comptables par des organismes de normalisation.
Dans ce contexte, la normalisation comptable serait un facteur indispensable à l’harmonisation
formelle et informelle. Ainsi, la normalisation comptable peut être définie comme étant « pour
objet d’établir des règles communes dans le double but d’uniformiser et de rationaliser la
présentation des informations comptables susceptibles de satisfaire les besoins présumés de
multiples utilisateurs » (Hoarau, 2003). La normalisation de la pratique nécessite
automatiquement l’augmentation de la comparabilité des informations financières (Murphy,
2000). De ce fait, le besoin de création d’organismes spécifiques ayant pour mission
l’harmonisation des pratiques comptables se sent imminent, d’où la création de nombreux
institutions financières internationales (AAOIFI, CSFI…).
En effet, ces institutions ont permis de réduire l’hétérogénéité existante entre les différentes
institutions bancaires islamiques à travers cette normalisation des pratiques. Par exemple,
l’AAOIFI a publié 54 normes47 permettant de traiter, de manière générale, les contrats
financiers islamiques et d’uniformiser les pratiques comptables des institutions financières
islamiques. Cependant, il ne faut pas oublier qu’une harmonisation spécifique et comptable des
banques islamiques peut être un facteur d’exclusion du champ d’harmonisation comptable

47
Accounting and Auditing Organization for Islamic Financial Institutions (aaoifi.com), consulté le 21
février 2022 ;

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internationale, d’où un risque de déconnexion des plateformes financières internationales des
institutions islamiques. Une question qui dépasse le champ de compétence de cette recherche.
IV.1.3. Développer les marchés financiers islamiques
Le besoin de développer des marchés financiers parait indispensable pour l’expansion de la
finance islamique. En effet, les banques islamiques ne peuvent pas prêter/emprunter de l’argent
à cause de l’interdiction du Riba, chose qui a empêché la constitution et le développement d’un
marché financier efficient et a poussé ces banques à développer des mécanismes innovants afin
de financer leurs activités. Plusieurs pays ont essayé de créer de grandes places financières
islamiques organisées. La Malaisie, ou le Bahreïn par exemple ont tenté de créer des marchés
financiers islamiques mondiaux. Tandis que les émissions Sukuks ont contribué au
développement du marché secondaire.
Il existe plusieurs conditions pour qu’un marché financier soit conforme à la Sharia. En premier
lieu, il s’agit des opérations licites où les investisseurs placent leurs épargnes en contrepartie
des profits stables et non dans la perspective de spéculer à court terme. Pour ce faire, une
souscription réelle des titres achetées est nécessaire contre le paiement intégral de ces titres. De
même, l’investisseur doit avoir l’intention de garder ces titres pour une période indéterminée,
chose qui paraît souvent difficile à vérifier sans contrainte explicite.
En deuxième lieu, l’investissement doit être effectué par des instruments licites qui ne se
fondent pas sur l’intérêt ou la spéculation. Sur ce point, les avis des experts divergent
concernant les produits dérivés, d’où la nécessité d’un arbitrage basé sur la Charia. En final, il
s’agit de s’assurer que la société émettrice est licite et que ces activités sont conformes à la
Charia. Ainsi, ne sont pas considérés comme licite des sociétés qui exercent les activités
interdites telles que les banques conventionnelles et les entreprises d’assurance, les entreprises
produisant ou distribuant les produits à base d’alcool, les entreprises produisant ou distribuant
les armes, minutions, drogue, les entreprises de jeux : lotos, paris, etc. De même, un tri financier
quantitatif est effectué en vue d’éliminer les entreprises pratiquant l’intérêt, la thésaurisation ou
très endettées. Il s’agit :
 Le ratio Dettes / Capitalisation boursière doit être inférieur à 33% ;
 Le ratio (Trésorerie + Créances) / Total actif doit être inférieur à 45% ;
 Le ratio intérêt perçus / Total produits doit être inférieur à 5% ;
Les entreprises respectant ces critères constituent un nombre très restreint d’où l’existence d’un
processus de purification des intérêts supérieurs à 5% en les versant à des organismes caritatifs
(Zakat par exemple).

IV.2. Les organismes de normalisation et d’homogénéisation


Faisant état de l’hétérogénéité des pratiques financières islamiques, et l’absence d’une
réglementation uniforme à toutes les institutions financières islamiques, nous avons assisté à la
création d’un nombre important d’organismes telles que l’AAOIFI, la BID, le CSFI, et bien
d’autres organisations qui œuvrent, généralement, de manière coordonnée au développement
de l’industrie financière islamique internationale.

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IV.2.1. La Banque Islamique de Développement (BID)
En l’absence d’une autorité qui impose une réglementation homogène et uniforme, la finance
islamique souffre d’insuffisances et d’hétérogénéité du système qui a freiné son
développement. La BID joue un rôle important en vue de favoriser le développement
économique et le progrès social dans les pays musulmans à travers le monde, en produisant un
impact à grande échelle.
Etablie en 1973 à Djeddah par la conférence des ministres des finances des pays musulmans, la
BID compte actuellement 57 pays musulmans. La BID est basée à Djedda, Arabie Saoudite,
dotée de hubs majeurs (bureaux régionaux) chargés respectivement d’une zone (Maroc,
Malaisie, Kazakhstan et Sénégal) et de bureaux en Égypte, Turquie, Indonésie, Bangladesh et
Nigeria. La BID se base sur cinq piliers dont nous citons 48:
1. La création des partenariats entre les gouvernements, le secteur privé et la société civile
par le biais de partenariats public-privé (PPP).
2. La promotion du développement mondial fondé sur des structures de financement
durables et conformes à la Charia, en tant que leaders mondiaux de la finance islamique.
La banque islamique de développement a de nombreuses filiales spécialisées dans les activités
financières à savoir le fonds d’investissement SIACE (Société d’Assurance des Investissements
et des Crédits à l’Exportation), et la SID (Société Islamique pour le Développement du secteur
privé). D’autres filiales sont chargées par la normalisation des pratiques telle que L’IIRF
(Institut Islamique de Recherches et de Formation) qui contribue activement à l’expansion de
la finance islamique à travers des productions scientifiques : documents de recherches, actes de
séminaires, des réponses aux questions posées, etc.
IV.2.2. L’AAOIFI : L’organisme de normalisation
Le besoin d’harmonisation et d’homogénéisation des informations produites, ainsi que le
problème d’adéquation des standards comptables et financiers spécifiques et les normes
internationales a poussé des groupes bancaires49 à créer un organisme chargé de
l’harmonisation.
L’AAOIFI (Accounting and Auditing Organization for Islamic Financial Institutions) s’est
implantée à Bahreïn en 1991, et compte plus de 200 membres venant de 45 pays 50. Cette
institution est financée par les fondateurs ainsi que les pays membres. Son objectif est le
développement de la comptabilité, l’audit, la gouvernance et la réflexion éthique concernant les
activités financières islamiques en prenant en compte les pratiques internationales,
l’harmonisation des procédures et les techniques comptables adoptées par les IFI, la
promulgation des standards internationaux pour les IFI, la proposition des programmes de
formation en comptabilité et en audit conforme aux règles et principes de la Sharia, etc.

48
Islamic Development Bank | Empowering people, building partnerships, driving innovation (isdb.org),
consulté 24/04/2022 ;
49
Il s’agit d’Al Baraka, Al Rajhi, La BIB (Bahreïn Islamic Bank), la BID (Banque islamique de
développement), Bukhari Capital, la KFH (Kuweit Finance House) ;
50
Accounting and Auditing Organization for Islamic Financial Institutions (aaoifi.com), Consulté le
24/04/2022 ;

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Les normes comptables islamiques de l’AAOIFI sont réparties selon cinq parties à savoir la
comptabilité (les normes FAS), l’audit, la gouvernance, l’éthique et la Charia. De même,
l’AAOIFI a pris comme hypothèse de base : l’unicité de l’entité qui suppose l’indépendance de
l’entité de ces propriétaires, la continuité d’exploitation qui considère que la durée de vie de
l’entité n’est pas définie, et la stabilité du pouvoir d’achat et de l’unité monétaire en vue de
respecter le principe de l’interdiction du Gharar.
A noter que les principes des normes IFRS sont généralement admises par l’AAOIFI. De façon
analogue, ces dernières ne portent pas le caractère obligatoire, comme toute réglementation
internationale, sauf si les instances du gouvernement du pays les adoptent. En effet, si une
norme vienne en contradiction avec l’exigence d’un pays, l’institution doit fournir une
information sur ce point.
IV.2.3. Le Conseil des Services Financiers Islamiques (CSFI/IFSB)
L’IFSB (Islamic Financial Services Board) est une institution internationale de normalisation
qui s’est implantée, à Kuala Lumpur, en 2000 lors d’une conférence tenue à Bahreïn sur
l’initiative de plusieurs grandes banques islamiques, de la BID, l’AAOIFI, et plusieurs autres
organismes financiers internationaux telle que le Fonds Monétaire International (FMI). En
décembre 2021, le CSFI compte 187 membres, comprenant 81 autorités de réglementation et
de surveillance, 10 organismes intergouvernementaux internationales en tant que membres
associés (Banque mondiale, FMI…), et 96 acteurs du marché (institutions financières,
compagnies d’assurances, cabinets professionnels, …) opérant dans 57 juridictions51.
L’IFSB a pour objectif de promouvoir le développement d’un secteur des services financiers
islamiques et transparent en publiant des normes prudentielles mondiales et des principes
directeurs pour le secteur, définis au sens large pour inclure les secteurs de la banque, des
marchés de capitaux et de l’assurance. Ainsi que de fournir des conseils sur la supervision et la
réglementation efficaces des institutions, et le soutien des banques centrales.
Dans ce sens, l’IFSB a publié plus de trente normes concernant la gestion des risques, la
gouvernance, la transparence et la discipline du marché, les critères de conformité à la Sharia.
Ces standards servent de référence pour les missions de contrôle et de supervision des banques
centrales. A noter que la préparation des normes et lignes directrices du Conseil des Services
Financiers Islamiques poursuit une procédure régulière et rigoureuse tel qu’indiqué dans les
« lignes directrices et procédures pour la préparation des normes et des lignes directrices/notes
techniques ». Les procédures mises en place sont vérifiées et examinées par un large groupe de
parties prenantes du secteur financier islamique pour que ces procédures soient de haute qualité,
compréhensibles et réalisables.
IV.2.4. Autres Organismes islamiques
Plusieurs organismes sont créés en vue de supporter l’activité financière islamique à travers le
monde. Nous présentons les organisations les plus connues et ayant un impact important sur le
développement de la finance islamique.

51
Islamic Financial Services Board (IFSB), consulté le 21 février 2022 ;

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IV.2.4.1. L’Association Internationale des Banques Islamiques (AIBI)
L’AIBI a été créée en 1977 à Djeddah. Elle contribue au renforcement des liens entre les
institutions financières islamiques, ainsi que la coopération entre elles. De même, Cette
association fournit de l’assistance technique dans le développement du système financier
islamique à travers la formation d’une main d’œuvre qualifiée. Ainsi, l’AIBI veille à assurer le
respect du caractère islamique par la promotion du secteur bancaire islamique. Également,
l’association représente les banques islamiques au niveau national et international et sert de
médiateur et d’arbitres dans les litiges entre ces banques.
IV.2.4.2. International Islamic Financial Market (IIFM)
Créé à Bahreïn en 2001, à l’initiative des banques centrales des pays du Golf, de l’Asie du Sud-
est et de la BID. L'IIFM est hébergé par la Banque centrale de Bahreïn (CBB) en tant
qu'institution internationale neutre et sans but lucratif de développement des infrastructures
islamiques, par les efforts collectifs des pays membres. L’IIFM a pour mission de promouvoir
le développement et la régulation des marchés en se concentrant sur la normalisation des
contrats financiers et des modèles de produits conformes à la charia. Elle apporte des réponses
quant à la création de nouveaux mécanismes financiers propice à la négociation des instruments
islamiques sur le marché secondaire.
IV.2.4.3. Agence Islamique Internationale de Notation (AIIN/IIRA)
De concept similaire aux agences de notation internationale, L’IIRA (Islamic International
Rating Agency) a été implanté à Bahreïn en 2000 à l’initiative de grandes banques islamiques
et la BID. Cette dernière reste un actionnaire de premier plan et exerce une surveillance par le
biais de son représentant, en tant que président du conseil d'administration. L’objectif de l’IIRA
est d’évaluer les banques islamiques et de rassurer les investisseurs. Il s’agit d’un instrument
indispensable à l’amélioration des modes de gouvernance des banques islamiques et
d’homogénéisation, ainsi que le développement des marchés de capitaux. L’IIRA fournit des
évaluations indépendantes aux émetteurs et aux émissions qui se conforment aux principes de
la finance islamique.
IV.2.4.4. Liquidity Management Center (LMC)
Installée en Bahreïn depuis 2002, le LMC est le résultat de la collaboration entre trois grandes
banques islamiques à savoir : la BIB (Bahreïn Islamic Bank), la DIB (Dubaï Islamic Bank) et
KFH (Kuwait Finance House). Elle vise à mettre en place un marché monétaire interbancaire,
afin de mieux gérer les liquidités, et de réaliser des opérations de trésorerie de court terme, tout
en étant conforme à la Charia.
Après avoir fait le point sur les différents éléments qui peuvent détailler et présenter la finance
islamique, nous passons à sa comparaison avec le système financier conventionnel.

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Section 2 : Etude comparative entre le système financier conventionnel et
islamique
Après avoir présenté de manière détaillée la finance islamique, et en particulier les banques
islamiques, nous devons passer à une comparaison entre le système financier conventionnel, ou
classique et islamique. L’objectif de cette section est de comprendre les points de différence,
mais également de similarités, entre ces deux systèmes qui cohabitent depuis longtemps dans
plusieurs pays. Ainsi, nous commençons notre comparaison par une présentation des
particularités qui distinguent les banques islamiques, tout en faisant état d’un élément essentiel
à savoir la gestion de la Zakat, qui prend une ampleur importante dans la pratique des
musulmans. Ainsi, nous exposons brièvement les règles de calcul de la Zakat, ainsi que les
méthodes de sa gestion. Le deuxième point de cette section se procure à l’analyse des risques
communs et spécifiques aux banques islamiques. En effet, le risque est considéré comme un
élément inhérent à l’activité bancaire, et devra être gérer de façon continue par les opérateurs
bancaires, tant que les firmes islamiques font face à des risques qui sont spécifiques à leurs
activités. Ceci nous amène à exposer les différents modes de gestion de risques inspirés de la
pratique conventionnelle.
I. Les particularités des banques islamiques
La pratique de la finance islamique, et des banques islamiques, se diffère avec le système
financier conventionnel. En effet, les règles de gouvernance des institutions financières
islamiques, bien qu’elles soient proches des règles conventionnelles, intègrent des particularités
liées à l’obligation de création d’un comité de la sharia et l’instauration d’une culture éthique.
Dans le même contexte, la fonction traditionnelle d’intermédiation bancaire (basée sur le PPP),
et la communication financière et comptable sont différentes dans le contexte financier
islamique. Cette différence notable dans les fonctions essentielles d’une banque implique une
spécification des systèmes d’information de gestion. Dans ce qui suit, nous allons présenter de
manière détaillée ces particularités.

I.1. Les règles de gouvernance


Les règles de gouvernance des banques islamiques sont particulièrement différentes de celle
des banques conventionnelles. En effet, la nature de la relation entre les déposants et la banque
islamique est une relation de partenariat dans lequel le fruit de l’activité est partagé entre les
deux agents économiques. De même, la finance islamique promeut le développement de
l’activité dans le respect des règles morales et religieuses islamiques 52. L’organigramme des
banques islamiques se différencie par une structure faisant intervenir deux organes à savoir les
organes de gestion (assemblée des actionnaires, conseil d’administration…), et les organes de
contrôle (comité Shariah, audit interne et externe).
I.1.1. La structure organisationnelle
Dans une entité organisationnelle d’une banque islamique, nous différencions entre les organes
de gestion à travers l’assemblée générale des actionnaires et le conseil d’administration, et les
organes de contrôle chargés de la conformité aux principes de la Sharia.

52
Guéranger, F., Finance islamique, p.273 ;

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I.1.1.1. Le conseil d’administration
Le conseil d’administration est désigné dans les statuts par l’assemblée des actionnaires, il
comprend des administrateurs, en principe musulmans, chargé du bon fonctionnement de la
banque et de sa gouvernance pour une durée du mandat définie à 3 ans. Tout de même, le
nombre des administrateurs, les pouvoirs et les modalités de fonctionnement du conseil
d’administration sont définis par les statuts. En effet, l’examen des structures des conseils
d’administration des grandes banques islamiques nous fait remarquer les règles suivantes :
 Le conseil d’administration compte un nombre compris entre 8 et 11 ;
 Le président du conseil d’administration assume des fonctions clés de management ;
 Le contrôle est entre les mains d’un des membres de la famille (Dar Al Maal Al Islami
Trust…) ;
Dans les groupes à grande présence internationale, les membres du conseil d’administration
peuvent faire partie de plusieurs banques et institutions. Ainsi, certains administrateurs de Dar
Al Baraka sont également administrateurs de l’AAOIFI, de la GFH, de l’IFSB, etc. A noter que
certaines banques ont choisi de créer plusieurs comités tels que des comités d’investissements,
des comités de management des risques et des comités de recrutement et de rémunération afin
d’assurer la bonne gouvernance de son système de gestion.
I.1.1.2. Les dirigeants
L’AIBI défini les conditions pour être un gouverneur (dirigeant). Ainsi, « Un gouverneur doit
être un musulman, acquis au principe même de la finance islamique, capable d’élever ce
principe au niveau d’un acte de foi et de lutter pour sa réalisation… Il doit être un homme
politique avant d’être un homme d’action. Point n’est besoin pour lui d’être un spécialiste dans
le domaine bancaire » (Al Naggar, 1983).
Le gouverneur assure, donc, un double rôle, potentiellement contradictoire, entre le respect des
valeurs éthiques et religieuses et la logique d’efficience (Siagh, 2003). Pour réconcilier entre
ces deux rôles, Siagh mise sur deux préconisations. D’abord, le dirigeant doit mettre en œuvre
une culture éthique (Souloukiat) au sein de la banque, et d’une culture organisationnelle à
travers la formation du personnel (culturisation). De même, le gouverneur doit sensibiliser le
comité de la Sharia sur la nécessité d’assurer la compétitivité et la viabilité commerciale de la
banque et d’impliquer ses membres dans la définition des objectifs stratégiques.
Les dirigeants des banques islamiques sont soumis à des règles de gouvernance à la fois éthique,
managériale et actionnariale. Ce rôle est d’autant plus difficile lorsqu’on prend en compte
certains critères tels que la zone d’implantation (Zone Chiite, ou Sunnite), le type de propriété
de la banque (banque locale ou étrangère), caractère de la banque (banque d’investissement ou
de détail). Ce dernier point est important dans la mesure où les clients particuliers considèrent
le caractère Halal comme condition primordiale du choix de la banque (et non la rentabilité).
Conséquence, l’image de la banque et sa notoriété sont indispensables.
I.1.1.3. L’audit interne et externe
Les audits internes et externes permettent de s’assurer de la régularité et de la transparence de
la banque. Il s’agit d’un point critique identifié par la plupart des recherches comme étant la

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cause principale des défaillances et des crises financières. De ce fait, le processus d’audit doit
jouer un rôle déterminant dans la stabilité et la solidité des institutions financières islamiques.
La transparence et la comparabilité entre banques passe par la diffusion d’informations
nécessaires telles que la structure du capital qui permet de vérifier la qualité du capital et sa
capacité à absorber les pertes, la politique de calcul et gestion des risques, et le respect des
normes de comptabilité relatifs au calcul des profits et pertes.
Les audits internes revêtent une importance particulière dans la mesure où ils doivent vérifier
l’existence d’un système de partage des profits et des pertes et respectant les règles définies
entre les parties prenantes. De même, il faut vérifier que des procédures de soumission
systématiques au comité de la Sharia sont prévues pour les produits ou les contrats nécessitant
un examen particulier.
Les auditeurs externes disposent d’un rôle plus large puisqu’ils ne se limitent pas à l’examen
des comptes financiers, et à la conformité à la réglementation des publications financières. Ils
ont pour vacation l’amélioration de l’efficacité économique de l’entité auditée. En outre, les
auditeurs externes travaillent pour le compte des Stakeholders (Actionnaires), tandis que les
auditeurs internes travaillent pour le compte de la direction. De ce fait, les auditeurs externes
sont nommés par l’assemblée générale des actionnaires et choisis pour leur compétence et
indépendance (code de déontologie).
I.1.1.4. Le comité de la Shariah
Le comité ou le conseil de la Sharia est : « Une entité indépendante de conseillers spécialisés
dans la jurisprudence islamique chargée de passer en revue et de superviser les activités de la
banque islamique pour assurer leur conformité avec les principes de la Sharia » (Charpa et
Khan, 2001). Bien entendu, le comité doit vérifier la licéité des opérations et des activités, mais
également de vérifier que la banque a respecté les engagements des contrats et que ces
opérations sont créatrices de richesses pour le client, la banque et la communauté. Le comité de
la Sharia est nommé par l’assemblé générale des actionnaires. Ce conseil est à l’ordre de 6 ou
7 membres selon les considérations et les choix faites par la banque.
Les membres de la Sharia Board (SB) doivent être des Oulémas ayant la compétence exigée
pour pratiquer l’Ijtihad. Cette condition est subordonnée à d’autres conditions telles que la
connaissance accrue des principes directeurs de la loi islamique, une connaissance suffisante
de la langue arabe et des questions du consensus, une maîtrise de la méthodologie du
raisonnement relatif à l’interprétation des textes, l’obtention de l’approbation de ses pairs
comme savant notamment en matière de Fiqh, et Être savant en matière de normes et règles
jurisprudentielles.
Il ne faut pas oublier que les membres des conseils de la Sharia peuvent siéger dans différentes
banques, parfois concurrente, ce qui a impliqué une limitation du nombre des établissements
dans lesquels un jurisconsulte peut siéger malgré la rareté de ces profils. De même, le choix du
jurisconsulte est capital que les rapports financiers peuvent intégrer leurs noms et les
Curriculum vitae (CV) en vue de renforcer la crédibilité et la notoriété de la banque. Finalement,
la question de la rémunération des membres reste peu évoquée mais, ils sont payés par la
banque, ce qui ne manque pas de soulever la question de leur indépendance. La principale
difficulté pour le conseil de la Sharia est le manque de jurisprudence en matière religieuse, ainsi

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que les interprétations différentes des textes (Causse, 2012). Encore, si les règles à respecter ne
sont pas formalisées, la tâche devient plus complexe.
I.1.2. L'intermédiation bancaire
L’intermédiation bancaire est une tâche historique des banques traditionnelles, en transférant
l’épargne des agents économiques (ressources) à des investisseurs en recherche de liquidités. Il
s’agit d’un rôle primordial dans le développement économique, malgré une tendance continue
à l’utilisation directe des marchés de capitaux. La banque islamique est définie selon Khoja
(2005) comme étant : « une institution financière ayant pour but de collecter des fonds et
d’investir, tout en restant dans les limites de la Charia islamique, et ce, dans l'optique de
réaliser un certain équilibre social ainsi qu'une répartition équitable de la richesse ». Cette
particularité à référence religieuse n’empêche pas les banques islamiques à fixer les mêmes
objectifs que les banques conventionnelles, cependant, est ce que la nature de l’intermédiation
bancaire est différente l’une de l’autre ?
En effet, la relation qui marque les déposants à la banque islamique est une relation de
partenariat dans laquelle les profits et les pertes sont partagés entre les parties, contrairement
au système bancaire conventionnel. Ce qui rend donc la plus-value des épargnants directement
liée au rendement des projets, à leurs qualités et donc à la performance des banques islamiques
(Siddiqi, 2006). Tout de même, les mécanismes de financement des emprunteurs doivent
respecter les principes de la sharia, du fait de l’interdiction du Riba et du Gharar, ainsi que les
activités illicites. L’approche de la banque islamique est basée sur l’encouragement des
investissements et la prise de risque à condition que ce risque soit supporté par les deux parties
(Toussi, 2010), ce qui s’oppose aux banques conventionnelles. En outre, cette dernière
s’intéresse à l’historique et à la solvabilité de l’emprunteur, à l’inverse de la banque islamique
qui se préoccupe par les compétences de l’emprunteur et par le potentiel du projet.
De la même manière, la banque islamique est fondée, dans son objectif et ses opérations, sur
les principes de la Charia. Ces principes interprétés du Coran et du Sunna interfère dans tous
les domaines de la vie du musulman et les obligent à s’aligner sur les préceptes islamiques,
alors que les autres institutions financières conventionnelles ne sont contraintes à aucune
condition religieuse. Une particularité référente aux banques islamiques est la possibilité de
mélanger leurs fonds propres avec ceux des clients par le biais des contrats Moucharka ou
Moudharaba en vue de former un pôle d’investissement, en partageant les rendements et les
risques. Ce principe majeur de partage de profits et pertes permet à la banque d’avoir la capacité
d’absorber les chocs sur le rendement des actifs.
Une autre différence critique tient du fait de la cohabitation des deux systèmes financiers dans
un même pays, ce qui implique une concurrence rude afin d’attirer les clients potentiels.
Abstraction faite des convictions religieuses, un client peut choisir de changer de banque
islamique à une banque conventionnelle pour avoir un rendement satisfaisant et supérieur. Cet
abandon, s’il se multiplie, engendra une instabilité financière pour les banques islamiques.
Cette situation oblige les banques islamiques à lisser les taux de rendement afin de protéger et
fidéliser les clients, en cas de fluctuations défavorables des rendements, et d’éviter une crise de
liquidité liée à un retrait massif des dépôts (Ahmed et Khan, 2001). Cette pratique consiste à
manipuler les comptes de réserves en vue de converger le rendement au seuil défini ou au seuil

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de marché. Dans ce cas, la banque lissera les revenus et puisera ces réserves en cas
d’insuffisance de rendement, dans le cas contraire, elle mettra le surplus dans les réserves. Les
deux comptes de réserves utilisés sont :

 Le PER (Profit Equalization Reserve) : Il s’agit des réserves déduites à partir du


résultat avant le partage entre la banque et ses clients ;
 L’IRR (Investment Risk Reserves) : qui est déduit du résultat après déduction de la
part de la banque ;
Cette pratique permet à la banque de faire face au risque de retrait des fonds. Ainsi, le PER est
utilisé pour converger le rendement au seuil de rentabilité souhaité, tandis que l’IRR est utilisé
pour couvrir les pertes des clients contre un rendement négatif. Dans ce contexte, l’AAOIFI
recommande aux banques islamiques d’adopter les provisions dynamiques en vue d'anticiper
le risque de crédit. Cette méthode consiste à établir des provisions sur prêts en tenant compte
des pertes attendues plutôt que des pertes réelles. De même, cette politique de provisions
dynamiques contribue à prévenir et couvrir les pertes sur les créances tout au long du cycle de
prêt, elle permet aussi à la banque d'avoir des fonds de sécurité qui peuvent être utilisés pendant
les périodes de crise économique. Cette pratique peut être utilisée indépendamment de la nature
de la banque. Elle permet enfin de renforcer la solidité de la banque et contribue à limiter la
procyclicité des prêts (Pérez et al, 2008 ; Laeven et Majnoni, 2003). L’objectif principal de ces
réserves est donc d’atténuer la fluctuation des taux de rendement et de faire face au risque
appelé « risque commercial déplacé » (Archer et Rifaat, 2007 ; Fiennes, 2007).
I.1.3. La communication financière et comptable
Les contrats établis avec les clients sont reflétés dans les écritures comptables des banques
islamiques. Ces relations contractuelles se font sur la base des contrats nommés, ce qui nécessite
une adaptation du mode de fonctionnement et du système d’information comptable. Dans un
souci de convergence avec les normes internationales IFRS, l’AAOIFI a développé des normes
comptables spécifiques aux banques islamiques. Cependant, elles peuvent se trouver
contraintes à appliquer les normes IFRS, ou les normes spécifiques d’un pays afin de se
conformer à ses règles comptables. Pareil, les choix comptables et les annexes peuvent varier
d’une réglementation à une autre, et d’une banque à une autre. Les différents documents
financiers à publier par les banques islamiques suivant les normes de l’AAOIFI sont53 :
I.1.3.1. Le bilan
A l’actif du bilan, nous trouvons les éléments classés par ordre de liquidité, en commençant par
la trésorerie, les créances (Mourabaha…), les actifs financiers, immobiliers, commerciaux…,
les biens et les équipements. En outre, le bilan ne fait apparaître aucun stock du fait de l’activité
financière des banques, cependant, les opérations bancaires nécessitant un transfert de propriété
au client acheteur, le stock est logé dans une autre rubrique. Sans doute, le montant de la
trésorerie reste élevé comparativement à celui des banques conventionnelles, cependant, cette
trésorerie n’est pas génératrice d’intérêts. Au passif, le classement est effectué sur la base de
l’exigibilité décroissante. Les dettes représentent les contrats Moudaraba et Mousharaka, tandis

53
Accounting and Auditing Organization for Islamic Financial Institutions (aaoifi.com), consulté le
10/02/2021 ;

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qu’une partie du passif représentent les réserves de la banque, ainsi que son capital. Également,
plusieurs banques choisissent de présenter leurs comptes selon le principe de la « Juste valeur »,
ce qui témoignera l’application du principe des normes IFRS.
D’autres éléments peuvent être logés dans le hors bilan comme des comptes d’investissement
limités où les fonds gérés par mandat pour les clients. De même, la stratégie sociale et sociétale
de la banque est présentée dans le hors bilan parce qu’elle ne peut pas être traduit dans les
chiffres, exception faite des opérations de financements d’organismes de charité.
I.1.3.2. Le compte de résultat
Le modèle du compte de résultat peut être présenté selon le modèle différentiel préconisé par
l’AAOIFI, ou selon le modèle classique. A notre première lecture, nous remarquons que la
plupart des banques islamiques mondiales présentent une structure assimilée à celle d’une
banque conventionnelle. Cependant, nous remarquons l’absence des produits et des charges
d’intérêts, ce qui est totalement légitime. En outre, le résultat avant distribution est relativement
élevé comparé aux banques classiques du fait de l’importance des parties prenantes qui
reçoivent leurs parts de résultat. D’abord, les déposants, et puis les différents organismes (fonds
Zakat…), rémunération des administrateurs, etc. Finalement, le résultat de l’année est attribué
aux actionnaires et aux minoritaires.
I.1.3.3. Le tableau des flux de trésorerie
Il fait apparaître trois sous totaux à savoir les opérations d’exploitation qui constituent le
bénéfice de l’année ajusté des opérations de dépréciation, d’impayés, de dividendes, diminué
des créances, des actifs loués. Ensuite, les opérations d’investissements qui représentent les
participations, les dividendes reçus, les actifs financiers…, ainsi que les opérations de
financements (dividendes payés, Zakat, émission d’actions…). Le résultat de ces opérations
constitue les flux nets de financement qui sont augmentés ou diminués de la variation (positive
ou négative) de la trésorerie de fin de période et la trésorerie de début de période.
I.1.3.4. Le tableau de variation des capitaux propres
Le tableau de variation des capitaux propres est un état de synthèse faisant ressortir les
divergences constatées entre la variation des capitaux propres de l’exercice en cours et le
résultat de la même période. Il permet d’isoler les variations dues aux opérations de structure
telles que les augmentations et les diminutions de capital, les subventions d’investissements,
les changements des méthodes comptables. Ce tableau est d’importance majeur pour les
banques islamiques du fait que les capitaux propres constituent un élément non négligeable de
la partie du haut du bilan.

I.2. Le système d’information de gestion


Les banques islamiques doivent concevoir leur propre système d’information de gestion afin de
répondre à leurs besoins spécifiques. L’objectif de ce système est d’optimiser la rentabilité et
d’effectuer une analyse de l’activité bancaire par segment (Causse, 2012).
I.2.1. Le problème de calcul du taux de placement et de financement
Parmi les problèmes récurrents des banques islamiques, nous trouvons le calcul des taux de
placement et de financement qui ne sont pas fixés préalablement. Contrairement aux banques

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conventionnelles qui essaient de maximiser le gap entre la rémunération des déposants qui
constituent le taux de collecte ayant un coût, et la fourniture des fonds qui entraîne un taux de
placement ayant un revenu. L’écart correspond à son PNB (produit net bancaire).
Dans le cas des banques conventionnelles, tous les fonds (ressources comme pool unique) sont
mis en commun pour financer les emplois multiples (pools multiples). Elles essaient de
concilier les ressources et les emplois selon leurs maturités, ce qui implique que les dépôts à
vue sont utilisés pour des crédits à court terme et vice versa. Ce raisonnement permettra à la
banque de calculer la rentabilité respective de chaque pool qui peut être calculée et surveillée à
travers l’écart entre le taux de placement et le taux financement.
Le problème posé par les banques islamiques est que les ressources engagées entraînent des
coûts implicites liés aux charges d’exploitation, auxquelles s’ajoute la rémunération exigée par
les déposants. La banque doit donc maximiser sa rentabilité afin de distribuer le plus possible
de bénéfices aux investisseurs. Dans ce contexte, le coût des capitaux en cas de pool unique
sera donc :
(Rémunération des dépôts + Charges d’exploitation) x 100
Coût des capitaux = ------------------------------------------------------------------------
Ressources totales ;
Tandis qu’en cas de pool multiple, les ressources sont affectées aux emplois selon la durée (les
dépôts d’investissements sont utilisés pour financer des contrats Istisna’). Ceci suppose
l’existence d’un système d’information assez sophistiquée afin de gérer les multiples opérations
de calculs et d’analyses de rentabilité. Se pose alors la question de détermination du résultat à
prendre en considération, tant que les taux de placement et de financement ne sont pas fixés à
l’avance. De surcroît, si le taux de partage est fixé à l’avance dans le contrat, le niveau de
résultat est une variable à déterminer.
I.2.2. Le problème du Partage des Profits et des Pertes
Les déposants ont la possibilité d’opter pour des dépôts standards (ou illimités) où ces déposants
participent au résultat de la banque, ou les dépôts affectés (limités) que leurs rentabilités sont
fonction de l’investissement considéré. Le calcul de la rentabilité sera de manière différente
selon le choix préféré.
I.2.2.1. Les dépôts limités
Dans ce cas, un compte spécial d’investissement est ouvert pour chaque projet, en retraçant les
mouvements comptables explicatifs de l’opération dans un document appelé « note de crédit ».
Ainsi, la rémunération est calculée à l’échéance du projet, après retrait des charges directement
liées à cet investissement. Les charges générales sont couvertes par la participation de la
banque, parce qu’elles sont difficilement répartissables.
Les comptes d’investissements limités sont, généralement, présentés hors bilan, ce qui implique
que ces dépôts ne sont pas inclus dans la comptabilité financière de la banque.
I.2.2.2. Les dépôts illimités
Pour ce qui est des dépôts standards, les fonds des déposants sont mélangés avec ceux de la
banque. Se pose donc le problème du résultat à considérer et de sa répartition. L’existence d’un

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système d’information de gestion est indispensable pour effectuer une répartition équitable des
charges indirectes, en vue de calculer le résultat pour chaque catégorie. Tout de même, la
répartition du résultat doit être effectuée en tenant compte du poids de chaque déposant
(montant mis en investissement) et la durée pour laquelle estime investir. La méthode utilisée
pour cet objectif est la méthode des nombres, utilisée pour le calcul des intérêts débiteurs par
les banques conventionnelles ou la méthode Numars pour les banques islamiques. Cette
méthode permet d’homogénéiser les soldes en ramenant chaque unité monétaire à l’unité
monétaire par jour. L’exemple présenté ci-après éclaircira la méthode de calcul :
Déposant 1
Date Dépôts Retraits Soldes Nombres Explication
1/2/N 60 000 60 000 1 800 000 60 000 x 30 jours
1/3/N 30 000 90 000 1 800 000 30 000 x 60 jours
1/5/N 90 000 0 0 -
Total 90 000 90 000 - 3 600 000 -
Déposant 2
Date Dépôts Retraits Soldes Nombres Explication
1/1/N 50 000 50 000 1 500 000 50 000 x 150 jours
1/6/N 50 000 100 000 2 700 000 100 000 x 90 jours
1/9/N 100 000 0 -
Total 100 000 100 000 - 4 200 000 -
Supposons que le résultat à répartir est de : 250 000 U.M., avec 60% pour la banque et 40%
pour les déposants.
 Le déposant 1 = (250 000 x 0,4 x 3 600 000) / (3 600 000 + 4 200 000) = 46 KUM ;
 Le déposant 2 = (250 000 x 0,4 x 4 200 000) / (3 600 000 + 4 200 000) = 54 KUM ;
Nous voyons que l’effet poids et temps de la monnaie sont prises en considération par cette
méthode de façon équitable, ce qui justifie son utilisation par les banques islamiques.
I.2.3. La rentabilité par segments
Le critère de la segmentation peut changer en fonction de la stratégie de la banque. Il peut être
segmenté selon les produits, le domaine d’activité stratégique, ou par entité organisationnelle
(agence, succursale).
I.2.3.1. La segmentation par produits
Le calcul de la rentabilité se fait distinctement entre les ressources (comptes de dépôts) et les
opérations de financement (les produits). La rémunération des comptes est effectuée selon sa
catégorie (dépôts limités, ou illimités), tandis que les produits sont calculés comme suit :
 Marge brute = rémunération reçue – coût des ressources ;
 Marge nette = marge brute – coût de gestion des emplois ;
 Taux de rentabilité = marge nette / encours moyen ;
Le calcul des charges d’exploitation et leurs répartitions est facile à opérer puisque la
segmentation est opérée par type de produit entre les différents types d’opérations.

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I.2.3.2. La segmentation par domaines d’activités stratégiques
Il s’agit de faire la distinction entre le segment des particuliers, des entreprises et des opérations
de trésorerie (marché monétaire). D’autres banques choisissent la segmentation suivant le
domaine d’activité, la zone géographique, ou encore le résultat par segment. Le problème qui
se pose par cette segmentation est la non-comparabilité des informations entre les banques qui
n’utilisent pas la même segmentation.
I.2.3.3. La segmentation par entité organisationnelle
La segmentation par entité organisationnelle pose les mêmes problèmes rencontrés par les
banques conventionnelles. Il s’agit des choix relatifs à la fixation d’un prix de cession interne,
la création d’un pool unique ou multiples, et la prise en considération des flux bruts ou nets
(Causse, 2012).
Cette segmentation considère que les entités sont assimilées à des centres de profits. Dès lors,
un prix de cession interne doit être fixé en vue de rémunérer les agences performantes qui font
bénéficier les autres agences, et de facturer un malus pour les agences en déficit. Cette méthode,
calculée sur la base des intérêts pour les banques conventionnelles, doit se reformuler pour
déterminer une méthode de calcul adaptée au contexte des banques islamiques.
Dans le même sens, l’on doit décider si les transactions entre les entités seront transférées en
valeur brute ou nette, c’est-à-dire que l’entité recevra les flux de ressources et enverra les flux
d’emplois, ou qu’elle ne va recevoir/envoyer que le solde des opérations. A cet effet, le choix
serait fonction du prix de cession interne fixé, et la motivation de chaque agence. Il est familier
d’utiliser une rentabilité par client pour les gros déposants dans les banques d’investissement
en le considérant comme un client unique, afin de faciliter la tenue de ces comptes.

I.3. La Zakat : Elément spécifique aux banques islamiques


La Zakat est le troisième pilier de l’Islam. Elle correspond à une purification spirituelle sous
forme d’impôt versé à l’une des huit catégories de bénéficiaires (Cekici, 2009) 54. Le seuil
d’imposition ou le « Nisab » pour cet impôt est de 83 grammes d’Or. Il s’agit d’une aumône
obligatoire pour tout musulman et dont la gestion est du ressort de l’Etat.
L’objectif de la Zakat est la lutte contre la pauvreté et l’exclusion. De même, elle purifie l’âme
en faisant de l’homme le maître de l’argent et non pas son esclave et la purifie de l’avarice et
de la cupidité. Elle a donc une fonction sociale, sociétale et spirituelle et non pas seulement
économique.
I.3.1. La définition de la Zakat
La Zakat est une « aumône obligatoire » dont doit s’acquitter tout musulman ayant atteint le
seuil imposé. Elle a une connotation spirituelle et comporte une dimension de purification et
une dimension de redistribution. La Zakat est « l’adoration de Dieu par le moyen des biens
comme la prière est l’adoration de Dieu par le corps ». Elle contribue à la stabilité et la sécurité
de la société islamique, et constitue une ressource importante à l’Etat musulman.

54
Verset 60 de la 9ème Sourate du Coran Source : Cekici, I., (2009), Du filtrage islamique, Les cahiers
de la finance islamique n°1, Ecole de Management de Strasbourg p. 17 ;

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Tout de même, la Zakat joue un rôle actif dans la lutte contre la pauvreté, dans la prise en charge
des nécessiteux et la protection de la nation de l’usure. Ainsi, nous pouvons distinguer entre
deux types de Zakat :
 Zakat Al-Fitr : versée à l’occasion de la fête marquant la fin du Ramadan. Elle peut
être distribué en nature ;
 Zakat Al-Mal : Elle est calculée sur la base des biens et des revenus, et correspond à
2.5% des revenus nets. Elle doit être acquittée annuellement ;
I.3.2. Gestion de la Zakat
La loi de chaque pays peut exiger ou non la collecte de la Zakat par la banque ou par elle-même.
Si la banque décide de collecter la Zakat, elle doit la comptabiliser comme étant une charge non
opérationnelle pris en compte dans le calcul du résultat. Dans le cas où les actionnaires
demandent à la banque d’agir comme agent. Elle calcule et retient la Zakat sur les profits
distribués. S’il n’y a pas de profit la banque paie la Zakat et dispose d’une créance vis-à-vis des
actionnaires. Le taux courant de la Zakat est de 2,5% des revenus nets, de 5% à 10% sur les
revenus des récoltes des terres irrigués ou non irrigués, et de 20% sur les ressources minières.
Le taux pour les éleveurs d’animaux varie en fonction du nombre de tête de bétail.
L’AAOIFI a élaboré un standard pour la détermination de la base de la Zakat et à sa
comptabilisation. Il précise que les actifs doivent être évalués à leur valeur au moment du calcul
et que la banque doit publier l’information sur le fait que la banque a l’obligation ou non de
collecter et redistribuer la Zakat55, sur le montant dû respectivement par chaque détenteur d’une
part de capital et par les détenteurs de comptes d’investissements. La répartition de la Zakat est
effectuée selon les prescriptions du Coran (Sourate 9, V 60) aux :
 Les besogneux (Musulmans) ;
 Et pour les pauvres (même les habitants non musulmans) ;
 Et pour ceux dont les cœurs sont à gagner ;
 Et pour ceux qui sont lourdement endettés ;
 Et pour l’enfant de la route… ;
Lorsque les ressources de la Zakat sont élevées, elle est utilisée pour l’aide à la création
d’emploi, ou dans des projets de développement économique et social. Dans ce sens, la fonction
de la Zakat est clairement économique, mais surtout sociale, sociétale et spirituelle.
Toute banque islamique doit gérer un fonds spécial dédié à la Zakat, indépendamment des
autres dépôts, et sous le contrôle du conseil religieux de surveillance. Ce compte enregistre les
versements effectués par tout musulman souhaitant s’acquittant de son devoir, ou encore les
versements à titre de purification en ce qui concerne les produits provenant d’activités illicites.

II. Les risques communs et spécifiques et leurs modes de gestion


Le risque est un aspect inhérent à l’activité bancaire qui doit être gérer de façon permanente.
En fait, les banques islamiques font face aux risques classiques qui sont partagés avec leurs

55
FAS 9 : ZAKAH, AAOIFI / Accounting and Auditing Organization for Islamic Financial Institutions
(aaoifi.com), consulté le 21/02/2022 ;

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consœurs conventionnelles. De surcroît, elles se trouvent amener à gérer des risques spécifiques
liés au respect des principes islamiques. Dans la suite, nous présentons les risques communs et
les risques spécifiques des banques islamiques.

II.1. Examen des risques communs entre les banques conventionnelles et


islamiques
Les banques islamiques font face aux risques bancaires traditionnels similaires aux banques
conventionnelles. De surcroit, elles sont exposées aux risques spécifiques inhérents à leurs
activités (Khan et Ahmed, 2001 ; Grais et Kulthunga, 2007). Les risques classiques ou
communs aux banques sont le risque de crédit, le risque de marché, le risque de liquidité et le
risque opérationnel que nous allons développer dans ce qui suit.
II.1.1. Le risque de crédit
Le risque de crédit, ou le risque de contrepartie est un risque délicat et difficile à gérer, qui doit
être surveillé de manière permanente. Il est généralement défini comme étant : « Le risque
potentiel qu'une contrepartie ne remplisse pas ses obligations conformément aux conditions
convenues, c'est-à-dire lorsque la contrepartie se trouve dans l’incapacité de répondre
pleinement à ses obligations à la date prévue »56. Charpa et Khan (2000) soulignent que
plusieurs facteurs augmentent le risque de crédit au sein des banques islamiques à cause des
modes de financement basés sur le PPP, et des opérations commerciales d’achats et ventes, la
prohibition de l’intérêt qui ne permet pas un rééchelonnement de dette avec marge renégociée,
et l’utilisation limitée des instruments de couverture des risques.
Ce risque est donc dû à la volatilité des flux de trésorerie qui sont causées par le défaut de
paiement, ou par le retard de paiement d’une contrepartie. Il se manifeste dans les contrats
participatifs (Mousharaka et Moudaraba) par une mauvaise performance des partenaires, ce qui
vaut une perte du capital. Pour les contrats Mourabaha et Salam, le risque peut être de non-
recouvrement des créances ou de retard du paiement, sachant que les intérêts de retard ne
peuvent être appliqués dans le monde de la finance islamique. Ce dernier point est intéressant
puisque certains jurisconsultes autorisent les banques à indemniser les dommages causés par le
retard de paiement. Par la suite, le comité de la Sharia peut décider si cette indemnité peut faire
profiter la banque ou qu’elle doit être reverser à des œuvres caritatives. Dans la suite, nous
présenterons un tableau récapitulatif des risques de crédit par type de contrat dans les banques
islamiques :
Tableau 2 : Les risques de crédit par type de contrat
- Défaut/retard de paiement de l’acheteur du bien financé par la banque
islamique.
- Les pénalités de retard ne peuvent être appliquées.
Mourabaha - Annulation du contrat par le client donneur d’ordre : l’une des conditions de
validité de Mourabaha est basée sur le fait que la banque doit acheter le bien
et transférer ensuite le droit de propriété au client.
- L’ordre émanant du client ne constitue pas un contrat de vente mais une

56
Conseil des Services Financiers Islamiques (CSFI), principes directeurs de gestion des risques pour
les institutions (hors institutions d'assurance) n'offrant que des services financiers islamiques, Décembre
2005 ;

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simple promesse d’achat.
- Le client peut renoncer à la promesse de vente. C’est le risque de
contrepartie le plus important émanant du contrat Mourabaha.
- Non livraison du bien par le fournisseur d’où aucune obligation de paiement
du client donneur d’ordre.
- Retard/défaut de livraison du bien à la date convenue selon la qualité et la
quantité spécifiée dans le contrat.
- Quand le Salam est adossé à un Salam parallèle, le défaut ou le retard de
livraison par le vendeur est susceptible d’engager la responsabilité de la
banque envers le deuxième acheteur. Donc la banque doit rembourser le prix
Salam
et dédommage le 2ème acheteur ou achète un bien similaire pour honorer le
deuxième contrat.
- La livraison du bien sans respecter les modalités spécifiées dans le contrat
(qualité, quantité)
- Défaut de paiement du client.
- Retard de livraison de l’actif fabriqué/construit par l’entreprise chargée des
travaux.
- La banque islamique s’expose au risque de non-achèvement de la
construction/fabrication de l’actif dans le contrat d’Istisnaâ parallèle surtout
que la banque paie en avance et l’entreprise (le Sanii) n’achève pas la
Istisna’ construction dans les délais convenus.
- Le retard de livraison peut générer un surcoût.
- La réalisation de l’ouvrage sans respecter les prescriptions techniques et les
modalités spécifiées dans le contrat.
- Défaut/ retard de paiement du client acheteur qui ne peut pas honorer ses
engagements bien que la construction du bien progresse.
- Défaut ou retard de paiement des loyers par le locataire.
Ijara - La banque islamique, entant que propriétaire du bien, peut saisir le bien loué
si le locataire n’honore pas ses engagements.
Moudharaba et - La perte du capital investi ;
Mousharaka
Source : Kaouther TOUMI, Structure de capital, profitabilité et risques des banques islamiques,
Thèse de Doctorat, soutenue le 08/12/2011, thèse en cotutelle entre l’université Montpellier 1, école
doctorale économie et gestion en France et l’université de Sfax, faculté de sciences économiques et
de gestion de Sfax en Tunisie.
Les banques, tant conventionnelles qu’islamiques, essaient de se prémunir contre ce risque
nuisible à leurs survies, par les garanties et assurances qui peuvent prendre comme gage,
hypothèque ou caution. De même, les banques islamiques peuvent se prémunir contre ce risque
à travers le principe d’Asset Backed Securities qui permet d’adosser le financement à des actifs
réels.
Plusieurs autres moyens ont été mobilisés par les grandes banques islamiques pour se prémunir
du risque de crédit. En effet, les banques recourent à la création des départements spécialisés
(comité de crédit) dans la gestion du risque de crédit, et des départements chargés d’effectuer
des reportings réguliers et des modèles de notation (rating) interne. En outre, certaines banques
évitent la concentration de créances dans les mêmes secteurs ou les mêmes zones, et
poursuivent des procédures solides de recouvrement des créances irrécouvrables.
II.1.2. Le risque de marché

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Le risque de marché est défini comme « le risque de pertes sur des éléments de bilan et de hors
bilan, résultant des fluctuations des prix du marché, c'est-à-dire des fluctuations des valeurs
des actifs susceptibles d'être négociés, commercialisés ou loués (y compris les Sukuks) et sur
des portefeuilles individuels de hors bilan (par exemple, des comptes d'investissement
restrictifs) »57. Ce risque est lié au taux d’intérêt, au prix, au risque de change, et d’inflation.
Le risque de taux est le risque le plus important pour les banques conventionnelles. Cependant,
les banques islamiques ne sont pas y soumises du fait que ses transactions ne sont pas basées
sur les taux d’intérêts mais elles font référence à un indice comme le LIBOR (London Interbank
Offered Rate) dans un souci de compétitivité. Ce risque englobe les pertes potentielles liées à
une variation défavorable des taux d’intérêts sur le marché. Il est d’autant plus élevé lorsque les
contrats sont à long terme tels que les contrats Ijara ou Istisna’. Dans ce cas, les banques
recourent à la technique de « Repricing » pour prévoir un ajustement régulier des loyers (Ijara
à long terme), ou introduisent des clauses d’indexation à un élément de marché (Causse, 2012),
en commun accord avec le comité Sharia. De même, la banque dans la conclusion des contrats
Moudharaba s’engage à offrir une rémunération intéressante à ses déposants. Pour faire face à
ce risque, elle recoure à la constitution de réserves pour se prémunir contre les fluctuations
défavorables du marché, indépendamment du résultat de la période.
Dans le même contexte, les banques islamiques, comme pour les banques conventionnelles,
sont particulièrement sensibles au risque de variation des prix des titres (Sukuks), mais aussi
des marchandises qu’elles détiennent, du fait des contrats Mourabaha, Ijara et Salam qui
peuvent suivre une évolution défavorable des prix. Dans ce cas, les banques islamiques utilisent
le contrat Urbun où elles versent un montant faible considéré comme étant des arrhes. Au
moment de la livraison, la banque a la possibilité ou non d’exercer son option.
En ce qui concerne le risque lié à la variation des créances et des dettes libellées en devises. La
banque encoure un risque de change pour lequel elle subit une diminution potentielle de sa
marge à cause du risque de la diminution des créances ou d’augmentation des dettes. Résultat,
la banque subit aussi un risque d’inflation du fait de l’utilisation limitée des instruments
classiques de couverture. Ainsi, une mauvaise gestion ou anticipation de l’évolution du risque
de marché peut menacer la stabilité financière de l’établissement.
II.1.3. Le risque de liquidité
Ce risque surgit en cas d’insuffisance des liquidités pour les besoins des opérations courantes
des banques, réduisant ainsi leur capacité à satisfaire la demande de leurs clients. Pour les
banques islamiques, ce risque est accentué étant donné que les emprunts à intérêts sont prohibés
par la Charia58. Le rôle central des banques est l’intermédiation financière qui permet la collecte
des dépôts et leurs distributions en crédits. Cette tâche n’est pas toujours simple à accomplir
durant les périodes de stress de marché et des crises de liquidité. De même, les dépôts reçus par
les banques sont généralement de court terme, alors que les prêts sont à moyen et à long terme.
En d’autres termes, le degré d’exigibilité des ressources ne correspond généralement pas au

57
Conseil des Services Financiers Islamiques (CSFI), Principes directeurs de gestion des risques pour
les institutions (hors institutions d'assurance) n'offrant que des services financiers islamiques, Décembre
2005, p. 16 ;
58
Ben Daoud K., l’intermédiation financière participative des banques islamiques, Etude en Economie
Islamique, vol. 6, Nos. 1&2, p. 29, (Novembre 2012, Mai 2013) ;

Page 61 sur 346


degré de liquidité des emplois. Ce risque est appelé le risque de transformation. Ce risque est
d’autant plus important pour les banques islamiques du fait qu’une grande partie des ressources
provient des contrats à court terme. De même, les marchés monétaires et interbancaires sont
quasiment inexistants.
Les solutions qui se présentent aux banques islamiques restent limitées, du fait qu’elles ne
peuvent pas réapprovisionner d’urgence par des crédits basés sur l’intérêt auprès d’autres
établissements financiers. Cette situation les oblige donc à garder un volume important de
liquidités pour ne pas nuire à la réputation de la banque, à son rendement et son développement
(Khan et Ahmed, 2001), cependant, cette mesure prive les banques islamiques de profiter des
opportunités d’investissement.
Plusieurs banques islamiques ont mis en place des procédures rigoureuses de gestion de ce
risque. Ainsi, elles s’assurent régulièrement qu’elles disposent suffisamment de liquidités pour
honorer leurs engagements à l’échéance. Pour se prémunir du risque de liquidité, les banques
islamiques ont développé des ratios permettant de s’assurer de la disponibilité des fonds aux
clients. Ainsi, elles maintiennent un portefeuille d’actifs liquides à court terme, constitués des
placements interbancaires non rémunérés, et calculent les ratios de mesure de risque suivants
(Causse, 2012) :

 Ratio 1 : Cash + Actifs / Dettes ;


 Ratio 2 : Total des actifs (Selon le degré de liquidité) / Total des dettes (Selon le degré
d’exigibilité) ;
Ce dernier ratio peut être calculé à différents horizons (1mois, 3 mois, 1 an …).
II.1.4. Le risque opérationnel
Selon le comité de Bâle sur le contrôle bancaire (BCBS), le risque opérationnel se définit
comme « le risque de pertes résultant de carences ou de défauts attribuables à des procédures,
personnels et systèmes internes ou à des événements extérieurs. La définition inclut le risque
juridique, mais exclut les risques stratégiques et de réputation »59.
Ce risque est d’autant plus important pour les banques islamiques vu la nature spécifique des
opérations réalisées par ces dernières. Ainsi, Causse et Hideur (2010) insiste que le risque
juridique soit un risque spécifique aux banques islamiques du fait de la complexité de gestion
de ses produits et des risques liés aux facteurs humains, procédures et technologies. Cette
situation les contraint à développer des systèmes d’information adéquats et performants. Le
risque opérationnel s’amplifie particulièrement à cause des éléments suivants (Causse, 2012) :
 La non-standardisation des produits bancaires qui se présentent selon les pays, les
banques (absence de formalisation des contrats et de cadres juridiques…) ;
 La complexité de gestion des produits basés sur le partage des profits et des pertes ;
 Le manque d’expérience du personnel des banques islamiques due à la création récente
de ces entités ;
 L’absence ou la rareté des systèmes d’information de gestion et de logiciels adaptés à

59
Comité de Bâle sur le Contrôle Bancaire (BCBS), Convergence internationale de la mesure et des
normes de fonds propres, banque des règlements internationaux. 2006. p.376 ;

Page 62 sur 346


l’activité bancaire islamique ;
En outre, le risque commercial translaté (Hassoun, 2008) qui existe lorsque la banque n’assure
pas une rentabilité suffisante aux déposants en comparaison avec les banques conventionnelles,
et en conséquence retirent leurs fonds. Un autre risque correspondant au risque de malhonnêteté
des emprunteurs qui peuvent dissimuler leurs bénéfices pour donner une part inférieure à la
banque, de même que la prise de risque excessive de certains investisseurs avec l’argent d’autrui
et qui trouvent dans les banques islamiques l’occasion de satisfaire leurs rêves (Ben Mansour,
1994). Ces derniers risques peuvent être couverts par la constitution des réserves ou de
provisions. La banque peut également décider de réduire sa marge en vue de rester compétitive,
ce qui implique une translation de la rémunération des actionnaires avec celle des clients.
Dans le même contexte, Warde (2000) a révélé qu’en 1998 la Dubaï Islamic Bank a subi une
perte de 50 millions$, à la suite de scandales impliquant ses employés. Un cadre de la banque
avait accordé plusieurs prêts à des entreprises sans se conformer aux conditions de crédit
appliquées par la banque. Les pertes ont provoqué une ruée sur les dépôts et, en une seule
journée, les clients ont retiré 138 millions de dollars. La faillite de la banque fut évitée de
justesse grâce à l’intervention de la Banque centrale de Dubaï qui a fourni la liquidité nécessaire
et a proposé des garanties pour rassurer les déposants.
A noter que les produits dérivés de couvertures comme les swaps, futures et les options sont
interdits compte tenu de la présence du Gharar et du Maysir. Les banques islamiques ont
construit au fil du temps « des constructions juridiques » ou des « arbitrages Charia » par le
recours à des contrats islamiques initialement développés pour un autre usage dont nous citons
l’Urbun et la Wa’d. Ainsi, et depuis 2010, l’accord-cadre Tahawwut (Tahawwut Master
Agreement) entre l’ISDA (International Swaps and Derivates Association) et l’IIFM
(International Islamic Financial Market) sur l’utilisation de certains produits dérivés, sous
certaines conditions, a été autorisée et standardisée (Causse et Abdelhafid, 2010).

II.2. Examen des risques spécifiques aux banques islamiques


Les banques islamiques sont exposées à des risques propres aux instruments et aux modes de
financement, ainsi que l’originalité des principes qu’elles doivent respecter. Parmi les risques
fréquents, nous présenterons :
II.2.1. Le risque commercial déplacé (RCD)
Le lissage des taux de rendement sur les comptes d’investissement expose les banques
islamiques au risque commercial déplacé, un risque unique et spécifique à ces banques. Il a été
identifié et défini par l’AAOIFI en 1999. Le RCD est défini par l’AAOIFI comme étant : « le
risque commercial déplacé est dû à un transfert de risque associé aux dépôts vers les
actionnaires de la banque. Parfois, les actionnaires se trouvent contraints de délaisser une
partie de leurs bénéfices pour rémunérer les déposants, afin de prévenir des retraits massifs
causés par des taux de rendement faibles » (AAOIFI, 1999).
Ce risque désigne les pertes que la banque islamique assume en vue d’assurer aux titulaires des
comptes d’investissement participatifs un taux de rendement équivalent à un taux compétitif à
cause de la pression commerciale exercée par les banques conventionnelles. Dans ce contexte,
la banque islamique peut décider de réduire sa marge afin d’assurer une rémunération

Page 63 sur 346


compétitive à ses clients. Il s’agit d’un transfert d’une part des profits des actionnaires vers les
titulaires des comptes d’investissement. Chose qui implique un transfert de risque,
théoriquement supporté par les titulaires des comptes d’investissement, vers les actionnaires,
d’où le nom attribué à ce risque spécifique. Ce dernier est le résultat de la détention des comptes
d’investissement dont la proportion varie considérablement d’une banque islamique à une autre,
où elle peut atteindre 80 % du volume total des dépôts.
Le risque commercial déplacé désigne donc l’incapacité de la banque à dégager un taux de
rendement équivalent au rendement distribué par les autres banques islamiques ou
conventionnelles. Ce qui incite les déposants à retirer leurs fonds en cherchant un taux de
rendement supérieur. La banque se trouve, donc, obliger à manipuler les rendements, ou léser
les actionnaires afin d’éviter la fuite des clients. Dans la suite, nous présenterons une synthèse
des travaux sur les conséquences du taux de rendement des comptes d’investissement sur le
volume de dépôts dans les banques islamiques :
Tableau 3 : Les déterminants du volume de dépôts dans les banques islamiques
Auteurs Résultats
La fluctuation des taux d’intérêt cause la variabilité des taux de
rendement sur les dépôts d’investissement dans les banques islamiques.
(Beng Soon. Chong & Cette relation de causalité est vraie dans un seul sens. La rémunération
Ming-Hua Liu, 2009), des comptes d’investissement est positivement corrélée avec les taux
Malaisie 1995-2004 d’intérêt sur les dépôts conventionnels à long terme. Les banques
islamiques ajustent leur taux de rendement à la hausse (baisse) quand ce
taux est inférieur (supérieur) au taux conventionnel.
Une relation négative existe entre les taux d’intérêt et le volume des
(Rahmatina Awaliah dépôts dans les banques islamiques. Une relation positive existe entre le
Kasri & Salina Hj. nombre d’agences des banques islamiques et le volume des dépôts
Kassim, 2008),
Indonésie 2000-2005 d’investissement participatifs. Un comportement de maximisation des
profits est décelé chez les clients des banques islamiques.
La variabilité des taux de rendement sur les dépôts islamiques (comptes
d’investissement + épargne) et les taux d’intérêt sur les dépôts
conventionnels pèsent significativement sur le volume de dépôts
(Sudin Haron & Wan (investissement, courant, épargne) dans les banques islamiques.
Nursofiza Wan Azmi L’augmentation des taux d’intérêt cause la hausse des dépôts
2008), Malaisie
2000-2005 conventionnels et la baisse des dépôts islamiques. Les clients des deux
catégories de banques sont très sensibles aux rendements de leur
placement. Les clients des banques islamiques considèrent l’aspect «
rentabilité » en plus de l’aspect religieux.
Une relation positive existe entre les taux de rendement et le volume des
(Erna Rachmawati & dépôts dans les banques islamiques.
Ekki Syamsulhalim, Une relation de cointégration (relation de long terme) se crée entre la
2004), Indonésie, série de volume des dépôts dans les banques islamiques et la série des
1993-2003 taux de rendement. Un comportement de maximisation des profits est
décelé chez les clients des banques islamiques.

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Les trajectoires des taux de rendement et des taux d’intérêt présentent
des co-mouvements sur la période étudiée. L’étude révèle une proximité
(Obiyathulla Bacha, dans les mouvements de la série des taux d’intérêt et la série des taux de
2004) Malaisie rendement. La fluctuation des taux d’intérêt conventionnels cause la
1994-2003 fluctuation des taux de rendement sur les dépôts en banques islamiques.
La variabilité du volume des dépôts dans les banques conventionnelles
cause la variabilité du volume des dépôts islamiques.
Source : Le risque lié aux comptes d’investissement participatifs : un risque propre aux banques
islamiques, Kaouther Toumi et Jean Laurent Viviani, Direction et Gestion | « La Revue des
Sciences de Gestion » 2013/1 N° 259-260 | pages 131 à 142 ;

La pression commerciale incite donc les banques islamiques à lisser les rendements de manière
à offrir à leurs titulaires un taux de rendement comparable au taux d’intérêt sur les dépôts
conventionnels ou à un taux de rendement offert sur les dépôts d’investissement d’autres
banques islamiques, ou à tout autre investissement comparable à travers les PER et/ou l’IRR,
ou par la réduction de la part des actionnaires. Dans les deux cas, on s’éloigne des principes de
la Sharia. Deux cas de figures peuvent se poser. Le premier cas peut présenter deux scénarios,
le premier est celui où le taux de rendement sur les comptes d’investissement participatifs est
faible (inférieur à un taux benchmark) mais positif. La banque islamique décide donc de puiser
la part de la PER qui revient aux titulaires des comptes d’investissement pour lisser le taux de
rendement. Le deuxième scénario est celui où la part de réserves de ces derniers n’est pas
suffisante, la banque peut recourir à la part de la PER qui revient aux actionnaires. Le deuxième
cas où le taux de rendement sur les dépôts d’investissement est négatif, la banque islamique fait
appel aux deux types de réserves. L’IRR servira à absorber les pertes. La PER servira à
augmenter la rémunération jusqu’au taux benchmark pour assurer une rémunération
compétitive aux titulaires des comptes d’investissement. La figure suivante montra comment
les banques islamiques procèdent pour la distribution et la collecte des réserves.
Figure 4 : La rétention des réserves PER et IRR d’après l’AAOIFI

Page 65 sur 346


II.2.2. Le risque de réputation
La finance islamique fait partie de la finance éthique, qui intègre un aspect social et
psychologique. En conséquence, la crédibilité, l’image et la bonne réputation des banques
islamiques constituent des leviers indispensables de développement, mais aussi un risque de
réputation. Ainsi, elles doivent se prémunir contre ce risque par une bonne politique de
communication, de transparence et de bonne conduite. A ce risque s’ajoute le risque de non-
conformité qui peut être causé par des décisions divergentes, ou des avis différents sur un même
questionnement ou un même produit. Ces situations tendent à être rares, mais elles peuvent
freiner le lancement ou le développement d’un produit par une institution financière islamique.
En plus, les produits et les services des institutions financières islamiques doivent être conforme
à la Charia, et toute source d’inquiétude peut causer un problème de liquidité suite au manque
de confiance et de retrait massifs des fonds.
Le risque de réputation peut s’avérer très couteux et dangereux pour les institutions financières,
dans la mesure où il peut s’étendre au-delà de la banque et bouleverser l’industrie bancaire
islamique. Si la confiance du marché et de la communauté est perdue, la bonne réputation et
l’image de la banque est extrêmement difficile à rétablir. Ainsi, l’Islamic Bank of Britain (IBB)
a déployé des efforts énormes pour gagner la confiance des clients britanniques après les
mauvaises expériences qu’ils ont vécues avec la dissolution de la Bank of Credit and Commerce
International (BCCI) en 1991 et le désistement de la Baraka Bank du marché britannique en
1993. Une autre source d’inquiétude peut surgir du fait que les pays occidentaux considèrent
que les institutions financières islamiques financent des groupes militants violents. Pour éviter
cette situation, les institutions financières islamiques ont recours au renforcement des mesures
anti-blanchiment des capitaux, et au développement des moyens de collecte des informations
sur les clients.
II.2.3. Autres risques spécifiques
Plusieurs risques spécifiques sont inhérents à l’activité des banques islamiques comme le risque
fiduciaire ou le risque juridique. D’autres risques sont dus à la prohibition du financement de
plusieurs activités, ce qui rend le risque de concentration plus accentué.
II.2.3.1. Le risque de concentration
L’exposition excessive à un secteur d’activité spécifique, à une zone géographique limitée, ou
à un mode de financement déterminé peut engendrer des pertes importantes pour les
actionnaires si la crise touche le secteur ou la zone choisie. De même, les entreprises autorisées
pour le placement des ressources sont peu nombreuses à satisfaire les critères qualitatifs et
quantitatifs islamiques. En contrepartie, le passif contient un nombre assez élevé de
contreparties institutionnelles. Cette situation implique que les banques islamiques sont
dépendantes à de faibles emplois de leurs ressources.
II.2.3.2. Le risque de taux de référence
Bien que les banques islamiques ne pratiquent pas le taux d’intérêt dans les contrats, elles
doivent, toutefois, utiliser un taux de référence (le LIBOR en général) pour déterminer les prix
des différents instruments islamiques. En conséquence, la variation du taux de marché présente
un risque signifiant pour les institutions financières islamiques du fait que la marge est définie
par le rajout de la prime de risque au taux de référence utilisé, cependant, si le taux varie, la

Page 66 sur 346


banque ne pourra réajuster la marge négociée à la signature du contrat. Les banques islamiques
ont donc à faire face à des risques émanant des variations de taux d’intérêt60.
II.2.3.3. Le risque juridique
Le risque juridique est un risque opérationnel qui surgit du caractère non exécutoire des contrats
financiers. De ce fait, les contrats financiers conçus par les banques islamiques ont un caractère
un peu spécifique, et pose un problème de documentation et de mise en application. En
l’absence d’une formalisation claire et standard des contrats, et en l’absence de cadre juridique
bien défini, les banques islamiques continueront à les concevoir en fonction de leur
appréhension de la Charia, des lois nationales, de leurs besoins et leurs intérêts. Chose qui
compromettra leurs engagements contractuels et augmentera le risque juridique associé aux
contrats financiers islamiques.
II.2.3.4. Le risque fiduciaire
Les banques islamiques sont responsables des pertes dues à leur négligence, ou à leur mauvaise
gestion ou à une violation de l’un des principes de la finance islamique. Le risque de perte liée
à ces événements est appelé le risque fiduciaire. (IFSB, 2005). Pareil, l’AAOIFI (1999),
identifie le risque fiduciaire comme étant le risque que les clients perdent confiance en leur
banque suite à la non-conformité des opérations bancaires avec les principes de la finance
islamique ou bien à cause d’une mauvaise gestion des fonds. Ce qui implique que les déposants
peuvent être amenés à retirer leurs fonds suite à la perte de confiance et la dégradation de
l’image de la banque. Dans ce contexte, les banques islamiques sont tenues de garder une
attention particulière sur deux éléments importants à savoir :
 Respect de la Charia : la banque islamique doit s’assurer que ses activités et ses produits
sont conformes à la Shariah. Cet objectif ne peut être réalisé que par le respect de
l’ensemble des instructions du conseil de la Shariah de la banque et des filtres qualitatifs
et quantitatifs fixés préalablement ;
 Réalisation de performance : la banque islamique est tenue de réaliser une performance
financière convenable. Dans le cas contraire, les bailleurs de fonds pourraient
soupçonner une mauvaise gestion ou conduite de la banque et retirer leurs fonds ;
La suite de notre section permettra de présenter de manière succincte les différents modes de
gestion des risques communes et spécifiques aux institutions financières islamiques.

II.3. Les modes de gestion des risques


En raison de la diversité et de l’importance des risques auxquels font face les banques
islamiques, la mise en place d’un dispositif de gestion des risques paraît indispensable pour une
gouvernance rigoureuse. En effet, la mise en place d’un système de gestion des risques est
devenue un élément essentiel de la stratégie de la banque, et nécessite la collaboration des
différentes parties prenantes (organes de contrôle, comité Sharia…). En ce qui concerne la
gestion des risques communs, les institutions financières islamiques ont repris la plupart des
mécanismes des institutions conventionnelles, exception faite des moyens non conformes à la
Sharia. Ces mécanismes peuvent être : la diversification des portefeuilles d’investissement, la

60
Ben Jdidia Daoud K., l’intermédiation financière participative des banques islamiques, les cahiers de
la finance islamique, n°3, p. 12, juillet 2012 ;

Page 67 sur 346


définition de critère d’évaluation et d’octroi de crédits, l’élaboration d’un système de gestion et
d’identification des besoins de liquidité (notamment, du fait qu’en finance islamique, il est
interdit de faire appel aux prêts avec intérêt et à la titrisation bancaire), l’adoption d’une veille
financière au sein des institutions financières islamiques, etc61.
Quant aux risques spécifiques, nous assistons à des efforts continus de développement des
moyens de gestion des risques en commençant par la mise en place des procédures de gestion
des risques et en continuant par le respect des normes de suffisance de capital, la gestion du
risque par les clauses contractuelles, et d’adoption d’un système de rating interne et externe.
II.3.1. Le respect des normes de suffisance de capital
Malgré le développement rapide des banques islamiques et l’absence d’une réglementation
fixant les normes de suffisance du capital, les organes œuvrant à l’amélioration de la gestion
des banques islamiques préconisent le respect des normes prudentielles du comité de Bâle.
Selon le comité de Bâle III, le ratio de suffisance du capital doit être d’au moins 8%. La banque
centrale de Bahreïn (BMA) a fixé ce taux à 12% et du Qatar à 10%. D’autres banques ont haussé
la barre jusqu’à atteindre 23% pour le cas de la KFH, et de 32.5% pour la banque Al Jazira en
2007. La différence tient du fait que les banques islamiques possèdent des comptes
d’investissement (affectés/standards). Ces opérations sur actifs doivent être traitées
différemment en matière de pondération du risque. Les réserves des banques islamiques
constituées à travers la contribution entre les actionnaires et les titulaires des comptes
d’investissement les protègent contre les pertes et les défauts de paiement.
II.3.2. La mise en place d’une gestion des risques
La gestion des risques est au cœur de l’actualité financière mondiale avec la crise qu’a subi le
monde. Elle se manifeste par la création d’entités organisationnelles chargées d’élaborer des
politiques de gestion des risques et de surveiller l’application des mesures préconisées à travers
la création des comités Sharia, comités de risque etc. Tout de même, les banques établissent des
règles et des procédures de création ou/et d’amélioration des systèmes de contrôle interne et
surveillent régulièrement les ratios de suffisance de capital (ratio Mac Donough, ratios de
liquidité et autres) en vue de renforcer la confiance des épargnants et des investisseurs à l’égard
du système financier islamique.
Dans le même contexte, la diffusion d’informations relatives aux risques encourus et aux
politiques et procédures retenues pour mesurer et gérer ces risques constitue une mesure
indispensable aux banques. Cependant, la création et le développement des entités de gestion
des risques n’est pas toujours aisée à mettre en place, et elle est le fait des grandes banques
islamiques. Tandis que les structures de petite taille supportent ce risque additionnel, et ne
peuvent mettre les mesures appropriées.
II.3.3. La gestion du crédit par les clauses contractuelles et le nantissement
Les clauses contractuelles dans les contrats financiers permettent d’éviter, voire de réduire
l’incertitude et la spéculation qui sont interdites par la finance islamique. Ces insuffisances
constituent l’origine des injustices et des lacunes dans les contrats et peut engendrer des défauts

61
Ellesk, F., et Ouazzani, A., Les risques dans le système financier islamique, Finance & Finance
Internationale, 5 juillet 2019, No 16 (2019) ;

Page 68 sur 346


de paiement. En effet, les banques islamiques font recours à plusieurs techniques dont les
clauses contractuelles. Par exemple, les deux parties peuvent intégrer une clause du contrat
stipulant qu’un certain niveau de fluctuation des prix serait acceptable. Au-dessus de ce niveau,
une partie devra compenser la perte de l’autre partie. Cet arrangement est connu sous le nom
clause de bienfaisance « Band Al_Ihsen ».
Les banques islamiques peuvent, aussi, utiliser le nantissement comme une technique de gestion
du risque de crédit. Il s’agit d’un contrat par lequel un débiteur remet un bien à son créancier
pour garantir sa dette. Le gage étant permis par la Charia, les banques islamiques utilisent ce
mécanisme pour sécuriser leurs actifs (Korbi, 2016). Les éléments qui peuvent être nantis sont
les biens tangibles, l’or, et les objets précieux. Cependant, les créances, les produits périssables
et les instruments financiers à la base d’intérêt ne peuvent être prises pour le nantissement.
II.3.4. L’adoption d’un système de rating
Le rating interne est une méthode d’analyse permettant de déterminer la probabilité de défaut
d’un débiteur à travers son rating. Il s’agit d’un outil indispensable pour les banques qui font
face à différents modes de financement qui font varier les risques. Ainsi, une opération de
financement sur la base de la Mourabaha expose la banque à des risques différents d’une
opération de financement basé sur un autre contrat. Dans ce contexte, les banques centrales ont
mis en place des systèmes de rating basé sur des modèles de surveillance de type CAMELS. Ce
système a été créé par les organismes de régulation bancaire américains en vue d’évaluer la
stabilité financière des institutions bancaire. Nous présenterons les facteurs de ce système :
 Capital Adequacy (adéquation du capital) : basé sur le ratio de suffisance de capital
ou du ratio Mac Donough ;
 Asset Quality : fondé sur la qualité des actifs et le recours à la constitution de provisions
ou des réserves ;
 Le Management : évalué par la politique interne de la banque en termes de gestion des
risques, respect de la réglementation, les compétences managériales… ;
 Les Earnings : qui sont évaluées par l’augmentation des produits et la diminution des
charges d’exploitation ;
 La Liquidity : mesuré par le ratio de liquidité (la capacité des actifs à devenir liquides) ;
 Sensitivity to Market Risk : qui est examinée à partir des risques de marché, risque de
prix, risque de change, et risque de taux ;
Le score est donné respectivement pour chaque facteur de 1 (Excellent) à 5 (Mauvais). Toute
banque ayant un score inférieur à 2 est considérée comme de bonne qualité.
Ces dernières années, les différents modes de gestion des risques émanant de l’activité
financière islamique ont connu un développement considérable. Grâce à leur bonne gestion, les
institutions financières islamiques ont échappé aux conséquences fâcheuses de la crise
financière des Subprimes (El Hussein, 2013) et continuent d’avancer de manière remarquable
dans les différents chantiers de gestion des risques communs aux banques et des risques
spécifiques inhérents à leurs activités.

Page 69 sur 346


Le premier chapitre de ce travail de thèse arrive à sa fin. Dans ce dernier, nous avons eu
l’opportunité de présenter les banques islamiques de façon détaillée, tout en essayant de mettre
le point sur les bases et les fondements qui forment la finance islamique, ou la finance dite
éthique. Pour rappel, la première section du chapitre a mis en lumière l’histoire et les raisons
d’émergence des banques islamiques. Ensuite, en passant par les fondements et les principes de
la finance islamique, nous avons exposé les différents produits financiers et types de comptes
d’une banque islamique. Pour en finir la première section, nous avons lister les principales
institutions internationales islamiques qui ont joué un rôle actif dans le développement et la
promotion de cette industrie. La deuxième section a mis en évidence les points en communs
partagés entre le système financier conventionnel et islamique, ainsi que les points de
divergences qui concernent ces derniers, en mettant en avant leurs particularités. Dans la suite,
nous avons mis le doigt sur les risques communs et spécifiques aux banques islamiques, de
même que les modes de gestion de ces risques.

Dans ce sillage, nous reconnaissons que notre recherche a subi de nombreux arrêts en raison
des lectures profondes et des analyses qui nous ont permis de détailler la pratique financière
islamique. Une pratique qui trouve ses origines dans plusieurs textes canoniques, des pratiques
du prophète et des pratiques légales qui nécessitent une multidisciplinarité des domaines
d’études qui intègrent la finance, l’Islam, et le droit. Dans le même contexte, les recherches
(articles, livres, etc) ne sont pas assez riches et développées, ce qui a retardé l’avancement de
notre travail. En fait, nous avons mené une étude auprès des principaux sites de publication des
travaux académiques62 qui a mis en lumière la rareté des recherches, et le besoin
d’enrichissement de ce sujet, surtout lorsqu’on s’étonne par le gap qui existe entre les
recherches en langue anglaise et française. De même, nous avons rencontré des difficultés liées
à des sources qui demandent un accès restreint. Une autre remarque importante concerne
l’originalité du sujet de thèse qui reste peu développé, surtout en langue française, ce qui
constitue une autre difficulté que nous devrons surmonter, mais aussi une opportunité de
développement des connaissances et d’apport de la valeur ajoutée scientifique aux travaux
précédents.
Tableau 4 : Etude de résultats des recherches par mot clé
Nombre de résultats par mot clé
Keyword/ Mots-clés Science Direct Ebsco Springer
Fr Ang Fr Ang Fr Ang
Finance islamique 21 4.161 388 74.405 16 1.982
Finance conventionnelle 504 35.852 784 252.135 54 38.231
Banque islamique (BI) 12 7.006 318 78.580 10 2.524
Banque conventionnelle (BC) 67 23.599 671 395.689 28 19.598
Risques des banques islamiques 5 2.421 199 59.313 6 4.402
Risques des banques
7 16.689 506 227.408 45 13.315
conventionnelles
Les déterminants (facteurs)
12 2.190 34 1.276 - 848
d’efficience des BI
Les déterminants (facteurs)
238 13.323 146 2.160 - 5.806
d’efficience des BC

62
Pour effectuer ce travail, nous avons sélectionné les sites suivants : Science Direct, Ebsco, Springer ;

Page 70 sur 346


Ces résultats montrent largement la supériorité des recherches en langue anglaise concernant
les banques conventionnelles en particulier. Ces résultats s’expliquent principalement par
l’ancienneté de la finance classique par rapport à la finance islamique qui est considérée comme
étant une nouvelle pratique, et par le développement de la connaissance, qui demeure
principalement en langue anglaise. De même, nous notons que l’accessibilité à plusieurs études
reste limitée, ce qui augmente considérablement la difficulté de notre travail de recherche.

Page 71 sur 346


Chapitre II : Les déterminants de l'efficience des banques

En poursuivant notre thèse, le deuxième chapitre constituera le noyau de notre sujet de


recherche. En effet, les déterminants d’efficience des banques islamiques nous amènent à
analyser deux concepts majeurs à savoir l’efficience comme étant une mesure de performance,
objet de la première section, et les déterminants qui affectent cette efficience, objet de la
deuxième section.
La première section de notre travail devra s’attarder sur un essai de définition du terme
« Efficience », avant de passer à la décomposition de ce concept. En effet, Farrell (1957) fut le
premier auteur à décomposer graphiquement l’efficience en deux composantes, allocative et
technique. Ensuite, d’autres auteurs ont décomposé l’efficience technique en une efficience
technique pure et une efficience d’échelle. Par la suite, l’analyse nous amènera à présenter les
méthodes de mesure d’efficience paramétriques et non paramétriques, tout en mettant en revue
les avantages et les inconvénients de chaque méthode, sans pour autant montrer la supériorité
d’une méthode à une autre. A la fin de cette section, nous allons développer les approches de
mesure d’efficience bancaire, en commençant par l’approche traditionnelle par les ratios. Cette
approche se base sur le calcul de plusieurs ratios et indicateurs de mesure classiques longuement
utilisés pour mesure la performance bancaire, mais qui présentent plusieurs limites liées à leurs
interprétations et à leurs capacités à intégrer les paramètres de l’environnement. Dans ce
contexte, l’approche des frontières d’efficience et l’approche des déterminants ont montré leurs
supériorités par rapport à l’approche par les ratios et seront évoqués à la suite de la section.
La dernière section du deuxième chapitre partira à l’analyse des déterminants d’efficience des
banques islamiques. Ces facteurs seront scindés en facteurs macroéconomiques et financiers, et
des facteurs spécifiques à la banque. Les facteurs liés à l’environnement général et financier
concernent principalement les interactions entre la croissance économique et l’efficience, les
relations de causalité entre la structure du marché et l’efficience, la résilience du secteur et le
degré de réglementation qui varie d’un pays à un autre. Ensuite, d’autres facteurs
macroéconomiques seront évoqués. Il s’agit de l’inflation, de la qualité des institutions
politiques et de la relation de complémentarité entre les marchés financiers et le secteur
bancaire.
Finalement, nous évoquerons les facteurs propres à la banque comme la taille qui pourra avoir
un effet sur l’efficience bancaire, De même, le type de propriété est un déterminant de la
stratégie de la banque qui pourra intégrer la dimension de l’efficience comme un facteur
primaire ou secondaire. Ensuite, nous allons mettre en relation la capitalisation, le risque de
crédit et le progrès technologique avec l’efficience bancaire. Pour finir, nous s’arrêterons sur
d’autres facteurs qui peuvent influencer l’efficience des institutions financières islamiques tels
que les opérations de fusions-acquisitions, la qualité du management et les activités non
traditionnelles qui génèrent des revenus autres que les intérêts. Ces facteurs sont en relation
principale avec notre problématique qui cherche à déterminer les principaux éléments qui
pèsent sur l’efficience bancaire.

Page 72 sur 346


Section 1 : L'efficience comme mesure de performance
Dans cette section, notre travail de recherche portera sur l’étude du concept de l’efficience en
tant que mesure de la performance financière de la banque. En effet, l’efficience est une mesure
interne de la performance d’une entité qui s’apprécie à travers le coût de production, le profit
ou même la productivité. Dans ce contexte, nous divisons cette section en quatre point
essentiels. Premièrement, nous se livrons à un essai de définition du concept de l’efficience,
tout en exposant les concepts qui y sont proches. Deuxièmement, nous décomposons cette
efficience en deux éléments à savoir l’efficience économique (Farrell, 1957) et l’efficience
technique.
En troisième lieu, nous devons s’attarder sur l’analyse des différentes méthodes paramétriques
et non paramétriques de mesure de l’efficience. Par la suite, nous faisons état des approches de
mesures de l’efficience bancaire telles que l’analyse traditionnelles par les ratios qui présentent
des limites par rapport à la détermination et l’interprétation des sources d’efficience et
d’inefficience. Finalement, nous partons à l’analyse de l’efficience bancaire par l’approche des
frontières d’efficience qui fera l’objet d’un développement détaillé au troisième point, pour en
finir par l’approche de déterminants qui définit la banque selon une approche de production ou
une approche d’intermédiation.
I. Essai de définition et décomposition du concept d’efficience
Avant de commencer notre étude sur l’efficience, nous devrons s’arrêter sur l’analyse des
concepts proches comme la performance, avant de passer à un essai de définition du concept
d’efficience. Ensuite, nous allons passer à l’analyse de la décomposition de la notion de
l’efficience.

I.1. Essai de définition


Dans ce point, nous allons mettre l’accent sur la définition du concept de l’efficience ainsi que
les concepts qui y sont proches à savoir l’efficacité et la performance.
I.1.1. Efficacité
Étymologiquement, le terme efficacité vient du mot latin efficacitas qui veut dire effectuer. En
effet, le mot Efficacité selon Larousse est un « caractère d'une personne, d'un organisme
efficace, qui produit le maximum de résultats avec le minimum d'efforts, de moyens ». Fare,
Grosskosph et Lovell (1985) définissent l’efficacité comme la « qualité ou le degré atteint en
produisant un ensemble d’effet désiré ». De même, Legendre, dans l’édition de 1993 du
dictionnaire actuel de l’éducation (2ème édition), définit l’efficacité comme « degré de
réalisation des objectifs d’un programme ou degré d’atteinte d’un objectif », et le « degré
d’atteinte d’un objectif, tout en considérant des variables d’efficience et d’impact »63.
Dans ce sens, l’efficacité est la capacité d'obtenir le résultat souhaité ou attendu, d'atteindre
l'objectif fixé. Cette notion pourrait être divisée en deux :
 L’efficacité interne au sens de degré de réalisation des objectifs. L’efficacité interne
s’intéresse aux effets internes au système. Elle peut être appréciée quantitativement ou
qualitativement ;

63
Legendre, R., Dictionnaire actuel de l’éducation, 2e éd, Montréal Paris: Guérin ESKA, 1993 ;

Page 73 sur 346


 L’efficacité externe qui se fonde principalement sur l’analyse des rapports entre les
besoins et les produits, les besoins servant à rechercher et à mettre en œuvre des
moyens64, à élaborer et adopter des stratégies.
I.1.2. Performance
Avant de commencer, il semble important de revenir sur l’origine du terme. Au début du 13éme
siècle, le mot « performance » provient du verbe « performer » qui signifie dans la littérature
française « accomplir, exécuter ». Cependant, il fallait attendre le 19éme siècle pour que la
langue française réintègre le mot. Il signifie depuis, le succès, le résultat qu’on peut attribuer à
la réalisation d’une action. Contrairement à la langue française, la littérature anglaise désigne
explicitement en plus des résultats, la réalisation de l’action « Performing »65.
Au cours du 20éme siècle, la « performance » touche des domaines variés et couvre des sens
différents selon les utilisateurs66. Ainsi, la performance est le résultat de l’action, et exprime le
degré d’accomplissement des objectifs poursuivis. Elle est évaluée grâce à des indicateurs
quantitatifs et qualitatifs. Ces indicateurs peuvent exprimer un rapport entre un résultat obtenu
et des moyens mis en œuvre (mesure du degré d'efficience) comme ils peuvent exprimer un
rapport entre un résultat obtenu et un objectif visé (mesure du degré d'efficacité) ou de simple
données (étudier l’évolution de la performance dans le temps et dans l’espace). Également, la
performance est considérée comme un succès ou une représentation de la réussite qui est
fonction des entreprises, organisations, etc. En final, la performance est une action qui conduit
au succès, dont il s’agit d’un processus, mise en acte, ou autres.
I.1.3. Efficience
Jusqu’à l’année 1950, les chercheurs ont considéré que les ressources sont efficacement
utilisées sous l’hypothèse du plein emploi. Les premiers travaux sur le concept d'efficience sont
attribués à Koopmans (1951) qui a proposé pour la première fois une mesure du concept
d’efficience et à Debreu (1951) qui a été le premier à mesurer l’efficience empiriquement.
Plusieurs travaux et recherches ne manquent pas de souligner l’ambigüité entre la notion de
l’efficacité et l’efficience. Ainsi, certains chercheurs traduisent souvent « Efficiency » en
« Efficacité ». Cependant, il s’agit de deux concepts distincts et différents. Pour March & Sutton
(1997), une organisation peut être très efficace sans être efficiente et elle peut atteindre des
niveaux relativement élevés d'efficience sans pour autant être efficace67. L’explication que nous
pourrons avancer est l’ascendance des sciences de gestion. En fait, les sciences de gestion
émanant des sciences économiques et considèrent que seul le concept d’efficience existe, la

64
De Ketele, J.M, (1989). L’évaluation de la productivité des institutions d’éducation. Extrait de « le
rendement scolaire de l’enseignement universitaire ». In les Cahiers de la fondation universitaire, N° 3,
1989 ;
65
Goguelin, P., La Formation-animation: une vocation, Les Hommes et l’entreprise (Paris: Entreprise
moderne d’éd, 1987), p. 71 ;
66
Mahé de Boislandelle, H., Dictionnaire de gestion: vocabulaire, concepts et outils, Collection
Techniques de gestion (Paris: Economica, 1998), p. 317 ;
67
Lusthaus, C., Marie-Hélène, A., Anderson, G., Carden, F., et Montalván, G.P, Evaluation
organisationnelle: cadre pour l’amélioration de la performance, Québec Ottawa: les Presses de
l’Université Laval le Centre de recherches pour le développement international, (2003), p. 318 ;

Page 74 sur 346


productivité en étant un indicateur. Pourtant, l’efficacité est un concept largement utilisé pour
mesurer la performance des organisations.
Johnson et Scholes (1997) ont défini l’efficience de la façon suivante : « l’efficience est une
mesure interne de la performance de l’entreprise, elle est très fréquemment appréciée en termes
de coût de production, de profit ou de productivité, et elle est mesurée par la quantité de
ressource utilisée pour produire une unité de bien ou de services ». Les scores d’efficience
identifiés par Johnson et Scholes (1997) sont les économies d’échelles, l’expérience, les coûts
d’achats des inputs, les processus de production et de design du produit. Ainsi, en comparant
deux entités produisant les mêmes résultats, celle qui utilise le moins d’inputs par rapport aux
outputs est la plus efficience. L’efficience est, donc, le rapport entre efficacité et coût (Gonsard,
1999).
En général, l’efficience d’un producteur est la comparaison entre les valeurs optimales des
outputs, des inputs et des valeurs observées. Dans ce cas, l’efficience peut être introduite, selon
Farrell (1957) comme étant « « la réussite de l’entreprise à produire aussi large que possible
un output d’un ensemble donné d’inputs »68. Néanmoins, Lusthaus C. et al. (2003) considère
que l’efficience est « le ratio qui reflète la comparaison entre les résultats obtenus et les frais
encourus pour atteindre les objectifs », ce qui implique que toute organisation possédant des
ressources, doit offrir des produits et services (outputs) et fonctionner dans la limite des
contraintes qui en découlent. Selon Chaffai (1989), l’efficience peut être observée sous trois
types :
 L’efficience technique : est la production d’un maximum d’outputs avec une quantité
donnée d’inputs ;
 L’efficience allocative : qui se réfère à la capacité de l’entreprise à choisir pour un
niveau de production la combinaison d’inputs qui minimise les coûts ;
 L’efficience d’échelle : traduisant la taille et l’adéquation des secteurs à leur taille
optimale ;
Au-delà des définitions présentées supra, nous allons pousser la recherche sur l’efficience
bancaire à travers sa décomposition, ses méthodes de mesures et ses déterminants.

I.2. Décomposition de l’efficience


A travers le développement du secteur bancaire et la disponibilité de l’information, l’analyse
financière devient un outil traditionnel, laissant place à de nouvelles approches. Ces approches
se basent essentiellement sur le benchmarking et s’apprécient par des critères de l’efficience.
Dans ce sens, l'efficience des banques commerciales est décomposée en deux éléments à savoir
l’efficience économique (Efficience coût, Efficience profit) et l’efficience technique
(Efficience d’échelle, Efficience technique pure).

I.2.1. L’efficience économique (Farrell)


Farrell (1957) est le premier auteur à illustrer le concept d’efficience au niveau graphique. Il a
décomposé l’efficience en deux composantes, à savoir une composante allocative et une

68
Farrell, M.J., The Measurement of Productive Efficiency, Journal of the Royal Statistical Society.
Series A (General) 120, no 3 (1957): 253, pp. 253-281 ;

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composante technique, ainsi que leur mode de calcul. Il suppose que la fonction de la production
efficiente est déterminée sur le graphique, comme la montre la figure ci-après :
Figure 5 : Décomposition de l'efficience technique dans le cas de deux intrants

Source: Farrell M. J., “The Measurement of Productive Efficiency”, Journal of the Royal
Statistical Society, Series A, Part III, 1957, p254.
Soit une entreprise utilisant dans sa production seulement deux facteurs X et Y et qu'elle ait un
rendement d’échelle constant. La courbe (SS’) représente la frontière d’efficience de la
production, ce qui veut dire que chaque entreprise qui se situent sur la frontière (Courbe SS’)
est efficiente. Le point Q représente la combinaison d’inputs utilisée par une entreprise
efficiente et qui permet de produire le même output que la combinaison P. En vue de produire
un output donné, l’entreprise efficiente est celle qui utilise le moins d’inputs (principe de
minimisation des coûts). Le rapport OQ/OP est défini par Farrell comme étant l’efficience
technique. Plus l’entreprise est proche de cette frontière plus elle est efficiente, jusqu’à ce que
le rapport OQ/OP atteigne une valeur égale à 1. Dans ce cas, elle prendra donc une position sur
la frontière d’efficience. Ce qui signifie aussi que plus l’entreprise est située loin de la frontière,
plus elle est inefficiente.
Farrell souligne qu'une firme techniquement efficace ne l’est pas nécessairement sur le plan
allocatif. Par exemple, une firme qui opère au point « Q » est techniquement efficace mais
inefficace sur le plan allocatif. De plus, une firme qui opère au point « P » est techniquement
inefficace parce qu'elle se situe à l'intérieur de l'isoquant SS'. Mais, pour cette même firme on
ne peut parler d'efficacité allocative car elle ne se situe pas en deça de l'isoquant. La figure
présente ainsi la décomposition de l’efficience économique de Farrell en une efficience
technique et une efficience allocative que nous allons développer dans la suite.
 L’efficience technique
L’efficience technique peut être définie comme étant la capacité d’une entreprise à obtenir un
output maximum à partir d’un ensemble d’inputs (Farrell, 1957), ou « l'habileté que possède la
banque à obtenir un output donné avec un niveau d'inputs minimum »69. L’efficience se
présente alors, dans le cas où une entreprise utilise un seul input pour produire un seul output,

69
Joumady, O., Efficacité et productivité des banques au Maroc durant la période de la libéralisation
financière : 1990 – 1996, 17ème journée internationale d’économie monétaire et bancaire, Lisbonne,
2000 ;

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comme étant le ratio entre l’output et l’input utilisé. Le calcul de ce ratio devient compliqué
lorsque l’entité utilise plusieurs inputs pour produire plusieurs outputs.
 L’efficience allocative
L’efficience allocative renvoie à la capacité de l’entreprise à utiliser dans des proportions
optimales ses inputs vis-à-vis de leurs prix respectifs. En effet, la figure 1 montre que tous les
points constituant la courbe SS' représentent des entreprises avec une efficience technique de
100%, cependant, le point Q’ est le seul à produire aux moindres coûts possibles. L’efficience
allocative représente alors « l'habileté que possède la banque à utiliser ses inputs dans des
proportions optimales, au vu de leurs prix respectifs ».
D’après ce qui précède, Farrell (1957) stipule que l'efficacité économique (𝐸𝐸1 ) est le produit
de ces deux types d'efficacités. Par conséquent : (𝐸𝐸1 ) = OQ/OP * OR/OQ =OR/OP = (𝑇𝐸1) *
(𝐴𝐸1 ). Cette mesure peut prendre des valeurs entre Zéro et Un, l'unité étant l'atteinte de
l‘efficacité économique. Notons que l'indice « I » indique une mesure à orientation input.

I.2.2. L’efficience technique


Une entité est techniquement efficiente si ces activités se situent exactement sur la frontière. En
d’autres termes, l’efficience technique (Weill 2006) renvoie à la frontière de production (Voir
figure ci-dessous) et à « la capacité à éviter des pertes en produisant autant d’output que le
permet l’utilisation des inputs ou en utilisant le moins possible d’inputs telle que le permet la
production d’outputs » (Harold, Lovell, et Schmidt 1993). Au contraire, une entité est
techniquement inefficiente si elle utilise un niveau excessif d’inputs relativement au niveau
d’output produit. La distance relative entre l’output réellement produit et l’output
techniquement réalisable sur la frontière constitue l’indicateur de l’inefficience utilisé.
Avant de pouvoir décomposer l’efficience technique, il est important d’introduire le concept
« des rendements d’échelle ». Ordinairement, les rendements d'échelle indiquent comment la
production évolue lorsque la quantité des deux facteurs de production est augmentée dans la
même proportion. Les rendements d'échelle sont constants quand la variation des quantités de
facteurs utilisés aboutisse à une variation exactement proportionnelle de la production ; ils sont
croissants lorsque la variation des quantités de facteurs utilisés se traduit par une variation plus
que proportionnelle de la quantité produite ; ils sont décroissants lorsque la variation des
quantités de facteurs utilisés résulte en une variation moins que proportionnelle de la
production70. Dans ce cas, le processus de production d'une unité de production peut prendre
trois formes de rendement d'échelle : un rendement d'échelle constant et un rendement d'échelle
variable croissant ou décroissant.
Selon Daniela Borodak71, l’efficience technique se décompose en une :
« Efficience technique pure » : désigne la capacité d’une entreprise à optimiser sa production
pour un niveau donné d'intrants et, symétriquement, à minimiser ses consommations en
ressources pour un niveau donné de production. Elle reflète l’organisation du travail à l’intérieur

70
Montoussé, M., et Waquet, I., Microéconomie, 3e éd, Introduction à l’économie, Levallois-Perret:
Bréal, 2018, p. 70 ;
71
Borodak, D., les outils d’analyse des performances productives utilisés en économie et gestion : la
mesure de l’efficience technique et ses déterminants, Cahier de Recherche, 2005 ;

Page 77 sur 346


de l’unité de production, l’habilité d’organiser, de surveiller efficacement les employés ou
encore l’habilité d’éviter les erreurs et les mauvaises décisions. La mesure de l’efficience
technique pure est indépendante des prix des produits et des intrants et de la disponibilité de ces
derniers puisque ces aspects sont souvent classés sous la rubrique « X-efficience » ;
« Efficience d'échelle » : qui désigne le rapport entre la mesure de l'efficience technique et les
rendements d'échelle obtenus pour les niveaux d’activité optimaux. Elle caractérise l'écart
existant entre les performances constatées et celles qui seraient obtenues dans une situation
d'équilibre concurrentiel de long terme où le profit est nul, c'est-à-dire par rapport à une
situation où les rendements d'échelle sont constants. Ainsi, une entreprise est inefficace
d'échelle si sa situation initiale est caractérisée par des rendements d'échelle croissants ou
décroissants. Tout de même, l’efficience technique est appréciée, théoriquement, sous deux
orientations72 :
 Efficience technique orientée output : qui désigne la capacité d’une unité de
production (UP) à générer un maximum d’outputs possible à partir d’un certain niveau
d’inputs ainsi qu’une technologie de production donnée.
 Efficience technique orientée input : qui évalue la capacité d’une UP à atteindre un
certain niveau d’outputs en utilisant le minimum d’inputs possible. Cette situation
s’impose lorsque la réduction des inputs est plus importante que la maximisation des
outputs.
En vue de pouvoir comprendre la décomposition de l’efficience technique, nous allons
considérer le schéma suivant :
Figure 6 : Rendements d'échelle et décomposition de l'efficience technique
Y REC
REV
A’ A''' A’’

B’ B

O X
XA
Source : Joumady O., « efficacité et productivité des banques au Maroc durant la période de la
libéralisation financière : 1990 – 1996 », Lisbonne, 7-9 juin 2000, p. 08 ;

La figure 2 présente le cas d'une unité de production qui produit un seul output y en utilisant un
seul input x. La courbe REV (Rendements d'Echelle Variables) est la frontière de l'ensemble
des possibilités de production ; elle représente la technologie existante à cette période. Si
l'hypothèse du rendement d'échèle constant est prise en considération, la droite appelée REC

72
Pami Dua, Subal C. Kumbhakar, et Subhash C. Ray, éd., Benchmarking for Performance Evaluation
: A Production Frontier Approach, 1st ed. 2015 (New Delhi: Springer India, 2015) ;

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(Rendements d'Echelle Constants) peut être tracée à partir du point d'origine O, de façon qu'elle
soit tangente à la courbe REV au point C. Nous rappelons qu'il s'agit de la même frontière REV
mais sous l'hypothèse du rendement d'échèle constant.
Pour une unité de production (UP) qui se trouve au point A, la distance qui la sépare de la
frontière de production REV est mesurée par le rapport DA= A' A''/A' A < 1. Avec l'axe de
l'input comme référent, DA correspond à la mesure de la distance entre le point A et la frontière
de production REV. Elle correspond également à une mesure de l'inefficacité de l’unité de
production (UP) « A ». En d’autres termes, si l’unité de production « A » utilise « Ax » input
pour produire « Ay » output, elle n'utilisera que la fraction 𝑥𝐴 𝐷𝐴 < 𝑥𝐴 pour produire le même
niveau d'output si elle se trouve sur la frontière de production au point A'' vue la technologie
existante à cette même période. En passant de A en A'', l’UP « A » produit autant d'output à
partir d'un niveau inférieur d'input. Néanmoins, une amélioration ou une détérioration de
l'efficience ne se traduit pas forcément en un changement de la productivité. Si par exemple
l’UP « A » se déplace jusqu'au point B, aucun changement sur la productivité ne sera observé
car le ratio output/input de l’UP est le même. En revanche, l'inefficience de l’UP mesurée par
distance entre le point « B » et la frontière, se décroît de 𝐷𝐴 à 𝐷𝐵 = B'C/B'B qui est inférieur à
la distance 𝐷𝐴 .
La distance entre la frontière REV et la frontière REC mesure en effet l'efficience d'échelle.
Pour l’UP « A », l'efficience d'échelle est (A'A'''/A'A) / (A'A''/A'A) = A'A'''/A'A'' < 1. Tandis
qu'en passant du point A au point B, la DMU devient plus efficiente en termes d'échelle dans le
sens où elle se retrouve à présent sur la portion de technologie à rendements d'échelle constants
au lieu de la portion de technologie à rendements d'échelle décroissant où elle se retrouvait
précédemment. L'efficience au point B est mesurée par le rapport : (B'C/B'B) / (B'C/B'B) = 1.
Ce qui explique l'absence d'inefficience d'échelle au point B. Donc, en passant du point A au
Point B, l’UP compense la détérioration en termes d'efficience technique pure par l'amélioration
de l'efficience d'échelle. Ainsi, la productivité reste la même.
II. Méthodes de mesure de l’efficience
Après avoir évoqué l’efficience à travers ses origines et ses différentes composantes. Nous
devons s’attarder sur le développement de méthodes de mesure de l’efficience dites approches
économétriques ou des frontières.

II.1. Méthodes non paramétriques


L’approche non paramétrique consiste à estimer la frontière grâce à la programmation linéaire
mathématique non paramétrique (Bekker, 2006). Nous distinguons donc entre deux types :

II.1.1. Data Enveloppement Analysis (DEA)


L'analyse par enveloppement des données est une méthode dérivée de la programmation
linéaire qui permet la construction de la frontière efficiente. Il s’agit d’une approche introduite
pour la première fois par Charnes et Al (1978). Le ratio proposé est une généralisation du ratio
de productivité associé à la fonction de production qui a un input unique lié à un output unique,
le problème d'agrégation étant résolu par un système de pondérations ne faisant aucune
référence à un quelconque système de prix (Sherman et Gold, 1985). Ce modèle est présenté
sous la forme d’un programme de maximisation de ratios comme suit :

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Nous disposons de données de K inputs et M outputs pour N firmes ou unités de décision
(Decision Making Unit), représentées par les vecteurs xi et yi respectivement. Les matrices X
(de taille KxN) et Y (de taille MxN) représentent donc l’ensemble des données des N unités.
La méthode DEA permet de résoudre, pour chaque firme, le programme déterminant les
vecteurs de pondérations optimales des M outputs et K inputs, en résolvant le programme
mathématique suivant :
𝑢′ 𝑦𝑖
𝑀𝑎𝑥𝑢,𝑣 ( ′ )
𝑣 𝑥𝑖
𝑢′ 𝑦𝑗
s.c : ( 𝑣′ 𝑥𝑗 ) ≤ 1, j = 1, 2, … N,
u, v ≥ 0
L’inconvénient est que ce programme admet une infinité de solutions. Pour y remédier, une
contrainte supplémentaire est introduite : v’xi = 1. Ce qui devient :
𝑀𝑎𝑥𝑢,𝑣 (µ′𝑦𝑖 ),
s.c : v’𝑥𝑖 = 1,
µ𝑦𝑗 – v’𝑥𝑗 ≤ 0, j = 1, 2, …, N,
µ, v ≥ 0
Le recours à la technique de dualité en programmation linéaire permet le passage de la forme
multiplicative à un problème équivalent, sous forme d’une enveloppe :
𝑀𝑖𝑛𝜃,𝜆 𝜃,
s.c : - 𝑦𝑖 + Yλ ≥ 0,
θ𝑥𝑖 – Xλ ≥ 0,
λ≥0

Où θ est un scalaire et λ est un vecteur de N variables.


Ce programme, orienté input, est résolu N fois, pour chacune des firmes de l’échantillon. Le
score de l’efficience technique est donné par la variable dont la valeur est comprise entre 0 et 1
(la valeur unitaire indique un point se situant sur la frontière efficiente).
Ce programme est fondé sur une hypothèse de rendements d’échelle constants. Pour introduire
une hypothèse, plus réaliste, de rendements d’échelle variables, dans un contexte marqué par
les imperfections de la concurrence et les contraintes environnementales, il suffit d’ajouter une
contrainte de convexité au programme initial : N1’ λ = 1, pour avoir :
𝑀𝑖𝑛𝜃,𝜆 𝜃,
s.c : - 𝑦𝑖 + Yλ ≥ 0,
θ𝑥𝑖 – Xλ ≥ 0,
N1’ λ = 1,
λ≥0
Où N1 est un vecteur Nx1 de 1.
Dans ce cas, il est possible de décomposer les scores d’efficience en efficience technique pure
et efficience d’échelle. Il suffit de mesurer l’efficience selon les deux approches, la différence
calculée entre les deux scores d’efficience technique fournit une mesure de l’inefficience
d’échelle.

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Figure 7 : Décomposition des scores d’efficience technique en efficience technique pure et
efficience d’échelle

Pc
A Pv
P

Sur cette figure, nous avons un exemple de modèle à un input et un output. Trois courbes sont
représentées : une courbe à hypothèse de rendements d’échelle constants (REC), une courbe à
rendements d’échelle décroissants ou constants (REDC) et une courbe à rendements d’échelle
variables (REV). La distance PPc représente l’inefficience totale au point P. Mais cette
inefficience peut être décomposée en inefficience technique pure (PPv) et inefficience d’échelle
(PvPc). En termes de ratios, nous aurons :

𝐴𝑃𝑐 𝐴𝑃𝑣 𝐴𝑃𝐶


ET (rec) = ; ET (rev) = ; EE = ;
𝐴𝑃 𝐴𝑃 𝐴𝑃𝑉
Avec :
ET (rec) = ET (rev) x EE

L’inconvénient de la méthode « DEA » tient du fait que l’inefficience est considérée de manière
statique et ne tient pas compte de l’évolution temporelle, d’où l’intérêt de calcul de l’indice de
Malmquist.
II.1.1.1. Les indices de productivité de Malmquist
En vue de pallier les insuffisances des méthodes présentées plus haut, l’indice Malmquist73
permet, tout en analysant l’efficience sur plusieurs périodes, de décomposer l’évolution de
l’efficience en changement de l’efficience technique et changement du progrès technologique
(Mukherjee, Ray et Miller, 2001 ; Hire, Grosskopf et Roos, 1998 ; Ray et Desli, 1997 ;
Grosskopf, 1993). Cet indice correspond à la moyenne géométrique de ces deux composantes.
Ainsi, si l'on veut mesurer la croissance de productivité d'une firme entre deux périodes, entre
deux firmes, nous devons décomposer cette notion en deux composantes essentielles. La
décomposition permet aux institutions de suivre le rythme des chefs de file en matière
d’innovation et d’amélioration de l’efficacité technique. De plus, elle fournit l'information sur
les sources de changement de la productivité totale d'une institution.
Une des premières études ayant mesurées le changement de productivité dans le secteur
bancaire est celle de Berger et al. (1992). Ces auteurs ont appliqué la DEA à des banques de
trois pays nordiques (Finlande, Norvège et Suisse) pour mesurer leurs X inefficacités et ont
utilisé l'indice de productivité de Malmquist pour modéliser la frontière de la technologie
bancaire. Ils trouvent dans l'ensemble que les banques suisses tendent à être plus efficaces que

73
Douglas W. Caves, Laurits R. Christensen, W. Erwin Diewert, The economic theory of index numbers
and the measurement of input, output, and productivity, Econometrica 50, no 6, November 1982 ;

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les banques finlandaises et norvégiennes. Par la suite, les études se sont multipliées (Chaffai et
al. 2001 ; Wheelock et Wilson, 1999).
L’indice de Malmquist prend donc en compte les mouvements de la frontière de production et
dans quelle mesure les institutions se rapprochent de cette frontière. L'application de l'indice
Malmquist représente un avantage non négligeable. Cet indice peut être calculé en l’absence
des informations sur les prix. De même, si l’information sur les prix des inputs est disponible,
il est également possible de calculer l’efficience-coût et de la décomposer en efficience
technique et efficience allocative. Ainsi, après avoir calculé l’efficience sur la base du modèle
exposé plus haut, orienté input, le programme suivant de minimisation du coût serait résolu :

𝑀𝑖𝑛𝜆,𝑥𝑖∗ 𝑤′𝑖 𝑥∗ ,
𝑖
s.c : - 𝑦𝑖 + Yλ ≥ 0,
𝑥∗𝑖 - Xλ ≥ 0,
N1’ λ = 1,
λ≥0
Avec 𝑤𝑖 vecteur des prix des inputs pour l’iéme unité de décision et 𝑥𝑖 * le vecteur de
minimisation des coûts pour les quantités d’inputs de l’ième firme, tenant compte des niveaux
de prix de 𝑤𝑖 pour les inputs et de yi pour les outputs. L’efficience-coût totale ou efficience
économique est l’équivalent de :
𝑤′𝑖 𝑥∗
𝑖
CE =
𝑤′𝑖 𝑥𝑖
C’est-à-dire au ratio du coût minimal rapporté au coût observé. L’efficience allocative peut être
déduite du rapport :
𝐶𝐸
AE =
𝑇𝐸

II.1.2. Free Disposal Hull (FDH)


La méthode FDH est une approche non paramétrique proposée par Deprins, Simar, et Tulkens
(1984). Elle assume uniquement la libre disposition des outputs et des inputs sans préciser la
forme fonctionnelle de la frontière, contrairement à la méthode DEA qui en plus de la libre
disposition des inputs et des outputs, suppose également la convexité de la frontière.
La seule hypothèse du FDH est la libre distribution qui veut dire que l'ajout des ressources à
une unité efficace ne réduira pas la quantité maximale qu'elle peut produire. Le FDH est une
variante de la DEA qui présente le même inconvénient que cette dernière par rapport à
l'omission des erreurs aléatoires. Si une unité efficace est mal située sur la frontière à cause des
erreurs de mesures, cela va affecter toute une portion de la frontière et fausser par la même
occasion les efficacités de plusieurs autres unités établies en fonction de cette portion de la
frontière. Dans ce contexte, seuls des tests statistiques peuvent permettre de détecter le
problème et d'en mesurer l'ampleur. En effet, l'inconvénient majeur est que moins il y’a
d’hypothèses imposées à la frontière de production, plus important est le nombre d'unités
déclarées efficaces (Tulkens. 1993).

Page 82 sur 346


En premier lieu, la FDH assumait un rendement d'échelle variable, cependant, d'autres
spécifications ont été introduites aux modèles de la méthode FDH telles que les rendements
d'échelle non croissants, les rendements d'échelle non décroissants et les rendements d'échelle
constants. La frontière des possibilités de la méthode FDH est composée uniquement des
sommets (des pics) de la frontière obtenue de la méthode DEA. Les points de la méthode FDH
se situent alors à l'intérieur de ces pics. La moyenne de l'efficience de la méthode FDH est alors
supérieure à la moyenne obtenue par la méthode DEA.

II.2. Méthodes paramétriques


Il est entendu que l’inconvénient majeur de la méthode DEA est l’hypothèse qu’elle ne y’a pas
d’erreur de mesure ni de choc exogène dans la production. Par conséquent, tout écart par rapport
à la frontière est qualifié automatiquement d'inefficacité productive. L’idée à la base des
frontières de production paramétrique est attribuée à Aigner et Chu (1968). Dans ce sens,
l’approche paramétrique suppose des hypothèses sur la forme de la frontière d'efficience et sur
le traitement du terme d'erreur et elle nécessite une spécification d’une forme fonctionnelle de
cette frontière qui peut être de type Cobb-Douglass ou Translog (Andrea Bonaccorsi et Daraio
Cinzia, 2004). De même, l'inefficacité provient de l’incapacité du gestionnaire à gérer
adéquatement l'entreprise, alors qu'il existe des facteurs qui ne contrôle pas mais, qui peuvent
déterminer le niveau de production. Dans cette partie, nous allons présenter trois méthodes
économétriques (ou paramétriques), en commençant par :

II.2.1. La méthode de la frontière stochastique


L’approche Stochastic Frontier Approach (SFA) a la particularité de prendre en considération
des facteurs exogènes à l’entreprise et non contrôlable par le gestionnaire. Pendant très
longtemps les recherches ont supposé que les producteurs utilisent les inputs pour produire des
outputs d'une façon efficiente. Ainsi, les seules sources de l'inefficience sont les erreurs
statistiques. Cependant, les recherches empiriques ont démontré qu'un producteur peut être
inefficient (en matière d'efficience coût, d'efficience allocative, d'efficience profit, ou encore,
d'efficience profit). Dans ce sens, une nouvelle méthode a été développée et dont l'idée de base
est indépendamment attribuée aux travaux de recherches d’Aigner, Lovell et Schmidt (1977) et
Meeusen et van den Broek (1977). Ces deux articles ont été élaboré durant une période de trois
ans et sont apparus juste avant le troisième article sur la SFA par Battese & Corra (1977)74.
Les auteurs ont introduit un terme aléatoire qui permet de passer d'une frontière déterministe à
une frontière stochastique, tout en admettant que la présence d'erreurs de mesure et / ou d'aléas
exogènes peuvent échapper au contrôle du gestionnaire et dévier les observations de la frontière
efficace. Ces déviations observées sont attribuées à deux facteurs à savoir l’inefficacité du
gestionnaire (son incapacité à choisir la meilleure combinaison des facteurs de production dont
il dispose) et d'autre part à des facteurs exogènes –aléatoires- hors de son contrôle comme les
facteurs climatiques, conjonctures économiques, pannes, etc. Les modèles développés par les
différents auteurs de la SFA partagent le même principe du terme d'erreur composé, cependant,

74
George E. Battese et Greg S. Corra, estimation of a production frontier model: with application to the
pastoral zone of eastern Australia, Australian Journal of Agricultural Economics 21, no 3 (December
1977): 169‑79 ;

Page 83 sur 346


chaque modèle est associé à une frontière de production particulière, ce qui nous donne le
modèle ci-après :
y = f(x.β) . exp {v - u},

 y est un scalaire d'output ;
 x est un vecteur d'inputs, et
 β est un vecteur qui représente le paramètre de la technologie.
Le premier composant du terme d'erreur indique les effets de l'erreur statistique et obéit à une
distribution normale ; v  N (0, ²v). Le second composant u ≥ 0 représente les effets de
l'inefficience technique. Dans ce cas, pour les producteurs qui se situent sur la frontière
stochastique, u = 0. En revanche, ceux qui se trouvent en dessous de la frontière ont un, u > 0.
Quant à la distribution de u, Meeusen & van den Broeck proposent une distribution
exponentielle, tandis que Battese & Corra proposent une distribution semi-normale pour u. Pour
Aigner, Lovell & Schmidt qui examinent les deux distributions pour u. Les paramètres devant
être estimés sont β, ²v, et la variance de ²u. Les deux distributions assumées sur u impliquent
que le terme d'erreur composé par (v - u) est négativement biaisé, et l'efficience statistique
impose que le modèle doit être estimé par une probabilité maximale. L'estimation de la
moyenne de l'inefficience technique dans un échantillon peut être mesurée par les deux
équations suivantes :
2 1/2
- E (-u) = E (v - u) = - (𝜋) u, si la distribution du terme d'erreur composé est normale -
semi normale, et de :
- E (-u) = E (v - u) = -u, si la distribution du terme d'erreur est normale - exponentielle.
Le modèle précédent correspond à la frontière de production. Ainsi, pour obtenir une frontière
stochastique de la fonction coût, le modèle se transforme en :
Yi = xiβ + (Vi + Ui), Avec i= 1, 2…, N ;

 Yi est coût de production de l'entreprise "i";
 xi est un k×1 est un vecteur des prix des inputs et des outputs de l'entreprise "i";
 β est un vecteur des paramètres ignorés;
 Vi sont des variables aléatoires assumées d'avoir une distribution normale et identique
N(0, ² v) et
 Ui sont des variables aléatoires non-négatives assumées de mesurer , l'inefficience coût
dans la production, souvent assumées de suivre la distribution N(0, ²u).
Dans ce modèle, Ui est considéré comme étant la distance qui sépare l'entreprise de la frontière
des coûts. Si l'efficience allocative est assumée, Ui est directement relié au coût de l'inefficience
technique. Si cette supposition est omise, l'interprétation de Ui est plus compliquée. Les
estimations de l'efficience technique sont obtenues des frontières stochastiques de production.
Tout de même, les frontières stochastiques des coûts résultent des estimations de l'efficience
des coûts. Les mesures de l'efficience technique et l’efficience des coûts relatives à la frontière
stochastique de la fonction coût sont définies de la façon suivante :
EFFi = E(Yi * Ui, Xi)/ E(Yi*Ui=0, Xi)

Page 84 sur 346


Où :
 Yi* est la production (ou le coût) de l'entreprise "i" qui est égale à Yi lorsque la variable
dépendante est en unités originales et est égale à exp(Yi) lorsque la variable dépendante
est en logarithme.
Dans le cas de la frontière de production, l'efficience EFFi prend une valeur entre 0 et 1, et dans
le cas de la fonction des coûts, elle prend une valeur entre 0 et ∞ (infinité)75. Quel que soit la
forme fonctionnelle retenue, les méthodes d'estimation de la frontière stochastique sont basées
sur l'économétrie. En d’autres termes, elles utilisent des techniques statistiques telles que les
moindres carres ordinaires (MCO), les moindres carres corrigées (MCC), la méthode du
maximum de vraisemblance (MY). Ces méthodes peuvent aussi être descriptives et vont dans
ce cas utiliser comme support la programmation linéaire ou la programmation quadratique.

II.2.2. Approche de la libre distribution (DFA)


Selon l’approche paramétrique introduite par Berger (1993), l’inefficience managériale est
assumée d’être constante à travers le temps. D'où, pour des données de panel, on peut déduire
que 𝑢𝑡𝑖 =𝑢𝑖 . De l'autre côté, l'erreur statistique 𝑣𝑡𝑖 s'annule à travers les années. En conséquence,
à partir des données de panel, la différence entre le résidu moyen et le résidu moyen minimum
de chaque institution peut être une mesure de leur niveau d'efficacité (Berger et Humphrey,
1997). Le modèle prend donc la formule suivante :
lnTC = ln 𝐶𝑡 (𝑌𝑖𝑡 , 𝑤𝑖𝑡 ) + ln ui+ ln 𝑣𝑡𝑖
Où :
 TC représente les coûts totaux de l'entreprise i en période t ;
 C est la fonction coût de l'industrie en période t ;
 𝑌𝑖𝑡 est un vecteur d'output, 𝑤𝑖𝑡 est un vecteur des prix des inputs et ln représente le
logarithme naturel.
Le terme d'erreur devient alors : 𝑡𝑖 = ln 𝑢𝑖 + ln 𝑣𝑡𝑖
La moyenne des résidus de la régression par l'unité transversale i est alors utilisée pour estimer
ln 𝑢𝑖 . Selon Berger (1993), il faut faire attention à ne pas confondre l'efficacité estimée aux
économies d'échelle. L'hypothèse de constance de l'inefficacité dans le temps peut entrainer un
problème. Si l'hypothèse n'est pas vérifiée et que l'on constate une variation, alors on pourra
tout au plus mesurer l'inefficacité moyenne sans pouvoir connaître le sens de la variation.
II.2.3. La méthode de la frontière épaisse (TFA)
Comme les deux précédentes méthodes, la TFA, développé par Berger et Humphrey (1992),
impose une forme à la frontière mais ne pose aucune hypothèse quant à la distribution des
termes d'erreurs et les niveaux d'inefficacités. Cette méthode consiste en premier lieu à classer
les données selon les coûts moyens, ensuite, deux « frontières épaisses » sont estimées. La
première frontière est le quartile des entreprises qui ont enregistré les coûts moyens les plus
faibles. La seconde concerne le quartile des entreprises avec les coûts moyens les plus élevés.
Dans ce cas, l'inefficience moyenne pour le quartile des entreprises le plus élevé est obtenue en
comparant les deux frontières épaisses. Or, si les erreurs associées aux fonctions coût ne sont

75
Datta Chaudhuri, D., Impact of Economic Liberalization on Technical Efficiency of Firms: Evidence
from India’s Electronics Industry, Theoretical Economics Letters 06, no 03, 2016, p 549‑60 ;

Page 85 sur 346


pas issues de variables aléatoires qui obéissent à une loi normale, le quartile le plus faible peut
encore contenir des entreprises inefficientes. La méthode de la frontière épaisse est un outil
efficace pour la comparaison entre les entreprises avec des coûts élevés par rapport à celles qui
ont des coûts faibles. Ainsi, il est très rare d’obtenir une fonction de production de cette manière.
Dans ce contexte, les résultats de l'inefficience de la production moyenne sont généralement
biaisés et conduisent à une exagération du niveau de l'efficience76.
Parmi les méthodes paramétriques et non paramétriques que nous venons de présenter, aucune
règle ne permet de déterminer la meilleure mesure de l'efficacité des entreprises. De même,
elles n’aboutissent pas aux mêmes résultats. Par exemple, des études ayant appliquées les
approches paramétriques au secteur bancaire américain ont trouvé des niveaux d'inefficacité
moyens autour de 20% à 25% pour la fonction de coût alors que l'application de la DEA trouve
des niveaux variant de 10% à plus de 50% (Berger et al, 1993). Il demeure donc difficile de
choisir la méthode qui donnera des meilleurs résultats, d’où un appel à la vigilance. Les
approches paramétriques imposent une forme à la fonction. En cas d’une mauvaise
spécification, l'efficacité mesurée peut être confondue avec les erreurs. Au contraire, les
approches non paramétriques imposent moins de structure à la frontière mais supposent
l'absence d'erreurs aléatoires provenant de facteurs incontrôlables.
Dans la synthèse faite par Berger et Humphrey (1997), nous constatons que les résultats varient
d’une méthodologie à l'autre. Sur 69 études ayant appliqué les méthodes non paramétriques,
l'efficacité moyenne est de 0.72 et l'écart type de 0.17. Pour les 60 applications des méthodes
paramétriques, l'efficacité moyenne est de 0.84 et l'écart type de 0.06. La comparaison entre les
deux applications révèle une forte concentration des études paramétriques autour de la moyenne
efficace qui peut se justifier par la présence des erreurs aléatoires.
III. Approches de mesure de l’efficience bancaire
L’efficacité bancaire constitue la capacité des banques à produire un maximum d’outputs à
travers un niveau déterminé d’inputs. Dans cette partie, nous allons présenter en premier lieu
les ratios, avant de partir à l’analyse de l’approche des frontières d’efficience. Pour enfin
terminer avec l’approche des déterminants.

III.1. Approche par les ratios


L’utilisation de l’approche des ratios n’est pas une technique nouvelle dans l’industrie bancaire.
Les premiers auteurs ayant l’utilisée sur les banques classiques sont O’connor (1973) et Libby
(1975). Depuis les années 80, les études portant sur celle-ci se sont multipliées : Chen et
Shimerda (1981), Sabi (1996) et Hempel et Simonson (1998). Dans les années 2000, Samad et
Hassan ont appliqué cette technique pour mesurer la performance des banques islamiques par
rapport aux banques conventionnelles en Malaisie. Par la suite, plusieurs études se sont basées
sur l’analyse comparative entre les systèmes bancaires islamiques et conventionnels (Al Jarhi
et Iqbal (2001), Rosly et Abu Bakar (2003) Hassan et Bashir (2003), Samad (2004), Moin
(2008), Olson et Zoubi (2008)). L’utilisation des ratios permet de compenser la disparité entre
les banques et de réaliser des benchmarks entre des banques de tailles et de types différents.

76
Wagenvoort, R., Schure, P., The recursive thick frontier approach to estimating efficiency, N° 2,
Economic and financial reports, European Investment Bank, 1999 ;

Page 86 sur 346


III.1.1. Les ratios de rentabilité
Les ratios de rentabilité mesurent l’efficacité managériale, en utilisant l’analyse des marges et
le calcul des rendements des actifs, des dépôts, des investissements et des capitaux propres. Ben
Khediri et al. (2015) ont utilisé deux ratios de rentabilité pour évaluer la performance des
banques islamiques et des banques conventionnelles en CCG. Il s’agit du rendement des actifs
(ROA) et du rendement des capitaux propres (ROE).

III.1.1.1. Le rendement des actifs (ROA)


Le ROA est l’indicateur de la rentabilité de la banque par rapport à son actif total par excellence.
Il est calculé en rapportant le revenu net sur le total d’actifs. Le ROA revient à l’efficacité de la
gestion de chaque dirham investi par la banque (Hassoune, 2002). Le Return On Assets (ROA)
est calculé à travers la formule suivante :
ROA= Résultat net / Total des actifs

III.1.1.2. Le rendement des capitaux (ROE)


Le ROE permet de mesurer la rentabilité des fonds propres de la banque. Il est calculé en
rapportant le résultat net aux capitaux propres. Le Return On Equity (ROE) exprime l'efficacité
de la banque dans sa gestion des investissements des actionnaires (Hassoune, 2002) et sa
capacité à dégager des bénéfices à travers les montants investis. Le ROE est calculé selon la
formule suivante :
ROE= Résultat net / Total des capitaux propres
III.1.2. Les ratios d’efficacité
Les ratios d’efficacité opérationnelle et d’allocation des ressources sont utilisés dans plusieurs
études. En effet, Iqbal (2001) a utilisé des frais par rapport au revenu pour évaluer l'efficacité
opérationnelle des banques, ensuite, il a utilisé deux ratios pour évaluer la performance des
banques islamiques et des banques conventionnelles à savoir :
Le rapport des investissements par rapport aux capitaux propres et aux dépôts = total
des investissements/ (total des capitaux propres + total des dépôts) ;
Le rapport des investissements par rapport aux passifs = total des investissements/total
du passif.
Dans le même contexte, Hassan et Bashir (2003) ont utilisé treize ratios d'exploitation pour
évaluer l'efficacité opérationnelle des banques dans leur étude. Dans ce qui suit, nous allons
présenter le ratio NIM et le ratio des coûts.

III.1.2.1. Le ratio Net Interest Margin (NIM)


Le ratio NIM constitue la marge nette d’intérêts mesurée par la différence entre le revenu
d'intérêt reçu de l'emprunteur et les intérêts versés aux déposants. Il peut être exprimé en
pourcentage des actifs productifs. Cependant, le NIM correspond à la différence entre les
revenus générés par les projets d’investissement et de financement réalisés et le rendement
distribué aux déposants pour le cas des banques islamiques. La formule générale de calcul est :
NIM = Revenus d’intérêts reçus – Revenus d’intérêts versés

Page 87 sur 346


III.1.2.2. Le ratio des coûts
Considéré comme le meilleur indicateur de mesure d’efficacité économique, le ratio des coûts
est obtenu en rapportant les coûts sur le revenu net. Ce qui revient à mesurer la qualité du
système de gestion et permet d’avoir une idée sur les coûts dépensés pour générer une unité de
revenu. La formule générale de calcul peut être présentée comme suit :
Ratios des coûts = (total des charges d'intérêts + total des charges hors intérêts +
provision pour pertes sur prêts) / (total des revenus avec intérêts + total des revenus
hors intérêts).
III.1.3. Les ratios de liquidité
Ces ratios servent à mesurer la capacité d’une banque à faire face à ces obligations. Ils sont
largement utilisés par l’industrie bancaire comme le cas de : Iqbal (2001), Karima Ben Khediri
et al. (2015), Wasiuzzaman et Nair Gunasegavan (2013).

III.1.3.1. Le ratio des prêts sur le total actif


Cet indicateur est calculé pour les structures conventionnelles en rapportant les prêts sur le total
actif, tandis que pour les banques islamiques, ce ratio est obtenu en divisant les opérations
Moucharka, Moudharaba et Mourabaha (équivalents des prêts) sur le total actif.

III.1.3.2. Le ratio des dépôts sur le total actif


Les dépôts des banques sont la principale source de financement des banques. Ils sont
considérés comme étant des fonds stables et moins chers que les fonds empruntés. Par
conséquent, ils sont d’un impact direct sur leur rentabilité. Une augmentation de financement
implique une augmentation de profits, ce qui entraine une relation positive entre ce ratio et la
rentabilité.

III.1.3.3. Les actifs liquides sur les dépôts


Le ratio des actifs liquides rapportés sur les dépôts est un outil efficace de gestion de la trésorerie
à court terme. L’objectif de la banque est de maintenir un équilibre, parfois difficile à avoir,
entre les actifs liquides considérés comme peu rentables et les actifs productifs qui permettent
une rentabilité supérieure. Or, dans un scénario de stress financier, cette approche peut s’avérer
dangereuse.

III.1.4. Les ratios de qualité des actifs et de risque


La qualité des actifs dépend de la rentabilité des projets dans lesquelles les banques islamiques
ont investi, et sur la qualité des emprunteurs auprès des banques conventionnelles. Les ratios
mesurant les risques associés aux actifs sont nombreux, nous citons :

III.1.4.1. Le ratio des réserves sur les prêts


Ce ratio mesure les réserves constituées par la banque par rapport aux prêts accordés. Plus la
banque anticipe que les clients sont susceptibles de faire défaut, plus elle augmentera ses
réserves pour être capable de faire face aux pertes. Les banques islamiques ne peuvent pas se
permettre un échec ou courir le risque de ternir la bonne image qu’elles ont construit auprès de
leurs clientèles.

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III.1.4.2. Les prêts douteux sur le total des prêts
C’est un indicateur relevant la qualité des prêts accordés par une banque. Naturellement, si ce
ratio est élevé, le portefeuille de la banque est donc composé de clients douteux qui risquent de
rendre la banque insolvable.

III.1.5. Les ratios de solvabilité


Le ratio de solvabilité est un pourcentage qui exprime la capacité d'une entreprise à rembourser
ses dettes. Il s’agit d’un indicateur de la santé financière de la firme. Parmi les principaux ratios
de solvabilité, nous trouvons :

III.1.5.1. Ratio de capital


Ce ratio indique la capacité de la banque à absorber les pertes et gérer l’exposition aux risques
avec les actionnaires. Il est obtenu en rapportant les capitaux propres sur le total des actifs. Il
est considéré comme un indicateur de stabilité puisque les banques les plus capitalisées sont
moins vulnérables face à ces risques (Bourke, 1989).

III.1.5.2. Ratio des capitaux propres sur les prêts


En divisant les capitaux propres sur le total des prêts accordés aux clients, nous obtenons le
ratio des capitaux propres qui mesure le niveau de protection des prêts et la capacité d’une
banque à absorber les pertes liées à la défaillance des clients. Cette capacité à rester solvable
est proportionnelle à la valeur de ce ratio.

III.1.5.3. Ratio des capitaux propres sur les dépôts


Les capitaux propres sont considérés comme une garantie des dépôts dans le cas de non-
remboursement des prêts accordés aux clients. Plus ce ratio est élevé, plus la banque est
considérée comme solvable et plus les clients sont confiants au moment de crise (Korbi, 2018).
Cependant, il faut noter que les banques islamiques sont moins risquées, sans pour autant
pouvoir garantir les dépôts d’investissement. En cas de perte sur les projets d’investissement,
les déposants doivent partager ces pertes et perdre ainsi une partie de leurs dépôts.

III.1.6. Les limites des indicateurs et ratios classiques


Les ratios ont été longuement utilisés pour mesurer la performance bancaire en vue de pouvoir
constituer une idée générale sur la performance globale des banques classiques et islamiques
qui englobe la productivité, la solvabilité, l’efficience et l’efficacité. Cependant, ces mesures
considérées comme classique présentent beaucoup de limites lorsqu’il s’agit d’évaluer la
performance bancaire77. En premier lieu, l’utilisation d’un grand nombre d’indicateurs peut
compliquer l’analyse et biaiser la comparabilité des banques ainsi que la prise de décision. Par
exemple, une banque peut avoir un ratio des encours de dépôts par employé supérieur à ses
concurrentes mais enregistre un ratio des encours d'épargne financière par employé inférieur.
Cette situation rend difficile le Benchmarking entre les banques du même secteur. Ainsi, on ne
peut pas juger qu'une agence bancaire avec un personnel de 20 employés et un encours de dépôt

77
Sherman, D., et Franklin G., Bank Branch Operating Efficiency, Journal of Banking & Finance 9, no
2 (June 1985): 297‑315 ;

Page 89 sur 346


par employé de 100 (2000/20) soit moins productive qu'une petite agence de deux employés
avec un encours de dépôts par employé de 125 (250/2). Ensuite, les indicateurs de productivité
sont difficiles à interpréter lorsque des variables sont incontrôlables. Par exemple,
l’augmentation de la productivité du travail peut être le résultat d’une augmentation de d'autres
facteurs, et non une meilleure productivité du personnel. Cette insuffisance peut induire à des
erreurs de diagnostic et des décisions inexactes.
Dans le même contexte, la neutralisation des caractéristiques de l'environnement dans
l’évaluation de la performance peut entraîner de faux jugements et diagnostics. En d’autres
termes, un environnement favorable d’une agence bancaire peut se traduire en un ensemble de
ratios plus performant. Ainsi, on ne peut pas juger le management de ses banques en fonction
de ces ratios78. De même, pour Yeh (1996), l'analyse par les ratios a l'inconvénient de s'appuyer
sur des ratios de référence qui sont choisis arbitrairement et peuvent tromper le chercheur79.
Enfin, les ratios financiers présentent des limites dans l’appréciation de la performance bancaire
à long terme, ainsi que des difficultés liées à l’interprétation et la détermination des sources
d’efficience et d’inefficience des banques. Dans ce contexte, Burkat et al. (1999) confirment
que l’analyse par les ratios suppose que la technologie utilisée dans le processus de
transformation financière est inchangée, alors que, la seule introduction du progrès technique
peut accroitre l’efficience d’une banque. En effet, cette dernière ne capte pas la dynamique de
l’activité bancaire sur le long terme. Selon zijiang (2009)80, ces ratios présentent des limites
lors de l’examen des effets des économies d’échelle et l’estimation de la performance globale.
Face à cette situation, l'analyse par les frontières d'efficience a montré sa supériorité et a permis
d’éviter voire d’éliminer les limites présentées par les indicateurs classiques. Les nouvelles
méthodes paramétriques et non paramétriques ont connu un succès important dans l’industrie
bancaire, et dans l’évaluation de l’efficience des banques.

III.2. Approche des frontières d’efficience dans le secteur bancaire


Après avoir présenté les limites de la mesure d’efficience par l’approche traditionnelle des
ratios, nous allons passer en revue l’approche d’analyse de la performance par les frontières
d’efficience en identifiant les bonnes et mauvaises pratiques du secteur ou des agences d’une
banque. En effet, le processus d’évaluation des institutions financières passe en premier lieu
par la séparation entre des entités performantes et des entités moins performantes. Ensuite, par
l’application des méthodes paramétriques ou non paramétriques pour analyser les frontières
d'efficience en vue de faire cette distinction. Cependant, le problème qui se pose est la définition
des variables. Dans la littérature, les chercheurs ne font pas l’unanimité sur la définition de ces
variables, ce qui pose une polémique. Il est primordial donc de commencer par passer en revue
les différentes visions du choix des variables. Cette position se justifie par le fait que, quelle
que soit la méthode utilisée, il faut au préalable définir la fonction de production bancaire.
Parmi les méthodes de frontières d’efficience paramétriques et non paramétriques. La méthode
d’enveloppement des données, DEA, a inspiré plus de travaux, de recherches, que n’importe

78
Deville, A., et Leleu, H., De nouvelles mesures pour comparer la performance opérationnelle et
financière des agences bancaires, Comptabilité Contrôle Audit Tome 16, no 2, 09/2010, pp. 97‑126 ;
79
Q.Yeh, The Application of Data Envelopment Analysis in Conjunction with Financial Ratios for Bank
Performance Evaluation, The Journal of the Operational Research Societ, 47, no 8, 1996, 980-988 ;
80
Yang, Z., Bank Branch Operating Efficiency : A DEA Approach, IMECS, no vol II (2009) ;

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quel autre sujet. Elle a été appliquée à une multitude de contextes de recherche, tant publics que
privés, et elle a fait l’objet de plus de 4000 articles de recherche publiés et plus de 7000
applications dans la littérature grise (Emrouznejad, Parker et Tavarès, 2008).
La première étude à avoir appliquée cette méthode au secteur bancaire revient à Sherman et
Gold (1985). En fait, la DEA a été initialement développée pour une utilisation dans les
organisations à but non lucratif, et n’a pas jusqu’ici, été appliqué aux banques ou organisations
de services financiers. Les résultats suggèrent que la DEA peut fournir un aperçu de l’efficience
d’exploitation des succursales au-delà de celle fournie par les ratios comptables. Les résultats
de la DEA sont ensuite analysés en conjonction avec d’autres techniques d’analyse et se
trouvent à suggérer des domaines où l’efficience de fonctionnement peut être amélioré81. Dans
cette étude, les auteurs ont utilisé un échantillon réduit de 14 agences bancaires américaines.
Ainsi, ils trouvent que la méthode DEA présente des indications importantes que les autres
techniques n’offrent pas. Ces résultats incitent les chercheurs à poursuivre leurs études.
Au fil du temps, les recherches se sont multipliées et ne se contentaient plus des banques au
sein des pays développés. Au même temps, la méthode DEA prend de l’ampleur et devient la
méthode la plus utilisée. Ainsi, sur 130 études sur l'efficience bancaire, 69 études appliquent la
DEA (Berger et Humphrey, 1997). De même, Pasiouras (2010) atteste que sur 151 études sur
la performance des banques durant la période allant de 1998 à 2008, la méthode DEA est la
méthode la plus utilisée dans la mesure de la performance bancaire82. Dans la suite, nous allons
présenter les premières études sur l’application de la méthode DEA dans le secteur bancaire.
Tableau 5 : Les premières études sur l’application de la DEA dans le secteur bancaire

Auteurs Pays Résultats

Les scores d’efficience issus de la méthode DEA sont


Ferrier et Lovell
Etats Unis légèrement supérieurs aux scores obtenus par la méthode
(1990)
l’approche de la frontière stochastique (SFA)

Les Banques Japonaises ont enregistré une inefficience


Fukuyama (1995) Japon
importante qui atteint les 56%

Les scores d’efficience des banques italiennes ont connu


Favero et Papi (1995) Italie
une évolution aléatoire (0.88 - 0.91 – 0.79 – 0.84)

Schaffnitt, Rosen et Les agences bancaires canadiennes enregistrent une


Canada
Paradi (1997) efficience annuelle moyenne de 0.87

Athanassopoulos Royaume Les agences bancaires britanniques enregistrent une


(1997) Unie efficience annuelle moyenne de 0.90

Source: Berger, A., Humphrey, D., Efficiency of Financial Institutions: An International Survey and
Directions for Future Research, European Journal of Operational Research 98, 1997, pp. 175-212.

81
Sherman et Gold, Bank Branch Operating Efficiency, 1985 ;
82
Dinçer, H., Hacıoğlu, U., et Yüksel, S., Measurement of the Economic Vulnerability Index in the
Third World and Emerging Economies, in Economic Growth and Demographic Transition in Third
World Nations ;

Page 91 sur 346


La raison derrière l’utilisation de la méthode DEA pourra se justifier par sa flexibilité et le
nombre réduit de ses hypothèses, ce qui a ouvert de nouvelles voies de recherches, dans un
temps où les méthodes économétriques ont échoué à répondre à certaines interrogations dans la
littérature, en permettant d’établir une mesure d’efficience relative pour chaque élément d’un
ensemble d’unités de prise de décision (Charnes, Cooper et Rhodes, 1978).

III.3. Approche des déterminants


« Le concept de l'activité économique comme étant un processus d'inputs-outputs est peut-être
le concept le plus fondamental de l'économie. Cependant, il est vague, et de curieuses difficultés
apparaissent dès qu’on essaye de spécifier les inputs et les outputs, ou de définir ce processus
de transformation »83. D’après ce qui précède, nous voyons clairement que les inputs et outputs
bancaires ne peuvent être appréhendés directement et leur définition fait toujours l'objet d'une
controverse dans la littérature et l’émergence d'approches alternatives (Korsah et al., 2001 ;
Camanho et Dyson, 1999). Triplett (1992) a indiqué que l'évaluation du secteur bancaire a été
compromise par la question non résolue des produits et des entrées. Cette question a également
fait l’objet de controverse par Wykoff (1992) en indiquant que « Si les dépôts sont des outputs,
pourquoi sont-ils si bon marché ? S’ils sont des inputs, pourquoi les déposants les procurent
aux banques ? »84. Cette question non résolue a porté atteinte à l'effort de recherche en
comparant les résultats des différentes études. Par conséquence, il est toujours nécessaire de
spécifier la fonction de production qui consiste à identifier les inputs et outputs des unités sous
observation avant d’appliquer une méthode basée sur les frontières d’efficience. En effet, la
synthèse des études faite par Berger et Humphrey (1997) sur l'estimation des frontières efficaces
des institutions financières ressort un manque d’unanimité sur la définition de la « production
bancaire ». Le débat provient du rôle que peut jouer les dépôts en tant qu’un output tel que le
suggère « l’approche de production » ou en tant qu’un input tel que le propose « l’approche
d’intermédiation » (Humphrey, 1985).
L’approche de production considère les coûts d’exploitation (les coûts du personnel et du
capital physique) en tant qu’un input permettant de générer les dépôts qui constituent les outputs
de la banque. Ainsi, les intrants sont le travail et le capital85, alors que les extrants sont les
services financiers offerts par la banque86. Dans cette situation, la banque est une entreprise qui
utilise les deux facteurs à savoir le capital et les ressources humaines pour offrir ces services de
prêts et dépôts. Dans ce cas, le nombre de comptes de dépôts ou le nombre de transactions
effectuées sera la mesure adéquate de l'output. Cependant, il faut noter que d'autres activités
intermédiaires peuvent être omises par exemple, les services de conseil, Humphrey (1985, p.
l78). Tandis que les inputs correspondent aux unités physiques du capital, du travail et des
équipements (Kim, 1989). Benston et al. (1982) suggèrent que « l'output des banques soit
mesuré en termes de ce qu'elles font et qui entraine des dépenses d'exploitation ». Tous les coûts
d'opérations engagés dans la production d’outputs spécifiques, excluant les coûts d'intérêts,

83
Kenneth E. Boulding, Some Difficulties in the Concept of Economic Input, 1961, pp. 331‑346 ;
84
Wykoff.F.C, comments on measurement and efficiency in banking by Berger.A.N, and Humphrey
.D.B, 1992, p. 285 ;
85
Anjan V. Thakor et Arnoud W. A. Boot, éd., Handbook of financial intermediation and banking,
Handbooks in finance (Amsterdam ; Boston: North-Holland/Elsevier, 2008) ;
86
M. Mostafa, Modeling the Efficiency of Top Arab Banks: A DEA–Neural Network Approach, Expert
Systems with Applications 36, no 1 (January 2009): 309‑20 ;

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représentent le coût total selon cette approche (Camanho et Dyson, 1999). Chaffai et Dietsch
(1999) l’ont utilisé pour mesurer l'efficience de 655 banques européennes. D’autres auteurs ont
mené des études sur la même approche. Korsah et al. (2001) ont utilisé 3 outputs (dépôts, prêts,
commissions et frais) et 3 inputs (coûts administratifs comprenant les émoluments du directeur,
salaires et bonus, dépenses de voyages, frais de santé ; capital incluant les actifs fixes et les
locaux ; autres...). Quant à Vettori (2000), il a utilisé 4 outputs (créances sur papiers monétaires,
créances sur les banques, créances sur les clients, créances hypothécaires) et 2 inputs (charges
de personnel/employés ; charges d'intérêts / somme des engagements) et le coût total représente
la somme des charges d'exploitation et des charges d'intérêts. De même, Ferrier et Lovell (1990)
ont utilisé 3 outputs (nombre de comptes de dépôts à vue, de dépôts à terme, nombre de crédits
immobiliers et industriels) et 2 inputs (nombre total des effectifs, coûts d'infrastructures à savoir
le loyer, fourniture et matériel).
Quant à l’approche d’intermédiation, elle préconise que la banque est un intermédiaire financier
entre les épargnants et les investisseurs, qui utilise à la fois le travail, le capital et les dépôts en
tant qu’inputs en vue de fournir des prêts et des investissements (outputs). En général, les
intermédiaires financiers collectent les dépôts et offrent des prêts dans le but de faire des profits
(Serrano Cinca et al., 2002). Sealey et Lindley (1977) ont été les premiers à caractériser les
inputs bancaires. Dans ce sens, le coût total représentant l’input comprend : les dépôts, la
rémunération de ces dépôts, les coûts de main-d’œuvre ou coûts opérationnels, les coûts de
rémunération du capital ou intérêts ainsi que le capital financier. Tandis que, les prêts accordés
et les autres actifs sont considérés comme outputs.
Yudistira (2003) applique la DEA en spécifiant une matrice de variables indépendantes
composée de 3 outputs à savoir le total des prêts, autres revenus, et les actifs liquides. Ainsi que
3 inputs : total des dépôts, coûts administratifs, actifs immobilisés. L'approche d'intermédiation
a été retenue principalement à cause de la prise de participations des banques islamiques dans
les entreprises impliquant des activités d'intermédiation très élevées (Dar et Presley, 2000). De
même, Berger et Humphrey (1997) ont déterminé des vecteurs des inputs et outputs bancaires
pour les institutions financières. Ils ont défini les coûts totaux bancaires à travers le total des
charges d'exploitation (inclus les coûts d'intérêts). Les outputs comprennent tous les revenus
provenant de l'activité d'intermédiation, que ce soit les revenus financiers ou non financiers. A
ces revenus s’ajoute la mesure de solvabilité de l'institution financière à savoir le « capital
financier » qui comprend le total hors bilan, le capital physique et les fonds propres des
actionnaires. Les prix des inputs sont le coût du travail calculé par le rapport entre les salaires
et autres charges personnelles sur le nombre d'employés, le coût du capital fixe (dotation aux
amortissements / actifs nets immobilisés) et le prix des dépôts (charges financières / passif
productif d’intérêts).
En analysant les autres études, nous trouvons que Barr et al. (2002) évaluent l'efficacité des
banques commerciales américaines de 1984 à 1998 en considérant les variables décrites par le
modèle DEA à orientation inputs développé par Siems et Barr (1998). La matrice des
inputs/outputs est composée de 5 inputs représentant les ressources nécessaires à l’activité
bancaire (dépenses de salaires, locaux et actifs fixes, autres dépenses non-intérêts, dépenses
d'intérêts, fonds de placement) et 3 outputs représentant les résultats désirés (revenus d’intérêts,
revenus non-intérêts, l'actif productif).

Page 93 sur 346


En théorie, les deux approches doivent contenir la même information, mais les résultats ne sont
pas nécessairement les mêmes. La première différence ressort de la définition de chaque
méthode. En effet, l’approche de production qualifie la banque en tant qu’un producteur de
services, contrairement à l’approche d’intermédiation qui considère que la banque joue le rôle
d’un intermédiaire financier. Ensuite, la deuxième différence ressort de l’unité de mesure
utilisée. De ce fait, l’approche de production utilise l’unité « volume » tandis que l’approche
d’intermédiation utilise l’unité « valeur ». Cette dernière approche est difficile à appliquer à
cause de la difficulté d'obtenir les prix des inputs pour en déterminer les valeurs. Contrairement
à ce qui précède, Shamsher et al. (2008) stipulent que l’approche d’intermédiation apparaît la
plus préférée et la plus utilisée dans les études empiriques à cause de l’intégration des charges
d’intérêts dans le calcul du coût total de la banque, au moment où la méthode de production les
ignore complètement. Pour cela, l’approche d’intermédiation peut être plus appropriée pour
évaluer la performance globale des banques.
Enfin, l’adoption d’une approche ou d’une autre dépend généralement de l’objectif fixé par le
chercheur. Dans ce cas, l’approche de production convient à l’étude de l’efficience coût des
firmes bancaires, étant donné qu’elle ne prend en compte que les charges opératoires (Ferrier
et Lovell, 1990). Alors que l’approche de l’intermédiation s’intéresse à l’ensemble des coûts
bancaires. Cette dernière est plus appropriée pour une étude de la viabilité économique des
banques, (Berger et Humphrey, 1997). De manière générale, la théorie trouve encore du mal à
définir l’activité bancaire de façon indéniable. Ainsi, aucune de ces deux approches ne peut
dominer l’autre. La principale raison du choix d’une méthode par rapport à l’autre est la
disponibilité des données de recherche. La figure ci-après schématise les deux méthodes.
Figure 8 : L’organisme bancaire selon les deux approches :

Approche d’intermédiation

Travail
Organisme
Capital bancaire Crédits

Dépôts

Approche de production

Crédits
Travail Organisme
bancaire Dépôts
Capital
Autres prestations
Source : Abdelkhalek T., Solhi S., Efficience et productivité des banques commerciales marocaines :
Approche non paramétrique, Economic research forum working paper series, working paper n°466,
2009 ;

Page 94 sur 346


Section 2 : Les facteurs déterminants de l'efficience des banques islamiques
La deuxième section de notre travail théorique concernera les déterminants qui peuvent
influencer l’efficience des banques islamiques. Pour se faire, nous allons diviser cette section
en deux points. Le premier point abordera les facteurs macroéconomiques et financiers qui
concernent la croissance économique du pays mesurée communément par le PIB, la structure
du marché qui mesure le degré de concentration et de concurrence d’un secteur, le degré de
réglementation d’une Etat, la résilience du secteur bancaire en temps de crise, ainsi que d’autres
facteurs d’ordres institutionnels et macroéconomiques.
Le deuxième point concernera les déterminants considérés comme étant spécifiques à la
banque. Dans ce contexte, notre travail de recherche sélectionnera des facteurs tels que la taille
qui pourra faire bénéficier la banque d’économies d’échelles, le type de propriété (privée ou
publique, nationale ou étrangère) qui décide en quelque sorte la stratégie à poursuivre par la
banque. De même, d’autres facteurs seront ajoutés tels que la capitalisation, le risque de crédit,
le progrès technologique, ainsi que d’autres facteurs internes à la banque.

I. Analyse des facteurs macroéconomiques et financiers


Parmi les facteurs qui peuvent peser sur le contexte financier des banques, nous pouvons citer
l’attractivité, le volume, le développement et le risque associé au marché bancaire. De même,
la réglementation et la structure du marché jouent un rôle prépondérant dans la détermination
des pratiques bancaires et par conséquence l’efficience de ces banques. A titre d’exemple, la
concurrence peut inciter les banques à améliorer leurs efficiences. L’étude d’Hermès et al.
(2009) montrent l’influence de l’environnement financier au point de vue national sur
l’efficience. Les auteurs indiquent que d’un côté, les marchés financiers bien développés
fournissent un environnement dans lequel les institutions peuvent augmenter leur productivité,
mais, d’un autre côté, les marchés trop bien développés peuvent être des substituts aux
institutions de micro finance qui peuvent mettre en jeu leur survie. Ces auteurs trouvent dans
leur étude empirique qu’il y aurait une évidence positive et significative entre l’efficience et
l’environnement financier. Dans cette partie, nous allons se focaliser sur l’analyse des
déterminants macroéconomiques et financiers de l’efficience des banques.

I.1. Interaction entre la finance et la croissance économique


La question du lien entre la sphère financière et la croissance économique continue d’alimenter
plusieurs travaux de recherche en ayant l’idée d’un effet favorable du développement financier
sur la croissance économique. Ainsi, les intermédiaires financiers remplissent cinq fonctions
principales qui favorisent la croissance en facilitant l’échange, la couverture, la diversification
et la mutualisation des risques, l’allocation des ressources, l’exercice d’un contrôle sur les
gestionnaires et les sociétés, la mobilisation de l’épargne, et en facilitant l’échange de biens et
de services (Levine, 1997). Ces fonctions permettent de réduire les coûts d’information et de
transactions et de mieux répartir les ressources en influençant les taux d’épargne, les décisions
d’investissement, et, au bout du compte, la croissance économique à long terme. De l’autre
côté, l’activité économique peut aussi influer sur le développement financier. Ces conclusions
concernent implicitement le secteur bancaire conventionnel, il est intéressant donc de se
demander si leurs conclusions s’appliquent également aussi aux banques islamiques.

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I.1.1. Etude de la relation de causalité entre le développement des banques
conventionnelles et la croissance économique
La recherche de la relation entre le développement financier et la croissance économique a
connu, au début des années quatre-vingt-dix, un regain d’intérêt principalement suite aux
travaux de Greenwood & Jovanovic (1990), Bencienga & Smith (1991), King & Levine
(1993a,1993b)87, Pagano (1993), Gartler & Rose (1994), Bencivenga & al (1995), Degregorio
& Guidotti (1995), de Fuente & Marin (1996), Levine & Zarvos (1998a), Levine & al (2000),
Xu (2000) et Christopoulos & Tsionas (2004)88. Ces études ont montré que le développement
des marchés de capitaux affecte la croissance économique à travers l’amélioration de la
productivité et de l’efficacité du capital. D’autres auteurs ont mis des doutes sur cette relation
notamment Luintel & Khan (1999)89, Benhabib & Spiegel (2000)90, Beck & Levine (2001),
Trabelsi (2002), Aghion & al (2005) et Liu & Hsu (2006). Tandis que d’autres auteurs ont
cherché à comprendre le sens de l’effet. En d’autres termes, il s’agit d'examiner si l'efficience
bancaire stimule la croissance économique, ou bien, si c'est cette dernière qui détermine le
niveau d'efficience des banques. En effet, Patrick (1966) analyse le sens de la causalité entre
les sphères réelles et financières en se basant sur une analyse du total des actifs financiers sur
le PIB pour l’Angleterre et le Japon au XVIII et au XIX siècle. Ces résultats ont confirmé que
le développement financier entraine l’offre et la croissance économique (supply-leading
approach) dans les phases initiales de développement, tandis que le modèle par la demande de
biens qui affecte le secteur bancaire (demand-following approch) est prédominant dans les
économies plus développées.
En utilisant le test de Granger, Gupta (1984) et Jung (1986) ont analysé l’hypothèse de présence
d’un lien bidirectionnel. Ainsi, Fritz (1984) a examiné le sens de causalité entre le
développement financier et la croissance économique aux Philippines. Les résultats de l’étude
ont montré que durant la période 1969-1981, le lien de causalité n’est pas évident entre les deux
indicateurs. Toutefois, dans la phase initiale du processus de développement financier, l’auteur
trouve que l’intermédiation financière cause la croissance. En revanche, la direction de la
causalité se renverse dans la phase finale du processus de développement financier. Jung (1986)
a procédé à des tests de causalité en utilisant le model VAR (modèle à correction d’erreur) sur
des données annuelles d’un échantillon de 56 pays sur des périodes de longueurs différentes
pour analyser le sens de la causalité entre le développement financier et la croissance
économique. Il utilise deux proxys pour mesurer le développement du secteur financier : le ratio
monétaire (M1/M2) et le taux de liquidité de l’économie. Les résultats montrent que le sens de
causalité entre la finance et la croissance ne s’exerce que dans les premières étapes du
développement, puis s’inverse avec la maturité de l’économie. Il a constaté que seuls 14 pays

87
R. G. King et R. Levine, Finance and Growth: Schumpeter Might Be Right, The Quarterly Journal of
Economics 108, no 3 (1 August 1993): 717‑37 ;
88
Dimitris K Christopoulos et Efthymios G Tsionas, Financial Development and Economic Growth:
Evidence from Panel Unit Root and Cointegration Tests, Journal of Development Economics 73, no 1
(February 2004): 55‑74 ;
89
Kul B. Luintel et Mosahid Khan, A Quantitative Reassessment of the Finance–Growth Nexus:
Evidence from a Multivariate VAR, Journal of Development Economics 60, no 2 (December 1999):
381‑405 ;
90
Benhabib, J., The Role of Financial Development in Growth and Investment, Journal of Economic
Growth 5, no 4 (2000): 341‑60 ;

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en développement présentent une causalité bidirectionnelle alors que les 24 pays restants
présentent une causalité dans un seul sens (le développement financier entraine la croissance
économique). Bien qu’il mette en évidence l’existence d’une relation de causalité entre
l’intermédiation financière et la croissance du produit, les résultats obtenus par Jung (1986)
émanent d’un échantillon non-homogène qui ne permet pas de généraliser la relation pour
l’ensemble des pays. A travers le même test de Granger, Aslan & Küçükaksoy (2006) ont étudié
la relation entre le développement financier et la croissance économique en Turquie durant la
période 1970-2004. Les résultats des tests indiquent que le sens de causalité va du
développement financier vers la croissance économique.
En continuant leurs études sur la causalité, Rousseau & Wachtel (1998) explorent des données
statistiques historiques provenant de cinq pays industrialisés (Etats-Unis, Grande Bretagne,
Canada, Suède et Norvège) sur la période 1870-1929 afin d’examiner la relation empirique
entre l’intensité de l’intermédiation financière et la performance économique. Les résultats
préliminaires montrent que la finance entraine la croissance. Les résultats de modèle VECM91
révèlent que les mesures de l’intensité de l’intermédiation financière causent l’output et la base
monétaire. Les résultats mettent en évidence aussi une relation causale à long terme allant de
l’intermédiation financière vers l’output. Les coefficients estimés par le VECM mettent en
exergue une réponse positive de l’output réel à l’augmentation de l’intermédiation financière
tandis que l’inverse n’est pas vérifié. En conclusion, ces travaux ont permis d’établir une
première corrélation et causalité entre le développement financier et la croissance économique.
Dans la continuité des études sur la relation entre les deux sphères financière et économiques,
Christopulous & Tsionas (2004) testent empiriquement la relation entre la finance et la
croissance sur un panel de 10 pays en développement sur la période 1970-2000 à l’aide de la
méthode des moindres carrés modifiés qui permet d’avoir une estimation consistante et efficace
du vecteur cointégrant et de prendre en compte le problème des redresseurs endogènes. Les
résultats économétriques révèlent que les mesures de développement financier sont corrélées
positivement avec le PIB à long terme. En revanche, les auteurs ont montré une absence de
causalité à court terme.

I.1.2. Etude de la relation de causalité entre le développement des banques


islamiques et la croissance économique
La finance islamique semble apporter un rôle dans le développement économique via la
mobilisation de l’épargne92. En effet, Ben Naceur et al. (2015)93 estiment que « si l’accès
physique aux services financiers a progressé plus vite dans les pays membres de l’Organisation
de la coopération islamique, l’utilisation de ces services n’a pas augmenté aussi rapidement ».
Khan et Mirakhor (1994)94 complètent cette vision en montrant que la politique monétaire

91
Le modèle vectoriel à correction (VECM) représente le processus de correction des écarts entre une
variable et sa valeur d’équilibre de long terme : il décrit la phase durant laquelle une variable converge
vers sa cible de long terme déterminé par la relation cointégration ;
92
Zaher, T.S., et Kabir Hassan, M., A Comparative Literature Survey of Islamic Finance and Banking,
Financial Markets, Institutions and Instruments 10, no 4 (November 2001): 155‑99 ;
93
Ayadi, R., et al., Does Basel Compliance Matter for Bank Performance?, IMF Working Papers 15, no
100 (2015) ;
94
Khan, M., et Mirakhor, A., Monetary Management in an Islamic Economy, Journal of King Abdulaziz
University-Islamic Economics 6, no 1 (1994): 3‑22 ;

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islamique se déroule dans un cadre où tous les outils classiques sont à la disposition des autorités
monétaires. Dans le même contexte, l’interdiction de la Riba rapproche les incitations des
prêteurs et des emprunteurs, et réduit l’aléa moral. Cette interdiction favorise les
investissements et stimule ainsi la croissance tout en amortissant les chocs dans les pays qui
sont exposés à des chocs importants. Le système bancaire islamique interdit les produits
spéculatifs dont les contrats et opérations exposant une grande part d’incertitude. Dans ce cas,
les produits dérivés sont presque jugés inacceptables en vertu de la « Charia » parce qu’ils
présentent un caractère spéculatif. La question principale à laquelle on doit répondre est :
comment ce système financier islamique participe à la dynamique de croissance.
Les études empiriques sur le lien existant entre la croissance économique et la finance islamique
sont limitées et plus axées sur un seul pays. En effet, Furqani & Mulyany (2009), étudient la
causalité entre le développement financier islamique et la croissance économique en Malaisie
en utilisant un modèle VECM sur des données trimestrielles pour la période 1997- 2005 et en
utilisant comme indicateur le total des financements islamiques (la somme des opérations
suivantes : Qard Hasan, Mourabaha, Ijara, Moudaraba, Moucharaka, Salam, Istisna’). Les
auteurs montrent qu’à long terme, le total des financements islamiques est positif et
significativement corrélé avec la croissance économique et l’accumulation du capital en
Malaisie. De même, le sens de causalité entre le développement financier et la croissance
économique est en faveur de l’hypothèse unidirectionnelle et suit la référence demand following
appproch, résultat qui signifie que la croissance économique incite les institutions bancaires
islamiques à évoluer et à se développer. Dans le cas contraire, Majid & Kassim (2010) montrent
que le sens de causalité se déroule du développement financier islamique vers la croissance
économique en se référant au cadre de Patrick (1966) (supply-leading approach).
Les études conduites par Yazdan Gudarzi Farahani, Masood Dastan, (2013) pour étudier la
relation entre le développement financier islamique et la croissance économique sur un
échantillon de huit pays (Bahrain, UAE, Saudi Arabia, Kuwait, Qatar, Yemen, Malaysia,
Indonesia, and Egypt) sur la période 2000-2010 en utilisant trois méthodes économétriques à
savoir ARDL (Auto Regressive Distributed lag), VAR (Vector Autoregressive Model), et
VECM (Vector Error Correction Model) ont montré que le développement financier islamique
affecte positivement la croissance économique à long terme. Rym & al (2013) ont utilisé un
échantillon plus grand s’appuyant sur 15 pays sur cinq périodes quadriennales95 durant la
période de 1990-2009. Cette étude a utilisé comme mesure du développement financier
islamique les indicateurs suivants : liquides des passifs des banques islamiques, le total des
financements islamiques, et le volume de l’activité bancaire globale traduite par l’activité de
détail et l’activité de gros. Leurs résultats trouvent un effet négatif de l’indicateur de profondeur
de la finance islamique sur la croissance économique, mais cet effet reste faible.
Ainsi, l’étude de Mosab & Tabash (2014) a pris le Qatar comme pays de référence pour évaluer
la relation entre le développement financier islamique et la croissance économique sur la
période allant de l’année 1990 à l’année 2008. L’indicateur communément utilisé est la valeur
totale des financements islamiques par rapport au PIB. Les résultats montrent qu’à long terme,

95
Beck et Levine (2004) utilisent les moyennes quinquennales de leurs données afin d’exclure les années
sans données et évaluer l’impact à long terme du développement financier sur la croissance
économique ;

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il existe une corrélation positive, contrairement au court terme, les tests de causalité à la Granger
montrent l’existence d’une relation bidirectionnelle entre le développement financier islamique
et la croissance économique. En d’autres termes, le système financier islamique stimule la
croissance économique, cette dernière incite au développement du système financier islamique.
En utilisant le même test du Granger, Mohammed & al (2014) montrent l’existence d’une
relation de causalité réciproque entre le développement financier islamique et la croissance
économique en Jordanie durant la période s’étalant du 1980 à 2012.

I.1.3. Etude du lien de causalité entre l’efficience bancaire et la croissance


économique
D’après les études présentées plus haut, la question qui se pose le plus est la nature de la relation
de causalité qui existe entre la sphère financière et économique. En d’autres termes, est ce que
l’efficience bancaire stimule la croissance économique, ou que la croissance économique
constitue un indicateur de l’efficience bancaire. Nous présentons dans ce qui suit, certaines
études sur le lien de causalité entre ces deux variables. En effet, Berger et al. (2004) précise le
lien entre l'efficience relative des banques et la croissance économique en se basant sur un
échantillon de 49 pays, dont 21 pays développés et 28 pays en développement. Ces chercheurs
tentent de savoir comment la santé relative d'une communauté bancaire influence l’économie.
Leur hypothèse indique qu'une plus grande part de marché et une meilleure efficience d'un
certain groupe de banques améliore le financement bancaire des petites et moyennes entreprises
et cible le crédit vers les PME les plus productives. Ils élaborent trois modèles pour les pays
développés et les pays en développement en utilisant comme variables l'efficience « coût » et
l'efficience « profit » des banques, la part du marché des banques et la croissance du PIB.
Les résultats de Berger et al. (2004) montrent que la part du marché et l'efficience des banques
privées influencent positivement la croissance économique dans les pays développés. Quand la
part du marché de ces banques augmente de 10%, la croissance du PIB s'accroit d'environ 0.5%.
En outre, lorsque l'efficience relative de ces banques augmente de 10%, le PIB enregistre une
croissance de 0.1 à 0.4%. Des résultats similaires pour les pays en développement.
L'augmentation de 10% de la part du marché des banques privées, nationales et de petite taille,
tend à élever la croissance du PIB d'environ 1 à 2%. Aussi, l'amélioration de l'efficience de ces
banques augmente la croissance du PIB d'environ 0.5 à 0.7%. Cependant, l'efficience des
banques étatiques et des banques étrangères n’est pas significative dans l'explication de la
croissance économique.
Quant à l’étude de Berger & DeYoung (1997), ils trouvent que l'une des principales raisons de
la réduction de l'efficience coût des banques est la gestion des problèmes de crédits, qui sont
dus en principe à la mauvaise conjoncture économique et au ralentissement de la croissance.
Berger et al. (2000) indiquent que la diversification régionale et les techniques d'ingénierie
financière employées pour gérer le risque restent insuffisantes et sensibles aux chocs régionaux
et macroéconomiques. Dans ce cas, l’efficience bancaire reste tributaire au contexte
économique d’où la nécessité d’améliorer leur efficience coût pendant les ralentissements
économiques afin de survivre, dans le cas contraire, d’augmenter leur profitabilité dans un
contexte de booms économiques. A l’inverse, certaines études soulignent la relation négative
entre la croissance économique et l'efficience des banques. En effet, une croissance économique
favorable incite les banques à octroyer plus de crédit à l'économie, ce qui implique aussi plus

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de risque et des inputs obtenus à des prix plus élevé, ce qui implique moins d’efficience. Ainsi,
Chortareas et al (2010) indiquent une relation négative et significative entre la croissance
économiques et l'efficience des banques dans 11 pays européens durant la période de 2000 à
200696. Cependant, la croissance du PIB ne peut être un facteur déterminant de l’efficience des
banques marocaines, indique l’étude Abdelhak et solhi (2009).
Il semble que les recherches empiriques et les avis sur le lien de causalité fait toujours l’objet
de controverses dans la communauté des chercheurs qui confirment une relation
bidirectionnelle entre l’efficience bancaire et la croissance économique. Dans ce sens, les
banques bénéficiant d’une croissance économique favorable augmentent leurs marges
bénéficiaires et améliorent leurs fonctions de production. Une fois efficientes, ces banques
contribuent au financement de l’économie à travers les financements des projets. Résultat,
l’efficience des banques est influencée et influence par la suite la croissance économique, sans
oublier le risque accru du taux des créances douteuses suite à un octroi massif des crédits, ou à
l’augmentation du taux d’inflation ou d’intérêt.

I.2. Interaction entre la structure du marché et l’efficience bancaire


La première hypothèse sur la relation entre la structure du marché et l’efficience connu sous le
nom du paradigme SCP, prédit qu’une firme en situation monopolistique tarifera des prix plus
élevés que si elle est en situation de concurrence, et engendrera ainsi une perte d’efficience.
Cette théorie, connu aussi sous le nom de « Quiet Life Hypothesis – QLH », met en exergue les
effets bénéfiques d’une concurrence accrue, et indique que les managers ne vont pas avoir un
comportement de maximisation des profits que dans une situation de concurrence limitée. Dans
ce cas, les managers ne sont pas incités à fournir des efforts (Selten, 1986) et peuvent dévier
des ressources à des objectifs autres que celle souhaités par la firme (Hermalin, 1992).
Pour le cas du marché bancaire, cette situation s’illustre par des taux débiteurs plus élevés que
sur un marché en concurrence, chose qui peut réduire la volonté des banques à rendre leurs
activités plus efficientes car toute hausse des coûts peut être facilement couverte par une hausse
des taux débiteurs et/ou une baisse des taux créditeurs. D’un point de vue empirique, la
vérification de cette hypothèse mettra en évidence une relation positive entre concurrence et
efficience. En effet, certains administrateurs de la banque bénéficient de cette situation pour
faire des dépenses qui ne sont pas destinées à améliorer l’activité de la banque, mais de satisfaire
les objectifs personnels de ces banquiers à savoir par exemple l’acquisition des voitures de luxe,
des salaires et des primes excessifs et/ou injustifiés ou encore des activités non conformes à la
banque (Dittus, 2004, Bonin et al., 1998).
Contrairement au paradigme SCP, l’hypothèse structure efficiente propose une explication
alternative selon laquelle plus une banque est efficiente, plus son niveau de profit et sa part de
marché augmentent (Demsetz, 1973). Selon cette théorie, il existe une relation négative entre
efficience et concurrence. Pour le cas du marché bancaire, l’information joue un rôle central
dans la gestion du risque d’aléa moral et de sélection adverse. Dans ce contexte, l’asymétrie
d’information oblige les banques à établir des relations de long terme en vue de contrôler les
clients et limiter cette asymétrie. Cependant, l’environnement concurrentiel réduit les

96
Georgios E. Chortareas, Girardone, C., et Ventouri, A., Bank Supervision, Regulation, and Efficiency:
Evidence from the European Union, Journal of Financial Stability 8, no 4, 2012, 292‑302 ;

Page 100 sur 346


incitations des banques à s’investir dans de telles relations, ce qui diminue par la suite leurs
efficiences.
En théorie, la fonction des banques consiste à réduire les problèmes d’asymétries d’information
face aux tensions concurrentielles. Or, face à la baisse de leur marge d’intérêt, les banques
n’engagent pas les contrôles nécessaires de sélection ou de suivi des projets. En fait, plus le
nombre des banques sur le marché augmentent, moins elles seront incitées à sélectionner et à
surveiller les projets par crainte de perdre leurs clients (Dell’ Ariccia, 2000). De même, shaffer
(1998) montre que la qualité moyenne du portefeuille de crédits diminue avec l’augmentation
du nombre des banques, puisque la sélection est susceptible de révéler de manière imprécise les
caractéristiques du débiteur.

I.2.1. Relation entre la concentration du marché et l’efficience des banques


En utilisant un indicateur de concentration sur un échantillon de plus de 5000 banques
américaines, Berger et Hannan (1998) furent les premiers à traiter empiriquement le lien entre
les deux concepts. Ainsi, ils montrent les effets bénéfiques de la concentration sur l’efficience-
coût. Cependant, on reproche aux auteurs l’utilisation de l’indicateur de concentration pour
l’approximation de la concurrence. Cette mesure n’est qu’imparfaitement reliée à la
concurrence (Angelini et Ceterolli, 2003 ; Claessens et Laeven, 2004) et ne reflète que
moyennement le pouvoir de marché individuel (Boone, 2008).
En vue de contourner cette faiblesse, plusieurs études ont fait appel à l’indice de Lerner pour
mesurer le pouvoir de marché individuel des banques. Koetter et al. (2011) soulignent les
problèmes induits par les mesures de l’indice de Lerner et de l’efficience selon deux modèles
indépendants. En effet, la présence d’inefficience tend à induire une sous-estimation du pouvoir
de marché. Cette fois ci, Koetter et al (2011) ont proposé une mesure ajustée de l’indice de
Lerner. Les résultats de cette recherche montrent que, sur un échantillon retenu de 821 banques
dans 60 PED durant la période 1999-2005, le pouvoir de marché est lié négativement à
l’efficience-coût, conformément à l’hypothèse du QLH. Néanmoins, ce résultat n’est pas
robuste à la substitution de l’efficience-coût par l’efficience-profit. L’échantillon comprend des
pays de plusieurs continents ayant des niveaux de développement et des systèmes bancaires
différents, ce qui conduit à une hétérogénéité importante difficile à prendre en compte.
La relation entre la concentration du marché et l’efficience bancaire a été testée par Schweiger
et Mcgee (1961) et par Hannan (1991). Ces auteurs ont abouti au fait qu’une forte concentration
du marché résulte en une hausse des profits. Ainsi, les banques dominantes dans un marché
concentré bénéficient d’une rente de profits et d’une place privilégiée qui permettent d’acquérir
des ressources à moindre coûts, tout en ayant le pouvoir d’attribuer des prix suffisamment
élevés pour les produits97. Aussi, si le marché bancaire devient concentré, c’est parce que des
banques ont été plus compétitives et plus agressives pour obtenir plus de part de marché. On
peut déduire donc une relation positive entre la concentration du marché et l’efficience des
banques. L’étude de Nicolas Eber (2000)98 justifie la relation positive entre la concentration du

97
Belkhaoui, S., Lakhal, L., Hellara, S., Impact de la structure de marché et du choix stratégique sur la
performance bancaire : cas des pays émergents, Management international 16, no 4 2012 ;
98
Eber, N., Efficience du système bancaire, structure du marché de crédit et activité économique, Revue
économique 51, no 6 (novembre 2000): 1333 ;

Page 101 sur 346


marché et l’efficience des banques par un modèle théorique simple dans lequel la production
globale et la concentration du marché bancaire sont endogènes. Il prouve qu’un système
bancaire efficient caractérisé par de faibles coûts de contrôle diminue les effets des chocs réels
sur les activités économiques et bancaires. C'est le cas de l’économie allemande qui, grâce à un
secteur bancaire concentré et efficient, a pu maintenir un bon niveau d’investissement et se
trouve moins vulnérable aux chocs réels.

I.2.2. Interaction entre la concurrence et l’efficience des banques


La littérature traitant les relations entre la concurrence et l’efficience a été largement étudiée
depuis les travaux de Hicks (1935). Ces recherches se sont focalisées sur la causalité allant de
la structure du marché à l’efficience (Mason, 1939 et Bain 1956). Cependant, Demsetz (1973)
and Peltzman (1977) ont montré que la causalité pouvait être inverse99. Plusieurs études ont
tenté d’analyser les déterminants d’efficience, mais peu sont les études à s’intéresser à l’analyse
l’effet de la concurrence sur l’efficience bancaire. Ainsi, nous allons présenter les conclusions
empiriques, tant que les conclusions théoriques sont contrastées.
L’étude de Barth et al. (2013) confirme qu’une baisse de la concurrence est négativement liée
à l'efficience bancaire. En effet, la concurrence incite les managers à être plus vigilant et à
améliorer la performance de leurs banques. Cependant, une forte concurrence dans le marché
bancaire n’est pas forcément synonyme de meilleure efficience. Par exemple, l'accroissement
de la concurrence aux Etats-Unis a accru la prise de risque des banques d'investissement
réduisant ainsi leur solvabilité. Dans ce cas, les pressions concurrentielles conduisent à une
prise de risque excessive affectant négativement l’efficience et la performance.
La libéralisation financière a accentué l’instabilité dans les systèmes financiers et la
concurrence bancaire. Demirguc-Kunt & Detragiache (1998) affirment que la libéralisation
financière contribue à la suppression des barrières à la concurrence, fragilise le système
financier et rend les crises plus probables100. Cette situation se traduit par une baisse de
l’efficience dans un contexte de concurrence où les banques deviennent plus vulnérables. La
question de la fragilité du système institutionnel peut influencer négativement l’efficience.
Ainsi, Grigorian & Monole (2002) soutiennent que les banques présentes dans les pays en
transition ou en voie de développement ayant un cadre institutionnel faible ou fragile ne sont
pas aussi performantes pour pouvoir surmonter les pressions de la concurrence. Cependant,
lorsque l'environnement institutionnel101 devient plus solide, la concurrence incite les banques
à devenir plus efficientes.
Demsetz (1973) indique que des niveaux de profits élevés et une part de marché grandissante
impliquent une meilleure efficience des banques. Ainsi, cette théorie soutient l’idée d’une
relation négative entre l’efficience et la concurrence dans le marché bancaire. Cette relation
négative est accentuée par l’existence d’asymétrie d’information dans le marché du crédit. Les
banques avec de grandes parts de marché réduisent l’asymétrie d’information grâce à une

99
Théorie de la structure efficiente : les firmes efficientes devraient accroître leurs parts de marché ce
qui concentre le marché et peut réduire la concurrence ;
100
Demirguc-Kunt, A., et Detragiache, E., The Determinants of Banking Crises in Developing and
Developed Countries, Staff Papers - International Monetary Fund 45, no 1 (mars 1998): 81 ;
101
D.A. Grigorian, Manole, V., Determinants of Commercial Bank Performance in Transition: An
Application of Data Envelopment Analysis, Policy Research Working Papers The World Bank, 2002;

Page 102 sur 346


relation durable avec leurs clientèles. Contrairement à la dernière étude, Dell’ariccia (2000)
confirme qu’un environnement concurrentiel implique une politique de fidélisation des clients
qui peut être très couteuse pour les banques, et sont moins incitées à sélectionner et à surveiller
les projets. Dans le même contexte, Shaffer (1998) indique que l’augmentation du nombre des
banques réduit la qualité du portefeuille de crédits car la sélection des projets à financer peut
révéler d’une façon imprécise les caractéristiques du débiteur. Le tableau de la littérature
empirique traitant l’influence de la concurrence sur l’efficience est présenté en annexes.

I.3. L’effet de la crise financière sur l’efficience bancaire


La dernière crise mondiale a marqué l’histoire de la finance où elle a commencé aux Etats-Unis
et s’est étendue au reste du monde. La crise des Subprimes est due principalement à la sous-
estimation des risques, aux pratiques non-éthiques du management des risques des banques, à
la forte spéculation, au manque de transparence et de réglementation adéquate, et aux conflits
potentiels d’intérêt entre les agences de notation. Dans ce sillage, les acteurs de la finance ont
été amenés à repenser la stabilité financière à travers l’instauration de nouvelles normes de
contrôle de banques, la limitation de prise de risque excessif, la transparence, et l’adoption
d’une nouvelle discipline de gestion. Dans cette optique, la finance islamique s’est imposée du
fait du caractère fondamentalement moral de ces principes. Saidane (2010) considère que
l’intermédiation financière islamique est « une finance anti-risque systémique ». Par ailleurs,
des contributions empiriques apportent des éléments de réponse sur la résilience des banques
islamiques par rapport à la crise des Subprimes (Wilson, 2009 ; Cihak & Hesse, 2010 ; Hasan
& Dridi, 2010 ; Feryel Ouerghi, 2014).

I.3.1. L’efficience des banques islamiques en période de crise


La revue de la littérature examinant les effets de la crise financière sur les banques islamiques
est peu nombreuse. Selon Apps (2008), les banques islamiques sont restées stables avec une
bonne performance durant la crise et que leur modèle peut être considéré comme une
alternative102. Ainsi, les activités des banques islamiques empêchent la prise de risques
excessifs, et demeurent efficientes en périodes de crise. Cependant, l’environnement externe
est susceptible de peser sur son activité. Dans ce sens, Olson & Zoubi (2011) comparent 527
banques conventionnelles et islamiques, dans 10 pays de la région MENA sur les bases de
mesures de l’efficience et de la profitabilité des banques basées sur la comptabilité
(Accounting-Based) ou sur l’économie (Economic-Based). Les résultats de ces auteurs
suggèrent que les mesures basées sur les données économiques s’avèrent plus utiles au
management de la banque s’ils se concentraient sur l’efficience du profit plutôt que l’efficience-
coûts. Ainsi, ils montrent que les banques de la région MENA sont légèrement moins efficientes
en termes des coûts que les banques européennes, mais en conformité avec les banques des pays
en développement. En revanche, les banques de la région MENA font de très bons résultats en
termes d’efficience du profit par rapport à toutes les autres banques du monde. Parallèlement,
toutes les banques de la région MENA sont en-dessous de la taille optimale.
Quant à Abdus Samad (2013) qui mesure l’efficience technique de 28 banques islamiques de
13 pays durant la période d’avant la crise financière (2006-2007) et durant la crise financière
(2008-2009). Il trouve que la moyenne de l’efficience technique des banques islamiques est

102
Apps, P., Global financial centers battle for Islamic markets, International Herald Tribune, 2008

Page 103 sur 346


passée de 0.39 durant la période d’avant la crise financière à 0.38 durant la crise financière. En
plus, 42.8% des banques islamiques ont connu une efficience technique moyenne inférieure à
la moyenne générale avant la crise financière, contre 60.7% durant la crise financière. Dans ce
contexte, il affirme que la crise financière a provoqué une baisse de l’efficience technique de
1% et une hausse du nombre des banques islamiques qui enregistrent une efficience inférieure
à la moyenne. Cependant, cette baisse en efficience n’est pas significative selon Abdus Samad
(2013) qui conclue que la crise financière n’a pas un effet réellement significatif sur l’efficience
des banques islamiques103.

I.3.2. L’efficience des banques conventionnelles en période de crise


Il est évident que les banques d’investissement américaines ont contribué à la détérioration de
la situation économique et financière pendant la dernière crise mondiale. Lima P. (2012) a
développé un nouveau concept appelé "efficience de solvabilité" pour investiguer l'efficience
de ces banques juste avant la crise. Ainsi, sur un échantillon de 32 banques d'investissement
américaines durant la période 2004-2008, l'auteur compare l'efficience de solvabilité des
banques d'investissement en utilisant l’efficience technique mesurée par la méthode d’Analyse
d’Enveloppement des données (DEA). L’analyse statistique retenant dix inputs composés de
provisions pour créances douteuses, passif total hors capital, dépôts, dépôts à court terme, fonds
propres, passif volatil, Tier One (constitué de capital social, report à nouveau ou encore résultat
non distribué de l'exercice), Tier Two (indicateur désignant les fonds propres réglementaires,
plus-values latentes, provisions, titres participatifs), RWA (Risk Weight Assets ou actifs
pondérés), dérivés, et quatre outputs à savoir les encours de crédit au développement et
stratégies de la croissance, le portefeuille titre, la négociation des opérations de marché et le
résultat opérationnel. Elle montre que les taux d’accroissement des dépôts, des fonds propres et
des produits dérivés se serrent à partir de la fin de l’année 2007, et que le portefeuille titres et
les provisions pour créances douteuses s’accroissent considérablement à partir de 2007
constituant ainsi plus de risque.
De même, les résultats montrent que l’utilisation de l’orientation input implique une forte
détérioration des scores d’efficiences des banques d’investissement américaines. Également,
nous assistons à une forte volatilité de la solvabilité en partie à cause d'une optimisation
inefficiente des dépôts, du Tier One, des provisions pour créances douteuses, des passifs
volatiles. L’orientation output indique les mêmes résultats, en montrant une hausse de
l'inefficience de solvabilité et une hausse de la volatilité de l'efficience en termes de solvabilité.
Cette situation est due en grande partie à une optimisation inefficiente des encours de crédit
octroyés et du portefeuille titres. L’analyse présentée conclue que la détérioration du score
d’efficience des banques peut manifester un signal d’alarme d’une crise bancaire à l’horizon.

I.4. La réglementation : quel effet sur l’efficience bancaire


L’influence de la réglementation sur l’efficience bancaire a fait l’objet de plusieurs études
contenant des résultats divers. En effet, le secteur bancaire est par nature un secteur hautement
réglementé. Elle consiste à développer les règles nécessaires au bon fonctionnement du marché
bancaire, et à protéger l'investisseur, le consommateur ainsi que d’assurer la stabilité du système

103
Abdus Samad, Impact of Global Financial Crisis: Evidences from the Cross-country Islamic Banks,
British Journal of Economics, Finance and Management Sciences, 7, no 2 (2013): 54‑63 ;

Page 104 sur 346


financier et économique. La réglementation bancaire vise dans ce contexte à améliorer
l’efficience et à réduire le risque de défaut des banques. Toutefois, elle peut être couteuse et
implique des problèmes d'aléa moral. Le débat sur ce sujet fait encore l’objet de controverses
entre ceux qui appellent à la régulation et ceux qui sont convaincu que la libéralisation
financière est synonyme d’amélioration d’efficience.

I.4.1. Relation entre la réglementation financière et l’efficience bancaire


Jusqu’à la fin des années 1980, les politiques de répression financière impliquant la présence et
le contrôle par le gouvernement du secteur bancaire ont été en vigueur. Ces mesures ont
constitué un frein au développement des opérations bancaires dans la majorité des pays. En
effet, les restrictions sur l’octroi des crédits, la haute préemption sur les fonds prêtables et les
taux d'intérêts, souvent restreints, a conduit à une baisse de la profitabilité, de la productivité et
de l'efficience des banques. L’étude de Jayaratne et Strahan (1996) concernant l’effet des
restrictions géographiques sur l’industrie américaine à travers la levée des barrières à l’entrée
ou « Branching », a démontré que l’efficience s’est améliorée après la déréglementation au
niveau du branching intra-état. Au même niveau, l’efficience s’est améliorée après la
déréglementation au niveau du branching inter-état, mais à une moindre mesure. Barth et al.
(2004) jugent qu’il existe une relation négative entre les restrictions sur les activités bancaires
et le développement du secteur bancaire. Cependant, l’étude de Pasiouras (2009) ne trouve
aucune relation significative entre les restrictions réglementaires et l’efficience des banques104.
En vue de limiter l’interventionnisme d’Etat et améliorer la concurrence et l’efficience des
banques, les économies ont suivi un processus de libéralisation des institutions financières. En
fait, la pression concurrentielle réduit les risques et les coûts du management des banques, et
permet d’offrir des services financiers. Ainsi, Berger & Humphrey (1997) indique que lorsque
l'intervention de l'Etat est réduite, le marché bancaire devient plus favorable à la concurrence105.
Pour ces raisons, les Etats se sont dirigées vers les politiques de dérégulation et de libéralisation
du secteur bancaire. Cependant, les recherches empiriques montrent que les résultats sont
contradictoires et dépendent des économies. En outre, Kumar & Gulati (2014) revoient 72
études examinant le lien entre les réformes de dérégulation et l’efficience des banques, et
trouvent que 65% des études trouvent que la dérégulation et la libéralisation ont un effet positif
sur la performance, la productivité et l’efficience des banques durant les périodes qui succèdent
aux réformes. Le reste de l’échantillon, soit 35% des études, trouvent que la dérégulation a
tendance à détériorer l’efficience des banques. Cette détérioration est probablement due aux
conditions macroéconomiques souvent difficiles durant les premières années des réformes106.
Suivant le même contexte, Grabowsky et al. (1994) et Elyasaini & Mehdian (1995) remarquent
que l'efficience des banques (qu'elle soit coût, technique) ne semble pas répondre favorablement
aux politiques de libéralisation et de dérégulation aux Etats unis. Ainsi, Mehdian et al. (2007)

104
Pasiouras, F., Tanna, S., Zopounidis, C., The Impact of Banking Regulations on Banks’ Cost and
Profit Efficiency: Cross-Country Evidence, International Review of Financial Analysis 18, no 5
(December 2009): 294‑302 ;
105
Berger, A.N, et David B. Humphrey, Efficiency of Financial Institutions: International Survey and
Directions for Future Research, SSRN Electronic Journal, 1997 ;
106
Kumar, S., et Gulati, R., Deregulation and Efficiency of Indian Banks, India Studies in Business and
Economics, 2014 ;

Page 105 sur 346


montrent que la détérioration de l'efficience des banques commerciales aux Etats-Unis durant
la période de 1990 à 2003 est due à la dérégulation et à la globalisation financière. En utilisant
la méthode paramétrique TFA, Humphrey & Pulley (1997) indiquent que la dérégulation des
taux d'intérêt au début des années 1980 s'est traduite par une baisse de l'efficience aux Etats-
Unis durant la période de 1977 à 1988. Cependant, d’autres recherchent ont confirmé que la
dérégulation a amélioré considérablement l’efficience et la productivité des banques.
Concernant le contexte arabe, Fethi et al. (2011) trouvent que la libéralisation est favorable à
l'efficience et la productivité des banques égyptiennes durant la période de 1984 à 2002. De
même, Maghyereh (2004) conclu que les réformes de libération financière ont contribué de
façon importante à l’amélioration de l’efficience des banques jordaniennes à travers une étude
de la période couvrant de 1984 à 2001 en utilisant la méthode DEA. A l’inverse, l’étude de
Cook et al. (2001) montre une hétérogénéité d’évolution de l'efficience des banques tunisiennes.
Ainsi, elle passe de 53.50% en 1992, à 51.90% en 1993, avant d'évoluer favorablement à
57,40% en 1994. Ensuite, l’efficience connait une évolution de 54,70% en 1995 à 58,10% en
1996. À partir de 1996, les banques tunisiennes perdent en efficience pour atteindre un score
de 51.80% en 1998. Ces résultats montrent que les politiques de dérégulation et de réformes
n’ont pas contribué à améliorer les l’efficience, obtenus par la méthode de l'analyse
d’enveloppement des données (DEA) pour la période d’étude 1992 – 1998107.
Face à la diversité des résultats que nous venons de présenter, des études ont essayé de
comprendre l’influence de la réglementation (voir la déréglementation) sur l’efficience des
banques, et montrent que les conséquences d’une réglementation sont dépendantes des
conditions qui prévalaient avant le changement réglementaire. Dans ce cas, la répercussion ne
pourra pas être unifié, entraînant une amélioration de l’efficience pour certains et une réduction
pour d’autres. Par exemple, les études sur les banques norvégiennes et turques ont montré une
amélioration de l’efficience après l’assouplissement du cadre réglementaire, or d’autres études
n’ont montré que peu de changement dans l’efficience des banques américaines et espagnoles
à la suite d’une modification de la réglementation108.

I.4.2. La crise de 2008 : le retour à la réglementation


La crise des Subprimes a prouvé que le secteur bancaire devra être régulé. En effet, les nouvelles
réformes visant la re-régulation bancaire sont entrées en vigueur avec la mise en place, entre
autres, des recommandations de Bâle III en vue de mettre fin aux pratiques bancaires très
risquées. Cependant, le nouvel accord de Bâle III a constitué un défi pour les banques
conventionnelles car elles vont être contraintes à être plus strictes et plus sélectives dans leurs
investissements, après une longue période de relâchement. Dans ce sens, le comité de Bâle a
proposé quatre mesures principales pour éviter l’émergence de nouvelles crises financières et
bancaires en commençant par le renforcement des fonds propres par l’amélioration de la qualité
du « noyau dur » des capitaux des institutions bancaires, la modification du ratio d’effet de
levier pour essayer d’arrêter l’emballement de l’endettement des banques. Pareil, ce comité a
veillé à la création de « coussins contra cycliques » pour permettre aux régulateurs locaux

107
Wade D. Cook, Hababou, M., Gordon S. Roberts, The Effects of Financial Liberalization on the
Tunisian Banking Industry: A Non-parametric Approach, Topics in Middle Eastern and North African
Economies, 3, Middle East Economic Association and Loyola University Chicago, 2001 ;
108
Berger et Humphrey, Efficiency of Financial Institutions, 1997 ;

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d’imposer des réserves, qui s’ajoutent aux volants de conservation. Ce coussin contracyclique
doit être construit durant les périodes de croissance positive des banques.
Au-delà de l’introduction des recommandations de Bâle III, plusieurs mesures ont été prises par
les pays développés en vue de réguler l’activité bancaire dont la première est de séparer les
activités indispensables à l’économie des activités spéculatives. De même, ces banques doivent
anticiper et freiner les risques systémiques à travers la création d’une nouvelle entité appelée
« le conseil de stabilité financière » en vue de définir la politique d’octroi des crédits des
banques et d’éviter l’expansion de bulles spéculatives.
En gros, cette crise a incité les chercheurs à examiner la relation entre la régulation et
l’efficience des banques. Ainsi, Belanès et al. (2015) démontrent que la crise des Subprimes a
causé la dégradation de l'efficience des banques islamiques et de leurs homologues
conventionnels. La plus grande baisse des scores d'efficience a été enregistrée en 2009, soit
deux ans après le déclenchement de la crise. Or, Beck et al. (2013) trouvent que l'activité
d'intermédiation des banques islamiques a été moins affectée pendant les périodes de crise. Ils
imputent ce résultat à une meilleure capitalisation des banques islamiques ainsi qu'à leur
meilleure qualité d'actifs.

I.5. Autres facteurs macroéconomiques et institutionnels


Les facteurs pouvant influencer l’efficience des banques sont multiples. Brown (2005) indique
des facteurs externes tels que les facteurs macroéconomiques : la stabilité, l’inflation. De même,
Dingue (2005) ajoute que des facteurs à caractère politique et institutionnelle peuvent
également exercer une influence sur l’efficience.

I.5.1. L’inflation
La finance islamique considère que l’inflation est la résultante du Riba. Ainsi, Al-Tilimsani
observait les trois phénomènes suivants, qu’il relie parfaitement. Premièrement, l’intense
circulation des monnaies altérées a évincé la bonne monnaie d’or ou d’argent. Deuxièment,
cette grande quantité de mauvaise monnaie provoque l’inflation. Et troisièment, l’inflation finit
par appauvrir ses victimes si on n’y prend garde (Verrier, 2004). En effet, il est reconnu que
l’inflation augmente l’instabilité et réduit l’efficience bancaire. Ainsi, elle influence d’une
façon inattendue les prix et rends les taux d’intérêts instables. De même, plusieurs coûts peuvent
augmenter suite à une hausse d’inflation, telles que le coût de la main d’œuvre, les coûts
opérationnels, etc. Dans le même contexte, l’inflation influence négativement le ratio des dépôts
bancaires. Plus l’inflation est élevée, plus les clients ont besoin d'argent pour effectuer leurs
dépenses, ce qui les incite à effectuer des retraits et donc à baisser le volume des dépôts.
Dans ce cas, Barth et al (2013) démontrent dans leur étude empirique qu'il y a une relation
négative et statistiquement significative entre l'efficience et l'inflation du pays. Ils conclurent
qu’un environnement marqué par une baisse d’inflation est plus propice à des opérations
bancaires efficientes.

I.5.2. La qualité des institutions politiques


Lorsque l’Etat s’introduit dans le système financier, et commence à agir d’une manière peu
transparente, l’efficience bancaire peut être touchée. Dans ces conditions, la concurrence ne
peut pas être juste et clair dans le marché bancaire comme dans le marché financier. Ainsi,

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l’édition des lois servant la force politique du pays, peut déstabiliser le système financier, et les
banques peuvent échouer à allouer efficacement les ressources collectées, ce qui réduit par
conséquence leurs efficiences.
Plusieurs études ont essayé d’analyser la qualité des institutions politiques en relation avec
l’efficience des banques. Dans ce contexte, Ben Naceur (2009) indique que la qualité du
système légal et judiciaire est cruciale dans la détermination de l'efficience des banques
égyptiennes, jordaniennes, marocaines et tunisiennes109. De même, les systèmes développés et
démocrates traduisent une meilleure efficience. Quant à la corruption, elle est positivement et
significativement liée à l'inefficience, car l’octroi des crédits par exemple ne se fait pas selon
les normes, mais selon une perturbation due à la corruption, phénomène qui perturbe le marché
de crédit et met en question l’efficience des banques. Encore, l’étude de Barth et al. (2013)
indique qu'un environnement institutionnel favorable caractérisé par une stabilité politique, une
bonne qualité de la réglementation et un contrôle de la corruption, contribue à l’amélioration
de l’efficience des banques110.

I.5.3. Complémentarité entre les marchés financiers et le secteur bancaire


Le bon fonctionnement des marchés financiers dépend de l’intervention de plusieurs acteurs à
savoir les banques, les investisseurs institutionnels, les agences de notation, etc. Les banques
constituent l’un des principaux intervenants sur le marché financier, parce que l’efficience des
banques contribue au développement du marché financier, cependant, l’inefficience bancaire
peut inciter les autres acteurs à utiliser le financement parallèle.
En ce qui concerne le système financier islamique, plusieurs conditions d’admission sont
imposées, puisqu’ils ne sont admis que les titres conformes à la Sharia en provenance des
sociétés dites « licites ». Au même temps, les opérations doivent être effectuées par des
investisseurs, en contrepartie d’un profit stable et d’une plus-value sur les titres, et non pas des
spéculateurs. Dans ce sens, les Sukuk sont le produit phare de l’industrie financière islamique.
Ils constituent des alternatives au financement des dettes souveraines pour l’Etat, et une
alternative aux dettes Corporate. Les Sukuk permettent aux institutions financières de collecter
les ressources non utilisées des ménages et d’encourager les investissements et l’entreprenariat
à travers des projets ayant un but de développement économique et social. De plus, les Sukuks
sont considérés comme une bouée de sauvetage de la crise financière.
II. Étude des facteurs spécifiques à la banque
Les facteurs spécifiques ou internes pouvant influencer l’efficience bancaire sont multiples.
Brown (2005) mentionne certains de ces facteurs tels que le nombre de clients servis, le taux
de remboursement, les coûts d’administration et les salaires, les taux d’intérêt sur les dépôts et
les prêts, etc. Nous allons présenter dans cette section les déterminants qui nous semblent
influencer le niveau d’efficience des banques, et qui constitueront éventuellement le fondement
de notre modèle empirique.

109
Ben Naceur, S., Ben-Khedhiri, H., et Casu, B., What Drives the Performance of Selected Mena
Banks?: A Meta-Frontier Analysis, Washington, D.C: International Monetary Fund, 2011 ;
110
James R. Barth, Lin, C., Yue Ma, Seade, J., Song, F.M, Do Bank Regulation, Supervision and
Monitoring Enhance or Impede Bank Efficiency ?, Journal of Banking & Finance 37, no 8, 2013 ;

Page 108 sur 346


II.1. La taille de la banque
La taille de la firme bancaire est un facteur fondamental dans l’efficience bancaire. Cependant,
la majorité des études empiriques ne livrent pas de consensus. En effet, les grandes banques
sont supposées être plus efficientes que les petites banques à cause de l'exploitation des
économies d'échelle dans la production de l'information, de la surveillance et de transaction. De
même, les grandes banques peuvent développer leurs ressources techniques, financières,
humaines et matérielles tout en améliorant leur efficience. Inversement, les problèmes de
dysfonctionnement de la gestion et de la coordination sont plus accentués dans les grandes
banques où les scores d’efficience sont inférieurs aux petites banques111.
Dans ce cadre, Williamson (1967, 1988) trouve que les grandes banques affirment des
difficultés à offrir une relation de crédit au même temps que d'autres services aux grandes
entreprises clientes en raison des technologies différentes. Ainsi, Stein (2002) trouve qu'il est
plus difficile de transmettre les informations qualitatives de la relation de crédit à travers les
canaux de communication des grandes banques. Aussi, des problèmes d'agences peuvent surgir
à cause d’une mauvaise transmission des informations par le responsable du crédit au sein de
l'organisation complexe des grandes banques (Berger & Udell, 2002). De surcroît, la distance
entre le siège social des grandes banques et les entreprises souhaitant se financer peut-être
longue, ce qui entrave la collecte d'information pour ces banques (Hauswald & Marquez, 2002).
Nous faisons recours à plusieurs critères pour mesurer la taille d’une banque. Il est important,
dans le cadre d’une étude empirique de retenir le critère ayant peu d'inconvénients. Dans cette
perspective, la comptabilité bancaire présente des variables spécifiques en vue d'une approche
quantitative de la taille d'une banque. Les rapports de la commission bancaire et les documents
sur la comptabilité bancaire en France retiennent des variables bilancielles telles que le total
actif ou crédits ou des variables de résultat notamment le Cash-flow ou le Produit Net bancaire
(PNB). Parmi ces variables, le total du bilan reste la mesure la plus déterminante de la taille de
la firme bancaire parce qu'elle est directement liée à la dimension.
Selon Berger et al. (1993), les grandes banques tendent à être plus proches de la frontière
d’efficience que les petites banques. De même, Hauner (2005) trouvent que les firmes bancaires
géantes ont généralement un pouvoir de marché élevé et ont accès à des inputs à moindre coût
et peuvent augmenter leurs rendements d’échelles suite à une allocation des coûts fixes sur un
volume élevé de services. D’autres recherches ont confirmé l’existence des économies
d’échelles. Ainsi, Feng et Serlitis (2010) et Wheelock et Wilson (2009) démontrent que les
banques américaines bénéficient d’économies d’échelles. Ces dernières augmentent avec la
taille, une fois la prise de risque et la structure du capital sont contrôlés par la fonction de
production bancaire (Hughes et al., 2001).
Lorsqu’il s’agit de l’efficience coût, Berger et Mester (1997) montrent que les grandes banques
affichent un niveau d’efficience légèrement plus élevé que celui des petites banques.
Cependant, ces dernières semblent être plus efficientes, en termes d’efficience profit. Ces
résultats indiquent que l’augmentation de la taille permet un contrôle accru des coûts, mais

111
Sameh, C., et Chichti, J.E., Bank Size and Efficiency in Developing Countries: Intermediation
Approach Versus Value Added Approach and Impact of Non-Traditional Activities, Asian Economic
and Financial Review, 3, no 5 (2013): 593‑613 ;

Page 109 sur 346


affectent négativement la création des revenus et des profits. En se basant sur la répartition par
niveau de développement du pays, Berger et al. (2004) trouvent que l'efficience coût des petites
banques est en moyenne de 41% dans les pays développés et de 54% dans les pays en
développement durant la période de 1993 à 2000. Contrairement à l'efficience profit qui est de
44%, en moyenne, dans les pays développés et de 56% dans les pays en développement. Dans
les deux cas, l’efficience profit est meilleure chez les petites banques, en raison des difficultés
que rencontrent les grandes banques dans la maitrise et le contrôle de leurs activités.
En ce qui concerne l’étude de Cook et al. (2001) sur les banques tunisiennes durant la période
des années 1990. Ils trouvent que les banques de petite taille (total actifs inférieurs à un million
de dinars tunisiens) sont plus performantes et enregistrent un score d'efficience de 79.79%
contre seulement 58.23% pour les banques moyennes (total actifs entre 1 et 2 millions de dinar
Tunisien) et 31.75% pour les grandes banques (total d'actif supérieur à deux millions de dinars
tunisien). A leur tour, Deelchand & Padgett (2009) révèlent que les grandes banques japonaises
sont moins efficientes, détiennent moins de capital et s'engagent dans des activités plus risquées
que les banques moyennes ou de petite taille.
Suivant le même ordre d’idées, plusieurs recherches sur les banques européennes (Stavarek,
2004 ; Altunbas et al. 2007 ; Yildirim et Philippatos, 2007) confirment que la taille joue un rôle
essentiel dans la détermination du niveau d’efficience. Ainsi, elle contribue positivement et
significativement à l'efficience des banques. De même, Delis & Papanikolaou (2009) trouvent
que l’effet positif de la taille sur l’efficience bancaire s’estompe à un certain niveau à cause des
problèmes liés à la gestion tels que les problèmes bureaucratiques. Cependant, les grandes
banques se basent sur les économies d'échelle pour atteindre une meilleure efficience. En
revanche, l'étude d’Allen et Rai (1996) indique des niveaux plus élevés d'inefficience pour la
majorité des grandes banques existantes dans 15 pays étudiés. Aussi, Goldberg et Rai (1996)
suggèrent, en se basant sur un échantillon de banques installées dans 11 pays européens, que
les grandes banques ne montrent pas des niveaux d’efficience plus élevés. Toutefois, Drake et
al. (2006) suggèrent que les fusions et acquisitions permettent aux banques de gagner en
efficience, ce qui démontre une relation positive entre la part de marché et l’efficience. Le
concept « To Big to fail » pour les grandes banques signifient qui sont plus crédibles et
préférées par les déposants que les petites banques malgré leurs taux d’intérêts faibles. Ces
banques sont plus efficientes dans leur opération de collecte des fonds.
Les dernières études que nous allons aborder ne trouvent aucune relation claire entre
l’efficience et la taille de la firme bancaire. Il s’agit de la recherche de Fukuyama (1993) et
Altunbas et al. (2000) pour les banques japonaises, et de Lang et Welzel (1996) pour les banques
coopératives allemandes112.

II.2. La propriété de la banque


La propriété de la banque est un facteur pertinent dans l’explication de l’efficience bancaire.
En effet, la propriété de la banque peut être publique ou privée, comme elle peut s’agir des
banques nationales ou des banques étrangères.

112
Sameh, C., et Chichti, J.E. ;

Page 110 sur 346


II.2.1. Comparaison entre les banques publiques et les banques privées
La réglementation de certains pays impose des spécificités sur la propriété du capital bancaire.
D’une part, on remarque que les autorités financières publiques obligent les investisseurs à
déclarer à l’avance leur intention de prise des participations significatives des actions de la
banque (au-delà de 5% en général), ou le plafonnement du pourcentage que peut détenir un
individu ou une entreprise, ou même l’interdiction des sociétés d’assurance de participer au
capital bancaire. Cette situation s’explique par la volonté des autorités publiques d’avoir une
main mise sur les banques et l’évitement de la concentration des pouvoirs économiques entre
les mains d’un nombre limité d’individus. D’après l’étude de la Porta et al. (2002) portant sur
les grandes banques de 92 pays durant l’année 1995, la moyenne mondiale du capital des
banques détenues par les pays s’élevait à 41%. Ce pourcentage était à l’ordre de 55% avant la
vague des privatisations survenue au début des années 1990. Cook et al. (2000) montrent que
les banques larges de propriété publique sont des entités crées pour promouvoir des priorités
essentiellement politiques. Elles opèrent généralement à une échelle sous optimale et tendent à
accorder des crédits sans tenir compte de leurs profitabilités. Elles se trouvent ainsi avec un
volume important de crédits problématiques.
Plusieurs études régionales révèlent que les banques publiques sont moins performantes que les
banques privées nationales et étrangères (Cull et al., 2017) et que la privatisation des banques
améliore généralement l'efficience (Clarke et al., 2005). En effet, la théorie des droits de
propriété indique que les banques publiques devraient être moins performantes et moins
rentables que les entreprises privées (Alchian & Demsetz, 1973 ; Demsetz, 1974). De la sorte,
Hart et al. (1997) considèrent deux types d'incitations à l’investissement à savoir la réduction
des coûts et l'amélioration de la qualité ou l'innovation. Cependant, lorsque les actifs sont
publics, le manager a une motivation relativement faible, parce qu'il n'est pas le propriétaire et
n'obtient donc qu'une fraction limitée du rendement. Ainsi, la théorie d’agence montre que
même lorsque le gouvernement a les meilleures intentions, les coûts d'agence associés à une
bureaucratie gouvernementale peuvent donner lieu à une mauvaise allocation des ressources et
à l'inefficience. Dans le sens contraire, la théorie de droits de propriété favorise à la fois la
théorie de la propriété privée et le marché autorégulé, loin de toute forme de socialisme ou
d'intervention de l'état113. Les banques privées cherchent alors une meilleure efficience afin
d'atteindre un profit maximum.
Malgré leurs inefficiences, il faut souligner que depuis la crise de 2007, une phase de
nationalisation des banques en difficulté a eu lieu, notamment au Royaume-Uni, avec la
nationalisation de Lloyds Banking, Northern Rock, Bradford & Bingley, et en Allemagne avec
la nationalisation d’Hypo Real Estate après de multiples mesures de sauvetage. Ce qui montre
que les banques continuent d'exister dans les pays développés et jouent un rôle déterminant
dans le contrôle des crises et le sauvetage du système financier114. Nous pouvons conclure donc

113
Tinel, B., Que reste-t-il de la contribution d’Alchian et Demsetz à la théorie de l’entreprise ?, Cahiers
d’économie Politique n° 46, no 1 (1 mai 2004): 67‑89 ;
114
Berger, A.N., Iftekhar, H., Leora F. Klapper, Further Evidence on the Link between Finance and
Growth: An International Analysis of Community Banking and Economic Performance, Policy
Research Working Papers, 2003 ;

Page 111 sur 346


que les banques publiques intègrent la dimension sociale et politique, et parfois même répond
aux objectifs et aux attentes des managers (risque d’aléa moral).
A travers ce qui précède, il devient évident que les banques publiques sont moins efficientes
que les banques privées. Ainsi, Berger et al. (2004) stipulent que les banques publiques
atteignent une efficience « coûts » de 31% et une efficience « profit » de 36%. Aussi, Delis et
Papanikolaou (2009) confirment l’existence d’une relation négative entre l'efficience des
banques et leur propriété publique. L’étude de Barth et al. (2013) démontrent qu'une
augmentation de 10% de la part de l’Etat dans le secteur bancaire réduit l'efficience bancaire de
3%. Ces résultats prouvent que la présence de l’Etat dans le secteur bancaire entrave la
concurrence et réduit l'efficience bancaire. Par contre, une étude de Fethi et al. (2011) trouvent
que les banques publiques égyptiennes atteignent un score d'efficience de 99% contre seulement
81% pour les banques privées, sans pour autant oublier que les quatre banques publiques en
Egypte détiennent plus de 65% de part de marché.
En guise de conclusion, nous constatons que les banques publiques seraient donc un moteur de
développement économique et d’amélioration du bien-être social (Stiglitz, 1993), tandis que les
banques privées recherchent l’efficience bancaire (efficience coût et profit).

II.2.2. Comparaison entre les banques nationales et les banques étrangères


Il est généralement admis que la propriété étrangère affecte fortement la performance et
l’efficience des entreprises, notamment dans les économies en développement et en transition
(Görg & Greenaway, 2004 in Poudel & Hovey, 2013). Ainsi, les recherches de Clarke et al.
(1999), sur l'entrée étrangère dans le secteur bancaire en Argentine, ont montré que les banques
à capitaux étrangers sont plus rentables que les banques nationales dans les pays en
développement et moins rentables dans les pays industriels.
Dans le même sens, Micco & al. (2007) trouvent que l'efficacité et la performance des banques
diffèrent entre les banques étrangères et les banques locales. Les banques étrangères ont
l’avantage de servir la clientèle multinationale dans différents pays, ont accès aux marchés de
capitaux, bénéficient d’économies d’échelles et d’une capacité supérieure à diversifier le risque.
De plus, la présence de banques étrangères accroît la transparence et renforce la réglementation
et la surveillance (Mishkin, 2006). Ces propos sont validés par l’hypothèse de l'avantage global
qu’indique que les banques étrangères disposent des avantages compétitifs par rapport à leurs
homologues nationaux. A titre d’exemple, les banques étrangères sont plus favorables aux
avancées technologiques, disposent de compétences managériales, de mains d'œuvres et
d'expériences d'organisation et peuvent offrir une gamme de services plus divers et modernes
aux clients. Ainsi, Delis et Papanikolou (2009) trouvent que les innovations technologiques et
les nouvelles pratiques managériales des banques étrangères améliorent l'efficience de
l'ensemble des banques dans les pays d'accueil.
L’opinion partagée par les chercheurs penche en faveur des banques étrangères au sein des pays
en développement. Berger (2007) affirme que les inconvénients des banques étrangères par
rapport aux banques locales ont tendance à l'emporter sur les avantages dans les pays
développés, mais cette situation est généralement inversée dans les pays en développement.
D’autres études indiquent que les banques étrangères installées dans ces pays sont plus
performantes que les banques locales (Claessens & Van Horen, 2013) et ont tendance à avoir

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des rentabilités plus élevées (Demirgüç-Kunt& Huizinga, 1999 ; Claessens et al., 2001).
L’avantage des banques étrangères dans les pays en développement peut être d'ordre
technologique, managérial ou financier (Bhattacharya, 1993, Claessens et al., 2001 ; Miccoet
al., 2007). De même, Bergers et al. (2004) trouvent qu’une part du marché plus importante des
banques étrangères au sein des pays en développement est favorable à la croissance
économique. Ainsi, ces banques réalisent une meilleure efficience profit (62%) par rapport aux
petites banques (56%) et aux banques publiques (36%) et une efficience coût moyenne de 50%
contre 54% pour les petites banques et 31% pour les banques publiques.
Les mêmes résultats se reproduisent dans d’autres recherches. Par exemple, Weill (2006) étudie
un échantillon de 27 banques polonaises (15 nationales, 12 étrangères) et 16 banques tchèques
(8 nationales, 8 étrangères) pour l’année 1997 en utilisant l’approche de l’intermédiation. Les
deux outputs utilisés sont : les prêts, les actifs de placement, et les deux inputs sont : le capital
financier, le capital physique. Les résultats démontrent que les banques étrangères sont plus
efficientes que les banques nationales pour les trois mesures de l’efficience technique.
L’avantage en faveur des banques étrangères est particulièrement élevé pour l’efficience
technique globale (78,06 % par rapport à 61,60 %).
Pour le cas des pays arabes, l'étude d’Ariss (2008), au début des années 1990, montre que les
banques étrangères sont plus performantes que les banques nationales au Liban. Cependant, les
banques étrangères commencent à perdre en efficiences depuis la fin des années 1990 tandis
que les banques nationales deviennent plus efficientes. En ce qui concerne les banques
étrangères en Tunisie, Cook et al. (2001) montrent que ces dernières ont un score d'efficience
plus élevé (59%) que les banques nationales (44%) durant la période allant de 1992 à 1998.
Contrairement aux précédentes recherches, l’étude de Hymer (1976) constate que les
entreprises opérant en dehors de leurs pays d'origine sont désavantagées par rapport aux
entreprises locales. De ce fait, elles doivent avoir des avantages compétitifs comme par exemple
une technologie supérieure (innovation ou invention d’un procédé ou d’un produit), un savoir-
faire, une capacité à exploiter des économies d'échelle, une reconnaissance de la marque, des
facteurs de production moins coûteux, etc, en vue de surmonter les obstacles liés aux barrières
implicites ou/et explicites d’introduction sur les marchés étrangers, aux coûts de l'information,
aux risques de change, et à la distance culturelle et linguistique. Ce désavantage (appelé
Liability of foreignness) est défini comme étant tous les coûts supplémentaires encourus par
une entreprise opérant sur un marché étranger par rapport à une entreprise locale (Zaheer, 1995).
C'est dans le même sens que Berger et al. (2000) formulent l'hypothèse de l'avantage du terrain.
Cette hypothèse estime que les banques nationales sont plus efficientes que les banques
étrangères à cause de l’absence des coûts d’agence structurels.
En ce qui concerne les pays développés, Demirgüç-Kunt& Huizinga (1999) et Altunbas et al.
(2001) attestent qu’en général les banques domestiques sont plus performantes que les banques
étrangères, à l'exception des banques américaines implantées à l'étranger 115. Cela pourrait
résulter des économies organisationnelles et de contrôle à distance de la banque, voire de
barrières culturelles favorisant les banques domestiques. Miller & Parkhe (2002) utilisent un
échantillon de 1300 banques, dont 428 banques étrangères opérant dans 13 pays d'accueil

115
Deyoung, R., Daniel E. Nolle, Foreign-Owned Banks in the United States: Earning Market Share or
Buying It?, Journal of Money, Credit and Banking 28, no 4 (November 1996): 622 ;

Page 113 sur 346


(OCDE), pour tester l'hypothèse de désavantage de la propriété étrangère dans le secteur
bancaire mondial. Les résultats confirment fortement l’hypothèse, et montrent que l'X-
efficience d'une banque étrangère est fortement influencée par la compétitivité de son pays
d'origine et du pays d'accueil dans lequel elle opère.

II.3. Capitalisation, efficience et risque du crédit bancaire


La théorie s’est penchée à l’analyse de la relation entre le niveau des fonds propres, le risque
du crédit et l’efficience bancaire. De ce fait, une banque bien capitalisée ne s’engage pas dans
des activités à haut risque, d’où l’existence d’une relation négative entre le capital de la banque
et le niveau du risque. Tout de même, ces exigences favorisent la stabilité financière en
permettant la mise en place d'un volet de fonds propres contre les pertes et en réduisant le
comportement d'aléa moral des actionnaires incités à prendre des risques excessifs116. Dans
cette partie, nous allons étudier l’effet que pourrait avoir la capitalisation sur l’efficience
bancaire d’une part, et l’influence du risque de crédit sur cette même efficience d’autre part.

II.3.1. Relation entre la capitalisation de la banque et l’efficience bancaire


Plusieurs études empiriques et théoriques ont montré l’existence d’une relation significative
entre le niveau de capitalisation et l’efficience des établissements bancaires. En effet, pour
examiner la robustesse des fonds propres, le ratio communément utilisé est celui du rapport
entre le capital et le total des actifs. Tant que ce ratio est élevé, la banque est considérée comme
étant bien capitalisée. Cependant, est ce que nous pouvons considérer qu’un niveau important
de fonds propres se traduit par plus d’efficience, ou au contraire, ceci joue un rôle négatif sur
la performance bancaire. En effet, la réglementation impose une dotation minimale en capitaux
propres comme la réglementation de Bâle III. Ces capitaux sont réservés non seulement pour
absorber des pertes éventuelles, mais aussi pour garantir la solvabilité des établissements contre
la réalisation des risques liés à leurs activités. Le choix du niveau de capitalisation dépend des
considérations stratégiques de la banque et des considérations liées à la nature de la banque (les
banques islamiques doivent avoir un niveau supérieur des fonds propres pour les opérations
Mousharaka et Moudaraba). Cependant, les coûts financiers sont omis de l’analyse de
l’efficience lorsqu’elle est évaluée selon l’optique de production. En revanche, l’optique
d’intermédiation prend en compte les coûts liés à détention des fonds propres.
En théorie, les capitaux propres constituent un financement alternatif à la collecte des dépôts et
aux capitaux empruntés. Or, les intérêts sur les dépôts sont inclus dans le coût, mais pas les
dividendes. Les mesures d’efficience sont donc artificiellement accrues, du moins en théorie.
Dans ce qui suit, nous faisons un détour sur les expériences pratiques montrant que l'effet des
fonds propres sur l'efficience bancaire peut être une arme à double tranchant. Berger et
Humphrey (1997) indique que la prise en compte du coût d’opportunité des capitaux propres
doit permette une meilleure identification de la distance des banques par rapport à la frontière
de coût ou de profit et doit limiter la confusion entre erreur de spécification et inefficience.
Ensuite, Giannola et Scarfeglieri (1998) analysent la question en intégrant directement, à la
spécification des coûts et des profits bancaires, une estimation du coût d’opportunité des fonds

116
Pessarossi, P., et Weill, L., Les exigences de fonds propres influencent-elles l’efficience des
banques ?: Leçons d’une expérience naturelle en Chine, Revue économique Vol. 66, no 3 (16 avril 2015):
505‑20 ;

Page 114 sur 346


propres. Cette mesure est assimilée au taux d’intérêt interbancaire. Les résultats montrent que
la prise en compte du coût de capital n’affecte pas le classement des firmes. Ainsi, la valeur et
la distribution des scores d’efficience ne sont pas non plus significativement modifiées.
Cependant, l’étude de Clark (1996) fait apparaître un lien négatif entre le niveau des fonds
propres et l’efficience en raison du coût élevé. Cette situation délicate incite les banques à
révéler leurs stratégies en matière de prise de risque.
En fait, l’importance du niveau des fonds propres exerce un effet positif sur la performance
bancaire et incite les actionnaires à prendre moins de risque et réduit l'aléa moral entre
actionnaires et créanciers. D’autre part, les fonds propres peuvent avoir un effet négatif sur la
performance bancaire en augmentant les coûts d'agence entre les dirigeants et les actionnaires.
De même, la pression imposée par les actionnaires pour le remboursement des dettes sur les
dirigeants est réduite car un niveau plus important de fonds propres sous-entend moins de
dettes. Hughes et al. (1997) proposent de mesurer l’efficience par la valeur de marché des
établissements. Ils arrivent à conclure que toute augmentation de la capitalisation est
inefficiente pour les établissements les moins capitalisés. Au contraire, pour les établissements
les mieux capitalisés, toute augmentation du capital engendre un gain d’efficience. Ces résultats
s’expliquent par la prise successive de risques par les banques inefficientes avec une faible
capitalisation en vue d’améliorer leurs performances. L’attitude de la banque constitue donc un
facteur supplémentaire qui détermine les décisions en matière d’allocation du capital.
Pour Berger et Bonaccorsi di Patti (2006), les fonds propres ont un impact négatif sur la
performance des banques américaines pendant la période de 1990 à 1995. Aussi, Altunbas et al
(2007) trouvent que les banques commerciales et les banques coopératives (européennes)
inefficientes détiennent plus de capital. Tout de même, l’étude de Deelchand & Padgett (2009)
montre que les banques japonaises les moins efficientes sont les plus capitalisées sur la période
entre 2003 et 2006. D’après ces recherches, nous considérons que les banques bien capitalisées
sont moins efficaces opérationnellement et prennent plus de risques. A contrario, Fiordelisi,
Marques-Ibanez et Molyneux (2011) étudient la question plus profondément en intégrant les
interrelations entre les ratios de fonds propres, le risque et l'efficience. Ils arrivent à conclure
que les banques avec des niveaux plus élevés de fonds propres sont plus efficientes, résultat qui
confirme l’étude de Barth et al (2013) et justifie les recommandations de Bâle III pour le
renforcement des fonds propres des banques.
Grigorian & Monole (2002) considèrent que les banques bien capitalisées peuvent collecter les
dépôts plus que les banques les moins capitalisées. Ils trouvent que la capitalisation élevée
constitue une assurance pour les dépôts et encourage les créditeurs à déposer davantage. En ce
qui concerne les revenus, les banques bien capitalisées sont aussi plus efficientes (Bergers &
Mester, 1997 ; Grigorian & Monole, 2002). Ceci s’explique par la théorie de l'aléa moral qui
estime que les managers des banques en difficulté ont tendance à poursuivre leurs propres
objectifs loin des objectifs des actionnaires. En effet, la capitalisation de la banque réduit les
problèmes d'agence entre les managers et les actionnaires, car ces derniers sont incités à
contrôler le management de la performance et à assurer l'efficience de la banque. Néanmoins,
les banques bien capitalisées enregistrent des marges d'intérêt réduites en raison des frais
généraux engendrés par la détention du capital.

Page 115 sur 346


En utilisant un large échantillon de 100 banques chinoises durant la période de 2004 à 2008
ayant expérimenté des changements majeurs rapides de leurs ratios de fonds propres pour être
conformes avec les nouvelles exigences réglementaires. Pierre Pessarossi et Laurent Weil
(2015) montrent que les fonds propres influencent négativement l'inefficience des banques (les
banques les plus capitalisées sont les banques les plus efficientes). De surcroît, l'efficience joue
un rôle positif dans la stabilité financière. Dans le même sens, Cantor et Johnson (1992) étudient
la réaction de la valeur de marché des banques américaines suite aux changements du niveau
de leurs fonds propres. Les résultats montrent que le marché financier a nettement récompensé
les banques qui ont sensiblement amélioré leur ratio de solvabilité, plus particulièrement les
banques qui avaient un niveau faible de fonds propres au début de la période de l'étude. Ainsi,
une augmentation de 1 % du Tier 1 du capital engendre une augmentation de presque 25 % des
valeurs des banques faiblement capitalisées et une augmentation de 7 % des valeurs des banques
fortement capitalisées. Également, Baele et Vennet (2005) démontrent que les banques adoptant
un niveau des fonds propres plus élevé que le minimum requis par les autorités peut signaler
leurs bonnes solvabilités. Le capital supplémentaire sert comme signal aux investisseurs d'une
protection supplémentaire contre les pertes inattendues, diminuant de ce fait le risque de
défaillance et le coût potentiel d'une telle défaillance pour l'actionnaire d'un établissement de
crédit. En résumant nos propos sur les conséquences du niveau de capitalisation sur l’efficience
bancaire, nous pouvons avancer trois points essentiels. Premièrement, un niveau élevé de
capitaux propres réduit le risque de faillite encouru par les banques. En deuxième lieu, avoir
une capitalisation supérieure au marché est un signal important au marché sur la solvabilité de
la banque et de son risque de crédit très faible. En final, reprenant la théorie du signal, l’usage
de capitaux propres, considéré comme plus chers que les dettes, pour le financement des projets
indique une confiance accrue et une assurance sur une rentabilité à la hauteur des attentes.

II.3.2. Relation entre le risque du crédit et l’efficience bancaire


Toute banque est confrontée aux problèmes des créances irrécouvrables des crédits en cours.
En effet, le risque du crédit est une menace continue (risque de faillite) aux établissements
bancaires, d’où l’importance d’améliorer leurs modèles et leurs pratiques dans le domaine de
la gestion du risque de crédit, et de trouver des moyens de le prévenir. Pour Bédué & Lévy
(1977) : « la gestion du risque de crédit compte parmi les trois principales fonctions de la
banque avec la production d’informations et la transformation d’actifs. Elle correspond à
l’ensemble des décisions permettant d’améliorer le profil rentabilité-risque pour pouvoir
maitriser les risques et surtout les risques de faillite bancaire »117. De ce fait, l’influence du
risque de crédit est signifiant sur la performance financière et l’efficience des banques.
L’étude de Dietrich et al. (2011) en Suisse est particulièrement intéressante puisque ces auteurs
étudient l’effet de nombreuses variables sur la performance avant et pendant la crise. Ils
remarquent parfois une évolution de ces impacts avec l’arrivée de la crise, et c’est
particulièrement le cas pour la qualité du crédit. Durant le période de la pré-crise, la qualité du
crédit n’avait pas d’impact statistiquement significatif sur la performance des banques. La
raison avancée par les auteurs est que ces banques suisses n’avaient à cette époque que très peu
de provisions pour pertes ou créances douteuses. Cependant, l’arrivée de la crise a

117
Dhouib Ayadi, F., L’impact du risque de crédit et d’asymétrie informationnelle sur la décision
bancaire, La Revue des Sciences de Gestion 267‑268, no 3 (2014): 115 ;

Page 116 sur 346


considérablement augmenté le nombre de telles provisions enregistrées par les banques
helvétiques. Les auteurs notent désormais un fort impact positif de la qualité du crédit sur leur
performance. Dans ce contexte, il est supposé une relation positive entre l’efficience des
banques et le risque encouru par celles-ci. La recherche d’Altunbas et al. (2000) trouvent que
le niveau du risque ne peut pas être un déterminant de l’efficience à cause de la relation positive
qui existe entre le couple « Risque-Revenu », ce qui rend l’effet de l’efficience indéterminé.
Contrairement aux précédentes études, Berger et Humphrey (1992, a), De yong et Whallen
(1994) trouvent que les banques tombant en faillite tendent à être localisées loin de la frontière
d’efficience. En effet, les ratios de problèmes de crédits tendent à être importants, et les banques
s’approchant de la faillite tendent à avoir aussi des faibles mesures de l’efficience. De même,
Kwan et Eisenbeis (1994), indiquent une relation négative entre l’efficience et les problèmes
de crédits chez les banques qui ne sont pas considérées en faillite.
Les études de Hughes et Mester (1993) et Mester (1996-1997) ont inclus des mesures des crédits
non performants (NPL : Non Performant Loans) dans la fonction de coûts ou de production de
la banque dans la perspective de contrôler les coûts supplémentaires associés aux crédits non
performants et pour contrôler les dépenses de suivies et de garanties qui influencent la qualité
de crédits. En fait, lorsque la qualité et le risque du crédit sont peu contrôlés, nous pouvons
facilement se tromper dans le calcul du niveau d’efficience. Par exemple, une banque
distribuant de façon excessive des prêts risqués, pourra être considérer comme efficiente
lorsqu’elle est comparée à une autre banque qui utilise ses ressources pour fournir une assurance
complémentaire sur la bonne qualité de ses prêts118. Ces résultats sont partagés par Abdelkhaled
et Solhi (2009) qui trouvent que le risque de crédit affecte négativement l’efficience des
banques. Ainsi, il faut donner une attention particulière à la politique de gestion du risque de
crédit. Ceci explique la raison pour laquelle les recommandations de Bâle insistent toujours sur
la nécessité de réduire le risque de crédit, notamment par l’augmentation du capital de la
banque. Ce qui amène à étudier la relation entre le capital, le risque et l’efficience bancaire.
Pour Furlong & Keeley (1989), Konishi & Yasuda (2004) et Repullo (2004), Deelchand &
Padgett (2009), la prise de risque est réduite lorsque l'adéquation du capital est intégrée. Raison
pour laquelle, elle existe une relation inverse entre le risque et le capital. Par contre, Besanko
& Kanata (1996), Hellman, Murdock et Stiglitz (2000), Altunbas et al (2007) estiment que
l’augmentation des exigences en capital oblige les banques à la prise de risque excessive. Cette
situation réduit la valeur marché de la banque et empêchent les dirigeants à se comporter
prudemment. L’étude de Berger et De Woung (1997) a mis en lumière l’évolution défavorable
des événements exogènes à la banque qui peuvent artificiellement affaiblir l’efficience à cause
des dépenses associées aux opérations liées de prêts comme les contrôles supplémentaires, les
arrangements de négociation, etc.
En gros, les banques peuvent être appelées à prendre plus de risques dans le cas où la banque
centrale ou le gouvernement se montre prêts à protéger la banque et ses créditeurs en cas
d'échec. Pareil, les banques dites "too big to fail" sont conscientes de leurs poids dans le système
financier et économique, ce qui leurs permet de bénéficier de la protection d’Etat et accentue le
problème d’aléa moral.

118
Berger, A.N., et DeYoung, R., Problem Loans and Cost Efficiency in Commercial Banks, Journal of
Banking & Finance 21, no 6 (June 1997) ;

Page 117 sur 346


II.4. Le progrès technologique
En théorie, le progrès technologique augmente les économies d’échelles puisqu’il permet de
réduire les coûts et le temps de traitement des services bancaires. L’objectif principal étant de
mieux répondre aux besoins de la clientèle et un moyen pour augmenter la compétitivité de la
banque (Berger et al., 2007). Au cours des dernières décennies, les technologies de
l’information sont devenues un outil de production dans les banques qui ont investi des
montants considérables dans le développement technologique en vue de gagner des places
privilégiées. Cependant, cet outil suscite des interrogations permanentes sur la pertinence de
son renforcement et les modalités de son optimisation. Le management des technologies dans
les banques modernes constitue donc un facteur clé d’efficience dans les activités bancaires. En
effet, plusieurs études empiriques affirment que les investissements informatiques peuvent
augmenter l’efficience des banques à travers la réduction des coûts, l’accroissement de la marge
de profit, l’amélioration des niveaux de production et de la qualité des services, etc119.

II.4.1. L’importance des innovations technologique


Freedman & Goodlet (1998) ont indiqué que le secteur des services financiers a subi
d’importantes transformations technologiques capables de minimiser les coûts des prestations
des services et des instruments employés. En effet, le processus d’adoption des innovations
technologiques (Gab, opérations Online…) rend les transactions plus sûres, plus rapides et
moins coûteuses. Ainsi, « Toute informatique bancaire coûte aujourd’hui des millions d’euros
par jour dans les grandes banques…. sans cette intégration, le travail des banques serait plus
lent et plus difficile, et les opérations seraient moins sûres et plus coûteuses »120.
L’étude de Lensink et al. (2008) mentionne que le niveau de développement économique d’un
pays est important pour l’amélioration de l’efficience du secteur bancaire, dans la mesure où
les pays développés permettent à leurs banques un meilleur accès aux nouvelles technologies.
De même, Keskin & Degirmen (2013) ont évalué l’efficience de production des banques en
utilisant les variables d’input et d’output en vue de mesurer l’indice d’efficience technique et
pour tester une variation de l’indice de productivité totale des facteurs, qui comprend un
changement d’efficience technique pure et d’efficience d’échelle. Les résultats des tests obtenus
de cette étude ont indiqué que les banques étrangères, grâce aux changements positifs de leur
technologie, de leur efficience technique et de leur productivité totale des facteurs, sont plus
efficientes que les autres groupes bancaires privés et publics.
Les nouvelles attentes de la clientèle sont mises en évidence par différentes études et déclarent
privilégier la banque à distance pour les opérations courantes (Andersen Consulting-BVA,
1996). Ainsi, un consommateur sur quatre ne fréquente jamais son agence et constitue une cible
privilégiée pour la banque à distance (Bossard Consultants, 1997). De même, les clients, s’ils

119
Chu.F. Li, The role of information technology in operating cost and operational efficiency of banks,
Asian journal of management and humanity sciences, 2, 36, 2007 ;
120
Gouil, A. L, et Ghouila, M.L, L’incidence du progrès technologique sur l’efficience et phénomène
de convergence : Validation empirique sur le secteur bancaire algérien, Revue Internationale des
Sciences de Gestion, 4, no 4 (2021): 601‑23 ;

Page 118 sur 346


restent attachés à l’agence, recherchent dans les NTIC un moyen de répondre à leurs attentes
en matière de proximité, d’attention et d’intimité dans le conseil (CEGOS, 1998).

II.4.2. Relation entre le progrès technologique et l’efficience bancaire


La littérature empirique révèle souvent une relation positive entre le progrès technologique et
l’efficience bancaire. Dans ce sens, Berger et al., (2007) montrent que le développement
technologique privilégie plus amplement la performance des grandes banques opérant sur
plusieurs marchés que les petites opérants sur un marché unique. Ces auteurs considèrent que
le progrès technologique augmente la compétitivité des grandes banques. Cependant, d’autres
études considèrent le contraire. En effet, Escuer et al., (1991) trouvent que le temps de mise en
place des nouvelles technologies est plus court dans les banques de taille moyenne par rapport
aux grandes banques. De même, Bughin (2001) souligne que les banques de petite taille sont
plus efficaces quant à la conversion de leurs infrastructures en réseaux-on line.
L’étude de Corrocher (2006) affirme que les banques de taille moyenne disposent d’une
infrastructure flexible et peuvent adopter l’internet plus rapidement que les grandes banques
ayant un système d’héritage contraignant. De surcroît, l’hypothèse de réalisation des économies
d’échelle en recourant aux nouvelles technologies reste plus importante au sein des banques de
taille moyenne. D’autres études ont mis l’accent sur la relation positive entre l’adoption de
nouvelles technologies et la taille de l’établissement bancaire mesurée par le total de son bilan.
Il s’agit des études de Hannan et McDowell (1984), Pennings et Harianto (1992), Buzzacchi et
al. (1995), Hester et al. (2001), Courchante et al. (2002), Dick (2007).
En mettant en avant le facteur de l’expérience managériale indépendamment de la taille de la
firme, Daniel (1999) trouve que la culture organisationnelle d’une banque est déterminante pour
l’adoption de nouvelles technologies. En ce qui concerne la relation entre la profitabilité de la
banque et l’adoption de nouvelles technologies, Hannan et McDowell (1984), Escuer et al.
(1991), Penning & Harianto (1992) ne trouvent pas une relation significative en raison de
l’accroissement du risque de liquidité accompagnant les stratégies de progrès technologique.

II.5. Autres facteurs spécifiques


En plus des déterminants spécifiques que nous venons de présenter. Il existe plusieurs autres
facteurs spécifiques qui peuvent influencer l’efficience des institutions bancaires.

II.5.1. La qualité du management


Dans l’étude de Frei, Haker, et Hunter (1997), les chercheurs ont étudié l’influence des choix
des pratiques managériales sur la qualité du management, les coûts et la qualité de service en
vue de vérifier l’existence d’une relation entre ces variables et l’efficience121. Ainsi, ils trouvent
qu’une plus grande partie du succès des firmes bancaires est dû aux choix du processus de
production par les gestionnaires. Ces résultats doivent être complétés par l’obligation de
recruter de hauts dirigeants capables d’aligner les pratiques managériales. De même, la
dynamique du système bancaire est très complexe, ce qui pousse les gestionnaires à imaginer
plusieurs scénarios. Dès lors, l’alignement des pratiques managériales devient très vite une
affaire plus complexe parce que les gestionnaires se retrouvent devant un dilemme très difficile

121
Ochi, A., Libéralisation financière et efficience du système bancaire tunisien : quel rôle jouent les
variables environnementales ?, Presses Académiques Francophones, 2014 ;

Page 119 sur 346


où les auteurs arrivent à expliquer la persistance de l’inefficience dans le secteur bancaire. Ces
éléments montrent que l’efficience du secteur bancaire est tributaire, entre autres, d’une habilité
managériale capable de faire un ensemble de choix de production, de ressources humaines et
autres sans pour autant oublier que cet ensemble doit être aligné et cohérent avec la stratégie
globale de la firme bancaire.

II.5.2. Les fusions et acquisitions


Les fusions et acquisitions sont considérées comme des facteurs d’efficience permettant
d’atteindre la taille optimale d’une entité. Les motifs de la concentration sont les économies
d’échelle, le pouvoir de marché et la redéfinition des critères de la taille optimale122. Selon
l’étude de Berger et Humphrey (1993), Fixler et Zieschang (1993), Rhodes (1993), les banques
acheteuses sont en moyenne plus productives que les cibles. Ainsi, elles seraient de 40 à 50%
plus efficientes que les autres banques avant la fusion. Dans ce cas, des synergies sont apparues
entre les entités objet de fusion en termes de coûts ou d’allocation des ressources. Ce qui
suggère que l’opération d’acquisition puisse relancer la productivité et l’efficience de
l’industrie. A contrario, plusieurs études ne trouvent pas de gains d’efficience dans les
opérations de fusions et acquisitions. Ainsi, Rhodes (1998), en étudiant neuf fusions, trouve
une variété d’avantages dont une banque pourrait bénéficier suite à une fusion même s’il n’y a
pas de gain d’efficience. Pour d’autres chercheurs, notamment Barnes (1985), l’efficience se
dégrade après la fusion en raison de l’augmentation des coûts opérationnels.

II.5.3. Les activités non traditionnelles


Suite au changement radical qu’a connu l’activité bancaire, plusieurs activités sont introduites
dans le processus de production des banques. Cependant, la majorité des études sur l’efficience
bancaire n’implique pas les opérations modernes et se contentent sur les activités
rémunératrices traditionnelles. Les activités non traditionnelles de la banque peuvent être
définies comme étant toutes les opérations d’intermédiation (les activités de courtage et de
souscription, les fonds mutuels, la titrisation, etc) qui génèrent des revenus autres que des
intérêts. Dans ce sens, deux types de mesures ont été proposées par la littérature dont une
mesure en termes de flux dans lequel le revenu autre que l’intérêt diminué des frais de services
gagnés sur les dépôts, et une mesure en termes de stocks dans lesquelles les éléments du hors
bilan sont en valeur nominale ou pondérée aux valeurs de risque.
L’étude de Roger (1998) constitue l’exception parce qu’elle a tenu en compte les activités non
traditionnelles et a examiné les effets de la négligence de ces activités sur l’estimation de
l’efficience. Ainsi, l’auteur a utilisé des frontières stochastiques avec une fonction de Translog
comme spécification fonctionnelle pour les coûts, les revenus et les profits. Pour chaque
frontière, l’auteur a mesuré l’output des activités non traditionnelles par le total des revenus
nets autres que les intérêts. Il trouve que le modèle standard qui néglige les activités non
traditionnelles a été rejeté en faveur du modèle qui tient en compte ces activités. De ce fait, il
paraît que les banques sont en moyenne plus efficientes si on tient compte des activités non
traditionnelles dans l’estimation de l’efficience123.

122
Gardes Erize N., Fusions et acquisitions bancaires européennes : la performance des opérations
transfrontières, XIVème Conférence Internationale de Management Stratégique, ANGERS, 2005 ;
123
Kevin E. Rogers, Nontraditional Activities and the Efficiency of US Commercial Banks, Journal of

Page 120 sur 346


Dans ce chapitre, nous avons essayé de mettre le point sur le concept de l’efficience bancaire,
tout en analysant les déterminants qui semblent affecter amplement cette efficience. En effet,
nous avons divisé ce chapitre en deux sections. Nous avons commencé la première section par
un essai de définition du concept d’efficience, ainsi que des concepts qui y sont
proches. Ensuite, nous avons procédé à la décomposition de l’efficience du côté de l’efficience
économique, et du côté de l’efficience technique.
Cette décomposition nous a amené à présenter les différentes méthodes paramétriques et non
paramétriques de mesure d’efficience, ainsi que les approches de mesure d’efficience bancaire
qui se subdivise en trois approches principales, à savoir l’approche traditionnelle par les ratios,
l’approche des frontières d’efficience et l’approche des déterminants qui peut être une approche
de production ou une approche d’intermédiation.
La deuxième section a servi à la présentation des facteurs d’efficience qui affectent
essentiellement les banques islamiques, malgré l’insuffisance de la littérature empirique. Ces
facteurs sont reliés étroitement à notre sujet de thèse, et représente le noyau dur de notre
problématique concernant les déterminants d’efficience des banques islamiques. Dans ce
contexte, nous avons commencé par les facteurs macroéconomiques et financiers qui sont la
croissance économique représentée principalement par le PIB, la structure du marché (en
situation de concentration ou de concurrence), le degré de réglementation du pays (restriction
ou libéralisation financière), et le degré de résilience d’un Etat en temps de crise, ainsi que
d’autres facteurs comme l’inflation, la qualité des institutions politiques, et la relation entre le
marché financier et le secteur bancaire.
Enfin, nous avons lister les principaux facteurs internes qui touchent l’efficience bancaire. Il
s’agit de la taille de la banque, le type de propriété, la relation entre la capitalisation, le risque
de crédit et l’efficience, et le progrès technologique. Aussi, d’autres facteurs spécifiques ont été
abordés comme la qualité du management, les opérations de fusion-acquisition, et les activités
non traditionnelles.
De toute évidence, les facteurs exposés ainsi que les méthodes de mesure d’efficience
constituent les pierres angulaires de conception de notre modèle de recherche, qui se base
essentiellement sur l’explication de l’efficience bancaire, comme étant une variable
dépendante, à travers les déterminants, considérés comme des variables explicatives, que nous
allons sélectionner dans la suite de notre travail et qui respectent les conditions de validité et de
fiabilité des études empiriques.

Banking & Finance 22, no 4 (may 1998): 467‑82 ;

Page 121 sur 346


Chapitre III : Les spécificités des secteurs bancaires islamiques
Malaisien et Marocain

Après avoir terminé le deuxième chapitre examinant les déterminants d’efficience des banques,
il est temps de commencer le dernier chapitre de la partie théorique concernant les spécificités
du secteur bancaire islamique Malaisien et Marocain. En effet, les travaux sur le sujet de notre
recherche augmentent continuellement en raison du nombre limité de ces études empiriques
(voir étude plus haut au chapitre I).
Dans ce sens, notre travail consiste à analyser les facteurs de l’efficience des banques
participatives marocaines en comparaison avec celles malaisiennes. Ces deux contextes
paraissent, en premier lieu, hétérogène et incomparables, cependant, notre objectif est loin
d’une simple comparaison entre deux pays. Il s’agit d’une étude qui cherche à tirer les bonnes
pratiques managériales et les facteurs qui ont influencé d’une manière positive ou négative
l’efficience des banques islamiques, du fait que la Malaisie accapare 20,6% du part de marché
mondiale en finance islamique124, et qui exerce ce métier depuis l’année 1983. Cette maturation
d’industrie bancaire islamique est sans doute bénéfique à notre secteur bancaire participatif qui
demeure en phase de lancement de son activité, et qui devra chercher des pistes de performance
et des facteurs qui pourront améliorer son efficience et son compétitivité.
Dans ce contexte, notre recherche se divisera en deux sections. La première section présente les
caractéristiques du secteur bancaire participatif marocain, en passant par l’historique et les
enjeux de son création, les réalisations actuelles de ces entités, ainsi que la présentation des
banques participatives agréées à exercer leurs activités au territoire marocain, tout en faisant
état du potentiel de leurs développements malgré les défis auxquels font face ces banques.
La deuxième section concernera, à son tour, la présentation des caractéristiques du secteur
bancaire islamique malaisien. D’abord, nous allons commencer par l’historique et le
développement rapide qu’a connu cette industrie au niveau de la Malaisie, sans oublier de
mettre le point sur les réalisations phares qui ont permis à ce pays d’être l’une des précurseurs
de la finance islamique mondiale. Ensuite, nous allons lister les banques islamiques installées
sur le territoire malaisien, pour en finir avec les raisons qui ont permis à ces banques d’avoir un
écosystème mature, résilient et propice à leurs développements.

124
World Bank Group, Malaysia : Islamic Finance and Financial Inclusion, 2020 ;

Page 122 sur 346


Section 1 : Caractéristiques du secteur bancaire participatif marocain
Dans cette section, nous allons mettre le focus sur la présentation des caractéristiques
essentielles du secteur bancaire participatif marocain qui a marqué un retard important, dû entre
autres, par une réticence des pouvoirs publics, une absence de la volonté politique et un lobby
bancaire capable de mettre des barrières solides à l’entrée. Dans ce contexte, notre première
section va se diviser en trois points. Le premier point concerne le contexte de création des
banques participatives au Maroc, en passant par les enjeux de leurs créations ainsi que l’état
des lieux actuels de ces entités bancaires au Maroc. Le deuxième point va présenter les banques
et les fenêtres participatives qui ont pu avoir leurs agréments d’exercice auprès de la banque
centrale, après une longue période d’attente. Ensuite, nous allons s’arrêter sur l’écosystème
bancaire participatif qui assure le bon déroulement des opérations financières participatives,
ainsi que leurs promotions. Le dernier point de cette section est une opportunité qui nous
permettra de présenter le potentiel de développement des banques participatives au Maroc, sans
oublier les défis auxquels se heurtent ces entités et les solutions qui sont proposées en vue de
dépasser ces obstacles.
I. La création des banques participatives au Maroc
Le contexte de création des banques participatives au Maroc a passé par plusieurs étapes qui
ont retardé leurs émergences. En effet, les pouvoirs politiques et financiers ont été très réticent
à l’idée de pouvoir créer un marché financier islamique en craignant une mutation collective
des clients des banques conventionnelles aux banques islamiques. Face à cette situation, la
création des filiales spécialisées apparaît comme étant la solution optimale, qui permettra
d’avoir un système financier alternatif, et de garder le contrôle sur cette activité, sachant que le
Maroc a mis des barrières importantes à l’entrée des banques islamiques internationales. Dans
ce point, nous allons détailler l’histoire de création des banques participatives au Maroc, avant
de passer à la présentation des enjeux de leurs créations. Pour en finir, nous faisons état des
réalisations de cette industrie alternative jusqu’à la fin de l’année 2021.

I.1. Histoire de création des banques participatives


Bien que la première conférence tenue sous l’égide de Bank Al Maghrib et la banque islamique
de développement sur la thématique de la finance islamique ait été organisé en 1990, le Maroc
a accusé un retard important en matière de création des banques islamiques. Le gouvernement
marocain a commencé par la libéralisation de son système bancaire à travers différentes
mesures telles que la levée de l’encadrement du crédit et le remplacement du contrôle quantitatif
direct par des mesures qualitatives indirectes (réserve monétaire, ratio de solvabilité, de
liquidité et de division de risque…). Tout de même, le Maroc a procédé à la libéralisation des
taux d’intérêt créditeurs et la libéralisation progressive des taux d’intérêt débiteurs, avec
institution d’un taux de référence variable mensuellement pour les crédits à court terme et
annuellement pour les crédits à moyen et long terme.
Après une longue hésitation, caractérisée par des discussions entre le ministère de finance et
Bank Al Maghrib. Le Maroc a demandé, finalement, l’adhésion à l’International Financial
Services Board (IFSB) en 2006. Ensuite, en septembre 2007, Bank Al Maghrib a publié la

Page 123 sur 346


première directive125 relative aux produits financiers participatifs nommés « Alternatifs ». Cette
directive a permis la commercialisation de trois produits considérés comme les plus répandus
de la finance islamique à savoir : Mourabaha, Mousharaka, Ijara.
A cette époque, le Maroc disposait de trois possibilités pour s’ouvrir sur le monde de la finance
islamique126. Le premier choix étant la transformation totale de l’activité conventionnelle pour
la remplacer par une autre conforme à la Sharia. Ce qui implique une restructuration totale de
l’activité bancaire tout en modifiant le système d’information, le système de contrôle interne,
etc. Cette possibilité est difficilement applicable au contexte marocain. Le deuxième choix
considère la création des guichets islamiques (Islamic Windows) qui consiste à mettre en place
un département indépendant chargé de gérer les produits conformes à la Sharia ainsi qu’une
nette séparation entre l’activité islamique et celle conventionnelle, cependant cette solution est
mal perçue par le public islamique et moins encourageante. Le dernier choix réside dans la
création des filiales spécialisées dans la commercialisation des produits alternatifs (l’exemple
de Dar Assafa d’Attijariwafa Bank). Ce choix permettra de contourner les limites des deux
possibilités précédentes.
Il apparait que la troisième possibilité est la plus appropriée au contexte marocain dans la
mesure où la filialisation des banques permettra une meilleure maîtrise de leurs risques
spécifiques en interne, une meilleure transparence de leurs activités et de leurs comptes et une
meilleure supervision externe.
Dar Assafa, filiale d’Attijariwafa Bank, a été la première filiale à obtenir l’agrément de Bank
Al Maghrib en 2010 pour le statut d’une société de financement spécialisée dans la
commercialisation des produits alternatifs. Elle ne commercialisait qu’un des trois produits
autorisés. Cependant, la commercialisation de ces produits n’a pas pu répondre aux besoins des
clients (El Mezouari, Lotfi et Bouthir, 2013) à cause entre autres de la double transaction sur le
contrat d’achat par la banque et la revente au client, ce qui constitue une pression fiscale sur
l’acheteur final qui supporte le coût fiscal doublement. Aussi, le manque de la concurrence sur
le marché puisqu’une seule banque a pu commencer à commercialiser ces produits, dans une
attente générale des autres banques sur l’évolution de la demande. De même, le lobby des
banques constitue un frein à la commercialisation de ces nouveaux produits et l’entrée des
nouvelles banques islamiques à travers des barrières à l’entrée.
Accentué par l’absence d’une initiative du côté politique et du manque de compétences et de
formations dans le domaine de la finance islamique, ainsi qu’un marketing qui n’est pas assez
fort, et qui n’aide pas les ambitions de développement de ces activités. Les produits de la finance
islamique n’ont pas connu un succès important durant cette période. Le manque de
sensibilisation de la part des Oulémas constitue aussi un frein au développement du seul produit
lancé par Dar Assafa. Face à cette situation, la loi de finance 2010 a essayé d’apporter des
mesures veillant à garantir la neutralité fiscale pour le traitement des produits Mourabaha en
vue d’éviter la double taxation. De même, Bank Al Maghrib a développé une série de

125
Bank Al Maghrib, Directive n° RN 33/G/2007, 2007 ;
126
Quelle gouvernance pour la banque islamique ?, Islamic Financial Times, 2013, cité dans :
Cherkaoui, A., La Finance Islamique au Maroc : L’Alternative Ethique, Finance and Finance
Internationale, no 1‑2 (janvier 2016): 190‑208 ;

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formations et des partenariats avec des organismes internationaux spécialisés dans la finance
participative en vue de renforcer les compétences internes et son expertise dans ce domaine.
En 2012, les résultats de l’enquête menée par l’IFASS (Islamic Finance Advisory and
Assurances Services) révèlent que 94% des marocains sont intéressés par la finance islamique,
9% ne détiennent pas de compte bancaire pour des considérations religieuses et 31% sont
prédisposés à basculer du conventionnel à l’islamique. Cependant, le marché marocain souffre
d’une crise d’offre, puisque l’offre des produits est quasiment inexistante face à un public
prédisposé à souscrire aux contrats islamiques et à s’engager dans des transactions licites.
La banque centrale a préparé un projet de loi n° 103-12 relative aux établissements de crédit et
organismes assimilées qui a été promulgué en décembre 2014 en vue de renforcer la présence
des banques participatives au Maroc, et de fixer un cadre réglementaire propice à leur
développement. De même, le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE)
préconise la clarification du rôle du conseil des Oulémas et son champ d’intervention, ainsi que
la création d’un environnement intégré du secteur financier participatif à travers des
amendements des lois et des textes législatifs et/ou réglementaires. Le CESE prône l’application
effective de la nouvelle loi et l’adoption d’un régime garantissant la neutralité fiscale.
En 2016, la loi 59-13, modifiant et complétant la loi 17-99 portant code des assurances, a été
publiée au bulletin officiel après son adoption au parlement, et qui porte sur l’assurance Takaful
ainsi que ses principes. Une étape importante dans l’histoire de la finance participative au
Maroc qui voit son écosystème se compléter. Une année plus tard, Bank Al Maghrib a validé
quatre circulaires ayant pour objectif l’encadrement et le développement des banques
participatives au Maroc :
 Circulaire 1/W/17 : présente les caractéristiques techniques et les modalités de
présentation des produits participatifs ;
 Circulaire 2/W/17 : concerne les modalités de collecte et de placement des dépôts
d’investissement ;
 Circulaire 3/W/17 : présente les conditions et modalités d'exercice des activités
participatives ;
 Circulaire 16/W/16 : relative aux conditions et aux modalités de fonctionnement de la
fonction de conformité aux avis du Conseil Supérieur des Oulémas (CSO) ;
En 2020, elle semble que l’activité des banques participatives est en arrêt à cause de la pandémie
qu’a connu le monde, et la fermeture des concessionnaires et des notaires. Tout de même, les
mécanismes de financement et de relance proposés par Bank Al Maghrib ne sont pas en
adéquation avec les principes de la finance islamique (crédit Oxygène, crédit relance…). Chose
qui a poussé les autorités à développer des produits destinés exclusivement aux banques
participatives (après validation du CSO) à savoir :
 Daman Moubachir : destiné au financement des petites et moyennes entreprises qui
réalisent un chiffre d’affaires de moins de 10 millions de dirhams. Il permet de garantir
le financement des projets inférieur ou égal à 1 million de dirhams avec une quotité de
garantie entre 70 et 80% ;
 Daman Dayn : est destiné à la garantie des projets des entreprises dont le chiffre
d’affaires dépasse 10 millions de dirhams, ou dont le montant du financement est

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supérieur à 1 million de dirhams et ce, avec une quotité de garantie allant de 60 à 70%.

I.2. Les enjeux des banques participatives au Maroc


Les enjeux de création des entités bancaires islamiques pour les opérateurs économiques
(banques commerciales, banque centrale, et le trésor) sont nombreux et présentent des intérêts
communs pour l’écosystème marocain.

I.2.1. Pour les banques commerciales


L’introduction de la finance islamique constitue une réelle opportunité de développement de
l’activité bancaire au Maroc étant donné la forte demande de tels produits émanant à la fois de
la part de la population et des opérateurs. Elle constitue un relais de croissance de leur activité
eu égard au poids de la demande tant nationale qu’internationale, sa contribution à
l’amélioration du niveau de bancarisation, et ses capacités à mobiliser de l’épargne qui leur
échappe pour des raisons religieuses. En effet, les banques commerciales doivent se préparer
en capitalisant sur l’expérience de 2007, où Bank Al-Maghrib avait autorisé la
commercialisation des produits dits alternatifs à savoir Mousharaka, Mourabaha et Ijara, en
proposant une offre de produits diversifiés qui répondra aux attentes des consommateurs et des
opérateurs notamment avec l’arrivée des grandes banques islamiques ayant eu récemment
l’agrément de Bank Al- Maghrib et disposant d’une grande expérience dans ce domaine.
Cependant, la concurrence entre les banques commerciales et celles dites participatives ne
semble pas s’établir sur le plan pratique. En effet, les banques commerciales ont toutes choisi
de se lancer dans ce segment pour bénéficier de ses avantages et du manque à gagner sur le
marché, notamment la bancarisation et la mobilisation d’épargne, chose qui ne fera pas du
marché bancaire participatif, un marché compétitif. De même, la volonté politique et les actions
entreprises pour promouvoir les banques participatives ne sont pas suffisantes pour permettre
le développement de cette niche du marché.

I.2.2. Pour Bank Al Maghrib (BKAM)


Bank Al Maghrib est une institution de régulation qui doit mettre en place un cadre légal et
réglementaire propice au développement des institutions financières participatives. Ainsi, elle
doit délivrer ses agréments pour toute institution souhaitant exercée son activité dans un secteur
fortement réglementé. De même, la banque centrale doit assurer le contrôle et la supervision
des activités en veillent à la conformité des transactions financières et des produits
commercialisés.
En effet, la loi bancaire 103-12 (2014) visant la réforme de la réglementation sectorielle a été
initiée par Bank Al Maghrib en vue de mettre en place un comité de Charia pour la finance. Ce
comité a pour objectif, selon l’article 64 :
 D’identifier et prévenir les risques de non-conformité de leurs opérations et activités
aux avis conformes du Conseil Supérieur des Oulémas ;
 D’assurer le suivi et l’application des avis conformes du Conseil Supérieur des
Oulémas précités et d’en contrôler le respect ;
 De veiller à l’établissement et au respect du manuel des procédures ;
 De recommander l’adoption des mesures requises en cas de non-respect avéré des

Page 126 sur 346


conditions imposées pour la présentation au public d’un produit ayant fait l’objet d’un
avis conforme du Conseil Supérieur des Oulémas ;
Les avis prononcés par le Comité seront opposables aux banques participatives et à toute autre
institution financière offrant des produits ou des services conformes à la charia (article 63). Les
banques participatives seront tenues d’adresser, à la fin de chaque exercice, au dit comité, un
rapport d’évaluation sur leur conformité aux préceptes de la charia (article 65). Ce comité
rédigera et publiera un rapport annuel sur les avis prononcés au cours de l’exercice écoulé ainsi
que son appréciation et/ou son évaluation quant à la conformité des banques participatives aux
dites préceptes. Dès lors, l’institutionnalisation du contrôle et de la supervision en matière de
la conformité des produits et des opérations constitue l’enjeu majeur pour Bank Al-Maghrib
(Cherkaoui, 2016) étant donné que la conformité à la charia par le haut niveau est très
importante pour la sérénité du marché afin de susciter la confiance des opérateurs, des
consommateurs et surtout des investisseurs étrangers.
Un cadre réglementaire approprié attirera les investisseurs nationaux et étrangers, crédibilisera
l’offre des banques participatives, et poussera les marocains à consommer ces produits éthiques.
Tout de même, la réglementation est un pilier majeur pour garantir le fonctionnement de ce
secteur, sachant que le risque juridique est une variable déterminante dans les décisions
d’investissement, une mission que Bank Al Maghrib devra accomplir.

I.2.3. Pour le trésor et le marché financier


L’amendement de la loi n°33-06 relative à la titrisation des créances permet à de nouveaux
intervenants d’accéder au marché de la titrisation notamment les entreprises et l’Etat avec la
possibilité d’émettre des Sukuks sur la place financière Casablancaise. Cette mesure ajoutera
une nouvelle source de financement des besoins du trésor, à travers les Sukuks souverains, en
vue de lever les fonds nécessaires pour les grands projets. A titre d’exemple, les distributeurs
de produits pétroliers pourront émettre des Sukuks représentant des créances détenues sur la
caisse de compensation, ce qui permettra d’alléger sa trésorerie et répartir la dette de l’Etat à
moyen terme.
L’introduction des Sukuks positionnera le Maroc comme un hub financier régional à travers les
plateformes innovantes des financements structurés qui contribueront au développement du
projet Casablanca Finance City. Actuellement, le besoin en liquidités et la contraction des
crédits bancaires accentuent le besoin sur le marché, et la nécessité d’émettre de nouvelles
sources de financement apparaît indispensable quant à la santé du secteur financier. L’émission
des Sukuks représente donc, une alternative aux prêts bancaires et aux obligations classiques,
sachant que 90% des émetteurs envisagent émettre des Sukuks si le cadre légal l’autorise au
Maroc127. De surcroît, 62 % des opérateurs considèrent que les Sukuks constituent un
complément aux financements traditionnels et 25 % les considèrent comme un substitut aux
émissions classiques relève l’enquête. Elle indique également que 50% des intervenants sondés
choisiraient, à coût égal, une émission Sukuks au lieu d’une obligation classique et 13%
opteraient pour les sukuks indépendamment de toute considération de coût. Tandis que la

127
Centre Déontologique des Valeurs Mobilières (CDVM), Sukuk : Quel potentiel pour de
développement du Maroc, 2013, p. 13-14 ;

Page 127 sur 346


plupart des opérateurs (62,5%) perçoivent les Sukuks comme un instrument de dynamisation
du marché boursier marocain.
Par ailleurs, les investisseurs institutionnels opérant sur le marché insistent sur l’attractivité de
cet instrument afin de drainer l’épargne non captée par les instruments conventionnels et
perçoivent l’utilité des Sukuks comme moyen de diversification des portefeuilles. Le choix
entre les sukuks et les obligations classiques s’effectuera sur la base du critère risque-
rendement, de la stratégie d’investissement poursuivie et des besoins des clients qui peuvent
être guidés par des convictions religieuses. De même, les investisseurs déclarent qu’ils n’auront
aucun problème à investir dans les Sukuks, ou tout autre instrument, tant qu’ils sont attractifs
et correspondent aux besoins des clients. A noter que la première émission des Sukuks
souverains Ijara émis par le royaume du Maroc, en 2018, ont été souscris 3,6 fois pour un
montant nominal global de 1 milliards de Dirhams, ce qui démontre l’intérêt énorme aux
émissions Sukuks pour les investisseurs128.
De part ces éléments, nous voyons clairement les enjeux et les potentialités des instruments de
la finance islamique, et des sukuks en particulier, en matière de diversification des sources de
financement pour le trésor public et les acteurs du marché financier qu’ils soient émetteurs ou
investisseurs (Cherkaoui, 2016).

I.3. Etat des lieux des banques participatives au Maroc


L’analyse SWOT du marché marocain montre que ce dernier est caractérisé par une stabilité
politique et une croissance économique avec un environnement juridico-administratif prêt pour
accueillir les acteurs de la finance islamique. Cependant, l’absence du comité Charia susceptible
de statuer sur la nature des transactions et le manque d’expertise et de qualifications dans ce
sens freine le développement de ce secteur. Tout de même, l’absence d’économie d’échelle et
la pression fiscale constituent des facteurs impactant négativement la performance des banques
participatives face à un public prêt à souscrire aux produits conforme à la charia.
Un autre facteur important qui pourra freiner ou développer les banques participatives est le
capital humain à cause du manque ou du moins du faible nombre des formations diplômantes,
au niveau des universités et des écoles, en finance islamique. Ainsi que le manque des aspects
pratiques au niveau des formations. Constat qui oblige les banques à recourir à des compétences
étrangères en vue de former les employés et d’éviter les risques opérationnels. Dans le même
ordre d’idées, un ensemble de contraintes fiscales, organisationnelles et réglementaires ont
rendu le démarrage des banques participatives difficile. Le diagramme d’Ishikawa en annexes
présente ces contraintes (Alaoui and Maftah, 2012)129.
En ce qui concerne le lancement des banques participatives au Maroc, le bilan été favorable,
comme en témoigne le tableau ci-après :

128
El Morabit, F., Achour, F.Z, Boussetta, M., Driss Daoui, Les SUKUK: première émission de l’Etat
Marocain Innovation et challenges, 87 ,‫( مجلة اإلقتصاد اإلسالمي العالمية‬2019) ;
129
El Omari Alaoui, S.M., Maftah, S., La finance islamique au Maroc : Les voies de la normalisation,
1ére édition, 2012 ;

Page 128 sur 346


Tableau 6 : Les réalisations des banques participatives marocaines pour la période 2017
- 2021

2017* 2018 2019 2020 2021


Nombre d’établissements 5 banques / 5 banques / 5 banques /
5 banques 5 banques
participatifs 3 fenêtres 3 fenêtres 3 fenêtres
Réseau d’agences 44 100 133 154 176
Produit net bancaire 0,02 MDH 67 MDH 202 MDH 337 MDH 523 MDH
4.069
Dépôts à vue de la clientèle 23 MDH 1.665 MDH 3.096 MDH 5.688 MDH
MDH
Financement par
9.750
décaissement (hors marges - 3.125 MDH 6.548 MDH 14 MMDH
MDH
constatés d’avance)
Résultat net - 6 MDHS - 377MDH - 419 MDH -351 MDH -207 MDH
 * Lancement au 2éme semestre ;
Source : Rapports annuels de Bank Al Maghrib sur la supervision bancaire de 2017, 2018, 2019,
2020, 2021 ;
Le rapport de Bank Al Maghrib sur les banques et fenêtres participatives à fin décembre 2021
a été favorable marquant une évolution remarquable sur tous les plans. En effet, le réseau des
agences est à l’ordre de 176 agences en 2021 contre 44 agences à fin 2017, ce qui marque une
augmentation de 4 fois le nombre d’agence au début d’activité. De même, l’encours des dépôts
à vue connaît une progression très favorable puisque les dépôts ont presque triplé entre l’année
2018 et l’année 2020.
En ce qui concerne le produit net bancaire, indicateur représentant la valeur ajoutée créée par
ces banques, ressort une augmentation considérablement grosse après avoir passé de 67 Mdhs
en 2018 à plus de 523 Mdhs à fin 2021. Au même titre, les encours de financement par
décaissement des banques et fenêtres participatives, ont atteint 14 MMDH en 2021 contre 9,75
MMDH à fin 2020, soit une variation de 44% sur une seule année. Finalement, le résultat net
ressort une amélioration nette puisqu’elle connait une hausse négative atteignant - 419 Mdhs
en 2019. Cependant, les banques participatives de la place commencent à absorber les pertes
qui se placent ainsi à - 207 Mdhs à la fin de l’année 2021. A noter qu’en 2020, le marché de la
finance participative a résisté à la crise sanitaire Covid19. En fait, l’encours des financements
des banques participatives s’est situé à 9,75 MMDHS à fin décembre 2020, enregistrant une
hausse de 48% par rapport à 2019, malgré un arrêt quasi-total de plus de trois mois.
Ce bilan montre que l’industrie financière participative au Maroc enregistre des performances
probantes, malgré le retard accusé. Ces statistiques montrent le fort potentiel de croissance
particulièrement en Afrique. Cependant, les banques participatives se retrouvent à des
difficultés de refinancement lié au décalage entre les ressources collectées pour une courte
durée, et les financements qui sont généralement de longues durées.

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Face à cette situation, le Conseil Supérieur des Oulémas a approuvé l’utilisation de « Wakala
Bil Isthitmar » en Juillet 2018. Ce qui a permis de mobiliser plus de 2,4 MMDH à la fin de
l’année 2019, ce qui représente une hausse de 92% en un an130.
II. Présentation des banques participatives au Maroc
Dans ce qui suit, nous allons lister les banques participatives marocaines qui ont démarré leurs
activités pour la première fois en 2017. Il s’agit de cinq banques participatives et trois fenêtres.
De même, nous allons aborder l’écosystème des banques participatives qui favorisent leurs
développements. Il s’agit de la banque centrale, le conseil supérieur des Oulémas (CSO), le
marché des capitaux et les compagnies Takaful ayant marqué un retard important et n’ont
démarré leurs activités qu’en 2022.

II.1. Aperçu sur les banques participatives au Maroc


Bank Al Maghrib a publié en 2017 un communiqué du comité des établissements de crédit
relatif à l’agrément pour l’exercice de l’activité bancaire participative. Les banques
participatives qui ont obtenu leurs agréments et démarré leurs exploitations courant 2017 sont
à l’ordre de cinq banques et trois fenêtres participatives qui se présentent de la façon suivante :

II.1.1. Bank Assafa : ‫بنك الصفاء‬


Le Comité des Établissements de Crédit, a émis le 02 janvier 2017, un avis favorable sur les
demandes formulées pour la création de cinq banques participatives au Maroc dont Bank
Assafa. La présence de Dar Assafa dans le marché de la finance alternative depuis 2010, a
permis aux équipes de développer une expertise métier et une connaissance des besoins et
aspirations des Marocains131.
Bank Assafa est un établissement bancaire 100% marocain spécialisé dans la finance
participative qui propose un ensemble de produits bancaires éthiques, conformes aux directives
du conseil supérieur des Oulémas.

II.1.2. Umnia Bank ‫أمنية بنك‬


Umnia Bank est le fruit d’un partenariat entre le Crédit Immobilier et Hôtelier (CIH) et la
banque internationale islamique du Qatar. C’est la première banque participative autorisée par
la banque centrale pour entreprendre ses activités. La banque aspire, en fonction de son
expérience et celle de ces associés, l’accompagnement des entreprises, le développement de
l’immobilier et l’excellence en termes de services bancaires et de financement participatif, à
renforcer sa position pour devenir un acteur clé dans son secteur132.

II.1.3. BTI Bank (Bank Al TamwilwalInmaa) ‫بنك التمويل واإلنماء‬


BTI Bank est le fruit du partenariat entre deux institutions internationales, Al Baraka Banking
Group et BMCE Bank Of Africa qui en détiennent respectivement 49% et 51%. Ce partenariat
retrace comme mission de répondre aux besoins financiers des communautés à travers le

130
Bank Al Maghrib, rapport annuel de la supervision bancaire, 2019 ;
131
Qui sommes-nous ? | Bank Assafa, consulté le 02/03/2022 ;
132
Home | Umnia Bank, consulté le 02/03/2022 ;

Page 130 sur 346


monde en menant les activités de manière éthique, conformément aux croyances, en appliquant
les normes professionnelles les plus élevées et en partageant les avantages mutuels avec les
clients, le personnel et les actionnaires qui participent à la réussite de l’entreprise133.

II.1.4. Bank Al Yousr ‫بنك اليسر‬


Bank Al Yousr est la banque participative du groupe Banque Populaire. Elle est le fruit d’un
partenariat entre la Banque Centrale Populaire et le groupe Guidance. La Banque Populaire est
un acteur de premier plan de la finance conventionnelle au Maroc et en Afrique subsaharienne.
Tandis que Guidance Financial Group est un expert international de la finance participative134.
Bank Al Yousr estime être une banque de référence dans le secteur participatif, qui contribuera
d’une façon solidaire au développement des banques participatives au Maroc et qui se
distinguera par la valeur de ses propositions, par sa crédibilité dans le discours et dans les faits,
par sa cohérence aux principes de la finance participative et par le professionnalisme de ses
équipes.

II.1.5. Al Akhdar Bank ‫األخضر بنك‬


Al Akhdar Bank (AAB) est une nouvelle banque participative créée conjointement par le
Groupe Crédit Agricole du Maroc et la Société Islamique pour le Développement du Secteur
Privé, une institution financière multilatérale de développement, filiale du Groupe de la Banque
Islamique de Développement.
Al Akhdar Bank s’inscrit dans le cadre de la stratégie du groupe Crédit Agricole du Maroc
visant la diversification des produits proposés à la clientèle. Elle permet, par ailleurs, au Groupe
de se distinguer par des solutions bancaires novatrices notamment pour le financement et le
développement du secteur agricole et du monde rural135.

II.1.6. BMCI Najmah


Dans une volonté d’élargir sa gamme de produits et services, la BMCI a développé son offre
participative via le label Bmci Najmah. Créée conformément à la loi bancaire 103.12 et à la
suite de l’agrément de Bank Al Maghrib, Najmah est la fenêtre dédiée à la commercialisation
des produits et services participatifs.
Forte de l’expertise mondiale du groupe BNP Paribas en matière de finance participative,
Najmah garantit une totale étanchéité par rapport à l’activité conventionnelle au travers
d’une gouvernance en parfaite adéquation avec les exigences du Conseil Supérieur des
Oulémas. Au travers de ce modèle, BMCI confirme son positionnement de banque citoyenne,
en intégrant dans ses activités de nouvelles pratiques bancaires répondant à des préoccupations
sociales et économiques. BMCI Najmah partage avec ses clients les mêmes valeurs universelles
de confiance, de transparence et d’engagement. Elle s’appuie, en outre, sur les valeurs
fondatrices du Groupe qui ont inspiré plus que jamais la création de cette activité : agilité,
ouverture, culture de conformité et satisfaction client136.

133
Home - BTI Bank : Banque participative, consulté le 02/03/2022 ;
134
Qui sommes-nous | Bank Al Yousr, consulté le 02/03/2022 ;
135
AL AKHDAR BANK - BANQUE PARTICIPATIVE POUR TOUS, consulté le 02/03/2022 ;
136
BMCI | A PROPOS DE BMCI NAJMAH, consulté le 02/03/2022 ;

Page 131 sur 346


II.1.7. Arreda, Crédit du Maroc
Le Crédit du Maroc a obtenu l’agrément de Bank Al Maghrib pour le lancement de son activité
participative et la commercialisation des produits et services bancaires participatifs sous la
marque « Arreda » qui traduit l’ambition de la banque de satisfaire les exigences de ses clients
et prospects en termes de conformité, proximité et qualité de service. Pour implémenter la
nouvelle activité, le Crédit du Maroc a opté pour les standards les plus exigeants en termes de
système d’information, d’organisation et de gouvernance, permettant d’assurer un strict respect
de la réglementation et des avis conformes du Conseil Supérieur des Oulémas137.

II.1.8. Dar Al Amane, Société Générale


Dar Al Amane est la fenêtre participative de la société Générale Maroc, qui a obtenu l’agrément
de Bank al Maghrib pour la commercialisation des produits participatifs. Dès septembre 2017,
elle démarre ses activités en offrant aux particuliers, professionnels et entreprises une gamme
innovante de produits et services conformes aux principes de la Sharia, tout en se positionnant
en tant qu’entité citoyenne exerçant pleinement sa responsabilité sociale avec une forte volonté
de contribuer à l’expansion d’un nouveau mode de financement.
Tirant profit de la force et de l’expertise internationale du groupe Société Générale, Dar Al
Amane offre une large gamme de produits et services en matière de comptes de dépôts,
financements, investissements participatifs, mais aussi de monétique et de banque à distance138.

II.2. L’écosystème des banques participatives


En vue d’accompagner le développement des banques participatives, le Maroc a développé un
écosystème favorable constitué par les différents acteurs et organes de réglementation et de
contrôle qui peuvent être présentés selon le schéma suivant :
Figure 9 : L’écosystème des banques participatives marocaines

Source : Expérience en matière de la finance participative : Forum Halal Maroc Umnia Bank, 2019

137
Le Crédit du Maroc lance son activité participative sous l’enseigne « ARREDA » | Crédit du Maroc
(creditdumaroc.ma), consulté le 02/03/2022 ;
138
Tout savoir sur Dar Al Amane - ‫دار األمان‬, consulté le 02/03/2022 ;

Page 132 sur 346


II.2.1. Le Conseil Supérieur des Oulémas (CSO)
Le CSO (ou le garant de la conformité) est la seule institution habilitée à se prononcer sur les
consultations religieuses. En effet, le roi Mohamed VI a légiféré par Dahir la constitution d’un
comité des oulémas habile dans les affaires de la finance islamique. Ce comité se compose d’un
rapporteur et de 9 érudits ou oulémas membres du haut conseil des oulémas. Leur mission sera
de statuer sur la conformité aux principes de la Sharia des produits participatifs crées par Bank
Al Maghrib. Le comité devrait aussi prodiguer des conseils en la matière (Beddari, 2018, p.109,
110).
Le Conseil supérieur des Oulémas, créé par le dahir n°1.80.270 du 3 Joumada II 1401 (08 avril
1981)139 et réorganisé conformément aux dispositions du dahir n°1.03.300 du 2 Rabi I 1425 (22
avril 2004) est placé sous la Haute Tutelle de Sa Majesté. Selon ce dahir, le Conseil supérieur
des Oulémas est chargé de plusieurs missions telles que la mise en place des dispositifs de suivi,
de détection et de mesure des risques de non-conformité aux avis du CSO ainsi que des risques
de perte de réputation causé par la non-conformité aux avis du CSO. Une revue continue de ces
dispositifs de mesure est obligatoire.
Le conseil se charge aussi de recenser et diffuser les avis, guides et recommandations tout en
assurant leurs applications. Il contrôle et évalue les opérations, les documents, les contrats et le
contenu des campagnes publicitaires par rapport au respect des avis du CSO. De surcroît, il
participe à la mise en place d’une méthodologie permettant le contrôle du respect de la
règlementation liée à la finance islamique. Ainsi que la mise à jour et la vérification de la
conformité des procédures interne aux avis du CSO. Ce dernier est contraint d’informer le
comité d’audit des manquements constatés, de même que l’organe de direction ou le
responsable de la fenêtre participative, et le comité de management des risques des
manquements par rapport à l’application des avis du CSO et proposer les mesures correctives
appropriées.
Le CSO tient des sessions régulières afin d’approuver les recommandations, proposées par les
commissions mises en place, qui concernent les volets du prêche et la prédication et l’évaluation
de l’action des prêcheurs, la coordination avec la Fondation Mohammed VI des oulémas
africains et le suivi des actions du conseil marocain des oulémas pour l'Europe.
Elles concernent aussi les domaines de l’accompagnement de l’enseignement originel, le suivi
de l’action des conseils locaux des oulémas, le suivi de l’action de l’Institut Mohammed VI de
la formation des imams, morchidines et morchidates, etc.

II.2.2. Bank Al Maghrib


Les banques participatives sont soumises aux mêmes règles et procédures régissant les banques
conventionnelles avec des aménagements propres pour se conformer à leurs spécificités. Les
banques participatives devront se conformer aux règles de la politique monétaire imposée par
BKAM, en termes de réserves monétaires et des procédures de recours au refinancement de la
banque centrale.
Selon l’article 67 de la loi 103-12, les banques participatives ont la particularité d’institution
d’un « fonds de garantie des dépôts des banques participatives » en vue d’indemniser les dépôts

139
Conseil supérieur des Oulémas (habous.gov.ma), consulté le 05/04/2022 ;

Page 133 sur 346


des clients, sauf dans le cas des dépôts d’investissements, en cas d’indisponibilité de leurs
dépôts et de tous autres fonds remboursables. Ce fonds peut accorder, à titre préventif et
exceptionnel, à une banque participative en difficulté et dans la limite de ses ressources, des
concours remboursables ou prendre une participation dans son capital.
Ce dispositif semble contredire le principe de prise de risque qui légitime les profits, et se
reproche à un simple placement sécurisé au sein d’une banque conventionnelle. De même, le
texte ne définit pas les contreparties de ces concours et laisse la voie ouverte aux modalités de
rémunération classiques, à moins que ces concours soient gratuits.
Dans le même ordre d’idées, la circulaire de BAM N° 3/W/17 édicte les principes et les règles
à respecter par les établissements de crédit conventionnels qui désirent ouvrir une fenêtre dédiée
à la proposition des produits participatifs. Elle stipule deux conditions essentielles :
 L’encours des financements participatifs proposés par ces fenêtres ne doit pas dépasser
10% des financements distribués par la banque traditionnelle de rattachement (article
9) ;
 Le nombre d’agence est limité à 4% du nombre d’agence de la banque conventionnelle,
mère, en 2017 puis à 10% en 2020 (article 10) ;
Ces restrictions peuvent être interprétées en double sens. En effet, il peut s’agir d’un moyen
permettant la protection de l’activité conventionnelle par crainte du basculement des clients aux
banques participatives, ce qui renvoie à des barrières à l’entrée, ou même une concurrence
déloyale. Dans le cas contraire, il peut s’agir d’un moyen de découragement d’ouverture des
fenêtres islamiques afin de les pousser à créer des banques participatives spécialement dédiées
à cette activité.
De ce qui précède, il semble que le cadre réglementaire et juridique des banques participatives
n’est pas encore finalisé, et que les autorités de tutelle continuent à alimenter les banques par
les mesures et les textes structurant la commercialisation des produits alternatifs. Cette situation
pourrait nuire au développement de ce segment du marché, surtout que les déclarations ne sont
soumises à aucun contrôle ou évaluation et n’annoncent pas de calendrier.

II.2.3. Le marché des capitaux


L’entrée en application de la loi 119-12 modifiant et complétant la loi 33-06 relative à la
titrisation des créances et la loi 24-01 relative aux opérations de pension, a permis la finalisation
du cadre juridique d’émission des Sukuks au Maroc. En effet, la loi annoncée a proposé une
nouvelle classe d’actifs dénommée « actifs éligibles » qui concernent les actifs corporels,
incorporels ou financiers, ce qui a rendu possible l’adossement d’actifs réels à certains titres.
Cette loi a défini les dispositions et les conditions à suivre en vue d’avoir l’avis de conformité
du Conseil Supérieur des Oulémas (CSO), ainsi que les types de structuration des Sukuks
permises à savoir :

 Sukuks de financement : Sukuks Murabaha, Sukuks Salam, Sukuks Istisna’ ;


 Sukuks d’investissements : Sukuks Ijara, Sukuks Mudaraba, Wakala… ;

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C’est dans ce cadre que le Maroc a effectué sa première émission des certificats Sukuks
souverains au Maroc en 2018. Une opération qui a constitué un grand succès puisque le taux de
souscription a été de 3,6 fois le montant nominal, ce qui montre l’intérêt important des
investisseurs à ce mécanisme.

II.2.4. Le Takaful
Le lancement des produits participatifs au Maroc a été approuvé sans pour autant souscrire à
une assurance Takaful. Cette situation est le résultat d’un cadre réglementaire lent et rigide qui
n’a pas suivi le lancement des banques participatives par une mise à jour du code des assurances
et une validation des contrats Takaful par le conseil supérieur des Oulémas (CSO).
Ainsi, la loi n° 59.13 modifiant et complétant la loi n°17-99 portant code des assurances, stipule
que l’assurance Takaful désigne « toute opération d’assurance conforme aux préceptes de la
charia basée sur le don et sur l’entraide entre un groupe de personnes physiques ou morales
appelé participants qui contribuent mutuellement dans l’objectif de couvrir les risques prévus
au contrat d’assurance Takaful ». L’assurance Takaful est régie par le principe de mutualisation
et le principe de donation (Tabaru’). De même, Elle se base sur trois modèles qui se distingue
par la manière dont les fonds sont partagés entre les assurés. Le premier modèle (Wakala) est
basé sur la cotisation des adhérents, alors que le deuxième modèle est élaboré sur la base d’une
répartition équitable des risques et des bénéfices, ce qui incite les adhérents à être efficace en
termes de placement et de souscription. Le troisième modèle est une combinaison entre les
modèles déjà cités.
En juin 2022, l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS) a
délivré les décisions relatives aux produits d’assurance et a octroyé les agréments à six banques
et fenêtres participatives, suite aux avis conformes émis par le Conseil Supérieur des Ouléma
(CSO) relatifs aux règlements de gestion, aux contrats d’assurance Takaful et aux règlements
généraux sur le rachat et l’avance. De ce contexte, l’ACAPS a élaboré 7 modèles de référence,
fondé sur le modèle Wakala, qui concernent le décès/invalidité pour la finance participative,
décès/invalidité toutes causes et décès. Cependant, nous notons que les conditions d’application
de ces contrats ressemblent dans une grande partie aux contrats d’assurance classiques avec
quelques différences qui permettent à ces contrats d’avoir le label « Halal », ce qui risque de
rendre le modèle Takaful marocain, un accessoire obligatoire et nécessaire au pacte des banques
participatives. De même, le modèle Wakala a l’inconvénient de surcharger significativement
les primes. De ce fait, le Maroc peut se tourner vers le modèle Wakala modifiée où l’opérateur
est rémunéré par des commissions ex-ante et par les plus-values des activités de placement. Ce
modèle est le plus adopté par les pays avancés en finance islamique, notamment l’Arabie
Saoudite et la Malaisie dont le marché s’accapare respectivement de 50% et 25% du marché
mondial du Takaful (Yusuf et Babalola, 2015).
III. Le potentiel de développement des banques participatives
Le dernier point de cette section concernera d’une part les opportunités de développement des
banques participatives au Maroc comme l’amélioration du taux de bancarisation. Et d’autre
part, la présentation des solutions envisagées en vue de surmonter les défis des banques
participatives.

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III.1. Les opportunités en matière de développement au Maroc
Les banques participatives peuvent participer à développer le marché économique et financier
marocain à savoir le financement de l’économie, l’amélioration de la bancarisation et la
contribution à la solidarité sociale (la Zakat).

III.1.1. Le financement de l’économie :


Le Maroc s’est engagé activement dans le développement des stratégies sectorielles dont
dispose d’avantages compétitifs et pourront améliorer sa compétitivité et son attractivité. Ces
stratégies ont pour but la promotion des secteurs traditionnels tels que l’agriculture, la pêche,
les mines et le tourisme. Ainsi que de nouveaux secteurs à forte valeur ajoutée à savoir les
énergies renouvelables, la logistique, l’aéronautique, etc.140
Cette stratégie nécessite de lourds investissements que les banques locales ne peuvent pas en
supporter. Dès lors, la recherche des moyens de financement alternatifs s’avère nécessaire pour
le financement des projets, en l’occurrence les instruments de la finance islamique. Nous
présenterons dans ce qui suit des exemples d’utilisation de ces instruments dans les différents
secteurs susmentionnés141 :
Tableau 7 : Les opportunités de financement des secteurs par les banques participatives
Secteur Intérêts Moyens de financement
Agricole Financement du plan « Maroc Vert », Sukuks Mouzaraa,
développement d’une agriculture moderne Mousaqate, Mougharassa
à forte valeur ajoutée
La pêche Financement du plan « Halieutis » : Sukuks Mousharaka,
Modernisation des outils : Halles de Moudaraba, Istisna’
poisson, aménagements.
Financement du programme Ibhar.
Immobilier Financement du projet « villes sans Sukuks (titrisés à travers
bidonvilles », développement des sites Ijara, Istisna’)
touristiques…
Industriel Développement des plateformes Sukuks (Ijara, Istisna’),
industrielles aéronautiques, automobile, Sukuks Mousharaka,
électroniques… Moudaraba
Energétique Diminuer la facture énergétique du Maroc Sukuks Ijara, Istisna’ (levées
à travers le projet marocain d’énergie de fonds à l’international)
éolienne, d’énergie solaire…
Ce tableau a présenté un exemple des moyens de financement alternatifs basés sur l’émission
des Sukuks et qui pourront être utilisées pour le financement et le développement des
infrastructures marocaines. D’autre part, l’étude de marché confirme le réel intérêt du public
pour les produits financiers islamiques et démontre de manière objective le potentiel du marché
à la fois pour le secteur bancaire que celui de l’assurance islamique. Sur le plan institutionnel,
les investisseurs et les émetteurs sont tout à fait disposés à recourir aux instruments financiers

Les 7 raisons d’investir au Maroc – Les stratégies sectorielles : Cf. http://www.invest.gov.ma ;


140
141
Centre Déontologique des Valeurs Mobilières (CDVM), Sukuk : Quel potentiel pour de
développement du Maroc, 2013, p. 40-45 ;

Page 136 sur 346


islamiques si les conditions de marché sont favorables et si leurs clients le souhaitent (CDVM,
2013).

III.1.2. Amélioration de la bancarisation


La bancarisation est le « processus consistant pour les banques à ouvrir à l’ensemble de la
population (ménages / entreprises) des comptes. »142. L’objectif des banques est de se procurer
les ressources indispensables de l’activité crédit. Ce ratio reflète le degré de pénétration du
système bancaire dans l’économie et renseigne sur le niveau de développement de l’offre des
services financiers.
Au Maroc, le taux de la bancarisation enregistre une progression importante passant de 55% en
2012 à 79% en fin décembre 2019, selon le rapport de Bank Al Maghrib. Cependant, ce taux
demeure faible compte tenu du potentiel important du Maroc, à cause de l’importance du
secteur informel, la réticence aux moyens de paiements, la difficulté d’accès aux services
bancaires et de crédit. Cette situation pousse les banques marocaines (Attijariwafa Bank, Bank
Of Africa, BCP…) à opter à l’internationalisation de leurs activités en vue de trouver de
nouveaux relais de croissance143.
Bank Al Maghrib a entrepris une série de mesures visant l’amélioration du niveau de la
bancarisation au Maroc à travers l’élargissement de l’inclusion financière (populations rurales,
les TPE…), le renforcement du cadre légal et réglementaire, la sécurisation des moyens de
paiements utilisés, la transformation des associations de microcrédit. De même, l’octroi des
agréments aux banques participatives améliora le taux de la bancarisation de la population tant
que 97% des marocains serait intéressés par les produits de la finance islamique144. Cette
mesure permettra d’inclure les citoyens qui refusent d’ouvrir un compte bancaire pour des
raisons religieuses.
Ajoutant à ces éléments, la crise sanitaire a poussé les citoyens à l’utilisation des instruments
bancaires et la recherche des alternatifs à la circulation du cash. Tout de même, le vaste chantier
de généralisation de la couverture sociale a initié l’opération d’ouverture de comptes bancaires
pour pouvoir payer les cotisations périodiques et pour bénéficier des prestations de l’assurance
maladie obligatoire. Chose qui constitue une opportunité d’amélioration du taux de
bancarisation du secteur informel.

III.1.3. Contribution à la solidarité sociale : La Zakat


La Zakat est un moyen de lutte contre la concentration des richesses par excellence. Elle s’agit
de l’un des cinq piliers de l’Islam qui contribue à la redistribution des richesses et l’instauration
d’une justice sociale fondée sur l’équité. En effet, la Zakat est prélevée sur les fortunes des
musulmans et redistribués aux pauvres incapables de travailler, aux pauvres en recherche
d’emploi, aux indigents et aux personnes ayant un revenu en dessous du seuil d’aisance.

142
Duclos, T., Dictionnaire de la banque, 5e éd, Les dictionnaires Pincourt (Québec), Paris: SEFI,
2010) ;
143
Conseil de la Concurrence, Etude sur la concurrentiabilité du secteur bancaire, 2013 ;
144
Islamic Finance Advisory & Assurance Services (IFAAS), Finance Islamique: Un gisement
inexploité , 2012, cité dans L’économiste, Édition N° 3807 du 2012/06/18 ;

Page 137 sur 346


En Islam, la Zakat est le droit du pauvre dans la richesse du fortuné145. De même, elle couvre
toute personne ruinée par un imprévu (incendie, faillite…), les personnes lourdement endettées,
ou les dommages touchant aux biens acquis à crédit146.
De ce fait, l’implantation d’un fonds de la Zakat permettra au Maroc d’assurer une équité et
une cohésion sociale, ainsi que de développer des secteurs sociaux tels que l’éducation, la santé,
l’emploi, etc. Ce fonds sera géré par le ministère des Habous et des affaires islamiques en
collaboration avec le Conseil Supérieur des Oulémas.

III.2. Les défis des banques participatives au Maroc et les solutions proposées
Dans cette partie, nous allons énumérer les défis que présente le marché marocain pour les
banques participatives, telles que la cherté des produits, l’absence de volonté politique, le risque
de désintérêt de la clientèle, etc. Ensuite, nous allons présenter les solutions que nous pouvons
proposer comme la création d’un environnement favorable à l’activité islamique, l’adoption des
normes internationales et l’exploitation de la motivation religieuse des clients.

III.2.1. La cherté des produits


Les produits de la finance participative sont plus chers que ceux de la finance classique. Un
constat relevé par deux chercheurs marocains ayant démontré que le surcroît fiscal est de 4,5%
et le surcroît bancaire de 96% (45% de marge bancaire, 14% des frais d’assurance et 36% des
frais de gestion).
Tableau 8 : La cherté du moyen de financement Mourabaha

Financement Crédit Différence Différence Niveau de


Montant en DH
alternatif classique mensuelle Totale 20ans surcroît
Financement 750 000,00 750 000,00 - - -

Salaire Max 40% 50% - - -


Période de
240 Mois 240 Mois - - -
remboursement
Taux Marge Taux fixe 5.5% - - -
Mensualité HT 5 666,66 5 373,69 292,97 70 312,80 44,76%
TVA (10%) 566,66 537,37 29,30 7 032,00 4,48%
Mensualité
6 233,32 5 911,06 322,27 77 344,8 49,24%
TTC
Frais
22 500,00 Incluse - 22 500,00 14,32%
d’assurance
Frais de gestion
57 250,00 - - 57 250,00 36,44%
Mourabaha
Source : Cf El Omari Alaoui Sidi Mohamed et Maftah Souhail, La finance islamique au Maroc,
Imprimerie El Maarif Al Jadida-Rabat 2012, p. 29 ;

« Faites la prière, acquittez l’aumône » (Al BAQARAH, verset 10) ;


145
146
El Quaradawi, Y., Rôle de la Zakat dans la lutte contre les problèmes économiques, in Lectures en
Economie Islamique, Cité dans Boudjelal, M. ;

Page 138 sur 346


La cherté des produits alternatifs est due principalement à la marge bénéficiaire élevée. Ce qui
nous amène à s’interroger sur l’intérêt d’introduction des nouveaux produits participatifs s’ils
ne sont pas compétitifs, ou du moins qu’ils présentent des conditions avantageuses.
Dans ce contexte, la solution paraît raisonnablement simple à savoir l’octroi des conditions
avantageuses, la diminution des frais de gestion ou d’assurance Takaful, l’exonération des frais
et autres solutions possibles. Cependant, en l’absence d’une volonté politique, ou d’un
engagement ferme de Bank Al Maghrib de promouvoir cette industrie, les produits resteront
chers et sans avantage exclusif.

III.2.2. Le faible engagement des autorités et l’absence de volonté politique


La pression du Lobby, la peur de l’introduction des banques islamiques géantes au Maroc et le
monopole exercé sur le secteur bancaire ont obligé les autorités gouvernementales à mener un
contrôle sur les introductions sur le marché bancaire. Cependant, l’absence d’étude profonde
de toute initiative et le climat de doute et d’hésitation aussi bien des banques que des autorités
publiques fait perdre au Maroc des opportunités énormes qui pourraient favoriser son décollage
économique dans un contexte où la crise financière occidentale et le recyclage du pétrodollar
en excès hausse les prix des hydrocarbures et réoriente les courants des placements financiers
au niveau mondial.
Malgré les mesures d’encouragement prises par Bank Al Maghrib et l’accompagnement
réglementaire des nouveaux produits, le chemin reste encore long à parcourir sachant que les
détails techniques et comptables restent ambigus et nécessitent des éclaircissements. Tout de
même, le Maroc accuse un retard important dans l’introduction des produits destinés aux
entreprises, et de l’assurance Takaful, sans oublier la mise en place de l’indice boursier Sharia
Compliant, et le retard de la participation des banques participatives dans le SIMT (Système
Interbancaire Marocain de Télé-compensation) qui est toujours en cours de conception.

III.2.3. La motivation religieuse et le risque de désintérêt de la clientèle


Si l’offre économique reste timide et n’atteint pas les attentes des consommateurs marocains,
qui ont l’impression d’acheter de la viande Halal à un boucher qui vend du porc, il l’est encore
moins du point de vue moral et religieux. En effet, Bank Al Maghrib interdit l’utilisation des
arguments religieux dans les campagnes publicitaires, ce qui rend difficile la commercialisation
de ces produits. En outre, les freins réglementaires et techniques peuvent décourager la
clientèle.
Malgré l’effort de communication important déjà déployé, seulement 7% des Marocains
déclarent avoir déjà lu, vu ou entendu parler de la finance participative et 14% des Marocains
affirment avoir entendu ou vu une publicité sur une banque participative147. Également,
l’absence d’un « Majliss des Oulémas », en prenant des avis clairs quant à la conformité des
produits financiers classiques et celles de la finance islamique sème la confusion et rend le
citoyen marocain désintéressé, et qui pourrait se réorienter vers les produits classiques.

147
L’étude Kantar TNS – AMFP sur le potentiel de la banque participative au Maroc (2017), cité dans :
Fatima Ait Malhou et Ahmed MAIMOUN, L’expérience marocaine en finance participative : Bilan et
défis à relever, Recherches et Applications en Finance Islamique, 4, no 2 (2020) ;

Page 139 sur 346


III.2.4. La création d’un environnement favorable
La dernière crise des Subprimes a mis le doigt sur la fragilité du système financier classique, et
sur l’apport positif du mode de financement islamique. En effet, l’Europe s’est engagée dans
plusieurs études, tables rondes, colloques et des réunions avec des experts islamiques en vue de
préparer l’introduction des banques islamiques et d’harmoniser son cadre juridique et fiscal.
La Grande-Bretagne a été parmi les premiers pays occidentaux à accueillir la finance islamique,
depuis le début des années 90, ce qui l’a permis d’être la première place financière islamique
en occident avec plus de 22 installations des banques islamiques, 5 banques d’investissement
et une banque de détail (Retail) entièrement conforme à la Sharia. Le Royaume-Uni a mis en
place une série de mesures destinée à garantir l’équité fiscale dans les opérations islamiques et
les mettre au même pied d’égalité avec les produits classiques. Ainsi, elle a été procédé à
l’abrogation de plusieurs taxes d’enregistrement et de timbres sur les hypothèques islamiques.
En Malaise, les mesures attractives en matière fiscale sont nombreuses à savoir l’exonération
des revenues des experts étrangers en finance islamique, la déductibilité fiscale des frais d’étude
en finance islamique. De même en droit de travail, il a été admis la possibilité de recrutement
d’experts en finance islamique sans aucune restriction, tout en créant un fond pour la recherche
en finance islamique. Ceci montre l’engagement ferme de l’autorité gouvernementale et sa
volonté de faire réussir ce mode de financement.
Le Maroc doit faire preuve de volonté politique et économique afin de réussir l’introduction
des banques participatives au Maroc, en tirant profit des différentes initiatives tant dans le
monde islamique que dans le monde occidental. Ceci ne peut se faire qu’à travers les
encouragements fiscaux, le développement d’un environnement réglementaire favorable et la
promotion de l’offre.

III.2.5. L’adaptation aux standards internationaux


Les autorités de réglementation doivent concevoir et organiser des modes de refinancement
compatibles à la Sharia, via des opérations dites sans intérêts. La solution étant donc la création
d’un marché interbancaire entre les banques participatives148, en s’inspirant de l’expérience
Malaisienne. De ce fait, le recours au Liquidity Management Center (LMC) facilitera la mise
en place du marché interbancaire pour les institutions participatives, ainsi que les acteurs
participatifs désirant effectuer des opérations en conformité avec la Sharia, tout en se référant
à l’International Islamic Financial Market (IIFM) pour envisager le développement des marchés
monétaires et de capitaux islamiques.
Dans le même sens, le Maroc devra appliquer les principes de l’Islamic Financial Services
Board (IFSB), notamment le principe 9 obligeant les banques participatives à garder une réserve
de liquidités afin d’empêcher les éventuelles pénuries de liquidités. Cette mesure est bien
appliquée par Bank Al Maghrib à travers le « fonds de garantie des dépôts des banques
participatives ». De même, les institutions financières participatives peuvent se diriger à
l’International Islamic Rating Agency (IIRA), spécialistes dans le domaine de la notation, afin
de se procurer des fonds et émettre des Sukuks.

148
Allard, P., et Benchabane, D., La finance islamique : modèle alternatif, postiche ou pastiche ?, Revue
française d’économie XXV, no 4 (2010): 11 ;

Page 140 sur 346


De la même manière, il est judicieux d’adhérer à l’International Arbitration and Réconciliation
Center for Islamic Financial Institutions (ARCIFI) chargée de l’arbitrage entre les institutions
de la finance islamique dans le monde, puisque plusieurs banques participatives au Maroc sont
formées par des associations entre établissements marocains et étrangers.
L’adhésion à ces institutions est fortement recommandée en vue de développer l’activité des
banques participatives marocaines et de diversifier ses sources de financement sur les marchés
internationaux.

Page 141 sur 346


Section 2 : Caractéristiques du secteur bancaire Malaisien
La Malaisie fut le premier pays à adopter le système bancaire dual, dans lequel le système
bancaire islamique fonctionne parallèlement au système bancaire conventionnel. Ce modèle a
été reconnu par plusieurs pays, tant islamique qu’occidentaux, en tant qu’un modèle d’avenir.
En fait, les délégués de divers pays, principalement des pays musulmans, sont venus en
Malaisie, en particulier à la Banque centrale et à la Bank Islamic Malaysia Berhad (BIMB),
pour étudier le fonctionnement du système bancaire dual.
Dans la suite, nous allons développer une présentation détaillée du secteur bancaire islamique
malaisien, en commençant par le contexte de création de ces banques, et en s’arrêtant sur l’état
des lieux de la finance islamique à la Malaisie et son classement avancé au niveau mondial. Par
la suite, nous allons présenter les banques islamiques installées, ainsi que les conditions qui ont
permis à l’écosystème malaisien de favoriser la promotion et le développement de cette
industrie éthique.
I. Contexte de création des banques islamiques en Malaisie
Le contexte culturel et politique de la formation de l’identité malaise commence sous le
protectorat anglais, une forte immigration chinoise et indienne a bouleversé l’équilibre
ethnique, au point qu’au moment de l’indépendance, les Malais de souche formaient un peu
moins de la moitié de la population de la Malaisie péninsulaire. Ainsi, les partis malais
choisirent l’Islam comme religion d’Etat dans la constitution, tout en garantissant la liberté des
autres cultes. Officiellement, l’Etat malaisien est neutre sur le plan religieux, cependant, les
écoles islamiques sont subventionnées par l’État, les imams sont fonctionnaires et 1’État
intervient fréquemment dans les affaires religieuses. Mais le fonctionnement de l’appareil
d’État repose sur des principes non religieux, reconnus par les non-Musulmans.
En 1969, K.J. Ratnam remarque qu’il s’agit principalement d’un débat entre malais, qu’il ne
recouvre pas de clivage entre différentes tendances religieuses (les malais sont tous sunnites),
et qu’en fin de compte, il se ramène à un débat entre modernes et traditionnels. De même,
Chandra Muzaffar (1979) remarque que l’esprit de communauté est incompatible avec l’Islam
qui est une religion universelle. Dans la jeunesse et avec le PAS, principal parti d’opposition,
on va même jusqu’à renier les politiques nationalistes (pro-malaises) comme étant en
contradiction avec les principes de l’Islam. Alors que pendant la période de lutte pour
l’indépendance, la défense de l’Islam et l’affirmation des intérêts des malais allaient de pair, on
en vient à l’heure actuelle à une confrontation idéologique due à la renaissance du courant
islamique en Malaisie149.
Cette dualité des principes religieux et du fonctionnement séculier de l’État pose des problèmes
et forme l’essentiel du débat politique en Malaisie. En effet, la Malaisie s’est montrée toujours
volontaristes pour se démarquer comme étant un moteur et un pionnier de la finance islamique
malgré la dualité de son système financier et la cohabitation du système financier conventionnel
et islamique. Dans ce contexte, le gouvernement s’est trouvé obliger à adopter des mesures
inspirées de la Charia sous la pression de l’opposition ou de divers groupes sociaux en vue de

149
Abu Bakar Mohaniad, dans Abdulah T. et Siddique S., Ajoutons que la recherche d’une identité
nationale malaisienne (donc pluriethnique et pluri-religieuse) est encore plus contradictoire avec le
panislamisme ;

Page 142 sur 346


développer l’activité des banques islamiques à travers des mesures fiscales encourageant les
produits financiers islamiques. En outre, les droits de mutation (StampAct, 1949), par plusieurs
ordres, autorise la neutralité fiscale pour les ventes d’actifs dans le contexte d’instruments
financiers tels que les Sukuks à condition que le motif de cette vente soit « pour des raisons
liées à la conformité Sharia ».

I.1. Le développement des banques islamiques en Malaisie


L’activité des banques islamiques en Malaisie remonte à 1963 avec la création du Fonds de
gestion des pèlerins et le Conseil de la Malaisie (rebaptisé Lembaga Tabung Haji) en vue de
faciliter l'accomplissement du Haj par les musulmans malais et l’investissement de leurs
économies. Cette institution est considérée comme la première de son genre au monde
(Mohammed Seidu, 2002). Au début, le système bancaire islamique fournissait des services et
des produits bancaires de base tels que la prise de dépôts et l'octroi de prêts sans Riba. Au fur
et à mesure que le secteur se développe, les produits offerts varient pour répondre à la demande
des particuliers et des entreprises tels que l’assurance Takaful, les titres islamiques, les fonds
de placement islamiques, le courtage boursier et les dérivés financiers conformes aux directives
islamiques.
Sur la base de l'expérience du tabung haji, le gouvernement malaisien a introduit un processus
bien coordonné et systématique de mise en œuvre du système financier islamique. Ce processus
peut être divisé en trois phases. La première phase est considérée comme une période de
familiarisation (1982-1992) où le Bank Islam Malaysia Berhad (BIMB) a été créé, et les
opérations bancaires islamiques sont lancées conformément aux principes de la charia.
Également, il s’agit de la période où la loi sur la banque islamique (IBA) a été officiellement
promulguée. La seconde phase, du 1993 jusqu’à 2003, visait à créer un environnement plus
propice à la concurrence entre les banques, et dans le même sens, de leurs donner suffisamment
de temps pour essayer d’accaparer plus de parts de marché. Enfin, si l'intention était de
sensibiliser le public, en particulier les musulmans, aux avantages du système bancaire
islamique, les banques conventionnelles ont été autorisées à offrir des services bancaires
islamiques en créant des "fenêtres islamiques", comme le prévoit le programme bancaire
islamique (IBS) de 1993. L’année 2004 marque le début de la dernière phase, la période de
poursuite de la libéralisation financière (Bank Negara Malaysia, 2004). La banque centrale a
ouvert la voie à de nouvelles banques islamiques étrangères en vue d’opérer en Malaisie en leur
délivrant des licences.
En poursuivant son développement, le secteur de la finance islamique est l'un des segments mis
en avant par les services financiers. Ces derniers sont l'un des 12 secteurs économiques
sélectionnés dans les National Key Economic Areas (NKEA). Les NKEA sont des secteurs
sélectionnés qui offrent des opportunités économiques au secteur privé et qui permettront à la
Malaisie d'atteindre le statut de pays à revenu élevé et d'être compétitive au niveau mondial. Le
gouvernement, par le biais du projet Entry Point Project 10 (EPP 10), affichait des objectifs
ambitieux tels que l’augmentation de la part de la finance islamique dans le financement total
en Malaisie de 29 % en 2010 à 40 % en 2020. Le gouvernement souhaite également qu'au moins
une institution financière islamique locale figure parmi les dix premières institutions financières

Page 143 sur 346


islamiques du monde en termes d'actifs en 2020150. En outre, le plan directeur du secteur
financier pour la période 2011-2020, s’est concentré sur neuf domaines, dont
l'internationalisation de la finance islamique. Ce plan stratégique définit l'orientation future du
système financier à mesure que la Malaisie s'achemine vers une économie à revenu élevé.
La Malaisie, comme toute autre pays, a été influencé négativement par la crise sanitaire Covid-
19 en 2020, cependant la croissance de la finance islamique en Malaisie est restée résiliente en
2021, soutenue par une demande régulière de financement du logement et une reprise du
financement des fonds de roulement151. Cette tendance devrait se poursuivre en 2022,
parallèlement à l'accélération de la reprise économique (une croissance du PIB en 2022F : 6,5%,
2021E : 3,6%) et à l'amélioration de la qualité des actifs au fur et à mesure que les mesures
d'allègement de la Covid-19 sont levées. Dans ce sens, un nouveau plan directeur pour le secteur
financier (2022-2026) publié par la banque centrale (Bank Negara Malaysia) souligne
l'adoption plus large du financement durable, où les banques islamiques ont devancé leurs
homologues conventionnelles et ont déjà représenté plus d'un quart du financement islamique
approuvé entre 2017 et 2020.

I.2. L’état des lieux des banques islamiques en Malaisie


Les actifs financiers islamiques de la Malaisie, s'élevant à 521 milliards de dollars, se classent
au troisième rang mondial, juste derrière deux pays dont la population musulmane est beaucoup
plus importante que celle de la Malaisie, qui compte environ 32 millions de personnes. Tandis
que L'Iran compte 575 milliards de dollars d'actifs pour un total de 86 millions de musulmans152,
et l'Arabie saoudite (541 milliards de dollars, 35 millions citoyens). Les performances de la
Malaisie dans les 5 sous-segments du marché de la finance islamique sont remarquables à tous
les niveaux. Elle est résumée dans le tableau ci-dessous :
Tableau 9 : Positions dominantes de la Malaisie en matière de finance islamique, 2018

Malaysia Global Malaysia Assets,


Islamic Finance Sector Malaysia Assets
Rank by Assets Share of World
Total
Total $521billion 3 20.6%
Banking $214billion 3 12.2%
Takaful $9billion 3 19.6%
Other financial institutions $52billion 1 37.1%
Sukuk $219billion 1 46.6%
Funds $27billion 2 25.0%
Source: Malaysia Islamic Finance & Financial Inclusion, World Bank Group, October 2020;

150
Largest Islamic Banks in the World | Money Gate (money-gate.com), consulté le 10/03/2022 : Deux
banques islamiques Malaisiennes figurant dans la liste du Top 10 des institutions financières islamiques
au monde en termes d’actifs et du revenus net ;
151
Fitch Ratings, Economic Recovery to Sustain Islamic Banking Sector Growth in Malaysia
(fitchratings.com), consulté le 10/03/2022 ;
152
Il s'agit de tous les actifs du système financier iranien, en partant du principe que le pays tout entier
adhère à un système entièrement conforme à la charia ;

Page 144 sur 346


Dans ce sillage de performance importante de la Malaisie, l’année 2020 a marqué l’histoire du
monde par la crise sanitaire Covid19. Ce contexte de stress économique, financier et sanitaire
a poussé les acteurs économiques à augmenter leurs efforts dans la promotion de la finance
islamique en Malaisie en vue renforcer la résilience sociale, promouvoir la résilience climatique
ainsi que de renforcer le commerce, les entreprises et l’économie numérique. Ainsi, le secteur
a également enregistré de solides indicateurs de stabilité financière (voir tableau ci-dessous).
Par exemple, la croissance annuelle des dépôts et des comptes d’investissements a été à l’ordre
de 7.7% pour les banques islamiques contre 2.4% pour les banques conventionnelles. De
surcroît, la croissance annuelle des financements bancaires islamiques ressort à 8,5% contre
0.5% pour les banques conventionnelles. Un gap très important qui montre la performance
probante des banques islamiques malaisiennes face à leurs consœurs conventionnelles. Le
secteur de la banque islamique et du Takaful a été proactif en aidant les clients touchés par la
pandémie. Cela a été soutenu par un rôle actif du Conseil consultatif de la charia (SAC) de la
Bank Negara Malaysia153, qui a émis des décisions clés au cours de l'année pour guider la mise
en œuvre de l'assistance et réduire les difficultés financières rencontrées par les clients touchés
par la pandémie.
En Malaisie, les comités de la charia des institutions financières islamiques complètent les
fonctions de la SAC. En particulier, ces comités donnent des conseils sur l'application des
décisions ou des normes de la SAC sur les questions de charia qui sont applicables aux
opérations, aux affaires et aux activités des institutions financières islamiques. Compte tenu de
l'importance de ce rôle, la Banque centrale de la Malaisie a mis en place un comité de la charia
à plusieurs niveaux. Ce cadre permet d'améliorer la qualité des délibérations des comités de la
charia et de promouvoir la prise de décisions judicieuses dans les institutions respectives. En
2020, la banque a approuvé un total de 117 nominations à des comités de la charia, comprenant
45 nouvelles nominations et 72 reconductions. Dans la suite, nous allons exposer les principaux
indicateurs clés des banques islamiques et du Takaful en 2020.

153
Le Conseil consultatif de la charia sur la finance islamique de la Bank Negara Malaysia, qui a été
créé en mai 1997, est l'autorité chargée d'établir la charia pour les activités financières islamiques ;

Page 145 sur 346


Figure 10 : La croissance des banques islamiques et du Takaful en 2020

34.2% 41.0% 38.9% 11.8% 18.4%


Takaful funds assets to total Takaful net contribution to
Islamic banking Islamic insurance/takaful funds assets total net
assets to total financing to total premium/contribution
assets1 loans/financing1

Annual growth of
loans/financing deposits and assets2

Insurance Takaful Insurance


Conventional Conventional

Islamic deposits and


Total assets2

RM8.6b RM8.9b

2019 2019

acc

Selected key financial soundness indicators as atend-2020

137.2% Liquidity 151.7% Takaful operators Insurance companies


coverage ratio

0.9% Impairment3 1.0%


Capital adequacy
0.7% Return on assets 1.2% 217.6%
ratio4
c
Islamic Balance of
banking transaction5(life
ratio /family fund)
18.5%

Notes:
1Includes development financial institutions
2Refers to the total assets of the takaful funds or insurance funds
3Refers to non-performing loans/finance integration
4Inclusive of retakaful operators and reinsurance companies
5Refers to the excess of net premium/contribution after deducting benefits payouts, agency remuneration and management expenses

Source : rapport de la banque centrale de la Malaisie, 2020

Page 146 sur 346


En 2021, la banque centrale déclare poursuivre ses efforts pour développer un système financier
islamique progressif et inclusif en se concentrant sur trois domaines majeurs, à savoir la
résilience sociale, la résilience climatique et l'autonomisation des entreprises. Cela impliquera
une diversification accrue des solutions financières conformes à la Charia afin de combler les
lacunes du marché, ainsi que des approches innovantes pour répondre à l'évolution des besoins
de la société et de l'économie. Ces développements, couplés à une orientation axée sur les
valeurs, aiderons à renforcer le secteur de la finance islamique et à accroître sa contribution à
la croissance et au développement socio-économique de la Malaisie154.

I.3. Les défis des banques islamiques en Malaisie


Selon Maria Abdul Rahman (2016), les institutions financières sont confrontées à une
concurrence féroce entre les institutions islamiques et conventionnelles dans la perspective de
gagner des parts de marché. Toutes les fonctions des intermédiaires financiers sont en mesure
de fonctionner efficacement avec les marchés qui fournissent la liquidité, le transfert de risque
et l'assurance. Cependant, dans le cas des intermédiaires financiers islamiques, le soutien des
marchés financiers islamiques est insuffisant. Selon John Wiley and Sons (2011), les
intermédiaires financiers islamiques s'exposent à des problèmes de liquidité en raison de
l'absence de marché monétaire développé et de la pénurie de titres d'investissement à court
terme tels que les bons du Trésor et les titres négociables qui offrent un risque limité pour le
capital et des rendements optimaux. La raison d’interdiction de ces types d'instruments
monétaires est que les profits générés ne sont pas basés sur des activités productives et réelles.
De même, il existe peu d'instruments alternatifs offrant la même fonction de liquidité que les
premiers. En conséquence, la gestion de portefeuille est difficile à mettre en œuvre
efficacement, ce qui réduit les chances de diversification.
Au même temps, Askari, Iqbal et Mirakhor (2011) soutiennent que les lacunes importantes des
institutions financières islamiques sont le nombre limité de produits financiers de partage des
risques. Le partage des risques, le financement et l'investissement basés sur le partenariat et
l'équité jouent un rôle essentiel pour élargir efficacement le secteur financier islamique. Dans
leurs recherches, ils affirment que la proportion réelle des actifs des banques islamiques est
minimale par rapport aux partenariats et aux entreprises. Selon Mokhtar, Abdullah et Al-Habshi
(2006), la plus petite taille des institutions financières islamiques par rapport aux institutions
financières conventionnelles a rendu difficile la création d'un marché local de liquidités
islamiques de plus grande taille en raison des économies d'échelle plus faibles. Face à ces
constats, nous présentons les deux défis qui nuisent le plus sur le développement du marché
financier islamique en Malaisie à savoir les défis d’ordre juridique et les questions liées à la
politique monétaire.

I.3.1. Défis d’ordre juridiques


Iqbal, Ahmad et Khan (2009) estiment que la banque islamique manque d'un cadre de
supervision efficace, ce qui constitue l'une des faiblesses du système actuel et mérite une
attention particulière. En effet, les banques islamiques ont conçu leurs propres pratiques et
procédures pour accomplir leurs activités bancaires. Cependant, il n'existe pas de lois sur les

154
Annual report of Bank Negara Malaysia, Promoting a Progressive and Inclusive Islamic Financial
System, 2020, p. 35-48 ;

Page 147 sur 346


banques commerciales et les sociétés adaptées à la mise en œuvre des contrats bancaires et
financiers islamiques. Dans ce sens, les contrats bancaires islamiques sont traités en tant que
des opérations d’achats et de vente de biens et donc doublement taxés, d'où le problème de la
discrimination fiscale. Selon Osseni et Ahmad (2015), le système juridique malaisien a fait
l'objet de nombreuses réformes en vue d’éviter tout litige éventuel.
En Malaisie, les clients des banques préféreront les institutions financières qui sont favorables
aux consommateurs, en particulier dans la gestion des litiges. Les autorités de régulation, telle
que la Bank Negara Malaysia, ont des défis à relever en ce qui concerne l'accord contractuel,
les lois sur le commerce, etc. Il est nécessaire de mettre en place des lois spéciales pour
l'introduction et la pratique de la banque islamique. Les questions de gouvernance sont tout
aussi importantes pour les banques islamiques, les investisseurs, les régulateurs et les autres
parties prenantes. Le rôle des conseils de la charia pose des défis uniques à la gouvernance des
institutions financières islamiques. Le cadre juridique de la banque et des finances islamiques
pourrait comprendre les éléments permettant d’assurer sa gouvernance.
Premièrement, il s’agit de créer des tribunaux bancaires islamiques en vue de gérer les litiges
des banques islamiques car elles sont soumises au même système juridique et sont traitées par
le même tribunal et le même juge que les banques conventionnelles, alors que la nature du
système juridique de l'Islam est totalement différente. Pour pallier cette insuffisance, il faut
garantir un système juridique islamique adéquat, rapide et efficace, de modifier les lois
existantes, qui sont contraires aux injonctions de l'Islam et de promulguer une loi conforme à
la Charia pour le règlement des litiges par des tribunaux spéciaux. En Malaisie, tous les litiges
sont traités par le Muamalat Bench de la division commerciale de la Haute Cour de Malaisie.
L'ensemble du litige concernant le contrat sous-jacent est résolu par le Muamalat Bench.
Ensuite, l’absence de lois sur les banques islamiques et l'exécution des accords devant les
tribunaux peut nécessiter des coûts et des efforts supplémentaires. Par conséquent, les lois sur
les banques et les sociétés de plusieurs pays doivent être modifiées de manière à offrir des
conditions de concurrence équitables aux banques islamiques. En outre, l'acceptation
internationale des contrats financiers islamiques exige qu'ils soient compatibles avec la charia
et acceptables dans les principaux régimes juridiques tels que les systèmes de Common Law et
de droit civil. Au même temps, il faut des amendements des lois existantes car certaines lois et
réglementations des banques islamiques sont similaires à celles de la banque universelle. Elles
doivent donc être amendées pour s'adapter à ce nouveau concept, comme les sections 7 : formes
d'activité dans lesquelles la société bancaire peut s'engager et 9 : interdiction du commerce, de
l'ordonnance de 1962 sur les sociétés bancaires, alors que les banques islamiques sont en réalité
de grands commerçants ou des grossistes.
Du point de vue comptable, le bilan des banques islamiques n'indique pas les actifs financés
par les contrats Ijara, Murabah, Wadiah, Istitsna, Salam, etc. dans leur bilan car la section 7 de
l'ordonnance bancaire de 1962 ne permet pas à une banque de posséder des biens ou des actifs
et la section 9 lui interdit de se livrer à tout type de commerce. Cependant, tous les actifs détenus
par les banques islamiques doivent être mentionnés dans leurs bilans uniquement.
En ce qui concerne les dépôts dans les banques islamiques. Ils sont généralement basés sur le
principe du partage des profits et des pertes (Moucharaka ou Mourabaha). Ce concept dans une
entreprise, en tant que base des transactions financières, est progressif car il distingue les bonnes

Page 148 sur 346


performances des mauvaises et des médiocres. Si quelque chose se produit et que la banque
subit une perte, celle-ci doit être transférée directement au déposant. Cette perte est le principal
obstacle à la mobilisation des dépôts dans les banques islamiques. Dans certains cas, elle
conduit au retrait des fonds car les déposants doivent bénéficier d'une certaine forme de
protection.

I.3.2. Questions de politique monétaire


En Malaisie, le marché monétaire interbancaire islamique (Islamic Interbank Money Market -
IIMM) a été introduit en 1994 en tant qu'intermédiaire à court terme pour fournir une source
immédiate de débouchés pour les investissements à court terme basés sur les principes de la
Charia. Elle offre aux institutions financières islamiques la possibilité de financer et d'ajuster
leurs portefeuilles à court terme, et sert de canal de transmission de la politique monétaire. Les
instruments financiers et les investissements interbancaires permettent aux banques
excédentaires de canaliser des fonds vers les banques déficitaires, et d’assurer un mécanisme
de financement et de liquidité nécessaire pour promouvoir la stabilité du système. L'IIMM a
servi de plateforme aux banques participant au système bancaire islamique pour répondre aux
besoins de financement de manière efficace et efficiente.
Bien que l'IIMM fonctionne dans un environnement sans intérêt et qu'il négocie des instruments
conformes à la Charia, il est exposé aux risques associés aux marchés monétaires
conventionnels (Bacha, 2008). De même, il a été constaté, sur la base de données malaisienne,
que les taux de profit/rendement du marché monétaire islamique étaient fortement corrélés et
évoluaient en tandem avec les taux du marché monétaire conventionnel.
Malgré l'existence de l'IIMM, les problèmes de liquidité subsistent dans le secteur en raison de
l'innovation d'instruments financiers basés sur des interprétations plus libérales qui entraînent
une controverse sur la conformité à la charia. En parallèle, les banques islamiques sont
comparées et étalonnées aux banques conventionnelles en termes de performance, de prix et de
rendement. Certaines mesures utilisées pour calculer les performances ne conviennent peut-être
pas aux banques islamiques en termes de développement et d'innovation des produits. Il s'agit
d'une compétition pour commercialiser et vendre les produits islamiques, car ils seront
comparés aux produits conventionnels sous tous les aspects sans tenir compte de leurs principes
sous-jacents et de leurs spécificités. Par exemple, les mesures du pourcentage de profit, de la
tarification des produits, du risque, des agences de notation, de la comptabilité, du reporting et
de l'audit sont toujours basées sur les règles des banques conventionnelles. Par conséquent, dans
le système bancaire dual, les pourcentages de profit offerts par les banques islamiques sont liés
au pourcentage offert par les banques conventionnelles. Ainsi, La Bank Negara Malaysia
souligne que les taux de profit des banques islamiques sont influencés par le taux de profit des
banques conventionnelles. Ainsi, nous pouvons voir que le pourcentage de profit des banques
islamiques est contrôlé par le taux de profit des banques conventionnelles.
Bien qu'il soit assez simple d'avoir un produit équivalent pour les produits offerts par les
banques conventionnelles sur le marché de détail, il s’avère difficile d’imiter ou de créer des
produits de trésorerie, car cela implique des problèmes en termes de concepts islamiques, de
questions de charia, d'attentes du marché et de tensions entre les spécialistes de la charia et les
praticiens.

Page 149 sur 346


II. Présentation des banques islamiques en Malaisie
Le dernier point de ce chapitre listera les banques islamiques malaisiennes qui sont au nombre
de 16 banques. Puis, nous allons présenter les éléments clés qui ont permis la création d’un
écosystème propice, dynamique et résilient capable de développer l’industrie financière
islamique.

II.1. Aperçu sur les banques islamiques en Malaisie


Même après l'indépendance de la Malaisie en 1957, son secteur bancaire était dominé par les
banques étrangères, et le développement de banques locales était une tâche urgente pour le
gouvernement (Lee, 1987). Dans les années 1970, le gouvernement a adopté la Nouvelle
Politique Economique (NEP), une politique interventionniste qui a entraîné la création de
communautés malaises dans divers secteurs d'activité, y compris le secteur bancaire (Milne,
1976. Le gouvernement a créé et racheté de nombreuses sociétés au nom de la communauté
malaise (Sloane, 1999). Grâce à cette approche interventionniste, la première banque islamique,
Bank Islam Malaysia Berhad (BIMB), a été créée en 1983.
Depuis 1983, la Malaisie est devenue l'une des pays les plus progressistes et innovantes en
matière de services et de produits bancaires islamiques, et considère le capital humain comme
élément déterminant dans le développement de la finance islamique en vue de rester
compétitive et innovante. A ce jour, la Malaisie compte 16 banques commerciales islamiques
dont cinq banques de propriété étrangère dont la liste est disponible sur le site de la banque
centrale de la Malaisie155 et est présenté ci-dessous :
Tableau 10 : Liste des banques islamiques en Malaisie

Name Ownership*

Affin Islamic Bank Berhad L

Al Rajhi Banking & Investment Corporation (Malaysia) Berhad F

Alliance Islamic Bank Berhad L

AmBank Islamic Berhad L

Bank Islam Malaysia Berhad L

Bank Muamalat Malaysia Berhad L

CIMB Islamic Bank Berhad L

155
Islamic Banks - Bank Negara Malaysia (bnm.gov.my), consulté le 16/03/2022 ;

Page 150 sur 346


Name Ownership*

Hong Leong Islamic Bank Berhad L

HSBC Amanah Malaysia Berhad F

Kuwait Finance House (Malaysia) Berhad F

Maybank Islamic Berhad L

MBSB Bank Berhad L

OCBC Al-Amin Bank Berhad F

Public Islamic Bank Berhad L

RHB Islamic Bank Berhad L

Standard Chartered Saadiq Berhad F

* : la propriété est de type locale (L), ou étrangère (F).


Source: Bank Negara Malaysia, Central Bank of Malaysia, 2022

Dans la suite de notre chapitre, nous allons se contenter par la présentation des banques qui
feront partie de notre échantillon d’étude qui est à l’ordre de 13 banques islamiques dont 2 de
propriété étrangère.

II.1.1. Bank Islam Malaysia Berhad (BIMB)


En tant que banque islamique leader et pionnière en Malaisie, BIMB apporte une perspective
unique au paysage financier, avec l'engagement de favoriser une croissance et un progrès
responsables. Grâce aux capacités, à l’expertise et l’expérience, Bank Islam aide à construire
un avenir durable pour tous les êtres vivants de cette planète.
Bank Islam est le pionnier de la banque islamique en Malaisie, et a joué un rôle majeur dans le
développement et la croissance de l'industrie financière islamique du pays. Son existence
aujourd'hui est orientée vers la satisfaction des besoins financiers de la société de la manière la
plus durable et la plus éthique possible, en restant ancrée dans les règles et principes de la
charia156.

II.1.2. Bank Muamalat Malaysia Berhad


La Bank Muamalat Malaysia Berhad a commencé ses activités le 1er octobre 1999 en se basant
sur un actif et un passif combiné provenant des guichets bancaires islamiques de ce qui était la
Bank Bumiputra Malaysia Berhad, la Bank of Commerce Berhad et la BBMB Kewangan. La

156
Who We Are – Bank Islam Malaysia Berhad, consulté le 18/03/2022 ;

Page 151 sur 346


Bank Muamalat Malaysia Berhad, deuxième banque islamique à part entière à être établie en
Malaisie, après la BIMB, joue son rôle en fournissant des produits et services bancaires
islamiques aux Malaisiens, sans distinction de race ou de croyance religieuse.
La Bank Muamalat Malaysia Berhad a toujours souscrit aux normes éthiques les plus élevées
et croit en la construction d'une réputation positive en maintenant une norme de valeur basée
sur l'intégrité et la confiance. Les valeurs fondamentales de l'entreprise qui constituent le
fondement de la Banque sont l'attention, le respect, l'intégrité, l'innovation et l'orientation vers
le service (CRIIS). Tous les membres du personnel sont tenus de respecter les valeurs "CRIIS"
et il est essentiel que tous les membres du personnel utilisent ces valeurs comme guide pour
leurs actions individuelles, car cela permettra d'inspirer la confiance des clients, des
actionnaires et du public157.

II.1.3. CIMB Islamic Bank Berhad


Le groupe CIMB est une banque universelle de premier plan de l'ASEAN158 et l'un des
principaux conseillers d'entreprise de la région. C'est également un leader mondial de la finance
islamique. Le groupe a son siège à Kuala Lumpur, en Malaisie, et propose des produits et
services de banque de consommation, de banque commerciale, de banque d'investissement, de
banque islamique et de gestion d'actifs. C'est le cinquième groupe bancaire de l'ASEAN en
termes d'actifs et, à la fin du mois de septembre 2021, il comptait environ 33 000 employés et
plus de 17 millions de clients.
CIMB Group Holdings Berhad est cotée sur le marché principal de Bursa Malaysia depuis 1987
dont sa capitalisation boursière s'élève à 47,9 milliards de RM au 30 septembre 2021. Au même
titre, le total des actifs s'élève à 627,4 milliards de RM, tandis que le total des fonds propres est
à l’ordre de 58,3 milliards de RM. Aussi, le total des actifs islamiques est de 152,8 milliards de
RM. À fin septembre 2021, les actionnaires importants étaient Khazanah Nasional Berhad avec
25,6 %, le Fonds de prévoyance des employés avec 15,2 % et Kumpulan Wang Persaraan
(Diperbadankan) avec 6,4 %159.

II.1.4. Affin Islamic Bank Berhad (Affin Islamic)


Filiale à 100 % d'Affin Bank Berhad (Affin Bank), a été constituée le 13 septembre 2005 et
opère officiellement en tant que banque islamique autonome depuis le 1er avril 2006. En tant
que banque islamique à part entière, Affin Islamic offre une gamme complète de produits et
services bancaires islamiques aux petites et moyennes entreprises (PME), aux clients
institutionnels, aux particuliers et aux entreprises160.
Affin Islamic a été à l'avant-garde de l'introduction de produits innovants et conformes à la
charia qui adoptent une variété de concepts de la charia allant de la Moucharaka à la
Mutanaqisah, en passant par la Moudarabah, l'Istisna, l'Ijarah, la Mourabaha et autres.

157
Bank Muamalat Malaysia Berhad Corporate Governance, consulté le 18/03/2022 ;
158
Association des Nations d'Asie du Sud-Est (ASEAN) : l’Association des nations de l'Asie du Sud-
Est est une organisation politique, économique et culturelle regroupant dix pays d'Asie du Sud-Est ;
159
About CIMB | Investment Banking Asia | CIMB, consulté le 18/03/2022 ;
160
AFFIN Group | AFFIN Islamic Bank Berhad, consulté le 18/03/2022 ;

Page 152 sur 346


II.1.5. Alliance Islamic Bank Berhad (AIS)
Filiale d'Alliance Bank Malaysia Berhad (ABMB), Alliance Islamic Bank Berhad (AIS) est
bien placée pour exploiter l'énorme potentiel du secteur bancaire islamique en Malaisie. AIS,
avec son champ d'action bancaire global, se concentre sur la banque des consommateurs, la
banque commerciale et les PME pour développer ses activités. Elle s'appuie sur les canaux de
vente et de distribution existants de la banque conventionnelle pour commercialiser et
promouvoir ses produits et services. Cela représente également une opportunité unique pour
Alliance Financial Group de se concentrer et de développer le segment de la banque
d'investissement islamique, en particulier dans les secteurs de la gestion de patrimoine et du
marché des capitaux161. AIS dispose d'une équipe de personnel dévoué qui est formé pour offrir
des services de conseil financier aux clients conformément aux principes de l'Islam et de la
Charia.

II.1.6. AM Bank Islamic Berhad


AmBank Islamic Berhad est la branche bancaire islamique du groupe AmBank qui offre une
gamme complète de produits et services bancaires de détail conformes à la charia, y compris
des solutions de trésorerie et de commerce. Le rôle principal d'intermédiaire de crédit est ancré
dans l’aspiration à l'intermédiation basée sur la valeur (VBI). Il s'agit d'une stratégie intégrale
visant à catalyser notre cheminement vers une organisation axée sur les objectifs, dans laquelle
nous prenons en compte les impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) de
nos activités et de notre conduite afin de nous assurer qu'ils contribuent au plus grand bien de
nos parties prenantes, tout en étant attentifs aux rendements financiers concernant les
actionnaires.
AmBank Islamic a réussi à améliorer et à diversifier ses revenus et sa rentabilité grâce à ces
stratégies de croissance. Elle s'est vu décerner de nombreux prix au cours des dernières années.
En 2020 et 2021, le Global Banking and Finance Awards a désigné AmBank Islamic comme la
meilleure banque d'entreprise islamique de Malaisie et la meilleure banque islamique pour les
PME de Malaisie, tandis qu'Alpha South East Asia a désigné AmBank Islamic comme la
meilleure banque islamique pour les PME de Malaisie 2021. Sur le marché des capitaux
islamiques, AmBank Islamic a reçu en 2020 les prix du meilleur Sukuk de capital bancaire de
Malaisie (conseiller en charia) et du meilleur Sukuk d'institution financière non bancaire
(IFNB) de Malaisie (conseiller en charia) décernés par Asset Triple A162.

II.1.7. Hong Leong Islamic Bank Berhad


Officiellement lancée en tant que filiale à part entière de Hong Leong Bank (HLB), qui fait elle-
même partie intégrante du groupe financier Hong Leong, en juillet 2005, Hong Leong Islamic
Bank Berhad (HLISB) opère actuellement par le biais de cinq succursales islamiques, en plus
d'un réseau partagé de succursales HLB et de plus de 1 100 terminaux en libre-service dans tout
le pays. En tant que telle, elle bénéficie naturellement d'un solide réseau de distribution pour
offrir des produits et services bancaires islamiques en tant qu'alternative conforme à la charia
aux services bancaires conventionnels. En novembre 2011, HLISB a réalisé sa fusion avec

161
Overview | Alliance Islamic Bank (alliancebank.com.my), consulté le 18/03/2022 ;
162
Islamic Banking | AmBank Group Malaysia, consulté le 18/03/2022 ;

Page 153 sur 346


EONCap Islamic Bank Berhad dans le cadre d'une fusion plus large entre HLB et EON Bank
Berhad. Cette étape marquait la première fusion de ce type entre deux banques islamiques en
Malaisie et avait permis à HLISB d'améliorer son échelle et de renforcer sa position dans le
secteur hautement concurrentiel de la banque islamique.
HLISB offre à ses clients un large éventail de solutions innovantes, notamment en matière de
financement structuré, de services bancaires aux entreprises, de services financiers aux
particuliers, de marchés islamiques mondiaux et de gestion de patrimoine. Ces offres sont
soutenues par des efforts continus et délibérés en vue d'atteindre l'excellence dans la prestation
de services, ce qui a permis à HLISB d'obtenir de bons résultats financiers, témoignant de la
solidité des compétences de base et des fondamentaux dans sa forme actuelle. En outre, HLISB
poursuit également le développement de sa propre niche commerciale dans le domaine des
revenus basés sur des commissions et des marchés de capitaux islamiques afin de consolider sa
position de banque islamique de premier plan en Malaisie163.

II.1.8. Kuwait Finance House (Malaysia) Berhad


Kuwait Finance House (Malaysia) Berhad (KFH Malaysia) est la première banque islamique
étrangère à avoir obtenu une licence en vertu de l'Islamic Banking Act (Malaysia) le 8 mai
2005. Filiale à 100 % de la KFH, l'ouverture d'un bureau en Malaisie fait suite à la décision de
la Bank Negara Malaysia (BNM) d'ouvrir le secteur bancaire islamique du pays aux acteurs
étrangers qualifiés, comme le recommande son plan directeur pour le secteur financier.
En tant que siège régional de la KFH dans la région Asie-Pacifique, son rôle principal est de
fournir des solutions financières innovantes basées sur la charia. De même que d’agir en tant
qu'intermédiaire et facilitateur pour promouvoir les investissements et le commerce bilatéraux
entre la Malaisie, l'Asie-Pacifique et le Moyen-Orient. KFH Malaysia propose une gamme
complète de produits et services financiers fondés sur la charia dans les domaines de la banque
d'entreprise et de détail, ainsi que de la trésorerie et des affaires internationales en faisant
autorité en matière de croissance de la banque islamique dans la région et en étant la maison de
finance de choix pour les clients, les employés et les actionnaires164.

II.1.9. Public Islamic Bank Berhad (PIBB)


Public Islamic Bank165, filiale à 100 % de Public Bank, a commencé ses activités le 1er
novembre 2008. Depuis 1993, la Public Islamic Bank offre des produits et services bancaires
islamiques au public, lorsqu'elle a démarré en tant que guichet de la Public Bank. En outre, elle
fait partie de la solide image de marque de Public Bank et de son vaste réseau de 264 succursales
Public Bank dans tout le pays, en plus de ses succursales islamiques à part entière à Kg Baru,
Kuala Lumpur et Putrajaya. PIBB contribue au domaine de la banque islamique dans son
ensemble, en se concentrant sur le financement des consommateurs et des particuliers, des
petites et moyennes entreprises ainsi que sur le financement et la collecte de dépôts.
En tant que l'un des principaux acteurs du secteur bancaire islamique et l'une des cinq premières
banques islamiques de Malaisie, PIBB a connu une croissance régulière grâce à une forte

163
Hong Leong Islamic Bank - About Us (hlisb.com.my), consulté le 18/03/2022 ;
164
About Us (kfh.com.my), consulté le 18/03/2022 ;
165
https://www.publicislamicbank.com.my/About-Us/About-Us, consulté le 18/03/2022 ;

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augmentation du capital, qui est passé de 30 millions de RM en 1993 à 5 milliards de RM au
31 décembre 2019. Le développement rapide et l'acceptation croissante par les Malaisiens,
indépendamment de leur race et de leur religion, exigent des produits et services bancaires non
seulement conformes à la charia, mais aussi compétitifs. Public Islamic Bank offre des solutions
bancaires complètes et conformes à la charia qui répondent aux besoins de divers types de
clients.

II.1.10. Standard Chartered Saadiq Berhad


Standard Chartered Malaysia a toujours tiré une immense fierté de la distinction d'être la
première et la plus ancienne banque de la Malaisie. Sa présence dans le pays remonte à 1875,
date d’ouverture de la première agence à Beach Street, Penang. Constituée en société sous le
nom de Standard Chartered Bank Malaysia Berhad, le 29 février 1984, la banque compte à ce
jour plus de 8 000 employés pour les opérations en Malaisie, un centre de services partagés
mondial Standard Chartered Global Business Services (GBS), une filiale Price Solutions, une
installation offshore à Labuan et un siège social à Equatorial Plaza au cœur de Kuala Lumpur.
Inspiré du mot arabe signifiant "véridique", Saadiq est un réseau mondial de banque islamique,
qui couvre l'Asie, l'Afrique et le Moyen-Orient. Grâce à une équipe dédiée à la banque
islamique, qui travaille aux côtés d'un comité consultatif d'érudits renommés, ainsi que de
comités locaux de supervision de la charia pour le Pakistan et la Malaisie, la banque combine
une profonde expertise de la charia avec un solide sens des affaires. Ainsi, elle propose une
gamme complète de produits et services financiers, notamment des services bancaires aux
particuliers, aux entreprises et aux institutions, au service des particuliers, des petites et
moyennes entreprises, ainsi que des sociétés et des institutions.

II.1.11. Maybank Islamic Berhad


Maybank Group Islamic Banking est le premier fournisseur de produits et services financiers
islamiques de l'ASEAN. Elle s'appuie sur le système et l'infrastructure informatique du groupe,
ainsi que sur son réseau de distribution pour offrir des solutions financières de bout en bout
basées sur la charia à travers 407 points de contact Maybank en Malaisie, ainsi que sur les
opérations à l'étranger en Indonésie (via PT Bank Maybank Sharia Indonesia), à Singapour,
Hong Kong, Londres et Labuan.
En Malaisie, Maybank Islamic est le leader du marché national en termes d'actifs totaux, de
financement total et des dépôts et comptes d'investissement sans restriction, ainsi qu'en termes
de rentabilité sur tous les principaux segments commerciaux. La banque adopte une approche
islamique qui consiste à offrir aux clients des produits et services conformes à la charia en tant
que produit standard166.

II.1.12. MBSB Bank Berhad


MBSB Bank Berhad, une banque islamique à part entière constituée le 28 novembre 2005, est
une filiale à part entière de Malaysia Building Society Berhad. Le 6 novembre 2017, MBSB a
conclu un accord d'action et d'achat avec les actionnaires d'Asian Finance Bank Berhad
("AFB/Vendeurs") pour l'acquisition proposée par MBSB de la totalité de la participation dans

166
About Maybank Islamic | Maybank Islamic, consulté le 21/03/2022 ;

Page 155 sur 346


AFB pour un prix d'achat total de 644,95 MRM à régler en espèces pour un montant de 396,9
MRM et l'émission de 225,6MRM actions de contrepartie à un prix d'émission de 1,10 RM par
action de contrepartie.
L'Acquisition a été approuvée par les actionnaires de MBSB le 23 janvier 2018. Les
actionnaires ont également approuvé le transfert des actifs et des passifs conformes à la charia
de MBSB à AFB via un plan d'arrangement des membres. AFB a entrepris un exercice de
changement de marque et le 2 avril 2018, elle a changé son nom en MBSB Bank Berhad.

II.1.13. RHB Islamic Bank Berhad


RHB Banking Group est une multinationale régionale de services financiers qui s'engage à
fournir des solutions complètes à ses clients par le biais d'offres sectorielles différenciées et
d'un écosystème qui favorise une expérience client simple, rapide et transparente, soutenue par
une main-d'œuvre cohésive et inspirée, et des relations établies avec les parties prenantes.
Classée parmi les premières banques de Malaisie et bénéficiant d'une présence significative
dans l'ASEAN, RHB occupe une position de leader sur le marché malaisien dans des produits
et segments ciblés. Avec plus de 14 000 employés à l'échelle du groupe, la présence de RHB
s'étend sur 9 pays de la région de l'ASEAN167. Aussi, RHB Islamic Bank Berhad fournit des
services bancaires. Elle propose des comptes d'épargne, des dépôts, des prêts, des paiements,
des cartes, des services de retraite, d'assurance et de gestion d'actifs. Pareil, RHB Islamic Bank
sert des clients dans le monde entier.

II.2. Le potentiel de développement d’une finance islamique durable


La Malaisie est largement considérée comme un leader mondial dans le domaine de la finance
islamique. Ce résultat n’est pas produit du jour au lendemain, mais le fruit de collaboration
entre de nombreux acteurs, des régulateurs des marchés de capitaux du pays aux organismes
gouvernementaux en passant par le secteur privé.
La finance islamique durable a un énorme potentiel parce qu’elle répond à l'appétit d'un large
éventail d'investisseurs. Elle répond aux objectifs de la Charia et met l'accent sur les
considérations sociales et environnementales dans les investissements. Mais au-delà de ses
acteurs clés, comment l'écosystème de la finance islamique « durable » de la Malaisie est-il
parvenu à ce stade ? En vue de répondre à cette question, nous allons aborder les éléments clés
de la stratégie malaisienne qui a favorisé cette croissance.

II.2.1. Des lignes directrices pour le développement de l'écosystème


En vue de pouvoir créer un écosystème solide et durable, la Malaisie a défini un ensemble
complet de lignes directrices notamment le cadre des Sukuk et des fonds ISR (investissement
durable et responsable) publié par la Commission des valeurs mobilières (SC) de la Malaisie.
D'autres régulateurs financiers tels que la bourse Malaisienne (Bursa Malaysia) a également
lancé une exigence de rapport de durabilité pour les grandes entreprises, et la Banque centrale
de la Malaisie (BNM) a publié des documents d'orientation qui facilitent l'intermédiation basée
sur la valeur (VBI) pour réorienter les modèles commerciaux de la finance islamique vers la
réalisation des objectifs de la Charia. Dans ce cadre, la Banque mondiale a joué un rôle en

167
Who We Are | About Us | RHB Malaysia (rhbgroup.com), consulté le 21/03/2022 ;

Page 156 sur 346


développant le cadre d'évaluation de l’influence du financement et de l'investissement de la
VBI (Value-based Intermediation Financing and Investment Impact Assessment Framework –
VBIAF), en partenariat avec l'Université mondiale de la finance islamique.

II.2.2. Une main-d'œuvre hautement qualifiée en finance islamique


En Malaisie, l'innovation en matière de produits a prospéré dans un environnement d'experts
exposés à de nouvelles idées, et soutenu par des régulateurs qui encouragent activement le
développement de produits nouveaux et innovants. Cette évolution est favorisée par la
croissance de la main-d'œuvre locale du secteur de la finance islamique. En outre, la banque
mondiale a également fourni une assistance technique pour la mise en place d'organismes
locaux de certification des Sukuk verts, donnant ainsi une impulsion décisive à l'écosystème et
une contribution positive aux banques malaisiennes.

II.2.3. Un soutien important du gouvernement


Dans l’objectif est de stimuler la croissance de la finance islamique durable en Malaisie, le
gouvernement a créé de nouvelles mesures d'incitation telles que des subventions et des
déductions fiscales sur les coûts d'émission des Sukuk ISR168 et des incitations fiscales pour
l'industrie verte peuvant encourager les émetteurs d'ISR à investir dans des activités de
technologie verte dans les domaines de l'énergie, du transport, du bâtiment, de la gestion des
déchets et des services.
La finance islamique durable devra jouer un rôle plus important, en vue de soutenir
l'engagement pris par la Malaisie dans le cadre de sa contribution déterminée au niveau national
de réduire l'intensité des émissions de gaz à effet de serre par rapport au PIB de 45 % avant
2030. Ce point est important compte tenu des engagements pris par la Malaisie dans le cadre
de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, sous l'égide du
ministère de l'énergie, des sciences, des technologies, de l'environnement et du changement
climatique.
La montée en puissance de la finance islamique pour assumer le rôle de la croissance durable
en Malaisie a créé de nouvelles opportunités pour que le pays devienne un pionnier du
financement vert. Témoignage pris par l'émission du premier Sukuk vert au monde en 2017, le
décor est planté pour que l'écosystème de la finance islamique durable en Malaisie atteigne de
plus grands sommets.

II.2.4. Un écosystème financier islamique dynamique, résilient et mature


Le marché financier islamique Malaisien bénéficie d’un ensemble d’acteurs résilients et
dynamique, et de nombreux produits et solutions financières innovantes. A titre d’exemple, la
part de marché du système bancaire islamique à travers le total de financement du secteur a
connu une croissance à deux chiffres en passant de 22,7% en 2010 à 41% en 2020. Ce constat
ne pourrait se compléter sans l’établissement d’un écosystème favorable et propice aux
opérations financières islamiques. Et ce, par la création et le développement d’une infrastructure
Sharia-Compliant où tous les acteurs trouvent un cadre juridique bien défini, un capital humain
bien formé, des institutions islamiques capable de financer et de refinancer les acteurs bancaires
et financiers (IFSB, IILM, Bursa Malaysia…), ainsi qu’une institution régulatrice qui

168
ISR : Investment Socially Responsible ou l’investissement socialement responsable.

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supervisent tout le marché à savoir la banque centrale et le comité Charia. Pour mieux
comprendre, nous allons visualiser le schéma de l’écosystème financier islamique.
Figure 11 : Etats des lieux de l’écosystème financier islamique de la Malaisie

1 Bursa Suq Al-Sila` (BSAS) est une plateforme d'échange de matières premières spécifiquement destinée à
faciliter la gestion des liquidités et le financement par les institutions financières islamiques.
2 Bursa Malaysia-i (BM-i) est une plateforme boursière islamique entièrement intégrée qui offre une gamme
complète de services boursiers conformes à la charia.

Source: Bank Negara Malaysia, MIFC data estimates, Bursa Malaysia, Malaysian Qualifications
Agency, the Securities Commission, Refinitiv.

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A travers ce chapitre, nous avons vu utile de présenter les caractéristiques essentielles du secteur
bancaire malaisien et marocain. En effet, l’étude des particularités du pays, et du contexte
d’émergence de ces banques permet d’évaluer les efforts fournis, et d’identifier les facteurs
pertinents qui peuvent influencer l’efficience bancaire. Dans ce contexte, nous avons
commencé notre première section par la présentation des particularités du secteur bancaire
participatif marocain marqué par plusieurs difficultés d’ordre réglementaire, fiscal et financier,
malgré l’intérêt que présente ce segment de marché pour les clients attachés à la motivation
religieuse. Cependant, nous notons que la réticence des pouvoirs publics et le lobby bancaire
qui souhaite garder les barrières à l’entrée au secteur bancaire, à tout prix, constituent les freins
essentiels au développement de ces entités. Par la suite, nous avons procédé à une présentation
des banques et des fenêtres participatives qui exercent leurs activités sous la supervision de
leurs maisons mères qui sont des banques conventionnelles ! Une situation qui pose des
controverses et des discussions continues sur la légitimité de cette structuration.
De la même façon, nous avons mis l’accent sur les opportunités de développement de cette
niche et les solutions que les banques participatives devraient mettre en place. Tout de même,
nous avons mis le point sur les défis structurels et conjoncturels qu’elles doivent surmonter,
dans la mesure que leurs réalisations ne manquent de progresser dans un trend haussier depuis
le lancement officiel en 2017. D’autre part, la Malaisie a adopté un système financier dual dans
lequel les banques islamiques et conventionnelles cohabitent et se trouvent en concurrence rude.
Cependant, le gouvernement essaie de promouvoir essentiellement les banques islamiques dans
la perspective de transformer le système bancaire en un système purement basé sur les principes
financiers islamiques, tout en gardant l’opportunité d’arbitrage de la Sharia169.
Dans ce sillage, le but de la deuxième section était de présenter les étapes de développement
des banques islamiques malaisiennes, ainsi que la liste des entités présentes sur le marché, tout
en s’arrêtant sur les réalisations actuelles. En conséquence, nous avons noté que les acteurs
financiers et réglementaires ont accentué leurs aides en vue de surmonter leurs défis et leurs
contraintes, ce qui leurs ont permis de réaliser des performances solides et promouvoir le
développement socioéconomique du pays. Ces éléments s’inscrivent dans une approche de
finance islamique durable.

169
Pour plus de développements sur le sujet d’arbitrages de la Sharia, se référer à El Gamal et Haverals,
Finance islamique (2011) ;

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Conclusion de la première partie

En arrivant à la fin de cette partie, nous avons pris les connaissances théoriques nécessaire à la
construction de notre étude empirique. Ainsi, nous retenons que les banques islamiques sont
des entités habilitées à exercer une activité professionnelle en offrant des services bancaires à
ses clients, en conformité avec les normes de la charia islamique. Ces banques ont connu un
développement rapide à partir des années 2000, suite à l’attaque du 11 Septembre 2001 et la
crainte des investisseurs du moyen orient du gel de leurs revenus.
En poursuivant notre recherche, nous avons mis l’accent sur les fondements et les principes de
la finance islamique qui encadrent l’industrie financière islamique, et qui ont abouti à la
formation de plusieurs produits financiers basiques tels que la Mousharaka, la Mourabaha, et
des produits financiers islamiques, plus ou moins, complexes comme le Tawarruq, le Salam
parallèle, ou les Sukuks. Tout de même, il s’avérait nécessaire de présenter les types de comptes
bancaires et les services qu’elles proposent. En continuant plus bas, nous avons vu utile de
s’arrêter sur le rôle des institutions financières islamiques dans la promotion de cette niche,
ainsi que de présenter les principaux institutions présentes sur le marché financier islamique
mondial (AAOIFI, BID, IFSB…).
En vue de comprendre les particularités des banques islamiques par rapport aux banques
conventionnelles, nous avons réservé toute une section qui présente les éléments de
dissimilitudes et de similarités en termes de règles de gouvernance, du type d’intermédiation
bancaire, et du système d’information de gestion. De la même manière, nous avons découvert
les risques communs entre les banques classiques et les banques islamiques, ainsi que les
risques spécifiques à l’activité islamique tel que le risque commercial déplacé identifié par
l’AAOIFI.
En passant au deuxième chapitre, nous avons mis l’accent sur le deuxième concept clé de notre
recherche à savoir les déterminants de l’efficience des banques islamiques. Dans ce contexte,
nous avons défini l’efficience comme étant une mesure interne de la performance de
l’entreprise, elle est très fréquemment appréciée en termes de coût de production, de profit ou
de productivité, et elle est mesurée par la quantité de ressource utilisée pour produire une unité
de bien ou de services (Johnson et Scholes, 1997). D’où l’idée que l’accroissement de
l’efficience est dû à l’exploitation optimal des ressources qui se traduit par une hausse de la
production sans augmentation des coûts, ou bien de la production d'un niveau d’output donné
en diminuant les dotations factorielles.
Pour mesurer l’efficience bancaire, plusieurs méthodes sont proposées dans le chapitre, dont la
plus évoquée est celle d’analyse par enveloppement des données (DEA). Cette méthode est
utilisée dans un processus à deux étapes. La première étape consiste à construire la frontière
d’efficience des entités les plus efficientes (un score d’efficience égal à 1) et d’attribuer un
score d’efficience aux autres entités selon leur position par rapport à la frontière. La deuxième
étape est effectuée à travers la régression Tobit où le score d’efficience de la banque est la
variable dépendante, en vue de tester les facteurs externes et internes susceptibles d’influencer
l’efficience des banques.

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Avant de partir à l’analyse de ces facteurs, nous avons tardé sur la présentation des approches
de mesure de l’efficience qui commencent par l’analyse traditionnelle par les ratios, par
l’approche des frontières d’efficience, et par l’approche des déterminants.
Dans la suite du troisième chapitre, nous avons fait un détour sur les caractéristiques des deux
secteurs bancaires qui feront l’objet de notre étude empirique. Ainsi, en arrivant à la fin de la
partie théorique de notre travail de recherche, nous allons commencer la partie empirique qui
va être consacrer à la présentation de la méthodologie de la recherche, la mesure des scores
d’efficiences, ainsi que l’analyse du modèle de recherche qui concerne les déterminants
d’efficience des banques marocaines et malaisiennes.

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Partie II : Les déterminants de l’efficience des
banques participatives Marocaines, en
comparaison avec leurs consœurs Malaisiennes

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Introduction de la deuxième partie

Face à la globalisation financière, les réalités économiques et les défis du développement


durable, les banques sont dans l’obligation de moderniser, de développer et d’améliorer la
performance dans leurs secteurs respectifs afin d’atteindre une meilleure efficience, en
identifiant les facteurs susceptibles d’influencer cette efficience.
L’objectif de notre étude est d’apporter des éléments de réponse à notre question centrale
portant sur la nature de la relation entre l’efficience et ses variables explicatives pour le cas des
banques islamiques malaisiennes présentes dans un secteur hautement développé et réalisant
des avancées remarquables dans le monde entier, et des banques participatives marocaines
encore en phase de lancement, avec un écosystème peu développé et moins favorables à
l’expansion de leurs activités. Dans ce sens, différentes méthodes d’évaluation et d’estimation
seront mises en œuvre en vue de tirer des conclusions et des implications managériales en
faveur de la croissance du secteur bancaire participatif marocain. Pour arriver à cette fin, nous
allons scinder cette partie en trois chapitres.
Le premier chapitre est notre occasion pour spécifier le modèle général de recherche. Dans ce
contexte, deux sections sont proposées, dont la première concernera le choix des fondements
épistémologiques et le positionnement du chercheur. Le traitement de ce point nécessitera
l’explication des choix méthodologiques possibles en termes de posture épistémologique, de
construction de l’objet de recherche, de la sélection de l’approche, et de la voie de la recherche.
En dernier lieu, nous allons récapituler notre positionnement et nos choix explicites sur ces
éléments.
La deuxième section examinera la mise en œuvre d’un design de recherche cohérent et valide
contenant principalement le cadre théorique de la recherche et la problématique centrale, la
démarche de recherche et de recueil de données, les variables devant être utiliser, et les résultats
attendus, en plus d’autres éléments indispensables à l’étude empirique. Finalement, le dernier
point du chapitre exposera les méthodes de détermination de l’échantillon de l’étude et les
sources des données devant être utilisées.
Quant au deuxième chapitre, nous avons estimé que l’évaluation de l’efficience technique des
banques nécessitent la décomposition de cette partie en deux sections. La première sera destinée
à la mesure et l’analyse simultanée de l’évolution des inputs ainsi que les résultantes de ces
facteurs qui sont les outputs en se basant sur l’approche d’intermédiation. Par la suite, la
deuxième section évaluera l’efficience des banques de l’échantillon, tout en décomposant cette
efficience à deux niveaux. D’abord, il s’agit de mesurer l’efficience technique par pays, pour
ensuite la distinguer sur les deux types d’efficience à savoir l’efficience technique pure, et
l’efficience d’échelle. Ce chapitre devra terminer par une discussion succincte des résultats de
notre étude empirique.
En conséquence, l’objectif du troisième chapitre de notre travail de thèse est évident. Il s’agit
d’essayer d’expliquer les sources d’efficience et d’inefficience qui affectent les banques de
l’échantillon. Pour ce faire, la première section exposera la méthodologie d’analyse qui
nécessite la définition du modèle statistique de recherche. Ce modèle devra contenir les
variables explicatives de l’efficience comme la taille, le risque du crédit, le PIB, etc., les

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hypothèses sous-jacentes de chaque variable, ainsi que les méthodes d’appréciation de la qualité
statistique du modèle à concevoir.
La mise en œuvre de notre modèle d’analyse fera l’objet de la deuxième section qui concerne
la présentation des résultats de la recherche empirique, tout en séparant entre le modèle des
banques islamiques malaisiennes et des banques participatives marocaines. Dans ce contexte,
nous allons spécifier l’influence des déterminants de l’efficience choisis sur les dix-sept
banques de l’échantillon, tout en discutant ces résultats pour chaque pays. Suivant le travail
effectué précédemment, une analyse des implications managériales et des apports de la
recherche s’avère nécessaire.

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Chapitre I : Conception du modèle de recherche

La première étape d’une étude empirique est la conception d’un modèle qui identifie les choix
explicites et implicites du chercheur considérés comme déterminant du chemin de recherche.
En effet, toute recherche en management devra accorder une attention particulière aux
fondements épistémologiques ainsi que la manière de conduite de l’étude.
En vue de pouvoir positionner notre recherche, nous devons analyser deux éléments essentiels.
Ainsi, notre première section concernera l’analyse des fondements épistémologiques en
commençant d’abord par la définition de la posture du chercheur qui doit spécifier si la réalité
de l’objet de la recherche est objective ou construite. Ce choix n’est pas neutre puisqu’il
implique un chemin dicté en préalable à la recherche. Ainsi, nous devons construire l’objet de
la recherche à travers l’analyse des connaissances théoriques et empiriques ou à travers des cas
concrets. Cet objet est fonction du paradigme choisi.
Par la suite, nous sommes dans l’obligation de décider l’orientation de la recherche qui peut
être de deux formes à savoir le test d’une théorie ou la construction d’un nouveau cadre
théorique (l’exploration). Ce dernier choix doit être poursuivie par la spécification de la nature
des données à collecter et l’approche de la recherche. Enfin, nous devons clarifier la manière
dont nous souhaitons traiter l’objet en suivant une recherche sur le contenu, une recherche sur
le processus ou une approche mixte.
Suivant ces choix, nous aborderons de façon plus opérationnelle notre recherche. En
conséquence, nous devons penser à définir plusieurs étapes de notre étude à savoir la revue de
littérature, la méthode de collecte et d’analyse des données et la présentation des résultats
apportés par la recherche. Ces éléments seront articulés dans le design de recherche qui doit
justifier les choix méthodologiques opérés. Ce design est considéré comme étant la liaison entre
les concepts théoriques et méthodologiques (opérationnels). Une fois explicité, nous devons
choisir et constituer notre échantillon tout en veillant à maitriser les biais associés. Ensuite, les
données doivent être spécifiées et collectées, en vue d’établir, en final, la validité (restitution
fidèle de la réalité) et la fiabilité (reproductibilité des résultats) du construit.
Ce chapitre constitue donc l’opportunité du chercheur pour établir les bases épistémologiques
quant à la nature, la finalité et le type de recherche ainsi que les bases opérationnelles servant
de références pour la conduite efficace de l’étude. Ces éléments constituent les clés du succès,
et montrent le niveau de maitrise méthodologique du chercheur.

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Section 1 : Fondements épistémologiques et positionnement du chercheur
Dans cette section, nous allons se focaliser sur les aspects théoriques qui définissent
l’acheminement général de notre recherche. Dans ce sillage, nous allons commencer notre
positionnement par le choix de la posture épistémologique qui doit spécifier trois éléments à
savoir la nature de la réalité, le chemin de la connaissance et les critères de validité de cette
connaissance.
Après avoir défini la posture épistémologique, nous devons construire l’objet de recherche qui
reste tributaire du paradigme choisi. Ensuite, nous allons préciser le mode de raisonnement
adapté au chemin de la connaissance, et la voie de la recherche qui peut être l’exploration ou le
test. De la même façon, nous devons effectuer un choix sur les types des données que nous
allons collectées (données primaires ou données secondaires) ainsi que l’approche que nous
estimons adaptée à notre contexte (approche qualitative ou quantitative). De toute véracité,
certains choix ne sont pas délibérés, mais dépendent de notre positionnement épistémologique.
En dernier lieu, notre positionnement doit être compléter par le choix de la stratégie par laquelle
nous ambitionnons analyser l’objet de l’étude à savoir une recherche sur le contenu ou une
recherche sur le processus ou qu’il peut y avoir un enrichissement mutuel entre les deux
approches. A la fin de cette section, nous récapitulons nos choix pour définir clairement notre
positionnement.

I. Choix de la posture épistémologique


Le concept de l’épistémologie est apparu au début du 20ème siècle, qui désigne une branche de
la philosophie des sciences, spécialisée dans l’étude des théories et des fondements de la
connaissance. Ainsi, Piaget (1967) considère que l’épistémologie est l’étude de la construction
des connaissances valables, en discutant de la nature, de la méthode et de la valeur de la
connaissance.
Le questionnement sur la posture épistémologique est une étape cruciale à l’établissement d’une
recherche (Martinet, 1990). A cet effet, deux grandes classes de paradigmes émergent dans la
littérature : le positivisme et le constructivisme (David, 1999). Cependant, certains auteurs
considèrent l’interprétativisme comme un courant épistémologique à part entière (Girod-Séville
et Perret, 2007), tandis que d’autres le classe sous le paradigme constructiviste (Gavard-Perret
et al, 2008). Le positionnement du chercheur à travers les trois paradigmes peut l’aider à
répondre aux questions de recherche qu’il doit se poser pour assoir la légitimité de ses énoncés :

- Quelle est la nature de la connaissance produite ?


 Est-elle objective ? Est-elle l’interprétation de la réalité par le chercheur ? Est-elle
une construction de la réalité ?
- Comment la connaissance scientifique est-elle engendrée ?
 Par un processus de d’explication ? De compréhension ? De construction ?
- Quels sont la valeur et le statut de la connaissance :
 Scientifique ou non ? Vérifiée, corroborée ? Idéographique, empathique ?
Intelligible, adéquate ?
En effet, le positivisme suppose que « rien n’arrive jamais sans qu’il y ait une cause ou une
raison déterminante » (Leibniz, 1710). Partant de ce principe, le chercheur découvrira cette

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réalité en testant diverses hypothèses de sa recherche qui s’inspirent d’une théorie ou d’un cadre
théorique bien élaborés (D’Amboise, 1996). Néanmoins, plusieurs partisans de la recherche
optent pour une approche post-positiviste qui a introduit certaines modifications pour pallier les
critiques qui s’adressent au positivisme radical surtout en ce qui concerne son applicabilité aux
sciences humaines et sociales. La réalité demeure, donc, imparfaitement appréhendable en
passant d’un réalisme ‘’naïf’’ à un réalisme qualifié comme étant ‘’critique’’, en introduisant
une objectivité modérée du chercheur et non plus absolue.
L’interprétativisme permet de défendre la particularité des sciences humaines qui s’oppose au
positivisme. Quant au constructivisme, il tend à étendre l’influence de sa conception de la
connaissance au sein de la communauté des chercheurs en sciences de l’organisation (David et
al., 2000). Ces deux derniers paradigmes partagent un certain nombre d’hypothèses relativistes,
mais s’opposent dans la manière dont la connaissance est produite, des critères de validité et la
valeur de cette connaissance. En vue de pouvoir simplifier la tâche de positionnement du
chercheur et le choix d’un paradigme épistémologique adéquat, nous proposons le tableau
suivant (Thietart, 2007) :
Tableau 11 : Positions épistémologiques des paradigmes

Les paradigmes

Le positivisme L’interprétativisme Le constructivisme


Questions
épistémologiques
Hypothèses réalistes
Hypothèses relativistes
Le statut de la (Existence d’une essence
(l’essence de l’objet ne peut être atteinte, ou
connaissance ? propre à l’objet de
n’existe pas)
connaissance)
- Indépendance du sujet
et de l’objet - Dépendance du sujet et de l’objet
La nature de la
- Hypothèse déterministe - Hypothèse intentionnaliste
réalité ?
- Le monde est fait de - Le monde est fait de possibilités
nécessités
Comment la L’interprétation La construction
La découverte
connaissance est « Pour quelles « Pour quelles
« Pour quelles causes… »
engendrée ? motivations… » finalités… »
Le chemin de la
Statut privilégié de Statut privilégié de la Statut privilégié de
connaissance
l’explication compréhension la construction
scientifique ?
La valeur de la Idéographie
Vérifiabilité
connaissance et les Empathie (révéler Adéquation
Confirmabilité
critères de l’expérience vécue Enseignabilité
Réfutabilité
validité ? par les acteurs)
Source : Méthodes de recherche en Management, R.A, Thietart et coll., 3éme édition, Dunod,
2007 ;

A la première vue du tableau, le positionnement du chercheur semble être une tache abstraite
faisant partie d’un travail philosophique, cependant il s'agit de la clé de voute et la condition de

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réussite de tout travail empirique. Faute de quoi, le risque d'échec devient important, et des
allers-retours entre positionnement du chercheur et la méthodologie de recherche empirique
peuvent s'avérer nécessaire. Dès lors, il devient essentiel d’approfondir la compréhension des
paradigmes épistémologiques à travers la réponse aux questions clés pour pouvoir positionner
sa recherche. Nous commençons donc par la définition de la nature de la connaissance.

I.1. Définition de la nature de la réalité


La nature de la connaissance diffère d’un paradigme à un autre. En effet, les positivistes
postulent que la réalité existe en soi et possède une essence propre. Ainsi, il y’a une
indépendance entre le sujet observé et l’objet (la réalité). Le principe donc de l’objectivité de
la recherche comme Popper (1991) l’indique dans ce travail révèle que « la connaissance en ce
sens objectif est totalement indépendante de la prétention de quiconque à la connaissance ; elle
est aussi indépendante de la croyance ou de la disposition à l’assentiment (ou à l’affirmation,
à l’action) de qui que ce soit. La connaissance au sens objectif est une connaissance sans
connaisseur ; c’est une connaissance sans sujet connaissant ». Toutefois, accepter la
connaissance en tant que tel, peut soulever des problèmes en sciences sociales puisque le
chercheur doit mettre en exergue l’extériorité de l’objet qui observent. De même, le monde dans
cette conception est fait de nécessités, où l’Homme vit à travers l’ordre social et est soumis à
un environnement qui le conditionne, ce qui correspond à la vision Durkheimienne de la
contrainte sociale (Durkheim, 1988).
Dans ce contexte, le chercheur s’interrogeant sur les déterminants de l’efficience des banques
considèrera que ces déterminants (variables) dépendent d’une réalité technique et
organisationnelle indépendante des Hommes en charge, ainsi que de lui-même (le chercheur).
La connaissance produite est donc une connaissance objective des déterminants de l’efficience,
et indépendante du contexte d’interactions des acteurs. Cette réalité a ses propres lois, quasi-
invariables, et immuables, où l’ordre universel s’impose à tous.
Pour les paradigmes interprétativiste et constructiviste, le statut de la réalité est précaire. Elle
reste inconnaissable dans son essence, et ne peut être atteinte directement. En effet, il importe
pour ces deux paradigmes que la réalité ne sera jamais indépendante de l’esprit du chercheur
qui l’observe ou l’expérimente. Au contraire, l’objet est dépendant du sujet et les hypothèses
deviennent relativistes plutôt que réalistes comme préconisés par les positivistes. La
connaissance, dans ces paradigmes, est bien présenter ou construite où tout est possible, où
l’Homme peut choisir (Le Moigne, 1994). Chose qui signifie que la réalité devient contextuelle
et subjective, et que les individus se guident par leurs finalités pour créer leurs environnements
par leurs pensées et leurs actions.
Après avoir défini la nature de la connaissance produite, il est temps de choisir le chemin et le
statut privilégié de la connaissance ainsi que les critères de validité de cette connaissance en
fonction du paradigme choisi.

I.2. Choix du chemin de la connaissance


Le choix de la nature de la connaissance implique que le chercheur doit poursuivre le chemin
qui lui permet de rester sur le paradigme choisi. Ainsi, pour les positivistes, l’idéal serait
d’atteindre une vérité objective, suivant un déterminisme du monde social et une réalité
indépendante du sujet. Même si cette réalité idéale reste une utopie, selon plusieurs précurseurs

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du positivisme (Comte, 1995), mais le chemin de la connaissance passe par un statut privilégié
d’explication, et une réponse à la question « pour quelles causes ».
Pour notre recherche, l’étude des déterminants de l’efficience des banques devra reconstituer à
postériori les causes (les variables) qui affectent l’efficience, pour déterminer les lois qui ont
régi la réalité, indépendamment des acteurs. Cette démarche causale va mettre en relation les
raisons économiques et financières qui ont abouties à ces scores en vue de les mettre dans un
contexte d’explication.
En ce qui concerne le paradigme interprétativiste, le processus de la production de la
connaissance passe par la compréhension du sens de la réalité. Un sens donné par les acteurs
dans la perspective de comprendre les intentions, les motivations, les attentes, les raisons, les
croyances des acteurs, qui porte moins sur les faits que sur les pratiques (Pourtois et Dismet,
1988). A première vue, nous constatons que les positivistes s’accordent avec les
interprétativistes dans la conception du chemin de la connaissance, puisque l’explication
implique implicitement la compréhension de l’objet, cependant, il ne s’agit pas d’une
compréhension émanent du sens donné par les acteurs à leurs pratiques (Pourtois et Dismet,
1988).
Le paradigme constructiviste partage l’approche de la recherche en termes de compréhension.
Toutefois, il faut distinguer deux points essentiels. En premier lieu, les constructivistes
considèrent que la compréhension est une étape cruciale à la construction de la réalité des
acteurs étudiés, tandis que les interprétativistes ne cherchent qu’à comprendre la réalité des
acteurs. Dans ce sens, la connaissance est un processus construit en marchant (Piaget, 1970).
En deuxième lieu, les constructivistes estiment que la démarche de compréhension est liée à la
finalité du projet de connaissance, en relation avec son expérimentateur, contrairement aux
interprétativistes qui veulent répondre à la question de motivation du chercheur.

I.3. Les critères de validité de la connaissance


Le choix du paradigme positiviste suppose qu’on peut distinguer clairement entre la
connaissance scientifique ou non scientifique à travers l’application des conditions de validité
universelles et précises. Ces critères s’appliquent à toutes les sciences, même pour les sciences
sociales. Ainsi, trois critères sont utilisés à savoir la vérifiabilité, la confirmabilité, la
réfutabilité.
Le premier critère considère que la proposition est analytique, synthétique, et vraie. Ainsi, toute
proposition n’a de sens que si et seulement si elle est susceptible d’être vérifiée empiriquement
(Blaug, 1982). Le deuxième critère repose sur le fait qu’une proposition est probable et non
plus vraie universellement. Dès lors, nous allons confirmer les résultats d’autres théories, mais
nous ne pouvons pas établir une réalité certaine (Hempel, 1972), d’où l’utilisation du concept
de la probabilité avec laquelle un énoncé peut être confirmé, plutôt que la preuve. Le troisième
critère, défini par Popper, estime qu’une théorie peut être réfutée mais en aucun cas, nous
pouvons affirmer qu’une théorie est vraie. En effet, si on postule que le facteur « risque »
influence négativement l’efficience, il suffit de trouver un seul cas où le risque influence
positivement cette efficience pour pouvoir réfuter cette théorie. Le dernier critère est
déterminant dans l’approche positiviste, puisqu’une théorie qui n’est pas réfutable, est une
théorie corroborée provisoirement. De même, elle ne peut pas être considérée comme étant

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scientifique. Pour pouvoir tester ces critères, le paradigme du positivisme se base sur la logique
déductive (formelle) comme méthode scientifique permettant une reproduction objective de la
réalité.
Les paradigmes interprétativiste et constructiviste contestent cette vision réductionniste du
monde et considèrent que la science ne peut être réduite à quelques règles méthodologiques
simples, négligeant la créativité humaine, et rendant la science dogmatique. Ces deux
paradigmes postulent que les sciences sociales ne peuvent être assimilées aux sciences de la
nature du fait d’une méthodologie et d’une épistémologie différente (Passeron, 1991). Dans ce
contexte, aucun critère explicite n’est défini pour démarquer la science et la non-science, mais
plutôt une approche basée sur la validité éthique. Une validité qui peut être soumis à des
discussions.
Pour les interprétativistes, deux critères de validité sont utilisés. Le premier étant le caractère
idiographique des recherches, ce qui veut dire que ce paradigme s’intéresse aux événements
singuliers, en les étudiants en situation (aspects contextuels de la recherche). Le deuxième
critère de validité est celui de l’empathie, qui signifie que le chercheur doit avoir l’aptitude de
se mettre à la place d’autrui, pour pouvoir comprendre les réalités sociales. La validité de la
recherche sera donc tributaire à la dimension empathique, et sa capacité à comprendre et à
interpréter la réalité sociale.
En ce qui concerne les constructivistes, développer des critères de validité universels est
inadapté à leurs contextes, puisqu’ils se basent sur des hypothèses intentionnalistes et
phénoménologique. Dans ce sens, deux critères de validité sont défendus par certains auteurs à
savoir le critère d’adéquation (Glaserfled, 1988), et le critère d’enseignabilité (Le Moigne,
1995). Le premier critère considère qu’une connaissance est valide s’elle convient à une
situation donnée, comme illustré par sa métaphore de la clé et la serrure. Le deuxième critère
prétend qu’une connaissance doit avoir les particularités suivantes : reproductibilité,
intelligibilité et constructibilité, tout en explicitant les finalités du chercheur dans la
construction de la connaissance. Dans ce contexte, la démarche déductive laisse place à d’autres
modes de raisonnement tels que l’analogie, la métaphore, etc.

I.4. De la difficulté du positionnement du chercheur


Choisir un positionnement et s’en tenir ? Changer de paradigme ou l’aménager suivant les fins
de la recherche ? Des questions que posent un problème d’incommensurabilité des paradigmes,
et l’absence d’un système d’accord qui peut trancher entre ces écoles (McKinley et Mone,
1998). Ce problème est d’autant plus important pour les sciences sociales, du fait de leur
prématurité, et leur statut de pré-paradigmatique.
Dans ce sens, deux disciples émergent. Les partisans de l’isolationnisme, en premier lieu, sont
unanimes que le chercheur doit choisir un paradigme et s’en tenir du fait du problème
d’incommensurabilité des paradigmes. Un essai de réconciliation ne peut pas être tenté. Les
autres partisans plaident pour l’intégration et pour un choix d’un paradigme aménagé. Cette
situation amène à un dialogue entre paradigmes pour développer la compréhension des
phénomènes sociaux. Quel que soit le positionnement du chercheur choisi, il doit être en mesure
de mener une réflexion épistémologique pour asseoir explicitement les présupposés de sa
recherche, sans oublier les contraintes pragmatiques soumises par la recherche empirique.

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Les éléments que nous venons de présenter constituent des repères à lesquels le chercheur peut
utiliser pour pouvoir définir son positionnement comme étant un acte de foi. Ainsi, nous posons
des hypothèses réalistes plutôt que relativistes, où le sujet (l’observateur) est indépendant de
l’objet (la réalité). Ce qui signifie que notre vision du monde social devient déterministe et non
intentionnelle. Ce positionnement indique que la nature de la connaissance produite sera
objective et a contextuelle et non plus une construction sociale de la réalité. Dans ce cadre,
notre positionnement positiviste nous amènera à découvrir les variables qui influencent
l’efficience des banques de façon objective et réaliste, tout en acceptant la réalité en tant que
telle. Ensuite, le chemin de notre connaissance sera dicté par une recherche qui vise à découvrir
la réalité et connaître ses causes, plutôt qu’une recherche justifiée par les motivations ou les
finalités où le chercheur s’intéresse à l’interprétation (la compréhension) ou à la construction.
Nous estimons, plutôt, expliquer les phénomènes étudiés. De cette manière, la recherche se
basera sur une découverte des causes de l’efficience des banques en vue de pouvoir expliquer
la relation entre la variable dépendante et les variables indépendantes, dans une approche
d’explication des causes-effets. Une explication qui passera par la compréhension des faits de
façon objective. En final, nous devons valider la connaissance produite à travers des critères
universels et précis à savoir les critères de vérifiabilité, de confirmabilité et de réfutabilité. De
même, nous devons appliquer la démarche hypothético-déductive considérée comme garant
d’une méthode scientifique logique et formelle.
Notre positionnement devient plus clair avec un choix isolationniste du paradigme positiviste.
Ce choix épistémologique se répercutera aux choix méthodologiques que nous devons opérer.
C’est en ce sens que l’objet de la recherche devra être construit en se basant sur les choix
épistémologiques.
II. Construction de l’objet de la recherche
Construire l’objet de la recherche est une tâche délicate pour tout chercheur, il s’agit de la
réponse à une question évidente qui est « qu’est-ce que je cherche ». Une interrogation qui
guidera le processus de recherche vers la définition de la problématique (question générale) que
l’on va s’efforcer pour répondre à travers des sous-questions, considérées comme plus précises,
et plus opératoires.
L’objet de la recherche constitue donc le point de début, la condition sin qua non le projet de
connaissance d’un chercheur ne peut se réaliser. Cet objet constitue le fondement sur lequel
tout repose (Grawitz, 1996). Cependant, il s’avère que l’objet de la recherche peut être
insuffisamment défini, et qu’il est difficile à opérationnaliser d’où la nécessité des allers-retours
entre la problématique et les questions de recherche, en vue d’établir le design et la
méthodologie de la recherche. La problématique est une composante essentielle du travail de la
thèse. Elle doit être défini et validé avant le début du travail. Evidemment, cette question
principale pourra être modifiée ou mûrit, au fur et à mesure que la recherche se développe. Ce
processus passe donc par la construction de l’objet de recherche et la prise de conscience par le
chercheur de l’ampleur du domaine de l’étude jusqu’à la définition d’une question principale
concise, claire, et centrale au sujet de recherche choisi.
Dès lors, la construction de l’objet de recherche doit établir une question articulant des objets
théoriques tel qu’un concept (l’efficience) ou un modèle, empiriques (l’exemple de l’efficience
d’une entreprise), et/ou méthodologiques comme un outil de prise de la décision, qui permettra

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au chercheur de découvrir ou de construire la réalité d’autres objets théoriques, des objets
empiriques et des objets méthodologiques, en vue d’expliquer, prédire, comprendre ou changer
la réalité, comme le montre la figure ci-après.
Figure 12 : Articulation des objets avec l’objet de la recherche

Objet de recherche
Pour Créer
Question Dans
ou découvrir
articulant des l'objectif est
des

•Objets théoriques; •Objets théoriques; •Expliquer


•Objets empiriques; •Objets empiriques; •Prédire
•Objets méthodologiques ; •Objets méthodologiques ; •Comprendre
•Changer

L’interrogation de ces objets ou des liens entre eux consentira au chercheur une idée pour
construire son objet de recherche et son projet de connaissance, cependant, il peut revêtir des
significations différentes selon le paradigme choisi. Le choix du positivisme nous amène à
exposer notre construction de l’objet de recherche en contexte positiviste, tout en nuançant la
différence avec les autres paradigmes.

II.1. Commencer la construction de l’objet de recherche


Il existe plusieurs points de départs par lesquels un chercheur peut commencer la construction
de son objet de recherche. Ils constituent, eux aussi, des repères pour une construction efficace
de l’objet. En effet, trois possibilités s’offrent au chercheur.
En premier lieu, un chercheur pourra commencer par l’analyse des concepts et des théories
existantes en vue de détecter des insuffisances, des contradictions ou une hétérogénéité des
démarches. Ces pistes, malgré qu’elles constituent des opportunités intéressantes, peuvent
s’avérer difficile à opérationnaliser, d’où la possibilité de tester des principes théoriques déjà
élaborés mais qui n’ont pas été empiriquement mis à l’épreuve de façon convaincante
(Bourgeois, 1990).
La deuxième possibilité qui peut s’offrir au chercheur est de commencer par l’identification des
limites et des insuffisances dans les approches méthodologiques, et d’essayer d’en proposer de
nouveaux outils. De même, il pourra envisager l’analyse d’une problématique à travers un
nouvel outil ou une nouvelle approche méthodologique, toutefois, il devra justifier son choix et
démontrer son intérêt. Il s’agit par exemple de l’utilisation, pour la première fois, de l’approche
des frontières d’efficience (Farrell, 1957), pour mesurer les scores d’efficience et les sources
d’inefficience, au lieu de l’utilisation de l’approche des ratios.
Le troisième point de départ consiste en l’analyse d’un problème concret. Par exemple,
plusieurs firmes qui constatent une détérioration de l’efficience, essaient de trouver une
explication à ces résultats et de cerner les variables qui peuvent améliorer/détruire l’efficience.
Un problème qui peut constituer l’objet de plusieurs travaux de recherches empiriques. Ce type
de recherche-action vise principalement à découvrir la réalité et les mécanismes universels à
travers des hypothèses soumis à l’épreuve du test.

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Dans ce contexte, notre objet de recherche partira des insuffisances théoriques et des
contradictions empiriques sur les variables d’impact sur l’efficience. En outre, il s’agit d’un
problème concret du fait que les dirigeants des banques cherchent à détecter les facteurs
d’efficiences (et d’inefficiences) du point de vue que la détérioration de ces scores peut nuire à
leurs revenus et à leurs survies, et peut même révéler l’arrivée d’une crise (Pascal de Lima,
2012). Aussi, l’amélioration des scores d’efficience technique signifie que l’entité arrive à gérer
efficacement, ou à une échelle optimale (ou les deux), ses ressources pour maximiser sa
production. Au contraire, elle pourra minimiser ses ressources pour un niveau donné de
production. En effet, nous devons estimer l’efficience à travers les méthodes existantes, sans
pour autant proposer un nouvel outil ou une nouvelle méthodologie, pour ensuite essayer
d’expliquer le positionnement de chaque banque sur la courbe d’efficience à travers les
variables que nous jugeons affecter ces scores et qui sont communément utilisées dans les
recherches précédentes.

II.2. L’objet de la recherche en contexte positiviste


Un chercheur positiviste interroge les faits et cherche à découvrir la structure sous-jacente. Ces
différences de vision de la réalité attribuent à l’objet de la recherche une origine, une nature et
une position propre au paradigme choisi. Toutefois, des contradictions entre l’objet de
recherche défini initialement, le dispositif méthodologique emprunté et le type de connaissance
générées peuvent surgir dans plusieurs recherches (Cherreire et Huault, 2001 ; Allard-Poesi,
2005).
Dès lors, chercher à connaître la réalité pour un positiviste sera de découvrir la réalité qui existe
selon des lois universelles, à travers une interrogation objective des faits, ce qui signifie la mise
en épreuve d’hypothèses théoriques préalablement définies. Dans ce sens, l’objet de la
recherche sera élaboré en fonction des insuffisances et d’incohérences dans la théorie, ou entre
les théories et les faits (Landry, 1995). Ensuite, le chercheur devra formuler une question
principale qui aboutira à un objet de recherche. En final, les résultats de la recherche
constitueront une amélioration de la connaissance sur la structure sous-jacente.
De façon analogue, l’interprétativisme considère que le sujet et l’objet sont interdépendants et
que le chercheur vise à comprendre les intentions et les motivations des individus qui participent
à la création de la réalité sociale. Ceci suppose que la définition de l’objet de la recherche
implique une interaction entre le chercheur et le sujet étudié et une immersion dans le
phénomène étudié pour développer une compréhension de la réalité à travers l’empathie et
l’adaptation au terrain en vue de pouvoir l’interpréter par la suite. L’objet de recherche prend
sa forme définitive avec l’aboutissement de la recherche.
Les constructivistes, quant à eux, estiment que toute réalité est construite. Un postulat émanant
du chercheur qui conçoit sa réalité à partir de sa propre expérience et que la connaissance
devient contextuelle, relative et finalisée. En d’autres termes, l’objet de recherche évolue et
trouve sa forme définitive à la fin de la recherche. Cependant, son élaboration dépend de la
finalité du chercheur et de sa vision de la réalité. Cette approche intentionnelle n’existe pas chez
les interprétativistes.
Dans cette perspective, notre recherche vise à étudier le lien entre les variables qui peuvent
affecter l’efficience et l’efficience elle-même. Ainsi, nous allons poser la question suivante :

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quels sont les déterminants qui affectent l’efficience des banques islamiques ? Cette question
nous est parvenue à cause de l’insuffisance des recherches constatée clairement durant notre
étude au premier chapitre sur les facteurs pesant sur l’efficience des banques en général, et sur
les banques islamiques en particulier. De même, plusieurs chercheurs ne trouvent pas de
consensus sur l’influence (positive, négative ou neutre) de chaque variable en vue d’améliorer
l’efficience de ces entités, ou qu’il y’a un impact contradictoire de ces variables. Ce qui signifie
que nous allons partir des principes théoriques déjà élaborés et d’un problème concret, comme
nous venons de préciser, pour étudier notre objet de recherche de façon objective en utilisant
des outils de travail existants. Par conséquence, notre étude cherche à découvrir la structure
sous-jacente de la réalité et essayer d’en expliquer en vue d’améliorer notre connaissance sur
les banques islamiques.
Après avoir défini l’objet de recherche et le type de question auquel nous devons répondre
(Quel ? Quoi ?). Il est temps de définir l’approche et la voie de notre recherche, suivant le
paradigme choisi auparavant.
III. Choix de l’approche et de la voie de la recherche
La définition du fondement épistémologique et du positionnement du chercheur implique un
choix dicté du chemin de la connaissance et de la voie de construction de l’objet de recherche.
Ainsi, quel que soit le choix opéré, un chercheur devra encore expliciter son approche de
recherche qui pourra être fondée sur des données qualitatives ou quantitatives (ou triangulaires).
De la même manière, il devra spécifier si sa recherche s’inscrit dans le temps (recherche sur le
processus), ou qu’il s’agit d’une recherche de la composition de l’objet étudié (recherche sur le
contenu). Nonobstant, il devra avant tout expliciter son mode de raisonnement et la manière
dont il doit conduire sa recherche (l’exploration ou le test). De toute évidence, il ne s’agit pas
de choisir délibérément une approche ou une voie, mais plutôt d’expliciter et d’expliquer le
choix opéré. Un choix qui reste cadré par le paradigme.

III.1. La voie de la recherche


Dans cette partie, nous allons se focaliser sur l’explication de notre mode de raisonnement, ainsi
que le processus dont le sujet sera abordé. Il s’agit de la réponse à la question « Comment je
cherche ? ». C’est la phase charnière qui guidera le reste du travail théorique et enfin
méthodologique. En effet, il existe deux modes de recherches à savoir l’exploration qui renvoie
à la proposition des résultats théoriques novateurs en adoptant une démarche abductive ou/et
inductive. Le deuxième mode à savoir le test vise à mettre en épreuve la réalité d’un objet
théorique ou méthodologiques en utilisant un mode de raisonnement hypothético-déductif.
Choisir entre ces deux modes n’est pas neutre du point de vue méthodologique et
épistémologique, ce qui nous amène à expliquer notre mode de raisonnement et la voie de notre
recherche.

III.1.1. Le mode de raisonnement


La déduction est le mode de raisonnement logique. En effet, elle permet de formuler des
hypothèses, les confronter à la réalité en vue de juger leurs pertinences. Cependant, la déduction
formelle ne permet pas d’apporter un fait nouveau tant que la conclusion est déjà présente dans
les prémisses (l’exemple du syllogisme de Socrate). Dans ce sens, nous allons utiliser la
déduction constructiviste qui utilise les hypothèses pour conclure, et pour apporter une valeur

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à la connaissance par un raisonnement qui démontre qu’une chose est la conséquence d’une
autre.
Les autres modes de raisonnement à savoir l’induction et l’abduction sont utilisées dans
plusieurs études en sciences sociales. En fait, l’induction constitue un mode de raisonnement
qui passe du particulier au général, de l’analyse des faits à des lois, sans pour autant démontrer
cette relation. L’abduction, quant à elle, est un processus qui consiste à tirer de l’observation
des conclusions, qui nécessite d’être testé par la suite pour être valide.
Ces modes de raisonnement peuvent être complémentaires dans plusieurs études. Le chercheur
averti peut commencer son travail par une observation des faits qui lui permettra d’inférer des
lois, sans aucune démonstration, pour servir comme étant des hypothèses pouvant faire l’objet
d’un test dans l’objectif est de donner des conclusions prédictives et/ou explicatives.
Dans notre étude, nous avons choisi de partir sur le mode de raisonnement de la déduction
constructive, en commençant par une analyse des variables en vue de formuler les hypothèses
de l’étude. Ensuite, nous allons mettre en épreuve ces hypothèses en vue d’expliquer ou/et de
prédire la réalité. L’occasion pour nous de porter un jugement sur la pertinence de notre modèle,
de ces hypothèses et la relation de causalité entre les variables indépendantes et la variable
dépendante (l’efficience).

III.1.2. La voie du test


Plusieurs études peuvent combiner les deux voies de la recherche qui sont l’exploration et le
test. La première voie consiste à proposer des résultats théoriques novateurs à travers une
exploration théorique (connaissances théoriques) ou empirique (observation empirique), ou en
utilisant les deux à la fois. La deuxième voie de recherche consiste à tester empiriquement un
objet théorique à travers une démarche hypothético-déductive.
Utiliser l’approche hypothético-déductive suppose l’utilisation d’un processus de test. Dans ce
sens, il faut mettre les bases indispensables à l’acceptabilité d’une hypothèse. En effet, cette
dernière est considérée comme étant une réponse provisoire à notre question de recherche
principale. Ainsi, il faut que l’hypothèse soit opérationnalisée, fondée sur des bases théoriques
et/ou empiriques. Ces deux conditions signifient qu’une hypothèse doit indiquer le type
d’observations à rassembler ainsi que la nature de la relation pour pouvoir corroborer ou non
cette hypothèse. De même, une hypothèse fondée sur des préjugées ne peut pas être acceptée.
Rares sont les études qui se basent sur une seule hypothèse. Il est donc nécessaire de savoir
tester un ensemble d’hypothèses en construisant un modèle. Le test d’un modèle peut s’avérer
un travail difficile parce qu’il ne s’agit pas de tester simplement les hypothèses, l’une après
l’autre, mais d’une tâche qui vise à juger la qualité et la représentativité du modèle de la réalité,
dans la perspective d’effectuer des simulations et des prédictions sur le phénomène étudié.
Ainsi, si toutes les hypothèses sont confirmées, nous acceptons, temporairement et totalement,
le modèle. Si certaines hypothèses sont infirmées, nous acceptons, temporairement et
partiellement le modèle. Dans le dernier cas où toutes les hypothèses sont infirmées, nous
rejetons simplement le modèle.

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De toute évidence, notre étude contiendra un modèle qui forme un ensemble d’hypothèses
logiquement articulés entre elles. Si le modèle que nous élaborons s’avère difficile à
opérationnaliser, nous allons recourir au test des hypothèses de façon individuelle.

III.2. L’approche de la recherche


Le choix d’une stratégie de recherche constitue une étape essentielle dans l’analyse de l’objet
de recherche, car, une fois définie, leurs changements risquent d’influencer le calendrier, et le
coût de la recherche. Il permet non seulement de choisir mais de répondre à trois questions
principales qui sont : la finalité du chercheur qui estime explorer ou tester, le choix des données
primaires ou secondaires ou les deux à la fois, le choix d’une approche qualitative ou
quantitative (ou mixte). Bien entendu, nous avons défini notre finalité supra, ce qui nous laisse
seulement les deux questions restantes.

III.2.1. Données primaires ou secondaires ?


Une donnée est « ce qui est connu ou admis comme tel, sur lequel on peut fonder un
raisonnement, qui sert de point de départ pour une recherche »170. Cette définition cache
derrière-elle deux acceptations. La première est que les données peuvent précéder la théorie, la
deuxième est que les données sont rassemblées par le chercheur en vue de les traiter. Il s’agit
donc d’une représentation acceptée de la réalité qui existe, pour les positivistes, en dehors du
chercheur, qui cherche à découvrir le monde empirique.
Le chercheur dans son étude peut être amené à utiliser des données primaires qui proviennent
de son propre système de représentations, ou des données secondaires qui renvoient aux
représentations disponibles ou utiliser ses deux types de données. Pour effectuer son choix, un
chercheur peut revenir à quatre critères définis par Thietart (2007) qui sont relatifs au statut
ontologique, l’influence sur la validité interne et externe, l’accessibilité et la flexibilité. Les
données primaires ont un statut de vérité importante, cependant la validité interne de la
recherche peut être remise en cause si les explications rivales et les autres relations de causalités
ne sont pas prises par l’étude, ou qu’elles sont incontrôlées. De même, les données primaires
sont difficilement accessibles, mais très flexibles. Pour les données secondaires, la question de
vérité est bien supérieure parce que les recherches étaient formalisées et publiées, ce qui leurs
donnent un statut de validité interne et externe maitrisée, cependant il ne faut pas oublier de
s’interroger sur la validité du construit. Tout de même, les données secondaires sont accessibles
mais peu flexible, ce qui risque d’être considéré par le chercheur comme étant des données
fiables. De surcroît, ces données peuvent biaiser la recherche du fait de la maturation des
données. Ainsi, le tableau ci-après résume ces critères et montre leurs implications sur la
recherche.

170
Définitions : donnée - Dictionnaire de français Larousse ;

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Tableau 12 : Critères et implications des données primaires et secondaires

Données Données primaires Données secondaires


Critères Idée reçue Implications Idée reçue Implications
Vérité
Statut Vérité (provienne Oubli des limites de
supérieure
ontologique du terrain) la recherche
Excès de (formalisée)
confiance Externaliser le
Validité Validité Validité
risque de validité
interne immédiate maitrisée
interne
Validité par
Excès de confiance
Validité comparaison
Validité faible Utilisation – généralisation
externe aux autres
données excessive
études
secondaires
(Validité, Base de données
Accessibilité Difficile disponibilité) Disponible importante mais
incomplète

Croyance naïve +
Flexibilité Très flexible Biaiser l’étude Peu flexible
Biais de maturation

Au-delà du choix des données primaires ou secondaires, le recueil et l’analyse de ces données
peut poser des contraintes difficiles à surmonter. En effet, les données primaires posent des
difficultés de recueil quant à l’accès au terrain de l’étude et la maitrise des interactions
complexes avec ce terrain, au risque de biaiser sa recherche. De même, le fait d’être juge et
parti peut impliquer des distorsions dans l’analyse de ces données avec un risque important de
biais (construit désiré, non élimination des autres causalités…). Les données secondaires ne
manquent pas, elles aussi, de critiques puisque la collecte des données peut s’avérer laborieuse
et couteuse en termes de temps et d’argent, car le chercheur doit avoir accès à des données
externes, et des fois confidentielles. De même, l’analyse de ces données peut devenir difficile
si les données sont partielles, ambigües ou contradictoires, d’où la nécessité de revenir aux
sources primaires de ces données pour pouvoir les interroger. Une implication et un retour qui
n’est pas toujours possible. Au-delà des contraintes et des limites de ces types de données, le
chercheur peut se baser sur une complémentarité des sources, ce qui impliquera des allers-
retours entre données primaire et secondaires.
Evidemment, notre recherche est fondée sur la base de données des banques de l’échantillon
(communications financières), ainsi que les statistiques du secteur bancaire de chaque pays que
nous allons définir dans la suite du chapitre, en vue de mesurer l’efficience des banques et
d’élaborer un modèle terrain qui vise à déterminer les facteurs qui affectent cette efficience.
Dans ce sens, nous allons utiliser les données secondaires tout en veillant aux risques et aux
biais de ces données.

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III.2.2. Quel type d’approche ?
Choisir entre approche qualitative et quantitative est une tâche historique du chercheur qui
devra traiter son objet de recherche. Cependant, la distinction semble ambiguë et difficile à
opérer, ce qui nous amène à étudier les critères de séparation entre les deux approches à savoir
la nature de la donnée, l’orientation de la recherche, le caractère objectif ou subjectif des
résultats et le degré de flexibilité de la recherche. En effet, il faut nuancer la différence entre
données quantitatives et approche quantitative, car un chercheur pourra bien évidemment traiter
des données qualitatives (variables nominales) à travers une approche quantitative.
Les données qualitatives sont de nature nominale et ordinale (Evrard et al., 2000). Les premières
fournissent des relations d’identification ou d’appartenance à une classe (départements,
services…) en utilisant un calcul de fréquence seulement, tandis que les deuxièmes établissent
une relation d’ordre entre les objets en utilisant un classement basé sur une échelle arbitraire
(classement des entreprises selon la taille…), et en se limitant à des mesures de position
(médiane…).
Les données quantitatives sont collectées en se basant sur des échelles d’intervalles, ou de
proportion. Les échelles d’intervalles comparent les distances ou les différences (degré de
satisfaction de 1 à 10…) en utilisant la moyenne et l’écart-type. La définition d’un Zéro naturel
passe la mesure aux échelles de proportions. Cette dernière est la plus riche en termes d’analyses
et de possibilités de calculs statistiques différentes à travers des rapports (ratio du ROA,
ROE…).
Le deuxième critère de distinction est l’orientation du chercheur. Il s’agit du choix entre la
construction ou le test d’un objet théorique. Dans ce courant, les chercheurs admettent que
l’approche qualitative utilise plutôt l’exploration, alors que l’approche quantitative utilise la
vérification par le biais du test (Brabet, 1988). Cependant, cette idée réductionniste de la
distinction de ces deux approches peut revêtir certaines limites. En effet, le chercheur peut
utiliser une approche qualitative pour tester une théorie et chercher à la réfuter. A l’inverse, il
pourra utiliser une approche quantitative dans une démarche exploratoire. L’idéal serait donc
de pouvoir réconcilier les deux approches en vue d’accroître la validité interne et externe du
construit.
En ce qui concerne le caractère de la recherche, il est commun de considérer que l’approche
quantitative est de nature objective en introduisant une nette séparation entre l’observateur et
l’observé, ce qui soutient le paradigme positiviste, tandis que l’approche qualitative est
rattachée à la subjectivité de la recherche qui signifie d’accepter des interrelations entre le
chercheur et les sujets. Cette dernière approche est donc plus adaptée au contexte
intérprétativiste et constructiviste où le caractère d’objectivité n’est pas exigé. Toutefois, Miles
et Huberman (1991) plaident pour l’utilisation d’une approche quantitative en utilisant un
positivisme aménagé.
Il ne reste que le degré de flexibilité comme dernier critère crucial de distinction. Ainsi,
l’approche quantitative n’est pas tout à fait flexible parce que la définition des variables
dépendantes et indépendantes ou l’élaboration d’un questionnaire en phase préparatoire, ne
permettent plus la modification de la question de la recherche (modification coûteuse et
difficile) en période de recueil et d’analyse des données, à moins de remettre en cause la

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recherche. Dans le cas contraire, l’approche qualitative offre une plus grande flexibilité en
permettant au chercheur de modifier la question de recherche dans différentes phases de l’étude,
ou même changer de direction en cas d’imprévu (Bryman, 1999).
Après avoir exposé les différents critères de distinction entre les deux approches, nous pouvons
justifier notre choix par des raisons épistémologiques, du mode de recueil et d’analyse des
données. Ainsi, nous allons utiliser des échelles de proportion en vue de calculer les ratios des
variables de l’étude. Également, notre orientation fondée sur le test des hypothèses de notre
recherche, et le devoir d’objectivité dicté par le paradigme positiviste impliquent l’adoption
d’une approche quantitative. Ainsi, l’accessibilité au terrain de recherche s’avère difficile
puisque certaines données peuvent s’avérer confidentielles. Le dernier critère apparaît comme
étant un résultat et non plus un critère, puisque la définition de la question de la recherche, et
les variables de l’étude supposent une flexibilité peu faible. Pareil, nous avons vu utile de
procéder à une analyse exploratoire de notre terrain d’étude en vue de se familiariser avec la
question de la recherche, de clarifier les concepts théoriques et les hypothèses de la recherche
(Lambin, 1990) du fait de l’irréversibilité de l’approche quantitative.

III.3. La stratégie d’étude de l’objet de recherche


Définir la stratégie par laquelle l’objet de recherche sera analysé est une étape aussi cruciale.
Elle permet de répondre à la question du comment étudier l’objet de recherche, soit par la
compréhension de cet objet (recherche sur le contenu), ou par son analyse dans le temps
(recherche sur le processus). Cette définition très générale des deux approches nous mène à
approfondir notre analyse pour pouvoir nuancer la différence, puisqu’elles permettent un
enrichissement mutuel et peuvent contribuer à l’étude d’un même objet.
En effet, une recherche sur le contenu est équivalente à une coupe transversale de l’objet à un
instant T, où le chercheur ne va pas s’intéresser à l’évolution de l’objet de recherche. Deux
approches sont donc possibles en vue de conduire une recherche sur le contenu suivant l’objectif
du chercheur à savoir la description, ou l’explication.
Dans ce sens, une recherche sur le contenu qui visent seulement la description est intéressante
dans la mesure où l’objet de recherche est peu connu par la communauté scientifique, ou qu’il
existe un nombre limité de travaux empiriques et de recherches théoriques. Cette situation
conduit le chercheur à essayer de décrire, seulement, cet objet sans pour autant s’intéresser aux
liens de causalité. Ces liens peuvent être étudiés dans une recherche sur le contenu explicatif
qui nécessite indispensablement une étude descriptive.
Le chercheur dans ce chemin peut être confronté à plusieurs défis qui doivent être traités dans
la phase préparatoire de l’étude. D’abord, le chercheur doit définir clairement l’objet de
recherche qu’il veut décomposer. Ensuite, il doit décider s’il ambitionne analyser le contenu de
l’objet à partir de la théorie ou à partir des données empiriques. En final, le chercheur devra
définir son objectif à savoir décrire ou expliquer.
La définition de la stratégie de recherche devra encore être affinée par un choix entre deux
approches de la recherche sur le contenu descriptif. La première approche consiste à
décomposer l’objet étudié en sous-unité, en utilisant comme méthode l’analyse des réseaux ou
des discours et des représentations. La deuxième approche consiste à identifier les formes au

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lieu de le décomposer, en mettant l’accent sur l’interdépendance des éléments qui constituent
l’objet de la recherche à travers une approche configurationnelle par exemple.
Simultanément, la recherche sur le contenu explicatif est associée au schéma hypothético-
déductif et l’approche quantitative. Dans ce sens, la recherche des liens de causalité entre les
variables indépendantes et dépendantes est effectuée à travers un ensemble d’hypothèses qui
seront testées et interprétées en vue d’expliquer cette relation. De la même manière, un
chercheur pourra mener une démarche inductive et qualitative pour expliquer les liens de
causalité qui émergent du terrain (Tellis et Golder, 1996).
Il est à noter que la plupart des recherches commencent par une recherche sur le contenu
descriptif pour ensuite décomposer les concepts de l’étude, ou/et identifier ses configurations.
Une étape préparatoire à la formulation des hypothèses, et l’opérationnalisation des variables.
L’exemple peut être tiré de notre recherche qui vise à décrire les variables de notre étude en
vue d’identifier des relations de causalité à travers des hypothèses définies au préalable.
En ce qui concerne les recherches sur le processus, la dimension « temps » est au cœur des
préoccupations du chercheur. Il cherche à analyser et à décrire l’évolution d’une variable dans
le temps, soit par sa durée (temps présence de la variable), sa périodicité (comportement régulier
dans le temps) ou sa tendance (la variable est en augmentation ou en décroissement suite à un
événement, actions...). De même, l’objectif du chercheur peut être de décrire ou d’expliquer.
L’objectif de description conduit le chercheur à comprendre la composition du processus dans
son ordre et dans son enchaînement dans le temps. Ainsi, il a pour objectif de décrire en
profondeur l’objet étudié à travers les données collectées en vue d’établir des régularités, des
séquences ou des phases qui composent cet objet. Le deuxième objectif du chercheur peut être
la comparaison de deux ou plusieurs processus pour déduire des similarités ou des points de
différences. Dans l’autre sens, la recherche sur le processus explicative tente d’expliquer
l’évolution d’une variable en fonction de l’évolution d’autres variables. Dans ce cas, le
chercheur vise à vérifier si la modification d’une variable dans le temps, impliquerait une
modification d’une autre variable (elle aussi en évolution).
Les travaux utilisant la recherche sur le processus doivent être capable de répondre à trois défis,
à savoir la décomposition de la variable processuelle, la délimitation du processus étudié, et
l’ordonnancement des intervalles dans le temps. Le premier problème consiste à décomposer la
variable processuelle en des sous-variables, pour ensuite décider les éléments qui doit
conserver. Dans ce cadre, le chercheur peut effectuer cette décomposition à partir de son terrain
(démarche inductive) ou à partir des éléments théoriques et pratiques (démarche déductive).
Miles et Huberman (1991) proposent des plans de codage pour décomposer ses variables.
Le deuxième problème relève de la délimitation du processus étudié par rapport au temps et par
rapport à l’objet et au contexte. La délimitation du processus par rapport au temps est une tâche
délicate mais indispensable, car le chercheur devra savoir quand commencer la collecte des
données (début du processus). Ce choix entraîne une répercussion importante sur
l’interprétation de ce processus. Dans ce contexte, les chercheurs suggèrent d’étudier
l’évolution d’une organisation dans son environnement en parallèle avec ses décisions en vue
d’identifier l’axe temporel de la recherche. Le deuxième aspect de délimitation remonte à
l’objet et à son contexte, du fait que le processus d’évolution est un objet bougeant et modifié

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dans le temps et que le contexte n’est plus le même. De ce fait, le chercheur devra définir avec
précision l’objet qui souhaite étudier ainsi que son contexte, au risque de manquer des limites
de sa recherche. Une distinction qui est tributaire aux capacités cognitives du chercheur et que
les experts n’en trouvent pas de recette magique.
La définition des intervalles temporels soulève le troisième problème. En effet, le chercheur
devra décomposer son objet en intervalles de temps, cependant, la définition du nombre
d’intervalles peut être problématique. Certaines recherches estiment décomposer l’objet en
intervalles de temps limités pour faciliter la compréhension et l’explication, d’autres recherches
décomposent plus finement l’objet en vue d’une compréhension détaillée. Dans d’autres termes,
le niveau de détail est le facteur déterminant de l’ordonnancement temporel du processus.
L’étude de Langley et al. (1995) propose cinq modèles de déroulement d’un processus pour
faciliter la tâche aux chercheurs.
Au-delà de la différenciation qui existe entre ces deux stratégies, un enrichissement mutuel peut
conduire le chercheur à les utiliser de façon associée. La recherche sur le contenu descriptif ou
explicatif peut être enrichit par le processus. Par exemple, une étude hypothético-déductive peut
intégrer la logique processuelle en vue d’expliquer la relation causale entre variables
dépendantes et variables indépendantes (Van de Ven, 1992). Pareil, une recherche sur le
processus nécessite la décomposition des variables. Ces variables doivent être décrites et
enrichies à travers une recherche sur le contenu.
A travers cette analyse du choix de l’approche de la recherche, nous concluons que les deux
approches sont nécessaires pour la connaissance de l’objet. De même, le chercheur peut choisir
une approche particulière en vue d’approfondir sa connaissance. L’essentiel est que le
chercheur doit être en mesure de choisir son positionnement. Un tableau permettant cette
sélection est présenté ci-après :
Tableau 13 : Choix du positionnement du chercheur

Importance contenu
Faible Forte
Importance Temps
Faible - Recherche sur le contenu

Forte Recherche sur le processus Approche mixte

Suivant ces explications, notre étude se positionne au niveau d’une recherche sur le contenu
explicatif, qui intégrera une recherche sur le processus en vue de pouvoir incorporer la
dimension temps dans notre étude. Ainsi, l’étude des déterminants de l’efficience nécessite la
définition des variables (dépendantes et indépendantes) ainsi que les hypothèses qui sont
associées (démarche hypothético-déductive), dans la perspective d’établir des relations de
causalité. Ces relations peuvent être mises dans le temps en vue de leurs justifications. Dans ce
sens, notre étude n’ambitionne pas d’utiliser une approche mixte, mais de bénéficier d’un
enrichissement mutuel entre les deux approches en se basant essentiellement sur une recherche
sur le contenu.

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IV. Récapitulation des choix et positionnement du chercheur
Faisant suite à notre détour théorique et épistémologique, nous avons vu nécessaire de
récapituler nos choix et notre positionnement. En effet, nous avons sélectionné notre thème de
recherche après une longue période de réflexion et d’études sur différents thème et domaines.
Le travail de thèse requiert d’accorder une attention particulière à la méthodologie de recherche
scientifique qui commence par la motivation à un thème de recherche particulier. Ainsi, notre
motivation s’avérait pour les banques islamiques qui ont développé leurs activités de façon
continue depuis les années 60 et se considèrent comme étant une activité lucrative, mais avant
tout éthique. Un aspect qui manque aux banques conventionnelles et à leurs pratiques toxiques.
Face à ces avancées remarquables, dans un contexte de turbulence mondial, la finance islamique
en général a permis un modèle serein et rentable. De même, nous nous sommes intéressés à
l’étude de l’efficience de ces banques comme garant de la pérennité des organisations, car,
comme nous avons remarqué à plusieurs fois, les scores d’efficience constituent un indicateur
pertinent de la santé financière d’une entreprise, et peut même prévenir des crises financières.
En voulant approfondir notre recherche sur les banques islamiques, nous avons remarqué deux
choses essentielles. En premier lieu, la Malaisie est l’une des pays précurseurs et les plus
avancés en termes de finance islamique, comme nous venons d’exposer au niveau de la
première partie (chapitre III, section 2, I.2). Dans le cas contraire, la Royaume du Maroc est
considérée comme les pays très en retard en termes d’adaptation d’un système financier
islamique, jusqu’à finir par l’installation des filiales et des fenêtres participatives, tout en
omettant de développer un écosystème favorable à leurs lancements. Aussi, la réticence des
autorités et le lobbying n’ont permis nullement le développement de cette industrie de façon
indépendante. Cependant, ces entités ont connu un succès flagrant et une croissance à deux
chiffres. L’occasion qui nous a poussé à s’interroger sur le lien entre ces résultats et le degré
d’efficience de ces banques. Tout de même, l’estimation des scores d’efficiences des banques
malaisiennes et marocaines a poussé la recherche vers la décomposition de cette efficience en
deux mesures à savoir l’efficience technique pure et l’efficience d’échelle. L’évaluation de ces
scores a repoussé notre recherche à l’idée de concevoir un modèle qui vise à déterminer les
facteurs susceptibles d’expliquer cette efficience. Ainsi, le sujet de notre recherche est proposé
comme suit : « Les déterminants de l’efficience des banques participatives marocaines, en
comparaison avec leurs consœurs malaisiennes ». Ce benchmark entre deux pays,
contradictoires à première vue, nous a permis de développer une vision plus claire et
approfondie sur l’industrie financière islamique et ses opportunités de développement. De
même, les pratiques managériales et l’écosystème favorable en Malaisie peuvent constituer une
source d’inspiration aux dirigeants des banques participatives Marocaines en vue d’accroître
leurs activités, dans un marché en plein demande (étude partie I, chapitre III, section 1, I.3).
Après avoir établi le thème, le sujet et la problématique de notre recherche, il est temps de
revenir sur la conclusion des choix effectués pour concevoir notre modèle en termes de
paradigme épistémologique, et d’approches de recherche. En fait, l’étude de notre sujet
nécessite la découverte de la réalité objective en testant des hypothèses inspirées de la théorie,
ce qui conduit à un positionnement positiviste, en postulant que la réalité possède une essence
propre. Ce choix implique que les hypothèses réalistes du paradigme stipulent que notre objet
de recherche existe indépendamment du sujet, tout en respectant un ordre universel. Dans ce

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sens, l’analyse de l’efficience des banques islamiques et participatives obéira à des règles
universelles et objectives, en testant des hypothèses réalistes, dans la perspective est la
découverte et l’explication de la relation causale qui existe entre les variables indépendantes et
la variable dépendante. Pour confirmer nos résultats, nous allons se baser sur les trois critères
définis par le paradigme positiviste à savoir la vérifiabilité qui revient à vérifier empiriquement
toute proposition (hypothèse), la confirmabilité qui signifie que nous allons établir une
probabilité de confirmation de nos propos (probabilité), et la réfutabilité qui vise à réfuter une
théorie plutôt que l’affirmer comme étant vraie.
Par la suite, nous avons articuler notre objet de recherche autour des insuffisances théoriques
liées au nombre limité de travaux sur l’efficience des banques islamiques en général, et des
banques participatives marocaines en particulier. De même, l’hétérogénéité des études
empiriques sur l’influence théorique des variables explicatives sur l’efficience appelle les
dirigeants à prendre leurs précautions contre le risque de détérioration des scores d’efficience
et les stimulent à chercher les sources d’amélioration de l’efficience. Nous partons donc d’une
insuffisance de la théorie et d’une hétérogénéité entre la théorie et les faits, et d’un problème
concret afin de constituer notre objet de recherche, tout en se basant sur des outils
méthodologiques existants. Dans ce sillage, la construction de l’objet de recherche est faite sous
l’égide du positivisme, en respectant une interrogation objective des faits en vue d’améliorer
(comprendre et expliquer) notre connaissance sur la structure sous-jacente des banques
islamiques.
Une fois le fondement épistémologique défini, plusieurs choix restent en conséquence
tributaires à ce positionnement. En effet, le paradigme positiviste implique un mode de
raisonnement déductif (constructif) en passant du général au particulier. Ce raisonnement
engage automatiquement la voie du test des hypothèses, formulées par nos soins, en vue
d’apporter une valeur ajoutée à la connaissance et juger la pertinence de notre modèle.
Suivant la finalité de la recherche, nous devons encore choisir le type des données à collecter.
Les données primaires sont issues du terrain du chercheur, détiennent un statut de validité
interne immédiate contre une validité externe faible, et gardent un niveau de flexibilité
important, cependant, l’accessibilité à ces données peut s’avérer difficile. Les données
secondaires, quant à elles, sont disponibles, peu flexibles, et détiennent un statut de vérité
formalisée et maitrisée (travaux publiés). Dans ce sillage, nous avons fondé notre étude sur des
données secondaires basées sur les statistiques et les communications financières des banques
de l’échantillon, et des entités régulatrices du marché comme la banque centrale. D’autres
données secondaires peuvent être nécessaire à l’accomplissement de notre recherche comme
les variables macro-économiques.
Au-delà du choix entre ces données, nous devons veiller au contrôle des risques et des
implications de chaque type de données sur les résultats de la recherche. Que les données soient
primaires, ou secondaires, nous devons avancer pour choisir l’approche de la recherche qui
demeure rattachée au positionnement épistémologique. Ainsi, nous avons penché vers une
approche quantitative qui oriente le chercheur vers le test d’hypothèses, en introduisant une
nette séparation entre le sujet et l’objet et en utilisant les échelles de proportion pour la mesure
de ratios de l’étude. De même, le choix de l’approche quantitative implique un degré de
flexibilité faible du fait de la difficulté de modification tardive des questions et des hypothèses

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de la recherche. Sans oublier les risques liés à notre orientation, nous avons mentionné la
nécessité d’une étude exploratoire du terrain.
Il ne reste qu’une seule question liée à la stratégie d’étude de l’objet de recherche. Cette question
détermine l’angle d’analyse de l’objet de recherche, à savoir par son contenu ou par son
processus. Dès lors, l’analyse de notre sujet à travers une approche quantitative et une démarche
hypothético-déductive requiert la compréhension de l’objet étudié et son explication (recherche
sur le contenu explicatif). Simultanément, l’établissement des relations de causalité est enrichi
par l’intégration de la dimension temporelle en vue de justifier les résultats de notre recherche.

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Section 2 : Mise en œuvre du design de recherche
Cette section est l’occasion de mettre l’accent sur le modèle de recherche qui devra guider notre
recherche empirique. En effet, nous allons recourir au modèle du design de recherche proposé
par Thietart (2007). Ce design constitue l’épine dorsale de la thèse et la condition d’équilibre
entre la problématique, le cadre théorique, la méthode, l’analyse et la discussion qui doivent
être construits, réfléchis et justifiés. Il s’agit d’un travail qui devra saisir les enjeux, envisager
les différentes possibilités, et s’assurer d’un design robuste en vue de réfléchir aux points clés
de la recherche et de s’assurer d’une progression dans un bon chemin.
Dans ce sens, nous allons définir un design de recherche qui harmonise les éléments de notre
recherche, dans la perspective est de répondre à notre problématique principale, tout en
justifiant nos choix méthodologiques, en termes de méthode d’analyse, des variables utilisées,
et des démarches de recherche et de recueil de données. Ainsi que de mettre en avant les
résultats et la valeur ajoutée attendue de ce travail.
Par la suite, nous passons à l’analyse de l’échantillon de notre recherche constituée de dix-sept
banques, dont quatre banques participatives marocaines et treize banques islamiques
malaisiennes, qui peuvent figurer, ou ne pas figurer, dans toute la période d’analyse de 2012 à
2021, en raison de l’indisponibilité des données. En final, nous allons présenter les données et
les indicateurs qui seront utiliser dans l’étude de l’évolution de l’efficience, et de ses
déterminants.
I. Design de recherche et choix méthodologiques
Avant de commencer tout travail de recherche empirique, il est impératif d’élaborer un design
de recherche qui guidera l’étude depuis son lancement jusqu’à sa fin. Dans ce contexte, nous
allons élaborer dans cette section le design de recherche en définissant les éléments nécessaires
à la préparation de notre étude, et en justifiant les choix méthodologiques.

I.1. Présentation du design de recherche


Le design de recherche est tributaire au positionnement épistémologique choisi. Ainsi, les
partisans du paradigme positiviste stipule que seule la méthode scientifique fondée sur
l’approche quantitative et la démarche hypothético-déductive (l’expérimentation) sont
autorisées. A l’opposé, les partisans du constructiviste utilisent l’approche qualitative et
l’exploration comme méthodes spécifiques à l’étude des individus et leurs institutions
(l’ethnographie).
Le design de recherche ou l’architecture de la recherche, est la trame qui permet d’articuler les
différents éléments d’une recherche : problématique, littérature, données, analyse et résultat
(Thietart et Coll, 2007). Il s’agit d’un élément crucial de tout projet de recherche empirique,
quel que soient l’objet de recherche et le point de vue méthodologique choisis (Grunow, 1995).
Cependant, l’élaboration d’un design de recherche valide et cohérent, nécessite une
structuration méthodologique de la recherche et un processus itératif entre la méthode
d’analyse, le mode de recueil des données et les résultats attendus. Ce processus itératif est
source d’échec ou de succès de tout projet de recherche, d’où la nécessité d’une meilleure
compréhension de l’objet de recherche, et d’une formulation détaillée du design de recherche.
Suivant la figure présentée ci-après, nous notons que le travail d’élaboration du design

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commence après une période non négligeable d’exploration et de préparation de la revue de
littérature en vue de définir la problématique générale. De même, une phase de prétest peut être
envisagée, après la définition des éléments du design de recherche initial, pour déterminer la
convenance des choix. Dans la suite, nous présenterons le positionnement du design de
recherche dans la phase de l’étude.
Figure 13 : Positionnement de l’étape d’élaboration du design de recherche dans la
démarche générale de l’étude

1- Identification du thème de recherche

2- Revue de littérature

3- Définition de la problématique

4- Elaboration du Design de recherche

5- Recueil de données

6- Analyse des données

7- Résultats

Source : Méthodes de recherche en Management, R.A, Thietart et coll., 3éme édition, Dunod,
2007 ;

Après avoir présenté la démarche générale de la recherche, il y’a lieu d’exposer de façon
approfondie notre design de recherche expérimental et de justifier nos choix méthodologiques.
Nous commençons tout d’abord par le cadre théorique et un rappel de la problématique de
recherche.

I.1.1. Cadre théorique et problématique de recherche


Pour rappel, le développement remarquable des banques participatives Marocaines en termes
de croissance importante et du succès incontestable durant la période de lancement en 2017
jusqu’à l’année 2021 a suscité notre intérêt pour étudier ces entités à travers l’analyse de leurs
degrés d’efficience. Notre étude n’est pas fondée nécessairement sur une théorie définie, mais
suscite une approche pluridisciplinaire en vue d’expérimenter la relation causale entre
l’efficience et ses déterminants. Pareil, nous avons pris la Malaisie pour un benchmark qui
permet de tirer profit de leurs pratiques managériales et s’inspirer des points forts qui améliorent
le classement de ces banques islamiques au niveau mondial.
Dans ce sillage, l’objet de notre recherche intitulé l’analyse des déterminants de l’efficience des
banques participatives marocaines, en comparaison avec leurs consœurs malaisiennes, requiert
l’établissement d’une démarche explicative et d’un positionnement épistémologique qui

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cherche à expliquer les interactions entre l’efficience comme étant une variable à expliquer et
ses variables explicatives en poursuivant une approche hypothético-déductive. Il s’agit de
comprendre et d’expliquer le sens et le poids de chaque variable indépendante sur la variable
dépendante (l’efficience) après avoir analyser son évolution dans le temps. Cette situation
suppose que nous avons déjà procéder à la mesure de l’efficience à travers l’approche des
frontières d’efficience.
La problématique centrale questionne donc la définition des déterminants d’efficience des
banques participatives marocaines en comparaison avec les banques islamiques malaisiennes.
A titre de rappel, l’objet de notre recherche implique un positionnement positiviste, suivant une
démarche quantitative cherchant à appréhender et à expliquer les raisons de l’évolution de
l’efficience des banques de l’échantillon à travers une étude des facteurs internes, et externes.
Suivant le choix de notre positionnement et les objectifs tracés par la recherche, nous devons
définir la démarche de notre recherche et la méthode de collecte des données.

I.1.2. Démarche de recherche et recueil de données


La démarche choisie auparavant est une approche quantitative érigée par le recueil des données
secondaires sur la période déterminée de 2012 jusqu’à 2021, dans l’objectif est de décrire
l’évolution de l’efficience des banques participatives marocaines et de ces consœurs
malaisiennes, tout en décortiquant cette efficience en une efficience technique pure et une
efficience d’échelle, ce qui nous permettra de déceler le type d’efficience qui influence le plus
les banques de notre échantillon.
Dans la seconde partie de notre étude, nous allons définir les déterminants qui peuvent
influencer (négativement ou positivement) cette efficience en vue de tirer des renseignements
sur les facteurs devant être améliorer pour augmenter leurs efficiences respectives. De même,
nous devons tirer profit des bonnes pratiques des banques islamiques malaisiennes qui
dominent le marché mondial avec 20,6% de part de marché en 2018, et qui exercent ce métier
depuis 1983. Dans ce sens, la démarche choisie est bien évidemment un test d’hypothèses à
partir de la base des données de l’échantillon.
Rappelons que nous devons s’assurer de l’adaptation des données à la démarche de recherche
choisie, et que cette démarche peut répondre à notre problématique. De même, il faut garder en
tête que certaines données peuvent être difficilement accessibles, indisponibles et d’autre fois
confidentielles. De surcroît, les données sur les banques malaisiennes peuvent constituer un
défi pour notre recherche qui doivent être traduites, et rapprochées aux données des banques
marocaines du fait de la différence entre les méthodes de présentation comptable entre les deux
pays. Ces éléments peuvent conduire à diminuer notre schéma idéal de recherche et tenir
compte de la faisabilité et la cohérence du design de recherche.
Pour conclure, nous allons recourir aux bases de données constituées à travers les statistiques
et les communications financières disponibles des banques participatives Marocaines et des
banques islamiques malaisiennes. De même, nous allons bénéficier de notre recherche
théorique, au niveau de la première partie, concernant plusieurs éléments tels que les méthodes
de mesure de l’efficience ainsi que les travaux relatifs aux facteurs qui déterminent l’efficience
en vue de définir les variables qui seront utilisées dans notre étude, et qui permettent d’expliquer

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au mieux l’évolution de cette efficience. Un choix qui reste tributaire à la disponibilité des
données sur ces variables.
En ce qui concerne le choix de notre échantillon. Il est constitué de quatre banques participatives
marocaines (Bank Assafa, Bank Al Yousr, Umnia Bank et BTI Bank) pour la période allant de
leur lancement en 2017 à 2021, tandis que l’échantillon des banques islamiques malaisiennes
est constitué de treize banques dont deux banques islamiques de propriété étrangère pour la
période couvrant 2012 à 2021 (10 ans). Une partie est réservée plus loin pour la justification du
choix de la période et l’adéquation de l’échantillon de l’étude.

I.1.3. Méthodologie d’analyse et variables utilisées


La méthodologie d’analyse doit correspondre à la finalité de la recherche. Ainsi, le choix du
chercheur doit dépendre de la question de recherche et type de résultat projeté, et ne doit en
aucun cas suivre une tendance ou une méthode sophistiquée. Dans ce sens, nous avons utilisé
des méthodes statistiques et des outils informatiques adaptés à notre besoin de recherche, tout
en maitrisant les conditions d’utilisations, les limites et les contraintes de chaque méthode et
outil. Par exemple, nous savons que la méthode de la régression linéaire ne génère pas des
estimations assez fiables sur une variable dépendante censurée, mais elle est indispensable pour
pouvoir juger la pertinence statistique du modèle (calcul des indicateurs statistiques comme le
coefficient de détermination R²).
En vue de pouvoir mesurer l’efficience technique des banques de l’échantillon, nous allons
utiliser la méthode non paramétrique d’estimation de la frontière d’efficience, à savoir la
méthode d’enveloppement des données (DEA) développée la première fois par Charnes et al.
en 1978, tout en se basant sur l’approche d’intermédiation. La méthode DEA est la plus utilisée
dans les études de mesure de l’efficience bancaire en raison de sa flexibilité et le nombre réduit
de ses hypothèses. Cette méthode a été exhaustivement présentée dans la partie théorique, tout
en mettant en avant ses avantages et ses limites. De même, l’approche d’intermédiation est
adaptée au contexte des banques qui considèrent que les dépôts sont des inputs et non plus des
outputs (voir partie I, chapitre II, Section 1, III.3).
Dans l’objectif de concevoir un modèle explicatif de la variable dépendante, nous allons
employer la méthode de la régression de type Tobit qui apparaît comme étant la méthode
d’estimation la plus appropriée et qui génère des estimations plus fiables pour l’étude des
variables dépendantes censurées (entre 0 et 1). De toute évidence, la variable dépendante de
notre étude est l’efficience, estimée par la méthode DEA. Cette variable sera approfondie et
décomposée en deux mesures à savoir l’efficience technique pure et l’efficience d’échelle.
En ce qui concerne les variables indépendantes, l’étude théorique de notre thèse nous a permis
de répertorier plusieurs facteurs qui peuvent constituer des variables explicatives de
l’efficience. Notre choix s’est appuyé essentiellement sur la disponibilité des informations et la
possibilité d’opérationnalisation de ces variables. Dans ce sens, nous avons choisi de scinder
ces facteurs en trois types à savoir les facteurs internes liées aux banques de l’échantillon, les
facteurs relatifs au secteur bancaire et les facteurs relatifs à l’environnement macro-
économique. Ainsi, nous avons sélectionné les variables suivantes comme des variables
internes à la banque qui sont le type de propriété qui peut être de nature étrangère ou locale,
publique ou privée, la taille, la rentabilité (ROA et ROE), le ratio du total de crédits et

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financements accordés, le ratio du risque de crédit, la capitalisation de la banque, et la
solvabilité bancaire. De même, nous avons pris comme variable spécifique au secteur bancaire,
le Risk Bank obtenu par le ratio du total des créances douteuses au total des prêts distribués par
le secteur bancaire. Tandis que pour les variables relatives à l’environnement macro-
économique, le PIB par Habitant et l’inflation sont suffisants.
Après avoir présenté les éléments pratiques de notre approche méthodologique, il y’a lieu
d’exposer la finalité de notre recherche et les résultats attendus.

I.1.4. Résultats attendus et apports de la recherche


Effectuer une recherche suppose atteindre des résultats et apporter de la valeur ajoutée à la
recherche et à la connaissance. Notre étude ne va pas loin de cet objectif, puisque nous voulons
élaborer un design de recherche cohérent entre données, méthodes et résultats. De surcroît, Il
est nécessaire de vérifier l’adéquation des résultats souhaités avec la problématique élaborée
initialement pour pouvoir rapprocher ces deux éléments, et apporter de nouvelles connaissances
au champ étudié. Il est de même utile de pouvoir connecter les résultats attendus à la revue de
littérature et s’interroger sur le degré de généralisation de nos résultats.
Rappelons que notre étude estime mesurer en premier lieu l’efficience des banques islamiques
malaisiennes et des banques participatives marocaines en vue d’analyser ces résultats et les
mettre dans leurs contextes à travers une analyse des rapports financiers de ces banques et une
analyse du contexte macro-économique (intégrer la crise sanitaire dans l’étude). Par la suite,
nous allons déterminer les facteurs qui affectent l’efficience des banques de l’échantillon en
vue de déceler les variables qui améliorent (ou détruisent) le score d’efficience. Ces variables
sont issues de la revue de littérature élaborée dans la première partie de notre thèse. En final,
nous devons effectuer un Benchmark pour les pratiques devant être appliquées pour développer
l’activité bancaire participative au Maroc, tout en bénéficiant des bonnes pratiques
managériales des banques malaisiennes et des autorités financières et économiques qui essaient
de promouvoir l’activité bancaire islamique. Il s’agit des éléments qualitatifs qui peuvent
enrichir notre analyse et justifier l’utilité et l’apport de notre recherche à l’industrie financière
islamique en général, et à l’activité bancaire participative marocaine en particulier. A titre de
conclusion, nous présentons le tableau suivant qui récapitule les principales orientations de
notre design de recherche :
Tableau 14 : Récapitulation des choix méthodologiques

- Quels sont les déterminants d’efficience des banques participatives


Problématique Marocaines en comparaison avec les banques islamiques
Malaisiennes ?
- Approche pluridisciplinaire d’expérimentation fondée sur une
Cadre théorique
relation causale entre l’efficience et ses déterminants ;
Démarche choisie - Test d’hypothèses à partir de base de données ;

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- Base de données constituée à travers les communications financières
disponibles des banques participatives marocaines et des banques
islamiques malaisiennes ;
- L’échantillon est de 4 banques participatives marocaines pour la
Recueil de données période allant de 2017 à 2021 ;
- L’échantillon est de 13 banques islamiques malaisiennes dont deux
banques islamiques de propriété étrangère pour la période couvrant
2012 – 2021 (10 ans) ;

- La méthode DEA pour le calcul d’efficience en se basant sur


Méthode d’analyse l’approche d’intermédiation ;
- La régression de type Tobit pour l’étude des déterminants ;
- La variable dépendante est l’efficience estimé par le DEA ;
- Les variables indépendantes sont :
 Les variables spécifiques à la banque : type de propriété, la taille,
la rentabilité, le ratio du total des financements accordés, le ratio
du risque de crédit, la solvabilité bancaire… ;
Variables utilisées  Une variable spécifique au secteur bancaire à savoir le Risk Bank
obtenu par le ratio du total des créances douteuses au total des
prêts distribués par le secteur bancaire ;
 Les variables relatives à l’environnement macro-économique : le
PIB par habitant, l’inflation ;
- Estimer l’efficience des banques islamiques malaisiennes et des
banques participatives marocaines ;
Résultats attendus - Déterminer les facteurs influançant l’efficience ;
et apports de la - Effectuer un Benchmark pour les pratiques devant être appliquées
recherche pour développer l’activité bancaire participative au Maroc ;
- Bénéficier des bonnes pratiques managériales des banques
malaisiennes ;

I.2. Justification des choix méthodologiques


La recherche empirique de notre travail de thèse portera donc sur un benchmark d’efficience et
des pratiques managériales efficientes en vue d’évaluer les déterminants qui affectent
négativement/positivement l’efficience des banques participatives marocaines par rapport à
leurs consœurs malaisiennes. Le choix de la Malaisie comme pays de benchmark est dû à deux
raisons essentielles. La première raison est d’ordre quantitatif. Ainsi, la Malaisie est le troisième
pays au monde en termes d’actifs financiers islamiques, juste derrière deux pays dont la
population musulmane est beaucoup plus importante que celle de la Malaisie, qui compte
environ 32 millions de personnes. Tandis que L'Iran compte 575 milliards de dollars d'actifs
pour un total de 86 millions de musulmans, et l'Arabie saoudite (541 milliards de dollars, 35
millions). Ce volume représente 20,6% de part de marché en 2018.
En ce qui concerne la deuxième raison d’ordre qualitatif. La Malaisie est considérée comme un
hub financier islamique qui domine le marché depuis 1983. Il dispose d’un système financier
islamique solide et complet avec un régime réglementaire et un cadre juridique robustes axé sur
les entreprises. La Malaisie est l’une des principaux centres mondiaux de la finance

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islamique171. En outre, la banque centrale malaisienne se focalise sur la création d'un
environnement réglementaire favorable, d'une infrastructure de marché complète, d'un
développement continu du marché en termes de diversité des produits, de liquidité et
d'innovation, et d'une libéralisation continue des politiques de change pour soutenir le
développement du marché financier. De la même manière, l’inclusion financière est un axe
important dans la stratégie financière islamique de la Malaisie à travers l’accès du grand public,
des PME et des TPE au financement, aux services financiers et à l’information financière.
Plusieurs entités sont créées pour cette raison à savoir la Malaysia Cooperative Societies
Commission, Credit Guarantee Corporation, Credit Bureau, SME Credit Bureau, Small Debt
Resolution Scheme.
En ce qui concerne les méthodes d’analyses choisies. L’intérêt du choix de la méthode DEA
réside dans sa capacité à décomposer l’efficience technique en une efficience technique pure et
une efficience d'échelle. De même, elle consiste à déterminer des benchmarks d’efficience
(unités de production de référence) et à situer l’ensemble des unités par rapport à ces
benchmarks. Elle procède par enveloppement de données. De ce fait, les unités qui se situent
sur l’enveloppe (ou frontière empirique de production) constituent donc les points de référence.
Une distance des autres unités à cette frontière de production constitue une mesure de leur
inefficience.
La méthode DEA est utilisée, aussi, pour cette recherche, parce qu’elle permet une adéquation
entre l’activité bancaire et l’objet de notre recherche en se basant sur l’approche
d’intermédiation. La disponibilité des données (inputs et outputs) en est ainsi une autre raison.
Elle peut être envisagée sous un angle multi-input, multi-output. Elle est donc particulièrement
adaptée au domaine du contrôle de gestion bancaire, comme le montrent les travaux de La
Villarmois (1999, 2001), Hubrecht et al. (2005), Deville (2009), Deville et Leuleu (2010) et
Deville et al. (2014). L’étude conduite par La Villarmois (1999, 2001) au sein des réseaux
d’agences bancaires souligne en particulier l’adéquation entre la mesure d’un concept à la fois
polysémique et multidimensionnel et l’instrument de mesure ou plutôt d’approche de la
performance que constitue l’outil DEA.
En ce qui concerne la méthode de régression, lorsque la variable dépendante se trouve bornée
à droite, à gauche ou ne prend que des valeurs comprises dans l'intervalle [0 ; 100%], ou bien
lorsque que la variable dépendante est tronquée ou censurée, la méthode d'estimation des
moindres carrés ordinaires (MCO) trouve des difficultés pour minimiser les erreurs. Dans ce
cas, le modèle linéaire ou la méthode des moindres carrés ordinaires ne sont pas appropriés
pour quantifier les relations existantes entre les variables indépendantes et la variable
dépendante et peuvent conduire à des estimateurs biaisés. En revanche, si de plus, la variable
dépendante est tronquée ou censurée et si l'on suppose que le terme d'erreur soit distribué
normalement, le modèle Tobit est mieux approprié pour estimer les paramètres des variables
indépendantes (Tobin, 1958 ; Honoré, 1993).

171
Home - The Malaysia International Islamic Financial Centre (MIFC), consulté le 24/05/2022 ;

Page 191 sur 346


Pour ces raisons, nous allons utiliser la méthode Tobit pour l’étude des déterminants sachant la
variable dépendante est limitée. Dans notre cas, l’efficience varie entre 0 et 1. Ainsi, le modèle
Tobit génèrera des estimations plus consistantes aux coefficients de la régression172.
II. Choix de l’échantillon et des données
Après avoir présenté notre design de recherche et justifier nos choix méthodologiques, nous
passons à la présentation de l’échantillon de notre étude, tout en précisant les principaux critères
de sélection et des méthodes de sélection de l’échantillon. Pareil, nous allons délimiter le
nombre des banques incluses pour chaque année, en raison de l’indisponibilité des
communications financières de certaines banques marocaines et malaisiennes. Finalement, nous
allons spécifier les types d’indicateurs, et de données qui doivent être utilisés dans notre étude
ainsi que leurs sources respectives.

II.1. Détermination de l’échantillon de l’étude


Avant de partir sur la définition de l’échantillon de notre étude, il est nécessaire d’expliciter la
démarche suivie pour cette fin. En effet, notre mode de raisonnement hypothético-déductif et
notre approche quantitative nécessite la prise en charge d’un échantillon relativement important
en vue d’accroître la validité interne (cohérence des résultats aux objectifs du chercheur), et la
validité externe (généralisation des résultats dans des conditions de lieu et de temps différents).
Ainsi, trois critères sont utilisés pour s’assurer de la validité d’une étude, il s’agit de la nature
de l’échantillon, la méthode de sélection et le nombre des observations (ou des cas) inclus dans
l’échantillon.
La nature de l’échantillon hétérogène peut augmenter le risque de validité interne et externe de
l’étude du fait des variables non contrôlées ou non prises en compte dans le modèle. Cependant,
il permet une meilleure généralisation des résultats. D’autres part, un échantillon homogène
permet d’éviter ces risques au détriment d’une meilleure validité externe. Un consensus doit
être effectué dans ce sens. En ce qui concerne les méthodes de sélection, elles peuvent être de
différentes natures en commençant par les échantillons probabilistes destinés à croître la validité
externe de l’étude, jusqu’à les échantillons de convenance qui ne suivent aucune règle
particulière de sélection. La suite de ce point est réservée au développement de ces méthodes
en vue de pouvoir spécifier notre choix.

II.1.1. Choix de la méthode de sélection


Les méthodes probabilistes sont divisées en cinq. La première méthode concerne les
échantillons aléatoires simples qui nécessitent une liste exhaustive et numérotée de la
population en vue d’un tirage aléatoire de cette liste. La dispersion géographique et le coût de
l’étude sont les inconvénients essentiels de la méthode. L’échantillon systématique, comme
deuxième méthode, ne nécessite pas une liste exhaustive mais utilise un intervalle de sélection
(pas) égal à l’inverse du taux de sondage. Cependant, cette méthode est peu répandue du fait de
la complexité et des biais de sélection qui présente. Nous passons donc à la troisième méthode,
appelée échantillon stratifié, qui consiste à décomposer la population à partir de critères définis
à priori afin de former des strates ayant des caractères homogènes. Ensuite, il s’agit de définir

172
Catherine Benjamin et al., Économétrie appliquée: méthodes, applications, corrigés, 2e éd,
Ouvertures économiques, Bruxelles, Paris : De Boeck, 2009 ;

Page 192 sur 346


de façon aléatoire le taux de sondage. Toutefois, cette méthode nécessite une connaissance
fiable et élevée de la population, au risque de se retrouver avec des strates biaisées.
La quatrième méthode se base sur un échantillon à plusieurs degrés en faisant des tirages
successifs à différents niveaux. Cette méthode commence par un échantillon général jusqu’à
finir par un tirage simple d’un échantillon plus fine, tout en respectant le principe
d’équiprobabilité173. La dernière méthode probabiliste est celle d’un échantillon par grappe, qui
représente un cas particulier d’un échantillon à deux degrés et un développement simplifié de
cette méthode. Ainsi, au lieu de sélectionner les éléments un à un, on sélectionne par sous-
grappes. Le premier niveau correspond à des grappes définis de façon aléatoire, le deuxième
niveau consiste à effectuer un recensement des individus.
En passant aux méthodes non aléatoires, la méthode des quotas consiste à choisir un échantillon
à partir d’un échantillon détenant une représentativité mesurée de la population étudiée. Elle
permet de pallier les insuffisances relatives à l’absence de bases de données et aux coûts
importants de l’étude. Ainsi, le chercheur peut définir son quota de façon simple en fonction de
son choix (biais de sélection), ou à travers un choix au hasard en vue d’éviter le biais de
sélection. Les résultats de cette méthode ne sont pas significativement différents de ceux
obtenus par une méthode de sondage aléatoire (Gouriéroux, 1981).
La troisième grande méthode de sélection est le choix raisonné. Il repose sur la subjectivité du
chercheur et son jugement sans pour autant se baser sur une procédure particulière ou une base
de la population. L’avantage de cette méthode pour le contexte organisationnel tient du fait que
la base de sondage n’est pas toujours établie. De même, le choix raisonné permet au chercheur
de sélectionner de manière précise l’échantillon en vue de respecter le critère d’homogénéité.
Ce critère peut paraître indispensable dans certains domaines d’études telles que les sciences
sociales.
Le choix entre ces méthodes doit être poursuivi par une prise en conscience des biais de
l’échantillon que peut engendrer une méthode de sélection. Ainsi, le premier type de biais est
la variabilité des estimations qui revient aux différences de résultats entre échantillons. Ce biais
existe relativement dans les méthodes probabilistes. Le deuxième biais concerne le biais
d’échantillonnage qui peut être dû à la méthode de sélection (conditions de tirages aléatoire non
respectées ou que les quotas sont définis par le chercheur subjectivement) ou dû à des biais
d’estimateur (les estimateurs détenant de mauvaises propriétés mathématiques peuvent biaiser
l’étude). Le dernier type de biais non reliés directement à la sélection de l’échantillon sont à
l’ordre de deux. Ainsi, le biais de couverture correspond à un problème d’identification de la
population étudiée ou à sa délimitation. Le biais de non-réponses revient à deux problèmes. Le
premier est celui du refus de réponse par les répondants, l’autre problème provient de
l’impossibilité de contacter ou retenir un élément défini préalablement dans l’échantillon.
A noter qu’il n’existe pas de recette magique pour définir son échantillon, ou d’éviter ces biais.
Ces éléments sont tributaires aux connaissances du chercheur, à son expérience avec le terrain
et à ses capacités. De même, l’adéquation entre la population de référence et la population
étudiée n’est jamais parfaite.

On a une situation d’équiprobabilité quand toutes les issues d'une expérience aléatoire ont la même
173

probabilité ;

Page 193 sur 346


Après avoir défini les différentes méthodes de sélection de l’échantillon. Il est temps de
déterminer la taille de celui-ci. De ce fait, le nombre des observations est un critère déterminant
de la validité interne des résultats. Cette validité est exprimée de façon objective pour les
données quantitatives (seuil de signification par exemple), ou de manière subjective pour les
études qualitatives.

II.1.2. Choix de la taille de l’échantillon


En général, un échantillon important revient à conclure sur des résultats fiables et crédibles.
Cependant, il n’est pas toujours le cas si on intègre la variable temps et coûts, ainsi que la
nécessité de sous-traiter la collecte des données qui peut engendrer des erreurs et des procédures
de contrôles rigides. De même, certaines études sont de nature restrictive du fait d’une
population très limitée. Ainsi, l’étude de la relation entre l’efficience et les banques
participatives marocaines implique un choix d’une population totale de 5 banques présentes
seulement sur le marché. La détermination de la taille de l’échantillon nécessite donc la prise
en compte de plusieurs critères qui se distinguent par l’approche de recherche (quantitative ou
qualitative). Nous présentons dans la suite ces critères pour pouvoir satisfaire les conditions de
définition de la taille de l’échantillon.
Les études qualitatives utilisent un échantillon de type « un cas » ou « cas multiples ». L’étude
qui se fonde sur un seul cas est critiqué par la communauté des chercheurs puisque la
connaissance produite est idiosyncratique (non généralisable). Cependant, son utilisation peut
paraître utile dans la mesure où elle peut être une source de généralisation (Pondy et Mitroff,
1979). Yin (2003) défini cinq critères d’utilisation d’un cas unique :
 Le test d’une théorie existante ;
 L’étude d’un cas ayant un caractère extrême ou unique ;
 L’étude d’un cas typique ou représentatif ;
 La révélation d’un phénomène initialement inaccessible à la communauté scientifique ;
 L’étude longitudinale d’un cas (deux moments dans le temps).
Ces différents cas peuvent justifier l’utilisation d’un cas unique. Au contraire, l’utilisation de
cas multiples peut paraître judicieuse pour atteindre un niveau de confiance satisfaisant, ce qui
amène à s’interroger sur la taille de l’échantillon. Dans ce sens, deux critères sont possibles
pour définir cette dernière. En premier lieu, le principe de réplication revient à décider le degré
de certitude souhaité et l’ampleur des différences constatées. En deuxième lieu, le principe de
saturation théorique. Cette situation est atteinte lorsque l’ajout d’une observation
supplémentaire n’enrichit plus la théorie. Ainsi, le chercheur devra décider à postériori la taille
de son échantillon en termes d’apport marginal.
Les principes présentés dans les études qualitatives visent à accroître la validité interne des
études, cependant la validité externe nécessite son amélioration à travers l’ajout de nouveaux
cas, ou le changement du contexte d’observation (changer la localisation, l’organisation…).
Quant aux études quantitatives, le chercheur devra prendre en considération l’objectif de son
étude qui peut être le test d’hypothèses ou la description de la population. Cette dernière est
qualifiée à travers sa précision par plusieurs facteurs à savoir le seuil de signification, la
variance de la population (mesuré par l’écart-type), la technique d’échantillonnage et la taille
de la population. Le premier facteur est choisi par le chercheur selon le degré de signification

Page 194 sur 346


qu’il souhaite atteindre, il est communément utilisé à 1%, 5%, et 10% suivant le type de la
recherche et la qualité statistique souhaitée. Bien évidemment, la taille de l’échantillon
augmente tant que le degré de précision tend à augmenter. Le deuxième facteur est mesuré par
les chercheurs en se basant sur les études précédentes, sur un petit échantillon ou sur
l’estimation (Churchill,1991). La technique d’échantillonnage comme troisième facteur tend à
modifier la taille de l’échantillon suivant la méthode utilisée. De ce fait, Henry (1990) propose
un tableau synthétisant les coefficients d’ajustements en fonction des méthodes
d’échantillonnages :
Tableau 15 : Coefficients d’ajustements (Deff) de la variance en fonction des méthodes
d’échantillonnages
Méthode
Deff Remarques
d’échantillonnage
Echantillons Le ratio dépend du nombre de strates et de la
0,5 à 0,95
stratifiées corrélation entre les variables utilisées
Echantillons à L’effet de la méthode peut être partiellement réduit
1,25 à 1,50
plusieurs degrés par l’utilisation simultanée de la stratification
Le ratio dépend du nombre de grappes, de
Echantillons par
1,50 à 3,00 l’homogénéité des individus appartenant à chaque
grappes
grappe et de l’utilisation (ou non) de la stratification
Le dernier facteur concernant la taille de la population permet de diminuer la taille de
l’échantillon à travers la diminution de sa variance (mesure conventionnelle utilisée de n/N, où
n est la taille de l’échantillon, et N constitue la taille de la population). La définition de la taille
de l’échantillon destiné à tester des hypothèses doit respecter certaines conditions qui visent à
accroître la significativité des résultats. Nous citons l’importance de l’effet mesuré, la puissance
du test, et le nombre de paramètres à estimer.
L’importance d’un effet est une variable difficile à estimer, d’où l’utilisation des effets des
recherches précédentes, d’une étude sur un petit échantillon ou le recours à un effet minimal
(inférieur à 1%) pour la définition de la taille de l’échantillon. L’importance de l’effet est censée
décrire la force de la relation entre deux ou plusieurs variables dans la population. Plus cet effet
est petit, plus la taille de l’échantillon augmente.
La puissance du test (1-β) est un critère peu utilisé dans les recherches scientifiques. Elle
correspond à la probabilité de rejeter avec raison Ho. Le risque β étant d’accepter Ho à tort. Par
exemple, si le résultat du test de l’hypothèse Ho est accepté, et qu’en réalité Ho est vraie. Nous
concluons que notre décision est correcte avec une probabilité de (1-α), avec (1-α) est le seuil
de confiance. Ce test peut être calculé à partir des résultats de l’étude, ou estimé à partir d’une
formule définie174, plus ce ratio est faible, plus nous aurons besoin d’augmenter la taille de
l’échantillon. De même, Laplanche et al. (1987) estiment que l’existence de deux échantillons
dans une seule étude doit être poursuivi par une taille identique. Au cas contraire, un échantillon
de petite taille devra être compensé par un échantillon de grande taille pour augmenter la
puissance du test.

174
Pour plus de développement, Puissance de Test, Taille d'Échantillon Optimale et Intervalles de
Confiance (statsoft.fr) ;

Page 195 sur 346


Le dernier critère est le nombre de paramètres à estimer. Ce dernier dépend des variables et
d’effets d’interaction à étudier. Plus le nombre de ces paramètres augmente, plus la taille de
l’échantillon doit être grande. De même, la sophistication des méthodes nécessite encore
l’accroissement de la taille de l’échantillon pour atteindre un niveau de significativité accepté.
Malheureusement, il n’existe pas de méthode de calcul élaborée, mais seulement des
estimations empiriques sur la taille de l’échantillon adéquate pour éviter des erreurs (Milton,
1986 ; Bentler et Chou, 1987 ; Cohen, 1988 ; MacCallum et al.,1996).

II.1.3. Constitution de l’échantillon


Notre étude empirique vise à sélectionner un échantillon hétérogène constitué de banques
islamiques de la Malaisie, et de banques participatives au Maroc. Ainsi, les banques de chaque
pays seront traitées de façon indépendante en vue d’une analyse distincte, et de façon intégrée
en vue d’une comparaison des deux terrains.
En ce qui concerne la méthode de sélection. Nous avons fondé notre étude sur un échantillon
choisi en fonction d’une représentativité importante du terrain en termes du total des banques
incluses dans l’échantillon et la puissance du test, afin d’éviter le biais de sélection, dans la
mesure du possible. Il s’agit de réconcilier entre les choix liés à la validité interne et externe de
l’étude ainsi que des concessions, des contraintes et des défis liés à la disponibilité des données
sur les banques de l’échantillon, C’est en fin de compte, une méthode de sélection par quotas
en fonction de la disponibilité des données sur le terrain dans la mesure où les méthodes
probabilistes ne peuvent être appliquées (le choix aléatoire n’étant pas possible). Tout de même,
le choix raisonné ou les échantillons de convenance ne sont pas adaptés à notre contexte et ne
poursuivent pas notre objectif de vérification de validité interne et externe.
Nous jugeons que le seul biais présent dans notre étude est le biais de sélection. Ce dernier peut
être traité par le recours à une représentativité importante de l’échantillon par rapport à la
population étudiée. Le biais de couverture correspondant à la population étudiée ne présente
pas de risque puisqu’elle est identifiée clairement (banques islamiques). Le biais de non-
réponse ne risque pas de nuire sur la qualité de l’échantillon puisque notre méthode d’analyse
ne prévoit pas des méthodes relatives à un questionnaire, ou des entretiens qui impliquent la
participation des répondants.
Le nombre des observations inclus dans l’échantillon est tributaire aux contraintes du terrain.
Cependant, le test statistique d’hétéroscédasticité permet de vérifier la possibilité des inférences
statistiques d’après le nombre des observations et la variance des erreurs. Dans ce sens, la
définition de la taille de l’échantillon obéit à la logique d’une étude quantitative à travers la
description de la population étudiée et le test d’hypothèses. Notre taille est définie donc par le
seuil de signification où nous acceptons les résultats fiables à 1%, 5% et 10%. De même, le
ratio de l’échantillon par rapport à la population est à l’ordre de :

 n/N pour les banques islamiques Malaisiennes : 13 / 16 = 81,25% ;


 n/N pour les banques participatives Marocaines : 4/ 5 = 80% ;
Dans la perspective d’accroître la validité de notre étude, nous avons utilisé la puissance du test
de la moyenne qui existe dans la fourchette de 0.963 et 0.93, selon Laplanche et al., (1987),
puisque le n2 (échantillon des banques islamiques de la Malaisie) est égal à 3 fois l’échantillon
des banques participatives au Maroc (n1). Les autres méthodes présentées plus haut sur les

Page 196 sur 346


techniques de l’échantillonnage ne seront pas utiles dans notre recherche puisque nous estimons
utiliser la méthode des quotas. Nous nous contentons donc par ces trois mesures à savoir le seuil
de signification, la taille de la population, et la puissance du test.
L’évaluation et l’étude de l’efficience des banques marocaines et malaisiennes a nécessité, dans
ce cas, la prise en compte d’un échantillon composé de dix-sept (17) banques. En fait, sur un
total de seize (16) banques islamiques malaisiennes, nous avons pris treize (13) échantillons
dont deux (2) banques de propriété étrangère. De même, sur un total de cinq (5) banques
participatives marocaines, nous avons pris quatre (4) banques dont une banque de propriété
marocaine et le reste de propriété partagée entre des banques marocaines et étrangères. Nous
présentons dans ce qui suit le tableau listant les banques de l’échantillon.
Tableau 16 : Liste des banques de l’échantillon

Pays Nom de la banque


1. Affin Islamic Bank Berhad
2. Alliance Islamic Bank Berhad
3. AmBank Islamic Berhad
4. Bank Islam Malaysia Berhad
5. Bank Muamalat Malaysia Berhad
6. CIMB Islamic Bank Berhad
Malaisie 7. Hong Leong Islamic Bank Berhad
8. Kuwait Finance House (Malaysia) Berhad
9. Maybank Islamic Berhad
10. MBSB Bank Berhad
11. Public Islamic Bank Berhad
12. RHB Islamic Bank Berhad
13. Standard Chartered Saadiq Berhad
1. Bank Al Yousr
2. Bank Assafa
Maroc 3. Umnia Bank
4. BTI Bank
En raison de l’absence de quelques communications financières, nous présenterons le nombre
de banques incluses dans l’échantillon par pays et par année.
Tableau 17 : Nombre de banques par pays et par année

Année
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Pays
Malaisie 11 11 13 13 13 13 13 13 13 13

Maroc - - - - - 3* 4 4 4 4

Total 11 11 13 13 13 16 17 17 17 17
* BTI Bank n’a commencé ses activités qu’en décembre 2017. Ce qui rend l’échantillon à
seulement 3 banques.

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Au total, 145 observations ont été collectées pour pouvoir obtenir les résultats les plus fiables
possibles. Ainsi, l’échantillon retenu dans les deux pays recouvrent les banques islamiques les
plus présentes sur le marché.
Quant à la période d’étude. Nous avons choisi de diviser notre analyse sur deux périodes. La
première couvre l’intervalle de temps commençant de 2012 jusqu’à l’année 2021 (10 ans) pour
les banques islamiques malaisiennes. Au contraire, la période d’étude pour les banques
participatives marocaines correspond à la date de leur lancement en 2017 jusqu’à 2021 175. De
la manière, notre analyse jugera la qualité des banques malaisiennes sur une période assez
longue en vue d’une plus grande visibilité sur les résultats à obtenir.

II.2. Source des données


La collecte des données et la gestion de leurs sources est une tâche indispensable à tout travail
de recherche. En effet, nous avons déjà défini les données secondaires comme source de
données pour notre étude. Cependant, nous devons spécifier les différentes méthodes de
collecte de données primaires et secondaires.
Nous commençons par les données primaires qui se subdivisent en deux types : les recherches
quantitatives et les recherches qualitatives. Ces dernières peuvent utiliser trois méthodes de
collecte des données. La première étant la technique des entretiens qui peut être individuelle ou
de groupe. Cette méthode est destinée à collecter des données reflétant l’univers mental des
individus. Il s’agit des discussions semi-directives ou non directives où l’investigateur garde
une attitude empathique et flexible, guide l’entretien sans pour autant intervenir activement, et
encadre l’interviewé (ou les interviewés) par des questions. Toutefois, il faut garder à l’esprit
que les entretiens de groupe peuvent engendrer des réticences de certains membres, ou la
domination d’un individu ou d’un petit groupe sur la discussion. La deuxième méthode de
collecte est l’observation. Elle permet d’observer des processus ou des comportements en se
basant sur des données factuelles et non verbales. Ainsi, elle existe quatre postures du chercheur
dans le terrain, à savoir le participant complet, le participant-observateur, l’observateur-
participateur et l’observateur complet ou dissimulée (Junker, 1960 ; Gold, 1970). Il est évident
que ces postures varient selon le degré de participation du chercheur, cependant certains
chercheurs peuvent choisir l’observation non participante (non systématique ou systématique).
La troisième méthode concerne les mesures discrètes. Ces mesures ne sont pas affectées par la
réactivité du sujets-sources parce qu’elles sont recueillies à leur insu (Webb, Campbell,
Schwartz et Sechrest, 1966). Il s’agit des données primaires tirées du terrain en vue de
compléter ou de vérifier certaines données indiscrètes.
La gestion de ces sources de données qualitatives nécessite le respect des obligations et des
contraintes posées par l’étude. Ainsi, la question d’accès aux sources primaires est un problème
qu’un chercheur doit faire attention avant d’entamer la préparation de son sujet. Il doit vérifier
si l’accès au terrain requiert l’octroi d’autorisations. De surcroît, il devra préparer sa pénétration
au terrain sans pour autant être bloqué par des biais de confiance. Dans ce sens, les chercheurs
peuvent utiliser le parrainage pour guider la collecte des données, tout en veillant aux biais
d’utilisation de cette technique (biais de sélection, influence sur les interviewés…). Cette

175
Seule Umnia Bank a commencé ses activités en 2016, avec des engagements de financement en
faveur de la clientèle totalisant 37 Millions de MAD ;

Page 198 sur 346


situation doit être résolue par une plus grande flexibilité du chercheur, qui doit faire preuve
d’ingéniosité et d’opportunisme dans la gestion des relations entre les sujets et le chercheur, au
risque de produire deux phénomènes à savoir le risque de contamination des sources, et de perte
du terrain de l’étude.
La contamination des sources peut être une entrave difficile à surmonter dans certaines
recherches, que cette influence soit directe ou indirecte, elle doit être surveillée de façon
attentive. La contamination peut provenir de l’interaction entre les acteurs enquêtés dans la
mesure où certains acteurs peuvent contaminer les nouveaux sources (contamination
intragroupe). Également, la contamination des sources peut provenir de l’interaction entre la
population interviewée et le chercheur, dans la mesure où le parrain de la recherche peut définir
la population étudiée et la séquentialité des interviews. Cette situation doit être gérer en limitant
l’influence du parrain sur l’étude. Le dernier risque provient des sources secondaires qui
peuvent être contaminées et contaminantes. Contaminées par les acteurs qui leur sont produits,
et contaminantes parce que le chercheur pourra les utiliser sans vérification préalable de la
validité de ces données.
Dans ce sillage, le chercheur devra garder une attention particulière aux sujets-sources. Aussi,
il doit veiller à préserver son terrain d’étude, ou ses chantiers de recherches, parce que la perte
d’un site (terrain) peut décider l’arrêt du travail ou du moins la substitution de ce chantier. Une
solution qui est couteuse, et n’est pas toujours possible. En passant à la deuxième méthode de
collecte des données primaires, les données quantitatives sont collectées à travers trois modes
à savoir le questionnaire, les cadres d’observation et les méthodes expérimentales.
Evidemment, le questionnaire est le moyen le plus utilisé dans les études en management. Son
élaboration complexe nécessite le respect de certaines étapes élaborées. Nous présentons de
manière brève ces étapes divisées en deux.
La première étape concerne l’élaboration du questionnaire. Elle commence par la rédaction des
questions qui doivent être bien définies, précises et compréhensibles par les personnes
interrogées (langue, statut socio-professionnel, etc). Ensuite, le chercheur doit construire les
échelles de mesures quantitatives (nominales, ordinales, d’intervalles ou de proportion). De
même, il devra choisir l’instrument de mesure qui peut être constitués des questions
« ouvertes », « semi-ouvertes » ou « fermées ». Dans ce sens, il peut se baser sur les études
théoriques précédentes pour définir son échelle ou à défaut définir sa propre échelle de mesure,
tout en portant une attention particulière aux tests de validité et de fiabilité. Enfin, la
structuration du questionnaire doit être claire, bien présenté (ordre logique de questions) et
permet d’obtenir un maximum d’information. Plusieurs auteurs ont longuement détaillé les
règles et les procédures de structuration du questionnaire (Converse et Presser, 1986 ; Dillman,
2007 ; Schuman et Presser, 1981).
La deuxième étape concerne l’administration du questionnaire. En effet, une phase de prétest
est indispensable en vue de vérifier l’adéquation des questions à l’étude, la validité des échelles
de mesure, et la concordance des hypothèses de recherche et les outils d’analyse statistique
utilisés. Par la suite, le chercheur devra choisir le mode d’administration du questionnaire qui
peut auto-administré ou en administration assisté (présence d’un tiers énonçant le texte) en
fonction de l’objectif du chercheur et la population étudiée. En final, le chercheur doit spécifier
le mode d’envoi du questionnaire. Pour cela, il peut se baser sur un questionnaire postal ou par

Page 199 sur 346


Email en cas d’auto-administration. Dans le cas contraire, il pourra utiliser le CAI (Computed
Assisted Interview) en se basant sur les entretiens téléphoniques, sur des entretiens en face à
face, ou sur des supports visuels (vidéo, texte…).
Après avoir présenté les modes de collecte des données primaires. Nous passons à l’analyse des
données secondaires. Ces données sont indispensables compte tenu de leurs statuts de fiabilité
et de validité. Cependant, elles peuvent s’avérer obsolètes. Il est à noter que les données
secondaires peuvent être d’ordre interne ou externe. Les données secondaires internes reposent
sur des informations produites par les organisations ou les chercheurs telles que les archives,
les rapports, les procédures, etc. Le recours à ces données permet au chercheur d’analyser un
processus, reconstituer les actions et les décisions prises en vue de comprendre et d’expliquer
ces éléments. Toutefois, ces données peuvent être difficilement accessibles ou repérables du
fait de leurs confidentialités.
L’accès à l’internet a permis aux données secondaires externes d’émerger. Il s’agit des données
disponibles sur les moteurs de recherches et les sites des différentes entreprises et organisations.
Tout de même, l’accès aux bibliothèques et aux centres de documentation est facilité par
l’utilisation des plateformes internet accessibles. Mais le traitement de ces données peut
nécessiter un temps important de traitement et d’appropriation des bases de données. De
surcroît, le chercheur devra veiller sur la fiabilité de ces données et la préservation de la
confidentialité (anonymat des interrogés ou des organisations objets d’étude).
Dans notre recherche, nous avons décidé d’utiliser les données secondaires internes et externes
afin de mesurer l’efficience des banques en utilisant des données inhérentes aux inputs (intrants)
et aux outputs (extrants). Ces données sont issues des communications financières publiées par
les banques à savoir le bilan, le compte de résultat et les autres annexes contenues dans les
rapports financiers annuels. La deuxième partie de notre étude concernant les facteurs
spécifiques, pouvant influencer l’efficience des banques marocaines et malaisiennes, sont
déduits directement à partir des états financiers (capitalisation, risque de liquidité, risque de
crédit…). En ce qui concerne les facteurs macro-économiques (PIB, inflation). Ils sont obtenus
à partir des rapports annuels de la banque mondiale ou des banques centrales des deux pays.
En vue de permettre une comparabilité de ces données, les chiffres collectés seront convertis
en Dollar américain (USD) en utilisant le taux de change en vigueur le 31 décembre de chaque
année176, date d’établissement des états financiers annuels. Le tableau ci-après synthétise les
types de données que nous allons collectés, ainsi que leurs sources.

176
Les données de conversion sont prises à partir des sites des banques centrales des deux pays : BANK
AL-MAGHRIB - Cours virement moyen de fin de mois (bkam.ma) & Exchange Rates - Bank Negara
Malaysia (bnm.gov.my), consulté le 30/04/2022 ;

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Tableau 18 : Types des données et leurs sources

Type de données Source de données


- Actif immobilisé
- Charges du personnel
- Total des dépôts
- Commissions reçus / Produits de financement Publications financières
- Total des financements accordés annuelles
- Type de propriété de la banque
- Total des actifs de la banque
- Résultat net de l'exercice
- Capitaux propres
- Créances douteuses du secteur bancaire Statistiques de la banque centrale
- Total des actifs bancaires
- PIB par habitant Rapports de la Banque Mondiale
- Inflation
- Efficience technique
Computation personnelle
- Efficience technique pure
- Efficience d'échelle

Les types de données que nous venons d’exposer seront utilisées dans l’étude empirique. Dans
un premier temps, nous allons analyser l’évolution des inputs et des outputs des banques de
l’échantillon. Ensuite, nous allons calculer les scores d’efficiences tout en décomposant
l’efficience en une efficience technique pure et une efficience d’échelle. En final, nous allons
terminer par l’analyse des facteurs déterminants de l’efficience des banques à travers les
différentes variables explicatives définies auparavant.

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Ce chapitre a constitué le début du chemin de la recherche empirique qui doit commencer par
la conception du modèle de recherche. Il s’agit du premier travail à lequel un chercheur doit se
livrer à travers l’analyse de son positionnement épistémologiques et méthodologique en vue de
guider sa recherche et contrôler, dans la mesure du possible, le risque d’échec. En effet, les
recherches quantitatives doivent surveiller autant ce risque, car l’irréversibilité de cette
approche et son degré de flexibilité faible influencent gravement l’évolution de la recherche,
comme nous avons mentionné supra.
Dans ce sens, nous rappelons que ce chapitre a été scindé en deux sections. La première section
a rappelé les éléments essentiels se rapportant au fondement épistémologique et théorique du
chercheur, garant d’une démarche saine, claire et précise. D’abord, nous avons commencé par
le choix de la posture épistémologique, tout en exposant les critères rattachés à chaque
paradigme (positivisme, interprétativisme et constructivisme). Ensuite, nous avons mis en
évidence les voies de construction de l’objet de recherche, spécialement, en contexte positiviste.
Le troisième point de la section a mis le focus sur le mode de raisonnement adapté à notre
contexte, et l’approche dictée par ce raisonnement (approche quantitative en se basant sur un
raisonnement hypothético-déductif), sans oublier de choisir les types de données que nous
devons collecter. En avançant plus loin, nous avons mis le point sur la manière d’analyse de
l’objet de l’étude à travers une recherche sur le contenu (et le processus éventuellement). La fin
de cette section a marqué notre récapitulation générale des choix effectués et dictés par le
paradigme positiviste, tout en mettant en avant notre développement du thème de la recherche
en une problématique.
La deuxième section marque l’opérationnalisation des concepts. De ce fait, deux aspects ont
été défini. Le premier aspect a été la mise en œuvre du modèle de recherche qui correspond à
l’analyse du cadre théorique et la problématique, la définition de la démarche de recherche et
le mode de recueil de données, la méthodologie d’analyse et les variables à utiliser, ainsi que la
projection des résultats attendus et l’apport de la recherche. Ces quatre éléments sont formulés
autour du design de recherche. Par la suite, nous avons consacré une partie pour la justification
de nos choix méthodologiques. Le deuxième aspect de cette section a concerné la détermination
de l’échantillon de notre étude, ainsi que les sources des données.
Ce chapitre marque la fin des débats épistémologiques et théoriques sur les choix opérés par le
doctorant. Par ailleurs, il constitue le point de départ de l’étude empirique. Dans ce sens, nous
allons commencer le deuxième chapitre de cette thèse par l’évaluation de l’efficience des
banques de l’échantillon de l’étude, tout en décomposant cette efficience, en une efficience
technique pure technique et une efficience d’échelle. Cette étape est un préliminaire
indispensable à l’élaboration du modèle d’analyse, au troisième chapitre, et qui permet d’établir
la relation entre la variable dépendante et les variables indépendantes.

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Chapitre II : Evaluation de l’efficience des banques islamiques
Malaisiennes et Marocaines

Le chapitre précédent de notre travail de thèse a constitué une opportunité pour mettre en valeur
notre méthodologie de recherche et notre vision d’apport de la valeur ajoutée à la connaissance
générale. En effet, le travail empirique est le noyau dur d’une étude doctorale parce qu’il permet
non seulement de déceler des conclusions permettant de comprendre et d’expliquer les résultats
de l’étude, mais encore, de tester l’aptitude et les compétences du doctorant à travers sa maitrise
de la méthodologie de recherche.
De ce fait, nous allons commencer notre étude empirique par la mesure de l’évolution de
l’efficience technique des banques de l’échantillon. Une étape prioritaire et indispensable pour
concevoir notre modèle explicatif des facteurs déterminants de l’efficience considérée comme
étant la variable dépendante (à expliquer). Dès lors, le travail de ce chapitre sera scindé en deux
sections.
La première section concerne l’analyse de l’évolution des inputs définis par l’approche
d’intermédiation. Il s’agit des facteurs de production à savoir l’actif immobilisé, des charges du
personnel pour la mesure du facteur capital et les dépôts comme input intermédiaire. Les
outputs sont composés par les financements accordés et les produits et commissions reçus. Ce
travail sera suivi par une discussion de ces variables à travers une mise en contexte et un
commentaire sur leurs évolutions. Evidemment, nous devons effectuer un rapprochement entre
les deux modes de comptabilisation du fait de la différence notable entre les deux pays. Ces
choix seront explicités pour chaque variable.
La deuxième section concerne en premier lieu, l’évaluation et l’analyse de l’efficience
technique de toutes les banques de l’échantillon, ainsi qu’une analyse répartie entre les deux
pays (l’efficience des banques participatives marocaines et celles malaisiennes), tout en
expliquant les raisons d’évolution favorable ou défavorable des scores d’efficience. Par la suite,
nous allons effectuer une décomposition de l’efficience technique en une efficience technique
pure (PTE) et une efficience d’échelle (SE) en vue de pouvoir analyser, dans le temps, leurs
évolutions et spécifier le type d’efficience qui règne au niveau des banques de l’échantillon. En
final, nous allons comparer et analyser les résultats des deux types de mesure de l’efficience à
travers une segmentation par pays.
La fin de ce chapitre sera notre opportunité pour engager une discussion sur les résultats de
notre étude et de rappeler les différentes conclusions présentées au niveau de cette partie. Elle
permet de former une idée claire sur l’évolution des facteurs de production et des ressources
des banques qui peuvent influencer les scores d’efficience des banques et commencer la
conception du modèle empirique de recherche.

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Section 1 : Mesure des inputs et des outputs
Comme nous venons de préciser, calculer l’efficience des banques revient à choisir une
méthode d’évaluation. Dans cette étude, nous allons utiliser la méthode non paramétrique, à
savoir l’Analyse par l’Enveloppement des Données (DEA) développée supra. Pour se faire,
nous utiliserons le programme Max DEA pro qui permet d'attribuer un score d'efficience à
chaque observation.
Avant de commencer le processus, il est primordial de préciser et de calculer les inputs et les
outputs utilisés dans l’étude selon l’approche choisie. Il s’agit donc de l’approche
d’intermédiation qui considère la banque comme étant un intermédiaire financier. Dans ce cas,
les inputs choisis sont l’actif immobilisé qui désigne le capital physique, les charges du
personnel qui reflète le facteur travail, ainsi que le total des dépôts comme facteur intermédiaire
de production.
Le choix des outputs a concerné, premièrement, les commissions reçus des opérations de
financement en vue d’avoir une mesure claire et correcte sur le gain que réalise les banques
islamiques à travers la commercialisation de leurs produits financiers participatifs (ou
islamiques). Le deuxième output est le total des financements distribués, une mesure qui
indique la capacité des banques à transformer les dépôts en financements et assurer leurs rôles
d’intermédiaire. Ce calcul se fera pour toutes les banques de manière globale (les deux pays) et
de manière séparée pour chacune d’elles.
I. Evolution des inputs
En se basant sur l’approche d’intermédiation, nous avons pris trois inputs en vue d’évaluer
l’efficience des banques de l’échantillon. Il s’agit des facteurs traditionnels de production qui
sont le travail et le capital, tout en ajoutant le moyen de production ou le noyau dur des banques
qui sont les dépôts.
Suivant ce choix, le capital physique représente l’actif immobilisé des banques, c’est-à-dire, les
immobilisations corporelles, incorporelles et financières nécessaire à l’exercice de leurs
fonctions, tandis que les dépôts représentent le capital financier des banques (dépôts de la
clientèle, Wakala Bil isthitmar, etc). En ce qui concerne le facteur travail, nous avons choisi les
charges du personnel comme mesure pertinente du poids de ce facteur dans les inputs de la
banque.
Nous allons commencer par la présentation des inputs utilisés par banque et par pays, en
annexes, avant de présenter de manière consolidée les inputs utilisés par l’ensemble des banques
de l’échantillon pour les deux pays (total consolidé), ainsi que pour chaque pays à part entière
durant toute la période de l’étude (total consolidé pour les banques marocaines, et pour les
banques malaisiennes).

I.1. Evolution de l’actif immobilisé


Nous commençons la présentation des inputs par le total de l’actif immobilisé pour chaque pays
et de manière consolidée durant toute la période de la recherche. Le tableau suivant synthétise
l’évolution de notre premier input :

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Tableau 19 : Evolution de l’actif immobilisé
Année
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Libellé
Total
- - - - - 27,3 47,7 45,5 45,6 46,1
Maroc
Total
149,8 144,7 237,5 181,2 162,4 172 190,7 302,5 298,5 278,7
Malaisie
Total
149,8 144,7 237,5 181,2 162,4 199,3 238,4 348 344,1 324,8
consolidé
Unité de mesure : Millions de dollars Américains (USD)

Source : Elaboré par nos soins à travers les communications financières des banques de
l’échantillon pour la période 2012 à 2021
A travers le tableau, il apparaît clairement que le total de l’actif immobilisé connait une
évolution aléatoire pour l’ensemble des banques islamiques malaisiennes depuis l’année 2012
jusqu’à l’année 2021 en passant de 149,8 millions de dollars à 278,7 millions de dollars, soit
une croissance positive de 86% par rapport à l’année de base. Une tendance qui se justifie par
les changements des cours de change, par le changement de la valeur de l’actif immobilisé pour
les banques et par l’intégration de deux banques à l’échantillon durant l’année 2014. Au-delà
de cet effet de change, les banques de la Malaisie ont connu une croissance importante d’une
année à l’autre.
Nous avons débuté notre analyse par une valeur de 149,8 millions de dollars des actifs
immobilisés. Pourtant, les banques malaisiennes ont connu un effritement du total d’actif
immobilisé, en 2013, à cause d’une dépréciation de la valeur de la monnaie nationale de la
Malaisie. Cependant, l’année 2014 marque l’intégration de deux banques malaisiennes
(Alliance Islamic Bank Berhad et Bank Islam Malaysia Berhad), ce qui a porté le total de l’actif
immobilisé à 237,5 Millions de dollars.
L’année suivante a marqué un recul important de ce facteur à cause d’une dépréciation de la
monnaie nationale et la dépréciation de la valeur des actifs immobilisés de l’ensemble des
banques de l’échantillon. Cette situation se reproduit aux communications financières de
l’ensemble des banques pendant l’année 2016 en repartant à la baisse jusqu’à atteindre 162,4
millions de dollars. Toutefois, l’amélioration de la valeur de la devise malaisienne pendant
l’année 2017 a permis un accroissement positif des actifs immobilisés des banques au point
d’atteindre 172 millions de dollars, sans que la valeur actualisée de ce facteur s’améliore en
réalité.
En 2018, la hausse importante de la valeur de l’actif immobilisé de la banque « MBSB Bank
Berhad » a augmenté le total de cet input à 190,7 millions de dollars, soit une croissance positive
de 11% par rapport à l’année 2017. Ce renforcement brutal de l’actif immobilisé est dû à un
transfert des actifs et des passifs suite à une opération de vente et d’achat entre la banque et les

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actionnaires de la banque pour l'acquisition proposée par MBSB de l'intégralité de la
participation177.
En ce qui concerne l’année 2019, la nouvelle norme MFRS16178 a obligé les banques
malaisiennes à ajouter une nouvelle rubrique intitulée « Right of use Assets », ce qui a
augmenté de manière substantielle le total d’actif immobilisé à 302.5 millions de dollars, soit
une évolution nette de 58,62%. Cependant, l’année 2020 marque une détérioration de la valeur
du capital physique à cause principalement de la crise sanitaire. Ainsi, l’actif immobilisé a
diminué de 23,8 millions USD entre 2021 et 2019 en le faisant passer de 302,5 millions de
dollars à 278,7 millions de dollars à fin 2021. L’effet de variation de change n’a pas joué un
rôle significatif dans le changement de la valeur de ce facteur durant ces trois dernières années,
malgré sa variation.
Pour le cas du Maroc, les banques participatives de l’échantillon ont commencé leurs travaux
en 2017 par un total d’actif immobilisé estimé à 27,2 Millions de dollars, avant de passer à
47.608 milliers de dollars en 2018. Cette évolution s’explique par l’intégration de « BTI
Bank » qui a commencé son activité en décembre 2017, et par la hausse importante qu’a connu
l’actif immobilisé de « Umnia Bank » en passant de 7.587 milliers de dollars à plus de 28
millions de dollars durant l’année 2018, suite aux opérations d’expansions de leurs réseaux
d’agences bancaires au sein du Maroc179.
Cette croissance ne suivra pas sa tendance puisqu’en 2019, l’actif immobilisé diminuera de
2.133 milliers USD, soit une détérioration de 4,48%. Cette faiblesse est dû principalement à
une dégradation de la valeur de ce facteur au sein de l’entité « Umnia Bank ». Cette situation
n’a pas duré puisque l’année 2020 a marqué un rebond faible mais positif. L’évolution du total
d’actif immobilisé suivra de manière favorable jusqu’à atteindre le seuil de 46,1 millions de
dollars en 2021, soit une hausse de 69% par rapport à l’année 2017. A noter que le montant
élevé de l’amortissement a diminué d’avantage la valeur de l’actif immobilisé, cependant ceci
est rééquilibré par les nouvelles acquisitions.
L’actif immobilisé des banques participatives semblent être bloquer depuis l’année 2018 et n’a
pas pu dépasser le seuil de 50 millions de dollars, ce qui peut être un signe de maitrise de
l’évolution de cet input dans la perspective d’améliorer l’efficience globale. Tout de même,
nous avons posé comme hypothèse que les banques marocaines utilisent le leasing comme
technique de location qui permet aux immobilisations (louées) de ne pas figurer aux comptes
d’actifs de la banque, en tant que technique d’optimisation de l’actif. Une hypothèse que nous
n’avons pas pu confirmer puisque les états financiers n’en détaillent pas.
L’évolution du total consolidé de l’actif immobilisé des deux pays de l’échantillon poursuit la
même tendance des banques malaisiennes, comme indiqué sur le graphique. Les banques
participatives Marocaines ne semblent pas affecter la tendance aléatoire de la courbe puisque

177
Pour plus de développement, voir le rapport annuel de MBSB Bank Berhad, 2018, note 43, p 133 –
134 ;
178
MFRS 16 : Leases : Elle désigne le droit aux avantages économiques découlant d'un actif et la capacité
de contrôler son utilisation pendant toute la durée du bail ;
179
En 2018, le réseau d’agence d’Umnia Bank est passé de 11 agences à 23 agences, Banques
participatives : Un total bilan de 1,5 MMDH pour Umnia Bank - Infomédiaire (infomediaire.net),
consulté le 12/07/2022 ;

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la valeur de leurs actifs immobilisés est très faible par rapport aux banques islamiques de la
Malaisie. Cependant, nous pouvons présumer que la valeur de cet input est importante pour le
cas des établissements bancaires marocaines suite à notre analyse comparative du gap existant
entre les autres variables. Nous présentons dans la suite une figure qui détaille l’évolution de
l’actif immobilisé par pays et de façon consolidée.
Figure 14 : Evolution de l’actif immobilisé des banques

Evolution de l'actif immobilisé


400.000

350.000

300.000

250.000

200.000

150.000

100.000

50.000

-
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021

Total consolidé Malaisie Maroc

Par la suite, nous passons à l’analyse de l’évolution de notre deuxième input à savoir les charges
du personnel.

I.2. Evolution des charges du personnel


Après avoir présenté l’évolution des actifs immobilisé, nous passons à l’analyse des résultats
du deuxième indicateur à savoir les charges du personnel. Suivant le même travail effectué pour
l’actif immobilisé, nous présentons le tableau ci-après qui synthétise l’évolution de cet input
pour les deux pays et de manière consolidée.
Tableau 20 : Evolution des charges du personnel
Année
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Libellé
Total
- - - - - 5,8 15,9 20 23,6 25,8
Maroc
Total
214,8 216,6 345,3 272,7 257,8 319 343,4 387,3 404,8 399,4
Malaisie
Total
214,8 216,6 345,3 272,7 257,8 324,8 359,3 407,3 428,4 425,2
consolidé
Unité de mesure : Millions de dollars Américains (USD)

Source : Elaboré par nos soins à travers les communications financières des banques de
l’échantillon pour la période 2012 à 2021

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A partir du tableau supra, nous remarquons que les charges du personnel dans l’échantillon des
banques participatives marocaines augmentent de façon continue jusqu’à atteindre 25.757
milliers de Dollars en 2021. Une évolution remarquable par rapport à l’année de lancement
(2017) puisque ces charges se sont triplées entre 2017 et 2018, en passant de 5.759 milliers de
Dollars à 15.867 milliers de Dollars.
Cette augmentation est liée au développement rapide des banques participatives et
l’engouement de la clientèle marocaine à des produits conformes à la Sharia ainsi que le besoin
important en termes de recrutement de masse pour le lancement et le développement de
l’activité. De la même manière, les banques de la place essaient au maximum d’étendre leurs
réseaux de guichets permanents180. Action qui augmente automatiquement les charges du
personnel.
En 2019, la croissance exponentielle de cet input a été freiné pour atteindre près de 20 millions
de dollars, soit une évolution de 26% par rapport à l’année 2018. En ce qui concerne l’année
2020, la crise sanitaire n’a pas engendré une diminution des charges du personnel puisque
celles-ci ont augmenté jusqu’à atteindre 23,6 millions de dollars. Ces charges ont passé à 25,8
millions de dollars en 2021. Cette rubrique a marqué une augmentation de 35%, hors effet de
change.
Pour la part des banques malaisiennes, les charges du personnel connaissent une variation
aléatoire qui tend à la hausse durant la période de l’étude. Dans ce sens, nous avons commencé
notre étude par un total des charges de personnel égal à 214,8 millions de dollars en 2012. Une
année plus tard, ce facteur connait une croissance faible de près de 1,7 millions de dollars pour
se situer à plus de 216,6 millions de dollars.
En 2014, l’intégration de deux banques islamiques à l’échantillon a augmenté considérablement
le total des charges de personnel pour arriver à une valeur de 345,3 millions de dollars.
Toutefois, cette tendance haussière s’est arrêtée en 2015, à cause d’une dépréciation de la valeur
de la monnaie nationale de la Malaisie ainsi qu’une diminution générale des charges de
personnel pour l’ensemble des banques de l’échantillon181. Au cours de l’année 2016,
l’appréciation du Dollar par rapport au Ringgit Malaisien, a diminué les charges du personnel
jusqu’à atteindre 257,8 millions de Dollars, contre 272,7 millions de Dollars une année
auparavant. Au-delà de cet effet de change, les charges du personnel ont resté quasiment stables,
avec une dépréciation d’environ 1%.
Par la suite, les charges du personnel continuent leurs augmentations en passant de 319 millions
de dollars en 2017 à 343,4 millions de dollars en 2018, jusqu’à atteindre la barre 404,8 millions
de Dollars en 2020. Un chiffre qui représente une évolution de 35% par rapport à l’année 2014
(hors effet de change). Il est à noter que l’année 2019 marque une évolution importante des
charges du personnel pour l’ensemble des banques de l’échantillon (hors effet de change), soit
une évolution de 12% par rapport à l’année 2018. En 2021, les charges se contractent de façon

180
Le réseau des banques participatives est passé de 44 agences à fin 2017 à 176 agences à fin 2021.
Source : Rapport annuel sur la supervision bancaire – 2017 et 2021 ;
181
Une analyse des communications financières des banques de l’échantillon montre une diminution
générale dans la rubrique « Salaries, Bonus & Allowances », sans pour autant détailler ;

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très faible (-1,31%) passant à 399.4 millions de dollars. Une diminution qui n’est liée qu’à
l’appréciation du Dollar par rapport au Ringgit Malaisien.
Cette analyse des chiffres des banques de l’échantillon indique qu’elles n’ont pas procédé à des
diminutions d’effectifs, ni à des réductions de salaires pendant la crise sanitaire en 2020,
marquant ainsi leurs résiliences et leurs capacités à absorber les pertes liées à la pandémie.
Malgré la diminution qu’a connu le facteur travail durant l’année 2021, notre recherche montre
que les charges salariales ont connu une hausse considérable et continue pour la plupart des
banques de l’échantillon, abstraction faite des variations des taux de change. Cependant, il faut
noter que l’effet de la crise sanitaire commence à se sentir chez certaines banques de
l’échantillon qui déclare une diminution des profits.
Le total consolidé des banques marocaines et malaisiennes suit la même tendance d’évolution
de ces dernières. Nous voyons ci-après que les charges du personnel des banques participatives
marocaines suivent une droite linéaire croissante qui tend à se stabiliser pendant l’année 2020
et 2021, tandis que la droite des banques islamiques malaisiennes connait une tendance aléatoire
qui tend à croitre entre les années 2016 et 2020 pour ensuite diminuer pendant l’année 2021, ce
qui signifie que l’effet de la crise a été différé.
Figure 15 : Evolution des charges du personnel des banques

Evolution des charges de personnel


450.000

400.000

350.000

300.000

250.000

200.000

150.000

100.000

50.000

0
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021

Total consolidé Malaisie Maroc

I.3. Evolution des dépôts


Les dépôts sont considérés comme étant le noyau dur de l’activité des banques. Il s’agit du
moyen de production qui permet à la banque de financer ses clients, au-delà de ces fonds propres
et de jouer sur les échéances pour pouvoir tirer profit de ces opérations et gagner des marges
(commissions, produits financiers…). A première vue du tableau ci-après, nous remarquons
clairement l’importance des dépôts des banques islamiques malaisiennes par rapport à leurs
consœurs Marocaines. En effet, la maturité des banques malaisiennes a permis au secteur de
développer l’encours des dépôts de façon notable et continue d’accaparer des parts de marchés
importants dans la mesure où le total dépôts a passé de presque 100 milliards de dollars en 2014

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à 154 milliards de dollars à la fin de l’année 2021, ce qui représente un taux d’évolution
significatif de 54% dans une période assez courte pour des banques en stade de maturité.
Tableau 21 : Evolution des dépôts

Année
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Libellé
Total
- - - - - 70 278 515 727 991
Maroc
Total
79.837 83.637 100.863 89.154 88.987 114.532 123.577 134.591 147.657 154.152
Malaisie
Total
79.837 83.637 100.863 89.154 88.987 114.602 123.855 135.106 148.384 155.143
consolidé
Unité de mesure : Millions de dollars Américains (USD)

Source : Elaboré par nos soins à travers les communications financières des banques de
l’échantillon pour la période 2012 à 2021

Passant à notre troisième input, nous présumons un succès flagrant et considérable des banques
participatives marocaines depuis leurs lancements jusqu’à la fin de l’année 2021. Ces dépôts
ont quasiment triplé (299,8%) entre l’année 2018 et 2017 en passant de 70 millions de dollars
à 278 millions de Dollars. Un résultat qui se justifie par l’effet d’annonce et la volonté affichée
par les citoyens marocains à avoir des comptes bancaires conformes à la Sharia et par leurs
engouements aux produits islamiques.
En 2019, les dépôts des banques participatives ont augmenté de 85% pour atteindre 515,1
millions de Dollars. Une année plus tard, la crise sanitaire ne fait pas changer les données. Ainsi,
les dépôts ont continué leurs tendances haussières jusqu’à atteindre 727.453 milliers de Dollars.
Or, BTI Bank n’a pas su suivre la tendance puisqu’elle a connu une détérioration du niveau de
ces dépôts (-2 millions de Dollars). Cette diminution n’a pas influencé le palier global. En
2021, la hausse du niveau des dépôts continu et atteint 991,4 millions de Dollars. Une évolution
qui est soutenue par Umnia Bank qui représente presque 42,7% du niveau d’évolution des
dépôts (+122 millions de Dollars).
En ce qui concerne les banques malaisiennes, le total dépôts connait une augmentation continue
(hors effet de taux de change) entre 2012 et 2021. Résultats qui montrent la résilience du secteur
bancaire islamique malaisien. Ainsi, les dépôts passent de 79.837 millions de Dollars en 2012
à 154.152 millions de Dollars en 2021. Une hausse de 93,08% par rapport à l’année de base.
En 2014, le total des dépôts collectés par les banques de l’échantillon a dépassé la barre de cent
milliards de dollars. Cependant, l’année 2015 enregistre une contraction des dépôts en les
faisant passer à un total de 89.154 millions de dollars à cause de la dépréciation de la monnaie
malaisienne. Cette même situation s’est reproduite en 2016 en passant le total dépôts à 88.987
millions de dollars. Les années qui suivent ont marqué un rebond des dépôts des banques de
l’échantillon qui ont pu dépasser l’effet négatif du change, et ont permis une croissance
importante tout au long de la période restante de l’étude en passant de 114 milliards de dollars
en 2017 jusqu’à atteindre 148 milliards de dollars durant l’année 2020, sans pour autant être
influencer par la crise sanitaire.

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Dans le même sens, les banques islamiques malaisiennes de l’échantillon connaisent la même
tendance haussière, ce qui montre la compétitivité du secteur et la volonté affichée par ces
entités à réaliser des performances élevées. De même, cette situation montre que ces entités
arrivent à recruter de nouveaux déposants dans la mesure où la hausse des dépôts concerne
toutes les banques de l’échantillon.
Une autre remarque reliant les banques des deux pays de l’échantillon revient à l’importance
du poids des dépôts des banques islamiques malaisiennes qui sont 155 fois plus élevés que les
dépôts des banques participatives Marocaines. Le total consolidé des banques de l’échantillon
suit la même tendance haussière comme indiqué sur le graphique, exception faite de l’année
2015 et 2016 où l’appréciation du Dollar par rapport au Ringgit Malaisien a influencé
négativement l’évolution globale des dépôts. De la même manière, nous voyons que les banques
au Maroc poursuivent une droite linéaire croissante.
Figure 16 : Evolution des dépôts des banques

Evolution des dépôts


180.000 1200

160.000
1000
140.000

120.000 800

100.000
600
80.000

60.000 400

40.000
200
20.000

0 0
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021

Total consolidé Malaisie Maroc

A cause du gap important entre le total des dépôts des banques de l’échantillon, nous avons
décidé de tracer un axe secondaire dans lequel l’évolution des dépôts des banques participatives
marocaines est mise en évidence. Nous remarquons ainsi une croissance linéaire de ce facteur
depuis la date de leur lancement.
Nous avons remarqué que les inputs choisis connaissent une croissance importante durant la
période d’étude. Ils constituent les facteurs de production qui permettent à la banque de servir
efficacement ces clientèles et de gagner des commissions sur ces opérations d’intermédiation.
Cette variation positive et significative nous amène à s’interroger sur l’efficacité managériale
des banques de l’échantillon concernant la transformation de ces ressources à des outputs
générateurs de revenus. L’analyse de l’évolution des outputs choisis fera l’objet du point
suivant.

Page 211 sur 346


II. Evolution des outputs
En général, les intermédiaires financiers collectent les dépôts et offrent des prêts dans le but de
faire des profits (Serrano Cinca et al., 2002). Selon ses propos, il est évident que les outputs que
nous allons choisir sont les financements accordés par les banques, ainsi que les produits ou les
profits générés par cette activité d’intermédiation. Toutefois, il est important de noter que la
nature de l’intermédiation bancaire est différente dans le contexte des banques islamiques (pour
plus de détails, se référer à la partie théorique, chapitre I, section 2, I.1.2).
Dès lors, le choix du deuxième output est particulièrement difficile du fait de la différence de
présentation des états financiers des banques des deux pays. Nous allons commencer par la
présentation des outputs utilisés par banque et par pays, en annexe et au tableau ci-après, tout
en présentant de manière consolidée les outputs de l’ensemble des banques de l’échantillon.

II.1. Evolution des financements accordés


Après avoir présenté les inputs utilisés dans notre étude suivant l’approche d’intermédiation, il
est temps de commencer la présentation des deux outputs. Le premier output choisi est bien
évidemment les prêts distribués.
Tableau 22 : Evolution des financements accordés
Année
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Libellé
Total
- - - - - 19,5 390,1 676,2 1.002,8 1.317,6
Maroc
Total
69.411,3 78.805,6 95.972,6 90.378,2 96.294,4 117.416,9 127.109,1 139.927,6 153.974,4 154.236,4
Malaisie
Total
69.411,3 78.805,6 95.972,6 90.378,2 96.294,4 117.436,5 127.499,3 140.603,9 154.977,2 155.554
consolidé
Unité de mesure : Millions de dollars Américains (USD)

Source : Elaboré par nos soins à travers les communications financières des banques de
l’échantillon pour la période 2012 à 2021

En commençant notre analyse de l’évolution des prêts distribués par les banques islamiques
malaisiennes de l’échantillon, nous observons une augmentation continue passant de 69.411
millions de dollars en 2012, à plus de 154.236 millions de dollars en 2021, exception faite de
l’année 2015, où l’effet de change a exercé une influence négative sur cette évolution,
cependant, les résultats commencent à se rétablir dès l’année 2016.
En effet, l’année 2013 marque le début du trend haussier des financements distribués par les
banques de la Malaisie en passant à 78,8 milliards de dollars, soit une évolution nette de 13,5%
par rapport à l’année de base (2012). Cette croissance est généralisée pour toutes les banques
de l’échantillon dont principalement MayBank Islamic Berhad, qui a connu une évolution de
31,2% à cause d’une distribution plus importante des prêts aux individus (rapport financier,
2013, p55-60). L’année suivante ne déroge pas à la règle, puisque la hausse est encore présente
et de façon importante, en passant à presque 96 milliards de dollars. Toutefois, ce chiffre se

Page 212 sur 346


justifie par l’intégration de deux banques à l’échantillon durant l’année 2014 par rapport à
l’année 2013.
En 2015, la dépréciation de la valeur de la monnaie malaisienne pénalise négativement le total
des crédits distribués en le faisant passer à 90.378 millions de dollars. Cette diminution
généralisée de l’encours des crédits distribués n’a pas suivi sa dégradation puisque l’année 2016
a connu une hausse de 6,5% par rapport à l’année 2015, malgré la détérioration de la valeur du
ringgit malaisien par rapport au dollar américain. Une évolution qui a été porté principalement
par Affin Islamic Bank Berhad, suite à une amélioration générale des encours de financements
(+23,9%).
L’évolution positive des indicateurs des banques malaisiennes de l’échantillon continue à se
développer durant l’année 2017 en marquant un accroissement net de 22% par rapport à l’année
antérieure. De même, le renforcement de la valeur de la monnaie locale et l’appréciation
générale des encours de crédits, particulièrement la banque Affin Islamic Bank Berhad, qui a
connu une évolution nette de 43%182. Une année plus tard, les indicateurs restent toujours
positifs en passant de 117,4 milliards de dollars à plus de 127 milliards USD, soit un
accroissement de 10 milliards de dollars dans une année seulement, bien que la monnaie
malaisienne a chuté par rapport à l’année 2017.
En poursuivant notre analyse, la tendance haussière ne semble pas s’arrêter en 2019, étant donné
que le total des financements s’apprête à 140 milliards de dollars, en hausse de 10,1%, suite à
une amélioration du taux de change ainsi qu’une évolution positive de l’ensemble des banques
de l’échantillon. La crise sanitaire de 2020 n’a pas influencé la droite croissante de distribution
des crédits, mais elle a freiné en quelque sorte la variation positive en 2021.
Ainsi, les prêts distribués s’élèvent à 153,97 milliards de Dollars en 2020, en évolution nette de
+10% (139,93 milliards Dollars) par rapport à l’année 2019. Néanmoins, cette évolution n’a été
qu’à l’ordre de 0,2% en passant à 154,2 Milliards de Dollars à la fin de la période de l’étude
(2021). Hors effet de change, cette évolution est de 3,9%, ce qui montre l’importance de
l’influence du taux de change sur la variation des encours des financements.
En ce qui concerne le cas des banques participatives marocaines, nous constatons une hausse
continue et exceptionnelle des prêts distribués. Ainsi, ils passent de 19,5 millions de Dollars
durant l’année de lancement, à plus de 1,3 milliards de Dollars en 2021. Un résultat qui est
multiplié par environ 67 fois par rapport à l’année de base. En effet, nous avons remarqué une
croissance plus importante des crédits distribués par rapport aux dépôts collectés durant cette
période. Par exemple, l’encours des financements était à l’ordre de 390 millions de dollars en
2018, ce qui représente une évolution nette de 1900%. Dans ce sillage, Bank Assafa a enregistré
une hausse spectaculaire de ces financements en passant de 1.512 milliers de dollars à plus de
255 millions de dollars entre l’année 2017 et 2018.
En 2019, la dynamique croissante ne manque pas et passe à 676,2 millions de Dollars, avant de
franchir la barre d’un milliard de dollars en 2020, sans qu’il ait d’effet important de la crise
Covid-19 sur la distribution des crédits. Tout de même, Bank Assafa est, de plus en plus,

182
Cette croissance est portée essentiellement par une montée considérable et continue des crédits
immobiliers, rapport financier 2017, p. 44-47 ;

Page 213 sur 346


concurrencée par Umnia Bank, en enregistrant des évolutions respectives à l’ordre de 48% et
de 110%.
La dernière année de l’étude (2021), les financements accordés s’élevaient à l’ordre de 1,3
milliards de Dollars, en croissance positive de +31,39% par rapport à l’année 2020, tout en
notant le rapprochement significatif entre les résultats des deux banques principales de
l’échantillon et du marché bancaire marocain (en général), en se basant sur des taux de
croissance de 24% pour la filiale d’Attijariwafa Bank (Bank Assafa), mais encore de 76% pour
la filiale de la banque Crédit Immobilier et Hôtelier (Umnia Bank), avec un total respectif de
555 millions de dollars, et de 517 millions de dollars. Ces réalisations restent largement
supérieures aux autres banques de l’échantillon marocain qui réalisent un total des prêts
distribués de 202 millions de dollars pour Bank Al Yousr, et de 53 millions de dollars pour BTI
Bank.
Une remarque importante relative au taux transformation des dépôts en crédits devra être
évoquée. Ainsi, nous observons que les crédits distribués par les banques participatives
marocaines dépassent largement le total des dépôts collectés. En fait, ce dernier s’élève à 991
millions de dollars, alors que les financements distribués sont à l’ordre de 1,3 milliards de
dollars. Un gap très important d’environ 300 millions de dollars, qui nous mène à s’interroger
sur la source des fonds collectés pour pouvoir financer ces opérations.
En effet, cette situation indique que les banques participatives au Maroc font recours à d’autres
sources comme les fonds propres, ainsi que des crédits octroyés auprès des maisons mères sous
forme de Wakala Bil Isthitmar (sans intérêts) pour financer les crédits à distribuer. Ce qui
montre un déséquilibre et une rareté de fonds qui freine le développement de ce secteur et pose
des questions liées à la légitimité et la conformité à la Sharia de ces ressources. De même, le
coefficient d’emploi augmente la cherté des ressources, ce qui réduit leurs marges183. Ce constat
se produit également chez les banques islamiques malaisiennes, mais de manière très faible
puisqu’en 2021, la différence entre les crédits distribués et les dépôts est de 84.848 milliers de
Dollars, ce qui ne représente qu’un pourcentage de 0,06% par rapport aux crédits distribués.
Suivant le même travail effectué pour l’évolution des dépôts, nous avons tracé la courbe
d’évolution des crédits distribués des banques participatives marocaines sur un axe secondaire
en vue de mettre en évidence leurs évolutions. De même, le gap important qui existe entre les
totaux de cet indicateur entre les banques de l’échantillon ne permet pas de visualiser
l’évolution correcte des facteurs.
En faisant une brève comparaison entre les deux graphes, nous constatons clairement que la
croissance des crédits distribués par les banques marocaines de l’échantillon arrive à dépasser
l’accroissement constaté par les banques malaisiennes. Ces résultats montrent la maturité du
secteur de ces dernières qui ne connaissent pas une évolution tellement importante par rapport
à un secteur en plein développement. Tout de même, les banques malaisiennes arrivent à garder
un trend haussier en développant ses financements pour l’ensemble de l’économie, tout en
accaparant plus de parts de marché puisque la croissance de cet indicateur est généralisée pour
la plupart des banques de l’échantillon. La figure montre clairement nos propos.

183
Banques participatives : où trouver 12 Mds de dirhams pour soutenir l'activité ? (fnh.ma), consulté
le 01/09/2022 ;

Page 214 sur 346


Figure 17 : Evolution des financements accordés par les banques

Evolution des crédits distribués


180.000,00 1400

160.000,00
1200
140.000,00
1000
120.000,00

100.000,00 800

80.000,00 600
60.000,00
400
40.000,00
200
20.000,00

0,00 0
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021

Total consolidé Malaisie Maroc

II.2. Evolution des produits et commissions


Le deuxième output est particulièrement difficile à réconcilier du fait de la différence de
présentation des résultats par les deux types de banques. Ainsi, nous avons choisi comme
donnée, les commissions reçus des opérations de financement par les banques participatives et
le produit sur opérations de financements à travers les dépôts (Income derived from deposits
financing & advances) pour les banques islamiques de la Malaisie en vue de pouvoir
homogénéiser cet output et produire les résultats les plus fiables possible.
Tableau 23 : Evolution des produits et commissions
Année
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Libellé
Total
- - - - - 0,1 0,6 3,2 4,7 6,4
Maroc
Total
1.597,5 1.747,6 1.999,7 1.869 1.963,1 2.483,4 2.869 3.181,4 2.611,9 2.494,7
Malaisie
Total
1.597,5 1.747,6 1.999,7 1.869 1.963,1 2.483,5 2.869,6 3.184,6 2.615.6 2.501,1
consolidé
Unité de mesure : Millions de dollars Américains (USD)

Source : Elaboré par nos soins à travers les communications financières des banques de
l’échantillon pour la période 2012 à 2021

Page 215 sur 346


Notre dernier output montre la différence importante entre les deux pays. En effet, les
commissions perçus par les banques participatives sont faibles comparativement aux banques
islamiques malaisiennes. Cependant, ces commissions connaissent une évolution positive
considérable pour l’ensemble des banques de l’échantillon. En effet, les banques marocaines
ont enregistré une croissance très importante en en passant de 115 milliers de Dollars en 2017
à 6,4 millions de Dollars en 2021, soit plus de 54 fois supérieur par rapport à l’année de
lancement.
En poursuivant notre analyse de l’évolution de ces commissions. Nous remarquons qu’elles
sont à l’ordre de 591 milliers de Dollars en 2018, en évolution nette de 414% par rapport à
l’année 2017. Ensuite, les commissions perçus grimpent à 3,2 millions de dollars en 2019 à
cause principalement de Bank Assafa qui accapare la part la plus considérable en terme de
commissions en passant de 366 milliers de dollars en 2018 à 2,5 millions de dollars, soit presque
80% des commissions reçus par les banques de l’échantillon. Le reste de l’échantillon connait
une évolution positive mais de façon moins importante.
Evidemment, la crise sanitaire durant l’année 2020 n’a pas influencé la croissance des produits
et des commissions perçus, cependant, elle a freiné le développement rapide de cet indicateur
qui a passé à 4,5 millions de dollars, ce qui représente une évolution de 43% seulement. En
2021, cet output s’élève à l’ordre de 6.407 milliers de Dollars, en évolution nette de +41% par
rapport à l’année 2020.
En ce qui concerne les banques malaisiennes de l’échantillon, la tendance haussière est présente
jusqu’à l’année 2019 en évoluant de 1.597,5 millions de Dollars en 2012 jusqu’à atteindre
3.181,4 millions de Dollars, pour ensuite diminuer à 2.494,7 millions de dollars en 2021. Une
diminution qui est causé principalement par la crise sanitaire et les mesures moratoires des
banques de l’échantillon.
En effet, les commissions reçus sur opérations d’investissements a connu un essor positif suite
aux efforts déployés par les banques malaisiennes en vue de rester compétitif. Dès lors, ces
commissions se développent d’une année à l’autre, en passant de 1,6 milliards de dollars en
2012 à plus de 1,7 milliards de dollars en 2013. Par la suite, les commissions reçus continuent
leurs hausses en enregistrant, en 2014, un total qui avoisine les 2 milliards de dollars, soit une
évolution de 25% par rapport à l’année de base. Durant cette période, May Bank Islamic Berhad
reste le leader du marché par excellence qui présente 43% des produits de financements des
banques de l’échantillon184.
Exception faite de l’année 2015 où l’effet de change diminue les profits de ces banques, en
passant à 1.869 millions de dollars. Cette situation ne reste pas longtemps puisque l’année 2016
marque le rebond en revenant au seuil de 1,96 milliards de dollars. A noter que May Bank
Islamic Berhad connait une chute de ces commissions reçus qui représente désormais 40%
seulement. Mais cette diminution a été récompensée par une augmentation de cet indicateur par
la plupart des banques de l’échantillon.
En 2017, les produits de financements distribués passent à 2,5 milliards de dollars, et continuent
son évolution jusqu’à atteindre 2,9 milliards de dollars en 2018. Cette période marque le retour

184
Cet indicateur représente 32% pour les financements distribués par May Bank Islamic Berhad par
rapport aux banques de l’échantillon ;

Page 216 sur 346


du leader du marché et son rebondissement en passant à 46% par rapport aux commissions des
banques de l’échantillon, tout en gardant le même niveau de part de marché des crédits
distribués.
En 2019, les résultats continuent d’accroitre en dépassant la barre de 3 milliards de dollars.
Toutefois, la crise sanitaire a diminué considérablement les profits de la banque, en passant de
3.181,4 millions de Dollars en 2019 à 2.611,1 millions de Dollars en 2020 avec une contraction
de -17,93%. Il est à noter que la diminution des résultats est généralisée pour l’ensemble des
banques malaisiennes qui montrent dans leurs rapports financiers que le moratoire accordé, le
lock-down et les événements liés à la crise sanitaire ont influencé davantage la partie produits-
charges, en enregistrant une diminution des charges du personnel, et des commissions reçus sur
les opérations de financements.
La baisse continue en 2021, mais de manière moins sensible puisque ces produits passent à
2.494,7 millions de Dollars, en diminution de 4,46% par rapport à l’année 2020. Ces résultats
montrent que les banques malaisiennes ont diminué leurs profits à la suite des mesures prises
par la banque centrale de la Malaisie (BNM) à travers la réduction des charges financières des
clients qui sont affectés par les conséquences économiques et financières du Covid-19, en
faisant un moratoire automatique de six mois sur les remboursements pour les
prêts/financements admissibles des particuliers et des petites et moyennes entreprises (PME) à
partir du 1er avril 2020.
Dans le même ordre, le Conseil consultatif de la charia de la Bank Negara Malaysia (le SAC)
a émis des décisions clés au cours de l'année 2020 pour guider la mise en œuvre de mesures
d'assistance conformes aux principes de la charia185. De ce fait, tout un cadre de travail a été
mis en place pour pouvoir assister les citoyens malaisiens à dépasser la crise sanitaire et alléger
son impact financier.
Cette comparaison entre les deux pays nous montre clairement une idée très importante à noter.
Celle de l’éthique et la contribution positive par les banques islamiques dans l’économie. Par
conséquence, les banques marocaines ont connu un impact faible sur leurs produits malgré les
reports demandés par Bank Al Maghrib, et qui ont été accordé aux clients sans pour autant
diminuer la marge de bénéfice qui reste importante. Dans le cas contraire, les banques
islamiques malaisiennes ont été influencé immédiatement par ces mesures, ce qui montre leurs
contributions importantes dans la sphère macro-économique.

185
Pour plus de développement, voir le rapport annuel de la Bank Negara Malaysia (BNM) de 2020 et
de 2021 ;

Page 217 sur 346


Figure 18 : Evolution des produits et commissions reçus par les banques

Evolution des commissions


3.500,00 7

3.000,00 6

2.500,00 5

2.000,00 4

1.500,00 3

1.000,00 2

500,00 1

0,00 0
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021

Total consolidé Malaisie Maroc

Après avoir terminé la présentation des différents inputs et outputs des banques de l’échantillon,
il est temps d’analyser et de discuter ces résultats à la lumière des éléments qualitatifs et
quantitatifs collectés de notre étude.
III. Analyse et discussion des résultats
A travers ce détour sur les principaux indicateurs utilisés pour la mesure de l’efficience
bancaire, nous avons vu utile de discuter les résultats de notre étude avant de partir à
l’évaluation de leurs efficiences. En effet, le choix des inputs et des outputs a requis une
attention particulière de notre part en vue de se rapprocher le plus possible des résultats des
deux pays à cause de la différence du référentiel comptable et financier, et de méthodes de
présentation des résultats.
Par conséquence, nous notons que les banques malaisiennes poursuivent le référentiel
« Malaysian Financial Reporting Standards – MFRS »186 qui se base essentiellement sur la
notion de la juste valeur, alors que les banques participatives marocaines se base sur les
principes généraux applicables aux établissements de crédit187, qui utilise encore la notion des
amortissements pour calculer la valeur nette d’un actif. Cette différence de traitement peut
influencer l’évaluation de l’efficience puisque la diminution de la valeur de l’actif immobilisé
est considérée comme une optimisation des résultats. Le contraire étant vrai aussi, toute chose
restant égale par ailleurs.

186
Le cadre des normes d'information financière de Malaisie (MFRS) a été introduit par le Conseil des
normes comptables de Malaisie (MASB) et est entré en vigueur le 1er janvier 2012 ;
187
La présentation des états de synthèse est conforme aux dispositions du Plan Comptable des
Etablissements de Crédits (PCEC), tel qu’amendé par le Comité des Etablissements de crédits en date
du 30 Janvier 2017 ;

Page 218 sur 346


En détaillant notre premier input, nous constatons que la valeur de l’actif immobilisé des
banques marocaines est relativement importante par rapport à ses consœurs malaisiennes188
compte tenu de leurs tailles. Dans ce sens, nous notons que l’actif de ces dernières est six (6)
fois plus importantes que les premières, alors qu’en termes de dépôts, le rapport devient
multiplié par 155 fois. Cette optimisation des actifs permet aux banques malaisiennes de rester
compétitives, ce qui revient à une amélioration de leurs efficiences. Cette hypothèse devra être
confirmer dans la suite de notre étude.
Dans le même ordre d’idées, nous avons remarqué que la croissance de l’actif immobilisé des
banques marocaines est bloquée dans le seuil de 47,7 millions de dollars qu’elle a atteint en
2018. Ces résultats s’expliquent par l’importance du montant des amortissements de la période
2020 et 2021 par rapport au cumul des amortissements suite à l’entrée de nouveaux actifs qui
s’amortissent sur une courte durée. Par exemple, Umnia Bank a enregistré un amortissement
d’environ 25 millions de dirhams en 2021, qui s’ajoute à un cumul d’amortissement de 57,8
millions de dirhams. A ce raisonnement s’ajoute l’hypothèse de l’utilisation de la technique du
leasing que nous avons discuté supra, mais que nous n’avons pas pu confirmer du fait que les
communications financières des banques marocaines ne détaillent pas la rubrique des charges
externes.
En ce qui concerne les charges du personnel, nous constatons qu’il n’existe de pas de différence
dans le traitement de cette rubrique. Pourtant, il faut noter que cet input a connu une croissance
rapide pour le cas des banques participatives en se multipliant de presque cinq (5) fois entre
l’année 2021 et l’année de lancement en 2017. Ce constat est considéré comme naturel pour le
secteur bancaire participatif qui demeure en phase de lancement et de croissance, cependant, la
crise sanitaire a freiné ce développement et a poussé toutes les entreprises à s’orienter vers le
digital à travers l’encouragement des opérations en ligne (demande de financement en ligne,
utilisation de l’application mobile…). Ce changement de stratégie affecte de façon directe les
charges du personnel qui semblent croitre dans une tendance moins importante dans les années
2020 et 2021.
Cet accroissement considérable de notre deuxième input devra affecter le résultat global de
l’efficience technique des banques marocaines en raison de son augmentation continue. Ainsi,
cette augmentation doit se poursuivre par une hausse des outputs de même niveau ou de façon
plus importante. En d’autres termes, la hausse du facteur du capital ou du travail doit être
compensée par une évolution de la production en vue de rester efficiente. Ce raisonnement fera
l’objet des hypothèses qu’elles vont être confirmer ou infirmer.
A travers notre analyse des banques malaisiennes, nous constatons que les charges du
personnel, au-delà de l’effet de change, connaissent une hausse notable de 38% entre l’année
2021 et l’année 2014189. Un taux de croissance moyen de 5% qui reste un résultat intéressant
dans la mesure où la plupart des banques de l’échantillon malaisien sont en phase de maturité.
Cependant, il est judicieux de noter que ce développement est freiné par la crise sanitaire, tout
comme les banques marocaines, et les a poussé à miser sur les stratégies de digitalisation qui
limitent les actions de recrutement et de hausse des charges du personnel. Dans ce sens, nous

188
L’actif des banques malaisiennes est constitué principalement de : Property and Equipment,
Intangible Assets, Right-of-use Assets, et le Goodwill ;
189
L’année 2014 a connu l’intégration de toutes les banques malaisiennes à l’échantillon ;

Page 219 sur 346


avons découvert plusieurs mentions et remarques dans les rapports financiers de ces banques
qui indiquent un renforcement des infrastructures technologiques et des systèmes de sécurités
en vue de développer les services à distance comme les services mobiles et protéger les
informations confidentielles de leurs clients (rapport financier, Maybank Islamic Berhad, 2021,
p. 48).
Tout de même, nous observons que certaines banques poursuivent une politique de banque en
ligne (Online banking) en vue de diminuer les charges du personnel comme le cas de MayBank
Islamic qui semble réaliser ses objectifs. Ainsi, le total des financements distribués dépasse 46,4
milliards de dollars pour des charges du personnel avoisinant les 11 millions de dollars durant
l’année 2019. Au contraire, Bank Islam Malaysia Berhad enregistre un total des charges du
personnel 158,5 millions de dollars pour des opérations de financements totalisant 12 milliards
de dollars durant la même année. Cette politique de rémunération élevée peut avoir des effets
négatifs sur l’efficience de ces établissements, au même temps qu’elle peut être une source de
motivation pour les salariés de la société.
En passant à l’analyse des dépôts, nous devons signaler avant tout la richesse d’information
dévoilée par les banques islamiques malaisiennes dans leurs rapports financiers qui détaillent
toutes les rubriques comme le détail des dépôts qui est présenté par typologie de la clientèle,
par type de dépôts (contrats Mudaraba, Qard…) et par maturité. Dans le sens contraire, les
banques participatives marocaines détaillent les dépôts par secteur (secteur public ou privé)
seulement, et présentent l’évolution des dépôts par Wakala Bil Istithmar reçus en termes
d’encours du début de période, affectation des résultats, variations de fonds, et l’encours de fin
de période190.
Cette différence dans le niveau de détail de chaque pays revient au fait que les banques
islamiques malaisiennes ont l’obligation de publier toutes les informations suivant la norme
MFRS 12 (Disclosure of Interests in Other Entities). Cette norme régit les modalités
d’informations qu’une entité doit fournir à tout intéressé, en vue de pouvoir évaluer la nature et
les risques liés aux intérêts détenus, ainsi que des informations complémentaires à envisager
par l’entreprise en vue d’atteindre l’objectif d’une information claire et détaillée. Cependant,
les banques participatives marocaines obéissent à une logique de présentation des
communications financières qui demandent des états préétablis par le référentiel comptable
marocain.
En continuant notre analyse, nous avons déjà mentionné que le rapport entre le total des dépôts
des banques malaisiennes est de 155 fois plus important que les dépôts des banques
participatives de notre échantillon. Ce qui montre la valeur importante des encours de dépôts
gérées par ces établissements bancaires qui connaissent un développement considéré comme
rapide durant la période d’étude, et montre aussi que la Malaisie est déterminée dans la
réalisation de son plan de transformation de son industrie bancaire en un système purement
islamique. Dans ce sillage, les banques malaisiennes ont réalisé un taux de croissance annuel
de dépôts et des comptes d’investissements à l’ordre de 8,9% pour les banques islamiques en

190
Pour plus de détails, se référer à l’état B11 : dépôts de la clientèle, et l’état des dépôts
d’investissements non restreints et Wakala Bil Istithmar reçus, dans les communications financières des
banques participatives ;

Page 220 sur 346


2021 (rapport financier de la banque centrale de la Malaisie, 2021, p44) contre un taux de 4,9%
pour les banques conventionnelles.
Au Maroc, le lancement du contrat Wakala Bil Istithmar en 2018 et des dépôts d’investissement
en 2019 ont marqué un retard pénalisant les banques participatives qui ont trouvé des difficultés
de financement de leurs opérations du fait que la majorité des dépôts collectés sont des dépôts
à vue qui ne correspondent pas aux financements à long et moyen terme tels que la Mourabaha
immobilière. Cette recherche de ressources par le biais de ces contrats a diminué le décalage
entre les besoins et les emplois, cependant, elle reste limitée principalement à des opérations
intra-groupes, ou à des opérations entre la maison mère et la filiale bancaire participative191 en
vue de rendre légitime l’opération de rémunération des dépôts.
En attendant le développement de l’activité des contrats de Takaful et des Sukuks
d’investissements et de financements afin de collecter des ressources de long terme, la
croissance considérable et exponentielle des dépôts des banques participatives marocaines ne
semblent pas combler leurs contraintes de financements d’emplois longs. Chose qui nécessite
l’accroissement de leurs efforts en vue d’attirer de nouveaux déposants dont la duration
correspond aux financements. Simultanément, elles devront promouvoir les opérations de
financements à court terme comme le contrat Salam en vue de réduire la pression sur les
ressources.
Ces discussions nous amènent à préciser notre premier output considéré comme étant le
véhicule qui permet aux banques une rémunération des risques encourus pour son activité
d’intermédiation financière. Il s’agit des financements et avances (Financing & Advances) pour
les banques malaisiennes ou des créances sur la clientèle pour les banques marocaines. Dans ce
sens, nous avons remarqué une évolution considérable de cet output qui ne cessent d’augmenter
pour les deux pays de l’échantillon. En effet, cet indicateur a évolué de 67 fois entre l’année
2021 et l’année 2017 pour les banques participatives, tandis qu’il a connu une croissance de
61% entre l’année 2021 et l’année 2014 pour les banques malaisiennes. Un ratio considéré
comme étonnant pour un secteur en phase de maturité.
A noter que plusieurs événements ont eu lieu durant la période d’étude tels que l’évolution
défavorable des taux de change et la crise sanitaire, cependant la répercussion est peu visible
sur les banques de notre panier d’échantillon qui montrent une résilience importante et une
continuité de croissance des financements, spécialement du côté des banques participatives
marocaines. Ces dernières ont connu une accélération sans précédent de leurs ratios de
financements, sans pour autant s’intéresser à l’évolution des ressources. Une faute considérée
comme étant la responsabilité de ces entités qui ont axé leurs communications sur les
financements, et non plus sur la perception du public d’une banque à part entière capable
d’attirer des dépôts, de collecter l’épargne et de réaliser les mêmes services qu’une banque
conventionnelle.
Une autre remarque importante concernant la richesse des informations des rapports financiers
des banques islamiques revient au fait qu’elles détaillent la rubrique des financements distribués
par type de contrats et concepts de la Sharia (financement immobilier, financement syndiqué,
recettes de la fiducie, etc à travers les contrats Bai’, Mourabaha, Mousharka, Al Ijara toumma

191
Bank Al Maghrib, Rapport annuel de la supervision bancaire, 2021 ;

Page 221 sur 346


al Bai’192…), par type de clientèle, par type de taux de profit (fixe, variable), par objet
économique (terrains, transports, constructions…), et par type de maturité. En plus des
provisions qui sont rattachés aux financements douteux. Ce détail est enrichi encore par une
analyse des variations de la valeur comptable brute et des provisions correspondantes pour
pertes de valeur sur les financements et les avances (ECL : Expected Credit Loss – ou perte de
crédit attendue).
Dans le cas contraire, les banques participatives utilisent deux tableaux pour expliquer les
rubriques concernant les créances sur la clientèle. Ces annexes présentent les créances sur la
clientèle dans un premier tableau qui contient la répartition par secteur (secteur public, privé),
ainsi que les créances considérées comme pré-douteuses, douteuses ou compromises, tandis
que le deuxième tableau présente les emplois (créances) et les ressources suivant la valeur
résiduelle par maturité193.
La différence dans le niveau de détail étant déjà mentionné supra, nous devons signaler le
développement accru du système d’information de gestion capable de générer des rapports
multiples et diversifiés selon les besoins de la direction générale de la banque ainsi que pour
les besoins de consolidation par la banque centrale en vue de tirer des renseignements
précieuses sur le degré de contribution effectif de chaque banque dans la sphère économique et
financière du pays, ainsi que tout détail en relation avec les rubriques comptables et financières
de tout établissement bancaire.
Ces éléments doivent faire l’objet d’une réelle discussion par les banques participatives
marocaines afin d’adapter ces normes de production d’information dans leurs systèmes de
gestion. Cette résolution doit être encourager par Bank Al-Maghrib à travers l’adoption d’un
cadre légal, comptable et financier qui tient compte de leurs spécificités. En complément, les
informations produites par ces organisations doivent être accessibles et publiées dans leurs
rapports financiers.
Dans la suite de notre discussion, nous devons passer au deuxième output qui désigne les
commissions et les produits reçus sur les opérations de financements. Cet output relève des
remarques particulièrement intéressantes dans la mesure où le gain réalisé par ces entités diffère
de façon considérable malgré le rapprochement entre les valeurs des prêts distribués par ces
entités. Cela revient aux compétences managériales et à la capacité de la banque à générer des
profits importants, ainsi que la stratégie de la banque qui détermine la politique de prise de
risque.
Dans ce sillage, nous signalons que Bank Assafa reste le leader sur le marché bancaire
participatif en termes de produits et de commissions perçus durant toutes les années de l’étude,
malgré que la valeur des inputs utilisés reste inférieure aux autres banques de l’échantillon. En
l’occurrence, Umnia Bank qui enregistre un total des commissions de 1.387 milliers de dollars
pour un montant de financements de 517 millions de dollars, contre un total de 4.685 milliers
de dollars de commissions perçus par Bank Assafa pour un montant de financements de 555

192
Al-Ijarah Thumma Al-Bai’ : signifie un contrat leasing assorti à une vente à la fin du contrat. Pour
plus de développement, se référer aux communications financières des banques malaisiennes ;
193
Pour plus de développement, se référer à l’état B22 : ventilation des emplois et des ressources suivant
la durée résiduelle, dans les communications financières des banques participatives ;

Page 222 sur 346


millions de dollars durant l’année 2021. Ces réalisations permettent à la banque d’améliorer
son efficience et de s’approcher de la frontière d’efficience tout en assurant un retour
satisfaisant sur les opérations de financements.
De la même manière, MBSB Islamic Bank en tant que banque islamique malaisienne réalise un
profit avoisinant 106 millions de dollars en 2021 pour un total des financements de 8,2 milliards
de dollars, alors que Hong Leong Islamic Bank distribue des financements à l’ordre de 8,05
milliards de dollars en réalisant un profit de 86,5 millions de dollars. D’autre part, nous
observons que le montant des charges du personnel de la première banque s’élève à un montant
de 61,8 millions de dollars, alors que la deuxième ne dépense qu’un montant 6,5 millions de
dollars seulement.
Cette maitrise des inputs par certaines banques ou/et une fructification des outputs par d’autres
est considérée comme la base de la stratégie de développement de l’efficience pour toute entité.
De ce fait, certaines banques peuvent choisir l’optimisation des deux variables à savoir les
intrants et les extrants, alors que d’autres essaient de garder un niveau maitrisable des inputs
pour un niveau déterminé des outputs. La troisième possibilité requiert la limitation du niveau
des inputs, en vue de produire un maximum des outputs. Ces choix font l’objet de
considérations stratégiques, cependant, elles peuvent connaitre des altérations et de
changements dû à l’environnement macro-économique (hausse du prix des inputs suite à une
montée des taux d’inflation).
Une autre remarque importante revient au fait que les crédits distribués par les banques
malaisiennes de l’échantillon sont de 117 fois plus importants que les financements des banques
participatives marocaines. Ce rapport passe à un chiffre étonnant pour les commissions reçus
par les banques de la Malaisie, qui sont 389 fois supérieurs aux banques marocaines. Ces ratios
signifient que l’effet de l’expérience et la maturité du secteur permettent à ces établissements
bancaires de gagner en efficacité et en performance afin d’optimiser leurs marges de profits.
D’autre part, ce résultat peut être dû à l’effet de lancement et aux difficultés liées à la réalisation
de profits suffisants durant cette phase, cependant, nous avons vu que les commissions reçus
ne sont pas conditionnées par des événements externes tels que la crise sanitaire pour les
banques participatives qui ont resté immunisées contre la baisse de leurs marges de profit. Au
contraire, nous avons remarqué que l’influence a été immédiat sur les banques islamiques
malaisiennes qui ont connu des chutes importantes dans les commissions et produits reçus sur
les opérations de financement durant les années 2020 et 2021, en passant de 3,1 milliards de
dollars en 2019 à 2,5 milliards de dollars en 2021. Un décalage surprenant de 683 millions de
dollars qui confirme nos propos.
Cette discussion des résultats nous mène à passer à la deuxième section de notre étude
empirique qui concerne la mesure et l’analyse de l’efficience technique des banques de
l’échantillon. Cette évaluation constitue une opportunité indéniable pour pouvoir comprendre
l’incidence des réalisations de chaque entité bancaire sur l’efficience. Par la suite, nous
proposons une décomposition de cette efficience en deux à savoir l’efficience technique pure
et l’efficience d’échelle.

Page 223 sur 346


Section 2 : Evaluation de l’efficience technique des banques
Après avoir analyser l’évolution des inputs et des outputs utilisés par les banques de
l’échantillon, nous procéderons à la mesure des scores d’efficience en utilisant la méthode non
paramétrique d’enveloppement des données (DEA) introduite pour la première fois par Charnes
et al (1978). Ainsi, le programme précise les scores d’efficience de 0 à 1 selon la distance qui
sépare la banque de la frontière d’efficience. Nous considérons aussi que chaque observation
est indépendante et a un score d'efficience approprié.
De la sorte, nous commençons notre étude par une analyse de l’efficience technique des
banques pour l’ensemble de l’échantillon. Ensuite, nous allons approfondir notre étude à travers
une analyse distincte pour chaque pays. Finalement, nous allons décomposer l’efficience
technique en deux volets à savoir l’efficience technique pure et l’efficience d’échelle dans
l’objectif est d’identifier les sources d’efficience et/ou d’inefficience des banques objet de notre
étude. Cette décomposition de l’efficience devra être poursuivi par une analyse distincte pour
chaque pays de l’échantillon pour appréhender de façon plus fine l’évolution des résultats de
notre recherche.
I. Mesure de l’efficience technique des banques de l’échantillon
Dans cette partie, nous allons examiner l’efficience des banques de notre échantillon de manière
détaillée en vue de connaître l’influence de chaque banque de l’échantillon sur l’efficience
moyenne. D’abord, nous présenterons les indicateurs de base pour ensuite commenter les
résultats. Nous finirons avec l’analyse des conclusions sur les banques de chaque pays à part
entière.

I.1. Mesure de l’efficience technique consolidée


Pour commencer, nous allons analyser l’efficience technique pour les banques de l’échantillon,
tout en faisant apparaître les principaux indicateurs statistiques (Moyenne, Max, Min, Ecart-
type et Nombre) de façon consolidée.
Les résultats de notre étude montrent, qu’en moyenne, les banques islamiques malaisiennes et
Marocaines de l’échantillon ont été efficientes à 83,21% durant la période couvrant 2012 à
2021. Autrement dit, l’inefficience de ces banques est à l’ordre de 16,79% en moyenne.
Cependant, il faut rappeler que les banques marocaines n’ont commencé leurs activités qu’en
2017. De même, sur 145 observations collectées durant la période de recherche, 57 observations
obtiennent un score d’efficience égal à 1 réparties sur les différentes années de notre étude
empirique dont la meilleure est celle de l’année 2021. Ainsi, le reste des observations se
trouvent écarté de la moyenne d’efficience de +/-0,2113 en moyenne.
Le tableau suivant récapitule les informations collectées à l’aide du programme de mesure de
la méthode d’enveloppement des données (Max DEA pro) en vue d’une analyse dans la suite
de cette partie.

Page 224 sur 346


Tableau 24 : Analyse statistique des résultats de l’efficience des banques de l’échantillon
durant la période 2012 - 2021
Année
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Libellé

Moyenne 0,7628 0,8189 0,8375 0,8863 0,8900 0,7591 0,7743 0,8239 0,8691 0,8992

Max 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000

Min 0,3878 0,3937 0,2772 0,3783 0,4407 0,0727 0,1913 0,4920 0,4581 0,5298

Ecart-
0,2164 0,1978 0,2181 0,1992 0,1604 0,3181 0,2800 0,1901 0,1718 0,1614
type

NB 3 3 5 7 4 6 9 4 6 10
 Max : désigne le score d’efficience le plus élevé dans l’échantillon durant l’année étudiée ;
 Min : désigne le score d’efficience le plus faible dans l’échantillon durant l’année étudiée ;
 L’écart-type : désigne la dispersion des résultats autour de la moyenne durant l’année étudiée ;
 NB : désigne le nombre de banques de l’échantillon présentant un score d’efficience égal à 1
durant l’année étudiée ;
Source : Auteur, à l’aide du programme Max DEA Pro et Excel
En commençant notre analyse par la moyenne d’efficience, il apparaît qu’elle connait une
évolution aléatoire globalement satisfaisante et positive. Ainsi, l’efficience moyenne est passé
de 76,28% en 2012 à 89,92% en 2021. En effet, le score d’efficience moyen réalisé en 2013
ressort une croissance positive en passant à 81,89%. Cette évolution du score est liée
principalement à la maîtrise des inputs et la hausse des outputs de trois banques de l’échantillon
à savoir AM Bank Islamic Berhad, Hong Leong Islamic Bank Berhad et Standard Chartered
Saadiq Berhad. Tout de même, le score minimum de l’efficience est passé de 38,78% à 39,37%,
tout en enregistrant une diminution de l’écart-type. Ces résultats montrent l’évolution générale
et favorable de toutes les banques de l’échantillon.
En 2014, l’intégration de deux banques malaisiennes dans l’échantillon194 de l’étude a porté le
score d’efficience moyen à 83,75%. De même, toutes les autres banques ont continué leurs
tendances haussières d’efficience, exception faite de la banque CIMB Islamic Bank Berhad qui
a vu son efficience chutée à 27,72% (score minimum) suite à une détérioration du niveau de
distribution des crédits malgré une hausse des dépôts. Durant cette année, 5 banques sur 13
réalisent un score d’efficience de 100%. Ceci montre clairement que la concurrence devient
plus rude sur le marché, avec un écart-type en hausse de 0,2181.
L’année 2015 a été marqué par une évolution du nombre des banques constituant la frontière
d’efficience. Ainsi, 7 banques ont réalisé un score d’efficience égal à 1, avec une hausse de
l’efficience moyenne de l’échantillon à 88,63% durant la même année. Cette croissance

194
Il s’agit de : Alliance Islamic Bank Berhad et Bank Islam Malaysia Berhad ayant un score d’efficience
respectivement de 99,48% et 100% ;

Page 225 sur 346


importante peut être expliquée par le biais de trois banques. En effet, Affin Islamic Bank Berhad
et Public Islamic Bank Berhad ont continué leurs maîtrises des inputs notamment par la
diminution des actifs immobilisés et des charges du personnel. De même, les crédits distribués
ont connu une hausse respective de presque 4,6% et 1,62%. En ce qui concerne Bank Muamalat
Malaysia Berhad, le processus d’amélioration de l’efficience a commencé par la diminution des
charges du personnel, mais tout aussi des dépôts et de manière moins importante des crédits
distribués, ce qui a permis une meilleure allocation des ressources. Ces actions s’inscrivent dans
le cadre de la stratégie de contrôle de coûts et le développement des produits et services
innovants aux clients existants et potentiels (rapport financier, 2015, p. 13). Cette période
marque également l’augmentation du niveau du score d’efficience minimum en le portant à
37,83%, soit une évolution de 10,11%.
A noter que CIMB Islamic Bank Berhad continue de tirer l’efficience moyenne des banques de
l’échantillon vers le bas, puisqu’elle enregistre durant la période 2012-2015 le score
d’efficience le plus faible (le score minimum d’efficience sur le tableau). La banque avance des
explications liées à des facteurs d’ordre réglementaire (interventionnisme de la banque centrale
de la Malaisie), à des facteurs externes comme le ralentissement des taux de croissance de
l'économie mondiale, la faiblesse du devise, et la volatilité des prix des produits de base qui
pèsent négativement sur le marché des capitaux, ainsi que des facteurs d’ordre internes à savoir,
la nécessité d’un recalibrage sur de nombreux fronts tels que le contrôle des coûts, le
développement des produits à valeur ajoutée, etc… (rapport financier, 2015, p.6-7). Dans ce
contexte, la stratégie de la banque projette une amélioration des faiblesses et une exploitation
des opportunités présentes sur le marché en misant sur la digitalisation des processus de ventes
et en nouant des partenariats stratégiques avec des partenaires clés.
En 2016, la frontière d’efficience est constituée seulement de 4 banques (contre 7 une année
auparavant). Cependant, l’efficience moyenne a connu une hausse faiblement considérable de
+0,37% pour s’établir à 89%. Ce résultat est expliqué principalement par un rapprochement des
scores d’efficience et une dispersion faible des scores de +/- 0,1604 par rapport à la moyenne.
Dans le même sens, deux banques de l’échantillon améliorent leurs allocations des ressources
en diminuant leurs charges (inputs) et en augmentant sensiblement leurs outputs. Il s’agit du
cas de Hong Leong Islamic Bank, et RHB Islamic Bank ayant haussé leurs efficiences
respectives de +10,2% et de +10,43%. Durant la même année, CIMB Islamic Bank continue
d’être la banque la moins efficiente, en enregistrant le score d’efficience le plus faible (44,07%),
toutefois, elle s’inscrit dans une logique d’amélioration continue puisque le résultat est en
hausse de +6,23% par rapport à l’année 2015.
L’année 2017 marque l’octroi des premiers agréments et le lancement des banques
participatives au Maroc. Un événement tant attendu par le peuple marocain assoiffé aux
produits conformes à la Sharia. Durant cette année, 5 banques ont été agrées, Or, nous avons
intégré 4 banques à l’échantillon195. Cette intégration des banques marocaines a diminué
l’efficience moyenne à 75,91% puisque ces banques réalisent un score d’efficience très faible
à l’ordre de 7,27% pour le cas d’Umnia Bank et de 9,47% pour le cas de Bank Assafa. Quant à

195
Il s’agit de Bank Al Yousr, Bank Assafa, Umnia Bank et BTI Bank. Cependant, cette dernière n’a été
lancée qu’en décembre 2017. Pour le cas d’Al Akhdar Bank, nous n’avons pas réussi à trouver ses
communications financières du fait du lancement tardif de leur site officiel.

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Bank Al yousr, elle réalise une efficience relativement élevée (42,96%) par rapport à la
moyenne d’efficience marocaine qui s’élève à 19,90%.
Ces résultats sont clairement la conséquence d’un effet de lancement en raison d’un actif
immobilisé non productif, ou sous-exploité, à l’importance des charges du personnel et des
dépôts contre une faible production des financements et par la suite moins de commissions à
recevoir. Ce constat ne devra pas continuer puisque les engagements hors bilan de financement
en faveur de la clientèle marquent un signal positif de développement de l’activité de la finance
participative au Maroc. De toute évidence, le grand gap existant entre les scores de l’efficience
a augmenté l’écart-type de l’échantillon de +/- 0,3181 en 2017, contre seulement une dispersion
de +/- 0,1604 en 2016.
A noter que pendant l’année 2017, Kuwait Finance House (KFH) a vu son efficience baissée
de 97,78% en 2016 à 66,51% à cause d’un changement important relatif à une augmentation
brutale des inputs et une diminution remarquable des crédits distribués et des produits
d’investissements. Cette décroissance est expliquée par la nouvelle stratégie de la banque
(Reconstruire, stabiliser et rééquilibrer le portefeuille) et le lancement du programme INSPIRE
en vue de devenir une marque forte dans le secteur de la finance islamique et accroître la part
de marché actuelle en Malaisie (rapport financier de KFH, 2016, p. 25). De même, la banque
poursuivra la restructuration de son bilan afin d'être compétitive sur le marché et fournir des
bénéfices durables.
Durant l’année 2018, les banques réalisant un score d’efficience égal à 1 atteint un nouveau
record de 9 sur 17 banques placées sur la frontière d’efficience. Pareil, BTI Bank, la banque
participative marocaine lancée en décembre 2017, a été intégré à l’échantillon en réalisant une
efficience de 19,13%. Ce résultat lui a permis d’être classée dernière en termes du score
d’efficience de la période. Ainsi, l’efficience moyenne passe à 77,43% en s’appuyant sur une
progression importante de l’efficience de deux banques marocaines à savoir Bank Assafa qui a
passé à 72,89% (contre 9,47% en 2017) et Umnia Bank avec un score de 38,39% (contre 7,27%
une année auparavant), cependant, Bank Al Yousr n’a pas réussi son trend croissant en
enregistrant une décote de 10,1% par rapport à 2017, en raison d’une allocation moins optimale
des ressources.
De la même manière, les banques malaisiennes continuent leurs stratégies d’amélioration
d’efficience, exception faite de Kuwait Finance House et MBSB Bank Berhad qui ont enregistré
une dépréciation d’efficience respective de -8,55% et -29,56% par rapport à l’année 2017.
MBSB Bank n’avance aucun changement de sa stratégie, sachant qu’elle a effectué une
opération d’acquisition des droits d’actifs auprès du Holding mère contre émission Sukuks, ce
qui explique l’évolution remarquable de son actif immobilisé. En plus, l’augmentation des
charges du personnel et la diminution des crédits distribués et des produits reçus sur opérations
de financement a également influencé le score d’efficience de la banque.
En passant à l’année suivante (2019), l’efficience moyenne s’est améliorée pour la plupart des
banques pour atteindre 82,39% en moyenne. Ainsi, le score d’efficience a connu une croissance
à deux chiffres pour toutes les banques marocaines de l’échantillon à cause d’une meilleure
allocation des ressources (inputs) de même qu’une amélioration soutenue des financements et
des commissions reçus. Par exemple, BTI Bank a connu une évolution de 390% des crédits

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distribués en 2019 par rapport à l’année 2018. De même, Bank Assafa a augmenté ses
commissions de 596% en 2019.
Ces résultats impressionnants ont optimisé l’efficience moyenne des banques participatives
marocaines qui a passé de 40,82% en 2018 à 74,11% en 2019. Cependant, nous constatons que
le nombre des banques efficientes à 100% diminuent à seulement 4 banques, sans pour autant
que ces résultats affectent l’efficience minimale qui passe à 49,2%, contre 19,13% en 2018. De
surcroît, l’écart type diminue de façon importante, ce qui montre que les scores des banques de
l’échantillon deviennent plus concentrés autour de la moyenne.
Du coté des banques islamiques malaisiennes, l’efficience moyenne a diminué de 3,75% à cause
d’une chute d’efficience de la banque à propriété étrangère : Standard Shartered Saadiq Berhad
qui a subi une décroissance de ses financements et de ses produits reçus, puisque le total des
financements et des avances a diminué de 18,2 % sur l'année pour atteindre 4,4 milliards RM,
tandis que les dépôts des clients ont fortement augmenté de 9,8 % pour atteindre 2,859 milliards
RM (rapport financier, 2019, p.2). Dans le sens contraire, la stratégie de CIMB Bank semble
réaliser ses objectifs du fait que son score d’efficience en 2019 est passé à 85,91% en évolution
nette de 58% par rapport à l’année 2014.
En 2020, la crise Covid-19 a obligé un lock-down et un arrêt brutal de la chaîne d’activité sans
que le monde soit préparé à une telle récession. Cette crise sanitaire a accéléré la transformation
digitale de tous les secteurs y compris le secteur bancaire. En ce qui concerne l’efficience, le
résultat s’est amélioré pour les banques des deux pays, marquant une immunisation contre cette
crise qu’a frappé le monde entier. Ainsi, l’efficience moyenne s’est établie à 86,91%, en
croissance de 4,52% par rapport à l’année 2019. Dans ce contexte, les banques continuent leurs
stratégies de croissance en s’appuyant davantage sur la digitalisation des procédures d’octroi
des crédits, des ventes à distances et la promotion des canaux digitaux (application, appels
téléphoniques…) ainsi que le traitement des demandes de reports et de moratoires des prêts de
façon digitalisée.
A noter que seule MBSB Bank Berhad connait une détérioration importante de son efficience
qui a passé à 45,81% durant l’année 2020, contre 60,42% en 2019, en étant affectée par la crise
pandémique et le moratoire accordé aux clients sur les remboursements de crédits durant 6
mois. Ces actions ont baissé le profit sur opérations de financements de presque 40%, ce qui a
influencé négativement son efficience. Cependant, la plupart des banques malaisiennes ont
gardé, presque, le même niveau d’efficience moyenne en 2019.
Dans le sens contraire, les banques participatives marocaines ont gardé un trend haussier de
leurs scores d’efficience en enregistrant pour la première fois un score de 100% pour Bank
Assafa. De même, Bank Al Yousr a enregistré une efficience de 82 ,79% durant l’année 2020,
soit une hausse nette de 30% par rapport à l’année 2019.
L’année 2021 connait une amélioration générale de l’efficience des banques de l’échantillon
qui conduit à une augmentation du score d’efficience moyen à 89,92%. Les résultats de cette
année sont particulièrement intéressants parce que l’efficience de toutes les banques
participatives marocaines de l’échantillon se situent sur la frontière d’efficience (score = 1), ce
qui indique que toutes ces entités arrivent à tirer profit de leurs ressources de façon efficace et
optimale.

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De même, les banques islamiques malaisiennes connaissent une croissance soutenue dans la
mesure où 62% de ces banques ont amélioré leurs efficiences respectives. Le reste de
l’échantillon a reculé faiblement, exception faite de May Bank Islamic Berhad qui a passé de
100% d’efficience en 2020 à 86,23% en 2021 à cause d’une diminution des financements de
9,36% en raison de la reclassification des prêts financés par un certain nombre de comptes
d'investissement avec participation aux bénéfices restreinte (RPSIA) d'un montant de 25,2
milliards RM qui sont désormais traités comme hors bilan (rapport financier, 2021, p.2).
Il est à noter que la dispersion des scores d’efficience a diminué considérablement pour se situer
à +/- 0,1614 en 2021, ce qui revient à un rapprochement des scores à la moyenne d’efficience
et qui s’approche considérablement de la frontière d’efficience, avec un score d’inefficience
faible de 10,08%. En même temps, le niveau de performance minimale enregistré en 2021
constitue le score le plus élevé comparativement aux scores minimums enregistrés durant la
période d’étude (2012-2021). De surcroît, le nombre de banques constituant la frontière
d’efficience atteint un niveau record de 10 banques, ce qui représente 59% par rapport à
l’échantillon total.
A travers les résultats de notre étude, nous avons remarqué que les banques islamiques
malaisiennes s’inscrivent généralement dans une approche d’amélioration continue tout en
essayant de s’adapter au contexte économique, financier et réglementaire du pays. Ainsi, nous
avons constaté que la dépréciation de la valeur de la monnaie locale et la hausse du taux
d’inflation ont lésé le développement des banques de l’échantillon, toutefois, elles sont restées
performantes et efficientes. De la même manière, les banques sont toujours en quête de
recherche de voies d’optimisation et de restructuration afin d’être compétitives, tel qu’il est
l’exemple de Kuwait Finance House (KFH) qui a malgré son score d’efficience proche de
100%, mais elle a décidé de changer de stratégie dans la perspective d’accaparer plus de part
de marché et préserver sa pérennité.
En ce qui concerne les banques participatives marocaines, les résultats n’ont pas cessé
d’augmenter en enregistrant des taux de croissance importants (à deux chiffres), sans pour
autant s’influencer par la concurrence, car, toute optimisation des ressources ou/et une
augmentation des outputs engendre automatiquement une appréciation du niveau de
l’efficience. Dans ce contexte, nous avons décidé de décomposer l’efficience technique des
banques de l’échantillon de façon séparée pour chaque pays de l’échantillon en vue de
comprendre clairement les résultats de notre étude.

I.2. Mesure de l’efficience technique par pays


Après avoir présenté et analysé l’évolution de l’efficience moyenne, nous décomposerons cette
efficience par pays, tout en faisant apparaître l’efficience moyenne consolidée. Le tableau ci-
après montre clairement les résultats de notre étude.

Page 229 sur 346


Tableau 25 : Evolution de l'efficience technique des banques de l’échantillon durant la
période 2012 - 2021
Année
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Libellé
Moyenne
0,7628 0,8189 0,8375 0,8863 0,8900 0,7591 0,7743 0,8239 0,8691 0,8992
consolidée
MOYE
0,7628 0,8189 0,8375 0,8863 0,8900 0,8883 0,8869 0,8494 0,8629 0,8682
NNE

MAX 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000

Malaisie MIN 0,3878 0,3937 0,2772 0,3783 0,4407 0,5398 0,5397 0,4920 0,4581 0,5298

EC-
0,2164 0,1978 0,2181 0,1992 0,1604 0,1527 0,1817 0,1789 0,1919 0,1741
TYPE

NB 3 3 5 7 4 6 9 4 5 6

MOYE
0,1990 0,4082 0,7411 0,8892 1,0000
NNE

MAX 0,4296 0,7289 0,9971 1,0000 1,0000

Maroc MIN - 0,0727 0,1913 0,5237 0,7916 1,0000

EC-
0,1912 0,2287 0,2298 0,0964 -
TYPE

NB - - - 1 4

Source : Auteur, à l’aide du programme Max DEA Pro et Excel


En suivant l’évolution de l’efficience consolidé ainsi que les scores d’efficiences des banques
malaisiennes, nous constatons qu’elles sont alignées jusqu’à l’année 2016, puisque les banques
participatives marocaines n’ont commencé qu’en 2017. Durant la deuxième période allant de
2017 à 2021, l’efficience des banques de l’échantillon a connu une dégradation à 75,91%, en
raison de l’intégration des banques marocaines, puis elle reprend à des niveaux soutenus jusqu’à
la fin de la période d’étude.
Quant à l’efficience des banques malaisiennes. Elle enregistre une croissance générale depuis
l’année 2012 jusqu’à l’année 2021, tout en marquant une décote entre l’année 2017 et l’année
2019, puis reprend sa croissance positive jusqu’à la fin de l’année 2021. En effet, l’évolution
haussière durant l’année 2013 a concerné principalement une amélioration générale de
l’efficience de toutes les banques de l’échantillon, exception faite de Bank Muamalat Malaysia
Berhad qui a connu une détérioration de 6% de son score d’efficience pour se situer à 94,48%
en 2013. Ces résultats ont diminué la dispersion des résultats, sans pour autant changer le
nombre de banques situées dans la frontière d’efficience.
En 2014, l’efficience moyenne s’accroît de 2% suite à l’intégration des deux banques à
l’échantillon et le nombre de banques présentant un score d’efficience de 100% a passé de 3 à
5 banques. Cependant, l’écart type entre les résultats augmente de façon considérable suite à la

Page 230 sur 346


chute de l’efficience de CIMB Bank que nous avons déjà détaillé. Une année plus tard,
l’efficience des banques malaisiennes se développe pour atteindre un score de 88,63%. Tout de
même, le nombre d’organisations bancaires constituant la frontière d’efficience est passé à 7
banques. Or, RHB Islamic Bank a connu une diminution brutale de son efficience suite à une
diminution importante de ces outputs.
L’année 2016 connait une amélioration faible de l’efficience moyenne des banques de notre
étude pour s’établir à 89%. Il constitue le score le plus élevé durant toute la période d’étude,
avec une dispersion très faible des résultats de +/- 0,16. Néanmoins, la frontière d’efficience
compte désormais 4 banques seulement à cause principalement de la dépréciation de la valeur
de la monnaie locale. En 2017, l’efficience moyenne recule davantage à 88,83% avec une
dispersion plus faible des résultats et un score d’efficience minimum de 54%. Durant cette
année, RHB Bank revient à son degré d’efficience (93,5%) au même temps que plusieurs
banques de l’échantillon gardent le même niveau de performance, exception de la banque KFH
que nous avons déjà explicité les raisons de sa dévaluation.
L’année 2018 constitue une sorte de réplique de la dernière année en enregistrant un score
d’efficience de 88,69%, tout en gardant les mêmes particularités statistiques de l’année 2017.
Cependant, les détails de cette situation cachent une détérioration de l’efficience de trois
banques de l’échantillon à savoir, Kuwait Finance House, AM Bank Islamic Berhad et MBSB
Bank Berhad, mais également une amélioration des scores de cinq banques196 suite à une
meilleure gestion des ressources (inputs) et une amplification des outputs. Le reste ayant gardé
le même niveau d’efficience. Ces éléments ont augmenté le nombre de banques existant sur la
frontière d’efficience au nombre le plus élevé durant toute la période de l’étude (9 banques sur
13).
En 2019, la situation se dégrade pour la plupart des banques malaisiennes en passant à une
moyenne d’efficience d’environ 85%, soit une décote de 3,75% par rapport à l’année 2018.
Durant cette période, cinq banques ont quitté la frontière d’efficience suite à l’entrée en vigueur
de la norme MFRS16 qui a provoqué une hausse importante dans l’actif immobilisé de ces
banques. Toutefois, certaines banques ont pu garder le même niveau d’efficience, voie même
une amélioration, du fait qu’elles n’ont pas été assez influencé par cette nouvelle mesure, ou
parce qu’elles ont compensé cette hausse des inputs par une augmentation (plus importante)
des outputs.
L’année 2020 a connu une correction de cet effet en faisant passer l’efficience moyenne à
86,29%. Malgré cela, la dispersion des résultats a connu un élargissement de +/- 0.01 suite à un
changement du score d’efficience minimum de 49% à 46%. La crise sanitaire ne semble pas
affecter amplement les banques de notre échantillon puisque 7 entités de l’échantillon arrivent
à faire progresser leurs efficiences respectives, comme l’exemple de Bank Islam Malaysia et
RHB Islamic Bank qui sont désormais situées sur la frontière d’efficience.
La dernière année de notre période d’étude connait une évolution faible en passant de 86,29%
à 86,82%. Une croissance faiblement visible sur le plan général, mais qui laisse présager des
chamboulements et des changements importants dans les scores d’efficiences de la plupart des

Il s’agit de Affin Islamic Bank, Alliance Islamic Bank, CIMB Islamic Bank, Hong Leong Islamic
196

Bank, et RHB Islamic Bank Berhad;

Page 231 sur 346


banques de l’échantillon. Ainsi, deux banques ont gardé leurs positions sur la frontière
d’efficience à savoir CIMB Islamic Bank et RHB Islamic Bank. Six banques de l’échantillon
ont pu améliorer leurs efficiences d’une valeur moyenne de 6.8%. A l’inverse, cinq banques
ont connu une décote de leurs scores d’environ 6.77% en moyenne. Ces variations ont porté
l’efficience minimale à 52,3% et a permis une diminution de la dispersion des résultats autour
de la moyenne.
Passant aux banques marocaines, le lancement progressif en 2017 a permis des résultats
favorables et une évolution remarquable à deux chiffres durant toute la période d’étude qui
atteint un score d’efficience égal à 100% en 2021. La comparaison d’efficience entre les deux
pays permet de scinder la deuxième période (2017 à 2021) en deux intervalles respectifs. Ainsi,
les banques malaisiennes enregistrent les scores d’efficiences les plus élevés pendant la période
entre l’année 2017 et 2019. Par contre, les banques participatives marocaines prennent le relais
et deviennent les banques les plus efficientes durant la période couvrant les années 2020 et
2021.
En fait, les banques marocaines commencent leurs activités avec un score d’efficience de
19,9%, avant de passer aux environs de 41% en 2018. Cette croissance notable est liée
principalement à une hausse des outputs comme nous avons expliqué supra. En 2019, la
croissance est plus importante que jamais. Ainsi, elle passe de 40,8% à 74,1%, soit une
évolution nette de 33,3% par rapport à l’année 2018 pour les raisons citées précédemment. Dans
ce contexte, le score d’efficience minimum devient plus important, au même temps que la
dispersion des résultats devienne plus visible (+/-0.23). Chose qui constitue un décalage
important entre quatre banques seulement.
Cette situation n’a pas duré longtemps puisque la dispersion ressort à un niveau de +/- 0.964 au
cours l’année 2020, tout en enregistrant une efficience moyenne de 88,9%. Cette année marque
le passage de Bank Assafa à la frontière d’efficience et une croissance notable des scores pour
le reste des banques de l’échantillon, sans pour autant s’influencer par les conséquences de la
crise sanitaire. L’hypothèse première de notre recherche reste la marge élevée pratiquée par les
banques marocaines qui leur a permis de développer un PNB remarquable de 337 millions de
dirhams en 2020 en évolution positive de +67% par rapport à l’année 2019, de même que les
efforts déployés par ces entités en vue de rattraper le lock down. Ainsi, nous avons montré dans
une étude antérieure que les banques participatives ont resté résilientes malgré un premier
semestre de l’année 2020 assez difficile197.
L’année 2020 constitue l’intersection entre les banques des deux pays, avec une supériorité des
résultats des entités marocaines, comme le montre la figure plus loin. Néanmoins, ces dernières
arrivent à dépasser l’efficience moyenne consolidée pendant l’année 2021 avec un passage
commun à la frontière d’efficience (score = 100%). Ainsi, toutes les banques participatives
marocaines de l’échantillon sont techniquement efficientes.
Dans ce contexte, nous considérons que les banques participatives au Maroc poursuivent encore
la stratégie de lancement qui s’avère réaliser ses objectifs. Cependant, au-delà de l’effet
d’annonce, qui a encouragé les clients adeptes aux produits financiers islamiques à basculer

Abouzaid Badr et Balla Marouane, L’impact de la crise Covid-19 sur les banques participatives au
197

Maroc et les mesures de relance, Revue du contrôle, de la comptabilité et de l’audit, 5, no 3 (2021) ;

Page 232 sur 346


pour leurs services bancaires, et le lancement poussé par les autorités réglementaires et
considéré comme une obligation ou comme un accessoire à la finance classique qui doit exister
et coexister dans la sphère financière marocaine pour se conformer aux pays islamiques. Or, est
ce que les banques participatives poursuivront cette croissance qui semble dépasser les attentes
des acteurs économiques ?
Évidemment, l’année 2021 constitue la référence pour les banques marocaines puisqu’elles
arrivent toutes à optimiser leurs allocations de ressources et arrivent à réaliser une efficience
égale à 100% et se positionner ainsi sur la frontière d’efficience. Chose qui laisse la question
ouverte sur la possibilité de poursuite de ces résultats (scores) pendant les années à venir.
Néanmoins, d’après l’expérience de l’étude d’efficience des banques malaisiennes, nous
pouvons confirmer que l’allocation optimale des ressources peut être altérée. Dans le même
ordre d’idées, l’analyse des réalisations et des scores d’efficience de ces dernières indiquent
qu’elles sont toujours à la recherche des voies optimales d’exploitation des inputs en vue de
produire le maximum d’outputs. D’autant plus, l’échelle de production peut être modifié dans
la mesure où ses entités cherchent continuellement à faire progresser leurs rendements
d’échelle.
Cette recherche est souvent influencée par des facteurs d’ordre macro-économique comme les
changements d’ordre réglementaires ou micro-économique tels que les changements de
stratégies, de restructuration et de repositionnement, comme nous venons de voir au sein de
plusieurs banques de l’échantillon. Ces bouleversements et altérations que connaissent les
banques malaisiennes affectent de façon directe ou/et indirecte l’évolution des scores
d’efficience. La figure ci-après montre clairement la nuance entre les variations d’efficience
entre les banques de l’échantillon (total consolidé, Malaisie, Maroc).
Figure 19 : Evolution de l'efficience technique des banques de l’échantillon durant la
période 2012 - 2021

EVOLUTION DE L'EFFICIENCE
TECHNIQUE
1,1000
1,0000
0,9000
0,8000
SCORES D'EFFICIENCE

0,7000
0,6000
0,5000
0,4000
0,3000
0,2000
0,1000
0,0000
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021

Evolution consolidée Malaisie Maroc

Page 233 sur 346


En vue d’approfondir les résultats de notre recherche, nous allons décomposer l’efficience
technique des banques de l’échantillon en deux, à savoir l’efficience technique pure et
l’efficience d’échelle.
II. Décomposition de l’efficience technique des banques
Pour rappel, l’efficience technique est « la capacité à éviter des pertes en produisant autant
d’output que le permet l’utilisation des inputs ou en utilisant le moins possible d’inputs telle
que le permet la production d’outputs » (Harold, Lovell, et Schmidt 1993). Cette dernière
pourra être décomposée en une efficience technique pure et une efficience d’échelle. La
première renvoie à la capacité d’une entreprise à optimiser sa production pour un niveau donné
d'intrants tandis que la deuxième désigne les entreprises qui opèrent à une échelle optimale, et
arrivent, le cas échéant, à augmenter proportionnellement les quantités de tous les facteurs (sous
hypothèse de rendements d’échelles constants). Ainsi, l’efficience technique est le produit des
deux types d’efficiences.
Dans la suite de ce chapitre, nous allons décomposer l’efficience pour l’ensemble consolidé des
banques de l’échantillon. Encore une fois, nous allons scinder les résultats de notre étude pour
chaque pays à part entière.

II.1. Décomposition de l’efficience technique des banques de l’échantillon


Dans cette partie, nous commençons par analyser la décomposition de l’efficience technique
pour les banques incluses dans notre étude durant la période 2012-2021. Le tableau ci-après
présente les résultats de notre étude. Ce tableau est suivi par une analyse exhaustive de ces
indicateurs statistiques.
En partant de l’analyse du tableau ci-dessous, nous remarquons une évolution aléatoire de
l’efficience technique pure (PTE) et de l’efficience d’échelle. En premier lieu, les deux types
d’efficience, citées précédemment, enregistrent des scores élevés variant entre 79,43% et
97,97% en moyenne durant la période d’étude. De même, les banques de l’échantillon sont
efficientes d’échelle que techniquement et purement pendant les années 2012 et 2014 seulement
avec des scores respectifs de 87,12% et 92,26%.
Pour le reste de la période, les banques sont purement et techniquement efficiente que d’échelle.
En d’autres termes, elles arrivent à gérer efficacement les ressources (inputs) pour un niveau
déterminé des outputs, ou/et maximiser leurs productions à travers une dotation des inputs, que
de produire sur une échelle plus optimale.

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Tableau 26 : Résultats de la décomposition de l’efficience des banques de l’échantillon
durant la période 2012 - 2021

Année
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Libellé
Efficience
0,7628 0,8189 0,8375 0,8863 0,8900 0,7591 0,7743 0,8239 0,8691 0,8992
technique
Moye
0,8696 0,9302 0,8913 0,9482 0,9797 0,9582 0,9148 0,9285 0,9341 0,9703
nne

Efficienc Max 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000
techniqu
e pure Min 0,6445 0,7999 0,5595 0,7039 0,7514 0,7044 0,6628 0,6045 0,4943 0,5348
(PTE)
Ecart-
0,1329 0,0778 0,1404 0,1018 0,0687 0,0908 0,1301 0,1215 0,1323 0,1126
type

NB 4 5 7 10 11 11 11 9 8 15

Moye
0,8712 0,8715 0,9226 0,9220 0,9024 0,7943 0,8453 0,8843 0,9264 0,9280
nne

Max 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000 1,0000
Efficienc
e
Min 0,4971 0,4922 0,4955 0,5375 0,5865 0,0727 0,1913 0,5278 0,6888 0,6073
d’échelle
(SE) Ecart-
0,1786 0,1652 0,1467 0,1378 0,1288 0,3160 0,2602 0,1497 0,1024 0,1283
type

NB 3 3 5 7 4 6 9 4 6 10
Source : Auteur, à l’aide du programme Max DEA Pro et Excel

De manière plus approfondie, l’évolution de l’efficience technique pure montre qu’elle


enregistre des niveaux soutenus durant toute la période de l’étude. Ainsi l’efficience passe de
86,96% en 2012 à plus de 93% en moyenne au cours de l’année 2013. Toutefois, cette
performance a été inversée par une diminution du score de l’efficience technique pure en 2014
en passant à 89,13% en moyenne à cause principalement d’une décote du CIMB Islamic Bank
au score d’efficience minimum enregistré par l’échantillon. D’autant plus, l’intégration des
deux banques à l’échantillon n’a pas eu une influence négative sur l’efficience technique pure
puisqu’elles se positionnent sur la frontière.
L’année 2015 marque un rebond important de l’efficience (PTE) à travers une augmentation de
plus de 5% par rapport à l’année 2014. De même, la dispersion des résultats est devenue moins
faible de +/- 0.1018 après avoir été à l’ordre de +/- 0.1404. Cette évolution est tirée
essentiellement par une amélioration de la banque la moins efficiente (CIMB Islamic Bank),
mais également par MayBank Islamic, Bank Muamalat Malaysia et Public Islamic Bank qui
ont passé à la frontière d’efficience.
En passant au score le plus élevé pendant toute la période de notre étude en 2016, les banques
de l’échantillon portent le résultat à presque 98%, ce qui revient à une inefficience technique
pure de 2%. En plus, 11 banques sont situées sur la frontière d’efficience (85% de l’échantillon),

Page 235 sur 346


exception faite de CIMB Islamic Bank, et Public Islamic Bank qui enregistre des scores
respectifs de 75,14% et de 98,41%.
En 2017, l’intégration des banques participatives marocaines ne fait pas diminuer l’efficience
technique pure puisqu’elles enregistrent un score moyen de 100%, cependant, l’efficience
technique pure décroit à 95,82% à cause d’une sortie de la frontière d’efficience de quatre
banques islamiques malaisiennes. L’efficience (PTE) se dégrade encore en 2018 à 91,48% à
cause de la diminution d’efficience de deux banques marocaines à savoir Bank Assafa et Umnia
Bank, ainsi que les entités Am Bank Islamic et MBSB Islamic Bank qui passe à des scores
respectifs de 66,28% et de 70,52% après avoir été situé à la frontière d’efficience, ce qui signifie
que ces organismes bancaires ne gèrent plus efficacement leurs ressources.
L’efficience technique pure reprend sa croissance jusqu’à atteindre 92,85% en 2019. Cette
hausse est soutenue par une meilleure gestion de plusieurs banques de l’échantillon ainsi qu’un
niveau stable de performance durant la période 2018-2019. Une année plus tard, la situation
s’améliore de façon très faible d’environ 1%, avec des variations sensibles des résultats de
l’efficience pour les banques malaisiennes. De la même manière, les banques participatives
marocaines connaissent une hausse générale de leurs scores d’efficience technique pure, en
ayant la moitié de son échantillon placé sur la frontière d’efficience. Cette année a connu une
dispersion plus importante des résultats suite à une diminution de l’efficience de MBSB Bank
à un score de 49,43% après avoir été situé sur la frontière d’efficience depuis 2012 jusqu’à
l’année 2017. Ces résultats sont liés essentiellement à une mauvaise gestion (inputs et outputs)
de la part de la banque suite à une baisse très considérable des produits et commissions reçus,
ainsi qu’une hausse des charges du personnel.
L’année 2021 a connu une évolution positive de l’efficience technique pure à un score de 97%,
soit une hausse nette de presque 4%. Un degré d’efficacité important et élevé qui signifie, qu’en
général, les banques de l’échantillon arrivent à optimiser leurs productions et gérer efficacement
leurs ressources. Cette année marque aussi le passage de toutes les banques marocaines, de
même que 85% de l’échantillon des banques malaisiennes à la frontière d’efficience. Seules
Standard Chartered Saadiq Berhad et MBSB Islamic Bank restent éloignées tout en enregistrant
des scores respectifs de 96% et 53,5%.
En passant à l’analyse de l’efficience d’échelle des banques de l’échantillon. Nous constatons
qu’elle continue sa croissance depuis l’année 2012 jusqu’à l’année 2015 en passant de 87,12%
à 92,20%. Ensuite, l’année 2016 connait une dégradation générale du niveau d’efficience
d’échelle chez la plupart des banques malaisiennes pour atteindre le score de 90,24%, mais avec
une dispersion faible des résultats. L’intégration des banques marocaines au cours de la
deuxième période de l’étude (2017) a influencé négativement l’efficience d’échelle puisqu’elle
a enregistré un recul important à 79,43%, tout en marquant une chute de l’efficience minimale
à l’ordre de 7,27% avec une dispersion inaccoutumée de +/-0.3160. La suite de la période de
l’étude a connu une correction de ses résultats et une croissance positive de l’efficience
d’échelle jusqu’à atteindre le score de 92,8% en 2021.
En approfondissant notre recherche, nous remarquons que le passage de l’année 2012 à l’année
2013 n’a pas changé de situation puisque les scores respectifs ont été à l’ordre de 87,12% à
87,15%, tout en enregistrant un niveau de dispersion des résultats moins importants (+/-
0,1652). Toutefois, l’année 2014 semble donner une forte impulsion à l’efficience d’échelle des

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banques malaisiennes en passant à un score de 92,26% tiré principalement par l’intégration des
deux banques à l’échantillon à savoir Alliance Islamic Bank et Bank Islam Malaysia, ainsi que
le passage à la frontière d’efficience de RHB Islamic Bank et Standard Chartered Saadiq. Bien
évidemment, ces résultats ont été contre-performés par des décotes d’efficience d’échelle du
reste des banques. En 2015, la situation demeure presque stable tout en enregistrant un niveau
d’efficience d’échelle minimum supérieur à toutes les années précédentes, de même qu’une
dispersion plus faible des résultats suite à une amélioration générale du nombre de banques
situées sur la frontière d’efficience. L’année 2016 n’a pas suivi sa tendance puisqu’elle marque
un recul des scores d’efficience d’échelle d’environ la moitié des banques de l’échantillon (7
banques sur un total de 13). Toutefois, il ne faut pas oublier que l’efficience minimale s’est
améliorée pour se situer à 59%.
L’année 2017 marque l’intégration des banques participatives marocaines à l’échantillon.
Chose qui a diminué le score moyen d’efficience d’échelle à 79,43% avec des résultats très
faibles en portant l’efficience minimale à 7,27% enregistrée par Umnia Bank. La deuxième
place revient à Bank Assafa avec un score de 9,47%, ce qui a augmenté rapidement la dispersion
des scores d’efficience. Or, il faut noter que l’efficience technique pure de ces banques est de
100%, ce qui signifie que ces entités doivent chercher à corriger leurs échelles de production
pour faire progresser leurs performances. Cette résolution a été partagée par l’ensemble des
banques de l’échantillon puisque neuf établissements bancaires malaisiennes arrivent à se
positionner sur la frontière d’efficience. Quant aux banques marocaines, l’intégration de BTI
Bank durant l’année 2018 a diminué considérablement l’efficience minimale au score de 19%.
Malheureusement, Bank Al Yousr n’a pas suivi une tendance haussière de son efficience
puisqu’elle a passé de 43% en 2017 à 33% en 2018.
En 2019, la situation semble évoluer positivement à cause d’un développement rapide de
l’efficience des banques marocaines qui ont pris le relais en termes de classement de
performance comme nous allons le remarquer dans la section suivante. Contrairement aux
banques islamiques malaisiennes qui ne semblent pas réaliser leurs objectifs de croissance
continue, cinq entités perdent leurs positions sur la frontière d’efficience sans pour autant
s’éloigner d’elle.
Les banques de notre échantillon restent immunisées contre la crise sanitaire au cours de l’année
2020 en enregistrant une évolution favorable de leurs scores d’efficience d’échelle. Cette année
marque le passage de la première banque participative à la frontière qui n’est que Bank Assafa,
le leader sur le marché financier participatif. De la même manière, la plupart des banques
malaisiennes sont arrivées à améliorer leurs résultats respectifs. Chose qui a permis un score
moyen de 92,64% durant l’année 2020.
La dernière année de la période d’étude a connu une stabilisation du résultat moyen de
l’efficience en passant à 92,8% (0,2% par rapport à l’année 2020). Cependant, ce score cache
un changement remarquable concernant les banques marocaines qui se situent désormais toutes
sur la frontière d’efficience. Au contraire, seules six (46%) banques islamiques malaisiennes
constituent cette frontière, tandis que le reste de l’échantillon connait une décote plus ou moins
importante de leurs scores d’efficience d’échelle. Ainsi, l’efficience minimale est passée à
60,73% (contre 69% une année auparavant), ce qui a augmenté le degré de dispersion des
résultats à +/- 0,1283.

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Ces résultats signifient que la majorité des banques de l’échantillon arrivent à produire à une
échelle proche de l’optimum en enregistrant une inefficience d’échelle moyenne de 11,32%
durant la période d’étude. Un score qui reste relativement élevé, abstraction faite, des résultats
individuels de chaque banque de l’échantillon. Pour plus approfondir notre compréhension des
résultats de l’efficience technique pure et de l’efficience d’échelle, nous allons présenter ces
mesures pour chaque pays à part entière.

II.2. Décomposition de l’efficience technique par pays


La décomposition de l’efficience technique des banques montre que les banques malaisiennes
et marocaines sont purement et techniquement efficientes qu’efficientes d’échelle, comme le
montre le tableau suivant.
Tableau 27 : Résultats de la décomposition de l’efficience des banques de l’échantillon,
par pays, durant la période 2012 - 2021

Année
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Libellé
Efficience
technique pure 0,8696 0,9302 0,8913 0,9482 0,9797 0,9582 0,9148 0,9285 0,9341 0,9703
consolidée
Malaisie 0,8696 0,9302 0,8913 0,9482 0,9797 0,9486 0,9101 0,9218 0,9232 0,9612
PTE*
Maroc - 1,0000 0,9301 0,9505 0,9693 1,0000
Efficience
d’échelle 0,8712 0,8715 0,9226 0,9220 0,9024 0,7943 0,8453 0,8843 0,9264 0,9280
consolidée
Malaisie 0,8712 0,8715 0,9226 0,9220 0,9024 0,9316 0,9669 0,9177 0,9294 0,9058
SE**
Maroc - 0,1990 0,4500 0,7757 0,9167 1,0000
 * : Renvoie à la moyenne de l’efficience technique pure (Pure Technical Efficiency) ;
 ** : Renvoie à la moyenne de l’efficience d’échelle (Scale Efficiency) ;
Source : Auteur, à l’aide du programme Max DEA Pro et Excel
Dans cette partie, nous allons raisonner en termes du type d’efficience étudiée afin de nuancer
la différence et l’influence de chaque pays sur l’efficience technique pure en premier lieu, et
sur l’efficience d’échelle en second lieu. En final, nous allons faire une comparaison entre les
deux pays à travers une discussion des résultats de l’étude.
En effet, les banques islamiques de la Malaisie connaissent des résultats proches et instables,
puisque durant les années 2012, 2014, 2018, 2020, ces banques étaient efficientes d’échelles,
sans pour autant s’éloigner des niveaux de l’efficience technique pure. Ce qui indique que les
banques malaisiennes arrivent à gérer efficacement leurs ressources en minimisant les inputs
et/ou en maximisant leurs outputs. De même, elles essaient de s’approcher de l’échelle qui
optimise leurs ressources.
Conclusion, les banques malaisiennes sont toujours en quêtes de perfectionnement des inputs à
cause d’une concurrence importante et élevée du secteur bancaire, où toutes les banques

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cherchent toujours à se positionner et à se repositionner sur la frontière d’efficience, ou à moins
de se rapprocher de cette frontière puisque le niveau d’inefficience moyen ne dépasse pas la
barre de 15%.
En ce qui concerne les banques participatives marocaines, le lancement en 2017 leurs a permis
d’être purement et techniquement efficiente avec des résultats notables et positives, tout en
améliorant leurs niveaux d’efficience d’échelle, jusqu’à atteindre le seuil de 100% en 2021, ce
qui signifie qu’elles ont arrivés à maitriser leurs échelles de production en vue d’optimiser
l’efficience technique en général.
Ces résultats s’expliquent par l’effet de lancement et l’effet d’introduction des produits
participatifs pour la première fois au Maroc. En effet, la demande croissante sur les produits
participatifs et les engagements de financement ont permis aux banques participatives
d’augmenter leurs productions, tout en restant au même niveau d’inputs. Tout de même, ces
banques supposées être -conformes à la sharia- font recours aux capitaux propres qui sont
d’origine des banques conventionnelles et à l’emprunt des capitaux de leurs maisons mères. Ce
biais a fait l’objet d’une discussion plus haut.
Pareil, il est à noter que les banques de l’échantillon ne semblent pas être affectées par les
circonstances de la pandémie, puisqu’elles enregistrent une croissance du score d’efficience
moyenne (PTE et d’échelle), exception faite du score d’efficience d’échelle moyen enregistré
par les banques malaisiennes, qui connait une décote de 2,36% en 2021 par rapport à l’année
2020. Ce recul est dû principalement à une diminution générale d’efficience d’échelle de 46%
de l’échantillon malaisien (Six banques sur treize).
En vue de comparer les résultats de notre étude, nous constatons clairement que l’efficience
technique pure des banques malaisiennes connait une tendance haussière durant la période 2012
– 2016 en passant d’un score de 86,96% à 97,97%. Or, l’année 2014 constitue l’exception
puisqu’elle enregistre une diminution du score d’efficience 3,89% par rapport à l’année 2013.
Résultat qui s’explique par une chute d’efficience technique pure de CIMB Bank de plus de
24%. Dans ce sens, l’évolution des scores d’efficience continue par une tendance aléatoire
jusqu’à atteindre le score de 96,12% en 2021.
L’étude de la deuxième période (2017-2021) montre que l’efficience technique pure moyenne
de l’échantillon a augmenté à cause de l’intégration des banques marocaines qui enregistrent
un score d’efficience variant entre 93% et 100%, tandis que les banques malaisiennes
enregistrent des scores entre 91% et 96%. Dans ce contexte, les banques participatives au Maroc
ont dominé l’efficience technique pure à cause d’une gestion efficace des ressources (inputs)
face à une augmentation très rapide des outputs. La figure ci-après nous montre clairement ce
que nous venons de discuter :

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Figure 20 : Evolution de l’efficience technique pure des banques Malaisiennes et
Marocaines durant la période 2012 - 2021

EVOLUTION DE L'EFFICIENCE
TECHNIQUE PURE
1,0500

1,0000
SCORES D'EFFICIENCE

0,9500

0,9000

0,8500

0,8000
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021

Evolution consolidée Malaisie Maroc

Passant aux scores d’efficiences d’échelle, les banques malaisiennes semblent maîtriser leurs
échelles de production compte tenu d’un niveau soutenu et continu passant de 87,12% en 2012
à 96,69% en 2018. L’année 2019 arrête la tendance croissante compte tenu principalement d’un
recul de AM Bank Berhad qui connaît un décroissement important de son score d’efficience
d’échelle de presque 18%, puisque les prêts/financements au sein du système bancaire ont
ralenti à 3,9 % (rapport financier, 2019, p. 40). L’évolution continue en 2020 avec un score de
92,94% malgré la crise sanitaire intervenue au premier trimestre. Cependant, cette tendance
haussière ne se poursuit pas puisqu’en 2021, le score d’efficience d’échelle enregistre un recul
à 90,58%, à cause d’une diminution généralisée de l’efficience des banques de l’échantillon de
la Malaisie.
Le lancement des banques participatives marocaines a engendré une baisse d’efficience
d’échelle de l’échantillon, parce qu’elles commencent par un score équivalent à 19,9% en 2017.
Cette situation continue de se reproduire durant les années 2018 et 2019 avec des scores
respectifs de 45% et 77,57%, ce qui est considéré comme une hausse très importante et
remarquable compte tenu du travail que font les banques participatives pour maîtriser leurs
échelles de production. En 2020, la tendance n’est pas affectée par la pandémie puisque
l’efficience d’échelle atteint le score de 91,67% et de 100% en 2021.
Ce développement considérable indique que les banques marocaines ont été toujours à la
recherche d’optimisation d’échelle de production, sachant que le score de l’efficience technique
pure avoisinait le score de 100% pour la plupart des banques. De ce fait, l’optimisation de
l’efficience d’échelle a été l’objectif ultime des banques participatives marocaines. De surcroît,
ces établissements ont pu dépasser toutes les attentes et les estimations du marché durant la

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période de lancement en se basant sur un marché à forte demande malgré que l’écosystème des
banques participatives au Maroc soit en cours de développement.
Dans le même ordre d’idées, le marché participatif marocain n’est pas un marché où la
concurrence est à l’ordre du jour, parce que l’étude des scores d’efficiences nous montre un
accroissement général du niveau d’efficience de chaque banque à part entière. Ainsi, toute
banque marocaine de l’échantillon qui maîtrise ses variables, constate une amélioration de
l’efficience, sans pour autant être affectée par des variables externes. En d’autres termes, le
marché bancaire participatif est un nouveau marché où toutes les banques installées trouvent
leurs parts de marché et qui est susceptible d’attirer de nouveaux dépôts et financer de nouveaux
clients sans pour autant entrer en concurrence avec les autres banques de la place. Au contraire,
les banques islamiques malaisiennes sont affectées par les facteurs macro-économiques et
micro-économiques, ce qui fait varier leurs scores d’efficience en essayant continuellement de
s’adapter à ces changements en vue de rester performantes et veiller à leurs pérennités.
Dans ce contexte, nous avons remarqué que l’efficience d’échelle a été dominé par les banques
malaisiennes durant la période 2017-2020 en enregistrant des scores plus importants. Une
position qu’elles perdent en 2021 à cause de la domination des banques participatives
marocaines par un passage général à la frontière d’efficience, comme le montre la figure
suivante.
Figure 21 : Evolution de l'efficience d’échelle des banques Malaisiennes et Marocaines
durant la période 2012 - 2021

EVOLUTION DE L'EFFICIENCE
D'ECHELLE
1,2000

1,0000
SCORES D'EFFICIENCE

0,8000

0,6000

0,4000

0,2000

-
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021

Evolution consolidée Malaisie Maroc

Dans cette partie, nous avons étudié et comparé l’efficience des banques islamiques
malaisiennes et marocaines à la lumière des données collectées des communications financières
des banques de l’échantillon. L’analyse de ses données a motivé l’approfondissement des
recherches et la décomposition de cette efficience en une efficience technique pure et une
efficience d’échelle pour l’ensemble des banques tout en présentant ces données de manière

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consolidée et de manière séparée (par pays). Dans cette perspective, nous allons discuter et
analyser les résultats avant de continuer notre travail empirique.

III. Analyse et discussion des résultats


Dans cette section, nous avons mis l’accent sur l’évaluation de l’efficience des banques de
l’échantillon en utilisant l’approche non paramétrique d’enveloppement des données (DEA) qui
ne requière aucune hypothèse quant aux formes fonctionnelles. Son choix s’explique autrement
par sa prise en compte des rendements d’échelle dans le calcul de l’efficience technique, tout
en intégrant la notion de l’efficience croissante ou décroissante selon la taille et les niveaux de
production (rendements d’échelles croissants/décroissants).
Notre étude a connu une décomposition à deux niveaux. Le premier niveau concerne
l’évaluation de l’efficience technique qui, à son tour, a été scindée suivant le pays (Malaisie,
Maroc). Ensuite, le deuxième niveau a concerné la décomposition de l’efficience technique sur
les deux mesures à savoir l’efficience technique pure et l’efficience d’échelle, qui ont été séparé,
encore une fois, selon le pays. Cependant, nous devons mentionner que la première période de
l’étude entre l’année 2012 et 2016 n’a pris en compte que les banques malaisiennes. Ce qui
signifie, évidemment, que les résultats consolidés de cet intervalle de temps sont équivalents
aux résultats des banques de la Malaisie.
En partant de l’analyse de l’efficience technique de la première période, nous constatons que
les banques malaisiennes gardent un niveau d’efficience proche de la frontière, en passant de
76,28% en 2012 à un niveau de 89% en 2016. Une évolution positive et rapide dont le leader
de cette période a été la banque Kuweit Finance House avec un score avoisinant 99,56%, tandis
que la dernière du classement a été CIMB Islamic Bank en enregistrant un score moyen de
37,55% durant cette même durée. Chose qui montre le gap important qui existe entre les
performances de chaque entité bancaire.
La deuxième période de notre étude entre l’année 2017 et l’année 2021 a connu une plus grande
concentration de l’efficience moyenne tout en enregistrant des changements dans les
classements des banques les plus efficientes. Dans ce sens, le leader des banques malaisiennes
est devenu RHB Islamic Bank avec un score moyen de la période de 98,52%, tandis que le
score d’efficience minimum de 57,31% revient à AM Islamic Bank. Ce résultat est intéressant
dans la mesure où cette dernière a connu un niveau d’inefficience moyenne de 12,26% durant
la première période. De la même façon, KFH Islamic a perdu sa position en reculant à une
efficience moyenne de 66,9% en raison des changements déjà discutés supra. Au contraire,
CIMB Islamic Bank a approuvé son niveau d’efficience en passant à un score moyen de la
période de 82,1%.
Ce changement de position confirme nos hypothèses sur la concurrence accrue qui existe entre
les banques de l’échantillon malaisien qui changent constamment de position et de classement,
en jouant sur les variables de maitrise des inputs d’une part et/ou le développement des outputs
d’autre part, en vue d’améliorer leurs efficiences respectives. Cependant, il faut noter que
certaines banques malaisiennes ont gardé un niveau d’efficience qui assure une certaine stabilité
des résultats durant les deux périodes comme le cas de Bank Islamic Malaysia, et Alliance
Islamic Bank. Ces établissements ont marqué des scores de l’efficience variant entre 91,29% et
100% pour la première et entre le score 88,31% et la frontière d’efficience pour la deuxième.

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L’approfondissement de notre analyse a poussé la recherche vers la décomposition de
l’efficience technique des banques islamiques malaisiennes. Ainsi, nous avons constaté que
l’efficience technique pure de la première période d’étude a connu une certaine évolution
aléatoire en passant d’un score avoisinant 87% en 2012 à un score d’environ 98% en 2016, tout
en marquant des hauts et des bas durant cet intervalle de temps. Le même résultat se reproduit
pour l’efficience d’échelle qui évolue aléatoirement entre le score 87% en 2012 et un score de
90,24% au cours de l’année 2016. Par conséquence, il apparaît clairement que les banques
malaisiennes savent gérer efficacement leurs ressources que de travailler sur une échelle
optimale, cependant, il faut admettre que le niveau de l’efficience est généralement important
marquant ainsi une efficience minimale d’environ 87% enregistrée pour la période de notre
recherche.
L’analyse détaillée des banques de l’échantillon permet de déceler des remarques intéressantes.
Ainsi, nous avons constaté que l’efficience d’échelle influence négativement l’efficience
technique d’environ 69% des banques islamiques de l’échantillon de la Malaisie. Ceci est le cas
du leader de la première période (KFH Malaysia) qui enregistre un résultat de 100% comme
efficience technique pure mais de 99,56% pour l’efficience d’échelle. De même, CIMB Islamic
Bank est affectée par un score d’efficience d’échelle moyen de 52%, contre un score de 72%
pour son efficience technique pure. Le contraire se produit pour d’autres banques comme
l’exemple de Bank Muamalat Malaysia qui enregistre une efficience d’échelle moyenne de
98,93% et un score moyen de 95,33% pour l’efficience technique pure.
La deuxième période ne semble pas s’éloigner des résultats antérieurs. En effet, cette période
connait plusieurs variations favorables (et défavorables) des deux types de l’efficience
technique entre l’année 2017 et l’année 2021 comme montré dans les tableaux présentés plus
haut. Ainsi, l’efficience technique pure est passée de 94,86% en 2017 au score de 96,12% à la
fin de la période d’étude, tout en marquant une tendance baissière qui s’est inversée au cours
de l’année 2020.
Quant à l’efficience d’échelle, elle marque une dépréciation continue jusqu’à atteindre un
niveau d’efficience de 90,58% en 2021, tout en manifestant des tendances haussières durant les
années 2018 et 2020 (96,69% et 92,94% respectivement). Pourtant, le nombre des banques
influencées négativement par cette efficience est devenu seulement de 62% contre un
pourcentage de 69% durant la première période. Ce qui correspond à huit banques sur un
échantillon total de treize.
Dans ce contexte, nous remarquons que le leader du marché (RHB Islamic Bank) a enregistré
des scores moyens d’efficience technique pure et d’efficience d’échelle de 99,97% et de 98,55%
respectivement. Un gap très faible qui montre le rapprochement des résultats et la recherche
d’un équilibre entre la gestion efficace des résultats et l’optimisation de l’échelle de production.
Toutefois, nous devrons noter que d’autres banques de l’échantillon n’arrivent pas à réconcilier
ces deux variables. Il s’agit du cas de MBSB Islamic Bank qui faillit enregistrer un décalage
moyen de 31,54% durant la deuxième période entre l’efficience technique pure (66,78%) et
l’efficience d’échelle (98,32%). De même, elle constitue la seule entité malaisienne à être
largement efficiente d’échelle que d’être techniquement efficiente. Les autres établissements
bancaires ayant un gap très faible ne dépassant pas 2,2%.

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Résultat de course, il s’avère qu’au-delà de l’influence des variables macro-économique telles
que l’effet de change, les changements structurels, etc. Notre étude a montré que la plupart des
banques islamiques malaisiennes devront améliorer leurs efficiences d’échelle en optimisant
leurs rendements d’échelle. En effet, les organisations bancaires peuvent utiliser un logiciel
(Max DEA pro par exemple) qui indique pour chaque entité le niveau du rendement d’échelle
qui peut être constant, croissant ou décroissant (Montoussé Marc & Waquet Isabelle, 2008) afin
de permettre un ajustement, dans la mesure du possible, des facteurs de production (inputs).
Dans ce sens, elles doivent veiller à améliorer leurs efficiences d’échelles tout en s’assurant que
les rendements d’échelles sont constants, en vue de faire progresser l’efficience technique en
général.
De façon analogue, les banques qui sont purement et techniquement moins efficientes doivent
optimiser leurs résultats en instaurant une stratégie basée sur la maximisation des outputs à
travers un certain niveau des inputs ou de minimiser les inputs pour un niveau déterminé des
outputs dans la perspective de garantir une gestion efficace de ses variables entrantes et
sortantes.
Ces résolutions constituent des équations difficiles et complexes du fait que les facteurs utilisés
ne sont pas facilement manipulables et modulables selon les besoins de l’organisation.
L’exemple étant d’une opération de diminution des effectifs pour une meilleure maitrise des
inputs peut provoquer des grèves et des résistances influençant négativement l’objectif initial
d’optimisation et d’amélioration de l’efficience. Encore plus, une augmentation importante
dans la distribution des financements peut engendrer une hausse d’exposition au risque de
défaut, et nuire à la pérennité et la stabilité de la banque, au lieu d’une optimisation d’efficience.
En passant à l’analyse des banques participatives marocaines, nous constatons une nette
amélioration des résultats d’une année à l’autre durant la période de l’étude qui commence par
l’année de leurs lancements en 2017 jusqu’à atteindre l’année 2021. Au début de cette période,
Bank Al Yousr a été le leader du marché avec un score d’efficience d’environ 43%, tandis que
la dernière banque a été Umnia Bank qui enregistre une efficience de 7,27%. Ces résultats ont
influencé gravement l’efficience moyenne de l’échantillon qui a passé au score de 76%, après
avoir été à l’ordre de 89% en 2016.
L’année suivante, Bank Assafaa a pris le relais pour devenir la banque la plus efficiente de
l’échantillon en étant le leader du marché sur plusieurs volets. Ainsi, Cette dernière fut la
première fenêtre participative au Maroc en 2013 ainsi que la première banque participative qui
accapare une part de marché de 57% sur le financement immobilier et 63% sur le financement
automobile à la fin d’année 2018, tout en gérant les difficultés liées aux lacunes actuelles de
l'écosystème de la finance participative. Cette même période marque le recul de Bank Al Yousr
à la troisième place et le développement de l’efficience d’Umnia Bank.
En 2019, le développement de l’environnement des banques participatives a permis une
amélioration générale des résultats. Dans ce contexte, une nouvelle banque (BTI Bank) apparaît
à la surface en marquant une variation positive de plus de 68% entre l’année 2018 et 2019 où
elle enregistre un score de 87%. Quant à Bank Assafa, les résultats progressent de manière
considérable en relevant le niveau d’efficience à 93,71%. Cependant, il faut noter qu’Umnia
Bank ne connait pas le même rebond des résultats à cause d’une importante évolution des inputs
qui ne semblent pas se transformer en outputs suffisants.

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Durant cette année, les banques malaisiennes ont accusé un recul important de leurs efficiences
moyennes, en passant de neuf banques placées sur la frontière d’efficience à un nombre limité
à quatre banques seulement. Tout de même, l’année 2019 marque le rebond des banques
marocaines en devenant les leaders de l’échantillon en 2020, malgré une amélioration des
résultats des entités malaisiennes en raison d’une augmentation brutale des inputs, face à une
stabilité des outputs. Cette situation a été provoqué par l’entrée en vigueur de la norme MFRS16
qui concerne les droits liés à l’utilisation d’une immobilisation, que nous avons déjà détaillé
plus haut. Par conséquence, il faut noter que l’évolution de l’environnement macro-économique
a joué un rôle important dans l’effondrement de l’efficience de plusieurs banques de
l’échantillon.
Cet effet de l’environnement macro-économique est visiblement positif sur les banques
participatives marocaines qui améliorent leurs résultats d’efficiences respectives, en
introduisant de nouvelles normes et en favorisant l’écosystème (introduction de la Wakala Bil
Isthitmar, le développement du cadre Takaful, etc). Dans ce sens, l’année 2020 a constitué une
année de référence où Bank Assafa, le leader du marché, a connu un passage à la frontière
d’efficience et l’amélioration des résultats du reste de l’échantillon. Toutefois, Umnia Bank
reste dernière du classement à un score de 79,16% malgré le développement remarquable de
ces indicateurs. De la même façon, la crise sanitaire ainsi que les changements qui ont touché
l’écosystème bancaire participatif et les nouvelles méthodes de travail (digitalisation des
processus, travail à distance…) n’ont pas influencé amplement les banques participatives de
l’échantillon qui marquent un passage de l’ensemble de ces établissements à la frontière
d’efficience au cours de l’année 2021. Ce qui signifie qu’elles ont pu gérer efficacement leurs
ressources sur une échelle optimale.
Pourtant, nous avons vu utile de procéder à une décomposition de l’efficience technique pour
connaitre le niveau d’efficience technique pure et d’efficience d’échelle pour chaque période
de l’étude où plusieurs remarques intéressantes doivent être évoquées. En effet, nous avons
constaté que BTI Bank s’est placé sur la frontière d’efficience technique pure durant toute la
période de notre étude, tout en cherchant d’améliorer continuellement son efficience d’échelle
seulement jusqu’à atteindre le score de 100% en 2021.
De la même façon, Bank Assafa est resté efficiente techniquement et purement à un seuil de
100%, exception faite de l’année 2018 qui enregistre un recul à 89,29%. Toutefois, elle a
rapidement suivi son action par une maitrise de l’efficience d’échelle pour être la première
banque à se positionner sur la frontière d’efficience technique des banques participatives
marocaines au cours de l’année 2020, marquant ainsi son titre de leader du marché par
excellence, et sa résilience par rapport aux effets de la crise sanitaire.
Dans cette veine, Bank Al Yousr est classée troisième banque de l’échantillon en enregistrant
des changements faibles dans les résultats de l’efficience technique pure, qui varie entre un
score de 99,22% et de 100% durant toute la durée de la recherche. Cependant, celle-ci ne
dépasse pas une inefficience moyenne de 1%. Quant à l’efficience d’échelle, elle connait une
tendance baissière en début du période, qui se transforme en 2019 pour s’inscrire dans un trend
haussier qui atteint le score de 100% en 2021.

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En fin du classement, nous avons constaté qu’Umnia Bank n’a pas fourni beaucoup d’efforts,
malgré qu’elle soit la première banque participative à s’installer au Maroc 198, puisqu’elle
connait des tendances aléatoires qui n’atteint pas la frontière d’efficience technique pure que
durant l’année 2017 et 2021 seulement. Néanmoins, il faut noter que l’efficience d’échelle
enregistre une amélioration continue jusqu’à atteindre 100% en fin de période, avec un score
moyen de 62,83% durant les phases de l’étude. Des résultats qui alertent sur une gestion moins
efficace des ressources, sachant que cette banque réalise des avancés remarquables en termes
de collecte de dépôts et de distribution de financements, accapare 25% de part de marché et
détient un réseau d’agence à l’ordre de 32 sur un total de 133 agences à la fin de l’année 2019
(rapport annuel de BKAM, 2019).
Cette situation pointe le doigt sur les efforts devant être déployés par les banques participatives
marocaines afin de veiller sur les résultats de leurs scores d’efficience qui semblent être
influencer gravement par l’échelle de leurs productions qui ne se stabilisent généralement qu’en
2021. La question qui se pose donc de continuité et de permanence de ces résultats a été déjà
évoquée et s’évoquera toujours dans notre étude jusqu’à pouvoir effectuer une nouvelle
recherche en utilisant les nouvelles données issues des communications financières des années
suivantes.
Nous avons vu, donc, que l’efficience d’échelle constitue un frein au développement des
banques participatives marocaines qui demeurent efficiente techniquement et purement durant
l’intervalle de temps qui commence en 2017 jusqu’à l’année 2020, tout en enregistrant un
équilibre pendant l’année 2021. Au même temps, les banques islamiques malaisiennes
connaissent un certain rapprochement entre les deux types d’efficience avec des résultats
favorables où ces organisations étaient, en moyenne, six fois (ans) efficientes purement et
techniquement, alors que pour le reste de la période, elles ont été efficiente d’échelle. Or,
l’analyse détaillée des résultats de chaque entité à part penche en faveur du premier type
d’efficience que pour l’efficience d’échelle.

198
Umnia Bank | Première banque participative au Maroc ;

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En arrivant à la fin de notre deuxième chapitre qui concerne l’évaluation de l’efficience des
banques islamiques malaisiennes et marocaines, nous devons admettre que nous avons
développé une compréhension approfondie et accrue sur l’évolution de l’efficience technique
des organisations bancaires faisant partie de l’échantillon, ainsi que sa décomposition sur les
deux composantes à savoir l’efficience technique pure et l’efficience d’échelle. En effet, nous
avons essayé de détailler le maximum possible les résultats de la recherche empirique en tenant
compte des bouleversements macro-économique (changement de la réglementation,
développement de l’écosystème, etc), ainsi que les changements spécifiques à chaque banque
tels que le changement dans les stratégies, les évolutions favorables et défavorables des
variables de l’étude (inputs et outputs). Pour parfaire à ces conclusions, nous avons choisi de
développer cette étude dans deux sections.
La première a concerné l’évaluation des inputs et des outputs utilisés, tout en essayant d’ajuster
et rapprocher ces variables selon la réglementation comptable en vigueur dans chaque pays.
Ainsi, notre choix des inputs a été plus simple, en se basant sur trois éléments. Le premier
élément constitue le facteur capital ou les actifs immobilisés qui participent activement dans la
production et la croissance de l’activité économique de l’entité. Le deuxième élément étant le
facteur travail, il contribue au développement de la rentabilité de l’entreprise et constitue sa
posture vivante. Ce facteur est mesuré par le total des charges du personnel. Le troisième
élément à savoir les dépôts forment la base de l’activité bancaire et sa raison d’être. Malgré que
le principe d’intermédiation financière soit différent des banques classiques, mais il en est de
même que les banques islamiques essaient de collecter des dépôts légitimes, en vue de financer
des activités, elles aussi, conformes à la Sharia. Cette activité de transformation des dépôts à
des financements distribués constitue notre premier output, alors que la deuxième résultante des
facteurs de production est les commissions et les produits reçus sur ces financements.
Cependant, nous avons montré que le choix de ces outputs a été plus difficile que les inputs.
Cette partie de notre étude s’est achevé par une discussion exhaustive des résultats.
La deuxième section a envisagé la mesure et l’analyse des résultats de l’efficience technique
générale en premier lieu, pour ensuite la partager entre les deux pays afin de distinguer les
niveaux de performance des banques islamiques malaisiennes et celles des banques
participatives marocaines. En deuxième lieu, nous avons décidé d’examiner les composantes
de l’efficience technique à savoir l’efficience technique pure et l’efficience d’échelle, tout en
faisant la distinction entre les deux pays. Cette séparation nous a permis de déceler les sources
d’efficience de chaque entité bancaire de l’échantillon. En final, une discussion des résultats
s’est avérée indispensable pour terminer notre étude.
Afin de mieux comprendre les changements des scores d’efficience des banques, nous devons
élaborer un modèle qui combinera les facteurs déterminants qui influencent l’efficience
technique en général, et l’efficience technique pure et l’efficience d’échelle en particulier, tout
en spécifiant ce modèle pour chaque pays de l’échantillon.

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Chapitre III : Les déterminants de l’efficience des banques
islamiques Malaisiennes et Marocaines

Ce chapitre constitue la dernière partie de notre thèse de doctorat, et celle la plus déterminante.
Elle permet non seulement de tirer des conclusions et essayer d’apporter de la valeur ajoutée
aux connaissances et à la communauté scientifique, mais également de s’ouvrir sur de nouvelles
pistes de recherches. En poursuivant de la manière, notre chapitre s’articulera autour de deux
sections afin de traiter notre sujet.
Dans la première section, nous allons définir le modèle d’analyse qui spécifie les facteurs
devant influencer l’efficience des banques de notre échantillon. Dans ce contexte, nous
commencerons par l’élaboration du modèle de base qui spécifie en premier lieu, la méthode
d’analyse, à savoir la méthode de la régression Tobit. Ensuite, nous allons définir les variables
explicatives, telles que les variables spécifiques à l’environnement bancaire, au secteur
bancaire, et à l’univers macro-économiques, ainsi que les hypothèses sous-jacentes pour chaque
variable. En final, nous devons apprécier la qualité statistique du modèle de référence à travers
les tests de significativité des mesures et de vérification d’absence d’autocorrélation entre les
termes d’erreur, en plus d’autres conditions nécessaires à la validité et la fiabilité du modèle de
notre étude.
Suivant ce travail, la deuxième section servira à l’analyse des résultats obtenus pour les banques
islamiques malaisiennes et les banques participatives marocaines, chacune à part entière. Dans
ce contexte, nous devons rappeler les tests statistiques effectués et s’arrêter sur la validité des
mesures effectuées aux critères définies auparavant. Par la suite, nous allons rapprocher les
résultats de notre étude en vue de tirer des conclusions sur les facteurs qui affectent
positivement/négativement l’efficience (à travers les trois mesures) dans la perspective d’une
amélioration future. Par ailleurs, il s’agit d’une occasion permettant d’effectuer un benchmark
entre les deux échantillons et de tirer profit des éléments qualitatifs comme les bonnes pratiques
managériales malaisiennes, les actions d’encouragements et de promotion par les acteurs
économiques et financiers malaisiens.
Résultat de course, nous ferons un détour des résultats de notre recherche en vue d’apporter les
conclusions nécessaires, tout en mettant en lumière l’apport de notre recherche et son
adéquation avec les objectifs fixés auparavant, dans la perspective d’évaluer notre étude
empirique et mettre en valeur l’apport de notre travail de thèse à la connaissance et à l’industrie
financière islamique. En final, notre recherche devra s’ouvrir sur de nouvelles questions de
recherches en vue d’approfondir, encore plus, notre compréhension sur les banques islamiques
en général, et sur les banques participatives marocaines en particulier.

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Section 1 : Elaboration du modèle d’analyse
En vue d’identifier les facteurs qui affectent les scores d’efficiences des banques islamiques
malaisiennes et des banques participatives marocaines, nous allons procéder à une régression
des scores obtenus sur les variables supposées explicatives. Pour ce faire, nous utilisons
l’approche à deux étapes (ou Two Step Approach) comme le stipule Coelli et al (1998). En
d’autres termes, il s’agit d’utiliser les mesures d’efficience obtenus par la méthode DEA comme
étant la variable dépendante (expliquée) pour la régresser sur les variables explicatives qui sont
les facteurs spécifiques aux banques (propriété, taille…), les facteurs spécifiques au secteur
bancaire, et les facteurs macro-économiques (Inflation, PIB).
Du fait que la variable dépendante est un score continu, mais n’est observable que sur un
intervalle défini, nous rappelons que le modèle Tobit199 apparaît le plus adéquat à notre étude
qu’une régression linéaire ou qualitative (Maddala, 1999). Pareil, le modèle Tobit produit des
résultats plus fiables lorsque les données sont censurées ou limitées par un intervalle, ce qui
constitue un élément déterminant dans notre étude puisque les scores d’efficience bancaire se
trouvent dans l’intervalle entre 0 et 1.
I. Méthodologie empirique
En poursuivant notre recherche empirique, nous avons choisi de concevoir notre étude sur la
méthode Tobit dans l’objectif est l’estimation des facteurs déterminants d’efficience des
banques à l’aide du programme Eviews 7 (Student Version) qui permet de régresser les résultats
de l’efficience technique obtenus sur les variables supposées explicatives de ces scores. De
même, nous allons se baser sur le programme Xlstat (extension Excel) qui permet d’effectuer
des analyses de fiabilité et d’analyse des variables telles que les tests d’autocorrélation des
variables et des résidus, et l’analyse en composantes principales. Ainsi, la régression sera
effectuée sur les trois mesures de l’efficience à savoir l’efficience technique, et ses composantes
qui sont l’efficience technique pure et l’efficience d’échelle.
De la même manière, nous allons diviser notre modèle d’analyse sur les deux pays en vue
d’avoir des résultats fiables et effectuer un comparatif entre les facteurs qui modélisent les
banques de l’échantillon de chaque contexte à part. Dans ce sens, nous devons définir la
méthode Tobit et justifier son utilisation avant d’entamer la présentation de la méthodologie
d’analyse empirique et la spécification du modèle.
En effet, le modèle Tobit est une extension du modèle Probit, développé par James Tobin. Cette
méthode se trouve entre la méthode de régression simple et les méthodes de régression à
variable qualitative200. Dans notre cas, les modèles Tobit génèrent des estimations plus
consistantes aux coefficients de la régression puisqu’il s’agit d’un modèle censuré observable
sur un intervalle. Cette propriété remet en cause l'hypothèse de linéarité et montre que les
moindres carrés ordinaires ne sont pas la méthode pertinente pour estimer une telle relation,
contrairement aux estimations de la méthode des moindres carrés. Le modèle Tobit à estimer
est défini comme suit :

199
Catherine Benjamin et al., Économétrie appliquée (2009) ;
200
Bernard Bernier, Econométrie, 4éme édition, Bruxelles: De Boeck Supérieur, 2015, p. 620 ;

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𝑦𝑖∗ 𝑠𝑖 0 < 𝑦𝑖∗ < 1
𝑦𝑖 = { 0 𝑠𝑖 𝑦𝑖∗ ≤ 0
1 𝑠𝑖 𝑦𝑖∗ ≥ 1

Où :
 yi : est l’ième observation de la variable dépendante,
 y*i : est la valeur d’une variable artificielle (non observable) qui soit en relation avec
les variables explicatives (xi ) moyennant la relation suivante :
y* i = xi β + εi
Où : εi : terme de l’erreur N et (0, σ2) sont les paramètres du modèle à estimer.
Plusieurs études ont choisi le modèle Tobit pour la détermination des facteurs d’efficience des
banques. Nous citons par exemple, Mela Christel, Bita Charles-Alain & Abessolo Yves André
pour le cas des banques des pays de la Communauté économique et monétaire d’Afrique
centrale (CEMAC), Mbatchou Ntchabet A.Y. & al (2020) pour cas des banques commerciales
au Cameroun, Alrafadi et al. (2014) pour les banques commerciales libyennes, Adhegaonar V.
(2015) pour le cas des banques commerciales en Inde, Gunes et Yilmaz (2016) pour le cas des
banques Turques. Également, la thèse de doctorat de James Heckman (1971), intitulée
"Statistical Models for Discrete Panel Data" a remporté le prix Nobel d’économie en 2000, en
utilisant la régression Tobit. Cependant, à travers notre recherche, nous avons trouvé qu'aucune
étude sur les banques participatives marocaines et malaisiennes ne s’est livrée à l’étude des
déterminants d’efficience à travers le modèle Tobit. Ce qui constitue un apport considérable
pour le monde de la recherche empirique.
De manière concrète, nous utilisons les résultats de la première étude fondée sur la mesure des
scores d’efficience des banques malaisiennes et Marocaines à partir de la méthode
d’enveloppement des données (DEA) en vue de régresser ces scores, définis comme étant la
variable expliquée, sur les déterminants qui peuvent influencer (ou ne pas influencer)
l’efficience technique. Il s’agit des variables explicatives spécifiques à l’environnement interne
de la banque comme le type de propriété, la capitalisation, etc. Des facteurs relatifs au secteur
bancaire tels que le taux des créances douteuses, ainsi que des variables qui conditionnent
l’environnement macro-économique. Ainsi, le modèle Tobit de régression sera de la façon
suivante :
𝑌𝑖𝑗 = f (𝐵𝑖𝑗 , 𝑆𝑗, 𝑀𝑗 ) Où :
 Yij : est la mesure de l’efficience d’une banque i ;
 Bij : représente les variables spécifiques à la banque i ;
 Sj : représente les variables relatives au secteur bancaire dans lequel ces banques
évoluent ;
 Mj : représente les variables macro-économiques ;
Dans la suite de cette partie, nous allons spécifier le modèle d’analyse par la définition de ces
variables ainsi que leurs hypothèses respectives. Ces variables sélectionnées feront l’objet
d’une étude de fiabilité et de validité des résultats en utilisant les tests statistiques appropriés
tels que les tests de multi-colinéarité, et les tests d’indépendance des erreurs ainsi que d’autres
tests indispensables à la continuité du travail empirique.

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Par conséquence, notre modèle de base intuitif peut subir plusieurs changements en vue de
garder les variables qui produisent un modèle fiable et non biaisé. Ainsi, nous allons procéder
par itération jusqu’à se retrouver avec le modèle d’analyse optimal qui respecte les impératives
statistiques. Pour ce faire, nous faisons référence à la méthode d’analyse par composantes
principales qui permet d’étudier et de visualiser des corrélations entre les variables, et les
observations atypiques. De même, cette méthode est nécessaire pour déterminer le niveau de
contribution des variables indépendantes dans l’explication de la variable dépendante, et de
garder seulement les variables explicatives qui sont corrélées de façon importante avec
l’efficience technique et ses composantes (Bourmont, 2012).
Après avoir vérifié ces préalables, nous allons passer à la présentation de l’effet de chaque
variable explicative et la discussion des résultats de notre étude pour chaque pays à part, pour
ensuite effectuer une analyse générale et exhaustive de l’apport général de notre recherche et
ses implications managériales. Tout de même, nous devons évaluer la portée de notre étude et
ses conclusions.
II. Détermination du modèle
En spécifiant la méthodologie d’analyse, nous devons à présent définir les variables potentielles
explicatives de l’efficience technique, de même que les hypothèses qui leurs sont associées. En
final, nous allons présenter le modèle d’analyse qui doit faire l’objet des tests statistiques
appropriés.

II.1. Définition des variables


Le choix des variables dans notre contexte peut être délicat du fait que plusieurs variables
peuvent affecter l’efficience des banques. De même, les données sur certaines variables peuvent
être indisponible ou difficile à inclure dans notre modèle. De ce fait, le choix des facteurs doit
être minutieusement conduit. Ces variables sont présentées comme suit :

II.1.1. Facteurs spécifiques aux banques


Les facteurs que nous avons choisis comme variables explicatives sont issues d’une recherche
approfondie et rigoureuse. Ainsi, ces variables sont :

 La taille de la banque mesurée par le log du total des actifs de la banque (SIZE) ;
Cette variable a été utilisée dans plusieurs travaux comme celles de Cook et al. (2001) ;
Stavarek (2004) ; Altunbas et al (2007) ; Yildirim et Philippatos (2007) ; Zaghla (2007) et
Henni (2017). Ces études ont confirmé des effets parfois contradictoires ou similaires.
Toutefois, le facteur déterminant de l’influence de la taille sur l’efficience reste tributaire à la
taille de la banque par rapport à son secteur, et à l’homogénéité de l’échantillon.
 Le ratio du total des financements accordés par rapport aux dépôts collectés par la
banque (CRD). Ce ratio représente le niveau de liquidité des banques ;

Quant au ratio de liquidité de la banque, cette variable est beaucoup utilisée dans la littérature
empirique pour l’explication de la performance bancaire. Au contraire, rares sont les études qui
l’utilisent pour l’efficience technique. Nous notons, dans ce sens, l’étude de Henni (2017).
Pourtant, il faut noter que cette variable est importante dans le contexte des banques islamiques
du fait de la particularité de détention d’un niveau élevé de liquidité.

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 Le ratio du risque du crédit encouru par la banque mesurée par le total des financements
accordés au total de ses actifs (RCRD) ;

Contrairement au deuxième variable choisie, le ratio du risque de crédit est un facteur


communément utilisé dans les études empiriques pour déterminer le degré de maitrise et son
influence sur l’efficience bancaire. Ainsi, nous avons pris comme références les études de
Berger et Humphrey (1992) ; De yong et Whallen (1994) ; Kwan et Eisenbeis (1994) ;
Benachour (2021) ainsi que d’autres recherches qui s’intéressent à l’efficience des banques
classiques. Chose qui indique, encore une fois, l’insuffisance des études empiriques sur les
banques islamiques.
 La rentabilité de la banque mesurée par le ratio du résultat de l'exercice divisé par le
total des actifs de la banque (ROA) ;
 La rentabilité de la banque mesurée aussi par le ratio du résultat de l’exercice divisé par
le total des capitaux propres (ROE) ;

Les principaux ratios de mesure de la rentabilité (ROA et ROE) que nous avons décidé
d’intégrer sont utilisés dans plusieurs recherches empiriques à savoir celle de Yudistira (2003) ;
Limani et Kolli (2016), Henni (2017). En effet, notre étude estime qu’un niveau élevé de
rentabilité est supposé appuyer l’efficience des banques, du fait de l’utilisation des ressources,
l’organisation de la production, le choix des opportunités offertes, ainsi que la rémunération
des capitaux investis par les actionnaires.
 La capitalisation bancaire qui se calcule à travers le ratio des capitaux propres au total
des actifs (CAP) ;

Cette variable a été intégrée dans plusieurs études empiriques en vue de montrer la relation
significative qui existe entre le niveau de la capitalisation et l’efficience bancaire. En effet, les
recherches de Berger et Humphrey (1997) ; Giannola et Scarfeglieri (1998) ; Marques-Ibanez
et Molyneux (2011) ; Benachour (2021) montrent que le niveau des fonds propres est un facteur
déterminant de l’efficience bancaire. Elles estiment que le coût des fonds propres n’est pas
toujours inclus dans le calcul, tandis que seuls les coûts liés aux opérations de dépôts rémunérés
sont intégrés. Cette question est cruciale pour les banques islamiques qui doivent détenir un
niveau de capitaux propres plus élevés que les banques conventionnelles puisqu’il s’agit d’un
signal fort et une obligation issue des principes de la Sharia.
 Le ratio de solvabilité bancaire mesuré par le rapport entre les dépôts et les capitaux
propres et qui exprime le degré d’importance des dépôts par rapport aux capitaux
propres (SLV) ;

Ce ratio est rarement utilisé dans la pratique empirique du fait de sa relation étroite avec les
principes de la finance islamique en vue de garantir une solvabilité accrue et un équilibre des
comptes de ces entités.

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 Le type de propriété (PRP) qui représente la seule variable explicative qualitative ;

Nous avons décidé d’inclure une seule variable qualitative qui représente le type de propriété
de la banque (PRP). Cette variable prend la valeur 0 si la banque est de propriété étrangère
pour le cas des banques malaisiennes ou partagée pour le cas des banques marocaines, ou la
valeur 1 si la banque est de propriété locale ou autrement. Elle est utilisée dans de nombreux
études qui traitent la relation entre la propriété et l’efficience des banques classiques telles que
Cook et al. (2000) ; Fethi et al. (2011) ; Barth et al. (2013).

II.1.2. Facteur relatif au secteur bancaire


Il s’agit d’un seul ratio que nous avons défini pour représenter le risque bancaire dans tout le
secteur. Cette variable n’est que le Risk Bank (RBANK) qui se mesure par le ratio du total des
créances douteuses par rapport au total des prêts distribués par le secteur bancaire. Cette
variable indique la santé financière du secteur bancaire d’un pays, puisqu’elle met en relief le
ratio du risque des créances reconnues comme douteuses par rapport aux prêts distribués. En
outre, elle permet de reconnaître si les banques fournissent un effort important d’étude des
dossiers de prêt avant de les accorder ou qu’elle y’a des variables exogènes qui affectent leurs
décisions.
Éventuellement, le risque du crédit est autolimité dans la pratique financière islamique,
cependant, il est important d’intégrer cette variable puisqu’elle permet d’avoir une idée sur le
degré de maitrise des risques entre les banques islamiques de la Malaisie et celle des banques
marocaines, ainsi que le degré d’intervention de l’Etat. Nous notons, dans ce sens, l’étude de
Henni (2017).

II.1.3. Facteurs relatifs à l’environnement macro-économique


Pour le cas des variables de l’environnement macro-économique, nous avons choisi deux
facteurs à savoir le PIB par Habitant (PIBH) qui reflète le niveau de croissance économique du
pays et montre la mobilisation positive ou négative des banques par rapport au pays de leurs
présences, et l’inflation (INF) qui indique le niveau de resserrement de la politique monétaire
suite à des niveaux d’inflations élevés, ou le contraire.
 Le PIBH représente le niveau de croissance économique d’un pays par habitant ;

Cette variable ne concerne pas l’univers des banques islamiques seulement puisqu’elle
s’intéresse à l’environnement du pays, et non plus au secteur bancaire. Ainsi, elle a été utilisée
dans la littérature empirique par plusieurs chercheurs à savoir l’étude de Christopoulos &
Tsionas (2004) ; Liu & Hsu (2006) sur les banques classiques, et de Ben Naceur et al. (2015) ;
Mosab & Tabash (2014) concernant les banques islamiques.
 L’inflation (INF) qui représente la perte du pouvoir d’achat de la monnaie, qui se traduit
par une hausse des prix ou des taux ;

L’inflation est un phénomène lié principalement à la fluctuation des prix et des taux qui
influence directement les entités bancaires. En effet, la plupart des études intègrent ce facteur
du fait de son importance dans l’explication de l’influence macro-économique sur la
performance et l’efficience interne des banques. Il s’agit du cas de l’étude de Barth et al (2013) ;
de Henni (2017), etc.

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En arrivant à la fin de ce point, nous notons que nous avons essayé d’intégrer les principales
variables utilisées dans la littérature empirique afin d’expliquer l’évolution de l’efficience
technique bancaire. Cependant, l’inclusion de toutes les variables reste tributaire à la validité
statistique du modèle final de chaque pays. Nous passons, pour le moment, à la définition des
hypothèses liées à chaque variable.

II.2. Définition des hypothèses


En suivant une approche quantitative et un mode de raisonnement hypothético-déductif, nous
avons défini les variables de l’étude. Chose qui implique la prise en compte des hypothèses
sous-jacentes de chaque variable.

II.2.1. Variables spécifiques aux banques


En ce qui concerne le premier facteur (la taille), nous considérons que les banques de tailles
importantes et grandissantes favorisent les économies d’échelles, ce qui permet une meilleure
efficience. Tandis que les banques de petites tailles ne bénéficient pas de cet avantage. Ainsi
les deux hypothèses relatives à la taille sont :
 Ho : la taille grandissante des banques influence positivement l’efficience ;
 H1 : la taille grandissante des banques influence négativement l’efficience ;

Passant à notre deuxième variable qui représente le ratio des prêts distribués par rapport aux
dépôts, nous considérons que la liquidité est un facteur qui permet aux banques de gérer ses
risques et faire face à tout imprévu. Cependant, garder un niveau élevé de dépôts sans pour
autant pouvoir les transformer, peut générer un manque à gagner au niveau de l’efficience des
banques. Ces contradictions nécessitent un compromis et une définition préalable de la stratégie
de la banque concernant le niveau de liquidité à adopter, ainsi que le respect des restrictions
religieuses et réglementaires. Dans ce sens, nos hypothèses sont :
 Ho : la liquidité de la banque n’influence pas l’efficience ;
 H1 : la liquidité de la banque influence négativement l’efficience ;

Concernant le troisième facteur, le ratio du risque du crédit représente le risque encouru par les
banques lors de l’octroi des prêts. Ce risque est éminent à l’activité bancaire et doit être gérer
avec efficacité, spécialement pour le cas des banques islamiques qui sont autolimitées par les
principes de la Sharia, tout en bénéficiant d’une marge de bénéfice plus importante. Ainsi, nous
considérons les deux hypothèses suivantes :
 Ho : La prise du risque de crédit influence positivement l’efficience ;
 H1 : La prise du risque de crédit influence négativement l’efficience ;

Le quatrième facteur concerne la rentabilité de la banque mesurée par le rendement des actifs.
Ainsi, le ROA représente historiquement la mesure de la performance bancaire. Pourtant, une
banque qui est performante et rentable est nécessairement efficiente ?
 Ho : le ratio ROA influence positivement l’efficience ;
 H1 : le ratio ROA influence négativement l’efficience ;

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Le deuxième facteur qui mesure la rentabilité de la banque est celui du ROE. Il s’agit d’une
mesure déterminante qui permet de satisfaire les actionnaires et attirer de nouveaux
investisseurs, cependant si le résultat net est négatif, le ratio peut influencer amplement
l’efficience du fait d’un changement de signe. Ainsi, nous considérons que :
 Ho : le ratio ROE influence positivement l’efficience ;
 H1 : le ratio ROE influence négativement l’efficience ;

Passant au facteur de la capitalisation bancaire. Les recherches indiquent qu’un ratio important
de détention du capital permet aux banques de résister aux chocs des pertes. Ce qui représente
un élément déterminant pour les banques islamiques et un signal positif aux investisseurs.
Cependant, il peut être un risque majeur pour les banques les moins capitalisées. Nous estimons
dans ce cas que :
 Ho : La capitalisation bancaire influence positivement l’efficience ;
 H1 : La capitalisation bancaire influence négativement l’efficience ;

En ce qui concerne la variable de la solvabilité bancaire qui représente le degré d’importance


des dépôts par rapport aux capitaux propres. En effet, cette mesure permet de s’assurer sur la
capacité d’une banque à honorer ses dépôts à travers seulement ses capitaux propres.
L’importance de cette variable constitue un facteur tranchant puisqu’il permet de réaliser des
investissements et des financements. Pareil, l’importance des capitaux propres constitue un
signal positif. Pourtant, les banques sont appelées à effectuer un consensus entre niveaux de
dépôts et niveau des capitaux propres en vue de gérer efficacement le risque de solvabilité.
Ainsi, nous considérons que :
 Ho : La solvabilité bancaire influence positivement l’efficience ;
 H1 : La solvabilité bancaire influence négativement l’efficience ;

Le dernier facteur concernant l’environnement interne de la banque est celui du type de la


propriété. Evidemment, toute banque cherche à être rentable, cependant, les banques à propriété
locale peuvent être contraint à obéir à une certaine logique sociale en contrepartie des mesures
d’encouragement et d’aides à ces banques par les autorités politiques, contrairement aux
banques à propriété étrangère qui poursuivent une politique purement financière dans leurs
recherches de rentabilité et de profit. Nous examinons donc les hypothèses suivantes :
 Ho : La propriété locale de la banque influence positivement l’efficience ;
 H1 : La propriété locale de la banque influence négativement l’efficience ;
II.2.2. Variable relative au secteur bancaire
Le taux des créances douteuses est un indicateur déterminant de la santé financière du secteur
bancaire, il peut engendrer une instabilité financière voire même politique. Nous considérons
donc qu’un secteur bancaire présentant un niveau de créances douteuses élevé influence
négativement l’efficience des banques. Ainsi, les deux hypothèses sont évidemment :
 Ho : Les créances douteuses influencent positivement l’efficience des banques du
secteur ;
 H1 : Les créances douteuses influencent négativement l’efficience des banques du
secteur ;

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II.2.3. Variables de l’environnement macro-économique
Un PIB par habitant élevé est un indicateur de croissance économique du pays. Les habitants
deviennent bancarisés et sont de plus en plus exigeants. La concurrence du secteur devient plus
importante et les banques doivent améliorer leurs services pour rester efficiente. De ce fait, nous
considérons que :
 Ho : Le PIB par habitant participe à l'amélioration de l'efficience des banques ;
 H1 : Le PIB par habitant n’a pas d’influence sur l'efficience bancaire ;

Quant à l’inflation, nous avons mentionné qu’elle pourra engendrer une hausse des taux, qui
implique une augmentation des profits de la banque et une amélioration éventuelle de son
efficience. Nous considérons donc :
 Ho : L’inflation influence positivement l’efficience des banques ;
 H1 : L’inflation n’a pas d’influence sur l’efficience des banques ;

Avant de commencer la définition de notre modèle, nous devons effectuer les tests appropriés
pour s’assurer que les variables explicatives ne sont pas corrélées entre eux, ce qui peut biaiser
notre étude avec des résultats imprécis. Après cette vérification, l’éventuel modèle se présentera
de la manière suivante :
𝑫𝑬𝑨𝒊𝒕 = α + 𝛽1 𝑆𝐼𝑍𝐸𝑖 + 𝛽2 𝐶𝑅𝐷𝑖 + 𝛽3 𝑅𝐶𝑅𝐷𝑖 + 𝛽4 𝑅𝑂𝐴𝑖 + 𝛽5 𝑅𝑂𝐸𝑖 +𝛽6 𝐶𝐴𝑃𝑖 + 𝛽7 𝑆𝐿𝑉𝑖 + 𝛽8 𝑃𝑅𝑃𝑖
+ 𝛽9 𝑅𝐵𝐴𝑁𝐾𝑖 + 𝛽10 𝑃𝐼𝐵𝐻𝑖 + 𝛽11 𝐼𝑁𝐹𝑖 + 𝜀𝑖

Où :

 𝐷𝐸𝐴𝑖𝑡 : correspond à l'efficience technique (TE) pour le premier modèle. Et


respectivement l’efficience technique pure (PTE) et l'efficience d'échelle (SE) pour le
deuxième et le troisième modèle ;
 α : est une constante ;
 𝛽1 à 𝛽11 : sont les coefficients de la régression devant être estimer ;
 𝜀𝑖 : représente le terme d’erreur ;
Nous passons pour le moment à la présentation des tests qui permettent de valider la qualité
statistique du modèle.

III. Appréciation de la qualité statistique du modèle


En vue de pouvoir valider la qualité statistique du modèle que nous avons défini pour chaque
pays, plusieurs tests doivent être conduits. Il s’agit, entre autres, du test de Student T pour
vérifier la significativité d’un coefficient, le test de Klein pour la vérifier l’absence de multi-
colinéarité, etc. De même, la méthode d’analyse en composantes principales (ACP) est
proposée en vue de détecter les variables qui présentent une multi-colinéarité élevée ainsi que
les termes d’erreurs qui diminuent la fiabilité du modèle. Dans ce sens, nous commençons par
les tests de multi colinéarité.

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III.1. Test de multi colinéarité
Pour commencer la validation du modèle, il est primordial de vérifier l’absence du phénomène
de multi colinéarité. En effet, la multi colinéarité est l'occurrence d'intercorrélations élevées
entre deux ou plusieurs variables indépendantes dans un modèle de régression multiple201. Elle
peut conduire à des résultats biaisés ou trempeurs si un analyste tente de déterminer dans quelle
mesure chaque variable indépendante peut être utilisée le plus efficacement pour prédire ou
comprendre la variable dépendante dans un modèle statistique.
En d’autres termes, l’existence d’une colinéarité peut avoir pour conséquence la perturbation
des estimations des paramètres du modèle. Par exemple, il peut y avoir des changements de
signes qui sont contraires à l’intuition. Aussi, les coefficients de régression estimés peuvent être
élevés en valeur absolue. Tout de même, les variances des estimateurs peuvent être élevées
également. Dans ce contexte, la colinéarité statistique crée des difficultés importantes dans
l’interprétation des résultats202.
Il s’avère donc que tout chercheur souhaitant vérifier la qualité statistique de son modèle doit
veiller à détecter l’existence de ce phénomène et à chercher à le remédier. Ainsi, deux tests
peuvent être conduits en vue de repérer l’existence d’une multi colinéarité. Le premier test est
celui de Klein dont les étapes sont les suivantes :

1. Obtenir le coefficient de détermination R² sur le modèle à X variables ;


2. Calculer la matrice de corrélation des variables explicatives ;
3. Comparer le coefficient de détermination R² avec les coefficients de corrélation calculés
précédemment ;
4. Si le coefficient de détermination R² est supérieur à chaque coefficient de corrélation,
on peut déduire qu'il y’a absence de multi colinéarité.
En effet, ce test peut être considéré comme simplifié d’où l’importance de vérifier l’existence
de multi colinéarité en cas de rapprochement significatif entre le coefficient de détermination
et les coefficients de la matrice de corrélation. Ainsi, nous pouvons passer au deuxième test qui
est la Variance Inflation Factor (VIF), en utilisant l’application Eviews ou l’extension Xlstat
pour son calcul.
Au cours de l'analyse de la régression, VIF évalue si les facteurs sont corrélés les uns aux autres.
Un problème de multi colinéarité est relevé dès lors qu’un VIF présente une valeur supérieure
ou égale à 10 et/ou lorsque la moyenne des VIFs est supérieure ou égale à 2 (Chatterjee, Hadi
et Price, 2000). Si aucune de ces deux valeurs n’est atteinte, l’influence de la multi colinéarité
n’est, selon ces auteurs, pas inquiétant et toutes les variables explicatives peuvent donc être
conservées. Cette dernière étant à un niveau de multi colinéarité acceptable, nous pouvons
continuer notre analyse. Si, au contraire, ces valeurs étaient atteintes, le problème de multi
colinéarité devrait alors être traité par l’expérimentateur.

201
Philippe Casin, Économétrie, Méthodes et applications avec EViews, Paris : Éd. Technip, 2009, pp.
181-182 ;
202
Thierry Foucart, Colinéarité et régression linéaire, Mathématiques et sciences humaines, no 173 (1
mars 2006) ;

Page 257 sur 346


Dans ce sens, plusieurs outils peuvent être utilisés pour le traitement de ce problème. En premier
lieu, le chercheur pourra utiliser la régression par les moindres carrés partiels (régression PLS).
Cette méthode est considérée comme étant rapide, efficace et optimale pour un critère de
minimisation des covariances bien maîtrisé. L’utilisation de cette méthode est préconisée dans
le cas où un grand nombre de variables explicatives est utilisé, ou lorsqu'il y a de fortes
colinéarités entre les variables.
La deuxième méthode est plus simple dans son application. Ainsi, le modèle de régression pas-
à-pas est souhaitable en vue de retenir les variables explicatives les plus corrélés avec la variable
à expliquer, et les moins corrélés entre elles. Elle consiste à introduire les régresseurs un après
l’autre dans l’équation de régression pour conserver les variables qui sont significativement
associées avec la variable à expliquer. Les autres variables explicatives sont éliminées de la
régression. Cependant, cette méthode n’est pas toujours efficace puisqu’elle ne permet de
détecter que les relations significatives sans pour autant trouver une solution à la multi-
colinéarité des autres variables. Il s’agit donc d’une résolution partielle du problème que nous
devons solutionner. Par conséquence, nous devons utiliser la méthode d’analyse en
composantes principales présentée dans la suite de ce chapitre pour détecter les variables
présentant un phénomène de multi colinéarité.

III.2. Analyse en Composantes principales (ACP)


L’ACP permet d'étudier des ensembles de données multidimensionnelles avec des variables
quantitatives. Il s’agit d’une méthode d’exploration permettant d’étudier et de visualiser des
corrélations entre les variables, d’identifier les groupes homogènes d’observations ou, au
contraire, des observations atypiques. L’objectif de la méthode est la transformation des
variables très corrélées en nouvelles variables non corrélées les unes des autres, tout en
conservant un maximum d’informations.
L’ACP propose, en se basant sur un tableau rectangulaire de données comportant les valeurs de
p variables quantitatives pour n unités (ou individus), des représentations géométriques de ces
unités et de ces variables. Les données peuvent être issues d’une procédure d’échantillonnage
ou bien de l’observation d’une population entière. Quant aux représentations des unités, elles
permettent de vérifier l’existence d’une structure, non connue a priori, sur cet ensemble
d’unités. De la même façon, les représentations des variables permettent d’étudier les structures
de liaisons linéaires sur l’ensemble des variables examinées. Ainsi, on cherchera à distinguer
des groupes dans l’ensemble des unités qui se ressemblent, celles qui se distinguent des autres,
etc. Pour les variables, on cherchera celles qui sont très corrélées entre elles, celles qui ne sont
pas corrélées aux autres, etc. (C. Duby, S. Robin, 2006).
Pour mettre en œuvre cette analyse, nous allons recourir à l’extension Xlstat qui fournit des
résultats fiables et explicites sur la méthode ACP en commençant par des statistiques
descriptives telles que la moyenne et l’écart type, la matrice de corrélation, la table des cosinus
afin d'éviter des erreurs d'interprétation dues à des effets de projection, le cercle de corrélation
qui visualise les corrélations entre les composantes et les variables initiales, et le graphique des
observations qui présentent les observations dans l’espace ACP. Plusieurs autres informations
sont visualisées dans les résultats telles que les valeurs propres, les vecteurs propres et les
cordonnées des variables.

Page 258 sur 346


Il est à noter que, comme pour toute méthode descriptive, la réalisation d’une ACP servira à
mieux comprendre et saisir les données de notre étude, à détecter éventuellement des valeurs
aberrantes ou suspectes, pour enfin formuler des hypothèses qu’il faudra étudier à l’aide de
modèles et d’études d’inférences statistiques. Les résultats fournis par l’ACP sont utiles donc
pour illustrer certains résultats dans un but de compréhension.
En effet, notre recherche utilisera le cercle des corrélations pour interpréter la signification des
axes (Facteur 1 et 2). Ainsi, pour confirmer le fait qu'une variable est fortement liée à un facteur,
il suffit de consulter la table des cosinus : plus le cosinus est élevé (en valeur absolue), plus la
variable est liée à l'axe. Plus le cosinus est proche de zéro, moins la variable est liée à l'axe203.
De cette façon, nous allons pouvoir éliminer les variables et les observations qui sont corrélées
entre elles, de même que d’essayer de garder les variables ayant une contribution significative
dans l’axe des facteurs.
Dans ce cas, nous allons procéder par élimination successive des variables et des observations
aberrantes, tout en essayant de vérifier la significativité individuelle des variables et la
significativité globale du modèle (test de Fisher). Ainsi, nous allons procéder par des allers-
retours entre les modèles et leurs tests, jusqu’à se retrouver avec le modèle optimal qui respecte
les conditions de validité statistique.

III.3. Tests de significativité et d’indépendance des erreurs


De façon simultanée avec l’analyse en composantes principales (ACP), nous devons effectuer
des tests statistiques en vue de pouvoir vérifier la significativité du modèle, l’absence
d’indépendance des erreurs et l’absence d’autocorrélation. Pour ce faire, quatre tests sont
proposés dont le premier est celui du test de la significativité d’un coefficient appelée le test de
Student (T-Student). Dans le cas d’un modèle Tobit, nous utilisons le Z-Statistic qui est le même
que le t-test lorsque la régression MCO est utilisée.
Effectivement, le test du Student est indispensable dans le but est de savoir si la variable
explicative choisie joue un rôle explicatif dans le modèle. Pour se faire, il faut vérifier
préalablement que les erreurs suivent une loi normale, pour ensuite procéder au test. En
conséquence :
 Si | t | > t* où t* est la valeur critique de la table de Student pour un risque fixé et un
nombre de degré de liberté égal à (T-k) ⇒
 On rejette H0 et on accepte H1 : le coefficient est significativement différent de zéro et
la variable joue un rôle explicatif dans le modèle.
Cependant, si la taille d’échantillon est supérieure à 30 (T > 30), on peut comparer | t |
directement avec le seuil critique de la loi normale centrée et réduite qui est 1,96 (pour un risque
de 5%) puisque, d’après le théorème central limite, la loi de Student tend vers une loi normale
lorsque T est suffisamment grand. Une autre remarque importante s’impose du fait que le retrait
d’une variable explicative suite à sa contribution faible au modèle doit être poursuivi par un
examen la valeur du S après l’enlèvement de toute variable jugée non significative. Une hausse

203
Analyse en Composantes Principales (ACP) avec Excel | XLSTAT Centre d'aide, consulté le
04/11/2022 ;

Page 259 sur 346


de la valeur du S indique que la variable retirée était en fait contributive à l’explication de la
variable dépendante.
Nous passons pour le moment au test Fisher qui permet de vérifier la significativité de
l’ensemble des coefficients d’un modèle. En fait, ce test stipule que tous les paramètres sont
considérés comme statistiquement significatifs si la probabilité de chaque variable est inférieure
à 0.05. Au même temps, le modèle est considéré comme globalement bon si la Prob-Fisher (F-
statistic) est inférieure à 0.05. A noter que malgré l’utilisation de la méthode Tobit, nous devons
s’assurer de la validité statistique du modèle et de ses paramètres à travers un modèle de
régression linéaire à moindres carrées (appelé Least Square).
Après avoir vérifié le premier test, nous devons passer à l’analyse d’Ordre 1 d’autocorrélation
des erreurs en utilisant le test de Durbin-Watson (DW). De par sa construction, le DW varie
entre 0 et 4. La figure ci-après visualise les cas suivants selon les valeurs que peut prendre le
DW :

Les valeurs dL et dU sont déterminées à partir de la table de Durbin et Watson en fonction de


la taille de l’échantillon et du nombre de variables explicatives pour un risque fixé204. La
présence des résultats dans la zone d’incertitude où apparaît un point d’interrogation (dans
l’intervalle [dL, dU] ou dans l’intervalle [4-dU, 4-dL]) indique un choix de l’hypothèse la plus
fâcheuse de présence d’autocorrélation des erreurs, c’est-à-dire H1.
Deux conditions sont primordiales pour effectuer le test DW. En premier, le modèle doit
comporter un terme constant, et la deuxième stipule que la variable à expliquer ne doit pas
figurer parmi les variables explicatives. En vérifiant ces conditions, la présomption de
dépendance des résidus d’ordre 1 (une autocorrélation des erreurs) est diagnostiquée de la façon
suivante205 :
 Mauvaise spécification du modèle ;
 Instabilité des coefficients ;
 Présence de points aberrants ;
 Oubli d’une variable explicative importante ;
 Véritable autocorrélation : on utilise dans ce cas la méthode d’estimation des Moindres
Carrés généralisés (MCG).

204
Durbin-Watson Table | Real Statistics Using Excel (real-statistics.com) ;
205
Hélène Hamisultane, Econométrie, 2002, document inspiré de l’ouvrage de Bourbonnais (2000),
Econométrie, Dunod ;

Page 260 sur 346


Avant de partir à l’analyse de ces hypothèses, nous pouvons se référer au test d’autocorrélation
des erreurs d’ordre 2 (Breusch-Godfrey). Ce test ne se limite à la détection de l’auto-régression
du premier ordre, mais il peut détecter l’autocorrélation jusqu’à n’importe quel ordre p pré-
désigné. Également, il prend en charge une classe plus large de régresseurs. De cette façon, si
la probabilité associée à ce test est supérieure à 5%, nous acceptons l’hypothèse de non-
corrélation des erreurs d’ordre 2 mais présence d’une autocorrélation d’ordre 1, c’est-à-dire que
les erreurs sont indépendantes les unes des autres dans notre modèle.

III.4. Tests de détection de l’hétéroscédasticité


Le concept d'hétéroscédasticité est utilisé dans le contexte de la régression linéaire, pour décrire
le cas où la variance des erreurs du modèle n'est pas identique pour toutes les observations.
L’hétéroscédasticité ne biaise pas l’estimation des coefficients, mais l’inférence habituelle n’est
plus valide puisque les écarts-types trouvés ne sont pas les bons. Ce phénomène est
généralement rencontré dans le traitement des données, d’où l’importance de le détecter et de
le traiter.
Dans le même sens, les conséquences provenant du non-respect des hypothèses
d'hétéroscédasticité dans les résultats sur l’estimation des moindres carrés tient du fait de
l’existence des erreurs des calculs de l'estimateur de la matrice de variance et de covariance des
estimateurs des moindres carrés, ce qui fait perdre l’efficacité sur l'estimateur des moindres
carrés. Au contraire, et à part ce qui précède, les estimateurs par les moindres carrés sont
toujours sans biais, bien qu'ils ne soient plus efficaces, ce qui signifie que les estimateurs
n'auront plus de variance minimale.
La présence de l'homoscédasticité signifie que la variance des erreurs des variables explicatives
est constante dans toutes les observations. Ainsi, dans les modèles statistiques
homoscédastiques, la valeur d'une variable peut en prédire une autre, compte tenu que le modèle
n'est pas biaisé. Par conséquence, les erreurs sont courantes et constantes tout au long de l'étude.
En d’autres termes, si le modèle n’est pas destiné à l’estimation future et la prédiction des
paramètres (coefficients des variables explicatives), nous pouvons accepter l’hypothèse
d’hétéroscédasticité.
Plusieurs tests sont alors possibles. Dans notre cas, nous allons choisir le test Breusch-Pagan-
Godfrey dont les hypothèses du test sont les suivantes :
 Ho : le modèle est homoscédastique (Prob.F – stats > 5%) ;
 H1 : le modèle est hétéroscédastique (Prob.F – stats < 5%) ;
Si le régresseur non significatif (Prob.F > 5%), nous pouvons confirmer l’hypothèse nulle et
continuer notre recherche empirique, tandis que la présence d’un phénomène
d’hétéroscédasticité doit être corrigé en utilisant deux méthodes. La première est celle de
paramétrage de la matrice de variance-covariance des erreurs (MCG), alors que la deuxième
méthode, plus simple, consiste à utiliser les moindres carrés ordinaires et corriger les écarts-
types par la méthode d’Eicker-White. Au contraire, si le traitement de ce phénomène ne s’avère
pas nécessaire et n’influence pas la suite du travail, nous pouvons accepter l’existence de
l’hétéroscédasticité.

Page 261 sur 346


Il est à noter que ce test ne doit pas comporter des variables indicatrices contenues dans le
modèle puisque ces variables, dont les valeurs varient entre 0 et 1, ne peuvent pas être
responsables de ce phénomène. De même, elles ne sont pas liées à la variance de l’erreur
(Bourbonnais, 2000).

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Section 2 : Présentation des résultats de l’étude
Après avoir défini la méthodologie d’analyse, les variables qui pourront être utilisées, les
hypothèses du modèle ainsi que les tests statistiques à utiliser, nous avons atteint la partie la
plus déterminante de notre recherche empirique. En effet, nous allons commencer par la
présentation et l’analyse des résultats des banques participatives marocaines, pour ensuite
effectuer le même travail pour les banques islamiques malaisiennes, tout en s’assurant de la
validité du modèle de chaque pays. En final, nous devons discuter ces résultats tout en montrant
l’apport de notre étude à la communauté scientifique, tout en faisant une analyse comparative
des apports de la recherche.
I. Résultats des banques participatives marocaines
De manière concrète, nous allons présenter le modèle intuitif qui comporte toutes les variables
explicatives, ainsi que la procédure suivie afin d’arriver à un modèle robuste, valide et
statistiquement significatif à travers les tests et les méthodes détaillées supra. Par la suite, nous
allons procéder à un examen de l’effet de chaque variable explicative sur la variable
dépendante, tout en confirmant (ou en rejetant) les hypothèses définies plus haut. Pour en finir,
nous allons réaliser une analyse succincte des résultats.

I.1. Présentation des résultats


Pour le cas des banques participatives marocaines, le modèle intuitif comportait toutes les
variables de notre choix (voir annexes). Cependant, il a présenté un phénomène de multi
colinéarité en l’analysant par le test VIF. De surcroît, six coefficients individuels sur douze ne
sont pas statistiquement significatifs (Prob > 0,05). Ces résultats nous ont poussé à effectuer
une analyse en composantes principales (ACP) qui a conduit à une élimination de la variable
ROA, et d’une seule observation aberrante. Dans ce sens, le modèle final s’annonce donc
comme suit :
DEA (ou PTE ou SE) = C(1) + C(2)*SIZE + C(3)*CRD + C(4)*RCRD + C(5)*PRP +
C(6)*ROE + C(7)*CAP + C(8)*SLV + C(9)*RBANK + C(10)*PIBH + C(11)*INF
Avant de passer à la présentation des résultats, nous avons conduit nos tests qui ont validé la
qualité statistique du modèle. Ainsi, le test Klein confirme l’absence de multi colinéarité, ce qui
nous permet d'effectuer la régression Tobit sachant que les estimations des coefficients sont
fiables. Ensuite, l’analyse du test de Fisher et T-Student montre que les coefficients sont
statistiquement significatifs et que le modèle est globalement bon. En passant au test Durbin-
Watson, la valeur DW calculée est immédiatement proche de la zone d’incertitude
(DW=2.916776). Nous présumons donc une dépendance positive des résidus. Chose qui
implique un passage au test de Breusch-Godfrey d’ordre 2. Ce dernier confirme l’absence
d’autocorrélation d’ordre 2, mais présence d’une autocorrélation d’ordre 1 (les estimateurs sont
sans biais, mais leurs variances ne sont pas minimales). Finalement, le test d’hétéroscédasticité
de Breusch-Pagan-Godfrey confirme que le modèle est homoscédastique, comme le montre les
tableaux en annexes. Ces éléments nous ont permis de continuer notre analyse sachant que le
modèle est statistiquement valide.

Page 263 sur 346


Dans le cadre du modèle retenu, la régression des variables explicatives, à travers la méthode
Tobit et la méthode des moindres carrés, sur la variable à expliquer à savoir l’efficience
technique, l’efficience technique pure et l’efficience d’échelle a donné les résultats suivants (les
résultats obtenus à travers la méthode Tobit, et la méthode des moindres carrés sont présentés
en annexes) :
Tableau 28 : Résultats de la régression de l’efficience des banques participatives
Marocaines à l’aide de la méthode Tobit

Variables DEA PTE SE


-5.121266 1.697767 -5.496072
Constante (-8.591496)*** (2.081789)** (-8.996397)***
0.740496 -0.160000 0.854110
SIZE (9.110848)*** (-1.438874) (10.25356)***
0.013803 0.005961 0.014263
CRD (1.446835) (0.456679) (1.458709)
0.793126 -0.056766 0.789746
RCRD (11.39430)*** (-0.596075) (11.07025)***
0.441238 0.095714 0.374801
PRP (14.38829)*** (2.281294)** (11.92510)***
-1.334586 0.160623 -1.507074
ROE (-11.00007)*** (0.967662) (-12.12015)***
-0.059408 -0.001381 -0.057260
SLV (-9.913133)*** (-0.168430) (-9.322816)***
1.737332 -0.094184 1.803282
CAP (13.73709)*** (-0.544323) (13.91234)***
1.471671 0.245133 1.357566
RBANK (17.66184)*** (2.150273)** (15.89684)***
9.59E-05 3.15E-05 2.89E-05
PIBH (1.262464) (0.303324) (0.371334)
0.042812 0.012450 0.036440
INF (2.637766)*** (0.560676) (2.190628)***
 Le Z-Statistic entre parenthèses est le même que le t-test lorsque la régression MCO est utilisée ;
 ***, **, * indiquent la signifiance des coefficients à 1%, 5% et 10% respectivement ;
 L’absence d’étoile (*) indique que l’effet n’est pas significatif ;
Source : Auteur, basé sur les résultats de la régression Tobit effectuée en utilisant le
programme Eviews SV.

I.1.1. Effet de la taille


A travers les résultats de notre modèle, l’effet de la taille sur l’efficience technique, et sa
composante l’efficience d’échelle, des banques participatives marocaines est positif et
significatif à 1%. En effet, ces résultats confirment l’étude de Cook et al. (2001) sur les banques
tunisiennes durant la période des années 1990, qui trouvent que les banques de petite taille (le
total d’actifs est inférieur à un million de dinars tunisiens) sont plus performantes et enregistrent
un score d'efficience de 79,8%. De même, Stavarek (2004), Altunbas et al. (2007), Yildirim et
Philippatos (2007) confirment que la taille joue un rôle essentiel dans la détermination du

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niveau d’efficience. D’autant plus, l’étude de Berger & Bonaccorsi di Patti en 2006 trouve une
relation significativement positive avec l'efficience des banques.
Le passage à l’efficience d’échelle montre que l’effet devient plus important en passant d’un
coefficient de 0,74 à un coefficient de 0,85, ce qui montre que les banques opérant à une échelle
optimale réaliseront un score d’efficience plus élevé en jouant sur le facteur de la taille.
Cependant, l’efficience technique pure ne semble pas établir un lien significatif avec la taille
de la banque. Ce qui est confirmé par la recherche de Fukuyama (1993), Altunbas et al. (2000)
pour les banques japonaises, et de Lang et Welzel (1996) pour les banques coopératives
allemandes qui ne trouvent pas de lien entre l’efficience et la taille.
L’explication de ces résultats réside dans le fait que la taille grandissante des banques de
l’échantillon a permis une allocation plus optimale des ressources et un contrôle accru sur les
coûts à travers les économies d’échelles. Ces éléments ont permis une analyse positive de
l’influence du facteur de la taille sur l’efficience bancaire.
Dans ce contexte, nous rejetons l’hypothèse alternative et nous retenons l’hypothèse nulle qui
confirme que la taille grandissante des banques influence positivement son efficience.

I.1.2. Effet de la liquidité


De manière étonnante, les résultats de notre étude ne trouvent pas d’effet significatif entre le
niveau de liquidités des banques, mesuré par le ratio entre les prêts distribués et le total dépôts,
et l’efficience technique, l’efficience technique pure et l’efficience d’échelle. Ainsi, ce ratio
reste un facteur qui permet à la banque de gérer ses imprévus et de faire face au risque de retrait
massif des fonds, mais ne présente aucune relation significative au regard des banques de
l’échantillon.
Notre explication tient du fait que les banques islamiques gardent des niveaux élevés de
liquidités sans tenir compte de leurs profitabilités, cependant, nous avons remarqué que la
situation est inversée pour les banques marocaines qui mettent une pression importante sur les
liquidités en les transformant massivement à des financements, d’où un coefficient d’emploi
qui dépasse 200%. Chose qui peut expliquer la non-significativité des résultats du rapport des
financements aux dépôts, et indique que les banques participatives n’ont pas encore défini leurs
niveaux de liquidités, mais subissent encore la pression du marché en termes de financements
face à une rareté de ressources.
Dans ce contexte, nous retenons l’hypothèse nulle qui indique l’absence d’effet entre le niveau
de liquidité de la banque et son efficience.

I.1.3. Effet du risque de crédit


Le risque du crédit est une menace continue (risque de faillite) aux établissements bancaires qui
doivent améliorer leurs modèles et pratiques en vue de gérer ce risque et trouver des moyens
pour y prévenir. Il s’agit d’un risque signifiant et déterminant dans la politique des banques qui
doivent réconcilier entre le couple rendement-risque, tout en respectant les principes de la
Sharia. De ce fait, notre étude trouve que le risque de crédit influence positivement et de
manière très significative (seuil de signification = 1%) l’efficience technique et l’efficience
d’échelle, tandis que l’influence de cette variable ne semble pas s’établir en ce qui concerne
l’efficience technique pure.

Page 265 sur 346


Les mêmes résultats sont obtenus à propos du rapport entre l’efficience technique et le risque
du crédit par Pasiouras (2006), Gunes et Yilmaz (2016). Aussi, Hughes & Moon (1995) et
Hughes & Mester (1998) soulignent la relation négative entre l'inefficience et le risque de crédit.
Au même temps, les études de Berger et Humphrey (1992, a), De yong et Whallen (1994)
trouvent que les banques tombant en faillite tendent à être localisées loin de la frontière
d’efficience. De même, Kwan et Eisenbeis (1994), indiquent une relation négative entre
l’efficience et les problèmes de crédits dans les banques qui ne sont pas considérées en faillite.
Tandis que l’étude d’Altunbas et al. (2000) trouvent que le niveau du risque ne peut pas être un
déterminant de l’efficience à cause de la relation positive qui existe entre le couple « Risque-
Revenu », ce qui rend l’effet de l’efficience indéterminé.
L’explication que nous pourrons avancer sur les résultats est que les banques participatives de
l’échantillon, en prenant plus de risque, arrivent à améliorer leurs niveaux d’efficience malgré
les difficultés qu’elles rencontrent dans la gestion des financements basé sur le principe de
partage des profits et des pertes. Toutefois, elles veillent à gérer ce risque à travers l’utilisation
du principe d’Asset Backed Securities qui permet d’adosser tout financement à un actif réel, ce
qui atténue l’influence du risque de crédit. D’autres politiques de gestion du risque sont utilisées
telles que la création de comités de risque, d’évitement de concentration des créances dans les
mêmes secteurs, ou les mêmes zones, etc.
Dans ce contexte, nous retenons l’hypothèse nulle et nous rejetons l’hypothèse alternative.
Ainsi, la prise du risque de crédit influence positivement l’efficience des banques participatives
marocaines.

I.1.4. Effet de la propriété


Dans notre échantillon, trois banques sur un total de quatre sont détenues de manière partagée
avec des investisseurs internationaux à cause des barrières à l’entrée instaurée par les autorités
locales et du lobby bancaire qui a pris le contrôle de cette activité. Dans notre cas, nous trouvons
un effet positif et très significatif de la propriété des banques participatives sur l’efficience
technique et l’efficience d’échelle (coefficients respectifs de 0,44 et de 0,37), et de manière
moins importante sur l’efficience technique pure (coefficient de 0,09).
Pour examiner nos propos, nous avons conduit une analyse de covariance appelée ANCOVA206,
en utilisant l’extension xlstat, qui permet d’intégrer la variable qualitative « propriété » avec
deux mesures : 1 pour les banques à propriété locale et 0 pour les banques à propriété partagée.
Ainsi, nous constatons clairement que la moyenne de l’efficience technique (DEA) par rapport
au facteur propriété penche en faveur des banques à propriété locale, ainsi qu’un effet négatif
de la propriété partagée sur l’efficience bancaire. Ces résultats sont présentés ci-après :

206
L'ANCOVA (Analyse de covariance) peut être vue comme un mélange d'Anova et de régression
linéaire puisque la variable dépendante est de même nature, le modèle est aussi un modèle linéaire, et
les hypothèses sont identiques ;

Page 266 sur 346


Moyennes (DEA) - PRP
1,2
1
0,8
DEA

0,6
0,4
0,2
0
0 1
PRP

PRP-0 -0,441 0,049 -8,973 <0,0001


PRP-1 0,000 0,000

L’explication des résultats de notre modèle peut trouver son origine dans l’étude de Hymer
(1976) qui constate que les entreprises opérant en dehors de leurs pays d'origine sont
désavantagées par rapport aux entreprises locales (appelé Liability of foreignness). De même,
Demirgüç-Kunt & Huizinga (1999), Altunbas et al. (2001) justifient ce désavantage par les
déséconomies organisationnelles et de contrôle à distance de la banque, voire de barrières
culturelles favorisant les banques domestiques. En outre, l’étude Miller & Parkhe (2002)
confirme l'hypothèse de désavantage de la propriété étrangère dans le secteur bancaire mondial,
en utilisant un échantillon de 1300 banques, dont 428 banques étrangères. En conséquence, ils
montrent que l'X-efficience d'une banque étrangère est fortement influencée par la compétitivité
de son pays d'origine et du pays d'accueil dans lequel elle opère.
Dans ce contexte, nous considérons que la stratégie des banques marocaines et son lobbying a
constitué un avantage pour les banques à propriété purement locale. Ainsi, nous retenons
l’hypothèse nulle qui confirme l’influence positive de la propriété locale sur l’efficience des
banques.

I.1.5. Effet de la rentabilité


Les ratios de rentabilité mesurent l’efficacité managériale. En effet, il existe deux principales
mesures de la rentabilité à savoir le ROA et le ROE, cependant notre modèle n’a pas pu intégrer
le ratio ROA comme variable d’action sur l’efficience malgré son importance.
En ce qui concerne le rendement des capitaux propres, une mesure déterminante de la qualité
de gestion des investissements des actionnaires, le ROE présente un effet négatif et très
significatif sur l’efficience technique et l’efficience d’échelle, mais la relation d’influence ne
semble pas s’établir pour l’efficience technique pure. En effet, ce ratio est celui le plus risqué
avec un coefficient d’estimation de -1,33 pour l’efficience technique et -1,50 pour l’efficience
d’échelle.
Ces résultats ne sont pas partagés par certaines études comme celle de Limani et Kolli (2016)
qui confirment un effet positif de la rentabilité des capitaux propres (ROE) sur l’efficience
technique des banques islamiques, toutefois ces chercheurs remarquent que la variation du signe
des coefficients d’estimations relatives à la rentabilité financière (ROE) rend difficile la
détermination de l’influence de la rentabilité sur l’efficience des banques de l’échantillon.
Ainsi, nous avons constaté que l’amélioration continue du résultat net n’était pas suffisante pour

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que ce ratio soit en faveur de leurs efficiences, ce qui les obligent à sortir de la zone négative
pour controverser l’influence.
De la sorte, l’explication de cette situation provient du fait que le résultat net est négatif pour
toutes les observations des banques de l’échantillon, ce qui est considéré comme étant destructif
de valeur. Dans ce cas, nous retenons l’hypothèse alternative qui confirme l’influence négative
de la rentabilité des capitaux propres sur l’efficience.

I.1.6. Effet de la capitalisation


Le niveau de capitalisation d’une banque constitue un signal important de la santé financière
d’une banque. De surcroît, les banques islamiques doivent détenir un niveau supérieur des fonds
propres pour leurs opérations, au-delà des réglementations internationales comme celle de Bâle
III. A travers notre modèle, nous avons trouvé une relation positive et très significative entre
l’efficience technique, l’efficience d’échelle et la capitalisation. Cependant, l’influence n’est
pas significative pour l’efficience technique pure.
Ces résultats sont partagés par Grigorian & Monole (2002) qui considèrent que les banques
bien capitalisées peuvent collecter les dépôts plus que les banques les moins capitalisées, et
peuvent être plus efficientes. Pierre Pessarossi et Laurent Weil (2015) montrent que les fonds
propres influencent négativement l'inefficience des banques (les banques les plus capitalisées
sont les banques les plus efficientes). Aussi, Baele et Vennet (2005) démontrent que les banques
adoptant un niveau des fonds propres plus élevé que le minimum requis par les autorités peut
signaler leurs bonnes solvabilités. Ces éléments sont démontrés dans les rapports financiers des
banques participatives de l’échantillon qui ont procédé à des augmentations continues et
successives de leurs capitaux en vue de garder un niveau de capitalisation adéquat avec leurs
développements. L’exemple étant d’Umnia Bank qui a fait progresser son capital de 600
millions MAD en 2017 à 1,1 milliard MAD en 2021.
D’après ces résultats, nous constatons que la question de la capitalisation est cruciale pour les
banques islamiques qui doivent garder un niveau de fonds propres acceptable au regard du
public. Un résultat intéressant pour notre cas lorsque nous savons que le niveau de la
capitalisation a connu une augmentation moins importante que le total de l’actif, et que
l’efficience est restée à des niveaux soutenus.
Dans ce contexte, nous concluons par un rejet de l’hypothèse alternative et nous confirmons
l’influence positive de la capitalisation sur l’efficience.

I.1.7. Effet de la solvabilité


La solvabilité des banques de l’échantillon exerce un effet faible, négatif et significatif sur
l’efficience technique et l’efficience d’échelle, mais la relation significative sur l’efficience
technique pure n’est pas établie par le modèle proposé. En effet, nous avons constaté que ce
ratio n’a pas arrêté sa croissance depuis le lancement des banques participatives marocaines, ce
qui a constitué un effet négatif sur l’efficience bancaire sachant qu’il représente une mesure du
degré d’importance des dépôts par rapport aux capitaux propres et une mesure de la solvabilité
d’une banque par rapport à ces déposants. Ainsi, cette augmentation est considérée comme un
risque pouvant détruire l’efficience (dans ces deux mesures), cependant, nous jugeons que le

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coefficient d’estimation de cette variable (-0,05) est faible au regard des autres coefficients du
modèle.
Dans notre cas, nous retenons donc l’hypothèse alternative qui indique un effet négatif de la
solvabilité bancaire sur l’efficience et nous rejetons l’hypothèse nulle.

I.1.8. Effet du risque du secteur bancaire


A travers les résultats de notre étude, le risque dans le secteur bancaire influence positivement
et significativement l’efficience technique et ses composantes à savoir l’efficience technique
pure et l’efficience d’échelle. En effet, ces résultats suggèrent que le risque dans le secteur
bancaire aide les banques à trouver l'échelle de production optimale. Dans ce contexte, Apps
(2008) confirme que les banques islamiques sont restées stables avec une bonne performance
durant la crise et que leur modèle peut être considéré comme une alternative du fait de leur
maitrise du niveau des créances douteuses et des mécanismes ingénieux qui limitent
l’exposition excessive au risque de crédit.
L’explication de nos résultats tient du fait que la meilleure situation que peut atteindre une unité
de production en élevant proportionnellement la quantité de ses facteurs de production, est
défini difficilement lorsque le risque dans le secteur bancaire est réduit. Cette situation incite
les banques à être moins vigilantes et à suivre un modèle paisible sans pour autant chercher à
améliorer l'échelle de production. Autrement dit, les banques islamiques gèrent leurs risques de
manière très efficace, ce qui permet au secteur bancaire d’avoir des niveaux acceptables de
créances douteuses. Résultat qui pousse les acteurs du secteur bancaire participatif marocain à
prendre plus de risques en vue d’augmenter leurs efficiences respectives, sachant que ce ratio a
augmenté entre l’année 2017 en 2021, en passant de 0,3% en 2019 à 0,6% en 2021, selon les
statistiques de la banque centrale marocaine.
Dans ce contexte, nous devons rejeter l’hypothèse alternative et retenir l’hypothèse nulle qui
confirme une relation positive entre l’efficience et le risque du secteur bancaire mesuré par le
ratio des créances douteuses, tout en relativisant cet effet au contexte marocain.

I.1.9. Effet du PIB par Habitant


Les résultats démontrent que la croissance économique ne semble pas établir une relation
significative avec l’efficience technique des banques de l’échantillon. Ainsi, nous avons trouvé
un lien non significatif entre le degré du PIB par habitant et les composantes de l’efficience. En
effet, l’étude d’Abdelhak et solhi (2009) atteint le même résultat en indiquant que la croissance
du PIB ne peut être un facteur déterminant de l’efficience des banques marocaines.
Ces résultats suggèrent la déconnection du sphère économique et financier du fait que les
banques participatives marocaines viennent d’être lancées dans le marché, ce qui peut retarder
l’effet de leurs contributions. En d’autres termes, la relation bidirectionnelle dans laquelle la
croissance économique favorable du pays améliore la fonction de production des banques, et
que ces dernières contribuent au financement de l’économie, ne s’avère pas réalisée dans le
contexte marocain, ou du moins pour la période de notre étude.
Dès lors, nous rejetons l’hypothèse nulle et nous retenons l’hypothèse alternative qui indique
l’absence d’influence de la croissance économique sur l’efficience.

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I.1.10. Effet de l’inflation
Il est reconnu dans la littérature que l’inflation est une variable résultante de la pratique du Riba,
et qui augmente l’instabilité et réduit l’efficience bancaire. Cependant, à travers les résultats de
notre modèle, l’inflation est positivement et significativement liée à l’efficience technique et à
l’efficience d’échelle. Encore une fois, l’efficience technique pure n’établit pas une relation
significative avec l’inflation.
Dans le même ordre d’idées, ces résultats confirment l’étude de Barth et al (2013) qui démontre
qu'il y a une relation négative et statistiquement significative entre l'efficience et l'inflation du
pays. Ils conclurent qu’un environnement marqué par une baisse d’inflation est plus propice à
des opérations bancaires efficientes. De par ces résultats, l’inflation semble avoir un effet faible
quant à son coefficient qui ne dépasse à peine 0,04 en relation avec l’efficience technique.
Dans ce sillage, nous retenons l’hypothèse nulle qui confirme une relation positive entre les
deux variables.

I.2. Analyse et discussion des résultats


Pour cette partie, nous allons se focaliser sur les résultats des modèles par typologie
d’efficience. Ainsi, nous avons décidé de visualiser l’influence de chaque variable sur
l’efficience technique et ses composantes, tout en considérant que l’effet d’une relation non
significative est égal à zéro.
Figure 22 : L’effet des variables explicatives sur l’efficience technique des banques
participatives Marocaines

Les coefficients des variables explicatives de


l'efficience
2,0000

1,5000

1,0000

0,5000

0,0000

-0,5000

-1,0000

-1,5000

-2,0000

DEA PTE SE

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A travers la figure ci-dessus, nous remarquons que le modèle conçu pour l’explication des
facteurs de l’efficience technique et sa composante l’efficience d’échelle a établi une relation
très significative (seuil de signification égal à 1%), avec l’ensemble des variables explicatives
de l’étude, exception faite du ratio de liquidité, et du PIB par habitant. Tout de même, nous
notons que les variables utilisées ont enregistré des coefficients similaires, ou proches entre les
deux mesures de l’efficience, cependant, l’efficience d’échelle est influencée de façon plus
visible par les facteurs de la taille de la banque, de la rentabilité des capitaux propres et par le
niveau de la capitalisation.
Dans le cas contraire, deux variables du modèle seulement, à savoir le type de propriété et le
ratio des créances douteuses, trouvent une relation significative et positive avec l’efficience
technique pure. Ainsi, nous pouvons avancer deux hypothèses relatives à cette situation. La
première est que l’absence ou la faiblesse de la relation entre les variables explicatives du
modèle et l’efficience technique pure tient du fait que cette dernière a connu une évolution
aléatoire dans les deux sens (scores en augmentation ou en diminution) durant la période
d’étude, ce qui n’a pas permis au modèle d’établir une relation de causalité entre la variable à
expliquer et ces variables explicatives proposées par le modèle. La deuxième possibilité est liée
à la capacité du modèle à expliquer la variation de l’efficience technique pure à travers les
facteurs choisis. Cette hypothèse paraît plus plausible dans la mesure où le coefficient de
détermination corrigé « R² ajusté » du modèle est estimé à 0.25, tandis que ce coefficient monte
à un niveau de 0.98 pour les deux autres mesures.
En faisant une analyse approfondie des résultats, nous constatons que les banques participatives
marocaines doivent jouer sur les facteurs qui affectent positivement leurs efficiences techniques
ainsi que sa composante (l’efficience d’échelle). En conséquence, elles doivent continuer à
consolider le niveau des capitaux propres en concertation avec l’évolution du total d’actifs en
vue de bénéficier d’un facteur qui influence amplement l’efficience avec un coefficient de 1.73,
considéré comme étant le plus élevé parmi les autres coefficients. De même, il faut noter que
la taille de la banque, le ratio du risque du crédit et le type de propriété sont des variables qui
doivent être prises en compte dans la stratégie d’amélioration de l’efficience bancaire. Dans ce
contexte, les banques de notre échantillon sont appelées à suivre les actions suivantes :
 Accroître la taille des banques en termes du total d’actifs ;
 Développer l’encours des financements accordés, tout en maitrisant le ratio du risque
du crédit ;
 Garder une typologie de propriété favorable aux banques locales ;
Dans le même ordre d’idées, les banques participatives devront bénéficier d’un taux de créances
douteuses faible et d’un taux d’inflation maitrisé afin d’améliorer leurs efficiences techniques
respectives. Dans le sens contraire, certaines variables doivent faire l’objet d’un suivi rigoureux
et attentif parce qu’elles exercent un effet négatif sur l’efficience à savoir le ratio de rentabilité
des capitaux propres (ROE) avec un coefficient de -1.33, et la solvabilité dans une moindre
mesure (coefficient = -0.06). En effet, le résultat net négatif enregistré par les banques
marocaines durant toute la période d’étude, a influencé directement le modèle en considérant
que le ROE est un facteur destructif de l’efficience, tandis que la solvabilité bancaire n’entraîne
pas une diminution considérable.

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En ce qui concerne le cas de l’efficience technique pure, nous considérons que le modèle
élaboré n’arrive pas à établir des liens significatifs entre la variable dépendante et les variables
indépendantes, sauf pour le cas du type de propriété et du ratio des créances douteuses. Chose
qui empêche la détermination d’un modèle valide et cohérent, et des recommandations
possibles sur les pistes d’amélioration de cette composante d’efficience.
Suivant ces résultats, nous considérons que l’efficience technique des banques participatives
marocaines est tributaire de plusieurs variables dont elles doivent rigoureusement suivre, ce qui
revient à une volatilité importante des résultats suite à un changement de contexte. En d’autres
termes, toute chose restant égale par ailleurs, les banques participatives devront améliorer les
facteurs exerçant un effet positif dans la perspective de garder des niveaux d’efficience
soutenus. De façon analogue, nous rappelons que ces banques ont connu des résultats notables,
et en perpétuelle augmentation pendant toute la période d’étude. Toutefois, cette situation ne
devra pas durer longuement parce qu’elles demeurent en phase de lancement et restent ouvertes
à des possibilités de dégradation des scores d’efficience suite à des changements dans les
facteurs (inputs/outputs).
Conséquence, les banques marocaines sont appelées à analyser ces variables, dès à présent, en
dressant un bilan de leurs réalisations en vue de détecter les anomalies et les opportunités qui
leurs permettent d’identifier les sources d’efficience et d’inefficience étudiées dans cette
recherche.
II. Résultats des banques islamiques malaisiennes
En poursuivant le même travail effectué auparavant, nous allons présenter le modèle intuitif qui
comporte toutes les variables explicatives, ainsi que la procédure suivie afin d’arriver à un
modèle robuste, valide et statistiquement significatif à travers les tests et les méthodes détaillées
plus loin. Ensuite, nous allons procéder à un examen de l’effet de chaque variable explicative
sur la variable dépendante, tout en confirmant (ou en rejetant) les hypothèses définies supra.
Pour en finir, nous allons réaliser une analyse concise des résultats.

II.1. Présentation des résultats


Dans cette partie, nous avons réalisé le même processus que les banques participatives
marocaines. De ce fait, nous avons simulé le modèle intuitif en intégrant toutes les variables de
notre choix (se référer aux annexes). Néanmoins, ce dernier a présenté un phénomène de multi
colinéarité en utilisant le test Klein puisque le coefficient de détermination R² s’est avéré à
l’ordre de 0,16, ce qui est considéré comme étant un résultat faible par rapport aux coefficients
de la matrice de corrélation. De la même manière, nous avons remarqué que les coefficients
individuels sont statistiquement non significatifs (Prob > 0,05), et que les coefficients de T-
student ne dépassent pas le seuil de 1,96 défini antérieurement.
Ces résultats nous ont poussé à effectuer une analyse approfondie et longue en utilisant
l’analyse en composantes principales (ACP), qui a conduit à l’élimination de deux facteurs qui
présentent une multi-colinéarité élevée avec les autres variables explicatives à savoir la
rentabilité des actifs (ROA) et la solvabilité bancaire (SLV), ainsi que quatorze observations
aberrantes pouvant influencer la qualité globale du modèle. Cette action a permis aux
paramètres du modèle d’être plus significatifs et à avoir un coefficient de détermination R²
amélioré à l’ordre 0,54. Dès lors, le modèle final se tourne donc ainsi :

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DEA (ou PTE ou SE) = C(1) + C(2)*SIZE + C(3)*CRD + C(4)*RCRD + C(5)*PRP +
C(6)*ROE + C(7)*CAP + C(8)*RBANK + C(9)*PIBH + C(10)*INF
Suite à ces modifications, nous avons conduit les tests nécessaires à la validation de la qualité
statistique du modèle. Par conséquence, le test Klein confirme l’absence de multi colinéarité,
ce qui nous permet d'effectuer la régression Tobit sachant que les estimations des coefficients
sont fiables, De surcroît, nous avons vu utile d’utiliser l’analyse VIF, puisque le coefficient de
détermination R² reste faible par rapport au modèle des banques marocaines (R² = 0,98). Ce test
a confirmé l’absence de multi colinéarité entre les variables explicatives, tant que la valeur
totale des facteurs du test VIF indique un résultat inférieur à 10 (Chatterjee, Hadi et Price,
2000).
Par la suite, l’analyse du test de Fisher et T-Student a montré que les coefficients sont
statistiquement significatifs et que le modèle est globalement bon. En passant au test Durbin-
Watson, la valeur DW calculée est proche de la zone d’incertitude, ce qui suggère la présence
d’une dépendance positive des résidus. Nous passons donc au test Breusch-Godfrey d’ordre 2,
qui confirme l’absence d’autocorrélation d’ordre 2, mais présence d’une autocorrélation d’ordre
1, ce qui signifie que les estimateurs sont sans biais, mais leurs variances ne sont pas minimales,
comme pour le cas du modèle marocain. Finalement, le test d’hétéroscédasticité par le test
Breusch-Pagan-Godfrey confirme que le modèle n’est pas homoscédastique, comme le montre
les tableaux en annexes. Ce dernier test n’influence pas la qualité du modèle, mais indique
seulement que l’inférence habituelle n’est plus possible.
Suivant le modèle retenu, la régression des variables explicatives, à travers la méthode Tobit et
la méthode des moindres carrés, sur la variable à expliquer à savoir l’efficience technique,
l’efficience technique pure et l’efficience d’échelle a donné les résultats suivants (les résultats
obtenus à travers la méthode Tobit, et la méthode des moindres carrés sont présentés en
annexes) :

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Tableau 29 : Résultats de la régression de l’efficience des banques islamiques
Malaisiennes à l’aide de la méthode Tobit

Variables DEA PTE SE


1.451180 1.212463 1.224738
Constante (4.116001)*** (4.197520)*** (4.582776)***
ALL - 0.013965 0.042288 - 0.055369
SAMPLE (-0.443192) (1.638125) (-2.318234)**
SIZE
SIZE > 0.181405 0.198361 - 0.010620
10M$ (2.727597)*** (3.286012)*** (-0.182192)
- 0.245003 - 0.306007 0.055710
CRD (-4.685265)*** (-7.142729)*** (1.405496)
1.190734 0.981464 0.258609
RCRD (7.766925)*** (7.814091)*** (2.225402)**
- 0.209521 - 0.309064 0.093560
PRP (-4.120658)*** (-7.419206)*** (2.427503)**
- 0.451211 - 0.200940 - 0.271152
ROE (-1.986868)** (-1.080004) (-1.575187)
1.264031 0.653928 0.589214
CAP (3.913832)*** (2.471410)** (2.406847)**
- 0.371609 - 0.199826 - 0.183186
RBANK (-3.865162)*** (-2.536901)** (-2.513646)**
3.43E-05 3.83E-05 3.27E-06
PIBH (2.289631)** (3.124138)** (0.287902)
0.004582 0.005528 - 0.000723
INF (0.780113) (1.148828) (-0.162489)
 Le Z-Statistic entre parenthèses est le même que le t-test lorsque la régression MCO est utilisée ;
 ***, **, * indiquent la signifiance des coefficients à 1%, 5% et 10% respectivement ;
 L’absence d’étoile (*) indique que l’effet n’est pas significatif ;
 La variable Size a fait l’objet de deux simulations dont la première est constituée de l’ensemble
de l’échantillon (ALL SAMPLE) et la deuxième pour les grandes banques détenant un total actif
supérieur à 10 M$ seulement (SIZE>10M$) ;
Source : Auteur, basé sur les résultats de la régression Tobit effectuée en utilisant le programme
Eviews SV

II.1.1. Effet de la taille


De façon étonnante, l’effet de la taille bancaire sur l’efficience technique et sa composante
l’efficience technique pure n’est pas significative pour le cas des banques islamiques
malaisiennes. En effet, ces résultats confirment la recherche de Fukuyama (1993), d’Altunbas
et al. (2000) pour les banques japonaises, et de Lang et Welzel (1996) pour les banques
coopératives allemandes qui ne trouvent pas de lien clair entre l’efficience et la taille de la
banque.
Au contraire, nous avons remarqué que cette effet devient négatif et significatif lorsqu’il s’agit
de l’efficience d’échelle. Dans ce sens, l’étude de Delis & Papanikolaou (2009) trouvent que
l’effet positif de la taille sur l’efficience bancaire s’estompe à un certain niveau à cause des
problèmes liés à la gestion tels que les problèmes bureaucratiques. De même, Allen et Rai

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(1996) indique des niveaux plus élevés d'inefficience pour la majorité des grandes banques
existantes dans 15 pays étudiés.
Les raisons qui peuvent expliquer les résultats de notre étude tiennent du fait de l’hétérogénéité
de notre échantillon qui se compose de banques de grandes tailles (plus que 10 millions de
dollars) et de tailles moyennes (entre 1 et 10 millions de dollars). A cet égard, la suppression
des banques de taille moyenne a changé totalement les résultats de notre étude. En effet,
l’influence de la taille sur l’efficience technique et l’efficience technique pure est désormais
positive et significative à 5% et à 1% respectivement. A l’opposé, l’influence de l’efficience
d’échelle est devenue non significatif.
Ces résultats confirment l’étude de Berger et al. (1993), et plusieurs autres études telles que
Stavarek (2004), Altunbas et al. (2007), Yildirim et Philippatos (2007) sur les banques
européennes, ainsi que la recherche de Delis & Papanikolaou (2009) pour les pays qui ont
nouvellement adhéré à l'Union Européenne (la Bulgarie, le tchèque, l’Estonie, la Hongrie, la
Lituanie, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie) qui trouvent que la taille joue
un rôle significatif et positif dans la détermination du niveau d’efficience. Dans ce contexte, les
banques de grande taille arrivent à gérer efficacement leurs ressources, en faisant jouer le
mécanisme des économies d’échelles, telles que le montre l’étude de Hauner (2005). Il est à
noter que la taille de la banque n'a pas d’influence sur l'efficience d'échelle des banques. En
d'autres termes, quel que soit sa taille, une banque peut opérer à une échelle qui lui permet de
produire efficacement.
Dans ce contexte, nous retenons l’hypothèse nulle en confirmant que la taille grandissante des
banques influence positivement l’efficience des banques islamiques de l’échantillon.

II.1.2. Effet de la liquidité


A travers les résultats de notre modèle, le niveau de liquidité des banques de l’échantillon
influence négativement et significativement l’efficience technique, et l’efficience technique
pure, cependant, l’efficience d’échelle n’établit pas une relation significative avec ce facteur.
Nous pouvons expliquer ces résultats par la nécessité qui oblige les banques islamiques à détenir
un niveau important de liquidités sans pour autant pouvoir transformer ces dépôts à des
financements. En effet, nous avons remarqué que le ratio de dépôts enregistre des niveaux
élevés pour plusieurs banques de l’échantillon et dépasse, dans la plupart des cas, les
financements octroyés. Ce constat représente un manque à gagner et une perte en termes de
produits et commissions qui renvoie à une augmentation du niveau d’inefficience. Dans ce sens,
la gestion efficace des ressources de la banque est conditionnée par des éléments extra-
financiers relatifs au respect des principes de la Sharia, ce qui explique l’influence négative du
niveau de liquidité sur l’efficience des banques islamiques malaisiennes, et alerte sur la stratégie
suivie par ces entités en termes de gestion des opérations des dépôts et des crédits.
Ces résultats nous amènent à rejeter l’hypothèse nulle et à retenir l’hypothèse alternative qui
confirme un effet négatif du niveau de liquidité sur l’efficience.

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II.1.3. Effet du risque de crédit
Le risque de crédit est un risque inhérent à l’activité bancaire qui doit être géré avec prudence
et vigilance. En effet, Bédué & Lévy (1977) considèrent que la gestion du risque de crédit
compte parmi les trois principales fonctions de la banque avec la production d’informations et
la transformation d’actifs. Elle correspond à l’ensemble des décisions permettant d’améliorer
le profil rentabilité-risque pour pouvoir maitriser les risques et surtout les risques de faillite
bancaire.
Les résultats de notre étude montrent un effet positif et significatif du risque de crédit sur les
trois mesures à savoir l’efficience technique et ses composantes l’efficience technique pure et
l’efficience d’échelle. Ces résultats sont partagés par plusieurs études telles que Pasiouras
(2006), Hughes & Moon (1995), Hughes & Mester (1998) et Gunes et Yilmaz (2016) qui
trouvent une relation négative entre l'inefficience et le risque de crédit. Ainsi, les banques
islamiques malaisiennes arrivent à gérer efficacement, et à une échelle optimale le risque de
crédit pour améliorer leurs efficiences.
Désormais, les banques peuvent être appelées à prendre plus de risques dans le cas où la banque
centrale ou le gouvernement se montre prêts à protéger la banque et ses créditeurs en cas de
pertes. Pareil, les banques islamiques utilisent des mécanismes qui leurs permettent de limiter
leurs expositions au risque de crédits comme l’Asset Backed Securities ainsi que d’autres
méthodes de gestion de risques détaillées plus haut. De la même façon, les banques dites "too
big to fail" sont conscientes de leurs poids dans le système financier et économique, ce qui leurs
permet de bénéficier de la protection d’Etat. Ces conclusions corroborent les mesures
d’encouragement et d’aides aux banques islamiques de la part de l’Etat malaisiennes durant la
pandémie, et explique ses interventions pour garder l’équilibre de l’économie.
Nous prenons donc part de l’hypothèse nulle et nous rejetons l’hypothèse alternative. Ainsi, le
risque de crédit influence positivement l’efficience des banques islamiques de l’échantillon.

II.1.4. Effet du type de propriété


L’échantillon des banques malaisiennes contient treize banques islamiques dont deux banques
de propriété étrangère. Dans notre modèle, nous trouvons un effet négatif et très significatif de
la propriété des banques islamique sur l’efficience technique et l’efficience technique pure, avec
des coefficients respectifs de -0,21 et de -0,31, tandis que l’effet est positif et significatif sur
l’efficience d’échelle en enregistrant un coefficient faible de 0,09. Ce changement de résultat
peut s’expliquer par le fait que le type de propriété influence de façon positive les banques
opérant à une échelle optimale seulement. De même, le nombre important des banques de
l’échantillon à propriété locale a penché vers une relative négative de ce type de propriété sur
l’efficience technique des banques.
Pour confirmer nos propos, nous avons conduit une analyse de covariance, en utilisant
l’extension xlstat, qui permet d’intégrer la variable qualitative « type de propriété » avec deux
mesures : 1 pour les banques à propriété locale et 0 pour les banques à propriété étrangère. En
conséquence, nous voyons clairement que la moyenne de l’efficience (DEA) est influencée
positivement et significativement par le facteur de propriété qui penche en faveur des banques
à propriété étrangère (+0,21). Ces résultats sont présentés ci-après :

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Moyennes (DEA) - PRP
1,2
1
0,8
DEA

0,6
0,4
0,2
0
0 1
PRP

PRP-0 0,210 0,053 3,932 0,000


PRP-1 0,000 0,000
L’explication de ces résultats trouvent leurs origines dans l’hypothèse de l'avantage global qui
indique que les banques étrangères disposent des avantages compétitifs par rapport à leurs
homologues locaux. Également, ces résultats sont partagés par l’étude de Weill (2006) qui
trouve que les banques étrangères bénéficient d’une efficience technique plus élevé. De même,
Micco & al. (2007) indiquent que les banques étrangères ont l’avantage de servir la clientèle
multinationale dans différents pays, ont accès aux marchés de capitaux, bénéficient
d’économies d’échelles et d’une capacité supérieure à diversifier le risque. Néanmoins, nous
constatons que le gap entre les deux types de propriété n’est pas important du point de vue que
l’estimation de la moyenne d’efficience des banques à propriété locale est de 89%, tandis que
celles à propriété étrangère atteint le seuil de 100%. Chose qui montre, encore, la concurrence
acharnée sur le marché.
Dans ce contexte, nous retenons l’hypothèse alternative qui indique un effet négatif de la
propriété locale des banques sur l’efficience technique.

II.1.5. Effet de la rentabilité


La rentabilité peut être appréhendée à travers deux facteurs à savoir la rentabilité des actifs
(ROA) et la rentabilité des capitaux propres (ROE). Malheureusement, notre modèle a pu
intégrer seulement le ROE, comme pour le cas des banques participatives marocaines. Il
exprime l'efficacité de la banque dans sa gestion des investissements des actionnaires
(Hassoune, 2002) et sa capacité à dégager des bénéfices à travers les montants investis.
A travers notre modèle, le ratio ROE présente un effet négatif et significatif (à 5%) sur
l’efficience technique uniquement, cependant, cet effet n’est pas significatif pour ses
composantes à savoir l’efficience technique pure et l’efficience d’échelle. Ces résultats
impliquent une relation négative entre la rentabilité et l’efficience technique qui signifie qu’une
banque qui sait gérer efficacement ces ressources et produit à des échelles optimales n’est pas
nécessairement rentable. L’explication de ces résultats provient du fait que le ROE présente un
ratio faible (en moyenne 9%), ce qui donne un signal négatif de la sous rentabilité des capitaux
propres investis par la banque. De surcroît, cela montre que l’effet de cette variable n’est pas
visiblement important puisque la valeur de Z-statistic reste inférieur au seuil de 1,96.

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Ainsi, nous procédons par un rejet de l’hypothèse nulle et nous retenons l’hypothèse alternative
qui confirme une relation d’influence négative entre la rentabilité des capitaux propres et
l’efficience.

II.1.6. Effet de la capitalisation


Les normes de suffisance de capital constituent une préoccupation essentielle aux banques
islamiques qui doivent appliquer les normes prudentielles définies par les réglementations
internationales qui imposent une dotation minimale en capitaux propres telle que la
réglementation de Bâle III. Ce besoin s’accroît lorsqu’il s’agit des banques islamiques qui
doivent détenir un niveau supérieur des fonds propres pour garantir le bon déroulement de leurs
opérations.
Les résultats de notre modèle indiquent une relation positive et très significative entre
l’efficience technique, l’efficience d’échelle et le niveau de capitalisation. Ainsi, nos propos
sont partagés par Bergers & Mester (1997), Grigorian & Monole (2002), Cantor et Johnson
(1992), qui favorisent les banques bien capitalisées plus que les banques les moins capitalisées
en termes de collecte de dépôts, et peuvent être plus efficientes. Pareil, Pierre Pessarossi et
Laurent Weil (2015) montrent que les fonds propres influencent négativement l'inefficience des
banques (cela revient à ce que les banques les plus capitalisées sont les banques les plus
efficientes). Également, Baele et Vennet (2005) démontrent que les banques adoptant un niveau
des fonds propres plus élevé que le minimum requis par les autorités peut signaler leurs bonnes
solvabilités. Cette stratégie indique une confiance accrue et une assurance sur une rentabilité
qui va être à la hauteur des attentes.
Dans le même sens, l’étude des scores d’efficience durant la crise des Subprimes a indiqué une
dégradation de l’efficience des banques conventionnelles et islamiques. Cependant, Beck et al.
(2013) trouvent que l'activité d'intermédiation des banques islamiques a été moins affectée
pendant les périodes de crise. Ces auteurs imputent ce résultat à une meilleure capitalisation
des banques islamiques ainsi qu'à leur meilleure qualité d'actifs.
A travers ces résultats, nous confirmons que le niveau de capitalisation d’une banque requiert
une attention particulière et un examen rigoureux. En reprenant la théorie de signal, nos résultats
s’avèrent intéressantes lorsque nous observons que le ratio de capitalisation des banques de
l’échantillon a passé de 7,7% en 2014 à 9% en 2021. Une évolution qui a été bien récompensée
par le marché bancaire islamique malaisien, et a contribué à l’amélioration de leurs efficiences
respectives.
Dans ce contexte, nous retenons l’hypothèse nulle et nous confirmons l’influence positif de la
capitalisation sur l’efficience.

II.1.7. Effet du risque du secteur bancaire


Les résultats du modèle montrent que le risque du secteur bancaire exerce un effet négatif et
très significatif sur l’efficience technique des banques islamiques malaisiennes, en enregistrant
un coefficient de -0,37. Cet effet demeure négatif et significatif (à un seuil de 5%) pour ses
deux composantes à savoir l’efficience technique pure et l’efficience d’échelle, mais de manière
moins importante, avec des coefficients de -0,20, et de -0,18 respectivement.

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Partant de ces résultats, nous constatons que les créances douteuses, une mesure très répandue
dans le secteur bancaire, empêchent les banques à gérer efficacement leurs ressources, et de
trouver l’échelle optimale de production. En effet, le ratio des créances douteuses (non
performantes) est attribué aux opérations financières risquées qui peuvent nuire à la réputation
et à l’efficience des banques, cependant, nous avons constaté que l’atténuation de ce ratio d’un
pourcentage de 1,2% en 2012 à 0,8% en 2021 n’a pas rendu favorable l’évolution de
l’efficience.
Dans ce contexte, nous considérons que les politiques restrictives et l’intervention de l’Etat, à
travers sa banque centrale, en vue de réguler le marché bancaire et limiter le défilement des
créances douteuses affectent négativement l’efficience des banques malaisiennes. Un avis
partagé par Barth et al. (2004) qui trouvent une relation négative entre les restrictions sur les
activités bancaires et le développement du secteur bancaire, cependant, il faut garder un niveau
d’intervention acceptable en vue de soutenir l’équilibre financier du secteur. Tout de même,
Kumar & Gulati (2014) revoient 72 études examinant le lien entre les réformes de dérégulation
et l’efficience des banques. Ainsi, ils arrivent à conclure que la dérégulation a tendance à
détériorer l’efficience des banques de 35% de l’échantillon, tandis que le reste trouve le
contraire (la dérégulation améliore significativement l’efficience).
Ces résultats nous amènent à retenir l’hypothèse alternative qui confirme une relation négative
entre l’efficience et le risque du secteur bancaire.

II.1.8. Effet du PIB par habitant


Les résultats de notre recherche montrent que le PIB par habitant implique un effet positif et
significatif sur l’efficience technique et l’efficience technique pure, tandis que l’effet s’avère
non significatif pour l’efficience d’échelle. Cela signifie que le développement économique du
pays peut appuyer les banques qui arrivent à gérer efficacement leurs ressources, contrairement
aux banques travaillant sur une échelle optimale qui n’établissent pas de lien significatif avec
l’évolution positive du PIB.
Ces résultats montrent l’existence d’une relation de causalité réciproque entre le développement
financier islamique et la croissance économique. Ces propos sont partagés par Mohammed &
al (2014). De même, Berger et al. (2004) montrent que la part du marché et l'efficience des
banques privées influencent positivement la croissance économique dans les pays développés.
D’autres études telles que Berger et al. (2000) indiquent que l’efficience bancaire reste tributaire
au contexte économique. Cependant, nous remarquons que l'effet est réduit et doit s’inscrire
dans une approche à long terme pour que cet effet soit observé de façon remarquable. Ce constat
a été étudié par Mosab & Tabash (2014) qui montrent, en utilisant les tests de causalité à la
Granger, qu’à long terme, contrairement au court terme, l’existence d’une relation
bidirectionnelle et d’une corrélation positive entre le développement financier islamique et la
croissance économique. Tout de même, Furqani & Mulyany (2009) en étudiant la causalité
entre le développement financier islamique et la croissance économique en Malaisie trouvent
que le total des financements islamiques est positivement et significativement corrélé avec la
croissance économique et l’accumulation du capital.

Par conséquence, nous considérons que la croissance économique participe à l’amélioration de


l’efficience, ce qui nous permet de confirmer l’hypothèse nulle.

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II.1.9. Effet de l’inflation
Les résultats démontrent que l’inflation n’influence nullement l’efficience technique des
banques de l’échantillon. Ainsi, nous avons trouvé que le modèle n’établit pas une relation
significative entre le taux d’inflation et l’efficience dans ces trois mesures. Dans ce sens, nous
rappelons que la finance islamique reconnait que l’inflation est la résultante du Riba, qui
appauvrit ses victimes et augmente la circulation de la mauvaise monnaie. Nous considérons
donc que les banques islamiques sont immunisées contre ce fléau, ce qui peut expliquer
l’absence de lien significatif entre les deux variables malgré que ce taux reste relativement élevé
dans le contexte malaisien.
Ainsi, nous rejetons l’hypothèse nulle et nous retenons l’hypothèse alternative qui indique
l’absence d’influence de l’inflation sur l’efficience bancaire.

II.2. Analyse et discussion des résultats


En arrivant à la discussion, nous allons se focaliser sur les résultats du modèle par type
d’efficience. Ainsi, nous avons décidé de visualiser l’influence de chaque variable sur
l’efficience technique et ses composantes, tout en considérant que l’effet d’une relation non
significative est égal à 0.
Figure 23 : L’effet des variables explicatives sur l’efficience technique des banques
islamiques Malaisiennes

Les coefficients des variables explicatives de


l'efficience
1,4000

1,2000

1,0000

0,8000

0,6000

0,4000

0,2000

-
SIZE > CRD RCRD PRP ROE CAP RBANK PIBH INF
-0,2000 10M$
-0,4000

-0,6000

DEA PTE SE

En visualisant la figure ci-dessus, nous constatons que les variables utilisées dans le modèle
pour l’explication de l’efficience technique ont établi une relation significative, à un seuil de
signification égal à 1% et à 5%, avec l’ensemble des variables explicatives de l’étude, exception
faite d’un seul facteur qui est l’inflation. Pareil, nous notons que les variables ont enregistré des
coefficients proches les uns des autres, sauf pour le cas du risque du crédit et de la capitalisation

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qui affectent de façon positive et plus visible l’efficience technique des banques islamiques
malaisiennes. De la même manière, le modèle élaboré pour l’explication de l’efficience
technique pure a produit les mêmes résultats, à l’exception du ratio de rentabilité (ROE) qui
n’établit pas de lien significatif.
Contrairement à ce qui précède, le modèle de la régression de l’efficience d’échelle démontre
une relation significative avec cinq variables explicatives seulement à savoir le ratio du risque
du crédit, le type de propriété, et le niveau de capitalisation qui enregistrent un résultat positif,
ainsi que le ratio des créances douteuses du secteur bancaire et la variable taille de l’ensemble
de l’échantillon (All Sample) qui indiquent un effet négatif. Néanmoins, nous avons vu que
l’effet du type de propriété sur l’efficience d’échelle est contradictoire par rapport aux autres
mesures. Dans ce sens, nous pouvons avancer une seule présomption relative à cette situation.
En effet, la capacité du modèle à expliquer la variation de l’efficience d’échelle à travers les
facteurs choisis parait difficile dans la mesure où le coefficient de détermination corrigé « R²
ajusté » du modèle est estimé à un ratio faible de 0.31, tandis que ce coefficient monte à un
niveau de 0,44 pour l’efficience technique pure et à l’ordre de 0,50 en ce qui concerne
l’efficience technique.
En passant à une analyse plus approfondie des résultats, nous constatons que les banques
islamiques malaisiennes sont moins volatiles que leurs consœurs marocaines du fait que les
variables explicatives susceptibles d’influencer négativement les scores d’efficience présentent
des coefficients faibles par rapport aux facteurs d’effets positifs. Par conséquence, elles doivent
continuer à renforcer le niveau des capitaux propres en concertation avec l’évolution du total
d’actifs en vue de bénéficier d’un facteur qui influence amplement l’efficience en tenant compte
de son coefficient (+1,26) qui est le plus élevé parmi les autres coefficients. Identiquement, le
ratio du risque du crédit ainsi que le ratio de la taille des banques malaisiennes supérieures à 10
millions de dollars constituent des variables qui doivent être considérées dans la stratégie
d’amélioration de l’efficience bancaire puisque leurs coefficients sont respectivement de +1,19
et de +0,18. En résumant ces éléments, les banques de l’échantillon peuvent suivre les actions
suivantes :
 Continuer à accroître la taille des banques dépassant 10 millions de dollars en termes du
total d’actifs ;
 Développer l’encours des financements accordés, tout en maitrisant le ratio du risque
du crédit ;
 Consolider le niveau des capitaux propres par rapport au total d’actifs ;
De la même façon, les banques islamiques malaisiennes peuvent bénéficier d’un taux de
croissance économique favorable à leurs développements sur le long terme. A l’inverse,
certaines variables doivent faire l’objet d’un suivi rigoureux et attentif du fait de l’influence
négative qui exercent sur l’efficience technique telles que le ratio de rentabilité des capitaux
propres (ROE) avec un coefficient de -0,45, le ratio des créances douteuses qui enregistre un
coefficient négatif de 0,37 et le niveau de liquidité dans une moindre mesure avec un ratio de
-0,25. Pareil, il ne faut pas oublier que la propriété influence négativement l’efficience
technique et l’efficience technique pure. Toutefois, l’analyse détaillée des résultats a indiqué
que la propriété étrangère joue en faveur de l’efficience, contrairement aux banques à propriété
locale. Dans ce sens, nous considérons que ces dernières sont affectées par la théorie de

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l’avantage global qui permet aux banques étrangères de disposer des avantages compétitifs par
rapport à leurs homologues nationaux.
Face au modèle élaboré pour l’efficience d’échelle, nous avons constaté qu’il n’est pas en
mesure d’établir des relations significatives qu’avec quatre variables explicatives sur neuf
seulement. Couplé à un coefficient de détermination faible et inacceptable, nous considérons,
donc, que ces résultats empêchent la détermination d’un modèle valide et cohérent. De ce fait,
nous ne pouvons pas émettre des recommandations possibles et des pistes d’amélioration sur
cette composante d’efficience.
Dans ce sens, nous estimons que la maturité du secteur bancaire malaisien et l’enregistrement
des scores d’efficience technique élevés et soutenus par les entités de l’échantillon impliquent
une stabilité des résultats. Ainsi, ces organisations poursuivent des stratégies et des actions leurs
permettant de se positionner et à se repositionner à la frontière d’efficience, et elles sont
conscientes de la concurrence rude au sein du marché. Cette veille concurrentielle et cette
approche continue de recherche d’optimisation des ressources, nous a permis de développer des
informations claires sur le contexte islamique malaisien. Ainsi, toute chose restant égale par
ailleurs, ces banques devront améliorer les facteurs influençant positivement dans la perspective
de garder des niveaux d’efficience soutenus. Au contraire, elles devront surveiller les éléments
d’influence négative cités supra.
A titre de conclusion, notre étude antérieure sur l’évolution des résultats de l’efficience
technique indique que ces entités ont été capables d’ajuster leurs stratégies en vue de rester
compétitive, malgré que cela signifie dans plusieurs cas une diminution des scores d’efficience,
qui s’achèvent par un recentrage et une régularisation de ces scores autour de la frontière. Tout
de même, le changement de contexte et le durcissement des conditions réglementaires, ainsi
que la crise sanitaire ont été des événements qui ont mis en épreuve ces banques. Toutefois,
nous avons remarqué qu’elles ont fait preuve de résilience et d’adaptation à ces changements
comme en témoigne notre analyse effectuée auparavant malgré une diminution des produits et
des commissions perçus. A l’inverse, les banques participatives ont connu des conditions
favorables au développement de l’écosystème, et elles ont bénéficié de la présence d’une
demande importante sur les moyens de financements proposés, ce qui n’a pas mis la pression
sur leurs résultats et leurs capacités d’adaptation.
Conséquence de course, nous allons effectuer une analyse comparative entre les deux contextes
marocain et malaisien en procédant à un diagnostic des points forts et faibles des banques de
l’échantillon. Également, nous allons établir un bilan sur les anomalies et les opportunités qui
permettent d’identifier les sources d’efficience et d’inefficience étudiées dans cette thèse
doctorale.
III. Analyse comparative et apports de la recherche
Face aux résultats collectés, une analyse intégrale de l’étude réalisée s’impose. Néanmoins,
nous avons constaté que le modèle de régression élaboré pour l’explication de l’efficience
technique pure des banques marocaines et le modèle de l’efficience d’échelle des banques
malaisiennes ne trouvent pas des liens significatifs et forts avec l’ensemble des variables
indépendantes. En conséquence, nous allons mettre le focus sur le modèle d’estimation de

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l’efficience technique seulement qui permet d’effectuer une analyse comparative fiable et
cohérente.
Dans ce contexte, nous remarquons que l’efficience technique des banques participatives
marocaines est influencée positivement par plusieurs variables (60%) à savoir la taille, le ratio
du risque du crédit, la capitalisation, le type de propriété, le risque du secteur bancaire et
l’inflation. Cependant, l’influence devient négative lorsqu’il s’agit de la rentabilité des capitaux
propres, et le niveau de solvabilité bancaire. D’autres facteurs n’établissent pas de relation
significative avec l’efficience. Ces variables sont le niveau de liquidité bancaire et la croissance
économique mesurée par le PIB par habitant.
En ce qui concerne les banques islamiques malaisiennes, l’efficience technique est affectée
négativement par le niveau de liquidité, le type de propriété, la rentabilité des capitaux propres
et le risque du secteur bancaire. Pourtant, la taille et l’inflation ne sont pas des facteurs
déterminants de l’efficience de ces banques. Le reste des facteurs qui sont le risque de liquidité,
la capitalisation, la croissance économique et la taille des banques (ayant un total actif supérieur
à 10 millions de dollars) exercent un effet positif sur l’efficience technique. La figure ci-après
montre clairement la nuance de l’effet de chaque variable sur l’efficience technique des banques
des deux pays :
Figure 24 : Résultats de la régression de l’efficience technique (DEA) sur les variables
explicatives des banques de l’échantillon

DEA / Coefficients du modèle


2,0000

1,5000

1,0000
Coefficients

0,5000

-0,5000

-1,0000

-1,5000
Variables

MALAISIE MAROC

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D’après les résultats ci-dessus, nous pouvons nuancer l’influence de chaque variable sur
l’efficience technique des banques de l’échantillon pour pouvoir effectuer une analyse
comparative. De la sorte, nous confirmons que la taille joue en faveur des banques de
l’échantillon, ce qui revient à soutenir l’hypothèse de la capacité des grandes banques à
maîtriser leurs coûts et à gérer efficacement leurs ressources pour qu’elle soient efficientes. De
façon similaire, les banques de petites tailles (moins 1 millions de dollars) qui représentent le
cas du Maroc arrivent à bénéficier d’une échelle optimale pour améliorer leurs scores
d’efficience. Toutefois, nous notons qu’un secteur bancaire caractérisé par une hétérogénéité
de la taille entre les banques ne permet pas d’établir une relation significative avec notre
variable dépendante (l’efficience technique).
Notre deuxième facteur, soit le niveau de liquidité, ne semble pas avoir un lien significatif avec
les banques participatives marocaines, malgré une utilisation abusive et excessive des dépôts
par rapport aux prêts distribués qui se confirme par le coefficient d’emploi des ressources
discuté plus haut. Cependant, en Malaisie, l’influence négatif et significatif revient à des
éléments financiers et extra-financiers tels que l’importance des fonds mobilisés sans possibilité
de transformation à des financements, la nécessité de faire appel à des mécanismes ingénieux
pour pouvoir financer un projet via des contrats basés sur le principe d’Asset Backed Securities
et/ou sur le principe de partage des profits et des pertes, etc. Encore plus, certains comptes de
dépôts des banques islamiques ne permettent pas une mobilisation simple, directe et efficace
des dépôts, parce que ces fonds ne peuvent pas être intégrer dans le circuit avec les fonds de la
banque comme en témoigne l’exemple des comptes de dépôts d’investissements limitées (ou
affectées).
Le ratio du risque de crédit est un facteur qui influence positivement et significativement toutes
les banques de l’échantillon, mais de manière plus importante celle de la Malaisie. En effet,
l’augmentation du degré d’exposition au risque de crédit permet de bénéficier d’un rendement
plus important, chose qui pourra améliorer l’efficience d’une banque. Par contre, nous notons
que la prise du risque en contexte islamique est autolimitée par les principes financiers que nous
avons présentés au premier chapitre à savoir l’interdiction du Riba, du Gharar, du Maysir et du
principe d’adossement de toute transaction à un actif réel (voir Chapitre I, Section 1, II.3). A
noter que le risque de crédit est corrélé positivement avec toutes les mesures de l’efficience
technique des banques malaisiennes, tandis que l’efficience technique pure des banques
marocaines n’établit pas de lien significatif avec cette variable.
En passant au type de propriété, nous remarquons qu’il influence positivement et
significativement toutes les mesures de l’efficience pour le cas des banques marocaines, tout en
penchant en faveur de la seule banque locale qui réalise la meilleure efficience. Ces résultats
confirment que la stratégie poursuivie par les autorités financières marocaines et l’influence du
lobby bancaire arrive à laisser les banques étrangères désavantagées, étant donné que, d’une
part, elles ne peuvent pas s’introduire seules par le lancement d’une nouvelle banque islamique
à 100%, et d’autre part, les banques étrangères ne peuvent pas devenir des actionnaires
majoritaires d’une banque participative au Maroc. Ce choix d’instaurer des barrières à l’entrée
semblent réaliser ses objectifs, tant que les banques à propriété partagée sont moins efficientes
que les banques locales. Dans le cas contraire, la Malaisie est un pays détenant un secteur
bancaire ouvert aux investisseurs internationaux, où les banques à propriété étrangère sont plus
efficientes que les banques à propriété locale, ce qui confirme l’hypothèse de l’avantage global

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discutée plus haut. Aussi, elle explique l’influence négative de la propriété locale sur
l’efficience technique du fait que notre échantillon est composé seulement de deux banques à
propriété étrangère sur un total de treize.
Faisant suite aux variables explicatives, le ratio de la rentabilité des capitaux propres (ROE)
exerce une influence négative sur l’ensemble des banques de l’échantillon, mais de manière
plus élevée sur les banques participatives marocaines. Ces résultats sont dus aux charges fixes
de structure qui doivent être amorties dans le temps et aux charges générales d’exploitation
variables, de même que la faiblesse des produits et commissions d’exploitation depuis leurs
lancements en 2017. Toutefois, nous notons que le résultat net n’a cessé de s’améliorer sans
que l’influence ne soit positive. En outre, le produit net bancaire (PNB) s’est amélioré
significativement pour atteindre 523 millions de dirhams en 2021 en augmentation de 258%
par rapport à l’année 2019. En ce qui concerne les banques islamiques de la Malaisie, nous
notons que l’influence n’est pas inquiétant sur l’efficience technique, tant que le lien avec
l’efficience technique pure et l’efficience d’échelle n’est pas significatif, cependant, il faut
veiller à augmenter la rentabilité des capitaux propres à travers la hausse du résultat net.
Pourtant, nous observons que la réalisation d’un ratio de rentabilité des capitaux propres positif
ne garantit pas que ces entités soient à l’abri de l’influence négative. Se pose donc la question :
une banque rentable est nécessairement efficiente ? Bien évidemment, la réponse pour le cas
des banques malaisiennes est négative.
Passant au facteur de la solvabilité bancaire, nous constatons que l’effet est négatif et significatif
sur l’efficience des banques marocaines. Ainsi, notre hypothèse tend à expliquer cet effet par
une augmentation importante des dépôts sans pour autant que les capitaux propres arrivent à
suivre cette évolution, ce qui diminue la solvabilité bancaire de l’échantillon de l’étude. Une
autre remarque importante tient du fait que cette variable améliore la significativité globale du
modèle en permettant au coefficient de détermination « R² » de passer de 0,95 à 0,99, malgré
que le coefficient d’estimation de la solvabilité bancaire reste faible et négatif (-0,06).
Concernant les banques islamiques malaisiennes, nous avons remarqué que le modèle
d’estimation n’a pas permis l’intégration de cette variable.
Le dernier facteur interne à savoir le niveau de capitalisation de la banque fait partie des
variables influençant positivement toutes les mesures de l’efficience technique des banques
malaisiennes, tandis que l’influence est visiblement plus élevée sur l’efficience technique et
l’efficience d’échelle seulement pour les banques marocaines. Ces résultats confirment la
théorie du signal qui indique que la capitalisation constitue un facteur positif et significatif de
la santé financière d’une entité, et qui doit être utilisée comme un argument pertinent par les
banques. Bien entendu, il ne faut pas oublier que les banques islamiques doivent justifier la
source de leurs capitaux et de veiller au label « Halal » pour qu’ils soient admis par la
communauté musulmane et respecter les principes de la Charia. Un problème qui ne s’avère
pas inquiétant pour les banques participatives marocaines qui ont tiré leurs capitaux propres des
comptes des banques conventionnelles, en tant qu’actionnaires majoritaires dans ces banques,
et qui continuent d’employer des fonds auprès de leurs maisons mères pour faire face au besoin
de financement des opérations, à travers des contrats de Wakala Bil Isthitmar, à des taux assez

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élevés en vue de respecter les exigences et les normes de liquidité à court terme (LCR) de Bank
Al Maghrib207.
Quant au ratio du risque spécifique au secteur bancaire, l’effet est convergent entre les deux
pays. En effet, les banques islamiques malaisiennes de l’échantillon sont influencées
négativement par le risque du secteur bancaire, mesuré par le ratio des créances douteuses,
malgré une nette amélioration de ce ratio entre l’année 2012 et 2021. Dans ce contexte, la
relation positive entre le risque et l’efficience n’est pas réalisée à cause de l’interventionnisme
de la banque centrale en vue de durcir les opérations de recouvrement et de maitrise du risque
de crédit du secteur bancaire. Ainsi, nous estimons que la prise du risque par les banques
influence positivement l’efficience, cependant l’amélioration du ratio des créances douteuses
et le retour à régulation et la réglementation du marché après la crise de 2008 n’a pas joué en
faveur des banques de l’échantillon. Au contraire, les banques participatives au Maroc sont
récompensées en affichant un effet positif et important du ratio des créances douteuses sur
l’efficience technique et sur ces composantes. En d’autres termes, les créances douteuses au
sein du secteur n’empêche pas les banques d’améliorer leurs efficiences, malgré que ce ratio ait
connu une hausse significative durant la période d’étude, tout en restant à des niveaux
acceptables qui permettent d’éviter l’intervention de la banque centrale.
En arrivant aux facteurs macro-économiques, nous avons constaté que la croissance
économique n’établit pas une relation significative avec les banques participatives marocaines.
Une situation de déconnexion qui implique que ces entités ne sont pas encore arrivées à
développer une relation bidirectionnelle dans laquelle la croissance économique du pays
contribue au développement de l’efficience des banques participatives, et que ces dernières
participent à leurs tours au financement de l’économie. Pourtant, l’efficience technique est
influencée positivement et significativement par le contexte marocain marqué par un
environnement propice et une inflation faible, qui varie entre 0,3% et 1,8% durant la période
d’étude.
Contrairement aux banques marocaines, l’inflation n’est pas considérée comme un facteur
déterminant de l’efficience technique et ses différentes mesures pour les banques islamiques
malaisiennes. Toutefois, cette efficience est influencée positivement, mais faiblement, par la
croissance économique, ce qui implique que l’influence devra s’inscrire dans une approche de
long terme pour pouvoir observer l’effet de cette variable qui enregistre un coefficient de
0,0000343. Dans ce contexte, nous considérons que la relation bidirectionnelle entre ces deux
variables semble être réalisée. Ainsi, les banques stimulent la croissance du pays, par l’octroi
des financements aux différents acteurs du marché, et en faisant des actes de citoyenneté comme
en témoigne l’exemple du moratoire accordé de 6 mois durant la période de la crise sanitaire.
Au même titre, l’Etat contribue à ces efforts à travers la mise en place d’un écosystème
favorable et inclusive (voir chapitre III, Section 2, II.2), tout en faisant une supervision proche
et renforcée sur les banques présentes sur le marché.

207
A. Lahlou, président de l’Académie de la finance participative (APAF), Webinaire organisé le
17/12/2020 ;

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A travers cette analyse comparative et détaillée des résultats de notre recherche empirique sur
les banques de l’échantillon des deux pays, nous pouvons terminer ce chapitre par les
révélations et les conclusions suivantes qui profitent aux différents acteurs financiers marocains
ainsi qu’aux banques participatives :
Premièrement, les banques participatives marocaines devront accorder une attention
particulière au ratio de rentabilité des capitaux propres qui influence profondément et de façon
négative l’efficience, en améliorant leurs résultats nets, mais en gardant à l’esprit qu’une banque
rentable n’est pas nécessairement efficiente suite à nos travaux sur les banques islamiques
malaisiennes. Cela signifie que l’effet est à vérifier ultérieurement avec une nouvelle étude sur
les années à venir. De la même façon, le niveau de liquidité de la banque constitue un facteur
devant être surveiller, puisqu’il pourra aussi affecter négativement l’efficience dans l’avenir,
malgré que la relation entre ces deux variables ne soit pas significative durant notre période
d’étude.
Deuxièmement, la taille de la banque et son niveau de capitalisation sont des facteurs
importants qui influencent positivement l’efficience technique et ses composantes. Ainsi, une
banque bien capitalisée et ayant une taille importante peut réaliser des scores d’efficience
supérieurs. Cependant, il ne faut pas oublier la question de la légitimité des fonds qui prend de
l’ampleur avec le développement de cette industrie au Maroc, et qui risque le désintérêt de la
clientèle et la perte de leurs confiances. Surtout, si l’on observe que le comité Charia de la
Malaisie émet un rapport pour chaque communication financière des banques islamiques
présentes sur le marché et le degré de leurs conformités aux principes islamiques, tandis que la
commission des finances participatives au sein du Conseil Supérieur des Oulémas n’en prévoit
pas ce type de rapports. Elles se contentent seulement des avis sur la conformité des produits
de financement aux préceptes de la Charia, d’émettre un avis sur les circulaires édictées par la
banque centrale, sur le fonds de garantie des dépôts des banques participatives, sur les
opérations Takaful ou l’approbation d’une émission des certificats Sukuks. Tout de même, elles
peuvent, sur la base d’une requête à travers les régulateurs financiers, répondre aux questions
posées par les établissements financiers participatifs.
Troisièmement, les acteurs du secteur bancaire participatif marocain semblent réaliser leurs
objectifs en gardant des barrières à l’entrée face aux introductions des banques islamiques
géantes et étrangères, au risque de désavantager les banques locales et d’influencer
négativement l’évolution de leurs scores d’efficience, comme le cas des banques islamiques
malaisiennes locales qui sont moins efficientes que les banques étrangères. Evidemment, opter
pour une propriété partagée reste une option attrayante pour bénéficier des expériences et des
savoir-faire des banques islamiques internationales dans la perspective de développer l’activité
financière participative, et faire jouer la concurrence au niveau du marché. Une concurrence
qui ne paraît pas problématique dans le contexte marocain puisque la tendance des résultats de
l’efficience reste haussière pour l’ensemble des banques de l’échantillon, ce qui signifie
qu’elles ont toutes trouvé leurs parts de marché, sans pour autant chercher à se concurrencer
entre elles. Dans le même sens, cela signifie que la protection du tissu bancaire et financier
interne contribue au développement des résultats des banques participatives purement
marocaines.

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Quatrièmement, nous avons remarqué que le couple risque/efficience est corrélé positivement
et significativement. Ce constat incite les banques à gérer efficacement, et sur une échelle
optimale, le risque du crédit pour améliorer les scores d’efficiences, sans pour autant que la
banque centrale intervient de façon récurrente pour durcir les opérations de recouvrement et de
maitrise du risque de hausse des créances douteuses, comme le cas de la Malaisie. Pareil, il faut
être conscient que la prise du risque est autolimitée par les principes financiers islamiques. Dans
ce sens, nous considérons que les banques doivent réconcilier entre un degré acceptable de prise
de risque et un ratio de créances douteuses qui n’éveillent pas les autorités de réglementation
financière.
Cinquièmement, les banques participatives devront contribuer activement au financement de
l’économie pour pouvoir établir une relation significative et bidirectionnelle avec l’efficience
sur le long terme. A son tour, le Maroc, à travers ses acteurs financiers, économiques et
politiques, devra promouvoir l’industrie financière participative et d’assoir un écosystème
favorable à leurs développements, en suivant l’exemple du contexte malaisien qui ne cessent
de faire de son pays un hub de la finance islamique. Cependant, nous avons remarqué clairement
que l’introduction des banques participatives marocaines n’a pas été suivi par un cadre légal
adéquat, ainsi que par le manque d’un écosystème complet. En effet, le mécanisme de
financement Wakala Bil Isthitmar n’a commencé qu’en 2018, tandis que les mécanismes de
provisionnement des créances douteuses et des obligations LCR n’ont été introduit qu’en
décembre 2020, laissant les banques participatives dans une situation de pénurie de ressources,
face à des demandes de financement importants. De façon similaire, les décisions relatives aux
agréments des produits d’assurance Takaful n’ont été délivrés qu’en juin 2022. Toutefois, cette
situation de retard et le manque d’un écosystème juridique et réglementaire n’a pas empêché
ces banques à réaliser des performances remarquables et solides depuis leurs introductions
durant l’année 2017.
Sixièmement, nous devons s’arrêter sur un élément qualitatif, mais indispensable, à savoir la
disponibilité et l’accessibilité à l’information financière et la promotion des canaux de
communication. En fait, cet aspect semble être négligé par les banques participatives
marocaines qui ne font pas d’effort suffisants de communication et de promotion de leurs
produits et services. Par ailleurs, une simple analyse de la politique publicitaire montre que les
banques participatives axent leurs stratégies sur les produits de financements (emplois) plutôt
que la collecte des dépôts (ressources) et les autres missions annexes à leurs activités comme le
conseil, l’accompagnement, et la conformité des opérations aux préceptes islamiques, faisant
de cette niche des sociétés de crédits et non plus des banques à part entière. De surcroît, la
banque centrale (BKAM) interdit l’utilisation des arguments religieux pour la
commercialisation des produits financiers participatifs. Tout de même, les communications
financières ne sont pas assez enrichies et ne contiennent qu’un examen limité des comptes des
banques concernées, en omettant toute information qualitative.
A l’inverse, les rapports financiers des banques islamiques malaisiennes contiennent une
analyse exhaustive et claire des points forts et des points faibles de leurs comptes, un examen
détaillé des comptes dans les annexes des états financiers, un rapport du comité de la Charia,
un rapport du comité de l’audit, ainsi que toute information financière et extra-financière, telle
que précisée par la norme MFRS12 (Disclosure of Interests in Other Entities). De surcroît, une
partie du rapport est consacrée à l’analyse de la stratégie actuelle, des changements éventuels

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ou des nouvelles stratégies à instaurer ou en cours d’instauration. A cet effet, nous estimons
que les banques participatives marocaines devront déployer plus d’efforts en ce qui concerne
les canaux de communications et le développement du contenu de leurs rapports financiers dans
l’objectif est d’attirer les investisseurs et les déposants qui baisseront la pression sur le
coefficients d’emploi.
Finalement, les banques participatives marocaines devront établir une stratégie générale, claire
et ambitieuse dans la perspective d’installer une industrie indépendante et non « accessoire » à
la finance conventionnelle, en se focalisant sur les éléments discutés auparavant tels que le
développement de l’écosystème islamique et la purification des capitaux propres de ces banques
en vue de rendre ces fonds légitimes et labellisés « Halal » au risque de perdre des clients et des
gros déposants avertis et adeptes aux principes financiers islamiques. Néanmoins, ces options
restent difficiles et controversées tant que les banques classiques marocaines sont les
propriétaires ou les copropriétaires des banques participatives !

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Le dernier chapitre de notre thèse arrive à sa fin, et annonce la réalisation de tout un travail
doctoral qui a permis de tirer des conclusions précieuses et intéressantes sur l’industrie
financière islamique en général, et sur la finance participative au Maroc en particulier. En effet,
ce chapitre a constitué une occasion pour notre étude de s’ouvrir sur un nouveau sujet originel
et peu débattu dans la littérature empirique. Ce sujet concerne les facteurs déterminants de
l’efficience des banques participatives marocaines en comparaison avec leurs consœurs
malaisiennes.
Dans ce sens, nous devons rappeler que le processus théorique et empirique de notre recherche
a connu plusieurs entraves et difficultés liés à la définition des variables et des méthodes
adéquates à notre étude, où nous avons essayé de s’inspirer des recherches antérieures sur les
déterminants de l’efficience des banques conventionnelles. En plus, nous avons intégré le
caractère éthique et chariatique dans notre analyse puisque les variables explicatives utilisées
restent les mêmes entre les deux contextes, cependant les hypothèses sous-jacentes à ces
variables peuvent varier selon la typologie de la banque.
Par conséquence, la première partie de ce chapitre a commencé par une spécification du modèle
d’analyse qui a constitué la base de notre recherche empirique et un élément indispensable au
développement de la suite de l’étude. Ces éléments concernent la définition de la méthodologie
d’analyse à poursuivre en vue de traiter notre modèle, la définition des variables explicatives
de l’étude et les hypothèses sous-jacentes. En final, nous avons détaillé les méthodes et les tests
statistiques ainsi que les analyses conduites.
En deuxième lieu, nous avons analysé les résultats des banques participatives marocaines, tout
en s’arrêtant sur les tests statistiques effectués en vue de garantir la validité globale du modèle
et des résultats de la régression. De façon similaire, nous avons conduit le même travail sur les
banques islamiques malaisiennes, en confirmant ou en rejetant les hypothèses définies plus
haut. A la fin, nous avons discuté les résultats de notre étude en nuançant l’influence de chaque
variable sur l’efficience des banques de l’échantillon.
Suivant ce travail, nous avons effectué un comparatif entre les deux pays à travers ces variables
explicatives, sans oublier de tirer des renseignements et des benchmarks sur la recherche
conduite en termes de bonnes pratiques permettant de promouvoir l’industrie financière
participative marocaine, et d’améliorer l’efficience de ces banques, mais aussi des mauvais
résultats pouvant détériorer leurs efficiences, et des mauvaises pratiques qui laissant la finance
participative marocaine apparaître comme étant une « alternative » ou comme étant un
« accessoire » à la finance classique.

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Conclusion de la deuxième partie

La conclusion de la partie pratique marque la fin de notre travail de thèse doctorale qui a duré
plus de trois ans. Durant cette période, nous avons acquis des bases solides sur les fondements
de la finance islamique et ses principes, ainsi que la nécessité d’adoption d’un écosystème
financier islamique capable de dépourvoir les citoyens des interdictions de la Charia à savoir le
Riba et le Gharar. Ainsi, nous avons constaté que la finance islamique est restée immunisée
contre la dernière crise financière en 2008. De surcroît, elle a réalisé des avancés remarquables
et des résultats probants. Dans ce contexte, notre recherche empirique a examiné les
déterminants de l’efficience des banques participatives marocaines, en comparaison avec celles
de la Malaisie.
Pour arriver à notre objectif, nous avons décidé de scinder cette partie en trois chapitres. Le
premier chapitre de la partie empirique a concerné la définition de la posture épistémologique
et méthodologique du chercheur. Dès lors, la première section était réservée à l’analyse des
fondements épistémologiques en déterminant quatre éléments indispensables à toute étude à
savoir, le paradigme de recherche, l’articulation et la construction de l’objet de recherche,
l’approche et la voie de la recherche ainsi que la stratégie d’étude de l’objet empirique.
Une fois définie, cette démarche philosophique devient plus pratique en passant à l’élaboration
du design de recherche qui définit les choix méthodologiques de l’étude. Ainsi, ce design a
exposé à son tour quatre aspects essentiels à savoir, un rappel du cadre théorique et de la
problématique, la démarche de recherche et le recueil des données, la méthodologie d’analyse
et les variables utilisées. En final, il s’agit de présenter les résultats attendus et l’apport de la
recherche.
Le second chapitre a constitué le début de notre travail empirique en commençant par
l’évaluation de l’efficience des banques de l’échantillon. A cet effet, nous avons divisé ce
chapitre en deux sections dont la première a été consacrée à la mesure des inputs et des outputs
définis auparavant. Il est question du total actif immobilisé, du total des charges du personnel
et des dépôts comme étant des inputs, ainsi que les financements distribués et les commissions
et produits reçus comme étant des outputs.
Durant la deuxième section, nous avons évalué l’efficience technique des banques de
l’échantillon, tout en la décomposant sur les deux mesures, qui sont l’efficience technique pure
et l’efficience d’échelle, et une décomposition par pays. Chaque section s’est achevée par une
analyse et une discussion détaillée des résultats. Dès lors, l’examen de ces scores d’efficience
des banques marocaines et malaisiennes nous a montré plusieurs conclusions qui ont suscité
notre intérêt pour la deuxième étude qui s’interroge sur les facteurs déterminants de cette
efficience.
Suivant notre ambition de recherche, nous avons axé le troisième chapitre sur deux points
essentiels. Ainsi, nous avons élaboré le modèle d’analyse qui définit la méthodologie
empirique, le modèle d’analyse contenant les variables explicatives utilisées et leurs hypothèses
sous-jacentes, puis les méthodes statistiques d’appréciation de la qualité du modèle. A noter
que les variables utilisées ont été inspirées de notre étude théorique, tout en les divisant à des

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facteurs macroéconomiques, des facteurs d’ordre financier, et des facteurs internes à l’entité
bancaire.
A travers le modèle d’analyse défini, nous avons préparé et présenté les résultats des
simulations des banques participatives marocaines en premier lieu, tout en interprétant l’effet
de chaque variable indépendante sur l’efficience, comme variable dépendante. Par la suite, nous
avons effectué le même travail pour les banques islamiques malaisiennes. La fin du chapitre a
marqué l’exposition des apports de la recherche de notre thèse doctorale ainsi qu’une analyse
comparative des deux contextes.
Dans cette perspective, nous considérons que nous sommes arrivés à déterminer les multiples
facteurs susceptibles d’influencer l’évolution des scores de l’efficience des banques de
l’échantillon. Le reste de notre travail constitue notre opportunité pour évaluer la portée de notre
recherche et sa contribution théorique, méthodologique et managériales, tout en s’arrêtant sur
les limites et les projets à engager dans un proche avenir.

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Conclusion générale

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L
a finance islamique a connu un essor considérable et une croissance accélérée depuis le
début des années 2000 suite à divers événements majeurs. La hausse des prix du pétrole,
les attentats du 11 septembre, la crainte du gel des actifs des investisseurs musulmans,
et la montée du nationalisme arabe ont accentué le besoin de trouver des banques islamiques
refuges à leurs richesses et des produits et services en conformités avec la Charia. En outre, les
pratiques spéculatives et le manque d’éthique des marchés financiers internationaux, ainsi que
le développement rapide et incontrôlé des produits dérivés ont conduit à la fameuse crise
financière, connue sous le nom de la crise des Subprimes de 2008. Cette crise a pointé le doigt
sur l’importance des principes financiers islamiques et sur l’exigence d’une réforme
réglementaire visant à améliorer la qualité des fonds propres et des actifs financiers détenus par
les banques, de même que la nécessité de s’inspirer des entités financières islamiques ayant fait
preuve d’une forte résilience durant cette crise.

Nous avons également constaté que l’efficience est une mesure très répandue de la santé
financière des banques et peut même permettre l’anticipation d’une crise. Toutefois, les mesures
traditionnelles de l’efficience technique bancaire, comme celle de la méthode des ratios, ont
atteint leurs limites, en raison de leur capacité d'analyse relativement bornée et de leur
insuffisance à évaluer la performance des banques à long terme. Cela a ouvert la voie à un
nouveau concept appelé la frontière d’efficience qui se divise en deux catégories à savoir
l’efficience technique et l’efficience allocative.
Dans ce contexte, notre recherche doctorale avait un double objectif, dont le premier est de
comprendre le système financier islamique dans sa globalité, tout en soulignant les spécificités
et les points de divergences pouvant exister avec le système financier conventionnel.
Parallèlement, nous devons admettre une réflexion sur l’apport de ces entités à la stabilité
économique et leurs contributions positives au développement du pays. Cependant, il importe
de garder à l’esprit que les banques islamiques sont des institutions financières offrant des
produits et des services dans le but est d’être efficiente et rentable en vue de réaliser des profits,
tout comme les banques conventionnelles. La particularité principale réside dans le fait qu’elles
doivent se conformer aux principes de la Charia.
Le deuxième objectif de notre étude était de comprendre et d’expliquer les sources de
l’efficience (ou d’inefficience) des banques participatives marocaines, en comparaison avec
leurs homologues malaisiennes, tout en justifiant l’utilité du choix de ces deux pays. Pour se
faire, nous avons utilisé la méthode d’enveloppement des données (DEA) pour évaluer les
scores de l’efficience technique, et ses composantes l’efficience technique pure et l’efficience
d’échelle. Par ailleurs, l’estimation de ces résultats est un préalable à l’étude des facteurs
d’influence à travers l’utilisation de la méthode de la régression de type Tobit qui génère des
estimations fiables et consistantes dans le contexte de variables dépendantes censurées et
limitées (entre 0 et 1).
De la sorte, notre recherche apporte une contribution majeure sur les plans théorique,
méthodologique et managériale, même si elle comporte certaines limites qu'il convient de
prendre en considération. En final, il convient de souligner les perspectives et les ambitions
futures des projets de recherche à court et à moyen terme.

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Contributions théoriques et méthodologiques
Notre étude théorique préalable à l'analyse empirique s'est concentrée donc sur l’interrelation
entre trois concepts clés à savoir la finance islamique en général, les banques islamiques en
particulier, et l'efficience bancaire. Dans cette perspective, nous avons pris en compte trois
élément à rappeler.
D’abord, notre recherche constitue un détour des concepts clés de définition des banques
islamiques en s’appuyant sur un examen critique des fondements et des principes de la finance
islamique qui constituent la base de développement des produits et des services bancaires
conformes à la Charia. En outre, nous avons mis l’accent sur les particularités du secteur
bancaire islamique, en comparaison avec son homologue conventionnel. En fin de compte, nous
avons pointé le doigt sur la faiblesse des recherches théoriques et empiriques concernant les
banques islamiques et la nécessité d’expliquer les sources de leurs efficiences, sachant qu’elles
réalisent des résultats probants et solides.
Le second point de notre étude théorique a exposé le concept de l’efficience qui permet de
mesurer la performance bancaire. Ainsi, toute entreprise cherchant à améliorer ces résultats
pourra envisager la mesure de son degré d’efficience à travers des méthodes paramétriques et
non paramétriques. Cette évaluation est considérée comme une étape préliminaire à la
détermination des facteurs qui influencent l’efficience. Dans ce sens, nous notons que plusieurs
variables peuvent affecter l’efficience des banques. Ces facteurs évoqués ont été d’ordre
macroéconomique comme la croissance économique qui peut favoriser l’évolution positive de
l’efficience, d’ordre financier tel que le ratio des créances douteuses par rapport aux
financements qui peut nuire à la qualité des prêts et réduire les marges en conséquence. D’autres
facteurs évoqués s’avéraient d’ordre interne à savoir le risque de crédit, la capitalisation ou le
niveau de progrès technologique qui peuvent jouer en faveur, ou en défaveur, de l’entité
bancaire suivant ses compétences managériales et sa capacité de maitrise des inputs et des
outputs.
Notre conceptualisation théorique s'est poursuivie par la présentation des secteurs bancaires
marocain et malaisien, dans le but de saisir les principales caractéristiques et particularités de
chaque pays. Nous avons décidé donc d'exposer le processus qui a abouti à la création de ces
entités, l’examen et l’évaluation des réalisations de chaque secteur, tout en dressant la liste des
banques islamiques implantées au Maroc et en Malaisie. Tout de même, nous avons accordé
une attention particulière aux défis propres à chaque secteur ainsi qu'au potentiel de son
développement, en mettant le focus sur le besoin de création d'un écosystème inclusif, mature
et résilient.
D’un point de vue méthodologique, notre travail a porté sur l’étude et l’explication des sources
d’efficience des banques islamiques malaisiennes et marocaines. Afin d'atteindre cet objectif,
nous avons établi la trajectoire épistémologique permettant d'y parvenir. Ainsi, notre découverte
causale du sujet de l’étude a été conduit par une posture épistémologique positiviste où le sujet
reste indépendant de l’objet. Cet objet est fondé sur des insuffisances théoriques et pratiques
sur les facteurs influençant l’efficience des banques islamiques, en particulier le cas des banques
participatives marocaines. Pour arriver à cette fin, nous avons adopté le raisonnement
hypothético-déductif, qui consiste à tester des hypothèses, et qui nous a semblé être le mode le
plus approprié à notre recherche. Ce choix impliquait une approche quantitative pour l'analyse

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des données secondaires collectées. Au final, notre stratégie d'étude nous a mené à opter pour
une recherche sur le contenu, tout en la complétant par une recherche sur le processus pour
enrichir notre analyse.
Grâce à ces éléments, nous avons pu établir une méthodologie empirique solide et cohérente,
en s’appuyant sur le design de recherche proposé par Thiétart (2007). Ce design nous a permis
de concrétiser nos choix à travers quatre points essentiels. Le premier point concerne la
démarche de recherche qui consiste en une approche quantitative à travers un test d’hypothèses.
Le deuxième aspect porte sur la méthode de recueil de données qui implique la définition de la
taille de l’échantillon et des sources de données. Le troisième élément se rapporte à la
méthodologie d’analyse ainsi qu’aux variables qui doivent être utilisées, tandis que le dernier
point expose les résultats attendus et les apports de la recherche.
Implications managériales
Après avoir tracé la voie de la thèse doctorale, nous avons procédé à l’étude des secteurs
bancaires des deux pays de l’échantillon, à savoir le Maroc et le Malaisie. Cette étude a mis en
évidence certaines similitudes, mais également de nombreuses divergences entre eux. Alors que
la Malaisie a commencé son travail de reconduction de la finance du pays en une finance
islamique depuis les années 1960, le Maroc n’a publié sa première directive concernant la
commercialisation des produits dits « alternatifs » qu’en 2007. Cette différence de temps
considérable et la détermination des acteurs politiques, économiques et financiers a permis à la
Malaisie d’accaparer la troisième place mondiale en termes d’actifs financiers islamiques.
En faisant état des conclusions de notre thèse doctorale, les résultats de notre recherche ont
souligné les enjeux majeurs auxquels le marché bancaire participatif doit faire face, notamment
la concentration du marché et la prédominance des banques classiques, qui se manifestent
souvent à travers leurs filiales ou fenêtres participatives, ainsi qu'un écosystème insuffisamment
engagé dans la promotion et le développement de ce secteur. De surcroît, les acteurs politiques
restent réticents à considérer la finance islamique comme une industrie à part entière, et la
considère plutôt comme un accessoire, ce qui peut être préjudiciable aux banques
conventionnelles si les clients migrent vers les entités islamiques en masse. Ces défis
nécessitent des mesures et des politiques appropriées pour renforcer le secteur de la finance
participative et favoriser son développement continu.
Inversement, la Malaisie, dont la population est majoritairement musulmane (60%), a
entièrement repensé sa stratégie financière pour se conformer aux principes de la finance
islamique. Le pays a entrepris une transformation de son marché bancaire en un marché
entièrement islamique. Malgré les défis auxquels fait face, la Malaisie développe de manière
significative son écosystème financier et ses acteurs économiques dans le but de créer un
environnement financier islamique mature, dynamique, et durable.
En guise de conclusion, il est de rigueur de rappeler que toute étude dans le domaine des
sciences de gestion doit proposer des implications managériales en plus de ses apports
théoriques et méthodologiques. En effet, l'analyse de l'efficience et de ses déterminants pour les
banques de l'échantillon nous a permis de dégager les principales conclusions suivantes :

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 Une tendance ascendante constatée en termes des inputs et des outputs des banques
participatives marocaines depuis leurs lancements, illustrant une maitrise accrue des
premiers et un développement rapide des seconds ;
 L’effet de la pandémie de Covid-19 sur les comptes des banques participatives
marocaines n'a pas été visible, tandis que les banques malaisiennes ont connu une
diminution de leurs produits et commissions, suite aux moratoires accordés ;
 Les établissements bancaires participatives marocaines ont connu une nette progression
et une croissance rapide de leur efficience technique, ainsi que leur efficience d’échelle,
depuis leurs lancements. Par ailleurs, l’efficiences pure et technique a maintenu un
niveau soutenu depuis leurs créations en 2017 ;
 Les institutions bancaires islamiques de la Malaisie affichent une tendance stable qui
favorisent l’efficience technique pure et d’autres fois l’efficience d’échelle. Ces
résultats témoignent la maturité du secteur malaisien qui maintient des niveaux
d’efficience technique globalement stables ;
 Les résultats issus de l’analyse de la régression suggèrent une similarité en termes
d’effet favorable des variables relatives à la taille, au risque de crédit et à la
capitalisation, ainsi qu’un effet défavorable de la rentabilité des capitaux propres, tandis
que d’autres facteurs indiquent une divergence de signe, à savoir le type de propriété et
le risque du secteur bancaire ;
 Certains facteurs choisis ne semblent pas établir une relation significative avec les
banques de l’échantillon. Plus précisément, le niveau de liquidité détenu, et le PIB par
habitant pour les banques participatives marocaines. Ces facteurs sont le niveau
d’inflation et la taille pour les banques islamiques malaisiennes.
 La communication financière des banques participatives ne bénéficie pas d’une
valorisation adéquate par l’ajout d’informations qualitatives et des rapports de
conformité à la Charia. Au contraire, en Malaisie, toute communication financière est
assortie d’une pluralité de rapports, que nous avons déjà mentionnées, renforçant ainsi
la qualité et la fiabilité des informations communiquées ;
 Afin d'assurer l'équilibre de leur bilan, les banques participatives doivent diriger leurs
stratégies vers la mobilisation de ressources adéquates. Par ailleurs, il est essentiel
qu'elles encouragent les acteurs politiques et financiers à créer un environnement
favorable à leur développement.
Cette analyse comparative a permis de recueillir des informations pertinentes et précieuses sur
les axes de développement de l'industrie financière participative au Maroc, ainsi que sur les
points à améliorer pour garantir un niveau d'efficience soutenu et durable. Ce diagnostic a offert
une occasion unique de comprendre les meilleures pratiques du marché et orienter les stratégies
futures du secteur bancaire participatif marocain.
Limites de la recherche
En général, la recherche doctorale est un processus complexe et rigoureux qui comporte des
limites inhérentes. L'une des principales limites est le manque de temps, de ressources et de
financement pour réaliser une étude complète et exhaustive. De plus, la recherche doctorale
peut être limitée par l'accès à des données ou à des participants, ce qui peut restreindre la portée
et la généralisation des résultats. La sélection d'un échantillon approprié et la collecte de

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données à partir de celui-ci peut également être difficile, tout comme la validité et la fiabilité
des instruments de mesure utilisés pour collecter les données. En outre, l’étude empirique peut
être influencée par des biais de réponse, des hypothèses cachées et des problèmes
d'interprétation qui peuvent conduire à des conclusions erronées. Enfin, la généralisation des
résultats peut être limitée en raison des différences entre les populations étudiées et d'autres
populations.
Nous reconnaissons que notre étude a rencontré des difficultés d’ordre méthodologique et
pratique. En effet, nous avons sélectionné un échantillon de dix-sept banques, composé de treize
banques islamiques malaisiennes et quatre banques participatives marocaines. Ce choix
d’échantillon non aléatoire, en raison du manque de données financières sur les banques, peut
entrainer un biais de sélection potentiel. Cependant, nous avons atténué ce biais en recourant à
un quota important de la population et en mesurant la puissance de test pour évaluer la qualité
de l'échantillon.
De la même manière, l’analyse des états financiers des deux pays a mis en évidence des
différences significatives en termes de présentations des communications financières. Afin de
garantir des résultats fiables et solides, des rapprochements et des réconciliations ont été
nécessaires entre les deux contextes. Cette étape a constitué une limite dans notre recherche,
car elle a exigé des efforts importants pour assurer la comparabilité et un rapprochement des
données.
Par ailleurs, la mesure de l’efficience des banques participatives a été affecté par une tendance
haussière des outputs, qui a été interprétée par le logiciel de traitement comme une optimisation
des résultats. Cependant, il est crucial de procéder à une analyse qualitative rigoureuse des
inputs et des outputs pour parvenir à des conclusions de qualité. Par conséquence, nous
considérons qu’il est nécessaire de réexaminer l’étude en tenant compte des années à venir afin
de pouvoir nuancer l’effet de l'évolution de l'efficience.
De plus, le modèle d’analyse défini n’a pas permis d’intégrer certaines variables difficilement
quantifiables comme le niveau du progrès technologique, ou la qualité du management. Pareil,
nous avons constaté que le modèle d'estimation des paramètres des banques islamiques
malaisiennes n'était pas suffisamment représentatif de la réalité, avec un coefficient de
détermination corrigé de l'ordre de 0,50. En revanche, le coefficient de détermination corrigé
des banques participatives était de 0,98.
Il convient de souligner que l’analyse d’hétéroscédasticité a mis en évidence une limite quant
à la possibilité de généraliser les résultats pour les banques islamiques malaisiennes. Bien que
cela n’ait pas influencé la qualité globale du modèle, cette limitation a empêché la
généralisation des résultats à d’autres populations, ce qui présente un biais de généralisation.
Ces limites ont été prises en compte dans l'interprétation de nos résultats et dans les
recommandations que nous avons formulées à la suite de notre étude.
Perspectives
Les limites précédemment énoncées offrent des projets et des pistes de recherches futures. Nous
exposons donc quelques voies et des propositions de sujets de recherches. La première
amélioration envisagée concerne l’utilisation d’un échantillon aléatoire respectant les modalités

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de sélection d'un échantillon valide et représentatif de la réalité étudiée. Cette approche
permettrait de garantir une certaine rigueur méthodologique.
La deuxième proposition, d’ordre méthodologique et empirique, porte sur l'utilisation
concomitante de deux ou plusieurs méthodes d'évaluation de l'efficience technique, à savoir les
méthodes paramétriques et non paramétriques, en adoptant une approche de production ou/et
d'intermédiation. Cette méthode permettrait de réaliser une analyse comparative des résultats
obtenus et de s'assurer de la disponibilité des données de l'étude.
La dernière proposition revient à la question de généralisation des résultats des banques
islamiques malaisiennes, et le suivi de l’évaluation de leur efficience et de ses déterminants.
Ainsi, nous suggérons que le modèle d’analyse soit modifié et ajusté pour tenir compte d’autres
variables représentatives, et de vérifier, le cas échéant, que l’efficience de ces banques reste à
des niveaux élevés, stables et soutenus.
En guise de conclusion, il est convenu que les deux économies examinées dans notre étude se
distinguent nettement par leur réglementation, leur structure de système bancaire et financier,
ainsi que leur culture bancaire, créant ainsi une certaine complexité pour toute comparaison
approfondie des deux contextes. À cet égard, il convient de souligner que les banques
participatives ne datent que de l'année 2017, alors que la Malaisie dispose des expériences
significatives qui ont permis une capitalisation des connaissances et une maîtrise du processus
opérationnel. Cette différence dans l'expérience accumulée peut avoir des répercussions sur la
performance des banques participatives et expliquer en partie les résultats obtenus dans notre
étude. Il est donc crucial que les banques participatives marocaines soient capables de trouver
des solutions innovantes pour surmonter les défis et s'imposer comme des acteurs majeurs de
l'industrie financière au Maroc.

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Annexes
Tableau 30 : Comparaison entre les services offerts par les banques islamiques et
conventionnelles

Fonction des banques islamiques


Fonctions de Remplie de Remplie de
Services offerts Non
la banque manière manière
remplie
identique différente
Chèque X
Virement X
Compensation Carte de crédit X
/ Règlement Carte de débit X
Lettre de crédit à vue ou à terme X
Financement des lettres de crédit X
Rémunération des dépôts X
Pooling
Nature des dépôts X
Création d’entreprise X
Financement d’achat de biens réels X
Financement du BFR X
Transfert des
Financement d’un projet de
ressources dans X
construction
le temps et
Crédit-bail X
dans l’espace
Crédit à la consommation X
Financement d’activité
X
d’investissement
Outil de Produits dérivés X
gestion du
Gap de liquidité (Marché interbancaire) X
risque
Source : DEA de Ali Abbas, Banques islamiques et intermédiation financière, Université Paris
Est, 2005

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Tableau 31 : Liste des travaux empiriques sur l’efficience et la concurrence

Indicateurs Méthode Principaux


Auteurs Pays Période de d’estimation résultats
concurrence d’efficience (𝑸𝑳𝑯/𝑰𝑮𝑯)𝒃
Berger et
États-Unis 1980-1989 HHI 𝐶𝑜û𝑡 (𝐷𝐹𝐴)𝑎 (𝐷𝑀𝐶)𝑐
Hannan (1998)
Maudos et De HHI et
UE-15 1993-2002 Coût (SFA) IGH (Logit)
Guevara (2007) Lerner

Incertain pour le
coût
Schaeck et 14 pays Boone (2008) Coût et profit
1995-2005 QLH pour le
Cih´ak (2008) UE + USA Indicator (SFA)
profit [Causalité
à la Granger]
QLH
Delis et Tsionas 11 pays
2000-2007 Lerner Coût (SFA) (Estimation
(2009) UE + USA
conjointe)
Casu et
5 pays Coût (DEA & IGH (Causalité à
Girardone 2000-2005 Lerner
européens SFA) la Granger)
(2009)
QLH pour le
Coccorese et
coût Incertain
Pellecchia Italie 1992-2007 Lerner Coût (SFA)
pour le profit
(2010)
(Tobit)
Non linéaire
Färe et al.
Espagne 1992-2003 Lerner Coût (DEA) (Smoothing
(2011)
splines)
IGH pour le coût
Koetter et al. Coût et profit
États-Unis 1986-2006 Lerner ajusté QLH pour le
(2011) (SFA)
profit (DMC)
𝐷𝐹𝐴𝑎 : Distribution Free Analysis, DEA : Data Envelopment analysis et SFA : Stochastic frontier
Analysis. Pour plus de détails voir : Greene (2008) ;
(𝑄𝐿𝐻/𝐼𝐺𝐻)𝑏 ∶ Quiet Life Hypothesis; IGH: Information Generating Hypothesis.
𝐷𝑀𝐶 𝑐 : Doubles moindres carrées
𝐿𝑒𝑟𝑛𝑒𝑟 𝑎𝑗𝑢𝑠𝑡é𝑑 : L’indice de Lerner ajust´e est issu de Koetter et al. (2011) ;

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Figure 25 : Diagramme Ishikawa des contraintes fiscales, organisationnelles et
réglementaires

Source : La finance islamique au Maroc, les voies de la normalisation, Sidi Mohamed El Omari
Alaoui, Souhail Maftah, 1ére édition, 2012 ;

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1. Etude statistique des inputs et des outputs de l’ensemble de l’échantillon
Unité de mesure : Milliers de dollars Américains (USD)

LES INPUTS
Année
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Libellé
ACTIF IMMOBILISE
SOMME 149 775 144 749 237 498 181 246 162 371 199 211 238 344 348 022 344 171 324 825
MOYENNE 8 810 8 515 13 970 10 662 9 551 11 718 14 020 20 472 20 245 19 107
MAX 48 665 47 453 67 845 53 927 50 518 54 632 50 844 103 649 109 597 105 058
MIN - - - - - - - 332 454 464
ECART TYPE 15 251 15 217 24 259 19 086 17 576 17 947 18 214 28 433 28 900 27 684
CHARGES DU PERSONNEL
SOMME 214 816 216 568 345 336 272 723 257 830 324 777 359 302 407 257 428 395 425 203
MOYENNE 12 636 12 739 20 314 16 043 15 166 19 105 21 135 23 956 25 200 25 012
MAX 47 467 47 149 130 871 109 040 111 497 138 467 141 069 158 524 161 653 168 496
MIN - - - - - - 2 207 2 547 2 690 2 650
ECART TYPE 15 205 15 553 31 918 26 175 26 668 33 131 33 828 38 602 40 538 41 218
DEPÔTS
SOMME 78 561 730 82 364 902 99 865 935 88 341 049 88 305 187 113 818 537 123 126 723 134 383 873 147 541 439 154 437 324
MOYENNE 4 910 108 5 147 806 6 241 621 5 521 316 5 519 074 7 113 659 7 695 420 8 398 992 9 221 340 9 652 333
MAX 23 212 711 25 345 020 28 512 876 24 638 690 23 763 819 32 093 253 35 730 597 39 345 013 41 142 207 43 100 821
MIN - - - - - 1 473 6 500 40 485 110 501 180 516
ECART TYPE 6 093 087 6 619 946 7 216 487 6 302 759 6 226 020 8 317 166 9 259 215 10 260 815 10 957 478 11 354 472
Source : Elaboré par nos soins à travers les communications financières des banques de l’échantillon pour la période 2012 - 2021

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LES OUTPUTS

Année
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Libellé
FINANCEMENTS ACCORDES
SOMME 142 479 923 161 826 564 195 407 387 183 932 539 195 734 537 238 258 066 257 974 341 284 675 799 314 066 944 314 556 675
MOYENNE 8 381 172 9 519 210 11 494 552 10 819 561 11 513 796 14 015 180 15 174 961 16 745 635 18 474 526 18 503 334
MAX 69 411 265 78 805 647 95 972 590 90 378 223 96 294 377 117 416 952 127 109 129 139 927 640 153 974 351 154 236 355
MIN - - - - - - 6 617 32 455 37 776 43 097
ECART TYPE 16 547 688 18 980 803 22 943 714 21 696 694 23 191 308 28 298 335 30 580 565 33 674 652 37 021 782 36 808 331
PRODUITS ET COMMISSIONS RECUS
SOMME 1 577 636 1 722 227 1 969 509 1 836 329 1 921 186 2 434 198 2 853 290 3 172 749 2 607 136 2 493 976
MOYENNE 98 602 107 639 123 094 114 771 120 074 152 137 178 331 198 297 162 946 155 873
MAX 582 312 697 860 865 993 954 187 787 710 1 061 574 1 325 003 1 418 165 1 137 189 1 023 136
MIN - - - - - - - - - -
ECART TYPE 153 587 180 508 218 072 239 253 205 654 273 661 336 638 364 029 298 576 271 061
Unité de mesure : Milliers de dollars Américains (USD)

Source : Elaboré par nos soins à travers les communications financières des banques de l’échantillon pour la période 2012 - 2021

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2. Etude statistique des inputs et des outputs des banques participatives Marocaines

LES INPUTS
Année
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Libellé
ACTIF IMMOBILISE
SOMME - - - - - 27 254 47 608 45 475 45 626 46 081
MOYENNE - - - - - 6 813 11 902 11 369 11 406 11 520
MAX - - - - - 17 589 28 061 24 986 23 149 15 518
MIN - - - - - - 3 277 3 412 3 486 3 561
ECART TYPE - - - - - 7 864 11 491 9 973 8 941 5 434
CHARGES DU PERSONNEL
SOMME - - - - - 5 759 15 867 19 977 23 633 25 757
MOYENNE - - - - - 1 440 3 967 4 994 5 908 6 439
MAX - - - - - 2 737 6 719 7 428 8 481 9 047
MIN - - - - - - 2 207 2 818 3 158 3 028
ECART TYPE - - - - - 1 437 2 108 2 285 2 768 2 925
DEPÔTS
SOMME - - - - - 69 466 277 756 515 164 727 453 991 432
MOYENNE - - - - - 17 367 69 439 128 791 181 863 247 858
MAX - - - - - 48 520 191 834 243 327 319 315 407 688
MIN - - - - - - 6 500 13 925 11 917 9 908
ECART TYPE - - - - - 22 577 86 934 118 275 145 664 189 613
Unité de mesure : Milliers de dollars Américains (USD)

Source : Elaboré par nos soins à travers les communications financières des banques de l’échantillon pour la période 2012 - 2021

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LES OUTPUTS
Année
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Libellé
FINANCEMENTS ACCORDES
SOMME - - - - - 19 510 390 134 676 215 1 002 835 1 317 626
MOYENNE - - - - - 4 877 97 534 169 054 250 709 329 406
MAX - - - - - 10 874 255 009 376 164 467 483 554 769
MIN - - - - - - 6 617 32 455 37 776 43 097
ECART TYPE - - - - - 5 037 112 110 158 076 200 060 247 900
PRODUITS ET COMMISSIONS RECUS
SOMME - - - - - 115 591 3 187 4 547 6 407
MOYENNE - - - - - 29 148 797 1 137 1 602
MAX - - - - - 109 366 2 550 3 407 4 685
MIN - - - - - - 4 26 29 31
ECART TYPE - - - - - 54 172 1 195 1 565 2 137
Unité de mesure : Milliers de dollars Américains (USD)

Source : Elaboré par nos soins à travers les communications financières des banques de l’échantillon pour la période 2012 - 2021

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3. Etude statistique des inputs et des outputs des banques islamiques Malaisiennes

LES INPUTS
Année
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Libellé
ACTIF IMMOBILISE
SOMME 149 775 144 749 237 498 181 246 162 371 171 957 190 736 302 547 298 545 278 744
MOYENNE 11 521 11 135 18 269 13 942 12 490 13 227 14 672 23 273 22 965 21 442
MAX 48 665 47 453 67 845 53 927 50 518 54 632 50 844 103 649 109 597 105 058
MIN - - - - - - - 332 454 464
ECART TYPE 16 623 16 648 26 449 20 884 19 290 20 088 20 183 31 890 32 551 31 455
CHARGES DU PERSONNEL
SOMME 214 816 216 568 345 336 272 723 257 830 319 018 343 434 387 280 404 762 399 446
MOYENNE 16 524 16 659 26 564 20 979 19 833 24 540 26 418 29 791 31 136 30 727
MAX 47 467 47 149 130 871 109 040 111 497 138 467 141 069 158 524 161 653 168 496
MIN - - 1 884 1 345 2 242 3 042 3 438 2 547 2 690 2 650
ECART TYPE 15 448 15 868 34 329 28 308 29 119 36 429 37 365 42 764 45 022 45 965
DEPÔTS
SOMME 79 837 336 83 636 623 100 862 752 89 153 490 88 986 988 114 531 692 123 576 544 134 590 531 147 657 124 154 151 507
MOYENNE 6 141 334 6 433 586 7 758 673 6 857 961 6 845 153 8 810 130 9 505 888 10 353 118 11 358 240 11 857 808
MAX 23 212 711 25 345 020 28 512 876 24 638 690 23 763 819 32 093 253 35 730 597 39 345 013 41 142 207 43 100 821
MIN - - 996 817 812 440 681 801 805 199 806 133 826 172 976 884 885 319
ECART TYPE 6 150 553 6 738 495 7 204 878 6 277 468 6 192 389 8 361 125 9 395 936 10 468 536 11 124 810 11 536 307
Unité de mesure : Milliers de dollars Américains (USD)

Source : Elaboré par nos soins à travers les communications financières des banques de l’échantillon pour la période 2012 - 2021

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LES OUTPUTS
Année
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Libellé
FINANCEMENTS ACCORDES
SOMME 69 411 265 78 805 647 95 972 590 90 378 223 96 294 377 117 416 952 127 109 129 139 927 640 153 974 351 154 236 355
MOYENNE 5 339 328 6 061 973 7 382 507 6 952 171 7 407 260 9 032 073 9 777 625 10 763 665 11 844 181 11 864 335
MAX 20 048 421 26 296 973 30 810 593 30 317 072 33 108 183 40 042 665 42 134 478 46 362 808 50 701 238 46 210 256
MIN - - 1 871 503 1 567 490 1 447 675 1 368 447 1 283 545 1 061 949 1 043 162 880 985
ECART TYPE 5 485 981 6 972 628 7 652 270 7 552 003 8 306 202 10 169 197 10 827 766 12 025 423 13 192 711 12 152 925
PRODUITS ET COMMISSIONS RECUS
SOMME 1 597 481 1 747 622 1 999 688 1 868 983 1 963 132 2 483 391 2 868 972 3 181 410 2 611 084 2 494 716
MOYENNE 122 883 134 432 153 822 143 768 151 010 191 030 220 690 244 724 200 853 191 901
MAX 582 312 697 860 865 993 954 187 787 710 1 061 574 1 325 003 1 418 165 1 137 189 1 023 136
MIN - - 1 172 2 - - - - - -
ECART TYPE 161 627 191 449 232 572 258 481 218 020 291 793 362 379 391 418 321 155 290 427
Unité de mesure : Milliers de dollars Américains (USD)

Source : Elaboré par nos soins à travers les communications financières des banques de l’échantillon pour la période 2012 - 2021

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4. Résultats des régressions des modèles intuitifs des deux pays

Cas du Maroc

Dependent Variable: DEA


Method: Least Squares
Date: 11/05/22 Time: 18:44
Sample: 1 19
Included observations: 19
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

C -2.764829 1.932604 -1.430624 0.1956


SIZE 0.417064 0.295556 1.411117 0.2011
CRD -0.031401 0.031220 -1.005786 0.3480
RCRD 1.026715 0.194864 5.268891 0.0012
PRP 0.321197 0.073122 4.392638 0.0032
ROE -0.974315 0.273238 -3.565813 0.0091
ROA 1.203564 1.356882 0.887007 0.4045
CAP 1.619661 0.316850 5.111768 0.0014
SLV -0.037043 0.014231 -2.602872 0.0353
RBANK 1.147288 0.178109 6.441501 0.0004
PIBH -6.22E-05 0.000188 -0.330842 0.7504
INF 0.030206 0.041723 0.723976 0.4926

R-squared 0.985227 Mean dependent var 0.671089


Adjusted R-squared 0.962012 S.D. dependent var 0.334226
S.E. of regression 0.065142 Akaike info criterion -2.359852
Sum squared resid 0.029705 Schwarz criterion -1.763364
Log likelihood 34.41859 Hannan-Quinn criter. -2.258903
F-statistic 42.43943 Durbin-Watson stat 2.262785
Prob(F-statistic) 0.000025

Cas de la Malaisie

Dependent Variable: DEA


Method: Least Squares
Date: 11/17/22 Time: 19:26
Sample: 1 126
Included observations: 126
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

C 0.776399 0.720255 1.077951 0.2833


SIZE -0.054425 0.073277 -0.742737 0.4592
CRD -0.030938 0.143416 -0.215722 0.8296
RCRD 1.065446 0.329988 3.228737 0.0016
PRP -0.099153 0.101642 -0.975511 0.3314
ROE -1.496657 1.075661 -1.391383 0.1668
ROA 13.99740 11.90124 1.176130 0.2420
CAP -0.269178 1.187207 -0.226732 0.8210
SLV 0.009315 0.019186 0.485482 0.6283
RBANK -0.073306 0.179018 -0.409487 0.6830
PIBH -1.19E-05 2.93E-05 -0.407058 0.6847
INF 0.001770 0.012578 0.140697 0.8884

R-squared 0.164278 Mean dependent var 0.857161


Adjusted R-squared 0.083639 S.D. dependent var 0.184442
S.E. of regression 0.176561 Akaike info criterion -0.539912
Sum squared resid 3.553797 Schwarz criterion -0.269790
Log likelihood 46.01445 Hannan-Quinn criter. -0.430170
F-statistic 2.037188 Durbin-Watson stat 0.545996
Prob(F-statistic) 0.030905

Page 309 sur 346


5. Résultats de régression et les tests associés : Cas du Maroc

Matrice de corrélation

SIZE CRD RCRD PRP ROE CAP SLV RBANK PIBH INF
SIZE 1.000000
CRD -0.414678 1.000000
RCRD 0.803802 -0.052451 1.000000
PRP 0.476163 -0.276315 0.210631 1.000000
ROE -0.389850 0.471226 -0.315486 -0.228111 1.000000
CAP -0.917881 0.570171 -0.762054 -0.435786 0.563041 1.000000
SLV 0.888440 -0.306684 0.709976 0.625059 -0.354284 -0.756621 1.000000
RBANK 0.635273 -0.166357 0.737832 0.012296 0.072579 -0.582079 0.566599 1.000000
PIBH 0.433252 -0.135714 0.493697 0.024686 -0.163747 -0.408229 0.560824 0.527129 1.000000
INF -0.001850 0.053976 -0.039910 0.012491 -0.045805 0.040816 0.103070 -0.246599 0.398589 1.000000

Variables (axes F1 et F2 : 63.98 %)


1

0,75
CRD RBANK
0,5 ROE PIBH
RCRD
F2 (15.65 %)

0,25
CAP
INF SLV
0
SIZE
-0,25
Résultats de l’analyse ACP
-0,5 PRP

-0,75

-1
-1 -0,75 -0,5 -0,25 0 0,25 0,5 0,75 1
F1 (48.34 %)
Variables actives

Page 310 sur 346


Test d’indépendance des erreurs

Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test:


Null hypothesis: No serial correlation at up to 2 lags
F-statistic 2.031982 Prob. F(2,5) 0.2260
Obs*R-squared 8.070570 Prob. Chi-Square(2) 0.0177
Test Equation:
Dependent Variable: RESID
Method: Least Squares
Date: 11/06/22 Time: 09:53
Sample: 1 18
Included observations: 18
Presample missing value lagged residuals set to zero.

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.


C -0.265866 0.850993 -0.312419 0.7673
SIZE -0.002545 0.115535 -0.022029 0.9833
CRD -0.016164 0.016537 -0.977423 0.3732
RCRD 0.144179 0.132094 1.091489 0.3248
PRP 0.037462 0.047777 0.784109 0.4685
ROE -0.045905 0.172691 -0.265823 0.8010
CAP 0.196917 0.209336 0.940674 0.3901
SLV -0.003124 0.008602 -0.363219 0.7313
RBANK -0.015214 0.123268 -0.123424 0.9066
PIBH 4.83E-05 0.000114 0.423444 0.6896
INF 0.005925 0.029158 0.203198 0.8470
RESID(-1) -1.141358 0.616262 -1.852068 0.1232
RESID(-2) -0.452239 0.662756 -0.682361 0.5253
R-squared 0.448365 Mean dependent var 6.25E-16
Adjusted R-squared -0.875559 S.D. dependent var 0.026429
S.E. of regression 0.036195 Akaike info criterion -3.636283
Sum squared resid 0.006550 Schwarz criterion -2.993237
Log likelihood 45.72655 Hannan-Quinn criter. -3.547616
F-statistic 0.338664 Durbin-Watson stat 2.490523
Prob(F-statistic) 0.942276

Page 311 sur 346


Test d’hétéroscédasticité de Breusch-Pagan-Godfrey

Heteroskedasticity Test: Breusch-Pagan-Godfrey


Null hypothesis: Homoskedasticity

F-statistic 0.683406 Prob. F(9,8) 0.7095


Obs*R-squared 7.823791 Prob. Chi-Square(9) 0.5520
Scaled explained SS 1.197052 Prob. Chi-Square(9) 0.9988
Test Equation:
Dependent Variable: RESID^2
Method: Least Squares
Date: 11/06/22 Time: 09:53
Sample: 1 18
Included observations: 18

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

C -0.027491 0.018966 -1.449470 0.1852


SIZE 0.002529 0.002729 0.926875 0.3811
CRD -0.000349 0.000392 -0.890378 0.3992
RCRD 0.000621 0.002860 0.217049 0.8336
ROE 9.80E-05 0.004128 0.023737 0.9816
CAP 0.004617 0.004276 1.079694 0.3118
SLV -0.000107 0.000143 -0.750982 0.4742
RBANK -0.000401 0.002895 -0.138653 0.8932
PIBH 4.60E-06 2.88E-06 1.598283 0.1486
INF -0.000162 0.000656 -0.247396 0.8108

R-squared 0.434655 Mean dependent var 0.000660


Adjusted R-squared -0.201358 S.D. dependent var 0.000966
S.E. of regression 0.001058 Akaike info criterion -10.56404
Sum squared resid 8.96E-06 Schwarz criterion -10.06939
Log likelihood 105.0764 Hannan-Quinn criter. -10.49583
F-statistic 0.683406 Durbin-Watson stat 2.714587
Prob(F-statistic) 0.709524

Résultats de régression à l’aide de la méthode des moindre carrées

Dependent Variable: DEA


Method: Least Squares
Date: 11/06/22 Time: 08:41
Sample: 1 18
Included observations: 18
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

C -5.121266 0.955863 -5.357739 0.0011


SIZE 0.740496 0.130332 5.681612 0.0007
CRD 0.013803 0.015298 0.902260 0.3969
RCRD 0.793126 0.111620 7.105591 0.0002
PRP 0.441238 0.049176 8.972675 0.0000
ROE -1.334586 0.194553 -6.859746 0.0002
CAP 1.737332 0.202803 8.566579 0.0001
SLV -0.059408 0.009610 -6.181925 0.0005
RBANK 1.471671 0.133617 11.01409 0.0000
PIBH 9.59E-05 0.000122 0.787284 0.4569
INF 0.042812 0.026027 1.644936 0.1440

R-squared 0.993739 Mean dependent var 0.652816


Adjusted R-squared 0.984794 S.D. dependent var 0.334008
S.E. of regression 0.041187 Akaike info criterion -3.263637
Sum squared resid 0.011874 Schwarz criterion -2.719521
Log likelihood 40.37273 Hannan-Quinn criter. -3.188610
F-statistic 111.1009 Durbin-Watson stat 2.916776
Prob(F-statistic) 0.000001

Page 312 sur 346


Dependent Variable: PTE
Method: Least Squares
Date: 11/06/22 Time: 08:44
Sample: 1 18
Included observations: 18

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

C 1.697767 1.307761 1.298224 0.2353


SIZE -0.160000 0.178313 -0.897295 0.3994
CRD 0.005961 0.020931 0.284789 0.7840
RCRD -0.056766 0.152713 -0.371718 0.7211
PRP 0.095714 0.067280 1.422637 0.1978
ROE 0.160623 0.266177 0.603443 0.5652
CAP -0.094184 0.277465 -0.339445 0.7442
SLV -0.001381 0.013148 -0.105035 0.9193
RBANK 0.245133 0.182808 1.340931 0.2218
PIBH 3.15E-05 0.000167 0.189156 0.8553
INF 0.012450 0.035608 0.349643 0.7369

R-squared 0.689674 Mean dependent var 0.966646


Adjusted R-squared 0.246352 S.D. dependent var 0.064909
S.E. of regression 0.056350 Akaike info criterion -2.636722
Sum squared resid 0.022227 Schwarz criterion -2.092606
Log likelihood 34.73050 Hannan-Quinn criter. -2.561696
F-statistic 1.555695 Durbin-Watson stat 1.940526
Prob(F-statistic) 0.286406

Dependent Variable: SE
Method: Least Squares
Date: 11/06/22 Time: 08:46
Sample: 1 18
Included observations: 18

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

C -5.496072 0.979650 -5.610239 0.0008


SIZE 0.854110 0.133575 6.394219 0.0004
CRD 0.014263 0.015679 0.909665 0.3932
RCRD 0.789746 0.114398 6.903516 0.0002
PRP 0.374801 0.050399 7.436605 0.0001
ROE -1.507074 0.199395 -7.558242 0.0001
CAP 1.803282 0.207850 8.675869 0.0001
SLV -0.057260 0.009849 -5.813797 0.0007
RBANK 1.357566 0.136942 9.913419 0.0000
PIBH 2.89E-05 0.000125 0.231567 0.8235
INF 0.036440 0.026674 1.366096 0.2142
R-squared 0.993466 Mean dependent var 0.675931
Adjusted R-squared 0.984131 S.D. dependent var 0.335091
S.E. of regression 0.042212 Akaike info criterion -3.214475
Sum squared resid 0.012473 Schwarz criterion -2.670359
Log likelihood 39.93028 Hannan-Quinn criter. -3.139449
F-statistic 106.4289 Durbin-Watson stat 1.964284
Prob(F-statistic) 0.000001

Page 313 sur 346


Résultats de régression à l’aide de la méthode Tobit

Dependent Variable: DEA


Method: ML - Censored Normal (TOBIT) (Newton-Raphson / Marquardt
steps)
Date: 11/06/22 Time: 08:43
Sample: 1 18
Included observations: 18 Left
censoring (value) at zero
Convergence achieved after 4 iterations
Coefficient covariance computed using observed Hessian
Variable Coefficient Std. Error z-Statistic Prob.

C -5.121266 0.596085 -8.591496 0.0000


SIZE 0.740496 0.081276 9.110848 0.0000
CRD 0.013803 0.009540 1.446835 0.1479
RCRD 0.793126 0.069607 11.39430 0.0000
PRP 0.441238 0.030666 14.38829 0.0000
ROE -1.334586 0.121325 -11.00007 0.0000
CAP 1.737332 0.126470 13.73709 0.0000
SLV -0.059408 0.005993 -9.913133 0.0000
RBANK 1.471671 0.083325 17.66184 0.0000
PIBH 9.59E-05 7.60E-05 1.262464 0.2068
INF 0.042812 0.016230 2.637766 0.0083

Error Distribution

SCALE:C(12) 0.025684 0.004281 6.000000 0.0000

Mean dependent var 0.652816 S.D. dependent var 0.334008


S.E. of regression 0.044369 Akaike info criterion -3.152526
Sum squared resid 0.011811 Schwarz criterion -2.558944
Log likelihood 40.37273 Hannan-Quinn criter. -3.070679
Avg. log likelihood 2.242929

Left censored obs 0 Right censored obs 0


Uncensored obs 18 Total obs 18

Page 314 sur 346


Dependent Variable: PTE
Method: ML - Censored Normal (TOBIT) (Newton-Raphson / Marquardt steps)
Date: 11/06/22 Time: 08:45
Sample: 1 18
Included observations: 18
Left censoring (value) at zero
Convergence achieved after 5 iterations
Coefficient covariance computed using observed Hessian
Variable Coefficient Std. Error z-Statistic Prob.
C 1.697767 0.815533 2.081789 0.0374
SIZE -0.160000 0.111198 -1.438874 0.1502
CRD 0.005961 0.013052 0.456679 0.6479
RCRD -0.056766 0.095233 -0.596075 0.5511
PRP 0.095714 0.041956 2.281294 0.0225
ROE 0.160623 0.165991 0.967662 0.3332
CAP -0.094184 0.173030 -0.544323 0.5862
SLV -0.001381 0.008199 -0.168430 0.8662
RBANK 0.245133 0.114001 2.150273 0.0315
PIBH 3.15E-05 0.000104 0.303324 0.7616
INF 0.012450 0.022206 0.560676 0.5750

Error Distribution

SCALE:C(12) 0.035140 0.005857 6.000000 0.0000


Mean dependent var 0.966646 S.D. dependent var 0.064909
S.E. of regression 0.060865 Akaike info criterion -2.525611
Sum squared resid 0.022227 Schwarz criterion -1.932030
Log likelihood 34.73050 Hannan-Quinn criter. -2.443764
Avg. log likelihood 1.929472

Left censored obs 0 Right censored obs 0


Uncensored obs 18 Total obs 18

Dependent Variable: SE
Method: ML - Censored Normal (TOBIT) (Newton-Raphson / Marquardtsteps)
Date: 11/06/22 Time: 08:48
Sample: 118
Included observations: 18 Left
censoring (value) at zero
Convergence achieved after 4 iterations
Coefficient covariance computed using observed Hessian

Variable Coefficient Std. Error z-Statistic Prob.

C -5.496072 0.610919 -8.996397 0.0000


SIZE 0.854110 0.083299 10.25356 0.0000
CRD 0.014263 0.009778 1.458709 0.1446
RCRD 0.789746 0.071340 11.07025 0.0000
PRP 0.374801 0.031430 11.92510 0.0000
ROE -1.507074 0.124344 -12.12015 0.0000
CAP 1.803282 0.129617 13.91234 0.0000
SLV -0.057260 0.006142 -9.322816 0.0000
RBANK 1.357566 0.085398 15.89684 0.0000
PIBH 2.89E-05 7.79E-05 0.371334 0.7104
INF 0.036440 0.016634 2.190628 0.0285
Error Distribution

SCALE:C(12) 0.026324 0.004387 6.000000 0.0000

Mean dependent var 0.675931 S.D. dependent var 0.335091


S.E. of regression 0.045587 Akaike info criterion -3.103364
Sum squared resid 0.012469 Schwarz criterion -2.509783
Log likelihood 39.93028 Hannan-Quinn criter. -3.021517
Avg. log likelihood 2.218349
Left censored obs 0 Right censored obs 0
Uncensored obs 18 Total obs 18

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6. Résultats de régression et les tests associés : Cas de la Malaisie

Matrice de corrélation

SIZE CRD RCRD PRP ROE CAP RBANK PIBH INF

SIZE 1.000000
CRD -0.087362 1.000000
RCRD 0.448197 0.232618 1.000000
PRP 0.574123 -0.577976 0.433274 1.000000
ROE 0.558168 -0.013107 0.459777 0.341366 1.000000
CAP -0.413031 -0.070911 -0.454624 -0.388087 -0.482956 1.000000
RBANK -0.057191 -0.047809 -0.115663 -0.016135 0.301952 -0.197598 1.000000
PIBH 0.089872 -0.138055 -0.014866 0.074941 0.170694 -0.047709 -0.241295 1.000000
INF -0.069106 0.122165 0.034774 -0.015547 0.167734 -0.199727 -0.003326 -0.059687 1.000000

Résultats de l’analyse VIF Résultats de l’analyse ACP

Variables (axes F1 et F2 : 49,30 %)


Variance Inflation Factor 1
CRD
5 4,567 0,75
4,5
0,5 INF
4 RBANK RCRD
ROE

F2 (17,37 %)
3,5 3,189 0,25

3 2,708 2,572 0
2,470
VIF

2,5 SIZE
-0,25
2 1,633 1,710 CAP
PIBH
1,5 1,214 1,262 -0,5 PRP
1 -0,75
0,5
-1
0 -1 -0,75 -0,5 -0,25 0 0,25 0,5 0,75 1
SIZE CRD RCRD RBANK CAP INF PIBH ROE PRP F1 (31,93 %)
Variables Variables actives

Page 316 sur 346


Test d’indépendance des erreurs

Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test:


Null hypothesis: No serial correlation at up to 36 lags

F-statistic 1.443973 Prob. F(36,66) 0.0975


Obs*R-squared 49.34693 Prob. Chi-Square(36) 0.0683

Test Equation:
Dependent Variable: RESID
Method: Least Squares
Date: 11/17/22 Time: 19:22
Sample: 1 112
Included observations: 112
Presample missing value lagged residuals set to zero.

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

C -0.145886 0.410533 -0.355358 0.7235


SIZE 0.014565 0.035129 0.414604 0.6798
CRD -0.094129 0.071360 -1.319078 0.1917
RCRD 0.127663 0.181840 0.702063 0.4851
PRP -0.055022 0.068300 -0.805598 0.4234
ROE 0.008132 0.277441 0.029310 0.9767
CAP -0.105341 0.401696 -0.262241 0.7940
RBANK 0.087629 0.129211 0.678187 0.5000
PIBH 3.25E-06 1.81E-05 0.179310 0.8582
INF -0.005937 0.007474 -0.794356 0.4298
RESID(-1) 0.471444 0.123184 3.827155 0.0003
RESID(-2) -0.148259 0.133052 -1.114293 0.2692
R-squared 0.440598 Mean dependent var 1.48E-16
Adjusted R-squared 0.059187 S.D. dependent var 0.083648
S.E. of regression 0.081134 Akaike info criterion -1.892836
Sum squared resid 0.434464 Schwarz criterion -0.776310
Log likelihood 151.9988 Hannan-Quinn criter. -1.439826

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Test d’hétéroscédasticité de Breusch-Pagan-Godfrey

Heteroskedasticity Test: Breusch-Pagan-Godfrey


Null hypothesis: Homoskedasticity

F-statistic 2.725542 Prob. F(8,103) 0.0091


Obs*R-squared 19.56731 Prob. Chi-Square(8) 0.0121
Scaled explained SS 23.54281 Prob. Chi-Square(8) 0.0027

Test Equation:
Dependent Variable: RESID^2
Method: Least Squares
Date: 11/18/22 Time: 10:25
Sample: 1 112
Included observations: 112

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

C -0.085712 0.046253 -1.853102 0.0667


SIZE 0.009754 0.003697 2.638399 0.0096
CRD 0.008661 0.004204 2.059960 0.0419
RCRD -0.031732 0.016894 -1.878323 0.0632
ROE 0.003433 0.029783 0.115256 0.9085
CAP 0.091494 0.042192 2.168506 0.0324
RBANK 0.028700 0.012885 2.227325 0.0281
PIBH 2.95E-07 2.01E-06 0.146823 0.8836
INF 0.000864 0.000781 1.106318 0.2712

R-squared 0.174708 Mean dependent var 0.006934


Adjusted R-squared 0.110608 S.D. dependent var 0.011865
S.E. of regression 0.011189 Akaike info criterion -6.070778
Sum squared resid 0.012896 Schwarz criterion -5.852327
Log likelihood 348.9636 Hannan-Quinn criter. -5.982146
F-statistic 2.725542 Durbin-Watson stat 1.403610
Prob(F-statistic) 0.009123

Résultats de régression à l’aide de la méthode des moindre carrées

Dependent Variable: DEA


Method: Least Squares
Date: 11/18/22 Time: 19:17
Sample: 1 112
Included observations: 112

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

C 1.451180 0.369449 3.927955 0.0002


SIZE -0.013965 0.033018 -0.422944 0.6732
CRD -0.245003 0.054796 -4.471211 0.0000
RCRD 1.190734 0.160648 7.412081 0.0000
PRP -0.209521 0.053281 -3.932400 0.0002
ROE -0.451211 0.237969 -1.896095 0.0608
CAP -1.264031 0.338426 -3.735023 0.0003
RBANK -0.371609 0.100746 -3.688576 0.0004
PIBH -3.43E-05 1.57E-05 -2.185026 0.0312
INF 0.004582 0.006155 0.744473 0.4583

R-squared 0.539665 Mean dependent var 0.918121


Adjusted R-squared 0.499047 S.D. dependent var 0.123287
S.E. of regression 0.087260 Akaike info criterion -1.954807
Sum squared resid 0.776657 Schwarz criterion -1.712084
Log likelihood 119.4692 Hannan-Quinn criter. -1.856326
F-statistic 13.28641 Durbin-Watson stat 1.068519
Prob(F-statistic) 0.000000

Page 318 sur 346


Dependent Variable: PTE
Method: Least Squares
Date: 11/18/22 Time: 19:21
Sample: 1 112
Included observations: 112

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

C 1.212463 0.302681 4.005750 0.0001


SIZE 0.042288 0.027051 1.563285 0.1211
CRD -0.306007 0.044893 -6.816403 0.0000
RCRD 0.981464 0.131615 7.457093 0.0000
PRP -0.309064 0.043652 -7.080249 0.0000
ROE -0.200940 0.194962 -1.030663 0.3051
CAP -0.653928 0.277264 -2.358500 0.0203
RBANK -0.199826 0.082539 -2.420999 0.0172
PIBH -3.83E-05 1.29E-05 -2.981407 0.0036
INF 0.005528 0.005042 1.096342 0.2755

R-squared 0.487020 Mean dependent var 0.959348


Adjusted R-squared 0.441757 S.D. dependent var 0.095683
S.E. of regression 0.071490 Akaike info criterion -2.353477
Sum squared resid 0.521302 Schwarz criterion -2.110754
Log likelihood 141.7947 Hannan-Quinn criter. -2.254997
F-statistic 10.75979 Durbin-Watson stat 1.203800
Prob(F-statistic) 0.000000

Dependent Variable: SE
Method: Least Squares
Date: 11/18/22 Time: 19:21
Sample: 1 112
Included observations: 112

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

C 1.224738 0.280042 4.373405 0.0000


SIZE -0.055369 0.025027 -2.212322 0.0292
CRD 0.055710 0.041535 1.341284 0.1828
RCRD 0.258609 0.121771 2.123731 0.0361
PRP 0.093560 0.040387 2.316599 0.0225
ROE -0.271152 0.180380 -1.503223 0.1359
CAP -0.589214 0.256527 -2.296886 0.0237
RBANK -0.183186 0.076365 -2.398806 0.0183
PIBH 3.27E-06 1.19E-05 0.274749 0.7841
INF -0.000723 0.004665 -0.155066 0.8771

R-squared 0.362849 Mean dependent var 0.956576


Adjusted R-squared 0.306630 S.D. dependent var 0.079433
S.E. of regression 0.066143 Akaike info criterion -2.508952
Sum squared resid 0.446239 Schwarz criterion -2.266229
Log likelihood 150.5013 Hannan-Quinn criter. -2.410471
F-statistic 6.454196 Durbin-Watson stat 1.463483
Prob(F-statistic) 0.000000

Page 319 sur 346


Résultats de régression à l’aide de la méthode Tobit

Dependent Variable: DEA


Method: ML - Censored Normal (TOBIT) (Newton-Raphson / Marquardt
steps)
Date: 11/17/22 Time: 19:20
Sample: 1 112
Included observations: 112
Left censoring (value) at zero
Convergence achieved after 4 iterations
Coefficient covariance computed using observed Hessian

Variable Coefficient Std. Error z-Statistic Prob.

C 1.451180 0.352570 4.116001 0.0000


SIZE -0.013965 0.031509 -0.443192 0.6576
CRD -0.245003 0.052292 -4.685265 0.0000
RCRD 1.190734 0.153308 7.766925 0.0000
PRP -0.209521 0.050847 -4.120658 0.0000
ROE -0.451211 0.227097 -1.986868 0.0469
CAP -1.264031 0.322965 -3.913832 0.0001
RBANK -0.371609 0.096143 -3.865162 0.0001
PIBH -3.43E-05 1.50E-05 -2.289631 0.0220
INF 0.004582 0.005873 0.780113 0.4353

Error Distribution

SCALE:C(11) 0.083273 0.005564 14.96663 0.0000

Mean dependent var 0.918121 S.D. dependent var 0.123287


S.E. of regression 0.087691 Akaike info criterion -1.936950
Sum squared resid 0.776657 Schwarz criterion -1.669954
Log likelihood 119.4692 Hannan-Quinn criter. -1.828621
Avg. log likelihood 1.066689

Left censored obs 0 Right censored obs 0


Uncensored obs 112 Total obs 112

Page 320 sur 346


Dependent Variable: PTE
Method: ML - Censored Normal (TOBIT) (Newton-Raphson / Marquardtsteps)
Date: 11/18/22 Time: 19:21
Sample: 1 112
Included observations: 112
Left censoring (value) at zero
Convergence achieved after 4 iterations
Coefficient covariance computed using observed Hessian

Variable Coefficient Std. Error z-Statistic Prob.

C 1.212463 0.288852 4.197520 0.0000


SIZE 0.042288 0.025815 1.638125 0.1014
CRD -0.306007 0.042842 -7.142729 0.0000
RCRD 0.981464 0.125602 7.814091 0.0000
PRP -0.309064 0.041657 -7.419206 0.0000
ROE -0.200940 0.186055 -1.080004 0.2801
CAP -0.653928 0.264597 -2.471410 0.0135
RBANK -0.199826 0.078768 -2.536901 0.0112
PIBH -3.83E-05 1.23E-05 -3.124138 0.0018
INF 0.005528 0.004812 1.148828 0.2506

Error Distribution

SCALE:C(11) 0.068224 0.004558 14.96663 0.0000

Mean dependent var 0.959348 S.D. dependent var 0.095683


S.E. of regression 0.071843 Akaike info criterion -2.335620
Sum squared resid 0.521302 Schwarz criterion -2.068624
Log likelihood 141.7947 Hannan-Quinn criter. -2.227291
Avg. log likelihood 1.266024

Left censored obs 0 Right censored obs 0


Uncensored obs 112 Total obs 112

Dependent Variable: SE
Method: ML - Censored Normal (TOBIT) (Newton-Raphson / Marquardtsteps)
Date: 11/18/22 Time: 19:21
Sample: 1 112
Included observations: 112
Left censoring (value) at zero
Convergence achieved after 4 iterations
Coefficient covariance computed using observed Hessian
Variable Coefficient Std. Error z-Statistic Prob.
C 1.224738 0.267248 4.582776 0.0000
SIZE -0.055369 0.023884 -2.318234 0.0204
CRD 0.055710 0.039638 1.405496 0.1599
RCRD 0.258609 0.116208 2.225402 0.0261
PRP 0.093560 0.038542 2.427503 0.0152
ROE -0.271152 0.172139 -1.575187 0.1152
CAP -0.589214 0.244807 -2.406847 0.0161
RBANK -0.183186 0.072877 -2.513646 0.0119
PIBH 3.27E-06 1.14E-05 0.287902 0.7734
INF -0.000723 0.004452 -0.162489 0.8709

Error Distribution
SCALE:C(11) 0.063121 0.004217 14.96663 0.0000
Mean dependent var 0.956576 S.D. dependent var 0.079433
S.E. of regression 0.066470 Akaike info criterion -2.491095
Sum squared resid 0.446239 Schwarz criterion -2.224099
Log likelihood 150.5013 Hannan-Quinn criter. -2.382766
Avg. log likelihood 1.343762
Left censored obs 0 Right censored obs 0
Uncensored obs 112 Total obs 112

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Page 330 sur 346


Liste des tableaux

Numéro Titres Page


01 La répartition des IFI en segments et régions 24
02 Les risques de crédit par type de contrat 59
03 Les déterminants du volume de dépôts dans les banques islamiques 64
04 Etude de résultats des recherches par mot clé 70
Les premières études sur l’application de la méthode DEA dans le
05 91
secteur bancaire
Les réalisations des banques participatives marocaines pour la
06 129
période 2017 – 2021
Les opportunités de financement des secteurs par les banques
07 136
participatives
08 La cherté du moyen de financement Mourabaha 138
Positions dominantes de la Malaisie en matière de finance
09 144
islamique, 2018
10 Liste des banques islamiques en Malaisie 150
11 Positions épistémologiques des paradigmes 167
12 Critères et implications des données primaires et secondaires 177
13 Choix du positionnement du chercheur 181
14 Récapitulation des choix méthodologiques 189
Coefficients d’ajustements (Deff) de la variance en fonction des
15 195
méthodes d’échantillonnages
16 Liste des banques de l’échantillon 197
17 Nombre de banques par pays et par année 197
18 Types des données et leurs sources 201
19 Evolution de l’actif immobilisé 205
20 Evolution des charges du personnel 207
21 Evolution des dépôts 210
22 Evolution des financements accordés 212
23 Evolution des produits et commissions 215
Analyse statistique des résultats de l’efficience des banques de
24 225
l’échantillon durant la période 2012 – 2021
Evolution de l'efficience technique des banques de l’échantillon
25 230
durant la période 2012 – 2021
Résultats de décomposition de l’efficience des banques de
26 235
l’échantillon durant la période 2012 – 2021
Résultats de décomposition de l’efficience des banques de
27 238
l’échantillon, par pays, durant la période 2012 – 2021
Résultats de la régression de l’efficience des banques participatives
28 264
Marocaines à l’aide de la méthode Tobit

Page 331 sur 346


Résultats de la régression de l’efficience des banques islamiques
29 274
Malaisiennes à l’aide de la méthode Tobit
Comparaison entre les services offerts par les banques islamiques et
30 300
conventionnelles
31 Liste des travaux empiriques sur l’efficience et la concurrence 301

Page 332 sur 346


Liste des figures

Numéro Titres Page


01 La part des actifs des banques islamiques dans chaque pays 24
Financement de projet par les contrats : Mousharaka, Istisna’ et
02 42
Ijara
Co-financement d’un projet par les contrats Mousharaka, Ijara,
03 42
Salam et Istisna’
04 La rétention des réserves PER et IRR d’après l’AAOIFI 65
Décomposition de l'efficience technique dans le cas de deux
05 76
intrants
06 Rendements d'échelle et décomposition de l'efficience technique 78
Décomposition des scores d’efficience technique en efficience
07 81
technique pure et efficience d’échelle
08 L’organisme bancaire selon les deux approches 94
09 L’écosystème des banques participatives marocaines 132
10 La croissance des banques islamiques et du Takaful en 2020 146
Etats des lieux de l’écosystème financier islamique de la
11 158
Malaisie
12 Articulation des objets avec l’objet de la recherche 172
Positionnement de l’étape d’élaboration du design de recherche
13 186
dans la démarche générale de l’étude
14 Evolution de l’actif immobilisé des banques 207
15 Evolution des charges du personnel des banques 209
16 Evolution des dépôts des banques 211
17 Evolution des financements accordés par les banques 215
18 Evolution des produits et commissions reçus par les banques 218
Evolution de l'efficience technique des banques de l’échantillon
19 233
durant la période 2012 – 2021
Evolution de l’efficience technique pure des banques
20 240
Malaisiennes et marocaines durant la période 2012 – 2021
Evolution de l'efficience d’échelle des banques Malaisiennes et
21 241
marocaines durant la période 2012 – 2021
L’effet des variables explicatives sur l’efficience technique des
22 270
banques participatives Marocaines
L’effet des variables explicatives sur l’efficience technique des
23 280
banques islamiques Malaisiennes
Résultats de la régression de l’efficience technique (DEA) sur les
24 283
variables explicatives des banques de l’échantillon
Diagramme Ishikawa des contraintes fiscales, organisationnelles
25 302
et réglementaires

Page 333 sur 346


Table des matières

Remerciement ................................................................................................................ 2
Sommaire ....................................................................................................................... 3
Introduction générale ................................................................................................... 5
Partie I : Revue de littérature de la genèse et des déterminants de l’efficience des
institutions bancaires islamiques, cas du Maroc et de la Malaisie ......................... 16
Introduction de la première partie ............................................................................ 17
Chapitre I : Contexte de création des banques islamiques et analyse de ses
particularités ............................................................................................................... 19
Section 1 : La renaissance des banques islamiques .............................................. 20
I. Etat des lieux de la finance islamique .................................................................... 20
I.1. Essai de définition ........................................................................................................ 20

I.2. Aperçu historique et besoin d'un système financier islamique dans le système
économique mondial................................................................................................................ 21

I.2.1. Le système financier islamique avant 2000 ........................................................................ 21

I.2.2. Le système financier islamique après l’an 2000 ................................................................. 22

I.3. Cartographie de la finance islamique ........................................................................ 23

II. Etude des fondements et des principes de la finance islamique....................... 25


II.1. Les fondements et les sources de la finance islamique ............................................. 25

II.1.1. Les fondements de la finance islamique : ....................................................................... 25

II.1.1.1. ‘Aquida .............................................................................................................................. 25

II.1.1.2. Charia................................................................................................................................ 25

II.1.1.3. Akhlaq ............................................................................................................................... 26

II.1.2. Les sources de l’Islam ...................................................................................................... 26

II.1.2.1. Le Coran (‫ )القرآن‬................................................................................................................ 26

II.1.2.2. La Sunna (‫ )السنة‬................................................................................................................ 26

II.1.2.3. L’Ijma’ (‫ )اإلجماع‬................................................................................................................. 27

II.1.2.4. Le Qiyâs (‫ )القياس‬................................................................................................................ 27

II.1.2.5. L’Ijtihad (‫ )اإلجتهاد‬.............................................................................................................. 27

II.2. Les principes de la finance islamique ........................................................................ 27

Page 334 sur 346


II.2.1. L’interdiction du Riba ..................................................................................................... 27

II.2.2. Le principe de partage des profits et des pertes (PPP) ................................................. 28

II.2.3. L’interdiction du Gharar et du Maysir .......................................................................... 29

II.2.4. L’interdiction des Activités illicites ................................................................................ 30

II.2.5. Le principe d’adossement à un actif réel (Asset Backing) ............................................ 31

III. Analyse des opérations financières islamiques courantes ................................ 32


III.1. Les produits de la finance islamique...................................................................... 32

III.1.1. Les opérations commerciales (Sans PPP) ....................................................................... 32


III.1.1.1. Mourabaha : Vente avec marge bénéficiaire ........................................................... 32
III.1.1.2. Ijara : Leasing............................................................................................................. 33

III.1.2. Les contrats à terme : Salam et Istisna’ ......................................................................... 34


III.1.2.1. Le Salam : Vente à terme prépayée .......................................................................... 35
III.1.2.2. Istisna’ : Contrat d’Entreprise .................................................................................. 36
III.1.2.3. ‘Urbun : Avance sur paiement .................................................................................. 36

III.1.3. Les contrats de partenariats : Moudaraba et Mousharaka .......................................... 37


III.1.3.1. Le Moudaraba : Partenariat passif ........................................................................... 37
III.1.3.2. La mousharaka : Partenariat actif ........................................................................... 38

III.1.4. Les Sukuks ........................................................................................................................ 39

III.1.5. Les opérations sans contrepartie .................................................................................... 40

III.2. Les comptes bancaires et les services financiers islamiques ................................ 40

III.2.1. Les types de comptes de dépôts ....................................................................................... 40


III.2.1.1. Les comptes courants ................................................................................................. 40
III.2.1.2. Les comptes d’épargne ............................................................................................... 40
III.2.1.3. Les comptes d’investissement .................................................................................... 41

III.2.2. Les services bancaires (Jouala) ....................................................................................... 41

III.2.3. Le financement des projets : Exemples de montages financiers .................................. 41

IV. Les institutions financières islamiques (IFI) ...................................................... 43


IV.1. Le rôle des institutions financières islamique ....................................................... 43

IV.1.1. Réguler l’activité financière internationale.................................................................... 43

IV.1.2. Normaliser les pratiques comptables .............................................................................. 44

IV.1.3. Développer les marchés financiers islamiques ............................................................... 45

IV.2. Les organismes de normalisation et d’homogénéisation ...................................... 45

Page 335 sur 346


IV.2.1. La Banque Islamique de Développement (BID) ............................................................ 46

IV.2.2. L’AAOIFI : L’organisme de normalisation ................................................................... 46

IV.2.3. Le Conseil des Services Financiers Islamiques (CSFI/IFSB) ....................................... 47

IV.2.4. Autres Organismes islamiques ........................................................................................ 47


IV.2.4.1. L’Association Internationale des Banques Islamiques (AIBI) ................................ 48
IV.2.4.2. International Islamic Financial Market (IIFM) ...................................................... 48
IV.2.4.3. Agence Islamique Internationale de Notation (AIIN/IIRA) ................................... 48
IV.2.4.4. Liquidity Management Center (LMC) ..................................................................... 48

Section 2 : Etude comparative entre le système financier conventionnel et


islamique ................................................................................................................... 49
I. Les particularités des banques islamiques ............................................................ 49
I.1. Les règles de gouvernance .......................................................................................... 49

I.1.1. La structure organisationnelle ............................................................................................ 49


I.1.1.1. Le conseil d’administration .......................................................................................... 50
I.1.1.2. Les dirigeants ................................................................................................................. 50
I.1.1.3. L’audit interne et externe ............................................................................................. 50
I.1.1.4. Le comité de la Shariah ................................................................................................. 51

I.1.2. L'intermédiation bancaire ................................................................................................... 52

I.1.3. La communication financière et comptable ....................................................................... 53


I.1.3.1. Le bilan ........................................................................................................................... 53
I.1.3.2. Le compte de résultat .................................................................................................... 54
I.1.3.3. Le tableau des flux de trésorerie .................................................................................. 54
I.1.3.4. Le tableau de variation des capitaux propres ............................................................. 54

I.2. Le système d’information de gestion ......................................................................... 54

I.2.1. Le problème de calcul du taux de placement et de financement ...................................... 54

I.2.2. Le problème du Partage des Profits et des Pertes .............................................................. 55


I.2.2.1. Les dépôts limités........................................................................................................... 55
I.2.2.2. Les dépôts illimités ........................................................................................................ 55

I.2.3. La rentabilité par segments ................................................................................................. 56


I.2.3.1. La segmentation par produits ...................................................................................... 56
I.2.3.2. La segmentation par domaines d’activités stratégiques ............................................. 57
I.2.3.3. La segmentation par entité organisationnelle ............................................................. 57

I.3. La Zakat : Elément spécifique aux banques islamiques .......................................... 57

I.3.1. La définition de la Zakat ...................................................................................................... 57

Page 336 sur 346


I.3.2. Gestion de la Zakat ............................................................................................................... 58

II. Les risques communs et spécifiques et leurs modes de gestion ........................ 58


II.1. Examen des risques communs entre les banques conventionnelles et islamiques . 59

II.1.1. Le risque de crédit ............................................................................................................ 59

II.1.2. Le risque de marché ......................................................................................................... 60

II.1.3. Le risque de liquidité ....................................................................................................... 61

II.1.4. Le risque opérationnel ..................................................................................................... 62

II.2. Examen des risques spécifiques aux banques islamiques ........................................ 63

II.2.1. Le risque commercial déplacé (RCD) ............................................................................. 63

II.2.2. Le risque de réputation .................................................................................................... 66

II.2.3. Autres risques spécifiques ............................................................................................... 66


II.2.3.1. Le risque de concentration .......................................................................................... 66
II.2.3.2. Le risque de taux de référence .................................................................................... 66
II.2.3.3. Le risque juridique ...................................................................................................... 67
II.2.3.4. Le risque fiduciaire ...................................................................................................... 67

II.3. Les modes de gestion des risques ............................................................................... 67

II.3.1. Le respect des normes de suffisance de capital .............................................................. 68

II.3.2. La mise en place d’une gestion des risques .................................................................... 68

II.3.3. La gestion du crédit par les clauses contractuelles et le nantissement ......................... 68

II.3.4. L’adoption d’un système de rating ................................................................................. 69

Chapitre II : Les déterminants de l'efficience des banques .................................... 72


Section 1 : L'efficience comme mesure de performance ...................................... 73
I. Essai de définition et décomposition du concept d’efficience .............................. 73
I.1. Essai de définition ........................................................................................................ 73

I.1.1. Efficacité ................................................................................................................................ 73

I.1.2. Performance .......................................................................................................................... 74

I.1.3. Efficience ............................................................................................................................... 74

I.2. Décomposition de l’efficience ..................................................................................... 75

I.2.1. L’efficience économique (Farrell) ....................................................................................... 75

I.2.2. L’efficience technique .......................................................................................................... 77

II. Méthodes de mesure de l’efficience .................................................................... 79

Page 337 sur 346


II.1. Méthodes non paramétriques ..................................................................................... 79

II.1.1. Data Enveloppement Analysis (DEA)............................................................................. 79


II.1.1.1. Les indices de productivité de Malmquist ................................................................. 81

II.1.2. Free Disposal Hull (FDH) ................................................................................................ 82

II.2. Méthodes paramétriques ............................................................................................ 83

II.2.1. La méthode de la frontière stochastique ........................................................................ 83

II.2.2. Approche de la libre distribution (DFA) ........................................................................ 85

II.2.3. La méthode de la frontière épaisse (TFA) ...................................................................... 85

III. Approches de mesure de l’efficience bancaire .................................................. 86


III.1. Approche par les ratios ........................................................................................... 86

III.1.1. Les ratios de rentabilité ................................................................................................... 87


III.1.1.1. Le rendement des actifs (ROA) ................................................................................. 87
III.1.1.2. Le rendement des capitaux (ROE) ............................................................................ 87

III.1.2. Les ratios d’efficacité ....................................................................................................... 87


III.1.2.1. Le ratio Net Interest Margin (NIM) ......................................................................... 87
III.1.2.2. Le ratio des coûts ........................................................................................................ 88

III.1.3. Les ratios de liquidité ....................................................................................................... 88


III.1.3.1. Le ratio des prêts sur le total actif ............................................................................ 88
III.1.3.2. Le ratio des dépôts sur le total actif .......................................................................... 88
III.1.3.3. Les actifs liquides sur les dépôts................................................................................ 88

III.1.4. Les ratios de qualité des actifs et de risque .................................................................... 88


III.1.4.1. Le ratio des réserves sur les prêts ............................................................................. 88
III.1.4.2. Les prêts douteux sur le total des prêts .................................................................... 89

III.1.5. Les ratios de solvabilité .................................................................................................... 89


III.1.5.1. Ratio de capital ........................................................................................................... 89
III.1.5.2. Ratio des capitaux propres sur les prêts ................................................................... 89
III.1.5.3. Ratio des capitaux propres sur les dépôts ................................................................ 89

III.1.6. Les limites des indicateurs et ratios classiques .............................................................. 89

III.2. Approche des frontières d’efficience dans le secteur bancaire ............................ 90

III.3. Approche des déterminants .................................................................................... 92

Section 2 : Les facteurs déterminants de l'efficience des banques islamiques ... 95


I. Analyse des facteurs macroéconomiques et financiers ........................................ 95
I.1. Interaction entre la finance et la croissance économique......................................... 95

Page 338 sur 346


I.1.1. Etude de la relation de causalité entre le développement des banques conventionnelles et
la croissance économique .................................................................................................................. 96

I.1.2. Etude de la relation de causalité entre le développement des banques islamiques et la


croissance économique ...................................................................................................................... 97

I.1.3. Etude du lien de causalité entre l’efficience bancaire et la croissance économique ........ 99

I.2. Interaction entre la structure du marché et l’efficience bancaire ......................... 100

I.2.1. Relation entre la concentration du marché et l’efficience des banques ......................... 101

I.2.2. Interaction entre la concurrence et l’efficience des banques .......................................... 102

I.3. L’effet de la crise financière sur l’efficience bancaire ............................................ 103

I.3.1. L’efficience des banques islamiques en période de crise ................................................. 103

I.3.2. L’efficience des banques conventionnelles en période de crise ....................................... 104

I.4. La réglementation : quel effet sur l’efficience bancaire ......................................... 104

I.4.1. Relation entre la réglementation financière et l’efficience bancaire .............................. 105

I.4.2. La crise de 2008 : le retour à la réglementation ............................................................... 106

I.5. Autres facteurs macroéconomiques et institutionnels ............................................ 107

I.5.1. L’inflation............................................................................................................................ 107

I.5.2. La qualité des institutions politiques................................................................................. 107

I.5.3. Complémentarité entre les marchés financiers et le secteur bancaire ........................... 108

II. Étude des facteurs spécifiques à la banque...................................................... 108


II.1. La taille de la banque ................................................................................................ 109

II.2. La propriété de la banque......................................................................................... 110

II.2.1. Comparaison entre les banques publiques et les banques privées ............................. 111

II.2.2. Comparaison entre les banques nationales et les banques étrangères ....................... 112

II.3. Capitalisation, efficience et risque du crédit bancaire ........................................... 114

II.3.1. Relation entre la capitalisation de la banque et l’efficience bancaire ........................ 114

II.3.2. Relation entre le risque du crédit et l’efficience bancaire .......................................... 116

II.4. Le progrès technologique .......................................................................................... 118

II.4.1. L’importance des innovations technologique .............................................................. 118

II.4.2. Relation entre le progrès technologique et l’efficience bancaire ................................ 119

II.5. Autres facteurs spécifiques ....................................................................................... 119

II.5.1. La qualité du management ............................................................................................ 119

Page 339 sur 346


II.5.2. Les fusions et acquisitions ............................................................................................. 120

II.5.3. Les activités non traditionnelles .................................................................................... 120

Chapitre III : Les spécificités des secteurs bancaires islamiques Malaisien et


Marocain .................................................................................................................... 122
Section 1 : Caractéristiques du secteur bancaire participatif marocain .......... 123
I. La création des banques participatives au Maroc .............................................. 123
I.1. Histoire de création des banques participatives ..................................................... 123

I.2. Les enjeux des banques participatives au Maroc ................................................... 126

I.2.1. Pour les banques commerciales ......................................................................................... 126

I.2.2. Pour Bank Al Maghrib (BKAM) ...................................................................................... 126

I.2.3. Pour le trésor et le marché financier ................................................................................. 127

I.3. Etat des lieux des banques participatives au Maroc .............................................. 128

II. Présentation des banques participatives au Maroc ........................................ 130


II.1. Aperçu sur les banques participatives au Maroc ................................................... 130

II.1.1. Bank Assafa : ‫ بنك الصفاء‬................................................................................................... 130

II.1.2. Umnia Bank ‫ أمنية بنك‬....................................................................................................... 130

II.1.3. BTI Bank (Bank Al TamwilwalInmaa) ‫ بنك التمويل واإلنماء‬............................................. 130

II.1.4. Bank Al Yousr ‫ بنك اليسر‬................................................................................................... 131

II.1.5. Al Akhdar Bank ‫ األخضر بنك‬............................................................................................. 131

II.1.6. BMCI Najmah ................................................................................................................ 131

II.1.7. Arreda, Crédit du Maroc .............................................................................................. 132

II.1.8. Dar Al Amane, Société Générale .................................................................................. 132

II.2. L’écosystème des banques participatives ................................................................ 132

II.2.1. Le Conseil Supérieur des Oulémas (CSO) ................................................................... 133

II.2.2. Bank Al Maghrib ........................................................................................................... 133

II.2.3. Le marché des capitaux ................................................................................................. 134

II.2.4. Le Takaful ....................................................................................................................... 135

III. Le potentiel de développement des banques participatives ........................... 135


III.1. Les opportunités en matière de développement au Maroc ................................ 136

III.1.1. Le financement de l’économie :..................................................................................... 136

III.1.2. Amélioration de la bancarisation .................................................................................. 137

Page 340 sur 346


III.1.3. Contribution à la solidarité sociale : La Zakat ............................................................ 137

III.2. Les défis des banques participatives au Maroc et les solutions proposées ....... 138

III.2.1. La cherté des produits ................................................................................................... 138

III.2.2. Le faible engagement des autorités et l’absence de volonté politique ........................ 139

III.2.3. La motivation religieuse et le risque de désintérêt de la clientèle .............................. 139

III.2.4. La création d’un environnement favorable ................................................................. 140

III.2.5. L’adaptation aux standards internationaux ................................................................ 140

Section 2 : Caractéristiques du secteur bancaire Malaisien .............................. 142


I. Contexte de création des banques islamiques en Malaisie ................................. 142
I.1. Le développement des banques islamiques en Malaisie ......................................... 143

I.2. L’état des lieux des banques islamiques en Malaisie .............................................. 144

I.3. Les défis des banques islamiques en Malaisie ......................................................... 147

I.3.1. Défis d’ordre juridiques ..................................................................................................... 147

I.3.2. Questions de politique monétaire ...................................................................................... 149

II. Présentation des banques islamiques en Malaisie ........................................... 150


II.1. Aperçu sur les banques islamiques en Malaisie ...................................................... 150

II.1.1. Bank Islam Malaysia Berhad (BIMB) .......................................................................... 151

II.1.2. Bank Muamalat Malaysia Berhad ................................................................................ 151

II.1.3. CIMB Islamic Bank Berhad .......................................................................................... 152

II.1.4. Affin Islamic Bank Berhad (Affin Islamic) .................................................................. 152

II.1.5. Alliance Islamic Bank Berhad (AIS) ............................................................................ 153

II.1.6. AM Bank Islamic Berhad .............................................................................................. 153

II.1.7. Hong Leong Islamic Bank Berhad ................................................................................ 153

II.1.8. Kuwait Finance House (Malaysia) Berhad .................................................................. 154

II.1.9. Public Islamic Bank Berhad (PIBB) ............................................................................. 154

II.1.10. Standard Chartered Saadiq Berhad ............................................................................. 155

II.1.11. Maybank Islamic Berhad .............................................................................................. 155

II.1.12. MBSB Bank Berhad ....................................................................................................... 155

II.1.13. RHB Islamic Bank Berhad ............................................................................................ 156

II.2. Le potentiel de développement d’une finance islamique durable ......................... 156

II.2.1. Des lignes directrices pour le développement de l'écosystème ................................... 156

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II.2.2. Une main-d'œuvre hautement qualifiée en finance islamique .................................... 157

II.2.3. Un soutien important du gouvernement ...................................................................... 157

II.2.4. Un écosystème financier islamique dynamique, résilient et mature .......................... 157

Conclusion de la première partie ............................................................................ 160


Partie II : Les déterminants de l’efficience des banques participatives Marocaines,
en comparaison avec leurs consœurs Malaisiennes ............................................... 162
Introduction de la deuxième partie ......................................................................... 163
Chapitre I : Conception du modèle de recherche .................................................. 165
Section 1 : Fondements épistémologiques et positionnement du chercheur .... 166
I. Choix de la posture épistémologique ................................................................... 166
I.1. Définition de la nature de la réalité.......................................................................... 168

I.2. Choix du chemin de la connaissance........................................................................ 168

I.3. Les critères de validité de la connaissance .............................................................. 169

I.4. De la difficulté du positionnement du chercheur .................................................... 170

II. Construction de l’objet de la recherche ........................................................... 171


II.1. Commencer la construction de l’objet de recherche .............................................. 172

II.2. L’objet de la recherche en contexte positiviste ....................................................... 173

III. Choix de l’approche et de la voie de la recherche ........................................... 174


III.1. La voie de la recherche.......................................................................................... 174

III.1.1. Le mode de raisonnement .............................................................................................. 174

III.1.2. La voie du test ................................................................................................................. 175

III.2. L’approche de la recherche .................................................................................. 176

III.2.1. Données primaires ou secondaires ? ............................................................................. 176

III.2.2. Quel type d’approche ? .................................................................................................. 178

III.3. La stratégie d’étude de l’objet de recherche ....................................................... 179

IV. Récapitulation des choix et positionnement du chercheur ............................. 182


Section 2 : Mise en œuvre du design de recherche ............................................. 185
I. Design de recherche et choix méthodologiques ................................................... 185
I.1. Présentation du design de recherche ....................................................................... 185

I.1.1. Cadre théorique et problématique de recherche ............................................................. 186

I.1.2. Démarche de recherche et recueil de données.................................................................. 187

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I.1.3. Méthodologie d’analyse et variables utilisées ................................................................... 188

I.1.4. Résultats attendus et apports de la recherche .................................................................. 189

I.2. Justification des choix méthodologiques ................................................................. 190

II. Choix de l’échantillon et des données............................................................... 192


II.1. Détermination de l’échantillon de l’étude ............................................................... 192

II.1.1. Choix de la méthode de sélection .................................................................................. 192

II.1.2. Choix de la taille de l’échantillon .................................................................................. 194

II.1.3. Constitution de l’échantillon ......................................................................................... 196

II.2. Source des données .................................................................................................... 198

Chapitre II : Evaluation de l’efficience des banques islamiques Malaisiennes et


Marocaines................................................................................................................. 203
Section 1 : Mesure des inputs et des outputs....................................................... 204
I. Evolution des inputs .............................................................................................. 204
I.1. Evolution de l’actif immobilisé ................................................................................. 204

I.2. Evolution des charges du personnel ......................................................................... 207

I.3. Evolution des dépôts .................................................................................................. 209

II. Evolution des outputs ........................................................................................ 212


II.1. Evolution des financements accordés ...................................................................... 212

II.2. Evolution des produits et commissions .................................................................... 215

III. Analyse et discussion des résultats ................................................................... 218


Section 2 : Evaluation de l’efficience technique des banques ............................ 224
I. Mesure de l’efficience technique des banques de l’échantillon ......................... 224
I.1. Mesure de l’efficience technique consolidée ............................................................ 224

I.2. Mesure de l’efficience technique par pays .............................................................. 229

II. Décomposition de l’efficience technique des banques .................................... 234


II.1. Décomposition de l’efficience technique des banques de l’échantillon ................. 234

II.2. Décomposition de l’efficience technique par pays .................................................. 238

III. Analyse et discussion des résultats ................................................................... 242


Chapitre III : Les déterminants de l’efficience des banques islamiques
Malaisiennes et Marocaines ..................................................................................... 248
Section 1 : Elaboration du modèle d’analyse ...................................................... 249

Page 343 sur 346


I. Méthodologie empirique ....................................................................................... 249
II. Détermination du modèle .................................................................................. 251
II.1. Définition des variables ............................................................................................. 251

II.1.1. Facteurs spécifiques aux banques ................................................................................. 251

II.1.2. Facteur relatif au secteur bancaire ............................................................................... 253

II.1.3. Facteurs relatifs à l’environnement macro-économique ............................................ 253

II.2. Définition des hypothèses .......................................................................................... 254

II.2.1. Variables spécifiques aux banques ............................................................................... 254

II.2.2. Variable relative au secteur bancaire ........................................................................... 255

II.2.3. Variables de l’environnement macro-économique ...................................................... 256

III. Appréciation de la qualité statistique du modèle ............................................ 256


III.1. Test de multi colinéarité........................................................................................ 257

III.2. Analyse en Composantes principales (ACP) ....................................................... 258

III.3. Tests de significativité et d’indépendance des erreurs ....................................... 259

III.4. Tests de détection de l’hétéroscédasticité ............................................................ 261

Section 2 : Présentation des résultats de l’étude ................................................. 263


I. Résultats des banques participatives marocaines ............................................... 263
I.1. Présentation des résultats ......................................................................................... 263

I.1.1. Effet de la taille ................................................................................................................... 264

I.1.2. Effet de la liquidité ............................................................................................................. 265

I.1.3. Effet du risque de crédit ..................................................................................................... 265

I.1.4. Effet de la propriété............................................................................................................ 266

I.1.5. Effet de la rentabilité .......................................................................................................... 267

I.1.6. Effet de la capitalisation ..................................................................................................... 268

I.1.7. Effet de la solvabilité .......................................................................................................... 268

I.1.8. Effet du risque du secteur bancaire .................................................................................. 269

I.1.9. Effet du PIB par Habitant ................................................................................................. 269

I.1.10. Effet de l’inflation .......................................................................................................... 270

I.2. Analyse et discussion des résultats ........................................................................... 270

II. Résultats des banques islamiques malaisiennes .............................................. 272


II.1. Présentation des résultats ......................................................................................... 272

Page 344 sur 346


II.1.1. Effet de la taille ............................................................................................................... 274

II.1.2. Effet de la liquidité ......................................................................................................... 275

II.1.3. Effet du risque de crédit ................................................................................................ 276

II.1.4. Effet du type de propriété .............................................................................................. 276

II.1.5. Effet de la rentabilité ..................................................................................................... 277

II.1.6. Effet de la capitalisation ................................................................................................ 278

II.1.7. Effet du risque du secteur bancaire .............................................................................. 278

II.1.8. Effet du PIB par habitant .............................................................................................. 279

II.1.9. Effet de l’inflation .......................................................................................................... 280

II.2. Analyse et discussion des résultats ........................................................................... 280

III. Analyse comparative et apports de la recherche ............................................ 282


Conclusion de la deuxième partie ............................................................................ 291
Conclusion générale .................................................................................................. 293
Annexes ...................................................................................................................... 300
Bibliographie ............................................................................................................. 322
Liste des tableaux ...................................................................................................... 331
Liste des figures ......................................................................................................... 333
Table des matières..................................................................................................... 334

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