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Bilan de la politique

ivoirienne en éducation :
insuffisante
Par Joseph Koné, Kaphalo Ségorbah Silwé
et Pétanhangui Arnaud Yéo

Document de Politique No. 77 d’Afrobarometer | Octobre 2021


Introduction
L’accès de tous à une éducation de qualité figure dans l’agenda des Objectifs de
Développement Durable (UNESCO, 2018). Il représente un engagement à atteindre à
l’horizon 2030 pour l’ensemble des pays du monde, notamment ceux en voie de
développement.
En Côte d’Ivoire, des efforts sont engagés dans ce sens. Depuis cette dernière décennie,
l’éducation fait partie des secteurs qui bénéficient d’un important intérêt. Selon les
estimations, le gouvernement lui consacrait en dépenses environ 6% du produit intérieur brut
en 2019 (Kandia, 2019) contre 5% en 2015, une proportion qui est nettement supérieure à la
moyenne africaine (Banque Mondiale, 2017).
Cet investissement a permis de réaliser de nombreuses réformes politiques et structurelles.
Ainsi, l’école est devenue juridiquement obligatoire pour tous les enfants de 6 à 16 ans. Des
initiatives spécifiques visant d’une part, à soutenir les enfants en difficulté d’apprentissage et
d’autre part, à réintégrer par un enseignement accéléré dans le système classique ceux qui
sont déscolarisés, ont aussi été mises sur pied (Nguini, 2020).
Outre cela, un Plan National de Développement pour la période 2016-2020 a désigné
l'éducation comme un axe prioritaire. Le programme sectoriel qui en découle couvre la
période 2016-2025. Il constitue un document d’orientation stratégique dont le but est de
mettre à la disposition du pays des ressources humaines de qualité et productives à travers
une éducation de qualité, équitable et inclusive qui est en adéquation avec les besoins du
marché de l’emploi (République de Côte d’Ivoire, 2017).
Cependant, même si ces efforts produisent des effets positifs pour les gouvernants (Kandia,
2019), certains indicateurs de performance sont encore moins réjouissants (Smeyers, 2019).
Pour preuve, Le Programme des Nations Unies pour le Développement (2020) indique que la
durée moyenne de scolarisation d’un Ivoirien âgé de 25 ans et plus n’est encore que de 5,3
ans. Il ressort par ailleurs que le taux d’alphabétisation en Côte d’Ivoire reste bas, à 43,9%,
contre 59,9% en Afrique subsaharienne et 77% au Ghana voisin (Florence, 2020).
Sur la base des enquêtes Afrobarometer, les performances enregistrées dans le secteur de
l’éducation en Côte d’Ivoire ne sont pas encore à la hauteur des espérances. En effet, l’on
note que le niveau d’instruction des citoyens adultes reste encore majoritairement peu
élevé. À cela s’ajoute le peu de satisfaction relative à la réponse du gouvernement pour
l’amélioration des services de l’éducation.

L’enquête Afrobarometer
Afrobarometer est un réseau panafricain et non-partisan de recherche par sondage qui
produit des Afrobarometer est un réseau panafricain et non-partisan de recherche par
sondage qui produit des données fiables sur les expériences et appréciations des Africains
relatives à la démocratie, à la gouvernance, et à la qualité de vie. Huit rounds d’enquêtes
ont été réalisés dans un maximum de 39 pays depuis 1999. Les enquêtes du Round 8 en
2019/2021 couvrent 34 pays. Afrobarometer réalise des entretiens face-à-face dans la
langue du répondant avec des échantillons représentatifs à l'échelle nationale.
L'équipe Afrobarometer en Côte d’Ivoire, dirigée par le Centre de Recherche et de
Formation sur le Développement Intégré (CREFDI), a interviewé 1.200 adultes ivoiriens en
novembre 2019. Un échantillon de cette taille donne des résultats avec une marge d'erreur
de +/-3 points de pourcentage à un niveau de confiance de 95%. Des enquêtes
précédentes ont été menées en Côte d’Ivoire en 2013, 2014 et 2017.

Résultats clés

▪ La très grande majorité (87%) d’Ivoiriens jouissent de la présence dans leur zone ou à
distance de marche d'une école publique ou privée.

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o Mais Abidjan (78%) et la Vallée du Bandama (67%), qui sont d’importants districts
en termes de population, sont au bas du classement en matière de disponibilité
d’écoles.

▪ Le taux de pénétration auprès des étudiants et élèves adultes d’équipements


multimédias – pouvant servir de canal d’apprentissage dans un contexte de crise
comme la pandémie de la COVID-19 – est relativement élevé.

▪ Parmi les adultes qui ont eu affaire à une école publique au cours de l’année
écoulée, 43% jugent difficile l’obtention des services dont ils avaient besoin.

▪ Huit Ivoiriens adultes sur 10 (82%) ont un niveau d’instruction minimum primaire, avec
17% qui présentent un niveau d’études post-secondaires – une amélioration de 6
points de pourcentage comparé à 2013.
o Les hommes, les citadins, les mieux nantis et les jeunes sont plus instruits que les
femmes, les ruraux, les pauvres et les plus âgés.
o Les citoyens présentant les niveaux d’instruction les plus élevés sont ceux des
districts d’Abidjan, de la Comoé et des Lagunes.

▪ La moitié (51%) des Ivoiriens se prononcent insatisfaits de la performance du


gouvernement en éducation, une hausse de 17 points depuis 2017.

▪ Les facteurs significatifs dans la perception de la performance du gouvernement en


matière d’éducation incluent la disponibilité d’écoles et la facilite d’obtenir des
services d’écoles. Étonnement, les citoyens qui vivent à proximité d’écoles sont moins
susceptibles d’apprécier les efforts du gouvernement.

Disponibilité des écoles et accessibilité des Ivoiriens à l’éducation


Un système éducatif accessible est un système qui offre aux citoyens la possibilité de se
former. Cela peut directement s’observer à travers la disponibilité des infrastructures
éducatives qui jouent sur l’amélioration du niveau d’instruction. À ce niveau particulier, les
résultats montrent qu’en 2019, la très grande partie d’Ivoiriens (87%) jouissent de la présence
dans leur zone ou à distance de marche d'une école publique ou privée (Figure 1).

Figure 1 : Disponibilité d’écoles publiques ou privées | Côte d’Ivoire | 2013-2019

100% 95%
89% 87%
77%
80%

60%

40%

20%

0%
2013 2014 2017 2019

Question posée aux agents de collecte de données : Les infrastructures suivantes sont-elles disponibles
dans cette unité d’échantillonnage/zone de dénombrement ou à distance de marche de celle-ci :
Une école publique ou privée ?

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À regarder les tendances par district, on constate que les districts présentent en majorité des
niveaux élevés de disponibilité d’écoles, y compris de 100% des zones enquêtées dans les
districts des Lagunes, du Goh-Djiboua, du Denguélé et de la Comoé (Figure 2).
Un fait singulier est la présence dans le bas du classement des districts de la Vallée du
Bandama (67%) et d’Abidjan (78%), qui sont assez peuplés. Cela suscite une interrogation
concernant l’orientation des politiques nationales de couverture scolaire.

Figure 2 : Disponibilité d’écoles | par district | Côte d’Ivoire | 2019

Lagunes 100%

Goh-Djiboua 100%

Denguélé 100%

Comoé 100%

Lacs 94%

Sassandra-Marahoué 92%

Montagnes 92%

Bas Sassandra 91%

Zanzan 88%

Moyenne 87%

Woroba 84%

Savanes 82%

Abidjan 78%

Vallée du Bandama 67%

0% 50% 100%

Question posée aux agents de collecte de données : Les infrastructures suivantes sont-elles disponibles
dans cette unité d’échantillonnage/zone de dénombrement ou à distance de marche de celle-ci :
Une école publique ou privée ? (% « oui »)
NB: Conformément à leur proportion de la population totale de la Côte d’Ivoire, les échantillons de
petites dimensions dans les districts faiblement peuplés produisent des résultats dont les marges d'erreur
sont importantes.

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Les données de 34 pays africains enquêtés en 2019/2021 en matière de disponibilité d’écoles
permettent de classer la Côte d’Ivoire au-dessus de la moyenne (84%) mais bien derrière le
Maroc (97%), le Cameroun (97%) le Kenya (95%), le Ghana (94%) et l’Ouganda (94%) (Figure
3).

Figure 3 : Disponibilité d’écoles publiques ou privées | 34 pays | 2019/2021

Maroc 97%
Cameroun 97%
Kenya 95%
Ghana 94%
Ouganda 94%
Niger 93%
Sénégal 92%
Mali 91%
Guinée 91%
Bénin 91%
Afrique du Sud 89%
Nigéria 89%
Côte d'Ivoire 87%
Malawi 87%
Botswana 87%
Tunisie 85%
Burkina Faso 85%
Moyenne 84%
Mozambique 84%
Maurice 84%
Eswatini 82%
Togo 81%
Tanzanie 80%
Zimbabwe 80%
Gabon 80%
Libéria 80%
Sierra Leone 78%
Cabo Verde 78%
Ethiopie 77%
Soudan 77%
Lesotho 74%
Gambie 73%
Zambie 73%
Namibie 72%
Angola 69%
0% 20% 40% 60% 80% 100%

Question posée aux agents de collecte de données : Les infrastructures suivantes sont-elles disponibles
dans cette unité d’échantillonnage/zone de dénombrement ou à distance de marche de celle-ci :
Une école publique ou privée ? (% « oui »)

Moins de la moitié (46%) des Ivoiriens affirment avoir eu affaire à une école publique au
cours de l’année précédant l’enquête. Bien que cette proportion représente une
augmentation par rapport à 2017 (28%) et 2014 (26%), elle suggère néanmoins un besoin
d’encouragement des citoyens à plus de suivi du travail de leurs enfants.
Un quart (26%) seulement ont eu affaire avec une école publique et jugent celle-ci « facile »
ou « très facile » d’accès, un taux en augmentation de 7 points depuis 2017 (Figure 4). Ces

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tendances confirment en général une nécessité criante d’amélioration de l’accès aux
services des établissements scolaires.

Figure 4 : Suivi scolaire et accès aux écoles publiques | Côte d’Ivoire | 2014-2019

100%

80% 72%
Pas eu affaire avec une
64%
école publique
60% 54%
Facile/Très facile
d'obtenir les services
40%
25% 26%
19% Difficile/Très difficile
20% d'obtenir les services
20%
0% 11% 9%
2014 2017 2019

Questions posées aux répondants : Au cours des 12 derniers mois, avez-vous eu affaire à une école
publique ? [Si oui :] Était-ce facile ou difficile d’obtenir les services dont vous aviez besoin auprès des
enseignants ou des dirigeants d’école ?

Concernant la facilité à obtenir les services nécessaires auprès des enseignants et dirigeants
d’école, parmi ceux qui ont eu affaire à une école publique, les hommes (45%) et les ruraux
(46%) estiment légèrement plus que c’est « difficile » ou « très difficile » (Figure 5).

Figure 5 : Accessibilité des écoles publiques | par groupe socio-démographique


| Côte d’Ivoire | 2019

Moyenne 43% 57%

Femmes 42% 58%

Hommes 45% 55%

Rural 46% 54%

Urbain 41% 59%

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Difficile/Très difficile Facile/Très facile

Question posée aux répondants : Au cours des 12 derniers mois, avez-vous eu affaire à une école
publique ? [Si oui :] Était-ce facile ou difficile d’obtenir les services dont vous aviez besoin auprès des
enseignants ou des dirigeants d’école ? (Seules les réponses de ceux qui ont eu affaire à une école
publique au cours des 12 derniers mois ont été prises en compte.)

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En termes de difficulté d’accès aux services pour ceux qui ont eu affaire à une école
publique, la Côte d’Ivoire occupe un rang peu flatteur : Elle est sixième (43%) sur 34 pays
africains derrière le Libéria (57%), le Gabon (52%), l’Angola (49%), le Soudan (47%) et le
Malawi (46%) (Figure 6).

Figure 6 : Accès difficile aux services d’écoles publiques | 34 pays | 2019/2021

100%

80%

57
60%
52
49 47
46
43 42
40 39 39
37
40% 35 35 34 34
32 32 31
29 28 28 27
27 26
24 24 23 22
21
17 17 16
20% 12 12
8

0%
Niger

Ethiopie

Bénin
Angola

Zambie
Zimbabwe

Sénégal
Libéria

Soudan

Mozambique

Lesotho
Gabon

Eswatini

Moyenne

Namibie

Sierra Leone
Côte d'Ivoire

Burkina Faso

Kenya

Tunisie

Mali

Maroc
Maurice
Malawi

Guinée

Gambie

Nigéria

Botswana
Togo

Tanzanie
Ghana

Cabo Verde
Cameroun

Ouganda

Afrique du Sud

Question posée aux répondants : Au cours des 12 derniers mois, avez-vous eu affaire à une école
publique ? [Si oui :] Était-ce facile ou difficile d’obtenir les services dont vous aviez besoin auprès des
enseignants ou des dirigeants d’école ? (% qui disent “difficile” ou “très difficile”) (Seules les réponses de
ceux qui ont eu affaire à une école publique au cours des 12 derniers mois ont été prises en compte.)

Possession d’équipements multimédias


Dans un contexte de crise marquée par la COVID-19, les programmes scolaires ivoiriens ont
été fortement impactés. Afin de limiter l’expansion de cette pandémie dans le pays, le
gouvernement en mai 2020 a instauré l’application obligatoire de mesures barrières dont la
fermeture des écoles. Pendant cette période, pour pérenniser les acquis des élèves et de
l’année scolaire entamée, des programmes pédagogiques et d’enseignement à distance
ont été lancés à travers des moyens comme la radio, la télé et les médias sociaux ou autres
plateformes Internet. L’enseignement à distance ne semble par contre pas avoir été
maintenu pour l’année scolaire 2020-2021 dans le cas de l’enseignement primaire et
secondaire.
On pourrait se demander l’effet de cette stratégie sur la population. À observer les résultats
d’enquête, le taux de pénétration des équipements multimédias est relativement élevé chez
les étudiants et élèves adultes. En effet, 75% d’entre eux possèdent un portable avec accès
Internet, et 85% disposent personnellement ou dans leur ménage d’une télévision, 73% d’une
radio et 52% d’un ordinateur (Figure 7). Ces tendances indiquent que les canaux
multimédias peuvent être considérés comme un atout notoire pour l’instauration d’un
système d’enseignement à distance reposant sur leur utilisation.
Les statistiques cumulés de « possession personnelle » et de « possession par quelqu’un du
ménage » de ces équipements médias montrent que les étudiants et élèves adultes sont plus
équipés et connectés que l’Ivoirien moyen. L’on pourrait supposer que le taux de

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pénétration de ces équipements est porté au moins en partie par cette frange de la
population.

Figure 7 : Taux de pénétration d’équipements multimédias | Côte d’Ivoire | 2019


Portable avec

Etudiants/élèves adultes 75% 25%


Internet

Population générale 50% 44%

Etudiants/élèves adultes 39% 34% 28%


Radio

Population générale 54% 18% 28%

Etudiants/élèves adultes 38% 47% 15%


Télévision

Population générale 54% 19% 27%

Etudiants/élèves adultes 30% 22% 48%


Ordinateur

Population générale 17% 8% 75%

0% 20% 40% 60% 80% 100%

En possède personnellement
Quelqu’un d’autre dans le ménage en possède
Personne dans le ménage en possède

Questions posées aux répondants : Lesquels de ces biens possédez-vous personnellement ? [Si non :]
Un autre membre de votre ménage en possède-t-il ? (Seules les réponses des élèves et étudiants sont
prises en compte.)

Appréciation quantitative : État du niveau d’instruction


Depuis une décennie, le gouvernement a élaboré de nombreuses réformes dans le but
d’améliorer la scolarisation des Ivoiriens (Kandia, 2019).
À la lumière des données Afrobarometer, le niveau d’instruction des citoyens adultes en 2019
est de huit Ivoiriens sur 10 (82%). Les individus de niveau secondaire (38%) et primaire (27%)
dominent. La proportion d’Ivoiriens présentant un niveau d’étude post-secondaire (17%) est
supérieure, de 6 points, à celle mesurée en 2013 (11%) (Figure 8). Ceci témoigne sur un plan
purement quantitatif d’une augmentation de la classe généralement considérée comme la
plus intellectuelle.
Cependant, si l’on note les niveaux d’instruction sur une échelle allant de 0 à 3 (0=pas
d’instruction formelle, 1=primaire, 2=secondaire, 3=post-secondaire), on remarque que le
niveau moyen se retrouve dans la catégorie primaire. Il est marqué par plusieurs variations

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entre 1.35 et 1.64 (Figure 9), mais ces tendances ne permettent pas malheureusement à
l’heure actuelle de constater une évolution efficiente du niveau moyen d’instruction des
Ivoiriens. Au-dessus on trouve les deux pays (le Gabon et l’Afrique du Sud) ayant les niveaux
d’instruction les plus élevés sur les 34 pays enquêtés, et en dessous le Niger, qui a le plus bas.

Figure 8 : Niveau d’instruction | Côte d’Ivoire | 2013-2019


100%
11% 16% 13% 17%

80% Post-
32% secondaire
41%
45% 38%
60% Secondaire

Primaire
40% 32%
27%
27%
26% Pas
20% d'instruction
21% 23% formelle
13% 18%
0%
2013 2014 2017 2019
Question posée aux répondants : Quel est votre plus haut niveau d’instruction ?

Figure 9 : Niveau d’instruction moyen | Côte d’Ivoire, Afrique du Sud, Gabon et


Niger | 2011-2021
3.00

Moyenne
2.50
2.18 2.22 Gabon
2.13

2.00 Moyenne
2.06 2.07 Afrique du
1.99
1.85 Sud
1.50 1.64
1.54 Moyenne
1.41 1.35 Côte d'Ivoire
1.00
Moyenne
Niger
0.50
0.50 0.44 0.48 0.49
0.00
2011/2013 2014/2015 2016/2018 2019/2021
La figure montre le niveau d’instruction moyen des répondants, classé selon une échelle de 0=pas
d’instruction formelle, 1=primaire, 2=secondaire, 3=post-secondaire.

Le niveau d’instruction moyen par groupe socio-démographique montre de graves


disparités (Figure 10). Il revient que les hommes (1,68) et les citadins (1,82) sont plus instruits
que les femmes (1,41) et les ruraux (1,22). Aussi, les individus jouissant d’un statut économique
élevé ont un niveau d’étude supérieur à celui des individus économiquement faibles.

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On comprend aisément que les jeunes (1,67) aient un niveau d’instruction supérieur à celui
des plus âgés (1,34-1,40) car ils sont plus nombreux à faire de longues études,
comparativement à l’époque de leurs parents et grands-parents.

Figure 10 : Niveau d’instruction moyen | par groupe socio-démographique | Côte


d’Ivoire | 2019

Moyenne 1.54

Pauvreté vécue élevée 1.39


Pauvreté vécue modérée 1.52
Faible pauvreté vécue 1.67
Pas de pauvreté vécue 1.86

18-35 ans 1.67


36-55 ans 1.40
56 ans et + 1.34

Femmes 1.41
Hommes 1.68

Rural 1.22
Urbain 1.82
0.00 1.00 2.00 3.00

La figure montre le niveau d’instruction moyen des répondants, classé selon une échelle de 0=pas
d’instruction formelle, 1=primaire, 2=secondaire, 3=post-secondaire.

Le niveau d’instruction moyen montre aussi de fortes disparités selon le district. Par exemple,
les citoyens présentant les niveaux d’instruction les plus élevés du pays sont ceux des districts
d’Abidjan (1,96), de la Comoé (1,78), des Lagunes (1,77) et du Bas-Sassandra (1,64) alors que
ceux du Zanzan (1,21), du Sassandra-Marahoué (1,00) et du Woroba (0,87) ont les plus faibles
niveaux (Figure 11).

Figure 11 : Niveau d’instruction moyen | par district | Côte d’Ivoire | 2019

Abidjan 1.96
Comoé 1.78
Lagunes 1.77
Bas Sassandra 1.64

Moyenne 1.54

Lacs 1.51
Denguélé 1.46
Goh-Djiboua 1.44
Montagnes 1.41
Vallée du Bandama 1.35
Savanes 1.33
Zanzan 1.21
Sassandra-Marahoué 1.00
Woroba 0.87
0.00 1.00 2.00 3.00
La figure montre le niveau d’instruction moyen des répondants, classé selon une échelle de 0=pas
d’instruction formelle, 1=primaire, 2=secondaire, 3=post-secondaire.

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Considérant le niveau d’instruction dans les 34 pays africains sur-mentionnés, la Côte d’Ivoire
se place 18ème, bien derrière le Gabon (2,22), l’Afrique du Sud (2.07), le Cameroun (2.01) et
le Soudan (2.00) mais bien devant le Niger (0.49), le Burkina Faso (0.72), le Mali (0,80),
l’Ethiopie (0.84) et la Guinée (0.97) (Figure 12). Ces données montrent ainsi qu’il y’a des
efforts à consentir et des défis à relever pour améliorer le niveau d’instruction des Ivoiriens.

Figure 12 : Niveau d’instruction moyen | 34 pays | 2019/2021

Gabon 2.22
Afrique du Sud 2.07
Cameroun 2.01
Soudan 2.00
Maurice 1.98
Namibie 1.89
Zimbabwe 1.88
Eswatini 1.84
Botswana 1.84
Kenya 1.80
Nigéria 1.75
Zambie 1.73
Libéria 1.69
Tunisie 1.68
Togo 1.64
Cabo Verde 1.61
Ghana 1.56
Côte d'Ivoire 1.54
Maroc 1.54
Moyenne 1.49
Lesotho 1.46
Ouganda 1.45
Angola 1.34
Sierra Leone 1.29
Malawi 1.24
Gambie 1.20
Mozambique 1.19
Tanzanie 1.18
Bénin 1.16
Sénégal 1.08
Guinée 0.97
Ethiopie 0.85
Mali 0.80
Burkina Faso 0.72
Niger 0.49
0.00 0.50 1.00 1.50 2.00 2.50 3.00
La figure montre le niveau d’instruction moyen des répondants, classé selon une échelle de 0=pas
d’instruction formelle, 1=primaire, 2=secondaire, 3=post-secondaire.

Appréciation qualitative: Satisfaction des besoins en éducation


Au cours de cette dernière décennie, le gouvernement de la Côte d’Ivoire estime avoir
contribué à l’amélioration qualitative du système éducatif ivoirien (Kandia, 2019). Cette
assurance donnée qui part de ses efforts d’investissement dans ce secteur n’est cependant
pas perçue par la majorité des citoyens.

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En effet, la proportion d’Ivoiriens qui perçoivent favorablement la performance du
gouvernement dans la satisfaction des besoins en éducation est en chute libre entre 2017
(64%) et 2019 (49%), soit 15 points de pourcentage en moins (Figure 13).

Figure 13 : Satisfaction par le gouvernement des besoins en éducation | Côte


d’Ivoire | 2013-2019

100%

80%
63% 64%
60% 53% Plutôt bien/
51%
Très bien
49%
40% Plutôt mal/
43%
36% Très mal
34%
20%

0%
2013 2014 2017 2019

Question posée aux répondants : Qualifiez la manière, bonne ou mauvaise, dont le gouvernement
actuel répond aux préoccupations suivantes, ou n’en avez-vous pas suffisamment entendu parler
pour vous prononcer : Satisfaction des besoins en éducation ?

Les ruraux (46%), les jeunes (47%) et les pauvres (37%) sont les moins satisfaits de la réponse du
gouvernement aux besoins en éducation (Figure 14).

Figure 14 : Satisfaction par le gouvernement des besoins en éducation | par groupe


socio-démographique | Côte d’Ivoire | 2019

Moyenne 49% 51%

Pauvreté vécue élevée 37% 63%


Pauvreté vécue modérée 46% 54%
Faible pauvreté vécue 58% 42%
Pas de pauvreté vécue 74% 26%

56 ans et + 51% 49%


36-55 ans 50% 50%
18-35 ans 47% 52%

Femmes 48% 52%


Hommes 49% 51%

Rural 46% 54%


Urbain 51% 49%
0% 20% 40% 60% 80% 100%

Plutôt bien/Très bien Plutôt mal/Très mal

Question posée aux répondants : Qualifiez la manière, bonne ou mauvaise, dont le gouvernement
actuel répond aux préoccupations suivantes, ou n’en avez-vous pas suffisamment entendu parler pour
vous prononcer : Satisfaction des besoins en éducation ?

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En termes de satisfaction de la performance en éducation, la Côte d’Ivoire est classée à la
15ème place sur 34 pays (Figure 15). Le Mali (13% « plutôt bien » ou « très bien »), le Soudan
(14%), le Gabon (18%) et le Lesotho (20%) sont les pays qui présentent les pires appréciations
de l’action gouvernementale en matière d’éducation.

Figure 15 : Satisfaction par le gouvernement des besoins en éducation | 34 pays


| 2019/2021

100%
81
80% 75 74 74
72
65 64 63 62
58 57 56
60% 49 49 49 48 47
46 45 45 45 44

40% 34 34 33
30 29 29 28 27
25
20 19
20% 14 13

0%
Niger
Ethiopie

Zambie
Bénin

Moyenne

Sénégal

Zimbabwe
Kenya
Sierra Leone

Eswatini

Namibie

Libéria

Lesotho
Angola

Tunisie

Gabon
Soudan
Mali
Mozambique

Maurice
Burkina Faso

Côte d'Ivoire
Botswana

Togo

Malawi

Guinée
Nigéria
Gambie
Maroc
Ghana

Cabo Verde
Tanzanie

Ouganda

Cameroun
Afrique du Sud

Question posée aux répondants : Qualifiez la manière, bonne ou mauvaise, dont le gouvernement
actuel répond aux préoccupations suivantes, ou n’en avez-vous pas suffisamment entendu parler pour
vous prononcer : Satisfaction des besoins en éducation ? (% de ceux qui répondent « plutôt bien » ou
« très bien »)

Facteurs de la perception de l’action gouvernementale en matière


d’éducation
Une régression logistique nous permet de cerner certains facteurs généraux qui influencent
la perception de la performance du gouvernement à répondre aux besoins en éducation.
Les facteurs que nous examinons sont le milieu de résidence, le niveau d’instruction, la
pauvreté vécue, la disponibilité d’écoles, l’accès aux services nécessaires dans les écoles
publiques, le sexe et l’âge.
Considérant les résultats attendus en fonction de chaque variable, nous pensons que
l’appréciation de la performance du gouvernement dans la satisfaction des besoins en
éducation sera bonne quand la disponibilité des écoles à proximité de la population est
élevée et l’accès aux services des écoles publiques est jugé satisfaisant. Idéalement,
l’appréciation positive ne devrait pas être fonction du milieu de résidence, du niveau de
pauvreté vécue et du sexe, même si on peut considérer que les plus instruits et les plus âgés
seront plus à même de percevoir la justesse des choix opérés par le gouvernement dans le
système éducatif.
Comme présenté dans le Tableau 1, les variables significatives dans la perception de la
performance du gouvernement en matière d’éducation sont, par ordre d’importance, la
disponibilité d’écoles et la facilité d’obtenir les services nécessaires auprès des enseignants
ou des dirigeants d’école. Puis viennent le milieu de résidence, le niveau économique et le
niveau d’instruction des citoyens.
Tout en contrôlant les autres variables, et contre toute attente, les citoyens qui vivent à
proximité d’écoles publiques ou privées sont 2,216 fois (1/0,451) moins susceptibles
d’apprécier la performance du gouvernement en matière d’éducation. L’on peut émettre

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comme hypothèse que plus les citoyens font l’expérience ou ont affaire avec des écoles
moins ils sont satisfaits. Dans le même ordre d’idée, les citoyens les plus instruits sont 1,355 fois
moins susceptibles d’apprécier la performance du gouvernement en matière d’éducation.
Mais comme on pouvait s’y attendre, les Ivoiriens qui ont une facilité à obtenir les services
nécessaires auprès des enseignants ou des dirigeants d’école publique sont 1,719 fois plus
susceptibles d’apprécier la performance du gouvernement en matière d’éducation.
L’on retient également que les citadins et les Ivoiriens aisés sont 1,659 fois et 1,572 fois plus
susceptibles, respectivement, d’apprécier la performance du gouvernement.
Il est à noter que l’âge et le sexe des citoyens ne sont pas statistiquement significatifs dans la
régression comme facteurs déterminants.

Tableau 1: Facteurs de la perception de l’action gouvernementale en matière


d’éducation | régression logistique | Côte d’Ivoire | 2019

Odds
95% CI p
ratio*

Milieu de résidence [urbain] 1,659 1,127 - 2,441 0,01

Niveau d’instruction 0,738 0,601 - 0,906 0,004

Indice de Pauvreté Vécue 0,636 0,510 - 0,793 0

Difficulté à obtenir les services nécessaires auprès des 0,582 0,469 - 0,722 0
enseignants ou des dirigeants d’école publique

Existence d’une école publique ou privée dans la zone 0,451 0,271 - 0,751 0,002
d’enquête ou à distance de marche de celle-ci

Sexe [homme] 1,141 0,478

Âge 1,000 0,974

*La catégorie de référence est la performance « plutôt mal » ou « très mal » du gouvernement en
matière de l’éducation ; p=0.000

Conclusion
Un système d’éducation n’est performant que lorsqu’il permet de développer des ressources
humaines capables d’amorcer un développement social et économique dans un pays
(UNESCO, 2018). Pour y arriver, les décideurs doivent ainsi user de politiques constantes et
ambitieuses pour améliorer qualitativement le niveau d’instruction de leurs concitoyens.
En Côte d’Ivoire, les données Afrobarometer montrent que la partie des citoyens se disant
insatisfaits de la performance gouvernementale en matière d’éducation est en hausse. En
effet, si le taux de scolarisation reste bon dans l’ensemble, le niveau d’instruction moyen des
Ivoiriens est encore peu élevé.
Ces données exposent dès lors la nécessité pour le gouvernement ivoirien de recadrer sa
stratégie afin d’aboutir aux résultats escomptés par le programme du secteur de l’éducation
qui couvre la période 2016-2025.

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Références
Banque Mondiale. (2017). Situation économique en Côte d’Ivoire : Le défi des compétences –
pourquoi la Côte d'Ivoire doit réformer son système éducatif ?
Florence, R. (2020). Côte d’Ivoire : Une éducation à refaire. Jeune Afrique. 7 septembre.
Kandia, C. (2019). Des acquis majeurs dans le secteur éducation. Portail Officiel du Gouvernement de
Côte d’Ivoire.
Nguini, S. (2020). Rapport mondial de suivi sur l’éducation : Implications pour l’éducation inclusive
en Côte d’Ivoire. Transformer l’Education dans les Communautés de Cacao.
Programme des Nations Unies pour le Développement. (2020). Global human development
indicators.
République de Côte d’Ivoire. (2017). Plan sectoriel éducation/formation 2016-2025.
Smeyers, M. (2019). Etude sectorielle : L’éducation en Côte d’Ivoire. Comoé Capital.
UNESCO. (2018). Guide rapide des indicateurs de l’éducation pour l’ODD4.

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Annexe

Tableau A.1 : Dates des travaux de terrain du Round 8 d’Afrobarometer et des


rounds précédents | 34 pays | 2019/2021

Pays Travaux de terrain du Round 8 Rounds d’enquêtes précédents


Afrique du Sud Mai-juin 2021 2000, 2002, 2006, 2008, 2011, 2015, 2018
Angola Nov.-déc. 2019 N/A
Bénin Nov.-déc. 2020 2005, 2008, 2011, 2014, 2017
Botswana Juillet-août 2019 1999, 2003, 2005, 2008, 2012, 2014, 2017
Burkina Faso Déc. 2019 2008, 2012, 2015, 2017
Cabo Verde Déc. 2019 2002, 2005, 2008, 2011, 2014, 2017
Cameroun Fév.-mars 2021 2013, 2015, 2018
Côte d'Ivoire Nov. 2019 2013, 2014, 2017
Eswatini Mars-avril 2021 2013, 2015, 2018
Ethiopie Déc. 2019-jan. 2020 2013
Gabon Fév. 2020 2015, 2017
Gambie Fév. 2021 2018
Ghana Sept.-oct. 2019 1999, 2002, 2005, 2008, 2012, 2014, 2017
Guinée Nov.-déc. 2019 2013, 2015, 2017
Kenya Août-sept. 2019 2003, 2005, 2008, 2011, 2014, 2016
Libéria Oct.-déc. 2020 2008, 2012, 2015, 2018
Lesotho Fév.-mars 2020 2000, 2003, 2005, 2008, 2012, 2014, 2017
Malawi Nov.-déc. 2019 1999, 2003, 2005, 2008, 2012, 2014, 2017
Mali Mars-avril 2020 2001, 2002, 2005, 2008, 2013, 2014, 2017
Maroc Fév. 2021 2013, 2015, 2018
Maurice Nov. 2020 2012, 2014, 2017
Mozambique Mai-juillet 2021 2002, 2005, 2008, 2012, 2015, 2018
Namibie Août 2019 1999, 2003, 2006, 2008, 2012, 2014, 2017
Niger Oct.-nov. 2020 2013, 2015, 2018
Nigéria Jan.-fév. 2020 2000, 2003, 2005, 2008, 2013, 2015, 2017
Ouganda Sept.-oct. 2019 2000, 2002, 2005, 2008, 2012, 2015, 2017
Sénégal Déc. 2020-janvier 2021 2002, 2005, 2008, 2013, 2014, 2017
Sierra Leone Mars 2020 2012, 2015, 2018
Soudan Fév.-avril 2021 2013, 2015, 2018
Tanzanie Fév.-mars 2021 2001, 2003, 2005, 2008, 2012, 2014, 2017
Togo Déc. 2020-janvier 2021 2012, 2014, 2017
Tunisie Fév.-mars 2020 2013, 2015, 2018
Zambie Nov.-déc. 2020 1999, 2003, 2005, 2009, 2013, 2014, 2017
Zimbabwe Avril-mai 2021 1999, 2004, 2005, 2009, 2012, 2014, 2017

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Joseph Koné est chargé des finances et associé de recherche au Centre de Recherche et
de Formation sur le Développement Intégré (CREFDI), le partenaire national
d’Afrobarometer en Côte d’Ivoire.
Kaphalo Ségorbah Silwé est directeur exécutif du CREFDI.
Pétanhangui Arnaud Yéo est doctorant à l’Université Félix Houphouet-Boigny et associé de
recherche au CREFDI.
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Document de Politique d’Afrobarometer No. 77 | Octobre 2021

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