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LA THÉORIE DE LA

TRADUCTION

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Table des matières
Introduction 3

1. Qu’est-ce que la traduction 3


2. Les notions de base 9
3. Unités, plans et techniques 12
A. Les unités de traduction 12
B. Les plans de la stylistique externe 15
C. Les procédés techniques de la traduction 16

Lexique 19

1. Le plan du réel et le plan de l’entendement 19


2. Les valeurs sémantiques 21
3. Les aspects lexicaux 24
A. Les aspects intellectuels 24
B. Les aspects affectifs 27
4. Lexique et mémoire 28

Agencement 30

1. La transposition 31
2. La stylistique comparée des espèces 33
A. La prédominance du substantif en français 33
B. Le verbe et le film de l’action 35
C. L’étoffement 37
D. Les marques 39
3. La stylistique comparée des catégories 40
A. Le genre 40
B. Le nombre 42
C. La caractérisation 44
D. La notion et l’expression du temps 46
E. La voix 48
F. La modalité 50
G. L’aspect verbale 54
4. Les questions annexes 57
A. La syntagmatique 57
B. L’ellipse 59

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Introduction
1. Qu’est-ce que la traduction ?
La traduction c’est, faire passer un message d’un texte de départ, écrit dans une
langue, en le transférant dans une autre langue. Le message que veut transmettre le texte de
départ n’est pas toujours compréhensible ou accessible à tout le monde à cause des barrières
langagières. Ainsi, c’est au traducteur de transférer ce texte dans une autre langue pour que
plus de gens puissent le lire et comprendre.

Différentes définitions de la traduction par les auteurs

 Une pesée de mots – Valérie Larbaud


 Un portrait – Chateaubriand
 Un miroir – Goethe
 Un écho – Georges Bernanos
 Une faible estampe d’un beau tableau – Voltaire
 Un verre parfaitement transparent – Gogol
 Une femme belle mais infidèle – Pierre d’Ablancourt
 Un duel à mort – Van Schlegel
 Un meurtre – George Sand
 Une régénération – Goethe

La traduction – une profession ? un art ? un service ?

C’est une profession parce que c’est un travail qui requiert une formation spécifique et
la maîtrise du domaine concerné.

C’est un art parce que c’est l’expression des idées et des sentiments sous forme de
sculpture, peinture, écriture, etc.

C’est un service parce qu’on offre ce travail aux autres pour un remboursement.

Donc, on peut dire que la traduction est une combinaison de tous les trois. Tout
simplement, c’est la transmission d’un message, la conversion des signes linguistiques de la

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langue de départ à la langue d’arrivée. En fait, c’est une discipline exacte, possédant ces
techniques et ces problèmes particuliers.

Définition de la traduction

Claude Tatilon, dans son ouvrage « Traduire : pour une pédagogie de la traduction »
définit la traduction : « Traduire, (…) c’est avant tout se mettre au service de ses futurs lecteurs
et fabriquer à leur intention un équivalent du texte de départ : soit, d’abord un texte qui livre
avec le moins distorsion possible, toute l’information contenue dans celui d’origine. Mais
traduire, c’est aussi produire un texte duquel il convient d’exiger trois autres qualités : qu’il
soit rendu naturellement en langue d’arrivée, qu’il soit intégré parfaitement à la culture
d’arrivée et qu’il parvienne, par une adroite manipulation de l‘écriture, à donner l’idée la plus
juste de l’originalité et des interventions stylistiques de l’auteur traduit. »

 La traduction intralinguistique

La traduction intralinguistique ou la reformulation, c’est l’interprétation des signes verbaux


en se servant d’autres signes de la même langue.

 La traduction inter-linguistique

La traduction inter-linguistique ou la traduction propre, c’est l’interprétation des signes


verbaux d’une langue en se servant des signes verbaux d’une autre langue.

 La traduction intersémiotique

La traduction intersémiotique ou la transmutation, c’est l’interprétation des signes verbaux


en se servant du système de signes non-verbaux.

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Les différents types de la traduction

On peut distinguer trois types de la traduction :

 La traduction scolaire
 La traduction professionnelle
 La traduction de la recherche linguistique

Critère Traduction scolaire Traduction professionnelle


Finalités Elle ne peut être qu'un simple Une fin en soi, puisque son but
moyen pour apprendre la langue est de transmettre un message à
et pour comprendre le processus des lecteurs qui ne pourraient
de la traduction. sinon pas le comprendre.
Situation de On traduit pour le professeur et On traduit pour un client
communication pour soi-même. Il est donc spécifique et il faut donc
possible de traduire un texte connaître tous les paramètres
fabriqué, neutralisé et sans autours du texte avant de
contexte. commencer à traduire.

Nature du texte à Le texte pourrait être une phrase On traduit un document complet
traduire de tout genre. On peut traduire un pour un public spécifique dans
seul mot, une phrase, une histoire un contexte spécifique.
ou un article de tout genre.
Sens de la On fait la traduction en deux sens On fait la traduction en un sens.
traduction

 Traduction de la recherche linguistique

Le troisième rôle de la traduction c’est la comparaison des deux langues, ce qui permet de
bien ressentir le caractère et le comportement de chacune. Ici, ce qui compte, ce n’est pas le
sens de l’énoncé (la phrase), mais la façon dont procède une langue pour rendre ce sens.

Il semble donc que la traduction n’est ni pour comprendre, ni pour faire comprendre mais
pour observer le fonctionnement d’une langue par rapport à une autre, soit un procédé

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d’investigation. Elle permet d’éclaircir certains phénomènes qui, sans elle, resteraient ignorés.
À ce type, elle est une discipline auxiliaire de la linguistique.

Énoncer une traduction

Anglais Français
Keep to the right Priorité à gauche
No overtaking Défense de doubler
Slow, men at work Ralentir, travaux
Expressway ends Fin d’autoroute
Give way Cédez le passage

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Les qualités d’un bon traducteur

 Une très bonne connaissance des deux langues


 Une compétence linguistique
 Être un bon rédacteur
 Une bonne compréhension de la langue source
 Une compétence dans le domaine d'informatique
 Une envie, un désir de s'améliorer tout le temps
 Savoir lire en détails
 Être perfectionniste

Les outils du traducteur

L’apprentissage de la traduction exige la consultation fréquente des sources documentaires


portant sur les sujets divers. Dans la bibliothèque de base du traducteur, de textes pragmatiques
doivent se composer des ouvrages suivants :

 Un dictionnaire unilingue français


 Un dictionnaire unilingue anglais
 Un dictionnaire bilingue
 Un thesaurus
 Une grammaire française
 Un dictionnaire de conjugaisons des verbes
 Le dictionnaire des anglicismes
 Le guide du rédacteur : ponctuations, abréviations
 Les grands dictionnaires encyclopédiques
 Les grandes encyclopédies générales
 Les grandes encyclopédies techniques
 D'autres genres de documents :
o Manuels, codes
o Termes spécialisés, catalogues
o Normes, fiches techniques, recueils de lois
o Publications des services linguistiques, revues de traductions

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o Atlas et cartes géographiques

Les limites des dictionnaires bilingues

Le dictionnaire est au traducteur ce que l’automobile est à la plupart d’entre nous : « un


outil indispensable mais dont l’emploi n’est pas sans danger ».

Voici quelques lacunes des dictionnaires bilingues

 Les dictionnaires vieillissent rapidement


 Les meilleurs dictionnaires généraux de traduction ne sont pas exempts d'erreur
 Les dictionnaires bilingues généraux ainsi qu'un bon nombre de dictionnaires
spécialisés ne présentent pas les nuances de sens qui distinguent les termes d'une série
synonymique
 Ils sont rarement exhaustifs
 Il arrive souvent que les dictionnaires bilingues donnent des descriptions mais pas une
désignation pertinente
 Ils ne peuvent pas recenser tous les emplois virtuellement possibles d'un même mot

En somme, contrairement à l’opinion répandue, la traduction ne reste pas sur l’art de ce


service de dictionnaire. S’il est important d’apprendre à bien les connaître et à les consulter à
bon escient, il est tout aussi important de savoir quand il faut en passer. Un dictionnaire bilingue
tente à donner l’illusion que l’équivalence recherchée se trouve uniquement parmi les solutions
qu’il propose.

Il incite à une sorte de paresse intellectuelle et il est erroné de croire qu’en traduction, le
dictionnaire a toujours le dernier mot !

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2. Les notions de base

1. La langue de départ (LD) est la langue source ou la langue d’origine, alors que la
langue d’arrivée (LA) est la langue cible, la langue vers laquelle on traduit le texte.
2. Pour faciliter le passage d’une langue à l’autre, il faut étudier trois aspects de la
langue : le lexique (le vocabulaire), l’agencement (la structure, la phrase), le
message (le sens à communiquer).

3. Un énoncé se compose de signes. Les signes relèvent du vocabulaire, de la


grammaire, de l'intonation. Ils donnent à l'énoncé un sens global qui est « le
message » et qui est la raison d'être de l'énoncé.

4. La signification est le sens d’un signe dans un contexte donné. Citation par F.D.
Saussure « La signe est l’union indissoluble d’un concept et sa forme linguistique,
écrite ou parlée ». La partie conceptuelle s’appelle le signifié et la partie
linguistique s’appelle le signifiant.

Signe = Signifié (conceptuelle) + Signifiant (linguistique)

Pomme

Le signifiant ne définit qu'exceptionnellement le signifié dans sa totalité. Le plus


souvent il ne note qu'un aspect du signifié. D'une langue à une autre, les mots
évoquent différentes facettes des choses qu'ils désignent. Par ex. : armoured car =
fourgon bancaire.

5. Le traducteur doit se rendre compte de deux sortes de stylistiques :


a. La stylistique interne qui cherche à dégager les moyens d'expression d'une
langue donnée en opposant les éléments affectifs aux éléments intellectuels.
Ex. hug et embrace.
b. La stylistique comparée qui s'attache à reconnaître les démarches des deux
langues en les opposant l'une à l'autre. Par ex. la prédominance des verbes
pronominaux en français.
6. La servitude et l’option :

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La langue est un ensemble de servitudes auxquelles nous sommes contraints de
nous soumettre. Par ex. les genres des noms, la conjugaison des verbes, l'accord des
mots entre eux. Mais il y a aussi des options : l’usage de l’imparfait du subjonctif
est devenu facultatif et représente donc une option.
7. La surtraduction :
Le français emploie souvent deux mots ou plus pour rendre ce que l'anglais exprime
assez souvent par un seul. Par ex. « mal à la tête » - « headache » ; « aller chercher
- to fetch », « to pick up », « to bring » ; « mettre à la poste » - « to post ». Si on
traduit en utilisant plus de mots que nécessaires, en explicitant ce qui est implicite,
c’est la surtraduction. La surtraduction consiste essentiellement à avoir deux
unités où il n’y en a qu’une.
8. La sous-traduction :
Quand le traducteur omet d’introduire des explicitations nécessaires pour rendre le
sens, c’est la sous-traduction.
9. Les niveaux de langue :
Dans toute la mesure du possible, le traducteur doit garder la tonalité du texte qu'il
traduit. Pour ce faire, il doit dégager les éléments qui constituent cette tonalité par
rapport à tout un ensemble de caractères stylistiques qui sont les niveaux de langue.
On peut faire une distinction des niveaux sur deux axes :

Tonalités esthétiques Spécialisations fonctionnelles


Langue littéraire Langue technique
Bon usage Langue poétique Langue scientifique
Langue écrite Langue légale
Langue standard Langue administrative
Langue Langue familière Le jargon
vulgaire Langue populaire
Langue argotique

C’est précisément faute d’apprécier correctement les niveaux de langue que les
étrangers commettent souvent des erreurs, tutoyant un inconnu ou employant
devant un supérieur des formules qui ne conviennent qu’un inférieur.

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Que traduire ?

« Puisqu’on traduit tous les autres mots, et particulièrement les noms communs, il n’y
a aucune raison pour qu’on ne traduise pas aussi les noms propres, qui sont du même langage
et particulièrement du même texte. La raison, le bon sens, le goût, l’harmonie, l’homogénéité,
la tenue du discours demandent que dans un texte français, tout le parler, tout le discours, tout
le langage soient français, soit du langage français. »

Il n’y a pas de règles pour traduire les noms propres, les noms géographiques, les titres,
les mesures, etc. mais voici quelques conseils :

Le nom et le titre

 Un prénom – Il est bien sûr possible de traduire les prénoms lorsqu’il existe un
équivalent exact en français. Par exemple : Peter – Pierre ; John – Jean.
Toutefois, l’orthographe n’est pas toujours la même en français même si on prononce
le mot de même manière. Par exemple : Penelope – Pénélope ; Jack – Jacques.
 Les noms de famille – Ils ne se traduisent bien sûr pas dans la majorité des cas. On peut
pourtant noter les exceptions suivantes.
Les noms très courants comme, Smith, qui sont parfois employés de façon générique.
The Smiths – Les Durand.
 Les titres – Il est très artificiel de faire suivre un titre français tel que « Monsieur » de
nom de famille anglais, il vaut mieux, dans la plupart des cas, garder le titre anglais.

Les noms de lieux

Les villes, les rivières, les lieux publics… Il faut normalement respecter l’usage et ne
traduire que lorsqu’il existe un équivalent en français. Par exemple : La rivière Tamise –
Thames ; mais, La Seine – Seine, Londres – London.

Il ne faut pas traduire les noms des rues. Par exemple : la rue Pedder - Pedder Road.

Les mesures, l’argent, etc.

Il est possible de traduire sans transposer lorsque les mesures équivalentes existent en
français. Mais il est très souvent préférable de convertir. Par exemple : « We walk 5-6 miles a
day. » - « On marche environ 8 kms par jour. » ; « His height is 5’3’’ ». – « Il mesure 1m59. »

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3. Unités, Plans et Techniques
A. Les unités de traduction

La recherche des unités sur lesquelles on doit opérer est l’une des démarches
essentielles de toute science, et souvent la plus controversée. Par exemple, en traduisant, si on
prend « le mot » comme une unité, on constate que dans les principales revues de linguistique,
rien n’est moins défini que la notion de mot.

Le mot donc ne serait pas une unité satisfaisante. Un énoncé se divise en mots séparés
par des espaces blancs et on retrouve dans les dictionnaires les éléments ainsi délimités.

Par exemple, l’usage capricieux du trait d’union : vis-à-vis, non-sens, porte-monnaie ;


mais aussi face à face, bon sens, portefeuille.

Donc, pour un traducteur, il faut une unité qui ne soit pas exclusivement formelle
puisqu’il ne travaille sur la forme qu’aux deux extrémités de son raisonnement. Dans ces
conditions, l’unité à dégager est l’unité de pensée, conformément au principe que le traducteur
doit traduire des idées et des sentiments et non des mots.

On considère comme équivalents les termes : unité de pensée, unité lexicologique et


unité de traduction. Ces termes expriment la même réalité d’un point de vue différent.

On peut distinguer plusieurs sortes d’unités de traduction selon le rôle particulier


qu’elles jouent dans le message.

 Les unités fonctionnelles


Les unités fonctionnelles sont celles dont les éléments participent à la même
fonction grammaticale
Par exemple : Il / habite / Saint-Sauveur / à deux pas / en meublé / chez ses
parents. – He lives in a furnishes flat with his parents two blocks away at Saint-Sauveur.
 Les unités sémantiques
Les unités sémantiques sont celles qui présentent une unité de sens. Par
exemple : sur-le-champ – on the spot ; avoir lieu – to take place ; prendre place – to
take a seat
 Les unités dialectiques
Les unités dialectiques sont celles qui articulent un raisonnement. Par exemple :
en effet ; puisque : par conséquent (qui montrent les causes et les effets)

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 Les unités prosodiques
Les unités prosodiques sont celles dont les éléments participent à une même
intonation. Par exemple : eh bien ; ça alors ; dis donc

Si on considère la correspondance entre les unités de traduction et les mots du texte,


trois cas peuvent se présenter :

 Les unités simples


Chacune d’elles correspond à un seul mot. Par exemple : « Il gagne 5 mille
dollars. » – « He earns 5 thousand dollars. »
Il y a autant d’unités que de mots et on peut remplacer chaque mot séparément
sans changer la structure de la phrase.
 Les unités diluées
Elles s’entendent sur plusieurs mots qui forment une unité lexicologique du fait
qu’il se partagent l’expression d’une seule idée. Par exemple : tout de suite –
immediately ; au fur et à mesure que – as ; tout le monde – everybody.
 Les unités fractionnaires
L’unité n’est alors qu’une partie d’un mot, ce qui veut dire que la composition
du mot est encore sentie par le sujet parlant. Par exemple : belle-fille – daughter-in-law
et belle fille – beautiful girl ; re-cover – recouvrir et recover – recouvrer.

L’indentification des unités de traduction repose aussi sur le degré de cohésion des
éléments en présence. C’est un critère variable et les catégories établies suivantes sont surtout
les points de repère entre lesquels il faut s’attendre à trouver des cas intermédiaires difficiles à
classer.

Aux unités réduites à un seul mot, on oppose les groupes unifiés formés de deux ou
plusieurs mots offrant le maximum de cohésion. Dans cette catégorie entrent les expressions
qu’on appelle les idiotismes. L’unité de sens est très nette et elle s’appuie souvent sur une
particularité syntaxique telle que l’omission de l’article devant le nom. Par exemple :
« l’échapper belle » – « to have a narrow escape » ; « faire fausse route » – « to go astray ».

Les alliances de mots où le degré de cohésion est moindre, mais dont les thèmes sont
uniques par une certaine affinité. On pourrait les appeler groupements par affinité.

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a) Les locutions d’intensité
o Centrées sur un nom Par exemple : Un hiver rigoureux – a severe winter ; Un
refus catégorique – a flat denial ; Une connaissance approfondie – a thorough
knowledge
o Centrées sur un adjectif, un participe passé ou un verbe. Par exemple : Sourd
comme un pot – stone deaf ; Grièvement blessé – seriously injured ; S’ennuyer
à mourir – to be bored to death

b) Les locutions verbales

Dans les locutions verbales un verbe suivi d’un nom (ex. faire une promenade) est en
principe l’équivalent d’un verbe simple (ex. se promener) de la même famille que le nom. Par
exemple : Faire une promenade = se promener (to take a walk) ; Remettre sa démission =
démissionner (to tender one’s resignation) ; Faire la cuisine = cuisiner (to cook)

c) Les locutions adjectivales et adverbiales

Les locutions adjectivales constituent des unités, comme le montre le fait qu’elles se
rendent en anglais par un mot simple. Par exemple : à plusieurs reprises – repeatedly ; d’un air
de reproche – reproachfully ; à juste titre – deservedly ; Capitulation sans condition –
unconditional surrender

Les groupements existes déjà dans les deux langues mais ne sont jamais traduits
littéralement. L’anglais a une façon de renforcer un adjectif. Par exemple : « He was good and
mad » – « Il était furieux. » ; « Drink your coffee while it is nice and hot. » – « Buvez votre
café pendant qu’il est chaud. »

Certains adjectifs ont même un autre adjectif comme intensificateur. Par exemple : stark
mad – complètement fou ; dripping wet – ruisselant ; strak naked – nu comme un ver

Beaucoup d’unités sont formées d’un nom et d’un adjectif, sans qu’il y ait cette fois
intensification de la qualité exprimée par le nom. Par exemple : sa bonne volonté – his
willingness ; du fer blanc – tin ; la vitesse acquise – momentum.

La distinction faite entre groupes unifiés et groupements par affinité n’excluent pas leur
combinaison en unités complexes. Par exemple : bonne volonté + faire preuve de = faire preuve
de bonne volonté, qu’on traduit simplement à l’occasion par « to be co-operative. »

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B. Les plans de la stylistique externe

 Le plan du lexique

Le premier plan englobe l’ensemble des signes, c’est-à-dire le lexique. Parfois, le


parallélisme entre LD et LA est frappant et il suffit d’en profiter. Parfois les deux langues
divergent nettement et il faut analyser ces divergences pour les comprendre et pour les
surmonter.

Même les mots qui ne souffrent pas de ressemblances présentent des différences d’aire
sémantique auxquelles le traducteur doit prendre garde. Par exemple : ‘street’ peut signifier ‘la
chaussée’, ainsi, « Do not walk in the street » - « Ne marchez pas sur la chaussé »

 Le plan de l’agencement

Le deuxième plan, c’est le plan de l’agencement qui insiste sur les faits de structure. La
fonction, la valeur des unités de traductions est conditionnée à chaque instant du déroulement
des énoncés par des marques particulières, par des variations de forme (morphologie – sens
des mots) et par un certain ordre (syntaxe). Par exemple : Tu viens ce samedi ? ; Tu viens de
couper tes cheveux, je vais.

 Le plan du message

Enfin, on arrive au troisième plan qui est celui du message. C’est le cadre global dans lequel
l’énoncé s’insère et se déroule jusqu’à sa conclusion. Le message est individuel. Du message
relèvent les éclairages particuliers (tonalités), le choix des niveaux, l’ordonnance des
paragraphes et des charnières (connecteurs, liens, etc.) qui en ponctuent le déroulement. Le
message baigne tout entier dans la métalinguistique (langage pour décrire le langage) et il est
le reflet individuel des situations, qui sont des phénomènes extralinguistiques (ex. les sous-
entendus). Il y a donc pour nous, dans l’exploration du texte, des faits qui ne s’expliquent pas
par des considérations d’ordre lexical ou syntaxique mais par une réalité plus haute, celle du
contexte.

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C. Les procédés techniques de la traduction

Le traducteur rapproche les deux systèmes linguistiques (l’anglais et le français), dont l’un
est exprimé et figé, l’autre est encore potentiel et adaptable. Le traducteur a devant ses yeux un
point de départ et élabore dans son esprit un point d’arrivée. Il explore tout d’abord son texte,
évalue le contenu descriptif, reconstitue la situation qui informe le message, pèse et évalue les
effets stylistiques et enfin arrive à une bonne solution. Pour y arriver, il y a deux directions
dans lesquelles il peut s’engager : la traduction directe ou littérale et la traduction oblique. Il
fait recours donc à des procédés techniques de traductions suivants. Les trois premiers sont
directs et les autres sont obliques.

a) L’emprunt

C’est le plus simple de tous les procédés de traduction qui est utilisé pour introduire une
couleur locale en utilisant les termes étrangers. Les emprunts entrent dans une langue par le
canal de la traduction. Par exemple, le jeu « cricket » est appelé « cricket » en français ; ainsi
que le mot « rendez-vous » est utilisé même en anglais. Il faut se prémunir soigneusement
contre les faux amis qui peuvent être les emprunts sémantiques.

b) Le calque

C’est un emprunt d’un genre particulier. On emprunte à la langue étrangère, le syntagme


mais on traduit littéralement les éléments qui le composent. On aboutit, soit à un « calque
d’expression » qui respecte les structures syntaxiques de la LA en introduisant un mode
d’expression nouveau, par exemple : « compliments de la saison » ; soit à un calque de
structure qui traduit dans la langue une construction nouvelle, par exemple : « science-fiction ».

c) La traduction littérale ou mot-à-mot

La traduction littérale ou mot-à-mot désigne le passage de la LD à la LA aboutissant à un


texte à la fois correct et idiomatique sans que le traducteur ait eu à se soucier d’autre chose que
des structures linguistiques. Par exemple : Where are you ? – Où es-tu ? ; I left my spectacles
on the table downstairs. – J’ai laissé mes lunettes sur la table en bas.

On peut faire recours à la traduction directe en ce qui concerne la langue scientifique et


technique, parce qu’il y existe, dans ces deux textes, les segments parallèles correspondant à
des raisonnements parallèles.

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Mais si, une fois la traduction directe est reconnue inacceptable par le traducteur, il faut
recourir à la traduction oblique.

d) La transposition

Ce procédé consiste à remplacer une partie du discours par une autre, sans changer le
message. On peut distinguer deux espèces de transposition :

 La transposition obligatoire – « Dès son lever » doit être traduit et transposé en « as


soon as he gets up », parce que, dans ce cas, la tournure de base n’existe pas en anglais.
 La transposition facultative – « Après son retour » peut être traduit littéralement en
« after his return » ou peut être transposé en « after he comes back » sans changer le
sens.

La transposition donc s’agit de changement au niveau grammatical.

e) La modulation

C’est une variation dans le message, obtenu en changeant de point de vue, de la perspective.
Elle se justifie quand on s’aperçoit que la traduction littérale ou même transposée aboutit à un
énoncé grammaticalement correct mais qui se heurte au génie de la LA. Par exemple : « The
time when… » doit être traduit obligatoirement en « le moment où… » ; « Comment allez-
vous ? » - « How are you ? »

f) L’équivalence

C’est quand les deux langues en question rendent comptent d’une même situation, en
mettant en œuvre des moyens stylistiques et structuraux entièrement différents. Il arrive
souvent, surtout en cas des expressions idiomatiques, qu’il y existe une autre expression
idiomatique ayant le même sens dans la langue d’arrivée. On ne traduit alors pas l’expression
idiomatique telle quelle mais on utilise l’autre pour communiquer le sens. Par exemple, il existe
un équivalent pour l’expression « faire les quatre cents coups ». Cette expression se traduit en
anglais comme « paint the town red ». Donc on ne la traduit pas comme « to make four hundred
bangs » mais on utilise l’autre expression du même sens.

g) L’adaptation

Il s’applique à des cas où la situation à laquelle le message se refait n’existe pas dans la LA
et doit être créé par rapport à une autre situation que l’on juge équivalente. Donc on doit
chercher une notion parallèle, de même valeur ou importance, dans la langue d’arrivée. C’est

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donc une équivalence de situation. Par exemple « la langue de Molière » devient « language
of Shakespeare » en anglais, ce qui est plus compréhensible culturellement pour le public
anglophone.

Ces sept procédés s’appliquent également aux trois parties du texte : le lexique,
l’agencement et le message.

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Lexique
1. Le plan du réel et le plan de l’entendement
La représentation linguistique peut se faire sur le plan du réel, à l’aide de mots images,
soit sur celui de l’entendement, à l’aide de mots signes. Le plan de l’entendement est un
niveau d’abstraction auquel l’esprit s’élève pour considérer la réalité sous un angle plus
général.

D’une façon générale les mots français se situent à un niveau d’abstraction supérieur à
celui des mots anglais correspondants. Ils s’embarrassent moins de détails de la réalité. Des
termes comme « dress rehearsal » ; « way station » ; « unveil » (a statue) ; « unseat » (a
member of Parliament) sont plus imagés que leurs équivalents français : « répétition
générale » ; « arrêt intermédiaire » ; « inaugurer » ; « invalider ».

On peut considérer que très souvent, le mot français sert de dénominateur commun à
des séries de synonymes anglais dont le terme générique fait défaut. C’est ainsi que l’anglais
ne peut exprimer le concept de promenade. Il peut seulement en désigner les différentes sortes.
Par exemple : « à pied » - « walk » ; « à cheval » ou « à bicyclette » ; « en voiture » - « ride » ;
« en bateau » - « sail ».

Sans doute, « here » traduit « ici » mais très souvent l’anglais ne s’en contente pas. Il
veut exprimer l’opposition entre « ici » et l’endroit auquel « ici » s’oppose, d’où les « up
here » ; « down here » ; « in here » qui déroute le français parce qu’il n’a pas l’habitude
d’évoquer ainsi le réel.

« Où voulez-vous que je me mette ? » demandera un français, laissant au contexte ou à


la situation le soin de décider s’il sera assis ou debout. « Se mettre » ne peut se traduire en
anglais que par des mots particuliers : « Where do you want me to sit/stand ? ». De même,
l’anglais fait preuve son inclination à l’usage de certains énoncés, par exemple : « The library
stands in a corner. » ; « The painting hangs on the wall » ; « The book lies on the table », où le
français se contente d’utiliser le verbe « être », par exemple : « La bibliothèque est dans un
coin. » ; « Le tableau est au mur. » ; « Le livre est sur la table. ». L’anglais préfère remplacer
le mot signe par un mot image.

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Le mot « coup » est très commode parce qu’il peut s’appliquer à quantité de
phénomènes dont il exprime ce qu’ils ont de commun : une impression de choc. « shot » (de
feu) ; « kick » (de pied) ; « clap » (de tonnerre) ; « gust » (de vent), etc.

Dans le domaine de perceptions auditives et visuelles, la supériorité d’anglais aussi


s’affirme. Par exemple : « bruit » - « screeching / grating / squeaking noise » ; « luire » - « to
glimer / to glow / to glint / to glister » ; « humide » - « humid / moist / damp / clammy ».

Dans certains cas, très rares, c’est le français qui est le plus concret. La traduction de
« sir » par exemple, dépend de chaque cas particulier. Par exemple : un soldat à son officier
supérieur dira « mon capitaine » ; un écolier à son professeur dira « monsieur » ; un employé à
son directeur dira « monsieur le Directeur ».

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2. Les valeurs sémantiques
a) L’extension de valeur

Les dictionnaires donnent le sens des mots mais ils ne caractérisent pas les différences de
sens. Une erreur de traduction provient parfois de ce que le traducteur n’a pas perçu, l’écart
entre deux termes qui paraissent, de prime abord, interchangeables.

Les différences d’extension entre les mots de deux langues données constituent sans doute
la distinction lexicologique la plus élémentaire. Il n’y a en fait aucune raison pour que deux
équivalents aient la même extension, ou si l’on préfère, pour qu’ils recouvrent la même aire
sémantique.

« Skin » c’est « la peau » mais « la peau » n’est pas nécessairement « skin », car la peau ou
le cuir de certains animaux (vache, éléphants, etc.) se dit « hide ». De même, « carte » paraît
avoir plus d’extension que « map » parce qu’il correspond aussi à « chart » (carte marine), mais
« map » traduit également « plan de ville ». Les deux mots ont peut-être autant d’extension
l’un que l’autre, mais les aires sémantiques ne coïncident pas.

b) Les mots techniques et les mots usuels

Il arrive qu’une des deux langues possède deux synonymes dont l’un est technique et l’autre
l’usage courant, alors que l’autre langue ne dispose que d’un terme, qui s’emploie par
conséquent dans le langage technique et dans la langue usuelle. Par exemple : « private » -
« simple soldat » et « soldat de 2e classe » ; « compass » - « boussole » et « compas » ;
« brush » - « pinceau » et « brosse ».

L’opposition entre termes techniques et usuels se présente également sous un autre


aspect : il existe des mots usuels ayant un sens technique. Ce sont des mots techniques déguisés.
Il n’est d’ailleurs pas toujours facile de dire exactement quand un mot ordinaire devient
technique. Par exemple : « croquer » est familier ; mais il devient technique dans « chocolat à
croquer ».

Des adjectifs très courants peuvent prendre un sens technique. Ils sont également
antéposés et forment avec le nom qu’ils qualifient une unité de traduction. Par exemple : « les
grands lignes » - « the main lines » (railway) / « outline » ; « le grand film » - « feature » ; « le
beau-père » - « the father-in-law » / « the step-father ».

c) Le sens propre et le sens figuré

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Certains mots, en vieillissant, perdent leur sens propre et garde leur sens figuré. Les
dictionnaires ne marquent pas toujours les étapes de cette évolution.

Rien n’indique à première vue que « dwell », « delve » et « shun » n’ont plus en anglais
que le sens figuré et qu’au sens propre, il faut dire « live », « dig » et « avoid ». « Motherly »
veut bien dire « maternel » mais seulement au sens figuré, tandis que « maternal » peut avoir
le sens propre et le sens figuré.

d) Le sens intellectuel et le sens affectif

Certains mots peuvent avoir seulement un sens intellectuel. Par exemple :


« rémunération » ; « circonférence ». D’autres mots peuvent seulement avoir un sens affectif.
Par exemple : « triste » ; « sordide », c’est-à-dire qu’ils ne peuvent jamais s’employer sans
engager la sensibilité.

Mais la plupart des mots ont tantôt le sens intellectuel et tantôt le sens affectif. Par
exemple : « sauter » - « to jump » (sens intellectuel) / « to leap » (sens affectif) ; « pleurer » -
« to cry » (sens intellectuel) / « to weep » (sens affectif).

e) Les lacunes

Soit parce que les choses n’existent pas ou ne sont pas reconnues dans l’une des deux
civilisations, soit elles existent dans les deux mais une langue éprouve le besoin de les nommer
et l’autre la passe sous silence. On peut constater que c’est un indice du peu d’importance que
présente pour le groupe linguistique en question, cette chose qui n’a pas de nom. Par exemple :
« mie » peut être traduit en « soft part of the bread », tandis que « croûte » est « crust of the
bread » ; mais en français, « crumb » signifie « la miette ».

f) Les dérivations irrégulières

En anglais les noms prennent le suffixe « ness » pour former les adjectifs et le suffixe « ly »
pour former les adverbes. Le français est moins souple et doit utiliser souvent les locutions
adverbiales. Par exemple : « concisely » - « avec concision » ; « shortly » - « bientôt / en brève
échéance ».

g) Les faux amis

Les faux amis sont des mots qui se correspondent d’une langue à l’autre par l’étymologie
et par la forme, mais qui ayant évolué au sein de deux langues et, partant, de deux civilisations
différentes ont pris des sens différents.

22
 L’aspect sémantique

Les faux amis se distinguent par des différences de sens. Par exemple : « actuel » -
« present » ; « actual » - « réel » ; « éventuellement » - « if need be » ; « eventually » - « par la
suite ».

 L’aspect stylistique

Les faux amis ont à peu près le même sens mais sont séparés par des différences d’ordre
stylistique, c’est-à-dire se rapportant à des valeurs intellectuelles ou affectives ou à l’évocation
de milieux différents. Par exemple : « maternel » - « maternal » (sens intellectuel) ;
« maternel » - « motherly » (sens affectif) ; « rural » - « rural » (sens intellectuel) ; « de
campagne » - « rural » (sens affectif)

 L’aspect phraséologique ou syntaxique

Ce sont des faux amis de structure où le sens varie selon le changement dans la structure.
« It is time-consuming. » - « Cela prend beaucoup de temps. » ; « Il is a full-time job. » (au
figuré) – « Cela prend tout votre temps. »

23
3. Les aspects lexicaux
L’aspect est une notion grammaticale afférente au verbe. Dans les langues occidentales,
le verbe peut aussi avoir un aspect et que le traducteur doit en tenir compte. L’opposition entre
« dormir » et « s’endormir » ou « porter » et « mettre » (sur soi) est une différence d’aspect.

A. Les aspects intellectuels

a) L’aspect duratif

L’aspect duratif indique que l’action se prolonge. Par exemple. « voir un film » ; « être
assis ».

b) L’aspect ponctuel

L’aspect ponctuel s’oppose à l’aspect duratif et est proche de l’aspect inchoatif. Il


caractérise des actions qui ne sont pas susceptibles de durer, qui prennent fin aussitôt qu’elles
ont commencé. Par exemple : « frapper » - « to strike » ; « siroter » - « to sip ».

c) L’aspect inchoatif

L’aspect inchoatif marque le début de l’action, exclut donc la durée et s’oppose autant que
l’aspect ponctuel à l’aspect duratif. « Monter à cheval » est inchoatif au sens de « se mettre en
selle » et duratif quand il désigne l’action « d’aller à cheval ».

Le passé simple et le passé composé prennent l’aspect inchoatif ou terminatif alors que
l’imparfait est duratif.

Une des ressources de l’anglais pour marquer l’inchoatif et pour le distinguer du duratif,
c’es l’adjonction d’une particule telle que « off » ou « away ». Par exemple : « to dose off » ;
« to fly away ».

d) L’aspect itératif

L’aspect itératif c’est quand l’action se répète à une cadence très rapide. Par exemple :
« pilonner » - « to pound » ; « marteler » - « to hammer » ; « cogner » - « to bang ».

e) L’aspect graduel

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L’aspect graduel évoque la durée ou la répétition accompagnée d’une transformation. Par
exemple : « to fade away » - « disparaître » ; « s’évaporer » - « to evaporate ».

f) L’aspect habituel ou chronique

L’aspect habituel ou chronique marque une tendance, une disposition habituelle, sans que
la répétition de l’action envisagée atteigne la fréquence de l’aspect itératif. Par exemple :
« famélique » est habituel ou chronique mais « affamé » est ponctuel, même si les deux
correspondent à « starving » qui est ponctuel.

g) L’aspect terminatif ou perfectif

L’aspect terminatif ou perfectif indique que l’action est achevée. L’anglais utilise souvent
les postes positions comme « out » pour rendre cet aspect.

Le français par contre, préfère procéder par l’implicitation. Celui qui traduit du français à
l’anglais doit donc s’assurer qu’il rend suffisamment explicite ce que le français sous-entend.
Par exemple : « souffler une bougie » - « blow out a candle » ; « vendre tout ce qu’on a » -
« sell out ».

Quelquefois, l’adjectif remplace la particule. Par exemple : « to wipe a knife clean » -


« bien essuyer le couteau. »

Il arrive aussi que la particule remplace le complément nominal du verbe. Par exemple :
« He fell in. » - « Il est tombé dans l’eau ». ; « to wash up » - « faire la vaisselle » ; « He passed
away » - « Il est décédé. » ; « He died. » - « He died ».

h) L’aspect collectif

L’aspect collectif est à l’espace ce que l’aspect itératif est au temps. Il peut s’exprimer en
anglais au moyen de suffixe. Par exemple : « stonework » - « la maçonnerie » ; « paint work »
- « la peinture ».

i) L’aspect statique

L’aspect statique caractérise les verbes de mouvement quand ils prennent un sens où le
mouvement est figé. Par exemple : « Cette montagne s’élève à 200m. » L’anglais fournit ici un
équivalent exact. « This mountain rises to 6000 feet. ».

25
Mais dans la phrase « Le paysage disparaissait derrière la brume. », « disparaissait » verbe
d’action à l’aspect statique, ne trouve pas son équivalent en « disappear » qui reste dynamique,
on dira donc « The landscape was veiled in mist. »

j) L’aspect vectoriel

L’aspect vectoriel est celui des mots ayant une double orientation déterminée, à l’encontre
des mots ambivalents qui comportent une double orientation. Par exemple : « à mi-pente »
(ambivalent) – « half way up » / « half way down » (vectoriel) ; « passer » (ambivalent) –
« dépasser, doubler / croiser » (vectoriel).

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B. Les aspects affectifs

a) L’aspect intensif ou argumentatif

L’aspect intensif ou argumentatif relève les mots qui représentent une action, une chose,
ou une qualité portée à un haut degré d’intensité. Il y a de la violence dans « to hurl », « to
smash », etc. Si le mot de force égale n’existe pas en français, il ne faut pas hésiter à ajouter
l’adjectif ou la locution adverbiale.

b) L’aspect atténuatif ou diminutif

Cet aspect s’oppose à l’aspect intensif. Par exemple : « to tug » - « tirer doucement » ; « to
nibble » - « manger au bout des lèvres »

c) L’aspect perfectionniste

L’aspect perfectionniste précise faire quelque chose à perfection. Par exemple :


« déguster » - « to relish / to savour » ; « aspirer » - « to breathe in ».

d) L’aspect honorifique

On touche ici à la métalinguistique. La traduction littérale est le plus souvent exclu. Par
exemple : « Monsieur le Directeur » - « Sir » ; « Madame votre mère » - « your mother ».

L’anglais ne dispose ni du tutoiement ni de la troisième personne employée pour la


deuxième. Le traducteur devra donc procéder par compensation, employer par exemple le
prénom comme équivalent du tutoiement, mais en tenant compte de ce que l’emploi du prénom
est plus généralisé dans les pays anglo-saxons, surtout en Amérique, que le tutoiement ne l’est
en France. La note familière ou formaliste devra donc être rétablie autrement, en fonction du
contexte.

L’aspect est une réalité lexicale qui intervient la traduction. Il faut donc l’identifier, qu’il
soit implicite ou explicite, puis essayer de le rendre en ayant recours à l’un des trois moyens
suivants.

 Par un mot simple dont le sens implique l’aspect en question. Par exemple : « to crash »
- « s’écraser »
 Par une locution ou périphrase qui explicite l’aspect. Par exemple : « to sprawl » -
« s’étaler largement »
 Par compensation, en rétablissant la nuance sur un autre point du texte.

27
4. Lexique et mémoire
a) Les associations mémorielles

Les mots dans la traduction doivent être considérés non seulement individuellement, mais
encore, et surtout dans leurs associations. Celles-ci sont de deux sortes : les associations
syntagmatiques et les associations mémorielles. Les premières regroupent les mots en
syntagme dans la chaîne du discours et les secondes associent dans la mémoire, en dehors du
contexte.

Les associations syntagmatiques relèvent surtout de la syntaxe. Par exemple : « la mère de


Jacques ». Les associations mémorielles mettent en jeu les éléments du lexique en dehors de
l’agencement. Par exemple : « la mère »

On sait comment un mot, une expression évoquent un synonyme ou un antonyme. À côté


de ces catégories, on établit une troisième, celle des termes parallèles.

Une série de termes parallèles est formée de mots qui ne sont ni antonymes ni synonymes
mais qui représentent les aspects particuliers d’une idée ou d’une chose générale. Les mots qui
la composent sont sur le même plan. Par exemple : « chaise » et « siège » ; « froid » et
« frais » ; « tiède » et « chaud »

b) La modulation lexicale

La modulation est le thème pour désigner un certain nombre de variations qui deviennent
nécessaires quand le passage de la LD à la LA ne peut se faire directement. Ces variations
tiennent à un changement de point de vue. Celles-ci représentent la même réalité sous un jour
différent.

La modulation utilise essentiellement les associations des mots et celles-ci peuvent être très
nombreuses. Elles forment autour de chaque mot un champ associatif que le traducteur a intérêt
à explorer et qui lui permet de tourner la difficulté lorsque la traduction directe se refuse à lui.

Types de modulation :

 L’abstrait et le concret
o Le dernier étage – the top floor
o Un film en exclusivité – a first-run movie
 Le moyen et le résultat

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o Firewood – le bois de chauffage
o Vacuun bottle – la bouteille isolante
 La partie pour le tout
o Le livre de classe – school book
o Envoyer un mot – send a line
 Une partie pour une autre
o Keyhole – le trou de serrure
o Offhand – au pied levé
 Le renversement du point de vue
o Retaining wall – un mur de soutènement
o Draft beer – la bière sous pression
 Les intervalles et les limites (ou la durée et la date, la distance et la destination)
o Three flights of stairs – trois étages
o How long ? – Depuis quand ?
 La modulation sensorielle
o La couleur
- Goldfish - les poissons rouges
o Le son et le mouvement
- The rattle of a cab – le roulement d’un fiarce
o Le toucher et le poids
- The intangibles – les impondérables
 La forme, l’aspect, l’usage
o A high chair – une chaise d’enfant
o Le papier peint – wall paper
 La modulation géographique
o La lanterne vénitienne – Chinese lantern (BR) ; Japanese lantern (US)
o L’encre de Chine – India ink
 Le changement de comparaison ou de symbole
o De la première page à la dernière – from cover to cover
o D’une mer à l’autre – from coast to coast

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Agencement
L’agencement c’est l’actualisation du lexique. C’est la mise en œuvre du lexique, le
long de la chaîne du temps.

J. Ferrot « L’usage de la langue comme moyen de communication implique la


connection de deux fonctions : il y a communication d’énoncés (assertions, interrogations,
ordres, etc.) relatif à des notions (êtres, choses et procès) ».

Selon M. Galichet, l’expression du point de vue du sujet parlant se concrétise en


quelque sorte par le jeu des valeurs grammaticales, qui « encadrent, qui informent les valeurs
sémantiques ».

Il faut donc un classement des faits morphologiques et syntaxiques à la lumière du sens,


démarche essentiellement propre à la stylistique comparée. On retient ici deux termes : espèces
et catégories.

 Les espèces

Les espèces sont les parties du discours. Le nom, le pronom, et le verbe sont les espèces
principales. L’adjectif et l’adverbe sont les espèces adjointes ainsi que la préposition et la
conjonction sont les espèces de relation.

 Les catégories

Les catégories, c’est le genre dans le cas du nom, de l’adjectif et du pronom et c’est le
nombre dans le cas de tous les espèces variables.

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1. La transposition
Il faut d’abord reconnaître implicitement que dans le rapprochement de deux langues, les
mêmes valeurs sémantiques peuvent se cacher sous des espèces différentes. On se souvient en
effet que la transposition est un procédé qui consiste à remplacer une partie du discours par une
autre sans changer le sens du message. Par exemple : « He almost fell. » - « Il a failli tomber. »

En traitant les espèces, on note à chaque instant des transpositions. C’est le passage le plus
fréquent auquel le traducteur doit faire face.

Il y a différents types de transposition.

 L’adverbe et le verbe
o Situation is still critical – La situation reste critique.
o He merely nodded. – Il se contenta de faire oui de la tête.
o Since 1995 our foreign trade has improved steadily. – Depuis 1995, notre
commerce extérieur n’a pas cessé d’augmenter.
 Le verbe et le nom
o Before he comes back – Avant son retour
o When the Parliament reconvenes. – à la rentrée du parlement
o The French have really pioneered luxury living. – Les Français étaient vraiment
les premiers à mener une vie de luxe.
 Le nom et le participe passé
o With an abundance of… – Bien pourvu de…
o With the help of … - Aidé admirablement par …
o With the loss of – Privé de…
 Le verbe et la préposition
o Reports reaching here indicate that … - Selon les informations reçues …
o Il monta l’escalier. – He went up the stairs.
 Le nom et l’adverbe
o Il a dit du bien de vous. – He spoke well of you.
o Les gens se figurent que … - Popularly believed that …
 L’adjectif et le nom
o His sources are annoyingly anonymous. – L’anonymat de ses sources est
agaçant.

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o In the early XXth century… - Au début du XXe siècle.
 L’adverbe et l’adjectif
o Le prix d’achat sera remboursé intégralement. – The full purchase price shall be
refunded.
o The evening was oppressively warm. – La soirée était d’une chaleur accablante.
 L’adjectif et le verbe
o The proper authority to issue this document is the bank. – Il incombe à la banque
d’établir ce document.

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2. La stylistique comparée des espèces

A. La prédominance du substantif en français

Le français traduit des formes, des états arrêtés, et présente les événements comme des
substances.

a) Les locutions verbales

Le français a résisté au cours de son histoire à la formation de certain dérivé de nom. Par
exemple : « poster » - « mettre à la poste » ; « tester » - « faire subir un test ».

L’anglais n’a pas se scrupule et donc un bon nombre des verbes anglais se traduisent en
français par les locutions verbales. Par exemple : « to collide » - « entrer en collision » ; « to
review » - « passer en revue » ; « to surface » - « remonter à la surface » ; « to tabulate » -
« mettre sous forme de tableau ».

Il arrive souvent que le verbe anglais subordonné se rend plus naturellement en français par
un substantif. Par exemple : « People cheered as the troops marched by. » - « Les gens ont
applaudi sur le passage des troupes. » ; « The natives opened out as he came up. » - « Les
indigènes s’écartèrent à son approche. »

b) Les locutions adjectivales

De même, l’adjectif anglais se rend souvent par une locution adjectivale, construite autour
d’un nom. Par exemple : « a hopeless undertaking » - « une entreprise sans espoir » ; « an
orderly withdrawal » - « une retraite en bonne ordre ».

c) La locution adverbiale

La locution adverbiale est une caractéristique du français par rapport à l’anglais. Par
exemple : « gruffly » - « d’une manière bourrue » ; « movingly » - « en termes émus ».

d) Les substantifs qualificatifs

Le substantif français peut également jouer le rôle de qualificatif. Plus proche du réel,
l’anglais préfère l’adjectif ou le participe passé. Par exemple : « The French prevented from
advancing by their insufficient force. » - « Leur infériorité numérique a arrêté la progression
des Français. » ; « In reporting the strenghthened seventh fleet patrols yesterday, Nationalist

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sources said … » - « En annonçant hier, le renforcement des patrouilles de la septième escadre,
on déclarait dans les milieux nationalistes … ».

e) La locution prépositive

La préposition anglaise aboutit souvent en français à une locution prépositive, qui pourrait
être construite autour d’un nom. Par exemple : « for Germany » - « à destination de
l’Allemagne » ; « within » - « à l’intérieur de ».

f) Le démonstratif « this »

Le français a une répugnance à employer « ceci » et « cela » pour renvoyer à une phrase
précédente aboutit à l’introduction de substantifs qui précisent de quoi il s’agit et varient avec
chaque contexte. Par exemple : « This does not surprise me. » - « Cette attitude ne me surprend
pas. » ; « This proved very helpful. » - « Cette mesure (cette initiative, cette démarche, …) a
grandement facilité les choses.

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B. Le verbe et le film de l’action

a) Le chassé-croisé

L’anglais suit généralement l’ordre des images, le déroulement ou le film de l’action. Le


français préfère un ordre qui n’est pas nécessairement celui des sensations. Le français va tout
de suite au résultat, ensuite au moyen. C’est une différence de démarche. Alors, il s’établit
entre deux langues un chassé-croisé. Par exemple, « Il a regardé dans le jardin par la porte
ouverte ». Le français mentionne le résultat avant le moyen. L’anglais préfère l’ordre logique,
chronologique, d’abord le moyen ensuite le résultat. D’où la traduction : « He gazed out of the
open window into the garden ».

Le résultat est marqué en anglais par la particule, alors que le verbe français indique le
résultat. La particule occupe la même place dans la phrase que la locution adverbiale en français
pour indiquer la modalité de l’action. Le chassé-croisé apparaît clairement dans le tableau
suivant :

Moyen : blown par le vent


Résultat : emporté away
Ou plus graphiquement :
blown away

emporté par le vent

 An old woman hobbled in from the back.


Une vieille femme arriva en boitant de l’arrière-boutique.
 Dominic flew across the English Channel.
Dominique a traversé le Manche par l’avion.
 She tiptoed down the stairs.
Elle descendit l’escalier sur la pointe de pieds.

Le procédé de chassé-croisé n’est pas utilisable dans les cas suivants :

 Come out of the rain – Ne restez pas sous la pluie.

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 The horsemen rode into the courtyard. – Les cavaliers sont entrés dans la cour.
 They drove onto the scene of the accident. – Ils sont arrivés à l’endroit de l’accident.

Prise hors contexte la phrase français en dit moins que la phrase anglaise sur la situation
dont elles ont à rendre compte. Mais il serait contraire au génie de la langue française d’entrer
dans ce genre de détail, puisqu’elle préfère le plan de l’entendement. Le chassé-croisé
représente une différence de comportement entre deux langues.

b) La transposition inverse

Même si le substantif joue un rôle prépondérant en français, le rôle du verbe reste quand
même très important et il y a quelques noms anglais qui ne peuvent se rendre en français que
par des verbes et qui donnent lieu aux transpositions inverses.

Dans le cas où il n’existe pas d’équivalent en français. Par exemple : « The West German
demands for full equality status stand little chanse of early Allied acceptance. » - « Les
revendications de la République Fédérale en matière d’égalité des droits ont peu de chance
d’être acceptées par les Alliés dans un avenir immédiat. » ; « With Mr. Eden’s disclosure that
… » - « Quand M. Eden a révélé que … »

Si le substantif virtuel en anglais qui se place sur le plan de l’entendement, c’est le français
qui actualise au moyen d’un verbe. Par exemple : « He was safe from recognition. » - « Il ne
risquait pas d’être reconnu. » ; « He founs himself constantly accused of concealment. » - « Il
se vit continuellement accusé de ne pas dire toute la vérité. »

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C. L’étoffement

C’est le renforcement d’un mot qui ne suffit pas à lui-même et qui a besoin d’être épaulé
par d’autres, surtout dans le domaine des prépositions. Quand on utilise plusieurs mots pour
compenser la faiblesse des prépositions françaises, c’est l’étoffement.

a) L’étoffement des particules (prépositions ou postpositions


 Par un nom
o Excursions au départ d’Annecy – Excursion from Annecy
o To the station – entrée de la gare
o To the train – accès aux quais
o C’est un cadeau de la part de ma tante. – It’s a gift from my aunt.
 Par un verbe
o He stopped for his medicines. – Il s’est arrêté pour acheter/prendre/chercher
des médicaments
o I will call for you. – Je viendrais te chercher.
o I shivered at the thought of … - J’avais peur en songeant au …
 Par un adjectif ou par un participe passé
o The inspector on the case – L’inspecteur chargé de l’enquête
o A man in blue suit, black shoes and a grey hat – Un homme vêtu d’un complet
bleu, chaussé de souliers noirs, et coiffé d’un chapeau gris.

Les particuliers ont une belle autonomie en anglais qu’il leur est possible de fonctionner
sans verbe. Par exemple :

« By Jove ! He had to hurry if he was going to catch the train home. Over the gate,
across the field, over the stile, into the lane, swinging alons in the drifting rain and dusk. »

« Diable ! Il lui fallait se dépêcher s’il voulait prendre le train pour rentrer chez lui. Il
passa par-dessus la barrière, traversa le champ, enjamba l’échalier et s’engagea dans leur
chemin, avançant d’un bon pas, sous la pluie que poussait le vent, tandis que la nuit tombait. »

 Par une proposition relative ou participiale


o The letter on the table – Cette lettre qui est sur la table.
o The courtiers around him – Les courtisans qui l’entouraient
o Perhaps it was the pure air from the snow before him – Peut-être était-ce l’air
pur venu des cimes neigeuses qui barraient l’horizon.

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b) L’étoffement des pronoms démonstratifs par un nom

« Ceci » et « cela » ne satisfont pas le besoin de clarté et donc il faut identifier les
démonstratifs anglais dans le cadre du contexte et les rendre pour des noms qui rappellent
clairement ce dont il est question.

Par exemple : « This has radically changed the situation. » - « Cette initiative a changé la
situation (complètement). » ; « That happened in a span of few months. » - « Ce phénomène
n’avait demandé que quelques mois. » ; « He insists that this must not happen. » - « Il est
absolument opposé à la réalisation de ce projet. »

c) L’étoffement des conjonctions

On fait l’étoffement des conjonctions pour les raisons de structure et les raisons d’ordre
psychologique où intervient le souci de clarté chez le français. Une conjonction en français ne
suit jamais une préposition.

Par exemple : « I came back to where I had heard the voice. » - « Je suis revenu à l’endroit
où j’avais entendu la voix. » ; « Il depends on when you have to go. » - « Cette décision dépend
de la date de votre départ. » ; « This is the story how a man rose to fame. » - « C’est l’histoire
de la façon dont un homme est devenu célèbre. »

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D. Les marques

Les marques indiquent les espèces. Ce sont les articles et les adjectifs démonstratifs et
possessifs pour les noms, et les pronoms personnels pour les verbes.

Le français, langue de l’entendement, est logique avec lui-même quand il emploie l’article
défini toutes les fois que les choses ou les personnes représentent pour lui une catégorie ou un
concept. L’anglais, qui serre le réel de plus près, préfère l’article indéfini pour présenter les
objets indéterminés, qu’il n’éprouve par le besoin de conceptualiser. Par exemple : « He has a
taste for antique furniture. » - « Il a le goût des meubles anciens. » ; « Il a fait dix kilomètres le
ventre vide. » - « He walked seven miles on an empty stomach. »

L’équivalence entre le possessif anglais et l’article français est du même ordre. Par
exemple : « He had his arm in a sling. » - « Il avait le bras en écharpe. » ; « He reads with a
pen in his hand. » - « Il lit la plume à la main. »

Du fait que l’article défini s’omet souvent en anglais, il prend une valeur particulière quand
il s’emploie. Parfois il correspond à l’article démonstratif en français. Par exemple : « C’est ce
musée que nous avons visité. » - « This is the museum that we visited. »

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3. La stylistique comparée des catégories

A. Le genre

En ce qui concerne les deux langues, il est essentiel de distinguer entre le genre naturel, par
exemple : « être mâle/femelle », et le genre grammatical, par exemple : « masculin, féminin,
neutre ; épicène ». L’anglais a presque perdu le genre grammatical tandis que le français est
dominé par ce genre.

Nous allons étudier quatre aspects de la catégorie du genre en anglais : les mots épicènes,
l’explicitation des pronoms, la personnification et les morphèmes féminines dans la dérivation.

a) Un mot épicène

Il s’agit d’un mot recouvrant une réalité aussi bien masculine que féminine. Par exemple :
« professeur » ; « auteur » ; « chef », etc en français ; « cousin » ; « friend » ; « doctor », etc.
en anglais.

b) L’explicitation des pronoms

L’explicitation des pronoms relève du contexte ou de la situation. Par exemple, le mot


« students » employé dans le contexte de « Sophia College » amènera une traduction au
féminin – « les étudiantes ».

c) La personnification

Les animaux sont neutres, s’ils ne font pas l’objet d’une affection particulière. Par contre,
pour les animaux domestiques, on leur donne volontiers un genre qui parfois surprend un
lecteur français. Par exemple : « He is a good boy » ; « She is a pretty girl » pour les chiens.

Généralement, « dog », « horse », « fish » sont masculins et « cat », « hare », « parrot »


sont féminins.

Il y a aussi la personnification féminine des machines comme « ship », « motorcar »,


« automobile », etc. et il y a les personnifications abstraites comme « nature », « moon » sont
féminins et « death », « sun » sont masculins.

d) La dérivation

L’anglais peut utiliser un morphème spécial pour différencier entre le masculin et le


féminin comme « -ess ». Par exemple : « goddesse », « actress », « tigress », etc.

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L’introduction de morphème français permet dans une faible mesure à l’anglais de créer des
termes comme « confidente », « fiancée », etc.

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B. Le nombre

Bien que le pluriel et le singulier fonctionnent de façon semblable dans les deux langues, il
n’y a cependant pas de correspondance absolue.

a) Le collectif anglais et le singulier français

L’anglais emploie au sens collectif des mots qui restent au singulier mais que le français ne
peut traduire que par un pluriel. Par exemple : « information » - « renseignements ». Mais pour
dire « un renseignement », l’anglais est obligé d’avoir recours à une tournure spéciale, dite le
singulatif « a piece of information. »

Par exemple : « advice » - « des conseils » ; « un conseil » - « a piece of advise » ; « news »


- « des nouvelles » ; « une nouvelle » - « a piece of news » ; « lightning » - « des éclairs » ;
« un éclair » - « a flash of lightning ».

b) Les collectifs anglais sans singuliers

Certains collectifs anglais n’ont pas de singulatif. Le modèle existe d’ailleurs en français.
Par exemple : « la main-d’œuvre » - « labour » ; « applause » - « les applaudissements » ;
« tinned food » - « des conserves ».

c) Les pluriels et les collectifs en anglais

Il arrive que l’anglais dispose à la fois d’un pluriel régulier et d’un collectif. Ce dernier n’a
pas d’équivalent en français, sauf dans quelques cas. Par exemple : « a novel » (singulier) –
« novels » (pluriel), « fiction » (collectif) ; « a ship » (singulier) – « ships » (pluriel),
« shipping » (collectif) ; « a case » (singulier) – « cases » (pluriel), « litigation » (collectif).

Il y a naturellement une nuance entre le pluriel et le collectif. Le premier évoque des objets
séparés alors que le second évoque des objets pris en masse.

d) Les pluriels invariables

Les mots anglais qui s’emploient régulièrement au pluriel et au singulier, mais dont le
singulier peut avoir le sens d’un pluriel, du moins dans un de leur sens. Par exemple : « glass »
- « des vitraux » ; « beauty care » - « des soins de beauté » ; « to take strong action » -
« prendre des mesures énergiques » ; « crowded with incident » - « riche en incidents »

e) Les pluriels intensifs et les pluriels atténuatifs

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Le pluriel intensif existe dans les deux langues sans qu’il y ait nécessairement traduction
littérale, l’idée d’augmentation ou de diminution ayant d’autres moyens que le pluriel pour
s’exprimer. Par exemple : « Il y a des années de cela. » - « It happened years ago. » ; « Their
plane arrived hours late yesterday. » - « Leur avion est arrivé hier avec un retard
considérable. » ; « He has tons of money. » - « Il est immensément riche. »

Parallèlement au pluriel augmentatif, il y a un pluriel atténuatif de même structure. Seul le


fait que la chose pluralisée est petite montre qu’il s’agit d’un très petit nombre, d’une quantité
négligeable. Par exemple : « Within minutes… » - « En moins de quelques minutes… » ;
« Seconds later… » - « à peine quelques secondes plus tard », « presque aussitôt » ; « Il costs
you only pennies. » - « Cela ne vous coûte que quelques sous. »

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C. La caractérisation

Elle utilise essentiellement soit des adjectifs ou des locutions adjectivales soit des
adverbes ou des locutions adverbiales. Le français utilise aussi le substantif qualificatif.

L’anglais est plus riche que le français en adjectif et en adverbe. Grâce à ses structures, il
forme plus facilement des dérivés et il peut employer un nom comme adjectif. Il se sert des
qualificatifs comme adjectifs de relation. Les adjectifs se comportent comme des qualificatifs,
ils ne sont jamais antéposés. Dans le français courant l’adjectif de relation prend généralement
la forme d’une locution adjectivale. Par exemple : « medical students » - « les étudiants en
médecine » ; « a rural church » - « une église à la campagne ».

a) Le substantif qualificatif attribut

Par exemple : « I am uncertain as to … » - « Je suis dans l’incertitude quant à … » ; « We


are sheltered from the wind. » - « Nous sommes à l’abris du vent. » ; « avoir besoin de » - « to
need » ; « avoir raison » - « to be correct ».

b) Le substantif qualificatif épithète

Par exemple : « a native American » - « un Américain de naissance ; « a typical


Frenchman » - « un vrai type de Français » ; « in late October » - « à la fin d’octobre » ; « this
decreased purchasing power » - « cette diminution du pouvoir d’achat ».

c) La caractérisation adverbiale

Le caractère synthétique de l’anglais lui permet d’employer un seul mot là où le français


préfère une locution. Le suffix « -ly » en anglais se traduit par une locution en français. Par
exemple : « angrily » - « avec colère » ; « restlessly » - « avec impatience » ; « repeatedly » -
« à plusieurs reprises » ; « unashamedly » - « sans honte ».

Dans certains cas le français ne peut traduire qu’en transposant. Par exemple : « He is
reportedly in Paris. » - « On dit qu’il est à Paris. ».

La division du travail entre les fonctions adjectivale et adverbiale varie d’ailleurs d’une
langue à l’autre. L’anglais emploie souvent une tournure où un adjectif modifie le substantif
d’une locution verbale. En français cette modification est introduite par un adverbe, ce qui
représente une transposition. Par exemple : « He does not speak good French. » - « Il ne parle
pas bien le français. » ; « He makes good money. » - « Il gagne bien sa vie. »

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d) Les degrés de comparaison

Lorsque la comparaison est explicite, le comparatif ou le superlatif, s’impose aussi bien en


français qu’en anglais. L’anglais emploie le comparatif au lieu de superlatif quand la
comparaison est limitée à deux choses ou à deux personnes. C’est ainsi que « aîné » se traduit
tantôt par « elder » et tantôt par « eldest ».

De plus, l’anglais met l’adjectif au comparatif alors que le français le laisse au positif.
Par exemple : « le bas du mur » - « the lower part of the wall » ; « tôt ou tard » - « sooner or
later » ; « un café bien fréquenté » - « a better class café ».

Le superlatif fournit des exemples parallèles. « Most » peut fonctionner comme


superlatif absolu. Dans la phrase, « He was most eloquent at the end of his speech. », l’accent
tonique dira si la phrase signifie « Il a été surtout à la fin de son discours » ou « il a été très
éloquent à la fin de son discours ».

Sauf les cas de comparaison explicite, l’anglais a une certaine affinité pour le
comparatif et le superlatif relatif, tandis que la préférence du français va au positif et au
superlatif absolu.

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D. La notion et l’expression du temps

Si l’on met à part les formes progressive et emphatique, la liste des temps est à peu près
identique dans les deux langues, mais la répartition des tâches qui leurs sont confiées ne se fait
pas de la même façon. D’ailleurs, le fait même que l’anglais peut mettre n’importe quel temps
à la forme progressive révèle une orientation différente de la conjugaison anglaise.

a) Le futur

L’anglais et le français ont l’un et l’autre un futur ordinaire, par exemple « I shall do » -
« Je ferai », et un futur immédiat, par exemple « I am going to do » - « Je vais faire ». Il est
tentant de conclure que ces deux futurs se correspondent d’une langue à l’autre. En fait, ils ne
coïncident pas entièrement. Par exemple : « Vous ne m’avez pas entendu, je vais répéter. » -
« You did not hear me, I’ll repeat. »

Le français emploie obligatoirement le futur immédiat toutes les fois que l’action annoncée
va avoir lieu tout de suite. Mais l’anglais peut très bien utiliser les deux mais dans certains cas
cela indique en français que l’action n’a pas lieu tout de suite.

Par exemple : Un visiteur se présente chez un ami. Il n’est pas là. On lui dit : « Il n’est pas
là, mais je lui dirai que vous êtes venu. » ou « Entrez. Je vais lui dire que vous êtes là. » Dans
les deux cas, en anglais, on dira, « I will tell him. »

Le français préfère le présent au futur dans les avis où interviennent les considérations
juridiques. Par exemple : « La direction n’est pas responsable des objets perdus. » - « The
management will not be responsible for lost articles. »

b) Le passé

Quand il s’agit de marquer la succession des temps passés, le français est plus exigeant que
l’anglais, et certains passés anglais doivent se rendre par un plus-que-parfait. Par exemple :
« Il me demanda quand nous étions arrivés. » - « He asked me when we came. » ; « Je vous
avais dit que je vous préviendrai. » - « I told you I’d let you know. »

La question de l’imparfait se pose quand on passe de l’anglais au français. L’imparfait


n’est pas un temps de la durée, mais en fait un mode qui exprime l’action envisagée en dehors
de son commencement et de sa fin. C’est pourquoi c’est le temps de la description. L’imparfait
a un caractère dramatique où l’écart entre le présent et le passé est aboli et on plonge dans le

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passé comme si c’est le présent. Par exemple : « Un pas de plus et il roulait dans le précipice. »
- « One step more and he would have rolled into the valley. »

c) Le présent historique

L’usage du présent historique se fait afin de créer un effet d’immédiateté, pour donner
l’impression que la narration est en fait, une réalité. Si le présent historique se rencontre en
anglais, il y est d’un emploi moins fréquent qu’en français. Le traducteur devra donc en user
avec discrétion.

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E. La voix

La répartition entre les trois voix n’est pas la même dans les deux langues.

a) La voix pronominale

On aperçoit très vite que la vois pronominale est moins employée en anglais. Beaucoup de
verbes pronominaux français correspondent à l’autre langues à verbes actifs et passifs. Les
emplois de la voix pronominale peuvent se ranger en quatre catégories.

 La voix pronominale réfléchie

Dans la voix pronominale réfléchie, l’action retombe vraiment sur le sujet. Par exemple :
« Il s’est tué. » - « He killed himself. » ; « Servez-vous » - « Serve yourself. »

 La voix pronominale réciproque

Dans la voix pronominale réciproque, le sujet désigne plusieurs êtres qui agissent chacun
les uns sur les autres. Par exemple : « Ils se rencontrent tous les soirs. » - « They meet each
other every evening. »

 La voix pronominale qui rend subjectif une réalité objective

Par exemple : « Il se plongea dans sa lecture. » - « He was engrossed in the reading. » ;


« La cérémonie s’est déroulée dans la cour. » - « The ceremony took place in the court. ».

 La voix pronominale de l’habitude

Dans la voix pronominale de l’habitude, l’action indique la façon dont les choses se passent.
Par exemple : « Le saumon se mange froid. » - « Salmon is eaten cold. » ; « Cet article se vend
bien cette année. » - « This article is selling well this year. »

Le français a une affinité pour la voix pronominale tandis que l’anglais a une affinité pour
la voix passive.

b) Le passif en anglais

Bon nombre de passifs anglais ne peuvent se rendre en français sans transposition. On peut
dire que du point de vue de la traduction les passifs anglais peuvent se diviser en trois groupes.

 Ceux qui se traduisent par un verbe actif, dont le sujet sera souvent « on »

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Par exemple : « You are wanted on the phone. » - « On vous demande au téléphone. » ;
« He is not to be disturbed on any account. » - « Il ne faut pas le déranger sous aucun prétexte. »

 Ceux qui se rendent par la voix pronominale

Par exemple : « This is not done » - « Cela ne se fait pas » ; « He was nearly arrested. » -
« Il a bien failli se faire arrêter. »

 Ceux qu’il convient de laisser à la forme passive

Par exemple : « All these signs of rapprochement between Moslem world and the West are
viewed with satisfaction everywhere but in Isreal. » - « Toutes ces signes de rapprochement
enter l’Islam et l’Occident sont vus partout d’un bon oeil sauf dans l’Etat d’Israël. »

Il peut y arriver qu’un passif français correspond à un actif en anglais. Par exemple : « Only
a miracle saved him. » - « Il n’a été sauvé que par miracle. »

La fréquence du passif en anglais tient en partie à la structure de la langue. Le verbe anglais


n’a pas besoin d’être transitif pour se mettre au passif. Il reste accompagné de sa préposition à
l’une et l’autre voix. Par exemple : « The doctor was sent for. » - « On envoyea chercher le
médecin. »

Elle s’explique aussi par une attitude de la langue vis-à-vis la réalité. Il y a une certaine
objectivité anglaise qui se plaît à constater un phénomène sans l’attribuer à une cause précise
ou qui ne mentionne la cause ou l’agent qu’accessoirement. Il y a une répugnance chez les
Anglo-saxons à formuler toute de suite un jugement ou même une opinion. L’anglais rapporte
tandis que le français interprète.

Par exemple : « In view of the above arguments the proposal to single out the submarine
for abolition is regarded as a subtle attempt at the disarmament of France. » - « La France
estime qu’on proposant la suppression de l’arme sous-marine à l’exclusion de toute autre, on
chercher à la désarmée par des voies détournées. »

Le français a toujours besoin d’un complément ou un sujet. Par exemple : « The future of
broadcasting cannot be foretold and all its developments will no doubt be seized upon and used
as eagerly for evil as for good. » - « On ne saurait prédire l’avenir de la radiodiffusion et
l’humanité exploitera sans doute toutes ses possibilités avec autant d’ardeur pour le bien que
pour le mal. »

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F. La modalité

La modalité indique l’attitude du sujet parlant à l’égard de son énoncé, suivant qu’il le
considère comme exprimant un fait, une supposition, une nécessité, etc. Elle varie d’une langue
à l’autre. Les auxiliaires de mode n’ont pas le même champ d’application en français et en
anglais. On étudie ce fait à travers plusieurs aspects.

a) L’obligation physique et morale

Le verbe « devoir » s’est affaibli, suivant en cela l’évolution de « shall » et tendant à


devenir lui aussi un auxiliaire du futur. Cependant, le degré d’usure n’est pas le même pour
tous les temps. Il existe encore nombre de cas où « Je dois » correspond à « I must » et « Je
devais » à « I had to », mais la langue usuelle semble préférer « Il faut » et « Il fallait. »

Aujourd’hui « devoir » tend à exprimer surtout que normalement quelque chose aura lieu.
C’est un auxiliaire du futur. Par exemple : « Je dois le voir demain. » - « I am to see him
tomorrow. »

Les conditionnels présent et passé inclinent vers l’obligation morale. Par exemple : « Il
devrait s’en charger » - « He ought to take care of it. » ; « Vous auriez dû lui dire. » - « You
should have told him »

« Il faut » et « Il est nécessaire » sont synonymes seulement à la forme positive. à la forme


négative, leur équivalence disparaît. Par exemple : « Il faut qu’il parte. » - « He must
leave. » (forme positive) ; « Il ne faut pas qu’il parte » - « He must not go. » ; « Il n’est pas
nécessaire qu’il parte. » - « He does not have to go. » (formes négatives)

b) La possibilité

« Pouvoir » est ambigu, comme l’indique la phrase suivante. « Il peut venir » - « He can
come » ou « He may come »

Avec les verbes de perception « can » ne se traduit pas. Son passé « could » se rend alors
par l’imparfait. Par exemple : « I can hear him. » - « Je l’entends » ; « I could see the lights of
the city in the distance. » - « Je voyais au loin les lumières de la ville. » ; « I can clearly see
that such is not the case. » - « Je vois bien que tel n’est pas le cas. »

Il y a d’autres verbes avec lesquels l’idée de possibilité est implicite en français et explicite
en anglais. Par exemple : « You can never tell » - « On ne sait jamais. » ; « You can imagine
how glad he was. » - « Vous pensez comme il a été content. »
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Le conditionnel anglais n’a pas la faculté d’exprimer la possibilité sans auxiliaire modal.
Par exemple : « Serait-il déjà parti ? » - « Has he already left ? » ; « Seriez-vous son frère ? » -
« Are you his brother ? »

c) La probabilité

Pour rendre cette idée, le français dispose de « probablement » et de la tournure « il est


probable que » suivie de l’indicatif. Pour expliquer la probabilité en français, on a une structure
impersonnelle et en anglais on a une structure personnelle « He is likely to… ».

Le verbe « devoir » exprime aussi la probabilité, il se traduit alors par « must ». Par
exemple : « Nous devons être sur le bon chemin. » - « We must be on the right track. »

d) La certitude

Le « must » de quasi-certitude cherche souvent sa traduction en dehors de « devoir », qui


n’est pas entièrement exclu mais manque de netteté dans ce contexte, sans doute parce qu’il
évoque plutôt la notion voisine de probabilité.

Par exemple : « He must be home. » - « Il est sûrement chez lui. » ; « The two things must
be related. » - « Les deux choses sont nécessairement liées. »

e) La négation

Une nuance commune aux deux langues sépare « Je ne sais » de « Je ne sais pas » et « I
dare not » de « I do not dare ».

Mais « I don’t know » traduit également « Je ne sais » et « Je ne sais pas ». La nuance de


« Je ne sais » ne peut donc être rendue en principe. Cependant, en fin de phrase, elle trouve un
équivalent dans une tournure telle que « it is hard to say ».

Par exemple : « A-t-il oublié ou a-t-il préféré s’abstenir ? On ne sait. » - « Did he forget or
did he prefer to keep quiet ? It is hard to say. »

f) Les dires

Le conditionnel anglais ne peut s’employer pour rapporter les dires, et le conditionnel


français, quand il a cette fonction, doit se rendre par des moyens d’ordre lexical.

Par exemple : « Il serait en ville. » - « He is said to be in town. » ; « Deux ouvriers auraient


été tués. » - « Two workers are reported killed. » ; « President Eisenhower has reportedly re-

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stated the American refusal to recognize Communist China. » - « Le président Eisenhower
aurait réitéré le refus des États-Unis de reconnaître la Chine communiste. »

g) La permission

On retrouve ici « pouvoir » comme équivalent de « may ». Par exemple : « Vous pouvez
partir. » - « You may go. » ; « May I use your phone ? » - « Puis-je téléphoner ? »

À la forme interrogative et à la première personne « shall » est en fait l’équivalent de « Puis-


je », « Voulez-vous que… ». Par exemple : « Shall I call a cab ? » - « Voulez-vous que je
téléphone pour faire venir une voiture ? ».

Il ne s’agit pas tant d’une permission que d’une offre de services.

h) L’impératif

Parallèlement à l’impératif, le français dispose de l’infinitif qui fonctionne alors comme un


impératif impersonnel. Par exemple : « Ne pas traduire. » - « Do not translate. » ; « Compléter
les phrases suivantes » - « Complete following sentences. »

L’infinitif anglais ne peut prendre la valeur d’un impératif. Dans la langue des directives et
des avis, où cet emploi de l’infinitif français est le plus fréquent, l’anglais a souvent recours au
passif. Par exemple : « Ne pas laisser la porte ouverte. » - « This door should be kept closed. »

Le français emploie volontiers la tournure optative « que » suivi du subjonctif. On la traduit


généralement par « let » et l’infinitif. Par exemple : « Qu’il parle. » - « Let him speak. »

L’impératif anglais s’emploie parfois avec le pronom personnel « you » ou même avec
« somebody ». Avec « you » et tout autre verbe que « to be », il a l’aspect l’écrit de l’indicatif.
Sur le plan oral, l’intonation évité de l’ambiguïté. On peut considérer cette tournure comme
une forme accentuée de l’impératif. Le français ne la connaît pas et rend la mise en relief d’une
autre façon.

Par exemple : « You write to him right away ! » - « Écrivez-lui donc tout de suite ! » ;
« You keep out of this ! » - « Mêlez-vous de ce qui vous regarde ! » ; « Somebody go and tell
him » - « Il faudrait qu’on le prévienne. »

i) La modalité exprimée par le subjonctif

L’anglais semble avantagé par rapport au français parce que ses auxiliaires de mode lui
permettent de préciser la modalité avec clarté et simplicité. Mais le déclin du subjonctif prive

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cette langue de certaines nuances que le subjonctif français peut rendre lorsqu’il est libre, c’est-
à-dire lorsqu’il n’est pas commandé pas une conjonction ou un certain genre de verbes.

Par exemple : « Je cherche un livre qui contient/contienne ce renseignement. » ; « Je ne


dirai pas qu’il a/ait fait exprès. »

La nuance de « contienne » ne peut guère se rendre en anglais. On pourrait dire, « I am


looking for such a book as might contain this information », mais une telle phrase est plutôt du
style soutenu.

Par contre, l’opposition que donne le deuxième exemple peut être maintenue en anglais à
condition de modifier le vocabulaire. « I won’t tell anyone he di dit on purpose. » / « I won’t
go as far as to say he di dit on purpose. »

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G. L’aspect verbale

On a vu à propos du lexique qu’il y avait lieu d’élargir la notion d’aspect et de l’appliquer


au sens des mots, qu’ils soient verbes, adjectifs ou substantifs. On revient maintenant à l’aspect
verbal qu’expriment certains modes et temps des verbes.

a) L’aspect progressif

L’anglais utilise le présent continu pour exprimer cet aspect et le français utilise
l’expression « être en train de », mais le plus souvent il laisse au contexte le soin d’indiquer
que l’action est en cours au temps employé.

Par exemple : « He is working. » - « Il est en train de travailler. » ou « Il travaille ».

b) L’aspect duratif ou imperfectif

L’imparfait français est un aspect qui indique que l’action est considérée en dehors de son
début ou de son terme. L’anglais ne rend pas aisément cette nuance. C’est pourquoi les
anglophones rencontrent des difficultés à reconnaître les cas où le passé doit se traduire par un
imparfait du fait qu’il marque l’aspect duratif.

Il existe quelques verbes usuels à propos desquels la distinction entre l’imparfait et le passé
(simple ou composé) du français ne peut se rendre en anglais que par un changement de mots.

Par exemple : « Il pouvait le faire. » - « He could do it. » / « Il put le faire. » - « He was


able to do it. » ; « Il savait que je venais. » - « He knew I was coming. » / « Il sut que je venais. »
- « He heard I was coming. »

Parfois l’anglais a recours à une périphrase pour rendre la continuité de l’action. Par
exemple : « Le camion sautait sur les pavés inégaux du quai. » - « The truck went bumping
along over the uneven paving-stones of the pier. »

c) L’aspect habituel ou invétéré

Cet aspect est rendu par l’auxiliaire « will » en anglais, qui reçoit alors l’accent
d’insistance, et par plusieurs tournures en français.

Par exemple : « He will talk out of turn » - « Il faut toujours qu’il parle quand on ne lui
demande rien. » ; « He thinks it’s all your fault – He would ! » - « Il trouve que c’est de votre
faute. – C’est bien lui ! ça ne m’étonne pas de lui ! » ; « He would read for an hour after
breakfast. » - « Il lisait une heure après le petit déjeuner. »

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La répétition se marque aussi par le tour « il ne fait que ». Par exemple : « Il ne fait que
nous interrompre. » - « He keeps butting in. » et aussi par le pronominal « La soupe se mange
chaude. » - « Soup is eaten hot. »

d) L’aspect d’insistance

L’anglais a l’auxiliaire « do » mais les équivalents français sont variés et dépendent de la


situation.

Par exemple : « Do come ! » - « Venez donc ! » ; « He did answer ma letter » - « Il a bien


répondu à ma lettre. » ; « I did check the oil » - « Mais, si j’ai vérifié l’huile. » ; « He had
decided not to join us, but he did come. » - « Il avait décidé de ne pas se joindre à nous, mais
il est tout de même venu. »

e) L’aspect permanent et l’aspect occasionnel

En français, bon nombre de participes présents peuvent s’employer comme adjectifs


verbaux, mais ils n’ont nécessairement la même valeur que les participes présents anglais
correspondants. Dans certains cas, ils en sont séparés par une différence d’aspect.

En général, les adjectifs verbaux français expriment un aspect duratif ou habituel. Par
exemple : « Le tapis volant » - « l’étoile filante » ; « les sables mouvants ».

Au contraire la forme « -ing » employée comme adjectif peut exprimer aussi bien l’aspect
occasionnel que l’aspect habituel. Par exemple : « the departing guest » - « l’invité qui s’en
va » ; He could hear the receding sound of running feet. » - « Il entendait un bruit de pas
précipités qui s’éloignait. » - « They went back to their waiting car. » - « Ils retournèrent à leur
voiture qui les attendait. »

f) Les participes

Le comportement des participes présents et passés donne lieu à certaines observations qui
complètent ce que nous venons de dire sur les temps et l’aspect verbal et relèvent de ces deux
catégories.

 Le participe présent

Lorsqu’il y a simultanéité de deux actions, les deux langues peuvent employer le gérondif
et le participe présent pour exprimer l’une des actions. Par exemple : « Il s’est foulé la cheville
en descendant l’escalier » - « He sprained his ankle in going down the stairs. »

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Après les verbes de perception, les deux langues emploient généralement l’infinitif si
l’attention se porte essentiellement sur l’action accomplie plutôt que sur l’agent. Par exemple :
« Je l’ai vu entrer » - « I saw him go in. »

Le français préfère la relative au participe présent quand la perception s’applique autant à


la personne qu’à ce qu’il fait. Par exemple : « I saw him talking to the woman next door. » -
« Je l’ai vu qui parlait à la voisine. »

 Le participe passé

Beaucoup de participes passés anglais se traduisent par des relatives ou même par d’autres
subordonnées. Par exemple : « He got home unnoticed. » - « Il est rentré sans qu’on le voie. »

C’est l’inverse qui se produit quand il faut rendre en anglais notre participe français à sens
actif. Par exemple : « Parvenu près de la porte » - « Having reached the door » ; « Lui parti,
j’ai retrouvé le calme. » - « Once he had left, I regained my composure. »

g) L’aspect successif

Il existe un aspect qui apparaît dans certains mots en français mais qui en anglais s’exprime
par un procédé syntaxique, celui de la répétition. C’est l’aspect successif.

Par exemple : « They climbed flight after flight of stairs. » - « Ils grimpèrent des escaliers
interminables. » ; « As they covered mile after mile… » - « A mesure que les kilomètres
s’allongeaient derrière eux… »

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4. Questions annexes

A. La syntagmatique

On sait que le syntagme de subordination est la combination de deux signes lexicaux unes
dans un rapport d’interdépendance grammaticale. Ces combinaisons peuvent s’emboîter les
unes dans les autres et embrasser la phrase tout entière : le sujet et son prédicat forment en effet
un syntagme.

a) Les groupes syntaxiques et composés

On distingue ici deux sortes de syntagmes : « la cellule d’un moine » (groupe syntaxique)
et « une cellule de moine » (composé). On voit que le composé comporte un élément virtuel
tandis que le groupe syntaxique est formé d’éléments actualisés.

L’anglais n’est pas toujours en mesure de faire cette distinction. Il ne marque pas la
différence entre « un fils de fonctionnaire » et « le fils d’un fonctionnaire ».

Par contre quand la ressource du composé existe, l’anglais procède comme français. « a
tree trunk » - « un tronc d’arbre » ; « the trunk of a tree » - « le tronc d’un arbre »

b) Les compléments descriptifs

Le syntagme de description se caractérise en français par l’absence d’une préposition et


l’emploi de l’article défini au lieu du possessif. Par exemple : « les mains dans les poches » -
« with his hands in his pockets. » ; « un pistolet au poing » - « with a gun in his hand »

Cependant certains de ces syntagmes peuvent s’abréger dans les deux langues. Par
exemple : « gun in hand » - « pistolet au poing »

On distingue aussi nettement que l’anglais entre le signalement, ou l’identification, et la


description. Par exemple : « The man in the blue suit » - « L’homme au complet bleu » ; « Ces
dames aux chapeaux verts » - « The ladies in green hats » ; « A man in a blue suit » - « Un
homme vêtu de bleu »

c) La grammaticalisation de la préposition

Les exemples ci-dessus montrent qu’une préposition lexicale en anglais, telle que « in »,
peut se grammaticaliser en français, en se traduisant par « à » ou « de », ou se transposer en
participe (forme d’étoffement). La grammaticalisation des prépositions s’explique elle aussi

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par la préférence du français pour le plan de l’entendement. Elle établit en effet un rapport plus
abstrait entre les éléments du syntagme.

Par exemple : « the entrance to the subway » - « l’entrée du métro » ; « a mistake in


grammar » - « une faute de grammaire » ; « the main in the iron mask » - « l’homme au masque
de fer » ; the will to power » - « la volonté de puissance » ; « the man in the street » - « l’homme
de la rue » ; « a small hotel on the left bank » - « un petit hôtel de la rive gauche »

d) Les tournures synthétiques et analytiques

L’anglais peut créer des expressions synthétiques qu’il faut rendre en français par des
formes analytiques. Par exemple : « He is self-supporting » - « Il se suffit à lui-même » ; « It
is habit-forming » - « Cela devient une habitude. » ; « It does not require faculty approval » -
« L’approbation du conseil des professeurs n’est pas nécessaire ».

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B. L’ellipse

Dans son souci de clarté le français, langue liée, « représente » ce dont il s’agit, au lieu
de le sous-entendre comme le fait l’anglais. Le français procède par représentation et l’anglais
par ellipse. C’est ainsi que le français représente le complément d’un verbe, soit pour
l’annoncer, soit pour le rappeler.

Par exemple : « He did not say » - « Il ne l’a pas dit. » ; « You did not tell me » - « Vous
ne m’en aviez pas parlé. » ; « I did not have time » - « Je n’en ai pas eu le temps. » ; « Try and
stop me » - « Essayez de m’en empêcher »

Après les comparaisons et aussi quand on veut éviter la répétition d’un adjectif attribut,
le français représente, alors que l’anglais sous-entend. Par exemple : « He came sooner than
you expencted. » - « Il est arrivé plus tôt que vous ne vous y attendiez. » ; « He is satisfied, I
am not. » - « Il est satisfait, mais je ne le suis pas. »

Par contre, le français n’emploie pas de pronoms qui ne se rapportent à un point précis
de l’énoncé. Les rares exceptions sont des idiotismes du type : « Il l’a échappé belle. », ou des
expressions ou vulgaires.

En anglais le pronom qui ne représente rien de précis se rencontre dans la langue


littéraire, par exemple : « He was to it that … » - « Il a fait en sorte que… » ; « Rumour has it
that … » - « Le bruit court que… » ; ou dans la langue familière, par exemple : « Hop it ! » -
« Filez ! » ; « Cut it out ! » - « En voilà assez ! ça va ! ».

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