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Jacobe SEGDA
Université Joseph KI-ZERBO
Résumé
Le développement de l’Afrique est une des préoccupations des écrivains
africains. Ceux-ci se posent la question de savoir sur quels leviers appuyer
pour booster le développement dans les pays africains. Mais avant de poser
cette question, il convient de s’interroger sur les facteurs entravant ce
développement. Dramane Konaté s’est inscrit dans ce registre. La présente
Abstract
The development of Africa is one of the concerns of African writers. They are
asking themselves the question of what levers to press to boost development
in African countries. But before asking this question, it is worth considering
the factors hindering this development. Dramane Konaté is registered in this
register. This reflection has sought to understand how the question of
development in African countries is perceived by the author. What, according
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to the author, are the causes of underdevelopment in Africa and what needs
to be done to achieve socio-economic development in African countries?
Through a sociocritical analysis of the author's works, we have tried to find
the answers that Dramane Konaté gives to these questions. The study is based
on four works by the author. The approach is qualitative. The results of the
study indicate that in relation to the causes of the continent's
Introduction
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comme causes du sous-développement de l’Afrique. La
troisième partie enfin montre ce que l’auteur fait comme
propositions pour un développement intégral du continent.
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pas là seulement pour parler de l’esthétique. Ils s’intéressent
aussi à ce qui se passe dans la société. Ils sont des acteurs clés
dans la société, comme le disait J.-P. Sartre (1948, p. 25) :
« l’écrivain est un parleur : il désigne, démontre, ordonne,
refuse, interpelle, supplie, insulte, persuade, insinue ».
1. 2. Corpus et méthodologie
Le corpus exploité pour l’étude est constitué de quatre œuvres
de Dramane Konaté. La première, L’antédestin, est un roman de
238 pages publié en 2004 aux éditions Léonce Deprez à
Ouagadougou. Les deuxième et troisième œuvres sont des
recueils de nouvelles : Sahela et La triade de sang ; toutes les
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deux ont été éditées en 2017 aux éditions Icralivre. La quatrième
œuvre est une biographie portant le titre de Gendarma Saïd, le
soldat baroudeur, publiée en 2021 à Icralivre.
L’étude est menée selon l’approche sociocritique développée
par le philosophe français Lucien Goldman (1913-1970), reprise
2. 1. Les guerres
Bien que les populations africaines n’aient jamais été à l’origine
des guerres mondiales, elles ont été enrôlées comme soldats pour
soutenir les troupes des colons. L’auteur évoque le cas de la
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deuxième guerre mondiale dans L’antédestin. En effet, à la page
152, le Commandant a fait savoir aux habitants de Sokoura que
la France avait besoin de vaillants combattants pour soutenir les
troupes françaises au front. Il fallait aussi y envoyer des vivres
pour l’alimentation de ces troupes. Ainsi, « chaque famille
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2. 2. Les conflits internes
Les peuples africains n’ont pas seulement été victimes de
l’extérieur, mais victimes d’eux-mêmes aussi. D’abord, des
guerres ont eu lieu entre pays africains. C’est le cas de la guerre
de Noël à laquelle Saïdou Konaté, personnage dont il est
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l’insurrection populaire suivie d’une crise sociale en 2007 dans
la même zone. Il est difficile pour un pays de se développer
économiquement et socialement dans ces conditions.
2. 3. Le terrorisme
que cette pratique n’a rien à voir avec l’islam en citant des
versets du Coran dans son œuvre : « Celui qui a tué une seule
personne qui n’a commis aucun meurtre ou méfait sur terre, c’est
comme s’il avait tué l’humanité entière … » (Coran, sourate 5,
verset 32 cité par D. Konaté, 2017b, p. 35).
Dramane Konaté marque également son indignation face à cette
ignominie causée par des gens qui disent qu’ils suivent Dieu,
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alors qu’ils agissent contrairement à la volonté de Dieu : « O
Seigneur ! La vie n’est-elle pas l’œuvre d’Allah, l’Unique ?
Pourquoi tuer son prochain, massacrer des humains au nom d’un
ordre quelconque ? » (op. cit., p. 43)
Dans la deuxième nouvelle intitulée « L’avenue Panafrica »,
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littérature se présente comme « un moyen d’expression qui
reflète la société dans laquelle elle a vu le jour » (F. Karimian et
al. 2017, p. 66), Dramane Konaté n’a pas manqué de révéler ces
pratiques sociales dans ses œuvres. Dans L’antédestin, l’auteur
présente Bongnélé comme une femme très jalouse. Parce qu’elle
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été construit dans ce village. L’auteur veut souligner ici que le
malheur des Africains vient des Africains eux-mêmes. Voilà que
celui qui était censé pousser le village vers le développement fait
le contraire. C’est son intérêt personnel qui compte. La ruine du
village le laisse indifférent. Des hommes politiques pareils sont
2. 5. La mauvaise gouvernance
La gouvernance semble être le nœud du développement. En
Afrique, le problème de mal gouvernance est criant. Les
dirigeants et les leaders politiques sont plus préoccupés par leurs
intérêts personnels. Pour P. Jacquemot et al. (1994, p. 23), en
Afrique, « la lutte politique est celle de la politique du ventre ».
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L’avancement n’était possible, à l’époque, que
lorsque le soldat ou le sous-officier se soumettait
entièrement à sa hiérarchie, même en dehors du
cadre professionnel. Cette docilité, voire servilité
insensée, consistait en de travaux manuels dans la
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cas, que propose l’auteur à travers ses œuvres pour le
développement de l’Afrique ?
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Ensuite, Saïdou Konaté était un travailleur engagé et patriote. Il
s’est toujours donné à fond pour sauver ses prochains. C’est ainsi
que malgré la force des courants d’eau, il a pu sauver Mamadou
Sanfo au barrage de Tanghin. Il a aussi défendu la veuve du
parachutiste Moumouni Ouedraogo, lutté pour le traitement des
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technique de l’Occident nous fascine. Elle nous
inculque des schémas de pensée matérialiste sans
pour autant que le processus de leur réadaptation
au contexte africain soit garanti en fait. (D. Konaté,
2004, p. 114-115)
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L’auteur, à travers ce passage, invite les dirigeants africains à
s’inspirer du modèle de l’Orient pour bâtir leur modèle de
développement. Cela rejoint la proposition qui est faite plus haut
par W. Mvondo (op. cit.) : « embrasser sélectivement la
modernité tout en restant enraciné dans celles des valeurs de
lutte, l’auteur pense que la jeunesse africaine peut lutter pour que
cesse l’exploitation de l’Afrique et qu’enfin, le continent puisse
prospérer. Il le fait savoir à travers les propos du personnage
Djama dans L’antédestin :
L’avenir regarde la nouvelle génération […].
Aujourd’hui, les choses ont évolué. Vous êtes
abreuvés à la source de leur science et vous savez
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autant de choses qu’eux. Travaillez et réhabilitez la
mémoire de vos pères […]. Allez au devant des
grands événements, battez-vous jusqu’à bout de
souffle, rendez possible l’impossible ; bannissez
de vos habitudes la cupidité, la pleutrerie, la
Conclusion
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et soucieuse de l’avenir du continent. Tous ces conseils sont
donnés à travers les voies des personnages et des héros de ses
œuvres.
Références bibliographiques
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