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Que puis-je faire de ma culpabilité ?
Questions cruciales

Que puis-je
faire de ma
culpabilité ?

R. C. S P R O U L
Édition originale en anglais sous le titre :
What Can I Do with My Guilt?
© 2011 par R. C. Sproul
Publié par Reformation Trust Publishing, une division de Ligonier Ministries
421 Ligonier Court, Sanford, FL 32771, U.S.A.
Ligonier.org ReformationTrust.com
Tous droits réservés. Traduit et publié avec permission.

Pour l’édition française :


Que puis-je faire de ma culpabilité ?
© 2021 Publications Chrétiennes, Inc.
Publié par Éditions La Rochelle
230, rue Lupien, Trois-Rivières (Québec)
G8T 6W4 – Canada
Site Web : www.editionslarochelle.org
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.

Publications Chrétiennes exprime toute sa gratitude à Ligonier Ministries


Canada (www.ligonier.ca) qui, par son soutien, a rendu possible la publication
de ce livre en français.

Traduction : Myriam Graffe


Adaptation de couverture et mise en page : Rachel Major

ISBN : 978-2-924895-37-5 (broché)


ISBN : 978-2-924895-38-2 (eBook)

Dépôt légal – 4e trimestre 2021


Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada

« Éditions La Rochelle » est une marque déposée de


Publications Chrétiennes, Inc.

À moins d’indications contraires, les citations bibliques sont tirées de la


Nouvelle Édition de Genève (Segond 1979) de la Société Biblique de Genève.
Avec permission.
Table des matières

1 La culpabilité et le sentiment de culpabilité . . . 7

2 Gérer la culpabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

3 Le remède : le pardon . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

5
Chapitre 1

La culpabilité et
le sentiment de
culpabilité

P endant ma carrière en tant que professeur de séminaire, j’ai


souvent été appelé à donner des cours sur l’apologétique
chrétienne. Le terme apologétique vient du mot grec apologia
qui signifie « donner une réponse ». Ainsi, la discipline de l’apo-
logétique a pour objectif de fournir une défense intellectuelle
et rationnelle des prétentions à la vérité du christianisme et de
répondre aux objections que les gens soulèvent à l’égard de la
foi. Il peut s’agir d’une entreprise très abstraite et philosophique.
Étant investi dans le domaine de l’apologétique, je converse
souvent avec des personnes non croyantes ; certaines sont

7
Que puis-je faire de ma culpabilité ?

indifférentes, tandis que d’autres sont ouvertement hostiles au


christianisme. C’est pour cela que, lorsque j’aborde ce genre de
discussions, je suis souvent confronté à des questions sur diverses
choses que nous affirmons être vérité. Je pense, comme Francis
Schaeffer avait l’habitude de le dire, qu’il est de la responsabilité
chrétienne de donner des réponses honnêtes à des questions
honnêtes, dans la mesure de nos moyens. C’est donc ce que je
tente de faire de mon mieux.
Cependant, à un moment donné de la discussion, en parti-
culier avec des personnes sceptiques ou philosophiquement hos-
tiles au christianisme, je cesse de tenter de donner des réponses
pour poser à mon tour une question particulièrement pointue.
Je dis par exemple : « Nous avons discuté des abstractions, des
arguments rationnels sur l’existence de Dieu, et cetera. Mettons
tout cela de côté un instant pour que je puisse vous poser la
question suivante : que faites-vous de votre culpabilité ? »
Cette question provoque souvent un changement radical
dans la teneur de la discussion. Elle touche à quelque chose
de viscéral pour de nombreuses personnes, quelque chose qui
les affecte à un niveau existentiel, et extirpe donc la conversa-
tion du domaine de l’abstrait. Dans la plupart des cas, mon
interlocuteur ne se met pas en colère lorsque je lui pose cette
question. Parfois, la personne déclare qu’elle ne ressent pas de
culpabilité ou que cela n’est qu’un terme inventé par les per-
sonnes religieuses. En général, cependant, la personne prend
la question au sérieux et tente d’expliquer comment elle gère
ce problème. Je pense que c’est la preuve que tout être humain

8
La culpabilité et le sentiment de culpabilité

y est confronté. Chacun, à un certain niveau et à un moment


donné de sa vie, doit y faire face.

La culpabilité : une réalité objective


Qu’est-ce que la culpabilité ? En premier lieu, il faut dire qu’elle
n’est pas subjective, mais objective, car elle correspond à une
norme ou à une réalité objective. Cela m’amène à la définition
la plus simple que je puisse proposer : la culpabilité est ce qu’une
personne subit quand elle viole une loi.
Nous comprenons comment cela fonctionne dans le système
de justice pénale. Si quelqu’un enfreint une loi, un statut qui a
été promulgué par un gouvernement, et que cette personne est
appréhendée pour cette raison, elle peut être amenée à compa-
raître devant un tribunal. Cette personne peut dire qu’elle n’est
pas coupable, auquel cas elle a droit à un procès, souvent devant
un jury. Lors de ces audiences, des preuves sont avancées et des
témoignages sont entendus. À la fin du procès, les membres du
jury rendent un verdict. Ils décident si, à leur avis, la personne
est effectivement coupable d’avoir enfreint la loi en question.
Il existe un large éventail de types de procès, de types
d’arguments utilisés et de niveaux de preuves. Il y a quelques
années de cela, toute la population des États-Unis avait paru
fascinée par les deux procès d’O. J. Simpson – il s’agissait
d’un procès criminel, d’une part, et d’un procès civil, d’autre
part –, qui comportaient des règles différentes en matière de
preuves, diverses directives pour en arriver à un verdict, et ainsi

9
Que puis-je faire de ma culpabilité ?

de suite. Cependant, dans tout type de procès, la question-clé


est la suivante : la personne est-elle coupable ? En d’autres
termes, le suspect a-t-il commis l’infraction ? A-t-il ou a-t-elle
transgressé la loi ?
Les lois sont une réalité inéluctable dans notre monde. Il
existe des règles imposées par nos parents. Il y en a aussi qui
sont établies par les enseignants et les employeurs. Les États
et les gouvernements promulguent des lois. Nous sommes
tous soumis aux unes et aux autres. Nous pouvons être en
désaccord avec certaines de ces lois ou encore avec l’idée même
sur laquelle elles s’appuient. Nous n’avons peut-être pas eu
l’occasion de voter pour ou contre certaines d’entre elles que
nous devons accepter. Pour autant, elles sont là et nous ne
pouvons les ignorer. Lorsque nous parlons de culpabilité, nous
parlons de la transgression ou de la violation de ces règles ou
de ces lois.
La vision biblique établit que Dieu est le législateur suprême
et qu’il considère chaque personne vivante comme responsable
de se conformer à ses mandats. Oui, Dieu a des règles et des
lois. J’ai souvent entendu dire que le christianisme n’est pas
une question de règles et de règlements, mais d’amour. Ce
n’est tout simplement pas vrai. Le christianisme parle d’amour,
certes, mais c’est parce que l’amour est l’une des règles – Dieu
nous ordonne de l’aimer et de nous aimer les uns les autres.
Le christianisme ne se résume pas à des règles et des lois, mais
celles qui ont été décrétées par Dieu sont une réalité depuis le
jour de la Création. Donc, si nous définissons la culpabilité

10
La culpabilité et le sentiment de culpabilité

comme étant ce qu’une personne encourt lorsqu’elle enfreint


une loi, nous encourons la culpabilité suprême quand nous
enfreignons la loi de Dieu. En effet, celle-ci est parfaite. Elle
n’est jamais arbitraire. Elle ne reflète pas simplement les intérêts
d’un groupe de pression particulier, mais le caractère parfait,
saint et juste de Dieu lui-même.
Bien entendu, si Dieu n’existe pas, alors nous n’avons pas
à nous soucier d’enfreindre ses règles, puisqu’il n’y en a pas.
Cependant, nous ne pouvons échapper à celles des magistrats
inférieurs avec lesquelles nous devons composer. Je crois que
nous avons tous transgressé la loi de Dieu, mais même si nous
ne l’avions pas fait, nous avons certainement violé celles des
hommes. Donc, nous avons tous déjà fait l’expérience d’une
situation objective où nous avons enfreint une loi.
Supposons qu’une personne commette un meurtre avec
intention de nuire ; elle prévoit délibérément de prendre la vie
d’une autre personne, puis elle exécute son plan. La grande
majorité des gens dans ce monde est d’accord pour dire que
tuer est une mauvaise chose et que le meurtre est immoral.
Même à notre époque de relativisme, où beaucoup de gens
disent qu’il n’y a pas d’absolus, personne ne s’en tiendrait à cette
philosophie si quelqu’un l’attaquait avec un couteau et menaçait
de le tuer. La victime dirait : « C’est mal, et si tu me tues par
malveillance, tu seras coupable. » Et elle aurait raison. Nous
comprenons dans une certaine mesure que certaines choses
sont intrinsèquement mauvaises, et si nous les commettons,
nous nous exposons à la culpabilité.

11
Que puis-je faire de ma culpabilité ?

Le sentiment de culpabilité : une


réponse subjective
Il est intéressant de noter ce qui se produit lorsque je demande
aux gens : « Que faites-vous de votre culpabilité ? » Je ne
demande pas ce que l’individu fait de son sentiment de culpa-
bilité. Non, ma question porte sur sa culpabilité. Pourtant,
presque toutes les personnes auxquelles je pose cette question
ont tendance à répondre en se basant sur ce qu’elles ressentent
à cet égard. Dans ces cas-là, j’arrête la discussion pour faire une
distinction minutieuse entre la culpabilité et le sentiment de
culpabilité. Bien que ces deux notions soient étroitement liées,
elles ne renvoient pas exactement à la même chose. La distinc-
tion fondamentale réside dans le fait que l’une est objective
tandis que l’autre est subjective.
Arrêtons-nous un instant pour réfléchir à ce que sont les
sentiments. Ce sont des choses que les êtres humains expéri-
mentent. À notre connaissance, les pierres n’éprouvent pas de
sentiments personnels. Ce sont des objets froids et sans vie. Par
conséquent, si quelqu’un lance une pierre et que celle-ci me
frappe la tête, cette personne peut ressentir ou non de la culpa-
bilité, mais je peux affirmer sans risquer de me tromper que la
pierre n’aura subi aucun traumatisme d’ordre psychologique.
Elle est l’instrument utilisé dans cette agression en particulier,
mais elle n’a pas de sentiments. Il en va autrement des gens,
qui sont des êtres personnels. Ils ont un esprit et une volonté.
Chacun d’entre eux possède une facette sentimentale. Ainsi,

12
La culpabilité et le sentiment de culpabilité

lorsque nous parlons de sentiments de culpabilité, il s’agit de


quelque chose de personnel et de subjectif.
La culpabilité sans le sentiment de culpabilité. Alors que
nous cherchons à faire le tri et à distinguer la culpabilité du
sentiment de culpabilité, il est important de nous rappeler que
nos sentiments ne correspondent pas toujours parfaitement à
notre statut au regard de la loi. Quelques exemples permettront
d’y voir plus clair.
Il existe une expression pour désigner les personnes que l’on ne
peut dissuader de se garer dans les zones de stationnement inter-
dit. Elles reçoivent des contraventions qu’elles jettent tout simple-
ment à la poubelle, ou alors elles reçoivent des mises en demeure
ou des convocations au tribunal, mais les ignorent tout bonne-
ment. Nous appelons ces personnes les « récalcitrants ». Elles
semblent capables de récidiver sans aucun remords personnel.
Si l’on transpose cette idée à un niveau supérieur, il existe,
dans l’étude de la psychologie, une catégorie de personnes
que l’on appelle psychopathes ou sociopathes. L’élément com-
mun de ces deux termes est le suffixe pathes ; il vient du grec
pathos, qui signifie « souffrance, sentiment, émotion ». Un
psychopathe ou un sociopathe est une personne capable de
commettre un acte antisocial, comme un crime odieux par
exemple, sans aucun sentiment apparent de remords. On
dit parfois qu’une personne est un menteur sociopathe. Cela
signifie non seulement que cette personne ment de manière
habituelle et constante, mais qu’elle le fait sans subir d’assauts
particuliers contre sa conscience.

13
Que puis-je faire de ma culpabilité ?

Quand les gens commettent des crimes terribles sans se


sentir coupables, leurs sentiments ne sont pas proportionnels à
leur culpabilité réelle. Ainsi, il est possible que des gens soient
coupables sans avoir de sentiment de culpabilité, ou du moins
sans que celui-ci soit proportionnel au méfait. L’absence de
sentiment de culpabilité n’indique pas toujours une absence
de culpabilité.
Imaginez qu’une personne soit arrêtée pour assassinat
et que le ministère public dispose d’enregistrements audio
et vidéo de cette personne déclarant à l’avance son hostilité
envers la victime, et sa ferme intention de la tuer. Supposez
qu’il soit également en possession d’une vidéo du meurtre en
question, de preuves grâce à l’ADN et même de l’arme du
crime. Malgré tout, la personne se présente au tribunal et
répond au juge, qui lui demande ce qu’elle plaide : « Je plaide
non coupable. » Elle choisit alors de se défendre elle-même
plutôt que de faire appel à un avocat. Elle se tient devant
la cour et monte sa défense en affirmant : « Je ne suis pas
coupable parce que je ne me sens pas coupable. Peu importe
toutes les preuves objectives, mon témoignage subjectif établit
mon innocence. Je ne peux pas être coupable puisque je ne me
sens pas coupable. » À votre avis, combien de temps tiendrait
cette défense dans un tribunal laïque ? Le fait qu’une personne
dise qu’elle n’est pas coupable parce qu’elle n’éprouve pas ce
sentiment n’établit pas son innocence, car cela ne prouve
absolument pas qu’elle n’a pas enfreint la loi se rapportant
au meurtre.

14
La culpabilité et le sentiment de culpabilité

Il est possible que des personnes ne ressentent pas la culpa-


bilité qu’elles portent devant Dieu. Dans le troisième chapitre
du livre de Jérémie, le prophète parle de l’infidélité du peuple
de Dieu dans l’Ancien Testament. Comme c’est souvent le cas
dans la Bible, l’infidélité d’Israël est décrite par la métaphore
de l’adultère – Israël est considéré comme une prostituée qui
s’est unie à des divinités étrangères.
Jérémie écrit :

… Lorsqu’un homme répudie sa femme, qu’elle le quitte


et devient la femme d’un autre, cet homme retourne-t-il
encore vers elle ? Le pays même ne serait-il pas souillé ?
Et toi, tu t’es prostituée à de nombreux amants, et tu
reviendrais à moi ! dit l’Éternel. Lève tes yeux vers les
hauteurs, et regarde ! Où ne t’es-tu pas prostituée ! Tu
te tenais sur les chemins, comme l’Arabe dans le désert,
et tu as souillé le pays par tes prostitutions et par ta
méchanceté. Aussi les pluies ont-elles été retenues, et
la pluie du printemps a-t-elle manqué ; mais tu as eu le
front d’une femme prostituée, tu n’as pas voulu avoir
honte (Jé 3.1-3).

L’imagerie de Jérémie est ici très explicite. En exprimant


le jugement de Dieu contre Israël, il l’accuse de se prostituer
et décrit son peuple comme ayant un front de prostituée.
Qu’est-ce que cela signifie ? Jérémie veut dire qu’Israël a oublié
comment rougir. Ce peuple a tellement pratiqué son infidélité

15
Que puis-je faire de ma culpabilité ?

et y est tellement habitué qu’il a perdu tout sens de l’embarras


ou de la honte.
Des passages bibliques comme celui-ci montrent clairement
qu’il y a souvent un écart considérable entre la culpabilité objec-
tive et le sentiment de culpabilité qui en découle. Les Écritures
nous disent qu’il est possible que certaines personnes, à force de
commettre des péchés à répétition, perdent la capacité d’éprou-
ver de la gêne et de la honte. La Bible parle fréquemment de
cœurs endurcis, ce qui explique qu’une personne ne ressente
plus aucun remords par rapport à la transgression commise.
Il est dangereux de se fier entièrement à notre sentiment de
culpabilité comme jauge de la gravité de notre faute, car nous
pouvons étouffer ce que nous signale notre conscience.
Un sentiment de culpabilité sans culpabilité. D’un autre
côté, certaines personnes sont en proie à toutes sortes de sen-
timents de culpabilité pour des choses qu’elles n’ont pas faites.
Objectivement, elles n’ont violé aucune loi, mais à cause d’une
aberration mentale ou d’une autre, elles se sentent coupables ;
elles ont le sentiment d’avoir violé une ou plusieurs lois.
Il est en effet possible que des personnes se sentent coupables
de choses qui, en elles-mêmes, ne sont pas des péchés. Supposons
par exemple que vous ayez été élevé dans une famille chrétienne
appartenant à une sous-culture chrétienne qui enseigne que tel
ou tel comportement est mauvais. Vos parents, vos enseignants
et les figures d’autorité dans l’Église vous ont inculqué que
les chrétiens n’ont pas le droit de faire certaines choses. Dans
certains cas, ces règles et règlements ne se trouvent pas dans

16
La culpabilité et le sentiment de culpabilité

les Écritures. Cela s’appelle du légalisme, c’est un système qui


impose des lois là où Dieu a laissé les hommes libres. Mais
qu’elles soient réellement un péché ou non, vous avez reçu cet
enseignement selon lequel certaines actions sont contraires à
la loi de Dieu, donc si vous les faites, vous éprouvez un grand
sentiment de culpabilité. En bref, vous vous sentez coupable
même si les comportements que vous adoptez ne sont pas soumis
au jugement de Dieu.
Les boissons alcoolisées en sont un exemple courant. De
nombreuses personnes ont reçu l’enseignement selon lequel
la consommation de boissons alcoolisées serait un péché. Je
ne crois pas que la Bible enseigne cela. Je suis certain que je
pourrais recevoir de nombreux appels et plusieurs lettres de
personnes qui ne sont pas d’accord avec moi, car elles ont
appris dans leur Église ou dans leur famille que le vin dont
parle la Bible est simplement du jus de raisin non fermenté.
Cependant, dans l’Israël antique, lors des fêtes religieuses ins-
tituées par Dieu, notamment la Pâque, c’était du vrai vin qui
était consommé. Il s’agissait en effet d’une boisson qui avait la
capacité, si on en abusait, de rendre les gens ivres. Dans l’Israël
de l’Ancien Testament, l’ivrognerie était un réel problème, et
Dieu s’était prononcé à ce sujet et l’avait considéré comme un
péché sérieux. Mais l’ennui venait non pas de la boisson, mais
de l’ivresse en elle-même.
De même, le Nouveau Testament indique clairement que
l’abus d’alcool est un péché. Néanmoins, Jésus a produit du
vrai vin lors de la fête des noces de Cana (voir Jn 2). Oinos est

17
Que puis-je faire de ma culpabilité ?

le terme grec qui est traduit par « vin » et il fait état du fruit fer-
menté de la vigne. Ce vin était utilisé à des fins religieuses, pour
une consommation quotidienne, et aussi en temps de fête. La
Bible parle du vin qui réjouit le cœur de l’homme (Ps 104.15).
Lorsque Jésus a institué la sainte cène, il a consacré du véritable
vin. À cette occasion, il célébrait la Pâque avec ses disciples, et
c’est du vin qui était utilisé lors de cette fête.
L’enseignement chrétien que l’on retrouve couramment
contre les boissons alcoolisées est né de la prohibition et du mou-
vement pour la tempérance aux États-Unis. Il n’a aucun fonde-
ment dans la lexicographie des langues anciennes. Néanmoins,
bon nombre de ceux qui sont exposés à cet enseignement et qui
consomment ensuite de l’alcool en ressortent avec un sentiment
de culpabilité, alors qu’ils n’ont commis aucun péché.
En même temps, la Bible nous dit que tout ce qui n’est pas
le produit d’une conviction est péché (Ro 14.23b). Permettez-
moi d’illustrer cela. Un de mes amis aimait beaucoup jouer au
ping-pong. Or la Bible ne dit rien au sujet du ping-pong ; ce
jeu n’avait même pas été inventé à l’époque où la Bible a été
écrite, et je pense que nous pouvons facilement voir qu’il n’y
a aucun mal intrinsèque à s’adonner à un simple passe-temps
ou à un sport récréatif comme le ping-pong. Pourtant, même
cette activité peut devenir une occasion de pécher. Mon ami
était un chrétien sincère qui détenait de sérieuses responsa-
bilités dans son travail, mais il était devenu tellement pris
par ce sport qu’il avait commencé à négliger son emploi, sa
famille et ses autres tâches. Sa passion du ping-pong prenait

18
La culpabilité et le sentiment de culpabilité

le dessus. Pour lui, ce sport était donc devenu un problème


moral, non pas parce qu’il est mauvais en soi, mais parce
que cette activité était devenue une occasion de pécher et de
se montrer irresponsable dans sa vie. Il s’est donc retrouvé à
devoir lutter contre le ping-pong.
De même, si vous croyez que prendre un verre de vin est un
péché, et que vous en buvez, alors vous aurez péché. D’après
moi, le péché n’est pas dans le fait de boire du vin. En effet,
si c’était un péché, cela signifierait que Jésus était pécheur, et
qu’il n’aurait donc pas été qualifié pour être le Sauveur parfait
de son peuple. Il aurait été l’Agneau avec un défaut, plutôt que
l’Agneau sans défaut (voir 1 Pi 1.19). Non, le principe est le
suivant : ce qui est fait sans la foi est péché, et si vous faites une
chose que vous croyez mauvaise, alors la transgression que vous
commettez est celle d’agir à l’encontre de votre conscience. Vous
avez fait quelque chose avec l’intention de désobéir, et choisir de
faire une chose que l’on croit mauvaise est mal, même si dans
les faits ce n’était pas un péché.
Avec tous ces exemples, j’espère que vous comprendrez
pourquoi il est important que nous saisissions bien le lien
entre la culpabilité et le sentiment de culpabilité. La présence
de ce dernier n’indique pas automatiquement la présence de
culpabilité objective à l’égard d’une action particulière. En
revanche, elle peut indiquer que l’individu concerné est cou-
pable d’avoir agi de façon contraire à ce que lui dictait sa
conscience. Au fond, chaque fois que nous expérimentons des
sentiments de culpabilité, nous devons prendre du recul et nous

19
Que puis-je faire de ma culpabilité ?

demander aussi honnêtement que possible « Ai-je enfreint la


loi de Dieu ? »
Chaque fois que nous confondons culpabilité et sentiment de
culpabilité, nous nous exposons à plusieurs problèmes. Des gens
peuvent par exemple profiter de notre sensibilité par rapport à
certains schémas comportementaux et essayer de nous imposer
des sentiments de culpabilité qui ne sont pas justifiés par rapport
aux actions que nous avons faites. L’une des façons les plus faciles
de manipuler les gens, c’est de les culpabiliser dans le but de leur
faire honte ou de les mettre dans l’embarras pour qu’ils fassent
ce que nous voulons. Il y a des gens qui sont passés maîtres dans
l’art de manipuler par la culpabilité. Ce processus peut être très
destructeur et dévastateur dans les relations humaines.
Mais cela reste un petit problème, comparé au revers de la
médaille. Nous pouvons aussi devenir des spécialistes pour faire
taire les sentiments découlant d’une culpabilité réelle. Nous
vivons dans une culture qui nous enseigne que les sentiments
de culpabilité sont intrinsèquement destructeurs parce qu’ils
sapent l’estime de soi d’une personne. De nos jours, même dans
le domaine de la psychologie, on nous laisse entendre qu’il n’est
pas bon de dire aux gens que leur comportement est un péché.
Karl Menninger a écrit un livre qu’il a intitulé Whatever Became
of Sin? (Qu’est-il arrivé au péché ?) En voici l’idée principale :
nous n’osons pas dire à quelqu’un que son comportement est
mauvais parce que nous risquons de l’amener à se sentir cou-
pable et, si cela se produit, il pourrait souffrir par la suite d’une
sorte de détresse psychologique.

20
La culpabilité et le sentiment de culpabilité

La réalité de notre culpabilité


Permettez-moi de revenir maintenant à la question que je pose
lors de mes discussions apologétiques : « Que faites-vous de
votre culpabilité ? » Un avocat intelligent ferait remarquer que
cette question pose un problème. En effet, je n’ai pas établi qu’il
y ait une quelconque culpabilité. Ma question présuppose que
la personne est confrontée à une culpabilité qu’elle doit traiter.
Cette question ressemble à celle-ci : « Avez-vous cessé de
battre votre femme ? » Si un homme répond à cette question
en disant « oui », il admet qu’il a déjà battu sa femme, mais
s’il répond « non », alors il veut dire qu’il continue de la
battre. Quelle que soit sa réponse, elle le place en situation
d’admission d’une certaine culpabilité. La question est posée
de manière illégitime.
Donc, si je vous dis sans vous connaître « Que faites-vous
de votre culpabilité ? », vous avez tout à fait le droit de me
répondre : « Quelle culpabilité ? Vous supposez que j’en ai ! »
C’est vrai, mais je peux faire cette supposition en me basant sur
ma perspective théologique et biblique. C’est pourquoi, quand
je pose cette question, je ne commence pas par soutenir que
la culpabilité existe. Je me contente de supposer que les gens
saisissent la réalité de la culpabilité.
Dans le troisième chapitre de l’épître aux Romains, l’apôtre
Paul expose en détail la chute de la race humaine. Il écrit : « Or,
nous savons que tout ce que dit la loi, elle le dit à ceux qui sont
sous la loi, afin que toute bouche soit fermée, et que tout le

21
Que puis-je faire de ma culpabilité ?

monde soit reconnu coupable devant Dieu. Car personne ne


sera justifié devant lui par les œuvres de la loi, puisque c’est par
la loi que vient la connaissance du péché [...] Car tous ont péché
et sont privés de la gloire de Dieu » (Ro 3.19,20,22,23). Ici, de
manière manifeste et sans ambiguïté, les Écritures enseignent
non seulement la réalité de la culpabilité humaine, mais aussi
son universalité. Dieu a déclaré que le monde entier, chaque
personne qui y vit, est coupable d’avoir enfreint sa loi.
Certains pourraient penser que décréter l’universalité de
la culpabilité humaine sur la base d’un passage du Nouveau
Testament serait une forme de provocation de ma part.
Cependant, cette notion n’est pas propre uniquement au témoi-
gnage de l’Écriture, elle fait partie du folklore ou de la sagesse
naturelle de nombreuses cultures. En termes techniques, cette
idée est connue sous le nom de jus gentium, « la loi des nations »,
qui est le témoignage universel des peuples, donc pas seulement
de ceux qui lisent la Bible et qui se sont engagés vis-à-vis d’une
religion particulière, pour l’universalité de la culpabilité.
Vous est-il déjà arrivé de dire : « Personne n’est parfait » ?
Êtes-vous d’accord avec cette affirmation négative universelle ?
Combien de personnes connaissez-vous qui croient vraiment
qu’elles sont parfaites ? Je n’ai jamais rencontré une seule
personne qui m’ait un jour affirmé l’être, sauf dans l’Église
chrétienne, où certains déclaraient s’être perfectionnés et être
parvenus à un état de perfection. Je pense qu’ils se leurraient
complètement sur ce point, mais je ne peux donc pas dire que
je n’ai jamais rencontré un individu qui prétend être parfait.

22
La culpabilité et le sentiment de culpabilité

Pourtant, même ces personnes-là admettent leurs imperfections


passées, et il ne m’est pas encore arrivé qu’un être humain me
regarde dans les yeux en affirmant : « Je n’ai jamais fait de mal
dans ma vie. »
Il est possible en effet que des gens pensent cela, et je devrais
accorder une attention toute particulière à ceux qui le font,
mais je vais trancher le nœud gordien ici et parler à ceux qui
ne se trouvent pas dans cette catégorie, parce qu’ils représentent
l’écrasante majorité des gens. Ceux-là savent qu’ils ont enfreint
la loi de Dieu. Encore une fois, Paul nous dit : « Tous ont
péché et sont privés de la gloire de Dieu. » Le mot péché dans
le Nouveau Testament, en grec harmatia, signifie littéralement
« manquer la cible. » Il a été emprunté au sport du tir à l’arc.
Les archers de l’antiquité s’entraînaient à peu près comme les
archers d’aujourd’hui, avec des cibles comportant des segments,
des rayons et un centre. L’archer bandait son arc et essayait
d’atteindre un point particulier en visant ce point avec sa flèche.
Harmatia était le mot utilisé dans l’antiquité lorsque l’archer
manquait le centre de la cible et n’atteignait pas le score parfait.
Mais lorsque ce terme est transposé dans l’imagerie théologique
du Nouveau Testament, il ne s’agit plus de tirer des flèches
sur des cibles, mais de la vie réelle. Pour nous, il est question
d’atteindre la norme de la perfection de la loi de Dieu, et les
Écritures disent que personne n’a atteint la cible. Personne n’at-
teint la norme de justice et de conduite morale qui a été établie
par Dieu lui-même. Et puisqu’il en est ainsi, tout le monde est
coupable devant Dieu.

23
Que puis-je faire de ma culpabilité ?

Par conséquent, je peux aller droit au but dans une conver-


sation banale et dire à une personne : « Que faites-vous de
votre culpabilité ? » Je ne parle pas de sa culpabilité devant
un enseignant de maternelle, devant l’agent de police local
ou devant le tribunal à la suite d’une infraction au Code de
la route. Je parle de la culpabilité de la personne devant Dieu.
La réponse la plus fréquente à cette question est la suivante :
« Je ne m’en soucie pas tant que cela, puisque c’est à Dieu de
pardonner. » Les gens espèrent que, puisque tout le monde est
dans le même bateau, le créateur de cette embarcation et son
capitaine ne seront pas perturbés par une personne de plus dans
cette situation. Si personne n’est parfait, Dieu va certainement
devoir nous accorder une note par rapport à une courbe. Il devra
faire ce que nous faisons – ajuster la norme en l’abaissant pour
nous prendre tels que nous sommes.
Dans un sens, ceux qui donnent cette réponse savent que
leurs flèches manquent la cible, mais au lieu de s’éloigner davan-
tage de la cible, ils s’en rapprochent pour avoir plus de facilités à
en toucher le centre. Toutefois, c’est une chose d’ajuster le viseur
de l’arc ou de réduire la distance par rapport à la cible, c’en est
une autre de demander à Dieu d’ajuster sa nature. Rappelez-
vous que la loi découle du caractère de Dieu, et ses lois sont
justes parce qu’il est juste. Il ne va pas ajuster la loi qui reflète
sa perfection pour s’adapter à vous et moi. Or s’il ne le fait pas,
nous restons donc tous coupables devant elle.
L’étude de la psychologie nous apprend qu’il n’y a proba-
blement rien de plus paralysant pour l’action humaine que les

24
La culpabilité et le sentiment de culpabilité

sentiments de culpabilité non résolus. De telles impressions


paralysent les gens. C’est pourquoi, lorsque nous y sommes
confrontés, nous devons y faire face. Malheureusement, nous
essayons trop souvent de gérer notre culpabilité et nos senti-
ments de culpabilité en usant de méthodes artificielles. Dans le
chapitre suivant, j’aimerais examiner ces méthodes avant de me
tourner, dans le dernier chapitre, vers la prescription de Dieu
pour remédier à la culpabilité et aux sentiments de culpabilité.

25
Chapitre 2

Gérer la culpabilité

Q uand j’étais jeune garçon à l’école primaire, mes enseignants


avaient imposé des règles et des consignes. Une de ces règles
interdisait de mâcher du chewing-gum en classe. Une autre éta-
blissait que nous ne devions pas parler à nos camarades pendant la
classe. Lorsque nous enfreignions ces règles et que nous étions pris
sur le fait, nous devions subir l’une ou l’autre des diverses formes
de punition, allant de l’obligation de rester debout dans le couloir
jusqu’à demeurer à l’école le soir, en passant par l’écriture répé-
titive de diverses phrases. Il arrivait qu’un élève doive copier cent
fois au tableau « Je ne mâcherai pas de chewing-gum en classe ».
Si l’infraction était plus grave, l’élève était envoyé au bureau
du directeur, ce qui était une terrible expérience. La première
fois qu’un élève s’y retrouvait, il recevait une réprimande et une
petite punition, telle que devoir rester le soir après l’école. De

27
Que puis-je faire de ma culpabilité ?

plus, il devait mettre son nom sur une grande pagaie en bois. Si
ce même élève était à nouveau envoyé chez le directeur, ce dernier
lui demandait : « Quel est ton nom ? », et s’il trouvait le nom de
l’élève écrit sur la pagaie, celle-ci était employée pour infliger
une punition corporelle à l’élève. Dans mon école primaire, il
y avait donc un système simple pour gérer la délinquance par
l’application de sanctions croissantes.
Le système de justice pénale comporte également de nom-
breux niveaux de punitions qui peuvent être imposées pour la
violation des lois, allant de la simple amende à l’incarcération,
voire la peine de mort dans certains pays. Il est intéressant de
noter que lorsqu’une personne est condamnée pour un crime et
envoyée en prison, on dit parfois lors de sa sortie qu’elle a « payé
sa dette envers la société ». Cette simple expression résume le fait
que les concepts de crime et de punition sont souvent rattachés
au langage métaphorique du domaine financier et de l’endette-
ment. Une dette, bien sûr, est quelque chose qui est dû et qui
peut être remboursé.
Quand nous nous demandons quoi faire de notre culpabi-
lité, du moins sur le plan humain, nous cherchons en réalité
un moyen de compenser le tort que nous avons infligé. Nous
cherchons à rétablir l’équilibre de la justice sur un plan légal.
Dans certains cas, nous pouvons faire une restitution ou endurer
certaines mesures punitives.
Mais qu’en est-il de notre culpabilité devant Dieu ? Il y a un
certain nombre de façons subtiles par lesquelles nous essayons
de traiter la réalité objective de cette culpabilité.

28
Gérer la culpabilité

Nier notre culpabilité


Une des choses que nous faisons pour gérer cette culpabilité est
de la nier. C’est la réaction la plus courante des êtres humains
devant l’intrusion de la dérangeante et perturbante conscience
d’avoir violé la loi. Nous essayons de la nier devant les autres,
mais également en nous-mêmes.
À quoi ressemble le déni ? Pour nier leur culpabilité devant
Dieu, certaines personnes disent : « Je ne crois pas en Dieu, je
ne crois pas en sa loi, et je ne crois pas être coupable à ses yeux. »
Évidemment, le fait de ne pas croire en Dieu ne signifie pas
qu’il n’existe pas. Le refus de croire en sa loi ne veut pas dire
qu’il n’y a pas de loi. De même, le fait de ne pas nous soucier
de la réaction de Dieu devant notre culpabilité ne la fait pas
disparaître pour autant. Les Écritures nous enseignent que Dieu
a clairement révélé sa loi, non pas en l’affichant sur des panneaux
ou sur les chaînes nationales de la télévision, mais en inscrivant
sa loi morale dans les Écritures.
Les gens répondent souvent à cette affirmation en disant :
« Je n’ai jamais lu la Bible, donc on ne peut pas m’imputer le
non-respect de la loi de Dieu qui y est écrite. » Cependant,
les Écritures déclarent que Dieu a non seulement publié sa loi
morale sur les tables de pierre qui ont été données à Moïse sur
le mont Sinaï et qui sont devenues une partie de la Bible écrite,
mais qu’il l’a aussi inscrite dans le cœur de ses créatures. Cela
veut dire que chaque être humain a un sens inné de ce qui est
juste et de ce qui est mal. Autrement dit, Dieu a révélé sa loi

29
Que puis-je faire de ma culpabilité ?

dans un endroit que personne ne peut manquer – ce n’est pas


dans un livre de lois obscur qui serait rangé sur une étagère au
fin fond d’une bibliothèque sur le campus isolé d’une université
prestigieuse – non, elle se trouve dans nos cœurs.
Lorsque la Bible parle du cœur dans ce contexte, elle fait
bien entendu référence à la notion de conscience. La conscience
témoigne de l’inscription de la loi de Dieu dans nos cœurs.
Ainsi, que cela nous plaise ou non et que nous l’admettions
ou pas, nous ne pouvons pas changer le fait que nous avons
une certaine connaissance de ce qui est bien et de ce qui est
mal. Le philosophe Emmanuel Kant a tenté de démontrer ce
sens inné du bien et du mal sans faire appel à la Bible ou à
la religion. Il a en effet essayé de faire appel à la conscience
humaine et à l’universalité de ce qu’il a appelé « l’impératif
catégorique », un sentiment universel de « devoir » que chaque
créature morale possède.
Nous savons tous qu’il y a certaines obligations morales
que nous ne remplissons pas. J’ai pu observer cette vérité dans
ma propre vie. Quand j’étais encore un petit garçon, durant la
Seconde Guerre mondiale, mon père a combattu à l’étranger au
sein des forces aériennes de l’armée américaine. Ma mère et moi
écoutions les bulletins d’informations à midi et à 18 heures, et je
détestais ces moments de la journée, parce qu’une partie de ces
émissions recensait les dernières victimes en date. Ces rapports
radio me rappelaient la situation vulnérable dans laquelle se
trouvait mon père. Malgré mon jeune âge, je comprenais très
bien que mon père pouvait ne pas revenir vivant de la guerre.

30
Gérer la culpabilité

À cause de cette peur, j’ai détesté la Seconde Guerre mon-


diale, et cela m’a même amené à détester le concept de com-
bat. Un jour, pendant la guerre, je suis allé voir ma mère avec
beaucoup de sérieux et je lui ai dit que je voulais écrire une
lettre à Adolf Hitler, à Benito Mussolini, à Joseph Staline, à
Franklin Delano Roosevelt et à Winston Churchill pour leur
demander d’arrêter la guerre afin que mon papa puisse revenir
à la maison. Il me semblait tellement évident que ce qu’ils
faisaient était mal. Ma mère m’a assuré que mon idée était
bonne, mais elle a aussi ajouté que cela ne fonctionnerait pas.
Je lui ai alors demandé : « Mais pourquoi ont-ils besoin de se
faire du mal et de se tuer les uns les autres ? Qu’y a-t-il de bon
là-dedans ? » J’étais totalement naïf ; je n’avais aucune com-
préhension de la géopolitique et des causes pouvant expliquer
les conflits internationaux. J’étais naïvement altruiste. Je ne
pouvais tout simplement pas comprendre pourquoi les êtres
humains réglaient leurs différends par la violence.
Un peu plus tard, lorsque j’étais âgé d’environ dix ans, j’ai
entendu des adolescents à la pharmacie parler de leurs exploits
sexuels avec leurs petites amies, et je pensais que c’était la chose
la plus dégoûtante que j’aie jamais entendue. Je n’arrivais pas
à croire que ces gars puissent être intéressés par de tels sujets,
étant donné que cela n’était pas du tout mon cas, du haut de
mes dix ans. J’avais alors décidé que cela ne m’importerait pas
du tout quand j’aurais quinze ou seize ans. Je ne comprenais
rien à l’adolescence, à la puberté et à d’autres sujets de ce genre
quand j’avais dix ans.

31
Que puis-je faire de ma culpabilité ?

Néanmoins, en grandissant, j’ai commencé à participer à


quelques bagarres. Autrement dit, j’ai commencé à utiliser la
violence comme moyen de régler mes différends – tout comme
Hitler, Staline et les autres. Après quelque temps encore, j’ai
connu l’attrait de la luxure. J’ai commencé à expérimenter une
crise d’estime de soi, car je m’aventurais dans certains types
d’activités immorales. Je me sentais mal. J’avais honte de moi.
J’étais déçu de moi-même. À cause de ma honte, mes habitudes
comportementales ont changé. Plus encore, mon éthique et
mes attentes morales ont aussi changé, non seulement envers
les autres, mais aussi envers moi-même. J’ai ajusté mes idéaux
en les abaissant, j’ai revu mon code de comportement et ma
moralité à la baisse. Pourquoi ? Pour avoir une éthique dont les
idéaux seraient atteignables, un code moral à ma portée, qui
accorderait à ma conscience repos et paix, et qui m’offrirait une
bonne estime de moi-même, faisant disparaître mon impres-
sion d’être « pourri ». En réalité, je vivais dans le déni de ma
culpabilité. Et je suis convaincu que de nombreuses personnes,
sinon toutes, passent par un processus de dénégation similaire.
Ce n’est pas la Bible, mais Walt Disney qui nous a laissé cet
adage : « Que ta conscience soit ton guide. » Cette expression
a été prononcée par Jiminy Cricket dans le film d’animation
classique Pinocchio. On pourrait appeler l’idée sous-jacente
à cet adage « la théologie selon Jiminy Cricket ». Dans un
sens, il est vrai que nous devons agir scrupuleusement selon
les directives de cette voix de Dieu en nous, que nous appe-
lons « conscience ». Mais nous devons nous rappeler que pour

32
Gérer la culpabilité

qu’il soit sage que nous suivions les dictats de notre conscience,
nous devons d’abord nous assurer que celle-ci est inspirée de
la Parole de Dieu.
Thomas d’Aquin a décrit la conscience humaine comme
étant cette voix intérieure qui nous accuse ou nous excuse selon
notre comportement. Il y a des moments où nous péchons et
où nous ressentons les affres de la conscience. Le Saint-Esprit
œuvre alors par l’intermédiaire de celle-ci pour nous rendre sen-
sibles à notre transgression vis-à-vis de Dieu, et là, la conscience
accomplit ce pour quoi Dieu l’a créée. Mais comme nous l’avons
vu au chapitre précédent, la conscience peut être étouffée. Elle
peut s’immuniser contre l’accusation de la loi de Dieu. C’est là
le jugement que Dieu a prononcé contre Israël lorsqu’il a dit,
par l’intermédiaire du prophète Jérémie : « Tu as le front d’une
femme prostituée. »

Rationaliser notre comportement


Si nier notre culpabilité devant Dieu ne fonctionne pas,
l’étape suivante consiste généralement à essayer de justifier
notre comportement. Nous nous engageons dans une forme
de rationalisation, ce qui est une tentative fallacieuse de fournir
une justification solide et logique pour un comportement que
nous savons être mauvais. Par le biais de la rationalisation, nous
cherchons à trouver une excuse à notre conduite immorale.
Ces excuses peuvent être très convaincantes et s’avérer très
efficaces dans nos interactions avec nos amis ou nos proches.

33
Que puis-je faire de ma culpabilité ?

Elles peuvent même contribuer à apaiser l’atmosphère dans les


tribunaux civils. Cependant, Dieu nous dit que sa loi demande
des comptes à chaque être humain « afin que toute bouche soit
fermée » (Ro 3.19b). Qu’est-ce que cela signifie ? Les Écritures
décrivent uniformément la situation du jugement final, lorsque
Dieu rassemblera chaque être humain devant son tribunal, où
régnera le silence. Dans les cours de justice humaines, nous
entendons souvent l’injonction suivante : « Qu’on se taise dans
la salle d’audience. » Nous observons un moment de silence
quand le juge s’installe, mais ensuite le ton monte lorsque les
avocats se mettent à exposer leurs cas. Les Écritures disent
cependant que le silence sera maintenu lors du jugement final.
Toutes les bouches seront fermées, car il n’y aura aucune excuse,
aucun déni, aucune protestation d’innocence, aucun alibi. Paul
nous dit que nous sommes sans excuse lorsque nous violons la
loi de Dieu (voir Ro 1.20). Devant le tribunal de Dieu, nous
sommes coupables, et rien de ce que nous pourrons dire ne
changera cela. Il est absolument futile pour tout être humain
de tenter de se justifier devant Dieu.
Comme le déni, la rationalisation sert à étouffer ou à éteindre
la voix de la conscience. L’une des raisons pour lesquelles nous
agissons ainsi, c’est que le sentiment de culpabilité est dou-
loureux. Je pense qu’il existe une analogie entre la douleur
physique et celle qui est psychologique, celle qui est associée
au sentiment de culpabilité. Lorsqu’une personne ressent une
douleur lancinante, elle est angoissée. Elle se sent mal et cherche
à être soulagée aussi vite que possible. Elle peut prendre des

34
Gérer la culpabilité

analgésiques pour essayer de se débarrasser de cette sensation


désagréable. Pourtant, au point de vue physique, la douleur est
une réalité extrêmement importante, parce qu’elle nous signale
que quelque chose ne va pas, et si nous dissimulons cette dou-
leur, nous pourrions bien dissimuler une maladie mortelle. Bien
que nous ne ressentions plus la douleur, il se pourrait qu’en
réalité nous nous dirigions vers la mort.
En guise d’analogie, la douleur qui accompagne le sentiment
de culpabilité est le moyen par lequel Dieu envoie à notre âme
un signal d’alarme qui nous indique que quelque chose ne va
pas et que nous devons régler ce problème. Seulement, nous
tentons de soulager cette douleur en la niant ou en l’excusant
plutôt qu’en saisissant que les sentiments de culpabilité peuvent
avoir une importance thérapeutique et rédemptrice dans nos
vies, comme c’est d’ailleurs souvent le cas.

Miser sur un dédommagement ou sur


l’indulgence de Dieu
Certaines personnes ne prennent pas la peine de nier ou de
rationaliser leur culpabilité. Elles supposent simplement qu’elles
se présenteront devant Dieu, qu’elles admettront leurs crimes et
en paieront le prix. Elles ne font pas la distinction entre la loi de
Dieu et la loi humaine. La loi humaine prévoit des dispositions
pour compenser les crimes par le biais de dédommagements, de
châtiments, etc. Mais quel dédommagement pourrions-nous
offrir pour compenser nos péchés contre Dieu ? Combien de

35
Que puis-je faire de ma culpabilité ?

temps cela prendrait-il pour réparer nos torts envers Dieu, pour
expier les offenses commises contre un être infiniment saint ?
Sur le plan de la justice biblique, nos péchés contre Dieu sont
tout simplement abominables. Cela signifie que nous ne sommes
pas en mesure de purger notre peine. Il n’y a rien que nous
puissions faire pour remédier à ce que nous avons fait. C’est
pour cette raison que Jésus a utilisé la métaphore du débiteur
qui ne peut pas payer ses dettes lorsqu’il a parlé du pardon dans
Matthieu 18.25.
La plupart des gens ne comprennent pas que la dette, la
dette morale que nous devons à Dieu, est tellement immense
que nous ne pourrons jamais la rembourser. Ils se disent : « Le
Seigneur est un Dieu d’amour ; il est plein de miséricorde ; il
n’exigera jamais de paiement. » Ils espèrent contre toute attente
que Dieu ajustera ses normes pour s’abaisser à leur niveau, qu’il
accordera à la race humaine une indulgence plénière et qu’il
dira : « Personne n’est parfait ! Je ne vous tiendrai pas respon-
sables de votre culpabilité. » Des millions de gens comptent
là-dessus. En tant que théologien, cela me terrifie, parce que
je sais que ce même Jésus qui, plus que toute autre personne
ici-bas, a révélé au monde les profondeurs et les richesses de
l’amour de Dieu, de sa miséricorde et de sa grâce, est également
celui qui a enseigné encore et encore que chacun devra rendre
des comptes à la fin des temps, et que toute parole futile que
nous aurons prononcée sera rapportée lors du jugement.
Comme nous l’avons vu, nous avons une réelle culpabilité
devant Dieu. Il est important que nous comprenions que rien

36
Gérer la culpabilité

de ce que nous pouvons faire – que ce soit nier notre culpabilité,


la rationaliser, tenter un dédommagement ou supposer allè-
grement que Dieu nous pardonnera – ne peut faire disparaître
notre culpabilité devant Dieu.
Quand j’étais au lycée, je me suis bagarré un jour avec
un élève qui mesurait près de deux mètres, et je n’ai jamais
été aussi heureux de voir arriver le doyen, car il a mis fin au
combat et m’a sauvé. Cependant, il n’était pas du tout content
de cet incident, et à la suite de ma violation du règlement
de l’école, je me suis vu exclu trois jours de l’établissement.
C’était une affaire très sérieuse à l’époque, car une certaine
compétition entravait l’admission à l’université et il n’était
pas bon d’avoir une suspension de ce genre à son dossier.
Heureusement, une fois passés ces trois jours de suspension,
le directeur de l’école que j’avais fréquentée jusqu’en troisième
est allé argumenter en ma faveur auprès des responsables du
lycée et a demandé que cette infraction soit retirée de mon
dossier. C’était un acte de pure miséricorde et de pure grâce
de la part de ce directeur, et le fait que mon exclusion ait été
supprimée de mon dossier scolaire m’a énormément aidé pour
ma demande d’admission à l’université. Aujourd’hui encore,
j’en suis reconnaissant.
Mais le nettoyage de mon dossier ne signifie pas pour autant
que ma culpabilité a été effacée. Je me suis battu, et le dossier de
ma vie en gardera toujours une trace. J’ai enfreint la règle et j’en
ai payé le prix, mais ma culpabilité n’est pas disparue de la réalité.
De la même manière, nous pouvons essayer, par de nombreux

37
Que puis-je faire de ma culpabilité ?

actes de pénitence, de nous dédommager de nos violations de la


loi de Dieu. Cependant, la culpabilité demeure toujours.
Donc, demander à quelqu’un « Que faites-vous de votre
culpabilité ? » revient à poser la question suivante : « Comment
faites-vous pour vivre avec vous-mêmes ? » Comment vivons-
nous avec notre connaissance innée de ce que nous avons fait et
de ce que nous sommes ? Nous sommes objectivement coupables
aux yeux de Dieu – et nous devons faire face à cette culpabilité.
La bonne nouvelle, c’est que Dieu nous a fourni un moyen
pour y parvenir. En effet, nous pourrions dire que le message
tout entier de la foi chrétienne est la proclamation de la solu-
tion de Dieu à un problème que nous ne pouvons résoudre
nous-mêmes. Il a pris des dispositions pour gérer la réalité de
la culpabilité et il le fait sur la base d’un pardon réel, ce qui est
l’une des expériences les plus libératrices et les plus guérissantes
pour l’âme humaine. Voilà la bonne nouvelle du message chré-
tien. Dans le chapitre suivant, nous examinerons de plus près
cette bonne nouvelle.

38
Chapitre 3

Le remède : le pardon

A u cours de ma première année en tant qu’enseignant,


alors que j’étais professeur à l’université, une étudiante de
dernière année a pris rendez-vous pour un entretien avec moi. Je
ne savais pas si elle souhaitait me parler d’un problème scolaire,
d’une question personnelle ou d’autre chose, mais lorsqu’elle
est entrée dans mon bureau, j’ai tout de suite compris qu’elle
était extrêmement bouleversée ; en fait, elle l’était tellement
qu’elle pouvait à peine parler. Je lui ai demandé quel était son
problème, et elle m’a raconté son histoire.
Elle était fiancée, et la date de son mariage approchait à
grands pas. Elle se réjouissait à l’idée de cet événement à venir,
mais elle était également dévastée par un sentiment de culpabi-
lité concernant sa relation avec son fiancé. Son état s’expliquait
par le fait que tous deux avaient eu des relations sexuelles avant

39
Que puis-je faire de ma culpabilité ?

le mariage. Pour remettre les choses dans le contexte, cela se


passait avant la révolution sexuelle, avant cette période de la
culture occidentale où les rapports sexuels avant le mariage sont
devenus soudainement culturellement acceptables et même
une marque d’honneur et de sophistication parmi les jeunes
adultes. Cette femme ne s’était pas laissée influencer par cette
transformation culturelle, et elle était profondément tourmentée
par ses propres actions.
Je lui ai ensuite demandé ce qu’elle avait fait de son senti-
ment de culpabilité. Elle m’a répondu qu’elle était allée voir
l’aumônier du campus, qu’elle lui avait raconté son histoire
en ajoutant qu’elle se sentait coupable. Cet homme avait été
très gentil, pastoral et doux envers elle dans sa réponse. Il
lui avait dit : « Aimez-vous cet homme ? » « Oui », avait-elle
répondu. Il avait ensuite demandé : « Avez-vous l’intention
de l’épouser ? » Elle avait alors indiqué qu’ils étaient fiancés.
Finalement, il avait continué en lui disant : « Eh bien, ce que
vous avez fait est parfaitement normal », avant de lui citer les
données et les études qui indiquaient la normalité statistique
de ce type de comportement.
Puis il avait poursuivi en expliquant qu’elle se sentait cou-
pable parce qu’elle était victime d’une culture pudibonde. Il
avait ajouté qu’elle vivait les conséquences de l’ère puritaine et
de l’ère victorienne, qui avaient tenu la conscience de l’Amé-
rique dans une poigne de fer. L’aumônier avait fait savoir à cette
jeune femme qu’elle avait simplement besoin de réaliser qu’elle
était adulte et qu’elle s’exprimait de manière responsable dans

40
Le remède : le pardon

ses préparatifs au mariage. En ayant des relations sexuelles,


avait-il dit, elle et son fiancé découvraient s’ils étaient physi-
quement compatibles. En résumé, il lui avait dit qu’elle devait
simplement grandir un peu et avoir une vision mature de son
comportement, tout en gardant à l’esprit que ses sentiments
de culpabilité lui avaient été imposés par l’environnement et la
culture dans lesquels elle vivait.
Après avoir entendu son histoire, je lui ai demandé ce qui
s’était passé après cette conversation. Elle m’a répondu qu’elle
se sentait toujours coupable. À ce moment-là, je lui ai signalé :
« Eh bien, peut-être que la raison pour laquelle vous vous sentez
coupable tient au fait que vous êtes coupable. Vous comprenez
bien que la loi qui condamne les relations sexuelles avant le
mariage n’a pas été promulguée en premier par les puritains.
La pureté sexuelle n’a pas non plus été inventée par la reine
Victoria. Dieu a ordonné que vous vous absteniez de ce genre
d’activité jusqu’à ce que vous soyez unis par les liens sacrés du
mariage. Vous avez donc violé la loi de Dieu. »
J’ai poursuivi en lui disant que je savais que les études
d’Alfred Kinsey et d’autres individus avaient conclu que des
millions de personnes avaient également enfreint cette loi de
Dieu, mais je l’ai assurée que le fait que des myriades de gens
l’aient fait n’annulait pas pour autant cette prescription. Elle est
fondée, en fin de compte, sur le caractère personnel de Dieu.
Je lui ai dit que je savais que les parents (peut-être même les
siens) conseillaient souvent à leurs enfants de ne pas avoir de
relations sexuelles en dehors du mariage en raison des risques

41
Que puis-je faire de ma culpabilité ?

de grossesses, de maladies vénériennes ou du rejet de leurs pairs.


Ce sont les éléments dissuasifs que notre culture a imposés aux
gens il y a des années. Cependant, ai-je conclu, s’il faut obéir à
la loi contre les rapports sexuels en dehors du mariage, ce n’est
pas seulement pour échapper à des conséquences douloureuses,
mais surtout pour ne pas offenser la sainteté de Dieu.

La loi de Dieu est toujours valable


À l’époque où j’ai parlé avec cette femme, les normes culturelles
étaient, de manière générale, opposées aux relations sexuelles en
dehors du mariage. Aujourd’hui, la situation des jeunes est bien
pire. Je sais combien les pulsions physiques peuvent être fortes et
à quel point la culture moderne bombarde nos sens de multiples
formes de séduction, de tentations et de stimulations érotiques.
Je pense que la génération actuelle de jeunes gens est confrontée
à un plus grand défi sur le plan de la chasteté que n’importe
quelle autre génération dans toute l’histoire occidentale.
Ces jeunes vivent dans une culture qui approuve les com-
portements sexuels illicites, et ils sont stimulés sexuellement
par chaque film qu’ils voient, chaque livre qu’ils lisent et par
la musique qu’ils écoutent. Nous devons nous efforcer de nous
montrer patients et compréhensifs devant la gravité de la ten-
tation qui touche les jeunes d’aujourd’hui.
Cependant, si ces facteurs peuvent constituer des circons-
tances atténuantes aux yeux de Dieu, aucun d’entre eux, indi-
viduellement ou collectivement, n’a la capacité d’annuler ou

42
Le remède : le pardon

d’abroger la loi divine. Ce n’est pas une association nationale


ou internationale de psychiatrie qui fixe les règles de la pureté
sexuelle. Le Créateur de l’homme et de la femme a fixé ses
normes dans sa loi, et il a fait de la fidélité sexuelle l’une de ses
dix branches principales.
Il y a plusieurs années de cela, alors que j’effectuais des
recherches dans le domaine de l’apologétique, j’ai lu les écrits
d’apologistes chrétiens du ier et du iie siècle, d’hommes tels que
Justin Martyr et d’autres encore. Lorsqu’ils s’adressaient aux
fonctionnaires de l’Empire romain pour défendre ce que le
christianisme affirme comme étant la vérité, l’une des méthodes
qu’ils utilisaient était un rappel du comportement sexuel des
chrétiens. Dans l’Empire, à cette époque, l’expression sexuelle
était normale. Les apologistes invitaient les fonctionnaires
romains à inspecter leurs familles et leurs communautés, en
promettant qu’ils y trouveraient un engagement extraordi-
naire en matière de pureté sexuelle. En tant qu’apologiste du
xxie siècle, je n’oserais pas inviter quelqu’un à procéder à ce
genre d’examen minutieux de l’Église pour défendre le christia-
nisme, parce que la nouvelle moralité a envahi la communauté
chrétienne presque aussi profondément qu’elle ne l’a fait dans
la communauté laïque.
Au cours des premières années de mon ministère, l’un des
sujets auxquels nous étions confrontés dans l’Église était le pro-
blème de l’effondrement des mariages. En counseling biblique,
le thème principal que les conjoints abordaient était les conflits
sur le plan sexuel. Je me souviens de maris très contrariés parce

43
Que puis-je faire de ma culpabilité ?

qu’ils prétendaient que leur femme était insensible sexuellement


ou frigide. À ce stade-là de la conversation, je demandais géné-
ralement à ces maris : « Avez-vous eu des relations sexuelles avec
votre femme avant votre mariage ? » Je ne sais pas combien de
fois j’ai posé cette question à des hommes mariés, mais je dois
vous dire que chaque fois que je l’ai fait, la réponse a toujours
été « oui ».
Ensuite, je leur posais une deuxième question : « À votre avis,
votre femme était-elle sexuellement plus réceptive à votre égard
avant ou après votre mariage ? » Chaque fois que je posais cette
question, ils me regardaient comme si je lisais dans leurs pensées
et me répondaient invariablement : « Avant notre mariage. »
J’expliquais alors à ces hommes qu’ils avaient peut-être une
image un peu trop rose du bon vieux temps, que leurs souvenirs
n’étaient peut-être pas tout à fait exacts, que c’était peut-être la
nouveauté de la relation ou l’excitation d’enfreindre un tabou
qui rendaient leurs relations sexuelles de l’époque tellement plus
excitantes. Mais si leurs impressions étaient exactes et que leurs
épouses étaient en effet moins réceptives physiquement à leur
égard depuis leur mariage, cela pouvait peut-être s’expliquer
par le fait qu’elles avaient amorcé leur relation conjugale avec
une culpabilité non résolue. Peut-être qu’au fond d’elles-mêmes,
ces femmes en voulaient à leur mari de les avoir poussées à
compromettre leur intégrité. Peut-être que la force même de la
culpabilité les paralysait, les empêchant ainsi d’être libres dans
leurs expressions physiques. Mon point est le suivant : dans ces
expériences de counseling biblique, il était évident qu’à chaque

44
Le remède : le pardon

fois, nous avions en réalité affaire à une paralysie enracinée et


ancrée dans une culpabilité non résolue.

La puissance du pardon
Il y a plusieurs années, j’ai fait une série d’enseignements sur
le thème de la sexualité par rapport aux femmes chrétiennes
célibataires. J’y ai inclus une suite de conférences sur la pureté
sexuelle des femmes. Ces discours ont été enregistrés et dif-
fusés, et se sont avérés être l’une des séries les plus populaires
que j’ai jamais faites. J’ai littéralement reçu des centaines de
lettres de diverses personnes. Certaines étaient très critiques,
me demandant pour qui je me prenais pour oser enseigner
une vision de l’éthique aussi dépassée à notre époque. Mais
la majorité du courrier venait de gens chez qui les conférences
avaient touché un point très vulnérable dans leur vie. Dans cette
série, je disais qu’aux yeux de Dieu, un homme ou une femme
qui a enfreint la loi de Dieu en matière de pureté sexuelle peut
redevenir vierge. C’est la gloire de l’Évangile. Jésus a pu aller
voir Marie-Madeleine, une prostituée, la purifier et lui rendre
sa virginité et sa féminité. C’est la puissance du pardon, car,
selon les Écritures, il engendre un renouvellement.
J’en ai fait l’expérience au début de mon ministère. J’étais
membre du personnel d’une Église et nous avions programmé
une série de prédications. Un soir, j’ai emmené ma fille qui devait
avoir sept ou huit ans à l’époque, et je l’ai déposée à la garderie
de l’Église, car ces réunions étaient réservées aux adultes. Le

45
Que puis-je faire de ma culpabilité ?

pasteur, qui était de visite dans notre Église ce soir-là, a prêché


sur la croix de Christ, après quoi il a lancé une invitation à toute
l’assemblée, exhortant tous ceux qui voulaient devenir chrétiens
à s’avancer. Je me tenais sur l’estrade à ce moment, et j’ai vu une
multitude de gens se précipiter vers l’avant de la salle. À ma grande
stupéfaction, j’ai vu ma fille parmi ceux-ci. Je n’avais aucune idée
de ce qu’elle était en train de faire ni même connaissance de la
raison pour laquelle elle se trouvait là. J’ai d’abord pensé que je
ne voulais pas qu’elle s’avance en réponse à un appel émotionnel
alors qu’elle n’était pas prête à prendre au sérieux les affirmations
du christianisme. Je luttais intérieurement en regardant ma fille
s’avancer pour faire une profession de foi en Christ. J’étais vrai-
ment inquiet pour elle. Je craignais qu’elle soit trop jeune pour
comprendre ce qu’elle était en train de faire.
Après le culte, alors que nous étions sur le chemin du retour,
je lui ai demandé : « Eh bien, ma chérie, pour quelle raison
as-tu fait cela ? » Elle m’a répondu : « En fait, tu sais papa, je
ne pouvais pas ne pas le faire. Au début, j’ai pensé que je serais
trop gênée pour m’avancer, mais en réalité, je ne pouvais rester
assise sur ma chaise. Je devais y aller. » Alors je lui ai demandé :
« Et comment te sens-tu maintenant ? » Elle m’a répondu : « Je
me sens propre. J’ai l’impression d’avoir été lavée et je me sens
aussi fraîche qu’un bébé nouveau-né. » Après avoir entendu cela,
je me suis dit : « Je me sens comme un idiot ! » Depuis ce jour,
ma fille est une chrétienne engagée. Elle a fait l’expérience de
la puissance du pardon qui guérit et qui régénère, alors qu’elle
n’était qu’une enfant.

46
Le remède : le pardon

En fin de compte, c’est ce pouvoir que j’ai présenté à la jeune


femme qui était venue me consulter. Je lui ai dit : « Vous m’avez
fait part de ce que vous avez fait. Dieu ne va pas répondre en
peignant un grand “A” rouge sur votre poitrine et en vous faisant
marcher à travers la communauté pour vous remplir de honte
et d’embarras, comme a dû le faire la femme adultère prise en
flagrant délit par les pharisiens. La réponse à la culpabilité est
toujours le pardon. La seule chose que je connaisse qui puisse
vraiment guérir la véritable culpabilité, c’est le véritable pardon. »
J’ai poursuivi en disant : « Vous m’avez confessé votre péché, et
c’est bien. Je peux vous dire “Que Dieu vous bénisse”. Mais ce
que vous devez faire à présent, c’est vous mettre à genoux et dire
à Dieu ce que vous avez fait. Dites-lui que vous êtes désolée et
demandez-lui de vous pardonner et de vous purifier. »
Cette jeune femme a quitté mon bureau avec le cœur léger.
Comme le personnage nommé Chrétien dans Le voyage du pèle-
rin, le poids de l’iniquité s’est éloigné d’elle, car, en priant Dieu
et en confessant son péché, elle a fait l’expérience du pardon de
Christ, non seulement de façon symbolique, mais aussi d’une
manière très concrète. En effet, dans un sens très réel, cette
femme est rentrée chez elle vierge. Je suis certain que de nom-
breux problèmes à venir avec son mari ont été résolus ce jour-là.

Le pardon et le sentiment d’être pardonné


Dans le premier chapitre, j’ai insisté sur le fait qu’il y a une
importante différence entre la notion de culpabilité et celle du

47
Que puis-je faire de ma culpabilité ?

sentiment de culpabilité. La distinction réside dans le fait que


l’une est objective tandis que l’autre est subjective. La culpabilité
est objective ; elle est déterminée par une analyse réelle de ce
qu’une personne a fait par rapport à la loi. Lorsqu’une personne
transgresse une loi, elle se rend coupable. Ceci est vrai au sens
ultime du terme en ce qui concerne la loi de Dieu. Chaque
fois que nous l’enfreignons, nous encourons une culpabilité
objective. Nous pouvons nier l’existence de cette culpabilité.
Nous pouvons chercher à l’excuser ou à la traiter d’une autre
manière comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent.
Pourtant, en réalité, nous sommes coupables.
Néanmoins, il se peut que le sentiment de culpabilité ne
corresponde pas proportionnellement à la culpabilité objective
d’une personne. En fait, c’est ce qui se produit dans la plupart
des cas, si ce n’est dans tous. Aussi douloureux qu’ils soient – et
nous avons tous déjà expérimenté le malaise que provoque le
sentiment troublant d’être coupable –, je ne pense pas que l’un
d’entre nous ait jamais éprouvé de sentiments de culpabilité qui
soient réellement proportionnels à la responsabilité que nous
portons devant Dieu. Je crois que c’est l’une des miséricordes
de Dieu. Il nous protège pour que nous n’ayons pas à ressentir
tout le poids du péché qui est véritablement le nôtre à ses yeux.
La culpabilité comporte des aspects objectifs et subjectifs,
et il en va de même pour le pardon. Tout d’abord, ce dernier
est lui-même objectif. Le seul remède à la culpabilité réelle
est le pardon réel fondé sur un repentir réel et une foi réelle.
Toutefois, nous pouvons avoir reçu un pardon réel et véritable

48
Le remède : le pardon

devant Dieu et ne pas nous sentir pour autant pardonnés. De


la même manière, nous pouvons nous sentir pardonnés alors
que nous ne le sommes pas. Cela rend la question du pardon
très difficile.
Nous avons tendance à croire que nos sentiments reflètent
notre état devant Dieu. Quelqu’un m’a récemment parlé d’une
amie qui vit sa vie chrétienne en se basant sur ses expériences.
Je pense pour ma part qu’il est dangereux de fonctionner de la
sorte, car cela revient à dire : « Je détermine la vérité selon mes
réactions et mes impressions subjectives vis-à-vis d’elle. » Je pré-
férerais de loin que son amie s’efforce de vivre la vie chrétienne
en se basant sur les Écritures, car la Bible est la vérité objective
qui transcende l’instantanéité de l’expérience personnelle.

La confession amène le pardon


En fin de compte, Dieu est la seule source de pardon véritable.
Heureusement pour nous, il est prompt à pardonner. En fait,
l’une des rares promesses absolues que Dieu nous a faites, c’est
que, si nous lui confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour
nous les pardonner (voir 1 Jn 1.9).
Il y a plusieurs années de cela, je suis allé voir mon pasteur
pour lui parler d’un combat que je menais contre la culpabilité.
Après que je lui aie exposé mon problème, il a ouvert la Bible
dans 1 Jean 1.8 et m’a demandé de lire ce verset à voix haute :
« Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous
séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous. » Dans ce

49
Que puis-je faire de ma culpabilité ?

verset, l’apôtre Jean aborde le scénario dont nous avons parlé


précédemment, dans lequel une personne qui est réellement
coupable tente de le nier ou de se disculper. Jean dit que si
nous nions notre culpabilité, nous nous trompons nous-mêmes.
Nous péchons tous. Par conséquent, nous sommes tous cou-
pables. Si nous refusons de l’accepter, nous nous engageons
dans la pire forme de tromperie qui soit, à savoir l’auto-illusion.
Cependant, quand j’ai lu ce passage, le pasteur m’a dit : « Tu
n’es pas concerné par ce verset, car tu viens de me dire pourquoi
tu es venu ici. Tu es venu me dire que tu avais un problème
avec le péché. »
Puis il m’a fait lire le verset suivant : « Si nous confessons
nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour
nous purifier de toute iniquité. » Quand j’ai eu terminé ma
lecture, il m’a demandé : « As-tu confessé tes péchés ? » « Oui.
Mais je me sens encore coupable », ai-je répondu. Il m’a dit :
« D’accord. Et si tu lisais maintenant 1 Jean 1.9 pour moi. »
Je l’ai regardé, un peu confus, et lui ai lancé : « C’est ce que je
viens de lire. » Il m’a répliqué : « Je sais. Je veux que tu le lises à
nouveau. » J’ai donc pris la Bible et relu : « Si nous confessons
nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner et pour
nous purifier de toute iniquité. » Puis j’ai regardé mon pasteur et
il m’a demandé : « Alors, quoi d’autre ? » J’ai répondu : « Eh bien,
j’ai lu ce passage, je comprends ce qu’il dit, et j’ai confessé mon
péché, mais je me sens toujours coupable. » Alors il m’a dit :
« Je vois, alors cette fois-ci, j’aimerais que tu lises 1 Jean 1.9. »
Il me l’a fait lire à nouveau, et j’ai fini par le faire cinq ou six

50
Le remède : le pardon

fois. Il a finalement attiré mon attention sur un point. Il m’a


expliqué : « R. C., voici ce que déclare la vérité de Dieu : S’il
y a “A,” “B” suit forcément. Dieu a promis que si tu confesses
tes péchés, il te les pardonnera et te purifiera de ton iniquité.
Tu ne crois pas que tu es pardonné parce que tu ne te sens pas
pardonné. Mais alors en qui as-tu confiance ? En tes sentiments
ou en Dieu ? » J’ai alors enfin compris le message qu’il essayait
de m’aider à saisir.

Le péché d’arrogance
Je me suis souvenu de cette leçon des années plus tard, alors
que j’étais pasteur, lorsque j’ai vécu une expérience similaire.
Une femme est venue me voir, tout comme j’étais allé voir
mon pasteur à une époque antérieure, et m’a dit qu’elle était
coupable d’un certain péché et qu’elle était tourmentée par une
mauvaise conscience. J’ai donc fait la même démarche que mon
pasteur avait faite avec moi des années auparavant. Je lui ai fait
lire 1 Jean 1.9. Elle l’a lu, puis elle m’a dit : « J’ai confessé ce
péché et j’ai demandé à Dieu de me le pardonner au moins une
centaine de fois, mais je me sens toujours coupable. Que puis-je
faire ? » J’ai répondu : « Eh bien, laissez-moi vous demander de
faire quelque chose d’autre. Je pense que vous devez vous mettre
à genoux et demander à Dieu de vous pardonner à nouveau. »
Quand elle a entendu cela, elle s’est sentie frustrée et m’a
répliqué : « Vous êtes censé être un théologien. Je m’attendais
à quelque chose d’un peu plus profond que ce genre de conseil

51
Que puis-je faire de ma culpabilité ?

de votre part. Je vous ai dit que j’ai confessé ce péché à Dieu et


que je lui ai demandé de me pardonner une centaine de fois. »
Alors j’ai ajouté : « Je ne vous demande pas de confesser ce même
péché. Je veux que vous en confessiez un autre. » « Lequel ? »,
a-t-elle demandé. J’ai répondu : « Je voudrais que vous confes-
siez votre péché d’arrogance. » Ma réponse l’a vraiment irritée.
Elle a rétorqué : « L’arrogance ? Que voulez-vous dire ? Je suis
la personne la plus humble du monde. J’ai fait mon mea culpa
et je me suis mise à genoux en implorant Dieu de me par-
donner. » Alors j’ai dit : « Dieu a-t-il dit que si vous confessez
vos péchés, il vous les pardonnera ? » Elle a acquiescé. Je lui ai
donc demandé : « Alors combien de fois devez-vous confesser
votre péché à Dieu ? Si vous le confessez une fois et que vous
vous en repentez vraiment, qu’est-ce que Dieu dit qu’il fera ? »
Elle m’a répondu : « Il me pardonnera. »
J’ai donc poursuivi : « Et pourtant, ce n’est pas assez pour
vous. Vous êtes revenue à Dieu avec ce péché en disant : “Peux-tu
me le répéter encore une fois ? Je n’ai pas vraiment confiance
en ta sincérité. Seigneur, je ne crois pas que tu penses réelle-
ment ce que tu dis quand tu promets que tu me pardonneras.”
Ou peut-être pensez-vous que la rémission gratuite des péchés
que Dieu offre aux personnes qui se repentent humblement est
suffisante pour les grands pécheurs, mais pas pour vous. Vous
vous dites : “Cela ne peut pas être aussi facile. Que les autres
profitent de la miséricorde et de la grâce, mais moi, j’ai plus de
dignité que cela. Je veux faire quelque chose pour me rattraper.”
Mais vous ne pouvez rien faire. Vous êtes une débitrice qui ne

52
Le remède : le pardon

peut payer ses dettes. Tout ce que vous pouvez faire, c’est vous
écrier : “Seigneur, sois miséricordieux envers moi qui suis un
pécheur”, et prendre Dieu au mot. Vous devez vivre non pas
selon vos sentiments, mais par sa vérité. Vos sentiments sont
subjectifs et éphémères. Sa parole est objective. Elle est vraie.
Si Dieu dit : “Je te pardonne”, c’est que vous êtes pardonnée,
peu importe ce que vous ressentez, et refuser ce pardon est un
acte d’arrogance. »
Quand elle s’est calmée et a écouté cette explication, elle a
finalement compris le message. Elle m’a dit : « Je vois. J’ai refusé
de me pardonner à moi-même et de croire la Parole de Dieu à
cause de mes sentiments. »

Les accusations du diable


Je pensais cependant qu’un autre problème subsistait et qu’elle
devait s’en rendre compte, alors je lui ai demandé : « Croyez-
vous en Satan ? » Je sais que nous vivons à une époque et dans
une culture où la vision du monde est presque totalement laïque.
Elle n’a pas de place pour les êtres surnaturels, mais les Écritures
prennent Satan très au sérieux. L’image qui décrit Satan dans
le Nouveau Testament fait état de quelqu’un qui se promène
comme un lion rugissant cherchant qui il peut dévorer (voir
1 Pi 5.8). En général, dans la Bible, l’image du lion est celle
d’une bête féroce dont la force dépasse de loin la nôtre.
Les chrétiens ont tendance à penser que l’action de Satan
dans leur vie se manifeste principalement par la tentation, car

53
Que puis-je faire de ma culpabilité ?

nous le rencontrons pour la première fois sous la forme d’un


serpent dans le jardin d’Éden, lorsqu’il incite Ève à désobéir
(voir Ge 3). Nous le voyons à nouveau lorsque Christ subit sa
période de test de quarante jours dans le désert et que le diable
lui apparaît et cherche à le séduire par la tentation (voir Mt 4).
Mais nous devons comprendre que, si Satan tente effective-
ment les chrétiens, son travail principal dans la vie des croyants
consiste à lancer des accusations. C’est son passe-temps favori.
Son nom signifie d’ailleurs « calomniateur ».
En tant que chrétiens, nous savons que le seul moyen de
nous tenir devant Dieu est de nous reposer sur sa grâce et
sur l’œuvre accomplie par Christ, en trouvant notre sécurité
dans la promesse du pardon divin. Mais Satan s’en prend
aux croyants, comme il s’en est pris à Josué, le souverain
sacrificateur, dans le livre de Zacharie (Za 3.1-5), attirant
l’attention sur nos vêtements sales et nous accusant de nos
péchés. Pourquoi fait-il cela ? Pourquoi Satan investirait-il
tant de temps et d’énergie à accabler des personnes qui ont été
pardonnées de leurs fautes ? En tant qu’ennemi juré de Dieu
et de son Église, le diable veut nous paralyser, nous priver de
notre liberté, nous priver de notre joie et de notre plaisir à
recevoir la grâce gratuite de Dieu.

Conviction ou accusation ?
La difficulté réside dans le fait que Dieu, le Saint-Esprit, nous
convainc de nos péchés, alors que Satan, lui, nous en accuse.

54
Le remède : le pardon

Le même péché peut produire à la fois conviction et accusa-


tion. Puisque c’est ainsi, comment savoir, lorsque nous sommes
affligés ou troublés par des sentiments de culpabilité, si c’est
l’Esprit de Dieu ou l’ennemi qui est l’auteur de ce mal-être ?
Voici un moyen que je vous propose : lorsque le Saint-Esprit
nous convainc de péchés, il le fait pour nous amener à la repen-
tance et, en fin de compte, à une réconciliation avec Dieu,
au pardon, à la guérison et à la purification. Autrement dit,
lorsque l’Esprit de Dieu nous convainc de péchés, son objectif
et sa motivation sont rédempteurs. Lorsque Satan nous accuse,
peut-être du même péché, son but est de nous détruire. C’est
pourquoi Paul nous dit : « Qui accusera les élus de Dieu ?
C’est Dieu qui justifie. Qui les condamnera ? » (Ro 8.33,34a.)
Ensuite, il devient plutôt exalté et il poursuit :

Qui nous séparera de l’amour de Christ ? Sera-ce la tribu-


lation, ou l’angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou la
nudité, ou le péril, ou l’épée ? selon qu’il est écrit : C’est
à cause de toi qu’on nous met à mort tout le jour, qu’on
nous regarde comme des brebis destinées à la boucherie.
Mais dans toutes ces choses nous sommes plus que vain-
queurs par celui qui nous a aimés. Car j’ai l’assurance que
ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les
choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances,
ni la hauteur ni la profondeur, ni aucune autre créature
ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en
Jésus-Christ notre Seigneur (Ro 8.35-39).

55
Que puis-je faire de ma culpabilité ?

Ainsi, le moyen de faire taire l’accusateur est de confesser


nos péchés devant Dieu et de croire sa Parole, comme Jésus l’a
fait lors de son expérience avec le tentateur. Il a renvoyé Satan
en rejetant ses avances à l’aide de la vérité divine. La Bible nous
dit : « Résistez au diable, et il fuira loin de vous » (Ja 4.7b). La
puissance de la résistance que nous avons est la vérité de Dieu.
Comment pouvons-nous mieux résister à l’accusation d’une
conscience coupable, si ce n’est en disant à Satan : « J’ai confessé
ce péché à Dieu et il m’a pardonné » ? Si nous lui résistons de
cette manière, nous verrons le lion rugissant prendre la fuite la
queue entre les pattes.
Oui, la ligne de démarcation entre la conviction et l’accusa-
tion est mince, et il faut de la sagesse, de la persévérance et un
cœur débordant de la vérité de Dieu pour discerner la différence.
En ce qui concerne notre culpabilité devant Dieu, nous
devons dire, à l’instar de David : « Si tu gardais le souvenir des
iniquités, Éternel, Seigneur, qui pourrait subsister ? » (Ps 130.3.)
Moi, je ne pourrais pas, vous non plus. Le seul moyen dont nous
disposons pour tenir en présence de Dieu en tant que pécheurs
qui avons violé sa loi, c’est le pardon qu’il nous accorde en
Jésus-Christ. Nous avons besoin d’un véritable pardon. Si des
sentiments de pardon l’accompagnent, c’est un plus, mais nous
ne pouvons pas vivre sur la base de nos sentiments. L’Évangile
ne vise pas une spiritualité sensorielle, mais une confiance dans
la vérité objective de Dieu.
Cependant, ce pardon réel requiert un repentir réel et une
foi réelle, et sans une repentance et une foi authentiques, il ne

56
Le remède : le pardon

peut y avoir de vrai pardon de notre véritable culpabilité devant


Dieu. Notre culpabilité devrait nous pousser à chercher la voie
du pardon et de la réconciliation que Dieu offre à son peuple ;
cela devrait nous conduire à la croix, où Christ a payé le prix
de nos transgressions.
La vérité est très simple : si Dieu nous pardonne, cela veut
dire que nous sommes pardonnés. C’est un état de fait objectif.
Peut-être que nos amis ne nous pardonneront pas. Peut-être que
nos conjoints ne nous pardonneront pas. Peut-être que la société
ne nous pardonnera pas. Peut-être que le gouvernement ne nous
pardonnera pas. Mais si Dieu nous pardonne, nous sommes
pardonnés. Cela ne veut pas dire que nous n’avons jamais été
coupables. Nous ne pouvons pas recevoir de pardon sans une
culpabilité réelle. Mais le pardon nous libère de la punition que
nous méritions à juste titre en raison de notre péché. Grâce à lui,
nous pouvons accéder à une saine relation d’amour avec Dieu.

57
À propos de l’auteur

R. C. Sproul fut le fondateur du ministère Ligonier, le pasteur


fondateur de la Saint Andrew’s Chapel à Sanford, en Floride,
le premier président du Reformation Bible College, et le rédac-
teur en chef du magazine Tabletalk. Son émission de radio,
Renewing Your Mind, est toujours diffusée quotidiennement
sur des centaines de radios à travers le monde et peut également
être écoutée en ligne. Il fut l’auteur de plus d’une centaine
de livres, dont La sainteté de Dieu et Choisis par Dieu. Il est
reconnu dans le monde entier pour avoir brillamment défendu
l’inerrance des Écritures et la nécessité pour les croyants de
s’attacher fermement à la Parole de Dieu.

59
Ligonier Ministries est une organisation internationale de
formation de disciples chrétiens fondée par le Dr R. C. Sproul
en 1971. Sa mission est de proclamer, d’enseigner et de défendre
la sainteté de Dieu dans toute sa plénitude auprès du plus grand
nombre de personnes possible. L’emblème de la Bibliothèque
Ligonier est devenu une marque de confiance dans le monde entier
et dans de nombreuses langues.

Motivé par le Grand Mandat, le ministère Ligonier partage des


ressources pour contribuer à la formation de disciples dans le
monde entier, que ce soit en format imprimé ou numérique. Des
livres, des articles et des séries d’enseignements vidéo dignes de
confiance sont traduits ou doublés dans plus de quarante langues.
Nous désirons soutenir l’Église de Jésus-Christ en aidant les
chrétiens à connaître davantage leur foi, à mieux la comprendre,
la vivre et la communiquer.

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Éditions La Rochelle est une maison d’édition qui vise la
conversion des non-croyants, tout en cherchant à équiper
les saints pour servir le Christ et son Église. Elle traduit et
édite des ouvrages qui sont en accord avec les Écritures et les
confessions réformées historiques, notamment la Confession
de La Rochelle. À l’image des pionniers qui traversèrent
l’océan pour apporter les vérités de la réforme protestante
en Nouvelle-France, les Éditions La Rochelle veulent, à leur
tour, contribuer à faire rayonner ces vérités dans toute la
francophonie par la publication d’excellents ouvrages.

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publie et diffuse des livres pour aider l’Église dans sa mission parmi
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ainsi qu’en démontrant la pertinence du message de l’Évangile pour
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