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Clément Alessio

6G

Qu'est-ce que Dieu en philosophie ?


Selon Emmanuel Levinas, Saint Augustin et Jean-
Luc Marion.
Un travail réalisé par Alessio Clément, élève de 6e G à l’Institut Vallée Bailly, dans le cadre
du cours de religion de Mme. De Raet.

https://www.philomag.com/sites/default/files/styles/header_no_full_width/public/images/65dieu-ciel.jpg
Clément Alessio
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Code de déontologie.
" Je déclare sur l'honneur que ce travail a été écrit de ma main, sans avoir
sollicité d'aide extérieure illicite, qu'il n'est pas la reprise d'un travail présenté
dans une autre institution pour évaluation, et qu'il n'a jamais été publié, en tout
ou en partie. Toutes les informations (idées, phrases, graphes, tableaux, ...)
empruntées ou faisant référence à des sources primaires ou secondaires sont
référencées adéquatement selon la méthode bibliographique en vigueur. Je
déclare avoir pris connaissance et adhéré au Code de déontologie pour les
étudiants en matière d'emprunts, de citations et d'exploitation de sources
diverses et savoir que le plagiat constitue une faute grave."

Alessio Clément.

Remerciements.

Je remercie Isabelle De Raet, mon professeur de religion qui m’a guidé lors de ma réflexion
quant au sujet de mon travail ainsi que durant la rédaction de ce dernier et à qui je dois mon
intérêt pour la philosophie.

Je remercie ma famille qui n’a eu de cesse de me faciliter la vie et de me soutenir, sans qui je
n’aurais pu réaliser ce travail.

Je remercie mes amis qui ont été une source de motivation extraordinaire lors de la réalisation
de mon TVI.

Qu'est-ce que Dieu en philosophie ? Selon Emmanuel Levinas, Saint Augustin et Jean-Luc Marion.
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Introduction.
De tous temps les hommes ont prié des dieux, aucun peuple n'a pu être complètement privé
de religion. Pour guider les mœurs, la morale, la civilisation a toujours eu recours à la foi. Et
pourtant, si vous demandez à différentes personnes ce qu'est Dieu, les réponses sont
multiples. Allez demander en Égypte ou Grèce antique et on vous citera des dieux
correspondants à chaque phénomène du monde, demandez à un chrétien, Dieu est amour,
Dieu est triple tandis que dans l'Islam, Dieu soumet les hommes. Ainsi lorsqu’on traite de son
existence par exemple, on peut penser être d’accord avec son voisin alors qu’on ne reconnaît
pas l’existence du même Dieu. Il court qu’Einstein aurait dit à un journaliste lui demandant
s’il croyait en Dieu : <<Précisez-moi d’abord ce que vous entendez par ce mot “Dieu” et je
vous dirai si j’y crois !>>1. Et il a bien raison de répondre de la sorte car nous ne pouvons
affirmer croire ou ne pas croire sans savoir de quoi l’on traite. C’est bien pour cette raison
que nous réalisons ce travail, nous voulons pouvoir dire que nous croyons en Dieu et que ce
Dieu en lequel nous croyons n’est pas un simple agrégat d’idées reçues et irréfléchies.

Étant donné le caractère plus qu’équivoque du mot “Dieu”, nous voulons au cours de ce
travail mettre un sens derrière ce mot. Cependant, à cause de la diversité des opinions à ce
sujet, nous nous limiterons énormément. Nous nous limiterons à la signification de ce mot
dans la philosophie. De plus, les philosophes n’étant évidemment entre eux pas tous d’accord,
nous nous limiterons toujours plus en ne traitant que certains d’entre eux. Ainsi nous
pourrons comprendre leur vision de Dieu avec un minimum de profondeur. Pour ce faire,
nous comparerons les idées d’un philosophe qui est chrétien et vivant à l’antiquité Saint
Augustin avec celles d’un philosophe juif contemporain Emmanuel Levinas ainsi que celles
d’un philosophe qui est à la fois chrétien et contemporain Jean-Luc Marion afin d’établir des
liens entre ce travail et la religion chrétienne tout en gardant une certaine diversité.

1Emmanuel Levinas, Totalité et infini, p.214

Qu'est-ce que Dieu en philosophie ? Selon Emmanuel Levinas, Saint Augustin et Jean-Luc Marion.
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Exposition des auteurs.


Emmanuel Levinas.
Présentation d'Emmanuel Levinas.
Emmanuel Levinas est un philosophe originaire de Lituanie qui a eu une grande influence sur
la philosophie contemporaine. Il est connu pour sa critique de la tradition philosophique
occidentale ainsi que pour sa conception originale de la responsabilité éthique envers l’autre.
Mais il aborde également dans ses livres la
question de Dieu qu’il lie à la notion d’infini et à
cette singulière responsabilité éthique envers
autrui.

Les idées de Levinas.


L’infini.
Tout d'abord, qu’est-ce que cette notion d’infini
qu’il lie à Dieu et quel est son rapport avec Dieu?
Selon Levinas la notion d’infini ne peut-être
totalement comprise qu’au travers de l’expérience
concrète de la rencontre avec autrui, il dit “.
L'idée de l'infini · se produit dans l'opposition du
discours, dans la socialité. ”2. Ainsi cette
rencontre avec l’autre est est une rencontre avec
“l’altérité absolue”3 qui révèle l’infini et qui nous
mène, nous invite à sortir de nous même pour
répondre à son appel. Et cette ouverture à l’autre
est l'essence même de la responsabilité éthique de
levinas qui est donc un appel à reconnaître la
présence de l’infini dans la rencontre avec autrui.
Cette responsabilité est fondamentale et
inconditionnelle, elle ne peut être réduite à une
catégorie philosophique ou théologique, elle est
ancrée dans l’expérience de la rencontre avec
autrui et ne peut être justifiée par des principes ou
des règles universelles. Pour finir, cette
responsabilité est infinie, sans limite. C'est-à-dire que cette responsabilité est impossible à
réaliser dans son entièreté et est toujours en devenir.

2 Cf. "Saint Augustin",


Encyclopædia Universalis, consulté le 10 mai 2023 :
https://www.universalis.fr/encyclopedie/augustin/
3 Cf. Saint Augustin, La cité de Dieu, livre 11

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https://editions-balland.com/author_files/levinas.jpg 4

Selon Levinas, le désir métaphysique est différent des désirs ordinaires liés à des besoins
physiques ou psychologiques. C’est un désir pour l'infini, pour quelque chose qui transcende
le monde physique et matériel. Il est ancré, imprégné dans la conscience humaine et est en
quelque sorte un appel à l'extase, à la transcendance. Cependant, ce désir métaphysique ne
vient pas d'un manque qui peut être comblé par l'objet de notre désir mais, il creuse lui-même
un manque qui ne préexistait pas. Cela signifie que l'infini ne peut pas combler le manque, il
ne fait qu'aiguiser le désir métaphysique en le rendant plus intense. Il dit également que
l'infini est quelque chose qui est toujours au-delà de notre compréhension et de notre entente.
Même si nous sommes attirés par l'infini, nous ne pouvons pas l'atteindre ou le comprendre
complètement. 5
Le désir métaphysique pour l'infini décrit par Lévinas fait partie de la condition humaine.
C'est une aspiration à quelque chose de plus grand que nous-mêmes, une aspiration qui nous
pousse à nous élever au-delà de notre existence limitée d’être fini dans le monde physique.
Cependant, selon Levinas, cette aspiration ne peut être pleinement réalisée, et nous devons
plutôt accepter et même embrasser notre condition humaine et accepter que l'infini reste
toujours au-delà de notre compréhension.6

Pour Levinas, l'infini est ce qui transcende l'être et qui est impossible à saisir par la pensée
conceptuelle ou la perception sensorielle. L'infini ne peut pas être réduit à des catégories ou à
des concepts, car il est toujours plus grand que tout ce qui peut être pensé ou connu. Ainsi, la
notion de Dieu chez Levinas est comprise comme un nom pour l'infini. Il dit: “Dieu, c'est
autrui dans la mesure où autrui me dépasse infiniment. En ce sens, on peut dire que
l'expression 'relation à Dieu' ne signifie pas une relation à une entité qui serait l'objet de nos
croyances, mais une relation à autrui, à l'infini qui m'est donné en autrui”7. Pour Levinas, la
responsabilité éthique envers autrui est une dimension fondamentale de la relation avec Dieu.
Ce n’est qu’au travers de cette rencontre(événement éthique) que l’on accède à la vérité. Dieu
est en fait l’expression de l’infini et de l’altérité de l’autre.

L’infini dans le fini, le plus dans le moins. C'est-à -dire que l’infini comprend tout et est
compris en l’infini.8

Dieu vient à l’idée sans quête préalable mais ne vient pas de l’abandon de cette quête. Cela
arrive dans un événement éthique banal. 9

Dieu.

Levinas se demande si le mot Dieu relève de l’esse (l’être), s’il peut être considéré comme un
étant qualifié de suprême. Le nom de Dieu “Je serai qui je serai” laisse entrevoir une éclipse
4Cf. Saint Augustin, Les Confessions, Livre 1
5Cf. Saint Augustin, Les Confessions, Livre 1
6 Cf. Saint Augustin, Les Confessions, Livre 1
7Cf. Saint Augustin, La cité de Dieu, livre 11
8Cf. Saint Augustin, Les Confessions, Livre 1
9 Cf. Saint Augustin, De Trinitate, Livre 1

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de l’idée d’être afin de privilégier peut être une autre voie pour l’entendre (le comprendre,
saisir ce qu’il exprime).En effet, pour Levinas, la question de l'être est au cœur de la
métaphysique occidentale, qui tend à considérer Dieu comme un étant suprême, une réalité
qui se situe au sommet de la hiérarchie ontologique. Or, cette conception de Dieu en tant
qu'étant suprême ne permet pas de saisir la dimension éthique de la relation à autrui, qui est
au centre de la pensée de Levinas. C'est pourquoi Levinas se demande si le nom de Dieu, tel
qu'il apparaît dans l'Ancien Testament, ne pourrait pas être compris autrement, en dehors de
la catégorie de l'esse. Le nom divin "Je serai qui je serai" suggère en effet une autre voie
d'interprétation, qui ne passe pas nécessairement par la catégorie de l'être. Cette autre voie
pourrait être celle de la relation éthique avec autrui, qui permet de saisir une dimension de
l'être qui échappe à la logique de l'ontologie traditionnelle. Dans cette perspective, la relation
éthique avec autrui est une voie privilégiée pour entendre la parole de Dieu, qui se manifeste
dans la responsabilité infinie envers l'autre. Ainsi, pour Levinas, la question de Dieu ne peut
être séparée de celle de la relation éthique avec autrui. Pour lui, la parole divine ne se révèle
pas dans l'être en tant qu'étant suprême, mais dans la relation avec autrui qui impose une
responsabilité infinie. Cette approche permet de dépasser les limites de la métaphysique
traditionnelle, qui tend à réduire Dieu à une réalité ontologique.

“Nous n’avons pas besoin de dieu pour vivre en ce monde, l'athé peut être heureux, il n’est
pas misérable.” Cette affirmation peut sembler contradictoire avec la pensée de Levinas qui
semble lier d’une relation intime la relation éthique avec les autres et la question de Dieu.
Cependant, bien que Pour Levinas, la présence de l'Autre, et l'expérience de responsabilité
qu'elle implique, ouvre une voie à une réflexion sur la transcendance, et donc sur Dieu, il
n'affirme pas que la croyance en Dieu est nécessaire pour vivre une vie éthique et heureuse. Il
insiste plus sur la nécessité de reconnaître la primauté de l'Autre qui transcende notre propre
être et volonté et qui nous oblige à agir de manière responsable envers lui.10

Saint Augustin
Présentation de Saint augustin.
Saint Augustin de son nom original Aurelius Augustinus,
également appelé Augustin d’Hippone est un philosophe
et théologien chrétien qui a vécu au IVe et Ve siècle. Il est
né en Afrique du Nord, a été baptisé à l'âge adulte et est
devenu l'un des plus grands penseurs chrétiens.11 Augustin
est surtout connu pour sa vision de la relation entre
l'homme et Dieu, ainsi que pour son concept du péché
originel. En effet, il croyait que la véritable nature
humaine était corrompue par le péché et que seule la grâce
divine pouvait la rétablir. Et pour Augustin, la voie vers la
vérité était la contemplation de Dieu. Pour lui, en
regardant Dieu, l'homme peut trouver la paix intérieure et

10 Cf. Saint Augustin, La cité de Dieu, livre 5

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l'harmonie avec le monde. https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/29/Sandro_botticelli%2C_sant
%27agostino_nello_studio%2C_1480_circa%2C_dall%27ex-coro_dei_frati_umiliati%2C_01.jpg?uselang=fr 12

Les idées de Saint Augustin.


Selon Saint Augustin, la nature de Dieu est en fait un concept fondamental de la théologie
chrétienne. Pour lui, Dieu est parfait, immuable et transcendant et l’univers est le reflet de
cette perfection divine.13 Mais ce n’est pas tout, nous allons voir ceci de plus près.
Dieu est parfait: Dieu était selon lui, la source de toute bonté, beauté et vérité. De plus, il était
le créateur de tout et donc la source de toute existence. Il a donc créé le monde à partir de
rien. Cet acte n’était pas nécessaire mais volontaire de la part de Dieu, c’est par amour et
pour manifester sa gloire qu’il créa. Comme il est bon et juste, tout ce qu’il crée est bon et
juste.14
Dieu est immuable: Dieu est au-delà du temps et de l’espace et donc ne peut changer. Sa
perfection est absolue et inaltérable par une force extérieure. Dieu est donc éternel et
immuable.15
Dieu est source de toute vérité: Tout ce qui est vrai l’est en par son existence en Dieu, la
vérité est donc objective existe dans l’indépendance de la perception des humains. De par
cette indépendance, elle est accessible à tous.16
Dieu est transcendant: il est au-delà de toute expérience humaine. Il est au dessus de tout et
n’est compréhensible que par la fois, la révélation. Cette caractéristique est fondamentale
pour Saint Augustin.17
L’homme à l’image de dieu: il est dit dans la genèse chapitre 1 verset 26 que Dieu a créé
l’homme à son image. Pour Augustin, ce n’est pas l’apparence de l’homme qui est à l’image
de Dieu mais sa capacité à aimer. 18
Dieu est en tout et tout est en lui: le chrétien appelle Dieu en lui mais quelle place y a-t-il en
l’homme pour que Dieu y vienne? Mais l’homme ne peut être sans que Dieu soit en lui donc
Dieu est déjà en l’Homme et cette présence en l’homme se manifeste par l’âme qui est la
partie de l’homme la plus proche de Dieu. Mais si Dieu est en tout, l’homme est également en
Dieu et cela est valable pour chaque création de dieu, c'est-à-dire tout. Dieu est en tout et tout
est en lui.

Dieu est trinité: C’est l’un des dogmes de base du christianisme et Augustin y accorde
beaucoup d’importance. Dieu est un seul être en trois personnes distinctes : le Père, le Fils et
le Saint-Esprit. Cette croyance est basée sur l'idée que ces trois personnes sont égales et
indissociables, mais distinctes les unes des autres. Chaque personne de la Trinité est égale et
partage la même essence divine, mais chacune a un rôle distinct dans l'œuvre de la création et

11 Cf. Saint Augustin, Les Confessions, Livre 10


12 Cf. Saint Augustin, La cité de Dieu, livre 22
13 Cf. Emmanuel Levinas, Totalité et infini, chapitre 3-4
14 Cf. Emmanuel Levinas, Totalité et infini, chapitre 3-4
15Cf. Dieu chez Emmanuel Levinas - Catherine Chalier - 1/2
16 Cf. Dieu chez Emmanuel Levinas - Catherine Chalier - 1/2
17 Cf. La possibilité d’une révélation - Jean Luc Marion - 1/2
18 La possibilité d’une révélation - Jean-Luc Marion - 2/2

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du salut. La relation entre les trois entités de la Trinité est un modèle pour les relations pour
les croyants entre eux et avec Dieu.19

La providence de Dieu : Dieu contrôle toutes les choses dans l'univers, de la plus petite à la
plus grande. Sa providence s'étend à tous les domaines de la vie, les événements naturels et
les actions humaines y compris. Pour Saint Augustin, il n'y a pas de hasard ou de
coïncidences, tout est le résultat de la volonté de Dieu. Cette providence est à la fois
universelle et particulière: elle s’applique à tout l’univers et possède une implication
personnelle pour chaque individu. Cette providence est également infaillible, rien ne peut s’y
opposer. Ainsi même ce qui semble être un échec est en réalité une élément du plan de Dieu
et tout ce que Dieu fait est fait dans un but d’amour.20

La grâce de Dieu: Selon Augustin, la grâce de Dieu est nécessaire au salut et à la rédemption
des hommes. Elle ne se gagne pas ou ne se mérite pas, elle est gratuite et inconditionnelle.
Elle est présente partout dans la vie et permet à l’homme de faire le bien ainsi que de se
rapprocher de dieu. Cette grâce est accessible uniquement par la foi et la confiance en Dieu.21

Dieu dans la finalité de l’homme: Selon Augustin, la finalité de l’homme est la connaissance
de Dieu et l’union avec celui-ci. Dieu a créé l’homme pour que ce dernier le cherche et
l’atteigne. De plus, cette connaissance de Dieu passe nécessairement par la connaissance de
la trinité. L’union avec Dieu n’est atteinte que via la grâce divine qui est accordée à ceux qui
cherchent Dieu de manière sincère.22(ce qui semble un peu contradictoire avec le paragraphe
du dessus)

Jean-Luc Marion.

Présentation de Jean-Luc Marion.


Jean-Luc Marion est un philosophe français né le 3 juillet
1946. Il obtient une licence de lettres à Paris-Nanterre en 1967
et de philosophie en 1968 à la Sorbonne. Il est nommé
Professeur à l’université de Poitiers en 1981. Il devient
directeur du centre d’études cartésiennes à la Sorbonne. Ses
travaux portent sur de nombreux sujets parmi lesquels on peut
entre autres citer: la phénoménologie, la métaphysique et la
théologie.

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d0/Jean-
Luc_Marion.png 23

19 La possibilité d’une révélation - Jean-Luc Marion - 2/2


20La possibilité d’une révélation - Jean-Luc Marion - 2/2
21 La possibilité d’une révélation - Jean-Luc Marion - 2/2
22Cf. La possibilité d’une révélation - Jean-Luc Marion - 2/2

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Les idées de Jean-Luc Marion.
Pour Jean-Luc Marion, il y a toujours un écart entre ce qu’on pense que Dieu est et ce qu’il
est. Dieu est une idole ce qui signifie qu’il est l’image de celui qui voit cette image. Il faut
toujours considérer l’écart entre la conception que l’on se fait et la chose en elle-même, c’est
dans cet écart que se trouve une révélation (une possibilité que l’expérience de la pensée ne
permet pas d’avoir). 24

Selon Marion, le seul rapport correct à Dieu, c’est de le louer. En effet, il a dit:“Dieu n’est
pas une chose du monde, il n’y a rien à dire à Dieu si ce n’est des louanges.”25 et “Dieu dit
je suis pour dire c’est moi pas pour dire qu’il est un étant, il dit j’y suis et on ne peut lui
répondre que par louange”. Ainsi, Dieu n’est pas une chose du monde et aussi, il n’est pas
un étant car comme le dit Jean-Luc Marion: “... ça a du sens de considérer Dieu comme être
comme cela en a de considérer Dieu comme pierre.”26 De plus Dieu ne peut être appelé par
l’homme car “c’est le privilège de Dieu d’appeler” dit Marion. Et cet appel de Dieu est là
pour tout le monde.

Marion dit également que comme la frontière entre l’impossible et le possible est notre
finitude, Dieu n’a pas d’impossible. Et c’est selon lui, le propre de Dieu que rien ne lui soit
impossible. Ainsi si quelque chose était impossible à Dieu, Jean-Luc Marion affirme qu’il ne
serait plus un dieu.

Jean-luc Marion cite Nicolas de Cues en affirmant qu’il est d’accord (Divisione Dei chapitre
9) et dit: “...puisque rien n’est impossible à dieu il faut que ce soit à travers les choses qui
sont dans ce monde impossible que nous dirigions notre regard vers celui chez qui
l’impossibilité est une nécessité. Tout de même que l’infinité en acte est impossible en ce
monde ainsi la grandeur sans fin est la nécessité même qui nécessite que le non-étant ou le
rien soit. … Je t’en grâce mon dieu de m’avoir dévoilé qu’il n’y a pas d’autres voies pour
accéder à toi que celle qui paraît radicalement inaccessible et impossible à tous les hommes
même au plus savant des philosophes puisque tu as montré que l’on ne peut te voir ailleur,
que là ou l’impossibilité advient et se mette en travers de la route”27. Il interprète ceci de la
manière suivante: “ Aussi longtemps que nous sommes dans le domaine du possible c'est-à-
dire pour Kant de ce qui est concevable par notre esprit fini ce qui se conforme aux
conditions de possibilités subjectives de la perception. Nous sommes dans un domaine ou il
n’y a nul besoin de recourir à autre chose qu’à l’esprit fini. C'est-à-dire nous sommes chez
nous. Il reste ce qui contredit les conditions de notre expérience, par exemple les
phénomènes saturés. Nous entrons dans le domaine qui est à priori impossible d’accès…
nous ne pouvons pas comprendre, nous ne pouvons pas entrer dans ce terrain. Ce terrain
appartient à des esprits qui ne sont pas limités, il appartient aux anges ou à dieu.”28
Autrement dit, tant que ce qu’on traite appartient à ce que l’on peut concevoir, nous sommes
à l’aise et notre esprit limité suffit mais dès lors que l’on traite de l’impossible, nous sommes
idiots et incapables car ce domaine n’est pas le nôtre mais celui du divin.

23Cf. Dieu chez Emmanuel Levinas - Catherine Chalier - 1/2


24 Lien de l’image juste au dessus du lien
25 Lien de l’image qui précède
26 Lien de l’image qui précède
27 Cf. Emmanuel Levinas, Ethique et infini
28 Emmanuel Lévinas – La responsabilité pour autrui

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Ensuite, Dieu se trouve là où l'impossible est et c’est uniquement lorsqu’on le frole que l’on a
la possibilité de rencontrer Dieu. L’impossible dont il est question est une situation limite
mais inévitable de l'existence comme par exemple, la naissance ou la mort.Et comme ces
évènements qui relèvent de l’impossible se sont bel et bien produits, l’impossible ne nous est
pas entièrement inconnu, nous ne l’ignorons pas totalement. Ainsi, comme il existe une
possibilité de l’impossible, dire que Dieu est impossible devient une manière de dire qu’il est
en fait possible. 29

Pour finir, comme Dieu se trouve dans le domaine de l’impossible et que l’impossible est
“l’horizon extrême de la possibilité” ou encore “une possibilité que l’on imaginait pas”
comme le dit Jean-Luc Marion, comme c’est dans l’impossible, lorsque nous y entrons que
Dieu est atteignable (bien que le verbe être puisse ne pas convenir à Dieu qui ne se limite pas
à un étant), cela signifie que la question de Dieu est peut être abordée par nous les hommes.
Et ainsi, Dieu pour Marion, est quelque chose qui autorise que les hommes parlent de lui, se
le représentent, tentent de le comprendre.30

Confrontation des visions des auteurs.


Tout d'abord, les philosophes que sont Emmanuel Levinas, Jean-Luc Marion et Augustin
d’Hippone vont se distinguer dès le début les un des autres. Là où Augustin va avoir l’idée
d’un Dieu au sens plus traditionnel qui semble tendre vers un étant suprême, Marion le définit
comme une idole et Levinas le définit par l’infini qu’il décrit dans ses œuvres (totalité et
infini, autrement qu’être).

Il y a également une autre différence flagrante dans les pensées des trois hommes, c’est la
manière d’atteindre, rencontrer Dieu. Déjà chez Augustin, nous retrouvions l’idée de
connaître Dieu (chose qui ne pouvait se réaliser qu’après connaissance de la trinité) avec qui
il faut s’unir et pour se faire, il faut avoir la grâce de Dieu et la foi en lui. Ensuite, chez Jean-
Luc Marion, se trouve un écart entre la vision, la compréhension que l’on a de Dieu et Dieu
en lui-même. Ainsi connaître Dieu n’est jamais atteignable, il y aura toujours cet écart propre
à Dieu. Cependant apparaît la possibilité de le rencontrer lorsque nous frôlons l’impossible
qui, rappelons le, correspond aux situations limites mais inévitables de l’existence. Quant à
levinas,il le répète souvent de différentes manières, et notamment dans Ethique et infini de la
manière qui suit: la présence de Dieu c’est la dimension de l'absolu qui se révèle dans la
relation éthique à autrui.

Les trois auteurs ont également des similitudes dans leur définition de Dieu. Ils font tous
référence à une notion du plus dans le moins, de l’infini dans le fini, de Dieu en l’homme, de
l’impossible dans le possible. Ainsi cette notion récurrente pourrait être une notion clé de ce
qui est nommé “Dieu” en philosophie.

Nous pouvons dégager que les deux philosophes chrétiens traitent du souci de la relation avec
Dieu l’un (Marion) nous affirmant que la seule relation que nous pouvons avoir avec lui est
de lui faire ses louanges tandis que l’autre (Augustin) nous apprend que la relation à

29 Cours de religion de Isabelle De Raet, “Document concernant l’argument ontologique”


30Cf. La possibilité d’une révélation - Jean-Luc Marion - 2/2

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entretenir avec Dieu doit se fonder sur l’amour et sur la foi. Mais au final une relation
d’amour et de foi correspond à la relation de louange de Jean-Luc Marion car selon lui, la
relation dans l’amour ce sont les louanges. Mais sur le plan de la relation, Levinas n’est pas
en reste, sa conception à lui est singulière mais oh incommensurablement présente, il s’agit
d’une relation de responsabilité envers autrui. La relation avec l’autre c’est notre
responsabilité pour tout ce qui n’est pas de notre fait selon Levinas.31

Un point commun encore une fois est la transcendance de Dieu, le fait qu’il soit au-delà de
tout, que rien ne lui soit impossible, qu’il soit infini. Cette transcendance est à la base même
du concept de Dieu et ainsi un dieu sans transcendance ne serait pas un dieu. Il se caractérise
par l’infini comme nous êtres de sa création nous sommes caractérisé par notre finitude.
Augustin dit qu’il est parfait et immuable, Jean-Luc Marion, lui, dit que rien n’est impossible
à Dieu car il n’est pas un être fini et Levinas parle de Dieu directement au travers du mot
infini. Tout ce qui catégorise Dieu pousse sa grandeur à la limite de notre compréhension.
Depuis Saint Augustin et aujourd'hui encore, nous voyons apparaître une caractéristique qui
ne disparaît jamais, celle que Saint Anselme utilise dans son argument ontologique: Dieu est
quelque chose dont on ne peut rien concevoir de plus grand.32

31 Définissez-moi d'abord ce que vous entendez par Dieu et je vous dirai si j'y crois ,
https://www.linternaute.fr/citation/5228/definissez-moi-d-abord-ce-que-vous-entendez-par-dieu-et-je--
albert-einstein/
32 Emmanuel Levinas, Totalité et infini, p.97

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Conclusion.
Les trois philosophes (Emmanuel Levinas, Saint Augustine et Jean-Luc Marion) ont autant d'
opinions communes que d’opinions différentes, beaucoup de caractéristiques qu’ils attribuent
à Dieu proviennent de leur religion respective mais certaines sont inédites comme pour
Levinas et son lien entre Dieu et l’expérience de la rencontre de l’autre. Cependant, les
caractéristiques inédites n’en sont pas moins intéressantes dans leurs constructions comme
nous avons pu le constater au cours de ce travail. Ce qui fait l’essence de Dieu en tant que tel
ne peut bien entendu être compris, trouvé ou du moins pas complètement. Ainsi nous n’avons
pas trouvé ce qu’était Dieu de manière vraie, absolue mais nous avons néanmoins la vision de
l’absolu de ces différents hommes qui savent qu’il y a un écart entre ce qu’ils pensent que
Dieu est et ce que Dieu est véritablement. Et de cela, de cette connaissance que nous avons à
présent de la connaissance des autres, nous sommes plus enclins à nous forger notre propre
avis sur la question de Dieu. Évidemment, ce que nous retirons de ce travail n’est pas une
idée fixe, inébranlable de Dieu que nous garderons jusque dans l’au-delà, il s’agit d’une
première approche qui pose les bases de la réflexion et permet d’affiner nos pensées.

Alors venons en au résultat, en conclusion Dieu se trouve (et non “est” car il n’est pas un
étant, le verbe est sera tout de même utilisé pour des raisons de compréhension) au-dessus de
tout, il s’agit de la transcendance elle-même, au-delà encore de l’apothéose de ce qui
appartient à l’ imaginable. Il serait rencontrable dans l’expérience de la rencontre de l’autre,
de l’appel à la responsabilité infinie qu’elle appelle ainsi que dans la foi sincère. Finalement,
peut-être Dieu laisse-t-il l’homme libre de trouver un moyen parmi d'autres de le rencontrer.
Encore une fois, intervient l’écart entre ce que nous imaginons et Dieu et Dieu en lui-même
et nous en sommes conscient tout comme les trois personnes que nous avons étudiées, nous
ne comprendrons jamais pleinement Dieu infini. De plus, comme Levinas pense la
responsabilité qu’il décrit et comme Saint Augustin qui voit celà, nous pensons que Dieu est
gratuit, qu’il ne se mérite pas, qu’il se donne inconditionnellement à tous.

Pour imager ce phénomène de vérités multiples possédant des points communs mais
différentes selon le point de vue et pourtant tout aussi vraies les unes que les autres, prenons
la très connue analogie du cylindre, disons que Dieu est un cylindre qui se mouvoit. Celui qui
voit le cylindre de face y voit un rectangle, celui qui le voit de haut voit un cercle et comme
le cylindre bouge, si une personne regarde à deux instants différents, elle ne verra pas la
même chose. Personne n’a entièrement raison ici, il y a un écart entre la compréhension et la
chose en elle même qui provoque une une multiplication de points de vue qui ne sont pas
complets mais tentent au mieux d'interpréter la chose et sont donc tous valable. Cette
analogie possède ses limites, elle se veut très simple et donne donc l’impression que tout le
monde se trompe et que les vérités ont peu de points communs mais l’analogie étant très
simple, les points communs doivent l’être encore plus. Ainsi voir une forme est un point
commun au deux points de vue. Dans l’analogie il faut comprendre que personne ne se
trompe dans son opinion, chacun, en fonction du moment et du lieu entrevoit une partie du
patron du cylindre mais se trouve incapable d’en comprendre la structure comme nous
sommes capable de comprendre des parties du concept de Dieu sans en saisir l’entière portée.

Qu'est-ce que Dieu en philosophie ? Selon Emmanuel Levinas, Saint Augustin et Jean-Luc Marion.
Clément Alessio
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Ainsi se conclut ce travail qui ne se veut que le début d’une longue quête de la recherche de
Dieu et qui a pour vocation de pousser celui qui le lit à rechercher en lui et autour de lui ce
qu’il comprend de Dieu en qui tout réside et qui réside en tout.

__________________________________________________

Bibliographie.
Citation d’Albert Einstein: “Définissez-moi d'abord ce que vous entendez par Dieu et je vous
dirai si j'y crois”, consulté le 4 juin 2023, https://www.linternaute.fr/citation/5228/definissez-
moi-d-abord-ce-que-vous-entendez-par-dieu-et-je--albert-einstein/

LEVINAS Emmanuel, Totalité et infini,


https://monoskop.org/images/5/56/Levinas_Emmanuel_Totalit
%C3%A9_et_infini_essai_sur_l_ext%C3%A9riorit%C3%A9_2000.pdf , consulté le 4 juin
2023.

Emmanuel Lévinas – La responsabilité pour autruiconsulté le 25 mai 2023

Dieu chez Emmanuel Levinas - Catherine Chalier - 1/2consulté le 25 mai 2023

"Saint Augustin", Encyclopædia Universalis, consulté le 10 mai 2023:


https://www.universalis.fr/encyclopedie/augustin/

“saint augustin”, http://sos.philosophie.free.fr/augustin.php consulté le 1er mai 2023

SAINT Augustin, La cité de Dieu, livre 11,


https://www.bibliotheque-monastique.ch/bibliotheque/bibliotheque/saints/augustin/
citededieu/livre11.htm#_Toc510342247 consulté le 14 avril 2023

SAINT Augustin, Les confessions, livre 1,


https://www.bibliotheque-monastique.ch/bibliotheque/bibliotheque/saints/augustin/
confessions/livre1.htm#_Toc509572058 consulté le 14 avril 2023

SAINT Augustin, De la trinité,


https://www.bibliotheque-monastique.ch/bibliotheque/bibliotheque/saints/augustin/trinite/
index.htm

SAINT Augustin, De la trinité, livre 1,


https://www.bibliotheque-monastique.ch/bibliotheque/bibliotheque/saints/augustin/trinite/
livre1.htm#_Toc512682597 consulté le 14 avril 2023

La possibilité d’une révélation - Jean Luc Marion - 1/2: https://www.youtube.com/watch?


v=Yu4qffxxAvU&t=4807s consulté le 14 avril 2023

La possibilité d’une révélation - Jean-Luc Marion - 2/2: https://www.youtube.com/watch?


v=389gmRNBjxQ consulté le 14 avril 2023

Qu'est-ce que Dieu en philosophie ? Selon Emmanuel Levinas, Saint Augustin et Jean-Luc Marion.
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Table des matières.


1. Code de déontologie._____________________ p. 1

2. Remerciements._________________________ p. 1

3. Introduction.___________________________ p. 2

4. Corps du texte.

4.1. Exposition des auteurs.


4.1.1. Emmanuel Levinas.__________ p. 3-5
4.1.2. Auguste Saint.______________ p. 5-7
4.1.3. Jean-Luc Marion.____________ p.7-9

4.2. Confrontation des visions des auteurs.__ p. 9-10

5. Conclusion._____________________________ p. 11

6. Bibliographie.___________________________ p. 12

Qu'est-ce que Dieu en philosophie ? Selon Emmanuel Levinas, Saint Augustin et Jean-Luc Marion.

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