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CONSEIL SUPERIEUR DE LA MAGISTRATURE

SECRETARIAT PERMANENT
ET
INSTITUT NATIONAL DE FORMATION
JUDICIAIRE

FORMATION INITIALE DE NOUVEAUX MAGISTRATS

TECHNIQUES SPECIALES D’ENQUETE

Par :

- KALUILA MWANA,
Procureur Général,
- SHINDANO BULENGA Pierre,
AG près la Cour
- Professeur Faustin MUNENE YAMBA YAMBA

MAI 2023
4
Table des matières
INTRODUCTION.....................................................................................................................................3
SOURCES INTERNATIONALES :.......................................................................................................3
Convention contre la corruption......................................................................................................3
La livraison surveillée........................................................................................................................4
La géolocalisation..............................................................................................................................5
La filature...........................................................................................................................................5
L’infiltration......................................................................................................................................5
L’enquête conjointe...........................................................................................................................5
SOURCES NATIONALES.......................................................................................................................6
La Constitution..................................................................................................................................6
Les techniques particulières d’investigation............................................................................................6
La levée du secret professionnel..............................................................................................................9
CONCLUSION........................................................................................................................................11

4
INTRODUCTION

Une enquête judiciaire (criminel investigation en anglais) est une opération qui a pour but
la recherche de la vérité par la découverte des faits infractionnels, la réunion des preuves et
l’accumulation d’informations utiles pouvant établir qu’une personne est soit auteur, coauteur ou
complice, soit victime d’une ou plusieurs infractions.

Les techniques spéciales d’enquête sont des techniques modernes de recherche de la vérité et de
collecte des preuves des faits infractionnels faisant appel aux nouvelles technologies de
l’information et de la communication.

Elles trouvent leur fondement juridique aussi bien dans les sources internationales que
nationales.

SOURCES INTERNATIONALES :

Les différentes conventions des Nations Unies ratifiées par la République démocratique du
Congo, notamment :

Convention contre la criminalité transnationale organisée

Article 20 (1) :

« Si les principes fondamentaux de son système juridique national le permettent , chaque Etat
Partie, compte tenu de ses possibilités et conformément aux conditions prescrites dans son droit
interne, prend les mesures nécessaires pour permettre le recours approprié aux livraisons
surveillées et, lorsqu’il le juge approprié, le recours à d’autres techniques d’enquêtes spéciales
telles que la surveillance électronique ou d’autres formes de surveillance et les opérations
d’infiltration, par ses autorités compétentes sur son territoire en vue de combattre efficacement
la criminalité organisée ».

Convention contre la corruption


Article 50 (1) :

« Afin de combattre efficacement la corruption, chaque Etat Partie, dans la mesure où les
principes fondamentaux de son système juridique interne le permettent et conformément aux
conditions prescrites par son droit interne, prend dans la limite de ses moyens, les mesures
nécessaires pour que ses autorités compétentes puissent recourir de façon appropriée, sur son
territoire, à des livraisons surveillées et, lorsqu’il juge opportun, à d’autres techniques
d’enquêtes spéciales telles que la surveillance électronique ou d’autres formes de surveillance et
4
les opérations d’infiltration, et pour que les preuves recueillies au moyens de ces techniques
soient admissibles devant les tribunaux ».

Au regard des dispositions précitées, on peut retenir les techniques d’enquête spéciales ci-après :

la livraison surveillée,

la surveillance électronique,

la vidéosurveillance,

la géolocalisation,

la filature,

l’infiltration,

l’enquête conjointe.

La livraison surveillée
La livraison surveillée désigne la méthode consistant à permettre le passage par le territoire d’un
ou plusieurs Etats d’expéditions illicites ou suspectées de l’être, au su et sous le contrôle des
autorités compétentes de ces Etats, en vue d’enquêter sur une infraction et d’identifier les
personnes impliquées dans sa commission.

B. La vidéosurveillance

La vidéosurveillance désigne l’observation de lieux, de comportements ou de personnes à l’aide


d’un dispositif optique électronique1. La vidéo surveillance est un système de caméra permettant
de surveiller un espace public ou privé à distance 2 . La vidéosurveillance est un procédé qui
consiste à veiller sur un lieu ou des biens à l’aide des caméras, chargées de dissuader et
d’identifier les délinquants3.

Il s’agit d’un système technique composé d’une caméra et d’un moniteur (distant
géographiquement, même de quelques mètres) qui sont reliés par un moyen technique de
transmission et dont les images transférées peuvent ou non faire l’objet d’un enregistrement.
Lorsque les images sont enregistrées, elles sont par la suite visionnées et sauvegardées.

1
https://www.arcromand-avocat.ch , consulté le 20/12/2022.
2
Emmanuel Philippeau, exposé sur vidéo surveillance, https://prezi.com , consulté le 20/12/2022.
3
https://www.linternaute.fr » Dictionnaire, consulté le 20/12/2022.
4
Ainsi, l’utilisation de la surveillance vidéo fait appel à diverses technologies : la capture, la
transmission et éventuellement, l’archivage et l’analyse des données.

En d’autres termes, la vidéo surveillance est une technique de surveillance permettant d’obtenir
les images, de les visualiser et/ou de les archiver afin de pouvoir les utiliser en cas de besoin,
notamment pour élucider une infraction ou identifier l’auteur d’un acte délictuel, voire pour
servir de preuve.

La vidéosurveillance peut être installée par une personne physique ou morale ou encore par une
autorité publique. Elle englobe une série des systèmes qui s’utilisent à diverses fins. En outre,
elle s’accompagne ou non d’un enregistrement des images.

En France, par exemple, on use de deux termes « vidéosurveillance » et « vidéoprotection » qui


désignent tous les deux un système destiné à assurer la protection des personnes et des biens.
Cependant, la vidéosurveillance est appelée vidéoprotection lorsqu’elle est du domaine public.

La géolocalisation
La géolocalisation est un procédé permettant de positionner un objet, un véhicule, ou une
personne sur un plan ou une carte à l’aide de ses coordonnées géographiques.

La filature

La filature : technique de renseignement réalisée par la surveillance des activités et contacts d’un
individu, en le suivant secrètement dans ses déplacements quotidiens.

L’infiltration

L’infiltration est une procédure ou une technique d’enquête spéciale instituée par l’article 20 de
la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et reprise par
d’autres convention des Nations Unies notamment la Convention contre la Corruption (article
50) autorisant chaque Etat- Partie à consacrer légalement l’irresponsabilité pénale de ses
personnels compétents qui, dans l’intérêt de service et afin de combattre efficacement les
crimes, se rendent coupables des actes susceptibles d’être constitutifs des éléments d’une des
infractions, et pour que les preuves recueillies par ce moyen soient admises devant ses tribunaux.

L’enquête conjointe

Au sens de ces Conventions, chaque Etat Partie est invité à prendre des mesures pour que les
preuves recueillies au moyen des techniques spéciales d’enquête soient admissibles devant ses
tribunaux.

SOURCES NATIONALES
4
La Constitution

Article 215 : Les traités et accords internationaux régulièrement conclus ont, dès leur
publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve pour chaque traité ou accord, de
son application par l’autre partie.

Article 153 alinéa 4 : Les Cours et Tribunaux, civils et militaires, appliquent les traités
internationaux dûment ratifiés, les lois, les actes réglementaires pour autant qu’ils soient
conformes aux lois ainsi que la coutume pour autant que celle-ci ne soit contraire à l’ordre public
ou aux bonnes mœurs.

La loi (N° 04/016 du 19 juillet 2004) n° 22/068 du 27 décembre 2022 portant lutte contre le
blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, entrée en vigueur le 24 février
2023

La loi N° 04/016 du 19 juillet 2004… portant lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme a apporté trois innovations importantes du point de vue du droit
procédural, à savoir :

Le recours par le Ministère public aux techniques particulières d’investigation pour rechercher la
preuve de l’infraction d’origine et la preuve des infractions de blanchiment des capitaux et de
financement de terrorisme ;

l’irresponsabilité pénale des personnels compétents qui dans le seul but d’obtenir des éléments
de preuve relatifs aux infractions visées par la présente loi se rendent coupables des actes
susceptibles d’être constitutifs des éléments d’une des infractions de blanchiment des capitaux ou
de financement de terrorisme ;

La levée du secret professionnel.

Nous allons examiner chacune de ces innovations.

Les techniques particulières d’investigation

Elles sont prévues par l’article (25 de la loi N° 04/016 du 19 juillet 2004) 114 de la Loi susdite
portant lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme qui dispose
comme suit :

« Afin d’obtenir la preuve de l’infraction d’origine et la preuve des infractions prévues dans la
présente loi, le Ministère public peut, sur ordonnance motivée du juge compétent prise en
chambre du conseil et pour une durée déterminée, recourir aux techniques particulières
d’investigation ci-après :
4
1. le placement sous surveillance des comptes bancaires et des comptes assimilés aux comptes
bancaires ;

2. l’accès à des systèmes, réseaux et serveurs informatiques ;

3. le placement sous surveillance ou sur écoute des lignes téléphoniques, des télécopieurs ou des
moyens électroniques de transmission ou de communication ;

4. l’enregistrement audio et vidéo des faits et gestes et des conversations ;

5. la communication d’actes authentiques et sous seing privé, de documents bancaires financiers


et commerciaux.

Les autorités judiciaires peuvent également ordonner la saisie des documents ou éléments
susmentionnés. Ces opérations ne sont possibles que lorsque des indices sérieux permettent de
suspecter que ces comptes, lignes téléphoniques, systèmes et réseaux informatiques ou
documents sont utilisés par des personnes suspectées de participer aux infractions visées au
paragraphe 1er du présent article ».

6. la mise sous surveillance ou l’interception de communication ;

7. l’interception et la saisie de courriers.

L’article 115 permet de tenir secrète l’identité du témoin si nécessaire. Compte tenu de leur
caractère attentatoire et intrusif dans le domaine de l’intimité de la vie privée, le législateur a
voulu entourer le recours aux techniques particulières d’investigation de certaines garanties.

Conditions pour recourir aux techniques particulières d’investigation

Il résulte des dispositions de l’article 25, 114 alinéa 1er de la loi susvisée que le but poursuivi par
le recours aux techniques particulières d’investigation est celui d’obtenir la preuve de l’infraction
d’origine et la preuve des infractions prévues par cette loi.

Le Ministère public ne peut recourir aux techniques particulières d’investigation que sur
ordonnance motivée du juge compétent prise en chambre du conseil et pour une durée
déterminée.

La première condition est que le recours par le Ministère public aux techniques particulières
d’investigation ne peut être autorisé que par ordonnance motivée du juge compétent.

La deuxième condition est que cette ordonnance motivée doit être prise en chambre du conseil.
La chambre du conseil signifie une audience à huis clos qui n’admet pas le public, et ne peuvent
prendre part à cette audience que le juge, le ministère public et le prévenu ainsi que ses conseils.
4
La troisième condition est que cette ordonnance motivée prise en chambre du conseil doit être
l’œuvre du juge compétent. Le juge compétent est celui qui est matériellement et territorialement
compétent pour connaître de l’infraction dont question.

La quatrième condition est que cette ordonnance motivée prise en chambre du conseil doit être
pour une durée déterminée. Le juge compétent qui prend l’ordonnance motivée en chambre du
conseil doit préciser la durée de la période pour laquelle le recours aux techniques particulières
d’investigation est autorisé.

Le législateur ne précise pas si cette durée peut être renouvelée ou prorogée, tout comme il ne
l’interdit pas non plus. Nous pensons quant à nous que rien n’interdit au Ministère public
d’introduire une nouvelle requête en cas d’expiration de l’ordonnance motivée du juge
compétent prise en chambre du conseil pour une durée déterminée.

Le dernier alinéa de l’article 114 donne la condition suivante : l’existence d’indices sérieux
permettant de penser que lesdits comptes, lignes téléphoniques, systèmes et réseaux
informatiques ou documents sont ou peuvent être utilisés par des personnes soupçonnées de
prendre part au blanchiment des capitaux ou financement du terrorisme et la prolifération des
armes de destruction massive si l’enquête relative à l’infraction l’exige et si d’autres techniques
d’enquête paraissent insuffisantes pour découvrir la vérité.

Ne pas mentionner certaines données d’identité dans le procès-verbal d’audition s’il existe une
présomption raisonnable que le témoin pourrait subir un préjudice grave suite à la divulgation de
certaines informations.

L’irresponsabilité pénale des personnels compétents qui dans l’intérêt de service se rendent
coupables des actes susceptibles d’être constitutifs des éléments d’une des infractions de
blanchiment des capitaux ou de financement du terrorisme

L’article (26 alinéa 1er) 115 de la loi instaure l’irresponsabilité pénale des personnels compétents
qui dans le seul but d’obtenir des éléments de preuve relatifs aux infractions visées par la
présente loi se rendent coupables des actes susceptibles d’être interprétés comme constitutifs des
éléments d’une des infractions de blanchiment des capitaux ou de financement du terrorisme.

Les alinéas 2 et 3 de l’article précité déterminent les conditions de cette irresponsabilité pénale.

La première condition est l’autorisation de l’autorité judiciaire compétente du Ministère Public.

Cette autorisation doit être obtenue préalablement à toute opération des fonctionnaires
compétents pour constater les infractions d’origine et de blanchiment qui, dans le seul but
d’obtenir des éléments de preuve relatifs aux infractions de blanchiment des capitaux et de
4
financement du terrorisme, commettent des actes susceptibles d’être interprétés comme
constitutifs des éléments d’une des infractions ci-dessus visées.

Un fonctionnaire compétent, qui aura procédé à toute opération ci-dessus visée sans avoir obtenu
l’autorisation préalable (de l’autorité judiciaire compétente) du Ministère Public, engagera sa
responsabilité pénale.

La (deuxième) dernière condition est qu’un (compte-rendu) rapport détaillé doit être transmis (à
l’autorité judiciaire compétente) au Ministère Public à l’issue des opérations.

La levée du secret professionnel

L’article (27) 118 de la loi précitée délie (toute responsabilité pénale les personnes
détentrices par état ou par profession de secret professionnel ) du secret professionnel l’assujetti
en ce que le secret professionnel ne peut être invoqué pour refuser d’une part, de fournir les
informations (prévues à l’article 12) à la CENAREF ou requises dans le cadre d’une enquête
portant sur des faits de blanchiment des capitaux ou de financement du terrorisme ordonnée par
ou effectuée sous le contrôle de l’autorité judiciaire et d’autre part, de procéder aux déclarations
prévues par la présente loi.

S’agissant des informations prévues à l’article 12 celles-ci concernent les établissements de


crédit qui doivent conserver et tenir à la disposition de la Cellule de renseignements financiers,
de la Banque Centrale du Congo, des fonctionnaires chargés de la détection et de la répression du
blanchiment et des infractions liées à celui-ci agissant dans le cadre d’un mandat judiciaire, ainsi
que des autorités judiciaires :

les documents relatifs à l’identité des clients pendant dix ans après la clôture des comptes ou la
cessation des relations avec le client ;

les documents relatifs aux opérations effectuées par les clients et les rapports prévus à l’article
11 pendant dix ans après l’opération, sauf si la déclaration de soupçon faite à cet effet s’avère
non fondée4.

Il ne peut être poursuivi pour violation du secret professionnel (article 11).

Les dirigeants et les membres du personnel de la CENAREF peuvent être appelés à


témoigner lors d’une audience publique dans une procédure judiciaire sur les faits de
blanchiment des capitaux, financement du terrorisme et prolifération d’armes de
destruction massive dont ils ont eu à connaitre dans l’exercice de leur fonction (article 120).

4
Articles 12 et 13 de la loi de la loi N° 04/016 du 19 juillet 2004 portant lutte contre le
blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
4
3. La loi N° 20/017 du 25 novembre 2020 relative aux télécommunications et aux
technologies de l’information et de la communication

La loi n° 20/017 du 25 novembre 2020 relative aux télécommunications et aux technologies de


l’information et de la communication a introduit les innovations majeures suivantes :

Le secret des correspondances émises par voie de télécommunications et des technologies de


l’information et de la communication ne peut être levé que sur réquisition du ministère public ou
sur autorisation des cours et tribunaux dans le cadre de l’instruction judiciaire ;

L’interception, l’écoute, l’enregistrement, la transcription et la divulgation des correspondances


émises par voie de télécommunications et des technologies de l’information et de la
communication ne peut se faire qu’avec l’autorisation préalable du Parquet Général près la Cour
de Cassation (il s’agit ici d’une survivance des articles 54 et 55 de la loi cadre N° 013-2002 du
16 octobre 2002 sur les télécommunications en République Démocratique du Congo aujourd’hui
abrogée, qui avait instauré le monopole, en faveur du Procureur Général de la République, de la
prérogative en matière d’autorisation préalable d’interception, d’écoute, d’enregistrement, de
transcription et de divulgation des correspondances émises par voie des télécommunications) ;

Tout traitement des données à caractère personnel ne peut être effectué qu’avec le consentement
de la personne concernée ou sur réquisition de l’officier du ministère public ;

Sans préjudice des prérogatives reconnues au ministère public et aux officiers de police
judiciaire à compétence générale, les agents assermentés commis spécialement par l’autorité de
régulation et l’Administration des télécommunications et des technologies de l’information et de
la communication, sont chargés de la recherche, de la constatation et des poursuites en répression
des infractions commises dans ce secteur.

Dans l’accomplissement de leurs missions, les agents susvisés peuvent :

effectuer des contrôles inopinés et constater sur procès-verbal les infractions commises en
matière de télécommunications et technologies de l’information et de la communication ;

procéder, sur réquisition du Procureur de la République, à des perquisitions ainsi qu’à la saisie
des matériels ayant servi à la commission des faits délicieux et à la fermeture des locaux,
conformément au code de procédure pénale.

Les opérateurs de réseaux et les fournisseurs de services sont tenus de conserver les données de
connexion et de trafic pendant une période de douze mois et d’installer des mécanismes de
surveillance de trafic des données de leurs réseaux.
4
S’agissant de l’interception, de l’écoute, de l’enregistrement, de la transcription et de la
divulgation des correspondances émises par voie de télécommunications et des technologies de
l’information et de la communication, la position du législateur congolais n’est pas à l’abri de
critiques et suscite des controverses quant à l’autorisation préalable du Parquet Général près la
Cour de Cassation.

Il a été fait observer qu’au regard de l’immensité du territoire national, 2.345.000 Km2, qu’il
n’était pas dans l’intérêt d’une bonne administration de la justice de confier la prérogative
d’autoriser l’interception, l’enregistrement et la transcription des correspondances émises par
voies de télécommunications au seul Parquet Général près la Cour de Cassation, dans un
domaine où la célérité est recommandée compte tenu de la volatilité de la preuve alors que celle-
ci peut à tout moment être retirée, déformée, modifiée ou effacée.

Nous pensons qu’il est dans l’intérêt d’une bonne administration de la justice d’assouplir les
conditions des poursuites et de rapprocher la justice des justiciables en confiant par exemple ce
pouvoir soit au Procureur Général près la Cour d’Appel territorialement compétent soit au
Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance territorialement compétent.

Quant aux justiciables de la Cour Constitutionnelle, nous recommandons que cette prérogative
soit confiée au Procureur Général près cette Cour, et en ce qui concerne les justiciables de la
Cour de Cassation au Procureur Général près ladite Cour.

CONCLUSION

Les techniques spéciales d’enquête sont très efficaces dans la recherche de l’infraction,
la constatation matérielle des faits infractionnels et la réunion des preuves. C’est pourquoi il est
recommandé aux magistrats d’y recourir. Certes elles sont efficaces, cependant elles doivent être
utilisées avec dextérité.

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