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La Nef Rubrique Cinéma

Mars 2024

Cabrini
Sortie le 8 mars
AP : Saje

Sœur Francesca Cabrini (1850-1917) est une sainte très célèbre dans son Italie natale, et aux
Etats-Unis où elle a accompli sa mission. Canonisée en 1946, elle est la première sainte des
Etats-Unis. Sa vie est celle d’une missionnaire, aventurière et entrepreneuse, qui, à la tête de
ses Missionnaires du Sacré-Cœur, a fondé une œuvre internationale, multipliant les hôpitaux,
orphelinats, écoles et communautés religieuses. D’abord pour les immigrés italiens à New-
York, car « les rats vivent mieux qu’eux ». Une œuvre titanesque, alors qu’à son arrivée en
Amérique, sa pneumonie la condamnait à mourir rapidement. C’est cette vie exceptionnelle
que Alejandro Monteverde (Sound of freedom) a portée à l’écran.
On retrouve ici les coquetteries de ce réalisateur (les belles images gratuites ou la musique
sentimentale immodérée), mais ce sont des peccadilles à côtés de vraies qualités formelles et
dramatiques. De grands acteurs comme Giancarlo-Gianini, David Morse ou John Lightgow,
ne s’y sont pas trompés, qui ont inscrits leur nom au générique. On remarque surtout le
premier, plein d’intelligente bonté en Léon XIII. Mais on admire d’abord et surtout, dans le
rôle-titre, Cristiana Dell'Anna. Si elle sourit peu, elle rayonne d’une telle détermination, d’une
telle énergie, et finalement d’une telle foi, qu’on ne doute pas d’être face à une femme hors du
commun. Qu’elle soit femme, en effet, est l’aspect que remarque surtout le film, soulignant
comment l’œuvre de Cabrini ne devait pouvoir être réalisée, pour l’opinion, que par un
homme. Sœur Francesca rétorque : « ce que nous avons fait, jamais des hommes ne l’auraient
fait. » Le film sort la journée de la femme, 8 mars.

L’abbé Pierre, une vie de combats


Sortie en DVD le 7 mars.
AP :Charlotte Vullo Dark Star

L’abbé Pierre, né Henri Grouès (1912-2007), a été, plus longtemps qu’aucun autre, « la
personnalité préférée des Français ». Après deux films déjà consacrés au fondateur
d’Emmaüs, celui de Frédéric Tellier (Sauver ou périr) se distingue en brossant le tableau
entier de sa vie passionnée. Tellier veut éviter l’hagiographie, en soulignant notamment
comment l’abbé, visionnaire, n’a cependant pas été un décisionnaire, étant souvent en proie
au doute. Il a aussi, de son aveu, « cédé parfois au désir » (charnel). Le film l’illustre. Ainsi
délivré de l’idéal de sainteté, on suit avec curiosité, surprise, étonnement, admiration,
émerveillement, la vie extraordinaire de la célèbre « voix des sans voix ». La sortie de ce
DVD en même temps que Cabrini est une heureuse coïncidence puisque ce sont deux vies
vouées aux miséreux ; de façon différente, certes, mais avec une même détermination. C’est
un des meilleurs acteurs de sa génération, Benjamin Laverne, qui incarne l’abbé, depuis son
passage chez les capucins de Crest jusqu’à sa mort. Crédible dans les années de jeunesse, il
devient carrément son personnage dans les dernières années, sous un maquillage parfait. A
côté de lui, Emmanuelle Bercot est admirable dans le rôle de Lucie Coutaz, qui fut secrétaire
de l’abbé toute sa vie et la cofondatrice d’Emmaüs. Bien sûr ce qu’on n’aimait pas chez
l’abbé pierre, son indiscipline religieuse, son « gauchisme », n’est pas plus aimable dans le
film mais cela n’empêche pas celui-ci d’emporter par la passion contagieuse de l’abbé pour la
justice.

François Maximin

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