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Dans les quartiers populaires, on les appelle les « stages kebab ». Ces stages par défaut
que de nombreux jeunes de banlieue vont faire dans un kebab, une épicerie, un centre
social, une pharmacie du quartier, souvent tenus par un proche, faute d’avoir trouvé une
expérience plus enrichissante dans la grande ville du coin. Se tenant sur cinq jours,
généralement entre décembre et février en fonction des établissements, le stage
d’observation en milieu professionnel, obligatoire en classe de 3e, devient ainsi le reflet des
discriminations vécues par les jeunes issus de familles défavorisées, souvent sans réseau
professionnel, et illustre la difficulté, dès le plus jeune âge, de s’extraire du quartier.
Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Dans les collèges, des inquiétudes et des
questions sur les futurs groupes de niveau
Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés « Les discriminations qui existent à
l’extérieur de l’école se retrouvent aussi à l’intérieur »
Les différentes associations dans le domaine travaillent aussi avec les entreprises
partenaires pour qu’elles accueillent convenablement ces jeunes dont elles ne partagent pas
toujours les codes (et inversement), afin que l’initiative ne se révèle pas contre-productive en
cas de mauvaise expérience au sein de l’entreprise. Elles conseillent également un accueil
en binôme dans l’entreprise, avec un stagiaire coopté et un autre « sans réseau ».
Virginie Salmen le confirme : pour ces jeunes, il y a un avant et un après. En effet, 80 % des
collégiens interrogés par l’association après leur stage indiquent revoir leurs ambitions
scolaire et professionnelle à la hausse. « Ils ont souvent une représentation noire, négative
du monde du travail. Généralement, ils ne sont jamais allés dans une entreprise. Ce ne sont
pas des enfants de cadre qui ont pu accompagner papa ou maman au boulot, alors ça fait
tomber des mythes par dizaines », précise la présidente de Viens voir mon taf.
Une nouveauté suscite déjà l’inquiétude, néanmoins, d’une partie des acteurs : l’annonce
par Gabriel Attal, alors ministre de l’éducation nationale, à la rentrée 2023 d’un stage
obligatoire pour tous les élèves de 2de entre le 17 et le 28 juin 2024. Pour les jeunes des
quartiers populaires, cela ressemble à un nouveau défi, d’autant que les 550 000 élèves de
2de de France devront tous trouver une place à la même période, tandis que, pour les
stages de 3e, le calendrier est échelonné.