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Valérie Chout

Évaluation semestre 4
Politiques éducatives européennes

Année universitaire 2021-2022


1. Idées essentielles du cours de politiques éducatives européennes

La particularité linguistique de l’Europe est que la quasi-totalité des pays qui la constituent
dispose d’une langue unique officielle. L’explication de ce phénomène pourrait se trouver dans
le concept de nation qui reste difficile à définir. Certains y voient un groupement d’individus
partageant une culture commune, d’autres à partir du XVIIIème siècle y ajoutent la dimension
politique et définissent la nation comme un ensemble de personnes participant et légitimant un
mécanisme politique commun. Ainsi donc le concept de nation va s’appuyer sur des critères
objectifs, d’homogénéisation tels que, les coutumes, la religion et la langue qui vont fonder
l’idée de « l’identité, le caractère unique d’un peuple » pour conduire à une formule : « une
nation : une langue ».

L’Europe est constituée de 27 pays membres. Elle souhaite une certaine uniformité
économique, monétaire et politique qui se concrétise par le Traité de Maastricht de 1992. Dans
ce cadre différentes questions doivent être abordées, notamment la section linguistique.
L’Europe est multilingue puisqu’elle accorde de façon égalitaire un statut de langue officielle
communautaire à chaque langue des pays membres. Pour cela, elle attribue à une division
spécifique, appelée « l’aménagement linguistique », la mission de s’occuper et d’expliquer la
mise en œuvre et les conséquences des politiques linguistiques à mener au sein de la
communauté européenne.
Cette division confère, donc, un statut aux différentes langues, elles sont ainsi dotées d’un cadre
juridique et réglementaire : il y a les langues utilisées pour la rédaction des traités (langue des
traités), celles correspondant aux échanges effectués entre l’Union européenne et les pays
membres (les langues officielles), celles employées pour la communication interne dans les
institutions de l’Union (langue de travail). S’y ajoutent, ensuite, les langues nationales,
régionales et d’origine.
Ces dernières ont fait l’objet d’une charte européenne qui est une convention internationale,
signée en 1992 dont la finalité est d’aider et de protéger l’emploi des langues régionales et
minoritaires des États membres. Le positionnement de la charte a fait émerger des difficultés
compte tenu de la complexité linguistique de chaque pays. À cet égard, des conflits de loi sont
nés, induits par l’ordre juridique des normes nationales et les textes internationaux. C’est ainsi
que certains membres ont refusé de ratifier la Charte. La France par exemple, dont certaines de

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ses dispositions entrent en opposition avec l’esprit de la Constitution, qui elle, prime sur les
normes internationales.
Bien que les langues régionales et minoritaires soient, désormais, reconnues en France, il n’en
demeure pas moins qu’elles ne peuvent être utilisées dans certains domaines tels que la justice
et les services publics comme l’encourage la Charte.

Un autre domaine découlant de la politique linguistique menée par l’Europe va être examiné. Il
s’agit de la politique éducative induite par la libre circulation des biens, des produits, des
services et notamment des personnes. Des programmes d’échanges dédiés aussi bien aux
étudiants, aux enseignants, aux personnes en apprentissage tout au long de la vie et aux enfants
d’école primaire ont vu le jour. De plus, une recherche de valeurs communes comme, l’égalité,
le caractère obligatoire de l’école pour une durée déterminée, et la gratuité de l’enseignement
est souhaitée et appliquée sans que les pays ne renoncent aux particularités inhérentes à leur
organisation et leur programme.
Le système d’enseignement supérieur, à l’initiative de l’ensemble des pays européens va faire
lui aussi l’objet d’une réforme en vue d’une harmonisation en 1999 des diplômes, des grades
(bac licence master et doctorat) et de l’instauration d’un système de crédits uniques contribuant
à la validation de semestres. Ces changements ont été consacrés par la déclaration de Bologne,
elle-même faisant partie d’un mécanisme plus large, « la stratégie de Lisbonne ». L’objectif
étant de créer une Europe compétitive et de faciliter la circulation des étudiants sur le territoire
européen.
En outre, le Conseil Européen va impulser l’organisation de l’accueil des enfants migrants dans
le système scolaire en insistant sur l’enseignement de la langue du pays d’accueil. À cet effet,
la France, en se reposant sur les droits de l’homme et de l’enfant va mettre en place un dispositif
favorisant la scolarisation des enfants allophones nouvellement arrivés (EANA). Elle va créer
des organes spécifiques tel que le Centre Académique pour la Scolarisation des Nouveaux
Arrivants (CASNAV) pour l’inclusion des enfants dans des classes ordinaires. En parallèle,
pour parfaire et compléter leur intégration sociale et culturelle vont s’organiser des initiatives
émanant du tissu associatif.
En même temps se met en place, en France, des contrats d’accueil et d’intégration dénommés,
aujourd’hui, contrat d’intégration républicaine qui prévoit différentes mesures pour
l’intégration des migrants en général par une « visite médicale, un bilan linguistique et une
formation civique ».

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Pour consolider l’image d’une Europe solide et harmonieuse, et pour répondre à la nécessité du
plurilinguisme recommandée par l’Union européenne, le Conseil de l’Europe après 10 ans de
labeur va concevoir un Cadre Européen de Référence pour les Langues (CECRL). Celui-ci a
pour a pour objectifs de rendre communes les pratiques d’enseignement d’une langue étrangère,
de définir de façon précise les objectifs et les besoins des apprenants, d’accroître leurs registres
langagiers et enfin d’uniformiser les diplômes au niveau européen. Ce cadre privilégie un mode
d’enseignement selon une perspective actionnelle.
L’ensemble de ces mesures tend à rendre l’Europe plus forte et plus compétitive.

2. Réflexions sur la portée du processus de Bologne au Maroc

Nous vivons depuis très récemment en Arabie Saoudite et n’avons donc pas encore exploré le
système éducatif de ce pays. Aussi, nous avons choisi le Maroc, pays que nous connaissons
mieux car nous y avons vécu et travaillé juste avant pendant quatre ans. Nous n’avons,
personnellement pas été affectée par ce processus. Cependant, compte tenu des relations
historiques existant entre la France et le Maroc, notamment due à la période du protectorat
français de 1912 à 1956, nous imaginons qu’un tel processus a exercé des influences sur la
politique de l’enseignement universitaire marocain.
Le Maroc souhaite effacer les incohérences de son ancien système d’enseignement. De ce fait
il entreprend de réformer et de moderniser sa division d’enseignement supérieur à partir des
années 2000 en s’inspirant fortement du processus de Bologne. Il a, en effet, observé les
avantages d’un tel système qui permet la circulation des étudiants au sein de l’Europe, comme
par exemple, obtenir un diplôme dans un pays et de travailler dans un autre, d’encourager donc,
la mobilité des étudiants mais également des demandeurs d’emploi. Par ailleurs en contribuant
à l’amélioration des compétences communicationnelles et linguistique de l’étudiant, il favorise
la visibilité et la compétitivité des universités et la diversité de l’offre de formation. Le Maroc
voit des avantages certains à se rapprocher de l’espace européen étant donné sa proximité
géographique et ses échanges culturels, humains et historiques avec l’Europe.
Le ministère de l’Enseignement s’est donc penché sur trois domaines de l’enseignement
supérieur :
- la gouvernance des universités afin de se conformer aux modèles européens,
- l’assurance qualité par la création d’instances d’évaluation et de régulation,

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- l’instauration du système LMD (licence-master-doctorat) qui a nécessité une réorganisation
de l’architecture pédagogique.
Il restait à mettre en place la création des ECTS, point essentiel du processus de Bologne, pour
une légitimation académique du cursus universitaire effectué (pour permettre par exemple la
comparaison du système universitaire marocain avec celui d’autres universités).
Á ce jour, la validation des cycles universitaires, au Maroc, se fait par le biais de modules, en
ce sens qu’un semestre est composé de plusieurs modules et pour sanctionner le semestre
l’étudiant devra obtenir la moyenne dans ses modules. Un système de compensation est
possible.
Le deuxième point était la réalisation d’un document additionnel « supplément au diplôme »
qui serait remis à l’étudiant facilitant ainsi ses déplacements à l’international
Ces deux éléments ont constitué les points clé du projet TEMPUS CREMAR, une
expérimentation pilote dont la vocation était de se généraliser à toutes les universités. Le projet
a été initié en février 2014 et s’est achevé en mai 2017, sans résultat probant.
En février 2021, le ministère de l’éducation confirme, près de vingt après l’instauration du
LMD, de l’abandon progressif de ce système. Il en exprime les limites, la principale est qu’elle
est ne correspond pas aux demandes des entreprises, qu’elle est en parfaite inadéquation avec
le marché de l’emploi et le tissu local du pays. Ces propos ont été corroborés par des enseignant
chercheurs des universités Mohamed V à Rabat et Hassan II à Casablanca lors d’atelier qui se
sont tenus en octobre 2019, à l’issue desquels l’on évoquait une incompatibilité et une
impossibilité d’application du système de LMD compte tenu de l’environnement universitaire
du Maroc. Trois raisons sont mentionnées. La première correspondrait au manque d’une étape
d’expérimentation, la deuxième à un démarrage trop rapide et enfin, la troisième, à l’absence
de procédure claire et protocole précis. Il a été également spécifié la carence d’une gouvernance
et d’un soutien

En septembre 2021, la rentrée universitaire a vu l’intégration d’un nouveau système, celui du


bachelor qui semblait prometteur. Il s’agissait cette fois d’adopter un système émanant de pays
anglo-saxon qui permettait une correspondance entre le système universitaire marocain et celui
d’un enseignement supérieur international. Il apparaîtrait que le bachelor constitue un des
diplômes le plus courant et recherché. Il se prépare en quatre années et répondrait aux besoins
de la société marocaine, il faciliterait l’employabilité des futurs diplômés. 23000 étudiants se
sont inscrits pour l’année universitaire 2021/2022.

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En février 2022, cinq mois après sa mise en œuvre le ministre de l’Enseignement supérieur et
de la recherche scientifique a enjoint les universités à mettre fin à ce système, invoquant à un
manquement aux procédures réglementaire de mise en place. Les étudiants devant rebasculer
dans l’ancien système LMD.

Les réformes inadaptées, rapides et successives montrent que le système éducatif, en général,
au Maroc est en crise. L’université marocaine est jeune comme l’est le Maroc par sa population.
Elle a tendance à appliquer des réformes répondant plus à des impératifs internationaux qu’à
des besoins nationaux. On lui reproche une gouvernance technocrate. L’instauration du système
LMD a vu l’apparition de filières variées, elle semblait prometteuse et répondre à un besoin.
Cependant ces besoins ont été définis par des bureaux d’études étrangers au Maroc destinés à
des entreprises qui souhaitaient s’installer dans le pays mais qui du fait de la crise et de la cherté
du Maroc ont décidé de partir.
Il en résulte que le Maroc doit être acteur de ses progrès, innover mais en partant de ses besoins
nationaux.

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