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Cas pratique : Contrôle des stocks

Enoncé :

Les produits fabriqués par l’entreprise Flavien sont très divers. Il existe plus de 200 références possibles.
Le processus de fabrication implique le plus souvent plusieurs traitements sur des matériels très divers. Les
manutentions sont très nombreuses en raison d’une croissance mal maîtrisée de l’outil de production. Un seul
atelier, agrandi deux fois, permet la réalisation des opérations de production. L’ordonnancement des fabrications est
informatisé depuis fin N – 2, les produits ont tous une codification spécifique et cela permet la tenue d’un inventaire
permanent.

Une fois par an cependant, en accord avec les obligations légales, un inventaire physique est réalisé. Pour des raisons
de commodité, celui-ci est effectué à une date antérieure à celle de la clôture de l’exercice.

Lors de votre assistance à l’inventaire annuel des stocks, vous avez fait les constatations suivantes :
- C’est le chef d’atelier qui organise, réalise et supervise l’inventaire.
- La date d’inventaire est choisie par le chef d’atelier, afin de correspondre à une période de moindre activité.
- Le chef d’atelier détache une partie du personnel de fabrication et des manutentionnaires du magasin et les
affecte à l’inventaire. Les autres membres des groupes poursuivent leur activité productive.
- Chaque individu se voit proposer le matin même une zone à recenser. Il dispose à cet effet d’une
photocopie de l’inventaire permanent le plus récent.
- De nombreuses fois, il doit rechercher la destination des produits en place (produits finis en attente
d’expédition, ou au contraire destinés au magasin de l’entreprise...).
- En raison de la continuation de la production, et donc des manipulations de matières, d’en cours et de
produits finis, le recensement des stocks de l’atelier est difficile à réaliser, car aucune méthode de
signalisation de l’avancement de l’inventaire n’existe. Les différences d’inventaire sont alors fréquentes.
- Les écarts d’inventaire sont passés en compte sans qu’il n’y ait recherche d’explication, ni accord de la
direction.
- Il n’existe pas à proprement parler de feuilles d’inventaire. Le récolement de ces feuilles d’inventaire est
effectué tardivement et n’offre pas toutes les garanties souhaitées.

QUESTIONS

Il vous est demandé :


1. d’indiquer, en tant que collaborateur du commissaire aux comptes, si votre présence est légale et
les actions possibles que vous pouvez mener ;
2. de rappeler les principes généraux du déroulement de l’inventaire physique dans une entreprise ;
3. de résumer les dysfonctionnements du déroulement de l’inventaire à l’entreprise Flavien ;
4. d’indiquer les risques potentiels ;
5. d’appliquer les principes généraux d’inventaire à l’entreprise Flavien afin de corriger les
dysfonctionnements remarqués, en insistant sur les phases suivantes : phase précédent
l’inventaire, phase d’inventaire proprement dit, phase postérieure à l’inventaire.
Corrigé du cas :

1. Présence du collaborateur
La mission du commissaire aux comptes est permanente, c’est-à-dire qu’elle peut s’échelonner sur
toute la durée du mandat et sur toute la durée de chacun des exercices considérés. D’autre part,
les pouvoirs d’investigations du commissaire aux comptes sont très larges. Parmi ces contrôles,
celui de l’inventaire, notamment par une assistance réelle à celui-ci, est légal.
La loi fait interdiction au commissaire aux comptes (et donc par conséquent à ses collaborateurs)
de s’immiscer dans la gestion de l’entité contrôlée.
Aussi, le collaborateur ne peut intervenir directement dans les opérations d’inventaire, mais par
contre, il peut les contrôler selon les méthodes de son choix.

2. Principes généraux de déroulement de l’inventaire


Le but de l’inventaire est de produire un état détaille et descriptif des stocks et en-cours.
Le législateur ne fournit aucune précision sur les modalités de l’inventaire des stocks. On peut
cependant considérer que l’inventaire doit comprendre trois phases : une phase préparatoire, une
phase d’inventaire proprement dite et une phase postérieure.
La première phase consiste en la préparation de l’inventaire :
– Définition du cadre comptable (différents lieux de stockage, marchandises en instance d’
expédition, marchandises livrées mais non encore facturées, etc.);
– Choix de la date d’inventaire en concertation avec la direction de l’entreprise;
– Organisation de l’entreprise (classement de factures pour apprécier le chevauchement d’exercice,
rapprochement factures, bons de livraison, rangement des aires de stockage…);
– Information et formation du personnel d’inventaire (objectif de l’inventaire, méthode de
comptage, de relevé, sensibilisation a l’importance de la qualité de recensement);
– Détermination des équipes.
– La seconde phase EST Celle de la journée d’inventaire:
– Le recensement ne doit pas être conformément aux procédures indiquées préalablement;
– Une attention particulière doit être portée sur les sorties pendant l’inventaire (IL parait difficile de
les interdire, sauf arrêter l’activité de l’entreprise, il faut donc prévoir une procédure d’autorisation
d’enlèvement);
– Le responsable doit contrôler le travail en équipe de comptage pendant le déroulement même
de l’inventaire.
La troisième phase est celle de la valorisation des stocks.

3. Principaux dysfonctionnements de l’inventaire


a) Le principe de séparation des fonctions ne semble pas être correctement applique dans ce cas.
En effet, le chef d’atelier cumule les fonctions de décision (choix de date, organisation matérielle
de l’inventaire), d’enregistrement (maitre des données d’inventaire, des régularisations à
enregistrer) et de contrôle.
b) Il n’existe pas de préparation d’inventaire : pas d’instruction sur l’organisation préalable à l’
inventaire, sur le déroulement, sur le champ des produits à inventorier.
c) La réalisation de l’inventaire pendant des phases d’activité entraine des difficultés quant au
comptage des stocks en atelier, des sorties magasin pour la production, des produits finis pendant
l’inventaire, des en-cours, ainsi que pour ces derniers des difficultés de valorisation.
d) Les inventoristes sont seuls. Se pose alors le problème de la fiabilité de l’information, car il n’y a
pas de contrôle sur les comptages.
e) Il n’existe pas de recherche d’explications des différences d’inventaire, ni de mesure globale de l
’importance du phénomène. Egalement, les régularisations subséquentes sont opérées sans
accords préalables d’une autorité de niveau élevé.
f) La matérialité de l’inventaire est déficiente. De plus, la réalisation de celui-ci à partir d’une
photocopie de l’inventaire permanent ne favorise pas le dégagement des écarts.
g) L’organisation de l’inventaire est déficiente, il n’existe pas d’indication sur l’état d’avancement
de l’inventaire, les possibilités d’oublis ou de comptages multiples sont réelles d’autant plus que l’
activité productive et logistique est maintenue.
h) Il n’existe pas d’information sur les stocks peu mouvementes.

4. Risques potentiels
a) Quantités mentionnées de produits erronés, tant dans le sens d’une surévaluation que dans le
sens d’une sous-évaluation.
b) Difficulté a l’arrête de comptes de valoriser correctement certains stocks de produits en
particulier ceux qui présente une faible rotation.

Conséquences :
 La pertinence du résultat peut être gravement opérée et ceci d’autant plus que le poids des

stocks est particulièrement lourd dans l’entreprise (problème des éventuelles distributions en cas
de surévaluation du résultat).
 La certification des comptes réguliers, sincères et donnant une image fidèle du résultat des

opérations de l’exercice écoule, de la situation financière et du patrimoine de la société sera


difficile à réaliser sans réserve.
c) L’absence d’explication des écarts d’inventaire entraine la continuité de certains
dysfonctionnements possibles tels : erreurs sur les livraisons, gaspillage voire démarque inconnue à
l’intérieur même de l’entreprise d’autant plus que les produits sont facilement transportables (du
fait de leur taille) et négociable (produits grand publics).

5. Demande du commissaire aux comptes face aux dysfonctionnements


La demande du commissaire aux comptes s’effectue dans le respect du principe de non immixtion.
Cependant, il est néanmoins possible de demander une organisation d’inventaire en respectant les
phases suivantes :
a) Préparation de l’inventaire avec en particulier
– Maitrise et supervision de l’inventaire par la direction générale; celle-ci doit choisir la date de
l’inventaire et participer à la préparation de celui-ci, et délégation possible de l’organisation du
chef d’atelier;
– Organisation de l’entreprise juste avant l’inventaire:
 Détermination des champs à inventorier, rangement et codification des aires de stockage ;

 rangement administratif : classement des factures d’après la date de livraison afin de faciliter le

rapprochement factures : bons de livraisons ;


 constitution des équipes d’inventaire ;

 matérialité de l’inventaire, registre d’inventaire, feuilles renumérotées ;

 information des participants, rôle de chacun, procédure de comptage, d’avancement, documents

utilisés.

b) Déroulement de l’inventaire
– Arrêt de l’activité pendant le déroulement de l’inventaire et mise à disposition de l’inventaire de
l’ensemble du personnel sous le contrôle de la direction générale;
– Un responsable de la direction doit conserver la maitrise du registre d’inventaire, il doit le mettre
à jour en permanence, il doit veiller au retour de toutes les feuilles d’inventaire distribuées;
– Les responsables de la direction le chef d’atelier doivent vérifier le bon déroulement de la
procédure d’inventaire établie, s’assurent de l’avancement des travaux de comptage et par
sondage, ils contrôlent les inventaires déjà établis.

c) Contrôle de l’inventaire
– Mise en évidence des écarts entre l’inventaire réel et l’inventaire permanent;
– Recherche d’explications de ces écarts afin éventuellement de proposer dans le futur la mise en
place de nouvelles procédures;
– Vérification de la cohérence de la valorisation établie à partir de l’inventaire permanent par un
rapprochement avec les prix des dernières factures avec les prévisions ;
– Recherche des éventuelles provisions.

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