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Collège

LES ESSENTIELS
FRANÇAIS
Rédaction
Laurence Bot
Claire Ridel
Relecture pédagogique :
Cécile Genolini
Élise Awaïda Carton
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Les personnes qui s’en serviraient pour d’autres usages, qui en feraient une reproduction intégrale ou partielle, une traduction sans
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intellectuelle. Les reproductions par reprographie de livres et de périodiques protégés contenues dans cet ouvrage sont effectuées
par le CNED avec l’autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie (20, rue des Grands Augustins, 75006 Paris).
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Préface
Assurer la réussite de tous les élèves et garantir le droit à l’égalité des chances, telles sont les missions
de notre École républicaine, missions également portées par le Centre National d’Enseignement
à Distance.

Les nouveaux contenus d’apprentissage mis en œuvre, en conformité avec les programmes de 2016, nous
ont conduits à améliorer la transmission des savoirs fondamentaux, à proposer des enseignements pra-
tiques interdisciplinaires et un accompagnement individuel particulièrement renforcé. La Refondation de
l’École est aussi une opportunité pour redéfinir l’architecture pédagogique des contenus du collège.

La différenciation des parcours est au cœur de ces nouveaux contenus. Elle doit permettre à chacun
l’accès à la connaissance et à l’acquisition de compétences en fonction de ses aptitudes et de ses besoins
particuliers. De même, la nouvelle organisation des cours répond aux défis pédagogiques du collège
de demain, notamment dans les diverses dimensions de l’outil numérique.

Les programmes de 2016 reposent désormais sur un apprentissage graduel et cohérent. Non pas
élaborés comme un assemblage de programmes annuels disciplinaires, mais rédigés et conçus pour
garantir une continuité des apprentissages. « Les mêmes notions seront étudiées dans des contextes
et avec des niveaux de difficulté différents ». Ces programmes se déclinent et traduisent les objectifs
définis par le socle commun de connaissances, de compétences et de culture.

« Les Essentiels » répondent à ces objectifs.

Manuel de cycle dans lequel tu pourras trouver l’ensemble des notions abordées en français,
Les Essentiels t’accompagneront tout au long du cycle 4. Ils ont été conçus pour te permettre une consul-
tation fréquente et facile afin que tu puisses devenir acteur de ton parcours.

« Mieux apprendre pour mieux réussir », le CNED a fait sien ce précepte.

Tous nos vœux de réussite t’accompagnent.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 3


Sommaire général des fiches
Grammaire p. 7 à 57
A. Le mot
1. La nature des mots ; 2. Les déterminants ; 3. Les pronoms : possessif, démonstratif, interrogatif,
­exclamatif ; 4. Reconnaître la nature d’un groupe de mots

B. La phrase
5. Les fonctions sujet et attribut du sujet ; 6. La phrase : simple, complexe et non verbale ;
7. Le présentatif, l’emphase, la phrase impersonnelle ; 8. Les compléments circonstanciels ;
9. Les compléments essentiels du verbe ; 10. Les fonctions de l’adjectif qualificatif ; 11. Les fonctions
par rapport au nom ; 12. Les propositions subordonnées ; 13. Les types et les formes de phrases

C. Le texte
14. La ponctuation ; 15. Les paroles rapportées ; 16. Sujet et prédicat ; 17. L’énonciation ;
18. Les reprises nominales et pronominales

Orthographe p. 58 à 83
19. L’adverbe en –ment ; 20. Le pluriel des noms composés ; 21. Le pluriel des noms et des verbes ;
22. Le féminin des noms et des adjectifs qualificatifs ; 23. Les accords : a. L’accord dans le groupe
nominal complexe ; b. L’accord de l’adjectif qualificatif épithète ; c. L’accord sujet-verbe ; d. L’accord du
participe passé ; 24. Les principaux homophones ;

Conjugaison p. 84 à 139
A. Former le verbe
25. Le verbe : le reconnaître et l’analyser ; 26. Le présent de l’indicatif (formation) ; 27. Le passé simple
de l’indicatif (formation) ; 28. Le futur de l’indicatif (formation) ; 29. L’imparfait de l’indicatif (formation) ;
30. Les temps composés de l’indicatif ; 31. Les temps du conditionnel (formation) ; 32. Le présent
et l’imparfait du subjonctif ; 33. Le présent de l’impératif (formation) ; 34. Les verbes difficiles - tableaux
de conjugaison ; 35. Un verbe-type : le verbe « écrire » ; 36. La concordance des temps ;
37. Les voix : active et passive ;

B. Utiliser le verbe
38. La valeur des modes personnels ; 39. Les valeurs des temps de l’indicatif ; 40. Utiliser le subjonctif

4 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Sommaire général (suite)

Vocabulaire p. 140 à 171


41. Chasser les verbes passe-partout ; 42. Les verbes de parole ; 43. Le vocabulaire du théâtre ;
44. Les connecteurs : spatiaux, temporels et logiques ; 45. Les embrayeurs ; 46. La modalisation :
­l’expression du doute, les adverbes ; 47. La formation des mots ; 48. L’origine des mots ;
49. Le sens des mots ; 50. Les niveaux de langage ; 51. Les figures de style ; 52. Le dictionnaire

Écriture et Méthode p. 172 à 205


53. Organiser son texte ; 54. Construire des paragraphes ; 55. Répondre aux questions ;
56. Résumer un texte ; 57. Écrire une suite de texte ; 58. Rédiger un récit complexe : structure
et schéma narratif, schéma actantiel, narrateur et point de vue, et système des temps ; 59. Ordre, rythme
et ruptures chronologiques dans le récit ; 60. Rédiger une description ;
61. Insérer un dialogue : a. dans un récit ; b. dans une pièce de théâtre ; 62. Écrire une lettre ;
63. Argumenter ; 64. Analyser l’image

Lecture et Littérature p. 206 à 271


A. Les grands genres littéraires
RÉCIT
65. Le roman ; 66. Le conte et la nouvelle ; 67. Les récits de vie et l’autobiographie ;
68. La fable aux frontières des genres

POÉSIE
69. La versification ; 70. La poésie lyrique ; 71. La poésie engagée

THÉÂTRE
72. La comédie ; 73. La tragédie ; 74. Le drame

TROIS GRANDS MOUVEMENTS LITTÉRAIRES


75. Le classicisme ; 76. Le romantisme ; 77. Le réalisme et le naturalisme ;

B. Repères d’histoire littéraire


78. L’Antiquité : Homère, Phèdre, Esope, Sappho, Ovide ; 79. Le Moyen Âge : Chrétien de Troyes, Christine
de Pisan, Charles d’Orléans, François Villon, Le Roman de Renart ; 80. La Renaissance : Marguerite de
Navarre, Rabelais, Louise Labé, Ronsard, Du Bellay, Montaigne ; 81. Le XVIIe : Molière, La Fontaine, Cor-
neille, Madame de Sévigné, Perrault, Madame de La Fayette ; 82. Le XVIIIe : Voltaire, Beaumarchais, Rous-
seau, Marivaux, Olympe de Gouges ; 83. Le XIXe : Hugo, George Sand, Maupassant, Verne, Rimbaud ; 84.
Le XXe : Marceline Desbordes-Valmore, Apollinaire, Colette, Eluard, Gary, Simone de Beauvoir, Anouilh ,
Marguerite Duras.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 5


Sommaire
Grammaire
A. Le mot :
1. La nature des mots
2. Les déterminants
3. Les pronoms : possessif, démonstratif, interrogatif, exclamatif
4. Reconnaître la nature d’un groupe de mots

B. La phrase :
5. Les fonctions sujet et attribut du sujet
6. La phrase : simple, complexe et non verbale
7. Le présentatif, l’emphase, la phrase impersonnelle
8. Les compléments circonstanciels
9. Les compléments essentiels du verbe
10. Les fonctions de l’adjectif qualificatif
11. Les fonctions par rapport au nom
12. Les propositions subordonnées
13. Les types et les formes de phrases

C. Le texte :
14. La ponctuation
15. Les paroles rapportées
16. Sujet et prédicat
17. L’énonciation
18. Les reprises nominales et pronominales

6 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Grammaire A. Le mot

1. La nature des mots


I. DÉFINITION

La nature grammaticale ou classe d’un mot correspond à ce qu’il est par « nature », c’est-à-dire la
catégorie grammaticale à laquelle il appartient et qui ne change pas : nom, pronom, verbe, adjectif,
déterminant, …

C’est un peu comme son identité.

Attention !
Il ne faut pas confondre la nature grammaticale d’un mot avec sa
fonction qui est son rôle dans la phrase (sujet, COD, attribut du
sujet…).

Exemple : Les mots sont vivants.

déterminant nom verbe adjectif qualificatif

La nature grammaticale d’un mot est indiquée dans le dictionnaire par une abréviation.

Exemple : renard : n.m. (= nom masculin)

II. MOTS VARIABLES ET MOTS INVARIABLES

Certains mots peuvent changer de forme (d’orthographe) selon leur genre (masculin, féminin) ou leur
nombre (singulier, pluriel) : ce sont les mots variables.

D’autres mots, appelés mots invariables, ne changent pas de forme (d’orthographe), car ils n’ont ni
genre ni nombre.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 7


Grammaire
A. Le mot

III. LES DIFFÉRENTES NATURES DE MOTS


A Les mots variables

Natures
Exemples Définitions
grammaticales
Ils désignent des choses, des personnes,
Les noms L’enfant observe sa sœur.
des idées, des sentiments.
Ils accompagnent et précèdent le nom,
Les déterminants Le garçon observe sa sœur.
indiquent son genre et son nombre.
Les adjectifs Le garçon observe sa grande Ils qualifient, précisent le nom avec
qualificatifs sœur. lequel ils s’accordent.
Ils remplacent les noms pour éviter des
Les pronoms Il l’observe.
répétitions.
Le garçon observe sa sœur. Elle Seuls mots à se conjuguer, ils expriment
Les verbes
est radieuse. des actions ou des états.

B Les mots invariables

Natures
Exemples Définitions
grammaticales
Ils indiquent la quantité (peu, beaucoup,
assez …), la manière (lentement…),
Il lit peu et lentement.
Les adverbes le temps (aujourd’hui, bientôt…), le lieu
Aussitôt, il se fâche.
(ici, ailleurs, dessous …), la négation
(ne… pas…), etc.

Il prépare sa valise pour partir Elles sont toujours suivies d’un groupe
Les prépositions en voyage. Sans votre aide, cela nominal ou d’un verbe à l’infinitif et elles
aurait été impossible. introduisent un complément.

Elles expriment une émotion ou un


Ouf, nous sommes enfin arrivés !
Les interjections sentiment (soulagement, dégoût, joie,
Hélas, la location est minuscule !
étonnement, admiration…).

Elles relient des mots, des groupes de


Les conjonctions Gabriel et Louise aiment se
mots ou des propositions : mais, ou, et,
de coordination promener ensemble.
donc, or, ni, car. (liste complète)
Les conjonctions Je révise parce que je ne veux pas Elles introduisent des propositions
de subordination échouer à mon examen. subordonnées.

8 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Grammaire
A. Le mot

La nature des mots

Les mots variables


-

Ils changent de forme selon leur genre et leur nombre.


Ce sont :
-

les déterminants
les noms
les adjectifs qualificatifs
les verbes
les pronoms

Les mots invariables


-

Ils ne changent pas de forme, car ils n’ont ni genre ni nombre.


Ce sont :
-

les adverbes
les prépositions
les conjonctions
-

de coordination
de subordination
les interjections

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 9


Grammaire
A. Le mot

2. Les déterminants
I. DÉFINITION

Les déterminants sont des mots utilisés pour introduire les noms. Le déterminant et le nom forment
un groupe nominal. Les déterminants sont toujours placés avant le nom, mais un déterminant peut être
séparé du nom par un adjectif qualificatif.

Exemple: « Oh ! j’ai cru voir / Glisser sur une fleur une longue limace ! » (Cyrano de Bergerac, Acte I,
Edmond Rostand)

Le déterminant s’accorde en genre et en nombre avec le nom qu’il introduit.

Exemple : « Non, ce serait trop laid, / Si le long de ce nez une larme coulait ! » (Cyrano de Bergerac, Acte I,
Edmond Rostand)

La classe grammaticale des déterminants est elle-même divisée en plusieurs catégories : les
articles (définis, indéfinis, partitifs) et les déterminants (possessifs, démonstratifs, interrogatifs
et exclamatifs, numéraux cardinaux, indéfinis)

Relis la fiche 1 !

II. LES ARTICLES


A L’article indéfini
On l’emploie si la chose désignée par le nom n’est pas encore connue, ou pour désigner n’importe quel
élément au sein d’un ensemble.

Exemple : « Une pêche/ Qui sourirait avec une fraise ! » (Cyrano de Bergerac, Acte I, Edmond Rostand)

Article indéfini Masculin Féminin

Singulier un une

Pluriel des

B L’article défini
On l’emploie si la chose désignée par le nom est connue, parce qu’on l’a déjà évoquée dans le texte,
ou parce qu’il est unique :

Exemple: « Vois-tu bien, / Les larmes, il n’est rien de plus sublime, rien. » (Cyrano de Bergerac, Acte I,
Edmond Rostand)

10 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Grammaire
A. Le mot

Article défini Masculin Féminin

Singulier le / l’ la / l’

Pluriel les

L’article défini existe aussi à la forme contractée, c’est-à dire que l’article se mêle à une préposition
pour former un nouveau mot.

• à + le = au • de + le = du
• à + les = aux • de + les = des

Exemple 1 : « Il est cadet aux gardes. » (Cyrano de Bergerac, Acte I, Edmond Rostand)

Exemple 2 : « La vapeur du tabac vous sort-elle du nez/ Sans qu’un voisin ne crie au feu de cheminée ? »
(Cyrano de Bergerac, Acte I, Edmond Rostand)
Explication : « du = de + le » : la vapeur de la fumée vous sort-elle de la bouche ? / La vapeur de le tabac
vous sort-elle de le nez ?

C L’article partitif
On l’emploie devant des noms renvoyant à des choses que l’on ne peut pas compter. On peut remplacer
l’article partitif par « un peu de ». Il n’existe pas au pluriel.

Exemple : « ROXANE. Il a sur son front de l’esprit, du génie,

Il est fier, noble, jeune, intrépide, beau…

CYRANO, se levant tout pâle. Beau ! »

(Cyrano de Bergerac, Acte II, scène 6, Edmond Rostand)

Article partitif Masculin Féminin

Singulier du de la

Pluriel Ø

III. LES DÉTERMINANTS


A Le déterminant possessif
On l’emploie pour indiquer l’appartenance. Son orthographe varie selon la personne du possesseur
et selon le genre et le nombre du nom.
Exemple : « Je me suis donc battu, madame, et c’est tant mieux, / Non pour mon vilain nez, mais bien pour
vos beaux yeux. » (Cyrano de Bergerac, Acte II, Edmond Rostand)

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 11


Grammaire
A. Le mot

Un possesseur Plusieurs possesseurs

Nom au masculin singulier Mon, ton, son Notre, votre, leur

Nom au féminin singulier Ma, ta, sa Notre, votre, leur

Nom au pluriel Mes, tes, ses Nos, vos, leurs

Quand un nom féminin commence par une voyelle ou un h muet, ce sont les déterminants
« mon, ton, son » qu’on emploie : « mon humeur, ton histoire, son ombrelle, mon aventure... »

B Le déterminant démonstratif
On l’emploie pour désigner quelque chose que l’on perçoit autour de soi, ou pour reprendre un nom déjà
évoqué.

Exemple : « Bon ! je vais sur la scène, en guise de buffet, / Découper cette mortadelle d’Italie ! » (Cyrano de
Bergerac, Acte I, Edmond Rostand)

Déterminant démonstratif Masculin Féminin

Singulier cet / ce cette

Pluriel ces

C Les déterminants interrogatif et exclamatif


C’est le même déterminant qu’on emploie dans la phrase exclamative et interrogative.

Exemples : « Regarde-moi, mon cher, et dis quelle espérance / Pourrait bien me laisser cette protubérance ! »
(Cyrano de Bergerac, Acte I, Edmond Rostand)
« - Quelle heure est-il ? -Six heures. - Dans une heure ! » (Cyrano de Bergerac, Acte II, Edmond Rostand)

Singulier Pluriel

Masculin Quel Quels

Féminin Quelle Quelles

12 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Grammaire
A. Le mot

D Le déterminant numéral cardinal


Il permet de compter avec précision, d’indiquer la quantité.

Exemple : « Une chanson qu’il fit blessa quelqu’un de grand, / Et cent hommes - j’en suis - ce soir sont
postés !… » (Cyrano de Bergerac, Acte I, Edmond Rostand)

Attention, les déterminants « vingt » et « cent » prennent un -s s’ils sont multipliés, sans être suivis d’un
autre nombre. On écrira donc « deux cents hommes », mais « deux cent cinq hommes ».

E Le déterminant indéfini
Il exprime une quantité imprécise.

Exemple : « À ce prix-là, monsieur, je t’autorise / À venir chaque jour empêcher la Clorise ! » (Cyrano de
Bergerac, Acte I, Edmond Rostand)

Indiquant une quantité 0 ou 1 Indiquant une quantité variable Indiquant la totalité

Nul, pas un, aucun, chaque Quelques, certains, plusieurs, divers… Tout, toute, tous

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 13


Grammaire
A. Le mot

3. Les pronoms
Un pronom est un mot qui remplace un nom.

I. LES PRONOMS PERSONNELS

Exemple : J’apprécie les romans d’aventures. Et vous ?

Un pronom personnel a la marque d’une personne. Il varie selon la personne, le nombre, le genre
et sa fonction dans la phrase.

Singulier Pluriel

1re 2e 1re 2e
3e personne 3e personne
personne personne personne personne

masculin féminin masculin féminin

Sujet Je, j’ Tu Il, on Elle Nous Vous Ils Elles

COD Me, m’ Te, t’ Le, l’, se, s’ La, l’, se, s’ Nous Vous Les, se, s’ Les, se, s’

Me, m’, Lui, se, s’, Lui, se, s’, Leur, eux, Leur, elles,
COI Te, t’, toi Nous Vous
moi soi soi se, s’, soi se, s’, soi.

Les pronoms de la 1re personne désignent celui qui


parle : l’émetteur

Ceux de la 2e personne, désignent le récepteur.


Les pronoms personnels de la 3e personne
représentent une tierce personne (autre que
l’émetteur ou le récepteur) représentent un nom ou un
groupe nominal du texte : ils évitent les répétitions.

Le pronom « on » a un statut particulier. Certaines grammaires le comptent parmi les pronoms


personnels, d’autres parmi les pronoms indéfinis. Il est vrai qu’il fonctionne à la fois comme
un pronom personnel (« On est allé à la piscine. ») et comme un pronom indéfini (« On est plus
heureux quand on a l’esprit positif. ») On peut donc considérer que « on » est un pronom per-
sonnel indéfini.

14 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Grammaire
A. Le mot

II. LES PRONOMS DÉMONSTRATIFS

Exemple : Cette fleur avait germé un jour au milieu des autres fleurs. Celle-ci [= cette fleur] avait vite intrigué
le Petit Prince.

Genre Singulier Pluriel


Masculin Celui, celui-ci, celui-là Ceux, ceux-ci, ceux-là
Féminin Celle, celle-ci, celle-là Celles, celles-ci, celles-là
Neutre Ce, c’, ceci, cela, ça

Les pronoms démonstratifs remplacent souvent un groupe nominal précédé d’un déterminant
démonstratif. Les adverbes -ci et -là permettent de situer les éléments dans l’espace et le temps.
-ci marque quelque chose de proche (« Ces temps-ci… »), -là un élément lointain (« En ce temps-là… »).

III. LES PRONOMS POSSESSIFS

Exemple : Sa fleur est orgueilleuse, la mienne [= ma fleur] est trop modeste.

Ils varient en fonction du possesseur, (en personne et en nombre) mais aussi du possédé (en genre
et en nombre).

Possesseur
Élément possédé 1re Pers. Sing. 2e Pers. Sing. 3e Pers. Sing. 1re Pers. Plu. 2e Pers. Plu. 3e Pers. Plu.
Masc. Sing. Le mien Le tien Le sien Le nôtre Le vôtre Le leur
Fém. Sing. La mienne La tienne La sienne La nôtre La vôtre La leur
Masc. Plu. Les miens Les tiens Les siens Les nôtres Les vôtres Les leurs
Fém. Plu. Les miennes Les tiennes Les siennes Les nôtres Les vôtres Les leurs

Ne confonds pas le déterminant « votre » (sans accent : votre vélo) et le pronom « le vôtre ».
D’ailleurs, la prononciation diffère : le « ô » est plus fermé que le simple « o ».

IV. LES PRONOMS INTERROGATIFS

Exemple : J'ai le choix entre lire L’Oeil du Loup ou Le Petit Prince. Lequel des deux me conseillez-vous ?

Il s’agit des pronoms utilisés pour poser des questions, on les emploie dans les phrases interrogatives.

Formes simples Formes composées


Sujet Qui
COD, attribut, CC. Qui, que, quoi, où Lequel, lesquels, laquelle, lesquelles
Auquel, duquel, à laquelle, de laquelle,
Après une préposition À qui, à quoi, de qui, de quoi
auxquels, auxquelles, desquels

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 15


Grammaire
A. Le mot

4. Identifier la nature d’un groupe de mots


I. RECONNAÎTRE UN GROUPE DE MOTS DANS LA PHRASE : MÉTHODE

Pour savoir quelle est la nature, ou classe grammaticale, d’un groupe de mots, il faut identifier son
noyau. Le noyau est le mot le plus important de ce groupe, on ne peut pas le supprimer car il est
indispensable au sens. On ne peut pas non plus séparer les éléments du groupe de mots.

Exemple : Le cheval blanc de Gandalf //  galope comme le vent.


Groupe nominal  //  Groupe verbal.

On peut voir dans l’exemple que le groupe verbal contient lui-même un groupe
nominal. On parle dans ce cas de groupes enchâssés.

II. LES PRINCIPAUX GROUPES DE MOTS


A Le groupe nominal
Le noyau du groupe nominal (GN) est un nom commun ou un nom propre.

Le GN peut être minimal, c’est-à-dire composé d’un nom seul ou d’un détermi-
nant et d’un nom.

Exemple : Le magicien se dresse devant la foule.

Le GN enrichi, est un groupe nominal accompagné de ses expansions (complément du nom, épithète,
proposition subordonnée relative). On peut supprimer ces expansions : si on perd des détails, la phrase
garde cependant un sens.

Exemple : Le vieux magicien blanc au chapeau noir qui est surmonté d’une fleur se dresse devant la foule. //
Le magicien se dresse devant la foule.

Si un GN est introduit par une préposition (à, dans, par, pour, en, vers, avec, de, sans, sous…), on peut
parler de groupe nominal prépositionnel.

Exemple : Le vieux magicien blanc se dresse devant la foule.

16 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Grammaire
A. Le mot

B Le groupe pronominal
Le noyau du groupe pronominal est un pronom.

Relis la fiche 3 !

Exemple : Celui qui transportera l’Anneau jusqu’au Mordor sauvera la Terre du Milieu.

C Le groupe verbal
Le noyau du groupe verbal est un verbe, conjugué ou à l’infinitif :

Dans le cas d’un verbe à l’infinitif, on parle de groupe verbal à l’infinitif.

Exemple : Protéger ses sujets est la mission du roi.

Tu peux lire la fiche 25 sur le verbe.

Mais si le groupe verbal a pour noyau un verbe conjugué, on utilise le terme de « proposition ».

Exemple : Les elfes, qui sont des êtres immortels, se battent aux côtés des hommes.

D Le groupe adjectival
Le noyau du groupe adjectival est un adjectif qualificatif ou un participe.

Exemple : Sam est digne de confiance ; son regard est rempli de générosité.

Lis la fiche 10 !

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 17


Grammaire
A. Le mot

noyau : nom propre ou nom commun


GN minimal
Groupe nominal
GN enrichi dexpansions
GN prépositionnel, introduit par une préposition

personnel
démonstratif
Groupe pronominal noyau : pronom
Nature d’un possessif
groupe de mots indéfini

noyau : verbe
Groupe verbal GV infinitif
proposition : le verbe est conjugué

Groupe adjectival noyau : adjectif ou participe

18 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Grammaire B. La phrase

5. Les fonctions sujet et attribut du sujet


Le sujet est une fonction (à ne pas confondre avec la « nature » !), c’est-à-dire un rôle occupé par
un mot ou un groupe de mots dans la phrase.

I. À QUOI SERT LE SUJET ET COMMENT LE RECONNAÎTRE ?

C’est un élément essentiel. Il commande l’accord du verbe en personne et en nombre.

Exemples : Les deux amies d’Emma arrivent demain.


Elles sont en vacances depuis hier.

À la voix active, il indique qui fait l’action exprimée par le verbe d’action ou qui est dans l’état indiqué par
le verbe d’état.

Exemple : Les enfants jouent dans la cour de l’école.

À la voix passive, il indique qui subit l’action exprimée par le verbe.

Exemple : Il a été puni à cause de sa bêtise.

Pour le trouver, on pose la question qui fait… ? ou qu’est-ce qui fait… ?.

Exemple : Vous lisez la leçon pour la comprendre. (Qui lit ? Vous.)

II. LA PLACE DU SUJET DANS LA PHRASE

En général, il se trouve avant le verbe. Dans certains cas, il peut se trouver après le verbe. On dit alors
qu’il est inversé. C’est le cas :

• dans beaucoup de phrases interrogatives : À quelle heure commence le spectacle ?


• après certains adverbes (ainsi ; peut-être, etc.) : Peut-être faudra-t-il arriver plus tôt.
• dans une proposition incise qui indique quel personnage parle dans un dialogue : « Emmanuel va
acheter les places en avance », dit Justine.

III. LA NATURE DU SUJET

Le sujet peut être :

• un groupe nominal ou un nom : Ces enfants sont au collège.


• un pronom : Ils lisent consciencieusement leur synthèse.
• un verbe à l’infinitif : Écouter est le meilleur moyen pour comprendre la leçon.

• une proposition subordonnée complétive conjonctive : Que tu sois la meilleure ne me surprend pas.
ou relative substantive : Qui veut aller loin ménage sa monture.
CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 19
Grammaire
B. La phrase

Fonction “Sujet”

À quoi sert le sujet ?

Il commande I’accord du verbe en genre et en nombre.

À la voix active, il indique qui fait l’action exprimée par le verbe.

À la voix passive, il indique qui subit I’action exprimée par le verbe.

Il répond à la question : “Qui fait ?”.

La place du sujet :

le plus souvent AVANT le verbe

parfois APRÈS le verbe

dans une phrase interrogative

derrière certains adverbes

dans une proposition incise qui indique quel personnage parle dans un dialogue

Natures du sujet :

un GN ou un nom

un pronom

un verbe à l’infinitif

une proposition subordonnée complétive conjonctive ou relative substantive

IV. LA FONCTION « ATTRIBUT DU SUJET »

Un attribut du sujet est une fonction que peut occuper un nom, un GN, un pronom, un adjectif qualifica-
tif, un verbe à l’infinitif et une proposition subordonnée relative ou complétive conjonctive. L’attribut du
sujet ne peut pas être supprimé de la phrase, car il suit un verbe d’état, aussi appelé verbe attributif.
C’est un complément essentiel du verbe.

20 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Grammaire
B. La phrase

L’attribut du sujet précise une qualité du sujet.

Exemples : Elle est heureuse. On ne peut pas supprimer «heureuse».

Ces enfants paraissent fatigués. On ne peut pas supprimer «fatigués».

Mon avis est qu’elle est heureuse avec lui.

Quand l’attribut du sujet est un adjectif qualificatif, il s’accorde en genre et en nombre avec le sujet
auquel il se rapporte.

Exemple : Les amies sont heureuses d’être ensemble. /// Les amies (sujet) = heureuses.

Les verbes attributifs sont des verbes qui « fabriquent » des attributs du sujet.

Être, paraître, sembler, demeurer, rester, devenir, avoir


l’air de, passer pour … sont des verbes attributifs.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 21


Grammaire
B. La phrase

6. La phrase : simple, complexe et non verbale


I. QU’EST-CE QU’UNE PHRASE ?

La phrase est un ensemble de mots qui a un sens. Elle commence toujours par une majuscule, et se
termine par un signe de ponctuation fort (point, point d’exclamation, point d’interrogation).

Lis la fiche 14 !

Le noyau d’une phrase verbale est un verbe conjugué. Au contraire, une phrase non-verbale n’a pas pour
noyau un verbe, mais une autre catégorie grammaticale, comme un nom ou un adverbe.

Exemples : « Une troisième pelletée de terre tomba. » → Phrase verbale

« Puis une quatrième. » → Phrase non-verbale

(Victor Hugo, les Misérables)

II. LA PHRASE NON-VERBALE

La phrase non-verbale s’organise autour d’un mot différent d’un verbe conjugué. Son noyau peut être :

- un adverbe. Exemple : Dehors !


- un nom. Exemple : Drame à Montfermeil.
- un verbe à l’infinitif. Exemple : Partir ?

- un adjectif qualificatif. Exemple : Intéressant, ce film !

22 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Grammaire
B. La phrase

III. LA PHRASE VERBALE

Une phrase verbale a pour noyau au moins un verbe conjugué, qui a souvent un sujet et des
compléments. La partie de phrase organisée autour du verbe conjugué se nomme la proposition.

Attention !
La proposition infinitive est un cas particulier où l’infinitif à la même valeur qu’un verbe
conjugué. Pour cela, il est nécessaire que cet infinitif ait son propre sujet (ou agent) dans la
phrase : J’entends les oiseaux chanter (je est sujet de entends ; les oiseaux est sujet ou agent
de chanter).

A La phrase simple
Une phrase simple ne comporte qu’une seule proposition, c’est-à-dire un seul verbe conjugué. Cette
proposition est appelée indépendante.

Exemple : « Il était difficile de rencontrer un passant d’un aspect plus misérable. » (Victor Hugo, les
Misérables)

B La phrase complexe
Une phrase complexe contient plusieurs verbes conjugués, donc plusieurs propositions.

Donc, pour différencier une phrase simple et une phrase complexe, il faut compter le nombre de verbes
conjugués : si on trouve deux verbes conjugués ou plus, la phrase est complexe.

Il existe plusieurs façons d’organiser les propositions de la phrase complexe.

1. La juxtaposition
Plusieurs propositions indépendantes peuvent être juxtaposées (placées l’une à côté de l’autre) par une
marque de ponctuation faible (virgule, point-virgule, deux-points). Pour éviter les lourdeurs d’expres-
sion, le sujet des verbes peut être sous-­entendu.

Exemple : « Là, dans la place, j’allais me coucher sur une pierre, une bonne femme m’a montré votre maison. »
Proposition indépendante 1 Proposition indépendante 2

(Victor Hugo, les Misérables)

2. La coordination
Plusieurs propositions indépendantes peuvent être coordonnées par une conjonction de coordination
(mais, ou, et, donc, or, ni, car) ou par un adverbe de liaison (cependant, en effet, ainsi, aussi, puis …).

Exemple : « Une salive rougeâtre lui souillait le coin des lèvres, et elle avait un trou noir dans la bouche. »
Proposition indépendante 1 Proposition indépendante 2

(Victor Hugo, les Misérables)

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 23


Grammaire
B. La phrase

3. La subordination

Une phrase complexe peut se composer d’une proposition principale et d’une (ou plusieurs)
proposition(s) subordonnée(s).

Une proposition subordonnée dépend de la principale ; elle ne peut pas fonctionner toute seule.

Lis la fiche 12 !

Les deux propositions peuvent être reliées par une conjonction de subordination (que, bien que, alors
que, avant que, quoique…), un pronom relatif (qui, que, quoi, dont, où, lequel, auquel…), un pronom
interrogatif (qui, à qui, quoi, que, auquel) …

Exemple : « Un jour ils lui écrivirent [ que sa petite Cosette était toute nue par le froid] [qu’il faisait], [qu’ elle
Proposition principale Proposition subordonnée 1 Proposition subordonnée 2

avait besoin d’une jupe de laine], et [qu ’il fallait au moins] [que la mère envoyât dix francs pour cela.] »
Proposition subordonnée 3 Proposition subordonnée 4 Proposition subordonnée 5

  (Victor Hugo, les Misérables)


On compte 6 verbes conjugués, il y a donc 6 propositions. La première est la proposition principale. Les
propositions subordonnées 1, 3 et 4 dépendent de son verbe « écrivirent ». La proposition subordonnée 2
complète la proposition subordonnée 1 et la 5 complète la 4.

24 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Grammaire
B. La phrase

La Phrase

Phrase non verbale :


le noyau de la phrase est

un adverbe
un nom

un adjectif qualificatif
un verbe à I’infinitif

Phrase verbale :
le noyau est un verbe conjugué.

Un seul verbe conjugué = une seule proposition


= phrase simple

La proposition est indépendante.

Plusieurs verbes conjugués = phrase complexe


Les propositions indépendantes sont
juxtaposées : reliées par un signe de
ponctuation.

Les propositions indépendantes sont


coordonnées : reliées par une conjonction
de coordination ou un adverbe de liaison.

Les propositions sont subordonnées à la proposition


principale, à laquelle elles sont reliées
par un pronom relatif, une conjonction de
subordination, un adverbe ou un pronom interrogatif,
ou une locution conjonctive.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 25


Grammaire
B. La phrase

7. Le présentatif, l’emphase, la phrase


impersonnelle
I. LA FORME EMPHATIQUE

L’emphase est la façon de mettre en valeur certains mots, ou encore d’exagérer leur importance dans
la phrase. Une phrase peut être emphatique grâce à :

1. l’intonation : C’est vraiment un livre extra-or-di-naire !

2. Le redoublement d’un pronom personnel sujet par un pronom personnel équivalent (moi, toi, lui,
nous, vous, eux, elles), séparé par une virgule : Moi, j’adore ce roman. Eux, ils préfèrent celui-là.

3. le détachement de mots ou de groupes de mots :

• détachement avec ou non déplacement d’un groupe, mis en valeur par des virgules.

Exemple : Dans mon lit, tranquillement, je lis mon roman préféré.

• détachement d’un groupe, repris par un pronom.

Exemple : Il est formidable, ce roman. Mon livre préféré, je l’ai toujours avec moi.

• utilisation de quant à ... + pronom de reprise.

Exemple : Quant à moi, je préfère ce roman.

4. l’utilisation de présentatifs :

• c’est / ce sont… qui ou que -> C’est le roman que je préfère.


• voici / voilà…. qui ou que -> Voici mon roman préféré.
• il y a … qui -> Il y a beaucoup de romans qui ont une place de choix dans ma bibliothèque.

26 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Grammaire
B. La phrase

mettre en valeur des mots ou des groupes de mots.


Elle permet de : exagérer l'importance de certains mots ou
groupes de mots.

L’emphase par l’intonation

en reprenant un pronom personnel sujet

Comment ? en détachant un groupe à l’aide d’une virgule

en détachant un groupe repris par un pronom

en utilisant des présentatifs

II. LA FORME IMPERSONNELLE

Les verbes à la forme impersonnelle ne s’emploient qu’à la 3e personne du singulier : ils ont pour sujets
les pronoms il, ce (c), qui ne reprennent aucun nom ou groupe nominal précédemment cité. Le sujet il ou
ce ne renvoie alors pas à un agent clairement identifiable, d’où le terme de « forme impersonnelle ».

La forme impersonnelle n’a ni impératif ni participe présent.

Exemple : Il pleut : il faut vite trouver un endroit où nous abriter ! (Qui est « il » ? Personne !)

1. Les différents verbes à la forme impersonnelle

a. Les verbes météorologiques, toujours à la forme impersonnelle : il gèle, il grêle, il neige…


b. Des verbes exprimant un événement : il advient, il arrive…
c. Des verbes exprimant une idée d’obligation, de possibilité : il faut, il se peut que…
d. Il existe aussi de nombreuses tournures impersonnelles utilisant le verbe être suivi d’un adjectif
qualificatif : il est bon, certain, évident, facile, nécessaire, normal…

2. La construction des verbes impersonnels

Les verbes à la forme impersonnelle peuvent être suivis :

a. d’un groupe nominal : Il m’ est arrivé une aventure étrange.


b. d’un verbe à l’infinitif : Il m’arrive de faire des rêves prémonitoires.
c. d’une proposition subordonnée conjonctive : Il arrive que je fasse des rêves
étranges.

On nomme sujet grammatical le pronom il et sujet réel le groupe nominal, le verbe à l’infinitif
ou la proposition qui suit le verbe à la forme impersonnelle.

Il m’est arrivé une étrange aventure. (= Une étrange aventure m’est arrivée.)

sujet grammatical sujet réel

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 27


Grammaire
B. La phrase

8. Les compléments circonstanciels


I. LE RÔLE DES COMPLÉMENTS CIRCONSTANCIELS

Ils précisent les circonstances de l’action ou de l’état évoqué par le verbe, mais ils ne complètent pas
seulement le verbe, ils sont le complément de l’ensemble de la phrase.

Ce sont des compléments facultatifs de la phrase, contrairement aux compléments essentiels. On peut
donc les supprimer, les déplacer, ou les additionner.

Mais, attention !
Il arrive cependant que des compléments exprimant une
circonstance ne puissent être ni déplacés, ni supprimés !
Il s’agit alors de compléments essentiels.

II. LA CLASSE GRAMMATICALE DES C.CIRCONSTANCIELS

Les principales natures d’un complément circonstanciel sont :

• un GN introduit ou non par une préposition


• un pronom précédé par une préposition
Relis les fiches 1 et 4 !
• un adverbe
• un verbe à l’infinitif précédé d’une préposition (= groupe infinitif)
• un verbe ou une subordonnée au participe
• une subordonnée conjonctive

III. QU’EXPRIME UN COMPLÉMENT CIRCONSTANCIEL ?


A Le lieu
Il répond à la question « où ? » et permet ainsi de situer les faits dans l’espace : que ce soit pour
se situer dans l’espace, indiquer un déplacement, une direction.

adverbe [Ailleurs,] la vie est plus douce.


Nature du
CC de Lieu GNP (groupe nominal
prépositionnel = groupe nominal Les hirondelles passent [au-dessus de nos têtes].
précédé d'une préposition)

28 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Grammaire
B. La phrase

B Le temps
Le CC de temps exprime la durée, la répétition ou la date. Il permet de répondre à la question
« quand ? ».

adverbe [Aujourd'hui], il neige.

GNP, (groupe nominal


prépositionnel = groupe
Elle apprend ses leçons [chaque jour].
nominal précédé d'une
Nature du préposition)
CC de Temps
préposition + infinitif Il éteint la lumière [avant de partir].

proposition subordonnée conjonctive L'enfant s'endort [dès que sa mère lui lit un conte].

proposition subordonnée participiale [Les vacances arrivant], la famille prépare ses valises.

gérondif [En venant], j'ai pris des photos.

C La cause
Le CC de cause apprend pour quelle raison un événement s’est produit, il donne une explication.

GNP (groupe nominal


prépositionnel = groupe Il boîte [à cause d'un accident].
nominal précédé d'une
préposition)

préposition + infinitif [A force d'insister], il a obtenu ce qu'il voulait.

Nature du
proposition subordonnée conjonctive Il a été puni [parce qu’il a trop bavardé].
CC de Cause
proposition subordonnée participiale [Son accident étant grave], il a fallu I'hospitaliser.

gérondif [En insistant], il a obtenu ce qu'il voulait.

D L’ accompagnement
Ce complément indique avec qui (ou sans qui) se produit l’action.

GNP (groupe nominal


prépositionnel = groupe Je viendrai ce soir [avec Joël].
nominal précédé d'une
préposition)
Nature du
CC d'Accompagnement. pronom précédé
Nous sommes repartis [sans elle].
d'une préposition

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 29


Grammaire
B. La phrase

E Le moyen
Il désigne l’objet, l’instrument concret utilisé pour faire l’action.

Nature du GNP (groupe nominal


CC de Moyen prépositionnel = groupe nominal Il te contacte [avec le téléphone].
précédé d'une préposition)

F Le but
Le CC de but permet d’expliquer dans quelle intention l’action est accomplie, ce qu’on veut obtenir.

GNP (groupe nominal


prépositionnel = groupe
Il s'entraîne [pour le cross du collège].
nominal précédé d'une
préposition)

Nature du
préposition + infinitif Il révise [pour réussir son contrôle.]
CC de But
proposition subordonnée conjonctive Elle lui écrit [pour qu'il ne I'oublie pas].

G La manière
La manière indique comment on fait l’action, la façon dont on s’y prend.

adverbe [Courageusement], ils s'aventurent dans la forêt.

GNP (groupe nominal


Nature du prépositionnel = groupe Elle s'adresse à lui [avec indifférence].
CC de Manière nominal précédé d'une
préposition)

gérondif Il lit [en mettant le ton].

H La conséquence
Le CC de conséquence exprime les résultats de l’action.

GNP (groupe nominal


prépositionnel = groupe
Il a dévoré des gâteaux [jusqu’à l’écoeurement].
nominal précédé d'une
préposition)

Nature du
préposition + infinitif Elle a beaucoup révisé [au point de réussir toutes les épreuves].
CC de Conséquence
proposition subordonnée conjonctive Ils ont tellement insisté [que j'ai accepté].

30 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Grammaire
B. La phrase

I L’opposition / la concession
Elle traduit un fait qui s’oppose à un autre.

GNP (groupe nominal


prépositionnel = groupe
nominal précédé d'une [En dépit de mes avertissements], il n'en a fait qu'à sa tête.
préposition)
Nature du
proposition subordonnée conjonctive [Même si je I'ai averti], il n'en a fait qu'à sa tête.
CC d'Opposition
gérondif [Tout en écoutant mes arguments], il n'en a fait qu'à sa tête.

J La condition / l’hypothèse

La condition est ce qui permet de réaliser l’action.

GNP (groupe nominal


prépositionnel = groupe
nominal précédé d'une [En cas de retard], merci de prévenir la direction.
préposition)

préposition + infinitif Tu résussiras [à condition de réviser].


Nature du
CC de Condition proposition subordonnée conjonctive [Si tu révises], tu réussiras.

gérondif [En révisant], tu réussiras.

K La comparaison
Le CC de comparaison met en relation deux éléments pour en établir les ressemblances ou les
différences.

Je le retrouve [tel qu’il a toujours été].

Nature du
proposition subordonnée conjonctive Elle te soignera [comme tu l'as soignée].
CC de Comparaison

Pierre est plus intelligent [que son père


ne l'a jamais été].

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 31


Grammaire
B. La phrase

9. Les compléments essentiels du verbe


I. COMPLÉMENTS ESSENTIELS ET NON ESSENTIELS DU VERBE

Dans une phrase un verbe peut avoir :

• des compléments essentiels : Ils sont indispensables au sens de la phrase.

On ne peut pas les supprimer ni les déplacer. Ce sont en général les compléments d’objet.

Exemple : Jean Valjean répond à Petit-Gervais.

• des compléments non essentiels : ils ne sont pas indispensables pour le sens.

On peut les supprimer ou les déplacer. Ce sont en général les compléments circonstanciels.

Exemple: Jean Valjean rencontre Cosette dans la forêt.

Attention !

Certains compléments exprimant une circonstance sont des com-


pléments essentiels.
Exemples : Cosette va au puits. / Ce livre coûte 2 euros. // Cosette va. /
Ce livre coûte.

II. LA CONSTRUCTION DES VERBES

Un verbe qui n’admet aucun complément d’objet (COD, COI) s’appelle un verbe intransitif.

Exemple : Ivres de liberté, les chevaux galopent dans la plaine.

Si le verbe est un verbe d’état qui est complété par un attribut du sujet, on l’appelle « verbe attributif ».

Exemple : Jean Valjean est un bagnard épuisé.

Un verbe suivi d’un complément d’objet s’appelle un verbe transitif.

On parle de verbe transitif direct s’il est suivi d’un C.O.D. Exemple : Il rencontre Cosette.

On parle de verbe transitif indirect s’il est suivi d’un C.O.I. Exemple : Il parle à Cosette.

Attention !
Certains verbes admettent plusieurs constructions, et peuvent même voir leur sens changer
en fonction de leur construction.
On parle alors de constructions ou d’emplois transitif ou intransitif.
Exemples : Je parle (verbe parler, construction intransitive).
Je parle à ma soeur (verbe parler, construction transitive indirecte).
Je parle le français (verbe parler, construction transitive directe).

32 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Grammaire
B. La phrase

III. LE C.O.D (COMPLÉMENT D’OBJET DIRECT)


Il complète directement le verbe.

Exemple : Victor Hugo a écrit Les Misérables.

Il peut être remplacé par les pronoms le, la, les, l’.

Exemple : Victor Hugo l’a écrit en 1862.

Il ne faut pas le confondre avec l’attribut du sujet après un verbe d’état.

Il devient le sujet de la voix passive, quand la transformation passive est possible.

Exemple : Ce roman a été écrit par Victor Hugo en 1862.

Nature du C.O.D. :

Il peut être :

• un GN : Jean Valjean a volé des chandeliers en argent.


• un pronom : Que dites-vous ? Il n’a rien volé !
• un verbe ou un GV à l’infinitif : Valjean souhaitait se reposer.

• une proposition subordonnée conjonctive complétive : Je vous affirme qu’il n’a rien volé.

• une proposition subordonnée infinitive : Je regarde les oiseaux voler.

• une proposition subordonnée interrogative : J’ignore où je suis.

IV. LE C.O.I (COMPLÉMENT D’OBJET INDIRECT)


Il complète le verbe indirectement à l’aide d’une préposition.

Exemple : Jean Valjean a renoncé à son projet. / La peur s’empare des Parisiens.

On ne peut pas mettre la phrase à la voix passive.

Le C.O.I. peut être remplacé par certains pronoms personnels (lui, leur, en, y) qui ne laissent pas
toujours transparaître la préposition. Exemple : Elle y pense sans arrêt (= Elle pense à cela sans arrêt.).

Nature du C.O.I. :
Il peut être :
• un GN : Marius parle tendrement à Cosette.
• un pronom : À qui parlait-il ?
• un verbe ou un GV à l’infinitif : Marius pense à se marier avec elle.
• une proposition subordonnée conjonctive complétive : Je m’attendais à ce qu’il
nie sa responsabilité.
• une proposition subordonnée relative substantive : Je réfléchis à ce que tu m’as
proposé.
• une proposition subordonnée interrogative : Je ne me souviens pas s’il a accepté
ou refusé.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 33


Grammaire
B. La phrase

10. Les fonctions de l’adjectif qualificatif


I. QU’EST-CE QU’UN ADJECTIF QUALIFICATIF ?

L’adjectif qualificatif permet d’apporter une précision sur un nom. Il indique par exemple un défaut,
une qualité, une taille, une couleur…

Exemple : un homme prudent ; cet homme semble prudent.

Il s’accorde en genre et en nombre avec le nom qu’il


qualifie. Lis la fiche 23b.

Exemple : un garçon gentil / des filles gentilles

D’autres catégories de mots peuvent s’employer comme des adjectifs qualificatifs mais n’en sont pas.
C’est surtout le cas des participes passés.

Exemple : une leçon apprise (appris est le participe passé du verbe apprendre).

II. LES FONCTIONS DE L’ADJECTIF QUALIFICATIF


A La fonction épithète
L’adjectif peut qualifier directement un nom ; il est alors placé devant ou derrière le nom. La fonction
de l’adjectif est alors épithète du nom. L’adjectif qualificatif épithète appartient au groupe nominal.

Exemple : « Mais elle ouvrit tout à coup ses deux yeux […] : l'arbre bleu était dans sa chambre ! »
(L’Enchanteur, Barjavel)

On peut le supprimer de la phrase.

Certains adjectifs changent de sens selon qu’on les place avant ou après le nom.

Exemple : un grand homme (= un homme important, qui a fait de grandes choses) / un homme grand. (=un
homme de grande taille)

Remarque : Un adjectif en fonction épithète peut être séparé du nom qu’il qualifie par un adverbe, on
considère que l’adverbe fait partie du groupe de l’adjectif : Un homme très grand / une femme vraiment
impressionnante.

B La fonction apposition
L’adjectif occupe la fonction apposition quand il est séparé
du nom qu’il qualifie par une virgule.
Lis la fiche 11.
Exemple : Malheureux, Lancelot tourna les talons.

34 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Grammaire
B. La phrase

C La fonction attribut

1. Attribut du sujet

L’adjectif peut qualifier indirectement un nom par l’intermédiaire d’un verbe attributif, dont les verbes
d’état être, sembler, paraître, devenir, rester, demeurer, passer pour, avoir l’air. La fonction de l’adjectif
est alors attribut du sujet (de ce verbe).

Exemple : « Il était jeune et beau. » (L’Enchanteur, Barjavel)

On ne peut pas supprimer l’attribut de la phrase, sinon elle n’a plus de sens.

Exemple : Il semblait tranquille. La phrase « Il semblait. » n’a pas de sens !

L’attribut du sujet s’accorde en genre et en nombre avec le sujet du verbe attributif.

Exemple : « Les oiseaux devinrent transparents comme des vitraux envolés. » (L’Enchanteur, Barjavel)

2. Attribut du COD

L’adjectif peut être utilisé comme attribut du COD, c’est-à-dire qu’il exprime une caractéristique du COD.
L’attribut du COD fait partie du groupe verbal, on ne peut donc pas le supprimer de la phrase. Les verbes
attributifs exprimant une appellation (élire, nommer, appeler…), un jugement (croire, estimer, trouver,
penser…), une transformation (rendre, faire…), permettent de construire un attribut du COD.

Exemple : « Elle avait rendu son fils fier et courageux. »

Explication : Elle avait rendu qui ? son fils = COD. Elle l’avait rendu comment ? fier et courageux =
attribut du COD.

L’adjectif qualificatif attribut du COD s’accorde en genre et en nombre avec le COD.

Exemple : Viviane trouve cette quête dangereuse.

Explication : Viviane trouve quoi ? cette quête = COD. Elle la trouve comment ? dangereuse = attribut du
COD.

Astuce : Pour vérifier que l’adjectif est bien attribut du COD, on peut transformer la phrase de manière à
retrouver un verbe d’état et un attribut du sujet :

Premier exemple : Elle avait transformé son fils (=COD). Il était devenu fier et courageux. (attribut du sujet)

Second exemple : Viviane trouve que cette quête est dangereuse. (attribut du sujet)

On voit bien qu’il y a une relation attributive dans ces deux phrases.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 35


Grammaire
B. La phrase

Adjectif qualificatif : fonctions

Épithète relié directement au nom qu'il qualifie


(peut en être séparé par un adverbe).

séparé du nom qu'il qualifie par une


Apposition
virgule.

Attribut

du sujet

relié au sujet par un verbe attributif ou un verbe d’état.

du COD

exprime une caracéristique du COD grâce à un verbe


attributif de jugement, de transformation, de choix.

36 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Grammaire
B. La phrase

11. Les fonctions par rapport au nom


On nomme expansions du nom les mots ou groupes de mots qui complètent le nom ou le groupe
nominal et qui ont les fonctions suivantes :

Fonctions Classes grammaticales Exemples

adjectif qualificatif une grande aventure

participe passé employé comme adjectif une aventure bien racontée


Épithète
adjectif verbal une aventure étonnante

une aventure qui me laisse des


proposition subordonnée relative adjective
souvenirs émus

Rôle qualifie un nom

peut être supprimée


Comment la reconnaître ?
Fonction “Épithète” peut se trouver avant ou après le nom

participe passé utilisé comme adjectif

Natures adjectif verbal

adjectif qualificatif

proposition subordonnée relative adjective

Cette aventure, absolument


adjectif qualificatif
extraordinaire, m’a bouleversé.

Cette aventure, bien racontée,


participe passé employé comme adjectif
est appréciée de tous.
L’aventure, particulièrement
adjectif verbal
étonnante, est appréciée.
Apposition
Cette aventure, récit intemporel,
nom ou groupe nominal
l’a marqué.
Cette aventure a un pouvoir : nous
verbe ou groupe verbal à l’infinitif
faire rêver.
Cette aventure, qu’il a lue en
proposition subordonnée relative quelques jours, l’a énormément
marqué.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 37


Grammaire
B. La phrase

Rôle précise un nom

peut être supprimée


Comment la reconnaître ?
est séparée du nom par une virgule

adjectif qualificatif
Fonction “Apposition”
participe passé utilisé comme adjectif

adjectif verbal
Natures
nom ou groupe nominal

verbe ou groupe verbal à I’infinitif

proposition subordonnée relative

nom ou groupe nominal prépositionnel une aventure d’Ulysse


verbe ou groupe verbal à l’infinitif introduit
Complément du nom une aventure à raconter.
par une préposition
pronom introduit par une préposition un livre de lui.

Rôle complète un nom en le précisant

peut être supprimé

Fonction Comment le reconnaître ? est introduit par une préposition


“Complément du nom” se trouve directement après le nom

nom ou groupe nominal

Natures verbe ou groupe verbal à l’infinitif

pronom

38 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Grammaire
B. La phrase

12. Les propositions subordonnées


I. LES DIFFÉRENTES PROPOSITIONS

Les propositions subordonnées peuvent compléter :

• un nom
• un verbe
• une phrase.

La nature grammaticale d’une subordonnée dépend de ce qu’elle complète, et de la présence ou de


l’absence d’un mot introducteur. Elle peut être relative, conjonctive, interrogative indirecte, infinitive
ou participiale.

II. LES PROPOSITIONS SUBORDONNÉES RELATIVES

Lis la fiche 11.

Les propositions relatives sont des expansions du nom, ou du pronom, introduites par un pronom relatif
simple (qui, que, quoi, dont, où) ou composé (lequel, laquelle, auquel, duquel …). Une proposition
subordonnée relative suit toujours le nom qu’elle complète, qu’on appelle alors l’antécédent.

Le pronom relatif prend le genre et le nombre de l’antécédent qu’il remplace dans la proposition
subordonnée, dans laquelle il a une fonction.
Exemple : Le chat, [qui est imprudent], traverse la route. (Le pronom relatif « qui » remplace son antécédent
« le chat » dans la proposition subordonnée relative. Il occupe la fonction sujet du verbe « est » = [Le chat est
imprudent]).

Généralement, la fonction d’une proposition relative est épithète ou apposition.

Exemple : Je lis un livre qui me fait beaucoup rire. (épithète)

Si une proposition relative n’a pas d’antécédent, alors elle occupe la même fonction qu’un GN,
par exemple sujet.
Exemple : Qui dort dîne. (« Qui dort » est le sujet du verbe « dîne »)

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 39


Grammaire
B. La phrase

III. LES PROPOSITIONS SUBORDONNÉES COMPLÉTIVES


A Les propositions subordonnées conjonctives complétives
Les propositions subordonnées conjonctives sont introduites par la conjonction de subordination
« que ». Elles complètent un verbe, ce sont des éléments essentiels de la phrase, on ne peut donc ni les
supprimer, ni les déplacer.

Le plus souvent, elles remplissent les mêmes fonctions que les groupes nominaux :

• COD du verbe principal. Exemple : On dirait que tu vas t’évanouir !


• COI. Exemple : Nous nous attendons à ce qu'il neige demain
• Sujet. Exemple : Que tu m’appelles aujourd’hui me fait très plaisir.
• Attribut du sujet. Exemple : L’idée est que nous dînions tous ensemble ce soir.

Attention à l’emploi des modes dans les prop. sub. conj. complétives :

Mode du verbe de la
Dans la proposition principale Exemples
proposition subordonnée
Verbe de déclaration, de parole : dire, Il dit que cette chanson est
Indicatif annoncer … sa préférée.

Verbe d’opinion : penser… Je pense que tu as raison.

Verbe de sentiment : s’étonner, se réjouir… Je m’étonne qu’il te plaise.

Verbe exprimant une volonté, un souhait, Je veux que tu lises ce


une obligation : falloir, vouloir, souhaiter … roman.
Verbe exprimant un doute : douter, être Je doute que ce livre lui
possible … plaise.
Subjonctif
La proposition principale est à la forme
Je n’espère plus qu’il le lise.
négative.
La proposition principale est de type
Imagines-tu qu’il le lise?
interrogatif.
Qu’il le lise est
La subordonnée est le sujet de la principale.
invraisemblable.

40 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Grammaire
B. La phrase

B Les propositions subordonnées interrogatives indirectes.

Lis la fiche 15.

On trouve ces propositions dans des paroles rapportées indirectement, et elles correspondent à une
phrase qui serait de type interrogatif au discours direct. C’est pourquoi on les trouve après des verbes
comme demander, se demander, ne pas savoir, ignorer, s’interroger…

Exemple : Il lui demanda : « Pourquoi refuses-tu de me parler? » → Il lui demanda pourquoi elle refusait de lui
parler. (PS interrogative indirecte)

Attention !

Contrairement aux paroles rapportées directement, les propositions


subordonnées interrogatives indirectes ne se terminent pas par un
point d’interrogation, et on n’inverse pas le sujet.

Les interrogatives indirectes sont introduites par un pronom interrogatif (qui, quoi, lequel…), un
adverbe interrogatif (où, quand, comment, combien, pourquoi…) ou une conjonction de subordination (si)
et occupent la fonction COD du verbe de la proposition principale.

Exemple : Elle ignorait s’il était rentré tôt.

C Les propositions subordonnées infinitives


Une subordonnée infinitive n’est pas introduite par un mot subordonnant, et son verbe est au mode
infinitif. Elle est COD du verbe de la proposition principale, et le sujet de la proposition infinitive est
différent de celui de la principale.

Exemple : J’entends Lise chanter. (Le verbe entendre a pour sujet Je. Le verbe chanter a pour « sujet » Lise.)

Attention !
Si le verbe à l’infinitif a le même sujet que le verbe de la proposition principale, il n’y a pas de
proposition infinitive.
Exemples : J’aime chanter avec Lise. (C’est Je qui aime et qui chante).

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 41


Grammaire
B. La phrase

IV. LES PROPOSITIONS CIRCONSTANCIELLES


A Les propositions subordonnées conjonctives circonstancielles

Lis la fiche 8.

Les propositions subordonnées conjonctives circonstancielles ont toutes les caractéristiques des
compléments circonstanciels : on peut les déplacer, les supprimer.

Exemple : Je suis ravie quand nous allons au cinéma en famille. / Quand nous allons au cinéma en famille, je
suis ravie. / Je suis ravie.

Attention à l’utilisation des modes dans la subordonnée circonstancielle.

Mode du verbe de la Valeur de la


Exemples
proposition subordonnée subordonnée
Il est parti après qu’il a terminé ses
Postériorité
devoirs.
Il parlait à sa voisine alors qu’il rangeait
La situation Simultanéité
Indicatif ses affaires.
est réalisée.
Cause Puisque tu as fini, tu peux partir.

Condition Si tu as fini, tu peux partir.

Avant qu’elle ne parte, elle range sa


Antériorité
trousse.
Elle appelle sa mère afin qu’elle puisse
La situation But
Subjonctif l’aider.
est réalisable.
Opposition Je réussirai sans que tu ne m’assistes !

Concession Bien qu’elle soit sévère, elle est juste.

B Les propositions subordonnées participiales


Une subordonnée participiale n’est pas introduite par un mot subordonnant, et son verbe est au
participe présent ou passé. Il n’y a de proposition participiale QUE SI le verbe au participe a un « sujet »
différent du verbe de la proposition principale.
Sa fonction est complément circonstanciel de cause ou de temps, et son sujet est un groupe nominal.
Exemple : Cédric partant pour l'école dans le froid, sa mère lui rappela de mettre son bonnet. (Cédric est le
« sujet » de partant et sa mère celui de rappela.)

42 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Grammaire
B. La phrase

Attention !
Dans l’exemple ci-dessous, il n’y a pas de proposition participiale car le verbe au participe et le
verbe de la proposition principale ont le même « sujet ».
Exemples : Partant pour l’école, Cédric s’est rendu compte qu’il avait oublié son cartable. (C’est
Cédric qui part et qui se rend compte.)

Proposition principale +

Propositions introduites par un mot subordonnant

proposition subordonnée relative

introduite par un pronom relatif


complète un nom
fonctions : épithète ou apposition
proposition subordonnée conjonctive complétive

introduite par une conjonction de subordination


complète le verbe de la principale
fonctions sujet, attribut du sujet, COD, COI
proposition subordonnée conjonctive circonstancielle

introduite par une conjonction de subordination


complète la phrase
fonction : complément circonstanciel

proposition subordonnée interrogative indirecte

introduite par un mot interrogatif


complète le verbe de la principale
fonction : COD

Propositions sans mot subordonnant

proposition subordonnée infinitive

complète la phrase
fonction : COD

proposition subordonnée participiale

complète le verbe de la principale


fonction : complément circonstanciel

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 43


Grammaire
B. La phrase

13. Les types et les formes de phrases


I. LES TYPES DE PHRASES

Il existe 3 types de phrases qui ont un rôle différent :

• Phrase déclarative : elle donne une information et s’achève par un point.

Exemple : Je n’aime pas ces légumes.

• Phrase interrogative : elle sert à poser une question et s’achève par un point d’interrogation.

Exemple : Veux-tu dîner avec moi ?

Il existe deux sortes d’interrogatives : une phrase interrogative totale peut avoir comme réponse oui ou
non car elle porte sur l’ensemble la phrase.

Exemple : Veux-tu manger des tomates ? totale (réponse attendue : « oui » ou « non »)

Au contraire, une interrogative partielle ne porte que sur une partie de la phrase, elle demande des
informations complémentaires, elle commence donc par un mot interrogatif.

Exemple : Que veux-tu manger ce soir ? partielle (réponse attendue : « de la salade », « du pain », etc. On ne
peut pas répondre par « oui » ou « non »).

• Phrase impérative ou injonctive : Elle exprime un ordre, un conseil, une défense ou un souhait et se
termine par un « ! » ou un point.

Elle comporte un verbe à l’impératif ou au subjonctif précédé de « que ». On peut également utiliser
un verbe à l’infinitif.

Exemple : Allez voir ce film dès que possible. (verbe à l’impératif)

Exemple : Il faut que vous alliez voir ce film dès que possible. (verbe au subjonctif)

Exemple : Aller voir ce film est indispensable ! (verbe à l’infinitif)

II. LES FORMES DE PHRASE

1. Formes affirmative et négative

Une phrase affirmative apporte une affirmation.

Exemple : La leçon est facile.

Pour mettre une phrase à la forme négative, on utilise une négation : on emploie « ne » + « pas, guère,
plus, jamais, point… »

Exemple : La leçon n’est pas facile. / Je ne vais jamais à la mer !

44 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Grammaire
B. La phrase

Attention !
À l’oral, on a tendance à ne pas employer l’adverbe « ne », c’est incorrect. Une phrase négative
sans « ne » relève du registre familier.

2. Forme exclamative

Une phrase exclamative s’acheve par un « ! ». Elle exprime un vif sentiment et met en valeur des
émotions forte (joie, tristesse, colère…).

Exemple : Quelle journée magnifique !

3. Formes neutre et emphatique

La forme neutre se construit sur le modèle « sujet + verbe + complément ».

La forme emphatique consiste à mettre en relief un mot ou une expression.

La mise en relief d’un mot ou d’une expression (forme emphatique) peut passer :

• par le détachement d’un groupe de mots : Pour vos notes, soyez félicités.
• par le détachement d’un mot et la reprise de celui-ci par un pronom : Moi, je veux aller à la mer.
• par l’emploi d’un présentatif (il y a ; c’est….qui ; voilà…que ; etc.) : C’est moi qui ai frappé à la porte.
donne une information.
La phrase déclarative
se termine par [.].
exprime un sentiment vif.
La phrase exclamative
se termine par [!].

La phrase interrogative

permet de poser une question.


Les types de phrase
se termine par [?].
peut être totale. la réponse est “oui” ou “non”.
peut être partielle. la réponse porte sur une partie de la question.

se termine par [.] ou [!].


permet de donner un ordre.
La phrase injonctive permet de donner un conseil.
permet de formuler un souhait.
permet de formuler une défense.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 45


Grammaire C. Le texte

14. La ponctuation

Les signes de ponctuation sont indispensables au sens


et à la structure d’un texte.

?  ;  !  ( )  .  -  …  «

I. LA PONCTUATION FORTE

On trouve la ponctuation forte en début et en fin de phrase.

 n n’oublie pas au début de phrase la majuscule. On ne met pas de majuscule après une virgule,
1. O
ni après deux points, sauf en cas de nom propre.

Exemple : « Donnez-moi votre pouls. Allons donc, que l’on batte comme il faut. » (Le Malade imaginaire,
Molière)

2. Le point est à la fin d’une phrase déclarative.

Exemple : « Ce sont tous des ignorants, c’est du poumon que vous êtes malade. » (Le Malade imaginaire,
Molière)

3. Le point d’interrogation clôt une phrase interrogative.

Exemple : « M’empêcherez-vous de maudire les avaricieux ? » (L’ Avare, Molière)

 e point d’exclamation est à la fin d’une phrase exclamative, et parfois à la fin d’une phrase
4. L
injonctive. Il exprime l’émotion de celui qui parle.

Exemples : « Va-t-en à tous les diables ! » (L’ Avare, Molière)

« Douze mille livres de rente ! » (L’Avare, Molière)

5. Les points de suspension marquent l’interruption, l’hésitation de celui qui parle, ou encore le fait
de passer la fin de la phrase sous silence. On trouve aussi ces points de suspension à la fin
d’une énumération. Dans ce cas, on ne les fait pas précéder de la mention « etc. ».

Exemples : « Je vous réponds qu’il est tellement contrit de vous avoir mis en colère… » (Le Médecin Volant,
Molière)

Maître Jacques a préparé du potage, des entrées, du rôti, des entremets, ... = Maître Jacques a préparé du
potage, des entrées, du rôti, des entremets, etc.

Au théâtre, on emploie souvent les points de suspension quand la réplique d’un personnage est
interrompue par un autre personnage.

46 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Grammaire
C. Le texte

II. LA PONCTUATION À L’INTÉRIEUR DE LA PHRASE

6. Le point-virgule sépare des propositions. Il permet de faire des demi-pauses à l’intérieur d’une
phrase qui, sinon, serait trop longue.

Exemple : « Ces grands hauts-de-chausses sont propres à devenir les receleurs des choses qu’on dérobe ;
et je voudrais qu’on en eût fait pendre quelqu’un. » (L’Avare, Molière)

7. Les deux points annoncent une énumération, une explication ou introduisent des paroles rapportées
directement.

Exemples : « On dit un proverbe, d'ordinaire : après la mort, le médecin ; mais vous verrez que si je m'en
mêle, on dira : après le médecin, gare la mort ! » (Le Médecin Volant, Molière)

Maître Jacques a acheté : dix légumes pour le potage, poisson et viande pour les entrées, deux volailles pour
le rôti, des fruits, du lait, du cacao et de la vanille pour les entremets.

8. La virgule sépare les mots dans une énumération, permet de juxtaposer des propositions, de mettre
des noms en apposition.

Exemple : « Croit-il, le traître, que mille cinq cents livres se trouvent dans le pas d’un cheval ? » (Les
Fourberies de Scapin, Molière)

9. Les parenthèses permettent de donner un exemple, une explication, mais qui n’est pas indispensable.

Dans un texte de théâtre, les parenthèses sont utilisées notamment pour les indications de mise en scène
(didascalies).

Exemple : « Ne voilà pas de mes mouchards, qui prennent garde à ce qu’on fait ? (Bas, à part). Je tremble
qu’il n’ait soupçonné quelque chose de mon argent. (Haut). » (L’Avare, Molière)

10. Les guillemets et les tirets sont les signes de la ponctuation du dialogue. On ouvre le discours direct
avec l’ouverture des guillemets, puis on met un tiret à chaque prise de parole d’un personnage.

Exemple : « J’ai mérité, dit-il, ce juste châtiment : / Profitez-en, ingrats. » (Le Cerf et la Vigne,
Jean de la Fontaine)

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 47


Grammaire
C. Le texte

15. Les paroles rapportées

I. LES PAROLES RAPPORTÉES DIRECTEMENT

Tu peux lire la fiche 43.

Le discours direct rapporte directement les paroles (ou les pensées), telles qu’elles ont été émises,
dans un dialogue ou un monologue. Il est ancré dans la situation d’énonciation.

Dans le discours direct, le narrateur donne la parole au personnage. Il permet de créer un effet de réel.

Demain, nous irons


à la piscine ensemble.

On est en vacances !

Gabriel s’exclama : « On est en vacances ! »

Emma déclara : « Demain, nous irons à la piscine ensemble. »

48 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Grammaire
C. Le texte

II. LES PAROLES RAPPORTÉES INDIRECTEMENT

Le discours indirect rapporte indirectement les paroles (ou les pensées), dans des propositions
subordonnées, à l’intérieur du récit. Il est coupé de la situation d’énonciation.

Dans le discours indirect, le narrateur ne donne pas la parole au personnage mais il l’intègre à sa
narration. Il transpose les paroles des personnages. À cette occasion, si le verbe introducteur de
parole est à un temps du passé (s’exclama/déclara), les temps du discours direct sont modifiés (on
est / ils étaient - nous irons / ils iraient). Ce mécanisme s’appelle « la concordance des temps ». Les
pronoms personnels sont également modifiés.

Gabriel s’exclama qu’ils étaient


en vacances. Emma déclara que
le lendemain, ils iraient à la piscine
ensemble.

Remarque : Le discours indirect est généralement introduit par les conjonctions de subordination
« que » et « si » (Elle demande si tu viendras.). Il peut aussi être introduit par des pronoms ou adverbes
interrogatifs (Il lui demande à quelle heure commence le spectacle.) Et il existe une autre forme de
discours indirect avec le verbe à l’infinitif : Il lui ordonna de se lever et de partir. (Il lui ordonna : « Lève-
toi et pars. »)

Tu peux lire la fiche 60.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 49


Grammaire
C. Le texte

III. LES PAROLES RAPPORTÉES INDIRECTEMENT LIBREMENT


Le discours indirect libre rapporte les paroles comme le discours indirect, en adaptant les pronoms
et les temps pour insérer les paroles rapportées dans le récit.
Cependant, il ne possède ni verbe de parole ni mot subordonnant et il garde la ponctuation du discours
direct.
Le discours indirect libre permet au narrateur de ne pas interrompre son récit et donne l’impression
d’entendre les paroles des personnages.
Gabriel s’exclama qu’ils étaient en vacances. Emma était pleine d’enthousiasme. Demain, ils iraient à la
piscine ensemble ! Mais elle fut soudain inquiète. Est-ce que Léon viendrait avec eux ? Il ne savait pas
nager !
Le discours indirect libre n’est pas introduit par un verbe introducteur de parole mais la phrase qui le
précède indique l’état d’esprit du personnage dont les paroles sont retranscrites au discours indirect
libre. Dans l’exemple, c’est l’indication de l’enthousiasme puis de l’inquiétude d’Emma qui le fait
comprendre.

Est-ce que je viens


avec eux ? Je ne sais
pas nager !

IV. LE DISCOURS NARRATIVISÉ (= LE RÉCIT DE PAROLES)

Le discours narrativisé, ou récit de paroles, résume ce qui a été dit sans chercher à restituer
les paroles prononcées.

Il ne se repère pas par des indices grammaticaux mais par la présence du vocabulaire de la parole.

Le lendemain, ne voyant pas Léon


à la piscine, Gabriel et Emma lui
téléphonèrent pour qu’il vienne
les rejoindre.

50 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Grammaire
C. Le texte

16. Sujet et groupe verbal


I. DÉFINITION

Le groupe verbal d’une phrase est le groupe auquel appartient le verbe principal de la phrase.

Ce groupe de mots organisés autour d’un verbe-pivot exprime le propos principal de la phrase.

Exemple : Une pluie fine a commencé à tomber sur la ville et à rafraîchir l’atmosphère.

sujet verbe-pivot groupe verbal

Tu peux relire la fiche 5.

II. NATURES GRAMMATICALES QUI COMPOSENT LE GROUPE VERBAL


• Verbe + complément circonstanciel essentiel.

Exemple : Rodrigue va se battre contre les Maures.

• Verbe + complément d’objet direct.

Exemple : Chimène aime Rodrigue.

• Verbe + complément d’objet indirect.

Exemple : L’Infante se confie à sa suivante.

• Verbe + attribut du sujet.

Exemple : Rodrigue est le fils de Don Diègue.

• Verbe + COD + attribut du COD.

Exemple : Le Comte considère Don Diègue comme un homme vieillissant.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 51


Grammaire
C. Le texte

III. LE CAS PARTICULIER DE LA TRANSFORMATION PASSIVE

Le fait de transformer une phrase à la voix active en phrase à la voix passive implique un changement
de groupe verbal.

Tu peux lire la fiche 37 sur la voix


active et la voix passive.

Dans la phrase à la voix active « Rodrigue défend l'honneur de son père », le sujet est « Rodrigue » et
le groupe verbal est « défend l'honneur de son père ». Mais transformée en phrase à la voix passive,
« L'honneur de son père est défendu par Rodrigue », le sujet est « L'honneur de son père » et le groupe
verbal est devenu « est défendu par Rodrigue ».

52 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Grammaire
C. Le texte

17. L’énonciation

Lorsqu’on s’adresse à quelqu’un (à l’oral comme à l’écrit), on accomplit


un acte appelé énonciation. Le résultat de cet acte est un énoncé. Pour
connaître la situation d’énonciation, on pose les questions suivantes :

Qui parle (le locuteur) ? À qui (le destinataire) ? Où (le lieu) ?


Quand (la date) ?

I. L’ÉNONCÉ ANCRÉ DANS LA SITUATION D’ÉNONCIATION

L’énoncé qu’on dit « ancré dans » ou « rattaché à » la situation d’énonciation ne peut être totalement
compris que si on connaît la situation d’énonciation.

Exemple : Ferme cette fenêtre immédiatement !

Si on ne connaît pas la situation d’énonciation, on ne peut pas savoir qui parle, à qui, où et quand.

On le reconnaît à différents indices, comme :

• La présence de l’émetteur (emploi de la 1re personne) ;

• La présence éventuelle du récepteur (emploi de la 2e personne) ;

• L’emploi des déictiques : indices de temps et de lieu qui situent l’énoncé par rapport au lieu et au
moment de l’énonciation (ici, demain, hier, maintenant, là bas…) ;

• L’emploi des temps verbaux suivants : présent – passé composé – futur simple – (imparfait).

Exemple : Dès demain, je serai de retour ici et je viendrai te voir. Maintenant, il faut que je parte.

→ On trouve ce type d’énonciation dans les dialogues, le théâtre, les lettres, les exposés...

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 53


Grammaire
C. Le texte

II. L’ÉNONCÉ COUPÉ DE LA SITUATION D’ÉNONCIATION

Pour le comprendre, on n’a pas besoin d’avoir de précisions sur la situation d’énonciation.

On le reconnaît à :

• L’absence de l’émetteur et du récepteur (emploi de la 3e personne) ;

• L’emploi d’indices de temps et de lieu qui ne situent pas l’énoncé par rapport au lieu et au moment
de l’énonciation (la veille, ce jour-là, à cet endroit…) ;

• L’emploi des temps verbaux suivants : imparfait – passé simple – plus-que-parfait- passé antérieur.

Exemple : La veille, il revint chez lui et à cet endroit, il ne vit qu’une maison qui était en ruines.

→ C’est le type d’énonciation employé dans les récits (sauf dans les passages de dialogue).

Remarque : L’énoncé ancré dans la situation d’énonciation est aussi appelé discours, tandis que
l’énoncé coupé de la situation d’énonciation est aussi appelé récit.

III. CES ÉNONCÉS QUI SONT À LA FOIS ANCRÉS ET COUPÉS DE LA SITUATION


D’ÉNONCIATION

Certains énoncés ont des caractéristiques des énoncés coupés et ancrés. C’est le cas par exemple
des textes autobiographiques où l’auteur dit « je » pour parler de lui, s’adresse parfois directement au
lecteur mais raconte sa vie au passé simple.

De même, l’auteur mêle le récit (coupé) avec des remarques personnelles et des commentaires sur la
vie et le monde (discours).

Exemple : La simplicité de cette vie champêtre me fit un bien d’un prix inestimable, en ouvrant mon cœur à
l’amitié.

C’est aussi le cas des récits à la 3e personne mais au présent/passé composé/futur...

Tous les énoncés ne correspondent donc pas strictement à la distinction ancré/coupé, certains mêlent
les deux. L’essentiel est de bien comprendre leur fonctionnement.

54 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Grammaire
C. Le texte

L’énonciation

Enoncé ancré/ rattaché à la situation d'énonciation - discours

Présence

de l’émetteur
du récepteur
Indices de temps et de lieux

ici
demain
hier Dialogues, lettres, pièces de théâtre,
exposés, journaux télévisés...
aujourd’hui
...
Temps verbaux

présent
passé composé
futur simple
imparfait

Enoncé coupé de la situation d'énonciation - récit

Absence

de l’émetteur
du récepteur
Indices de temps et de lieux

à cet endroit
le lendemain
ce jour-là Récits (sauf le dialogue)
...
Temps verbaux

passé simple
imparfait
passé antérieur
plus-que-parfait
conditionnel

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 55


Grammaire
C. Le texte

18. Les reprises nominales et pronominales

On appelle reprise anaphorique un mot ou un groupe de


mots qui remplace un élément déjà évoqué dans un texte.
Utiliser une reprise permet d’éviter les répétitions, de donner
des informations supplémentaires, d’émettre une opinion.

I. LES REPRISES NOMINALES

On peut reprendre un nom ou un groupe nominal en le remplaçant par un autre nom ou un autre groupe
nominal. Dans ce cas, on parle de reprise nominale.

Pour faire une reprise nominale, on peut :

- reprendre un groupe nominal en gardant le même nom avec un déterminant différent.

Exemple : Elle a acheté un livre hier. Ce livre s’intitule Jane Eyre.

- reprendre le même nom en changeant l’adjectif épithète.

Exemple : Ce roman anglais date du XIXe siècle. Ce roman passionnant est une histoire d’amour.

- utiliser un synonyme.

Exemple : Roxane aime cet auteur, c’est son écrivain préféré.

- utiliser un nom propre.

Exemple : La jeune gouvernante vit dans un manoir mystérieux, mais Jane n’éprouve aucune peur.

- utiliser un terme générique, c’est-à-dire un mot qui a un sens plus général.

Exemple : Elle rencontre Pilot, le chien de la maison. L’animal est de haute taille.

- utiliser un terme spécifique, c’est-à-dire un mot qui a un sens plus précis.

Exemple : Thornfield est une demeure impressionnante. Le manoir est désert la majeure partie du temps.

- utiliser une périphrase, c’est-à-dire un groupe de mots qui désigne la même réalité sans la nommer
directement.

Exemple : Charlotte Brontë fait partie d’une famille d’artistes. En effet, l’auteur de Jane Eyre est la sœur
d’Emily et Anne Brontë.

56 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Grammaire
C. Le texte

II. LES REPRISES PRONOMINALES

Pour éviter les répétitions, on peut remplacer un nom ou un groupe nominal par un pronom. On peut
utiliser un pronom :

Relis la fiche 3 sur les pronoms.

- personnel :Je, me, moi, nous, tu, te, toi, vous, il(s), elle(s), se, le, l’, la, les, eux, leur, en, y, on.

Exemple : Malo fait ses devoirs. Il est très appliqué.

- démonstratif : Celui (-ci ou –là), celle (-ci ou –là), ceux (-ci ou –là), ceci, cela, ça, ce, c’.

Exemple : Le tennis est le sport favori de Nicolas et d’Antonin. Celui-ci le pratique toutes les semaines.

- possessif : Le(s) mien(s), le(s) tien(s), le(s) leur(s)…

Exemple : Tu te trompes, ce n’est pas ta copie, mais la mienne.

- relatif : Qui, que, quoi, dont, où, lequel, laquelle, duquel…

Exemple : Lucas, qui aime lire, passe beaucoup de temps à la bibliothèque.

- indéfini : Plusieurs, certains, quelques-uns, la plupart, tout, tous, chacun, aucun, personne, rien, nul,
quelque chose, le même…

Exemple : Zia aimerait avoir un nouveau stylo-plume. Certains sont plus chers que d’autres, mais la plupart
écrivent tout de même assez bien. Parmi les différentes marques, n’importe lequel lui ferait plaisir.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 57


Sommaire
Orthographe
19. L’adverbe en -ment
20. Le pluriel des noms composés
21. Le pluriel des noms et des verbes
22. Le féminin des noms et des adjectifs qualificatifs
23. Les accords :
a. L’accord dans le groupe nominal complexe
b. L’accord de l’adjectif qualificatif épithète
c. L’accord sujet-verbe
d. L’accord du participe passé
24. Les principaux homophones

58 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Orthographe

19. L’adverbe en -ment


Les adverbes en -ment sont formés sur le féminin de l’adjectif auquel on ajoute le suffixe -ment.

Exemples : vif → vive → vivement / nouveau → nouvelle → nouvellement…

Mais il existe des règles particulières qu’il faut connaître.

I. ADVERBES FORMÉS SUR LE FÉMININ DES ADJECTIFS


Pour certains adverbes en -ûment, le -e du féminin est remplacé par un accent circonflexe sur le -u-.

Exemples : assidûment, continûment, crûment, goulûment, congrûment, dûment…

Certains adverbes prennent un accent aigu sur le -e final de l’adjectif au féminin.

Exemples : commodément, communément, confusément, énormément, expressément, immensément,


intensément, obscurément, précisément, profondément, uniformément…

Attention !
gentil → gentiment / gai → gaîment ou gaiement

II. ADVERBES FORMÉS SUR LE MASCULIN DES ADJECTIFS


Les adjectifs qui se terminent par -ai, -é, -i, -u forment en général leurs adverbes sur le masculin.

Exemples : infini → infiniment / sacré → sacrément / éperdu → éperdument / vrai → vraiment…

III. ADVERBES FORMÉS SUR LES ADJECTIFS EN -ANT OU EN -ENT


Les adjectifs en -ant forment des adverbes qui se terminent en -amment.

Exemples : méchant → méchamment / bruyant → bruyamment / constant → constamment…

Les adjectifs en -ent forment des adverbes qui se terminent par -emment.

Exemples : différent → différemment / évident → évidemment / prudent → prudemment…

Exceptions ! lent → lente → lentement / véhément → véhémente


→ véhémentement

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 59


Orthographe

20. Le pluriel des noms composés


I. DÉFINITION

Un nom composé est formé de la réunion de plusieurs mots qui forment un seul et même ensemble. On
peut former un nom composé avec :

- deux mots « collés » : un portefeuille


- deux mots reliés par un trait d’union : un timbre-poste
- deux mots reliés par une préposition : une pomme de terre
- deux mots juxtaposés : une chaise longue

II. LE PLURIEL DES NOMS COMPOSÉS


A Le nom composé qui s’écrit en un seul mot
Quand le nom composé s’écrit en un mot, il suit la règle générale et prend un -s ou un -x au pluriel.

Exemples : un portemanteau → des portemanteaux, un gendarme → des gendarmes.

Tu peux compléter la lecture de cette fiche


avec la fiche 21.

Parfois, les deux éléments prennent la marque du pluriel :

Exemples : un monsieur → des messieurs, madame → mesdames, mademoiselle → mesdemoiselles, un


gentilhomme → des gentilshommes, un bonhomme → des bonshommes.

B Le nom composé qui s'écrit en plusieurs mots


Si le nom composé s’écrit en plusieurs mots, alors son orthographe au pluriel dépend de la classe
grammaticale, mais aussi du sens des éléments qui le composent.

60 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Orthographe

Éléments composant
Règles d’accord Exemples
le nom

nom + nom des chiens-loups


Les deux éléments prennent la marque
adjectif + nom des rouges-gorges
du pluriel.
adjectif + adjectif des sourds-muets
des pommes de terre (= de la
L’accord se fait selon le sens du nom terre) → « terre » ne prend pas
nom + préposition + nom composé, mais le plus souvent seul de -s.
le premier nom s’accorde. des salles de jeux
des chefs-d’oeuvre
des gratte-ciel (= qui grattent
Le verbe reste invariable et le nom prend
le ciel)
verbe + nom généralement la marque du pluriel,
des couvre-lits (= qui couvrent
selon le sens du nom composé.
les lits)
des laissez-passer
verbe + verbe Les deux verbes restent invariables. des savoir-faire
des va-et-vient
des après-midi (= après le midi)
L’adverbe reste invariable et le nom
adverbe + nom des arrière-gardes
s’accorde selon le sens.
des haut-parleurs
un élément en -o suivi d’un Le premier élément reste invariable
des Anglo-Saxons
nom et le nom prend la marque du pluriel.
adjectif « semi » ou « Demi » et « Semi » restent invariables,
Des demi-portions.
« demi » + nom le nom s’accorde.

nom + nom

Les deux éléments s'accordent adjectif + nom

adjectif + adjectif

Le premier élément s'accorde nom + préposition + nom

Accord du nom composé verbe + nom

adverbe + nom
Le deuxième élément s'accorde
un élément en -o suivi d'un nom

adjectif « semi » ou « demi » + nom


Aucun accord verbe + verbe

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 61


Orthographe

21. Le pluriel des noms et des verbes


I. LE PLURIEL DES NOMS

Le nom commun est un mot variable en nombre.

Au pluriel, la plupart des noms communs prennent un -s.

Exemple : un enfant, des enfants.

Cas particuliers :

- Les noms terminés par -x, -s, ou -z ne changent pas au pluriel.

Exemples : un tapis, des tapis – le gaz, des gaz…

- Les noms en -au, -eau, -eu, prennent un -x au pluriel.

Exemples : un chapeau, des chapeaux – un cheveu, des cheveux…

sauf : bleus, pneus, landaus, sarraus, émeus…

- Les noms terminés par -al au singulier ont un pluriel en -aux.

Exemples : un cheval, des chevaux – un journal, des journaux…

sauf : festivals, bals, chacals, récitals, étals, carnavals, régals, cérémonials…

- Les noms terminés par -ail au singulier ont un pluriel en -ails.

Exemples : un éventail, des éventails…

sauf : vitraux, émaux, coraux, travaux, soupiraux, émaux, baux...

- Les noms terminés par -ou au singulier prennent un -s au pluriel.

Exemples : un clou, des clous…

sauf : bijoux, cailloux, choux, genoux, hiboux, joujoux, poux.

Attention !

un œil → des yeux – un bonhomme → des bonshommes –


un monsieur → des messieurs – un ciel → des cieux.

62 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Orthographe

II. LE PLURIEL DES VERBES

Le verbe est le seul mot variable qui se conjugue. Il prend la marque de son sujet, c’est-à-dire de celui
qui fait l’action. À la 3e personne du pluriel, la terminaison ajoutée à la base verbale est généralement
-ent.

Exemples : Les enfants jouent au ballon. Ils s’amusent beaucoup et rient ensemble.

Les adultes qui les regardent encouragent tous les joueurs.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 63


Orthographe

22. Le féminin des noms et des adjectifs


qualificatifs
I. LE FÉMININ DES NOMS COMMUNS
On forme le féminin des noms en ajoutant un « e » à la forme du nom masculin.

Exemple : un ami → une amie

Parfois, la terminaison du nom masculin est modifiée.

Exemples :

un ouvrier → une ouvrière un prince → une princesse


un champion → une championne un nageur → une nageuse
un acteur → une actrice un sportif → une sportive
un chat → une chatte un malheureux → une malheureuse
Le nom féminin peut aussi différer totalement du nom masculin.

Exemples : un roi → une reine, un père → une mère, un frère, une sœur

Beaucoup de noms de métiers peuvent être employés au féminin. Deux méthodes existent alors :
on utilise un article féminin devant le nom masculin qui ne change pas.

Exemple : un ministre → une ministre

Dans d’autres cas, il suffit d’ajouter un « e ».

Exemple : un auteur → une auteure

Remarque : Certains mots existent au féminin et au masculin. En apparence, c’est le même mot, et
pourtant, ce sont deux mots différents qui n’ont pas la même étymologie.

Exemple : le vase de fleurs / la vase de l’étang

Le vase de fleurs a pour étymon le latin « vas » = vaisseau, tandis que la vase de l’étang vient du néerlan-
dais « wase » qui signifie gazon.

II. LE FÉMININ DES ADJECTIFS QUALIFICATIFS

On forme le féminin des adjectifs qualificatifs en ajoutant un « e » à la forme du masculin.

Exemple : un court instant → une courte pause

Tu peux compléter ta lecture avec la fiche 23b.


sur l’accord des adjectifs épithètes.

64 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Orthographe

Il existe cependant quelques formes particulières au féminin.

• Certains adjectifs doublent la consonne avant la terminaison quand ils deviennent féminins.

Exemple : gros → grosse, nul → nulle

• La plupart des adjectifs terminés par -et prennent un accent grave au féminin.

Exemple : complète - concrète – discrète.

Exceptions :
net → nette, muet → muette, coquet → coquette, violet → violette

• Les adjectifs terminés par -eur et -eux font généralement leur féminin en -euse.

Exemples : pollueuse, pleureuse, flatteuse, précieuse

Exceptions :
réducteur → réductrice, vengeur → vengeresse, intérieur → intérieure

• Les adjectifs terminés par -en, -on, -ien deviennent -enne, -onne, -ienne au féminin.

Exemples : européen → européenne, bon → bonne, estonien → estonienne

• Les adjectifs en -er ont un féminin en -ère.

Exemples : léger → légère, amer → amère

• Le féminin des adjectifs en -f est en -ve.

Exemples : vif → vive, neuf → neuve

• Les adjectifs masculins en -eau ont une terminaison en -elle au féminin.

Exemple : nouveau → nouvelle

• Certains adjectifs en -c ou -s au masculin ont une terminaison en -che au féminin.

Exemples : sec → sèche, blanc → blanche, frais → fraîche

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 65


Orthographe

23.a. L’accord dans le groupe nominal complexe


I. L’ACCORD DU DÉTERMINANT AVEC LE NOM
A Règle générale
Le déterminant s’accorde en genre et en nombre avec le nom qu’il détermine.

Exemples : le livre Ø / les livres ; une page Ø / des pages ; ce recueil Ø / ces recueils

Le déterminant indéfini tout suit la même règle :

Exemples : tout livre ; toute histoire ; tous les recueils ; toutes les fables

Attention !

Un ou une + adjectif mis au pluriel devient de (et pas des ! ) + adjectif + nom.
Exemples : un beau livre / de beaux livres ; une belle histoire / de belles histoires

B Cas particuliers
Certains déterminants indéfinis obéissent à des règles qu’il faut retenir :

• Aucun s’emploie le plus souvent au singulier. Il a alors le sens de « pas un seul ». Le verbe est donc
logiquement conjugué au singulier.

Exemples : Aucun livre ne m’a autant ému que celui-là. ; Aucune des histoires que tu m’as racontées ne m’a
fait peur.
Mais Aucun prend un «s» lorsqu’il est suivi d’un mot qui n’a pas de singulier.
Exemples : aucuns frais ; aucunes vacances

• Quelque(s) s’emploie au singulier lorsqu’il est synonyme de n’importe lequel et au pluriel lorsqu’il
est synonyme de plusieurs.

Exemples : quelque roman → n’importe quel roman ; quelques romans → plusieurs romans

II. L’ACCORD DE L’ADJECTIF QUALIFICATIF AVEC LE NOM


A Règle générale
L’adjectif qualificatif s’accorde en genre et en nombre avec le nom qu’il qualifie.

Exemple : un livre original et une musique douce

66 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Orthographe

B Cas particulier
S’il qualifie plusieurs noms de même genre, l’adjectif se met au pluriel et porte le genre des noms.

Exemple : un livre et un marque-page neufs

masc. sing. + masc. sing. = masculin pluriel

S’il qualifie plusieurs noms de genres différents, l’adjectif se met au masculin pluriel.

Exemple : J’ai lu un roman et une nouvelle intéressants.

masc. sing. + fém. sing. = masculin pluriel

Plusieurs adjectifs mis au singulier peuvent qualifier un nom pluriel si chaque adjectif se rapporte
à un seul élément du nom pluriel. Le pluriel est alors le facteur commun des différents adjectifs.

Exemple : En français j’ai découvert les registres lyrique, épique et comique.

→ J’ai découvert le registre lyrique, le registre épique et le registre comique.

Attention !
Les adjectifs de couleur et les adjectifs composés obéissent
à leurs propres règles d’accord au pluriel.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 67


Orthographe

23.b. L’accord de l’adjectif qualificatif épithète


I. RÈGLE GÉNÉRALE

L’adjectif qualificatif s’accorde en genre et en nombre avec le nom auquel il se rapporte. Lorsqu’un
adjectif complète un nom féminin, il prend généralement un –e, lorsqu’il complète un nom pluriel,
il prend généralement un –s.

Masculin Féminin

Ø -e
Singulier
exemple : charmant exemple : charmante
-s -es
Pluriel
exemple : charmants exemple : charmantes

Mais au pluriel, il y a quelques exceptions.

• les adjectifs en -x au singulier gardent le -x au pluriel. Exemple : Il est heureux ; ils sont heureux.

• les adjectifs en -eau ont un pluriel en -eaux. Exemple : nouveaux

• les adjectifs en -al font leur pluriel en -aux sauf bancals, fatals, finals, navals, natals, glacials.

Exemple : rivaux

Un adjectif qui qualifie plusieurs noms se met au pluriel.

Exemple : Souriantes, Peggy et Marie déballent leurs cadeaux.

Mais si un de ses noms est au masculin, alors l’accord se fait au masculin pluriel.

Exemple : Souriants, Paloma et Léopold déballent leurs cadeaux.

II. LES ADJECTIFS DE COULEURS

Les adjectifs de couleur simples suivent la règle générale d’accord des adjectifs qualificatifs, c’est-à-dire
qu’ils s’accordent en genre et en nombre avec le nom qu’ils qualifient.

Exemple : des mouchoirs bleus, des serviettes bleues

Mais certains adjectifs de couleur restent invariables. Ce sont :

• Les adjectifs de couleur composés de deux mots, qui apportent une nuance.

Exemple : des tissus rougeØ foncéØ (= d’un rouge foncé)

68 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Orthographe

• Les adjectifs qui sont dérivés d’un nom :

→ les noms de fruits : abricot, cerise, citron, noisette, orange, prune, marron…

Exemple : Il porte des vestes marron et des pantalons orange.

→ les noms de fleurs : lavande, pervenche, bleuet…

→ les noms de minéraux : turquoise, émeraude, grenat…

Exemples : des yeux marron, des livres orange, des chaussures turquoise…

Attention !
Rose, fauve, mauve, écarlate, et pourpre s’accordent.
Exemple : des joues roses.
L’adjectif châtain prend la marque du pluriel mais pas du féminin.
Exemple : des cheveux châtains, une chevelure châtain.

III. LES ADJECTIFS COMPOSÉS

Quand l’adjectif est composé de deux autres adjectifs, on accorde en genre et en nombre les deux
adjectifs avec le nom auquel ils se rapportent.

Exemple : des plats sucrés-salés

L’adjectif peut être composé d’un adverbe, d’une abréviation, d’un mot invariable suivi d’un adjectif. Dans
ce cas, seul l’adjectif s’accorde, le premier élément reste invariable.

Exemple : Des acteurs italo-américains

IV. LES ADJECTIFS APPOSÉS

Tu peux relire la fiche 10 sur les fonctions


de l’adjectif.

Qu’il soit placé avant, après, éloigné du nom auquel il se rapporte, l’adjectif apposé s’accorde en genre et
en nombre avec ce nom.

Exemple : Attentive aux moindres détails, Hélène relut son texte.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 69


Orthographe

23.c. L’accord sujet-verbe


En règle générale, le sujet se trouve avant le verbe.

Exemple. : Les exemples de cette leçon sont inspirés de Fahrenheit 451, un roman de Ray Bradbury.

Tu peux relire la fiche 5 sur la fonction sujet.

I. DIFFICULTÉS LIÉES À LA PLACE DU SUJET

• Le sujet peut être inversé.

Exemple : Peut-être la jeune femme avait-elle peur de Montag.

• Le sujet est parfois éloigné du verbe.

Exemple : Montag, dont le métier était pompier, avait pour fonction de brûler tous les livres.

• Lorsqu’un pronom complément s’intercale entre le sujet et le verbe, il faut prendre garde à accorder
le verbe avec le sujet et non avec ce complément.

Exemple : La suie les collait après leurs incendies.

II. LE SUJET EST CONSTITUÉ DE PLUSIEURS MOTS

• Quand le sujet est constitué de plusieurs noms ou pronoms, le verbe est au pluriel, la personne du
verbe dépend de la combinaison des pronoms personnels.

Exemple : Elle et lui partiront. (Elle et lui = ils) Toi et moi marchons. (Toi et moi = nous)

• Lorsque le sujet est un groupe nominal, le verbe s’accorde avec le noyau du groupe.

Exemple : Tant de gens avaient peur des pompiers !

70 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Orthographe

• Si le noyau de ce GN est un nom collectif, l’accord peut se faire au singulier, avec le noyau,
ou au pluriel, en fonction du sens.

Exemple : Une foule de badauds regardait (aient) les livres brûler.

• Lorsque les termes d’une accumulation sont repris à la fin par le pronom « tout », « rien », « cela »
ou « personne », le verbe est au singulier.

Exemple : Le casque, les gants, la tenue pour se tenir très près du feu, tout était noir de suie !

III. LE SUJET EST UN PRONOM INDÉFINI

• Le verbe est au singulier après : « on », « chacun » (ou chaque + nom), « aucun », « plus d’un »,
« tout », « tout le monde », « personne ».

Exemple : Chacun voulut venir voir le feu.

• Le verbe est au pluriel après : « peu (de) », « beaucoup (de) », « la plupart (de) », « tous », « moins
de ».

Exemple : Peu savent la vérité mais la plupart la devinent.

IV. AUTRES CAS

• Dans une proposition subordonnée relative introduite par « qui », le verbe s’accorde avec le sujet
« qui » : son genre, son nombre, sa personne sont ceux de son antécédent.

Exemple : C’est moi qui ai allumé l’incendie ! (qui = moi = je)

• Le présentatif « c’était » est au singulier si le nom qui suit est au singulier et non au pluriel.

Exemple : C’étaient les livres qui brûlaient.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 71


Orthographe

• Quand le sujet est une proposition, le verbe est à la 3e personne du singulier.

Exemple : Que les livres soient brûlé me fait une peine infinie.

• Quand le sujet est un verbe à l’infinitif, le verbe est à la 3e personne du singulier.

Exemple : Brûler les livres est un crime.

L'accord sujet–verbe

Place du sujet

En général, placé AVANT le verbe

Peut être placé APRÈS le verbe (il est alors inversé)

Peut être séparé du verbe

Nature du sujet et accord du verbe

Plusieurs noms ou pronoms

Verbe au pluriel

Groupe nominal

Verbe s'accorde en fonction du mot “noyau”

Pronom indéfini

"on" - "chacun" - "aucun" - "tout le monde" - "personne"

Verbe au singulier

"peu" - "beaucoup" - "la plupart" - "tous" - "moins de"

Verbe au pluriel

Proposition

Verbe à la 3e personne du singulier.

Verbe à l'infinitif

Verbe à la 3e personne du singulier.

72 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Orthographe

23.d. L’accord du participe passé


I. ORTHOGRAPHE DU PARTICIPE PASSÉ

Le participe passé des verbes du premier groupe se termine par -é.


Exemples : parler (infinitif) → parlé (participe passé), tomber (infinitif) → tombé (participe passé)
Au deuxième groupe, le participe passé se termine par -i.
Exemples : finir (infinitif) → fini (participe passé), applaudir (infinitif) → applaudi (participe passé)
Il existe quatre terminaisons pour le participe passé des verbes du troisième groupe :
• soit par un -i : partir (infinitif) → parti (participe passé)
• soit par un -u : voir (infinitif) → vu (participe passé)
• soit par un -s : prendre (infinitif) → pris (participe passé)
• soit par un -t : faire (infinitif) → fait (participe passé)

II. ACCORD DU PARTICIPE PASSÉ EMPLOYÉ SEUL


Comme un adjectif, il s’accorde en genre et en nombre avec le nom auquel il se rapporte.
Exemple : « Deux incisives écartées lui faisaient un sourire plus large que lui. » (La Fée carabine,
Daniel Pennac)

III. ACCORD DU PARTICIPE PASSÉ EMPLOYÉ AVEC L’AUXILIAIRE ÊTRE


Dans un temps composé, le participe passé s’accorde en genre et en nombre avec le sujet du verbe,
quand il est utilisé avec l’auxiliaire être.

Exemple : « La voix du grand Bertholet était montée d’un demi-ton. » (La Fée carabine, Daniel Pennac)
(Le participe passé « montée » est employé avec l’auxiliaire être « était », donc il s’accorde avec le sujet
féminin singulier « La voix (du grand Bertholet) ».

IV. ACCORD DU PARTICIPE PASSÉ AVEC L’AUXILIAIRE AVOIR

On n’accorde jamais le participe passé avec le sujet quand il est employé avec l’auxiliaire avoir.

Exemple : « Eh ! J'ai vu une fée ! » (La Fée carabine, Daniel Pennac) (Que le sujet « je » soit féminin ou
masculin, cela n’a aucune importance, car le participe passé « vu » est employé avec l’auxiliaire avoir,
donc il ne s’accorde pas avec le sujet « je ».)

• Mais si le COD est placé avant l’auxiliaire avoir, alors on accorde le participe passé en genre et en
nombre avec ce COD.

Exemple : « Le rouquin les avait rejoints. » (La Fée carabine, Daniel Pennac).
COD
devant participe passé

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 73


Orthographe

Le participe passé « rejoints » est employé avec l’auxiliaire avoir « avait », il s’accorde donc avec le COD
« les », QUI EST PLACÉ AVANT LUI DANS LA PHRASE. « les » est un pronom personnel qui désigne un
groupe masculin pluriel. Donc le participe passé est au masculin pluriel (s).

• Attention, si le COD est après le verbe, le participe passé ne s’accorde avec rien dans la phrase.

Exemple : « Les grands-pères et les enfants […] ont desservi la table. » (La Fée carabine, Daniel Pennac)
COD
derrière participe passé

Le participe passé « desservi » est employé avec l’auxiliaire avoir « ont », il ne s’accorde donc pas avec
le sujet. Il ne s’accorde pas non plus avec le COD « la table », car celui-ci est placé après lui dans la
phrase.

V. ACCORD DU PARTICIPE PASSÉ DES VERBES PRONOMINAUX

Tu peux compléter ta lecture avec la fiche 25 sur


le verbe.

Pour rappel, un verbe à la forme pronominale se forme à l’aide d’un pronom personnel réfléchi,
c’est-à-dire qui a la même personne que le sujet du verbe : me, te, se, nous, vous, se.

Exemple : Je me tais, tu te tais, il se tait, nous nous taisons…

Les verbes de forme pronominale se conjuguent avec l’auxiliaire être, mais ce n’est pas pour
autant que le participe s’accorde toujours avec le sujet.

Si le verbe pronominal n’existe qu’à la forme pronominale et que le pronom réfléchi ne représente rien,
le participe passé s’accorde avec le sujet.

Exemple : Clara s’est enfuie.

74 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Orthographe

• Si le verbe pronominal existe aussi à la forme non pronominale (regarder/se regarder), on suit la
règle d’accord du participe passé avec l’auxiliaire avoir (même si c’est l’auxiliaire être qui est em-
ployé).

Exemple : Clara s’est observée dans la glace. (On accorde le participe passé avec le COD « s’ », placé
devant le participe passé. Le COD « s’ » est féminin singulier car il représente Clara. Pour vérifier que
« s’ » est bien COD, on reformule : Clara a observé qui ? elle-même = « s’ ».

• Si le pronom réfléchi n’est pas COD, mais COI, on n’accorde pas le participe passé avec lui (ni avec le
sujet).

Exemple : Clara s’est lavé les cheveux.

(Clara a lavé quoi ? ses cheveux = COD derrière, pas d’accord). « s’ » est COI : Elle a lavé les cheveux à
elle-même.

VI. LE PARTICIPE PASSÉ SUIVI D’UN VERBE À L’INFINITIF

• Les participes passés « laissé » et « fait » sont invariables quand ils sont suivis d’un infinitif.

Exemple : Ces robes, je les ai fait coudre pour toi. Ses sœurs, il les a laissé gagner une fois de plus !

Mais Ces robes, je les ai faites pour toi. (Le participe passé « faites » n’est pas suivi d’un infinitif dans cet
exemple, donc il s’accorde avec le COD « les » (= ces robes), placé devant lui).

• Quand le participe passé est suivi d’un infinitif, et que ce participe a un COD qui est placé avant, alors
le participe s’accorde avec le COD.

Exemple : Mes cousins, je les ai vus courir dehors. (Le participe passé « vus » a un COD : J’ai vu qui ? mes
cousins = « les », donc il s’accorde avec ce COD puisque ce dernier est placé devant lui dans la phrase.)

• Si le participe est suivi d’un infinitif qui a un COD, il n’y a pas d’accord.

Exemple : Les films que j’ai pu regarder hier étaient amusants.

On reformule la phrase pour trouver le COD : J’ai pu regarder quoi ? les films. Le COD complète l’infinitif
« regarder », pas le participe passé « pu », donc le participe passé ne s’accorde pas avec le COD, car ce
n’est pas son COD.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 75


Orthographe

Accord du participe passé

Employé seul accord en genre et nombre avec le nom

Avec I'auxiliaire être accord en genre et nombre avec le sujet

jamais d'accord avec le sujet


Avec I'auxiliaire avoir
accord avec le COD quand il est avant I'auxiliaire

si le verbe n'existe qu'à la forme pronominale, accord avec le sujet

Avec un verbe pronominal accord avec le pronom réfléchi COD

pas d'accord avec le pronom réfléchi COI

accord avec le COD du participe passé s'il est placé devant


Suivi d'un infinitif
pas d'accord avec le COD de I'infinitif

76 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Orthographe

24. Les principaux homophones

Les homophones sont des mots qui ont la même prononciation


mais qui ne s’écrivent pas de la même manière.

I. LES HOMOPHONES DISTINGUÉS PAR L’ACCENT


A a/à

Comment
Homophones Natures grammaticales Exemples
les distinguer ?
Il a de bonnes notes car Il avait de bonnes
a a : verbe ou auxiliaire avoir.
il a tout compris. notes.
à : préposition (suivie d’un GN, Si on peut remplacer
à d’un pronom, ou d’un verbe à Il va à l’école. « a » par « avait », c’est
l’infinitif). un verbe, sans accent !

B la/ là / l’a / l’as

Comment
Homophones Natures grammaticales Exemples
les distinguer ?
Remplacer « la » par
la la : article (suivi d’un nom). La rue est vide.
« une ».
Remplacer « la » par
la : pronom personnel / COD
la Il la regarde. « le ».
suivi d’un verbe.
Il le regarde.
Remplacer « là » par
là là : adverbe de lieu. J’habite là.
« ici ». J’habite ici.
l’a : pronom personnel COD
Remplacer « l’a » par
l’a suivi de l’auxiliaire avoir Sa maison, il l’a vendue.
« l’avait ».
(3e personne).
l’as : pronom personnel COD
Ta maison, tu l’as Remplacer « l’as » par
l’as suivi de l’auxiliaire avoir
vendue ? « l’avais ».
(2e personne).

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 77


Orthographe

C ou / où

Homophones Natures grammaticales Exemples Comment les distinguer ?


Si on peut remplacer « ou »
Choisis un gâteau
ou ou : conjonction de coordination. par « ou bien », il n’y a pas
ou des bonbons.
d’accent.
Où vas-tu ?
où : pronom / adverbe indiquant
où 1715 est l’année où C’est le lieu ou le moment.
le lieu ou le temps.
mourut Louis XIV.

D mur / mûr // sur / sûr

Homophones Natures grammaticales Exemples Comment les distinguer ?


Le nom « mur » désigne une
réalité, une chose concrète
mur mur : nom commun Le mur est haut.
qu’on peut se représenter et
dessiner.
L’adjectif peut se mettre
mûr mûr : adjectif qualificatif Le fruit est mûr. au féminin : La pomme est
mûre.
Il est posé sur une Remplacer par « sous ».
sur sur : préposition
table. Il est posé sous une table.
sûr sûr : adjectif qualificatif Il est sûr de lui. Elle est sûre d’elle.

II. LES HOMOPHONES VERBAUX

A est / et / ai / es

Homophones Natures grammaticales Exemples Comment les distinguer ?

Le drapeau français Si on peut remplacer


est : 3e personne du singulier du
est est bleu, blanc, l’homophone par « était »,
verbe être (indicatif présent).
rouge. il s’agit du verbe « être ».
On peut remplacer « et » par
Le drapeau français
« et puis » ou « et aussi ».
et et : conjonction de coordination est bleu, blanc et
Le drapeau était bleu, blanc
rouge.
et aussi rouge.
ai : 1re personne du singulier On peut remplacer « ai » par
ai J’ai faim.
du verbe avoir (indicatif présent) « avais ».
es : 2e personne du singulier On peut remplacer « es » par
es Tu es content de toi.
du verbe être (indicatif présent) « étais » ou « seras ».

78 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Orthographe

B on / ont

Homophones Natures grammaticales Exemples Comment les distinguer ?

Remplacer par « il ».
on on : pronom personnel indéfini On a bien travaillé.
Il a bien travaillé.
Si on peut remplacer
ont : 3 personne du pluriel
e
Ils ont fini leur l’homophone par « avaient »,
ont
du verbe avoir (indicatif présent) travail. il s’agit du verbe « avoir ».
Ils avaient fini leur travail

C c’est / s’est / sait / sais / ces / ses

Homophones Natures grammaticales Exemples Comment les distinguer ?


c’est c’est : pronom démonstratif + Narcisse, c’est un « C’ » peut être remplacé par
verbe être. homme qui s’est « cela », « s’est » par
transformé en fleur. « s’était ».
s’est s’est : pronom personnel
Cela est un homme qui
réfléchi + verbe être.
s’était transformé en fleur.
sait : 3e personne singulier
« Il sait » peut être remplacé
sait du verbe savoir (indicatif Il sait où c’est.
par « il savait ».
présent)
sais : 2e personne singulier
« Je sais » peut être rem-
sais du verbe savoir (indicatif Je sais ma leçon.
placé par « je savais ».
présent)
« ces » peut être remplacé
par « ceux-ci / celles-ci ».
ces : déterminant démonstratif Vois-tu ces
ces « Ces » s’accompagne sou-
(se place devant un nom) montagnes au loin ?
vent d’un geste pour montrer
la chose désignée.

« ses » peut être remplacé


par « les siens / les
ses : déterminant possessif (se
Il a chaussé ses siennes ».
ses place devant un nom et indique
skis.
l’appartenance)
Remplacer « ses » par
« mes » ou « tes ».

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 79


Orthographe

D son / sont

Homophones Natures grammaticales Exemples Comment les distinguer ?

« Son » peut être remplacé


son son : déterminant possessif Son travail est fait.
par « mon » ou « ton ».
« Sont » peut être remplacé
sont : 3e personne du pluriel du Les professeurs
sont par « étaient ».
verbe être (indicatif présent) sont satisfaits.
Ils étaient satisfaits.

E peux / peut / peu

Homophones Natures grammaticales Exemples Comment les distinguer ?

peux / peut : 1re, 2e et 3e Je peux courir Remplacer par « pouvais »


peux / peut personnes du verbe pouvoir très vite. Et lui, le ou « pouvait ».
(indicatif présent). peut-il ? Je pouvais courir très vite.
Remplacer par « ne… pas
peu peu : adverbe (faible quantité). Je m’entraîne peu.
beaucoup ».

III. HOMOPHONES DIVERS

A mais / mes / mets / met

Homophones Natures grammaticales Exemples Comment les distinguer ?

« mais » peut être remplacé


par une autre conjonction de
mais : conjonction de
mais coordination (et) ou un ad-
coordination.
verbe d’opposition (pourtant,
cependant...)
Il fait chaud mais j’ai
froid. J’ai mis mes « Mes » est toujours suivi d’un
mes mes : déterminant possessif.
gants. Je mets aussi nom : c’est un déterminant !
mon écharpe. Et
Gabriel, que met-il ? On peut remplacer « met/
mets » par un verbe syno-
mets / met : 1re, 2e et 3e
nyme « Et Gabriel, que
mets /met ­personnes du singulier du verbe
porte-t-il ? » ou changer de
mettre (indicatif présent).
sujet « Et nous, que mettons-
nous ? »

80 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Orthographe

Homophones Natures grammaticales Exemples Comment les distinguer ?

Le banquet était
somptueux : des « mets » est un nom commun
mets de toutes invariable (s’écrit avec un s
mets nom commun
sortes s’offraient au singulier et au pluriel), il a
aux regards des pour synonyme : plat.
gourmands.

B ce / se / ceux

Homophones Natures grammaticales Exemples Comment les distinguer ?

« Ce » peut être remplacé


ce : déterminant démonstratif Ce bateau est à
ce par « cette (embarcation) »
(placé devant un nom). voile.
(déterminant).
« Ce » peut être remplacé
ce : pronom démonstratif Ce serait agréable par « cela » (pronom).
ce
(devant un verbe). d’y monter.
Cela serait agréable !
Il fonctionne toujours avec
un verbe : se laver / se
se : pronom personnel réfléchi Il se promène au fil
se parler…
(devant un verbe). de l’eau.
On peut le remplacer par « Je
me » ou « tu te ».
Ceux qui le
Remplacer « ceux » par
ceux ceux : pronom démonstratif. regardent sont
« celles ».
admiratifs.

C on / on n’

Homophones Natures grammaticales Exemples Comment les distinguer ?

On pense qu’elle est


on on : pronom personnel indéfini. Remplacer par « il ».
partie.
Vérifier qu’il y a une négation
on n’ : pronom personnel + On n’a pas de
on n’ derrière le « n’ » : « pas,
négation ne. nouvelles d’elle.
plus, guère, jamais »…

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 81


Orthographe

D leur / leurs

Homophones Natures grammaticales Exemples Comment les distinguer ?

leur : pronom personnel (devant


Leur un verbe). Invariable, s’écrit tou- Je leur parle. Remplacer par « lui ».
jours sans s.

Leur maison Remplacer par un autre


leur ou leurs : déterminant
leurs est belle. Leurs déterminant possessif :
possessif (devant un nom).
meubles aussi. « mon / ma / mes ».

E ni / n’y

Homophones Natures grammaticales Exemples Comment les distinguer ?

ni : négation (qui précède un nom Il n’y a ni route ni « Ni » s’emploie toujours


ni
ou un pronom). chemin. deux fois.

Je n’y vois rien. « Y » indique un lieu ou rem-


n’y : négation ne + pronom y place un groupe introduit par
n’y
(précède un verbe). Je n’y comprends la préposition « à » : Je ne
rien. comprends rien à cela.

F quelle / quelles / quel / quels / qu’elle / qu’elles


Homophones Natures grammaticales Exemples Comment les distinguer ?
quelle / quelles / quel /
Quelle ville Ces homophones s’accordent
quels : adjectifs exclamatifs
quel immense ! en genre et en nombre avec
ou interrogatifs ou pronom
Quel est son nom ? le nom qu’ils qualifient.
interrogatif.
qu’elle qu’elle / qu’elles : mot Remplacer « qu’elle » par
Le stylo qu’elle
subordonnant que + pronom « qu’il ».
tient est noir.
personnel elle ou elles. Le stylo qu’il tient est noir.

G tout / tous

Homophones Natures grammaticales Exemples Comment les distinguer ?


Remplacer par
tout tout : adverbe. Il a tout mangé.
« entièrement ».
Remplacer par « toute » ou
tout / tous : adjectif ou pronom Tous les enfants
tous « toutes ».
indéfini (s’accorde). sont partis.
Toutes les filles sont restées.

82 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Orthographe

H quant / quand / qu’en

Homophones Natures grammaticales Exemples Comment les distinguer ?

« Quand » adverbe ne se trouve


quand quand : adverbe interrogatif. Quand pars-tu ? que dans une phrase interrogative.
Remplacer par « À quel moment ».

Remplacer par « lorsque ».


Lorsque tu seras parti, je dormi-
rai.
quand : conjonction de Quand tu seras Attention, la liaison ne doit pas
quand
subordination. parti, je dormirai. te tromper : on écrit « Quand il
viendra » mais on fait la liaison
comme si le d était un t « - Kantil-
viendra ».
Remplacer par « en ce qui (me/
quant (à) : locution prépositive
Quant à moi, j’irai te…) concerne ».
quant (à) toujours formée avec la
me promener. En ce qui me concerne, j’irai me
préposition à.
promener.

Qu’en penses-tu ? Remplacer par « que… de cela ».


Que penses-tu de cela ?
qu’en : pronom que + prépo-
Il est vrai qu’en Remplacer par une autre prépo-
qu’en sition en ou conjonction de
temps normal, sition : Il est vrai que, dans une
subordination + préposition.
je ne l’aurais pas autre circonstance, je ne l’aurais
fait. pas fait.

I sens / sent / s’en / sans / cent

Homophones Natures grammaticales Exemples Comment les distinguer ?

sens / sent : 1re, 2e et 3e Remplacer par « sentais/


sens / sent personnes du verbe sentir Il sent bon. sentait ».
(présent indicatif). Il sentait bon.
Remplacer le sujet par
s’en s’en : pronom réfléchi se + en. Elle s’en va. « tu ».
Tu t’en vas.
sans sans : préposition. Vivre sans amour. Remplacer par « avec ».

cent cent : déterminant numéral. Il a cent ans. Remplacer par « mille ».

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 83


Sommaire
Conjugaison
A. Former le verbe :
25. Le verbe : le reconnaître et l’analyser
26. Le présent de l’indicatif (formation)
27. Le passé simple de l’indicatif (formation)
28. Le futur de l’indicatif (formation)
29. L’imparfait de l’indicatif (formation)
30. Les temps composés de l’indicatif
31. Les temps du conditionnel (formation)
32. Le présent et l’imparfait du subjonctif
33. Le présent de l’impératif (formation)
34. Les verbes difficiles - Tableaux de conjugaison
35. Un verbe type : le verbe « écrire »
36. La concordance des temps
37. Les voix active et passive

B. Utiliser le verbe :
38. La valeur des modes personnels
39. Les valeurs des temps de l’indicatif
40. Utiliser le subjonctif

84 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


A. Former le verbe

25. Le verbe : le reconnaître et l’analyser


Pour analyser un verbe, il faut passer par des étapes essentielles. On doit donner :

• son infinitif : c’est le verbe quand il n’est pas conjugué. Exemples : travailler, écrire...
• son groupe :

1er groupe : verbes dont l’infinitif se termine par -er (chanter, aimer...), sauf le verbe aller.
2e groupe : verbes dont l’infinitif se termine par -ir et qui se conjuguent en -issons à la 1re personne du
pluriel au présent de l’indicatif (finir / nous finissons).
3e groupe : tous les autres verbes (courir, boire, prendre...) et le verbe aller car il est irrégulier.

Deux auxiliaires permettent de former les temps composés : être et avoir.


• sa personne : on en compte trois au singulier (je / tu / il-elle-on) et trois au pluriel (nous / vous / ils-
elles).
• son temps : il permet de situer l’action sur l’axe du temps et peut être simple ou composé.

Il existe 8 temps :
- 4 temps simples (un seul mot) : présent, imparfait, futur, passé simple,
- 4 temps composés (deux mots = auxiliaire + participe passé) : passé composé, plus-que-parfait, futur
antérieur, passé antérieur.

• son mode : Il existe 7 modes en français.


Les 4 modes personnels où le verbe peut changer de personne (= se conjuguer) :

* L’indicatif : mode que l’énonciateur utilise quand il est sûr que l’action a eu lieu, a lieu ou aura lieu.
Exemples : Nous travaillons, ils écrivent...
* L’impératif : qui sert à donner un ordre ou un conseil.
Exemples : Travaille ! Écrivez ! …
* Le subjonctif : mode de ce qui est envisagé. (L’énonciateur envisage l’action sans être sûr qu’elle se
réalise.)
Exemple : Je souhaite que tu réussisses...
* Le conditionnel* : exprime une action possible mais soumise à une condition ou envisagée comme
irréelle.
Exemple : S’il s’en donnait les moyens, il pourrait y arriver ! / Je serais la reine et toi un chevalier.

Les 3 modes impersonnels où le verbe ne change pas de personne (ne se conjugue pas) :

* L’infinitif
Exemples : travailler, écrire …
*Tu trouveras une explication au sujet du conditionnel, que l’on peut considérer comme un mode ou comme un temps de
l’indicatif dans le cours sur le conditionnel (31).

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 85


Conjugaison
A. Former le verbe

* Le participe
Exemples : (présent) écrivant... ; (passé) travaillé…

* (Le gérondif : formé de la préposition en + participe présent).


Exemple : en travaillant...

• sa voix : si le sujet fait l’action décrite par le verbe, on parlera de voix active. (L’élève lit la leçon.) S’il la
subit, ce sera la voix passive. (La leçon est lue par l’élève.)

Attention !

Les verbes peuvent également avoir une forme. Elle


peut être pronominale ou impersonnelle.

1. Les verbes pronominaux sont ceux qui sont accompagnés d’un pronom personnel qui reprend
le sujet.
Exemples : se laver, se dépêcher, se battre, se parler...

Attention !

Attention aux accords de ces verbes ! Rendez-vous


à la fiche 23d, sur l’accord du participe passé.

Il existe différentes sortes de verbes pronominaux :

- le réfléchi indique que le sujet exerce une action sur lui-même.


Exemples : Il se rase. / Il se lave...

- le passif indique que le sujet subit l’action mais que l’être ou la chose qui accomplit cette action
n’est pas nommé.
Exemples : Il s’appelle Gabriel. / Sa maison se voit de loin...

- le réciproque indique que les sujets exercent une action l’un sur l’autre et de manière réciproque.
Exemples : Ils s’appellent. / Vous vous parlez. / Elles se regardent...

- « l’essentiellement pronominal » n’existe qu’à la forme pronominale. Le pronom est un élément


totalement incorporé au verbe.
Exemples : Elle s’accoude. / Il s’exclame. / Nous nous écroulons...

2. Les verbes à la forme impersonnelle se caractérisent par le fait qu’ils ne peuvent être conjugués
qu’à la troisième personne du singulier et que leur pronom sujet il ne représente rien ni personne.
Exemples : Il pleut. Il faut que je sorte mon parapluie. Il grêle maintenant !

86 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Conjugaison
A. Former le verbe

Relis la fiche 7 pour obtenir plus


d’informations sur la forme impersonnelle.

Mode du verbe non conjugué qui donne juste l'idée de l'action : courir

Son infinitif Forme du verbe dans le dictionnaire

1er groupe : infinitif en -er (sauf "aller")

2e groupe : infinitif en -ir et présent/nous en -issons

3e groupe : tous les autres verbes + "aller"


Son groupe
"être" : je suis venue.
Deux auxiliaires
"avoir" : j'ai parlé.

Je

3 au singulier Tu

Il / Elle / On

Sa personne Nous

3 au pluriel Vous

Ils / Elles

Présent

Imparfait
4 temps simples
Futur simple

Passé simple
Indicatif
Passé composé

Plus-que-parfait
4 temps composés
Futur antérieur

Passé antérieur

1 temps simple Présent


Impératif
4 modes personnels 1 temps composé Passé

Présent
2 temps simples
Imparfait
Subjonctif
Passé
2 temps composés
Plus-que-parfait

1 temps simple Présent


Son mode et son temps
Conditionnel
1 temps composé Passé

1 temps simple Présent


Infinitif
1 temps composé Passé

1 temps simple Présent


3 modes impersonnels Participe
1 temps composé Passé

1 temps simple Présent


Gérondif
1 temps composé Passé

Active Le sujet fait l'action exprimée par le verbe.

Sa voix Passive Le sujet subit l'action exprimée par le verbe.

Le verbe est réfléchi.

Le verbe est passif.


Pronominale
Le verbe est réciproque.

Le verbe est essentiellement pronominal.


Sa forme
Impersonnelle

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 87


Conjugaison
A. Former le verbe

26. Le présent de l’indicatif (formation)


I. LES TROIS MODÈLES DE TERMINAISONS

1. Modèle en –e : -e, -es, -e, -ons, -ez, -ent

Il concerne tous les verbes du 1er groupe et quelques verbes du 3e groupe comme cueillir et offrir.

Exemple : j’aime, tu aimes, il aime, nous aimons, vous aimez, ils aiment

2. Modèle en –t : -s, -s, -t, -ons, -ez, -ent

Il concerne tous les verbes du 2e groupe et de nombreux verbes du 3e groupe.

Exemple : je finis, tu finis, il finit, nous finissons, vous finissez, ils finissent

3. Modèle en -Ø : -s, -s, -Ø, -ons, -ez, -ent

Il concerne de nombreux verbes du 3e groupe, notamment les verbes en –cre, -tre et –dre (à l’exception
de ceux en –indre et –soudre).

Exemple : je prends, tu prends, il prend, nous prenons, vous prenez, ils prennent

Attention !

Avoir et être ne se conforment à aucun de ces modèles :


J’ai, tu as, il a, nous avons, vous avez, ils ont,
je suis, tu es, il est, nous sommes, vous êtes, ils sont.

II. LES DIFFICULTÉS DU PREMIER GROUPE

• Les verbes -cer prennent une cédille devant le -o.

Exemple : nous commençons.

• Les verbes en -ger gardent le -e devant le -o.

Exemple : nous mangeons.

• Les verbes en -guer gardent le -u à toutes les personnes, même devant le -o.

Exemple : nous naviguons.

88 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Conjugaison
A. Former le verbe

• Les verbes de la famille de appeler et jeter doublent la consonne sauf aux personnes nous et vous.
Ce phénomène est dû à la différence de prononciation du e qui se prononce tantôt è (Je jette), tantôt e
(nous jetons).

Exemples : vous jetez, ils jettent, elle appelle, nous appelons.

• Les verbes en -oyer et -uyer gardent le -y aux personnes nous et vous, mais le -y devient -i devant
un -e muet aux autres personnes.

Exemple : J'envoie, vous envoyez.

III. LES DIFFICULTÉS DU TROISIÈME GROUPE

• Les verbes qui ont une terminaison en –x aux 1re et 2e personnes du singulier (vouloir, pouvoir, valoir)
relèvent du modèle en –t. De plus, leur radical change.

Exemples : Je peux / nous pouvons ; vous voulez / elles veulent ; tu vaux / ils valent.

• Dire et faire ont une terminaison en –tes à la 2e personne du pluriel.

Exemples : vous dites, vous faites.

• Les verbes faire et aller ont une terminaison en -ont à la troisième personne du pluriel :

Exemples : ils vont, ils font.

• Les verbes en -eindre, -aindre, -soudre perdent le -d au singulier, et suivent le modèle en -t. De plus,
leur radical change (ou / olv ; ain / ai).

Exemples : je crains / on craint / nous craignons ; je résous / il résout / nous résolvons ; tu atteins / elle atteint
/ vous atteignez.

• Les verbes en -tir perdent leur -t aux deux premières personnes du singulier.

Exemples : Je pars, tu mens.

• Le verbe rompre et ses composés gardent le -p au singulier, tout comme le verbe craindre et ses
composés gardent le -c.

Exemples : Je romps / elle rompt ; tu vaincs / il vainc / nous vainquons.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 89


Conjugaison
A. Former le verbe

27. Le passé simple de l’indicatif (formation)

Ce temps est un des deux temps simples de l’indicatif qui


situent l’action dans le passé. (L’autre étant l’imparfait)

Pour bien conjuguer un verbe au passé simple, il faut chercher son groupe :

1er groupe + aller 2e groupe 3e groupe


Passé simple en I Passé simple en U Passé simple en IN
Passé simple en A Passé simple en I comme le certains verbes + verbes venir, tenir
2e groupe auxiliaires et leurs composés
Radical + Radical + Radical + Radical + Radical +

Je chant-ai Je fin-is Je pr-is Je conn-us Je v-ins


Tu chant-as Tu fin-is Tu pr-is Tu conn-us Tu v-ins
Il chant-a Il fin-it Il pr-it Il conn-ut Il v-int
Nous chant-âmes Nous fin-îmes Nous pr-îmes Nous conn-ûmes Nous v-înmes
Vous chant-âtes Vous fin-îtes Vous pr-îtes Vous conn-ûtes Vous v-întes
Ils chant-èrent Ils fin-irent Ils pr-irent Ils conn-urent Ils v-inrent

90 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Conjugaison
A. Former le verbe

Récapitulatif

Série Terminaisons Verbes concernés Exemples Exceptions

A -ai, -as, -a, Tous les verbes en –er → chanter / je chantai


-âmes, -âtes, -èrent aller / j’allai
I -is, -is, -it Les verbes en –ir → finir / je finis tenir et venir
-îmes, -îtes, -irent partir / je partis courir et mourir
La plupart des verbes prendre / je pris Verbes en -ître
en -re → battre / je battis Verbes en –oudre
(sauf coudre / je
cousis)
Verbes en –oire
lire, plaire, taire
conclure, vivre
U -us, -us, -ut Les verbes en –oir → recevoir / je reçus asseoir (je
-ûmes, -ûtes, -urent vouloir / je voulus m’assis) et voir
Les verbes en –oire → croire / je crus (je vis)
Les verbes en -ître → connaître /je connus naître (je naquis)
Les verbes en –oudre → moudre / je moulus coudre (je
courir, mourir → Je courus, je mourus cousis)
lire, plaire, taire → Je lus, je plus, je tus
conclure, vivre → Je conclus, je vécus
IN -ins, -ins, -int Tenir, venir → Je tins, je vins
-înmes, -întes, -inrent et leurs composés Je retins, je revins
(retenir, revenir...)

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 91


Conjugaison
A. Former le verbe

-ai
-as
-a
1er groupe + “Aller” A
-âmes
-âtes
-èrent

-is
-is
-it
2ème groupe I
-îmes
-îtes
-irent

-is
-is

Le passé simple I
-it
-îmes
-îtes
-irent
-us
-us
-ut
3e groupe sauf “Aller” U
-ûmes
-ûtes
-urent
-ins
-ins
-int
IN
-înmes
-întes
-inrent

92 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Conjugaison
A. Former le verbe

28. Le futur de l’indicatif (formation)

I. FORMATION DU TEMPS
On reconnaît ce temps par l’ajout des lettres r ou er à la fin de la base verbale.

Les terminaisons sont les mêmes pour tous les groupes : -ai, -as, -a, -ons, -ez, -ont

II. LES DIFFICULTÉS DU PREMIER GROUPE


• Les verbes envoyer et renvoyer se conjuguent comme le verbe voir :

Exemples : j’enverrai, tu renverras

• Mais les autres verbes en -yer ont une particularité : le -y devient un -i devant le -e muet :

Exemples : j’essaierai, tu essuieras

Mais les verbes en -ayer peuvent garder le -y également.

Exemple : j’essayerai.

• Il ne faut pas oublier le -e muet dans les verbes en -éer, -ouer, -ier, -uer.

Exemples : je créerai, tu joueras, il criera, nous tuerons

III. LES DIFFICULTÉS DU TROISIÈME GROUPE


• Les verbes terminés par –ir se conjuguent à partir de l’infinitif.

Exemple : ouvrir : j’ouvrirai sauf :

→ Les verbes en -rir perdent leur i et prennent deux -rr-.

Exemples : mourir : je mourrai, courir : je courrai, acquérir : j’acquerrai.

→ Accueillir, recueillir et cueillir voient apparaître un –e dans le radical.

Exemple : cueillir : je cueillerai

• Certains verbes voient apparaître un -d dans le radical.

Exemples : tenir : je tiendrai, venir: tu viendras, falloir : il faudra, vouloir : nous voudrons, valoir : vous vaudrez

• Les verbes terminés par –re se conjuguent à partir de l’infinitif sans -e.

Exemple : prendre : je prendrai sauf ceux qui se conjuguent sur le modèle de faire (je ferai).

• Les verbes en -voir ont pour base -vr.

Exemple : devoir : je devrai.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 93


Conjugaison
A. Former le verbe

29. L’imparfait de l’indicatif (formation)

L’imparfait est un des deux temps simples de l’indicatif


qui situent l’action dans le passé. (L’autre étant le passé
simple.)

I. BASE VERBALE

Tous les verbes se conjuguent à l’imparfait avec une base verbale unique, celle qui est utilisée
à la 1re personne du pluriel du présent de l’indicatif (exception : être / j’étais) :

Exemples : je chant-ais , je finiss-ais, je craign-ais

II. TERMINAISONS DE L’IMPARFAIT DE L’INDICATIF

Le modèle de terminaisons est le même pour tous les verbes, quel que soit leur groupe : -ais, -ais, -ait,
-ions, -iez, -aient.

Chanter / Chant- Finir / Finiss- Craindre / Craign-


Je chant-ais Je finiss-ais Je craign-ais
Tu chant-ais Tu finiss-ais Tu craign-ais
Il chant-ait Il finiss-ait Il craign-ait
Nous chant-ions Nous finiss-ions Nous craign-ions
Vous chant-iez Vous finiss-iez Vous craign-iez
Ils chant-aient Ils finiss-aient Ils craign-aient

• verbes en -yer : balayer → nous balayions


• verbes en -ier : crier → vous criiez
• verbes en -ger : manger → il mangeait
• verbes en -guer : naviguer / nous naviguions
• verbes en -gner : saigner / vous saigniez
• verbes en -iller : travailler / nous travaillions

94 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Conjugaison
A. Former le verbe

30. Les temps composés de l’indicatif

I. QU’EST-CE QU’UN TEMPS COMPOSÉ ?

Un temps composé est formé de deux mots. Le plus souvent il s’agit de l’auxiliaire avoir et du participe
passé du verbe.

Exemples : Les enfants ont bien dormi.

Mais les verbes pronominaux et un certain nombre de verbes très utilisés se conjuguent avec l’auxiliaire
être. Les principaux sont : aller, arriver, devenir, entrer, mourir, naître, partir, rester, sortir, tomber, venir.
Attention dans ce cas à accorder le participe passé avec le sujet !

Exemples : Les filles sont arrivées à l’heure.


Sujet féminin pluriel

Relis la fiche 23d. sur l’accord


du participe passé.

Il existe quatre temps composés à l’indicatif : le passé composé, le plus-que-parfait, le passé antérieur
et le futur antérieur.

Chaque temps est à mettre en relation avec le temps simple dont il exprime l’antériorité, autrement dit,
chaque temps composé indique un fait qui s’est déroulé avant celui exprimé par le temps simple, un fait
qu’on appelle antérieur.

Ainsi, le passé composé expose ce qui s’est passé avant le présent de l’indicatif.

Exemples : Chaque jour, il mange le repas qu’il a préparé la veille.

II. LES DIFFÉRENTS TEMPS COMPOSÉS DE L’INDICATIF

A. Le passé composé

Le passé composé est formé de l’auxiliaire avoir ou être conjugué au présent suivi du participe passé.

Exemple : J’ai parlé.

Il exprime l’antériorité par rapport au présent.

Exemple : Elle raconte les aventures qu’elle a vécues l’année dernière.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 95


Conjugaison
A. Former le verbe

B. Le plus-que-parfait

Le plus-que-parfait est formé de l’auxiliaire avoir ou être conjugué à l’imparfait suivi du participe passé.

Exemple : Nous étions partis

Il exprime l’antériorité par rapport à l’imparfait ou au passé simple.

Exemple : Elle raconta les aventures qu’elle avait vécues l’année précédente.

C. Le passé antérieur

Le passé antérieur est formé de l’auxiliaire avoir ou être conjugué au passé simple suivi du participe passé.
Il exprime l’antériorité par rapport au passé simple.

Exemple : Lorsqu’ils eurent étudié l’aspect général du monstre, ils s’en approchèrent avec prudence.

D. Le futur antérieur

Le futur antérieur est formé de l’auxiliaire avoir ou être conjugué au futur suivi du participe passé. Il
exprime l’antériorité par rapport au futur simple.

Exemple : Quand tu seras resté un peu plus longtemps ici, tu pourras y voir plus clair.

Tu peux relire les différentes fiches sur le présent,


l’imparfait, le passé simple et le futur !

E. Tableau récapitulatif

Passé composé Plus-que-parfait Passé antérieur Futur antérieur


j’ai fini j’avais fini j’eus fini j’aurai fini
tu as fini tu avais fini tu eus fini tu auras fini
il a fini il avait fini il eut fini il aura fini
nous avons fini nous avions fini nous eûmes fini nous aurons fini
vous avez fini vous aviez fini vous eûtes fini vous aurez fini
ils ont fini ils avaient fini ils eurent fini ils auront fini
je suis venu(e) j’étais venu(e) je fus venu(e) je serai venu(e)
tu es venu(e) tu étais venu(e) tu fus venu(e) tu seras venu(e)
il / elle est venu(e) il / elle était venu(e) il / elle fut venu(e) il / elle sera venu(e)
nous sommes venu(e)s nous étions venu(e)s nous fûmes venu(e)s nous serons venu(e)s
vous êtes venu(e)s vous étiez venu(e)s vous fûtes venu(e)s vous serez venu(e)s
ils / elles sont venu(e)s ils / elles étaient venu(e)s ils / elles furent venu(e)s ils / elles seront venu(e)s

96 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Conjugaison
A. Former le verbe

31. Les temps du conditionnel (formation)


IMPORTANT :
Le conditionnel a un statut particulier : il a longtemps été considéré comme un mode (comme
l’indicatif, le subjonctif, l’impératif...). Mais il est aujourd’hui plutôt considéré comme un temps de
l’indicatif.
Pourquoi ce statut ambigu ?
Du point de vue de sa formation, il ressemble à la fois au futur et à l’imparfait de l’indicatif (futur : je
verrai / conditionnel présent : je verrais).
Du point de vue de son emploi, il sert, comme les autres temps de l’indicatif, à situer une action dans le
temps. En effet, il indique qu’une action aura lieu dans l’avenir, à partir d’un moment du passé : Elle lui
confirma qu’elle viendrait le lendemain. (= Elle lui confirma : « Je viendrai demain ».)
Pourquoi a-t-il longtemps été considéré comme un mode ?
Ce sont ses emplois non temporels, ses emplois « modaux » qui l’expliquent. Dans le système
hypothétique : « Si tu venais maintenant, je serais heureuse. », quand il exprime des actions incertaines :
« Le Président serait actuellement dans l’avion. », ou quand il sert à exprimer des actions imaginaires et
irréelles : « Je serais le prince et toi la princesse. », il fonctionne comme un mode, puisqu’il ne sert pas à
situer l’action dans le temps.
Alors mode ou temps ?
La grammaire considère aujourd’hui le conditionnel présent et passé comme des temps de l’indicatif.
Dans Les Essentiels et les cours du CNED, il est présenté comme un mode. Et il est encore enseigné
comme un mode dans certaines grammaires scolaires.
L’essentiel pour toi est de savoir que tu pourras le rencontrer sous ces deux appellations, de
comprendre pourquoi il peut être considéré comme l’un ou l’autre et surtout d’être capable de le
reconnaître, de le conjuguer, de comprendre ce qu’il exprime et de l’employer pertinemment.

Le conditionnel est un mode qui comporte deux temps : un temps


simple, le présent ; et un temps composé, le passé.

I. LE PRÉSENT

On le forme en ajoutant à la base verbale du futur simple de l’indicatif les terminaisons de l’imparfait de
l’indicatif : -ais / -ais / -ait / -ions / -iez / -aient

Exemples : je parlerais / tu parlerais / il parlerait / nous parlerions / vous parleriez / ils parleraient

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 97


Conjugaison
A. Former le verbe

II. LE PASSÉ

On le forme à l’aide de l’auxiliaire être ou avoir, conjugué au présent du conditionnel, suivi du participe
passé du verbe.

Exemples :
j’aurais parlé / tu aurais fini / elle serait sortie
nous serions resté(e)s / vous auriez pris / ils seraient sortis

Attention !

Attention à accorder le participe passé avec le sujet lorsque le


verbe se conjugue avec l’auxiliaire être.
Exemples : Tu serais venu(e) / vous seriez venu(e)s

Les temps du conditionnel

Présent Passé

Formation Formation

radical du futur terminaisons de I'imparfait auxiliaire au présent du conditionnel participe passé du verbe

chanter -ais -ais -ait -ions -iez -aient aurais chanté


serais venu(e)
Je chanterais
J’aurais chanté
Je serais venu(e)

98 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Conjugaison
A. Former le verbe

32. Le présent et l’imparfait du subjonctif

Le subjonctif est un mode personnel qui se conjugue à quatre


temps : le présent et l’imparfait, qui sont des temps simples,
et le passé et le plus-que-parfait, qui sont des temps composés.

Ce mode est toujours précédé de « que ».

I. LE PRÉSENT DU SUBJONCTIF

Pour conjuguer le présent du subjonctif, on utilise les mêmes terminaisons pour les trois groupes de
verbes : -e, -es, -e, -ions, -iez, -ent.

La terminaison de la 3e personne du singulier est toujours « - e », quel que soit le groupe du verbe. C’est
ainsi que l’on peut le différencier du présent de l’indicatif pour les verbes du troisième groupe. (Il voit :
indicatif présent / Il faut qu’il voie : subjonctif présent). Il y a deux exceptions : les auxiliaires être et avoir.

Exemples : Qu’il coure, qu’il croie, qu’il fuie, qu’il meure, qu’il rie, qu’il voie.

1er groupe : danser 2e groupe : finir 3e groupe : faire être avoir


que je danse que je finisse que je fasse que je sois que j ‘aie
que tu danses que tu finisses que tu fasses que tu sois que tu aies
qu’il danse qu’il finisse qu’il fasse qu’il, elle soit qu’il, elle ait
que nous dansions que nous finissions que nous fassions que nous soyons que nous ayons
que vous dansiez que vous finissiez que vous fassiez que vous soyez que vous ayez
qu’ils dansent qu’ils finissent qu’ils fassent qu’ils, elles soient qu’ils, elles aient

II. L’IMPARFAIT DU SUBJONCTIF

Tu peux relire la fiche 27 sur


le passé simple.

La base verbale de l’imparfait du subjonctif est celle du passé simple, avec les terminaisons : -sse,
-sses, -^t , -ssions, -ssiez , -ssent

Exemple : (que) je fisse, tu fisses, il fît, nous fissions, vous fissiez, ils fissent.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 99


Conjugaison
A. Former le verbe

Attention !

Il ne faut pas confondre l’imparfait du subjonctif et le passé simple


de l’indicatif à la 3e personne du singulier. L’accent circonflexe n’apparaît
qu’à l’imparfait du subjonctif, mais il n’est pas présent au passé simple.

Exemple : il fît (imparfait du subjonctif), il fit (passé simple de l’indicatif)

100 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Conjugaison
A. Former le verbe

33. Le présent de l’impératif (formation)


Le mode impératif, où le sujet n’est pas exprimé (il est sous-entendu), ne se conjugue qu’à 3 personnes
(tu, nous, vous).

I. LES TERMINAISONS

tu nous vous
1er groupe -e -ons -ez
Autres verbes -s -ons -ez

À quelques rares exceptions près au 3e groupe, les formes du présent de l’impératif sont les mêmes que
celles du présent de l’indicatif.

Les verbes du 1er groupe se terminent sans s à la 2e personne du singulier, sauf s’ils sont
suivis du pronom « en » ou « y ».

Manger : Mange, Manges-en, Manges-y.

C’est pour éviter un hiatus entre le e du verbe et le e de « en » ou le « y » : en effet, « mange-


en » ou « mange-y » poseraient un problème à la prononciation.

II. QUELQUES VERBES IRRÉGULIERS

Aller : Va, allons, allez / Faire : Fais, faisons, faites / Savoir : Sache, sachons, sachez

Dire : Dis, disons, dites / Être : Sois, soyons, soyez / Avoir : Aie, ayons, ayez

Attention !

- Aller → va sans –s sauf devant y : Va à l’école. / Vas-y.


(Attention : va-t’en)
- Vouloir → deux formes aux 2e personnes du singulier et du
pluriel : veux et veuille / voulez et veuillez (1re personne
du pluriel : voulons)

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 101


Conjugaison
A. Former le verbe

Tableau récapitulatif :

Impératif présent
Chanter Cueillir Finir Partir Craindre
Chant-e Cueill-e Fini-s Par-s Crain-s
Chant-ons Cueill-ons Finiss-ons Part-ons Craign-ons
Chant-ez Cueill-ez Finiss-ez Part-ez Craign-ez
Prendre Vaincre Vouloir Avoir Être
Prend-s Vainc-s Veu-x ou veuill-e Ai-e Soi-s
Pren-ons Vainqu-ons Voul-ons Ay-ons Soy-ons
Pren-ez Vainqu-ez Voul-ez ou veuill-ez Ay-ez Soy-ez

102 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Conjugaison
A. Former le verbe

34. Les verbes difficiles - Tableaux de conjugaison


I. LES TERMINAISONS HOMOPHONES

A. Comment choisir entre : -er, -é, -ez, -ais, -ait, ou -ai ?

Pour savoir écrire un verbe qui se termine par le son [é] ou [è], remplace la forme verbale par un verbe
du 3e groupe (venir, prendre...). Si c’est l’infinitif qui convient (venir, prendre), alors on écris -er. Si c’est un
participe passé qui convient (venu, pris), on écrit -é, et on fais attention aux accords.

Exemples : Il est arriv? à l’heure → Il est venu à l’heure ( = participe passé) → Il est arrivé à l’heure.

Exemples : Elle acceptera de te parl? → Elle acceptera de venir / prendre (ses responsabilités) → Elle
acceptera de te parler.

La terminaison –ez n’est utilisée que si « vous » est le sujet du verbe. (2e personne du pluriel).

Exemple : Vous dansez en rythme → Nous dansons en rythme.

Exemple : Elle va vous parler. → Elle va vous prendre (votre température). (« Vous » n’est pas le sujet
de parler, mais le COI : Elle va parler à vous.)

Exemple : Il vous racontait des histoires. → Il vous racontera des histoires. (« Vous » n’est pas le sujet
de raconter, c’est « il » le sujet. « Vous » est le COI : Il racontera des histoires à qui ? à vous)

On trouvera les terminaisons -ais et -ait à l’imparfait de l’indicatif, -ais est utilisé avec les personnes
« je » et « tu », et -ait avec la troisième personne du singulier.

La terminaison -ai est réservée à la première personne du singulier des verbes du premier groupe
conjugués au passé simple de l’indicatif.

On peut conjuguer le verbe à une autre personne du temps pour s’assurer de sa conjugaison.

Exemple : Tu te promenais quand je m'avançai brusquement vers toi. → Vous vous promeniez (imparfait)
quand nous nous avançâmes (passé simple) brusquement vers vous.

-er verbe à I'infinitif (= venir, prendre)

-é verbe au participe passé (= venu, pris)

-ez verbe à la 2e personne du pluriel : « vous » est le sujet.

Les sons [é] et [è] verbe à la 1ère ou 2e personne du


-ais
singulier imparfait de I'indicatif

verbe à la 3e personne du singulier


-ait
imparfait de I'indicatif

verbe à la 1ère personne du singulier,


-ai
verbe du 1er groupe du passé simple de I'indicatif

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 103


Conjugaison
A. Former le verbe

B. Comment choisir entre : - rai, -rais, -rait ?

La terminaison -rai est celle du futur de l’indicatif, à la personne « je » , alors que -rais est la terminaison
du conditionnel présent aux personnes « je » et « tu ».

La terminaison -rait correspond à la troisième personne du singulier du présent du conditionnel.

Pour ne pas confondre les terminaisons, on les conjugue à la personne « il ».

Exemple : Je viendr ? si je le pouvais. → Il viendrait s’il le pouvait. (conditionnel présent). → Je viendrais si je


le pouvais.

Exemple : Je viendr ? demain si je peux. → Il viendra demain s’il peut. (futur de l’indicatif) → Je viendrai
demain si je peux.

futur de I'indicatif

1ère personne du singulier


-rai
Je chanterai = Il chantera

présent du conditionnel
le sons [rè] -rais
1ère ou 2e personne du singulier

Je chanterais = Il chanterait

présent du conditionnel
-rait
3e personne du singulier

C. Comment choisir entre -is et -it ? Entre -us, -ut, et -u ?

Les terminaisons en -i ou -u sont utilisées uniquement au participe passé.

Exemple : Il a fini et a conclu son travail dans les temps.

Les terminaisons -is, -it, -us et -ut peuvent venir de différents temps :

- le présent de l’indicatif. Exemple : Il finit et conclut son travail dans les temps.
- le présent de l’impératif. Exemple : Finis et conclus ton travail dans les temps.
- le passé simple de l’indicatif. Exemple : Il partit et s'aperçut qu'il avait oublié sa veste.
- Les terminaisons -is et -it peuvent aussi se rencontrer au participe passé.

Exemple : Les travaux sont finis. Le poulet est frit.

104 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Conjugaison
A. Former le verbe

II. LES DIFFICULTÉS PAR GROUPES DE VERBES

A. Les verbes du premier groupe

• Les verbes en -cer prennent une cédille sous le -c devant -a et -o. La cédille évite que le c se pro-
nonce [k].

Exemples : nous plaçons, il plaçait.

• Les verbes en -ger prennent un -e après le -g devant -a et -o. Le e évite que le g se prononce [gue].

Exemples : il mangeait, nous mangeons.

• Les verbes en -oyer et -uyer changent le -y en -i devant un -e muet.

Exemples : j’envoie, nous envoyons → je m’ennuie, nous nous ennuyons.

• Les verbes en -ayer peuvent conserver le -y devant un -e muet.

Exemples : je paie ou je paye.

• À l’imparfait de l’indicatif et au présent du subjonctif, on trouve la terminaison -yi. On retrouve le y du


présent et le i de la terminaison de l’imparfait ou du subjonctif présent -ions / -iez. C’est ce i qui per-
met de différencier le présent : nous envoyons de l’imparfait / subjonctif présent (que) nous envoyions.

Exemples : Autrefois, nous nous ennuyions. (imparfait de l’indicatif) - il faut que vous payiez les factures.
(subjonctif présent)

• La plupart des verbes en -eler et -eter doublent la consonne l ou t devant un -e muet. Cela s’explique
par la prononciation du e qui se trouve tantôt prononcé [è] (+ 2 consonnes), tantôt [e] (+ 1 consonne).

Exemples : j’appelle, nous appelons -je jette, nous jetons.

• Mais d’autres prennent un accent grave au lieu de doubler la consonne.

Exemples : Je gèle, nous gelons - j’achète, nous achetons.

B. Les verbes du deuxième groupe

Certains verbes du troisième groupe se terminant en -ir ont les


mêmes terminaisons que des verbes du deuxième groupe . Il ne faut
pas les confondre !

Exemple : acquérir (3e groupe) > participe passé : acquis

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 105


Conjugaison
A. Former le verbe

C. Les verbes du troisième groupe

1. Les verbes en -dre


• Au présent de l’indicatif, ils terminent au singulier par -s, -s, -ø.
Exemples : Je tends, tu couds, il prend.

• Les verbes terminés par -soudre et -indre se terminent au singulier par -s, -s, -t.
Exemples : Je résous, tu crains, il craint.

• À l’imparfait de l’indicatif et au présent du subjonctif, on utilise la base verbale de la personne


« nous » du présent de l’indicatif.
Exemples : Je tendais, que je couse, il prenait, que je résolve, que nous craignions.

• Au passé simple de l’indicatif, la base verbale est celle de la personne « nous » au présent
de l’indicatif, mais pas pour le verbe « prendre » et les verbes en -soudre.
Exemples : Je pris, je résolus.

2. Les verbes en -tre


• Les verbes « battre », « mettre » et leurs composés se terminent au présent de l’indicatif,
au singulier, par : -s, -s, -ø.
Exemple : je mets, tu bats, il combat.

• Au présent de l’indicatif, « battre » a deux bases verbales : bat- et batt-.


Exemple : Je bats, tu bats, nous battons.

• Au présent de l’indicatif « mettre » a deux bases verbales : met- et mett-.


Exemple : Je mets, il met, vous mettez, ils mettent.

III. TABLEAUX DE CONJUGAISON DES MODES PERSONNELS

Voici les tableaux de conjugaison des verbes :


- avoir - devoir
- être - dire
- envoyer - prendre
- aller - vouloir
- faire - savoir
- pouvoir - venir
- voir - courir

106 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Conjugaison
A. Former le verbe

Explications utiles avant de consulter les tableaux de conjugaison :


• À la 3e personne du singulier, le sujet peut être « il », « elle » ou « on ». À la 3e personne du pluriel, le
sujet peut être « ils » ou « elles ». Tu verras donc tantôt l’un, tantôt l’autre, cela n’a aucune incidence
sur la terminaison des temps simples (on chantait / il chantait / elle chantait) ou des temps compo-
sés avec l’auxiliaire avoir (il a chanté / elle a chanté / on a chanté).
• Quand le verbe se conjugue avec l’auxiliaire être aux temps composés, le participe passé s’accorde
en genre et en nombre avec le sujet. C’est pourquoi, tu verras un (e) à la fin du participe passé : ce
(e) indique que si le sujet est féminin, il faut accorder le participe passé au féminin, tandis que si le
sujet est masculin, il ne faut pas ajouter le e : « Je suis venu(e). » Si c’est Antoine qui dit « Je », on
écrit « Je suis venu. » Si c’est Ariane qui dit « Je », on écrit « Je suis venue. » Au pluriel, on met le
s à toutes les personnes et le e si le sujet est féminin : « Nous sommes arrivé(e)s. » Si C’est Cécile,
Charlotte et Colette qui disent « Nous », on écrit « Nous sommes arrivées. » Si c’est Christophe,
Michaël et Jacques, on écrit « Nous sommes arrivés. »

ÊTRE
Temps simples de l’indicatif
Présent Imparfait Futur Passé simple
je suis j’étais je serai je fus
tu es tu étais tu seras tu fus
il est elle était il sera elle fut
nous sommes nous étions nous serons nous fûmes
vous êtes vous étiez vous serez vous fûtes
ils sont elles étaient ils seront elles furent
Temps composés de l’indicatif
Passé composé Plus-que-parfait Futur antérieur Passé antérieur
j’ai été j’avais été j’aurai été j’eus été
tu as été tu avais été tu auras été tu eus été
il a été elle avait été on aura été elle eut été
nous avons été nous avions été nous aurons été nous eûmes été
vous avez été vous aviez été vous aurez été vous eûtes été
ils ont été elles avaient été ils auront été elles eurent été
Temps simples du subjonctif Temps composés du subjonctif
Présent Imparfait Passé Plus-que-parfait
que je sois que je fusse que j’aie été que j’eusse été
que tu sois que tu fusses que tu aies été que tu eusses été
qu’il soit qu’elle fût qu’on ait été qu’il eût été
que nous soyons que nous fussions que nous ayons été que nous eussions été
que vous soyez que vous fussiez que vous ayez été que vous eussiez été
qu’ils soient qu’elles fussent qu’ils aient été qu’ils eussent été

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 107


Conjugaison
A. Former le verbe

Conditionnel présent Conditionnel passé Impératif présent Impératif passé


je serais j’aurais été sois aie été
tu serais tu aurais été soyons ayons été
elle serait il aurait été soyez ayez été
nous serions nous aurions été
vous seriez vous auriez été
elles seraient ils auraient été

AVOIR
Temps simples de l’indicatif
Présent Imparfait Futur Passé simple
j’ai j’avais j’aurai j’eus
tu as tu avais tu auras tu eus
il a elle avait on aura il eut
nous avons nous avions nous aurons nous eûmes
vous avez vous aviez vous aurez vous eûtes
ils ont elles avaient ils auront ils eurent
Temps composés de l’indicatif
Passé composé Plus-que-parfait Futur antérieur Passé antérieur
j’ai eu j’avais eu j’aurai eu j’eus eu
tu as eu tu avais eu tu auras eu tu eus eu
elle a eu il avait eu elle aura eu on eut eu
nous avons eu nous avions eu nous aurons eu nous eûmes eu
vous avez eu vous aviez eu vous aurez eu vous eûtes eu
elles ont eu ils avaient eu elles auront eu ils eurent eu
Temps simples du subjonctif Temps composés du subjonctif
Présent Imparfait Passé Plus-que-parfait
que j’aie que j’eusse que j’aie eu que j’eusse eu
que tu aies que tu eusses que tu aies eu que tu eusses eu
qu’il ait qu’elle eût qu’on ait eu qu’il eût eu
que nous ayons que nous eussions que nous ayons eu que nous eussions eu
que vous ayez que vous eussiez que vous ayez eu que vous eussiez eu
qu’ils aient qu’ils eussent qu’ils aient eu qu’ils eussent eu
Conditionnel présent Conditionnel passé Impératif présent Impératif passé
j’aurais j’aurais eu aie aie eu
tu aurais tu aurais eu ayons ayons eu
elle aurait il aurait eu ayez ayez eu
nous aurions nous aurions eu
vous auriez vous auriez eu
elles auraient ils auraient eu

108 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Conjugaison
A. Former le verbe

ENVOYER
Temps simples de l’indicatif
Présent Imparfait Futur Passé simple
j’envoie j’envoyais j’enverrai j’envoyai
tu envoies tu envoyais tu enverras tu envoyas
il envoie elle envoyait on enverra il envoya
nous envoyons nous envoyions nous enverrons nous envoyâmes
vous envoyez vous envoyiez vous enverrez vous envoyâtes
ils envoient elles envoyaient ils enverront ils envoyèrent
Temps composés de l’indicatif
Passé composé Plus-que-parfait Futur antérieur Passé antérieur
j’ai envoyé j’avais envoyé j’aurai envoyé j’eus envoyé
tu as envoyé tu avais envoyé tu auras envoyé tu eus envoyé
elle a envoyé il avait envoyé elle aura envoyé on eut envoyé
nous avons envoyé nous avions envoyé nous aurons envoyé nous eûmes envoyé
vous avez envoyé vous aviez envoyé vous aurez envoyé vous eûtes envoyé
elles ont envoyé ils avaient envoyé elles auront envoyé ils eurent envoyé
Temps simples du subjonctif Temps composés du subjonctif
Présent Imparfait Passé Plus-que-parfait
que j’envoie que j’envoyasse que j’aie envoyé que j’eusse envoyé
que tu envoies que tu envoyasses que tu aies envoyé que tu eusses envoyé
qu’il envoie qu’elle envoyât qu’on ait envoyé qu’il eût envoyé
que nous envoyions que nous envoyassions que nous ayons envoyé que nous eussions envoyé
que vous envoyiez que vous envoyassiez que vous ayez envoyé que vous eussiez envoyé
qu’ils envoient qu’elles envoyassent qu’ils aient envoyé qu’ils eussent envoyé
Conditionnel présent Conditionnel passé Impératif présent Impératif passé
j’enverrais j’aurais envoyé envoie aie envoyé
tu enverrais tu aurais envoyé envoyons ayons envoyé
elle enverrait il aurait envoyé envoyez ayez envoyé
nous enverrions nous aurions envoyé
vous enverriez vous auriez envoyé
elles enverraient ils auraient envoyé

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 109


Conjugaison
A. Former le verbe

ALLER
Temps simples de l’indicatif
Présent Imparfait Futur Passé simple
je vais j’allais j’irai j’allai
tu vas tu allais tu iras tu allas
il va elle allait on ira il alla
nous allons nous allions nous irons nous allâmes
vous allez vous alliez vous irez vous allâtes
ils vont elles allaient ils iront ils allèrent
Temps composés de l’indicatif
Passé composé Plus-que-parfait Futur antérieur Passé antérieur
je suis allé(e) j’étais allé(e) je serai allé(e) je fus allé(e)
tu es allé(e) tu étais allé(e) tu seras allé(e) tu fus allé(e)
il / elle est allé(e) il / elle était allé(e) il / elle sera allé(e) il / elle fut allé(e)
nous sommes allé(e)s nous étions allé(e)s nous serons allé(e)s nous fûmes allé(e)s
vous êtes allé(e)s vous étiez allé(e)s vous serez allé(e)s vous fûtes allé(e)s
ils / elles sont allé(e)s ils / elles étaient allé(e)s ils / elles seront allé(e)s ils / elles furent allé(e)s
Temps simples du subjonctif Temps composés du subjonctif
Présent Imparfait Passé Plus-que-parfait
que j’aille que j’allasse que je sois allé(e) que je fusse allé(e)
que tu ailles que tu allasses que tu sois allé(e) que tu fusses allé(e)
qu’il aille qu’elle allât qu’il soit allé(e) qu’il / elle fût allé(e)
que nous allions que nous allassions que nous soyons allé(e)s que nous fussions allé(e)s
que vous alliez que vous allassiez que vous soyez allé(e)s que vous fussiez allé(e)s
qu’ils aillent qu’elles allassent qu’ils / elles soient allé(e)s qu’ils / elles fussent allé(e)s
Conditionnel présent Conditionnel passé Impératif présent Impératif passé
j’irais je serais allé(e) va sois allé(e)
tu irais tu serais allé(e) allons soyons allé(e)s
il irait il / elle serait allé(e) allez soyez allé(e)s
nous irions nous serions allé(e)s
vous iriez vous seriez allé(e)s
ils iraient ils / elles seraient allé(e)s

110 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Conjugaison
A. Former le verbe

FAIRE
Temps simples de l’indicatif
Présent Imparfait Futur Passé simple
je fais je faisais je ferai je fis
tu fais tu faisais tu feras tu fis
il fait elle faisait il fera elle fit
nous faisons nous faisions nous ferons nous fîmes
vous faites vous faisiez vous ferez vous fîtes
ils font elles faisaient ils feront elles firent
Temps composés de l’indicatif
Passé composé Plus-que-parfait Futur antérieur Passé antérieur
j’ai fait j’avais fait j’aurai fait j’eus fait
tu as fait tu avais fait tu auras fait tu eus fait
il a fait elle avait fait on aura fait elle eut fait
nous avons fait nous avions fait nous aurons fait nous eûmes fait
vous avez fait vous aviez fait vous aurez fait vous eûtes fait
ils ont fait elles avaient fait ils auront fait elles eurent fait
Temps simples du subjonctif Temps composés du subjonctif
Présent Imparfait Passé Plus-que-parfait
que je fasse que je fisse que j’aie fait que j’eusse fait
que tu fasses que tu fisses que tu aies fait que tu eusses fait
qu’elle fasse qu’il fît qu’elle ait fait qu’on eût fait
que nous fassions que nous fissions que nous ayons fait que nous eussions fait
que vous fassiez que vous fissiez que vous ayez fait que vous eussiez fait
qu’elles fassent qu’ils fissent qu’elles aient fait qu’ils eussent fait
Conditionnel présent Conditionnel passé Impératif présent Impératif passé
je ferais j’aurais fait fais aie fait
tu ferais tu aurais fait faisons ayons fait
il ferait elle aurait fait faites ayez fait
nous ferions nous aurions fait
vous feriez vous auriez fait
ils feraient elles auraient fait

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 111


Conjugaison
A. Former le verbe

DIRE
Temps simples de l’indicatif
Présent Imparfait Futur Passé simple
je dis je disais je dirai je dis
tu dis tu disais tu diras tu dis
il dit elle disait il dira on dit
nous disons nous disions nous dirons nous dîmes
vous dites vous disiez vous direz vous dîtes
ils disent elles disaient ils diront ils dirent
Temps composés de l’indicatif
Passé composé Plus-que-parfait Futur antérieur Passé antérieur
j’ai dit j’avais dit j’aurai dit j’eus dit
tu as dit tu avais dit tu auras dit tu eus dit
elle a dit il avait dit on aura dit elle eut dit
nous avons dit nous avions dit nous aurons dit nous eûmes dit
vous avez dit vous aviez dit vous aurez dit vous eûtes dit
elles ont dit ils avaient dit ils auront dit elles eurent dit
Temps simples du subjonctif Temps composés du subjonctif
Présent Imparfait Passé Plus-que-parfait
que je dise que je disse que j’aie dit que j’eusse dit
que tu dises que tu disses que tu aies dit que tu eusses dit
qu’il dise qu’elle dît qu’on ait dit qu’il eût dit
que nous disions que nous dissions que nous ayons dit que nous eussions dit
que vous disiez que vous dissiez que vous ayez dit que vous eussiez dit
qu’ils disent qu’elles dissent qu’ils aient dit qu’ils eussent dit
Conditionnel présent Conditionnel passé Impératif présent Impératif passé
je dirais j’aurais dit dis aie dit
tu dirais tu aurais dit disons ayons dit
elle dirait on aurait dit dites ayez dit
nous dirions nous aurions dit
vous diriez vous auriez dit
elles diraient ils auraient dit

112 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Conjugaison
A. Former le verbe

PRENDRE
Temps simples de l’indicatif
Présent Imparfait Futur Passé simple
je prends je prenais je prendrai je pris
tu prends tu prenais tu prendras tu pris
il prend elle prenait on prendra il prit
nous prenons nous prenions nous prendrons nous prîmes
vous prenez vous preniez vous prendrez vous prîtes
ils prennent elles prenaient ils prendront ils prirent
Temps composés de l’indicatif
Passé composé Plus-que-parfait Futur antérieur Passé antérieur
j’ai pris j’avais pris j’aurai pris j’eus pris
tu as pris tu avais pris tu auras pris tu eus pris
elle a pris il avait pris on aura pris elle eut pris
nous avons pris nous avions pris nous aurons pris nous eûmes pris
vous avez pris vous aviez pris vous aurez pris vous eûtes pris
elles ont pris ils avaient pris ils auront pris elles eurent pris
Temps simples du subjonctif Temps composés du subjonctif
Présent Imparfait Passé Plus-que-parfait
que je prenne que je prisse que j’aie pris que j’eusse pris
que tu prennes que tu prisses que tu aies pris que tu eusses pris
qu’il prenne qu’on prît qu’elle ait pris qu’il eût pris
que nous prenions que nous prissions que nous ayons pris que nous eussions pris
que vous preniez que vous prissiez que vous ayez pris que vous eussiez pris
qu’ils prennent qu’ils prissent qu’elles aient pris qu’ils eussent pris
Conditionnel présent Conditionnel passé Impératif présent Impératif passé
je prendrais j’aurais pris prends aie pris
tu prendrais tu aurais pris prenons ayons pris
elle prendrait il aurait pris prenez ayez pris
nous prendrions nous aurions pris
vous prendriez vous auriez pris
elles prendraient ils auraient pris

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 113


Conjugaison
A. Former le verbe

POUVOIR
Temps simples de l’indicatif
Présent Imparfait Futur Passé simple
je peux je pouvais je pourrai je pus
tu peux tu pouvais tu pourras tu pus
il peut elle pouvait on pourra il put
nous pouvons nous pouvions nous pourrons nous pûmes
vous pouvez vous pouviez vous pourrez vous pûtes
ils peuvent elles pouvaient ils pourront ils purent
Temps composés de l’indicatif
Passé composé Plus-que-parfait Futur antérieur Passé antérieur
j’ai pu j’avais pu j’aurai pu j’eus pu
tu as pu tu avais pu tu auras pu tu eus pu
elle a pu il avait pu on aura pu elle eut pu
nous avons pu nous avions pu nous aurons pu nous eûmes pu
vous avez pu vous aviez pu vous aurez pu vous eûtes pu
elles ont pu ils avaient pu ils auront pu elles eurent pu
Temps simples du subjonctif Temps composés du subjonctif
Présent Imparfait Passé Plus-que-parfait
que je puisse que je pusse que j’aie pu que j’eusse pu
que tu puisses que tu pusses que tu aies pu que tu eusses pu
qu’il puisse qu’on pût qu’elle ait pu qu’il eût pu
que nous puissions que nous pussions que nous ayons pu que nous eussions pu
que vous puissiez que vous pussiez que vous ayez pu que vous eussiez pu
qu’ils puissent qu’ils pussent qu’elles aient pu qu’ils eussent pu
Conditionnel présent Conditionnel passé Impératif présent Impératif passé
je pourrais j’aurais pu ø ø
tu pourrais tu aurais pu
il pourrait elle aurait pu
nous pourrions nous aurions pu
vous pourriez vous auriez pu
ils pourraient elles auraient pu

114 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Conjugaison
A. Former le verbe

VOIR
Temps simples de l’indicatif
Présent Imparfait Futur Passé simple
je vois je voyais je verrai je vis
tu vois tu voyais tu verras tu vis
il voit elle voyait on verra il vit
nous voyons nous voyions nous verrons nous vîmes
vous voyez vous voyiez vous verrez vous vîtes
ils voient elles voyaient ils verront ils virent
Temps composés de l’indicatif
Passé composé Plus-que-parfait Futur antérieur Passé antérieur
j’ai vu j’avais vu j’aurai vu j’eus vu
tu as vu tu avais vu tu auras vu tu eus vu
elle a vu on avait vu il aura vu elle eut vu
nous avons vu nous avions vu nous aurons vu nous eûmes vu
vous avez vu vous aviez vu vous aurez vu vous eûtes vu
elles ont vu ils avaient vu ils auront vu elles eurent vu
Temps simples du subjonctif Temps composés du subjonctif
Présent Imparfait Passé Plus-que-parfait
que je voie que je visse que j’aie vu que j’eusse vu
que tu voies que tu visses que tu aies vu que tu eusses vu
qu’il voie qu’elle vît qu’il ait vu qu’on eût vu
que nous voyions que nous vissions que nous ayons vu que nous eussions vu
que vous voyiez que vous vissiez que vous ayez vu que vous eussiez vu
qu’ils voient qu’elles vissent qu’ils aient vu qu’ils eussent vu
Conditionnel présent Conditionnel passé Impératif présent Impératif passé
je verrais j’aurais vu vois aie vu
tu verrais tu aurais vu voyons ayons vu
elle verrait il aurait vu voyez ayez vu
nous verrions nous aurions vu
vous verriez vous auriez vu
elles verraient ils auraient vu

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 115


Conjugaison
A. Former le verbe

DEVOIR
Temps simples de l’indicatif
Présent Imparfait Futur Passé simple
je dois je devais je devrai je dus
tu dois tu devais tu devras tu dus
il doit elle devait on devra il dut
nous devons nous devions nous devrons nous dûmes
vous devez vous deviez vous devrez vous dûtes
ils doivent elles devaient ils devront ils durent
Temps composés de l’indicatif
Passé composé Plus-que-parfait Futur antérieur Passé antérieur
j’ai dû j’avais dû j’aurai dû j’eus dû
tu as dû tu avais dû tu auras dû tu eus dû
elle a dû il avait dû elle aura dû on eut dû
nous avons dû nous avions dû nous aurons dû nous eûmes dû
vous avez dû vous aviez dû vous aurez dû vous eûtes dû
elles ont dû ils avaient dû elles auront dû ils eurent dû
Temps simples du subjonctif Temps composés du subjonctif
Présent Imparfait Passé Plus-que-parfait
que je doive que je dusse que j’aie dû que j’eusse dû
que tu doives que tu dusses que tu aies dû que tu eusses dû
qu’il doive qu’elle dût qu’on ait dû qu’il eût dû
que nous devions que nous dussions que nous ayons dû que nous eussions dû
que vous deviez que vous dussiez que vous ayez dû que vous eussiez dû
qu’ils doivent qu’elles dussent qu’ils aient dû qu’ils eussent dû
Conditionnel présent Conditionnel passé Impératif présent Impératif passé
je devrais j’aurais dû dois aie dû
tu devrais tu aurais dû devons ayons dû
elle devrait il aurait dû devez ayez dû
nous devrions nous aurions dû
vous devriez vous auriez dû
elles devraient ils auraient dû

116 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Conjugaison
A. Former le verbe

VOULOIR
Temps simples de l’indicatif
Présent Imparfait Futur Passé simple
je veux je voulais je voudrai je voulus
tu veux tu voulais tu voudras tu voulus
il veut elle voulait on voudra il voulut
nous voulons nous voulions nous voudrons nous voulûmes
vous voulez vous vouliez vous voudrez vous voulûtes
ils veulent elles voulaient ils voudront ils voulurent
Temps composés de l’indicatif
Passé composé Plus-que-parfait Futur antérieur Passé antérieur
j’ai voulu j’avais voulu j’aurai voulu j’eus voulu
tu as voulu tu avais voulu tu auras voulu tu eus voulu
elle a voulu il avait voulu elle aura voulu on eut voulu
nous avons voulu nous avions voulu nous aurons voulu nous eûmes voulu
vous avez voulu vous aviez voulu vous aurez voulu vous eûtes voulu
elles ont voulu ils avaient voulu elles auront voulu ils eurent voulu
Temps simples du subjonctif Temps composés du subjonctif
Présent Imparfait Passé Plus-que-parfait
que je veuille que je voulusse que j’aie voulu que j’eusse voulu
que tu veuilles que tu voulusses que tu aies voulu que tu eusses voulu
qu’il veuille qu’elle voulût qu’on ait voulu qu’il eût voulu
que nous voulions que nous voulussions que nous ayons voulu que nous eussions voulu
que vous vouliez que vous voulussiez que vous ayez voulu que vous eussiez voulu
qu’ils veuillent qu’elles voulussent qu’ils aient voulu qu’ils eussent voulu
Conditionnel présent Conditionnel passé Impératif présent Impératif passé
je voudrais j’aurais voulu veuille aie voulu
tu voudrais tu aurais voulu voulons ayons voulu
elle voudrait il aurait voulu veuillez ayez voulu
nous voudrions nous aurions voulu
vous voudriez vous auriez voulu
elles voudraient ils auraient voulu

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 117


Conjugaison
A. Former le verbe

SAVOIR
Temps simples de l’indicatif
Présent Imparfait Futur Passé simple
je sais je savais je saurai je sus
tu sais tu savais tu sauras tu sus
il sait elle savait il saura on sut
nous savons nous savions nous saurons nous sûmes
vous savez vous saviez vous saurez vous sûtes
ils savent elles savaient ils sauront ils surent
Temps composés de l’indicatif
Passé composé Plus-que-parfait Futur antérieur Passé antérieur
j’ai su j’avais su j’aurai su j’eus su
tu as su tu avais su tu auras su tu eus su
elle a su il avait su on aura su il eut su
nous avons su nous avions su nous aurons su nous eûmes su
vous avez su vous aviez su vous aurez su vous eûtes su
elles ont su ils avaient su ils auront su ils eurent su
Temps simples du subjonctif Temps composés du subjonctif
Présent Imparfait Passé Plus-que-parfait
que je sache que je susse que j’aie su que j’eusse su
que tu saches que tu susses que tu aies su que tu eusses su
qu’elle sache qu’il sût qu’elle ait su qu’on eût su
que nous sachions que nous sussions que nous ayons su que nous eussions su
que vous sachiez que vous sussiez que vous ayez su que vous eussiez su
qu’elles sachent qu’ils sussent qu’elles aient su qu’ils eussent su
Conditionnel présent Conditionnel passé Impératif présent Impératif passé
je saurais j’aurais su sache aie su
tu saurais tu aurais su sachons ayons su
il saurait elle aurait su sachez ayez su
nous saurions nous aurions su
vous sauriez vous auriez su
ils sauraient elles auraient su

118 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Conjugaison
A. Former le verbe

VENIR
Temps simples de l’indicatif
Présent Imparfait Futur Passé simple
je viens je venais je viendrai je vins
tu viens tu venais tu viendras tu vins
il vient elle venait il viendra on vint
nous venons nous venions nous viendrons nous vînmes
vous venez vous veniez vous viendrez vous vîntes
ils viennent elles venaient ils viendront ils vinrent
Temps composés de l’indicatif
Passé composé Plus-que-parfait Futur antérieur Passé antérieur
je suis venu(e) j’étais venu(e) je serai venu(e) je fus venu(e)
tu es venu(e) tu étais venu(e) tu seras venu(e) tu fus venu(e)
il / elle est venu(e) il / elle était venu(e) il / elle sera venu(e) il / elle fut venu(e)
nous sommes venu(e)s nous étions venu(e)s nous serons venu(e)s nous fûmes venu(e)s
vous êtes venu(e)s vous étiez venu(e)s vous serez venu(e)s vous fûtes venu(e)s
ils / elles sont venu(e)s ils / elles étaient venu(e)s ils / elles seront venu(e)s ils / elles furent venu(e)s
Temps simples du subjonctif Temps composés du subjonctif
Présent Imparfait Passé Plus-que-parfait
que je vienne que je vinsse que je sois venu(e) que je fusse venu(e)
que tu viennes que tu vinsses que tu sois venu(e) que tu fusses venu(e)
qu’il vienne qu’il vînt qu’il / elle soit venu(e) qu’il / elle fût venu(e)
que nous venions que nous vinssions que nous soyons venu(e)s que nous fussions venu(e)s
que vous veniez que vous vinssiez que vous soyez venu(e)s que vous fussiez venu(e)s
qu’ils viennent qu’ils vinssent qu’ils / elles soient venu(e)s qu’ils / elles fussent venu(e)s
Conditionnel présent Conditionnel passé Impératif présent Impératif passé
je viendrais je serais venu(e) viens sois venu(e)
tu viendrais tu serais venu(e) venons soyons venu(e)s
il viendrait il / elle serait venu(e) venez soyez venu(e)s
nous viendrions nous serions venu(e)s
vous viendriez vous seriez venu(e)s
ils viendraient ils / elles seraient venu(e)s

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 119


Conjugaison
A. Former le verbe

COURIR
Temps simples de l’indicatif
Présent Imparfait Futur Passé simple
je cours je courais je courrai je courus
tu cours tu courais tu courras tu courus
il court elle courait il courra on courut
nous courons nous courions nous courrons nous courûmes
vous courez vous couriez vous courrez vous courûtes
ils courent elles couraient ils courront ils coururent
Temps composés de l’indicatif
Passé composé Plus-que-parfait Futur antérieur Passé antérieur
j’ai couru j’avais couru j’aurai couru j’eus couru
tu as couru tu avais couru tu auras couru tu eus couru
elle a couru il avait couru on aura couru il eut couru
nous avons couru nous avions couru nous aurons couru nous eûmes couru
vous avez couru vous aviez couru vous aurez couru vous eûtes couru
elles ont couru ils avaient couru ils auront couru ils eurent couru
Temps simples du subjonctif Temps composés du subjonctif
Présent Imparfait Passé Plus-que-parfait
que je coure que je courusse que j’aie couru que j’eusse couru
que tu coures que tu courusses que tu aies couru que tu eusses couru
qu’elle coure qu’il courût qu’on ait couru qu’elle eût couru
que nous courions que nous courussions que nous ayons couru que nous eussions couru
que vous couriez que vous courussiez que vous ayez couru que vous eussiez couru
qu’elles courent qu’ils courussent qu’ils aient couru qu’elles eussent couru
Conditionnel présent Conditionnel passé Impératif présent Impératif passé
je courrais j’aurais couru cours aie couru
tu courrais tu aurais couru courons ayons couru
il courrait elle aurait couru courez ayez couru
nous courrions nous aurions couru
vous courriez vous auriez couru
ils courraient elles auraient couru

120 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Conjugaison
A. Former le verbe

35. Un verbe type : le verbe « écrire »


Temps simples Temps composés Temps simples Temps composés
INDICATIF SUBJONCTIF
Présent Passé composé Présent Passé
j’écris j’ai écrit (que) j’écrive (que) j’aie écrit
tu écris tu as écrit (que) tu écrives (que) tu aies écrit
il écrit elle a écrit (qu’) il écrive (qu’) elle ait écrit
nous écrivons nous avons écrit (que) nous écrivions (que) nous ayons écrit
vous écrivez vous avez écrit (que) vous écriviez (que) vous ayez écrit
ils écrivent elles ont écrit (qu’) ils écrivent (qu’) elles aient écrit
Imparfait Plus-que-parfait Imparfait Plus-que-parfait
j’écrivais j’avais écrit (que) j’écrivisse (que) j’eusse écrit
tu écrivais tu avais écrit (que) tu écrivisses (que) tu eusses écrit
on écrivait elle avait écrit (qu’) il écrivît (qu’) on eût écrit
nous écrivions nous avions écrit (que) nous écrivissions (que) nous eussions écrit
vous écriviez vous aviez écrit (que) vous écrivissiez (que) vous eussiez écrit
ils écrivaient elles avaient écrit (qu’) ils écrivissent (qu’) ils eussent écrit
Passé simple Passé antérieur
j’écrivis j’eus écrit
tu écrivis tu eus écrit
elle écrivit il eut écrit
nous écrivîmes nous eûmes écrit
vous écrivîtes vous eûtes écrit
elles écrivirent ils eurent écrit
Futur simple Futur antérieur
j’écrirai j’aurai écrit
tu écriras tu auras écrit
il écrira elle aura écrit
nous écrirons nous aurons écrit
vous écrirez vous aurez écrit
ils écriront elles auront écrit

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 121


Conjugaison
A. Former le verbe

IMPÉRATIF CONDITIONNEL
Présent Passé Présent Passé
écris aie écrit j’écrirais j’aurais écrit
écrivons ayons écrit tu écrirais tu aurais écrit
écrivez ayez écrit il écrirait elle aurait écrit
nous écririons nous aurions écrit
vous écririez vous auriez écrit
ils écriraient elles auraient écrit
INFINITIF PARTICIPE
Présent Passé Présent Passé
écrire avoir écrit écrivant écrit, écrite / ayant écrit
GÉRONDIF
Présent Passé
en écrivant en ayant écrit

122 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Conjugaison
A. Former le verbe

36. La concordance des temps


I. DÉFINITION

Dans les phrases complexes, l’emploi des temps dans les propositions subordonnées obéit à la règle
de la concordance des temps. Une correspondance doit exister entre le temps utilisé dans la proposition
principale et celui / ceux de la proposition subordonnée.

La concordance des temps permet de placer les événements sur un axe chronologique : c’est la valeur
temporelle des verbes. L’action peut être antérieure ( elle s’est passée avant), simultanée (elle se passe
en même temps que l’action de la principale) ou postérieure (elle se passe après).

II. LE VERBE DE LA SUBORDONNÉE EST À L’INDICATIF

Tu peux lire la fiche 39 sur les


valeurs des temps de l’indicatif.

1. Si le verbe de la proposition principale est au présent ou au futur :

• L’antériorité s’exprime au passé composé, à l’imparfait, au plus-que-parfait.

Exemple : Mathilde pense que Manech a réussi à survivre, elle sent qu’il n’est pas mort.

• La simultanéité s’exprime au présent.

Exemple : Mathilde pense que Manech est toujours vivant.

• La postériorité s’exprime au futur.

Exemple : Mathilde est certaine qu’elle retrouvera son fiancé Manech.

2. Si le verbe de la proposition principale est au passé simple ou à l’imparfait :

• L’antériorité apparaît au plus-que-parfait.

Exemple : Mathilde pensait que Manech avait réussi à survivre, elle sentait qu’il n’était pas mort.

• La simultanéité apparaît au passé simple ou à l’imparfait.

Exemple : Mathilde pensait que Manech était toujours vivant.

• La postériorité apparaît au conditionnel présent.

Exemple : Mathilde était certaine qu'elle retrouverait son fiancé Manech.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 123


Conjugaison
A. Former le verbe

III. LE VERBE DE LA SUBORDONNÉE EST AU SUBJONCTIF.

Tu peux relire la fiche 12 sur les


propositions subordonnées.

1. Si le verbe de la proposition principale est au présent ou au futur :

• L’antériorité s’exprime au passé.

Exemple : Mathilde ne croit pas que son fiancé soit mort.

• La simultanéité et la postériorité s’expriment au présent.

Exemple : Mathilde redoute que quelqu’un lui apprenne la mort de son fiancé.

2. Si le verbe de la proposition principale est au passé simple ou à l’imparfait :

• L’antériorité est au plus-que parfait.

Exemple : Mathilde ne croyait pas que son fiancé fût mort dans les tranchées..

• La simultanéité et la postériorité sont à l’imparfait.

Exemple : Mathilde redoutait que quelqu’un lui apprît la mort de son fiancé.

IV. EXPRIMER UNE HYPOTHÈSE

Le système hypothétique commence par « si » et exprime une supposition.

• Si la subordonnée est au présent de l’indicatif, la principale est au futur de l’indicatif.

Exemple : Si Mathilde s'entête, elle retrouvera son fiancé.

• Si la subordonnée est à l’imparfait de l’indicatif, la principale est au conditionnel présent.

Exemple : Si Mathilde s'entêtait, elle retrouverait son fiancé.

• Si la subordonnée est au plus-que-parfait de l’indicatif, la principale est au conditionnel passé.

Exemple : Si Mathilde s'était entêtée, elle aurait retrouvé son fiancé.

124 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Conjugaison
A. Former le verbe

Concordance des temps

la subordonnée à I'indicatif

verbe de la p. principale au présent ou au futur

passé composé

Antériorité I'imparfait

plus-que-parfait
Simultanéité présent

Postériorité futur

verbe de la p. principale au passé simple ou imparfait

Antériorité plus-que-parfait

passé simple
Simultanéité
I'imparfait

Postériorité conditionnel présent

la subordonnée au subjonctif

verbe de la p. principale au présent ou au futur

Antériorité passé du subjonctif

Simultanéité
présent du subjonctif
Postériorité

verbe de la p. principale au passé simple ou imparfait

Antériorité plus-que parfait du subjonctif

Simultanéité
imparfait du subjonctif
Postériorité

le système hypothétique

P. subordonnée au présent de I'indicatif P. principale au futur de I'indicatif

P. subordonnée à I'imparfait de I'indicatif P. principale au conditionnel présent

P. subordonnée au plus-que parfait de I'indicatif P. principale au conditionnel passé

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 125


Conjugaison
A. Former le verbe

37. Les voix active et passive


I. COMMENT DIFFÉRENCIER LA VOIX ACTIVE ET LA VOIX PASSIVE ?

Une phrase active peut avoir la même signification qu’une phrase passive.

Dans la phrase active, le sujet accomplit l’action exprimée par le verbe.

Exemple : Le chevalier a découvert un secret. (Qui découvre le secret ? Le chevalier.)

Dans la phrase passive, le sujet subit l’action et c’est le complément d’agent qui l’accomplit.

Exemple : Le secret a été découvert par le chevalier. (Qui découvre le secret ? Le chevalier.)

II. QU’EST-CE QU’UN COMPLÉMENT D’AGENT ?

Un complément d’agent complète un verbe à la voix passive. Il représente la personne ou la chose qui
accomplit l’action.

Parfois, on peut ne pas exprimer le complément d’agent.

On peut le faire parce qu’il est évident ou parce qu’on veut créer
une interrogation, du suspense, en ne donnant pas toutes les
informations.

Exemple : Le secret a été découvert par le chevalier.

Comment reconnaître un complément d’agent ?

Le sujet de la phrase de forme active devient complément d’agent dans une phrase de forme passive.
Seuls les verbes passifs peuvent être suivis d’un complément d’agent.

Voix active : Méléagant enferme Lancelot dans une tour.


(sujet) (COD)

Voix passive : Lancelot est enfermé dans une tour par Méléagant.

(sujet) (complément d’agent)

Le complément d’agent, qui indique qui accomplit l’action exprimée par le verbe à la voix passive,
est introduit par les prépositions de ou par.

126 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Conjugaison
A. Former le verbe

Il peut être :

un nom ou un groupe nominal : Tristan est soigné par Iseult, par la fille du roi d’Irlande.

un pronom : Les chants de Tristan étaient appréciés de tous.

une subordonnée relative introduite par ce qui ou ce que : Le roi Marc est surpris par ce qu’il voit.

Attention !

Ne pas confondre le complément d’agent avec le COI (Iseult parle


de Tristan.) ni avec le complément circonstanciel (Les ennemis sont
arrivés par la mer).

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 127


Conjugaison
A. Former le verbe

II. COMMENT PASSE-T-ON DE LA VOIX ACTIVE À LA VOIX PASSIVE ?

Lors de la transformation de la phrase active en phrase passive, le sujet devient complément d’agent
et le COD devient sujet.

Les chevaliers sauvent les plus démunis. Voix active

Passer de la voix active à la voix passive ...les plus démunis.

1 Je repère le C.O.D de ma phrase.


Les plus démunis...
2 Il devient le sujet de ma phrase passive.
Les plus démunis sont sauvés...
3 Je pense à changer la forme verbale.

4 Le sujet de la phrase à la voix active devient mon complément dʼagent, introduit par “de” ou “par”

... par les chevaliers.

Les plus démunis sont sauvés par les chevaliers. Voix passive

III. COMMENT CONJUGUER LES VERBES À LA VOIX PASSIVE ?

Le verbe d’une phrase passive est une forme composée de l’auxiliaire être et du participe passé
du verbe.

Voix active Voix passive


Présent Le suzerain adoube le chevalier. Le chevalier est adoubé par le suzerain.
Imparfait Le suzerain adoubait le chevalier. Le chevalier était adoubé par le suzerain.
Passé composé Le suzerain a adoubé le chevalier. Le chevalier a été adoubé par le suzerain.
Plus-que-parfait Le suzerain avait adoubé le chevalier. Le chevalier avait été adoubé par le suzerain.

Important : Comme tu peux le voir, l’auxiliaire être se conjugue lui-même avec l’aide de l’auxiliaire avoir,
ce qui peut être perturbant.
Présent : il est
Imparfait : il était
Passé composé : il a été
Plus-que-parfait : il avait été...

Malgré la présence de l’auxiliaire avoir, il s’agit bien de l’auxiliaire être, conjugué à un temps composé.

128 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Conjugaison B. Utiliser le verbe

38. La valeur des modes personnels


Il existe sept modes pour conjuguer les verbes. Les modes impersonnels sont l’infinitif, le participe
et le gérondif, les modes personnels sont l’indicatif, le subjonctif, l’impératif et le conditionnel*.

Donner la valeur d’un mode, c’est expliquer


ce qu’il exprime dans la phrase.

I. LES VALEURS DE L’INDICATIF

C’est le mode du réel, le seul mode qui permette de situer les actions dans le temps (passé/présent/
avenir) et les unes par rapport aux autres (antériorité/postériorité). L’énonciateur emploie l’indicatif
quand il croit en ce qu’il dit, même si ce qu’il dit n’est pas nécessairement vrai.

Exemple : Hier, j’ai trouvé un chat égaré. Il reste chez moi ce soir, et demain je contacterai la SPA.

Remarque : Il est possible que le lendemain, il décide de garder le chat, donc il ne contactera pas la SPA,
mais au moment où l’énonciateur dit « Demain, je contacterai le chat », il pense qu’il le fera, c’est pour
cela qu’il emploie l’indicatif.

II. LES VALEURS DU SUBJONCTIF

Le subjonctif est le mode du virtuel, il exprime des actions incertaines, liées à des souhaits ou à des
volontés.

Le subjonctif exprime donc :

• L’ordre, l’interdiction.

Exemple : Qu’il se taise enfin !

• Le souhait.

Exemple : Pourvu qu'il arrive à temps.

• L’indignation ou la surprise.

Exemple : Qu’il soit à l’heure, ça alors !

*Au sujet du mode conditionnel, tu peux lire l’explication à la leçon 31.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 129


Conjugaison
B. Utiliser le verbe

• On trouve également le subjonctif après une négation.

Exemple : Je ne crois pas que ce film soit si mauvais.

Si le verbe de la principale était à la forme affirmative, le verbe de la subordonnée serait à l’indicatif.

Exemple : Je crois que ce film est mauvais.

Pourquoi ? Si le verbe « croire » est à la forme affirmative, l’énonciateur croit que le film est mauvais,
il emploie logiquement l’indicatif pour le dire (est). Mais si le verbe « croire » est à la forme négative,
l’énonciateur ne pense pas que le film soit mauvais, donc il emploie le mode subjonctif pour faire
comprendre qu’il émet un doute sur ce qu’il affirme. (Je sais qu’il est malade. mais Je ne pense pas qu’il
soit malade.)

III. LES VALEURS DE L’IMPÉRATIF

L’impératif est le mode de l’injonction. Il permet d’exprimer :

• Un ordre, un conseil.

Exemple : Soyez bien attentif, et cessez de vous agiter.

• L’interdiction.

Exemple : Ne parlez pas en même temps que moi.

• La condition.

Exemple : Donnez-vous du mal, vous réussirez.

IV. LES VALEURS MODALES DU CONDITIONNEL

Qu’il soit considéré comme un mode ou comme un temps de l’indicatif, le conditionnel a des emplois
modaux, c’est-à-dire des emplois qui ne consistent pas à situer une action dans le temps.

Le conditionnel est le mode


de l’hypothèse.

130 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Conjugaison
B. Utiliser le verbe

Il exprime :

• un fait soumis à une condition.

Exemple : Si nous partions plus tôt, nous pourrions éviter les embouteillages.

• un ordre ou une défense atténués, une demande polie ;

Exemple : Pourriez-vous vous préparer plus vite, s’il vous plaît ?

• la possibilité, la suggestion.

Exemple : Il pourrait faire attention à son écriture.

• un rêve, un souhait.

Exemple : J'aimerais arriver à l’heure !

• un regret.

Exemple : J'aurais dû me réveiller plus tôt.

• l’étonnement dans une phrase exclamative.

Exemple : Vous feriez cela pour moi !

• l’irréel, l’imaginaire.

Exemple : Si j’étais milliardaire, on vivrait dans un palais.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 131


Conjugaison
B. Utiliser le verbe

Indicatif Mode du réel / de ce que croit l'énonciateur

se situer dans le temps

Subjonctif Mode du virtuel

ordre
interdiction
souhait
Valeurs des modes indignation

Impératif Mode de l’injonction

ordre
conseil
interdition
condition

Conditionnel Mode de l’hypothèse

condition
ordre - défense
possibilité, rêve, souhait
regret
étonnement

132 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Conjugaison
B. Utiliser le verbe

39. Les valeurs des temps de l’indicatif


I. LES VALEURS DU PRÉSENT DE L’INDICATIF

• Le présent étendu (ou actuel) :

Il désigne une action ou un état qui va au-delà du moment où l’on s’exprime. Il déborde du moment de
l’énonciation, il dure plus longtemps.

Exemple : Cette année, je suis ma scolarité au CNED. (L’action dure un an.)

Exemple : Je suis grande, j’ai les cheveux longs et les yeux noirs.

• Le présent d’énonciation (ponctuel) :

On l’emploie pour évoquer une action qui se déroule au moment où l’on s’exprime. Cette action ne
dépasse pas (ou très peu) le moment de l’énonciation.

Exemple : Je vous déclare mari et femme. / Au moment où j’écris ces mots, une émotion m’étreint le cœur.

• Le présent de narration :

Il permet de rendre plus vivant un épisode dans un récit au passé ou situé dans le passé. On l’emploie
à la place du passé simple ou de l’imparfait qu’on devrait logiquement employer. Ce présent, dans un
texte au passé, actualise la scène, la rend plus proche du lecteur et la met en valeur.

Exemple : Il avança, s'arrêta, hésita, puis se décida. D'une voix assurée, il prend alors la parole.

• Le présent de vérité générale :

Il exprime des actions ou des états vrais à toutes les époques. On le trouve notamment dans les morales,
les textes explicatifs et les documentaires.

Exemple : Le soleil se lève à l’est et se couche à l’ouest, depuis toujours !

Autres valeurs : Ce sont les compléments qui accompagnent le


verbe qui permettent d’en comprendre la valeur.

• La valeur d’habitude : Tous les matins, il se lève bien trop tôt.


• La valeur de futur proche : Il arrive dans quelques minutes.
• La valeur de passé proche : Il sort de la pièce à l’instant.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 133


Conjugaison
B. Utiliser le verbe

II. LES VALEURS DU FUTUR SIMPLE DE L’INDICATIF

• Situer une action dans l’avenir : Demain, nous irons tous à la piscine.
• Exprimer un ordre, dans une phrase en apparence déclarative ou interrogative à la 2e personne du
singulier et du pluriel : Tu rangeras ta chambre et tu iras au lit.
• Exprimer une action qui dépend d’une condition : S’il pleut, nous rentrerons.

III. LES VALEURS DE L’IMPARFAIT ET DU PASSÉ SIMPLE DE L’INDICATIF

Imparfait Passé simple


• Arrière-plan du récit : • Premier plan du récit :
Il exprime des actions secondaires, tout ce qui Il exprime les actions du récit qui se se
n’est pas l’action principale. détachent, au premier plan, de l’arrière-plan à
l’imparfait.
Il s’emploie pour les descriptions, les portraits,
les commentaires du narrateur. → Le village s’éveillait doucement. Soudain, le
galop d’un cheval se fit entendre et il entra avec
→ Le village s’éveillait à peine quand il déposa
fracas sur la place du marché encore vide.
son baluchon sur les marches de l’église.
• Actions simultanées : • Actions successives :
L’imparfait ne fait pas avancer le récit, car les Le passé simple est le temps idéal pour raconter
actions à l’imparfait ne se succèdent pas, elles se car les actions au passé simple se font l’une
déroulent en même temps, elles sont simultanées. après l’autre, elles sont successives.
→ À cette époque-là, ma sœur jouait du violon, → Il déposa son baluchon sur les marches
tandis que je pratiquais le piano. devant l’église, en sortit un couteau et une
miche de pain dans laquelle il tailla de grosses
tranches. Puis, il les mangea lentement avec un
morceau de fromage.
• Habitude : • Ponctuel :
Il exprime des actions habituelles ou répétitives. Il exprime des actions ponctuelles, inhabituelles.
→ Tous les mercredis, il faisait son tennis. → Un jour, il décida de changer d’activité.
• Inachevé : • Achevé :
Il exprime l’inachevé, c’est-à-dire des actions Il exprime l’achevé, c’est-à-dire des actions
envisagées dans leur durée, en train de se longues ou brèves mais situées dans des limites
dérouler. précises.
→ Il régnait depuis cinquante ans quand l’est du → Il régna cinquante ans, mais mourut d’une
royaume commença à souffrir de la famine. mauvaise grippe.
(Le règne se poursuivait quand la famine éclata.) (Le règne et la mort sont envisagés comme
terminés.)

134 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Conjugaison
B. Utiliser le verbe

IV. LES VALEURS DES TEMPS COMPOSÉS DE L’INDICATIF

A. L’antériorité

Tu peux relire la conjugaison des


temps composés. Va à la fiche 30.

Les temps composés de l’indicatif indiquent qu’une action se passe avant une autre, qu’elle lui est
antérieure.

Antériorité par rapport


Temps composés Exemples
au temps simple
Quand il a terminé sa journée, il se repose.
passé composé présent
action 1 action 2
Quand il avait terminé sa journée, il se reposait.
plus-que-parfait imparfait
action 1 action 2
Quand il eut terminé sa journée, il se reposa.
passé antérieur passé simple
action 1 action 2
Quand il aura terminé sa journée, il se reposera.
futur antérieur futur simple
action 1 action 2

B. Les autres valeurs des temps composés

• Le passé composé :

- est utilisé pour raconter à l’oral. (On n’emploie le passé simple qu’à l’écrit.) On trouve aussi le
passé composé dans tous les textes dont le temps principal est le présent (dialogues, articles de
journaux, poèmes et certains romans).

Exemple : La semaine dernière, Gabriel a vu un bon film.

- exprime l’achevé (une action terminée) par rapport au présent qui exprime l’inachevé (une action
en train de se faire) ;

Exemple : Ils ont bien joué, et le public les admire. (= Ils ont fini de jouer.)

action terminée action non terminée

- dans un récit écrit, le passé composé présente l’action passée comme achevée.

Exemple : Jules Verne a vécu au XIXe siècle.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 135


Conjugaison
B. Utiliser le verbe

• Le futur antérieur :

- peut exprimer une supposition ;

Exemple : Il est absent : il aura manqué son bus. (= il a sans doute manqué son bus.)

- associé à un repère temporel, peut exprimer l’achèvement d’une action dans l’avenir.

Exemple : Bientôt, les hommes auront épuisé les ressources de la Terre.

136 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Conjugaison
B. Utiliser le verbe

Les valeurs des temps de I'indicatif

Le présent

étendu ou actuel
étendu ou actuel
énonciation ou ponctuel
de narration
de vérité générale
à valeur d'habitude
à valeur de futur proche
à valeur de passé proche

Le futur simple

permet de situer une action dans I'avenir.


permet d'exprimer un ordre.
permet d'exprimer une action qui dépend d'une condition.

L'imparfait

arriére-plan du récit / 2ème plan du récit

actions secondaires

descriptions / portraits
actions
valeur simultanées
d'habitude
actions habituelles
valeur d'habitude
actions répétitives
valeur d'inachevé

Alternance dans un récit au passé


actions dans leur durée

Le passé simple

1er plan du récit

actions qui se détachent de l'arrière-plan


et font avancer l'action

actions successives
actions ponctuelles / inhabituelles
valeur d'achevé

actions situées dans des limites précises

Les temps composés

valeur d' antériorité

passé composé

équivaut au passé simple pour I'oral

exprime I' achevé par rapport au présent

futur antérieur

exprime I'achèvement d'une action dans I'avenir.

peut exprimer une supposition

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 137


Conjugaison
B. Utiliser le verbe

40. Utiliser le subjonctif

Le subjonctif est un mode personnel qui exprime une éventualité,


des faits qui peuvent se réaliser ou non. Ce mode change de valeur
selon le type de proposition dans lequel il est utilisé.

I. DANS UNE PROPOSITION INDÉPENDANTE

Il peut exprimer :

• Un ordre ou une interdiction. Exemple : Qu'il se presse un peu pour arriver à l'heure !
• Un souhait. Exemple : Pourvu qu'il fasse beau le jour de notre mariage.
• La surprise. Exemple : Que tu sois là, toi ? Quelle surprise !

II. DANS UNE PROPOSITION RELATIVE

Le subjonctif a différentes valeurs :

• L’incertitude.

Exemple : J'aimerais passer des vacances dans un hôtel qui possède une piscine.

• Le but. Exemple : Y a-t-il quelqu’un qui puisse m’expliquer cette leçon ?


• La conséquence. Exemple : Il n'a visité aucune maison qui lui plaise.
• Après un superlatif. Exemple : C'est le livre le plus intéressant qui soit.

III. DANS UNE PROPOSITION SUBORDONNÉE CONJONCTIVE COMPLÉMENT D’OBJET

On trouve le subjonctif après un verbe exprimant :

• Un sentiment. Exemple : Il se réjouit que tu viennes à son anniversaire.


• Un souhait. Exemple : J'aimerais que les fleurs s’épanouissent toute l’année.
• Un doute , une crainte. Exemple : Je crains que le rosier ne meure.
• Un ordre. Exemple : J'exige que tu éteignes la télévision !
• Une pensée sous forme interrogative. Exemple : Souhaite-t-il que je vienne ?

On le trouve également après un verbe impersonnel comme « falloir ».

138 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Conjugaison
B. Utiliser le verbe

Remarque : Comme tu peux le constater, les verbes au subjonctif, dans ces exemples, évoquent des
actions dont la réalisation n’est pas absolument certaine aux yeux de l’énonciateur. (C’est la grande
différence avec l’indicatif.) Même dans le premier exemple, on sent que le personnage se réjouit parce
qu’il n’était pas sûr que l’interlocuteur vienne. Il avait un doute sur sa venue. Le subjonctif indique ce
doute.

IV. DANS UNE PROPOSITION SUBORDONNÉE CONJONCTIVE CIRCONSTANCIELLE

On trouve le subjonctif dans des compléments circonstanciels :

• de but. Exemple : Le médecin a tout mis en oeuvre pour que son patient guérisse.
• d’opposition, de concession. Exemple : Bien que je sois fâchée contre toi, j’accepte de t’aider.
• de temps. Exemple : Je t'attendrai jusqu’à ce que tu reviennes.
• de condition. Exemple : En supposant qu’il pleuve demain, nous annulerions l’excursion.
• de conséquence. Exemple : Le repas est trop salé pour que je puisse l’apprécier.

• de cause quand celle-ci est niée. Exemple : Ce n’est pas que je veuille vous mettre à la porte, mais il se
fait tard et la nuit va tomber.

Remarque : Comme précédemment, les actions au subjonctif (en gras) ne sont pas certaines ou avérées
aux yeux de l’énonciateur. Seul l’exemple « Bien que je sois fâchée contre toi » échappe à cette vérité
car l’énonciatrice est effectivement fâchée. Alors pourquoi employer le subjonctif ? Pour marquer la
contradiction entre le fait d’être fâchée et d’accepter d’aider celui avec qui elle est fâchée. Le subjonctif
indique que le rapport entre les deux actions est illogique et même contradictoire.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 139


Sommaire
Vocabulaire
41. Chasser les verbes passe-partout
42. Les verbes de parole
43. Le vocabulaire du théâtre
44. Les connecteurs : spatiaux, temporels et logiques
45. Les embrayeurs
46. La modalisation
47. La formation des mots
48. L’origine des mots
49. Le sens des mots
50. Les niveaux de langage
51. Les figures de style
52. Le dictionnaire

140 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Vocabulaire

41. Chasser les verbes passe-partout


Lorsqu’on rédige, notamment lorsqu’il s’agit d’une description, on a
tendance à utiliser majoritairement certains verbes et expressions
comme être, faire, dire, il y a….
Pour enrichir le texte, il est essentiel de diversifier le choix des
verbes en employant des verbes attributifs, ou verbes d’état (comme
devenir, rester, demeurer, avoir l’air, sembler, paraître, passer
pour…) et chasser les verbes passe-partout en utilisant :
- des verbes de perception
- des verbes de mouvement

I. DES VERBES DE PERCEPTION (= RELATIFS AUX CINQ SENS)

Que la description soit faite par un narrateur omniscient (qui sait tout bien qu’étant extérieur à l’histoire)
ou par un narrateur-personnage (qui fait partie de l’histoire), tu peux utiliser des verbes de perception
qui permettront de faire découvrir au lecteur les sentiments et les impressions des personnages. Il fau-
dra utiliser alors le vocabulaire des cinq sens :

• Voir (la vue : perceptions visuelles) :

- avec attention : dévisager – fixer – espionner – examiner – guetter – inspecter – observer –


regarder – scruter – surveiller – toiser – viser…

- avec admiration : admirer – contempler – dévorer des yeux…

- sans pouvoir détacher les yeux : être fasciné – être hypnotisé…

- avec difficulté : apercevoir – deviner – distinguer – entrevoir…

- brutalement : constater – découvrir – remarquer – sauter aux yeux…

- rapidement : jeter un coup d’œil – lorgner – saisir à la dérobée…

• Entendre (l’ouïe : perceptions auditives) :

écouter – ouïr – percevoir – tendre l’oreille – venir aux oreilles…

- un bruit agréable peut : bercer – calmer – caresser – charmer – envoûter – réjouir…

- un bruit désagréable peut : agresser – assourdir – siffler – déchirer les tympans…

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 141


Vocabulaire

• Sentir (l’odorat : perceptions olfactives) :

aspirer – flairer – humer – répandre – renifler – respirer…

- une odeur agréable : embaumer – exhaler – fleurer – humer…

- une odeur désagréable : écœurer – empester – donner la nausée – puer…

• Goûter (le goût : perceptions gustatives) :

se régaler – siroter – avaler – déguster – se délecter – se rassasier – dévorer – croquer…

• Toucher (le toucher : perceptions tactiles) :

chatouiller – tripoter – masser – égratigner – érafler – écorcher…

- avec brutalité : appuyer – saisir – cogner – frictionner – frotter – heurter…

- avec douceur : caresser – câliner – enlacer – flatter…

- avec insistance : palper – pétrir – presser – tâter…

- avec légèreté : effleurer – frôler …

II. DES VERBES DE MOUVEMENT

  S’il est question de décrire un paysage avec expressivité, il faut varier les
verbes selon qu’il s’agit :

• d’éléments verticaux : se dresser – dominer – s’élever – surmonter – surplomber – dégringoler –


descendre – dévaler – glisser – plonger…

• d’éléments horizontaux : barrer l’horizon – courir – se découper – se déployer – s’étendre – s’étirer –


délimiter…

• d’éléments en mouvement : s’agiter – couler – courir – danser – glisser – onduler – tournoyer …

142 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Vocabulaire

42. Les verbes de parole


Il existe de nombreux synonymes aux verbes dire, demander et répondre. Ces verbes de parole
­permettent d’enrichir les propos des personnages en apportant d’importantes nuances de sens.

Les verbes de parole peuvent :

- exprimer un jugement

- exprimer un sentiment

- poser une question

- rapporter un dialogue

- donner une réponse

- continuer le dialogue

- terminer le dialogue

- etc…

Tu peux relire la fiche 15 sur les paroles


rapportées !

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 143


Vocabulaire

Voici les verbes de paroles les plus utiles.

questionner
approuver
interroger
louer
s’enquérir
féliciter
positif demander
juger Poser une
consulter
s’extasier question
sonder
réfuter
dénoncer solliciter
Exprimer un jugement contredire
proposer
reprocher protester
suggérer
accuser Pour s’opposer rétorquer
blâmer répartir
négatif
railer répliquer
Donner une
insinuer réponse
persifler acquiescer
se gausser reconnaître
Pour
approuver avouer
se moquer répondre
railler proposer
La moquerie
ironiser
reprendre
ricaner
renchérir
ronchonner
ajouter
se plaindre La mauvaise humeur
poursuivre
s’élever contre Les verbes de parole
insister
gémir Exprimer des
sentiments intervenir
geindre Continuer le
dialogue relever
supplier Le chagrin
balbutier continuer
se lamenter
bégayer s’obstiner
soupirer
bafouiller encourager
s’emporter
hoqueter persister
sʼénerver La colère
marteler relancer
s’indigner
débiter Prononciation
épeler achever
ânonner couper
hésiter Terminer le interrompre
dialogue
zozoter trancher
bredouiller chuchoter conclure

murmurer
faible susurrer
marmonner
soupirer

Intensité de la voix piailler


s’époumoner
s’égosiller
tonner
forte
rugir
s’esclaffer
vociférer
crier

144 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Vocabulaire

43. Le vocabulaire du théâtre

Le genre

Comédie

Pièce de théâtre qui fait rire le spectateur grâce à de nombreux procédés comiques :
gestes, paroles, caractères et situations des personnages. La comédie se termine
par un dénouement heureux. La comédie est généralement satirique : elle fait rire
en se moquant des défauts des humains et de la société.

Comédie-ballet

Forme de comédie qui comprend des parties chantées et dansées.

Drame

Pièce de théâtre qui mêle des éléments comiques et des éléments tragiques, faisant
passer le spectateur du rire aux larmes. Le drame a généralement un dénouement
malheureux.

Farce

Genre théâtral comique et populaire hérité du Moyen Âge, réputé pour ses
bastonnades, ses grossièretés et ses tromperies.

Tragédie

Pièce de théâtre qui met en scène des personnages de très haut rang (rois, reines,
princes...). Ces protagonistes sont précipités malgré eux vers un destin tragique.
Soumis à la volonté des dieux, ils ne peuvent lutter contre la fatalité qui les conduit
le plus souvent à la mort. Le dénouement de la tragédie est presque toujours
tragique (marqué du sceau de la mort). En assistant, impuissant, à l'accomplissement
de ce destin, le spectateur éprouve de la pitié et de la terreur.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 145


Vocabulaire

L’organisation

Acte

Grande partie d’une pièce de théâtre.


Le nombre d’actes est en général de cinq dans le théâtre classique.
Chaque acte est lui-même divisé en scènes.

Dialogue

Échange entre des personnages d’une pièce de théâtre.

Didascalie
Indication scénique faite par l'auteur. Elle apparaît en italique dans le texte.
Les didascalies permettent au lecteur d'imaginer la mise en scène de la pièce
(décor, costumes, gestes, déplacements, ton des personnages...) Elles sont aussi
utiles au metteur en scène et aux comédiens qui doivent jouer la pièce.
Dramaturge

Auteur de pièces de théâtre


Metteur en scène

Il dirige la mise en scène, les acteurs, toute l’équipe, en respectant ou en


s’éloignant du texte et des intentions initiales de l'auteur. Son rôle est de
transformer un texte en spectacle, de faire incarner le texte par des comédiens.

Monologue

Forme particulière de tirade constituant une scène à elle seule.


Le personnage est seul en scène, il se parle à lui-même et révèle ainsi
ses sentiments et ses pensées aux spectateurs.

Réplique

Texte prononcé sans être interrompu par un même personnage


au cours d’un dialogue. À chaque fois qu'un personnage prend la parole,
il prononce une réplique.

Scène

Division d’un acte. En théorie, une nouvelle scène commence chaque fois
qu’un personnage entre ou sort de la scène.
Espace où jouent les acteurs et que regardent les spectateurs.
Tirade

Longue réplique prononcée d’un trait par le même personnage et adressée


directement à un autre personnage.

146 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Vocabulaire

Les procédés

Aparté
Réplique que le personnage prononce à voix basse. Le comédien, lui,
la prononce à voix haute pour que tout le public l'entende.
Par convention théâtrale, les autres personnages ne l’entendent pas,
alors que le public l’entend. Le mot « aparté » est masculin (un aparté).
Coup de théâtre

Rebondissement inattendu de l’intrigue qui permet souvent de la


faire progresser ou même de la dénouer.
Stichomythie

Partie de dialogue d’une pièce où se succèdent de courtes répliques,


de longueur à peu près égale, produisant un effet de rapidité.
Elle s’oppose ainsi à la tirade.
Quiproquo

Méprise : un personnage est pris pour un autre.

L’action

Dénouement

Dernières scènes d’une pièce : moment où l'intrigue se


dénoue, trouve une issue et instaure un ordre nouveau.

Exposition

Début de la pièce qui délivre aux spectateurs les informations essentielles


pour comprendre la situation des personnages au lever du rideau et qui met
en place l'intrigue.
Elle s'étend généralement de la première scène à tout le premier acte.

Intrigue

Suite d’événements et d’actions qui constituent le fil directeur de la pièce de théâtre.

Noeud de l'action

Point culminant de l’intrigue où aucune solution


ne semble possible.

Péripétie

Événement inattendu qui modifie et fait avancer l’intrigue.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 147


Vocabulaire

44. Les connecteurs : spatiaux, temporels


et logiques
I. DÉFINITION

Les connecteurs sont des mots invariables, des outils qui relient des propositions ou des phrases
entre elles.

Exemple : « Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais
il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout… » (Antigone,
Jean Anouilh)

On se sert également des connecteurs pour commencer des paragraphes.

Tu peux lire la fiche 54 : « construire


des paragraphes ».

II. LES CONNECTEURS SPATIAUX

Les connecteurs spatiaux sont très utiles dans les descriptions et les portraits, car ils permettent
de situer des éléments dans l’espace.

Exemple : « Au fond de la chambre, toute droite, mais ses pieds ne touchant pas le sol, Jocaste était là,
qui nous regardait, pendue à son écharpe rouge… » (Œdipe ou le roi boiteux, Jean Anouilh)

148 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Vocabulaire

Les principaux connecteurs spatiaux sont :

ici

devant*

derrière*

dessus* - adverbes

dessous* au-dessus de
partout en dessous de
à gauche à droite de
à droite à gauche de
Connecteurs spatiaux
en haut de
à groupes
- en bas de
prépositionnels
dans
au milieu de
par
par-dessus
vers - prépositions
à travers
sur
en face de
sous
près de
contre

Les mots signalés par une astérisque sont soit des adverbes soit des prépositions, cela dépend de leur
emploi dans la phrase.

Exemple : Devant la porte, Antigone hésite et se retourne. « Devant » introduit le groupe nominal « la
porte », c’est une préposition.

Exemple : Antigone marche devant. « Devant » n’introduit rien, c’est un adverbe.

III. LES CONNECTEURS TEMPORELS

Les connecteurs temporels permettent d’établir une chronologie, de situer des événements dans
le temps. Ils sont donc particulièrement utiles pour organiser les passages narratifs.

Exemple : « Et, depuis que ce rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse vertigineuse de
sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à
la regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir. » (Antigone, Jean Anouilh)

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 149


Vocabulaire

Les principaux connecteurs temporels sont :

avant
après
puis
ensuite
enfin

au moment où groupes soudain


-
à l’instant où prépositionnels finalement
adverbes -
tout à coup
quand aujourd’hui
Connecteurs temporels
lorsque hier
depuis que demain
conjonctions de
avant que - depuis
subordination
après que pendant
pendant que d’abord
en même temps que
alors que
tandis que

IV. LES CONNECTEURS LOGIQUES

Un connecteur logique est aussi appelé connecteur argumentatif. Il permet d’exprimer un raisonnement,
de structurer les idées. On le trouve en début de paragraphe, mais aussi entre les phrases ou
les propositions.

Exemple : « Mais cependant, mon fils, tu meurs si je n’arrête / Le fer que le cruel tient levé sur ta tête. »
(Andromaque, Racine)

150 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Vocabulaire

Les principaux liens logiques exprimés par les connecteurs argumentatifs sont :

c’est-à-dire

autrement dit
cependant
en d’autres termes Adverbes La reformulation
en revanche
bref
pourtant
en résumé Adverbes
par contre

de plus néanmoins

puis au contraire

en outre Adverbes mais


L’opposition Conjonctions de
de surcroît or
coordination
ni
ensuite
L’énumération
et alors que
Conjonctions de
ni coordination Conjonctions de tandis que
subordination
Conjonctions de quoique
ainsi que
subordination Connecteurs bien que
logiques
en conclusion
en somme en effet

finalement Adverbes comme


Adverbes par
enfin
La conclusion
en définitive grâce à

Conjonctions de à cause de
donc La cause
coordination Conjonctions de
car
coordination
aussi parce que
alors Conjonctions de puisque
ainsi Adverbes subordination
attendu que
par conséquent étant donné que
d’où
La conséquence
Conjonctions de
donc
coordination
si bien que
Conjonctions de
de sorte que
subordination
en sorte que

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 151


Vocabulaire

45. Les déictiques


Les déictiques sont tous les mots ou groupes de mots qui n'ont
de sens que par la situation d'énonciation dans laquelle l'énoncé
auquel ils appartiennent est produit.
Par exemple, dans la phrase : « Maintenant, tu viens ici ! », si on ne
connaît pas la situation d’énonciation, on ne peut pas savoir qui est
« tu » (un humain, un animal ? ), quel lieu est désigné par l’adverbe
« ici », ni à quel moment fait référence l’adverbe « Maintenant ». Ces
mots sont des déictiques.

I. LES DÉICTIQUES DE PERSONNE

Ce sont les déictiques qui marquent :

- la présence de l’énonciateur (= émetteur) : les pronoms personnels de la 1re personne (je, nous),
des GN (groupes nominaux) comportant un déterminant possessif de la 1re personne (mon, notre…),
les pronoms possessifs de la 1re personne (le mien, les nôtres…) et certains termes relationnels ou
affectifs pour lesquels un déterminant possessif de la 1re personne est sous-entendu.

Exemple : J’ai téléphoné hier à Grand-père. (= à mon grand-père)

- la présence du destinataire (= récepteur) : les pronoms personnels de la 2e personne (tu, vous),


des GN comportant un déterminant possessif de la 2e personne (ton, votre…), les pronoms possessifs
de la 2e personne (le tien, les vôtres…), les apostrophes.

Exemple : Gabriel, il est l’heure de rentrer.

- à la fois la présence de l’énonciateur et du destinataire : certains termes relationnels ou affectifs,


le mode impératif.

Exemple : Maman (= la nôtre) a téléphoné pour nous avertir.

II. LES DÉICTIQUES SPATIAUX

Ils marquent les circonstances de lieu de l’énonciation :

- certains adverbes ou locutions adverbiales de lieu (ici, là-bas…), certains GN compléments


­circonstanciels de lieu, les présentatifs voici et voilà.

Exemple : Assieds-toi à ma gauche.

- les GN comportant un déterminant démonstratif quand l’énonciation s’accompagne d’un geste


de l’énonciateur.

Exemple : Je préfère cette robe-là.

152 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Vocabulaire

III. LES DÉICTIQUES TEMPORELS

Ils marquent les circonstances de temps de l’énonciation :

- certains adverbes ou locutions adverbiales de temps (actuellement, demain, hier…), certains


GN ­compléments circonstanciels de temps (en ce moment, depuis une semaine…).

Exemple : Il est venu nous voir le mois dernier.

- le temps des verbes (présent d’énonciation, futur simple, passé composé).

Exemple : Nous visiterons la Normandie cet été.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 153


Vocabulaire

46. La modalisation
I. DÉFINITION

Quand un narrateur modalise son propos, c’est qu’il veut donner


son avis, ou nuancer son propos par l’expression d’un sentiment.

Il manifeste ainsi sa subjectivité, et peut mettre à distance ce qu’il affirme, ou au contraire montrer une
très forte adhésion. La modalisation permet aussi de marquer un degré plus ou moins fort de certitude.

II. LES MOYENS


A Le vocabulaire exprimant le degré de certitude :
- Des adverbes : peut-être, sans doute, sans aucun doute, probablement, certainement, à coup sûr…

Exemple : Sans doute Alphonse était-il ivre quand il a vu bouger la statue.

- Des adjectifs qualificatifs : évident, sûr, certain, probable, possible…

Exemple : Il est possible que la statue se soit vengée.

- Des verbes : devoir, pouvoir, sembler, paraître, prétendre, affirmer, ignorer, croire

Exemple : M. Alphonse doit arriver pour dîner, mais il peut avoir eu un problème.

- Des expressions : à mon avis, selon moi, selon les sources, d’après moi…

Exemple : Selon moi, la statue se serait animée la nuit venue.

B La conjugaison
- Le mode* conditionnel atténue les propos, et marque l’hypothèse, l’incertitude.

Exemple : La Vénus tuerait par amour.

- Le futur antérieur peut exprimer une supposition.

Exemple : La mariée aura été frappée de folie.

*Au sujet du « mode » conditionnel, tu peux lire les explications de la fiche 31.

154 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Vocabulaire

C Les signes typographiques


- Des guillemets mettent à distance une expression pour montrer le désaccord.

Exemple : Et voilà qu’il se prend pour un « écrivain » !

- À l’inverse, les lettres majuscules montrent que l’on souligne vigoureusement un mot pour insister
dessus.

Exemple : M. Alphonse était TRÈS ivre le soir de son mariage.

D Les types de phrase


- La phrase exclamative permet d’exprimer une émotion.

Exemple : La Vénus aura rejeté la pierre à ses agresseurs !

- La phrase interrogative peut également exprimer un sentiment, comme la réprobation dans l’exemple
suivant.

Exemple : Voulez-vous qu’il fasse un mariage sans amour ?

E Les figures de style


Certaines figures de style, comme l’ironie ou l’antiphrase, l’hyperbole et la gradation.

Exemple : Le narrateur pense qu’Alphonse fera un mari parfait, merveilleux, exceptionnel !

Tu peux lire la fiche 51 sur


les figures de style.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 155


Vocabulaire

47. La formation des mots


Le mot est la plus petite unité de sens. En français, il existe trois sortes de mots : les mots simples,
les mots dérivés, et les mots composés.

I. LES MOTS SIMPLES

Ces mots sont constitués d’une seule partie, appelée « radical », et ils ne peuvent pas être décomposés
en unités de sens plus petites.

Exemple : un héros – un chien – voir…

II. LES MOTS DÉRIVÉS

On dit que les mots sont construits par dérivation, lorsqu’on ajoute à un radical, élément minimal
qui contient le sens principal du mot, des préfixes et des suffixes (= affixes).

A La dérivation propre
Cela consiste à former un mot en rajoutant un préfixe ou un suffixe au radical, parfois les deux.

Le préfixe est situé avant le radical : re/porter

Le suffixe est situé après le radical : hardi/esse

a. Le préfixe

On appelle préfixe l’élément qui vient se placer avant un radical. Le préfixe ne change pas la nature
grammaticale du mot mais sa signification. Il présente des sens variés.

Exemple : dépoter / rempoter : Ces deux mots sont de même classe grammaticale (verbes). Les préfixes
modifient le sens du radical : « dépoter » signifie enlever une plante du pot, « rempoter » signifie remettre la
plante dans un pot.

b. Le radical

C’est la partie du mot qui est commune à tous les mots de la même famille.

Exemple : grand est le radical de agrandir, grandeur, agrandissement, grandement, grandet, grandiose...

c. Le suffixe

Le suffixe est l’élément placé après le radical : il modifie le sens du mot et peut modifier sa classe
grammaticale.

Exemple : jardiner / jardinage / jardinier : le premier est un verbe, le 2e un nom commun et le 3e est un nom
commun ou un adjectif qualificatif. Tous les trois ont des sens différents.

156 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Vocabulaire

B La dérivation impropre
Cela consiste à changer la nature d’un mot pour créer un nouveau mot.

Exemple : Le verbe dîner a été précédé d’un déterminant et est aussi devenu un nom : le dîner.

III. LES MOTS COMPOSÉS

Rendez-vous fiche 20 pour le pluriel des noms


composés.

A La composition simple
Il s’agit de prendre des mots simples existant déjà dans la langue française et de les relier. Ainsi reliés,
ils forment un mot nouveau qui désigne une autre réalité.

• par collage : un portemanteau

• par une préposition : une pomme de terre

• par un trait d’union : un mille-pattes

B La composition savante
Cette fois-ci, on prend deux éléments grecs ou latins et on les réunit :

• par collage : la chronologie (chrono- + -logie)

• par un trait d’union : une gastro-entérite (gastro + entérite)

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 157


Vocabulaire

IV. PRINCIPAUX PRÉFIXES ET SUFFIXES ISSUS DU GREC ET DU LATIN

aberrant
ab-
loin de - absent
abs- ...
antérieur
ante- - avant - antédiluvien
...
bicolore
bis- - deux - bicyclette
...

in- incohérent
illogique
Les préfixes - il-
négation / contraire - irrespectueux
ir-
immobile
im- ...
incorporer
in-
dans - immerger
im-
...
multicolore
multi- - plusieurs - multiplier
Les éléments latins ...
omniprésent
omni- - tout - omnibus
...

filiforme
-forme - qui a la forme - multiforme
...
Les suffixes -
omnivore
-vore - qui se nourrit - carnivore
...

158 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Vocabulaire

anormal
a-
négation / privation averbal
an-
...

périscope

Les préfixes péri- autour périphérique

...

polygone

Les éléments grecs poly plusieurs polysémie

...

Les suffixes

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 159


Vocabulaire

48. L’origine des mots

Il ne faut pas confondre l’origine des mots (= d’où ils viennent)


et leur formation (= comment ils sont composés). L’étymologie
d’un mot, est l’étude de son origine, de son histoire.
Les mots français viennent d’un fonds primitif et de mots empruntés.

I. LE FONDS PRIMITIF

De nombreux mots viennent d’un fonds ancien, qui s’est formé à partir des invasions et des échanges
entre les peuples.

- Le celtique est parlé par les Gaulois.

Exemple : chêne, ruche, charrue, bouleau, sillon, chemin…

- Le germanique a été apporté par les Francs.

Exemple : franc, guerre, bourg, honte, riche, robe, jardin…

- Le latin est parlé en Gaule à la fin de l’Empire romain.

Exemple : cheval, eau, peur, femme…

Ces langues se sont mélangées et ont évolué pendant des siècles pour devenir au IXe siècle la langue
romane, appelée également ancien français.

II. LES EMPRUNTS AU GREC ET AU LATIN

Si le roman était la langue populaire, les savants et les lettrés du Moyen Âge utilisaient toujours le grec
et le latin pour écrire. C’est ainsi que ces deux langues ont continué à enrichir le français. C’est ce qu’on
appelle des mots de formation savante.

Du grec, nous avons hérité de mots comme apostrophe, économie, politique, mythe…
Le cas du latin est plus complexe. Certains mots sont empruntés directement, sans ­changer
d’orthographe : aquarium, agenda, lavabo, minimum, omnibus, memento. D’autres ont poursuivi leur
évolution, et parfois des doublets se sont créés, c’est-à-dire qu’un même mot latin a donné deux mots
en français. C’est le cas des doublets : hôtel/ hôpital (hospitale), avoué/avocat, pitié/piété, raide/rigide,
écouter /ausculter…

160 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Vocabulaire

III. LES EMPRUNTS AUX LANGUES ÉTRANGÈRES

Ces mots sont empruntés à une langue étrangère et placés tels quels, sans modification, dans la langue
française.

- L’anglais.

Exemple : match, sport, sandwich, tunnel, casting, record, comité…

- L’italien.

Exemple : spaghetti, balcon, carnaval, pantalon, soldat, crédit, solfège, opéra, banque…

- L’espagnol.

Exemple : paella, camarade, cigare, vanille, abricot, moustique, chocolat, sieste…

- L’arabe.

Exemple : chiffre, alchimie, alcool, zéro, sirop, zouave, hasard, gazelle, matelas…

- L’allemand.

Exemple : képi, trinquer, valse, bière, accordéon, chenapan, choucroute, espiègle…

- Le russe.

Exemple : mammouth, samovar, steppe, cosaque…

Celtique Vers - 700 avant JC


Fonds primitif Latin Invasions romaines : -120 avant JC
Germanique Invasions germaniques : 300 après JC

Origines du Latin et grec Moyen Âge


français Arabe Moyen Âge
Italien XVIe siècle
Emprunts Allemand XVIe siècle
Espagnol XVIe siècle
Russe XVIe siècle
Anglais et américain XVIe siècle

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 161


Vocabulaire

49. Le sens des mots


Les différents sens d’un mot

Polysémie

Un mot est susceptible d’accepter


plusieurs sens. C’est ce que l’on appelle
la polysémie.
Loup

sens 1 : mammifère carnivore sauvage de la famille du chien


sens 2 : demi-masque porté au carnaval
sens 3 : poisson marin vorace
Champ sémantique

Ensemble des différents sens d’un mot.


But

Mon but est de réussir, (= objectif)


Gabriel vient de marquer un but. (= point marqué)
Sens propre

Le sens propre est le sens premier, le


sens le plus concret du mot : il désigne
une réalité.
Âne
Un mot peut posséder un sens
propre, mais aussi un ou des sens
petit animal domestique de la famille du cheval figurés. Pour expliquer le sens d’un
Sens figuré mot dans un texte, il faut toujours
prendre en compte le contexte dans
lequel il apparaît.
Le sens figuré est une signification
dérivée, plus imagée, que le mot prend
par comparaison avec le sens premier.
Âne

personne ignorante et sotte

162 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Vocabulaire

Les relations entre les mots

Antonymes

Mots de sens contraire mais de même nature.


entrée ≠ sortie
Synonymes

Mots de sens proche et de même nature.


Ils peuvent varier selon le niveau de langue.

une histoire plaisante, drôle, marrante


Paronymes

Mots qui se prononcent presque de la même façon.

un désert / un dessert

illuminer / éliminer
Champ lexical

Ensemble des mots qui, dans un texte, se rapportent à un même thème ou à une même idée.
Champ lexical de la “guerre”

Les soldats grecs attaquèrent les Troyens hostiles.


Après une longue offensive contre les remparts de la ville,
le combat au corps à corps commença

Mots génériques

Leur sens englobe toute une catégorie de personnes, d’animaux et d’objets.


Ils évitent les répétitions et annoncent le thème principal d’une description.

“Félin” englobe “chat”, “tigre”, “lion”, “panthère”...


Homonymes

Mots ayant la même prononciation (homophones) ou la même orthographe (homographes).


L’encre du stylo / L’ancre du navire

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 163


Vocabulaire

50. Les niveaux de langage

I. DÉFINITION

En fonction des personnes à qui l’on parle, on n’utilise pas le même


langage. Les mots et expressions varient aussi selon le moment,
l’endroit, l’humeur de l’énonciateur.

Il existe ainsi trois manières de s’exprimer que l’on appelle niveaux


de langage, ou registres de langue.

II. LE NIVEAU DE LANGUE COURANT

Exemple : « Je n’ai pas l’habitude d’écrire. Je ne sais pas. J’aimerais bien écrire une tragédie ou un sonnet
ou une ode, mais il y a les règles. Ça me gêne. […] Tout ça c’est déjà bien mal écrit. Enfin. En tout cas, j’ai vu
aujourd’hui quelque chose que je voudrais bien coucher par écrit. »
(« Maladroit », Exercices de Style, Queneau)

Le langage courant est celui de la langue de tous les jours, il n’est ni fautif, ni recherché.

- Dans ce registre, la grammaire est bien utilisée, sans fautes, mais sans recherche.

- Le vocabulaire est correct, il n’est pas difficile à comprendre.

- On conjugue souvent les verbes au passé composé, présent, imparfait de l’indicatif.

- Les phrases verbales sont courtes, avec un ou deux verbes conjugués.

- À l’oral, la prononciation est correcte.

III. LE NIVEAU DE LANGUE SOUTENU

Exemple : « C’était aux alentours d’un juillet de midi. Le soleil dans toute sa fleur régnait sur l’horizon
aux multiples tétines. L’asphalte palpitait doucement, exhalant cette tendre odeur goudronneuse qui donne
aux cancéreux des idées à la fois puériles et corrosives sur l’origine de leur mal. Un a­ utobus à la livrée verte
et blanche, blasonné d’un énigmatique S, vint recueillir du côté du parc ­Monceau un petit lot favorisé
de candidats voyageurs aux moites confins de la dissolution sudoripare. »
(« Précieux », dans Exercices de Style, Queneau)

164 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Vocabulaire

Ce niveau de langage est celui d’un écrit littéraire, ou des discours officiels :
- La grammaire est respectée de façon stricte.

- Le vocabulaire recherché ou spécialisé, des termes techniques ou très littéraires sont utilisés.
Les figures de style sont privilégiées.

Exemple : « L’asphalte palpitait doucement, exhalant cette tendre odeur goudronneuse qui donne
aux ­cancéreux des idées à la fois puériles et corrosives sur l’origine de leur mal. »
- Certains temps rares sont préférés, comme le passé simple, ou l’imparfait du subjonctif.

Exemple : « Un autobus à la livrée verte et blanche […] vint recueillir du côté du parc Monceau un petit lot
favorisé de candidats voyageurs. »
- Les phrases verbales sont généralement à plusieurs verbes, de construction complexe.

Exemple : « L’asphalte palpitait doucement, exhalant cette tendre odeur goudronneuse qui donne
aux ­cancéreux des idées à la fois puériles et corrosives sur l’origine de leur mal. »

- À l’oral, la prononciation est très claire et les liaisons sont marquées.

IV. LE NIVEAU DE LANGUE FAMILIER

Exemple : « Moi, je ne sais pas ce qu’on me veut. Oui, j’ai pris l’S vers midi. Il y avait du monde ? Bien sûr,
à cette heure-là. Un jeune homme avec un chapeau mou ? C’est bien possible. Moi, je n’examine pas les gens
sous le nez. Je m’en fous. »
(« Ignorance », dans Exercices de Style, Queneau)

Le langage familier est celui de l’oral, quand il est utilisé dans un texte, c’est dans le but d’imiter
la parole orale et de le rendre plus vivant.
- La grammaire est parfois incorrecte. Par exemple, on redouble ou supprime le sujet, on oublie
l’adverbe de négation ou on remplace le pronom « nous » par le pronom « on ».

Exemple : « Moi, je ne sais pas ce qu’on me veut. »


- Le vocabulaire est relâché, voire vulgaire.

Exemple : « Je m’en fous. »


- On utilise les mêmes temps que dans le registre courant : présent, passé composé, imparfait.

Exemple : « Oui, j’ai pris l’S vers midi. »


- Les phrases verbales sont courtes et on peut également trouver des phrases non-verbales.

Exemple : « Un jeune homme avec un chapeau mou ? »

- À l’oral, les questions sont posées sans inverser le sujet, avec une interrogation montante. Il arrive
aussi que l’on ne prononce pas toutes les syllabes des mots.

Exemple : « Il y avait du monde ? »

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 165


Vocabulaire

51. Les figures de style

Une figure de style est un procédé d’écriture destiné à rendre un propos, une idée, plus expressifs.

Les figures de style sont très nombreuses et peuvent se regrouper en fonction du lien qu’elles
­établissent entre les mots. Elles sont très utilisées dans la poésie et l’argumentation.

Tu peux lire les fiches 68 sur la fable et 71


sur la poésie engagée.

I. LES FIGURES PAR RESSEMBLANCE

Ce sont des figures par analogie. Elles établissent un rapport de ressemblance entre les deux éléments
que sont le comparé et le comparant.

Exemples Définitions
La faucheuse. (= la mort) Représentation concrète (une balance)
Allégorie
La balance. (=la justice) d’une idée abstraite (la justice).
« Le poète est semblable au prince des Elle met en relation deux éléments
Comparaison nuées. » de manière explicite grâce à un
Baudelaire, « L’Albatros » ­mot-outil : comme, semblable à, tel que…
Elle met en relation deux éléments de
« Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux
­ anière implicite. Elle est une comparaison
m
Métaphore orage ».
sans mot-outil. Si la métaphore se poursuit
Baudelaire, « L’Ennemi »
dans le texte, on parle de métaphore filée.
Il brandit son fer. (= son épée) Elle désigne un objet ou une ­personne
Socrate a bu la mort. (= le poison qui l’a tué) par un élément qui lui est lié et permet
Métonymie Je bois un verre de vin. de remplacer un terme par un autre
Un Poilu de la guerre de 14-18 avec lequel il a un lien logique (une
Le trône de France a été renversé. ­partie pour le tout…)
Succession de deux groupes de mots
« Innocents dans un bagne, anges dans un de même construction. (ici, adjectif
Parallélisme enfer, Ils travaillent. » ­qualificatif + CC Lieu)
Hugo, « Melancholia »

166 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Vocabulaire

Exemples Définitions
Elle remplace un mot par un
Le Siècle des Lumières
Périphrase groupe de mots qui en évoque une
(= Le XVIIIe siècle)
caractéristique.
« La rue assourdissante autour de moi
Elle attribue à un objet, un animal ou
Personnification hurlait. »
une idée des caractéristiques humaines.
Baudelaire, « À une passante »

II. LES FIGURES PAR OPPOSITION

« Je vis, je meurs ; je me brûle et Elle rapproche deux termes ou deux


Antithèse me noie ; » expressions qui s’opposent.
Louise Labbé, Recueil (vivre ≠ mourir / se brûler ≠ se noyer)
Elle suggère le contraire de ce qu’elle
affirme : dans cet exemple, l’expression
signifie qu’il n’y a pas de rapport de
confiance. C’est le contexte ou le ton
Antiphrase « Eh bien ! La confiance règne ! »
(ponctuation) ou l’exagération (vocabu-
laire) qui permettent de déceler l’anti-
phrase. L’antiphrase est une figure de
l’ironie.
Elle associe deux termes opposés dans
« Cette obscure clarté qui tombe
le même groupe grammatical (obscure
Oxymore des étoiles. »
≠ clarté). Ainsi associés, ces deux
Corneille, Le Cid (IV, 3)
termes désignent la même réalité.

III. LES FIGURES PAR ATTÉNUATION

Elle consiste à utiliser un mot (ou une


expression) faible ou imagé(e) pour
Euphémisme « Il est parti pour un monde meilleur. »
adoucir une réalité pénible. (Ici, partir
signifie mourir).
Elle consiste à faire une atténuation
apparente pour, en fait, renforcer
le propos. Elle peut consister à nier
« Va, je ne te hais point ! »
Litote le contraire de ce que l’on pense. Dire
Corneille, Le Cid (III, 4)
« C’est pas mal » au lieu de « C’est
bien. » ou « Je ne te hais point. » au
lieu de « Je t’aime. »

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 167


Vocabulaire

IV. LES FIGURES PAR EXAGÉRATION

Succession de termes plus ou moins


« Je me meurs ; je suis mort ; je suis
Énumération / synonymes pour renforcer une
enterré. »
Accumulation ­caractéristique.
Molière, L’Avare, (IV, 7)
(me meurs / mort / enterré)
Exagération d’une caractéristique, par
« Il n’avait pas UN camarade
un superlatif, des adverbes ­d’intensité,
Hyperbole Mais des millions et des millions »
une indication de nombre ou un
Eluard, « Avis »
­synonyme de sens plus fort.

V. LES FIGURES PAR INSISTANCE

« Sur mes cahiers d’écolier


Sur mon pupitre et les arbres Répétition d’un mot ou d’une même
Anaphore Sur le sable sur la neige construction en début de vers ou de
J’écris ton nom » phrases.
Eluard, « Liberté »
Elle consiste en la répétition d’un son
« Pour qui sont ces serpents qui sifflent
consonantique, à l’intérieur d’un même
Allitération sur vos têtes ? »
vers ou d’une même phrase. Ici, le son
Racine, Andromaque (V, 5)
[s] est produit par les consonnes s et c.
Elle consiste en la répétition d’un même
son vocalique (produit par une voyelle
« Je fais souvent ce rêve étrange et associée, ou non, à une consonne) à
Assonance pénétrant » l’intérieur d’un même vers ou d’une
Verlaine, « Mon rêve familier » même phrase. Les sons a / e-eu-oeu / é-
è-ê-ai-ei / i-y / o-au-eau / u / ou / an-en
/ on-om / ein-ain-un... sont vocaliques.
« C’est un roc, c’est un pic, c’est cap, » Énumération de termes de plus en plus
Gradation Edmond Rostand, forts.
Cyrano de Bergerac (I, 4) (roc < pic < cap)

168 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Vocabulaire

52. Le dictionnaire
I. LES DIFFÉRENTS TYPES DE DICTIONNAIRES

Les dictionnaires d’usage sont ceux qu’on utilise pour chercher l’orthographe ou la définition d’un mot.
Ils nous renseignent aussi sur la classe grammaticale (= nature) de ce mot.

Les dictionnaires des synonymes (mots de même sens) et des antonymes (mots de sens contraire)
­permettent de varier le vocabulaire des textes.

Les dictionnaires étymologiques permettent de connaître l’origine d’un mot et sa transformation au fil
des siècles.

Enfin, quand on étudie une langue étrangère, il est utile de consulter des dictionnaires bilingues afin de
travailler la traduction.

II. UN ARTICLE DE DICTIONNAIRE

Dans un article de dictionnaire, on trouve :

• le mot recherché, rangé dans l’ordre alphabétique.

• la prononciation du mot qui est indiquée en A.P.I. (alphabet phonétique international) entre crochets.

• la nature et le genre du mot recherché.

• les différents sens du mot.

• des exemples en italique.

• des expressions courantes dans lesquelles on trouve ce mot.

Nature Genre
Sens

Mot recherché Loup n. m. 1. Animal sauvage à museau


pointu qui ressemble à un gros chien et se
nourrit de viande. → aussi louve, louveteau.
→ planche Montagne. Les loups vivent en meute. Exemple
– Avoir une faim de loup, une grande faim. Les
loups ne se mangent pas entre eux, les mé-
Expression chants ne se font pas de mal entre eux. 2. Un
vieux loup de mer, c’est un marin qui a beau-
coup navigué. 3. Poisson argenté à chair déli-
cate qui vit dans la Méditerranée. → 2 bar.
4. Petit masque de satin ou de velours noir que
l’on porte sur les yeux.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 169


Vocabulaire

III. L’ALPHABET PHONÉTIQUE INTERNATIONAL : API

[p] pain Les voyelles [a] bas


[b] biberon [ɑ] pâte
[d] danser [e] été
[t] tigre [ɛ] lait
[k] clair [i] nid
[g] gourde [ɔ] sol
[f] éléphant [o] do
[s] bosse [u] bout
[ʃ] chandelier [y] mur
Les consonnes [ v ] verre [ø] bleu
[z] rosier [œ] fleur
[Ʒ] jaune [ə] revenir
[l] lentille [ ɛ̃ ] faim
[ʀ] radis [ã] cran
[m] mère [ ɔ̃ ] blonde
[n] note [ õe ] brun
[ɲ] campagne
[ɳ] camping
[h] haricot

Les semi- [j] yo-yo


consonnes
[w] oui
[ œʀ ] heure
[ waR ] espoir

170 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Notes :

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CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 171


Sommaire
Écriture et méthode
53. Organiser son texte
54. Construire des paragraphes
55. Répondre aux questions
56. Résumer un texte
57. Écrire une suite de texte
58. Rédiger un récit complexe
59. Ordre, rythme et ruptures chronologiques dans le récit
60. Rédiger une description
61. Insérer un dialogue :
a. dans un récit
b. dans une pièce de théâtre
62. Écrire une lettre
63. Argumenter
64. Analyser l’image

172 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Écriture

53. Organiser son texte

À part dans ton journal intime, tu n’écris pas pour toi mais pour un lecteur, à qui tu te dois de faciliter la
lecture et la c­ ompréhension de ton texte.

Les qualités des travaux d’écriture, et ce, quels qu’ils soient (résumé, synthèse, compte rendu, lettre,
­article...), ne peuvent pas se limiter au respect des règles syntaxiques (construction des phrases),
­d’orthographe et de grammaire.

Tu dois également soigner l’organisation de tes idées et cette


­organisation ne peut passer que par un brouillon.

I. FAIRE UN PLAN

L’élaboration d’un plan favorise la structure générale de ton travail. Tu dois savoir, avant la mise
au propre, comment ton texte va être construit et quels sont les éléments (idées, événements,
­descriptions...) dont tu veux parler.

II. S’ORGANISER DANS SON TRAVAIL

L’organisation générale de ton travail dépend de trois éléments qu’il est important de maîtriser :
les paragraphes, les connecteurs et la ponctuation.

A Regrouper ses idées


Les idées doivent être regroupées à l’intérieur de parties et de paragraphes.

En fonction de la longueur et de la production attendue, chaque partie, chaque paragraphe contient une
idée. Il ne faut donc pas hésiter à aller à la ligne et à faire un alinéa à chaque fois tu changes d’idée.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 173


Écriture

Cependant, il faut veiller à respecter ces règles simples :

• l’introduction et la conclusion (quand ton texte doit en contenir) doivent être séparées
du ­développement par deux lignes ;

• les paragraphes doivent être marqués par un retour à la ligne et un alinéa ;

• les parties (une partie regroupe plusieurs paragraphes) doivent être séparées de deux lignes entre
elles ;

• les paragraphes et les parties doivent être de même longueur dans un même travail d’écriture ;

• les alinéas (retraits ou espaces par rapport à la marge, en début de paragraphe) doivent être
­présents.

B Relier ses idées


Pour organiser ton texte, lui donner du sens et relier tes idées, il faut employer des connecteurs.
Ces mots ou locutions peuvent se situer en début ou à l’intérieur de tes paragraphes.

Tu peux relire les fiches 44 et 14 sur les


connecteurs et la ponctuation.

C Donner du rythme à ses idées


La ponctuation n’est pas accessoire : on ne peut pas s'en passer. Il ne faut l'utiliser ni trop, ni trop peu.
Elle sert à articuler mais aussi à rythmer ton texte.

Attention !

Un texte peut ne pas avoir le même sens, avec ou sans


­ponctuation : il peut même être de sens contraire !

Exemples :

Venez manger, les enfants ! (Une mère appelle ses enfants pour qu’ils viennent manger.)

Venez manger les enfants ! (Quelqu’un demande à ce que l’on mange des enfants.)

174 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Écriture

54. Construire des paragraphes


I. POURQUOI FAIRE DES PARAGRAPHES ?

Organiser son texte en paragraphes permet de le rendre


plus aéré, plus lisible, plus intéressant, et de mettre en avant
des actions ou des descriptions, ou les principales idées
pour un texte argumentatif.

II. COMMENT FAIRE UN PARAGRAPHE ?

• On va à la ligne.

• On fait un alinéa (un retrait de quelques centimètres du bord de la page).

• On commence par une majuscule.

• Quand le paragraphe est terminé, on retourne à la ligne, il n’est pas nécessaire de sauter une ligne.

III. EXEMPLE

Une année entière s’écoula. Or, un matin, vers la fin de


novembre, mon domestique me réveilla en m’annonçant Annonce du meurtre, péripétie dans
que sir John Rowell avait été assassiné dans la nuit. Une le récit, d’où la nécessité d’un nou-
demi-heure plus tard, je pénétrai dans la maison de l’Anglais veau paragraphe.
avec le commissaire central et le capitaine de gendarmerie.
Le valet, éperdu et désespéré, pleurait devant la porte. Je
soupçonnai d’abord cet homme, mais il était innocent.
On ne put jamais trouver le coupable. } Conclusion

Guy de Maupassant, « La Main », in Les Contes du jour et de la nuit.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 175


Écriture

55. Répondre aux questions

I. COMMENT CONSTRUIRE LA PHRASE DE RÉPONSE ?

• Il faut rédiger la réponse en construisant des phrases complètes, qui comprennent un sujet, un verbe
et éventuellement un complément ;

• Il ne faut oublier ni la majuscule en tête de phrase, ni le point à la fin ;

• Il faut reprendre les termes de la question, pour permettre à la personne qui lit ta réponse de com-
prendre quelle est la question sans l’avoir sous les yeux ;

• Il faut utiliser un niveau de langue courant ;

• Il faut reformuler les informations de manière personnelle, c’est-à-dire ne pas recopier seulement
les passages du texte ;

• Il faut privilégier les phrases courtes et conjuguer les verbes au présent de l’indicatif ;

• Il ne faut pas hésiter à justifier, à expliquer ce que tu affirmes, notamment pour les questions de com-
préhension, d’analyse... .

Attention !

Il ne faut jamais :

- commencer une réponse par Oui... / Non... Parce que... /


Pour que... / Car... / Il... / Elle... ;
- utiliser d’abréviations (sont tolérées toutefois les abréviations
liées à la grammaire :
GN pour groupe nominal, V. pour verbe... ;
- présenter la réponse sous forme de liste ou de tableau ;

- écrire des chiffres, sauf pour les dates.

176 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Écriture

II. QU’EST-CE QUE « RELEVER » UN MOT OU UN GROUPE DE MOTS DANS UN TEXTE ?

Relever ou citer un élément d’un texte, c’est le recopier.


Ainsi, ce qui est recopié doit être mis entre guillemets. Il est préférable
de donner le numéro de la ligne ou du vers où se trouve cet élément, pour que
la personne qui lit ton travail puisse le retrouver facilement et rapidement.

III. COMMENT « JUSTIFIER » UNE RÉPONSE ?

Justifier une réponse, c’est apporter la preuve qu’elle est juste :


- soit par une explication avec tes propres mots ;
- soit par une citation, en recopiant des mots du texte.
Le mieux est de faire les deux : expliquer ET citer.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 177


Écriture

56. Résumer un texte


I. DÉFINITION

Résumer un texte, c’est écrire l’essentiel de ce texte avec ses propres mots afin de le rendre plus court.
On essaie de le réduire au maximum, tout en gardant les étapes importantes.

II. MÉTHODE

1. Lecture attentive du texte

• On commence par lire attentivement le texte une première fois, puis on le relit car on ne peut pas se
contenter d’une seule lecture pour tout comprendre.

• Pour un texte narratif, on repère dans le texte des indices importants : qui sont les personnages ?
Où et quand l’action se déroule-t-elle ? Qu’est-ce que l’auteur veut nous raconter ?

• Dans le cas d’un texte explicatif ou argumentatif, on peut souligner les connecteurs. On étudie et on
reformule mentalement les idées que l’auteur veut faire passer.

2. Écrire le résumé

• Il ne faut jamais recopier des passages du texte initial dans son résumé ! Cependant, on a le droit de
garder certains mots importants, car on ne peut pas tout changer.

• On reformule le texte avec ses propres mots, afin qu’il soit bien plus court : c’est l’étape essentielle
du résumé.

• On doit s’obliger à être objectif, et donc on ne peut pas donner son opinion sur le texte à résumer.

• On songe à utiliser les connecteurs (chronologiques, spatiaux ou logiques) pour structurer le résumé,
et mettre en valeur les moments importants.

• Comme pour tout texte à rédiger, on fait des paragraphes.

Tu peux relire la fiche 54 sur les


paragraphes.

178 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Écriture

57. Écrire une suite de texte


Écrire une suite de texte est un exercice qui consiste à poursuivre la rédaction d’un texte (parfois étudié
pendant la première partie de l’épreuve). La suite doit s’enchaîner parfaitement avec le texte de départ.

Même si c’est un exercice qui paraît facile, il faut obéir à certaines règles.

I. ANALYSER LE TEXTE DE DÉPART

Il te faut respecter les choix narratifs du texte de départ afin de n’introduire aucune rupture et de rester
bien cohérent.

Repère bien :

A La situation d’énonciation du texte


• le genre du texte (théâtre, poésie, roman, lettre...) ;

• le point de vue adopté par le narrateur (texte à la 1re ou à la 3e personne / point de vue externe,
interne, omniscient) ;

• les principaux temps verbaux (temps du passé, présent...).

Rendez-vous à la fiche 58 sur le narrateur


et le point de vue.

B Le cadre de l’histoire
• l’époque (récit au XXe siècle ou au Moyen Âge ?...) ;

• le moment précis (le matin, le midi, la nuit...) ;

• le lieu de l’action ;

• les différents personnages présents et leurs caractéristiques (âge, carac-


tère, origine sociale, traits particuliers...). Repère bien le ou les personnages
­principaux qui devront impérativement apparaître dans ta suite de texte ;

• les faits racontés ;

• le registre (tragique, comique...) et les procédés (ironie, humour...).

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 179


Écriture

II. INVENTER LA SUITE IMMÉDIATE AU TEXTE DE DÉPART

Tu dois, en réutilisant tout ce que tu as observé, développer :

• les péripéties puis conclure le récit ;


• les caractéristiques des personnages.

Astuce !

N’hésite pas à t’appuyer sur les réponses que tu as données


aux questions, lorsque la rédaction suit une lecture expli-
quée ou une étude de texte.

A Il faut donc veiller à :


• articuler les deux textes (le texte d’origine et le tien) grâce à des connecteurs (spatiaux, temporels ou
logiques) ;
• ne pas introduire d’anachronismes (avant le XXe siècle, pas de véhicules à moteur, de téléphone por-
table ou d’internet !) ;
• garder le même rythme de narration du texte de départ (chronologie, analepse (= retour en arrière)...)
• ne pas trop t’éloigner de l’extrait en perdant de vue les personnages principaux, leurs préoccupations,
leurs caractères... ;
• te servir de toutes les indications données dans le texte. La dernière phrase est parfois essentielle car
elle oriente vers une suite possible ;
• garder un ensemble cohérent même s’il est totalement différent de la vraie fin écrite par l’auteur
(quand tu la connais).

B Commence et termine correctement ton devoir


• ta suite doit commencer par la dernière ou les deux dernières phrases de l’extrait, citées sans
guillemets ;
• l’histoire que tu écris n’aboutit pas nécessairement à une situation finale stable, mais doit constituer
un tout (à la manière d’un épisode de feuilleton). Il n’est pas interdit de finir sur un point d’interroga-
tion qui ménagera alors le suspense.

180 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Écriture

58. Rédiger un récit complexe

Rédiger un récit complexe, c’est écrire un texte qui mélange plusieurs formes
de discours : on peut y trouver une description, un dialogue, une argumentation,
un discours explicatif. Il existe des astuces pour réussir la rédaction d’un récit
complexe.

I. STRUCTURER SON TEXTE

On peut organiser les actions grâce au schéma narratif. Un récit comporte cinq parties essentielles, qui
permettent une progression de l’action. En suivant ce schéma, on organise efficacement son texte, on
favorise sa lecture et sa compréhension.

informe sur le lieu et le moment de l'action et sur la


situation des personnages au début de l'histoire.
La situation initiale la situation est stable mais elle contient un problème (comme un personnage
insatisfait, à qui il manque quelque chose...)

les verbes sont à l’imparfait

brise la stabilité de la situation initiale (il est en lien avec le problème).


L’élément perturbateur débute par un connecteur qui permet de le répérer

les verbes sont au passé simple

Schéma narratif ce sont toutes les actions qui se succèdent et font évoluer l’histoire
Les péripéties les verbes sont à l’imparfait pour les descriptions ou les commentaires
du narrateur, au passé simple pour le récit

fin des péripéties


l’élément de résolution
le héros résout le problème posé par l’élément perturbateur

c’est le dénouement
La situation finale
la situation devient stable à nouveau mais elle diffère de la situation initiale.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 181


Écriture

II. LE POINT DE VUE DANS LA NARRATION

Le narrateur, c’est la personne imaginaire ou réelle qui raconte l’histoire, qu’il ne faut pas confondre
avec l’auteur qui est la personne réelle qui écrit le livre. Narrateur et auteur sont généralement deux
personnes différentes, sauf dans le cas de l’autobiographie.

Lis la fiche 67 sur l’autobiographie.

1. Le récit est écrit à la première personne.

Dans ce cas, le narrateur est un personnage de l’histoire. Il raconte les faits de façon subjective en disant
« je », il donne son avis, mais ne connaît pas les pensées et les intentions des autres personnages. Il vit
lui-même les actions qu’il raconte.

Exemple : « J’ai pris l’autobus à deux heures. Il faisait très chaud. J’ai mangé au restaurant, chez Céleste,
comme d’habitude. »
L’Étranger, Albert Camus.

2. Le récit est écrit à la troisième personne.

Le narrateur n’est pas un personnage de l’histoire : il raconte grâce aux pronoms « il » ou « elle ».

• Si le point de vue est interne, le narrateur nous donne accès aux pensées, aux émotions et aux
sensations d’un seul personnage : le lecteur sait ce qu’il voit, entend, pense, ressent. Mais, tout
comme le personnage, il ne sait pas ce que voient, pensent, ressentent les autres personnages. C’est
le point de vue le plus proche de celui que nous avons dans la vie : nous percevons la réalité à travers
notre point de vue. Avec le point de vue interne, on perçoit l’univers de l’histoire à travers le point d’un
personnage.
• Le narrateur peut être omniscient. Alors, il sait tout sur tout le monde : le lecteur peut connaître les
pensées, sensations et émotions de plusieurs personnages, il peut connaître leur avenir, leur passé et
même leurs motivations inconscientes. Le lecteur en sait plus que tous les personnages.
• Le narrateur externe raconte les faits de façon objective, sans s’impliquer ni donner son avis. Il décrit
les faits et gestes des personnages au moment de la narration. Le lecteur n’a accès qu’à la surface
des choses, comme si tout était filmé par une caméra. Ce point de vue est rare car il prive le lecteur
de beaucoup d’informations : émotions, pensées, passé, avenir...

182 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Écriture

3. Un cas particulier : il y a plusieurs narrateurs.

Un personnage raconte une histoire qui n’est pas la sienne. Le narrateur écrit à la première personne
quand il se montre en tant que narrateur. Puis, il emploie la troisième personne quand il raconte l’his-
toire d’autres personnages que lui-même ou bien il laisse à un autre personnage le soin de raconter son
histoire : il y a deux narrateurs différents dans ce cas. (Dans l’exemple, le « je » de « Je dois avertir le
lecteur » ne désigne pas le même personnage que le « je » de « J’avais dix-sept ans ».)

Exemple : « Je dois avertir ici le lecteur que j’écrivis son histoire presque aussitôt après l’avoir entendue, et
qu’on peut s’assurer, par conséquent, que rien n’est plus exact et plus fidèle que cette narration[…]
Voici donc son récit, auquel je ne mêlerai, jusqu’à la fin, rien qui ne soit de lui.
J’avais dix-sept ans, et j’achevais mes études de philosophie à Amiens, où mes parents, qui sont d’une des
meilleures maisons de P***, m’avaient envoyé. »
Manon Lescaut, L’abbé Prévost.

III. UTILISER UN SYSTÈME DES TEMPS COHÉRENT

Généralement, le système des temps du récit est celui du passé. Les actions sont rédigées au passé
simple, les descriptions à l’imparfait, les anticipations au conditionnel présent, et les retours en arrière
au plus-que-parfait.

Cependant, il ne faut pas oublier que le temps de référence du dialogue est le présent, même à
l’intérieur du récit au passé simple.

Exemple : « Malheureusement, au fur et à mesure qu’il avançait, la colère l’aveuglait de plus en plus, et au lieu
du discours digne et hautain qu’il avait préparé pour formuler sa provocation, il ne trouva plus au bout de sa
langue qu’une personnalité grossière qu’il accompagna d’un geste furieux.
— Eh ! monsieur, s’écria-t-il, monsieur, qui vous cachez derrière ce volet ; oui, vous ! dites-moi donc un peu
de quoi vous riez, et nous rirons ensemble. »
Les Trois Mousquetaires, Alexandre Dumas.

Remarque : Il existe aussi des récits au présent (passé composé, futur...) Le choix des temps du passé
n’est pas obligatoire.

Exemple : « C’est au coin d’un feu de fagots, sous le manteau d’une vieille cheminée ; ma mère tricote dans un
coin ; une cousine à moi, qui sert de bonne dans la maison pauvre, range sur des planches rongées, quelques
assiettes de faïence bleue avec des coqs à crête rouge, et à queue bleue. » L’Enfant, Jules Vallès. 1881.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 183


Écriture

59. Ordre, rythme et ruptures chronologiques


dans le récit
I. ORDRE CHRONOLOGIQUE OU RUPTURE ?

En général, le récit est fait dans l’ordre chronologique, c’est-à-dire


en respectant la succession des événements dans le temps. Parfois,
il y a dans le récit une rupture chronologique : le narrateur ne raconte
alors pas les événements dans l’ordre dans lequel ils se sont
déroulés.

• La rupture chronologique la plus fréquente est l’analepse : le narrateur fait alors un retour en
arrière. L’analepse rappelle des événements passés. Ce retour en arrière permet de donner des expli-
cations sur une situation, d’apporter des informations sur le passé d’un personnage pour mieux le
comprendre, mieux cerner son caractère ; il permet également de retarder, pourquoi pas, l’action
principale. L’analepse peut donc fournir des informations essentielles à la compréhension du récit.

On la remarque souvent grâce à l’emploi du plus-que-parfait (mais attention ce n’est pas toujours
le cas !). Des expressions telles que deux mois avant, quelques heures auparavant, la veille... permettent
également de signaler ces « flash-back ».

Exemple : « Remontons donc en arrière de quelques années. Quelque temps après l’élévation de M. Myriel
à l’épiscopat, l’empereur l’avait fait baron de l’empire, en même temps que plusieurs autres évêques. » Les
Misérables, Victor Hugo, 1862.

• Le procédé inverse s’appelle la prolepse : le narrateur fait alors une anticipation. Ce procédé an-
nonce ce qui arrivera plus tard.

La prolepse peut être introduite par des connecteurs temporels comme dix ans après, plus tard dans
la soirée...

Exemple : « Sept ans plus tard, ils se retrouveraient face à face dans deux camps ennemis. Mais ce jour-là,
leur amitié resplendissait. »

Dans un récit au présent, on remarque la prolepse à l’emploi du futur simple ; dans un récit au passé,
on remarque la prolepse à l’emploi du conditionnel, qui est le futur du passé.

184 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Écriture

Lis la fiche 31 sur le conditionnel.

II. VARIER LE RYTHME DU RÉCIT

Le récit peut aussi être rendu plus vivant en variant le rythme du récit. Cela permet de maintenir
la curiosité du lecteur.

• L’ellipse temporelle ou ellipse narrative correspond à une durée plus ou moins longue dont
on ne parle pas du tout dans le récit. Le narrateur passe sous silence certains faits qui ne sont
pas essentiels à l’intrigue et à son déroulement. Ce procédé peut permettre de créer un effet de sur-
prise et d’éviter les passages ennuyeux ou trop longs à évoquer.

C’est une rupture très souvent utilisée dans les textes courts, comme la nouvelle.

Exemple : « Elle sauta au cou de son amie, l’embrassa avec emportement, puis s’enfuit avec son trésor. Le
jour de la fête arriva. » « La parure », Guy de Maupassant

Le temps qui sépare le jour où l’amie de Mathilde lui prête un collier et le jour de la fête n’est pas
raconté.

• La scène : D’autres fois encore, le narrateur peut raconter sur un grand nombre de lignes un moment
court : il veut donc insister sur un moment important de l’histoire. Il raconte en détail l’action qui se
déroule. Il fait parler les personnages, fait référence à leur attitude, au décor, à l’ambiance. Le temps
que le narrateur met pour raconter est à peu près égal au temps de l’histoire. Il fait ainsi une scène.

Exemple :

« Or, un soir, son mari rentra, l’air glorieux, et tenant à la main une large enveloppe.
— Tiens, dit-il, voici quelque chose pour toi.
Elle déchira vivement le papier et en tira une carte imprimée qui portait ces mots :
— Le ministre de l’Instruction publique et Mme Georges Ramponneau prient M. et Mme Loisel de leur faire
l’honneur de venir passer la soirée à l’hôtel du ministère, le lundi 18 janvier.
Au lieu d’être ravie, comme l’espérait son mari, elle jeta avec dépit l’invitation sur la table, murmurant :
— Que veux-tu que je fasse de cela ?»

« La parure », Guy de Maupassant

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 185


Écriture

• Le sommaire ou le résumé : Si le narrateur accélère le récit et évoque rapidement des moments sur
lesquels il ne veut pas s’attarder, il fait alors un sommaire ou un résumé. Le sommaire est une sorte
de résumé de diverses péripéties ; on n'y rencontre pas de dialogues mais de nombreux connecteurs
temporels.

Exemple :

« Elle connut les gros travaux du ménage, les odieuses besognes de la cuisine. Elle lava la vaisselle, usant ses
ongles roses sur les poteries grasses et le fond des casseroles. Elle savonna le linge sale, les chemises et les
torchons, qu’elle faisait sécher sur une corde ; elle descendit à la rue, chaque matin, les ordures, et monta
l’eau, s’arrêtant à chaque étage pour souffler. Et, vêtue comme une femme du peuple, elle alla chez le fruitier,
chez l’épicier, chez le boucher, le panier au bras, marchandant, injuriée, défendant sou à sou son misérable
argent.
Il fallait chaque mois payer des billets, en renouveler d’autres, obtenir du temps.
Le mari travaillait, le soir, à mettre au net les comptes d’un commerçant, et la nuit, souvent, il faisait de la
copie à cinq sous la page.
Et cette vie dura dix ans. »
« La parure », Guy de Maupassant

• La pause : Enfin, le narrateur peut interrompre le récit pour introduire un portrait, une description,
une lettre... Il fait ce qu’on appelle une pause.

Si la pause se trouve au début du récit, elle permet de décrire le cadre spatio-temporel de l’histoire
et de présenter les personnages.

Exemple :

« Les deux chaumières étaient côte à côte, au pied d’une colline, proches d’une petite ville de bains. Les deux
paysans besognaient dur sur la terre inféconde pour élever tous leurs petits. »

« Aux champs », Guy de Maupassant

Si on la rencontre au cours du récit, elle introduit des descriptions mais également des explications.
Le narrateur peut également profiter d’une pause narrative pour faire un commentaire.

Exemple :

« Mme Loisel semblait vieille, maintenant. Elle était devenue la femme forte, et dure, et rude, des ménages
pauvres. Mal peignée, avec les jupes de travers et les mains rouges, elle parlait haut, lavait à grande eau les
planchers. Mais parfois, lorsque son mari était au bureau, elle s’asseyait auprès de la fenêtre, et elle songeait
à cette soirée d’autrefois, à ce bal, où elle avait été si belle et si fêtée.

Que serait-il arrivé si elle n’avait point perdu cette parure ? Qui sait ? qui sait ? Comme la vie est singulière,
changeante ! Comme il faut peu de chose pour vous perdre ou vous sauver ! »

« La parure », Guy de Maupassant

186 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Écriture

60. Rédiger une description

La description permet au lecteur de se représenter un lieu,


un objet, un personnage. Elle est essentielle dans le récit.
Mais attention : une description ne décrit jamais tout et on
ne peut jamais tout décrire !

I. INSÉRER UNE DESCRIPTION DANS UN RÉCIT

La description d’un lieu ou le portrait d’un personnage interviennent fréquemment au début d’un récit :
ils plantent le décor, construisent le cadre de l'histoire et présentent les personnages. Ils contribuent à
créer un « effet de réel », c’est-à-dire à donner l’impression que les lieux et les personnages sont réels.

Située à l’intérieur du récit, la description permet d’apporter des explications et des informations
nécessaires à la compréhension de l’action et des personnages.

Une description/un portrait commence souvent lorsqu’un personnage découvre quelqu’un ou quelque
chose de nouveau en même temps que le lecteur. Ainsi, le lecteur découvre l’élément décrit à travers les
yeux du personnage qui le regarde.

La description dans un récit au passé se fait à l’imparfait. Le passé simple, de son côté, sert à évoquer
les actions qui font progresser le récit. Dans un récit au présent, la description se fait au présent.

II. ORGANISER SA DESCRIPTION


A L’ordre de la description
Une description est toujours organisée selon un ordre précis.

Pour décrire un lieu, il faut utiliser les connecteurs spatiaux qui permettent de situer les éléments
les uns par rapport aux autres.

Pour réaliser le portrait d’un personnage, il faut décrire par zones (le visage, le torse,
le bas du corps...) de haut en bas ou de bas en haut.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 187


Écriture

B Qui voit ? (= le point de vue)

Tu peux relire la fiche 58 sur


les points de vue.

Il faut choisir le point de vue qui permettra de définir qui assume la description :

- si la description est faite à travers le regard d’un personnage, on dit alors que le point de vue est
interne, c’est-à-dire que le lecteur ne voit que ce que voit ce personnage en particulier ;
- si le point de vue est omniscient, le narrateur sait tout de l’histoire et des personnages (leur passé,
leurs secrets, et même ce qu’ils ignorent !) ;

- si le point de vue est externe, la description est faite par un observateur extérieur qui, tel un appareil
photographique ou vidéo, ne rapporte que ce qu’il perçoit.

C D’où regarde le narrateur ?


Il faut définir un angle de vue en choisissant l’endroit d’où observe le narrateur. Un bâtiment peut être
décrit par un narrateur qui se trouve au loin (plan large), insister sur un détail (très gros plan) s’il est
tout près, le décrire du dessus (plongée)...

D Description fixe ou en mouvement ?


Le narrateur peut décrire d’un point fixe mais également faire découvrir progressivement des aspects
différents de ce qui est décrit au fur et à mesure de ses déplacements : on dit alors que la description
est en mouvement.

E Les procédés de la description


On peut utiliser :

- du vocabulaire précis, voire technique, quand le sujet s’y prête (détails architecturaux, détails
anatomiques ou vestimentaires, par ex.) pour jouer avec les champs lexicaux ;
- des groupes nominaux enrichis par des adjectifs qualificatifs précis (formes, couleurs, matières...),
des compléments de noms, des propositions relatives ; autrement dit : des expansions du nom ;
- des verbes de perception (voir, distinguer, apercevoir, entendre, remarquer, etc.) ;
- des compléments circonstanciels (de lieu notamment).

188 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Écriture

Exemple :

« Pour une surprise, c’en fut une. À travers la brume, c’était tellement étonnant ce qu’on découvrait sou-
dain que nous nous refusâmes d’abord à y croire et puis tout de même quand nous fûmes en plein devant les
choses, tout galérien qu’on était on s’est mis à bien rigoler, en voyant ça, droit devant nous...

Figurez-vous qu’elle était debout leur ville, absolument droite. New York c’est une ville debout. »

Voyage au bout de la nuit, Louis Ferdinand Céline, 1932.

Attention !

Attention aux verbes passe-partout ! Lis la fiche 41.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 189


Écriture

61. a. Insérer un dialogue dans un récit


I. QU’EST-CE QU’UN DIALOGUE ?

Il existe plusieurs façons de rapporter les paroles d’un personnage :

- le narrateur prend en charge les paroles pour les insérer dans le récit sans l’interrompre : c’est
le discours indirect ou indirect libre.
- le narrateur laisse la parole aux personnages : c’est le discours direct. Quand des personnages dis-
cutent et s’échangent des répliques au discours direct, l’ensemble de leur conversation s’appelle un
dialogue.

En coupant un récit par un dialogue, on rend ce premier


plus vivant. Le lecteur a en effet l’impression d’entendre
les personnages, et de mieux les comprendre.

II. ÉCRIRE UN DIALOGUE

- Les particularités grammaticales du dialogue sont celles du discours direct. Par exemple, on utilise
le système de temps du présent (présent, futur, imparfait et passé composé de l’indicatif) pour donner
une impression de réalité.

Il faut songer qu’on entend rarement son interlocuteur


s’exprimer au passé simple ou au passé antérieur
de l’indicatif dans la vie de tous les jours !

- On est attentif au niveau de langue des personnages. Ainsi, un enfant parlerait-il avec un registre
de langue soutenu au quotidien ? Cela paraît peu probable. Là encore, il s’agit de donner
une impression de réalité. Cependant, on évite d’utiliser dans son écrit un registre familier.
- La ponctuation joue un rôle majeur.

Pour bien insérer le dialogue dans le récit, il faut aller à la ligne à la première réplique et ouvrir
les guillemets.

190 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Écriture

Puis, à chaque nouvelle réplique, on retourne à la ligne et on met un tiret.

Quand le dialogue s’achève, on ferme les guillemets pour indiquer clairement un retour au récit.

Cependant, on peut se passer de l’utilisation des guillemets, comme le font désormais de nombreux
auteurs, par exemple, Romain Gary dans la Promesse de l’Aube :

Depuis plus d’un an, «j’écrivais ». J’avais déjà noirci de mes poèmes plusieurs cahiers d’écolier. Pour me
donner l’illusion d’être publié, je les recopiais lettre par lettre en caractères d’imprimerie.

- Oui. J’ai commencé un grand poème philosophique sur la réincarnation et la migration des âmes.
Elle fit « bien » de la tête.
- Et au lycée ?
- J’ai eu un zéro en math.
Ma mère réfléchit.
- Ils ne te comprennent pas, dit-elle.
J’étais assez de son avis.

Enfin, de l’originalité, pas de banalité !

N’oublie pas que c’est un exercice littéraire qui t’est demandé, tu dois donc
proposer un contenu intéressant, original, et qui fait progresser l’action. Il faut
donc à tout prix éviter les répliques banales (« Bonjour », « Comment ça va ? »,
« Bien , et toi ?, « Je vais bien, merci » etc.) qui n’amènent rien à ton texte.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 191


Écriture

61. b. Insérer un dialogue


dans une pièce de théâtre

Le dialogue de théâtre a la particularité de s’adresser


à la fois aux personnages de la pièce et au public : c'est
ce que l'on appelle la double énonciation car il y a un double
destinataire.

Au théâtre il n’y a pas de narrateur, ce sont les personnages qui racontent, expliquent ce qui s’est passé
en dehors de la scène, expriment des sentiments, s’affrontent, jouent avec les mots...

Le dialogue théâtral rapporte directement les paroles des personnages. Il est donc ancré dans
la situation d’énonciation.

I. PRÉSENTATION

Le vocabulaire du théâtre
se trouve à la fiche 43.

Le dialogue théâtral obéit à ses propres règles de présentation.

• On va à la ligne à chaque réplique et les noms des personnages qui parlent sont indiqués en tête de
réplique, en petites majuscules, parfois en gras.
• Les didascalies sont en italique et parfois entre parenthèses. Elles sont destinées au metteur en
scène, aux comédiens et au lecteur car elles fournissent des informations sur ce qui se passe sur la
scène (mouvements, intonations...), mais n’en font pas partie et ne se lisent pas à l’oral. Elles ne sont
jamais aux temps du récit (imparfait, passé simple), elles sont soit au présent de l’indicatif (Il sort.),
soit au participe présent (feignant de ne pas voir Géronte).

Exemple :
SCAPIN (feignant de ne pas voir Géronte) - Ô Ciel ! Ô disgrâce imprévue ! Ô misérable père ! Pauvre Gé-
ronte, que feras-tu ? (Molière, Les Fourberies de Scapin, II, 7)

192 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Écriture

II. LES NIVEAUX DE LANGUE

Rendez-vous à la fiche 50 pour


revoir les niveaux de langage.

Dans les farces et les comédies, le niveau de langue est souvent familier car on y trouve des interjections,
des onomatopées, des jurons et beaucoup de phrases exclamatives. Les apostrophes, qui sont des mots
par lesquels on s’adresse à quelqu’un, sont insultantes.

Exemple : HARPAGON : C’est bien à toi, pendard, à me demander des raisons : sors vite, que je ne t’assomme.
L’avare, Molière

Dans les tragédies qui sont souvent écrites en vers, et plus particulièrement en alexandrins, le niveau
de langue est soutenu. Les apostrophes révèlent le rang de l’interlocuteur ou le rapport social entre les
personnages.

Exemple : « PHÈDRE. Et sur quoi jugez-vous que j’en perds la mémoire, Prince ? Aurais-je perdu tout le soin
de ma gloire ? » Phèdre, Racine, 1677.

Le vocabulaire de la tragédie est un vocabulaire spécifique, celui du champ lexical de l’honneur,


du destin, de l’amour. Parce que le texte est justement en vers, l’ordre des mots peut être inhabituel.

Exemple :
« PHÈDRE. Ariane, ma sœur, de quel amour blessée

Vous mourûtes au bord où vous fûtes laissée ? » Phèdre, Racine, 1677.

III. LA PROGRESSION DU DIALOGUE

Pour que le dialogue soit fluide, les répliques doivent s’enchaîner logiquement. Voici plusieurs manières
de les enchaîner :

- une phrase déclarative reprise par une phrase interrogative ;

Exemple :
VALÈRE.- Ah ! mon pauvre Sganarelle, que j’ai de joie de te voir ! J’ai besoin de toi dans une affaire de consé-
quence ; mais, comme je ne sais pas ce que tu sais faire...
SGANARELLE.- Ce que je sais faire, Monsieur ? (Molière, Le Médecin volant, 2)

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 193


Écriture

- une phrase interrogative suivie d’une phrase déclarative (= question / réponse) ;

Exemple :
GORGIBUS.- Où est-il donc ?
SABINE.- Le voilà qui me suit ; tenez, le voilà. (Molière, Le Médecin volant, 4)

- une phrase injonctive suivie d’une phrase interrogative ou déclarative (= ordre / réaction) ;

Exemple :
SGANARELLE.- Cela n’est rien, touche.
MARTINE.- Je ne veux pas. (Molière, Le Médecin malgré lui, I, 2)

- une coupure avec des points de suspension.

Exemple :

GORGIBUS.- Monsieur, je viens de rencontrer Monsieur votre frère, qui est tout à fait fâché de...

SGANARELLE.- C’est un coquin, Monsieur Gorgibus. (Molière, Le Médecin volant, 12)

194 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Écriture

62. Écrire une lettre


I. LES DIFFÉRENTS TYPES DE LETTRES

Les lettres sont soit authentiques (c’est-à-dire vraies, réelles), soit fictives, inventées.

Les lettres fictives se trouvent dans des romans, des œuvres d’invention. Par exemple, on peut trouver
la correspondance insérée dans un roman, ou un personnage de théâtre peut lire une lettre à haute voix.
Un cas particulier de lettres fictives est celui du roman épistolaire : tout le récit est fait d’échanges de
lettres entre les personnages, ce qui permet de varier les points de vue.

Par ailleurs, les lettres authentiques sont très souvent des lettres privées, intimes : on se raconte des
évènements de la vie quotidienne, on se confie des sentiments, on s’échange des informations par lettre.
Une lettre authentique peut également permettre de postuler à un emploi, c’est ce qu’on appelle une
lettre de motivation, ou de communiquer avec une administration.

II. LES CODES DE LA LETTRE


Une lettre permet à un émetteur (celui qui écrit à la 1re personne) de s’adresser par écrit à un
destinataire (celui à qui elle est destinée, désigné par la 2e personne du singulier ou du pluriel).
On appelle également l’émetteur l’expéditeur ou l’épistolier (de epistola (latin) : la lettre).

On ne comprend une lettre que si on sait qui l’a écrite, à qui, où et quand : c’est la situation d’énonciation.

Tu peux relire la fiche 17 sur


l’énonciation.

III. LE VOCABULAIRE DE LA FORMULE DE POLITESSE

Le vocabulaire utilisé dépend de la personne à qui on s’adresse.

Exemples de formules de politesse :

• À quelqu’un que l’on ne connaît pas, on dit : Veuillez agréer, Madame (ou Monsieur), l’assurance de
mes salutations distinguées.
• À quelqu’un qu’on connaît, la formule est : Veuillez agréer, Monsieur (ou Madame), l’assurance de ma
considération.
• Quand un monsieur s’adresse à une dame, il conclut par : Je vous prie d’agréer, Madame, l’expression
de mes sentiments dévoués.
• Si c’est une dame qui prend congé d’un monsieur : Veuillez accepter, Monsieur, l’assurance de ma
considération.
• Quand on écrit à des relations amicales ou familiales, le vocabulaire est moins formel : Veuillez
transmettre mon amical souvenir/ Amitiés/ Amicalement.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 195


Écriture

IV. LA MISE EN PAGE

Il faut respecter la disposition de la lettre. L’en-tête fournit des informations : le lieu et la date d’envoi, la formule
d’adresse, le nom et l’adresse de l’expéditeur (à gauche), le nom et l’adresse du destinataire (à droite)

Coordonnées Coordonnées
de I’expéditeur du destinataire

Date et lieu d’émission

Objet

Formule d’appel

Corps de la lettre

Formule de congé

Signature

196 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Écriture

63. Argumenter
I. DÉFINITION

Une argumentation est un discours qui défend une idée et tente de la faire partager à son lecteur.
Cet objectif particulier ne concerne pas que le contenu : il a une influence sur la forme même du texte.

II. ORGANISER SON ARGUMENTATION

Toute argumentation repose sur :

• le thème : c’est le sujet dont parle le texte ;


• la thèse : c’est l’idée développée par l’énonciateur, son opinion, son point de vue sur le thème. S’il y a
dialogue et que deux thèses (deux idées) s’opposent, on parlera alors de thèse et d’antithèse ;
• les arguments : ce sont les preuves, les raisons qui permettent de soutenir la thèse ; leur but est
de convaincre le destinataire ;
• les exemples : ce sont des éléments concrets qui vont illustrer les arguments et par là-même, vont
permettre de mieux les comprendre, et peut-être de mieux convaincre le destinataire.

III. LES MARQUES DU DISCOURS ARGUMENTATIF

L’énonciateur s’exprime en général en disant je et en utilisant


toutes les marques de la 1re personne (ma, mon, moi...). Mais
il peut aussi donner le sentiment que son opinion est partagée
par tous : on sait que, il est évident que, tout le monde voit que.

Il faut être attentif aux modalisateurs qui sont des indices de subjectivité et qui permettent
d’ajouter des nuances.

Exemple :

« Il me paraît tout à fait évident que le travail des enfants est à bannir si l’on veut leur permettre de
s’épanouir. »

Les temps utilisés sont ceux de l’énoncé ancré dans la situation d’énonciation (temps du discours,
centrés sur le présent).

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 197


Écriture

IV. CONSTRUIRE UNE ARGUMENTATION

Le paragraphe argumenté doit faire apparaître les trois éléments qui le composent : la thèse ou l’idée
générale du paragraphe, les arguments et les exemples qui leur donnent du poids. Ce paragraphe se
termine par une phrase de conclusion.

Pour marquer les articulations, il faut employer des termes précis (connecteurs logiques et temporels).
Il faut être capable d’utiliser les relations de cause et de conséquence, d’exprimer la condition, l’opposition...

La thèse est en général donnée par le sujet.

Exemple : Montrez dans un paragraphe argumenté que Le Malade imaginaire est une comédie.
[Thèse : Cette pièce est une comédie.]
Il faut donc trouver les arguments et les exemples pour prouver cette thèse.

Voici un exemple de schéma qui représente un paragraphe argumenté contenant trois arguments :

• Phrase annonçant l’idée générale [thèse]


• D’abord... [argument 1] + Donc... [exemple 1]
• Ensuite... [argument 2] + Par exemple... [exemple 2]
• Enfin... [argument 3] + Prenons pour exemple... [exemple 3]
• En conclusion... [phrase de conclusion]

Astuce : un argument étant une raison donnée pour justifier un point de vue, on peut l’introduire par
« parce que ». Je suis contre la peine de mort, parce que cela me paraît injuste.

V. CONSTRUIRE LE PARAGRAPHE ARGUMENTÉ

En français particulièrement, le paragraphe argumenté est utilisé dans les sujets de réflexion et les
réponses rédigées à des questions d’analyse littéraire.

Il répond à une question en donnant des raisons, en les illustrant par des exemples. Il se structure
de manière logique pour faciliter la compréhension du lecteur et ainsi le convaincre.

Dans le cas d’une question d’ordre littéraire, les arguments seront constitués par le repérage des procé-
dés du texte : une figure de style, l’emploi d’un temps, un champ lexical...

Les exemples seront des citations du texte à analyser. Ces citations seront intégrées à la rédaction,
entre guillemets. Il est important d’indiquer le numéro de la ligne ou du vers cité.

198 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Écriture

64. Analyser l’image fixe

I. IDENTIFIER UNE IMAGE

La première étape de l’analyse est l’identification de l’image. Pour cela, il faut expliquer :

• Sa nature : est-ce un tableau, un dessin, une photographie, une affiche... ?


• L’artiste a-t-il utilisé du papier, une toile, du bois, de la pierre ? C’est le support.
• Quelle est la technique utilisée ? Est-ce une peinture à l’huile ? Une aquarelle ? Une lithographie ?
Une sculpture?
• On détermine le genre représenté : un portrait, un paysage, une nature morte, une scène de genre
(vie quotidienne, scène religieuse, historique...).

Tableau, peinture à l’huile sur toile. Tableau, peinture à l’huile sur toile. Le sujet
Le sujet est une nature morte. est une scène de la vie quotidienne.
Pommes Dans Un Panier Et Sur La Table (1888), Jeunes filles au piano (1892) de Pierre Auguste
par Ignace Henri Jean Fantin-Latour, Renoir, Musée d’Orsay, Paris.
collection privée.

II. ANALYSER L’IMAGE


A L’angle de vue
Si le personnage est vu de face, on aura une impression de réalité.

Quand on veut donner l’impression que le spectateur domine la scène, on choisira la plongée,
c’est-à-dire une vue d’en haut.

Au contraire, la contre-plongée (la vue d’en bas) donne le sentiment d’être dominé.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 199


Écriture

Exemple de vue en plongée : le spectateur surplombe les artisans agenouillés.


Les raboteurs de parquet (1875), Gustave Caillebotte, Musée Orsay, Paris.

B Le cadrage
Le cadrage est le fait de placer des éléments à l’intérieur du cadre d’une image.

Le champ est l’espace contenu dans une image.

Le hors-champ est ce qui est en dehors du cadre de l’image, ce qu’on ne voit donc pas. Le contre-champ
est l’espace opposé au champ.

Le champ de ce tableau représente la route de Versailles dans la ville de Louveciennes. Dans


le hors-champ, on peut imaginer le reste de la ville.
Route de Versailles, Louveciennes, 1870 par Camille Pissarro, Sterling and Francine Clark Art Institute,
Williamstown.

200 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Écriture

C La composition
La composition est l’ensemble des lignes (obliques, verticales, horizontales...) et des plans
qui structurent l’image. On privilégie trois plans, qui donnent une impression de profondeur :

• le premier plan est l’avant de l’image, et donne l’impression d’être proche ;


• le second plan donne l’impression d’être plus éloigné ;
• l’arrière-plan est tout au fond de l’image.

L’arrière-plan représente
les berges et le ciel

Le second plan
est la rivière et la
barque aux deux
canotiers.

Le premier plan est le


canotier sur sa barque.

Les lignes forment un triangle au premier plan, mettant en valeur l’embarcation.


Canotier en chapeau haut de forme, (1878), Gustave Caillebotte, Musée des Beaux-Arts, Rennes

D Les couleurs
Les couleurs chaudes sont le jaune, l’orange, le rouge, le rose, le marron ; les froides sont le bleu,
le vert, le violet.

Couleurs chaudes
Couleurs froides

Les tons neutres sont le blanc, le noir, le gris. Quand le peintre utilise de nombreuses nuances
d’une couleur donnée, on parle de « camaïeu ».

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 201


Écriture

Exemple de tableau aux couleurs chaudes.


Roses (1915), de Pierre Auguste Renoir, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon.

E La lumière

La lumière peut être douce ou vive. Une image n’est pas éclairée uniformément, elle est partagée entre
des zones d’ombre et d’autres de lumière. Quand le contraste est très marqué, on parle de
« clair-obscur ».

La blancheur de la tasse est accentuée par la lumière qui se concentre dans


la partie droite du tableau.
Nature Morte au Verre et Tasse (1861) de Ignace Henri Jean Fantin-Latour, collection privée.

202 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Écriture

F La perspective
Comme l’utilisation des plans, elle donne une impression de profondeur à l’image. Pour mettre en œuvre
cette impression, l’artiste organise des lignes en direction d’un ou plusieurs points de fuite. L’effet peut
aussi venir d’un arrière-plan légèrement flou : c’est la profondeur de champ.

Perspective par point de fuite. Perspective par flou à l’arrière-plan.


Les Périssoires (1878) par Gustave Caillebotte, Le Voyageur au-dessus d’une mer de nuages
Musée des Beaux-Arts de Rennes (1818) Caspar David Friedrich, Hamburger
Kunsthalle, Hamburg

G L’échelle des plans


Déterminer l’échelle d’un plan, c’est montrer la place occupée par le corps humain dans l’image.

• Le plan d’ensemble représente tout • Le plan général situe le personnage dans


un décor. le décor.

Champ de coquelicots près de Giverny (1885 ), Scarborough (1825) Joseph Mallord William
Claude Monet, Musée des Beaux-Arts, Rouen Turner, collection privée.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 203


Écriture

• Le plan moyen montre l’ensemble du corps • Le plan rapproché représente le personnage


du personnage. jusqu’à mi-cuisse.

Day Dreams (1916) de Walter Langley, Bristol Signing the Register (1920), Edmund Blair
Museum and Art Gallery. Leighton, Bristol Museum and Art Gallery.

• Le gros plan montre un seul élément, • Le très gros plan représente un détail.
de très près.

Jeune fille lisant (1874) de Pierre Auguste Renoir, Le désespéré (détail) (1843-45) de Gustave
Musée d’Orsay, Paris. Courbet, collection privée.

204 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Notes :

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CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 205


Sommaire
Lecture et littérature
A. Les grands genres littéraires :
RÉCIT
65. Le roman
66. Le conte et la nouvelle
67. Les récits de vie et l’autobiographie
68. La fable aux frontières des genres

POÉSIE
69. La versification
70. La poésie lyrique
71. La poésie engagée

THÉATRE
72. La comédie
73. La tragédie
74. Le drame

TROIS GRANDS MOUVEMENTS LITTÉRAIRES


75. Le classicisme
76. Le romantisme
77. Le réalisme et le naturalisme

B. Repères d’histoire littéraire


78. L’Antiquité : Homère, Ésope, Sappho, Ovide, Phèdre
79. Le Moyen Âge : Chrétien de Troyes, Christine de Pisan, Charles d’Orléans, François
Villon, Le Roman de Renart
80. La Renaissance : Marguerite de Navarre, Rabelais, Louise Labé, Ronsard, Du Bellay,
Montaigne
81. Le XVIIe : Molière, La Fontaine, Corneille, Madame de Sévigné, Perrault, Madame de La
Fayette
82. Le XVIIIe : Voltaire, Beaumarchais, Rousseau, Marivaux, Olympe de Gouges
83. Le XIXe : Marceline Desbordes-Valmore, Hugo, George Sand, Maupassant, Jules Verne,
Rimbaud
84. Le XXe : Apollinaire, Colette, Éluard, Romain Gary, Simone de Beauvoir, Jean Anouilh,
Marguerite Duras

206 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et A. Les grands genres littéraires
Littérature

65. Le roman
Le roman est le genre littéraire dominant aujourd’hui mais il est très récent.

Le roman apparaît au Moyen Âge mais il représente alors un choix de langue plus que de contenu.
En effet, le romansz, la langue romane, est la langue parlée, vulgaire, par opposition à la langue latine.
Au XIIe siècle, le terme désigne ainsi un récit directement écrit en langue romane, c’est-à-dire un récit
raconté en (ancien) fançais.

Puis apparaît le roman courtois, car les femmes entrent dans le récit. Le héros, toujours noble, doit
plaire à sa Dame. Patient, fidèle et aimant, il accomplit pour elle de véritables prouesses souvent
merveilleuses, voire surnaturelles, que l’on appelle des exploits. Ce récit est écrit en vers et le plus
souvent en octosyllabes, comme Lancelot ou le Chevalier à la charrette (1175-1181), ou Perceval ou le Conte
du Graal (1182-1190) de Chrétien de Troyes.

Le Roman de la Rose de Guillaume de Lorris et plus tard celui de Jean


Renart donnent une n ­ ouvelle orientation au roman. Le merveilleux est
rejeté, les lieux deviennent familiers aux lecteurs, des ­personnages
fictifs rencontrent des personnages historiques réels. Mais ces types
de récits réalistes sont encore écrits en vers et vont disparaître pro-
gressivement devant le succès croissant des récits en prose :
la ­lecture collective et orale est remplacée par la lecture individuelle.

Plus tard, au XVIe siècle, le roman devient un genre littéraire pour


désigner une œuvre fictive écrite en prose racontant la vie de person-
nages qui évoluent dans un monde réel. C’est le cas en France avec ­Pantagruel (1532) et Gargantua (1534)
de François Rabelais.

Au XVIIe siècle, les romans baroques sont des romans sentimentaux et d’aventure. Ils sont le plus
­souvent très volumineux et racontent les aventures de deux amants séparés par le destin qui se re-
trouvent à la fin.

Dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, un nouveau type de roman s’oppose au roman baroque. Il s’agit
de récits beaucoup plus courts et réalistes : la sphère privée et intime devient le centre du récit. Ils
marquent la naissance du roman tel que nous le connaissons encore aujourd’hui. Ainsi, La Princesse de
Clèves (1678) de Mme de La Fayette, est considéré comme le premier roman moderne car il comporte
une véritable analyse psychologique des personnages.

C’est au XVIIIe siècle que le roman prend une place centrale dans la littérature. Partis d’Angleterre, les
premiers romans à succès apparaissent : Robinson Crusoé (1719) de Daniel Defoe, Les Voyages de Gulliver
(1726) de Jonathan Swift. Le roman offre une très grande variété de formes. Il devient le véhicule des
idées des philosophes avec Jacques le Fataliste et son maître (1780) de Diderot : c’est le roman philoso-
phique. Naît également le roman épistolaire (écrit sous forme de lettres) avec Les Lettres persanes (1721)
de Montesquieu. Le roman libertin, quant à lui, avec Les Liaisons dangereuses (1782) de Choderlos de
Laclos, conteste l’ordre établi et propage (au départ de manière illicite) le libertinage, c’est-à-dire l’art
de la séduction.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 207


Lecture et
Littérature A. Les grands genres littéraires

En tout, ce sont près de 3000 romans qui sont écrits et publiés en


France pendant le siècle des Lumières.

Le XIXe siècle est l’âge d’or du roman. Les succès sont portés par le mouvement romantique (Le Rouge et
le Noir de Stendhal en 1830, Les Misérables de Victor Hugo en 1862) ainsi que par le mouvement
réaliste (Bel-Ami de Guy de Maupassant en 1885 et l’ensemble des romans qu’Honoré de Balzac a réunis
sous le titre « La Comédie Humaine ». Le mouvement naturaliste, quant à lui, connaîtra aussi de réels
succès avec Madame Bovary (1857) de Gustave Flaubert et les romans d’Émile Zola (« Les Rougon-
Macquart » 1871-1893). La société devient le sujet central du roman.

Le XXe siècle est l’héritier des succès du siècle précédent. Marcel Proust publie À la recherche du temps
perdu (1913-1927), œuvre constituée de sept tomes. Mais la remise en cause du modernisme, consé-
quence des deux guerres mondiales, entraîne un bouleversement du roman qui se fait critique et plus
pessimiste.

Dans les années 1950, tous les codes sont bouleversés : c’est la naissance du Nouveau Roman, incarné
notamment par Nathalie Sarraute, qui en est une des initiatrices avec Tropismes (1939), et, plus tard,
Marguerite Duras avec Moderato Cantabile (1958). Les auteurs refusent la chronologie linéaire et le
personnage classique.

208 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
A. Les grands genres littéraires Littérature

66. Le conte et la nouvelle


I. LE CONTE

Le conte est à l’origine un genre oral : les conteurs, lors de


soirées, racontaient ces petits récits à leur auditoire. Il obéit
aux règles de tout récit, c’est-à-dire qu’il suit les étapes du
schéma narratif.

Le conte de fées fait partie des contes merveilleux. Il commence généralement par une formule figée
comme « Il était une fois », et se termine par une expression comme « ils se marièrent et eurent
beaucoup d’enfants ». Les personnages sont souvent peu décrits. Il n’est pas rare qu’ils soient désignés
par des surnoms comme « Le Petit Chaperon Rouge », « La Petite Fille aux Allumettes ». Ce sont des
personnages-types, comme le roi, la princesse, le bûcheron, l’ogre, la fée... Les contes se déroulent dans
un passé lointain, et dans un lieu souvent indéterminé.
Si le but premier d’un conte est de divertir, il cherche aussi à donner un enseignement, une leçon de vie.
Par exemple, il apprend au lecteur que les méchants sont toujours punis (« Hansel et Gretel »). Un conte

peut aussi mettre en garde sur les dangers de la vie, comme dans « le Petit Chaperon Rouge ».

Les contes se sont répandus en littérature française à partir du XVIIe siècle. Charles Perrault écrit les
Histoires ou Contes du Temps passé. À la même époque, Antoine Galland traduit les Contes des Mille et Une
nuits, où l’on peut lire les histoires d’Ali Baba ou Aladin.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 209


Lecture et
Littérature A. Les grands genres littéraires

Au XVIIIe siècle le conte philosophique apparaît. Ce bref récit amusant est structuré comme un conte
merveilleux. Il favorise la réflexion sur des sujets d’ordre moral, religieux, philosophique. Voltaire est le
grand représentant du conte philosophique français avec Candide ou l’Optimisme, L’ingénu, Micromégas ou
encore Zadig ou la Destinée.

II. LA NOUVELLE

Une nouvelle est faite « pour être lue d’un coup, en une fois » selon André Gide, d'où le fait que sa
­longueur ne dépasse pas quelques dizaines de pages. Sa brièveté implique donc une construction
­dramatique dense et resserrée, centrée sur un événement unique. Les personnages sont caractérisés
rapidement, sans longue description, les lieux sont peu nombreux, et l’action se déroule dans un laps
de temps restreint.

Très souvent, l’histoire, est racontée dans l’ordre chronologique, mais le temps peut s’écouler de
­différentes façons.

Trois types de fin sont possibles :

• La fin fermée, où le sort des personnages est définitif.

Exemple : La Bande Mouchetée de Conan Doyle, où le mystère est résolu.


• La fin ouverte qui laisse au lecteur la possibilité d’imaginer ce que deviennent les personnages.

Exemple : dans Aux Champs de Maupassant, on ne sait pas ce que va devenir Charlot.
• La chute du récit, élément surprenant qui renverse la situation.

Exemple : Le Reflet de Didier Daeninckx, où le vieil homme a une révélation sur son identité.

Les premières nouvelles datent du XVIe siècle, quand Marguerite de Navarre rédige l’Heptaméron.
Mais c’est au XIXe siècle que le genre prend toute son ampleur, avec le développement du journalisme.
Les nouvelles sont publiées dans les gazettes (journaux), et sont parfois nommées « contes », en parti-
culier par Maupassant. Généralement, les nouvelles sont regroupées dans des livres qu’on appelle des
recueils.

La nouvelle se décompose en plusieurs registres :

présente la vie quotidienne du XIXe siècle


réaliste
auteurs majeurs : Maupassant, Balzac, Zola

la chute dévoile l’identité du criminel


policière
auteurs majeurs : Poe, Christie, Doyle
La nouvelle...
prend place dans un monde surnaturel ou futuriste.
fantastique ou de science-fiction.
auteurs majeurs : Maupassant, Mérimée,
Villiers de L’Isle-Adam, Brown.

permet une réflexion sur les valeurs morales


le conte philosophique
auteurs majeurs : Voltaire, Diderot, Swift

210 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
A. Les grands genres littéraires Littérature

67. Les récits de vie et l’autobiographie


I. DÉFINITION

Une autobiographie (des mots grecs autos : soi-même ; bios : la


vie ; graphein : écrire) est le récit qu’une personne ayant réellement
existé fait de sa propre vie. L’auteur est ainsi le narrateur et le prota-
goniste de son récit (auteur = narrateur = personnage principal).

II. LES CARACTÉRISTIQUES DU RÉCIT AUTOBIOGRAPHIQUE


A Auteur, narrateur et personnage
• L’auteur, le narrateur et le personnage principal d’une autobiographie sont la même personne. Dans
tout texte autobiographique, il y a identité auteur = narrateur = personnage ;
• Le point de vue est subjectif, donc interne car c’est celui de l’auteur qui raconte les souvenirs de sa
propre vie ;
• Le récit est obligatoirement fait à la 1e personne ;
• Deux je vont coexister : le je du moment de l’événement raconté, du souvenir, du passé, souvent de
l’enfance, et le je du moment de l’écriture, du présent. (« Au moment où j’écris ces mots, je revois le
petit garçon timide que j’étais alors. » : « je » désigne le narrateur, tandis que « je » désigne l’enfant
qu’il était autrefois.)
• L’autobiographie a un double destinataire : l'auteur et son lecteur.

B Le pacte autobiographique
Le pacte autobiographique est un accord, explicite ou implicite, qui lie l’auteur et son lecteur. L’auteur
s’engage à dire la vérité, ou du moins ce qu’il croit l’être car les souvenirs peuvent se déformer ou
s’estomper. En retour, le lecteur s’engage à le croire sur parole : il part dans l'idée qu'il a affaire à un
témoignage authentique et sincère.

C Chronologie du récit autobiographique


Le plus souvent, le récit autobiographique se fait de manière chronologique. Il commence par le récit des
souvenirs d’enfance pour s’achever sur le récit de moments présents. Cependant, l’auteur peut
décider de ne pas suivre parfaitement la chronologie : il peut faire une sélection de ses souvenirs et ne
pas raconter certains moments de sa vie ; il peut faire des retours en arrière ou des anticipations au
cours de son récit. C’est ce qu’on appelle le projet autobiographique.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 211


Lecture et
Littérature A. Les grands genres littéraires

D Le rapport au passé
Le récit autobiographique fait alterner récit et analyse. L’auteur raconte son passé mais analyse aussi ce
qu’il a été, il prend du recul et peut avoir ainsi une vision critique du souvenir qu’il raconte.

E Le jeu des temps


Il faut distinguer les temps qui racontent les événements passés et les temps qui correspondent au
moment de l’écriture.
Le temps de l’écriture est ancré dans la situation d’énonciation : l’auteur utilise le présent, qui est le
temps de base, pour faire ses commentaires et ses analyses ; les verbes correspondant au moment de
l’écriture sont au présent d’énonciation : je me souviens...
Exemple : « Je sens en écrivant ceci que mon pouls s’élève encore ; ces moments me seront toujours présents
quand je vivrais cent mille ans. » Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, 1782-1789.
Le temps du souvenir peut être plus ou moins éloigné de la situation d’énonciation : l’auteur utilise alors
les temps du passé que sont l’imparfait, le passé simple et le plus-que-parfait.
Exemple : « La simplicité de cette vie champêtre me fit un bien d’un prix inestimable, en ouvrant mon cœur
à l’amitié. Jusqu’alors je n’avais connu que des sentiments élevés, mais imaginaires. L’habitude de vivre
ensemble dans un état paisible m’unit tendrement à mon cousin Bernard. En peu de temps j’eus pour lui des
sentiments plus affectueux que ceux que j’avais eus pour mon frère, et qui ne se sont jamais effacés. » Jean-
Jacques Rousseau, Les Confessions, 1782-1789.

III. LE PROJET AUTOBIOGRAPHIQUE

Les récits autobiographiques abordent très souvent les mêmes thèmes : récit d’enfance, récit d’une
vocation, portraits des membres de la famille, premières rencontres...

A Un regard sur soi


Écrire son autobiographie,
• témoigne de l’envie de laisser une trace de son passage derrière soi, non seulement en tant qu’auteur
mais aussi en tant qu’être humain ;
• permet de mieux se connaître en analysant son propre parcours, sa propre évolution dans la vie ;
• donne de la cohérence à sa vie en l’écrivant et en lui donnant la forme d’un récit ;
• permet de se justifier de ce qu’on a fait et de ce qu’on a été ;
• permet de se confesser pour soulager sa conscience ;
• permet de rétablir la vérité pour faire cesser une injustice qui reste sur le cœur.
Exemple : « Il y a maintenant près de cinquante ans de cette aventure, et je n’ai pas peur d’être puni dere-
chef pour le même fait : hé bien ! je déclare à la face du ciel que j’en étais innocent, que je n’avais ni cassé ni
touché le peigne, que je n’avais pas approché de la plaque, et que je n’y avais pas même songé. Qu’on ne me
demande pas comment le dégât se fit, je l’ignore et ne le puis comprendre ; ce que je sais très certainement,
c’est que j’en étais innocent. » Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, 1782-1789.

212 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
A. Les grands genres littéraires Littérature

B Un témoignage pour les autres


Écrire son autobiographie permet de témoigner de son expérience : l’auteur considère qu’elle est assez
importante pour apprendre quelque chose aux autres hommes. Il peut vouloir informer ou dénoncer.
Exemple : « J’ai parlé pour la première et dernière fois, du moins pour ce qui est des seize années suivantes.
Du moins avec une telle précision dans le détail. J’ai parlé jusqu’à l’aube, jusqu’à ce que ma voix devienne
rauque et se brise, jusqu’à en perdre la voix. J’ai raconté le désespoir dans ses grandes lignes, la mort dans
son moindre détour.
Ça n’a pas été inutile, apparemment.
Yann Dessau est finalement revenu de Neuengamme*.
Sans doute faut-il parfois parler au nom des naufragés. Parler en leur nom, dans leur silence, pour leur
rendre la parole. » Jorge Semprun, L’écriture ou la vie, 1994.
*Camp de concentration nazi

IV. QUELQUES AUTRES GENRES AUTOBIOGRAPHIQUES


A Récit ancré dans la situation d’énonciation

Je constate J’en déduis


Le texte fait partie d’une série de textes Il s’agit d’un journal intime si n’y est consigné que ce
écrits au jour le jour. qui touche le narrateur de près (les événements de sa
vie personnelle, ses sentiments, ses pensées), ou d’un
­journal de voyage, d’un journal de bord, de carnets...
Samedi 20 juin 1942
C’est une sensation très étrange, pour quelqu’un dans mon genre, d’écrire un journal. Non seulement je
n’ai jamais écrit, mais il me semble que plus tard, ni moi ni personne ne s’intéressera aux confidences
d’une écolière de treize ans. […]
Me voici arrivée à la constatation d’où est partie cette idée de journal ; je n’ai pas d’amie. […]
Peut-être ce manque d’intimité vient-il de moi, en tout cas le fait est là et malheureusement, on ne peut
rien y changer. De là ce journal. Et pour renforcer encore dans mon imagination l’idée de l’amie tant atten-
due, je ne veux pas me contenter d’aligner les faits dans ce journal comme ferait n’importe qui d’autre,
mais je veux faire de ce journal l’amie elle-même et cette amie s’appellera Kitty. […]
Mercredi 8 juillet 1942
Chère Kitty,
Depuis dimanche matin, on dirait que des années se sont écoulées, il s’est passé tant de choses qu’il me
semble que le monde entier s’est mis tout à coup sens dessus dessous, mais tu vois, Kitty, je vis encore
et c’est le principal, dit Papa. Oui, c’est vrai, je vis encore, mais ne me demande pas où ni comment. J’ai
l’impression que tu ne comprends rien à ce que je te dis aujourd’hui, c’est pourquoi je vais commencer par
te raconter ce qui s’est passé dimanche après-midi. […]

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 213


Lecture et
Littérature A. Les grands genres littéraires

Samedi 11 juillet 1942


Papa, Maman et Margot ont encore du mal à s’habituer au carillon de la Westertoren, qui sonne tous les
quarts d’heure. Moi pas, je l’ai tout de suite aimé, et surtout la nuit, c’est un bruit rassurant. Il t’intéressera
peut-être de savoir quelle impression cela me fait de me cacher, eh bien, tout ce que je peux te dire, c’est
que je n’en sais encore trop rien.
Le journal, Anne Frank, 1947.

B Récit coupé de la situation d’énonciation

Je constate J’en déduis


Le narrateur raconte, pour les faire connaître, des évé- Il s’agit d’un témoignage.
nements précis dont il a été spectateur ou qu’il a vécus
avec d’autres, mais dont il n’a pas été le protagoniste.
Et brusquement ce fut le dénouement. La portière s’ouvrit avec fracas ; l’obscurité retentit d’ordres hurlés
dans une langue étrangère, et de ces aboiements barbares naturels aux Allemands quand ils commandent,
et qui semblent libérer une hargne séculaire. Nous découvrîmes un large quai, éclairé par des projecteurs.
Un peu plus loin, une file de camions. Puis tout se tut à nouveau. Quelqu’un traduisit les ordres : il fallait
descendre avec les bagages et les déposer le long du train. En un instant, le quai fourmillait d’ombres ;
mais nous avions peur de rompre le silence, et tous s’affairaient autour des bagages, se cherchaient,
s’interpellaient, mais timidement, à mi-voix. Une dizaine de SS, plantés sur leurs jambes écartées, se
tenaient à distance, l’air indifférent. À un moment donné, ils s’approchèrent, et sans élever la voix, le visage
impassible, ils se mirent à interroger certains d’entre nous en les prenant à part, rapidement : « Quel âge ?
En bonne santé ou malade ? » et selon la réponse, ils nous indiquaient deux directions différentes.

Primo Levi, Si c’est un homme (1947)

214 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
A. Les grands genres littéraires Littérature

68. La fable aux frontières des genres

I. QU’EST-CE QU’UNE FABLE ?

Une fable est un court récit amusant, qui peut être en vers
ou en prose. Elle est souvent composée de 2 parties : la plus
longue est consacrée à l’histoire (c’est le récit) et la plus courte
contient la m
­ orale. (c’est le discours du fabuliste qui s’adresse
au lecteur). Parfois, cette morale est implicite, c’est-à-dire
qu’elle n’est pas écrite, le fabuliste laisse au lecteur le soin de
la comprendre lui-même.

La morale est placée au début ou à la fin du texte. Longue de quelques vers (ou lignes), elle donne au
lecteur une leçon de vie, des conseils. Grâce à cette morale, le fabuliste instruit le lecteur sur la nature
humaine. La morale est généralement rédigée au présent de l’indicatif, ce qui lui donne une valeur de vérité
générale. Elle peut aussi être au présent de l’impératif, au futur... Attention, la morale n’est pas toujours
écrite, c’est parfois au lecteur de la déduire de la fable. On dit alors qu’elle est implicite.

Très souvent, les personnages des fables sont des animaux doués de qualités humaines. Grâce à ces
animaux, le fabuliste peut critiquer les défauts humains, tout en mettant à distance les situations.
­Certains animaux très caractérisés sont entrés dans l’imaginaire collectif : le roi est représenté par le
Lion, le Renard est l’incarnation de la ruse... On dit dans ce cas que les animaux sont personnifiés.

C’est vrai, je suis le plus malin !

On peut donc dire que la devise de la fable est plaire à son lecteur tout en l’instruisant.

II. LA FABLE DE L’ANTIQUITÉ À NOS JOURS

Le genre de la fable trouve ses origines dans l’Antiquité, il y plus de 2500 ans.

Ésope a écrit des fables en prose au VIe siècle avant J.-C. Il a eu un très grand succès, et des généra-
tions de Grecs se sont transmis ses récits. Puis, le fabuliste latin, Phèdre (10 av. J.-C. - 54 ap. J.-C.) s’est
beaucoup inspiré des fables d’Ésope et en a aussi inventé.

Au XVIIe siècle, Jean de La Fontaine s’est inspiré de ces fabulistes antiques pour l’écriture de ses fables.
Depuis, les fables de Jean de la Fontaine connaissent toujours un grand succès.

Au XXe siècle, de nouveaux fabulistes se font connaître, comme Charpentreau et Queneau.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 215


Lecture et
Littérature A. Les grands genres littéraires

69. La versification
La versification est l’art de composer des vers. Étudier la versification, c’est découvrir toutes les règles
et les techniques qui sont en œuvre lorsqu’on écrit des vers.

Prose ou vers ? Quelle est la différence ?

Quand on écrit en prose, on ne se préoccupe pas du nombre de syllabes des mots. On écrit jusqu’au bout
de la ligne, sauf quand on veut faire un nouveau paragraphe.

Quand on écrit en vers, on compte les syllabes des mots et on retourne à la ligne quand on a le nombre
de syllabes voulu.

I. LE POÈME, UN TEXTE EN VERS

Le vers n’occupe qu’une seule ligne et ne correspond pas forcément à une phrase complète ; il y a donc
un espace blanc entre la fin du vers et le bord droit de la page. Dans la poésie traditionnelle (jusqu'au
XIXe siècle), le vers commence toujours par une majuscule, même si ce n’est pas le début d’une phrase.

Le vers est basé sur le rythme. C’est le nombre et l’accentuation des syllabes qui vont définir ce rythme.

Un vers comporte un nombre précis de syllabes. C’est ce que l’on appelle le mètre. Pour trouver le mètre
d’un vers, il faut compter les syllabes des mots que contient ce vers.

Les vers les plus connus sont :

• l’hexasyllabe : vers de six syllabes : Un Malheureux appelait tous les jours


La Mort à son secours.
« La Mort et le Malheureux », Jean de La Fontaine, 1668.

• l’octosyllabe : vers de huit syllabes : Mignonne allons voir si la rose,


Qui ce matin avait déclose
(Ronsard, « A Cassandre », 1545)

• le décasyllabe : vers de dix syllabes : Dans ce récit je prétends faire voir


D’un certain sot la remontrance vaine.
Un jeune enfant dans l’eau se laissa choir,
En badinant sur les bords de la Seine.
« L’enfant et le Maître d’école », Jean de La fontaine, 1668.

• l’alexandrin : vers de douze syllabes : Oh ! combien de marins, combien de capitaines


Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis !
(Hugo, « Oceano nox », 1840)

216 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
A. Les grands genres littéraires Littérature

Remarque : Il existe aussi des vers impairs :

- exemple de vers de cinq syllabes Ni vu ni connu


Je suis le parfum
Vivant et défunt
Dans le vent venu !
« Le Sylphe », Paul Valéry, 1933.

- exemples de vers de trois et sept syllabes La cigale ayant chanté


Tout l’été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue.
« La Cigale et la Fourmi », Jean de La fontaine, 1668.

Pour compter les syllabes, il faut faire attention au -e muet :


• Il compte dans un vers quand il est suivi par un mot commençant
par une consonne : Quand la bise fut venue ;
• Il ne compte pas quand il est suivi par un mot commençant par une
voyelle : La cigale ayant chanté ;
• Il ne compte pas quand il est suivi par un mot commençant par un
h muet ;
• Il ne compte pas à la fin d’un vers : Demain, dès l’aube, à l’heure où
blanchit la campagne
Exemple : Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, – heureux comme avec une femme.
« Sensation », Arthur Rimbaud, 1870.

Il arrive parfois qu’on prononce séparément deux voyelles qui se suivent dans un mot : on dit alors que
l’on fait une diérèse.

Exemple : Comme la vie est lente


Et comme l’Espérance est violente. (Apollinaire, « Sous le Pont Mirabeau », 1913)

Dans le 2e vers qui est un décasyllabe, on n’obtient les dix syllabes que si l’on prononce vi/o/lente en
trois syllabes, avec une diérèse. Ce procédé permet d’obtenir le bon décompte, mais il permet surtout
d’insister sur un mot en l’allongeant.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 217


Lecture et
Littérature A. Les grands genres littéraires

II. LES RIMES

Une rime, c’est la répétition d’un son à la fin de plusieurs vers.

Les rimes peuvent être disposées de trois façons différentes :

• Elles peuvent être embrassées. Une paire de rimes en englobe une autre. Le schéma est donc en
ABBA.
Le temps a laissé son manteau (A)
De vent, de froidure et de pluie (B)
Et s’est vêtu de broderie (B)
De soleil luisant, clair et beau. (A)
(Charles d’Orléans, « Rondeau », 1450)

• Elles peuvent être croisées. Elles s’entrecroisent. Le schéma est donc en ABAB.

Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, (A)


Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends. (B)
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne, (A)
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. (B)
(Victor Hugo, « Demain, dès l’aube... », 1856)

• Enfin, les rimes peuvent être plates ou suivies. Elles se suivent deux à deux.
Le schéma est en AABB.
O champs pleins de silence, (A)
Où mon heureuse enfance (A)
Avait des jours encor (B)
Tout filés d’or ! (B)
« À la Font-Georges », Théodore de Banville, 1846.
Attention : Jusqu’au XIXe siècle, la poésie obéissait à des règles strictes : les vers se terminaient par
des rimes, ils étaient le plus souvent pairs et de longueur égale (même si dans ses Fables, Jean de
La Fontaine joue habilement avec la longueur des vers pour créer des effets de sens). Il était alors
inconcevable d’écrire des vers plus longs que l’alexandrin (douze syllabes). Au XIXe siècle, certains
poètes se libèrent des contraintes : c’est l’invention du vers libre : les poètes écrivent des vers impairs,
parfois plus longs que l’alexandrin et ils se passent de rimes ou bien jouent sur des sons approximatifs.
Certains, comme Aloysius Bertrand ou Baudelaire écrivent même des poèmes en prose (sans vers ni
rimes).
Je t’aime pour toutes les femmes que je n’ai pas connues
Je t’aime pour tous les temps où je n’ai pas vécu
Pour l’odeur du grand large et l’odeur du pain chaud
Pour la neige qui fond pour les premières fleurs
Pour les animaux purs que l’homme n’effraie pas
Je t’aime pour aimer
Je t’aime pour toutes les femmes que je n’aime pas
« Je t’aime », Paul Éluard, 1951.

218 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
A. Les grands genres littéraires Littérature

On juge la valeur des rimes au nombre de sons qui sont repris : chaque son est codifié par un signe de
l’Alphabet Phonétique International.

Exemples : enflammée / désiré : [e] (= é) 1 son commun -> rime pauvre ;


âme / femme : [am] 2 sons communs -> rime suffisante ;
capitaine / lointaine : [ten] 3 sons communs -> rime riche.

Les rimes ont elles aussi un genre : une rime est dite féminine lorsqu’elle se termine par un e muet.
Toutes les autres terminaisons donnent des rimes masculines.

III. LES RYTHMES


A La césure
Une césure est une pause dans un vers. Une des plus utilisées est la césure à l’hémistiche dans
l’alexandrin : elle sépare le vers en deux moitiés égales ou hémistiches (du grec hémi- : moitié
et -stiche : vers).

Exemple : La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme (Baudelaire, « L’homme et la mer », 1859)

La césure se situe au niveau du point-virgule, entre les six premières syllabes et les six dernières.

B Les répétitions de sons


L’assonance : répétition d’un même son vocalique (produit par une voyelle ou une voyelle associée à une
consonne).

Exemple : Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant (Verlaine, « Mon rêve familier », 1866)

L’allitération : répétition d’un même son consonantique (produit par une consonne).

Exemple : I ls vont, de l’aube au soir, faire éternellement


Dans la même prison le même mouvement. (Hugo, « Melancholia », 1856)

C Les effets de rythme dans le vers


L’enjambement : la proposition commencée dans un vers continue dans le suivant. On a l’impression que
le vers déborde sur le suivant.

Exemple : Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,


Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges
Jeter l’ancre un seul jour ?
« Le Lac », Alphonse de Lamartine, 1820.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 219


Lecture et
Littérature A. Les grands genres littéraires

Le rejet : on rejette au vers suivant un mot ou un court groupe de mots de la proposition. Ce procédé
met en valeur l’élément rejeté et attire l’attention sur lui.

Exemple : C’est un trou de verdure où chante une rivière,


Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.
« Le Dormeur du Val », Arthur Rimbaud, 1870.

Le contre-rejet : un mot ou un court groupe de mots est seul en fin de vers alors que le reste de la
­proposition est au vers suivant.

Exemple : – C’est là qu’on trouverait les médaillons, les mèches


De cheveux blancs ou blonds, les portraits, les fleurs sèches
Dont le parfum se mêle à des parfums de fruits.
« Le buffet », Arthur Rimbaud, 1870.

IV. LES STROPHES

Une strophe regroupe plusieurs vers entre deux espaces. Il en existe plusieurs :

• Une strophe qui contient deux vers s’appelle un distique.


• Une strophe qui contient trois vers s’appelle un tercet.
• Une strophe qui contient quatre vers s’appelle un quatrain.
• Une strophe qui contient cinq vers s’appelle un quintil.
• Une strophe qui contient six vers s’appelle un sizain.
• Une strophe qui contient dix vers s’appelle un dizain.

V. QUELQUES POÈMES À FORME FIXE

• La ballade comporte trois strophes d’un même nombre de vers, fondées sur les mêmes rimes, et une
strophe plus courte (Le plus souvent, elle est formée de trois huitains d’octosyllabes et d’un qua-
train) ;
• Le rondeau se compose de trois strophes : un quintil, un tercet, un autre quintil ; chaque strophe est
formée sur deux rimes seulement ;
• Le sonnet est la forme qui a connu le plus de succès à partir de la Renaissance. Il se compose de
deux quatrains et deux tercets fondés sur deux autres rimes. Le schéma des rimes du sonnet est :
ABBA ABBA CCD EDE (ou EED).

220 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
A. Les grands genres littéraires Littérature

Voici un sonnet :

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, (A)


Ou comme celui-là qui conquit la toison, (B)
Et puis est retourné, plein d’usage et raison, (B)
Vivre entre ses parents le reste de son âge ! (A)

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village (A)


Fumer la cheminée, et en quelle saison (B)
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison, (B)
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ? (A)

Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux, (C)


Que des palais romains le front audacieux, (C)
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine : (D)

Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin, (E)


Plus mon petit Liré, que le mont Palatin, (E)
Et plus que l’air marin la douceur angevine. (D)

Joachim Du Bellay, Les Regrets, 1558.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 221


Lecture et
Littérature A. Les grands genres littéraires

70. La poésie lyrique


I. DÉFINITION DU LYRISME

La légende raconte que le Dieu Apollon a offert au poète Orphée un instrument


de musique, une lyre, afin qu’il puisse chanter ses poèmes.

Le lyrisme est donc un chant, des mots mis en poème de façon ­musicale. Cette
musique des mots met en valeur l’expression des sentiments.

On dit donc d’un texte qu’il est lyrique quand son auteur y exprime ses senti-
ments personnels et ses émotions.

La complainte
Le sonnet
C’est une chanson chantée sur un air
Composée de deux quatrains et deux connu, qui raconte les malheurs d’un
tercets, cette forme de poème est la personnage. Elle est devenue ensuite
plus populaire au XVIe et XIXe siècle. la chanson populaire.

La ballade
L’ode
Elle se compose de trois strophes qui
Ce poème assez court met en avant La poésie lyrique utilisent les mêmes rimes. Ces strophes
la musicalité de la langue, et insiste
sont terminées par un refrain, et un
sur la présence d’un locuteur
envoi. En perdant son caractère chanté
exprimant ses états d’âme.
la ballade développe des thèmes de
plus en plus profonds.
Le poème en prose
Le rondeau
À partir de la moitié du XIXe siècle,
certains poètes libèrent la poésie Il est en rapport avec la danse, la ronde.
traditionnelle de ses règles : ils Ce court poème comporte à l’origine huit
abandonnent les vers et les rimes... vers, dont deux qui forment le refrain.

II. LES PROCÉDÉS D’ÉCRITURE


A Les formes de poèmes lyriques

B Les procédés d’écriture


Dans un poème lyrique, le poète emploie la première personne pour parler de lui.

Exemple : « Je vis, je meurs, je me brûle et me noie. »


Louise Labé, Sonnets, 1555.

S’il s’adresse à quelqu’un, il emploie les pronoms et déterminants de la deuxième personne (tu ou vous).

222 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
A. Les grands genres littéraires Littérature

Exemple : « Encore un peu ta bouche en pleurs, encore un peu


Tes mains contre mon cœur et ta voix triste et basse ;
Demeure ainsi longtemps, délicieuse et lasse,
Auprès de moi, ma pauvre enfant, ce soir d’adieu. »
Charles Guérin, Le cœur solitaire, 1896.

Le poète, afin d’exprimer la force de ses sentiments, s’appuie sur des procédés tels que les interjections,
les phrases exclamatives ou interrogatives, les points de suspension... Il développe aussi des champs
lexicaux (regret, nostalgie, souffrance, amour, manque...) qui lui permettent de faire sentir toutes les
nuances de ses émotions.

Les figures de style sont nombreuses dans la poésie lyrique : métaphore, comparaison, personnification,
anaphore, ­hyperbole...

Le poète prend aussi un soin tout particulier aux rythmes et aux sonorités qui composent son poème.

C’est grâce à un méticuleux travail sur la langue que le poète peut communiquer au lecteur ses
­émotions. Le lyrisme est donc un hommage aux sentiments, mais aussi à la façon de les exprimer.

Tu peux relire la fiche 51 sur les


figures de style.

III. LE REGISTRE LYRIQUE AU FIL DES SIÈCLES

• Au Moyen Âge, la poésie amoureuse naît avec le mouvement des troubadours et des trouvères.
La poésie était alors mise en musique et récitée lors de veillées.
• Au XVIe siècle, la Renaissance met en évidence un renouveau de la poésie française sous l’influence
de la poésie italienne. L’introduction du sonnet favorise la création poétique des poètes de la Pléiade.
Le lyrisme poétique tombe en désuétude à la fin de cette période.
• Mais il fait son retour au XIXe siècle avec le mouvement romantique, puis avec la poésie s­ ymboliste.
Lamartine, Hugo, Musset, Nerval, Desbordes-Valmore entre autres poètes, mettent l’individu
et ses sentiments au cœur de leur poésie. Par la suite, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud insistent sur
la m
­ usicalité de la poésie, son pouvoir de suggestion, sa puissance évocatrice : les symbolistes sont
en cela des poètes lyriques.
• Au XXe siècle, le lyrisme et la poésie engagée cohabitent, et se font souvent écho. Le mouvement
­surréaliste met l’amour et la femme au cœur de la poésie. Il ne faut par ailleurs pas négliger un
­aspect essentiel du lyrisme : la chanson. Par un retour aux sources du lyrisme, c’est désormais
accompagnés par la musique que les sentiments s’expriment, par exemple dans les chansons
de Jacques Brel et Edith Piaf, Georges Moustaki, Serge Lama et Barbara...

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 223


Lecture et
Littérature A. Les grands genres littéraires

71. La poésie engagée

I. DÉFINITION

Depuis le XXe siècle, s’engager signifie participer à la vie sociale, politique, intellectuelle ou ­religieuse de
son temps en suivant ses convictions profondes et en assumant les risques de l’action.

La poésie engagée est argumentative car elle cherche à convaincre ou à persuader le lecteur.

II. UNE POÉSIE DE CIRCONSTANCE

Dans un contexte historique pénible : guerre, dictature, censure, le poète peut décider de s’engager, en
mettant son art au service d’une cause. La poésie engagée est donc liée à des périodes de bouleverse-
ments historiques.

La poésie engagée est donc une poésie de circonstance.

L’engagement poétique des poètes est souvent accompagné d’un engagement personnel.

• Dès le Moyen Âge, le poème La Ballade des pendus (1462) de François Villon fait entendre la voix des
nécessiteux.
• Au XVIIe siècle, derrière leur apparence légère et amusante, les fables de La Fontaine dénoncent les
injustices de l’Ancien Régime, l’hypocrisie des courtisans, les dérives de la tyrannie et tous les défauts
humains...
• Le XVIIIe siècle n’est pas un grand siècle du point de vue de la création poétique. Mais la littérature
(contes, romans, Encyclopédie) y est très engagée. Les philosophes des Lumières se font un devoir
de servir et d’améliorer la société. Voltaire, Diderot, Montesquieu, Rousseau, d’Alembert et d’autres
dénoncent l’intolérance, l’esclavage la superstition, la tyrannie, l’ignorance...
• Au XIXe siècle, Victor Hugo exprime dans ses poèmes (comme dans tout le reste de son œuvre) son
engagement social en faveur des miséreux (Melancholia, Les Contemplations 1856) ou son engagement
politique, notamment son opposition à Napoléon III, dans Les Châtiments (1853).

224 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
A. Les grands genres littéraires Littérature

• Au XXe siècle, Guillaume Apollinaire dénonce les horreurs de la Première Guerre mondiale dans son
recueil Calligrammes (1918). De nombreux poètes s’engagent dans la Résistance pendant la Seconde
Guerre mondiale : Robert Desnos, Paul Eluard, Louis Aragon... . Le Chant des Partisans (1943),
de Joseph Kessel et Maurice Druon, devient l’hymne de la Résistance.

III. LA POÉSIE COMME DEVOIR DE MÉMOIRE

La poésie engagée a pour vocation première de dénoncer les injustices et horreurs du monde mais éga-
lement d’en témoigner pour qu’elles ne se reproduisent plus. Elle a ainsi pour visée d’empêcher que ces
bouleversements historiques tragiques ne sombrent dans l’oubli. Elle permet d’honorer la mémoire de
ceux et celles qui se sont sacrifiés.

Par exemple, lorsque Louis Aragon écrit le poème


« Strophes pour se souvenir » en 1955, il rend
hommage au groupe Manouchian, des Résistants
fusillés en 1944.

Voici la dernière strophe de « Strophes pour se souvenir » :

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent

Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps

Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant

Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir

Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 225


Lecture et
Littérature A. Les grands genres littéraires

72. La comédie

I. DÉFINITION

Le mot « comédie » vient du latin « comoedia » qui dési-


gnait, de manière générale, une pièce de théâtre. Depuis, la
comédie désigne une pièce de théâtre comique, qui pour-
suit deux objectifs : faire rire le spectateur (ou le lecteur)
en critiquant les travers (les défauts) de la société et des
hommes. Molière avait d’ailleurs fait sienne cette définition
latine de la comédie : « Castigat ridendo mores », c’est-à-
dire « La comédie châtie les mœurs par le rire. »

II. NAISSANCE ET ÉVOLUTION DE LA COMÉDIE

A La comédie dans l’Antiquité


Le mot comédie vient du latin « comoedia » qui lui-même vient du grec komos (= procession) et odè
(= chant). En Grèce, la comédie naît dans les processions des fêtes de Dionysos (Bacchus en latin), dieu
du vin et de la fête. La comédie est d’abord un spectacle improvisé, fait de cabrioles, de danses, de
chants, de jeux... La comédie se développe, à Athènes, au Ve siècle avant J.-C.

La comédie se fait d’abord la critique de la politique et de la morale avec le dramaturge grec Aristo-
phane, pour se faire ensuite comédie de mœurs avec une intrigue (souvent un mariage arrangé).

B La comédie au Moyen Âge


Le théâtre du Moyen Âge est avant tout religieux : les pièces sont jouées sur le parvis des églises,
d’abord en latin, puis en langue régionale. Ce sont les « mystères ». Le théâtre comique est indépendant
de ce théâtre religieux. On assiste alors à des sotties, dans lesquelles les acteurs se déguisent en sots, en
fous ; ce sont des pièces satiriques, faites pour se moquer. Des farces également sont représentées :
elles mettent en scène des gens du peuple et de moyenne condition dans leur vie quotidienne. Le co-
mique des farces est souvent grossier.

Tout en continuant d’être satirique, la comédie s’inspire de la Commedia dell’Arte, comédie italienne, qui
est basée sur l’improvisation.

C La comédie au XVIIe siècle


Le XVIIe siècle est le siècle de la comédie. Pierre Corneille (1606-1684), Rotrou (1609-1650), et Scarron
(1610-1660) s’éloignent de la farce et la rendent plus subtile et moins grossière. (Corneille, Mélite, 1629).

226 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
A. Les grands genres littéraires Littérature

Pour Molière, la comédie a pour but de corriger les défauts humains par le rire, en les dénonçant.

Il s’impose dans la comédie de mœurs et de caractère en s’inspirant d’abord de la Commedia dell’Arte


avec Le Dépit amoureux (1655), puis en s’en détachant et en créant des personnages auxquels s’identi-
fient les spectateurs : il fait la peinture fidèle, drôle mais aussi grave, de la société de son époque avec
Dom Juan (1665), L’ Avare (1668), Le Malade imaginaire (1673)...

Après la comédie de caractère qui peint les caractères, la comédie de mœurs qui inscrit les personnages
dans leur milieu social, la comédie d’intrigue qui complique l’histoire pour le plaisir, la comédie-ballet,
inventée par Molière, fait son apparition : c’est une comédie qui inclut des danses, accompagnées d’un
orchestre. Le Bourgeois gentilhomme est une comédie-ballet.

Au XVIIe siècle, le théâtre est régi par des règles strictes. La règle des trois unités impose que l’histoire
de la pièce ne développe qu’une intrigue, que celle-ci se déroule en une journée et en un lieu. La règle de
bienséance impose aussi de ne rien représenter sur scène qui puisse choquer le spectateur (la mort par
exemple).

D La comédie au XVIIIe siècle


Certains auteurs du Siècle des Lumières estiment que le théâtre est non seulement un divertissement,
mais aussi un outil pédagogique qui agit comme un révélateur des défauts pour mieux en prendre
conscience, et, idéalement, les corriger.

Marivaux, dans L’Ile des Esclaves (1725), rêve d’une société


idéale et critique les abus de la société de son temps.

E La comédie au XIXe siècle


Les règles des trois unités (unité de temps / de lieu / d’action) est abandonnée car trop contraignante,
mais la comédie d’intrigue et de mœurs, très appréciée, perdure : elle s’attaque aux travers (défauts) de
la société avec Le Voyage de Monsieur Perrichon (1860) d’Eugène Labiche, par exemple.

La comédie romantique fait son apparition : elle met en scène avec finesse et légèreté la complexité des
sentiments amoureux (On ne badine pas avec l’amour, 1834, Alfred de Musset).

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 227


Lecture et
Littérature A. Les grands genres littéraires

F La comédie au XXe siècle


Le XXe siècle a été traversé par deux guerres mondiales qui ont bouleversé les consciences et poussé les
auteurs à s’engager et à réfléchir sur les grandes questions qui agitent la vie et la société humaine. Le
théâtre reflète ces bouleversements. C’est le grand retour de la tragédie.

La comédie subsiste avec le théâtre de boulevard et le vaudeville qui divertissent avec légèreté par des
jeux de mots et des situations types (le mari, la femme, l’amant). Parmi les auteurs, on retrouve Sacha
Guitry, Georges Feydeau et Georges Courteline).

Mais, à partir des années 1950, le monde découvre, abasourdi, l’impensable. La découverte de l’horreur
des camps de concentration génère des questions très graves : comment des hommes ont-ils pu traiter
ainsi d’autres hommes ? Qu’est-ce qu’être un humain ? Quels liens unissent les hommes ? La vie a-t-
elle un sens ? Que sommes-nous venus faire sur terre ? Pouvons-nous nous entendre ?

Le comique devient « absurde » : le théâtre fait rire en remettant en question les codes de la société et
le langage (La Cantatrice chauve, Eugène Ionesco, 1954), en faisant surgir une violence aussi inattendue
que ridicule (La Leçon, Eugène Ionesco, 1950) et en montrant la nullité de la vie humaine (En attendant
Godot, Samuel Beckett, 1950).

En somme, la comédie fait sonner un rire grave et triste : les frontières entre comédie et tragédie sont
abolies.

228 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
A. Les grands genres littéraires Littérature

73. La tragédie
I. LA NAISSANCE DE LA TRAGÉDIE

Le théâtre est né en Grèce. Les premières tragédies ont eu lieu lors de fêtes
­religieuses. C’était alors un groupe d’hommes (le chœur) qui chantait des
poèmes sur la vie des Dieux. À partir du VIe siècle avant J.-C, les acteurs
sont masqués, et évoluent sur une estrade, qui est donc l’ancêtre de la
scène. Ces comédiens sont chaussés de cothurnes (sandales à semelles
compensées) pour paraître plus grands. Peu à peu, les acteurs ne récitent
plus un poème, mais incarnent des p ­ ersonnages qui se donnent la réplique.
Au V siècle avant J.-C, la tragédie est née.
e

II. UN GENRE CODIFIÉ


A Terreur et pitié
La tragédie est le genre théâtral considéré comme le plus noble : contrairement à la comédie qui met en
scène des personnages du peuple, la tragédie montre le destin de personnages nobles de très haut rang
(empereurs, rois, reines, princes, grands héros comme Thésée). Le héros ou l’héroïne d’une tragédie
accomplit, contre son gré, son destin tragique : malgré tous ses efforts pour résister à la fatalité, il ou
elle est impuissant(e) face à la volonté des dieux qui décident de son sort et l’amènent inéluctablement
vers la mort.

Tu peux relire la fiche 44.

Le philosophe grec Aristote a défini les règles fondamentales de la tragédie :

- L’action doit former un tout, c’est-à-dire avoir un début, un milieu et une fin.

- La bienséance : on ne doit pas représenter sur scène d’actions violentes. Il ne peut pas y avoir de sang
ou de meurtre sur scène. La violence se déroule en coulisses, et le récit en est fait par les témoins.

- La vraisemblance : il faut que l’on puisse croire aux actions représentées sur scène.

- Une tragédie doit provoquer la terreur et la pitié chez le spectateur, afin qu’il se libère de ses propres
passions (émotions, défauts...) en regardant la pièce.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 229


Lecture et
Littérature A. Les grands genres littéraires

B La règle des trois unités


L’Académie française impose la règle des trois unités, résumée par Boileau dans la formule : « Qu’en un
lieu, en un jour, un seul fait accompli/ Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli ».
- Unité de temps : l’action doit se dérouler en moins de vingt-quatre heures.
- Unité de lieu : l’action se déroule au même endroit du début à la fin de la pièce.
- Unité d’action : on se limite à une seule histoire. Il peut y avoir des intrigues secondaires, mais
elles n’ont pas d’influence sur l’intrigue principale.

C Structure d’une tragédie


L’exposition : présentation des personnages
Acte I
et de leur situation.

Acte II L’action.

Tragédie classique Acte III Le noeud de l’action : la situation atteint


son paroxysme.

Acte IV Le suspens : le dénouement est retardé.

Le dénouement : la situation est résolue,


Acte V
de façon malheureuse.

III. LA TRAGÉDIE AU FIL DES SIÈCLES


A L’Antiquité
Eschyle est le premier auteur à avoir introduit deux acteurs sur scène. Sophocle a favorisé l’émergence
du dialogue, il a écrit Antigone (442 avant J.-C). Euripide a composé Andromaque (426 avant J.-C). Le
genre s’essouffle et tombe dans l’oubli pendant des siècles, avant de renaître en Angleterre sous la
plume de Shakespeare.

B William Shakespeare
Le britannique Shakespeare a vécu de 1564 à 1616 et a laissé des chefs-d’œuvre universels tels que
Roméo et Juliette, Macbeth, Hamlet. Ses personnages subissent une succession d’événements qui les
conduit à une fin tragique, et souvent très sanglante.

C La tragédie classique française


Les auteurs du XVIIe siècle en France utilisent à nouveau les figures antiques pour créer leurs
­personnages, qui sont des nobles en proie à des événements exceptionnels. Cette fois, le devoir
(souvent politique) qui s’oppose aux passions est au cœur de la problématique. Racine développe
le thème dans Andromaque, Britannicus, Bérénice . Corneille dans Horace, Médée, le Cid, met en avant
des qualités morales qui permettent aux héros de devenir meilleurs.

230 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
A. Les grands genres littéraires Littérature

Les tragédies du XVIIe siècle sont en cinq actes, elles sont écrites en alexandrins rimés et respectent la
règle des trois unités et les exigences de bienséance et de vraisemblance.

D Le tragique moderne
Au XXe siècle, les dramaturges, profondément marqués par les deux guerres mondiales et en particulier
par les horreurs commises par les nazis, prennent la plume pour moderniser les mythes antiques, et
montrer que, quelle que soit l’époque, l’homme ne peut pas échapper à son destin tragique. Ainsi, Jean
Anouilh réécrit Antigone en faisant de la jeune fille un modèle de courage et de résistance face à la tyran-
nie. Les auteurs mettent surtout en avant l’engrenage qui mène vers une catastrophe annoncée. C’est ce
que montre Cocteau dans La Machine infernale.

Au XXe siècle, les dramaturges innovent beaucoup : non seulement ils ne se préoccupent plus des
règles classiques (trois unités, bienséance, vraisemblance), mais en plus ils brisent les frontières qui
séparaient radicalement la tragédie de la comédie. On voit surgir la grossièreté et toutes sortes de pro-
cédés comiques dans la tragédie.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 231


Lecture et
Littérature A. Les grands genres littéraires

74. Le drame
I. DÉFINITION

Du grec drama (= action), le drame est une pièce de théâtre


de ton moins élevé que la tragédie. Dans le drame, le dra-
maturge joue sur l’opposition du sérieux et du comique, de
la destinée individuelle et de l’Histoire. Le comique se mêle
ainsi au tragique.

Le drame se distingue alors des deux grands genres drama-


tiques traditionnels, que sont la tragédie et la comédie.

II. ÉVOLUTION DU DRAME


A Au XVIIIe siècle : le drame bourgeois
Pendant la deuxième moitié du siècle des Lumières, le théâtre voit naître un genre nouveau,
­intermédiaire entre la comédie et la tragédie : le drame bourgeois. Il ressemble à la comédie car il peint
de manière réaliste les milieux bourgeois, mais il ressemble aussi à la tragédie par le ton sérieux et la
gravité des malheurs que connaissent les personnages. L’issue du drame est heureuse, comme dans la
comédie. Diderot, le créateur de ce genre, écrit et fait jouer deux drames : Le Fils naturel ou Les épreuves
de la vertu en 1757 et Le Père de famille en 1758.

B Le drame au XIXe siècle


a. Le drame romantique n’a couvert que quelques années du XIXe siècle (1827-1843) et ne concerne
en fait que quatre auteurs : Victor Hugo avec Hernani (1831) ou Ruy Blas (1838), Alfred de Vigny avec
­Chatterton (1835), Alfred de Musset avec Lorenzaccio (1834) et Alexandre Dumas avec Henri III et sa cour
en 1829. Cependant, il marque une véritable révolution dans le genre théâtral :

• Une révolution historique : l'histoire devient le thème préféré : le drame ne puise plus son inspiration
dans la mythologie et l’histoire antiques, mais dans une histoire et une géographie plus proches et
plus récentes (Hernani se déroule en Espagne au XVIe siècle). Toutes les couches de la ­société sont
peintes, et le roi, qui était jusque-là une figure intouchable, voit son autorité contestée ;
• Une révolution philosophique : le héros est un être tourmenté et amoureux, figure du romantisme ;
• Une révolution technique : la règle des trois unités est abolie, les tons sont mélangés (le langage sou-
tenu et courant, voire familier) et les ­intrigues plus nombreuses. De plus, le comique et le tragique se
mêlent.

b. Le drame symboliste fait son apparition entre 1885 et 1914. Ce drame, à la tonalité lyrique, refuse
la légèreté des comédies de mœurs. Il est illustré notamment par Paul Claudel avec La Ville (1893).

232 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
A. Les grands genres littéraires Littérature

75. Le classicisme

Le classicisme représente la période artistique française qui


s’étend globalement de 1660 à 1680. Cette période correspond
à la toute-puissance de la monarchie absolue : c’est le règne
de Louis XIV et la France est alors à l’apogée de sa puissance,
d’un point de vue politique et culturel.

Le classicisme n’est pas un mouvement seulement littéraire. Il réunit des artistes (écrivains, peintres,
architectes, sculpteurs...) qui ont les mêmes idéaux, ­notamment celui d’atteindre la beauté des œuvres
antiques. Pour atteindre cet idéal, ils vont obéir à des règles communes, quelle que soit l’expression de
leur art : imitation des Anciens (c’est ainsi qu’on appelle les auteurs antiques), imitation de la nature,
clarté du style, sobriété, volonté de plaire et d’instruire.

I. LE CLASSICISME DANS LA LITTÉRATURE

L’idéal proposé par le classicisme est préparé au début du XVIIe siècle par le cardinal Richelieu, qui,
en 1635, crée l’Académie française, dont les membres ont pour charge d’introduire de l’ordre et de la
rigueur dans la langue et dans la littérature. Pour cela, un dictionnaire, une grammaire et une poétique
(texte qui édicte des règles à suivre) sont créés. Ainsi, de nouvelles règles sont posées.

L’idéal classique est idéalement un idéal humain, celui de l’honnête homme, qui doit maîtriser ses
­émotions, être cultivé, modeste, tolérant et avoir bon goût. Cette communauté d’auteurs au goût et à
l’idéal communs donne à Boileau matière à écrire dans son Art poétique (1674). C’est dans le théâtre que
le classicisme se manifeste le plus.

A La langue
Les auteurs classiques cherchent à atteindre une langue pure et claire et le style doit être élégant.

Avant donc que d’écrire, apprenez à penser.


Selon que notre idée est plus ou moins obscure,
L’expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.
Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement
Et les mots pour le dire arrivent aisément.

Boileau, L’Art poétique (1674), Chant I

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 233


Lecture et
Littérature A. Les grands genres littéraires

B La raison
Les auteurs classiques ont le souci de l’équilibre et de la mesure, contrairement aux auteurs baroques :
c’est au nom de cette raison que les auteurs de théâtre respectent la règle des 3 unités (action / lieu /
temps) et de la bienséance. L’artiste peut représenter des scènes de violence, de cruauté, mais il doit
proscrire l’horreur.

Il s’agit d’éviter toute fascination pour le morbide par le public et de créer de l’empathie pour les
victimes. C’est Corneille avec Le Cid (1636) qui applique pour la première fois un code théâtral, à partir
duquel les autres dramaturges vont élaborer des règles communes.

Quelque sujet qu’on traite, ou plaisant, ou sublime,


Que toujours le bon sens s’accorde avec la rime […]
Aimez donc la raison : que toujours vos écrits
Empruntent d’elle seule et leur lustre et leur prix.

Boileau, L’Art poétique (1674), Chant I

C Plaire et instruire
Les auteurs classiques mêlent l’utile et l’agréable : il faut plaire au public et le divertir mais l’art doit
atteindre un autre but : l’instruire.

La Fontaine écrit dans sa Dédicace au Roi, Fables (1668) : « Je me sers d’animaux pour instruire les
hommes ». Pour Molière, « L’emploi de la comédie est de corriger les vices des hommes », Le Tartuffe
(1669). Il fait de la comédie un révélateur des défauts des hommes et de la société de son époque,
comme dans L’École des femmes (1662), Dom Juan (1665), ou Le Misanthrope (1666).

D Imiter les Anciens et la nature


L’imitation est essentielle aux auteurs classiques. Il leur faut imiter la nature car elle est pure et objective :
« Lorsque vous peignez les hommes, il faut peindre d’après nature » (Molière, L’École des femmes, 1663),
mais il faut aussi admirer les chefs-d’œuvre des Anciens en les imitant, c’est-à-dire imiter les thèmes
abordés par les écrivains de l’Antiquité gréco-romaine. C’est ainsi que les pièces de Racine s’inspirent du
modèle antique : Andromaque (1667), Britannicus (1669), ou encore la très célèbre Phèdre (1677).

234 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
A. Les grands genres littéraires Littérature

II. LE CLASSICISME DANS LES BEAUX-ARTS

Le goût du faste, du grandiose et du luxe de Louis XIV sont également propices à l’épanouissement des
beaux-arts, symboles de sa magnificence à travers le monde. Les règles sont les mêmes que celles de la
littérature.

A La sculpture
Avec Girardon et Coysevox, la sculpture traduit cette même aspiration à la noblesse. La sculpture
­classique privilégie les attitudes élégantes et simples, sans manières. Ainsi, François Girardon
(1628–1715) réalise une grande partie des sculptures du Palais de Versailles et de ses jardins. Antoine
Coysevox (1640–1720), de son côté, réalise des sculptures similaires. Tous les deux puisent leur inspira-
tion aux sources antiques : personnages de la mythologie.

Apollon servi par les nymphes, Antoine Girardon Mercure sur Pégase, Antoine Coysevox (1701)
et Thomas Regnaudin (1666) Jardin des Tuileries en 1986
Grotte de Téthys
Château de Versailles

B La peinture
La peinture classique puise son inspiration dans les œuvres de l’italien Raphaël (1483–1520). Elle aspire
à un idéal de perfection, à travers des sujets nobles inspirés de l’Antiquité, comme les victoires, les
figures mythologiques et héroïques.

C’est Nicolas Poussin (1594–1665) qui est la figure majeure de cette peinture : la composition de ses
œuvres est pure, claire et ordonnée mathématiquement ; la symétrie et le respect des proportions sont
essentiels. Les personnages sont pâles et font penser à des statues antiques. Leur posture est fière et
majestueuse. La lumière est claire, et les contrastes doux. Le Lorrain (1600–1682) suit la même concep-
tion de l’art, en peignant principalement des paysages, qui feront de lui un maître de la lumière. Charles
Le Brun (1619–1690), peintre officiel de la cour de Louis XIV, fonde en 1648, sous la protection de Maza-
rin, l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture. C’est lui qui est chargé de décorer le Louvre et les
châteaux de Vaux-le-Vicomte et de Versailles.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 235


Lecture et
Littérature A. Les grands genres littéraires

Orphée et Eurydice, Nicolas Poussin (1650–1653) La fureur des duels arrêtée,


Le Louvre, Paris Charles Le Brun (1662)
Plafond de la Galerie des Glaces
Château de Versailles

Le débarquement de Cléopâtre à Tarse,


Le Lorrain (1642)
Le Louvre, Paris

236 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
A. Les grands genres littéraires Littérature

C L’architecture
Les bâtiments aussi recherchent la symétrie et la rigueur géométrique. Jules Hardouin-Mansart
(1646-1708) est chargé de la réalisation de la Galerie des Glaces, les Grande et petite Écuries,
­l’Orangerie, le Grand Trianon, et plus encore, à Versailles. Louis Le Vau (1612-1670) est le créateur
du Château de Vaux-le-Vicomte, intendant et ordonnateur des bâtiments royaux en 1654. Il participe
­notamment aux travaux d’aménagement du Louvre et des Tuileries. En ce qui concerne les jardins, on
peut mentionner André Le Nôtre (1613-1700), jardinier de Louis XIV, qui aménage le parc et les jardins
de Versailles, ainsi que ceux de Vaux-le-Vicomte et de Chantilly. Il est le maître des parterres de fleurs
et des jets d’eau du château.

La Galerie des Glaces, 1678 La fontaine du Bosquet des Rocailles, 1680-1683


Jules Hardouin-Mansart André Le Nôtre
Château de Versailles Château de Versailles

Château de Vaux-le-Vicomte, 1656-1661 Promenade de Louis XIV en vue du Parterre du Nord


Charles Le Vau des jardins de Versailles, vers 1688,
Étienne Allegrain

D La musique
Enfin, c’est le compositeur Lully, florentin formé à Paris, qui représente le classicisme en musique et
qui domine l’ensemble de la vie musicale en France à l’époque de Louis XIV. C’est lui qui invente, avec
Molière, la comédie-ballet.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 237


Lecture et
Littérature A. Les grands genres littéraires

76. Le romantisme

I. UN VASTE MOUVEMENT EUROPÉEN


A La naissance du mouvement

Le romantisme est un courant artistique et culturel qui s’est


développé dans toute l’Europe dès la fin du XVIIIe siècle et qui
s’achève à la fin du XIXe siècle. Les prémices du romantisme
se trouvent dans le Sturm und Drang allemand, dont le nom
signifie « tempête et passion ». Les précurseurs en France
sont ­Rousseau, Mme de Staël et Chateaubriand.

Si ce mouvement apparaît, c’est qu’il est lié à la politique. Artistiquement, le romantisme se veut en rup-
ture avec le classicisme du XVIIe siècle, et avec la philosophie des Lumières du XVIIIe siècle, car il privilé-
gie des thèmes différents.

B Les thèmes privilégiés


- 
De nouvelles inspirations. Afin de marquer sa différence avec le classicisme, le romantisme exploite
de nouvelles sources. Abandonnant les références antiques, les auteurs mettent en valeur le Moyen
Âge, redécouvrent Shakespeare et la Renaissance, et s’inspirent des légendes orientales. Certains
puisent également une nouvelle inspiration dans la Bible.

- 
L’importance du « moi ». Le romantisme, c’est le culte de la subjectivité. Les écrivains mettent en va-
leur leurs émotions, leurs sentiments, les doutes de leurs personnages, face à une société en muta-
tion, et qui ne les comprend pas.

- 
La mélancolie et l’expression des sentiments. L’amour a une place importante dans les écrits
­romantiques, mais n’en est pas l’unique thème. Considérée par Musset comme « Le Mal du Siècle »,
la mélancolie traverse de nombreuses oeuvres. L’amour peut apporter plus de tourments que de joie
au poète romantique. Le mouvement est donc fortement marqué par le lyrisme.

- 
Le désir d’évasion et l’attrait de la nature. Pour fuir la réalité, pour se consoler de ses déboires
amoureux, le romantique se réfugie dans la nature, lieu qui favorise la méditation, la contemplation,
le rêve.

Tous ces thèmes débouchent sur la naissance du héros romantique, être complexe, t­ ourmenté et passion-
né, en décalage avec son temps.

238 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
A. Les grands genres littéraires Littérature

II. LES ÉCRIVAINS ROMANTIQUES


A Dans la littérature française

• Victor Hugo (1802-1885) s’est imposé comme le chef de file


du mouvement. Sa pièce Hernani (1830) fut l’objet d’une
« bataille » entre classiques et romantiques.
• Alphonse de Lamartine (1790-1869) développe les thèmes
romantiques dans son recueil de poèmes Les Méditations
­poétiques (1820).

• George Sand (1804-1876) est une écrivaine prolifique, très connue des cercles littéraires de l’époque.
Elle publie un premier roman en 1832, Indiana, et ne cessera pas de publier jusqu’à sa mort.
• Gérard de Nerval (1808–1855), dans ses poèmes, exprime son mal-être, sa solitude et son impression
d’être incompris, comme dans « El Desdichado ».
• Alfred de Vigny (1797–1863) suit les préceptes du drame romantique dans ses pièces Cinq-Mars (1826)
et Chatterton (1835).
• Benjamin Constant (1767–1830) invente une figure majeure du héros romantique, Adolphe, dans le
roman du même nom en 1816.
• Stendhal (1783–1842) écrit deux romans majeurs, mettant en scène l’archétype du héros romantique :
Le Rouge et le Noir, (1830) et la Chartreuse de Parme (1839).
• Alexandre Dumas (1802–1870) affirme son goût romantique du roman historique avec la Reine ­Margot
(1845) ou les Trois Mousquetaires (1844), et crée au théâtre le personnage d’Antony en 1831.

B Dans les autres pays européens


En Allemagne : Goethe (1749–1832) met en avant les émotions dans le roman épistolaire les Souffrances
du Jeune Werther. Hoffmann (1776–1822) publie des contes qui seront parfois adaptés en opéra ou en
ballet.

En Angleterre : Shelley (1792–1822), Keats (1795–1821) et Byron (1788–1837), explorent les thèmes
romantiques dans leurs poèmes. Deux sœurs romancières, Charlotte Brontë (1816–1855) et Emily Brontë
(1818–1848) font la part belle aux sentiments dans leurs romans Jane Eyre et Les Hauts de Hurlevent.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 239


Lecture et
Littérature A. Les grands genres littéraires

III. LE ROMANTISME DANS LES AUTRES FORMES D’ART


A En peinture

Eugène Delacroix (1798–1863), Johann Heinrich Füssli (1741–1825),


Autoportrait Le Cauchemar

Caspar David Friedrich (1774–1840), Théodore Géricault (1791–1824),


l’Abbaye dans une forêt de chênes Le Radeau de la Méduse

Francisco de Goya (1746–1828),


Tres de Mayo

240 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
A. Les grands genres littéraires Littérature

B En musique
Le terme de « romantisme » est moins clair en musique. On considère généralement qu’il couvre tout le
XIXe siècle.

Les symphonies apparaissent vers 1750, et deviennent le genre privilégié pour la musique d’orchestre.
Ludwig van Beethoven, Johannes Brahms, Richard Wagner, Anton Dvorak s’en emparent et composent
des symphonies considérées comme romantiques.

En 1820, le clavecin cède sa place à un nouvel instrument, le piano. Des pièces pour piano sont
­composées par Frédéric Chopin ou Franz Schubert.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 241


Lecture et
Littérature A. Les grands genres littéraires

77. Le réalisme et le naturalisme


I. LE RÉALISME EN PEINTURE

Le réalisme apparaît dans un premier temps en peinture.

Les peintres réalistes refusent de peindre des sujets nobles et éloignés de la réalité, comme des per-
sonnages mythologiques sans défauts, des rois et des gens de l’aristocratie. Ils partent à la recherche de
paysages authentiques, en ville ou à la campagne, et y ­représentent des sujets empruntés à la vie quoti-
dienne. Ils abandonnent ainsi les sujets mythologiques ou la ­représentation de scènes historiques pour
privilégier la représentation fidèle des petites gens (ouvriers, paysans...).

Les Glaneuses (1857) L’Angélus (1857–1859)

Millet (1814 – 1875) introduit le peuple dans ses tableaux, et peint en particulier le monde paysan.

Les Cribleuses de Blé (1855) Les Casseurs de pierre (1849)

Courbet (1819–1877) refuse de suivre les règles de la bienséance et reproduit ses sujets avec fidé-
lité sans les embellir ni gommer leurs défauts. Il choque en peignant des gens du peuple sur de très
grandes toiles. Les très grands formats étaient jusque-là réservés aux grands sujets (couronnement
d’un roi par exemple).

242 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
A. Les grands genres littéraires Littérature

L’Absinthe (1875) Les Blanchisseuses (1884)

Degas (1834–1917). Quoique classé parmi les peintres impressionnistes, il se définissait lui-même
comme réaliste ou naturaliste. En effet, il représente des scènes de la vie ordinaire, sans dissimuler la
réalité de son époque.

Le Linge (1875) Un Bar aux Folies-Bergères (1881)

Manet (1832–1883) . Exclu des Salons, des expositions officielles et de l’Exposition Universelle de Paris
à cause de la modernité de son style, il influence toute une génération d’artistes qui se réclamera de
lui : les Impressionnistes.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 243


Lecture et
Littérature A. Les grands genres littéraires

II. RÉALISME ET NATURALISME EN LITTÉRATURE


A Définition

Le nom réalisme est formé à partir de l’adjectif réel. Le ­mouvement


apparaît dans la deuxième moitié du XIXe siècle à partir de 1850. Selon
Maupassant, le réalisme « consiste donc à donner l’illusion ­complète du
vrai » (préface de Pierre et Jean, 1887).
Attention : le réalisme ne consiste à pas à écrire des histoires réelles
avec des personnages réels. La littérature réaliste invente des histoires
et des personnages en donnant au lecteur l’impression qu’ils sont réels
et que l’histoire pourrait arriver dans la réalité.

Dans ce but, les écrivains réalistes se documentent longuement sur leur sujet avant d’entreprendre
l’écriture de leurs romans, ils adoptent une posture de scientifique, observant et analysant le réel pour
mieux le décrire.

Pour qu’un roman ou une nouvelle réaliste présente l’illusion du vrai, il faut que les personnages
­appartiennent à des milieux sociaux bien définis tels que le monde paysan (« Pierrot » de Maupassant),
les employés ou ouvriers (Au Bonheur des Dames de Zola), les petits bourgeois de Paris ou de province
(Madame Bovary de Flaubert).

À la fin du XIXe siècle, le « naturalisme » apparaît. Ce mouvement littéraire, très proche du réalisme, a
été inventé par Émile Zola. Celui-ci a emprunté le terme « naturalisme » au domaine scientifique. Les
naturalistes sont des scientifiques qui observent les animaux et les plantes dans leur milieu naturel
et qui cherchent notamment à comprendre comment ils vivent et s’adaptent comment ils y vivent et s’y
adaptent (le cactus dans le désert, la fougère dans les sous-bois...) Émile Zola décide de faire le même
travail scientifique en observant les hommes et les femmes dans leur environnement : il veut montrer
que le milieu dans lequel évoluent les humains (milieu ouvrier parisien, paysan de province, mineur dans
le Nord, aristocrate à Paris...) influence leur comportement (langage, manières, rêves...)

B Les écrivains naturalistes et réalistes.

Selon Émile Zola, c’est Flaubert qui a initié ce nouveau genre d’écriture. Dans son roman Madame Bovary
(1857), il décrit sans complaisance la vie d’un couple de bourgeois de province. Emma, l’épouse, s’ennuie
avec son mari et cherche de l’amour et des émotions dans les bras d’autres hommes. Flaubert ne juge
pas son personnage et montre sa détresse. Jugé immoral et outrageux pour les bonnes mœurs, le
roman valut un procès à Flaubert.

244 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
A. Les grands genres littéraires Littérature

Émile Zola est le chef de file du naturalisme. Dans ses œuvres, il dresse un portrait sans complaisance
de toutes les classes sociales afin de montrer au grand jour la réalité de ce que vivent les gens dans
les différents milieux de la société. Il dénonce, par la description détaillée de la vie des personnages,
les difficultés qu’ils rencontrent et les injustices dont ils sont victimes. Zola veut prouver qu’il est très
difficile de s’extraire de son milieu et que, dès sa naissance, l’individu est conditionné. Pauvreté, alcoo-
lisme, prostitution, injustices de toutes sortes... Les romans de Zola sont de grands coups de poing à la
face de la société qui ne veut pas voir ce qui la dérange.. Son roman Germinal (1885) en est un exemple
célèbre : il y raconte la dure vie des mineurs de fond qui mènent une grève désespérée pour améliorer
leurs conditions de vie.

Il est par ailleurs l’instigateur de soirées littéraires qui débouchent sur la publication du recueil des
­Soirées de Médan (1880), où un groupe d’écrivains rédige des nouvelles sur la guerre de 1870, en
­appliquant les principes du naturalisme. C’est à cette occasion que Maupassant écrit Boule de Suif.

Les autres auteurs considérés comme naturalistes sont Jules Renard (1864-1610) qui écrit Poil de
­Carotte en 1894 , Jules Vallès (1832 – 1885) qui rédige l’Enfant en 1879, ou Alphonse Daudet (1840 – 1897)
et son Petit Chose en 1868.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 245


Lecture et
Littérature B. Repères d’histoire littéraire

78. L’Antiquité
I. HOMÈRE

Homère est un poète épique grec qui aurait vécu au VIIIe siècle avant J.-C. Il est l’auteur le plus célèbre
de l’Antiquité.

La tradition le représente sous les traits d’un vieil aède (un artiste qui chante
des épopées) aveugle, qui parcourait le monde en déclamant ses vers et en
racontant ses histoires. On sait bien peu de choses sur lui et sa vie est
entourée de mystères.
Toutefois, il laisse au monde deux longs poèmes qui totalisent 27800 vers.
Son premier poème, L’Iliade, raconte un épisode de la guerre de Troie qui a
opposé des Grecs et les Troyens. (Ilion = Troie)
L’Odyssée, son second poème, raconte le retour d’Ulysse, après la guerre, sur
son île d’Ithaque (Odysseus = Ulysse).

Ces deux poèmes servaient aux enfants grecs de premiers livres de lecture à l’école et les Grecs les
connaissaient par cœur.

D’abord tu rencontreras les Sirènes, séductrices de tous les hommes qui s’approchent d’elles : celui qui,
poussé par son imprudence, écoutera la voix des Sirènes, ne verra plus son épouse ni ses enfants chéris qui
seraient cependant charmés de son retour ; [...] Fuis ces bords et bouche les oreilles de tes c­ ompagnons
avec de la cire molle, de peur qu’aucun d’eux ne les entende. Toi-même, si tu le désires, tu pourras écouter
les Sirènes, mais laisse-toi auparavant attacher les pieds et les mains au mât de ton navire rapide.

L’Odyssée, Chant XII

II. ÉSOPE

Ésope est un fabuliste grec qui aurait vécu aux VIIe et VIe siècles avant J.-C.
On raconte de lui qu’il est un esclave boîteux (aisopos en grec signifie
le ­boîteux) et bossu. Une fois affranchi, il voyage beaucoup. On lui attribue plus
de 300 fables qui racontent les aventures d’animaux aux comportements très
humains. Ses fables sont le fruit de la tradition orale.
Voici une courte fable d’Ésope. Tu remarqueras qu’il écrivait ses fables en
prose :
Le chat et les poules
Un chat ayant appris qu’il y avait des poules malades dans une basse-cour, s’y
rendit déguisé en médecin avec les instruments ordinaires de l’art. Il s’arrête
à l’entrée et demande comment l’on va : « Très bien, lui répondent les poules,
à condition que vous vous en alliez. »
Les gens intelligents pénètrent les méchants même lorsqu’ils jouent le mieux la comédie et la bonté.

246 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
B. Repères d’histoire littéraire Littérature

III. SAPPHO

Sappho est une poétesse grecque qui a vécu aux VIIe et VIe av. J.C., sur l’île de
Lesbos, en Grèce.

Très célèbre et très appréciée dans l’Antiquité, son œuvre nous demeure
presque inconnue, car un seul poème complet est parvenu jusqu’à nous. On
sait toutefois, par des écrits, que son thème favori était l’amour et la passion
amoureuse et que ses poèmes étaient donc lyriques.

Voici un extrait d’un poème de Sappho :

Ode à une Femme aimée

Il me parait l’égal des Dieux, l’homme qui est assis dans ta présence et qui entend de près ton doux lan-
gage et ton rire désirable, qui font battre mon cœur au fond de ma poitrine. Car lorsque je t’aperçois, ne
fût-ce qu’un instant, je n’ai plus de paroles, ma langue est brisée, et soudain un feu subtil court sous ma
peau, mes yeux ne voient plus, mes oreilles bourdonnent, la sueur m’inonde et un tremblement m’agite
toute ; je suis plus pâle que l’herbe, et dans ma folie je semble presque une morte… Mais il faut oser
tout…

IV. OVIDE

Ovide, de son nom complet Publius Ovidius Naso, est un poète latin qui est né
en 43 avant J.-C et mort en 17 après J.-C.

Il vit la naissance de l’Empire Romain : il naît un an après l’assassinat de


Jules César.

Ovide naît dans une famille aisée et s’intéresse très tôt à la poésie, mais
étudie le métier d’avocat qu’il exerce à Rome.

Il publie en 15 avant J.-C. un recueil de poèmes, Les Amours, et ­


Les Héroïdes, un recueil de lettres écrites en vers. Toutefois, il est surtout
connu pour être l’auteur des Métamorphoses, un poème de 230 fables qui
racontent des transformations d’êtres humains en plantes, en animaux...

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 247


Lecture et
Littérature B. Repères d’histoire littéraire

V. PHÈDRE
Phèdre, de son nom complet Caius Julius Phaedrus est un fabu-
liste latin qui serait né en 14 avant J.-C et mort en 50 après J.-C.

Il écrit des fables qui lui sont inspirées d’Ésope pour certaines,
mais pas la majorité. Comme celles d’Ésope, ses fables mettent
en scène des animaux aux comportements humains.

Disgrâcié parce que soupçonné d’avoir fait des allusions politiques


dans certaines fables, c’est en exil qu’il écrit ses œuvres. On lui
attribue 5 recueils, soit environ 130 fables.

Il demeure dans l’oubli quasiment jusqu’au XVIe siècle. Au XVIIe, il


va à son tour inspirer Jean de La Fontaine.

C’est Ésope qui, le premier, a trouvé ces matériaux : moi, je les ai façonnés en vers iambiques. Ce petit
livre a un double mérite : il fait rire et il donne de sages conseils pour la conduite de la vie. À celui qui
viendrait me reprocher injustement de faire parler non seulement les animaux, mais même les arbres,
je rappellerai que je m’amuse ici à de pures fictions.

Prologue des Fables

Attention : le nom « Phèdre » désigne quatre réalités différentes dans l’Antiquité :

- Le nom d’un fabuliste latin ;

- Le nom d’une reine de la mythologie, fille de Minos et de Pasiphaë, sœur d’Ariane et épouse de
Thésée ;

- Le titre d’une tragédie écrite par Sénèque (pièce de théâtre qui raconte le destin de l’héroïne dont il est
question ci-dessus). (Au XVIIe siècle, Jean Racine a aussi écrit une tragédie avec ce titre.) ;

- Le titre d’un livre philosophique de Platon.

248 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
B. Repères d’histoire littéraire Littérature

79. Le Moyen Âge


I. CHRÉTIEN DE TROYES

On sait très peu de choses sur la vie de Chrétien de Troyes, les


­éléments connus sont ceux que l’on peut déduire du contenu
de ses préfaces.

Il a vécu au XIIe siècle, a été au service de Marie de Champagne et de


Philippe d’Alsace, et est ­certainement mort en 1195.

Il est un auteur majeur du Moyen Âge, puisqu’il a écrit cinq récits en


­octosyllabes entre 1170 et 1185 : Érec et Énide, Cligès, Lancelot ou le
Chevalier de la Charrette, Yvain ou le Chevalier au Lion, et Perceval ou le
Conte du Graal.

Puis que ma dame de Chanpaigne


Vialt que romans a feire anpraigne,
Je l’anprendrai mout volentiers,
Come cil qui est suens antiers
De quanqu’il puet el monde feire,
Sanz rien de losange avant treire.
Lancelot ou le Chevalier de la Charrette

II. CHRISTINE DE PISAN

Christine de Pisan (ou Pizan) est née à Venise. À l’âge de cinq ans, elle
s’installe en France, où son père occupe les fonctions de médecin et
astrologue à la cour du roi Charles V. Elle se marie et devient veuve à
l’âge de 25 ans. Contrairement à la coutume qui oblige les veuves à se
remarier ou à se retirer au couvent, Christine de Pisan refuse l’un et
l’autre. Cette poétesse élève seule ses enfants, s’engage pour que les
filles aient le même accès à l’éducation que les garçons et elle est la
première femme à avoir vécu de sa plume.

Dans ses poèmes et ses récits, elle dénonce le mensonge que consti-
tue l’amour courtois dans la littérature (qui fait croire que les femmes
sont respectées par des hommes amoureux, tendres et soumis) et elle
témoigne au contraire de la réalité des relations amoureuses que su-
bissent les femmes.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 249


Lecture et
Littérature B. Repères d’histoire littéraire

Voici un extrait d’un de ses poèmes :


Je ne sais comment je dure ;
Car mon dolent1 cœur fond d’ire2,
Et plaindre n’ose, ni dire
Ma douloureuse aventure,

Ma dolente vie obscure3,


Rien, hors la mort, ne désire ;
Je ne sais comment je dure.

Et me faut par couverture4


Chanter quand mon cœur soupire,
Et faire semblant de rire ;
Mais Dieu sait ce que j’endure ;
Je ne sais comment je dure.

1. Souffrant, malheureux
2. Chagrin, douleur, colère
3. Sombre, triste.
4. Par dissimulation.

III. CHARLES D’ORLÉANS

Charles d’Orléans est né à Paris en 1394 ; il appartient à la famille


royale des ­Valois. Il a participé à la bataille d’Azincourt en 1415, qui a vu
la défaite des ­Français face aux Anglais lors de la guerre de Cent ans,
et a été fait prisonnier. Charles d’Orléans est resté en captivité pendant
vingt-cinq ans.

C’est pendant ces vingt-cinq années qu’il a composé ses poèmes,


ballades et r­ ondeaux. Il y parle de l’amour, de la guerre, et du désarroi
d’être loin de son pays.

Une fois rentré en France, en 1440, il s’installe à Blois, où il continue de


composer de la littérature. Il meurt en 1465 à Amboise.

250 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
B. Repères d’histoire littéraire Littérature

IV. FRANÇOIS VILLON

François de Montcorbier est né probablement en 1431. Orphelin


de père, il est recueilli par le Chanoine Guillaume de Villon, à qui il
­emprunte son nom. François Villon se fait également appeler François
des Loges, ou Michel Mouton.

François Villon fait des études à la Sorbonne, mais il est aussi amené
à fréquenter la pègre (les voleurs et les escrocs), ce qui lui vaut des
ennuis avec la justice. Il a même été obligé de fuir Paris en 1455,
après avoir tué un prêtre lors d’une bagarre. Il a également cambriolé
le collège de Navarre. Il alterne les séjours en prison et les voyages
en province. En 1461 il rentre à Paris et entame la rédaction du
Testament.

Une fois de plus, il participe à une rixe (violente bagarre), et est


condamné à être pendu. C’est à cette occasion qu’il écrit « La Ballade
des Pendus ». En 1463, sa condamnation à mort est annulée, et Villon disparaît : on ne sait pas ce qu'il
est devenu à la fin de sa vie.

V. LE ROMAN DE RENART

Le Roman de Renart est composé de vingt-sept branches,


c’est-à-dire des contes écrits en octosyllabes. Entre 1170 et 1250,
­différents a
­ uteurs, souvent anomynes, enrichissent ce recueil.

Si ce livre s’appelle «roman», cela signifie qu’il est écrit dans la


langue de tous les jours, la langue romane, et non en latin.

Ce recueil raconte les aventures d’un goupil (c’est à l’époque le


nom commun qui veut dire « renard ») nommé Renart, qui est
rusé, menteur et parfois cruel avec les autres animaux. Cette
société animale pleine de fantaisie est le reflet de la vie de tous
les jours au Moyen Âge, et permet une critique parfois féroce des
dérives des trois ordres médiévaux. Ainsi, le clergé (les hommes
d’Église : curés, prêtres, abbés...) est-il parodié (imité, moqué,
ridiculisé), tout comme l’idéal chevaleresque et courtois des
nobles, tandis que le monde des paysans révèle les injustices de
la société.

Jean de la Fontaine s’est souvenu des aventures de Renart quand il à composé sa fable « le Corbeau et
le Renard ».

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 251


Lecture et
Littérature B. Repères d’histoire littéraire

80. La Renaissance
I. MARGUERITE DE NAVARRE

Marguerite de Navarre (aussi appelée Marguerite de Valois-


Angoulême) est née en 1492 et morte en 1549. Elle est la sœur du roi
François Ier et la mère du futur roi Henri IV.
Dans la première moitié du XVIe siècle, elle a une grande influence sur
la politique et joue un rôle diplomatique important. Elle est aussi une
protectrice précieuse pour les écrivains et les artistes, comme Rabelais.
Elle est l’auteur d’un recueil de nouvelles intitulé L’Heptaméron (1559).
Dix voyageurs sont contraints de se réfugier dans une abbaye car de
violentes intempéries les empêchent de poursuivre leur voyage. En
attendant qu’un pont soit construit, ils décident de passer le temps en se
racontant des histoires. Le recueil, inachevé, s’étend sur sept journées et
compte 72 nouvelles.

Voici un extrait du Prologue :

« Et s’il vous plaist que tous les jours, depuis midi jusques à quatre heures, nous allions dedans ce beau
pré le long de la rivière du Gave, où les arbres sont si feuilluz que le soleil ne sçaurait perser l’ombre n’y
eschauffer la frescheur, là, assis à noz aises, chacun dira quelque histoire qu’il aura veuë ou bien ouy
dire à quelque homme digne de foy. »

II. RABELAIS

François Rabelais est un écrivain français né vers 1494 et mort en 1553.

Il reçoit une éducation qui le conduit à devenir prêtre. Contre les


­enseignements chrétiens, il étudie la médecine. Il publie alors sa
­première œuvre, Pantagruel, en 1532, puis Gargantua, en 1534, c­ hroniques
amusantes et joyeuses de la vie de géants insatiables.

Il devient docteur en médecine en 1537.

Rabelais est tout en opposition : il est tour à tour ecclésiastique et anti-


clérical (contre le clergé), chrétien et libre penseur (sans religion), méde-
cin et bon vivant. Il luttera par les mots toute sa vie pour la tolérance et
la paix et sera un des membres fondateurs de l’humanisme, mouvement
­artistique et culturel de la Renaissance, qui se caractérise par sa foi en
l’homme et par l’intérêt pour toutes les formes de la connaissance, et par la redécouverte de la culture
de l’Antiquité (délaissée au Moyen Âge).

252 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
B. Repères d’histoire littéraire Littérature

III. LOUISE LABÉ

Louise Labé est née à Lyon en 1524 et elle est morte en 1566 à 42 ans.
Parce qu’elle est la fille et l’épouse d’un cordier, on la surnomme « La
Belle Cordière ».

Elle possède une bibliothèque très fournie en ouvrages divers. Cette


humaniste connaît bien les auteurs de l’Antiquité comme Homère, Ovide
ou la poétesse grecque Sappho. Elle est aussi très influencée par les
humanistes de son époque : Érasme et Pétrarque, dont elle s’inspire pour
écrire ses sonnets.

Louise Labé écrit des poèmes lyriques, dans lesquels elle exprime les
émotions intenses que provoque en elle le sentiment amoureux.

Voici son plus célèbre poème :

Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;


J’ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m’est et trop molle et trop dure.
J’ai grands ennuis entremêlés de joie.
Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j’endure ;
Mon bien s’en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.
Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.
Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.
Louise Labé, Sonnets, 1555.

IV. RONSARD

Pierre de Ronsard, issu d’une vieille famille noble, est une figure majeure
de la poésie de la ­Renaissance. Il naît en 1524 et meurt en 1585, à l’âge de
61 ans.

Il est le page (jeune noble au service d’un seigneur) de nombreux aristo-


crates, dont le fils du roi François Ier. Il se destine à la carrière de diplo-
mate mais une grave maladie le rend presque sourd. Il se consacre alors
entièrement à la poésie.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 253


Lecture et
Littérature B. Repères d’histoire littéraire

C’est à Paris qu’il contribue à former la Pléiade, groupe d’écrivains qui se donnent comme mission
d’enrichir la langue française (avec des mots nouveaux) et de créer une véritable littérature française. Il
devient alors le poète le plus important du groupe avec son ami Joachim du Bellay. Il est reconnu unani-
mement comme le «Prince des poètes». Ses recueils sont imités, des poèmes lui sont dédiés.

Il est l’auteur d’une œuvre vaste qui, en plus de trente ans, s’est portée aussi bien sur la poésie engagée
dans les guerres de religion (Les Hymnes, 1555), que sur l’épopée avec La Franciade (1572).

Voici un célèbre poème de Pierre de Ronsard :

Mignonne, allons voir si la rose


Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d’espace,


Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,


Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.

V. DU BELLAY

Joachim du Bellay naît en 1522 dans son château familial près de Liré,
en Anjou et meurt à Paris en 1560, à l’âge de 37 ans.
À Paris, en 1547, il rencontre Ronsard, et va, avec lui et l’humaniste
Jean Dorat, s’initier à la littérature gréco-latine. Membre actif du
groupe de la Pléiade, il signe la célèbre Défense et illustration de la
langue française, en 1549.
De 1553 à 1557, il part accompagner son cousin en mission diploma-
tique à Rome. De retour en France, il fait publier ses œuvres en 1558,
écrites pendant son exil de quatre ans : Les Antiquités de Rome, Les
divers Jeux rustiques et son recueil le plus célèbre, Les Regrets (1558),
qui exprime sa nostalgie de la France mais également ses doutes et
ses espoirs. « Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage... »

254 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
B. Repères d’histoire littéraire Littérature

VI. MONTAIGNE

Montaigne, de son véritable nom Michel Eyquem, est né en 1533 au


château de Montaigne dans le Périgord. Il meurt en 1592, alors âgé
de 59 ans.

Son père s’attache à lui inculquer une bonne éducation et une bonne
instruction. À treize ans, il apprend le droit mais sa rencontre avec
Étienne de La Boétie va lui permettre de s’orienter vers la littérature.

Montaigne fréquente la cour jusqu’en 1568, et, en 1571, il se retire


dans le château de son enfance. Dès 1572, il y entreprend la rédaction
des Essais, dont la première édition paraît en 1580.

Dans ses Essais, Montaigne parle de lui-même, sans se cacher, en


toute franchise. Souvent, ses pensées sont empreintes de pessimisme.
Sa devise est « Que sais-je ? ». Pour lui, le savoir et la connaissance
de soi sont les seules voies qui mènent à la sagesse qui consiste à vivre en accord avec la nature, en se
préparant à la mort. Jusqu’à celle-ci, en 1592, il ne cessera de modifier et d’enrichir ses Essais.

Il commence ses Essais de manière originale : il explique au lecteur qu’il ne va parler que de lui et
que, comme cela n’aura aucun intérêt, il ferait mieux de ne pas poursuivre sa lecture...

« Ainsi, lecteur, je suis moi-même la matière de mon livre : ce n’est pas raison que tu emploies ton
loisir en un sujet si frivole et si vain. Adieu donc ; de Montaigne, ce premier de mars mil cinq cent quatre
vingts. »

Mais ensuite, il aborde toutes sortes de sujets qui l’intéressent et qui intéressent toute l’humanité, d’où
le succès immense que connurent (et que connaissent encore) les Essais.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 255


Lecture et
Littérature B. Repères d’histoire littéraire

81. Le XVIIe siècle


I. MOLIÈRE

Molière est le pseudonyme de Jean-Baptiste Poquelin. Il est né en 1622.


Son père est tapissier du roi, mais le jeune homme refuse de suivre sa
voie: il sera dramaturge. Il rencontre la famille Béjart, part avec elle en
province pour peaufiner son jeu et son style littéraire et fonde la troupe de
l’Illustre-Théâtre. Il a vingt et un ans. Après avoir passé quinze ans sur les
routes, il rentre à Paris et bénéficie de la protection de ­Monsieur, Frère du
Roi, puis du Roi lui -même. Louis XIV lui donne alors la ­possibilité de jouer
dans la Salle du Petit-Bourbon. En 1669, il est nommé ­pourvoyeur des
divertissements royaux, et collabore avec le musicien Lully.
Molière fait sienne la devise latine qui définit les deux missions de la
comédie : « Castigat ridendo mores. » Pour lui, la comédie doit critiquer,
dénoncer les travers des hommes et de la société (castigat : elle châtie) et
faire rire, amuser les spectateurs (ridendo = en riant). Ainsi, elle joint l’utile à l’agréable, la profondeur à
la légèreté. Avant tout, pour Molière, la première règle est de plaire au public. Avarice (L’Avare), hypocon-
drie (Le Malade Imaginaire), hypocrisie sociale (Le Misanthrope), hypocrisie religieuse (Le Tartuffe), incom-
pétence médicale (Le Médecin malgré lui)... Tous les domaines de la société, tous les défauts humains
sont mis au service de ce désir de plaire aux spectateurs.
Malgré une maladie qui l’affaiblit, Molière monte sur scène pour jouer Le Malade Imaginaire. Il s’effondre
sur scène lors de la quatrième représentation, et meurt chez lui en 1673. Il faut l’intervention de Louis
XIV pour que le comédien soit enterré, de nuit, en terre chrétienne (car les comédiens étaient mal consi-
dérés par l’Église qui leur refusait le droit de se faire enterrer dans les cimetières chrétiens).

II. JEAN DE LA FONTAINE

Jean de la Fontaine naît à Château-Thierry en 1621, et meurt en 1695. Il fait


de longues études, qui le mènent à Paris en 1645, et devient en 1652 Maître
des Eaux et Forêts de Château-Thierry. Il publie une première œuvre en
1656, une comédie. C’est en fréquentant le Surintendant Nicolas Fouquet
qu’il sympathise avec Racine, Perrault, Molière.

Dès 1664, La Fontaine écrit des œuvres courtes, des nouvelles, des contes,
et surtout des fables. C’est tout l’héritage antique d’Ésope ou de Phèdre
que le fabuliste développe dans l’écriture gaie et enjouée de 241 fables.
Si son but est de distraire son lecteur, il souhaite ­également l’instruire.
Sous chaque animal, le poète dissimule un homme, un défaut, une idée, et
permet ainsi la réflexion.

Contrairement à Molière, La Fontaine ne sera jamais protégé par le Roi, qui lui fera payer toute sa vie
son amitié avec Fouquet (que Louis XIV a fait jeter en prison dès le début de son règne).

256 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
B. Repères d’histoire littéraire Littérature

III. PIERRE CORNEILLE

Pierre Corneille est né à Rouen en 1606.

Il suit des études qui le mènent à acheter deux offices d’avocat, charge
qu’il abandonne en 1650. Sa première comédie est jouée en 1629, mais
c’est le registre plus grave de la tragi-comédie qui le propulse vers la
gloire : Le Cid est un véritable succès dès 1636. La pièce raconte les
amours contrariées de Rodrigue et de Chimène, sur fond d’héroïsme,
valeur chère à l’auteur, et fait de Corneille un auteur reconnu. Par la
suite, Corneille s’intéresse à l’histoire romaine, et rédige Horace et
Cinna en 1640. Le dramaturge entre à l’Académie Française en 1647.

Corneille écrit en 1660 les Trois Discours, dans lesquels il analyse


l’écriture dramatique. Par la suite, le succès grandissant de Racine
jette un voile sur la fin de la carrière de Corneille. L’auteur meurt en 1684.

IV. MADAME DE SÉVIGNÉ

La marquise de Sévigné (1626 1696) se marie très jeune, a deux enfants et


devient veuve à 25 ans. Elle éprouve un amour immense pour sa fille qui,
grâce à sa beauté, sa grâce et à ses talents de danseuse, lui donne accès à
la cour du roi Louis XIV. Lorsque sa fille se marie et quitte Paris, Madame
de Sévigné, très peinée, commence une relation épistolaire avec elle.

C’est cet ouvrage, composé de toutes les lettres que Madame de Sévigné a
envoyées à sa fille (et à d’autres personnes) qui constitue l’œuvre de cette
épistolière de talent. Elle y raconte des anecdotes sur la cour, sur les gens
qu’elle fréquente, sur la société, sur elle et elle exprime aussi toute la
force de son amour pour sa fille.

Voici un extrait d’une lettre de Madame de Sévigné à sa fille :

Vendredi 20 février 1671.

Je vous avoue que j’ai une extraordinaire envie de savoir de vos nouvelles : songez, ma chère fille, que
je n’en ai point eu depuis la Palice ; je ne sais rien du reste de votre voyage jusqu’à Lyon, ni de votre
route jusqu’en Provence ; je suis bien assurée qu’il me viendra des lettres ; je ne doute point que vous
ne m’ayez écrit ; mais je les attends, et je ne les ai pas : il faut se consoler et s’amuser en vous écrivant.
Vous saurez, ma petite, qu’avant-hier au soir, mercredi, après être revenue de chez M. de Coulanges, où
nous faisons nos paquets les jours d’ordinaire, je songeai à me coucher ; cela n’est pas très extraordi-
naire, mais ce qui l’est beaucoup, c’est qu’à trois heures après minuit j’entendis crier au voleur, au feu ;
et ces cris si près de moi, si redoublés, que je ne doutai point que ce ne fût ici ; je crus même entendre
qu’on parlait de ma pauvre petite-fille ; je ne doutai point qu’elle ne fût brûlée : je me levai dans cette
crainte, sans lumière, avec un tremblement qui m’empêchait quasi de me soutenir. Je courus à son
appartement qui est le vôtre, je trouvai tout dans une grande tranquillité ; mais je vis la maison de Gui-
taud tout en feu (...].

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 257


Lecture et
Littérature B. Repères d’histoire littéraire

V. CHARLES PERRAULT
Charles Perrault voit le jour à Paris en 1628, dans une famille de
­parlementaires. Il devient avocat à Orléans, et publie dès 1653 un premier
poème. En 1663, il entre au service de Colbert auprès duquel il travaille
­pendant vingt ans.
Perrault s’engage dans la Querelle des Anciens et des Modernes ­pendant de
longues années, et écrit à ce sujet Le Siècle de Louis le Grand. La Querelle
des Anciens et des Modernes, c’est une célèbre dispute entre écrivains :
certains (les Anciens) veulent que la littérature s’inspire des auteurs de
l’Antiquité (comme les fables de La Fontaine inspirées de celles d’Ésope ou
la tragédie de Racine, Phèdre, qui s’inspire de la mythologie antique et de
la pièce de Sénèque), d’autres (les Modernes) veulent écrire une littéra-
ture nouvelle, totalement inventée, avec des sujets nouveaux et actuels
(Charles Perrault et ses contes).
Dès 1691, afin de s’opposer aux Contes de La Fontaine, Perrault publie « Grisélidis », « Les Souhaits ridi-
cules » et « Peau-d’Âne ». Par la suite, il regroupe de nouveaux textes dans un recueil intitulé les Contes
de Ma mère l’Oye, directement inspirés par les contes populaires en vogue dans les campagnes. Il n’est
pas certain que Perrault ait écrit seul ces textes ; il est possible que ce livre soit le fruit d’une collabora-
tion avec son fils Pierre. Perrault décède en 1703

VI. MADAME DE LA FAYETTE


Marie-Madeleine Pioche de la Vergne, comtesse de La Fayette est née en
1634 et est morte en 1693, à l’âge de 69 ans.
D’un milieu très aisé, elle fréquente la cour et reçoit une éducation litté-
raire très poussée. Elle se marie et a deux enfants. Contrairement à son
époux qui vit retiré dans son château, elle fréquente les milieux littéraires
parisiens et les auteurs comme La Rochefoucauld.
Puis, elle prend la plume et publie anonymement La princesse de Montpen-
sier (1662) et La Princesse de Clèves (1678) qui connaît un succès fulgurant
et jamais démenti.
La Princesse de Clèves raconte l’amour impossible entre une femme
mariée et l’homme qu’elle aime et qui l’aime en retour. Ce roman analyse
avec finesse les émotions qui traversent le personnage : amour passion, souffrance, culpabilité, honte,
doutes...
Dans ce passage célèbre, la Princesse de Clèves avoue à son mari qu’elle aime un autre homme. Mais,
en même temps, elle l’assure que, si elle ne peut pas lutter contre ses sentiments, elle ne succombera
pas à sa passion et ne le trompera pas.
« Hé bien ! monsieur, lui répondit-elle en se jetant à ses genoux, je vais vous faire un aveu que l’on n’a
jamais fait à son mari ; mais l’innocence de ma conduite et de mes intentions m’en donne la force. Il est
vrai que j’ai des raisons de m’éloigner de la cour, et que je veux éviter les périls où se trouvent quelque-
fois les personnes de mon âge. Je n’ai jamais donné nulle marque de faiblesse, et je ne craindrais pas
d’en laisser paraître, si vous me laissiez la liberté de me retirer de la cour, ou si j’avais encore madame
de Chartres pour aider à me conduire. Quelque dangereux que soit le parti que je prends, je le prends
avec joie pour me conserver digne d’être à vous. Je vous demande mille pardons, si j’ai des sentiments
qui vous déplaisent, du moins je ne vous déplairai jamais par mes actions. Songez que, pour faire ce que
je fais, il faut avoir plus d’amitié et plus d’estime pour un mari que l’on en a jamais eu. Conduisez-moi,
ayez pitié de moi, et aimez-moi encore si vous pouvez. »
258 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret
Lecture et
B. Repères d’histoire littéraire Littérature

82. Le XVIIIe siècle


I. VOLTAIRE

Voltaire, de son nom véritable François-Marie Arouet, couvre la quasi t­ otalité


du XVIIIe siècle. Il est né en 1694 et mort à 83 ans, en 1778. Ses cendres
reposent depuis 1791 au Panthéon.
À partir de 1715, il fréquente les salons littéraires et compose des écrits
satiriques (qui critiquent et dénoncent en se moquant) qui le conduisent à la
Bastille, qui est à l’époque une prison, et vit même l’exil en Angleterre, en
1726.
Sa vie mouvementée est marquée par l’engagement au service de la li-
berté. Il est un travailleur infatigable et pratique presque tous les genres
littéraires : il est à la fois dramaturge, poète, historien, pamphlétaire,
­journaliste, philosophe et conteur.
Il lutte contre l’intolérance et le fanatisme religieux qu’il nomme «l’infâme», en publiant en 1734
Les Lettres philosophiques, et le Traité sur la Tolérance en 1768, Zadig en 1748, et Candide en 1759. Il est
une figure emblématique de la philosophie des Lumières qui tire son nom de la volonté des ­philosophes
de ce siècle de combattre les ténèbres de l’ignorance par la diffusion du savoir.
Voltaire est aussi très célèbre pour son ironie cinglante qu’il met au service de ses idées : « Rien n’était
si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois,
les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu’il n’y en eut jamais en enfer. » (Candide)

II. BEAUMARCHAIS

Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, ou Beaumarchais, est né en


1732 et mort en 1799, à l’âge de 67 ans.
Il vit une enfance heureuse et matériellement aisée. Il devient célèbre par
ses procès et l’immense fortune qu’il acquiert dans le commerce avec
l’Amérique.
Écrivain, musicien, poète, pamphlétaire, politique, dramaturge, il est
­surtout connu pour sa trilogie théâtrale : Le Barbier de Séville (1735),
Le Mariage de Figaro (1784) et La Mère coupable (1792).
Sa vie est marquée par le combat contre l’injustice et l’iniquité. Il souhaite une
société fondée sur le mérite et le travail et et se fait le critique de la société
française d’Ancien Régime. En ce sens, il est annonciateur de la Révolution de
1789.
Voici la savoureuse réplique qu’il met dans la bouche de Figaro, un valet, face à son maître : « Aux vertus
qu’on exige d’un domestique, Votre Excellence connaît-elle beaucoup de maîtres qui fussent dignes d’être
valets ? » (Cette réplique est insolente car le valet Figaro fait remarquer à son maître que peu de maîtres ont
les qualités requises pour occuper la fonction exigeante de valet. Ainsi, il remet en cause la société qui met des
gens brillants au service de gens qui le sont souvent moins.)

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 259


Lecture et
Littérature B. Repères d’histoire littéraire

III. ROUSSEAU

Jean-Jacques Rousseau est né à Genève, en Suisse, en 1712 et mort


en 1778, à l’âge de 66 ans. Ses cendres se trouvent au Panthéon depuis
1794.

Orphelin de mère dès sa naissance, il acquiert sa grande culture en


autodidacte (en apprenant tout seul) : il est tour à tour romancier, dra-
maturge, philosophe, moraliste, sans oublier compositeur.

Il s’installe à Paris en 1742 et mène des activités dans les domaines de


la musique et de l’écriture, notamment la philosophie. C’est en 1750,
avec le Discours sur les sciences et les arts qu’il connaît son premier
grand succès qui fait de lui un auteur à la mode. Mais il est aussi connu
pour être le père du roman épistolaire Julie et la nouvelle Héloïse (1761),
de Du Contrat social (1762) et de Émile ou de l’Éducation (1762). Ces deux
dernières œuvres seront condamnées par le Parlement de Paris et l’obligeront à l’exil pendant p ­ lusieurs
années.

Ses dernières années, alors qu’il est loin de tous, seront consacrées à l’écriture de soi : les Confessions
(1765–1770) publiées en 1782 et les Rêveries du promeneur solitaire (1776–1778). C’est par cette
­abondante œuvre autobiographique que la vie de Rousseau nous est surtout connue.

IV. MARIVAUX

Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux naît à Paris en 1688 et meurt,


à Paris, en 1763, à 75 ans.

Très tôt, il mène une carrière triple : journaliste d’abord, puis ­romancier
avec La vie de Marianne (1731–1742, inachevé) ou Le Paysan parvenu
(1734, ­inachevé), et enfin auteur dramatique fécond avec des comédies
fondées sur les sentiments comme La Surprise de l’Amour en 1722, La
double Inconstance en 1723 ou encore Le Jeu de l’Amour et du Hasard en
1730 ; des comédies de mœurs avec L’École des Mères en 1732 ; ou en-
core des comédies sociales qui posent des problèmes ­fondamentaux :
la liberté et l’égalité entre les individus, avec L’Ile des Esclaves en 1725.

Considéré comme un brillant moraliste, il est, par ses oeuvres, un


témoin essentiel de la société et des usages de son temps.

260 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
B. Repères d’histoire littéraire Littérature

V. OLYMPE DE GOUGES
Olympe de Gouges est née à Montauban en 1748. À l’âge de 17 ans, elle
est mariée à un homme de trente ans son aîné qui meurt un an après. Elle
décide de ne jamais se remarier pour pouvoir disposer de sa liberté. Elle
part rejoindre sa sœur à Paris.
Elle fréquente les milieux littéraires et se met à écrire des pièces de
théâtre engagées. L’un de ses premiers combats est de dénoncer l’injus-
tice de l’esclavage, dans sa pièce Zamore et Mirza. ce qui lui vaut des
ennuis avec la justice car, en dénonçant l’esclavage, elle menace les inté-
rêts financiers de gens très puissants. Elle est jetée en prison mais en sort
rapidement grâce à ses appuis.
Son autre grand combat est de dénoncer l’inégalité de traitement entre
les hommes et les femmes (par exemple, une femme doit avoir l’autorisa-
tion de son mari si elle veut faire publier un livre). Olympe de Gouges est une des premières féministes.
Elle est l’auteur célèbre de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.
Très engagée politiquement, elle participe activement à la Révolution française, mais elle s’oppose à la
violence et déplaît par sa liberté de ton : elle meurt guillotinée en 1793.
Voici l’introduction à la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. :
Les droits de la femme
« Homme, es-tu capable d’être juste ? C’est une femme qui t’en fait la question ; tu ne lui ôteras
pas moins ce droit. Dis-moi ? Qui t’a donné le souverain empire d’opprimer mon sexe ? Ta force ?
Tes talents ? Observe le créateur dans sa sagesse ; parcours la nature dans sa grandeur, dont tu
sembles vouloir te rapprocher, et donne-moi, si tu l’oses, l’exemple de cet empire tyrannique. Remonte
aux animaux, consulte les éléments, étudie les végétaux, jette enfin un coup d’œil sur toutes les
modifications de la matière organisée ; et rends-toi à l’évidence quand je t’en offre les moyens. Cherche,
fouille et distingue, si tu le peux, les sexes dans l’administration de la nature. Partout, tu les trouveras
confondus, partout ils coopèrent avec un ensemble harmonieux à ce chef d’œuvre immortel. L’homme
seul s’est fagoté un principe de cette exception. Bizarre, aveugle, boursouflé de sciences et dégénéré,
dans ce siècle de lumières et de sagacité, dans l’ignorance la plus crasse, il veut commander en despote
sur un sexe qui a reçu toutes les facultés intellectuelles ; il prétend jouir de la Révolution, et réclamer
ses droits à l’égalité, pour ne rien dire de plus. »

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 261


Lecture et
Littérature B. Repères d’histoire littéraire

83. Le XIXe siècle


I. MARCELINE DESBORDES-VALMORE

Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859) connaît une vie pleine de dou-


leurs : elle perd sa mère alors qu’elle a sept ans, puis perd tour à tour quatre
de ses cinq enfants.

Devenue comédienne à seize ans, elle se tourne ensuite vers la poésie et


connaît un succès immédiat avec son recueil Élégies et romances. Puis elle
écrit d’autres recueils : Élégies et poésies nouvelles (1824), Les Pleurs (1833),
Pauvres fleurs (1839), Bouquets et prières (1843). Ses vers, dans lesquels
s’expriment les émotions de la poétesse et sa souffrance, s’inscrivent dans le
mouvement romantique.

Marceline Desbordes-Valmore suscite beaucoup d’admiration chez ses


contemporains. Honoré de Balzac lui écrit : « Nous sommes du même pays,
Madame, du pays des larmes et de la misère. […] Je me rapproche de vous
par le sentiment avec lequel je vous admire. » Le poète Verlaine lui est reconnaissant d’avoir apporté de la
nouveauté dans les rythmes poétiques : « Marceline Desbordes-Valmore a, le premier d’entre les poètes
de ce temps, employé avec le plus grand bonheur des rythmes inusités, celui de onze pieds entre autres. »

Voici un de ses poèmes sur le thème de l’amour :

Amour, divin rôdeur, glissant entre les âmes,


Sans te voir de mes yeux, je reconnais tes flammes.
Inquiets des lueurs qui brûlent dans les airs,
Tous les regards errants sont pleins de tes éclairs...

C’est lui ! Sauve qui peut ! Voici venir les larmes !...
Ce n’est pas tout d’aimer, l’amour porte des armes.
C’est le roi, c’est le maître, et, pour le désarmer,
Il faut plaire à l’Amour : ce n’est pas tout d’aimer !

262 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
B. Repères d’histoire littéraire Littérature

II. VICTOR HUGO

Victor Hugo naît en 1802 et décède en 1885. Il montre très tôt des a
­ mbitions
littéraires, et compose dès seize ans son premier poème, salué par la cri-
tique.

Il est le chef de file du mouvement romantique français, dès 1830. Dans


sa pièce Hernani, qui a déchaîné les passions de toute une génération
­d’écrivains et de peintres, il met en œuvre ses théories romantiques : ce
drame mêle le comique et le tragique, le sublime et le grossier, alors qu’ils
étaient jusque-là bien séparés dans des genres différents (tragédie/comé-
die). Cette même année, Hugo publie le roman Notre-Dame de Paris, et
devient un écrivain reconnu.

Hugo a vécu des drames qui ont influencé sa création littéraire. Par exemple, en 1843, sa fille Léopoldine
se noie dans la Seine : il publiera à sa mémoire les Contemplations.

Par ailleurs, Hugo s’engage en politique dès 1848. Il s’oppose à Louis Napoléon Bonaparte lors de son
coup d’état, et est contraint de quitter clandestinement la France. Lors de cette période de dix-neuf ans,
il écrit notamment les Misérables (1862) et Les Châtiments (1853). En 1870, l’Empereur chute et Hugo
rentre triomphalement à Paris, où il reprend son engagement politique et littéraire. À sa mort, un grand
deuil national est décidé, et un million de Français défilent devant sa dépouille exposée sous l’Arc de
Triomphe.

III. GEORGE SAND

George Sand (1804-1876) est le pseudonyme d’Aurore Dupin de Francueil.


Cette femme de lettres française connaît une enfance assez libre. Après
s’être séparée de son mari, elle mène une vie indépendante et connaît plu-
sieurs aventures amoureuses, notamment avec Musset et Chopin, ce qui lui
vaut la réprobation d’une partie de la société. Elle ne cessa jamais d’écrire
et laissa derrière elle une œuvre considérable (romans, lettres, autobiogra-
phie).

George Sand prône le droit à la passion amoureuse pour les femmes.


Chercher le bonheur est pour elle une source de vitalité. Dans ses romans
Indiana et Lélia, l’amour se heurte aux interdits de la société et aux préju-
gés.

Puis, George Sand écrit des « romans champêtres », comme La Mare au diable et La Petite Fadette. Elle
consacre la fin de sa vie à la rédaction de son autobiographie Histoire de ma vie.

Voici un extrait de l’incipit d’Indiana :

« Car sa femme avait dix-neuf ans, et si vous l’eussiez vue enfoncée sous le manteau de cette vaste
cheminée de marbre blanc incrusté de cuivre doré ; si vous l’eussiez vue, toute fluette, toute pâle, toute
triste, le coude appuyé sur son genou, elle toute jeune, au milieu de ce vieux ménage, à côté de ce vieux
mari, semblable à une fleur née d’hier qu’on fait éclore dans un vase gothique, vous eussiez plaint la
femme du colonel Delmare, et peut-être le colonel plus encore que sa femme. »

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 263


Lecture et
Littérature B. Repères d’histoire littéraire

IV. GUY DE MAUPASSANT

C’est en 1850, près de la ville de Dieppe, que Guy de Maupassant voit


le jour. Son premier travail est commis au Ministère de la Marine, et il
­s’engage en 1870 comme garde mobile. Ces deux expériences l’inspireront
grandement lors de la rédaction de ses nouvelles.

Maupassant fréquente les grands romanciers de la deuxième moitié du


XIXe siècle : Flaubert, Zola, les frères Goncourt. Sa nouvelle Boule de Suif le
fait entrer dans la catégorie des écrivains naturalistes, et il exploite cette
veine dans nombre de ses nouvelles, comme la Maison Tellier, Une Partie de
Campagne ou la Parure. Maupassant publie au total plus de 300 nouvelles.
Dans son roman Bel-Ami (1885), il dresse le portrait d’un jeune homme
ambitieux et manipulateur qui veut faire son chemin dans le milieu du jour-
nalisme.

Mais la fin de sa vie est marquée par la maladie. Sa production se teinte de plus en plus de pessimisme,
et l’auteur montre dans « le Horla » sa hantise de devenir fou, comme son frère. Après une tentative de
suicide manquée en 1891, Maupassant est interné. Il meurt en 1893 dans la clinique du Docteur Blanche.

V. JULES VERNE

Jules Verne naît à Nantes en 1828, et meurt en 1905 à Amiens.


Le premier roman de Verne, Cinq Semaines en Ballon (1863), est refusé
par quinze éditeurs différents. Le seizième éditeur, Hetzel, offre sa
chance à Verne, qui explore alors le genre nouveau de la science-fiction,
avec par exemple Voyage au centre de la Terre (1864), Vingt Mille Lieues
sous les mers (1869).

Verne écrit également des romans d’aventure, qui emmènent ses


­lecteurs vers des contrées sauvages et éloignées : Le Tour du Monde
en quatre-vingt jours (1873), Deux ans de vacances (1888), Michel Strogoff
(1876).

Verne vit heureux jusqu’en 1886, où il est agressé par son neveu qui lui
tire une balle dans la jambe. Il se retire de la vie mondaine, et ses livres
se teintent alors de pessimisme. Il s’investit dans la vie politique locale, à
Amiens. Il perd peu à peu la vue, et meurt en 1905 d’une crise de diabète.

264 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
B. Repères d’histoire littéraire Littérature

VI. ARTHUR RIMBAUD

Celui que Paul Verlaine surnomme « l’Homme aux semelles de


vent » est né à Charleville en 1854. Ce brillant élève est encouragé
par son professeur de français, Georges Izambart, à écrire de la poé-
sie. Mais Arthur Rimbaud est aussi indiscipliné, et fugue dès l’âge de
quinze ans. Sa grande ambition est de fréquenter les poètes, aussi
envoie-t-il à Théodore de Banville, un poète célèbre à l’époque, des
vers dans l’espoir d’être publié.

La Guerre de 1870 (contre la Prusse) et les évènements de la Com-


mune de Paris en 1871 marquent fortement l’œuvre de Rimbaud. À
seize ans, il a déjà écrit des chefs d’œuvres comme « le Dormeur du Val », « Ma Bohème », et à dix-sept
ans, il compose le long poème « le Bateau Ivre » dans lequel il exprime son désir de rompre avec son
quotidien pour explorer de nouvelles voies poétiques.

C’est ce poème qu’il envoie au poète Paul Verlaine, qui, ébloui, l’invite à le rejoindre à Paris. Les deux
poètes tombent amoureux et errent à travers l’Europe pendant plusieurs mois, au terme desquels Ver-
laine blesse son compagnon d’un coup de revolver, après une dispute. Verlaine termine sa course en pri-
son, et Rimbaud écrit en 1873 Une Saison en Enfer, puis les Illuminations. En 1875, il abandonne la poésie,
laissant à Verlaine ses derniers écrits.

Il quitte tout et voyage de nouveau en Europe. À partir de 1880, il s’installe en Afrique, où il vit de t­ rafics
et mène des expéditions. En 1891, Rimbaud est rapatrié à Marseille pour y subir une amputation de la
jambe. Il meurt la même année d’un cancer généralisé : il a 37 ans.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 265


Lecture et
Littérature B. Repères d’histoire littéraire

84. Le XXe siècle


I. GUILLAUME APOLLINAIRE

Wilhelm Apollinaris de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire, naît à Rome en


1880, sujet polonais de l’empire russe, d’une mère polonaise et d’un père officier
italien. Il meurt à Paris en 1918, de la grippe espagnole, à l’âge de 38 ans.

Son enfance et son adolescence se trouvent sous l’emprise de sa mère


­fantasque. C’est en 1890, à Monaco, qu’il s’initie aux mythes antiques et aux lé-
gendes médiévales. En 1899, sa famille s’installe à Paris, après avoir écumé tous
les casinos d’Europe, et Apollinaire est obligé de travailler. Il commence à écrire,
publie L
­ ’Hérésiarque et Cie en 1910, et se lie d’amitié avec de nombreux artistes,
dont Picasso, grâce auquel il rencontre la peintre Marie Laurencin. ­Leur relation
­passionnée dure jusqu’en 1912. Ses poèmes paraissent dans de nombreuses
revues. En 1913, il connaît le succès avec son recueil Alcools, qui les réunit tous.

Dès 1914, alors citoyen russe, il demande à être incorporé dans l’armée française ; il est affecté dans
l’artillerie, en tant que brigadier. En 1916, il est naturalisé mais un éclat d’obus le blesse à la tempe.
Pour lui, la guerre est terminée et il revient à Paris. Il fait publier un recueil de contes Le poète ­assassiné
en 1916 et son dernier recueil de poèmes à la disposition typographique originale, ­Calligrammes, en
1918.

« Salut monde dont je suis la langue

éloquente que sa bouche O Paris tire

et tirera toujours aux Allemands »

Calligrammes

266 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
B. Repères d’histoire littéraire Littérature

II. COLETTE

Sidonie Gabrielle Colette, dite Colette, est née en 1873 et morte en 1954.
Elle a une carrière très riche : mime, comédienne et journaliste et écri-
vaine.

Ce sont ses romans, d’inspiration largement autobiographique, qui la


rendent célèbre. Poussée par son mari Willy, un critique musical influent
et un auteur de romans populaires, elle écrit Claudine à l’école, puis une
série de romans comme Claudine à Paris, Claudine en ménage, Claudine s’en
va. Tous ces livres paraissent sous le nom d’auteur du mari, Willy. En 1906,
Colette et Willy divorcent.

Colette aime la liberté : les cheveux courts, elle fume et prend des amants
et des maîtresses. Elle fait scandale. Elle participe activement à la vie
culturelle et artistique de son époque. Elle se remarie, a une fille et publie ses romans sous son nom
Le Blé en herbe (1923). Dans Sido (1930), elle raconte son enfance et rend hommage à sa mère qui lui a
appris à aimer et à regarder la nature avec amour et sensualité.

En 1945, Colette est élue à l’unanimité à l’académie Goncourt et devient grand officier la Légion d’hon-
neur en 1953. À cause de sa vie dissolue (divorces, bisexualité), l’Église lui refuse un enterrement reli-
gieux, mais la France lui offre des obsèques nationales.

Voici un extrait de Sido dans lequel elle évoque l’amour immodéré de sa mère pour la nature :

« Elle se levait tôt, puis plus tôt, puis encore plus tôt. Elle voulait le monde à elle, et désert, sous la
forme d’un petit enclos, d’une treille et d’un toit incliné. Elle voulait la jungle vierge, encore que limitée
à l’hirondelle, aux chats et aux abeilles, à la grande épeire debout sur sa roue de dentelle argentée par
la nuit. Le volet du voisin, claquant sur le mur, ruinait son rêve d’exploratrice incontestée, recommencé
chaque jour à l’heure où la rosée froide semble tomber, en sonores gouttes inégales, du bec des merles.
Elle quitta son lit à six heures, puis à cinq heures, et, à la fin de sa vie, une petite lampe rouge s’éveilla,
l’hiver, bien avant que l’angelus battît l’air noir. En ces instants encore nocturnes ma mère chantait, pour
se taire dès qu’on pouvait l’entendre. L’alouette aussi, tant qu’elle monte vers le plus clair, vers le moins
habité du ciel. Ma mère montait, et montait sans cesse sur l’échelle des heures, tâchant à posséder le
commencement du commencement… »

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 267


Lecture et
Littérature B. Repères d’histoire littéraire

III. PAUL ÉLUARD

Paul Éluard, de son vrai nom Eugène Grindel, est né en 1895 et mort en
1952, à 57 ans.

Dès le début de la Grande Guerre en 1914, il est mobilisé et envoyé sur


le front en tant qu’infirmier dans un hôpital militaire. En 1916, alors
au front, il fait publier un recueil de poèmes, Le Devoir, dans lequel il
exprime son horreur de la guerre. Celle-ci terminée, grâce au recueil
Les Poèmes pour la paix (1918), il fait la rencontre d’André Breton, Louis
Aragon, Philippe Soupault et devient avec eux un membre actif du groupe
surréaliste.

En 1926, il adhère avec ses amis surréalistes au parti communiste.


Comme eux, à cause de divergences politiques, il s’en fera exclure en
1933, date à laquelle il publie Capitale de la douleur, dans lequel il ­exprime
sa totale liberté d’expression.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, au moment où la France est occupée, il écrit de nombreux textes
de ­réconfort et de lutte et fait partie de la Résistance. Il fait publier clandestinement en 1942 Poésie et
Vérité qui contient le célèbre poème « Liberté » que la Royal Air Force parachutera dans les maquis.
Son e­ ngagement fait de lui le symbole d’un idéal de fraternité et de liberté.

En 1952, deux mois avant sa mort, il publie Les sentiers et les routes de la Poésie.

IV. ROMAIN GARY

Né Romain Kacew, Romain Gary est né à Vilnius en Lituanie (alors sous


l’empire russe) en 1914 et mort en 1980 à Paris, à l’âge de 66 ans.

Romain Gary âgé, de 14 ans, arrive à Nice avec sa mère, qui place en lui
de grands espoirs. Il est naturalisé français en 1935 et il est appelé à faire
son service militaire. En 1938, il est incorporé dans l’aviation. Il rejoint
l’Angleterre et les Forces aériennes françaises libres en 1940. Il fait ses
débuts dans la diplomatie au service de la France après la guerre, en 1945,
et devient secrétaire d’ambassade à Sofia (Bulgarie) puis à Berne (Suisse),
et attaché de presse de l’ONU à New-York. Parallèlement à ses activités
de diplomate, il publie en 1956 Les Racines du Ciel grâce auquel il gagne le
Prix Goncourt. Il se détache du Ministères des Affaires étrangères en 1960.

Ce n’est qu’après son suicide en 1980 que l’on découvre que Romain Gary
a écrit d’autres romans sous le pseudonyme d’Émile Ajar. C’est sous ce même pseudonyme qu’il a
signé La Vie devant soi (1975), son œuvre la plus connue pour laquelle il a obtenu un autre prix Goncourt.
Romain Gary est le seul écrivain à avoir reçu deux fois le Prix Goncourt.

268 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
B. Repères d’histoire littéraire Littérature

V. SIMONE DE BEAUVOIR

Simone de Beauvoir (1908-1986) est une philosophe, mémorialiste,


romancière et essayiste française. C’est à quinze ans qu’encouragée par
son père elle décide de devenir un écrivain célèbre.

Très vite, elle met sa plume au service de ses idées progressistes et


féministes. Dans Le Deuxième Sexe, (qui connaît un succès immédiat en
1949), elle dénonce tout ce qui, dans la société, contribue à maintenir les
femmes dans une position d’infériorité : mariage, maternité, éducation...
Les sujets abordés démontrent que tout concourt à empêcher l’émancipa-
tion des femmes.

En 1954, elle obtient le prix Goncourt avec son roman Les Mandarins. En
1958, paraît le premier volet de son œuvre autobiographique Mémoires
d’une jeune fille rangée.

Engagée politiquement, compagne non mariée de l’écrivain et philosophe


Jean-Paul Sartre (avec elle sur la photo), elle signe le Manifeste des 121 qui dénonce la violence de la
répression des Algériens qui veulent gagner leur liberté.

Voici un extrait de son essai Le Deuxième Sexe :

« On exige de la jeune fille qu’elle reste à la maison, on surveille ses sorties : on ne l’encourage aucu-
nement à prendre elle-même en main ses amusements, ses plaisirs. Il est rare de voir des femmes
organiser seules une longue randonnée, un voyage à pied ou à bicyclette ou s’adonner à un jeu tel que
le billard. […] Elles pensent que les triomphes éclatants sont réservés aux hommes ; elles n’osent pas
viser trop haut. On a vu que se comparant aux garçons, des fillettes de quinze ans déclaraient : « Les
garçons sont mieux. » Cette conviction est débilitante. Elle encourage la paresse et la médiocrité. »

Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe, tome II, « L’expérience vécue », 1949.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 269


Lecture et
Littérature B. Repères d’histoire littéraire

VI. JEAN ANOUILH

Jean Anouilh naît en 1910 et meurt en 1987, à l’âge de 77 ans.

C’est très jeune qu’Anouilh se découvre une passion pour le théâtre.


Il devient le secrétaire de Louis Jouvet (comédien et metteur en scène
reconnu) en 1929 et commence à cette date à écrire. Sa première pièce,
L’Hermine, jouée en 1932 connaît un succès plutôt mitigé. Il doit attendre
Le Voyageur sans bagages en 1937 pour enfin se faire un nom. Le succès
en 1938 de La Sauvage et de Le Bal des Voleurs confirme sa notoriété.

En 1939 éclate la Seconde Guerre mondiale. Anouilh est le secrétaire


d’un commandant à Auxerre. Il continue d’écrire malgré l’occupation
allemande ; il ne prend position ni pour la Résistance ni pour la collaboration. Sa neutralité provoque la
colère de certains.

Anouilh organise sa composition théâtrale en plusieurs périodes : avant la guerre, il écrit la série des
Pièces roses, marquées par la fantaisie. Pendant la guerre, il écrit des Pièces noires, qu’il fera jouer à Pa-
ris en pleine Occupation allemande, pièces graves qui prennent appui sur des mythes antiques : Antigone
(1944), réécriture du mythe de Sophocle, ou Médée (1946).

Après la guerre, il écrit encore des Pièces brillantes, des Pièces grinçantes, ainsi que des Pièces costumées.
Son œuvre est abondante et variée.

VII. MARGUERITE DURAS

Marguerite Duras naît en 1914 à Saïgon (en Indochine française) et


meurt à Paris en 1996. Tout au long de sa carrière, cette femme de
lettres écrit des pièces de théâtre, des romans et des scénarios de films
qu’elle va même parfois jusqu’à réaliser.

C’est avec son premier roman, autobiographique, Un barrage contre


le Pacifique, qu’elle connaît le succès. Puis, en 1984, c’est son roman
L’Amant qui séduit les lecteurs et obtient le prix Goncourt.

Elle écrit aussi des pièces de théâtre (Le square) et le scénario et les dia-
logues du film Hiroshima mon amour. du réalisateur Alain Resnais et elle
obtient, à cette occasion, l’Oscar du meilleur scénario.

Écrivaine engagée, elle est exclue du Parti communiste mais défend de


nombreuses causes : les droits des femmes, la lutte contre la guerre
d’Algérie, le droit à l’avortement...

270 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Lecture et
B. Repères d’histoire littéraire Littérature

Voici un extrait d’Un barrage contre le Pacifique :

« Il leur avait semblé à tous les trois que c’était une bonne idée d’acheter ce cheval. Même si ça ne devait
servir qu’à payer les cigarettes de Joseph. D’abord, c’était une idée, ça prouvait qu’ils pouvaient encore
avoir des idées. Puis ils se sentaient moins seuls, reliés par ce cheval au monde extérieur, tout de même
capables d’en extraire quelque chose, de ce monde, même si ce n’était pas grand-chose, même si c’était
misérable, d’en extraire quelque chose qui n’avait pas été à eux jusque-là, et de l’amener jusqu’à leur
coin de plaine saturé de sel, jusqu’à eux trois saturés d’ennui et d’amertume. C’était ça les transports :
même d’un désert, où rien ne pousse, on pouvait encore faire sortir quelque chose, en le faisant traver-
ser à ceux qui vivent ailleurs, à ceux qui sont du monde. »

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 271


Crédits photographiques
Couverture : © CNED – Pascal Derr

Fiche 2 : © CNED ;

Fiche 4 : © CNED ;

Fiche 6 : © CNED ;

Fiche 7 : © CNED ;

Fiche 9 : © CNED ;

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Fiche 15 : © Fotolia / He2 ; © Fotolia / Dashk ;

Fiche 21 : © CNED ;

Fiche 23b : © CNED ;

Fiche 23d : © CNED ;

Fiche 37 : © CNED ;

Fiche 43 : © CNED ;

Fiche 45 : © CNED ;

Fiche 49 : © CNED ;

Fiche 73 : Capitoline Museums, Public domain, via Wikimedia Commons

Fiche 75 : Self Portrait, c.1837 (oil on canvas), Delacroix, Ferdinand Victor Eugene (1798-1863) / Louvre,
Paris, France / Bridgeman Images ; Abbey in the Oakwood, 1810 (oil on canvas), Friedrich, Caspar David
(1774-1840) / Schloss Charlottenburg, Berlin, Germany / Bridgeman Images ; The Nightmare, 1781 (oil
on canvas), Fuseli, Henry (Fussli, Johann Heinrich) (1741-1825) / Detroit Institute of Arts, USA / Foun-
ders Society purchase with Mr and Mrs Bert L. Smokler / and Mr and Mrs Lawrence A. Fleischman funds
/ Bridgeman Images ; The Raft of the Medusa, 1819 (oil on canvas), Gericault, Theodore (1791-1824) /
Louvre, Paris, France / Bridgeman Images ; Execution of the Defenders of Madrid, 3rd May, 1808, 1814
(oil on canvas) (see also 155453 for detail), Goya y Lucientes, Francisco Jose de (1746-1828) / Prado,
Madrid, Spain / Bridgeman Images ; Etienne Allegrain (1644-1736), Public domain, via Wikimedia Com-
mons

Fiche 76 : The Galerie des Glaces (Hall of Mirrors) 1678 (photo), Mansart, Jules Hardouin (1646-1708)
/ Château de Versailles, France / Peter Willi / Bridgeman Images ; View of the Bosquet des Rocailles,
1680-83 (photo), Le Notre, Andre (1613-1700) / Château de Versailles, France / Peter Willi / Bridgeman
Images ; Rear view of Vaux-le-Vicomte, designed by Louis le Vau (c.1612-70) for Nicolas Fouquet, begun
in 1657 (photo) / Melun, France / Bridgeman Images ; The Ending of the Mania for Duels in 1662, Ceiling

272 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret


Painting from the Galerie des Glaces, Le Brun, Charles (1619-90) / Chateau de Versailles, France / Brid-
geman Images ; Cleopatra Disembarking at Tarsus, 1642 (oil on canvas), Claude Lorrain (Claude Gellee)
(1600-82) / Louvre, Paris, France / Bridgeman Images ; Orpheus and Eurydice (oil on canvas), Pous-
sin, Nicolas (1594-1665) / Louvre, Paris, France / Bridgeman Images ; Apollo Tended by the Nymphs,
intended for the Grotto of Thetis, executed with the assistance of Thomas Regnaudin (1622-1706) 1666-
75 (marble), Girardon, Francois (1628-1715) / Chateau de Versailles, France / Peter Willi / Bridgeman
Images ; Mercury on Pegasus (‘Le Cheval de Marly’) 1701-02 (marble), Coysevox, Antoine (1640-1720) /
Louvre, Paris, France / Bridgeman Images

Fiche 77 : The Winnowers, 1855 (oil on canvas), Courbet, Gustave (1819-77) / Musee des Beaux-Arts,
Nantes, France / Bridgeman Images ; The Stone Breakers, 1849 (oil on canvas) (destroyed in 1945),
Courbet, Gustave (1819-77) / Galerie Neue Meister, Dresden, Germany / © Staatliche Kunstsammlungen
Dresden / Bridgeman Images ; In a Cafe, or The Absinthe, c.1875-76 (oil on canvas), Degas, Edgar (1834-
1917) / Musee d’Orsay, Paris, France / Bridgeman Images ; The Laundresses, c.1884 (oil on canvas),
Degas, Edgar (1834-1917) / Musee d’Orsay, Paris, France / Bridgeman Images ; Le Linge, 1875 (oil on
canvas), Manet, Edouard (1832-83) / The Barnes Foundation, Philadelphia, Pennsylvania, USA / Bridge-
man Images ; A Bar at the Folies-Bergere, 1881-82 (oil on canvas), Manet, Edouard (1832-83) / © Samuel
Courtauld Trust, The Courtauld Gallery, London, UK / Bridgeman Images ; The Gleaners, 1857 (oil on
canvas), Millet, Jean-Francois (1814-75) / Musee d’Orsay, Paris, France / Bridgeman Images ; The Ange-
lus, 1857-59 (oil on canvas), Millet, Jean-Francois (1814-75) / Musee d’Orsay, Paris, France / Bridgeman
Images

Fiche 78 : © akg-images ; Bust of Homer, Hellenistic period (330-20 BC ) (marble), Greek / Musei Capito-
lini, Rome, Italy / Bridgeman Images ; akg-images / Jürgen Sorges ; © Getty Images / iStock / GeorgisArt
/ 468614317 ; Ducks and Fish (mosaic), Roman, (1st century) / Musee Conde, Chantilly, France / Bridge-
man Images

Fiche 79 : Charles d’ Orleans (1394-1465) son of Louis d’Orleans he was made prisoner by the english
at Agincourt battle in 1415 and during captivity he wrote many poems poete poesie poet poetry France
/ Photo © Tallandier / Bridgeman Images ; Public domain, via Wikimedia Commons ; Arthurian legend
(quest for the Holy Grail ): Lancelot and the Sword Bridge to reach the castle where Guinever in priso-
ner, illumination by Evrard d’Espinques from «Lancelot du Lac» c. 1470 / Photo © PVDE / Bridgeman
Images ; Chien et loup, fable d’Ulrich Boner (ca.1349), faximile, 1897 - Illustrations © Getty Images ;
Portrait of Francois Villon (1431-63) (engraving), Rullmann, Ludwig (1765-1822) / Bibliotheque Nationale,
Paris, France / Bridgeman Images

Fiche 80 : Jean Clouet, Public domain, via Wikimedia Commons ; © akg-images ; akg-images / André
Held ; Portrait of Francois Rabelais (c.1494-1553) (oil on canvas), French School, (17th century) / Chateau
de Versailles, France / Bridgeman Images ; Pierre Woeiriot, Public domain, via Wikimedia Commons ;
akg-images / Erich Lessing

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 273


Fiche 81 : Pierre de Corneille (1606-94) 1647 (oil on canvas), Le Brun, Charles (1619-90) (after) / Château
de Versailles, France / Bridgeman Images ; La marquise de Sévigné, Claude Lefèbvre, Public domain,
via Wikimedia Commons ; Jean de la Fontaine (oil on canvas), Rigaud, Hyacinthe (1659-1743) (studio of) /
Musee Jean de la Fontaine, Chateau-Thierry, France / Bridgeman Images ; Moliere in the Role of Caesar
in ‘The Death of Pompey’ (oil on canvas), Mignard, Nicolas (1606-68) / Musee de la Ville de Paris, Musee
Carnavalet, Paris, France / Bridgeman Images ; Portrait of Charles Perrault (Paris, 1628-1703), French
writer, Painting by Philippe Lallemand (1636-1716), Lallemand, Philippe (1636-1716) / Château de Ver-
sailles, France / De Agostini Picture Library / G. Dagli Orti / Bridgeman Images ; Madame de La Fayette,
Public domain, via Wikimedia Commons

Fiche 82 : Pierre Augustin Caron de Beaumarchais (oil on canvas), Nattier, Jean-Marc (1685-1766) /
Comedie Francaise, Paris, France / Archives Charmet / Bridgeman Images ; Portrait of Pierre Carlet de
Chamblain de Marivaux (1688-1763) 1743 (oil on canvas), Loo, Louis Michel van (1707-71) (after) / Châ-
teau de Versailles, France / Bridgeman Images ; Jean-Jacques Rousseau (1712-78) (oil on canvas), Tour,
Maurice Quentin de la (1704-88) (after) / Musee de la Ville de Paris, Musee Carnavalet, Paris, France /
Bridgeman Images ; Portrait of the Young Voltaire (1694-1778) (oil on canvas), French School, (18th cen-
tury) / Musee Antoine Lecuyer, Saint-Quentin, France / Bridgeman Images ; Alexander Kucharsky, Public
domain, via Wikimedia Commons

Fiche 83 : Constant-Joseph Desbordes, Public domain, via Wikimedia Commons ; Portrait of Victor
Hugo (1802-85) 1879 (oil on canvas), Bonnat, Leon Joseph Florentin (1833-1922) / Château de Versailles,
France / Bridgeman Images ; François Théodore Rochard (1798-1857), Public domain, via Wikimedia
Commons ; Guy de Maupassant (1850-93) (b/w photo) / Private Collection / Ken Welsh / Bridgeman
Images ; Portrait of Arthur Rimbaud aged 17, 1871 (b/w photo), Carjat, Etienne (1828-1906) / Private Col-
lection / Prismatic Pictures / Bridgeman Images ; Portrait of Jules Verne (1828-1905) late 19th century
(b/w photo), French Photographer, (19th century) / I.N.R.P. (Institut National de Recherche Pedagogique),
Paris / Archives Charmet / Bridgeman Images

Fiche 84 : Guillaume Appolinaire / Photo © Louis Monier / Bridgeman Images ; Calligram by French poet
Guillaume Apollinaire, 1918 : Eiffel Tower / Bridgeman Images ; Colette / Henri Manuel, Public domain,
via Wikimedia Commons ; akg-images / ullstein bild ; Paul Eluard (1895-1952) (b/w photo), French Photo-
grapher, (20th century) / Bibliotheque Nationale, Paris, France / Archives Charmet / Bridgeman Images ;
akg-images / ullstein bild ; Alice Schwarzer, Simone de Beauvoir, Reinbek, Rowohlt, 2008 ; Marguerite
Duras / Photo © AGIP / Bridgeman Images.

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