CEDRIK GAULT (Order #14702690)

CEDRIK GAULT (Order #14702690)

 Conception, développement : Fabien DENEUVILLE
Illustration de couverture : Kerem BEYIT
Habillage intérieur, 4ème de couverture & Logo : Eckem
Illustrations d’intérieur : Philippe CAM, Joseph J. CALKINS & Cerberus
Illustration, Aaron ACEVEDO
Certaines illustrations sont sous copyright Talisman =Studios
©2007, utilisées avec la permission de l’illustrateur, tous droits réservés.
Tests : Christophe CALMES, Anthony DUBREUIL,
Gautier BOUCKENHOVE
Relecture : Christophe HERMIER
Maquette : Lisa PANCINO

© 2010 FOOTBRIDGE
Toute utilisation ou reproduction sans accord préalable par
écrit est strictement interdite.
Autorisation de photocopier les aides de jeu pour un usage
personnel uniquement.
Manuscrit déposé à la Société Des Gens de Lettre le 26 Janvier 2010.

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Table des matières

Table des matières

Préambule : Développer et faire progresser
Comment utiliser ce livre ? 5 le scénario 130
Le jeu de rôle que nous aimons 6 Conclure le scénario 139
Le rôle du MJ 10
Chapitre 4 : Animer la partie
Chapitre 1 : Choisir l’univers et Plonger les joueurs dans l’ambiance 143
la campagne Lumières, costumes et accessoires 147
La rencontre d’un univers, d’un Décrire avec les mots justes 152
groupe et d’un meneur 16 Gérer le timing de la partie 156
Poser les bases d’une campagne Comment relancer une partie
réussie 20 qui s’essouffle 160
S’adapter au contexte 25 Les joueurs partent dans le décor 164
Fluidifier les scènes d’action 170
Chapitre 2 : Créer la campagne Le meilleur du pire : les erreurs
Le moteur de la campagne 28 à ne pas commettre 176
Commencer avec la fin en tête 33
Intrigue simple contre intrigues Chapitre 5 : Faire le suivi de la
multiples 37 campagne
Le découpage de la campagne L’évolution du groupe 179
en phases 41 L’évolution des PNJs 182
Utiliser la création des personnages 45 L’évolution de la campagne 186
La création des PNJs et du matériel Impliquer les joueurs entre les
récurrent 47 parties 190
Jusqu’où aller dans le détail de la Finir en apothéose 194
préparation ? 51
Les structures de campagne Annexes :
possibles 55 Faire une séance d’initiation 197
Un exemple de campagne 58 Gérer une partie avec un grand
groupe 201
Chapitre 3 : Préparer le scénario Faire jouer en convention 206
Préparer ou ne pas préparer 62 Liste de ressources / Bibliographie 213
L’organisation de la séance 64
Ce qu'il faut préparer : les 2 étapes 67 Documents :
La recherche d’idées 69 Le document de campagne
Ouvrir l’éventail des possibles 75 Synthèse de campagne
La liste des annexes 85 Organisation de la séance
Choisir un titre pour le scénario 89 Brouillon du scénario
L’introduction pour le meneur 94 Cartes de concept
Chapitrage et découpage en scènes 97 Scénario au propre
Le choix des musiques d’ambiance 101 Document des caractéristiques du groupe
Écrire les scènes 108 Suivi de l’expérience du groupe
Préparer les annexes 111 Tableau des interactions PJs/PNJs
Le premier chapitre de la campagne 122 Document de suivi de campagne
Démarrer un scénario 124 Suivi des intrigues du groupe

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Préambule
Comment utiliser ce
livre ?
L’idée derrière ce livre est de constituer un
recueil complet présentant toutes les étapes
de la création d’une campagne de jeu de rôle
réussie et qui restera gravée dans la
mémoire de votre groupe. L’ouvrage
s’adresse donc à des personnes connaissant
déjà les principes du jeu de rôle sur table et
souhaitant soit devenir meneur de jeu pour
la première fois, soit pour les plus
expérimentés trouver de nouvelles idées et
de nouveaux concepts de création, d’écriture
et d’animation de partie.
À qui s’adresse ce guide ?
Si les livres de base de jeu de rôle présentent
généralement une rubrique qui s’adresse au
MJ, et qui détaille les aspects «techniques»
relatifs à chaque univers dans la tache du
meneur, comme attribuer des difficultés aux
jets de dés ou décerner les points
d’expérience par exemple ; les techniques de
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Pr ­ Comment utiliser ce livre ?
création d’histoire, de campagne et de
narration qui forment l’essentiel du rôle du
maître de jeu sont souvent laissées sous
silence.
Ce guide est là pour remédier à ce manque
et apporter aux meneurs de jeu débutants
ou chevronnés des conseils pour améliorer
la qualité de leurs parties. Si les novices ont
tout à apprendre, les vieux routards
trouveront, à côté des domaines connus et
maîtrisés, de nouveaux outils qui amèneront
une touche novatrice à leurs jeux.
Ces mécaniques de création d’histoire et
d’animation de partie sont les mêmes quel
que soit l’univers de jeu choisi, ce qui a
amené à l’écriture d’un guide multi­jeux. Il
faudra certes tenir compte des spécificités
de chaque univers, notamment au niveau de
la tonalité et de l’ambiance. On ne maîtrise
en effet pas un jeu épique de la même
manière qu’un jeu plus léger ou orienté sur
la parodie et l’humour, mais cet ouvrage est
conçu pour être utilisé dans n’importe
quelle partie de jeu de rôle, quel qu’en soit
le décor.
5
 Pr ­ Le jeu de rôle que nous aimons
Dans quel ordre lire les
chapitres ?
Ce préambule détaille les généralités et les
grandes étapes de la création d’une
campagne de jeu de rôle (on entend par
campagne un ensemble de scénarios du
même jeu, joués les uns à la suite des
autres). Chaque chapitre suivant s’attarde
sur une des grandes étapes de ce processus
dans l’ordre logique dans lequel elles sont
censées s’enchaîner. Les annexes présentent
quelques conseils dans des situations de
groupe et de jeu originales, la fin de
l’ouvrage étant réservée au cahier de fiches
pouvant être copiées et utilisées afin de
servir de références, de guide et d’aides de
jeu.
Et si vous ne souhaitez pas maîtriser en
campagne mais au contraire juste faire un
scénario « one shot » (hors campagne) ?
Dans ce cas, les chapitres concernant le
choix de l’univers et la création de la
campagne peuvent être survolés au profit
d’une lecture plus approfondie des
chapitres concernant la préparation et
l’animation de la séance qui sont aussi bien
adaptés à un jeu suivi qu’à des séances
moins régulières.
D’une manière plus générale, chaque
chapitre ou paragraphe peut être lu
séparément pour apporter un outil,une
réponse sur un point précis, tandis que la
lecture complète et l’enchaînement des
différents chapitres donnent un panorama
intégral de ce que peut être une grande
campagne de jeu de rôle. Au fil des pages,
les encadrés donnent un zoom sur un cas
spécial ou sur un exemple concret et
détaillé, tiré d’une campagne réelle.
Amusez-vous !
Pour clore ce préambule, n’oubliez pas que
la clef d’une maîtrise réussie d’un JDR peut
être résumée en un seul conseil : à chaque
meneur de trouver son style, que ce soit
dans l’écriture ou dans l’animation de la
6
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
partie, car c’est ce qui fait la saveur de nos
parties et qui rend chacune d’entre elles
unique et mémorable.
Ce livre n’est pas là pour formater ou
montrer « La » vérité unique mais au
contraire pour présenter des idées et des
outils que chacun doit s'approprier. Amis
meneurs, le moment est venu de libérer
votre créativité pour transformer vos parties
en expériences ludiques totales, et ce guide
va vous y aider!
Le jeu de rôle que nous
aimons
La première question à se poser, si l’on
souhaite pouvoir faire d’une partie de jeu
de rôle un moment mémorable et unique,
est de savoir ce que chaque joueur recherche
à la table de jeu et quel est le plaisir ou la
satisfaction qu’il trouve à jouer. Chaque
joueur va venir avec des envies différentes,
et il sera difficile de réussir à faire en sorte
que chacun soit pleinement comblé par la
séance. Cependant garder à l’esprit les
différentes composantes du plaisir ludique
apporté par le jeu de rôle permet d’être plus
sensible à certains aspects et d’en tenir
compte lors de la préparation et l’animation
des parties. Le point commun à tous les
joueurs et qui nous rassemble tous c’est
qu’en tant que loisir, nous recherchons dans
le jeu un plaisir de jouer, du « fun ». D’où
vient­il et quelles en sont les sources ?
Être ensemble
L’un des éléments clefs de notre passion est
le côté social du jeu de rôle. C’est ce qui
distingue le jeu sur table du jeu vidéo et le
rend unique : une partie de jeu de rôle
implique au moins 2 et plus souvent de 3 à
5 joueurs réunis autour d’une table. Il y a
un plaisir à être ensemble, à être réunis
pour jouer et vivre quelque chose.
Ce n’est pas par hasard si des liens
d’amitiés se créent au sein du groupe et

souvent très rapidement. Des références et
une imagerie commune, ainsi qu’une
solidarité (la camaraderie entre compagnons
d’armes qui vivent la même aventure) y
contribuent. Les interactions entre joueurs (à
la fois en jeu et hors jeu) sont donc des
composantes essentielles d’une partie. Il y a
des interactions en jeu (le roleplay entre les
personnages, les petites rivalités internes au
groupe, la tension entre l’elfe et le nain, par
exemple, dans un univers médiéval
fantastique) et également les interactions
hors jeu (les blagues, les moments de
rigolade, les discussions annexes).
On pourrait croire que ces dernières peuvent
nuire au jeu, à son ambiance et à l’histoire,
mais vouloir les éliminer complètement
serait une erreur et ruinerait une grande
partie de la convivialité et du plaisir que
nous prenons à jouer. Même le plus sérieux
des jeux d’ambiance doit savoir aménager
ces moments de relâche de la tension. Cela
fait d’autant plus ressortir les moments
graves et dramatiques de l’histoire.
L’aventure dont vous êtes le
héros
En plus de ce plaisir social du jeu de rôle,
une des sources de satisfaction des joueurs
est la possibilité de vivre une histoire
imaginaire : notre imagination est bien plus
puissante que n’importe quel écran ou
n’importe quel média. Bien stimulée et aidée
par des descriptions et des scènes
évocatrices, elle permet au groupe de se
transporter dans un autre monde d’une
façon bien plus intense qu’avec un autre
moyen de communication. L’histoire doit
donc être suffisamment prenante et avoir
cette faculté à faire rêver les joueurs, car cela
fait partie de ce qu’ils recherchent et
attendent. Elle doit en même temps être
structurée de façon cohérente et avoir un
rythme qui garde les joueurs en haleine.
Une partie de ces sujets est couverte dans le
chapitre sur « La préparation du scénario »
et dans « Animer la partie ».
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Pr ­ Le jeu de rôle que nous aimons
Ce qui distingue également notre loisir de
films ou de livres plus classiques, c’est la
liberté d’action et l’interactivité. Cet aspect
est parfois oublié mais le jeu de rôle est une
histoire dont les joueurs sont les héros. Le
sentiment d’être libre d’agir, de pouvoir
choisir ses propres actions, d’en voir les
conséquences et les impacts sur l’univers de
jeu représente une grande partie du plaisir
que prennent les joueurs à prendre part à la
séance. Il n’y a rien de plus frustrant pour
un groupe que de se voir limité dans son
choix d’action ou dans leur impact sur
l’univers par le meneur de jeu. Les
possibilités sont infinies et uniquement
limitées par l’imagination des joueurs et
celle du meneur. Il est fondamental de
garder cet aspect à l’esprit et la méthode de
préparation de scénario présentée dans le
chapitre 3 tient compte de cela et permet de
créer des histoires faisant la part belle à
l’interactivité et aux chemins multiples.
L’une des satisfactions que trouve
également le groupe se situe dans l’aspect
collaboratif du jeu et notamment le fait
qu’un scénario est un problème posé aux
joueurs qu’ils doivent résoudre. Ils devront
donc réfléchir ensemble et coopérer pour
arriver au bout du mystère proposé. Le
challenge mental qui va stimuler les joueurs
peut donc se poser ponctuellement, sous la
forme d’une énigme simple, ou plus
généralement être le leitmotiv du scénario :
c’est le cas notamment de l’enquête où le but
est de collecter toutes les pièces d’un puzzle
pour les assembler afin de trouver la
solution. Les énigmes et mystères peuvent
être mis en scène dans d’autres types de
scénarios et ne sont pas l’apanage exclusif
des histoires d’investigation. Cet aspect
collaboratif de la réflexion est recherché par
certains joueurs et contribue au plaisir de
jouer.
Jouer un rôle
Certains joueurs recherchent également
dans le jeu de rôle le plaisir de jouer et
7
 Pr ­ Le jeu de rôle que nous aimons

d’interpréter un personnage fictif, dans ce
qui se rapproche du plaisir théâtral
d’incarner quelqu’un d’autre, de s’essayer à
une personnalité différente : parler, agir, et
interagir (avec les autres personnages des
joueurs ou des personnages non joueurs)
dans la peau d’un autre. Il s’agit du plaisir
de se déguiser, de se changer, le temps
d’une séance de jeu. Sans rentrer dans des
considérations psychologiques avancées, il
y a une satisfaction que prennent les joueurs
à endosser le rôle d’un autre, à mieux
s’affirmer soi même par les points communs
et les différences qu’ils ont avec leur alter
ego dans le jeu. Pour ces joueurs, une
histoire d’action « porte, monstre, trésor »
n’est pas suffisante, il faut qu’il y ait des
opportunités de jouer le personnage dans sa
dimension roleplay.
Enfin un autre aspect stimulant du jeu de
rôle qui se ressent après quelques parties
lors du jeu en campagne, c’est la
satisfaction de voir évoluer le personnage
au cours du temps. C’est ainsi que se créent
les légendes dont les joueurs parlent encore
plusieurs années après que les sessions
soient terminées : en mettant en scène et en
interprétant des personnages qui ont évolué
au fil des épisodes et qui ont gagné en
pouvoir. En parallèle à ce gain d’expérience
doit se faire, logiquement, vis­à­vis de
l’équilibrage des épisodes, une gradation de
l’intensité des challenges à relever : plus les
personnages gagnent en puissance et en
importance, plus ils sont considérés dans
l’univers de jeu et vont affronter des défis
de plus en plus complexes.
Certains joueurs se reconnaîtront plus dans
certains aspects que dans d’autres, et en
tant que meneur de jeu, savoir ce qui
motive les joueurs et leur apportera du
plaisir à jouer est une clef pour construire
une campagne intense et mémorable. Ce
point sera développé plus en détail dans le
chapitre 1
« Le choix de l’univers et de la campagne ».
À titre personnel, s'interroger sur ce que
l’on aime en tant que joueur est également
utile pour mieux profiter des parties et des
moments passés à la table de jeu.

Les 8 facteurs clés du succès d’une partie de jeu de rôle – WoTC 1999

Il y a peu d’études statistiques rigoureuses sur le sujet des typologies de joueurs de jeu de rôle. La seule
trace rendue publique à ce jour est une étude faite par Wizards of The Coast en 1999 sur un échantillon
de la population rôliste américaine, afin de mieux cerner les tendances et habitudes des joueurs. S'il y a
surement un biais entre les résultats concernant la population américaine et les joueurs français, les
résultats sont tout de même très intéressants et on peut retrouver une partie des sources de satisfaction
mentionnées dans l’article ci­contre. Ainsi selon cette étude, 8 facteurs clés contribuent à la satisfaction
des joueurs. Ils sont statistiquement significatifs sur l’échantillon étudié et prédominent toute autre
classification (cf encadré « les différentes typologies de joueurs »).
Ce sont les suivants :
• Personnages marqués et histoire à rebondissements
• Interprétation
• Complexité croissante au cours du temps
• Fait appel à une réflexion stratégique
• Compétitif entre les joueurs
• Nouvelles versions/suppléments disponibles
• Fait appel à l’imagination
• Avec un challenge intellectuel
En rassemblant ces 8 facteurs, le joueur de jeu de rôle vivra une expérience plaisante
et agréable en jouant.

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 Pr ­ Le jeu de rôle que nous aimons

Les différents types de joueurs

Toujours dans la même étude statistique de Wizards of The Coast menée en 1999, au­delà des 8
facteurs prépondérants, on voit apparaître une décomposition de la population rôliste selon 2 axes,
comme dans le schéma ci­dessous. L’axe horizontal va du « tactique » au « stratégique ». « Tactique »
correspond à une perspective limitée à l’environnement et au futur immédiat, alors que
« stratégique » fait référence à une vision s’étendant au­delà de l’environnement et du futur immédiat.
L’axe vertical correspond à une séparation des joueurs « Combat/Histoire ». Combat signifie que le
joueur préfère la résolution de scènes d’action et de conflits, alors que Histoire reflète un intérêt du
joueur pour le monde et les interactions avec les autres personnages. Ces 2 axes divisent la population
en 4 quadrants : les Penseurs, les Brutes, les Acteurs et les Conteurs.

Combat
Penseurs Brutes

Stratégique Tactique

Conteurs Acteurs

Histoire

• Le Penseur aime les situations d’action et les réflexions stratégiques. Il aime rechercher dans le
système de jeu les petits détails qui lui permettront d’améliorer son personnage. Il aime résoudre
des énigmes et peut garder de longues listes de faits et d’indices avec son personnage.
• La Brute aime les situations d’action et les réflexions tactiques. Il joue un personnage avec un
minimum de personnalité (souvent juste une simple extension du joueur) et aime les séances de jeu
courtes et intenses. En cas de drame ou d’actions ratées, les conséquences seront minimes pour le
joueur qui créera un nouveau personnage sans réellement penser aux implications de l’échec du jet.
• L’Acteur aime les situations tactiques focalisées sur l’histoire. Il aime le côté théâtral de son
personnage, et utilisera voix, postures, mimes, accents pour lui donner plus de personnalité. Il ne
cherchera pas forcément à optimiser son personnage mais plus à faire des choix cohérents par
rapport aux motivations du personnage.
• Le Conteur aime les situations stratégiques focalisées sur l’histoire. Il apprécie la progression
logique de la narration du scénario, avec un début, un milieu et une fin bien structurée. Il relèvera
les incohérences et anachronismes de la campagne.
• Un cinquième type regroupe les joueurs qui apprécient en part égale chacun des aspects ci­dessus,
que l’on pourrait appeler le Polyvalent.
Chacun des 4 premiers quadrants regroupe 22% des sondés, et le cinquième environ 12%. Un
meneur qui connaît ces différents profils peut essayer de sonder ses joueurs afin de savoir
où se situe leur intérêt et se servir du résultat pour favoriser les segments
d’aventure que son groupe et lui­même préfèrent.

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Pr ­ Le rôle du MJ
Le rôle du MJ
En tant que passionnés de jeu de rôle, ce
sont ces différentes notions que nous
recherchons à la table de jeu. Si la structure
de règles et d’interactions sur laquelle
repose notre loisir va donner un cadre
propice, il n’en reste pas moins que ce qui
fait la qualité et l’ambiance d’une partie
c’est le meneur de jeu et ses talents à la fois
de créateur, de conteur, d’arbitre et
d’organisateur. Avant de détailler chacun
de ces rôles et de voir en quoi ils répondent
à ces attentes et comment les assumer
pleinement, il faut garder à l’esprit que le
MJ, tout comme les joueurs, est là pour
passer un bon moment grâce au jeu. Un
meneur qui voit sa tâche comme une corvée
aura du mal à divertir ses joueurs et cela se
ressentira en cours de partie. À l’inverse, un
MJ qui aime ce qu’il fait, qui apprécie son
rôle et s’y retrouve saura transmettre cette
émotion au cours des parties et emmener
les joueurs dans des aventures légendaires.
L’un des rôles de ce livre est donc de
donner des conseils et des méthodes pour
alléger la charge du MJ et l’aider à mieux
appréhender les parties, de la préparation à
l’animation et au suivi, et donc d’y prendre
plus de plaisir.
Le meneur créateur
Être meneur de jeu c’est devenir créateur de
mondes et d’histoires. Le MJ est l’auteur et
le metteur en scène de personnages, de
lieux et d’intrigues. Même si ces derniers
sont souvent décrits en partie dans les
chapitres sur l’univers, c’est à lui de se les
approprier, d'en donner sa version. Un
même PNJ sera ainsi décrit différemment
par différents meneurs, et il y a bel et bien
une vision à avoir et une appropriation à
faire vis­à­vis du background du jeu. De
plus, tout univers, aussi détaillé soit­il,
réserve son lot d’imprécisions, d’éléments
flous ou vagues, de zones non décrites, qui
justement permettent au meneur
10
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
d’exprimer sa créativité en venant apporter
sa propre pierre à l’édifice. C’est là un des
bonheurs du MJ : avoir la possibilité
d’imaginer des concepts et leur donner vie
dans le monde qu’il a choisi de faire jouer.
C’est le plaisir du créateur omniscient et
omnipotent.
Le meneur peut également être celui qui
créé les histoires et les intrigues, à la fois sur
le court terme (scénario) et sur le long
terme (campagne). À la façon d’un
romancier, il va jeter les bases des intrigues,
même si à la différence de ce dernier, les
fins ne sont pas écrites et prédéfinies. Le MJ
créateur de mondes et d’histoires est celui
qui va permettre aux joueurs de vivre des
histoires imaginaires, d’évoluer dans un
monde rêvé de toutes pièces. La création
des scénarios implique également de tenir
compte du niveau de challenge que les
personnages (et les joueurs par extension)
sont prêts à relever, en fonction de
l’évolution de la campagne, et du niveau de
puissance de leurs héros.
Les chapitres 2 et 3 se focalisent sur l’aspect
création de campagnes et de scénarios du
rôle du MJ.
Le meneur conteur
Une autre facette du meneur de jeu est
d’être un conteur de légendes et
d’histoires. Cet aspect fait référence à la fois
à ses qualités de narrateur, d’expression
orale et à ses talents d’animateur en cours
de partie. C’est par ses mots, sa voix, qu'il
va transmettre au joueur le message du
scénario. Ce sont les outils à sa disposition
pour emmener le groupe dans un univers
fantastique. L’une des satisfactions du MJ
conteur est de voir les joueurs réagir à ses
descriptions et être pris, voire parfois
surpris et vivre des émotions intenses lors
des parties.
Savoir raconter une histoire, avec la bonne
intonation, bon débit de voix, les bonnes
tonalités, le bon volume font la différence
pour un MJ conteur. Il saura interpréter

n’importe quel PNJ en lui donnant une
personnalité, un langage corporel et une
façon d’agir spécifiques qui le rendront
vivant aux yeux des joueurs. Ses talents
d’acteurs permettront aux joueurs
d’exprimer à leur tour les leurs en incarnant
leur personnage dans ses moindres faits et
gestes.
Cet aspect recouvre également la faculté
d’animer la partie, de la relancer si le groupe
commence à perdre son intérêt pour la
séance, et de savoir rebondir et improviser
sur les idées des joueurs. C’est ce qui va
donner l’interactivité et la liberté d’action
que l’on aime dans le jeu. La capacité
d’adaptation, d’improvisation en fonction
des actions des personnages est ce qui fait un
grand MJ. Nous verrons par la suite que
cette improvisation peut n’être que partielle
car une bonne préparation de la séance va
donner au meneur plus de cartes en mains
pour faire face au moment où le groupe part
sur une route non prévue. Comme
mentionné plus haut, il n’y a rien de plus
frustrant pour les PJs qu’un MJ qui fait
échouer systématiquement leurs tentatives
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Pr ­ Le rôle du MJ
créatives de prendre d’autres sentiers pour
arriver à leurs fins.
Le chapitre 4 se focalise sur l’aspect
d’animation de la partie et les chapitres
précédents donnent la méthode de
préparation qui permet d’arriver plus à
l’aise à la table de jeu.
Le meneur gardien
Le MJ a également pour rôle de garantir la
cohérence de l’univers et des différents
niveaux de pouvoir au sein du jeu. Cela
passe bien sur par l’utilisation des règles du
jeu, mais va bien au­delà : les règles ne sont
qu’un outil, parmi d’autres, pour apporter
du fun à la séance de jeu et la rendre
intéressante. La satisfaction du MJ sur cet
aspect réside dans le pouvoir d’arbitrage et
de décision qui lui revient de droit : le
fameux adage selon lequel le MJ a toujours
raison.
Ce n’est cependant pas parce qu’il a toujours
raison qu’il doit abuser de son pouvoir. Une
bonne histoire est une histoire dans laquelle
il y a des challenges à relever et tout l’art du
Illustration by Joseph J. Calkins, Copyright Cerberus Illustration 2007
11
 Pr ­ Le rôle du MJ
meneur gardien réside dans la mise en place
de défis équilibrés, pas uniquement
physiques. Ce peut également être des défis
d’interprétation, des défis intellectuels ou
d’autres sortes. Le meneur gardien va
pouvoir satisfaire l’envie de recherche de
résolution collaborative de problèmes des
joueurs. De plus, comme les règles couvrent
également en général l’évolution des
joueurs, leur application réfléchie va
apporter au groupe le plaisir de voir évoluer
leurs personnages au fur et à mesure des
séances.
Le meneur n’est pas un arbitre inflexible et
intransigeant, c’est ce qui fait également la
différence avec un programme informatique
et rend le jeu encore plus passionnant. Il y a
donc un style à trouver dans l’application
des règles, en étant ni trop gentil, ni trop
strict, et cela peut également varier en
fonction des groupes de joueurs : certains
sont plus à cheval sur le respect des règles
que d’autres et le bon MJ saura ressentir et
s’adapter à ces différences.
Les questions d’équilibrage sont abordées
dans le chapitre 3, tandis que le suivi de
l’expérience est abordé dans le chapitre 5.
Le meneur organisateur
Voilà un aspect qui est bien souvent délaissé
de la plupart des livres de règles et qui
pourtant fait partie intégrante du rôle du MJ
: c’est lui qui va faire vivre sa campagne,
son histoire et s’assurer des moyens
matériels dont il a besoin pour cela.
Combien de campagnes se sont arrêtées
parce que les joueurs n’ont pas été réguliers
et trop souvent absents ? Combien de
séances ont épuisé les joueurs parce qu’elles
duraient beaucoup trop longtemps et
devenaient difficiles à suivre ?
Un bon meneur de jeu sait réunir son
groupe pour organiser les parties. Il sait
trouver un lieu adéquat, rassembler ses
joueurs à une heure bien précise, donner le
signal du démarrage, s’assurer de
l’approvisionnement de la partie si celle­ci
12
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
dure et gérer le timing pour éviter de trop
dépasser l’horaire raisonnable que tout le
monde s’est fixé. Il sait également entretenir
l’intérêt des joueurs au long de la
campagne, et gérer le fait que certains
joueurs ne pourront pas assister à toutes les
séances. Il relance le groupe pour la session
suivante et maintient le jeu en vie. La
satisfaction du MJ organisateur est de voir
les choses se faire, les séances avancer, les
joueurs revenir encore et encore, d’aller au
bout des choses, de ne rien laisser inachevé.
Les fins de campagne sont épiques et ce
sont elles qui marqueront les joueurs le plus
souvent, mais encore faut il être capable de
les atteindre. L’organisateur est celui qui
permet au groupe de se réunir
régulièrement et d’apprécier le côté social
du jeu de rôle.
Ces notions d’organisation sont abordées
tout au long du livre mais sont plus
spécifiquement mentionnées aux chapitres 1
et 5.
Ces 4 facettes du MJ sont indissociables
comme les faces d’un dé. Un bon MJ saura
être tantôt dans l’un de ces rôles, tantôt
dans un autre. Comme pour les plaisirs des
joueurs, il y a certains aspects que chaque
MJ préfère mais c’est la bonne combinaison
(sans excès), par rapport au groupe, qui sait
apporter le plus de fun autour de la table,
des deux côtés de l’écran.

En faire trop
Si le bon MJ sait trouver l’équilibre et prendre
les différents visages de sa fonction
alternativement, l’excès dans un des domaines
n’est pas non plus souhaitable et est à l’origine
de certains comportements qui peuvent gâcher
le plaisir d’une partie. En connaissant ces
travers, vous saurez jusqu’où aller avant de
tout ruiner !
Un meneur Créateur prend le risque, s’il prend
trop à cœur son ouvrage et sa création de
s’enfermer dans un travail d’imagination
excessif au détriment de ses joueurs. Créer des
personnages, des situations, des lieux est une
bonne chose mais doit se faire en fonction des
besoins du groupe. Si les personnages ont
décidé d’explorer et de s’intéresser à tel aspect
de l’univers, quel intérêt de développer
quelque chose qui n’est pas dans la même
zone, dans l’espoir d’une campagne future ? Le
temps investi à créer doit être dépensé de façon
utile, avec juste le niveau de détail approprié
pour ce que les personnages vont explorer ou
vivre dans les séances à venir. Un autre travers
du meneur créateur est de trop s’approprier ses
créations et de ne plus laisser les personnages
libres d’agir vis­à­vis de ces dernières ! Par
exemple si le meneur a créé un lieu détaillé
avec plans et repères pour une exploration
mais que les personnages ont décidé de tout
brûler sans explorer, le meneur doit être
capable de prendre ses distances vis­à­vis de sa
création et de laisser les joueurs tenter leur
action et peut être même la réussir.
Un meneur Conteur dans l’excès risque de
gâcher le plaisir des joueurs en s’écoutant
raconter l’histoire et en la faisant vivre à ses
propres PNJs. Certes il a de grandes facultés de
narration mais ne doit pas oublier que ce sont
les joueurs qui incarnent les personnages
principaux de l’histoire. Ils doivent toujours,
d’une manière ou d’une autre, être mis en
avant. Le cas extrême étant le scénario où les
PJs, en présence d’un PNJ allié très puissant
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Pr ­ Le rôle du MJ
sont relégués au rang de spectateurs et vont
très vite s’ennuyer. L’autre risque du meneur
Conteur est de se laisser entraîner trop loin
dans ses improvisations lorsque les joueurs
partent en dehors des clous et qu’il en perde le
fil de son histoire ou du timing. Les outils de
préparation et de gestion de timing présentés
plus loin permettront d’éviter cet ecueil.
Un meneur Gardien excessif devient un arbitre
des règles intraitable et cela peut devenir
extrêmement frustrant pour le groupe si le
meneur passe trop de temps à calculer,
consulter les tables, les aides de jeu, au
détriment de l’action. Il risque de plus d’être
désarçonné si les personnages tentent une
action qui n’est pas décrite à la lettre dans les
règles. Utiliser les règles pour le plaisir
d’utiliser les règles n’est pas la meilleure
manière d’avoir un jeu vivant, fluide et
dynamique. Les règles ne sont qu’un outil pour
simuler des situations et doivent toujours être
considérés comme telles. Si une règle n’est pas
intéressante ou trop difficile à appliquer, le MJ
doit savoir l’oublier. Si possible précisez­le en
début de campagne au groupe, afin que ce
dernier ne soit pas surpris.
Un meneur organisateur peut également
devenir nuisible s'il cherche à aller trop vite
dans ses parties, sacrifiant ainsi le plaisir de
jouer un rôle et de savourer la partie au
détriment du respect absolu du timing. Savoir
tenir le rythme et garder l’intérêt est important
mais survoler des moments cruciaux fait
perdre toute saveur au scénario et à l’histoire.
De même un meneur qui est trop poussif pour
organiser des parties, sans respecter les autres
participants et leurs contraintes personnelles
ou familiales va devenir une gêne pour le
groupe plutôt qu’un apport, ou pire passer
pour quelqu’un qui materne un peu trop ses
joueurs. Il y a donc un équilibre à trouver entre
faire avancer les choses, au niveau de chaque
partie ou au niveau de la campagne et
maintenir le jeu intéressant pour
tout le monde.
13
 Pr ­ Le rôle du MJ

Quels sont vos points forts et vos faiblesses en tant que MJ ?

Pour savoir où vous vous situez par rapport à chacun des rôles du MJ décrit dans cet article, vous
pouvez vous tester en remplissant la grille ci­dessous. Pour chaque affirmation, déterminez si
vous pratiquez cela « Jamais » (J), « Rarement »(R), « de temps en temps » (D), « Souvent » (S), «
tout le temps » (T). Une fois la grille remplie, consultez les réponses pour décoder votre analyse.

J R D S T
Quand les personnages rencontrent un nouveau PNJ, je prends une attitude
1 ou une posture distincte pour bien marquer l'unicité du PNJ

Il m'arrive de contourner les règles, pour maintenir l'intérêt et le fun de la

2 partie
S'il manque un joueur pour la séance de jeu, je la maintiens en l'adaptant, si 3
3 joueurs sont présents sur les 4
Quand je créé un scénario, je tiens compte des aventures précédentes et
4
m'assure que les challenges sont plus durs à relever
Dans la création, je me focalise uniquement sur ce dont les joueurs vont avoir
5
besoin dans la ou les quelques séances à venir
Quand je mets en scène des PNJs importants de l'univers, ils mettent dans
6
l'ombre les personnages des joueurs par leur puissance
Lorsque je planifie une partie avec mon groupe, hors partie en club, je sais à
7
quelle heure elle commence et à peu près à quelle heure elle finit
J'utilise les règles pour créer des rencontres et des combats équilibrés pour le
8
scénario, en connaissant les niveaux de pouvoir relatifs
Lors des scènes d'interactions avec les PNJs, les joueurs ont leur part de
9
dialogue qui vient construire la scène
Je consulte à l'avance et essaie d'anticiper les règles dont j'aurai besoin pour
10
le scénario à venir, en les résumant sur un brouillon
Si les joueurs vont ruiner une de mes créations (tuer un PNJ créé de toutes
11
pièces par exemple), j'ai du mal à les laisser faire
Entre les séances je maintiens l'intérêt des joueurs en les impliquant et en
12
planifiant la prochaine séance
Quand la partie s'enlise et que les joueurs commencent à perdre de l'intérêt,
13
je sais y remédier et ramener les joueurs dans le jeu
Il m'arrive de finir des séances de jeu en bâclant un peu la fin pour terminer
14
à l'heure
Quand je prépare les lieux ou personnages de mes histoires, je visualise à
15
l'avance comment ils se présentent et seront décrits
Si une action n'est pas décrite dans les règles, je demande aux joueurs de la
16
modifier pour la faire coller aux règles

14
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Pr ­ Le rôle du MJ

Pour décoder la grille, compter 0 pour « J », 1 pour « R », 2 pour « D », 3 pour « S », 4

pour « T ». Les questions 6, 11, 14 et 16 comptent double. Faire ensuite les totaux
suivants par rôle du MJ.
Créateur de mondes : additionner les scores des questions 4, 5, 11 et 15.
Conteur de légendes : additionner les scores des questions 1, 6, 9 et 13.
Gardiens du fun et des règles : additionner les scores des questions 2, 8, 10 et 16.
Organisateur de séances : additionner les scores des questions 3, 7, 12 et 14.

Pour chaque profil si votre score est :

Entre 0 et 4 : Vous avez négligé cette partie là de votre rôle de meneur. il faut sans doute
vous y pencher un peu pour améliorer vos parties.
Entre 5 et 8 :Vous avez quelques lacunes dans ce domaine. En vous y penchant un peu
vous pourriez arriver à des parties plus intenses.
Entre 9 et 12 : C’est un de vos points forts.Vous êtes bon dans ce domaine.
13 et au dessus : vous êtes peut être un peu trop à cheval sur ce point et risquez de
tomber dans l’excès (cf encadré En faire trop). N’hésitez pas à partager vos résultats et
impressions sur notre site web ou forum !

15
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 1 ­ La rencontre d'un univers, d'un groupe et d'un meneur
Chapitre 1 :
Choisir l’univers
et la campagne
La rencontre d’un
univers, d’un groupe et
d’un meneur
Le succès d’une campagne ou d’un scénario
de jeu de rôle commence avant même la
rédaction du premier mot du brouillon,
avant même que la première idée ne vienne
à l’esprit du meneur de jeu. En effet un
facteur important de succès est le choix du
bon univers par le bon MJ avec le bon
groupe et le bon système de règles. Il y a
une cohérence à trouver dans cette sélection
initiale, qui pour une campagne, se fait
avant de s’engager sur un processus de
préparation plus poussé. Autant donc
essayer de le faire de la façon la plus éclairée
que possible. L’alignement parfait et
harmonieux est un peu comme un
alignement planétaire : rare et de très faible
probabilité (même si, bizarrement, dans
certains jeux de rôle, les alignements de
planètes ne sont pas aussi rares que cela…).
L’intérêt de la réflexion à cette phase est
16
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
d’essayer de trouver l’option la plus
intéressante, celle qui passionnera le
groupe. A l’inverse un mauvais choix peut
engendrer une mésentente sur la campagne
: le cas extrême est l’exemple du groupe qui
veut jouer un jeu un peu défouloir le
weekend après une semaine de travail et le
meneur préférant les jeux à intrigues qui fait
jouer une campagne politique et
diplomatique avec un système de règles
basé sur l’influence et le statut. On
comprend que les joueurs vont dans ce cas
tourner en rond et assez vite s’ennuyer,
voire délaisser la table de jeu car ils ne
trouveront pas ce qu’ils y recherchent.
Les univers : le fond et la forme
Le premier élément de cette harmonie est
l’univers dans lequel la campagne va être
joué. À noter que celui­ci est distinct du «
jeu » qui englobe à la fois l’univers et le
système de règles. Les règles peuvent être
complètement séparées de l’univers (même
 Ch 1 ­ La rencontre d'un univers, d'un groupe et d'un meneur

si un bon système de règles adaptés à

l’univers aidera à en faire ressentir
l’ambiance, par exemple Deadlands utilise
un système de cartes proche du poker dans
un jeu orienté western, ce qui est plutôt bien
vu). Il y a dans l’univers 2 composantes :
une première qui est l’époque/ambiance
projetée. Il s’agit du « fond » de l’univers et
il serait long et inutile de tout liste ici : ce
peut être antique, médiéval, futuriste,
historique, post­apocalyptique… et tout ce
qui est possiblement imaginable. Sur ce
fond il y a à mesurer la passion du meneur
pour le sujet (car il lui faudra s’en
imprégner complètement… si un groupe
veut jouer dans un univers victorien mais
que le MJ préfère le futuriste ou le
contemporain fantastique, il aura du mal à
se sentir à l’aise et à s’approprier l’univers).
Le groupe doit également apprécier et se
retrouver, de façon moins forte que le
meneur certes, mais un minimum, dans
l’univers et son environnement. Si le
meneur est un passionné de l’époque
napoléonienne, il pourra faire jouer de
superbes campagnes dans cet univers, mais
si le groupe ne connaît que très peu cette
période, il lui faudra beaucoup d’efforts
pour s’y imaginer.
L’autre aspect à prendre en compte dans le
choix de l’univers, c’est la tonalité ou le
style de cet univers. Cela n’a rien à voir
avec le jeu car un même jeu peut être joué
sous différentes tonalités (par exemple
L’Appel de Cthulhu, même si c’est à la base
un jeu sombre d’horreur, peut également
être joué sur une tonalité plus pulp orientée
héroïque ou action). On se situe là au
niveau de la
« forme » de l’univers. Un même fond peut
être traité sous des formes différentes dans
plusieurs jeux. Ainsi le space opera peut
aussi bien être héroïque (Star Wars, bien
qu’on se situe aux limites du space opera)
ou angoissant (comme dans la série de films
des Alien). Un décalage entre la tonalité du
jeu et les attentes du groupe et du meneur
peut également engendrer une mésentente.

17
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 1 ­ La rencontre d'un univers, d'un groupe et d'un meneur
Par exemple vouloir faire jouer INS, qui est
un jeu plutôt délirant et fun sur le ton de
l’horreur serait décalé.
Les grandes tonalités qu’on peut retrouver
au travers des univers sont :
• Le jeu de rôle héroïque : dans ce style
d’univers, les joueurs incarnent des
personnages puissants et au dessus du
commun des mortels. Ils sont en général
choisis ou élus et ont une grande influence
sur l’univers. On peut trouver par exemple
Exaltés ou Scion et tous les jeux de super
héros en général.
• Le jeu de rôle à intrigues et à mystères :
cette tonalité regroupe des univers où ce ne
sont pas tant les scènes d’actions qui font la
saveur de l’histoire mais les phases de
recherche, d’intrigue, de découverte,
d’influence politique et/ou de négociation
avec les personnages non joueurs. Ambre et
ses intrigues de cour est un bon exemple,
Nephilim en est un autre.
• Le jeu de rôle délirant : ici on se situe
dans le registre de la parodie et de
l’humour. L’univers manque délibérément
de sérieux et c’est ce qui fait toute la saveur
du jeu. Les parties sont le plus souvent
courtes et drôles et offrent un
divertissement comique au groupe.
INS/MV, Hystoire de Fou ou Brain Soda
illustrent très bien ce style de jeu light et
décalé.
• Le jeu de rôle d’action et d’aventures :
c’est le style premier du jeu de rôle, où le
groupe va affronter des créatures, explorer
des lieux et vivre des aventures épiques. La
différence avec le jeu de rôle héroïque réside
essentiellement dans le niveau de pouvoir :
les personnages commencent à un niveau
relativement faible et font leur chemin à
coup de points d’expérience pour arriver à
un statut plus élevé. D&D, JRTM¸ ou les
jeux orientés pulp entrent en général dans
cette catégorie.
• Le jeu de rôle sombre et d’horreur : dans
ce style les personnages sont confrontés à
des dangers inconnus et effrayants, et les
joueurs vont également ressentir cette
18
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
ambiance oppressante et horrifique.
L’Appel de Cthulhu, Kult ou Le Monde des
Ténèbres sont des jeux conçus à la base
pour être joués dans cette tonalité.
Faire une liste exhaustive de tous les jeux
existants selon chaque fond (med­fan, space
op, futuriste, historique…) et chaque forme
(sombre, action, délirant,…) serait
hasardeux : comme expliqué ci­dessus un
même univers peut être joué sous
différentes formes selon les MJs et ces
différentes formes peuvent varier au cours
des campagnes (on peut imaginer un
épisode plus sombre au milieu d’une
campagne à intrigues). Cependant ce que le
meneur de jeu doit faire préalablement à
toute campagne, c’est identifier le fond
(l’époque) de l’univers concerné (ce qui est
en général évident à la lecture du livre de
base) et définir la tonalité générale des
scénarios de l’univers.
L’intérêt du meneur
Après s’être penché sur les univers et les
styles de jeu possibles, le meneur doit
ensuite, se connaissant (si ce n’est pas le cas,
le test « Quels sont vos points forts et
faiblesses en tant que MJ » peut vous y
aider), définir le style de jeu qui lui sera le
plus approprié. Il est en effet plus judicieux
de jouer sur ses points forts que sur ses
faiblesses. Un meneur qui est à l’aise avec
les règles complexes et les univers
simulationnistes sera désarçonné pour faire
jouer des scénarios de type
intrigue/mystère dans un univers avec des
règles simples. Dans son cas un scénario de
type Action/aventure avec un système de
règles un peu poussé sera plus approprié.
Les indications ci­dessous reprennent les
rôles du MJ tels que définis en préambule et
associent à chacun un plusieurs styles, mais
bien sur ce ne sont que des guides généraux
! On peut très bien imaginer un meneur se
mettre un challenge en faisant jouer un
univers et un style qui ne lui sont pas
familiers justement pour s’améliorer sur un

point qui lui faisait difficulté jusqu’à
présent.
D’une manière générale :
• Le Créateur d’univers sera à l’aise pour
concevoir des histoires complexes dans un
jeu à intrigues/mystère. Il sera également
très bon pour faire rêver ses joueurs dans
des jeux orientés action/aventure
• Le Conteur de légendes saura plonger ses
joueurs dans des ambiances d’intrigues
politiques grâce à son jeu d’acteur
incomparable sur les PNJs. Ses talents de
conteurs peuvent également l’aider à
inspirer une ambiance forte sur un jeu
d’horreur
• Le Gardien des règles peut mettre sa
connaissance du système et ses capacités
d’équilibrage à profit dans la création de
scénarios héroïques aux niveaux de pouvoir
équilibrés, tout comme dans des styles
action/aventure. Il aura plus de mal sur des
jeux à intrigues/mystère où les règles sont
moins importantes
• L’Organisateur est lui plus transverse et
peut s’accommoder de tous les styles de
jeux. Il sera cependant efficace sur des
univers délirants où son goût pour le côté
social du jeu de rôle saura attirer les foules
et sur des univers sombres où il pourra
mettre à profit ses talents d’organisation
pour prévoir accessoires et ambiance utiles
au scénario.
Sur le choix de l’univers, outre l’intérêt du
meneur pour le fond et l’époque proposée, il
y a bien sur la volonté de tester les
nouveaux jeux sortis et cette recherche de
nouveauté ne saurait être exclue du choix !
Si le meneur ou les joueurs veulent s’essayer
à un nouvel univers, c’est l’occasion de peut
être étoffer le champ de leurs expériences
avec un ensemble de nouvelles possibilités.
Ce que veut le groupe
Une fois que le meneur a défini son univers
et son style de jeu en fonction de ses points
forts et faiblesses, il est temps de proposer
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 1 ­ La rencontre d'un univers, d'un groupe et d'un meneur
cela au groupe et de discuter avec eux. Le
dialogue est très important à ce stade et doit
être ouvert et transparent.
Sans forcément déterminer le profil de
joueur détaillé de chacun, faire un petit
sondage auprès du groupe est un bon point
de départ : qu’est ce que vos joueurs
aiment et préfèrent dans le jeu de rôle ?
Pourquoi jouent ils ? Que veulent ils et que
recherchent ils à la table de jeu ?
Pour orienter le débat et les questions on
peut se servir des profils
de l’encadré « les différents types de joueurs
» ou relire l’article « le jeu de rôle que nous
aimons ». Les questions peuvent tourner
autour des thèmes suivants :
• Préfèrent ils l’histoire ou le combat dans
la partie ? Quelle est la bonne proportion
entre les deux selon eux ?
• Trouvent ils plus d’intérêt dans les
réflexions tactiques (court terme) ou
stratégiques (long terme) ?
• Qu’est ce qui leur apporte le plus de
satisfaction dans les parties ? Le fait
d’interpréter un personnage ? de vivre une
histoire ? d’être réunis ensemble ?
A noter que les différentes réponses à ces
questions vont évoluer en fonction du
temps, des envies des joueurs. On peut
imaginer qu’un groupe sortant d’une
campagne de longue haleine sur un jeu très
sérieux d’horreur souhaite faire un break
sur quelque chose de plus léger avant de
reprendre une campagne épique.
En fonction des réponses, le MJ peut
aiguiller ses propres choix et s’orienter
pour un jeu délirant (si les joueurs
cherchent le fun et le plaisir d’être ensemble
principalement par exemple) ou un jeu à
intrigues/mystères (si les joueurs cherchent
le côté résolution coopérative d’énigmes).
Bien sur tout le monde ne cherchera pas la
même chose à la table de jeu ; Il faudra
essayer de dégager les tendances
principales du groupe et les points
communs pour tirer des conclusions
valables.
Enfin le meneur va pouvoir connaissant
19
 Ch 1 ­ Poser les bases d'une campagne réussie
tout cela proposer au groupe différentes
possibilités et choix de campagnes.
L’intérêt de donner plusieurs options est de
laisser les joueurs libres de choisir (voire de
voter) et ainsi de ne pas leur imposer un
point de vue unique. Le choix peut être
entre plusieurs univers différents ou au sein
d’un même univers entre plusieurs styles de
campagnes/ scénarios. L’idéal étant pour le
MJ d’avoir quelques idées sur le feu (2 ou
3) et de les proposer au groupe quand vient
le moment de démarrer quelque chose de
nouveau. Ainsi par exemple offrir le choix
entre une campagne Exaltés et une
campagne Cthulhu donne aux joueurs
l’occasion de dire ce qu’ils veulent car les
styles sont plutôt opposés. Dans cet exemple
les joueurs ont opté pour Exaltés à la quasi
unanimité, car ils étaient à la recherche d’un
univers où jouer des personnages puissants
et héroïques.
Une fois ce questionnement initial passé et
après avoir défini avec le groupe le style de
jeu et d’univers qui sera joué, le meneur
peut aborder la préparation de la campagne
proprement dite et développer ce qui n’était
alors que des idées en scénarios jouables,
exploitables et funs.
Poser les bases d’une
campagne réussie
Après ce premier choix d’univers, de
groupe et de meneur, et l’arbitrage entre ce
que chacun souhaite, il est temps
d’organiser et de planifier les séances.
C’est une étape qui est parfois négligée et
qui pourtant doit prendre place dès le
démarrage pour obtenir une campagne qui
dure et devienne légendaire.
Le lieu du drame
La première chose qu’un bon meneur doit
gérer pour organiser sa partie, c’est le lieu.
Si dans le cas d’un one shot, l’importance
est moindre, pour un jeu en campagne,
l’idéal est, si possible, de pouvoir jouer
20
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
toujours au même endroit : c’est beaucoup
plus simple pour tous les joueurs de s’y
retrouver que dans le cas d’un roulement ou
de changement de lieu pour jouer. En club,
la tache est plus simple, car l’intérêt du club
est de fournir un lieu adéquat (reste encore
tout de même au MJ à s’assurer que le club
aura une salle de libre pour ses séances de
façon régulière !).
Qu’est ce qui fait un bon lieu pour
jouer ? Il faut que l’endroit soit libre
pendant la tranche horaire souhaitée (rien
de pire que de jouer avec en arrière plan de
la télé ou d’autres conversations, il va de soi
que la convention est une exception… cf
l’annexe à ce sujet). La configuration la plus
simple et la plus efficace consiste à jouer
autour d’une table avec suffisamment de
chaises et peut être un tabouret
supplémentaire pour le meneur pour
entreposer livres, ressources, notes…
Jouer dans une configuration « salon » avec
des joueurs avachis dans un canapé n’est
pas la bonne solution, l’attention est
beaucoup plus difficile à maintenir, surtout
si la soirée se prolonge. Ce dont il faut tenir
compte également c’est l’impact sur le
voisinage et les pièces attenantes : il y aura
des phases bruyantes pendant la partie et
autant l’anticiper de suite et s’assurer que
cela ne posera pas de problème.
Enfin une notion à intégrer également dans
le choix du lieu, c’est l’ambiance que l’on va
souhaiter vouloir mettre en cours de partie.
Si par exemple vous projetez de diffuser de
la musique pour certaines scènes, il faudra
prévoir de quoi jouer (ordinateur, poste,
baladeur avec enceintes) et de quoi
alimenter votre machine : pouvoir être
raccordé au secteur est une bonne chose,
mais attention à ne pas faire une jungle de
fils impénétrable autour de la table ! Dans
ce qui entre dans le facteur ambiance, on
peut aussi penser aux accessoires et
lumières. Il faudra de quoi les relier au
secteur si vous utilisez des spots et si vous
êtes plutôt parti pour organiser une soirée
« bougies inquiétantes » assurez vous que

cela soit bien possible dans votre lieu et que
les éventuels détecteurs de fumée ne
poseront pas de problème.
Rien n’interdit de trouver un lieu exotique,
une fois de temps en temps pour faire jouer.
Vous n’avez peut être pas forcément l’accès
facile à la lugubre salle de la bibliothèque
municipale, ou la possibilité de jouer dans
une cave sans attirer l’attention de tout
l’immeuble, mais si vous réussissez à
arranger un endroit original, ce peut être un
plus pour renforcer l’ambiance d’une partie,
à titre exceptionnel (en remerciant bien sur
les propriétaires pour leur accueil, en
respectant les lieux et en faisant preuve bien
sur de bon sens : jouer dans une église ou
un cimetière n’est pas une si bonne idée que
ça).
L’heure du crime
Une fois défini le lieu (si possible toujours le
même pour un jeu régulier en campagne), il
faut définir avec le groupe quand vous
allez jouer et quelle sera la durée
approximative des séances. Il est très
important d’en discuter de manière ouverte
dès le démarrage de la campagne, ou bien
juste après la première séance. C’est là où de
nombreuses campagnes échouent, car les
joueurs abandonnent ou oublient de venir.
Garder l’intérêt des joueurs sur plusieurs
semaines ou plusieurs mois est un défi, mais
en posant les choses clairement dès le
démarrage (et en assurant de garder leur
intérêt en éveil avec des intrigues
dynamiques et multiples, comme expliqué
au chapitre 2) il y a plus de chances d’y
arriver.
En fonction de la tranche d’âge des joueurs,
des contraintes famille/travail de chacun, il
va falloir composer et arbitrer, tout en étant
souple, compréhensif et adaptable, mais
c’est au MJ de donner le « la » sur le sujet et
de le faire le plus tôt possible dans le
démarrage de la campagne.
Quels sont les formats qui marchent ? Cela
dépend de votre groupe et des contraintes
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 1 ­ Poser les bases d'une campagne réussie
de chacun mais voilà ce qui se fait en
général :
• Pour les groupes qui ont déjà plus qu’un
pied dans la vie active, les soirs de semaine
sont difficiles. Ils ont cependant le mérite de
ne pas empiéter sur le temps du weekend
qui est parfois consacré à passer du temps
en famille. Certains groupes trouvent cette
option avantageuse, mais dans ce cas il faut
prévoir une séance plutôt courte,
commençant vers 19h­20h et terminant vers
23h­0h. Cela fait une séance de 3­4h,
relativement courte mais qui peut devenir
une routine (toutes les 2 semaines ou même
toutes les semaines) et qui reste raisonnable
vis­à­vis d’une semaine de travail normale.
Ce qui est crucial dans ce type de séance,
c’est de fixer une heure de fin : quelque
soit l’état d’avancement du scénario, l’heure
c’est l’heure et la suite se fera au prochain
épisode, en reprenant exactement à
l’endroit où l’intrigue s’est arrêtée. En
respectant l’horaire annoncé, les joueurs se
sentiront plus à l’aise pour gérer leur temps
et leurs semaines autour de la partie.
• Le même format peut être posé au
vendredi soir, qui rassemble les avantages
de la semaine mais avec déjà un petit
morceau de weekend. Cela peut se faire
dans le même format court si certains
joueurs ont des impératifs le samedi ou
dans un format plus long, commençant
toujours vers 19/20h mais se terminant vers
2/3h du matin. Il faut définir ensuite la
fréquence de jeu qui peut être
hebdomadaire, bimensuelle ou mensuelle.
Si les parties sont plus longues, peut être
que les joueurs préfèreront les espacer un
peu plus.
• Jouer le weekend permet de prendre plus
de temps et d’organiser des séances plus
longues, mais rend plus difficile la réunion
de joueurs ayant des impératifs familiaux.
En fonction à nouveau de ce que peut faire
chacun, on peut faire une séance du samedi
soir (19­20h jusque 2­3h) ce qui laisse tout
de même un dimanche non négligeable. On
peut même imaginer, si vos joueurs ont
21
 Ch 1 ­ Poser les bases d'une campagne réussie
Trouver des joueurs ou un club
Si vous venez de déménager ou si vous êtes à
la recherche d’un nouveau groupe de
joueurs, voici quelques unes des adresses où
commencer :
• L’annuaire des clubs de la FFJDR
(Fédération Française de Jeu de Rôle) : pas
forcément toujours à jour, il constitue tout de
même une très bonne base pour trouver des
contacts dans tous les départements, même
en outre mer
http://www.ffjdr.org/annuaires/clubs ; sinon sur
le même site le forum rubrique « Petites
Annonces » « Recherche de partenaires » est
en général consulté fréquemment.
• Le site de l’Annuaire des Joueurs : il
rassemble tous les joueurs (rôle, cartes,
plateau, PC) et dispose d’un module de
recherche très bien fait. Il suffit de s’inscrire,
de rechercher des partenaires par région ou
par jeu et de les contacter
http://www.annuaire­des­joueurs.com
• Voici une liste non exhaustive de forums
où vous pourrez, dans la rubrique
appropriée rechercher des partenaires pour
jouer près de chez vous :
o SDEN http://www.sden.org/forums/index.php
o Opale Rôliste http://forum.opale­roliste.com/
o Sur notre site vous pouvez également,
dans le forum, poster une annonce dans la
rubrique « rencontres »
http://www.labibledumeneurdejeu.com
o…
22
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
beaucoup de disponibilité commencer
l’après midi (vers 14h) et terminer dans la
nuit (2­3h) du matin et arriver à une séance
de 8­10h (où les pauses pour le
ravitaillement seront à planifier !). L’autre
option consiste à prévoir un horaire de
journée commençant vers 14­15h (ou plus
tôt si vous prévoyez de vous retrouver pour
déjeuner avec votre groupe, ce qui peut
laisser aller le côté social du jeu, pour se
focaliser ensuite sur l’aventure) et
s’achevant entre 20h et 22h. Un horaire
similaire mais légèrement décalé (13h­19h)
peut être envisageable le dimanche si c’est le
plus arrangeant pour votre groupe. Une
séance plus longue sur le weekend doit être
moins intrusive et on peut comprendre que
dans ce cas, un engagement à 1 séance
toutes les deux semaines, par mois ou tous
les 2 mois soit envisageable.
Quelque soit l’horaire que vous trouverez à
votre groupe (ci­dessus ce ne sont que des
suggestions), la clef de la réussite est d’être
régulier et systématique. Le plus difficile à
tenir est la régularité. D’où l’importance de
garder pour un jeu en campagne le même
jour et la même heure, avec une fréquence
fixe. C’est beaucoup plus facile à
mémoriser pour le groupe, et ça l’est
d’autant plus dans le cas d’un lieu fixe (le
jeu de rôle, c’est le premier vendredi de
chaque mois, à 20h, chez Untel).
Le pain de route
Quelque soit le format de votre partie, un
bon organisateur doit s’assurer que ses
compagnons tiennent le choc et auront de
quoi se ravitailler en cours de route.
Il faut donc prévoir comment les joueurs
vont manger et surtout boire, car parler et
décrire donne soif. Si vous habitez dans un
endroit bien desservi, une solution facile et
classique consiste à utiliser une livraison à
domicile. Gardez quelques menus sous le
coude et variez en fonction des possibilités :
vous n’êtes limité que par ce qui est à portée
de livreur dans votre zone : pizzas,

hamburgers, sushis, … Une autre option
plus courante c’est « chacun ramène un peu
» qui fonctionne bien, avec ou sans
participation aux frais pour ceux qui n’ont
rien ramené. Enfin, si en plus d’être meneur
de jeu, vous vous sentez l’âme d’un chef,
pourquoi ne pas recevoir, si possible avec
un plat dans le thème et l’ambiance de la
partie, en demandant (ou non) une
participation aux joueurs invités.
Le vrai dilemme qui se pose vis­à­vis du
repas c’est de savoir quand le groupe va
manger. Si vous optez pour une séance du
soir, le rendez vous peut être à 19h pour le
repas, la mise à jour des personnages pour
un démarrage de la partie vers 20h. Cela
permet également aux joueurs de discuter
hors jeu et de laisser le côté social du jeu de
rôle s’exprimer. Il en va de même pour ce
qui peut venir après la séance, si par
exemple vous commencez à 14h et terminez
à 21h le weekend, cela peut laisser le temps
de sortir ensuite manger un morceau
ensemble. Si par contre vous mangez
pendant la séance, vous pouvez manger en
jeu ou hors jeu. La première solution peut
bien fonctionner si vous réussissez à
synchroniser une scène de repas en jeu avec
le moment où les pizzas arrivent (pas
évident, et risque de vous emmener dans
des détours scénaristiques parfois
complexes…). La seconde est plus simple,
notamment pour les jeux longs puisque cela
permet en même temps de faire une pause
pour discuter, téléphoner, s’aérer et mieux
reprendre ensuite.
Jeu en campagne : engagez vous…
Dans le cadre d’un jeu en campagne, il est
important, une fois choisies la fréquence de
jeu et la durée des parties, d’évaluer le
temps de jeu qui sera à la disposition du
groupe pour calibrer le jeu en conséquence.
Il s’agit ici de ne pas avoir les yeux plus
gros que le ventre ! Si le meneur prévoir de
faire 20 scénarios copieux (6 à 8h de jeu
chacun) cela veut dire qu’il devra animer
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 1 ­ Poser les bases d'une campagne réussie
entre 120 et 160h de jeu. Si on parle en
séances longues mensuelles, cela
correspond à 20 mois, soit presque 2 ans en
comptant les mois où tout le monde sera en
vacances par exemple… Si le groupe avec
lequel vous jouez a l’habitude de ce style de
campagne de longue haleine, pourquoi pas
? Par contre, face à un groupe qui préfère
changer de jeu tous les 6 mois, il y a un
risque de lassitude au bout d’un certain
temps.
Il faut donc essayer de deviner à peu près
combien de temps le groupe peut tenir sur
le même univers (sachant que 60 à 80
heures de jeu sur la même campagne est
déjà fort respectable) et en fonction de la
fréquence définie commencer à savoir quel
sera le calibre de la campagne. Il vaut
mieux voir trop bas que trop haut : si vos
joueurs finissent la campagne et en veulent
encore, très bien, vous pourrez commencer
une seconde campagne, puis peut être une
suivante. Si par contre vous voyez trop
haut, vos joueurs auront parcouru à peine
le quart du jeu que vous avez prévu qu’ils
commenceront déjà à vouloir passer à autre
chose.
Gardez par exemple à l’esprit les chiffres
suivants :
• Un groupe qui joue avec une séance
longue mensuelle, sur 1 an jouera 10 à 12
séances, soit entre 60 et 80 heures de jeu.
• Un groupe qui joue une fois par semaine
sur une séance plus courte, jouera 35 à 40
séances sur un an (en comptant les fêtes, les
vacances…) soit de 100 à 120 heures de jeu
au total.
Avant d’écrire la campagne, il faut savoir
quel sera le temps disponible avant de se
lancer dans l’imagination des intrigues et
des scénarios et évaluer grossièrement ce
que cela représentera.
23
 Ch 1 ­ Poser les bases d'une campagne réussie
Que faire si un joueur est absent ?
Un des aspects difficiles à maîtriser est la
régularité, à la fois des joueurs et des séances. Il
arrivera que certains joueurs manquent à
l’appel. Que faire dans ce cas ? Quelles sont les
solutions possibles ?
Il faut d’abord définir un nombre minimum de
joueurs à partir duquel la séance peut avoir lieu.
Si tous vos joueurs sont absents sauf un seul,
vous pouvez envisager de faire une séance solo
(quitte à faire un flashback s'il est impossible en
termes de jeu que le personnage se retrouve
subitement seul), mais en général prévoir de
maintenir la séance à condition qu’au moins 2
ou 3 joueurs soient présents est une bonne base.
S'imposer comme contrainte la présence
obligatoire de tout le groupe à chaque séance est
un bon moyen de voir la campagne échouer au
bout de quelques sessions. Par contre, il faut
clairement indiquer aux joueurs qu'ils doivent
vous prévenir le plus tôt possible de leurs
absences : elles n'en seront que plus faciles à
prendre en compte.
Si un ou plusieurs joueurs ne sont pas présents,
voilà comment on peut gérer leur personnage en
jeu :
• Les personnages sont présents et interprétés
par le meneur. C’est l’option la plus évidente
mais difficile à gérer et le meneur risque de les
oublier un peu en les reléguant au second plan,
mais après tout les absents ont toujours tort…
• Les personnages sont présents mais restent
neutres, sauf pendant les combats. Cela donne
un côté un peu MMORPG au jeu, mais peut
fonctionner. Dans ce cas comme le précédent,
attention tout de même à ne pas tuer de
personnage en l’absence du joueur, cela serait
clairement perçu comme injuste.
• Les personnages ne sont pas présents et
vaquent à leurs occupations en dehors du
groupe. Option la plus facile à mettre en place, à
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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
condition que l’histoire s’y prête : si votre
séance démarre avec le groupe au fin fond d’un
réseaux de souterrains, on imagine mal
comment les absents ont pu trouver une route
pour s’éclipser.
• Les personnages ne sont pas présents, mais le
scénario explique logiquement comment les
personnages sont partis (malades, enlevés, en
train d’enquêter sur une autre piste, appelés par
un contact…). Cela requiert plus de créativité de
la part du MJ mais est le plus cohérent, à charge
à lui ensuite de briefer les joueurs quand ils
reviennent sur leur point de vue concernant
l’histoire en leur absence.
• Si vous avez des joueurs qui sont plus
occasionnels que réguliers, le mieux est de
disposer d’un volant de personnages « non
principaux » mais qui peuvent se joindre au
groupe ponctuellement pour quelques histoires.
La campagne n’a pas besoin d’eux pour
fonctionner mais ils peuvent être un plus
intéressant pour le groupe.
En gardant 2 ou 3 personnages de ce genre, dont
vous conservez toutes les caractéristiques, vous
serez plus à même de pouvoir proposer aux
joueurs moins réguliers de prendre part au jeu,
sans ruiner le plaisir de ceux qui viennent
régulièrement dans la campagne. Le modèle à
suivre est celui de la série télé avec le casting de
personnages principaux mais également des
personnages secondaires qui peuvent intégrer la
bande ponctuellement.
Dans tous les cas, il vaut mieux prévenir le
groupe en début de campagne sur comment
seront gérées les absences, afin que les joueurs
ne soient pas surpris et acceptent la manière
choisie par le meneur. Enfin la solution pour
votre groupe consiste sûrement à pouvoir
jongler entre ces différentes options selon les
circonstances, mais avec inventivité et créativité,
vous serez à même de pouvoir obtenir la
régularité nécessaire au succès de la campagne !

S’adapter au contexte
Après avoir défini les aspects matériels et
organisationnels de la campagne, il est
temps de s’intéresser au cœur de ce qui
nous rassemble : le jeu !
L’étape suivante consiste à définir les
adaptations de l’univers et les directives de
création de personnages propres à la
campagne. Cela intervient après avoir
commencé à rassembler les idées pour la
campagne, ne serait ce que dans les grandes
lignes (cf chapitre 2 pour l’écriture et la
préparation de la campagne).
La création des personnages
Clef de voûte du jeu de rôle, les
personnages vont être définis à ce stade.
Pour un one­shot (scénario hors campagne,
isolé), pour débuter sur un nouveau jeu ou
pour une convention les personnages pré
tirés (fournis dans les règles, parfois mis à
disposition en bonus par l’éditeur ou
préparés par le meneur) représentent la
solution idéale, à moins que des joueurs
expérimentés ne souhaitent également tester
les règles de création de personnages. Pour
une campagne de plus longue haleine, la
création est importante et peut prendre
place de façon pratique sur une séance
spécifique, plus courte, avant le premier
scénario. Alternativement elle peut se faire
à distance, mais cela requiert du meneur la
capacité de faire parvenir les règles ou une
synthèse des règles de création à chaque
joueur séparément. Il faut pour cela
disposer d’un document de synthèse, ou
pouvoir faire passer le livre et les règles
séparément à chaque joueur. La solution de
la séance collective reste la plus simple, et
permet en plus au groupe de créer des
personnages diversifiés, au meneur de
superviser l’ensemble tout en préparant et
réfléchissant aux historiques et à Unis dans un jeu d’horreur). Avec ces
l’intégration de chacun dans la campagne.
La solution à mi­chemin consiste à la
réaliser à distance par conférence, par
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 1 ­ S'adapter au contexte
exemple en utilisant Skype. Pour la création
de personnages, cela permet de l’organiser à
distance, sans avoir à réunir les joueurs. De
plus, le meneur peut donner
individuellement des détails à chacun sans
que les autres ne sachent ce qui se dit.
Certains groupes mènent même leur
campagne complète par Skype ou des outils
similaires existant sur Internet. On se
contentera dans la suite de parler du jeu
physique qui se déroule autour d’une table.
Le meneur doit réfléchir et transmettre aux
joueurs des directives de création de
personnages. Elles sont élaborées en
fonction des premiers éléments que possède
le meneur.
Les questions à se poser peuvent être :
• Où va se passer la campagne ? Dans
quelle partie de l’univers ? dans l’univers
tout entier ? sur quel(s) continent(s) ? dans
quelle ville ?
• Dans quels milieux sociaux doivent
être les personnages ? Riches ? Nobles ?
Pauvres ? de quelle origine doivent ils être ?
• Si cela est pertinent par rapport à
l’univers de jeu, à quelle époque ? Certains
univers ont une timeline spécifique et cet
élément a son importance (par exemple
dans Star Wars on peut jouer avant,
pendant ou après l’Empire : la configuration
ne sera pas la même en fonction de ce
choix).
• Les personnages doivent ils se connaître
ou non ? Avoir un point commun ?
Sans devoir tout détailler ni tout révéler au
groupe, le MJ doit se poser ces questions
pour définir des directives de création de
personnages qui peuvent prendre la forme
de grandes lignes (par exemple : tous les
personnages doivent jouer des membres de
méga corporations dans un univers
futuriste) ou de contraintes spécifiques
(par exemple : tous les joueurs ont grandi
dans la même ville du nord est des États­
informations, le groupe va pouvoir créer
des personnages que le meneur saura
intégrer dans la campagne sans problème.
25
 Ch 1 ­ S'adapter au contexte
Que faire si un joueur veut sortir des clous ?
Cela dépend des situations. Si le joueur
souhaite avoir un personnage différent
uniquement pour avoir plus de pouvoirs,
cela risque de déséquilibrer le groupe et de
créer des frustrations. Cependant s'il a un
background original et intéressant, que le
joueur saura interpréter de façon riche et
constructive par rapport à l’histoire, alors le
MJ doit savoir l'écouter avant de décider.
Un personnage original, bien interprété et
bien amené peut à la fois enrichir le groupe
et être une source d’inspiration et
d’intrigues particulières pour la campagne.
Adapter les règles
C’est également à ce stade de la campagne,
dans cette phase préliminaire que doivent se
décider les adaptations de règles (bien que
cela puisse encore être ajusté en cours de
partie, après discussion et explication avec
le groupe).
Le meneur a lu les règles du jeu et a eu un
panorama de l’ensemble des systèmes
proposés par le créateur du jeu. Celles­ci ne
sont que des lignes directrices et le meneur
peut soit tout appliquer, soit décider de ne
conserver qu’une partie d’entre elles et
modifier ou supprimer l’autre partie.
Pourquoi faire cela ? Une règle trop
fastidieuse ou trop complexe peut être
lourde à gérer pour un meneur qui préfère
se focaliser sur l’histoire et la narration. A
l’inverse une règle trop simple ou pas assez
intéressante peut être remaniée pour être
plus plaisante pour le groupe et le meneur.
Les règles peuvent également être
modifiées, et tous les meneurs auront leur
lot de règles « maison ». Dans l’idéal il
faudrait que ces règles puissent avoir été
testées auparavant, sinon il vaut mieux
préciser au groupe que la règle est utilisée à
titre « expérimental ».
Que les joueurs connaissent ou non le
système de règles, il est important de leur
faire part des adaptations de règles dès le
démarrage pour éviter toute mauvaise
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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
surprise en cours de route (« mais j’avais
mis 5 en tir pour avoir la spécialité sniper et
tu m’avais pas dit qu’on jouait sans la règle
des spécialités »). Le mieux étant de tout
synthétiser sur un document spécifique.
Le document de campagne
Ce document dont vous trouverez un
exemple dans notre cahier d’aides de jeu
peut servir de synthèse en une page sur la
campagne. Il ne s’agit bien sur pas de
révéler l’ensemble de l’intrigue aux joueurs
mais de réaliser une synthèse des
informations dont ils ont besoin pour
démarrer la campagne, créer leur
personnage et être au courant des règles
spécifiques.
L’intérêt de préparer et de conserver ce
document est également en cas d’arrivée de
nouveaux joueurs en cours de partie. Ils
peuvent d’un seul coup d’œil savoir ce dont
parle la campagne, quelles spécificités
prévoir pour le personnage et avoir toutes
ces informations facilement. Comment
remplir ce document :
• En haut au milieu le nom du jeu ou de
l’univers, et éventuellement un titre ou un
numéro pour la campagne. Ce dernier
élément n’est pas nécessaire, à moins que le
titre ne dévoile pas trop à l’avance ce dont
la campagne va parler ou qu’il y ait une
double lecture ou une subtilité dans ce titre.
• En dessous du titre, un texte d’ambiance
de quelques lignes vient résumer l’univers
ou le pan d’univers et l’époque à laquelle se
déroule la partie. Le meneur peut rédiger ce
texte en s’aidant de la 4ème de couverture
ou des introductions de descriptions de
l’univers du livre de base mais devrait le
personnaliser selon sa campagne et
l’ambiance qu’il va y instaurer. Une
illustration peut également figurer à cet
endroit. Cet exercice force également le MJ à
réfléchir à l’atmosphère qu’il veut instaurer
dans son jeu. On peut imaginer qu’un texte
bien rédigé serve de « générique » au
démarrage de chaque séance.
 Ch 1 ­ S'adapter au contexte

• Le bloc suivant reçoit les directives de

création des personnages, telles
qu’abordées précédemment : niveau, type
de personnage, contraintes sur l’origine,
lignes directrices communes.
• Figure ensuite le paragraphe consacré au
système de règles : quel est le système de
règles utilisées quelles sont les adaptations
et règles maisons mises en place et utilisées
dans la campagne. Ce paragraphe peut
évoluer en cours de route si des
aménagements sont apportés.
• Enfin en bas de page le meneur peut
reporter les informations pratiques de la
campagne : où se joue t’elle ? A quelle
fréquence ? Quelle durée moyenne de
séances ? Quel jour ? quelle heure ?
Ce document est transmis aux joueurs au
démarrage et doit être conservé avec la
campagne pour les nouveaux arrivants. Il
reprend les grandes lignes que le MJ a
commencé à esquisser. Une fois les
personnages définis, le meneur va pouvoir
aller un peu plus loin dans le détail de sa
campagne et passer à la partie créative de la
préparation des intrigues.

27
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 2 ­ Le moteur de la campagne
Chapitre 2 :
Créer la campagne
Le moteur de la
campagne
Dans la création de la campagne, la
première étape consiste à déterminer
l’intrigue principale qui sera l’arc de celle­
ci, la clef de voûte sur laquelle elle repose.
C’est cette intrigue qui assure la continuité
et la substance de la campagne, faisant en
sorte qu’une série de scénarios prenne sens
et devienne une campagne avec un début,
un milieu et une fin. Elle peut se
décomposer en 2 éléments : le moteur et le
motif.
« Combat » : la guerre entre les Peuples
Ce que l’on appelle moteur
Le moteur de la campagne est ce qui fait
avancer l’intrigue et donne le rythme à la
campagne. C’est l’élément qui pousse le
groupe à aller de l’avant dans les scénarios
et à poursuivre leur but. Le moteur
alimente l’intrigue générale et définit le
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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
style des intrigues principales. Il est en
général complètement indépendant de
l’univers. L’exploration, le mystère, le
combat sont des exemples de moteurs
possibles. La liste ci­dessous en détaille
d’autres. Plusieurs moteurs sont possibles
au sein d’une même campagne, selon les
pans de l’univers exploré et selon les
différentes phases de cette dernière.
Ce qui alimente par exemple l’intrigue du
Seigneur des Anneaux, c’est à l’origine un
moteur de « Quête » : un objet (l’Anneau)
doit être amené en un lieu précis. Petit à
petit se développe un moteur parallèle de
Libres et l’alliance entre Saroumane et
Sauron.
Même si d’autres intrigues peuvent et vont
sûrement venir s’entremêler à l’intrigue
principale, la majorité des histoires sera
alimentée par le moteur. C’est là où, dans le
choix du moteur, le meneur de jeu doit
venir intégrer ce qui est ressorti des envies

du groupe et des discussions préliminaires
sur le style de jeu qu’ils souhaitent jouer (cf
chapitre 1
« La rencontre d’un univers, d’un groupe et
d’un meneur »). Par exemple, si le groupe a
envie d’une campagne basée sur l’intrigue et
les mystères, et que le meneur choisit une
campagne axée
« Combat » il y aura un décalage entre ce
que veulent les joueurs et ce que le meneur
propose. Dans le choix du moteur, un bon
MJ saura donc orienter ses préférences dans
la direction de ce que recherche le groupe.
Dans le cas où la campagne est composée de
plusieurs moteurs qui se suivent dans
différentes phases, le meneur va établir les
priorités en fonction de ce que préfèrent les
joueurs.
Quelques exemples de moteurs
possibles
Il existe autant de moteurs possibles que
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 2 ­ Le moteur de la campagne
l’imagination du MJ le permet. Voici
cependant quelques exemples parmi
lesquels il est possible de choisir dans un
premier temps :
• Exploration : dans ce style de campagne,
les personnages découvrent une nouvelle
zone, une nouvelle terre et sont les premiers
(en général) de leur civilisation à la fouler.
Ce moteur s’axe donc autour de la
découverte et de l’aventure. Il plaira au
groupe qui recherche l’action et l’aventure,
avec une petite part de mystère et de
découverte.
• Combat : ces campagnes mettent en scène
un conflit (physique, guerrier, ou plus subtil
comme une guerre commerciale par
exemple) entre personnes, entre royaumes
ou entre organisations. Il peut être traité de
multiples manières mais mettra le groupe
dans des situations d’action/combat où ils
pourront mener des batailles héroïques.
• Mystère : dans ce style de campagne, il y
a une énigme à élucider, qui nécessite des
29
 Ch 2 ­ Le moteur de la campagne
recherches intensives à différents endroits et
qui demande du groupe de raisonner,
d’assembler différents indices ensemble
pour arriver à la réponse qu’ils recherchent.
Les joueurs qui recherchent la réflexion, les
énigmes avec une pointe d’aventure et de
découverte de l’inconnu seront à l’aise dans
ce style de campagne.
• Quête : ce moteur s’oriente en général
autour d’un objet, qu’il s’agit de retrouver,
de détruire, de rassembler plusieurs
morceaux éparpillés ou d’amener à un
endroit particulier. Ce peut aussi être la
quête de quelque chose d’immatériel
(jeunesse éternelle…). Ce moteur classique
mais toujours efficace convient pour les
groupes aimant l’action, l’aventure, le
voyage qui est souvent impliqué. On y
trouve aussi en général un peu d’interaction
avec l’univers et les PNJs pour obtenir les
indices nécessaires à l’accomplissement de
la quête.
• Sauvetage : dans ces campagnes un
danger important menace une personne, un
peuple, une nation, voire le monde entier et
les personnages, une fois qu’ils se sont
rendus compte de la situation doivent agir
pour la neutraliser et venir en aide aux
populations affectées. Retrouver un
antidote, éliminer la menace, ce style de
motif peut déboucher sur une Quête ou un
Combat mais mêle à l’aventure et à la
découverte l’interaction avec les PNJs
lorsqu’il s’agit d’aider ou de comprendre ce
qui se passe.
• Développement : les personnages ici vont
agir pour développer l’influence de leur
pays, peuple, royaume, planète,
corporations, clan, pour le compte de
quelqu’un d’autre ou à leur propre compte
(si les personnages sont par exemple à la
tête d’une entité ou forment un gang). Ce
moteur de campagne va à la fois impliquer
des combats, la quête de pouvoir, et des
phases d’influence, de politique ou de
négociation.
• Nuisance : le pendant du précédent, ici les
personnages vont chercher à nuire à
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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
l’influence d’une autre entité, parce qu’elle
est ennemie ou car le groupe découvre
qu’elle a des intentions néfastes. A nouveau
cela peut se retranscrire par un mélange
d’action et/ou de manœuvres politiques et
de négociations.
La liste n’est bien sur pas exhaustive et vous
trouverez des exemples détaillés de
l’application de ces moteurs un peu plus
bas.
L’association avec un motif
L’intrigue principale ne se définit pas
uniquement avec le moteur. Une fois choisi
ce dernier, le meneur va l’associer avec un
motif. Qu’est ce que le motif ? Si le moteur
est la forme que vont prendre les intrigues
et le style de jeu, le motif est le fond, le
contenu dans lequel va baigner la
campagne entière.
Pour reprendre l’exemple du Seigneur des
Anneaux si le moteur premier est une
« Quête » le motif est un objet important du
background et un lieu spécifique,
dangereux et difficile à atteindre :
respectivement l’Anneau Unique de
pouvoir forgé par Sauron et la montagne
du Destin dans le lointain et sombre
royaume de Mordor.
Le motif est donc presque tout le temps lié
à l’univers de jeu choisi et pratiqué. Ce sera
en général un élément de background (lieu,
personnage, objet, royaume, nation,
continent voir l’exemple ci­dessus), ou bien
une époque particulière de l’univers de jeu
si ce dernier se divise entre plusieurs
périodes de temps (dans Star Wars une
campagne peut avoir pour motif « le début
de la Nouvelle république » et aura toutes
ses intrigues situées juste après les
évènements du Retour du Jedi). Ce peut
même être un thème symbolique non
rattaché à l’univers (la corruption, la
maladie, la chance, le destin) qui sera
récurrent tout au long de la campagne.
Il est impossible de faire une liste des motifs
possibles : dans le cas le plus général, le
 Ch 2 ­ Le moteur de la campagne

Les motifs de votre univers

Pour vous aider à vous familiariser avec la création d’intrigues et l’association moteur/motif,
voici un petit exercice. Il s’agit de compléter le tableau en associant à chaque moteur un motif
de votre univers de jeu particulier. En associant les deux, remplissez la case suivante qui
décrit en quelques mots (comme dans l’exemple donné dans l’article) l’intrigue principale
possible. La dernière case « Dimensionnement » vous permet de répondre OUI si l’intrigue
est de taille raisonnable pour votre campagne et NON si elle est trop grande ou trop petite
pour justifier une campagne.

Moteur Motif Intrigue principale (moteur +motif) Dim

Exploration

Combat

Mystère

Quête

Sauvetage

Développement

Nuisance

meneur sélectionnera un élément particulier terminer avant d’atteindre le final.

du background qu’il voudra explorer et qui
l’inspirera. Cela vient en général à la lecture
ou relecture des chapitres de background
consacrés à l’univers. La seule réelle
contrainte consiste à choisir un motif qui
soit d’envergure suffisante pour occuper
les personnages pendant le temps que la
campagne va durer. C’est là où la première
estimation faite du nombre de séances (cf
chapitre 1 : Poser les bases d’une campagne
réussie) va être utile et permettre de
dimensionner le motif (et par conséquent
l’intrigue) en fonction de ce qui est possible.
Si le motif est trop étroit (l’exploration d’une
zone de petite taille) le meneur va devoir
faire du « remplissage » pour alimenter
l’intrigue suffisamment et diluera le plaisir
et l’impact de son histoire. Si le motif est
trop large (l’exploration de 3 continents
complets) à l’inverse la campagne va traîner
en longueur et prend le risque de se
Exemples de combinaison
moteur/motif
Le meneur choisit donc le motif en
conséquence et va l’associer au moteur pour
former une intrigue principale qui sera le fil
conducteur de la campagne. Voilà quelques
exemples, dans différentes époques et
univers pour vous donner une idée de
comment on peut utiliser les moteurs
définis ci­dessus en les associant à un motif
particulier :
• Exploration (pulp, années 20/30) : une
expédition découvre un nouveau continent
mais revient prématurément, faute de
ressources, les personnages sont envoyés
pour continuer le travail et installer une
colonie sur place.
• Combat (époque victorienne) : dans
l’Angleterre Victorienne, les personnages

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 2 ­ Le moteur de la campagne

découvrent les agissement d' un savant fou
puis l'affrontent lui et ses sbires.
• Mystère (space opéra) : un objet ramené
d’une planète lointaine révèle d’étranges
propriétés et pouvoirs et semble posséder la
réponse à des questions que se posent de
nombreux scientifiques depuis toujours.
• Quête (médiéval fantastique) : les
personnages cherchent à rassembler les 3
morceaux d’une lame brisée qui dispose
d’un très grand pouvoir, répartis autour du
royaume.
• Sauvetage (pulp, années 20/30) : les
personnages doivent sauver le monde d’une
invasion extraterrestre qui a déjà
secrètement commencé.
• Développement (contemporain
fantastique) : membre d’un même clan ou
groupe de vampires, les personnages
doivent manœuvrer pour prendre le
contrôle de la ville entière, pour le compte
du groupe auquel ils appartiennent.
• Nuisance (futuriste/cyberpunk) : une
méga corporation bien installée cherche à
étendre son influence, mais les personnages
découvrent qu’elle poursuit un objectif
dangereux et cherchent à l’arrêter.
Cela donne quelques possibilités
d’utilisations des moteurs décrits ici, en
combinaison avec un motif lié à l’univers de
jeu choisi. Cette combinaison décrit
l’intrigue principale de la campagne et sera
utilisée pour construire l’ensemble de la
campagne. Le meneur doit donc faire le bon
choix, en fonction de ce qui intéressera le
groupe et de ce qu’il prendra plaisir à
mettre en scène. Associé à ce choix
d’intrigue, il doit choisir un défi de taille
raisonnable : suffisamment important pour
justifier une campagne (ne peut être résolu
en un scénario seul) mais pas insurmontable
afin que la campagne tienne à peu près dans
le temps que le groupe s’est implicitement
défini. Une fois cette intrigue principale
définie en 2/3 lignes, le meneur peut le
noter sur son brouillon et sur son document
de synthèse de campagne (cf La trame de
campagne plus loin dans ce chapitre). Il
utilisera cette base de travail pour la suite
de la préparation.

Jouer ou ne pas jouer en campagne

Ce chapitre part du principe que vous avez décidé de jouer en campagne, à savoir de jouer au
même jeu, dans le même univers sur plusieurs séances et plusieurs histoires, afin de construire
une grande fresque où les personnages vont pouvoir évoluer. Ce n’est bien sur pas la seule
manière de jouer au jeu de rôle et parfois des scénarios en « one­shot » (comprendre hors
campagne et qui se veut complètement indépendant) peuvent être très efficaces également.
Le one­shot est une quasi obligation en convention et pour une initiation (bien que dans ce cas il
soit possible de prévoir une suite au cas où les joueurs accrochent). Il est également bien adapté
pour les joueurs qui ne peuvent pas atteindre matériellement la régularité nécessaire à une
bonne campagne.
Enfin pour un meneur débutant, il vaut mieux commencer par faire jouer des scénarios isolés
pour se faire la main avant de se lancer en campagne. Faire de 3 à 5 scénarios one shot avant de
se lancer dans une « mini­campagne » de 3 ou 4 scénarios avec une seule intrigue principale. Si
tout se passe bien, alors on peut envisager une campagne plus longue en suivant les indications
de ce chapitre.
Si vous jouez en one shot, passez directement au chapitre 3 « La préparation du scénario » qui
détaille les techniques de création d’une seule histoire, que ce soit un scénario isolé ou un
épisode de campagne.

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)

Commencer avec la fin
en tête
Ce qui va marquer l’esprit des joueurs dans
une campagne, ou en tout cas ce qui devrait
le faire en théorie, c’est sa fin, sa scène
finale, son apothéose. Le moment le plus
fort doit y prendre sa place et il faut la
prévoir dès que l’intrigue principale est
définie.
Ce que peut être un final
Au cours de cette scène ultime, la tension
dramatique atteint son paroxysme, l’ultime
confrontation où tout se joue prend place.
L’issue en est incertaine et ne dépendra que
du succès et des idées des joueurs dans cet
instant. Il y a un effet d’ampleur à
retranscrire, à la fois dans le choix du lieu,
dans les proportions et dans les descriptions
: tout devient gigantesque, tout acte prend
des conséquences énormes et l’avenir du
monde est en jeu.
A noter que le final doit être l’instant le
plus intense de toutes vos séances, mais il
ne doit pas nécessairement prendre la
forme d’un combat. C’est ce qui peut se
produire assez souvent et une bataille
épique peut venir brillamment clôturer une
campagne mais ce n’est pas la seule option.
La fin de la campagne peut passer par une
scène d’interaction et de roleplay
dramatique : un procès, un jury à
convaincre, un discours à réaliser, un PNJ
important à persuader de faire telle ou telle
action qui viendra achever l’intrigue peut à
la fois surprendre vos joueurs et les sortir de
l’ordinaire « combat final ».
Une autre option peut être la résolution
d’une ultime énigme, comme par exemple
une énigme plus complexe que les autres à
résoudre en temps limité (pour arrêter un
piège ou désamorcer une bombe), ou bien
une énigme plus vaste dont il faut
assembler les derniers éléments (démasquer
un coupable, retrouver la localisation du
trésor…).
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 2 ­ Commencer avec la fin en tête
Plus difficile à mettre en place, mais
nettement plus marquant est le dilemme
moral. Les personnages doivent faire un
choix, prendre une décision qui aura un
impact très fort sur l’univers et la suite de
leurs aventures. Ils ont deux (ou plus)
options possibles et ils peuvent prendre
l’une ou l’autre comme ils le sentent. Tout
l’intérêt de cette dernière scène sera de
choisir. Cela peut impliquer un sacrifice
(donneront ils leur vie pour celle de leur
empereur par exemple) ou tout simplement
le choix entre deux voies aux résultats forts
différents (garder le pouvoir d’une nouvelle
technologie pour eux, ou l’utiliser pour
sauver une population malade). Le
dilemme n’en sera que d’autant plus fort si
tous les personnages du groupe ne pensent
pas dans le même sens et s'il implique un
débat au sein des joueurs sur le bien fondé
de telle ou telle action.
N’importe quelle autre situation, à partir du
moment où elle prend une ampleur
suffisante, peut devenir une scène finale.
Un duel au pistolet, une partie d’échecs,
une table de poker (comme dans le film
Maverick par exemple), ce ne sont que
quelques possibilités pouvant construire
un final original et fort pour une campagne.
Visualiser à l’avance
Une fois connue à l’aide du moteur et du
motif l’intrigue principale qui va être mise
en scène dans votre campagne, le meneur
doit imaginer comment celle­ci pourrait se
terminer et à quoi ressemblerait la scène
finale du dernier scénario. A partir de
l’intrigue principale, le meneur va en
quelques lignes décrire la scène finale
d’apothéose de sa campagne et se la
représenter mentalement, par
visualisation et imagination.
Ce petit exercice mental est important car il
donne au meneur les premières indications
sur comment il va mettre en scène cette
dernière séquence, quelle ambiance
retranscrire, quelle description réaliser,
33
 Ch 2 ­ Commencer avec la fin en tête

quels sentiments laisser transparaître. En

plus des premiers éléments de description,

Illustration by Joseph J. Calkins, Copyright Cerberus Illustration 2007

il va pouvoir faire l’inventaire, dans cette
scène, de ce qu’il faut mettre en place dans
le jeu pour en arriver là. Lieux, objets,
personnages, situations : que faut il
introduire et développer dans l’intrigue
principale pour que tous ces éléments
puissent venir se mettre en place dans cette
ultime moment de la campagne ?
Au brouillon il s’agit donc de lister ces
éléments et de réfléchir aux idées
permettant de l’intégrer dans la campagne
puis mettre en place les étapes pour en
arriver là. Dans l’exemple de sauvetage
pulp précèdent, on peut imaginer que dans
la scène finale de l’histoire, les personnages
voient les extraterrestres débarquer sur
Terre, envahissant tout sur leur passage. Ils
disposent d’un plan du vaisseau mère,
savent où ce dernier va atterrir et ont une
connaissance du point faible des aliens. Ils
doivent donc les arrêter. A partir de cette
visualisation les éléments sont donc : les
vaisseaux, l’existence du vaisseau mère, la
localisation prévue pour l’arrivée de ce
dernier, le plan, le point faible. Voilà donc
les indices que les personnages peuvent
récupérer au cours de la campagne et des
scénarios mettant en scène cette intrigue
principale (ou non car comme on va le voir,
rien ne devrait être figé à ce stade !).

Ce qu’il faut éviter

S'il est important de bien visualiser cette

scène finale, afin de pouvoir bien la
préparer et lui donner l’ampleur qu’elle
mérite, attention à ne pas être trop arrêté
sur cette dernière, au point d’en oublier la
liberté des joueurs et du groupe. Le chemin
qui va mener à cette scène est loin d’être
unique et les joueurs prendront forcément
des détours, voire partiront ailleurs. C’est
tout à fait normal et vient renforcer
l’interactivité et le plaisir du groupe.
Il faut donc être ouvert aux possibilités, et
en même temps que cette visualisation,

34
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 2 ­ Commencer avec la fin en tête

lister ce qui pourrait changer dans cette

vision et comment cela pourrait être amené
à être modifié : le lieu doit il rester le
même ? Les personnages doivent ils
forcément être ceux présents ? La situation
est elle celle décrite ou peut elle varier ? Tel
ou tel camp peut il avoir un avantage
particulier ? En imaginant ces variantes, le
meneur se donne plus de flexibilité et de
souplesse si les joueurs partent sur une voie
imprévue.
Par exemple, si dans votre scène finale, vous
avez prévu que le groupe se confronte aux
trois rois du crime de la ville, mais qu’en
cours de campagne vos joueurs parviennent
à éliminer l’un des trois, vous pouvez soit
tricher au moment où les personnages
s’apprêtent à le tuer pour le sauver (peu
crédible et frustrant pour les joueurs), soit
plus intéressant, vous pouvez revoir
complètement la fin en fonction de ce nouvel
élément : il n’y aura plus que deux
méchants au lieu de trois, donc une situation
plus simple pour le groupe, ou bien les
deux survivants vont recruter un nouvel
associé, et qui sait pourquoi pas l’un des
PJs ?
Les éléments modifiables sont donc à
anticiper pour s’assurer de ne pas mettre les
joueurs dans un cadre trop rigide.

Maintenant que vous savez à peu près où

vous allez et quelle sera la scène finale de la
campagne, il est temps de détailler et créer
les intrigues.

35
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 2 ­ Commencer avec la fin en tête

Préparer la scène de fin de votre campagne.

Dans la continuité de l’exercice précédent, vous allez ici visualiser et décrire la scène finale de votre
intrigue.
1. Reprenez le tableau « Les motifs de votre univers » et sélectionnez parmi les différentes idées qui
ont émergé celle :
• Qui a un dimensionnement correct par rapport à la taille de la campagne que vous souhaitez faire
jouer
• Qui vous attire, vous inspire le plus
• Recopiez les deux ou trois lignes résumant l’intrigue ci­dessous
________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________

2. Imaginez la scène de fin que vous avez choisi pour cette intrigue : comment va­t­elle se terminer ?
Quel final épique voyez vous se produire ? Si vous manquez d’inspiration, vous pouvez relire
l’article ci contre, n’oubliez pas que ce n’est pas forcément une scène d’action !
Décrivez là en quelques lignes :
________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________
3. Fermez les yeux, mettez une musique grandiose et représentez vous mentalement cette scène,
dans l’univers en question.
4. Listez, à partir de cette visualisation, l’ensemble des éléments présents dans cette scène : lieux,
personnages, situations, objets, décor…
________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________
5. Imaginez maintenant les variantes possibles, ce qui pourrait être modifié dans cette scène par
l’action de vos joueurs soit pendant cette scène, soit au cours du jeu.
Quels sont les éléments qui peuvent être modifiés et comment ?
Cela vous permettra de donner en jeu plus de flexibilité au groupe, en adaptant la fin. Attention il se
peut même que votre scène de fin prévue n’ait jamais lieu ! Dans ce cas vous réfléchirez à des
alternatives en cours de route.
________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________

36
CEDRIK GAULT (Order #14702690)

Intrigue simple contre
intrigues multiples
La trame de la campagne est formée par la
ou les différentes intrigues. On entend par
intrigue une unité d’histoire, un « fil » qui
rassemble personnages, lieux et actions dans
une continuité du récit et de l’aventure. Les
questions à se poser quand on prépare une
campagne sont : combien d’intrigues faut
il ? Une seule ? Plusieurs ? Dans ce cas quel
est le bon nombre d’intrigues ? Faut il
également des fausses pistes ?
Le rôle de l’intrigue
principale
Dans toutes les campagnes, l’intrigue
principale (définie comme précédemment
par une combinaison moteur + motif) est au
cœur de l’histoire : la campagne mettra en
scène l’évolution du groupe au sein de ce
fil. Ce dernier peut bien sûr se séparer en
plusieurs branches et ne pas être linéaire
(nous y reviendrons plus loin) mais il
représente la toile de fond et le motif
récurrent de l’épopée que vous allez
raconter avec votre groupe.
Pour une campagne courte, voire très
courte (moins de cinq scénarios par
exemple), cette seule intrigue suffit
amplement, si elle est dimensionnée au
nombre de séances à jouer. Quelques
fausses pistes rajoutées en cours de route
pourront venir apporter un peu de
profondeur mais sur une courte durée (pour
certains groupes cela représente déjà
plusieurs mois de jeu), inutile de
complexifier, une intrigue suffisamment
développée et cohérente se suffira à elle­
même.
L’avantage de ne conserver qu’une intrigue
principale est d’obtenir une campagne
focalisée, qui ne contient qu’un seul
message : clair, unique et fort. Les
personnages savent ce dont on parle , ils
suivent le chemin (pas forcément unique !)
pour atteindre le but fixé ou pour déjouer
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 2 ­ Intrigue simple contre intrigues multiples
les évènements qui se produisent. Les
inconvénients de l’intrigue unique sont,
d’une part, qu’il faut beaucoup de
rebondissements pour être sûr de maintenir
l’intérêt du groupe en éveil. D'autre part il
n’y a pas d’alternatives, le meneur ne
dispose donc d’aucun plan de secours si le
groupe n’accroche pas à l’intrigue
principale et s’en désintéresse. À l'inverse
dans une histoire à plusieurs intrigues, si les
joueurs n’accrochent pas au sujet principal,
le meneur peut toujours adapter sa
campagne pour mettre une intrigue
secondaire au premier plan.
Les autre fils de l’intrigue
Pour obtenir une histoire plus complexe et
plus riche, le meneur va ajouter une ou
plusieurs intrigues secondaires à son
intrigue principale. La campagne devient
alors plus dynamique, plus intéressante car
les joueurs voient que plusieurs évènements
se déroulent dans leur univers et qu’ils sont
tantôt sur une piste, tantôt sur une autre.
Une campagne plus longue (plus de cinq
scenarios) va presque toujours demander
plusieurs intrigues, même si les intrigues
« secondaires » ne sont que des one­shots
que l’on vient insérer entre deux histoires
de l’intrigue principale. Le meneur
s’amusera donc à entrelacer intrigues
secondaires et fausses pistes au sein de
l’histoire pour divertir de temps en temps
les joueurs du fil conducteur leur révélant
ainsi la profondeur et le dynamisme de son
monde.
Quelles sont les intrigues que le MJ peut
rajouter à sa campagne ? Les intrigues dites
« secondaires » se structurent comme
l’intrigue principale : une combinaison
moteur + motif mais d’une dimension
inférieure. L’intrigue principale doit rester
le cœur de la campagne et l’intrigue
secondaire choisie doit pouvoir être
résolue en moins de scénarios que la
majeure. On peut également choisir une
intrigue d’envergure moins importante (par
37
 Ch 2 ­ Intrigue simple contre intrigues multiples

Combien d’intrigues faut il pour ma campagne ?

Quand on met en scène plusieurs intrigues, il y a un équilibre à trouver sur le bon nombre
d’intrigues (un foisonnement trop abondant tue l’histoire et noie les joueurs) et sur la longueur
de chaque intrigue (il ne faut pas que l’intrigue principale soit moins « longue » que certaines
aventures secondaires).
Les règles de calibrage sont les suivantes :
• L’intrigue principale doit prendre la majorité des scénarios de la campagne, soit la moitié
ou la moitié plus un.
• L’intrigue secondaire doit représenter la moitié en longueur de l’intrigue principale
• Le reste est à répartir entre une intrigue tertiaire (qui peut aller jusqu’à la moitié de la longueur
de
l’intrigue secondaire) et un panachage de « one­shots » qui s’inscrivent dans la campagne mais
pourraient être sortis de façon indépendante de son contexte.
• Une campagne de moins de 5 scénarios ne doit comporter qu’une intrigue principale,
avec éventuellement une fausse piste.
On obtient alors les guides suivants, à vous de les moduler selon votre jeu :

Nb scénarios Intrigue principale Intrigue Secondaire Intrigue Tertiaire One shots

3 3 0 0 0

6 4 1 0 1

9 5 2 0 2

12 7 3 0 2

15 8 4 1 2

18 10 5 1 2

21 11 5 1 4

24 13 6 2 3

27 14 7 2 4

30 16 8 3 3

exemple l’intrigue principale met en jeu de votre moteur convient à la majorité de

l’univers de jeu tout entier, l’intrigue
secondaire implique des évènements
uniquement à un niveau local) ou se
focaliser sur un évènement particulier qui se
déroule en parallèle à l’intrigue principale
(par exemple pendant une chasse au savant
fou dans l’Angleterre Victorienne, un auteur
écrit un livre qui a des impacts sur la vie des
personnages joueurs).
Le choix d’une ou plusieurs intrigues
secondaires est l’occasion d’explorer un
moteur supplémentaire pour votre
campagne, tout en gardant le moteur
principal. C’est idéal dans le cas où le choix
votre groupe mais pas à tout le monde : le
moteur de l’intrigue secondaire pourra alors
être choisi pour satisfaire les voix
dissidentes et leur apporter l’intrigue qu’ils
souhaitent en partie au sein de la campagne
(par exemple si une majorité de vos joueurs
aiment l’action et le combat, mais que
quelques joueurs en marge préfèrent le
mystère, vous pouvez rajouter une intrigue
orientée recherche/mystère en intrigue
secondaire, en parallèle à une ligne
principale qui met en scène une guerre).
L’exploration de ce pan d’intrigue
secondaire peut se faire sur une histoire

38
CEDRIK GAULT (Order #14702690)

unique. On obtient dans ce cas un scénario
qui est en dehors de l’intrigue principale
mais qui se résout en une seule séance. Cela
s’apparente à un « one­shot » qui peut être
extrait de la campagne et garder sa
cohérence. Intercaler ce genre de scénarios
entre deux épisodes ou plus de l’axe majeur
de l’intrigue peut constituer un bonne
diversion occasionnelle pour le groupe.
Dans les campagnes plus copieuses, une ou
plusieurs intrigues secondaires peuvent
s’étaler sur plusieurs scénarios. Cela
renforce cette impression de richesse de
l’univers pour le groupe. Les seules réelles
contrainte dans ce cas sont de :
• limiter le nombre d’intrigues pour éviter
une situation trop confuse et sans repères
pour le groupe : trop d’intrigues tuent
l’intrigue et ruinent l’impact de la
campagne,s’assurer que chaque intrigue
secondaire est d’une dimension inférieure à
l’intrigue principale.
Ces deux points sont détaillés dans
l’encadré « combien d’intrigues faut il pour
ma campagne ? ».
L’intrigue secondaire est distincte dans les
termes de la fausse piste, tout du moins au
niveau de la campagne. La fausse piste est
une branche de l’intrigue principale qui
s’achève sur une impasse (mais dont
l’exploration peut donner un très bon
scénario), tandis que l’intrigue secondaire
est séparée de l’intrigue principale, bien
qu’on puisse imaginer que certaines
intrigues secondaires puissent être des
développements de sous branches de
l’intrigue principale.
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 2 ­ Intrigue simple contre intrigues multiples
Le cas de l’invasion extra-
terrestre
En reprenant l’exemple de la campagne
pulp mettant en scène une invasion
extraterrestre, le meneur dispose de dix ou
onze scénarios pour la faire jouer. Il y a
donc lieu de mettre en scène des intrigues
multiples.
Voilà le découpage qui a été choisi :
• Intrigue principale : des extra terrestres
vont envahir la Terre et certains humains,
dans le complot, les y aident (moteur
Sauvetage, 6 scénarios)
• Intrigue secondaire : les personnages
découvrent les traces d’une autre race
extraterrestre qui habitait la Terre jadis et
disposait d’une technologie puissante
(moteur Mystère, 3 scénarios)
• One­shots (divers, 2 scénarios)
Dans cette structure, l’intrigue secondaire
rejoint au final l’intrigue principale car la
technologie et connaissance de l’autre race
constitue un atout pour repousser les extra
terrestres de la majeure et résoudre la
campagne.
39
 Ch 2 ­ Intrigue simple contre intrigues multiples

Les intrigues de votre campagne

Toujours en reprenant le même exemple que vous avez développé précédemment, il est temps de
définir les autres intrigues de votre campagne.
1. Définissez, en fonction de vos discussions avec votre groupe, le nombre de scénarios/séances que
vous allez jouer avec vos joueurs
Il y aura __________ scénarios
2. En fonction du tableau et des règles données dans l’encadré « combien d’intrigues faut­il pour ma
campagne ? » déterminez le nombre d’intrigues et la longueur de chacune
Il y aura :
• _________ scénarios dans l’intrigue principale,
• ____________ dans l’intrigue secondaire,
• _____________ dans l’intrigue tertiaire et
• _____________ one shots.
3. Vous avez défini les intrigues,il est temps maintenant de rédiger chaque intrigue et de les reporter
sur le document de campagne :
• Intrigue principale (définie par moteur + motif) :
________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________
• Intrigue secondaire (en choisissant une autre combinaison moteur + motif du tableau par
exemple):
________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________
• Intrigue tertiaire (si elle existe, extraite du tableau ou de votre imagination) :
________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________
• Idées de one shots (si vous n’avez pas d’idée, cf chapitre 3 La préparation du scénario) :
________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________

40
CEDRIK GAULT (Order #14702690)

Le découpage de la
campagne en phases
La ou les intrigues de la campagne sont
maintenant définies : l’intrigue principale,
les intrigues secondaires, et les autres idées
de scénarios « one shot ». Tout cela a été
défini par rapport à ce que vous avez pu
déterminer initialement comme nombre
approximatif de séances pour cette
campagne. Les joueurs n’ont bien sûr pas
besoin de connaître cette information. Vous
pouvez leur donner une estimation en cours
de route, sur l’avancement (« on a fait la
moitié de la campagne ») mais sans plus.
Développer les intrigues
Vient alors le moment de définir pour
chaque intrigue (principale et
secondaires), les grandes lignes de
chacune. Il est important à ce niveau de ne
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 2 ­ Le découpage de la campagne en phases
pas tomber trop dans le détail : l’art d’une
bonne campagne passe par le fait de savoir
rester avec une vision « de haut » et de
maintenir suffisamment de flou dans la
préparation à ce stade (cf article plus loin «
Jusqu’où aller dans la préparation de la
campagne »). Il est important de ne pas
figer trop d’éléments, car une grande partie
de l’histoire sera écrite par les joueurs.
On pourrait comparer chaque intrigue à un
cube que l’on va maintenant déplier, pour
en dévoiler chaque face et explorer les
branches et passages entre chacune de ces
faces. Le meneur va effectuer ce premier
survol pour chacune des intrigues,
principales et secondaires, en passant tout
de même plus de temps sur la majeure.
Il s’agit donc de prendre chaque intrigue et,
au brouillon, ou sur le document de
Description des intrigues, d’imaginer puis de
noter les grandes phases de chacune.
Comment réaliser ce travail ? Le meneur
41
 Ch 2 ­ Le découpage de la campagne en phases
sait où il veut emmener les personnages (la
fin de la campagne, qui a été visualisée pour
l’intrigue principale) et sait où sont les PJs
au début. Il a de plus identifié les différents
éléments à mettre en place dans l’histoire
pour en arriver là. Les étapes entre les deux
mettent donc en scène le groupe face à
divers obstacles, affrontant divers
évènements et récupérant les objets,
informations et données nécessaires pour
atteindre le final.
Le MJ va dessiner sur son brouillon, pour
chaque état ou phase, un bloc, qui
représentera l’étape en question de la
campagne. Il va ensuite imaginer les
différentes branches, chemins et voies
possibles entre ces étapes. C’est là où il ne
faut négliger aucune possibilité et laisser
beaucoup de chemins ouverts aux joueurs :
il y a certes des étapes par où ils passeront
forcément, mais leur route n’est pas
entièrement tracée et ils auront des choix à
faire qui influeront sur leur aventure et son
succès.
Le MJ va ensuite faire le même
développement rapide pour les intrigues
secondaires, de façon moins poussée que
pour la majeure, mais afin de mettre en
avant les grandes étapes d’avancement de
chaque fil et les chemins possibles pour le
groupe. Les one shots ne nécessitent aucun
développement à ce stade, car ils n’ont
qu’une seule « phase » dans la campagne et
les chemins seront détaillés au moment de
faire l’arborescence du scénario individuel.
Il faut prendre le temps de considérer
chaque intrigue une fois développée et de se
poser la question : est ce que je vais avec
cette structure pouvoir mettre en place une
gradation ? C’est en effet un principe
fondamental dans une campagne : les défis
devraient être de plus en plus difficiles à
relever, les périls de plus en plus menaçants
et l’envergure des histoires de plus en plus
importante. Si c’est moins important sur les
intrigues secondaires, l’axe majeur de la
campagne, même s’il n’est pas forcément
linéaire, doit pouvoir donner au meneur
42
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
l’occasion, d’un scénario à l’autre,
d’augmenter l’intensité dramatique des
évènements qui se produisent. Si ce n’est pas
le cas, il faut peut être ré agencer les phases
dans un ordre différent ou prévoir d’autres
branches.
La dernière réflexion est de dimensionner
chaque phase ainsi développée. Connaissant
le total de scénarios/séances qui porteront
sur chaque intrigue (cela été défini
précédemment), le meneur va associer à
chaque phase de l’intrigue le nombre
approximatif de séances qu’il pense
consacrer à ce moment de l’histoire. Le total
atteindra le nombre de scénarios pour
l’intrigue en question avec au moins un
scénario par bloc d’histoire défini (si vous
englobez plusieurs blocs dans la même
histoire, cela veut dire que vous avez trop
détaillé à ce stade). Les campagnes plus
longues peuvent et vont sûrement s’attarder
plus longuement sur chaque phase. Ce qui
compte c'est de maintenir un équilibre et de
ne pas négliger le final, auquel il faudra
consacrer du temps pour s’assurer qu’il soit
épique. Ce nombre prévisionnel de séance
peut être inscrit sur le document de
Description des intrigues, dans chaque bloc.
Ce petit exercice permet également de se
recouper par rapport à la dimension de
chaque intrigue. Si vous avez prévu de faire
jouer votre intrigue secondaire en 3 scénarios
mais qu’elle contient 5 blocs, cela signifie
que vous avez vu trop large et qu’il faut la
simplifier.
Et l’arc narratif dans tout ça ?
Vous avez peut être entendu parler d’arc
narratif, qui est un terme couramment utilisé
dans le domaine des séries télé. Dans notre
terminologie, l’arc narratif correspond à
l’intrigue principale de la campagne. Il est
secondé par des sous arcs: les intrigues
secondaires. Les one­shots correspondent à ce
que l’on appelle les « stand alone » en
langage télévisuel.

L’assemblage de la trame
Ce qui constitue la richesse et la diversité
d’une campagne (et donc son intérêt), c’est
non seulement la qualité des intrigues mais
aussi la manière dont elles vont
s’assembler et se mêler en un tout
cohérent. C’est l’étape suivante du
processus de création : le meneur va bâtir
une trame qui lui servira de guide pour
voir comment évoluent ses intrigues et
comment il va les présenter au groupe. Ce
n’est qu’une aide ! Le MJ doit être capable
de modifier ce plan en cours de route en
fonction de ce que les joueurs font et de ce
qu’ils ont accompli en jeu (dans la pratique
entre chaque session il devra faire le point
sur sa trame).
Les intrigues devraient s’emmêler les unes
aux autres, un peu à la façon d’un caducée
ou de serpents de mer : une des intrigues
devrait sortir de l’eau de temps en temps
puis replonger en attendant sa prochaine
apparition, ou l’apparition d’un fil d’une
autre intrigue à la vue des joueurs. Il peut
même arriver que dans un même scénario
apparaissent plusieurs intrigues, ce qui est
bon pour rendre un peu moins linéaire une
histoire trop prévisible.
L’aide de jeu Trame de campagne s’utilise
en lisant sur la première ligne les numéros
de séances/scénarios prévus pour le jeu.
Dans la première colonne le meneur
reporte l’intrigue principale, la ou les
intrigues secondaires, et laisse vierge la
case « one shot ». En fonction de ce qu’il a
déterminé précédemment il reporte le
nombre de séances dont devrait être
constituée chaque intrigue. Vient alors la
ventilation des intrigues dans la trame :
pour chaque scénario (en colonne), le
meneur va faire une croix dans la ligne qui
correspond à l’intrigue qui sera mise en
scène dans cette séance ou dans la case one
shot si le scénario va être indépendant.
S’il n’y a pas de recette miracle pour
réaliser cette ventilation des intrigues dans
la campagne, voilà quelques principes qui
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 2 ­ Le découpage de la campagne en phases
Scénario ou séance ?
L’explication de structure de la campagne
utilise indifféremment les notions de scénario
ou de séance. On part ici du principe que le
timing de la partie est respecté (cf chapitre 4
Gérer le Timing) et qu’un scénario est joué en
une séance. Ce n’est pas toujours le cas,
notamment sur des séances courtes et qui
doivent se terminer à heure fixe par exemple.
Dans ce cas, lire « scénario » dans
l’explication ci­contre : la trame de campagne
s’écrit à partir des histoires, donc des
scénarios, indépendamment du nombre de
séances utilisé pour jouer les histoires.
Cependant des scénarios bien équilibrés
devraient toujours se jouer avec le même
nombre de séances tout au long de la
campagne.
peuvent vous y aider :
• En colonne, il se peut que certains
scénarios fassent intervenir plusieurs
intrigues. Il peut en effet y avoir plusieurs
croix dans la même colonne du tableau.
Comme mentionné ci­dessus, le scénario en
devient plus riche et plus complexe (bien
que cela modifie le nombre total de
scénarios de la campagne, le meneur
développera alors une des intrigues un peu
plus ou rajoutera des one­shots pour
compléter). On peut même imaginer 1
scénario « melting pot » où toutes les
intrigues seront abordées, mais il vaut
mieux limiter ce genre de séances, car elles
risquent d’être trop confuses pour les
joueurs.
• Le premier scénario peut être soit
démarrer l’intrigue principale, solution la
plus simple, ou peut être un one shot fort
qui donne la couleur de l’univers et la
tonalité de la campagne avant d’aborder
l’intrigue principale dans la séance 2 ou 3
par la suite
• Il faut éviter de faire jouer d’affilée les
43
 Ch 2 ­ Le découpage de la campagne en phases

Exemple de remplissage de la description des intrigues et d’une intrigue développée

Le document est relativement simple : dans l’espace de gauche, le meneur va écrire le résumé de
son fil d’intrigue, qu’il soit principal ou secondaire. L’espace de droite est consacré à la mise en
place des blocs décrivant chaque phase de l’intrigue et aux flèches qui relieront ces blocs entre
eux.
Voilà l’exemple de document rempli, en reprenant le cas du savant fou de l’Angleterre
Victorienne, comment on pourrait détailler l’intrigue principale, donnant au passage une idée du
niveau d’approche suffisant à ce stade de la préparation :

Intrigue principale Détail

Recherche de
Dans l’Angleterre
moyens
Victorienne, les
(1 séance)
personnages
découvrent les
Enquête sur Piste des Confrontation
agissement d'un Rencontre avec le
agissements sbires (2 séances)
savantfou puis savant (1 séance)
(1 séance) (1 séance)
l'affrontent ainsi
que ses sbires
Recherche de
(8 séances).
son refuge
(2 séances)

scénarios appartenant à une même intrigue. difficulté croissante des challenges et

L'intérêt d’avoir plusieurs fils est de pouvoir éventuellement une amplification d’un
les varier. Autant que possible, pour profiter phénomène dans l’univers ou dans le décor
pleinement de la structure, il vaut mieux (le ciel est de plus en plus sombre, le chaos
séparer les séances d’une même intrigue. approche…). Le document servira de guide
Faites exceptions si la cohérence et le timing pour l’ensemble de la campagne et sera
de l’histoire font que les évènements revu régulièrement en cours de route.
doivent se succéder (par exemple si un
scénario se termine en cliffhanger avec les
personnages coincés dans la base ennemie,
on imagine mal embrayer sur quelque chose
qui n’a rien à voir dans la séance suivante).
Pour la fin de la campagne ou pour
atteindre le final épique en mettant en scène
la gradation de l’intensité, il faudra aussi
prévoir deux ou trois séances d’affilée (voire
plus) sur l’intrigue principale de la
campagne.
La trame ainsi constituée peut être relue afin
de bien se la représenter et s’imaginer
comment mettre en place la montée de la
tension dramatique. Cela se fera par une

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch ­ Utiliser la création de personnages

Exemple de trame de campagne

Toujours en suivant le même exemple sur l’Angleterre Victorienne et le savant fou, voici
comment on pourrait structurer la même campagne cette fois en 9 scénarios, soit 5 sur l’intrigue
principale, 2 sur l’intrigue secondaire (un auteur à succès écrit une histoire qui met en scène les
personnages et attire l’attention sur eux) et 2 one shots.

Scénarios 1 2 3 4 5 6 7 8 9

Intrigue principale Le X X X X X
savant fou (5 sessions)

Intrigue secondaire
X X
L'auteur (2 sessions)

One shots 2 scénarios X X (X)

Comme vous pouvez le voir, le scénario 6 rassemble 2 intrigues : la piste du savant fou et la fin de
l’intrigue de l’auteur à succès. Cela signifie qu’il reste 1 scénario de libre. Le MJ décide d’ajouter un
one shot supplémentaire pour montrer d’autres aspects de l’univers.

A vous de jouer !
Pour vous exercer, à partir des intrigues
définies précédemment, vous pouvez utiliser
les tableaux donnés en aide de jeu
• développer les intrigues en blocs cohérents,
• dimensionner chaque bloc en nombre de
scénarios/séances
• constituer la trame de votre campagne,
avec la 2ème aide de jeu à partir des intrigues
que vous avez créées et en ventilant les
scénarios en fonction de la longueur de la
campagne, suivant les directives données ci­
dessus.
• Observez ensuite l’ensemble pour vérifier
la cohérence. Assurez vous que vous pouvez
construire à partir de là une campagne qui
monte en intensité et en puissance.
Votre campagne est prête… ou presque !
Utiliser la création de
personnages
Si vous avez lu et suivi les recommandations
du chapitre 1, vos joueurs ont créé leurs
personnages suivant les directives initiales
que vous leur aviez données, lors d’une
séance spécifique. Après cette séance, le
meneur va pouvoir utiliser toutes les
informations et le travail des joueurs pour se
simplifier la tache !
Ce qu’il faut noter
Une première chose qui s’avère en général
utile à l’issue de la création des personnages
est de copier et de garder une copie de
chaque fiche de personnage, tel que
fraîchement créé par le joueur. Les utilités
sont multiples : disposer d’archétypes si le
meneur va faire jouer en convention par
exemple, ou bien pallier à un oubli ponctuel
d’un joueur ou une absence.

45
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 2 ­ Utiliser la création de personnages
Ce que le MJ devrait relever également à ce
niveau, ce sont différents scores qui lui
serviront de points de repère au cours de la
partie. Si vous utilisez des « jets secrets » ou
si vous souhaitez fluidifier les scènes
d’action, il peut être bon de noter les scores
souvent utilisés : perception, furtivité, bluff,
persuasion, rapidité, initiative par exemple
ou leur équivalent dans votre univers de jeu.
Selon les systèmes de jeu, d’autres scores
peuvent être à relever (santé mentale,
pilotage,…). Les scores ainsi relevés sont
utilisables soit pour faire des jets derrière
l’écran, soit (et cela permet de gagner du
temps) pour classer les personnages et
déterminer celui qui a le plus haut score en
perception (qui verra en premier les
informations), celui qui a le plus faible score
en discrétion (qui se fera remarquer en
premier) et éliminer certains jets inutiles en
donnant une réussite automatique ou un
échec automatique au personnage qui le
score le plus élevé/le plus faible.
L’autre domaine où le meneur doit prendre
des notes, c’est le domaine du combat et des
confrontations. Les informations seront
utiles pour équilibrer les rencontres que le
groupe va affronter en cours de route et
pour gérer le PJ en combat si le joueur est
absent. Pour chaque personnage le MJ va
noter sa plus forte attaque (tous bonus
inclus : arme/avantages/…), sa plus forte
défense (tous bonus inclus armure/…), le
niveau de dégât qu’il inflige avec sa plus
forte attaque et la quantité de dégâts qu’il
peut prendre avant de tomber inconscient
(absorption, points de vie, vigueur,…). Ces
scores sont à enregistrer tous modificateurs
inclus pour éviter d’avoir à faire des calculs
en cours de route.
Tous ces scores peuvent être relevés sur un
tableau similaire à notre Relevé des scores des
PJs et le meneur peut renseigner également
le Suivi de l’expérience du groupe en même
temps, en indiquant les noms des
personnages et une indication sur leur
niveau actuel.
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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
L’interprétation des
historiques
Ce qui ressort d’une bonne séance de
création de personnages, c’est un
foisonnement d’historiques et de secrets
qu’ont apporté les joueurs et le meneur
aurait tort de se priver de puiser dans cette
source d’idées pour renforcer ou créer les
intrigues de sa campagne.
Une épopée réussie est une saga où les
historiques des personnages font partie
intégrante de la campagne. C’est dommage
de jouer dans des campagnes où les
historiques des PJs sont complètement
ignorés. Cela créé de la frustration pour les
joueurs, qui ont passé du temps à réfléchir à
un personnage en vain et leur donne plus
de difficultés à s’approprier et à s’impliquer
dans les évènements de la campagne. Le
meneur a donc tout intérêt après la création
de personnages à interpréter les historiques
en termes d’histoires potentielles et de voir
comment il va les intégrer dans les séances
de jeu.
La solution la plus radicale est de rattacher
ces historiques à l’intrigue principale,
voire d’en faire le moteur de la campagne.
Dans ce style de campagne complètement
axé sur les objectifs des PJs, le groupe
construit sa propre évolution et fait sa route
comme bon lui semble dans l’univers. Si le
sentiment de liberté est très fort, le risque
est qu’il faut parvenir à faire en sorte que
tous les personnages puissent être englobés
dans la trame, ce qui n’est pas évident car
les joueurs auront créé des historiques
séparément la plupart du temps. Si l’intérêt
de tout le groupe peut y être trouvé, c’est
une solution. L’intrigue principale sera alors
imaginée et préparée par le meneur à partir
des idées des joueurs. Sinon le groupe
risque de voler en éclats, chaque
personnage traçant sa propre route
indépendamment des autres.
Une alternative consiste à intégrer un ou
plusieurs historiques définis par le groupe
comme intrigue secondaire de la

campagne. Solution plus souple, elle ne
nécessite que certains personnages plus
impliqués que d’autres dans l’intrigue pour
fonctionner. On s’imagine alors que dans les
séances où cette intrigue secondaire sera
mise en avant, certains joueurs seront
complètement absorbés dedans et soit les
autres suivront, soit le meneur leur trouvera
d’autres pistes à explorer en parallèle.
Quand le groupe revient sur l’intrigue
principale, tous les personnages se
retrouvent à nouveau avec des intérêts
convergents.
La solution de traiter certains historiques
en one shot est séduisante : le meneur peut
créer un scénario spécial pour explorer cet
historique en profondeur sans impacter le
reste des intrigues de la campagne. Cela
peut très bien fonctionner, à condition de
s’assurer que tous soient impliqués dans
cette histoire et pas uniquement le
personnage sur lequel on s’attarde. Par
exemple, si vos personnages sont des
chasseurs d’extraterrestres, que l’une des
héroïnes est fiancée, et que son personnage
va se marier a priori les autres membres du
groupe ont peu de raisons de s’impliquer
dans cette intrigue. Si par contre; à la veille
de son mariage, elle est mordue par un extra
terrestre,subit une grossesse accélérée et se
trouve sur le point d’accoucher d’une chose
inconnue pendant la cérémonie, alors là tout
le groupe risque de soudainement être très
impliqué dans ce scénario ! Il faut trouver
un moyen de rendre une histoire parallèle à
l’intrigue intéressante pour tout le groupe.
La dernière possibilité consiste à se servir
des historiques uniquement hors intrigues et
hors scénario de la campagne. L’historique
intervient alors en filigrane, avec une scène
de temps en temps, où le personnage
intervient, seul ou avec d’autres. La plupart
des historiques qui éclosent en une histoire
ou scénario passent par ce stade où ils sont «
à côté » avant d’être mis sur le devant de la
scène. Il peut tout aussi ne pas dépasser
cette étape et rester en marge, uniquement
pour donner un peu de profondeur au
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 2 ­ La création des PNJs et du matériel récurrent
personnage. On peut citer par exemple dans
Star Wars le cas de Han Solo qui dans
l'Épisode IV est confronté aux chasseurs de
primes de Jabba avant d’embarquer sur son
vaisseau avec ses compagnons. Son
historique transparaît à ce moment là dans
une scène qui impacte tout le groupe. A
noter que cette intrigue refera surface à la
fin de l'Épisode V et au début de l'Épisode
VI quand il sera enfermé dans un bloc de
carbonite pour être livré à son ennemi. A ce
moment là tout le groupe sera impliqué
puisqu’ils chercheront à le libérer.
La créativité des joueurs est une manne à
exploiter et le bon meneur, après la création
de personnages, devrait être capable de
créer ou de modifier certaines intrigues de
la campagne voire avoir des idées de one
shots pour mettre en scène la vie propre des
personnages. Vos PJs vous le rendront bien !
La création des PNJs et
du matériel récurrent
A ce stade, le meneur dispose de
suffisamment d’informations pour détailler
quelques points bien choisis de sa
campagne, ce que l’on appelle le matériel
récurrent. Pourquoi ne pas tout créer
maintenant ? Ce serait trop long et
improductif ! Le temps passé à détailler le
monde et les PNJs sans rapport direct avec
l’histoire immédiate représente autant de
temps qui n’est pas consacré à la
préparation des séances que le groupe va
jouer. Il y a donc une sélection à faire dans
ce qu’il faut préparer.
Les éléments que l’on va détailler à ce stade
doivent être :
• Des éléments qui seront a priori
récurrents dans la campagne et reviendront
plusieurs fois
• Des éléments qui seront utilisés dès les
premiers scénarios ou qui auront une
influence importante dès le début de la saga
Il s’agit de l’essentiel et du récurrent. Les
détails plus ponctuels viendront dans la
47
 Ch 2 ­ La création des PNJs et du matériel récurrent
préparation de chaque scénario individuel.
Les lieux de l’aventure
Un premier constat simple : tous les lieux
qui sont déjà décrits dans l’univers peuvent
être repris. Pas forcément tels quels, il peut y
avoir quelques petites modifications pour
donner « votre » version de l’endroit, mais
globalement tout ce que le concepteur du
jeu a fait et qui entre dans le décor de votre
campagne, n’est plus à faire.
Ce qui se produit plus souvent, c’est d’avoir
un lieu mentionné rapidement mais sans
détails ni plans (c’est notamment le cas
parfois quand on ne dispose que du livre de
base qui survole les principaux aspects de
l’univers sans s’attarder). Dans ce cas le MJ
va utiliser ces quelques indices pour
développer ce pan de l’univers en
complétant avec son imagination.
Quels sont les lieux à décrire à ce niveau de
la préparation ? Un lieu incontournable,
c’est celui qui va servir de « base » pour le
groupe : que ce soit leur QG, l’auberge où ils
séjournent régulièrement, leur vaisseau
spatial commun, le manoir refuge de l’un
d’eux où tout le monde vient se réunir, c’est
un lieu qui va revenir régulièrement dans le
jeu et il mérite une attention particulière.
D’autres endroits fréquents peuvent être
préparés : par exemple un lieu où ils
devront se rendre régulièrement, par
exemple pour rencontrer telle ou telle
personne : salle du trône, agence, night club,
bureaux de la société qui les embauche, lieu
de travail. Une autre possibilité ce pourrait
être un lieu où de nombreuses aventures
prennent place : un quartier de ville en
particulier, une terre, un pays spécifique.
Pour s’attaquer à la préparation d’une zone
large comme une ville, un pays ou une
planète, il faut commencer par la scinder en
plusieurs ensembles, facilement
identifiables. Par exemple, dans une ville
contemporaine, on peut imaginer un
« quartier des affaires », attenant à un
« quartier commercial » et un « quartier
48
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
résidentiel riche » plus loin. Identifier et
situer ces zones sur un plan est un bon
moyen d’orienter les joueurs et de leur
donner des repères simples. Sur la carte, le
meneur positionne donc ces quartiers et y
ajoute les points d’intérêt. Dans l’exemple
de notre ville, ce pourrait être la mairie, la
cathédrale, le ou les cimetières, la tour de
telle ou telle société qui sera importante
dans l’histoire… Ce qui fait la différence,
c’est de préparer et réfléchir à l’ambiance
visuelle et sonore de chacun de ces
quartiers. A quoi chacune de ces zones
ressemble t’elle ? Quelle est l’impression qui
s’en dégage et l’atmosphère qui y règne ? Le
meneur peut aller jusqu’à préparer une
petite description de qautre ou cinq lignes
qu’il pourra utiliser en cours de partie pour
transmettre aux joueurs ce que les
personnages voient et ressentent en
arrivant. Les lieux sont plus que des points
ou zones sur une carte, ils ont une
ambiance et une identité qui leurs sont
propres et un bon meneur va savoir faire
passer cela à ses joueurs.
Pour dessiner le plan d’un bâtiment, il en
va de même : le meneur va commencer par
visualiser le bâtiment mentalement et
préparer une description (couleur,
matériaux, texture, éclairage, style, aspect,
traces de vie) et une ambiance qui se dégage
du bâtiment. En ce qui concerne le plan du
bâtiment en lui­même, il faut savoir
s’inspirer d’un plan réel. Ce peut être le
plan d’un endroit que vous connaissez
(mais pas vos joueurs si possible !) que vous
avez visité pendant vos vacances, ou d’un
lieu célèbre. Par exemple, pour restituer un
château fort médiéval, il n’y a rien de mieux
que de s’inspirer du dernier que vous avez
eu l’occasion de visiter. De même, en
contemporain, si vous devez mettre en
scène un musée d’art moderne, peut être
pouvez vous puiser dans vos souvenirs une
idée qui vous inspirera. Par défaut, si rien
ne vient, les moteurs de recherche d’images
sur Internet (en commençant par Google
Images par exemple) sont des sources

multiples de plan de bâtiments si vous ne
savez pas par où commencer. Il ne sert à
rien de vouloir réinventer la roue : en
utilisant l’existant, non seulement le meneur
gagne du temps, mais en plus il donne plus
de réalisme aux lieux qu’il met en scène.
Dans le cas où aucun plan n’est trouvable, le
meneur va réaliser le plan lui­même. Pour
cela le point de départ est le suivant :
imaginez l’extérieur du bâtiment et
dessinez les contours. Ensuite pour
l’intérieur, en fonction de la forme de
l’extérieur, on peut imaginer placer les
différentes pièces d’une manière logique. A
quoi le bâtiment sert il ? Qui l’utilise ?
Comment l’aurait on logiquement agencé ?
Était il utilisé à des autres fins auparavant et
en conserve­t’il les traces ? Avec ces
questions, les pièces devraient s’enchaîner
logiquement à l’intérieur des murs que vous
avez dessinés. A nouveau appuyez vous sur
ce que vous voyez ou visitez autour de
vous.
Des objets de puissance
Il se peut qu’un élément récurrent soit un
objet. Dans ce cas au­delà de la création
technique / caractéristique / bonus de
l’objet (qui devrait être équilibrée même si
vous avez le droit à l’erreur : rien ne vous
empêche de revoir votre copie en cours de
route, le MJ a toujours raison n’est ce pas ?),
il faut imaginer la description de l’objet
spécial, focalisé certes sur la vue mais aussi
sur les autres sens : que ressent on en
touchant l’objet ? en l’utilisant ? A nouveau
un petit texte de deux ou trois lignes peut
être rédigé à l’avance pour expliquer ce que
les personnages découvrent avec l’objet.
Les objets les plus importants ou
légendaires peuvent être dotés d’une
personnalité et doivent alors presque être
traités de la même manière qu’un PNJ.
Les visages de votre saga
Votre campagne va regorger de personnages
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 2 ­ La création des PNJs et du matériel récurrent
non joueurs. Comme pour le reste, inutile
de tout développer dès à présent. Les
personnages qui, par contre, vont revenir
souvent méritent qu’on s’y attarde.
Cela englobe en général : les grands
méchants (les antagonistes dans l’intrigue
principale de votre groupe), les grands
gentils (dirigeants, protecteurs ou alliés
réguliers des héros), les personnalités
importantes de votre univers (dirigeants
politiques, représentant de l’autorité…), les
contacts récurrents des PJs, les supérieurs
hiérarchiques de ces derniers s’ils sont
subordonnés d’une manière ou d’une autre.
La plupart de ces personnages qui
apparaîtront souvent peuvent être préparés
d’avance, mais il n’est pas nécessaire de
procéder à la création technique et chiffrée
pour chacun d’entre eux.
Par contre chaque personnage doit être
défini au sens de l’histoire et de la mise en
scène. Il disposera d’une personnalité
(définie rapidement en un ou deux mots,
mais le meneur gardera cela sous les yeux
quand le PNJ intervient afin de trouver la
bonne tonalité à chaque fois). Le MJ va
également mettre un visage sur ces PNJs et
rédiger une description physique :
morphologie, corpulence, couleur de peau,
des yeux, des cheveux, longueur des
cheveux, coupe, caractéristiques du visage,
style vestimentaire, accessoires, look, signes
distinctifs. Une solution efficace consiste à
donner un visage déjà existant aux PNJs.
Ce peut être le visage de quelqu’un de
connu, comme une vedette de la télévision
ou de cinéma ou quelqu’un de plus
anonyme, mais inconnu des joueurs (vu
dans la rue, à la gare, dans les
transports…). Cette visualisation n’est pas
là pour remplacer la description, mais pour
guider le meneur afin qu’il décrive mieux.
Dans l’idéal, il faudrait qu’à la fin de votre
description vos joueurs puissent vous dire «
mais c’est le portrait craché de xx ou yy ! ».
On peut également se représenter à ce
moment là, les relations entre le PNJ et les
autres PNJs et avec les PJs. Les outils de
49
 Ch 2 ­ La création des PNJs et du matériel récurrent

type « diagramme des interactions » sont à simulationniste et où l’équilibre des niveaux

garder pour les intrigues très complexes
mais peuvent parfois être nécessaire dans
les campagnes orientées plus politique. Pour
les grandes sagas familiales, les arbres
généalogiques peuvent également aider à
s’y retrouver.
Faut il détailler les caractéristiques chiffrées
de tous ces PNJs récurrents ? La réponse
serait : pas toutes. Le MJ allant à l’essentiel
doit préparer uniquement les
caractéristiques utiles. Si les personnages
vont voir un roi et ne vont que lui poser des
questions, inutile de développer l’ensemble
de ses caractéristiques, ses seuls scores en
conversations, mensonge, bluff, suffiront. Si
jamais la scène dérape, il faudra improviser
des scores à la volée pour le roi, mais c’est
toujours mieux que de devoir tout préparer
de A à Z. Toujours dans le même esprit de
gain de temps, il n’est pas obligatoire de
créer le PNJ en utilisant les mêmes règles de
création que pour le groupe. A moins d’être
dans un système de jeu assez
se joue à pas grand­chose, suivre toute la
procédure de création de personnages pour
chaque PNJ est fastidieux. Le MJ saura
attribuer librement les scores, en les
comparant aux scores des personnages et en
réfléchissant au niveau de pouvoir relatif :
le PNJ est il plus fort ? Beaucoup plus fort ?
Moins fort que les personnages dans un
domaine particulier ? En fonction de la
réponse, il pourra attribuer les scores au
PNJ dans les domaines utiles.
Avec ces premiers éléments de matériel
récurrent (en général pas plus de cinq ­
lieux, objets et personnages, tout confondu),
le meneur dispose d’une matière de base
qui sera utilisée d’un scénario à un autre. Il
aura quelques éléments pour lancer son
univers, et aura commencé à baigner dans la
création pure. Au passage, il aura pris le
plaisir de créer et de décider, à la fois
architecte, directeur de casting et forgeur de
rêves…

Décrire les PNJs suivants

Petit exercice pour s’entraîner à décrire des PNJs. En bon directeur de casting pour votre
campagne, vous avez décidé de faire intervenir des personnages qui ressemblent comme deux
gouttes d’eau aux personnalités suivantes… sans les nommer, écrivez une description rapide de
quelques lignes qui décrit ce personnage à votre groupe. N’oubliez pas d’aborder un maximum
des éléments suivants en insistant sur ce qui distingue cette personne des autres : morphologie,
corpulence, couleur de peau, des yeux, des cheveux, longueur des cheveux, coupe,
caractéristiques du visage, style vestimentaire, accessoires, look, signes distinctifs. Tout est bon
pour stimuler l’imagination des joueurs !

Gérard Depardieu :
______________________________________________________________________________________
______________________________________________________________________________________
Madonna :
______________________________________________________________________________________
______________________________________________________________________________________
Barack Obama :
______________________________________________________________________________________
______________________________________________________________________________________
Louis de Funès
______________________________________________________________________________________
______________________________________________________________________________________

50
CEDRIK GAULT (Order #14702690)

Jusqu’où aller dans le
détail de la préparation ?
Toutes les étapes présentées jusqu’à présent
n’englobent qu’un travail de préparation
très partiel : les intrigues ne sont détaillées
qu’au niveau des grandes phases et les PNJs,
lieux et objets ne sont limités qu’à ce qui sera
récurrent et/ou immédiatement utilisé.
Pourquoi cela ? Pourquoi ne pas commencer
à tout écrire, à tout détailler de façon
exhaustive ?
Garder du flou
D’abord pour une raison matérielle très
simple : tout préparer demanderait
beaucoup trop de temps. Un univers, une
histoire peut être préparée jusque dans ses
moindres détails et il n’y a pas réellement de
limite à l’exhaustivité de la tâche. Nous ne
disposons malheureusement pas d’un temps
illimité pour tout décrire et il est essentiel de
garder ce travail partiel pour pouvoir
consacrer du temps à nos parties et nos vies :
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 2 ­ Jusqu'où aller dans le détail de la préparation ?
il n’y a aucun MJ à temps plein !
L’autre raison importante pour conserver ce
flou, c’est éviter de figer trop d’éléments
avant le jeu ! En cours de partie, les joueurs
auront, ou en tout cas devraient avoir, la
possibilité de partir dans plusieurs
directions, d’explorer plusieurs pistes. Si
tout est écrit dès le début, les PJs n’ont plus
rien à faire et l’un des intérêts majeurs du
jeu de rôle retombe. Le flou que l’on laisse
au niveau de la préparation de la campagne
correspond à la liberté dont disposerons les
joueurs pour évoluer au sein de cette
dernière.
De plus, le risque que prend le MJ qui
cherche à aller trop dans le détail est de
perdre du temps et de préparer du matériel
ne sera pas utilisé en cours de jeu : si les
joueurs décident de partir dans une autre
direction, tout sera perdu et on peut
comprendre que cette situation est assez
frustrante pour le meneur. Le travail de
création est enthousiasmant et il est difficile
de faire une croix sur ce qu’on a passé du
temps à créer, uniquement car les joueurs
51
 Ch 2 ­ Jusqu'où aller dans le détail de la préparation ?
ont utilisé leur libre arbitre ! Être trop
attaché aux éléments que l’on conçoit, c’est
créer le risque de vouloir absolument
réorienter les joueurs dans la direction
prévue, au risque de frustrer le groupe dans
ses choix. A l’inverse un MJ qui a limité la
préparation au minimum aura plus de
facilité à passer à autre chose si besoin, car il
sera moins attaché à sa création.
Ce qu’il faut avoir défini
Au niveau des intrigues, le minimum
consiste donc en un survol des grandes
phases, des différentes branches et des
directions possibles. Il est important
également de savoir à peu près où vont être
placés les moments forts de l’histoire (voir
l’encadré « La tension dramatique au cours
de la campagne »), c’est ce que lui révèle,
entre autres, la trame que le meneur a
préparé.
Dans le cas où l’intrigue n’est pas
uniquement créée par les actions des
joueurs, et que cette dernière est également
rythmée par des évènements/actions des
PNJs ou de l’univers (indépendants des
actions des joueurs), il faut que le meneur,
dès le début, dispose d’une chronologie des
évènements « si les joueurs ne font
rien ». Par exemple, si les extraterrestres
veulent envahir la Terre dans votre
campagne, vous devriez disposer en amont
du timing des différentes phases de cette
invasion et de ce qui va se passer si les
joueurs n’interviennent pas. Àtelle date les
premiers éclaireurs arrivent, à telle date le
vaisseau mère débarque, etc. Tenir ce
calendrier permet de réagir à ce que les PJs
font. Bien sûr cette chronologie et les plans
des PNJs devront être remis à jour, tout
comme la trame, après chaque scénario où
les personnages ont accompli quelque chose
de significatif, pour refléter le dynamisme
de l’univers et la réaction/interaction qui se
produit au passage des joueurs. Dans
l’exemple ci­dessus, si les personnages
réussissent à résister et à renvoyer
52
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
l’éclaireur chez lui, on peut s’attendre à ce
que l’invasion soit repoussée, ou à ce que
les extra terrestres cherchent de nouvelles
armes, de nouveaux moyens d’arriver, ou
encore à ce qu’ils cherchent à éliminer les
PJs pour avoir le champ libre…
On peut même imaginer une campagne où
le timing a toute son importance. Les
personnages peuvent par exemple disposer
d’un temps limité avant que tel évènement
ne se produise et en fonction des actions
plus ou moins longues qu’ils auront
choisies et du temps qu’ils mettront à
résoudre les différentes péripéties, ils
pourront être à l’heure, en avance ou
arriver trop tard. Dans un univers
médiéval, si les personnages doivent
prévenir le roi voisin d’une attaque, en
fonction de la rapidité avec laquelle ils
atteignent leur but, l’ennemi sera encore en
route, aux portes du royaume ou aura déjà
tout décimé, ce qui aura des conséquences à
chaque fois différentes sur la campagne ! Si
vous optez pour cette solution, il faut dans
ce cas préparer non pas une frise mais par
exemple un tableau où chaque unité de
temps (jour, semaine, heure) est représentée
par une case que vous cocherez au fur et à
mesure. En fonction du temps écoulé, les
situations diffèrent et reflètent les
conséquences des actions, réussites ou
échecs du groupe.
Il en va de même pour les PNJs, lieux et
objets. Ce qui est à préparer en amont
correspond à ce qui est nécessaire et
immédiat, récurrent au cours de la
campagne. Tout ce qui sera fait en trop
représente une perte de temps qui aurait pu
être investi ailleurs dans la préparation (par
exemple dans l’écriture et la préparation du
premier scénario).
La liberté d’action des joueurs
Préparer sans trop préparer est un art
délicat. Autant sur un scénario on peut
imaginer avoir une préparation intensive,
en imaginant un maximum de possibilités

que va prendre le groupe, autant sur une
campagne, il faut laisser le flou tout en
ayant une idée de l’endroit où on veut aller
(le final). Tout ceci afin de laisser un choix
aux joueurs et une influence sur la saga : au
fond c’est leur histoire et celle de leurs
personnages !
Il y a d’autres manières pour laisser
transparaître cette notion de choix en cours
de campagne :
• Le meneur peut mettre en scène des
moments où les embranchements sont
clairement définis : le groupe fait face à
deux routes, deux chemins, deux lettres de
demande d’aide différente et en fonction de
ce qu’ils vont choisir la suite sera différente.
Pour rendre la décision intéressante, il faut
que les joueurs puissent se faire une idée a
priori sur ce qui les attend sur chaque
branche : un choix complètement aléatoire
entre deux portes n’a que peu d’intérêt. Par
contre un choix entre une porte usée,
rouillée, d’où proviennent des cris bestiaux
et une porte ornementée, riche et sculptée et
sous laquelle apparaît un rayon de lumière
est nettement plus intéressant : les joueurs
doivent essayer de juger de ce qui les attend
et de leur chance à passer l’obstacle qui se
cache derrière. Le choix peut aussi être sur
la manière de faire : le meneur devra alors
bien prendre note de ce qui a été fait et de
faire ressentir les conséquences du choix
aux joueurs soit dans le même scénario, soit
plus tard dans la campagne. Par exemple
sur une planète inconnue, les personnages
doivent régler un conflit entre deux tribus
ennemies. Ils peuvent utiliser une voie
diplomatique ou guerrière. La voie martiale
est peut être plus facile sur le court terme
mais risque plus tard de voir des membres
d’une tribu chercher à se venger sur le
groupe en leur tendant une embuscade par
exemple.
• Une méthode plus subtile et plus
complexe consiste à mettre en place un
système d’influence ou de niveau de
réussite et de s’en servir pour évaluer la
suite de l’histoire. Par exemple, lors de
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 2 ­ Jusqu'où aller dans le détail de la préparation ?
chaque scénario, les personnages, en tant
que groupe, vont marquer des points
d’influence ou de victoire. Ce sont un peu
comme des points d’expérience mais
communs au groupe, si ce n’est qu’au lieu
de servir à déterminer les évolutions des
personnages, ils permettent d’évaluer la
suite de l’intrigue à l’aune des succès
précédents. En fonction de l’intensité de
leur succès ou échec par rapport à l’intrigue
ils marquent plus ou moins de points. A un
moment clé de la campagne, en approchant
de la fin, le meneur utilisera cette réserve de
points en la comparant à des scores fixés
d’avance par exemple, pour déterminer ce
que les personnages pourront faire ou avec
quelle probabilité ils pourront atteindre le
succès. Le score du groupe peut même être
interprété comme un bonus/malus à un jet
particulièrement critique pour le groupe.
Par exemple, dans le final de votre
campagne, les PJs doivent convaincre un
empereur de prendre les armes et de se
battre pour leur cause avec son armée. En
fonction de leurs succès passés, de leur
influence et des points qu’ils ont pu
accumuler, le PNJ acceptera ou non leur
requête. Leur score peut être comparé à un
seuil que s’est fixé le MJ en début de
campagne, ou bien être le bonus qu’ils
auront à leur jet de persuasion pour
convaincre le PNJ en question. Bien sur à
partir du moment où le MJ a décidé
d’utiliser un système quantitatif il faut le
doser et l’équilibrer pour laisser une bonne
probabilité de succès au groupe.
• Le meneur peut également utiliser des
éléments non quantifiés pour évaluer leur
succès : s'ils ont accompli telle et telle action
spécifique, rempli tels et tels critères, ils ont
plus de chance d’y arriver, voire y arrivent
automatiquement. Il peut également donner
un avantage en fonction de ce qui a été
réalisé. Si par exemple au cours d’une
guerre, les personnages dirigent un
bataillon et qu’ils ont décidé de prendre
l’ennemi à revers en traversant un territoire
dangereux mais inattendu, le scénario qui
53
 Ch 2 ­ Jusqu'où aller dans le détail de la préparation ?

mettra en scène la traversée de ce terrain

déterminera selon son issue si les
personnages sont en position de force ou
non pour la bataille finale mise en scène
dans le scénario suivant. Si la traversée a été
bien gérée, ils ont un avantage certain et le
meneur devrait en tenir compte. Si à
l’inverse c’était catastrophique et qu’ils ont
perdu la moitié de leurs hommes en route, il
sera plus compliqué de vaincre au final.
Tout le principe qui repose derrière ces
idées est d’obtenir un système de choix ou
d’influence qui offre une liberté aux
joueurs d’une part et les forcent à affronter
les conséquences de leurs actes et de leurs
actions. Ce sentiment de cohérence
renforcera votre univers et immergera vos
joueurs encore plus dans le monde que vous
mettrez en scène.

La tension dramatique d’une bonne campagne

Si on dessine la tension dramatique au sein de l’histoire en fonction de l’avancement des

histoires de la campagne, on devrait obtenir le schéma suivant :

25
20
Tension dramatique

15

10

5
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Histoire

La tension doit suivre une gradation au global de la campagne, avec des pics d’intrigues
suivis de petits creux (avec des scénarios plus légers par exemple) avant d’amorcer une
montée vers le final et ensuite le retour à la normale du groupe.

54
CEDRIK GAULT (Order #14702690)

Les structures de
campagne possibles
Cette section a pour but de compléter la
méthode qui a été présentée auparavant en
présentant les structures possibles
d’histoires (au sens large du terme) et
comment elles peuvent être appliqués à la
création de la campagne. Cela peut venir en
aide au MJ lorsqu’il doit développer les
phases des intrigues.
Les schémas classiques… qui
marchent
En littérature, on désigne par narratologie
l’étude des textes et histoires pour en
déterminer les structures et les interpréter
par rapport à des codes bien précis. Sans
faire un traité complet sur cette « science »,
on peut tirer de l’analyse les schémas
classiques suivants, qui peuvent être
appliqués à la création de la saga.
Le schéma en trois actes est le plus standard
et logique. Toute histoire se décompose en
trois actes : implication, complication,
explication. C’est cette structure que nous
développerons dans le chapitre 3 « La
Préparation du scénario ». Dans la théorie
narratologique, on attribue en général un
quart de la longueur de l’histoire pour
l’implication, la moitié pour les péripéties et
complications, un quart pour la résolution
et le climax.
Le schéma quinaire (en cinq parties) est
également classiquement utilisé.
Initialement mis en place pour décrire la
structure des contes, on se rend compte
qu’il peut être adapté à n’importe quelle
histoire, du roman policier à la science
fiction. Un meneur qui a du mal à trouver
les phases son intrigue peut donc s’y référer
en cours de création :
1. Situation initiale
2. Complication : où la situation initiale est
perturbée
3. Action : moyens pour résoudre la
perturbation
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 2 ­ Les structures de campagne possibles
4. Résolution : conséquence de l’action
5. Situation finale
La représentation du récit la plus complète
et la plus classique est celle dite du «
monomythe » ou parcours du héros.
Certains théoriciens ont démontré que
toutes les légendes mythologiques relèvent
de cette structure et qu’elle explique leur
force et leur popularité. A noter, plus près
de nous, que des sagas comme Star Wars, Le
Seigneur des Anneaux ou The Matrix ont
suivi exactement le même schéma. Les
étapes en sont les suivantes :
1. L’appel de l’aventure : Le héros reçoit un
appel qui l’incite à sortir de l’ordinaire et
partir à l’aventure.
2. Le refus de l’appel : Pour une raison bien
précise le héros refuse l’appel et souhaite
rester dans sa vie normale.
3. L’aide surnaturelle : Le héros rencontre
une aide ou un mentor surnaturel qui va
l’aider à accomplir sa quête.
4. Le franchissement du premier seuil : Le
héros passe un premier point de non retour,
dépasse les limites du monde qu’il connaît
pour arriver ailleurs.
5. Le ventre de la baleine : Cette étape
représente la séparation complète entre la
partie connue et la partie inconnue du
monde pour le héros. Il affronte un danger
où il doit montrer sa volonté de se
transformer et de grandir.
6. Le chemin des essais : Le héros passe une
série de tests ou de taches pour commencer
sa transformation. Parfois il réussit, parfois
il échoue dans ces missions.
7. La rencontre avec la déesse : Le héros
rencontre une personne qui lui offre un
amour inconditionnel et pur, cette
expérience le transforme.
8. La femme tentatrice : Pas nécessairement
représenté par une femme, le héros est tenté
d’être dévié de sa quête, ce peut être par
l’autre sexe, ou bien par des forces
maléfiques voire sa propre ambition.
9. L’expiation du père : Le héros est
confronté à quelque chose de puissant, de
fort, une source de pouvoir très grande, ce
55
 Ch 2 ­ Les structures de campagne possibles

peut être un représentation symbolique de
la force du père.
10. Apothéose : Le héros transcende sa
propre nature, subit une illumination qui le
transforme et lui donne une nouvelle force.
11. L’ultime but : Le héros atteint l’objectif
de sa quête, toutes les étapes précédentes
l’ayant purifié en vue de ce but.
12. Le refus du retour : Le héros refuse de
revenir au monde ordinaire, et de ramener
l’objet de sa quête pour que les siens
puissent en bénéficier à leur tour.
13. L’envolée magique : Le héros n’a pas
d’autres choix que de fuir avec l’objet de sa
quête, car ce dernier était gardé par des
forces supérieures. Cette fuite est au moins
aussi aventureuse que le chemin initial pour
atteindre le but.
14. Le secours de l’extérieur : Le héros est
secouru par quelqu’un de l’extérieur, ce
guide sauveteur l’aidera à revenir au monde
normal.
15. Le franchissement du seuil retour : Le
héros revient à la normale et affronte le fait
qu’il est difficile de garder en soi la sagesse
accumulée au cours de la quête.
16. Le maître des deux mondes : Le héros
atteint la transcendance et réussit à réunir le
matériel et le spirituel, le confort de son
logis et la sagesse qu’il a apprise au cours de
son voyage.
17. Libre de vivre : Le héros se sent alors
complètement libre de vivre sa vie comme il
l’entend, en vivant le moment présent.
Ces différentes structures, canoniques, ont
fait leurs preuves, car elles ont alimentés
des milliers d’histoires jusqu’à présent et
continueront à le faire. Le meneur peut s’en
inspirer pour bâtir les phases de son
intrigue. On peut cependant vouloir éviter
la répétition et chercher d’autres modèles,
qui s’éloignent de ces poncifs.
Deux structures qui sortent
de l’ordinaire
Pour essayer de sortir des chemins et
schémas tout tracés, une première

Le schéma actanciel

Autre outil issu de la narratologie, le schéma actanciel rassemble l’ensemble des rôles et
éléments qui constituent le récit. Il se présente en général sous la forme suivante :

Emetteur Destinataire
Objet

Adjuvants Quête Opposants

Héros /
Sujet

L’émetteur est le commanditaire ou la personne pour qui la quête est accomplie. Le destinataire
est celui qui reçoit l’objet de la quête. Les opposants sont les obstacles que le héros va affronter,
les adjuvants ses alliés et aides. A noter qu’un même personnage, objet ou évènement peut
cumuler plusieurs rôles dans ce schéma. Une histoire complexe peut être décomposée selon
plusieurs schémas actanciels. Le meneur peut essayer, pour vérifier la solidité de sa campagne,
d’en dresser le schéma actanciel afin de vérifier que tous les éléments y sont en place et
cohérents.

56
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 2 ­ Les structures de campagne possibles

possibilité est celle du voyage à étapes. Sa
version localisée (où le groupe reste
toujours au même endroit) serait les
« pièces du puzzle ». Dans ce schéma, les
héros sont présentés face à un mystère ou
une quête dont ils n’ont pas tous les
éléments. Leur objectif sera de parcourir le
monde (pour le voyage) ou de trouver des
indices (pour le puzzle) en vue de
rassembler à la fois les informations
nécessaires pour continuer leur quête et les
différents indices pour atteindre leur but. Il
n’est pas forcément nécessaire que les
joueurs aient tout à explorer pour arriver au
bout de l’intrigue : on peut très bien
imaginer un groupe brillant réussir à
résoudre l’énigme finale uniquement avec
les trois quarts des indices prévus et il n’y
aucune raison de forcer le groupe à tout
explorer s'ils savent déjà où aller pour se
diriger vers le final. Une variante consiste à
présenter des éléments au début disparates
et sans lien aucun les uns avec les autres.
Puis arrivé vers le milieu de l’histoire, un
indice en particulier constitue le déclic qui
fera prendre conscience aux joueurs que
plusieurs choses qu’ils ont vues depuis le
début sont en fait liées et forment une seule
et même quête. C’est par exemple le cas
dans la série X­Files : les deux enquêteurs
travaillent sur différents dossiers et
découvrent petit à petit que certaines
affaires sont corrélées entre elles et
impliquent une vaste conspiration. Cela
devient un des enjeux majeurs de la série.
Dans la version itinérante, les personnages
peuvent avoir une vague idée de ce qu’ils
sont en train de rechercher puis découvrir
des indices qui convergent vers un endroit
ou des éléments communs. Ils découvrent
par exemple dans un univers médiéval,
dans plusieurs endroits, le même style de
décoration d’objets magiques, ou les mêmes
emblèmes, qui leur révèle petit à petit

Votre schéma actanciel

Pour vous exercer, prenez un scénario ou une campagne que vous avez déjà maîtrisée en tant
que MJ. Si vous vous apprêtez à prendre le rôle de meneur pour la première fois, vous pouvez
choisir soit une histoire que vous connaissez bien (film ou roman), soit un scénario de jeu de rôle
passé où vous étiez joueur.
Dressez le schéma actanciel de cette histoire, en suivant le format ci­dessous :

Emetteur : Destinataire :
Objet :

Adjuvants : Opposants :
Quête :

Héros :

Observez ensuite ce schéma pour apprécier la cohérence de l’histoire et modifier

l’intrigue si besoin.

57
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 2 ­ Les structures de campagne possibles
l’emplacement d’une civilisation perdue…
Une autre option pour quitter les schémas
classiques et prédéfinis consiste à mettre en
scène des intrigues multiples à échéances.
L’assemblage de la trame et des intrigues tel
que présenté précédemment va un peu dans
ce sens. Dans ce style d’histoire, il n’y a pas
une intrigue unique mais un foisonnement
d’intrigues qui représentent la complexité
de l’univers mis en scène. Les héros sont
mis au contact de ces différentes intrigues et
apprennent qu’il se passe des choses. Le
meneur a défini une timeline, un calendrier
d’évènements qui auront lieu si les joueurs
ne font rien : ce sont les échéances de ces
différentes intrigues. Les PJs, comprenant
au fur et à mesure ce qui se passe, vont
essayer d’agir pour modifier le cours des
évènements. Le meneur va donc devoir
Un exemple de campagne
Sarah se sent prête à passer de l’autre côté
de l’écran pour maîtriser une campagne avec
son groupe.
La rencontre d’un groupe, d’un univers et
d’un meneur
Après discussion, ils ont opté pour un
univers contemporain fantastique mettant
en scène des super héros. Ce que son groupe
aime dans le jeu de rôle (ils en ont discuté au
démarrage) c’est le plaisir d’être ensemble et
la sensation de pouvoir évoluer, gagner en
pouvoir au fur et à mesure du jeu. L’un de
ses joueurs (sur les quatre) aime aussi quand
il y a un peu d’intrigues et d’influence
politique. Comme elle sait que son jeu se
déroulera à Los Angeles (ville décrite dans le
background du jeu), elle précise en
préambule à la séance de création de
personnages que tous les personnages
58
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
faire réagir son univers et son timing aux
actions des joueurs pour leur faire ressentir
l’interactivité de l’ensemble et bâtir une
histoire cohérente et intéressante. Toute la
difficulté pour le MJ consiste à interpréter
ces changements et à modifier son univers
et le déroulement des évènements en
fonction des actes du groupe.
doivent être des super héros qui ont
récemment découvert ou acquis leurs
pouvoirs et qu’ils doivent tous avoir une
bonne raison d’être à Los Angeles ou d’y
vivre. Ces directives données aux joueurs,
ils décident de se retrouver pour jouer une
fois par mois, le dernier vendredi soir, avec
une séance longue : la partie commence à
19h et finit vers 2/3h du matin. Au rythme
d’une séance par mois, comme c’est une
première campagne, elle préfère ne pas viser
trop et se donne six mois pour faire jouer :
cela signifie donc six scénarios a priori.
Le moteur, le motif et l’intrigue principale
Elle choisit donc un moteur pour sa
campagne : comme c’est ce que veulent les
joueurs et ce que l’univers lui permet de
mettre en scène facilement, elle l’axe autour
d’une Quête qui aura pour objet le pouvoir.
Le motif qu’elle peut extraire de l’univers :
les pouvoirs des superhéros viennent d’une

autre planète. Elle imagine donc qu’une
météorite venue de cette autre planète s’écrase
sur Terre au début de la campagne et qu’avec
des extraits de cette roche, les scientifiques
peuvent fabriquer un implant spécifique,
l’Implant Kappa, qui est à même de donner à
un humain le pouvoir des super héros ou
d’amplifier les pouvoirs des super héros
existants. L’intrigue principale tournera donc
autour de la quête de ce pouvoir
supplémentaire, et se résume de la façon
suivante : le groupe participe à la découverte
de l’Implant Kappa et cherche à le retrouver
pour augmenter ses pouvoirs.
La scène de fin
Elle aime l’idée de mettre en scène la démesure
et la corruption qui se met en œuvre à trop
rechercher le pouvoir. Elle imagine donc un
autre super héros, PNJ, allié du groupe au
début mais qui cherchera à récupérer l’implant
pour lui, le récupérera et deviendra plus
puissant que les autres. Corrompu et fou, il
dévastera une partie de la ville. La scène finale
met en scène, sur les toits de la ville en ruine, le
combat entre les personnages joueurs et ce
PNJ. Ils parviennent à tuer le PNJ, à extraire
l’implant et surgit ensuite le dilemme : qu’en
faire ? L’utiliser pour soi et prendre le risque
que le nouveau porteur tombe également dans
la démesure ? Ou bien le détruire à tout jamais
? Les joueurs choisiront.
Quelles sont les variantes de cette scène qui
peuvent se produire ? Il se peut d’abord que ce
PNJ soit tué avant la fin et qu’il s’agisse de l’un
des PJs qui sera à arrêter dans cette scène. Cela
peut amener une situation de jeu intéressante
autour de la table. Il se peut également que les
PJs récupèrent l’implant et tombent d’accord
pour s’en servir. Dans ce cas on peut imaginer
que les autres super héros de la ville les
pourchasseront et la scène finale sera alors le
conflit avec les anciens alliés des PJs.
Les éléments à mettre en place pour arriver au
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 2 ­ Les structures de campagne possibles
final : l’ambitieux PNJ qui souhaite faire main
basse sur l’implant, l’implant lui­même
fabriqué à partir du minerai de la météorite, la
ville dévastée, la technologie pour
extraire/insérer l’implant (ce qui amène un
laboratoire scientifique dans l’histoire).
Les intrigues de la campagne
Il y aura six scénarios en tout, soit une intrigue
principale qui occupera quatre scénarios (la
quête de l’implant Kappa), une intrigue
secondaire dans au minimum un scénario et
un one shot.
Le background du jeu explique que certain
super héros influencent les humains,
notamment dans le domaine politique. Sarah
utilise ce détail pour imaginer une intrigue
secondaire, qui plaira notamment au joueur
qui aime le côté influence politique /
manipulation du jeu de rôle : Le nouveau
maire va être élu, les deux candidats sont sous
l’influence de bandes de super héros rivales, le
groupe va prendre parti pour l’un d’eux et
influencer la campagne électorale à sa manière.
Cette intrigue trouvera son dénouement dans
un scénario unique mais les signes avant
coureurs peuvent commencer bien plus tôt
(affiches annonçant la campagne électorale,
…). Le dernier one shot est une idée qui lui
vient lors de la séance de création de
personnages : un criminel agit dans un
quartier et a le même modus operandi que
celui qui a tué les parents d’un des PJs. Ces
deux dernières intrigues étant gérées en une
séance, elles constituent donc un seul bloc.
Seule l’intrigue principale sera développée en
plusieurs phases de la façon suivante :
59
 Ch 2 ­ Les structures de campagne possibles

Intrigue principale Détail

Les PJs cherchent

Le groupe participe la technologie
à la découverte de Les PJs gardent l’implant
(1 séance)
l’Implant Kappa et
cherche à le Les scientifiques Traque et
retrouver pour Arrivée de la météorite,
conçoivent l’implant confrontation finale
augmenter ses exploration (1 séance)
(1 séance) (1 séance)
pouvoirs. (quatre
séances) L’implant est mis
L’implant est volé
à la base
à la base

(1 séance)

Deux branches apparaissent, selon ce que les personnages décideront de faire une fois l’implant
retrouvé. S'ils décident de le détruire de suite, il faudra soit imaginer une fin différente (en
abandonnant complètement celle­ci), soit jouer la montre en annonçant que la destruction
requiert une technologie spécifique (ce qui peut être une autre source d’histoire).

La trame de la campagne

Sarah élabore ensuite la trame de la campagne, en mêlant les 2 intrigues et le one shot qu’elle a
choisi selon un plan pour le déroulement de ses 6 séances.

Scénarios 1 2 3 4 5 6

Intrigue principale X X X X
L'implant (4 sessions)

Intrigue secondaire
X X X
Le (1 session)

One shots 1 scénarios X X

60
CEDRIK GAULT (Order #14702690)

Le premier scénario mettra en scène la
découverte de la météorite, avec des péripéties
(créature de l’espace, gouvernement…) et
l’extrait de minerai donné aux scientifiques. Le
2ème scénario parlera de l’histoire du criminel,
avec en arrière plan, les débuts de la campagne
électorale. Dans la 3ème séance, retour sur le
sujet de l’implant, avec le laboratoire
scientifique: l’implant est prêt. Les personnages
vont devoir décider ce qu’ils vont en faire. La
campagne électorale continue et les PJs
commencent à être au courant des
manipulations qui se trament en sous­main. A
l’issue du scénario, les personnages peuvent ou
non récupérer l’Implant Kappa et décider de ce
qu’ils en font. L’épisode 4 déploie l’histoire du
maire et la conclue, avec élection, influence,
etc… En parallèle à cela, depuis le début de la
campagne, le PNJ arrogant et ambitieux a fait
son chemin et dans l’avant dernier scénario, il
dérobe l’implant puis devient incontrôlable. Le
final met en scène la traque de cet être devenu
dangereux, la confrontation et le dilemme final
sur le devenir de l’implant.
En reconsidérant son intrigue, Sarah se rend
compte qu’il manque un peu de gradation de
l’intensité. Elle décide donc de revoir un peu
son histoire : dans l’épisode 3, l’implant sera en
fait utilisé par un scientifique « humain » et ce
dernier perdra la raison. L’effet sur un humain
sera déjà fort, et quand ce sera au tour d’un
super héros de le subir, le groupe s’attendra à
pire ! Elle veut également renforcer l’interaction
entre ses intrigues et va donc faire en sorte que
le super héros qui soutient le candidat opposé
au camp des PJs dans la campagne électorale
soit le méchant qu’ils affronteront à la fin : cela
rend l’antagonisme plus crédible.
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 2 ­ Les structures de campagne possibles
Les premiers éléments à préparer
Ce que Sarah peut préparer pour sa campagne :
o La base des super héros (lieu où les
personnages se rendront souvent)
o Le chef des super héros de la ville (supérieur
des PJs)
o Le PNJ arrogant et ambitieux pressenti pour
devenir le méchant (les personnages le
croiseront très vite dans la campagne, peut être
même dès le début)
o Les effets de l’implant Kappa, sur un humain
et sur un super héros
o Le lieu de vie des PJs (bar où ils se retrouvent,
dans leur quartier)
La ville étant déjà décrite dans le livre de base,
elle va s’appuyer dessus pour limiter son travail
de préparation.
L’intensité de l’intrigue
Un survol de sa trame lui donne les pics et
creux de son intrigue : le chapitre 2 fait monter
la tension avec un combat contre un
psychotique, le 3 va la faire baisser un peu puis
remonter en voyant les conséquences de l’effet
Kappa, puis en chapitre 4 l’intrigue du maire
bouillonne et fait monter la pression, avant de
faire grimper l’intensité jusqu’à son maximum
dans les deux derniers épisodes. La trame de
l’intrigue étant prête, Sarah peut commencer à
se pencher sur le premier scénario.
61
 Ch 3 ­ Préparer ou ne pas préparer
Chapitre 3 :
Préparer le
scénario
Préparer ou ne pas
préparer
La question de la préparation ou non des
scénarios et séances en jeu de rôle est
légitime. Certains meneurs affirment qu’ils
ne préparent jamais leurs scénarios et que
cela se passe très bien. D’autres ne jurent
que par la préparation au moins au
brouillon de la session de jeu. Il est
clairement possible de faire un scénario en
parfaite impro, et ce peut être un défi que
l’on peut se lancer en tant que MJ, mais cela
reste un exercice difficile et périlleux.
D’autre part il est clair que préparer un
scénario n’est pas ce qui enthousiasme le
plusles MJs, qui préfèrent jouer et s’amuser
avec le groupe pendant les séances.
Les cas où on peut se passer
de préparation
En fonction de la fréquence et de la durée
des parties, il peut y avoir des cas où le MJ
peut se passer de préparation. Si par
62
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
exemple le groupe joue avec des parties
courtes, très régulières (toutes les semaines
par exemple), il n’y a pas forcément lieu de
préparer à chaque fois. En effet dans ce
genre de configuration, en général un
scénario complet se joue en 3 ou 4 séances,
selon les groupes. La préparation devient
donc un exercice plus diffus, plus rare :
quand le MJ prépare un scénario, il sait qu’il
a de quoi alimenter plusieurs sessions de jeu
d’affilée (bien qu’il puisse vouloir moduler
le cours du scénario au fur et à mesure de
l’avancée des joueurs, s’adaptant à leurs
actions : le jeu court est très bien adapté
pour cela).
Il est tout à fait possible de ne pas préparer
du tout, mais l’une des clefs est de faire en
sorte que les joueurs ne s’en rendent pas
compte ! Cela exige à la fois une parfaite
maîtrise du système de règles (pour ne pas
perdre du temps à rechercher tel ou tel
point spécifique au scénario en cours), de
l’univers (pour pouvoir improviser le
contenu du scénario de façon cohérente),
beaucoup de bon sens et de capacité

d’improvisation (qui est un pré requis pour
tout MJ, qu’il prépare ou non ses parties,
même si avec un guide préparé il est plus
facile d’improviser). Le meneur doit être
dans ce cas capable de réagir quasiment
instantanément aux actions du groupe, en
évitant de demander des pauses. Certes
c’est parfois nécessaire et même utile sur
une partie plus longue, mais trop
d’hésitations ou d’incohérence dans
l’histoire peuvent décevoir le groupe. Si le
jeu est hebdomadaire, qu’il y ait une séance
un peu molle de temps en temps n’est pas
un problème, mais si le jeu est mensuel ou
moins fréquent, le groupe risque de déserter
la table très vite si le meneur enchaîne des
sessions au rythme lent et haché.
Les avantages d’une
préparation efficace
L’un des avantages qu’on néglige souvent
de la préparation est que si le meneur
conserve une trace écrite de son travail, le
scénario pourra être conservé et
éventuellement réutilisé, avec un autre
groupe ou sur une convention. Il est même
en général très intéressant de voir comment
une même histoire peut être traitée de façon
complètement différente par deux groupes
distincts.
Préparer le scénario, cela signifie que le
meneur et le groupe pourront avoir plus de
fun lors de la séance de jeu, et c’est une des
clefs pour créer et faire jouer des sessions
mémorables. Avec un peu de réflexion, le
MJ peut anticiper les différents chemins que
peuvent prendre les joueurs. Il dispose alors
de branches où se raccrocher, dans le cas où
les personnages s’écartent d’un de ces
chemins prévus (ce qui sera quasiment à
chaque fois le cas). Le meneur avec une
ébauche de scénario sait où il va, a sous les
yeux toutes les informations dontil a
besoin : le jeu est plus fluide, plus interactif.
Il peut se focaliser complètement sur le jeu,
l’interprétation, être présent avec ses
joueurs (et ne pas être dans le futur en train
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 3 ­ Préparer ou ne pas préparer
de se demander ce qu’il va mettre en scène
après…).
L’avantage est donc certain pour un
minimum de préparation. Ce qui parfois
rebute les meneurs à créer et anticiper sur le
scénario, c’est l’impression que le travail va
être long et pénible. C’est là où on peut
tordre le cou à cette idée reçue : avec une
bonne méthode de préparation,
systématique et organisée mais qui
stimule la créativité, on peut très vite
obtenir un scénario jouable et fun pour le
groupe. L’objet de ce chapitre est de
présenter une technique (parmi des
centaines d’autres possibles) que vous
pourrez suivre ou dont vous pourrez vous
inspirer pour trouver votre propre façon de
faire. Les différentes étapes de l’approche
sont ascendantes : cela signifie qu’elles
doivent être faites dans l’ordre présenté,
mais que le meneur peut s’arrêter à tout
moment en ayant de la matière pour faire
jouer sa session. Plus le meneur a de temps
et est inspiré, plus il peut avancer dans le
détail de son intrigue. S'il est pris de court,
il peut s’arrêter à tout moment et pourra
utiliser les éléments qu’il aura défini pour
animer sa séance. Par exemple la recherche
d’idée est la première étape du brouillon. Si
le meneur n’a pas le temps de continuer le
processus de création en développant une
arborescence, il peut tout de même arriver à
la table avec sa liste d’idées et aura déjà une
bonne base pour animer la partie. Bien sur
s’il possède en plus l’arborescence et les
annexes, il sera plus à l’aise pour y arriver,
mais la première étape à elle seule suffit.
Combien de temps faut il pour préparer ?
Avec la méthode qui vous est présentée ci­
dessous, vous devriez pouvoir atteindre un
ratio de 1 sur 4 ou 5 : 1h de préparation
pour 4 à 5h de jeu. Une séance de 6 à 8h de
jeu sera nécessitera entre 1h15 et 1h45 de
préparation, soit moins de 2h. Si cela vous
paraît déjà trop, comme mentionné ci­
dessus, vous pouvez vous arrêter en cours
de route et tout de même bénéficier du fruit
de votre travail pour avoir une séance plus
63
 Ch 3 ­ L'organisation de la séance
intéressante et plus plaisante à jouer avec
votre groupe.
L’organisation de la
séance
Pour beaucoup de meneurs de jeu, préparer
un jeu de rôle consiste à préparer un
scénario. Il est clair que cela fait partie de
l’art d’être un bon MJ mais on oublie trop
souvent le rôle d’organisateur qui revient
également au meneur ! On peut écrire le
plus beau scénario du monde, ce dernier
restera dans un tiroir s’il n’y a aucun joueur
pour le faire vivre ou si le MJ n’arrive pas à
trouver un lieu et une date pour la partie.
L’un des rôles du MJ est donc d’organiser
matériellement la séance, ce qui implique de
se poser quelques questions avant celle­ci.
On peut résumer cette préparation avec une
sorte de check­list des différents points à
balayer pour s’assurer que la logistique de
la partie soit sans faille. Le document
Organisation des séances proposé dans les
aides de jeu réunit l’ensemble sur une
feuille A4, où le MJ peut cocher les cases
pour les points qu’il a validés et inscrire les
détails d’organisation qu’il aura définis.
Si pour des séances disparates en one shot,
le lieu, la date et l’heure changeront
régulièrement, on peut imaginer que pour
une campagne régulière ou pour du jeu en
club, le document reste sensiblement le
même d’une séance sur l’autre, à la date
près.
Les bases
Sur le document de synthèse, en haut à
gauche, le meneur peut rappeler l’univers
et/ou la campagne qu’il fait jouer. En titre,
il va inscrire au centre le titre du scénario
(s’il y a lieu), ou bien le numéro de chapitre
ou de séance.
Juste en dessous, se trouve l’emplacement
pour inscrire la date de la partie. Elle peut
être unique et isolée, auquel cas il faudra la
fixer quelques semaines avant avec le
64
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
groupe, ou bien récurrente fixe, ce qui est le
cas des campagnes régulières (le dernier
samedi de chaque mois par exemple). Dans
tous les cas, une bonne communication avec
les joueurs est nécessaire pour s’assurer que
tout le monde soit là : prévenir au moins
une semaine avant, rappeler (par mail par
exemple) deux ou trois jours avant de la
partie, ce qui permet au groupe de se
souvenir de la partie, d’avoir la validation
qu’elle a bien lieu et de ne rien prévoir
d’autre le même jour à la dernière minute.
Il n’y a rien de plus décevant que de devoir
reporter une partie pour cause de manque
de joueurs. Non seulement cela fait perdre à
tous une occasion de jouer, mais en plus,
dans un jeu en campagne, cela ruine la
régularité ou l’impression de régularité que
l’on essaie de donner. Mieux vaut limiter les
risques dès le démarrage, en s’organisant
bien avec le groupe en amont pour choisir
une date qui convienne à tous et en
rappelant à J­2 ou J­3 le lieu et l’heure de la
partie. Pour plus de détails sur le choix et
l’organisation, cf. chapitre I Poser les bases
d’une campagne réussie.
La première ligne du document
d’organisation indique l’heure de début et
l’heure de fin de la partie. Il est à noter que
cet horaire devrait inclure toute la séance, et
pas uniquement le temps de jeu. Cela
signifie que le meneur doit y inclure le
repas (s’il est pris en dehors du jeu), la ou
les pauses, un temps pour un rappel de
règles ou la mise à jour des personnages en
début de séance et aussi un temps pour
débriefer en fin de partie, distribuer les
points d’expérience et discuter de la
prochaine séance. Comme expliqué
précédemment, il est important de définir
une heure de fin. A nouveau l’article
mentionné ci­dessus au chapitre I contient
tout un descriptif des différentes tranches
horaires possibles pour les parties et une
discussion sur le sujet.
En dessous de l’horaire, vient
l’emplacement où le meneur va lister les
joueurs qui ont confirmé leur présence ainsi

que leurs personnages (s’ils en disposent
d’un). Une partie sans joueurs est une partie
qui n’ira pas bien loin… et savoir combien
de personnes seront présentes est nécessaire
pour prévoir par exemple le nombre de
chaises, s’assurer que la table sera assez
grande et, si c’est la personne qui reçoit qui
alimente, ce qu’il faut prévoir en quantité de
rations de survie... Les joueurs sont inscrits
sur cette liste lorsqu’ils répondent présents à
l’appel du MJ et ce sont ces joueurs
confirmés qui reçoivent le message de
rappel quelques jours avant la partie avec
les derniers détails. C’est également
l’occasion pour le meneur de valider que
tous les joueurs ont un personnage prêt à
jouer la partie et si ce n’est pas le cas, il
notera sur le document d’organisation ce
qu’il y a à faire sur le personnage : faut il le
créer de toutes pièces ? Faut il le remettre à
jour avec certaines nouveautés ? S'il y a des
choses à faire, quand les fait on ? L’idéal
serait de pouvoir procéder avec le joueur à
distance, par mail ou messagerie
instantanée pour réserver le temps de la
partie au jeu. Bien sur dans le cas d’une
création de personnage pour tout le groupe,
la séance en commun est ce qu’il y a de
mieux ; cf. S’adapter au contexte dans le
chapitre I à ce sujet pour le détail d’une
bonne séance de création de personnages. Si
vous n’avez pas assez de joueurs pour
organiser la partie, l’encadré du chapitre I.
Trouver des joueurs vous donnera des
pistes pour recruter ! Il faut également
décider, face à cette liste de joueurs de ce
qui sera fait si un joueur manque, malgré
votre rappel : une adaptation de scénario ?
C’est ce qu’il faudrait faire autant que
possible, en se posant la question : à partir
de combien de joueurs je ne fais plus jouer
ce que j’avais prévu ?
Le matériel
La suite du document reprend les petits
aspects matériels à prévoir pour la séance,
qui peuvent paraître anodins mais s’ils sont
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 3 ­ L'organisation de la séance
négligés, nuisent à la réussite de la séance…
Imaginez jouer avec 5 personnes en ayant
uniquement 4 chaises !
o Le lieu : le meneur va indiquer quel est le
lieu retenu pour la partie. Le sujet du lieu a
été abordé dans le détail au chapitre I
« Poser les bases d’une campagne réussie ».
En résumé l’endroit doit être adapté, prêt à
recevoir une bande bruyante sur une longue
durée, et propice à accueillir les
équipements que le meneur souhaite
utiliser pour animer la partie (musique,
éclairages…).
o La table : bien qu’il n’y en ait pas
fondamentalement besoin pour jouer,
autour d’une table les joueurs sont tout de
même mieux installés pour pratiquer le
jeu de rôle. C’est plus pratique pour lancer
les dés, poser les feuilles de personnages ou
encore prendre des notes. Le meneur
dispose t’il dans le lieu d’une table
suffisamment grande ? Il faut tenir compte
du nombre de joueurs mais également de la
place prise par le MJ : écran, zone pour
poser livres et notes, ordinateur si besoin…
c’est là où disposer d’un tabouret à côté du
meneur peut s’avérer salutaire pour gagner
de la place et en laisser un peu plus côté
joueurs !
o Les chaises : il en faut bien sur une par
joueur et une pour le meneur… et si le
meneur peut avoir une place
supplémentaire pour poser livres de
référence à côté de lui, ceux qui servent
moins souvent, cela lui dégagera d’autant
plus d’espace derrière l’écran. S’il n’y a pas
assez de chaises chez vous (ce qui peut
arriver en cas de déménagement, ou si vous
avez prévu d’avoir un large groupe de PJs),
il faudra peut être solliciter vos joueurs :
peut­être ont­ils tabourets ou chaises
pliantes et transportables dans leurs
affaires ; cela prend plus de place qu’un set
de dés, mais peut s’avérer tout aussi vital !
o Dés et matériel de jeu : bien sur chaque
joueur devrait ramener ses propres crayons,
dés, brouillons et autres… un meneur avisé
pourrait même leur préciser à l’avance les
65
 Ch 3 ­ L'organisation de la séance
dés nécessaires par rapport au système de
jeu en question. Mais les rôlistes étant ce
qu’ils sont il y en aura toujours un pour
oublier dés ou crayons ou l’ensemble. Le MJ
peut donc prévoir également des dés et
crayons supplémentaires, même s’il gardera
un œil sur ces derniers car la tendance
naturelle veut qu’après avoir joué toute une
séance avec un set de dés, le joueur lambda
ait tendance inconsciemment à les remettre
dans son sac ! De même si le système de jeu
nécessite cartes ou jetons, le meneur doit
également vérifier qu’il les aura avec lui
pour la partie.
o Musique et effets : si le MJ a opté pour
cette option pour mettre de l’ambiance lors
de sa partie, il lui faut vérifier à ce point de
la check­list s'il a prévu tout le nécessaire
pour jouer de la musique en jeu. Va­t­il
utiliser une mini chaîne et est­elle disponible
sur place ? Prend­il son portable avec lui et
a­t­il de quoi le brancher quelque part si la
batterie ne tiendra pas assez longtemps pour
la partie ? Utilisera­t’il un lecteur MP3 relié à
des enceintes ? Les solutions sont multiples,
mais le meneur devra vérifier qu’il dispose
bien du matériel et que le lieu où il va jouer
a les prises de courant nécessaires à
l’installation. Ce n’est pas forcément très
complexe, mais si par exemple il veut
utiliser un ordinateur portable et des
enceintes, cela fait potentiellement 2 prises
de courant, ce qui peut justifier de prendre
un petit adaptateur multiprises. Il faut
également anticiper les sources de musique :
CD ? Clé USB ? Écoute libre depuis un site
type Deezer (ce qui nécessite un accès
Internet, en wifi par exemple) ? Une fois que
tout est prévu, le meneur peut passer au
point suivant de la liste.
o Repas : si la partie dure, il faudra prévoir
un peu de pain de route pour les
aventuriers… Cf. I. Poser les bases d’une
campagne réussie à ce sujet. Les questions
sont de l’ordre de : prévoit on une pause
pour le repas en cours de partie, ce qui est
mieux pour une séance longue ? Ou bien y
aura­t­il des snacks au fur et à mesure, en
66
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
cours de jeu ? Pour les boissons, si des
bouteilles sont partagées, va­t­on les servir
dans des gobelets en plastique, des verres
en cartons, des écuelles en bois ? Une fois le
menu de la partie décidée, et tous les points
de la check­list matérielle abordés, on peut
passer dans la partie plus abstraite de la
préparation.
L’immatériel
La dernière partie du document
d’organisation est consacré à la préparation
des parties imaginaires de la séance : elle
permet de faire le point sur l’avancement de
la préparation du scénario et de définir un
timing.
Le document reprend les documents à créer
à la fois pour le brouillon du scénario (le
minimum en une page) et pour le scénario
au propre (la version plus complète pour
publication par exemple). L’utilité d’avoir
un récapitulatif est de pouvoir mesurer
l’avancement de la préparation en cochant
ce qui est fait et ainsi visualiser ce qui reste à
faire avant d’être prêt à faire jouer le
scénario. Les différents points relatifs à
chaque phase sont détaillés dans les pages
qui viennent.
Tout en bas de la page se trouve un axe sur
lequel le meneur peut venir ébaucher le
planning de la séance. Il y place l’heure à
laquelle les joueurs sont censés arriver,
l’heure prévue de fin et ensuite comment la
séance sera organisée. Il peut donc y placer
ensuite le temps nécessaire à la mise en
route (rappel des règles, mise à jour des
personnages), aux pauses avec ou sans
repas, au débriefing de fin de partie et à la
distribution des points d’expérience. Sur
cette chronologie peuvent également
figurer, une fois cela un peu plus défini
dans le brouillon de scénario, le timing de
chaque grande phase du jeu, de chaque «
acte » si le meneur a opté pour cette
division. Le timing va alors servir de
référence en cours de jeu pour voir où on en
est, et si les choses suivent normalement

leur cours ou s’il faut modifier le rythme.
Ce qu’il faut préparer :
les deux étapes
Après avoir écarté les aspects matériels de
l’organisation de la séance, le meneur va
passer dans la création et la préparation du
scénario. Cette phase peut se décomposer en
deux étapes qui viennent se construire l’un
après l’autre :
o Le brouillon de scénario d’une part, qui
permet au MJ de préparer ses idées, des les
organiser et de prévoir ce dont il aura
besoin en cours de partie. D’une page A4
maximum, ce brouillon, accompagné des
principales annexes liées au scénario suffit,
pour les meneurs pressés ou pour les
scénarios qui seront à usage unique (on
entend par là que le scénario ne sera pas
forcément publié ou transmis mais
uniquement joué avec le groupe par le
meneur qui l’a préparé). Préparer ce
brouillon d’une page doit prendre de 45mn
à 1h, voire moins si le meneur a déjà noté
des idées auparavant.
o Le scénario au propre, qui est une forme
plus développée et plus complète, elle peut
être préparée si le MJ a plus de temps à
consacrer et est quasiment indispensable si
le scénario est destiné à être rejoué ou
diffusé (magazine, convention, internet…).
Cette étape de préparation prend plus de
temps mais donne au final une version
complète « packagée » du scénario.
Ci­dessous est détaillée la structure de
chaque document, le reste de ce chapitre
sera consacré à chaque partie de ces
documents et donnera des conseils
pratiques pour les remplir.
Le format du brouillon
Que doit comporter un bon brouillon de
scénario ? Comment le mettre en forme
pour aller à l’essentiel tout en restant lisible
et pertinent ? L’aide de jeu Brouillon de
scénario fournie en annexe donne une
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 3 ­ Ce qu'il faut préparer : les deux étapes
structure possible dont voici les différents
éléments.
Le premier point est que ce document est
une page A4 uniquement et qu’en tout état
de cause, cela suffit à préparer un brouillon
de scénario. Si vous manquez de place, cela
signifie soit que vous écrivez vraiment très
gros ( !) soit que vous cherchez à en mettre
trop dans la même histoire et qu’il faut alors
être plus synthétique, simplifier la trame, ou
scinder en plusieurs histoires.
Le haut de la page est consacré au
classement et à l’archivage du brouillon : à
gauche le meneur vient rappeler l’univers
ou le nom du jeu et au milieu le titre du
scénario si ce dernier en a un, à défaut un
nom de code. Si le scénario fait partie d’une
campagne, le meneur peut rappeler le nom
de la campagne si elle en a un et le numéro
de chapitre/séance. Par exemple sur une
campagne L’Appel de Cthulhu¸le meneur
va rappeler en haut à gauche le nom du jeu
et au milieu il pourrait écrire Chapitre 5 :
Meurtre à Dunwich pour rappeler le titre et
le numéro de séance du scénario. A noter
que le titre ne sera pas nécessairement
révélé aux PJs avant la séance.
Le tiers supérieur de la page est consacré à
la liste d’idées. Il s’agit de l’endroit où le MJ
va écrire le résultat du brainstorming ou des
idées qu’il a pour ce scénario. Ces idées sont
chacune résumées en quelques mots, et
décrivent les concepts qui apparaîtront dans
le scénario : lieux, situations, personnages,
entités, organisations, intrigues… De 5 à 15
concepts vont être listés à cet endroit et
serviront de matériau de base pour le
scénario.
La deuxième partie de la page va recevoir
l’arborescence du scénario. Les idées de
bases de la liste vont y être assemblées pour
former une structure non linéaire, avec
différentes branches et possibilités, qui
viendront donner de la liberté aux joueurs
en cours de partie. Concevoir le scénario
comme à la base non linéaire est une des
clefs de la réussite d’une bonne partie de jeu
de rôle. Le meneur va résumer dans cette
67
 Ch 3 ­ Ce qu'il faut préparer : les deux étapes
zone les différentes scènes, reliées par des
flèches pour montrer les passages d’un
point à un autre. Cette structure peut être
divisée en actes, comme nous l’expliquerons
un peu plus loin.
Le dernier tiers de la page est consacré à la
liste des annexes : à partir des éléments
qu’il a développé auparavant (les idées et
l’arborescence), le meneur va lister les
éléments supplémentaires dont il aura
besoin en cours d’histoire : plans de lieux,
description/caractéristiques de PNJs, aides
de jeux, photos/dessins d’illustrations, …
L’idée est uniquement à ce niveau de lister
tout ce qui pourrait être utile puis de
déterminer parmi ces annexes lesquelles
seront essentielles au scénario et lesquelles
seront plus accessoires.
L’ensemble tient donc sur une page A4 et
peut être préparé rapidement une fois les
idées définies. Pour utiliser ce brouillon
comme base pour faire jouer le scénario, le
MJ n’a besoin que des annexes essentielles
au scénario (qu’il aura identifié comme
indispensables dans sa liste). Armé de cela,
il pourra animer sa séance.
Rédiger le scénario
L’étape suivante pour les MJs qui veulent
aller plus loin consiste à mettre en forme le
scénario préparé au brouillon afin de le
rendre plus facile à lire et à comprendre
pour quelqu’un d’extérieur. Ce travail est
un peu plus complexe mais nécessaire dans
le cas où l’on souhaite transmettre le
scénario pour un concours, un magazine ou
une publication.
Le format est logiquement plus long, en
général le scénario tiendra sur deux à quatre
feuilles recto / verso (au­delà, pensez à le
scinder ou à le simplifier), hors annexes.
L’aide de jeu Scénario au propre se
décompose en deux pages, la première pour
la première page du scénario, la seconde
pour toutes les suivantes.
Le haut de chaque page rappelle, à gauche
l’univers/jeu sur lequel le scénario est joué.
68
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Au centre (sur la première page) ou à droite
(sur les suivantes) le titre, numéro ou
référence du scénario.
L’ensemble commence par une introduction
pour le meneur. Très utile dans le cas où le
scénario sera transmis à un autre meneur. Il
s’agit de décrire en quelques phrases les
grandes lignes et thématiques du scénario,
ainsi que la tonalité et l’ambiance générale
que le MJ cherchera à créer à sa table au
cours de l’histoire. Même dans le cas où le
scénario ne sera pas transmis à un tiers, il
s’agit d’un bon exercice de synthèse et de
questionnement pour le MJ.
La suite décrit le déroulement du scénario,
en suivant l’arborescence donnée au
brouillon, acte par acte (si le scénario a été
découpé en actes) et de là scène par scène,
où chaque scène correspond à une ou
plusieurs unités de l’arborescence, suivant
le découpage choisi par le meneur. Pour
chaque scène la structure détaillée est la
suivante :
o Numéro/titre de la scène
o Musiques d’ambiance recommandées, si
le meneur joue en musique
o Description préparée pour les joueurs
(en quelques lignes, n’est pas forcément à
lire telle quelle aux joueurs, mais donne
quelques mots sur lesquels s’appuyer)
o Aspects techniques de la scène (jets,
points de règles, seuils de réussite, afin
d’éviter de devoir les chercher en cours de
partie et différentes manières de « résoudre
la scène »)
o Issues possibles et conséquences (renvois
vers les scènes possibles suivantes, en
fonction des choix et résultats du groupe,
possibilités d’évolution de la scène)
Chaque scène est donc préparée, ce qui
donne de bonnes bases au MJ, que les
joueurs décident de se lancer sur une des
branches de l’arbre ou non. Les annexes
listées dans le brouillon viennent compléter
le corps du scénario (plans, descriptions,
caractéristiques, chronologie…). Dans une
mise en page « pro » ces annexes peuvent
être réparties dans des encadrés tout au
 Ch 3 ­ La recherche d'idées

long du texte ou rassemblées en fin de

scénario, sur des pages séparées.

Voilà donc le plan des documents que l’on

peut utiliser pour préparer un scénario.
Dans le reste de ce chapitre, chaque point va
être détaillé pour vous aider à réaliser les
différentes étapes. Les notions sont
abordées de façon exhaustives, n’hésitez pas
à faire le tri et à puiser les idées qui vous
intéressent le plus. N’oubliez jamais de
prendre du plaisir à créer et à écrire, le
plaisir du créateur mêlé à la satisfaction, en
cours de partie, de pouvoir être présent
avec les joueurs sans avoir à se demander ce
qui viendra après, tout en assistant à
l’évolution des personnages dans l’univers
que vous aurez créé.

La recherche d’idées
La toute première étape de la création est
donc, dans la préparation du brouillon, la
recherche d’idées. L’objectif de cette phase
est de remplir la première partie du
brouillon de scénario avec une liste d’idées
qui seront mises en scène au cours de
l’histoire. Si beaucoup d’auteurs ou
d’artistes se font remarquer avec une idée
brillante, nul besoin d’être un génie pour
composer un scénario légendaire dans
l’esprit des joueurs. D’ailleurs quelques
Illustration by Joseph J. Calkins, Copyright Cerberus Illustration 2007.

unes des techniques existant pour favoriser

la créativité sont exposées ci­après. Si on
peut bâtir une histoire complète autour
d’une image forte c’est en général d’une
liste de concepts que viendra une séance
riche et intense.

Les concepts à trouver

Combien d’idées faut­il pour créer une

bonne partie ? Il y a là un équilibre à
trouver : trop d’idées peuvent générer un
scénario fouillis, illisible pour lesjoueurs et
ingérable pour le meneur Trop peu donnent
l’impression d’un manque de préparation et
une session un peu creuse. La bonne

69
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 3 ­ La recherche d'idées
quantité se trouve en général entre cinq et
quinze idées, chacune d’entre elles étant un
concept « élémentaire » se résumant en
moins de deux lignes.
Il convient de distinguer dans cette liste
d’idées :
• Les concepts d’actions, qui indiquent ce
que le groupe peut faire, le genre d’intrigues
auxquelles il va être mêlé ou bien le motif
dominant du scénario. Un exemple pourrait
être : le groupe doit se débarrasser d’un
escadron de la flotte spatiale ennemie en
tendant une embuscade. De une à quatre
idées de ce genre suffisent à générer assez
de situations pour le scénario. Plus d’idées
dans ce domaine montrent qu’il faut
sûrement revoir sa copie et probablement
scinder l’intrigue en plusieurs séances
distinctes.
• Les concepts de description et de décor
qui incluent aussi bien les lieux que les
personnages vont visiter (qu’ils soient dans
le background du jeu ou non) que les
évènements de la story­line du jeu ou de la
campagne qui serviront de toile de fond à
l’intrigue en cours. On pourrait trouver par
exemple comme concept : l’histoire se
déroule à la frontière avec le royaume
ennemi, peu de temps après la signature du
Les différentes sources d’idées
Symbole
Ou thème
Eléments de
background : lieux,
objets…
Liste d’idées
Du scénario
Situation réelle ou
de l’actualité
Historiques et
buts des PJs
70
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
traité de paix. Ces idées servent de décor et
permettent de nourrir le contenu du
scénario et de l’ancrer dans l’univers. Ceux­
ci peuvent être légèrement plus nombreux
que les concepts d’action en général de trois
à sept de ces concepts donnent un scénario
riche en images.
• Les concepts de personnages et d’entités
avec qui le groupe va interagir, avec bien
sûr les antagonistes de l’histoire mais aussi
les alliés ou protagonistes neutres.
Pourraient venir s'y inscrire par exemple en
contemporain : le chef du gang que
recherche le groupe ou bien le flic indic qui
connaît bien le quartier. Leur nombre varie
en fonction du type et de la complexité de
l’intrigue mais en général avoir dans sa liste
entre un à quatre de ces concepts permet
une narration riche en interactions.
Les différentes sources
d’idées
Cela nous donne le contenu d’une bonne
liste d’idées pour effectuer l’écriture d’un
scénario mais une question demeure :
comment et où trouver les constituants de
cette liste ?
Avant de voir les différentes sources
Evolution de la
campagne
Image, dessin,
photo
 Ch 3 ­ La recherche d'idées

possibles de concepts, un « truc » donné par Les chapitres de description de l’univers

des nombreux créateurs, artistes et meneurs
de jeu : les meilleures idées viennent quand
on ne s’y attend pas. Cela pourra être dans
la rue, dans les transports, et en général face
à une situation, une vision ou un thème
relativement inattendu et qui engendrera la
même réaction : « Ça, ça ferait un bon
concept d’histoire ». La différence se fait
alors entre celui qui aura son petit calepin
pour noter l’idée pour son prochain
scénario et celui qui la laissera repartir d’où
elle est venue. Un bon meneur est toujours
sur le qui­vive pour trouver des histoires
et des situations inédites pour son groupe.
Pour venir alimenter la liste d’idées une
première approche consiste à faire un petit
brainstorming en solo ou plus précisément
un « brainwriting » (brainstorming par
écrit) en listant sans se brider les notions et
concepts qui pourraient être inclus dans le
scénario. L'encadré « Les différentes sources
d’idées » ci­dessous résume les différents
endroits où le meneur peut puiser ses idées.
Une première source d’idées réside dans le
background du jeu que vous avez choisi.
regorgent en général d’éléments pouvant
être utilisés pour servir d’idées, que ce soit
en tant que décor (pour les lieux ou les
évènements de la story­line par exemple),
en tant qu’actions (objets ou pouvoirs,
chapitre de règles décrivant telle ou telle
mécanique de jeu) ou en tant qu’entités
(personnages majeurs de l’univers, groupe
d’influence…).
Les concepts retenus peuvent aussi bien
être décrits dans le détail dans le matériel
de jeu, ce qui est une solution plus simple
pour les premiers scénarios car le travail est
déjà pré­mâché, alors qu’à l’inverse une
évocation d’à peine une ou deux lignes peut
apporter un élément intéressant mais qu’il
faudra prendre le temps de développer un
peu. C'est dans la partie « annexes du
scénario » (cf. plus bas), par exemple que le
meneur peut être amené à détailler le plan
d’un lieu évoqué rapidement dans le
chapitre d’univers. Feuilleter le livre et ses
différents chapitres est une excellente
manière de lister ainsi des concepts
pouvant être mis en scène dans les
différentes histoires.

Huit idées de thèmes de scénarios

Dans ce petit exercice visant à stimuler votre créativité autour d’un thème donné, l’objectif est
de trouver pour chacun des thèmes ci­dessous (par ordre de difficulté croissante du plus concret
au plus abstrait) une idée ou un concept pour un scénario dans votre univers, se résumant en 20
mots maximum. Ce remue­méninges non seulement vous montrera comment créer une histoire
à partir d’un thème mais en plus vous donnera peut être quelques pistes pour vos prochaines
séances ! Pour corser l’exercice, libre à vous de le chronométrer ou non et de nous faire parvenir
vos listes d’idées et vos temps pour une publication des meilleurs sur notre site web !
1. L’eau : 5. La dépendance :
_____________________________ _____________________________
2. Les métaux précieux : 6. La revanche :
_____________________________ _____________________________
3. Le transport de marchandises : 7. Le mysticisme :
_____________________________ _____________________________
4. Les cartes géographiques : 8. L’amitié :
_____________________________ _____________________________

71
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 3 ­ La recherche d'idées
Pour ceux qui ont une créativité plus
visuelle, une autre source d’inspiration
possible ce sont les illustrations que vous
pouvez voir autour de vous. Cela inclut
donc à la fois les visuels du jeu, des livres,
de l’écran, mais aussi les photos et images
sans rapport avec l’univers de jeu, qui
peuvent être vus dans un magazine ou sur
le net. Les art­books d’illustrateurs sont en
général d’excellentes références, à choisir
dans la mesure du possible en rapport avec
le style d’univers joué (fantasy, horreur,
science­fiction sont les grandes familles de
livres de dessins que l’on peut trouver).
Face à une image on peut donc se creuser la
tête : comment les personnages ont­ils fait
pour arriver à cette situation ? Quel type
d’histoire peut mener à ce dénouement ?
Dans quelle partie de l’univers peut­on voir
ce genre de paysages ? En cours de jeu, le
groupe ne reproduira probablement pas
l’image telle quelle mais à ce stade tout ce
qui compte c’est de trouver l’inspiration
pour préparer une séance.
Pour les jeux en campagne, une source
évidente d’inspiration pour la séance en
cours est l’évolution de l’intrigue générale
en fonction des séances précédentes et la
nouvelle phase que l’on souhaite aborder
dans ce scénario. Par exemple, si dans les
épisodes précédents vos personnages ont
anéanti l’un des trois manipulateurs à la tête
du complot qu’ils essaient de démanteler
dans le fil conducteur de votre série, on peut
imaginer que la prochaine session mettra en
scène par exemple la recherche d’un
nouveau partenaire par les deux survivants.
La liste des idées de votre séance va donc
inclure les fils d’intrigues de votre trame de
campagne, qu’ils soient principaux ou
secondaires (cf. II. « le phasage de la
campagne » et V. « l’évolution de la
campagne ») et ces derniers viendront en
général alimenter les concepts d’action de
votre scénario.
Dans le même ordre d’idée, et cela peut
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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
parfois se rapprocher des fils d’intrigues
précédemment évoqués, le background,
l’historique et les buts profonds des
personnages joueurs peuvent compléter la
liste d’idées pour votre scénario. Plutôt que
d’imposer un but par la force au groupe,
pourquoi ne pas intégrer dès la création de
l’histoire le fait que les héros ont également
leurs objectifs, individuels ou collectifs et
qu’ils vont essayer pendant la partie de les
atteindre.
Dès la création des personnages, le meneur
de jeu doit donc conserver, soit en tête, soit
en faisant une liste par personnage, des
possibilités d’intrigues inhérentes au passé
de chacun des personnages. L’un ou l’autre
de ces fils d’histoire peut être intégré au
scénario à venir pour donner une chance de
creuser un peu plus l’une de ces voies.
Cela peut être introduit comme un concept
d’intrigue principale du scénario en cours
(l’un des ennemis personnels du PJ a décidé
de passer à l’action directe et cela affecte
l’ensemble du groupe) ou être utilisé comme
une contrainte supplémentaire avec laquelle
les joueurs doivent compter (un évènement
de la vie personnelle du héros qui tombe en
coïncidence avec un autre fait important de
la campagne). On peut même imaginer que
le personnage doit utiliser son historique
pour avancer dans l’intrigue (faire appel à
un vieil ami comme contact, ce dernier
resurgissant et demandant une faveur par
exemple).
L’avantage de l’utilisation de l’historique
des personnages comme concepts
d’intrigues est évident : une plus forte
implication du personnage en question, qui
a alors l’occasion de développer son
historique, son passé. Un bon meneur saura
à ce niveau laisser un peu de liberté au
joueur, en lui laissant par exemple faire lui­
même la description d’un lieu typique du
personnage, ou d’un contact particulier, afin
que ce dernier se l’approprie complètement.
On peut même en profiter pour jouer un
flashback et détailler le passé du
personnage. Cela fonctionne encore mieux
 Ch 3 ­ La recherche d'idées

La technique de l’entrée aléatoire

Si vous manquez de concepts pour votre liste d’idées ou si, malgré les pistes présentées ci­
dessus, vous êtes toujours face à la page blanche, voici une autre technique pour stimuler votre
créativité : l’entrée aléatoire. Elle peut être faite classiquement avec un dictionnaire ou dans une
bibliothèque (face à des titres de livres) ou d’une manière plus stylisée avec nos cartes de
concepts (dans les documents joints). Les étapes sont les suivantes :
1. Sélectionnez une page au hasard du dictionnaire ou d'un livre ou piochez une carte de
concepts.
2. Sur la page sélectionnez aléatoirement un mot, sélectionnez un mot d’un titre de livre ou lisez
le mot inscrit sur la carte de concept. De préférence il vaut mieux choisir un mot représentant
quelque chose de concret plutôt qu’abstrait. Si le mot ne convient pas à l’univers en sélectionner
un autre aléatoirement.
3. Inscrivez le mot sur une feuille blanche et de ce mot tracez des flèches en écrivant au bas de
chaque sens et éventuellement un synonyme de ce mot
4. Pour chacun des sens du mot, travaillez par association directe en écrivant autant de mots et
de concepts possibles en vous posant la question « À quoi ce mot me fait­il penser ? »
5. Au milieu des idées ainsi générées, sélectionnez celle qui vous plaît le plus pour l’ajouter à
votre liste pour le scénario en cours
6. Répétez avec un autre mot aléatoire autant de fois que nécessaire !

avec un héros dont l’histoire n’avait pas été
développée auparavant car cela donne
justement l’opportunité de le faire et
d’approfondir un rôle qui manquait
jusqu’alors de relief.
Le piège à éviter au niveau de l’utilisation
d’une telle intrigue est de se focaliser
uniquement sur le personnage dont
l’historique est en jeu en oubliant les autres.
Pour anticiper cela plusieurs voies sont
possibles : soit le meneur s’assurera que les
autres personnages trouvent aussi leur
compte en remplissant l’objectif du scénario,
soit ils disposent d’un objectif différent et
intéressant pour eux dans la même séance
(ce concept tiré d’une intrigue n’est qu’une
idée parmi d’autres dans la liste).
Enfin au fil de la campagne, un bon meneur
saura garder une trace des personnages
impliqués et aura soin d’alterner les «focus»
et intrigues particulières à chacun : le
personnage A dans un scénario, quelques
histoires après c’est le personnage B qui a
une intrigue en jeu et ainsi de suite. Un outil
tel que le suivi des intrigues du groupe
(dans notre cahier d’annexes) peut être
utilisé à cette fin.
Un symbole ou un thème particulier
peuvent devenir l’un des ressorts de votre
histoire, qu’il soit concret ou plus abstrait.
Cela pousse en général à plus de réflexion
car il faut traduire le concept en situation de
jeu, ce qui amène parfois à des scénarios
plus profonds ou plus dramatiques. Ce
genre de concept se marie assez bien avec
les univers sombres et à secrets.
Comment traduiriez­vous en intrigue, dans
votre univers, la cupidité ? Comment feriez­
vous une histoire autour de la symbolique
du voyage ? Du voyage maritime ? Pour un
petit exercice pratique, cf. Huit idées de
thème de scénario qui stimulera votre
créativité.
Enfin, comme évoqué précédemment nos
vies et notre quotidien, bien qu’ils soient en
général bien moins surnaturels et épiques
que nos campagnes, sont des sources
inépuisables d’idées et de situations de jeu
pour qui sait les appréhender. L’actualité est
aussi une mine de concepts et de notions qui
peuvent être retranscrits et remaniés à la

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 3 ­ La recherche d'idées

sauce des univers de jeu de rôle. Un journal
ou une revue de presse internet peuvent
apporter leur lot de possibilités.
Cependant pour éviter de donner la source
d’inspiration de manière trop évidente au
groupe, mieux vaut en général puiser son
inspiration un ou deux mois avant le
scénario, le temps que les actualités soient
passées à autre chose et que les faits réels ne
soient pas dans l’esprit de tous les joueurs
lors de la partie.
En effet, si pour les univers médiévaux
fantastiques, il y aura une transposition
plutôt éloignée et imagée du sujet, les
univers contemporains ou futuristes seront
toujours plus proches de la réalité et il
faudra tout de même un peu de travail pour
donner une version relue des faits qui
rendra le scénario intéressant sans pour
autant que le groupe ait un sentiment de
déjà vu.
Les sources ci­dessus viennent donc
alimenter le brainwriting du meneur de jeu
pour lister de cinq à quinze concepts pour le
brouillon du scénario. Une fois la liste
concoctée à chaud, sans relecture, il est
temps de l’analyser dans le détail pour
supprimer les redites, éliminer les concepts
qui ne fonctionneraient pas ensemble et
faire le tri. La créativité est une bonne chose
mais une fois organisée, elle est encore plus
efficace !
Le tri est nécessaire pour éliminer les
concepts qui n’ont pas leur place dans le
scénario en cours (et éventuellement les
garder pour plus tard) et épurer les idées
afin de garder un scénario cohérent. Le
produit final de cette phase est donc une
liste d’idées et de concepts qui vient en tête
du brouillon de scénario et permet déjà
d’avoir un a priori sur le scénario qui va être
joué mais qui ne commencera à prendre
forme qu’en définissant l’enchaînement de
ces idées entre elles, l’étape suivante.

Exemple d’utilisation de l’entrée aléatoire

Préparant un scénario pour une séance de jeu avec son groupe dans un univers futuriste, notre
meneur de jeu, appelons­le Arnaud, est à la recherche de concepts pour sa liste d’idées.
1. Ouvrant le dictionnaire il choisit une page aléatoire : la page 1068 du « Micro Robert »
2. Il choisit le mot « Rayonnement » sur la page, au hasard
3. À partir de ce mot, il commence à détailler les différents sens de ce mot :
Rayonnement

Action de rayonner Expansion en parlant d’une doctrine

4. Il développe ensuite chacun de ces sens :

­Un scientifique a trouvé un nouveau moyen de ­Un groupe utilise la découverte pour étendre
canaliser les rayons solaires son influence
­Un nouveau rayon est utilisé par un gang ­Une personnalité fait un coup d’éclat pour se
­Une illusion d’optique donne à une faire connaître
personnalité une ampleur qu’elle ne possède ­Les personnages sont en charge de cette
pas. mission et de faire ce coup d’éclat
5. Arnaud sélectionne le ou les concepts qu'il préfère et les ajoute à sa liste d’idées
« ­Un scientifique scientifiqe a fait une nouvelle découverte sur la manière de canaliser les
rayons du soleil. »
« ­Un groupuscule souhaite faire la main basse sur cette découverte pour gagner en pouvoir. »
6. Pour continuer, il choisit un autre mot aléatoire, « Enchère » à une autre page du dictionnaire
et vient inscrire en suivant le même principe un concept en plus pour la liste d’idées
« ­Le scientifique veut vendre le brevet au plus offrant. »

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)

Ouvrir l’éventail des
possibles :
l’arborescence
Dans les romans, les films, les séries,
l’intrigue est la plupart du temps linéaire :
les personnages et héros vont du début de
l’histoire à la fin, suivant le chemin qui a été
défini par le scénariste. Il en est de même
dans un scénario de jeu de rôle linéaire : les
joueurs n’ont qu’une seule issue ne peuvent
suivre qu’un seul chemin sans avoir de
chance d’en dévier. Si cela peut être adapté
pour des initiations ou des débutants, qui
trouveront là une facilité de jeu pratique
pour leurs débuts, cela risque de frustrer des
joueurs plus aguerris. La 2ème étape du
brouillon de scénario consiste à élaborer, à
partir de la liste d’idées remplie
précédemment, un scénario non linéaire.
Cela passe la plupart du temps par une
arborescence.
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 3 ­ Ouvrir l'éventail des possibles : l'arborescence
L’arborescence est un diagramme qui
viendra trouver sa place sur le brouillon de
scénario où au lieu d’écrire des lignes de
texte, le meneur va organiser différentes
scènes suivant un schéma, avec des flèches
indiquant les liens entre les divers moments
du scénarios, qui symbolisent les chemins
pouvant être pris par le groupe au cours du
jeu. Les idées vont venir alimenter les
scènes et constituer la matière des
différentes branches de l’arbre du scénario.
Si la première phase du brouillon consiste
à rechercher des idées sans chercher à les
ordonner, c’est ici qu’on va assembler ces
différents concepts en un tout cohérent.
Le meneur qui veut créer un scénario non
linéaire doit, d’entrée de jeu, considérer
qu’il ne va pas concevoir une histoire mais
plusieurs histoires, plusieurs voies possibles
de déroulement de la séance. Comment
écrire cette arborescence et réaliser cet
agencement ?
75
 Ch 3 ­ Ouvrir l'éventail des possibles : l'arborescence

La méthode ascendante Par exemple : dans un scénario de space

Une manière de procéder utilisée par
certains meneurs est de partir de la fin du
scénario. Comme dans le cas de la
campagne (cf. II. Créer la campagne), il
s’agit de se représenter et de visualiser la fin
possible du scénario. Comment le scénario
pourrait il se terminer ? Quelle scène
viendrait clôturer votre histoire ? Le
conditionnel est très important, car dans un
scénario encore plus que dans une
campagne, la probabilité de ne pas arriver à
ce qui était prévu est significative.
En partant de cette scène finale, le MJ va se
poser les questions suivantes : comment les
joueurs peuvent arriver à cette scène ?
Quelle serait la scène précédente ? D’où
peuvent ils partir ? Le meneur va donc
pouvoir imaginer la scène immédiatement
précédent et tracer sur son arbre la scène
finale, une flèche se dirigeant vers cette
dernière et à l’origine la scène imaginée qui
viendrait juste avant.
opéra, où l’intrigue consiste en un sabotage
par les personnages d’une base spatiale. Le
meneur imagine une scène finale à un
rythme effréné où les personnages doivent
fuir à toute vitesse le vaisseau avant que
leur bombe n’explose. Il appelle cette scène
« Fuite contre la montre » et écrit cela à
droite (à la fin) de la zone arborescence du
brouillon de scénario. A partir de ce final :
comment les personnages peuvent en
arriver là ? Une solution possible consiste à
ce que les personnages soient en train de
poser une bombe dans l’alimentation
centrale de la base. Une scène précédente
possible serait donc « L’alimentation
centrale » où les personnages s’infiltrent et
posent la bombe dans la zone la plus
protégée de la base ennemie. Le meneur
trace donc le schéma indiqué ci­dessous
pour commencer son arborescence.
Ensuite en reprenant la dernière scène
imaginée, le meneur va à nouveau se poser

Votre scénario arborescent

En vous inspirant de l’exemple détaillé ci­dessus, à vous maintenant de préparer votre structure
arborescente. Imaginez être le meneur de jeu sur un univers d’horreur, ambiance années 20 de
type L’Appel de Cthulhu. Voici la liste d’idées qui vous servira de matière première :
o Ambiance horreur
o L’intrigue tourne autour d’un asile de déments
o Il ne fait pas bon traîner dans les couloirs la nuit, les fous semblent subir des crises
importantes, avec cris et hurlements
o Un homme qui était à l’asile (personnel ou patient) a disparu
o La folie amène plus de lucidité que la simple raison
o Les fous sont les seuls à pouvoir voir une chose immonde, qui peut prendre possession d’eux
o Les personnages peuvent se retrouver également enfermés dans une cellule, pensant être à
l’abri mais être en réalité soit avec un fou, soit avec pire !
o Les traitements infligés au patient sont parfois forts, avec électrochocs pour les plus
récalcitrants
o Certains patients, extra­lucides, sont capables de dessiner la bête, voire de pouvoir accéder à
un autre monde dans leur folie
A partir de toutou partie de ces idées, développez une structure arborescente de scénario, soit à
partir de la méthode en trois actes, soit à partir d’une autre méthode. Vous pouvez bien sur
ajouter des concepts supplémentaires à cette liste.

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)

la question : comment les joueurs peuvent y
parvenir ? Et ainsi de suite jusqu’à la
situation initiale du scénario, remplissant
ainsi de droite à gauche l’arborescence de
l’histoire. Ceci n’est que la première partie
du processus : en effet le MJ dispose pour
l’instant d’un scénario linéaire où il n’y a
qu’un seul axe de progression.
Pour arriver à un arbre avec plusieurs
branches, le meneur va alors reprendre son
schéma dans le sens inverse : l’ordre
chronologique de l’histoire, de la gauche
vers la droite, de la première scène à la
dernière scène. L’exercice consiste ensuite à
considérer chaque scène séparément et à se
demander quelles sont les autres issues
possibles pour cette scène, comment les
choses pourraient tourner différemment si
les joueurs décident d’opter pour une autre
stratégie, ou bien si ils échouent là où ils
auraient du réussir, quels sont les impacts
sur le scénario et quelle nouvelle histoire
cela peut créer. A partir de ce
questionnement, le meneur va alors
compléter son arborescence avec des
branches supplémentaires, qui peuvent ou
non venir se raccrocher à la voie
initialement définie ou bien constituer un
tout nouveau pan de l’histoire,
éventuellement jusqu’à la fin du scénario.
Les différentes pistes du scénario sont
donc développées de la sorte et ouvrent
plusieurs voies possibles au groupe.
Cette technique vient à contre­pied des
méthodes plus traditionnelles. Elle est un
peu difficile à mettre en œuvre, de par le
raisonnement « inversé » qu’il faut avoir,
mais peut amener à la création d’une
structure d’histoire différente de la normale.
Le modèle en trois actes, plus classique est
beaucoup plus efficace et simple à mettre en
œuvre.
La méthode en trois actes
Structure qui existe depuis l’Antiquité pour
raconter des histoires, les trois actes sont une
méthode éprouvée afin de bâtir une histoire
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 3 ­ Ouvrir l'éventail des possibles : l'arborescence
facilement et logiquement. L’histoire que
l’on veut raconter est décomposée en trois
morceaux : implication, complication,
explication. Le meneur sait où en sont les
personnages au début du scénario et se
représente ce que la fin du scénario devrait
être. Cette visualisation lui permet de savoir
où il va mais attention, ce n’est qu’une fin
possible parmi de multiples. A partir de cet
axe principal (où les personnages sont et où
ils vont probablement aller), le meneur va
décomposer son histoire en trois temps (il
sera consacré un article à chacun en fin de ce
chapitre).
Le premier est l’implication. Cet acte initial
explique comment les personnages
deviennent intéressés et immergés dans
l’histoire que l’on va raconter. Un scénario
sans implication est voué à l’échec car les
joueurs, jouant leurs personnages,
n’auraient aucune raison logique de
s’intéresser à ce qui se passe dans le jeu.
Attention à ne pas faire durer cette partie
trop longtemps, sous peine d’avoir une
séance perçue comme manquant de rythme
ou traînant en longueur. Certains scénarios
font complètement sauter cette phase,
commençant l’histoire directement à la fin
du premier acte et au démarrage de l’action.
L’implication est alors expliquée hors jeu ou
en flash­back rapide. Cela fonctionne très
bien, fait sortir les personnages d’une
structure classique et prévisible et permet
d’aller plus vite à l’essentiel de l’histoire.
Le second acte est la complication. Dans
cette phase, les personnages, impliqués dans
l’histoire à la suite de l’acte précédent,
affrontent différents obstacles et
challenges pour résoudre le scénario. Il
s’agit du cœur du scénario, que l’on parle
d’aventure, d’exploration, d’enquête ou de
n’importe quel autre style de jeu, c’est la
partie où les joueurs essaient de comprendre
ce qui se passe, avec des défis de plus en
plus difficiles à relever qui préparent le final
du scénario.
Le dernier acte est l’explication où les
personnages comprennent les éléments qui
77
 Ch 3 ­ Ouvrir l'éventail des possibles : l'arborescence

Une arborescence sans acte

Il est tout à fait possible de concevoir un scénario arborescent sans le raccrocher à une structure en
3 actes. C’est notamment souvent le cas des scénarios d’enquête où les personnages peuvent
explorer de nombreux lieux, rencontrer de nombreux témoins dans l’ordre qu’ils souhaitent, voire
parfois doivent faire des allers venues entre différentes personnes afin de recouper les données. La
structure est alors moins orientée « histoire » et plus sur l’univers : on se rapproche du scénario dit
univers (cf. l’encadré à ce sujet). Par exemple un scénario d’investigation pourrait avoir la structure
suivante, avec plus de possibilités que dans une structure classique en actes :

manquent et se dirigent vers le final. A l’arborescence propre à un acte. Cette fois­ci

noter (cf. dans le II. « Commencer avec la
fin en tête ») que ce final n’est pas
nécessairement une scène d’action ou de
combat. Il peut s’agir d’une scène de
roleplay, d’influence, de la résolution d’une
énigme ou de l’accusation lors d’une
enquête… Surprendre les joueurs avec une
fin qui change du simple boss de fin de
niveau est à faire une fois de temps en
temps. A la fin du dernier acte, le scénario
est résolu et les personnages se dirigent
vers la suite, éventuellement avec un
cliffhanger (ce point sera abordé un peu
plus loin).
Comment préparer l’arborescence en
utilisant cette division en trois actes ? Le MJ
va diviser la zone sur le brouillon en 3
lignes, qui viendront chacune recevoir
le meneur travaille dans l’ordre
chronologique du scénario. En commençant
par la scène d’ouverture, il va écrire un titre
pour cette scène dans son arborescence sur
la première ligne (celle de l’acte I) et ensuite
de là explorer les différentes possibilités
d’action :
o Depuis cette scène, qu’est ce que mon
groupe de personnages peut faire ensuite ?
o Que se passe­t­il si les joueurs décident de
prendre une autre voie ? S’ils ratent un jet,
un indice, une piste ?
o Comment le groupe va­t­il réagir à la
situation et quelles solutions sont­ils à
même de pouvoir trouver ?
o Quelles sont les possibilités de suite de
l’histoire depuis cette scène ?
Le MJ dessine les branches ainsi trouvées

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)

qui amènent vers d’autres scènes et ainsi
de suite jusqu’à la fin de l’acte. Cette
dernière ne signifie pas forcément que les
personnages doivent revenir à un chemin
unique ! Il se peut très bien qu’un acte ait
deux voire trois ou quatre fins possibles et à
chaque fois le groupe sera dans une position
différente pour entamer l’acte suivant. Par
exemple dans un jeu de rôle historique se
déroulant à la Révolution Française, les
personnages peuvent finir le premier acte
(mettant en scène une marche contre les
armées du roi) soit libres et ayant échappé
aux soldats de la Monarchie, soit
prisonniers et contraints de trouver une
solution pour s’évader. Dans un cas ils sont
dans une position bien plus confortable que
dans l’autre, et cela ne sera fonction que de
leurs idées et leurs succès pour échapper
aux soldats dans le premier acte.
Les limites de la méthode
La technique de l’arborescence n’est pas
meilleure qu’une autre pour la création
d’un scénario non linéaire mais présente
comme avantage son côté systématique et
facile à reproduire d’une histoire sur
l’autre, tout en permettant des scénarios
divers qui laissent le choix aux joueurs
dans la manière de les résoudre.
Elle a cependant ses limites et il est
important de bien les garder à l’esprit. Tout
d’abord, en comparaison avec un scénario
linéaire, cela demande un peu plus de
préparation au meneur de jeu : il doit
penser et imaginer diverses branches qui
pourraient très bien ne pas être utilisées en
cours de jeu. Inutile d’être frustré à ce sujet :
les fausses pistes du scénario d’aujourd’hui
peuvent très bien devenir les éléments
moteurs des scénarios suivants et être ainsi
réutilisés. En création de scénario, rien ne
se perd, tout se créé !
Un autre inconvénient est qu’on ne pourra
jamais prévoir tout ce que les joueurs feront.
Si on a prévu depuis la scène A d’aller vers
B ou C, il y a de fortes chances pour que le
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 3 ­ Ouvrir l'éventail des possibles : l'arborescence
groupe se décide pour une option D ou E
non prévue. Comment s’en sortir dans ce
cas ? Il y a 3 solutions :
o Soit on peut ramener le groupe, en
intercalant une ou plusieurs scènes
intermédiaires improvisées vers une des
branches initialement prévues, ce qui est un
peu dirigiste mais les personnages peuvent
au passage trouver des informations ou
avantages supplémentaires à ce qu’ils
auraient eu par la voie normale.
o Soit le meneur peut combiner et
reprendre des éléments des voies préparées
pour concevoir une nouvelle branche qui
mixe les éléments de plusieurs solutions
anticipées. Cela nécessite un peu de
créativité de la part du meneur mais permet
de s’appuyer sur de l’existant tout en
rebondissant sur une idée des joueurs.
o Soit, si le MJ est très à l’aise avec l’univers,
il peut improviser complètement une
nouvelle branche, en utilisant le matériel de
l’univers comme base et aide (utilisation de
pré­tirés ou de rencontres décrites dans le
livre si besoin).
Enfin le reproche que l’on peut faire à cette
méthode est, tout de même, son manque de
liberté. On se retrouve dans une histoire à
plusieurs branches, mais où chaque branche
ou sous­branche est en elle­même linéaire.
Le choix offert aux joueurs reste défini par
un nombre de branches fixe et n’offre pas
une liberté « totale » aux joueurs. Pour un
autre modèle possible cf. l’encadré « Le
scénario Univers ».
79
 Ch 3 ­ Ouvrir l'éventail des possibles : l'arborescence

Que contient une arborescence ?

Quelles sont les structures que l’on va voir apparaître dans une arborescence ? En voici quelques
unes :

o La branche unique

On se situe là sur une portion linéaire de l’intrigue qui est parfois nécessaire dans un scénario. C’est
notamment le cas de l’implication des personnages, où une mission est confiée au groupe et les
personnages se rendent ensuite sur la première scène d’où démarre l’intrigue. Sur ces portions, on
peut tout de même anticiper quelques variantes, pour mettre en valeur de certaines actions des
joueurs. Que se passe t’il par exemple, dans le cas du commanditaire, si les personnages négocient
une meilleure récompense ? Peuvent ils obtenir plus d’indices de matériel ou d’aide de sa part s'ils
savent se montrer empathiques ? Et si les personnages se désintéressent complètement de la mission
proposée, l’histoire va­t­elle les rattraper ou bien est ce qu’une autre piste leur sera présentée ?
Même les moments en apparence linéaires peuvent amener des micro­ramifications, qui ne
nécessitent pas forcément de figurer dans l’arborescence finale mais sur lesquelles le MJ devrait se
poser quelques questions.

o L’embranchement

Cœur même du principe de l’arborescence, certaines scènes offriront donc au moins deux possibilités
de continuer l’histoire, si ce n’est plus. Le choix peut provenir soit d’une décision consciente du
groupe : « Nous allons suivre la piste de la méga corporation A plutôt que d’enquêter sur la B. » soit
du résultat de la scène immédiatement précédente : « Comme nous n’avons pas réussi à arrêter la
voiture des ravisseurs, il va falloir la traquer autour de la ville. ».

o Les voies parallèles :

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 Ch 3 ­ Ouvrir l'éventail des possibles : l'arborescence

Suite à un embranchement, les personnages peuvent progresser sur 2 chemins parallèles. Il se peut par
exemple qu’une voie soit plus facile qu’une autre ou que l’une apporte un avantage au groupe pour la
suite de l’aventure alors que l’autre laisse les personnages sans rien de plus pour le reste de l’histoire.
Il se peut également que l’un des voies soit une digression de l’intrigue principale ou une branche
morte.

o La branche morte

Encore appelée fausse piste, il s’agit d’une impasse : les personnages se lancent depuis
l’embranchement et découvrent au final que cette partie de l’intrigue n’a rien à voir avec l’histoire
qui les intéresse. Utile pour complexifier un scénario un peu trop simple, la fausse piste ne devrait
pas être utilisée systématiquement dans chaque histoire, sous risque de voir les joueurs en voir
partout et de les sentir venir.

o Le nœud

Les branches qui se sont séparées se rejoignent parfois autour d’un nœud qui constitue un temps fort
et un passage quasi obligé du scénario. Ces scènes devraient être préparées avec plus d’attention car la
probabilité est plus grande qu’elles soient jouées en cours de partie. Attention, car à nouveau cela
n’implique pas la certitude que les joueurs passeront par là. Si votre groupe ne passe pas par ce nœud,
comment pourriez vous adapter l’histoire aux actions des PJs et en garder la cohérence ?

o La digression

Il s’agit d’une scène qui vient en marge de l’intrigue et qui peut avoir plusieurs fonctions : étoffer
l’histoire en rajoutant un détail, apporter ce que l’on pourrait imaginer être un début de seconde piste
pour rejoindre l’intrigue principale, donner un indice ou une ressource supplémentaire à un joueur
qui a décrit une action pertinente ou eu une bonne idée dans la scène immédiatement avant. Ce peut
également être un obstacle supplémentaire ou un péril en plus si les personnages ont échoué
auparavant.

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 Ch 3 ­ Ouvrir l'éventail des possibles : l'arborescence

Le scénario Univers

Il s’agit d’une autre manière de concevoir un scénario non linéaire, ce qui est en général appelé le
scénario contextuel ou le scénario univers. L’approche arborescente est une approche orientée «
Histoire » qui tend à mettre en scène le jeu de rôle comme une succession de séquences, à l’instar
d’un film ou d’une série télé. L’autre possibilité consiste à avoir une approche orientée « Univers ».
Dans cette optique, le jeu de rôle se rapproche un peu plus du MMORPG, avec bien sûr nettement
plus de roleplay et d’interactions que dans n’importe quel jeu en ligne. L’avantage est d’apporter
encore plus de liberté au groupe : il n’est pas obligé de suivre quelque chemin que ce soit et décide
uniquement des endroits qu’il veut explorer dans l’univers. L’inconvénient est qu’il nécessite encore
plus de préparation de la part du MJ et/ou une connaissance approfondie de l’univers dans lequel il
va faire jouer. Il y a de plus une nécessité de s’assurer de l’implication des personnages qui doit être
encore plus importante que dans une histoire classique.
Dans le scénario Univers, les scènes ne sont en général pas écrites d’avance. Le Meneur de Jeu a
défini sa zone de jeu dans l’Univers, y a placé ses PNJs, avec leurs intrigues et secrets, les objets et
factions, puis il laisse ensuite le champ libre au groupe pour évoluer à sa guise dans le décor en
place en faisant réagir l’Univers (et donc le scénario) aux actions des PJs.
Comment préparer un scénario univers :
o Il faut définir une zone de jeu dans l’Univers considéré.
o Dans cette zone, le meneur va définir les points d’intérêt (lieux), avec pour chaque lieu les PNJs
qui les habitent (description, caractéristiques, et surtout leurs motivations), un plan et
éventuellement les objets ou spécificités de ces lieux.
o Une fois ces aspérités décrites, le MJ va axer son scénario autour d’une chronologie d’évènements
qui découle de l’interaction des PNJs entre eux, en fonction de leur motivation et en l’absence des
personnages. Par exemple, si dans un univers post apocalyptique une tribu a comme motivation de
se lancer à la conquête de toutes celles autour d’elle, la chronologie mettra en scène logiquement les
actions menées par cette faction pour arriver à ses fins : mise au point du plan, récupération
d’armements, premières batailles, consolidations, résistance des tribus adverses qui essaient de se
réunir, affrontement final. La chronologie décrit ce qui va se passer en l’absence des PJs et les
différents évènements de cette dernière viendront rythmer la campagne et imposer des deadlines au
groupe.
o Le meneur va enfin définir des points d’attaques des différentes intrigues : les personnages
doivent avoir l’occasion d’entendre parler de plusieurs pistes possibles et être en mesure de là de
décider d’explorer l’une ou l’autre d’entre elles.
Le scénario consiste donc à amener des débuts d’intrigues au groupe et à laisser les PJs décider de ce
qu’ils vont faire. Leurs actions vont ensuite influencer logiquement la chronologie qui va se
modifier, tout comme les motivations des PNJs, en fonction des succès ou échecs du groupe. La
difficulté pour le MJ (et par extension le génie de ce style de scénario) réside dans la
préparation/connaissance requise et dans la faculté à faire réagir tout l’Univers comme un seul
personnageaux actions des joueurs.
Attention à bien s’assurer dans cette conception de scénario que :
o Les intrigues possibles seront présentées clairement au groupe, afin d’éviter que ce dernier n’erre
sans but et sans réellement savoir ce qu’il y a « à faire ».
o La chronologie laisse une place au groupe et à leurs actions : si les personnages des héros n’ont
rien d’autre à faire que de voir les évènements se dérouler sous leurs yeux ou d’attendre que les
méchants se montrent, ils risquent de tourner en rond ou de trouver le scénario sans intérêt.

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 3 ­ Ouvrir l'éventail des possibles : l'arborescence

Un exemple d’écriture d’un scénario arborescent

Pour cet exemple, nous allons reprendre la campagne se déroulant dans l’Angleterre Victorienne
fantastique, où les personnages doivent déjouer les agissements d’un savant fou. Pour le prochain
scénario, le MJ doit introduire un nouveau PJ, le joueur ayant décidé de jouer un adepte de la
Sorcellerie. L’histoire mettra donc en scène une intrigue que mènera le groupe avec et autour de ce
nouveau personnage. La liste d’idées que le meneur a obtenu au brouillon est la suivante :
o Société secrète des Rosicruciens, dirigée jadis par John Dee, qui s'est perpétuée à travers les siècles,
o Le grand père du nouveau PJ tombe malade et se meurt, il était sorcier également,
o Le petit fils PJ découvre la clef de ses pouvoirs,
o Secrets cachés dans les livres,
o Saison hivernale, lieu isolé par la neige,
o Un ancien élève du vieillard a été corrompu et est maléfique désormais,
o L’enjeu tourne autour d’un ancien livre, qui contient des secrets puissants et dangereux,
o D’étranges allées et venues sur la propriété,
o Quête en parallèle pour récupérer le livre aux secrets.
A partir de cette liste, le meneur va élaborer une arborescence en utilisant la méthode des trois actes.
Il visualise une fin possible pour son scénario : le groupe et le nouveau sorcier confrontent l’ancien
élève, qui menace d’achever le vieillard si ces derniers ne lui remettent pas le livre. La situation peut
tourner en combat ou céder s'ils se laissent aller au chantage. Dans cette scène, le grand père peut se
sacrifier, héroïquement. Le dernier et troisième acte consisterait donc en la découverte de ce que
cherche vraiment ce sorcier et la confrontation. Le premier acte exposerait la situation, avec l’arrivée
au château et la rencontre avec les différents protagonistes de l’histoire. Le cœur de l’histoire serait
une enquête, à la fois au château et dans les alentours, pour comprendre l’origine de la maladie du
grand père et s’orienter vers la piste surnaturelle magique. En parallèle à ce déroulement, le nouveau
PJ découvre la clef de ses pouvoirs, potentiellement à partir d’un livre secret découvert dans les
mystères du manoir familial.
La scène d’ouverture montre l’arrivée au château du groupe. De là ils rencontrent les habitants des
lieux : le nouveau PJ sorcier, la bonne. Ils vont au chevet du vieillard souffrant et peuvent commencer
à y glaner des indices s'ils sont perspicaces. Si les personnages y pensent, ils peuvent demander au
personnage sorcier d’essayer un rituel de détection de magie (bien que ce dernier ne sache pas
vraiment le maîtriser). Dans le cas où ce dernier réussit, ils peuvent déjà déterminer l’origine magique
ou surnaturelle du mal qui atteint le grand père. Ils apprennent également du PJ que tout s’est
déclenché très subitement il y a quatre ou cinq jours. Le MJ entrevoit alors deux pistes possibles que
le groupe va prendre : enquêter sur place ou aller au village rencontrer le docteur qui a examiné le
malade. L’arborescence du premier acte ressemble donc à :

Arrivée au Au chevet du Enquête au

château Braun malade château

Tentative de Départ pour

détection le village

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 3 ­ Ouvrir l'éventail des possibles : l'arborescence

Pour la suite de l’enquête, le village ne recèle que peu d’indices pour le groupe, sauf s’ils souhaitent
envoyer un message à des contacts qui pourraient les aider, ou s’ils mènent l’enquête auprès de la
maison d’hôtes pour savoir si des voyageurs sont passés récemment. Ils pourront alors trouver la
piste d’un étranger qui est descendu au village. Le médecin a examiné le vieux mais n’a rien trouvé
ou vu, il pense que c’est tout simplement l’âge.
Sur l’autre branche de l’enquête au château, le MJ compte proposer deux pistes principales au
groupe : le bureau et la bibliothèque. Dans le bureau il y aura une fausse piste : ils pourront découvrir
une statue de gargouille mais bien qu’elle soit magique (protectrice) elle n’a rien à voir avec l’intrigue
en cours. Les personnages peuvent par contre découvrir un breuvage étrange et magique dans le
bureau qui redonnera un peu de lucidité à l’ancien, suffisamment pour qu’il donne un indice au
groupe sur la localisation du livre secret. Il leur donnera une énigme pour ouvrir le passage secret
dans la bibliothèque menant après un couloir piégé au livre tant convoité.
En parallèle à cela, à la nuit tombée, l’un des personnages entend du bruit dans la nuit et ils peuvent
intervenir pour avoir juste le temps de voir depuis la fenêtre une silhouette s’enfuir vers les bois de la
propriété. Cet indice ouvre nouvelle piste, rechercher des traces à l’extérieur. Cela mène à une vieille
écurie en bordure de propriété, où les personnages découvrent des traces de rituel de type vaudou.
Le lendemain de cette intervention, en fonction de l’avancement de l’enquête, un étranger se présente
au château : il se présente comme un collègue sorcier venu épauler un ancien qui se meurt et aider à
résoudre le mystère. Il s’agit en fait du coupable, qui cherche à en savoir plus sur le groupe et sur ce
qu’ils ont trouvé au cours de leurs investigations.
Enfin une autre fausse piste consiste à soupçonner la bonne, dont la loyauté n’est absolument pas en
cause dans cette situation.
On obtient en résumé l’acte II suivant :

Remède de Bibliothèque
Le bureau Corridor piégé
fortune mystérieuse

Le visiteur

La maison Du bruit dans Des traces

Les gargouilles
d’hôte la nuit dans la forêt

La bonne

Au début du troisième acte, en fonction des indices que les joueurs ont glanés et de leur perspicacité,
ils auront plus ou moins identifié leur coupable. Par exemple en recoupant les faits de la maison
d’hôtes au village et les observations dans les bois par exemple : traces de pas et chaussures
pourraient correspondre et ne laisser aucun doute sur l’identité de l’intrus. Dans ce cas ils pourront
soit s’organiser pour lui tendre un piège, sachant qu’il va probablement revenir. Ils peuvent
également aller le chasser là où il se trouve et même planifier une attaque contre lui de nuit, à la
maison d’hôtes. Le groupe bénéficiera de l’effet de surprise et aura donc un adversaire plus facile à
vaincre. Si à l’inverse les personnages sont toujours dans le flou, ou n’ont pas récolté assez d’indices,
alors ils seront dans une position de faiblesse au moment de la confrontation. Leur adversaire pourra
achever son plan : faire diversion en saccageant la bibliothèque, mettre en place son sinistre chantage

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 3 ­ La liste des annexes

comme il l’avait prévu, afin de récupérer le livre secret trouvé dans le corridor piégé et s’enfuir avec.
La fin du scénario est toujours une confrontation avec le coupable, mais dans un cas le groupe est en
position de force, dans l’autre ils subissent et sont pris de court, ils auront donc plus de mal à le
vaincre.
L’acte III pourrait donc être représenté ainsi :

Prendre les L’embuscade Duel de Magie

devants

Livres Sinistre Céder à sa

dévastés chantage demande

Le scénario au final donne donc un scénario d’enquête, où les personnages peuvent suivre plusieurs
pistes (village, bibliothèque), avec quelques branches mortes dans l’arborescence (gargouilles, bonne).
L’investigation est rythmée par les agissements du coupable : sa visite de nuit puis sa visite de jour,
sur lesquels les personnages peuvent rebondir pour trouver de nouvelles pistes. En fonction de leur
perspicacité et de leurs succès, ils peuvent être en position de force ou non pour la confrontation.
Deux fins sont possibles, selon qu’ils remettent ou non le livre à l’étranger, et les deux auront des
impacts différents sur la suite. Si par exemple l’étranger reprend le livre, un scénario suivant pourra
mettre en scène les conséquences de cela.

La liste des annexes de son arborescence, étudier les différentes

La dernière partie du brouillon de scénario
est une liste d’annexes qui seront utiles
pendant le scénario. Qu’appelle­t’on une
annexe dans notre cas précis ? Il s’agit d’une
aide de jeu, d’un « zoom » sur un élément
précis de l’univers. Ce peut être un
personnage, un lieu, un objet, une créature
ou une organisation qui sera utilisé dans le
détail dans l’histoire que l’on va faire jouer.
Pour éviter d’improviser, se focaliser sur
l’histoire et obtenir des scènes plus
profondes et réfléchies, le bon meneur
saura, au brouillon, lister les annexes dont il
va avoir besoin et préparer celles qui sont
indispensables voire toutes s’il a le temps de
les développer.
Constituer la liste
Pour préparer cette liste, le meneur va
considérer l’ensemble de sa liste d’idées et
scènes qui prendront place dans l’histoire, et
de cette matière extraire les éléments de
fond sur lesquels un peu plus de détail sera
nécessaire pour être crédible et cohérent
dans le scénario. Cette liste peut être faite de
façon exhaustive dans un premier temps, on
verra par la suite comment la ramener à une
taille raisonnable.
D’abord le MJ va passer en revue tous les
lieux de son histoire. En fonction de
l’importance de ces endroits, ils auront
besoin de plus ou moins de détails. Par
exemple dans un univers futuriste, le bar où
les personnages rencontrent leur
commanditaire pour une entrevue calme
n’aura pas besoin d’être aussi détaillé que le
complexe industriel où prendra place la
scène d’infiltration décisive du scénario. Les
lieux principaux vont donc inclure des lieux
de faible importance (qui ne nécessitent
qu’un court descriptif, un ambiance
visuelle, auditive, olfactive…) et des lieux

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 3 ­ La liste des annexes
plus tactiques (des situations de combat ou
d’action y prendront place) qui mériteront
d’être détaillés plus avant avec par exemple
un plan en vue aérienne ou en coupe. Une
carte générale de toute la zone où se
déroulera le scénario sera généralement
utile. Dans une campagne contemporaine,
dans laquelle toutes les histoires se
déroulent dans la même ville, ce peut être la
localisation des différents endroits les uns
par rapports aux autres sur un plan. Ce
n’est pas toujours nécessaire mais peut
s'avérer utile si le parcours ou les voyages
d’un lieu au suivant ont leur importance
dans le jeu. L’ensemble des lieux et plans
nécessaires est noté dans le dernier tiers de
la fiche de Brouillon de scénario, une ligne
par élément.
Dans cette revue systématique de son
histoire, le meneur va ensuite examiner tous
les personnages qui peupleront la partie,
des plus simples aux plus complexes, des
plus anodins aux plus importants, qu’ils
soient alliés, neutres ou ennemis du groupe.
Parmi ces derniers la plupart des figurants
seront improvisés à la volée, mais certains,
plus importants, pourront être anticipés et
faire partie de la liste des annexes du
scénario, telle que définie ici. Presqu’aucun
de ces personnages n’aura besoin d’être
aussi détaillé que ceux des PJs. Ils pourront
avoir selon les besoins un nom, une
description en quelques mots et une
personnalité, ce qui suffira pour en général
60 à 80% des PNJs. Certains ont même
besoin de beaucoup moins de détails : dans
les groupes de seconds couteaux, inutile de
détailler chaque personne individuellement,
résumer la rencontre en « vous voyez une
dizaine d’hommes à la mine patibulaire
vêtus de tuniques sombres » peut être
amplement suffisant pour faire travailler
l’imagination des joueurs. Les personnages
les plus importants, qui interviendront au
premier plan du_scénario, que ce soit en
tant que bons, méchants ou autres, peuvent
faire l’objet d’une description plus
complète, ainsi que de caractéristiques
86
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
chiffrées si celles­ci s’avèrent utiles. Le MJ
complète à partir de cela son Brouillon en
écrivant les personnages à creuser et le
minimum nécessaire pour chacun, en
fonction de leur rôle dans l’histoire.
Les organisations, factions et groupes
peuvent également faire partie de la liste
des annexes. Bien que ce ne soit que des
rassemblements de personnes, on imagine
mal décrire chaque individu un par un
comme expliqué ci­dessus. Des annexes
peuvent donc être préparés pour décrire
l’ensemble du groupe : quelles sont ses
caractéristiques ? Y’a­t­il un signe
distinctif ? Un logo commercial ? Quelle est
la structure de cette faction ? Le nombre de
personnes qui la composent ? Son
organigramme, s’il a lieu d’être ? Son
histoire ? Ses buts ? Toutes ses informations
ne sont pas nécessaires, mais si
l’organisation intervient fortement dans
l’histoire, il peut être utile d’avoir en
annexe le résumé de cette dernière, voire la
description et/ou les caractéristiques
chiffrées d’un membre type. Par exemple, si
dans une campagne où les personnages
jouent des militaires de la Première Guerre
Mondiale, le scénario va mettre en scène la
confrontation avec un bataillon spécifique
de soldats allemands grenadiers, il peut être
intéressant de réfléchir et noter quelque
part une poignée informations sur ce
bataillon comme ses habitudes, ses
emblèmes, sa devise, et un personnage type
qui servira de second couteau générique
pendant le scénario lors des scènes d’action.
Pour certaines histoires, le meneur de jeu
peut également vouloir préparer des
annexes liées à certains objets spéciaux. En
balayant l’histoire, il verra assez vite ce
dont il a besoin, sachant que ce peut être
une simple description de son apparence,
des sensations qu’il dégage, de ses
pouvoirs, ou bien être une fiche un peu
plus chiffrée qui reprend également ses
pouvoirs et ses limitations en terme de jeux.
Enfin, en fonction de l’intrigue, d’autres

aides de jeux peuvent venir compléter la
liste. Pour certains scénarios orientés
investigation, le meneur peut vouloir
préparer un rétro timing des évènements
qui se sont déroulés avant que le jeu ne
démarre. Cela permet d’obtenir une histoire
cohérente dans le cas notamment où une
affaire criminelle est en cours, et que les
personnages interrogent différents témoins
pour savoir ce qui s’est passé la veille,
l’avant­veille, une semaine avant… Ces
chronologies peuvent être réalisées en
prenant comme référence le jour J de
démarrage du scénario et ainsi raconter ce
qui s’est passé à J­1, J­3, J­5, etc… Si d’autres
évènements vont survenir au cours du jeu,
cette chronologie peut également les
incorporer à J+1, J+2… Ce sont, bien sur, les
faits qui vont se produire si les personnages
ne font rien !
Pour les scénarios avec de nombreuses
interactions, un diagramme montrant les
relations entre les différents groupes peut
éclaircir également bien des choses pour le
MJ : PJs, PNJs, factions,…qui influence qui ?
qui est manipulé par qui ? qui est allié avec
qui ?
Les meneurs qui aiment insérer des
énigmes dans leurs histoires peuvent
également préparer ces dernières sur des
annexes séparées qui les décriront
complètement et pourront même être
réutilisées dans d’autres histoires, au cas où
le groupe prendrait une autre voie au cours
du jeu.
En listant tous ces documents, le meneur a
une vision de ce qu’il pourrait préparer
pour compléter son scénario et disposer de
matériel pour faire jouer son histoire. La
liste peut paraître longue, mais elle a le
mérite d’être exhaustive.
Faire le tri
, le MJ va ensuite pouvoir examiner cette
liste et la comparer au temps dont il dispose
pour préparer. Pour faire jouer le scénario,
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 3 ­ La liste des annexes
le meneur n’a pas besoin a priori d’avoir le
détail de toutes ces annexes ! Vouloir
plonger trop dans le détail peut même être
un frein à l’écriture, car la tache paraîtra
trop souvent insurmontable.
De quoi le meneur a­t­il concrètement
besoin pour faire jouer ? Dans l’absolu, ce
simple brouillon détaillé en trois parties
(liste d’idées, arborescence, liste d’annexes)
suffit, accompagné des annexes les plus
importantes et de quelques musiques
d’ambiance, si le MJ aime utiliser cet outil
pour installer l’atmosphère.
Tout l’art du MJ pressé (ou efficace, selon
les cas…) consiste à sélectionner les
quelques annexes qui représentent les
informations clefs du scénario. Sur une
liste d’une dizaine d’annexes, cela
impliquerait de retenir de deux à quatre
annexes « principales » qui seront préparées
en premier lieu.
Le meneur qui a le temps, ou qui souhaite
écrire un scénario complet au propre,
pourra préparer le reste des annexes avec le
scénario rédigé. On reviendra sur cette
préparation un peu plus loin.
Voilà donc parcouru l’ensemble des
éléments qui composent un brouillon de
scénario .Avec la visibilité sur la liste
d’annexes, le meneur peut déterminer ses
besoins pour la ou les séances à venir.
Comme expliqué précédemment, avec le
brouillon et une petite sélection d’aides de
jeux, le meneur a toutes les cartes en main
pour faire jouer. Pour aller plus loin, il peut
passer à la phase d’écriture au propre du
scénario.
87
 Ch 3 ­ La liste des annexes

Exemple de liste d’annexes

En reprenant l’exemple d’arborescence développé précédemment, se déroulant dans l’Angleterre

victorienne fantastique et mettant en scène un sorcier et son grand père, atteint d’une étrange maladie.
L’arborescence complète du scénario était la suivante :

Acte I
Arrivée au Au chevet Enquête au
château Braun du malade château

Tentative de Départ pour

détection le village

Acte II

Remède de Bibliothèque Corridor

Le bureau
fortune mystérieuse piégé

Le visiteur

La maison Les Du bruit Des traces

d’hôte gargouilles dans la nuit dans la forêt

La bonne
Acte III

Prendre les
L’embuscade Duel de Magie
devants

Livres Sinistre Céder à sa

dévastés chantage demande

Pour finaliser le brouillon du scénario, le meneur n’a besoin que de lister les annexes dont il aura
besoin, et identifier lesquels seront cruciaux pour l’histoire.
Il balaie donc l’ensemble de son histoire pour identifier les éléments nécessaires. Il commence par les
lieux :
o Plan général du manoir où se déroulera l’intrigue avec localisation de la chambre, du bureau, de la
bibliothèque et image ou photo du manoir (recherché sur Internet par exemple)
o Plan général de la propriété autour du manoir
o Liste des commerces du village, plan général éventuellement
o Plan du corridor piégé
Viennent ensuite les personnages :
o Le grand père malade : description physique, image ou photo éventuellement
o La bonne : description physique et image
o L’antagoniste sorcier : description, image et caractéristiques chiffrées

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 3 ­ Choisir un titre pour le scénario

o Gargouilles protectrices : description et caractéristiques (déjà dans le livre de base de l’univers

dans ce cas)
Reste quelques éléments complémentaires :
o Timing des évènements avant et après l’arrivée des personnages au manoir
o L’énigme de la bibliothèque
Cela représente donc dix annexes en tout. Lesquelles seront utiles et lesquelles pourront être
improvisés en cours de partie ? Les gargouilles protectrices sont décrites dans le livre de base, dans la
section des créatures. Parmi les lieux, seuls le plan du manoir et celui du corridor sont réellement
importants. Côté personnages : la description du grand père et la fiche détaillée de l’antagoniste
seront importants. Enfin le timing et l’énigme sont des petits plus pour étoffer et faciliter la
compréhension du scénario. Le meneur retient donc la liste suivante d’annexes et aides de jeu qu’il va
préparer :
o Plan général du manoir où se déroulera l’intrigue avec localisation de la chambre, du bureau, de la
bibliothèque et image ou photo du manoir (recherché sur Internet par exemple),
o Plan du corridor piégé,
o Le grand père malade : description physique, image ou photo éventuellement,
o L’antagoniste sorcier : description, image et caractéristiques chiffrées,
o Timing des évènements avant et après l’arrivée des personnages au manoir,
o L’énigme de la bibliothèque

Choisir un titre pour le de ce genre. Solution de facilité, elle

scénario
L’une des premières étapes dans la remise
au propre d’un brouillon de scénario est le
choix du titre. Bien que cette étape puisse
sembler accessoire ou décorative, l’exercice
n’est pas dénué d’intérêt : nommer un
scénario c’est lui donner une identité, en
extraire la substance en quelques mots bien
choisis. Un bon titre servira à la fois de
point de repère pour le MJ et pour le
groupe, qui saura s’en souvenir. De plus,
pour un scénario publié, c’est une
obligation.
L’évident : le titre explicite
Le plus simple et le plus évident pour
pouvoir faire facilement référence au
scénario par la suite est de lui donner un
titre explicite. Cela signifie généralement
exposer le motif central du scénario dans le
titre. Si les personnages vont affronter la
sorcière des marais, le scénario s’appellera «
La sorcière des marais » ou quelque chose
présente tout de même quelques avantages.
Pour le MJ, la référence est simple : il sait
tout de suite ce dont parle le scénario et de
plus, il a en permanence ce focus sur
l’élément clef au cœur du scénario, que ce
soit pendant la préparation ou en cours de
scénario, quand il aura les feuilles sous les
yeux. Pour les joueurs également, après
coup (car ce genre de titre ne peut être
annoncé à l'avance) lors des résumés de
campagnes, ils peuvent restituer sans
difficulté le scénario et son contenu.
Vous pouvez avoir recours à un trait
d’esprit, un jeu de mots ou au pastiche
d’un vrai titre. Par exemple, dans un
scénario « steampunk » où les personnages
rencontrent le capitaine Némo, le meneur
l’avait intitulé « L’homme qui valait 20 000
lieues » et l’a révélé au groupe en cours de
partie, une fois que le thème principal du
scénario était devenu évident. Pour un
scénario au un thème sombre, le titre peut
venir alléger l’ensemble ou au contraire en
faire ressortir le cynisme.
L’inconvénient majeur, hormis sa trop

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 3 ­ Choisir un titre pour le scénario

grande banalité, c’est qu’il ne peut en

général pas être révélé aux PJs avant la
séance, et ne peut donc pas être utilisé pour
faire un peu de teasing sur les joueurs. A
moins d’avoir un titre générique ou
n’évoquant que le thème général du
scénario, comme par exemple « Intrigue à la
cour des Princes » ou « Expédition polaire »,
il faudra le révéler uniquement après coup
ou en cours de partie. Le meneur qui veut
annoncer le titre du scénario au groupe
avant la partie doit être un peu plus subtil…

Plus subtil : le titre implicite

L’autre solution consiste à rechercher un

titre plus fouillé au scénario, de telle sorte
qu’il puisse être annoncé avant le jeu au
groupe. Cela servira de « teaser » d’une part
et d’autre part les PJs pourront commencer à
se poser des questions sur ce que le scénario
sera.
Le titre implicite peut être par exemple une
double lecture : il paraît évident au premier
abord et semble révéler une part du
scénario. C’est effectivement le cas, mais
cela a en fait peu d’importance que les
joueurs devinent cette part « évidente »
avant la séance. En effet le titre dispose
d’une seconde interprétation, qui lui donne
son véritable sens et qui n’apparaîtra qu’en
cours d’histoire. Cela dévoilera même tout
un pan de compréhension du scénario au
groupe. Par exemple un scénario
contemporain fantastique mettant en scène
une enquête sur une femme qui s’est jetée
du haut de la tour Eiffel pourrait très bien
s’appeler « Le mystère de la dame de fer »
par référence évidente au monument. Il
s’avère en réalité que la dame de fer dont on
parle était la défunte qui menait une double
vie… sa mort n’était en réalité pas un
accident. De là vient toute la suite et le
dénouement du scénario.
Le titre peut également être un petit point
de détail de l’histoire, qui apparaîtra
fugitivement au cours d’une description. Il
peut avoir son importance pour l’histoire ou

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 3 ­ Choisir un titre pour le scénario

Développer une liste d’annexes à partir d’une arborescence

À vous de jouer maintenant et de préparer une liste d’annexes en partant d’une arborescence et d’une
idée de scénario donnée.
Le scénario se situe dans un univers médiéval fantastique, et se base sur un thème hivernal. Les
personnages sont envoyés dans le grand Nord pour retrouver des membres de leur
guilde/communauté. Ces personnages partis il y a longtemps ont été guidés par un shaman des
hommes du nord qui les a livrés en pâture à une sorte de dragon de froid.
Les personnages vont partir vers le Grand Nord pour retrouver leurs compagnons, rencontrer la tribu
d’hommes du nord dont est originaire le shaman corrompu puis suivre la piste jusqu’à atteindre le
lieu de l’attaque et essayer de recomposer à partir de là les pièces du puzzle.
L’arborescence est la suivante :

Attaque par Le village des La hutte du Le village où

les loups Nordiques shaman est le shaman

Des blessés Départ vers Rencontre ou Les lieux de

dans le froid l’extrême tempête l’attaque

La grotte Le prisonnier Confronter le

du drake du dragon shaman

L’épave aux
2è cadavre
trésors

Voici un rapide descriptif de chaque scène :

o Attaque par les loups : intro « In media res » où les personnages, sur la route de leur
voyage sont encerclés par des loups affamés.
o Des blessés dans le froid : si certains PJs sont blessés, il faut s’en occuper sous peine de
voir leurs blessures s’aggraver.
o Le village des nordiques : arrivée au village des hommes du Nord. Le groupe peut
apprendre que les personnes qu’ils recherchent y sont passées puis reparties plus loin vers
une épave prise dans les glaces avec le shaman du village comme guide.
o La hutte du shaman : si les personnages sont curieux et vont trouver un moyen
d’identifier et de fouiller la hutte du shaman, ils peuvent en apprendre plus sur ses réelles
ambitions.
o Départ vers l’extrême : les personnages, en route, doivent faire face à des conditions de
plus en plus difficiles.
o Rencontre ou tempête : le meneur met en scène une rencontre supplémentaire sur la
route, selon le timing de la partie.
o Le village où s’est réfugié le shaman : après l’attaque le shaman s’est enfuit vers un autre
village plus au nord. Les personnages atteignent ce village et retrouvent le mystificateur.
o Les lieux de l’attaque : au milieu des steppes se trouve le lieu de l’attaque du drake sur le

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 3 ­ Choisir un titre pour le scénario

groupe que recherchent les PJs. L’un d’eux git mort, conservé dans les neiges. Les traces
du shaman partent vers le village où il se trouve actuellement, les traces de la créature
vont vers sa grotte.
o La grotte du drake : confrontation avec le monstre si les personnages suivent ses traces.
Alternativement ils peuvent venir avec du renfort du village, bien que cela implique de
convaincre les villageois.
o 2ème cadavre : selon l’issue du combat, le drake peut tuer le 2ème membre du duo que
recherchent les personnages auquel cas l’aventure peut se terminer.
o Le prisonnier du dragon : si les personnages ont bien géré le combat, ils peuvent
retrouver l’une des deux personnes qu’ils recherchent, affaibli.Il pourra leur raconter le
plan du shaman, qui voulait se servir d’eux pour récupérer les richesses dans l’épave.
o Confronter le shaman : les personnages peuvent alors faire parler le shaman qui essaiera
de s’enfuir.
o L’épave aux trésors : la confrontation avec le shaman peut aussi avoir lieu dans cette
épave hantée.

Fort de ces informations, à vous de détailler la liste des annexes nécessaires à ce scénario (en
décomposant lieux, personnages, objets, organisations, autres éléments) : vous devriez arriver à une
liste de six à dix éléments.
o
o
o
o
o
o
o
o
o

A partir de ces éléments, lesquels sont les plus importants pour la création du scénario et devraient
être préparés ? Lesquels devraient être simplement improvisés en cours de jeu ? Lesquels pourraient
être trouvés dans le livre de base ? De ces considérations, réduisez le nombre d’annexes au strict
nécessaire, soit de deux à cinq éléments.

au contraire n’être qu’anecdotique. Dans ce
dernier cas s’en servir comme titre peut
également constituer une grosse fausse piste
pour le groupe ! A utiliser avec parcimonie,
sous peine de passer pour un MJ sadique…
Le groupe pourrait par exemple, dans un
univers d’espionnage croiser un personnage
avec un haut de forme, un PNJ de second
plan et le scénario pourrait s’intituler « Haut
de forme ». A noter que le détail peut
éventuellement avoir une seconde lecture à
son tour…
Une autre option est de choisir un titre
implicite qui peut, lorsqu'il est compris,
révéler un élément utile pour l’intrigue. Il
faut s’orienter alors vers une formulation
énigmatique voire alambiquée. Les joueurs
qui ont réfléchi un peu sur le titre
communiqué en amont gagnent un petit
avantage (mais pas leurs personnages !
attention dans ce cas à la bonne
interprétation des rôles). Comme exemple,
on pourrait citer ce scénario dans un univers
très inspiré de Gotham City intitulé « Ligne

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 3 ­ Choisir un titre pour le scénario

de mort » où ce titre suggère que la société
Axis est impliquée dans l’histoire.
Quelques idées pour vos
titres
On dit souvent que les plus courtes sont les
meilleures : c’est vrai pour les plaisanteries,
il en va ainsi pour les titres. Le titre en un
mot va droit au but et annonce une seule
tendance pour l’histoire à venir. Ce peut
être un mot clef, un thème, comme
« Décadence », « Cauchemars », « Libération
», ou bien un terme spécifique de l’univers,
un nom de code ou un nom étranger comme
« Götterdammerung ».
Les titres un peu plus long peuvent tenir en
quelques mots, sous la forme d’un groupe
nominal : nom + adjectif ou nom +
complément du nom. Les titres sont alors
classiques, rappelant un peu certains Livres
dont vous êtes le Héros, mais comme
mentionné plus haut, ils n’en sont pas
forcément moins efficaces : « La clinique du
Dr Gregor », « L’asile des damnés », « Projet
Gamma » peuvent être des exemples de
titres de ce style.
Pour rendre le titre un peu plus original, on
peut par exemple insérer un verbe,
conjugué ou non pour casser un peu cet
aspect « old school » des titres précédents.
On peut ainsi avoir des titres comme : «
Que s’ouvrent les portes de l’enfer », « Un
rocher venu d’ailleurs », « Celui qui vivait
comme un roi ».
Une autre option consiste à utiliser une
locution, partiellement ou en totalité,
française ou étrangère. Les locutions latines
sont assez répandues et donnent une
coloration un peu mystique ou occulte aux

Briller en société avec un noble titre

Pour développer un peu plus l’idée du titre se basant sur une locution, française ou latine, voici
quelques expressions qui pourraient être utilisées pour nommer un scénario. Cela pourrait même
vous donner directement des idées de scénarios en y réfléchissant bien…
o Entre le bois et l'écorce (ne pas mettre le doigt entre)
o Comme neige au soleil (fondre)
o La pluie et le beau temps (faire)
o La boite de Pandore (ouvrir)
o La clef des champs (prendre)
o Reculer pour mieux sauter
o Ce qui est à César (Rendre à César)
o Le Diable par la queue (tirer)
o Dans l'oreille d'un sourd (tomber)
o De Charybde en Scylla (tomber)
Pour les plus occultes d’entre vous, quelques citations latines également :
o Ad infinitum (à l'infini)
o Alea jacta est (le sort en est jeté)
o Dura lex sed lex (la loi est dure mais c'est la loi)o
o Ex abstracto (à partir de l'abstrait)
o Homo homini lupus (l'homme est un loup pour l'homme)
o In cauda venenum (dans la queue le venin)
o Manu militari (avec la force armée)
o Post tenebras lux (après les ténèbres la lumière)
o Post Mortem (après la mort)
o Sub rosa (sous la rose, au Moyen Age tous les serments se faisaient sous la rose)

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 3 ­ L'introduction pour le meneur
scénarios. Dans ce cas, rechercher le sens
premier de la locution et jouer avec pour
choisir le titre sera un plus pour le titre. On
peut imaginer utiliser ainsi selon les
histoires « Ex Nihilo », « Dies Irae », «Contre
les murs » ( de « se cogner la tête… »), «
Diviser pour mieux régner », « Sur ses deux
oreilles (de « dormir… »), ou « Les Pissenlits
par la racine ».
Un titre bien choisi donne une réelle identité
au scénario. Bien que l’on puisse très bien
s’en passer, ou uniquement repérer par un
numéro dans la campagne la session
(épisode 4, chapitre 2 par exemple), trouver
un titre force le meneur à synthétiser le
cœur de sa création en quelques mots bien
choisis et pourra renforcer l’intérêt des
joueurs a posteriori.
L’introduction pour le
meneur
Dans le scénario rédigé, l’introduction pour
le meneur ce sont quelques lignes au tout
débutqui présentent le scénario et son
ambiance.
Quel doit être son contenu ?
Ce petit résumé, qui peut très bien ne pas
dépasser 5 ou 6 lignes, est toujours utile. Le
meneur qui a écrit le scénario va y
incorporer d’abord un résumé du motif, de
l’élément clef de l’histoire. Cela devrait
tenir en une ou deux lignes. Si le meneur a
du mal à tout synthétiser en moins de deux
lignes, c’est que le scénario est peut être un
peu trop complexe.
Puis, une ou deux lignes devraient résumer
l’ambiance et la tonalité générale du
scénario. Bien qu'elle puisse être diffusé en
filigrane au fil des descriptions, il vaut
mieux dès le départ préciser au meneur quel
sera la tonalité de l’histoire : sera t'elle
oppressante ? Sur un ton plus léger ? Une
histoire d’exploration ? De mystère ? C’est à
cette étape qu’il faut y réfléchir et
94
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
l’expliciter.
Le reste de cette introduction peut accueillir
un résumé des grandes phases du scénario
et des fins possibles, notamment si celles­ci
sont multiples. Les conséquences sur
l’univers ou la campagne seront différentes
selon ces fins. Cela représente une phrase
ou deux.
Enfin dans les systèmes un peu tactiques où
les niveaux de puissance des personnages
sont importants, il faut préciser dans cette
introduction pour quelle taille de groupe
et niveaux le scénario a été équilibré et
conçu.
L’ensemble représente donc un petit
paragraphe qui fera entre cinq et huit
lignes. Quelle est l’utilité de ce petit
paragraphe ?
Pour les autres et pour soi
Quand le scénario vise à être publié sur un
magazine ou un site web, on comprend très
bien à quoi sert cette introduction. Elle vise
à donner les clefs du scénario et l’esprit
dans lequel ce dernier a été écrit à un autre
MJ qui voudra faire jouer l’histoire.
Dans ce cas, au moment de l’écriture, il
faudra se focaliser sur le motif, l’élément
central du scénario : de quoi parle t’on ?
Quel est l’enjeu du scénario ? On peut
également y mettre une remarque
préliminaire sur la façon d'insérer ce
scénario dans une autre campagne que celle
initialement jouée : faut­il que les
personnages soient dans un lieu particulier,
à une époque particulière ? Ensuite il faut
montrer quelles seront les conséquences (s’il
y en a) sur le reste de la campagne et les
différentes fins. Si, par exemple, pendant le
scénario les personnages vont pouvoir
acquérir un objet puissant, cela devrait être
précisé dans le résumé , pour qu’un autre
meneur le sache tout de suite et puisse
s’adapter ou adapter le scénario en
conséquence. Enfin la partie consacrée à
l’ambiance et à la tonalité vient compléter
cette suggestion, même si un autre meneur

pourra donner une interprétation tout à fait
différente du scénario.
Dans le cas où le scénario est écrit pour un
usage uniquement personnel et sans
intention de publication, y’a­t'il une utilité à
préparer un petit résumé ? Comme pour le
titre du scénario, on peut dire « oui » : c’est
un travail de synthèse très utile, même
quand il s’agit de préparer le scénario sans
intention de le partager. Cela permet de
résumer l’idée maîtresse du scénario en
quelques lignes : si plus d’explications sont
nécessaires, cela signifie que l’on a voulu
être trop dense ou trop complexe dans son
approche. Le meneur va également utiliser
ce moment de la préparation pour se poser
des questions sur l’ambiance et la tonalité
de l’histoire qu’il propose et sur la manière
dont il transmettra cette touche en cours de
partie. La fin de cet article est consacrée à
quelques idées de tonalité d’histoires. Dans
la pratique, cette ambiance sera transmise
par petites touches, par des éléments des
descriptions au cours des scènes et à travers
le choix des musiques d’ambiance.
Déterminer cette tonalité en amont, à ce
moment précis de la création, permettra de
la garder à l’esprit lors de la création des
différentes scènes et du choix des
musiques, qui viendront dans les étapes
suivantes. Avoir ce petit texte sous les yeux
en tête de la première page du scénario
permet, en le relisant rapidement juste
avant le début de la séance, de se replonger
et de s’imprégner de l’ambiance que l’on
veut installer. Cela sera d’autant plus utile si
le scénario a été écrit longtemps à l’avance
et qu’il n’est plus très « frais » dans la tête
du meneur. Enfin, s’il faut donner un
niveau de difficulté au scénario, tant au
niveau de l’intrigue que du challenge des
rencontres, faire cette introduction est un
bon moyen de prendre un peu de recul et de
considérer l’équilibrage du scénario.
La tonalité de l’histoire :
quelques exemples
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 3 ­ L'introduction pour le meneur
Pour vous aider à définir la tonalité et
l’ambiance que l’on peut choisir pour le
scénario, voici quelques exemples de styles
et de manière de les faire ressentir en cours
de partie :
o L’aventure et l’épique : loin d’être
uniquement l’apanage des univers
médiévaux fantastiques, le scénario épique
se caractérise par une ambiance où tout est
grandiose. Les enjeux sont gros, chaque
décision a des conséquences importantes,
les personnages sont entraînés dans des
intrigues impliquant tout l’univers et bien
souvent des voyages aux quatre coins de ce
dernier. Le Meneur pourra faire des
descriptions « panoramiques » de paysages
fabuleux et mettre en scène les personnages
au cœur d’une histoire qui va bien au­delà
de leur simple parcours.
o L’exploration, l’inconnu : Dans ce style
de scénario, les personnages découvrent de
nouveaux lieux, des artefacts mystérieux,
souvent inconnus de tous et tombent
parfois sur des créatures étranges. Pour
faire vivre cette ambiance, le meneur
essaiera de surprendre ses joueurs, décrira
dans le détail les éléments nouveaux sans
les nommer (« Tu vois une silhouette
blafarde, légèrement translucide, semblant
flotter à quelques centimètres du sol, tu
ressens un souffle froid et entend des
gémissements horribles émanant de la
chose. » plutôt que « Tu vois un spectre »).
Dans ces terres inconnues, les personnages
eux même sont considérés comme
étrangers : les autochtones parlent des
langues bizarres, et ne sont pas toujours
bienveillants avec les visiteurs.
o L’enfermement, l’isolement : Ici l’action
va se dérouler en huis clos, ou dans une
communauté fermée et isolée. Les
personnages doivent se sentir oppressés :
les lieux sont petits et exigus, on retrouve
toujours les mêmes personnes, la tension
monte, les esprits en vase clos s’échauffent,
les tentatives pour s’évader paraissent
quasiment impossibles. Les essais de
communication avec l’extérieur sont vains :
95
 Ch 3 ­ L'introduction pour le meneur

Un titre et une introduction à écrire

A vous de jouer maintenant : en vous basant sur l’arborescence détaillée du scénario pour l’Angleterre
victorienne fantastique (encadré « Exemple de listes d’annexes »), définissez pour cette histoire un titre
et une introduction pour le meneur en une dizaine de lignes maximum :

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les joueurs doivent avoir la réelle situation où ils sont empêtrés.

impression d’être livrés à eux­mêmes.
o Le mysticisme : dans une ambiance
mystique, tout n’est pas expliqué, et les
réponses, si elles existent, sont inaccessibles
au commun des mortels. Seuls les éveillés
peuvent en voir plus. Pour mettre en scène
cette tonalité, il faut montrer qu’il y a
plusieurs interprétations aux évènements,
que les présages sont nombreux : les étoiles
peuvent révéler l’avenir, les coïncidences se
multiplient, les gens croient en l’existence
d’autre chose sans jamais réellement le
cerner, les quelques rares éveillés sont
considérés comme de véritables gourous.
o La survie : pour mettre en place une
ambiance de survie, le groupe doit être
confronté à des obstacles ou créatures qui
les dépassent et ils doivent tenir. Leurs
ressources sont limitées et s’amenuisent
petit à petit, tandis que les forces adverses
semblent se renforcer au fur et à mesure que
le temps passe. Si les personnages ne font
rien, ils seront vite dépassés et vaincus. Le
meneur va donc montrer une pression de
plus en plus forte, des attaques multiples
par des adversaires toujours plus
nombreux. Les joueurs devront faire preuve
de créativité et agir pour se sortir de la
o La légèreté, l’humour : que ce soit dans
les jeux parodiques où tout est là pour
partir sur le plan de l’humour, ou dans les
jeux plus « sérieux » on peut très bien
choisir de faire jouer une histoire sur un ton
plus léger : cela permet au groupe de se
défouler un peu et de faire ressortir par
contraste l’ambiance plus pesante des
autres histoires. Dans cette tonalité,
l’intrigue est plus banale, voire triviale et
laisse aux joueurs de bonnes occasions de se
mettre dans des situations drôles :
quiproquo, ambiance de vaudeville, jeux de
mots, situations ubuesques peuvent venir
alimenter ce genre d’ambiance.
o Le mystère, l’horreur : cette tonalité est
distincte de « l’exploration, l’inconnu » dans
le sens où ici les personnages sont dans un
univers familier, a priori connu et où ils ont
leurs marques. Ces marques sont
bouleversées par un fait étrange ou
inexpliqué. Pour accentuer cette ambiance,
le meneur saura intercaler des scènes
familières ou domestiques avec des
moments plus bizarres voire horrifiques.
L’effet n’en sera que décuplé ! Pour la
tonalité d’horreur, musiques d’ambiances,
tension qui monte, effets de lumière

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)

s simple pugilat tourne vite au bain de sang,
Un exemple d’introduction
Voici l’introduction pour le meneur pour le
scénario médiéval fantastique « polaire » décrit
dans l’exercice précédent sur la liste d’annexes :
« Scénario médiéval fantastique pour 3 à 5
personnages de niveau 3 ou 4.
Envoyés dans le grand Nord, à la recherche
d’une expédition alliée, les personnages
découvrent que celle­ci a eu un destin funeste et
chercheront à sauver ce qui peut l’être. Dans
cette terre inconnue, le groupe se sentira
étranger : les peuplades parlent à peine leur
langue, les conditions climatiques et la survie
sont rudes pour qui n’est pas habitué. À cette
exploration difficile vient s'ajouter très vite une
question : quelles abominations se cachent
sous les glaces polaires ? »
ubtilement utilisés peuvent avoir plus
d’effet que toutes les descriptions du
monde. Ces dernières doivent justement
être le plus froide et clinique que possible,
pour en faire ressortir l’aspect nauséabond.
Un bon meneur n’oubliera pas que ce qui
fait le plus peur, ce n’est pas l’horreur que
l’on voit, mais celle que l’on devine, qui est
suggérée plutôt que montrée.
o La politique, l’intrigue : pour mettre en
scène cette ambiance, il faut faire sentir aux
joueurs que chaque mot est important. La
plume est plus forte que l’épée, quelques
paroles assassines soufflées à la bonne
personne au bon moment peuvent être plus
dévastatrices que tous les coups de lames.
Les scènes d’interprétations sont longues et
détaillées, les personnages peuvent voir des
serviteurs se murmurer des choses secrètes
à l’oreille, influencer le pouvoir et les
décisions, dans leur sens ou contre eux. À
eux de rentrer dans ce jeu ou de le fuir…
mais cela ne les aidera pas de se dérober.
o La guerre, la violence : dans un jeu à
l’atmosphère guerrière ou violente, les
coups et la mort ne sont jamais loin. Un
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 3 ­ Chaptirage et découpage en scènes
les esprits s’échauffent facilement. Les
forces de l’ordre, les gangs sont violents,
ultra violents et sortent les armes avant de
discuter. Les rapports « sociaux » sont
agressifs : dans le choix des mots, des
phrasés. La tension monte rapidement et
peut même tourner au conflit généralisé
pour les scénarios mettant en scène une
bataille ouverte.
Voilà quelques ambiances possibles, mais
bien sur cette liste est loin d’être
exhaustive !
En préparant l’introduction pour le MJ, que
le meneur écrive pour un autre ou pour lui­
même, il va être amené à déterminer une
ambiance, résumer le scénario et définir le
niveau des rencontres. Cela fixera quelques
paramètres autour desquels gravitera la
suite de la préparation et de la rédaction du
scénario.
Chapitrage et
découpage en scènes
Le scénario, qui a un titre, une introduction
pour le meneur et qui a été au préalable
résumé sur un brouillon en une page
n’attend plus qu’une chose : se faire
découper, charcuter, chapitrer et cadencer
afin qu’il puisse être écrit et développé en «
scènes ». Cela se fera en prenant pour point
de départ l’arborescence préparée au
brouillon.
Découper ? Encore ?
Normalement, à ce stade de la préparation,
vous avez un scénario avec une
arborescence un tant soit peu détaillée,
éventuellement découpée en actes. C’est à
partir de ce diagramme que va se faire le
découpage final du scénario. Pourquoi ne
pas calquer l’arborescence directement pour
obtenir la structure de l’histoire au propre ?
Telle qu’elle a été conçue, l’arborescence
97
 Ch 3 ­ Chaptirage et découpage en scènes

Un exemple de chapitrage de scénario

En reprenant le scénario du manoir du sorcier, pour l’Angleterre Victorienne, voilà le découpage que
l’on pourrait faire à partir de l’arborescence de chaque acte (qui comporte à l’origine 21 blocs répartis
sur 3 actes).

Acte I
Arrivée au Au chevet du Enquête au
château Braun malade château Scène 4

Scène 1

Tentative de Départ pour

détection Scène 2 le village Scène 3

Dans ce premier acte, l’exposition avec l’arrivée au château des enquêteurs représente la première
scène. Les deux blocs suivants peuvent être rassemblés au sein de la même scène où le groupe arrive
face au lit du malade. La tentative de détection pourra être décrite dans cette même unité
scénaristique, avec les indices supplémentaires qui découleront d’une tentative réussie de détection.
De là, la troisième scène représente tout ce qui se passe au même lieu : le village à savoir donc le début
d’enquête et la maison d’hôtes au début de l’acte II.

Acte II Scène 4 Scène 5

Remède de Bibliothèque
Le bureau Corridor piégé
fortune mystérieuse

Le visiteur

La maison Du bruit dans Des traces

Les gargouilles
d’hôte la nuit dans la forêt
Scène 3
Scène 6 Scène 7
La bonne

La scène 4 représente le début de l’enquête au château : avec les indices du bureau, la fausse piste des
gargouilles et le remède de fortune qui peut être trouvé dans le bureau pour faire avancer l’enquête.
En fonction du timing, les personnages peuvent passer à l’exploration de la bibliothèque, regroupée
avec le couloir piégé au sein d’une unité scénaristique, ou bien si la nuit est tombée passer à la scène 6
« Du bruit dans la nuit » immédiatement, qui elle n’est composée que d’un seul bloc. La scène 7
correspond à la suite de l’enquête et regroupe les conséquences de la nuit agitée, et certains
évènements de ce qui pourrait être le deuxième jour de l’enquête.

98
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 3 ­ Chaptirage et découpage en scènes

Acte III
Scène 8 Scène 10
Prendre les L’embuscade Duel de Magie
devants

Livres Sinistre Céder à sa

dévastés chantage demande
Scène 9

Le dernier acte peut être découpé en trois scènes : dans un premier temps ce qu’il se passe si les
personnages ont compris qui était le coupable et passent à l’action pour essayer de l’arrêter (scène
8). La scène 9 montre quand à elle ce qu’il se passe si les personnages se laissent dépasser par les
évènements, avant la confrontation finale en scène 10 qui peut être abordée avec un avantage
(depuis la scène 8) ou sans (depuis la scène 9).

Depuis une arborescence complète de 21 blocs, on est passé à 10 scènes, réparties en 3 actes. Les
titres pourraient être les suivants :

ACTE I : Lit de mort

Scène 1 : Arrivée au château
Scène 2 : Au chevet du malade
Scène 3 : Enquête au village

ACTE II : De mystère en mystère

Scène 4 : Les affaires du vieux
Scène 5 : Le secret de la bibliothèque
Scène 6 : Du bruit dans la nuit
Scène 7 : Suivre les pistes

ACTE III : Un sorcier peut en cacher un autre

Scène 8 : Préparation au combat
Scène 9 : Vandale !
Scène 10 : Magie noire contre magie blanche

Le meneur peut donc remplir ces noms sur son scénario au propre avant de passer à l’étape
suivante.

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 3 ­ Chaptirage et découpage en scènes
initiale prend en compte de multiples voies
et possibilités. On arrivera en général à une
architecture comportant entre 10 et 20 blocs
pour un scénario avec introduction,
développement et conclusion. Tant que le
scénario reste schématique, aucun problème
pour conserver cette division. Si l’on
souhaite retravailler l’ensemble au propre, il
faut ramener l’ensemble à une dizaine de «
scènes » grand maximum. Dans le cas où
l’arborescence est déjà suffisamment
synthétique, elle peut être reprise telle
quelle mais en général (surtout si le
brainstorming a été très poussé au
brouillon) elle sera un peu plus compliquée
Il s’agit donc dans ce cas de rapprocher
certains blocs de l’arborescence, parce
qu’ils sont proches et méritent d’être traités
simultanément dans le scénario au propre.
Le document final gagnera en
compréhension et en clarté, si les différents
éléments de l’intrigue sont rassemblés d’une
façon logique. Cela facilitera aussi l’écriture
de chacune de ces parties.
Comment s’y prendre ?
Le point de départ est donc l’arborescence
développée au brouillon. Pour chaque bloc
et ses voisins, il faut déterminer ce qui
représente une « scène » c'est­à­dire un tout
scénaristique. Le bloc peut à lui seul définir
une scène du scénario, ou bien il peut être
regroupé avec une autre scène voisine, de la
même branche ou d’une autre branche. Un
bon critère qui peut être parfois utilisé est de
considérer comme scène un bloc de
l’histoire caractérisé par une unité de lieu ou
une unité de temps.
Dans la pratique cela peut être fait en
traçant des lignes au crayon sur
l’arborescence, afin de délimiter les
frontières entre les différentes scènes.
Chaque « zone » ainsi délimitée comprend
un ou plusieurs blocs et représente donc une
scène du scénario.
Attention, si plusieurs blocs sont réunis au
sein de la même scène, cela ne signifie pas
100
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
pour autant que l’histoire redevient
linéaire ! S’il y a plusieurs blocs au sein de la
même scène, cela signifie qu’il y aura
plusieurs manières de vivre la scène,
plusieurs points d’entrée et peut être même
des fins multiples. L’arborescence reste le
guide de l’évolution des personnages au
sein du scénario, le découpage en scène
n’est qu’un artifice pour faciliter l’écriture.
A partir de ce regroupement, le meneur
peut alors écrire sur son scénario les noms
des actes (s’il a opté pour un découpage en
actes) et des scènes. Le titre de chaque unité
sert de résumé. Loin d’être une obligation, il
permet, tout comme le titre du scénario, de
donner une identité à chaque partie de
l’histoire. On peut très bien se contenter
d’un numéro, mais ce serait perdre une
occasion de donner un peu plus de
personnalité à l’histoire. Avec un bon titre,
le meneur devrait déjà pouvoir visualiser ce
que la scène va contenir et comment il va
pouvoir la décrire à ses joueurs.
L’exemple de découpage détaille
concrètement l’ensemble de cette étape.
Le meneur a donc sur son scénario au
propre, en plus du titre, de l’introduction
pour le meneur, le titre de chaque scène,
avec au brouillon, ce que recouvre et
englobe chaque scène séparée dans
l’arborescence. Autrement dit presque
toutes les cartes en mains pour écrire le
scénario !
 Ch 3 ­ Le choix des musiques d'ambiance

A vous de faire des lignes !

On reprend ici l’arborescence du scénario médiéval polaire :

Attaque par Le village des La hutte du Le village où

les loups Nordiques shaman est le shaman

Des blessés Départ vers Rencontre Les lieux

dans le froid l’extrême ou tempête de l’attaque

La grotte Le prisonnier Confronter

du drake du dragon le shaman

L’épave
2è cadavre
aux trésors

L’arborescence initiale est composée de 13 blocs. Comme dans l’exemple ci­dessus, procédez au
découpage en scènes de ce scénario. Rassemblez au sein d’une même unité scénaristique ce qui peut
l’être en laissant seules les scènes qui doivent l’être. Tracez au crayon les frontières entre chaque
scène. Au final le découpage doit comporter entre 6 et 10 scènes. Préparez ensuite un titre pour
chacune d’entre elles.

Le choix des musiques l’ambiance et la partie aura une saveur

d’ambiance
Le meneur doit alors choisir si pour son
scénario il voudra utiliser de la musique ou
non. Parfois, il n’a tout simplement pas le
choix : convention, salon, club, font qu’il
sera matériellement difficile de diffuser la
musique, même si on peut anticiper
certaines circonstances avec le bon
équipement. Jouer en musique demande
des efforts supplémentaires : il faut un
système de diffusion, un peu plus de
préparation, et savoir faire les bons choix
concernant les pistes qui seront jouées.
Cependant ces efforts sont très vite
contrebalancés par l’impact sur la partie et
les joueurs : l’expérience ludique est plus
immersive (en tout cas si les musiques sont
bien choisies) les joueurs sont plus dans
supplémentaire que le groupe saura
apprécier de façon explicite ou de manière
plus subtile par un meilleur roleplay ou une
histoire plus vivante.
De l’art de l’organisation :
toujours avoir un multiprise
sur soi !
La première considération, c’est le matériel
que le meneur utilisera pour diffuser la
musique. Comme on n’arrête pas le progrès,
les supports évoluent vers toujours plus de
portabilité, ce qui rend la sonorisation des
parties de plus en plus facile.
Si vous ne disposez pas du dernier cri, il
faudra utiliser un lecteur CD, DVD, ou
chaîne hifi, avec les disques qui vont avec.
La solution est encombrante car cela

101
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 3 ­ Le choix des musiques d'ambiance
implique d’avoir tous les disques avec soi et
surtout de quoi les lire, mais fonctionne bien
quand on joue chez soi : tout est sous la
main, et la qualité du rendu est en général
optimum. Dans ce cas, la préparation
consiste à sortir les disques à l’avance, si
possible dans l’ordre dans lequel ils seront
approximativement joués, et de les laisser à
proximité du lecteur : si le meneur doit
passer trois minutes dans le feu de l’action
pour retrouver son disque, l’ambiance
risque de retomber un peu… et le meneur se
fera jeter trousses, dés, chips, crayons ou
tout ce qui passe à portée de main des
joueurs.
Pour plus de portabilité, les plus en avance
sur leur temps pourront utiliser leur
baladeur MP3 pour diffuser la musique,
via un petit set d’enceintes transportables.
Les avantages sont multiples : l’ensemble ne
prend que très peu de place derrière l’écran
et la playlist peut être préparée à l’avance et
stockée dans un répertoire spécifique du
lecteur : plus besoin de rechercher son
disque il suffit d’appuyer sur le bouton pour
aller à la plage suivante. L’inconvénient est
102
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
qu’il faut gérer l’autonomie du lecteur et des
enceintes : ces dernières sont rarement
autonomes et doivent être branchées : il faut
avoir donc un accès à une prise près de la
table de jeu. Il en va de même pour le
lecteur, si la partie va être longue et que son
autonomie ne permettra pas de tenir le choc
d’une bonne longue partie de jeu de rôle !
On passera sur les critères de flottabilité et
de tenue aux sodas et autres boissons de
table : au meneur d’être vigilant !
Une solution hybride, c’est d’utiliser
l’ordinateur portable : de plus en plus de
meneurs cachent un portable ou un mini
notebook derrière leur écran et la solution,
bien que demandeuse d’espace et de
matériel, est assez flexible. Le meneur peut
diffuser de la musique, directement depuis
l’ordinateur ou avec des enceintes
supplémentaires, branchée sur la machine et
parfois avec une alimentation indépendante.
Il peut utiliser CD ou fichiers MP3 stockés
par playlist dans des répertoires préparés
avant la partie. Un simple clic permet de
passer d’une ambiance à une autre. De plus,
le meneur peut s’en servir en même temps

pour prendre des notes, faire des suivis
sous tableur des points de vie, points
d’expérience du groupe en cours de jeu, lire
son scénario sans l’imprimer (s’il existe au
format électronique) ou même avoir sous les
yeux l’ensemble des règles avec par
exemple un fichier ouvert sur le livre de
base au format PDF. Il faut à nouveau
s’assurer que le meneur aura tout ce dont il
a besoin pour alimenter l’ordinateur ainsi
que les enceintes si celles­ci sont alimentées
séparément. D’où la multiprise, toujours
utile ! Il va de soi que l’on ne dispose pas
toujours d’une prise de courant à proximité
pour la partie, notamment lors des salons
ou conventions, mais en général le bruit
ambiant est tellement fort qu’il vaut mieux,
de toutes façons, miser sur le jeu et les mots
en oubliant l’ambiance musicale.
En fonction de ce qui est disponible là où se
déroulera la partie, on peut même aller plus
loin si l’ordinateur peut être relié à un
réseau sans fil type wifi. Le meneur peut
alors diffuser les musiques directement à
partir de sites d’écoute en ligne légaux
comme Deezer ou Music Me, où de plus les
playlists peuvent être stockées à l’avance et
les pistes facilement changées en cours de
partie. C’est le luxe du luxe, mais plus rien
n’arrête le progrès de nos jours, alors si
vous avez cela à portée de main, n’hésitez
pas à vous en servir pour avoir des serveurs
entiers de base de données musicales à
portée de clic de votre table de jeu.
Quelque soit le moyen utilisé pour diffuser
ou stocker la musique, une constante qu’il
faudra garder à l’esprit c’est de devoir jouer
finement du volume en cours de jeu. Il y a
déjà un niveau général à trouver pour éviter
de gêner les autres tables, le voisinage et
surtout les joueurs ! Il vaut mieux démarrer
un niveau moyen un peu bas pour éviter
d’incommoder la table et permettre aux
joueurs de s’entendre parler. Le meneur qui
lance la partie avec une musique trop forte
s’attirera les foudres du groupe ! Partir avec
un niveau de volume légèrement inférieur à
la moyenne, plutôt bas, offre le plus de
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 3 ­ Le choix des musiques d'ambiance
possibilités : de simple arrière plan, la
musique peut être dosée à souhait pendant
la partie, quitte à monter un peu le volume
pendant les scènes un peu plus tendues
pour revenir ensuite sur un niveau normal
de fond d’ambiance.
L’ultime playlist
Vous avez le matériel, les enceintes, la sono,
les prises de courant, maintenant que jouer
comme musique pendant la partie ?
L’encadré « Quelques notes pour votre
univers » vous donnera quelques pistes et
références en fonction de l’univers joué et
de l’ambiance recherchée. À ce niveau de la
préparation, le meneur va définir jusqu’où
il va aller dans le détail de sa bande son,
s’il a décidé d’utiliser la musique pour
imprégner sa table d’une ambiance bien
particulière.
La solution simple consiste à prendre la
playlist ou les disques sélectionnés comme
ambiance générale du jeu et de l’univers.
Dans ce cas, le meneur va simplement
appuyer sur play en début de séance et
laisser la musique comme fond, sans
chercher à avoir plus de détails ou à
raccrocher des thèmes particuliers à une
scène spécifique. Le MJ va alors seulement
jouer du volume en cours de partie :
augmenter légèrement le son et la tension
dans les scènes critiques pour faire monter
la pression sur le groupe, ou bien diminuer
le son presque complètement quand le
thème musical est trop inadapté à la scène
en cours. L’exemple typique est celui d’une
piste trop douce en pleine scène de combat
ou l’inverse, une musique survoltée dans
un moment de réflexion et de calme de
l’histoire. Le bouton « Volume » est au
meneur ce que les platines sont au DJ dans
ce cas de figure.
Si le meneur souhaite aller plus loin, il peut
alors prévoir, à partir de son scénario et du
découpage en scènes effectué dans les
étapes précédentes, une ou quelques
plages spécifiques à chaque scène. De la
103
 Ch 3 ­ Le choix des musiques d'ambiance
sorte on peut personnaliser et dramatiser
chaque moment de l’histoire, en fonction de
ce qui se déroulera le plus
vraisemblablement pendant le jeu.
Comment procéder ? Le MJ va prendre
dans son scénario chaque scène et
sélectionner une ou plusieurs pistes qu’il
va noter pour mémoire à l’emplacement
indiqué sur le document de scénario. Il
ajoute les pistes à sa playlist en parallèle
pour la constituer au fur et à mesure. Le
meneur devrait sélectionner une seule piste
si la scène est simple et ne comporte qu’une
seule tonalité. Si par contre, cette dernière se
fait en plusieurs temps, il faudra choisir
plusieurs pistes musicales pour refléter
chaque « moment » de la scène. Par
exemple, si dans un scénario contemporain
d’espionnage, les personnages vont à un
moment du scénario infiltrer un bâtiment
ennemi et qu’il y a un risque que
l’infiltration bascule en scène de combat s'ils
ne sont pas discrets, alors le meneur devrait
préparer deux musiques : une première
pour refléter la tension sous jacente à
l’infiltration et au besoin d’être discret et
une seconde pour l’action violente si jamais
le conflit éclate.
Cette solution permet d’amener la partie au
niveau d’un véritable divertissement, où
les personnages deviennent les héros d’une
histoire où la musique va les accompagner
du début à la fin. L’investissement est un
petit peu plus lourd en préparation, le
meneur choisissant et notant sur le scénario
les musiques, et préparant une playlist soit
sur MP3 soit depuis un site d’écoute en ligne
pour pouvoir basculer en un clic d’une
atmosphère à une autre.
Quelques astuces
complémentaires
Voici quelques tuyaux supplémentaires
pour aider le meneur dans le choix et
l’utilisation des musiques.
Pour gagner du temps lors de la sélection
des morceaux, il peut être utile de se
104
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
constituer une petite réserve de thèmes
classés par ambiance ou type de scènes : les
musiques orientées plutôt enquêtes, celles
orientées pour le combat, pour la discussion,
et ainsi de suite. Les références données en
encadré peuvent venir commencer à
alimenter cette réserve. Venir puiser dans
cette bibliothèque permettra de gagner du
temps dans le choix des musiques. On peut
imaginer garder quelques thèmes récurrents
au long de la même campagne ou dans le
même univers notamment. Enfin, il est
important de renouveler ces listes une fois
de temps en temps, en supprimant des
morceaux que les joueurs ont trop entendus
pour insérer des sons nouveaux, les faire
évoluer en fonction des nouveautés ou de
styles de jeu et d’univers différents.
Un autre ressort qui marche très bien est
d’utiliser un générique au début de chaque
séance. Il faut choisir un morceau court (ou
un extrait de morceau plus long) qui colle
au thème et plonge les joueurs dans
l’ambiance. On peut même imaginer une
introduction pré écrite sur ce thème que le
meneur lira pendant le générique et qui sera
sensiblement la même d’un épisode à un
autre. Le MJ doit avoir suffisamment
assimilé ce texte pour pouvoir le raconter et
le faire vivre sans le lire machinalement. Le
générique peut également revenir à la fin
de la séance, pour conclure le jeu, soit avec
le même morceau qu’au début, soit avec un
générique de fin différent mais qui
reviendra d’une histoire sur l’autre.
Un même morceau peut être utilisé
plusieurs fois au long de la même histoire
pour servir de thème à ce scénario
particulier. Le morceau, sans être passé en
boucle, reviendra deux ou trois fois au cours
de la partie, lors des moments de transition
d’une phase à une autre, ou d’une séquence
de réflexion qu’aura le groupe sur la marche
à suivre pour la suite. En étant créatif on
peut même essayer de mettre une unité
dans les thèmes ainsi choisis des différents
scénarios de la campagne : si le thème de
l’épisode 1 est un morceau A, pourquoi ne

pas choisir pour l’épisode 2 un morceau B
du même artiste ou du même style que A,
comme une autre piste d’un même album
par exemple…
Une astuce, souvent utilisée dans les films,
consiste à associer un thème à un
personnage, un objet, ou un élément bien
précis de l’intrigue. Le même morceau
pourra donc être utilisé tout au long du
scénario ou de la campagne lorsque ce motif
est impliqué, ou même lorsqu’il ne l’est pas,
pour suggérer quelque chose au groupe, à
raison ou pour faire une fausse piste…
(dans ce cas là c’est particulièrement
retors !) Par exemple, si un élément
récurrent de votre campagne
contemporaine fantastique est la magie
noire, le meneur peut très bien choisir un
thème spécifique pour la magie noire, et
jouera le morceau quand cette dernière sera
invoquée ou impliquée, montrant ainsi une
certaine unité des forces des ténèbres de son
univers.
Attention aux thèmes trop célèbres, aux
bandes originales de films ou aux musiques
classiques connues par cœur de tous les
joueurs : il y a un risque que cette dernière
soit trop présente et finisse par éclipser
l’univers. Si sur le jeu de rôle Star Wars ce
serait une bonne chose que de jouer les
musiques des films, sur d’autres univers qui
ne sont pas inspirés d’un film, le risque de
faire disparaître votre univers au profit de
celui du film de la bande son existe. Il va de
soi que pour certains types de sonorités, on
ne le retrouve que dans les compositions de
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 3 ­ Le choix des musiques d'ambiance
bandes originales. Il y a donc un juste
milieu à trouver : si vous utilisez une BO, il
faut soit prendre un film qui date un peu ou
qui n’a pas été un énorme succès du box
office, ou bien sur la BO d’un film archi
connu, ne choisir que des pistes «
secondaires », sans reprendre celles qui
diffusent de manière trop flagrante le thème
du film. Dans la liste donnée en encadré, les
BO ont été signalées par (BO) à côté du titre
de l’album et les poncifs de certains genres,
comme Conan le Barbare, Le Seigneur des
Anneaux¸ Matrix, ont été évités
volontairement.
Enfin n’oubliez pas d’être à l’affût de
nouvelles musiques et sonorités pour vos
parties. En plus des bandes originales des
nouveaux films à l’affiche, les magazines
musicaux spécialisés peuvent donner,
notamment dans les CDs de sampler
vendus en encart, des listes d’artistes à
explorer. Que ce soit en matière de musique
électronique, gothique, ou urbaine pour ne
citer que ces exemples, les magazines
spécialisés sont parfois de bonnes sources
d’inspiration pour explorer une niche bien
particulière de style musical et découvrir de
nouveaux artistes. Dans la même veine, sur
les sites d’écoute en ligne de musique, les
fonctionnalités « Artistes similaires »
permettent également d’explorer des
univers musicaux légèrement différents
(mais voisins) de ce qui est recherché
initialement. C’est ainsi que l’on peut
découvrir de nombreux talents directement
utilisables pour sonoriser les parties.
105
 Ch 3 ­ Le choix des musiques d'ambiance
Quelques notes pour votre univers
Classés par genre et styles d’univers, voici
quelques références. Elles sont présentées de la
façon suivante :
Artiste – Album (Année) – Titres
Les plages recommandées ne sont que les plus
représentatives mais n’hésitez pas à explorer
certains albums intégralement pour découvrir
parfois de véritables perles. Enfin, essayez
également de mélanger les genres. Une musique
d’enquête occulte peut aussi être utilisée en
contexte médiéval, tout comme une musique de
donjon sombre pourrait fonctionner à merveille
dans un jeu contemporain ou post
apocalyptique.
La sélection des types d’univers est tout à fait
subjective, il va de soi que plein d’autres univers
auraient pu être abordés (Antiquité, western),
mais avec ces quelques références, une grande
partie du spectre est déjà couverte.
Voyage spatial
Midnight Juggernauts ­ Album Dystopia (2008) ­
Titres : Introduction / Dystopia / Scorpius
Vangelis ­ Album Mythodea (2001) ­ Titres :
Introduction / Movement 1
Air ­ Album 10000Hz Legend (2001) ­ Titres :
Don't be light / Lucky and Unhappy
Post apocalyptique
Robin Foster ­ Album Life is Elsewhere (2009) ­
Titres : Last Exit ­ Brest By Night / Blue
Lights at dusk
Dead Hollywood stars ­ Album Gone West
(2002) ­ Titres : Arid Zona / Jigsaw Motel
Deep Dish ­Album Junk Science (1998) ­ Titres :
Junk Science / Persepolis
Menestrel / taverne
Les Menestrels ­Album Oswald v Wolkenstein
and his Italian Contemporaries (1998)
­ Titres : Salterello / Ecco la primavera /
Frölaich geschrai
Ensemble Perceval ­ Album Troubadours (1998)
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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
­ Titres Douce Dame / Meienzit
Caprice ­Album Elvenmusic (2006) ­ Titres
Meerymaking of the forest elves / The mewlips
Cyberpunk Futuriste
Fluke ­ Album Progressive History XXX (2001) ­
Titres : Bullet / Tosh / Absurd
Nicolas Dodd ­Album Renaissance (BO) (2006) ­
Titres Ted / Chasend / Nostalgia
Moby ­ Album Last Night (2008) ­ Titres :
Hyenas / Alice
Contemporain Gothique
Monumentum ­ Album In Absentia Christi
(2009) ­ Titres : Battesimo:Nero Opaco / Fade to
Grey /Terra Mater Orfanorum
Dark Sanctuary ­ Album Exaudi Vocem Meam I
(2008) ­ Titres : Cristal / Ouverture / Je m'en
irai
Virgin Black ­ Album Requiem Mezzo Forte
(2007) ­ Titres : Requiem, Kyrie / Midnight's
Hymn
Quête, Donjon sombre
Lisa Gerrard ­ Album The Silver Tree (2007) ­
Titres : Shadow Hunter
Harry Gregson Williams ­ Album Kingdom of
Heaven (BO) ­ Titres : The Battle of Kerak /
Crusaders
Wilt ­ Album Dark Meadows (2006) ­ Titres :
Keeper of Lanterns / For Blake / Dark
Meadows
Enquête occulte
Stephan Konicek ­ Album The Ninth Gate (BO)
(1999) ­ Titres : Liana's Death / Bernie is Dead /
Missing Book / The ninth Gate
Hans Zimmer ­ Album Angels and Demons
(BO) (2009) ­ Titres : Immolation / Science and
Religion / Fire
Debbie Wiseman ­ Album Arsene Lupin (BO)
(2007) ­ Titres : Under the Spell / Underwater /
Fooled by a newcomer

Oriental fantastique
Arcana ­ Album Le Serpent Rouge (2008) ­
Titres : Le serpent Rouge / Serpents Dance /
Amber
Lisa Gerrard ­ Album The Silver Tree (2007) ­
Titres : In Exile
Rajna ­ Album Hidden Temple (2004) ­ Titres :
Ranakpur / Buried Philae / Kerala Breath
Horreur, ambiance pesante
Shinjuku Thief ­ Album The Witch Hammer
(1999) ­ Titres Tolkhorn / Wolfzahn / Poena
Damni
Squaremeter ­ Album Nyx (2006) ­ Titres
Thanatos/ Hypnos / Atropos
Non ­ Album Children of the black Sun (2002) ­
Serpent of the abyss / The Underground Stream
/ Black Sun
Horreur plus rythmée, oppressante
Anton Coppola ­ Album Bram Stoker's Dracula
(BO) (1992) ­ Titres The Storm / The ring of Fire
/ The Brides
John Frizzell ­ Album Ghost Ship (BO) (2002) ­
Titres : Touring the Ship / Meeting the
captain / The fight
Virgin Black ­ Album Sombre Romantic (2001) ­
Titres : Walk without limbs / Lamenting Kiss
Contemporain Fantastique / Espionnage
Tyler Bates ­ Album Watchmen (BO) (2009) ­
Titres : Tonight the Comedian Died / You Quit
/ Only Two Names Remain
Steve Jablonsky ­ Album The Island (BO) (2005)
­ Titres : Agnate ukuleles / Send In the Clones /
Mass Vehicular carnage
Demon One ­ Album L'empire des loups (BO)
(2005) ­ Titres : Les egouts / Arrivée en turquie
/ Black Dove
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Ch 3 ­ Le choix des musiques d'ambiance
Violence Urbaine
Overseer ­ Album Wreckage (2001) ­ Titres :
Stompbox / Supermoves / Doomsday
Daft Punk ­ Album Homework (1997) ­ Titres :
Rollin'& Scratchin' / Rock n Roll /
Alive
The Prodigy ­ Album Invaders must die (2009) ­
Titres : Omen / World's on Fire / Piranha
Mystique
Massive Attack ­ Album 100th Window (2003) ­
Titres : What your soul sings / Everywhen
Inade ­ Album Aldebaran (1996) ­ Titres : The
crushing of earthly foundations (I) / The
crushing of earthly foundations (II) / Signals
from 68 dimensions (I)
Dead Can Dance ­ Album Spiritchaser (1996) ­
Titres : Song of the Stars / Indus / Nierika
Combat / bataille
Vangelis ­ Album Alexander (BO) (2004) ­
Titres : The Drums of Gaugamela / The Charge
Harry Gregson Williams ­ Album X Men
Origins (BO) (2009) ­ Titres Logan Through
Time /
Deadpool
Jerry Goldsmith ­ Album The 13th Warrior (BO)
(1999) ­ Titres : Viking Heads / The Fire Dragon
/ The Horns of Hell
Aventure / Epique
Hans Zimmer ­ Album King Arthur (BO) (2004)
­ Titres : Woad to Ruin / Another brick in
Hadrian's wall / All of them
Patrick Doyle ­ Album The last legion (BO)
(2007) ­ Titres : Sacred pentangle / Journey to
Brittania / Hadrian's wall
A.r. Rahman ­ Album L'Age d'Or (BO) (2007) ­
Titres : Storm / Opening / Philip
107
 Ch 3 ­ Écrire les scènes

En suivant l’écriture scène par scène, on

Écrire les scènes obtient sur le scénario un ensemble de
blocs, chacun détaillant une scène. Ce bloc
Le scénario est à présent décrit au brouillon
contient tous les éléments pour jouer et faire
et le document de scénario comporte la
jouer la scène, que ce soit soi­même ou par
structure de ce dernier : les actes, les scènes
un autre meneur. Cela a un côté pratique
et les titres de chacune de ces parties. Il
car l’ensemble est visualisable facilement en
indique également les musiques qui seront
cours de partie : tout est regroupé au même
utilisées en cours de route, si le meneur va
endroit.
jouer en musique. L’arborescence du
brouillon donne le contenu de chaque scène,
en fonction du découpage. Il s’agit
Le contenu et la description :
« vous arrivez sous un ciel
maintenant de passer, avec tous ces
éléments à la rédaction de chaque scène
d’un bleu très…bleu »
individuelle de l’histoire. Toutes ne sont pas
Que va écrire le meneur dans ce bloc dédié
nécessairement à écrire ou détailler en
à chaque scène ? Il peut commencer par
profondeur, et un meneur pressé pourra se
deux ou trois lignes de description. Ces
focaliser seulement sur quelques scènes
quelques mots vont poser l’ambiance de la
clefs de l’histoire.
scène : le meneur va coucher sur le papier
les idées qu’il a en terme de mots, de
Acte I, Scène 1, Moteur,
descriptions, d’atmosphères, de visuels… Si
Action !
ces quelques mots peuvent être un bon
support, ils ne suffisent pas en jeu ! Un
La technique de l’écriture en scène,
meneur qui lit les descriptions en cours de
présente, comme toute technique des points
partie aura beaucoup moins d’impact qu’un
forts et des inconvénients. La vision qui se
récit vécu et ressenti par le meneur. Tout
développe en écrivant ainsi est une vision
l’art d’un conteur passionnant consiste à
« cinématographique » du récit. Chaque
avoir une narration fluide, cohérente et
moment de l’histoire est réfléchi et détaillé :
vivante. Un texte simplement lu n’aura pas
quel sera son décor ? Son ambiance ? Que
ce naturel. Le meneur va donc préparer ce
va­t­il s’y passer ? En balayant ainsi
texte d’ambiance pour pouvoir s’en inspirer
l’ensemble de l’histoire, on peut donner une
en cours de jeu et l’utiliser comme base
profondeur à chaque moment du scénario
d’improvisation. L’autre possibilité, au lieu
et éviter les phases un peu plus creuses.
d’écrire des phrases complètes, consiste à ne
Au­delà du risque de trop en faire, de
préparer que des mots clefs ou des
multiplier les rebondissements et de se
expressions spécifiques qui pourront être
perdre dans les détails, l’un des
utilisées pour réaliser la description en
inconvénients de cette technique est de
cours de jeu. Par exemple « humide,
rester dans une vision « film » du jeu de
sombre, malodorant, eau poisseuse »
rôle, qui amène à scénariser et à vivre
pourraient caractériser une traversée des
l’histoire quasiment uniquement à travers
égouts.
une arborescence. Cette technique serait
Après cette partie de description, la scène
particulièrement inadaptée dans le cadre
va contenir un survol des différentes
d’un scénario « univers » (vision « jeu
actions possibles par les joueurs. Le
vidéo ») où aucune histoire n’est préparée à
meneur va présenter plusieurs actions
l’avance, mais à l’inverse où l'on part de
types, en anticipant ce que son groupe peut
situations qui vont évoluer en fonction des
faire face à la situation, et proposer
actions et réactions des PJs.
différents chemins possibles à partir de là,

108
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 3 ­ Écrire les scènes

Un exemple de scène space opéra

Scène 2 : La salle des machines

« Quand vous arrivez dans la salle des machines, une première chose vous traverse l’esprit : le sas est
ouvert, ce qui n’est absolument pas normal. L’intérieur de la salle est sombre, le long des tableaux de
contrôle, quelques voyants clignotent ça et là. Une légère odeur de fusible ou de circuit électronique
chaud plane dans la pièce. Dans un coin, un voyant rouge clignote et un bip d’alarme retentit
régulièrement. »
Si les personnages vont examiner le secteur d’où provient l’alarme, ils pourront trouver un panneau
de contrôle où l’une des manettes relais a été abaissée. La relever fera cesser l’alarme et sera sans
difficulté. Un personnage qui examine les alentours de ce levier à la recherche de traces pourra
trouver, sur un jet réussi en Perception sensorielle une trace de givre sur une paroi métallique non
loin de là. Si un personnage ayant une spécialisation en Sciences se penche sur la trace, il pourra y
déceler comme une empreinte qui serait la main ou la patte d’une « chose » vaguement humanoïde
qui aurait pu laisser cette trace.
L’ensemble de la manœuvre est une diversion orchestrée par la chose embarquée à bord afin de
détourner l’attention des personnages pendant que ces derniers sont en salle des machines. Si l’un
d’entre eux est resté dans la salle de pilotage, il peut voir les détecteurs révéler une présence dans la
salle de cryogénie, ainsi qu’une légère baisse de température. Le reste du groupe pourra donc être
prévenu et les personnages pourront éventuellement arriver en salle de cryogénie avant que la bête
ne s’attaque aux passagers en hibernation. Si les personnages sont tous allés en salle des machines, ils
découvriront en quittant cette dernière que le sas de la salle de cryogénie a également été ouvert et ils
entendront un bruit de verre brisé suivi d’un soupir.
Si les personnages ont réagi dès l’arrivée en salle des machines, ils peuvent détecter la créature : cette
dernière est en effet encore dans la salle des machines quand le groupe arrive. Si un personnage
demeure à l’entrée de la salle, il sera confronté directement à la chose au moment où celle­ci cherche à
sortir pour rejoindre la salle de cryogénie.

qui amèneront à la « résolution » de la scène Technique, jet de dés, table de

sous une forme ou sous une autre. En
reprenant l’exemple de la scène des égouts,
le meneur pourrait écrire : « Si les
personnages n’utilisent pas un système de
repérage, ils devront réussir un jet en
orientation ou risquer de se perdre. Dans le
cas où ils s’égarent, ils seront obligés de
trouver un moyen de remonter à la surface
afin d’essayer de savoir où ils se trouvent. À
l’inverse, s’ils font preuve d’astuce et
suivent une direction précise (par exemple
le sens du courant) ils pourront atteindre
une issue assez rapidement. » Cette
approche Si/Alors permet de couvrir
plusieurs éventualités de ce qui se passera
dans la scène. On ne pourra jamais tout
anticiper, mais avoir une base permet de
mieux rebondir.
coups critiques et autres
dégâts de feu
Les actions possibles peuvent être
accompagnées d’un rappel des points de
règles qui seront utilisés pour les
résoudre. Soit l’ensemble de la règle en
question peut être rappelée, soit le numéro
de la page où le point est abordé. L’objectif
est simple : gagner en fluidité pendant la
partie et éviter de feuilleter trop souvent et
trop longtemps le livre des règles. Certains
meneurs vont même jusqu’à placer des
marques­pages dans le livre de règles en
amont de la partie pour pouvoir se rendre
facilement aux pages qui seront utiles en
cours de jeu. Par exemple s’il est possible
que les personnages doivent au cours de la

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 3 ­ Écrire les scènes

scène éviter une noyade, le meneur pourra
rappeler le jet de dés qu’ils devront faire, les
conséquences en cas d’échec et la manière
de gérer la situation en terme de règles. Si
l’ensemble est trop long il peut simplement
mettre « cf page xx pour les règles sur le
risque de noyade ». Cela peut tenir en
quelques lignes mais permettra de gagner
des secondes précieuses aux moments les
plus tendus de la partie.
La fin du descriptif de la scène va contenir
différentes issues possibles, selon les
actions des joueurs. Le meneur va donc
prévoir quelques uns des chemins que le
groupe pourra prendre à la suite de la
scène, en fonction de leurs actes, de leurs
paroles, de la réussite ou de l’échec
d’actions, ou encore d’autres facteurs. Le
meneur va donc pointer les autres parties
de l’arborescence qui peuvent être
atteintes depuis la fin de cette scène. A
nouveau il est possible que les joueurs
partent dans une direction non prévue,
auquel cas le meneur improvisera, soit en
roue libre, soit en s’inspirant des
déroulements prévus à l’origine.
Le meneur va donc pouvoir détailler de la
sorte l’ensemble des scènes du scénario, de
la première à la dernière et « rédiger »
l’histoire. Le scénario est alors quasiment
terminé.

A vous de composer une scène !

Pour vous exercer à vous de composer la scène n°2 du scénario victorien fantastique proposé
ci­dessus, dans l’exemple portant sur le chapitrage. Voici l’arborescence :

Arrivée au Au chevet Enquête

château Braun du malade au château Scène 4

Scène 1

Tentative Départ pour

de détection le village Scène 3
Scène 2

La scène 2 décrit donc l’arrivée au chevet du malade, dans le manoir victorien, et l’examen
du malade par les personnages. Le personnage sorcier peut tenter une détection de la magie,
qui réussit donnera une indication sur la nature magique de son affliction. A vous de rédiger
cette scène !

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 3 ­ Écrire les scènes

Scène 2 : Au chevet du malade

Description :
«
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________
_________________________________________________________________________________ »
Actions possibles (avec systèmes de règles associées)
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________
Issues
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________

Préparer les annexes toutes prêtes venant d’autres jeux, d’autres

Il ne reste qu’une étape dans la préparation
du scénario, c’est la création des annexes.
L’ensemble de ces aides de jeu a été listé
dans le brouillon et le meneur a même
effectué une petite sélection de celles qui
seront essentielles au scénario. Il est temps
de développer cette matière qui viendra en
renfort de l’histoire décrite par les scènes,
lui servant de décor, de complément et
permettant pour certaines de renforcer
l’ambiance et l’immersion des joueurs.
Prendre tout ce qui passe…
ou presque !
Un aspect important est de savoir se
focaliser sur l’essentiel. Il n’y a pas de
réelles limites à la quantité de supports et
d’aides de jeux qui peuvent être préparées
pour un scénario : il est donc important de
fixer les priorités et choisir les quelques
annexes les plus utiles en cours de partie.
Ensuite l’ensemble de ces annexes n’a pas
forcément besoin d’être original : comme
ces dernières ont été bien identifiées à côté
de l’histoire, pour la compléter, il est tout à
fait possible d’utiliser des « briques »
scénarios, d’autres univers. Le plan d’une
tour médiévale venant d’un jeu A pourra
être utilisé avec quelques adaptations dans
un jeu B médiéval également ou d’un thème
se rapprochant, à condition bien sur que les
joueurs ne connaissent pas déjà le scénario
dans le jeu A. On peut même imaginer des
transplantations « transgenres » : un bunker
souterrain post apocalyptique peut avec un
peu de travail d’adaptation constituer le
plan d’une base spatiale en space opera ou
inversement. Le matériel que l’on peut
trouver dans un jeu contemporain
fantastique « réaliste » peut être utilisé dans
un jeu de super héros.
Ce recyclage peut même être fait au sein
d’une même campagne ou d’un même
univers. Si dans ce que vous avez préparé
pour un scénario précédent, les
personnages n’ont pas exploré un lieu dont
vous aviez conçu le plan, ou pas été
confrontés à une énigme, il n’y a aucun
problème à reprendre cette aide de jeu, à
l’adapter au nouveau concept pour éviter
que le travail ne soit perdu. Avec un peu de
créativité on peut même imaginer reprendre
un lieu précédent et lui donner une
nouvelle jeunesse : l’ancien entrepôt utilisé

111
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 Ch 3 ­ Écrire les scènes

Le roi des nains va s’appeler… Atchoum !

Voici quelques adresses de sites web proposant des générateurs de noms aléatoires, avec quelques
exemples de ce que l’on peut obtenir sur chacun d’eux. Si les quatre premiers sont surtout axés fantasy,
le dernier est beaucoup plus complet et saura être utilisé dans tous les univers.
o www.gunof.net en français, il s’adresse aux joueurs de jeu de rôle et de MMORPG, et propose des
générateurs de noms masculins et féminins dans différents genres, du médiéval fantastique au
contemporain de différentes nationalités. Voilà quelques genres : Hommes vikings (Thorkil, Osvald,
Vimund), Fantasy Arthurien (Gornemor, Celiwain, Maens), Femme Rome Antique (Titiana, Turia,
Severina).
o http://www.syl.vlana.fr/auto­edition/generateur­nom.php en français également, ce site propose
deux modes de création : un complètement aléatoire et un autre qui procède par syllabes. Sur ce dernier
les noms ont des consonnances elfiques/Seigneur des Anneaux, avec par exemple : Cilsimbor, Sënfir,
Liathen ou Ithminquë.
o http://www.clublegendes.com/generateur.php est un site de l’Association Légendes, en français, il
propose un générateur de noms, axé sur les univers médiévaux (nains, elfes, halfelings, orcs…) avec par
exemple pour les nains : Muli, Soibur, Rusil, Darin ou Togan.
o http://www.rdinn.com/generators/ est en anglais et propose un générateur de noms nains et un
générateur de noms elfiques. Les noms nains que l’on obtient sont par exemple Nallim, Balden, Bogruk
ou Thir.
o http://www.behindthename.com/random/ très complet mais en anglais, le site propose de générer
un nom avec des origines très diverses (français, africain, allemand, celte, fée, sorcière, biblique…).
Voilà quelques exemples de résultats : Stas Lev (Russe), Muscowequan Tenskwatawa (Natif Américain),
Moana (Maori), Sukhon Lawan (Thailandais), Sebastian Dillon (Anglais), Guillaume Severin (Français).

par le gang des Poings Rouges a très bien Trouver de la matière

pu être réaménagé ou repris par la société
MegaCorp Ltd, qui y a installé une partie de
ses activités sur lesquelles le groupe va
enquêter. Le bâtiment pourra donc rester le
même, avec quelques modifications de
l’intérieur du bâtiment. Il est intéressant de
voir la réaction des personnages dans ce cas
de figure et l’on peut jouer avec les
certitudes et surprendre les joueurs : telle
passage a été muré, une nouvelle pièce a été
créée…
Enfin comme mentionné au chapitre 2. (« La
création des PNJs et du matériel récurrent »)
le réel est une source d’inspiration
essentielle : que ce soient les lieux, les
personnages, les objets, les images, tout ce
que vous voyez, vivez, visitez ou percevez
dans le réel peut devenir une source
d’inspiration utilisable, en procédant à un
peu d’adaptation afin que les joueurs ne
fassent pas le rapprochement immédiat avec
la matière source.
Pour les personnages de l’histoire, leur nom
peut être trouvé assez facilement en
utilisant les bonnes sources. Pour les noms
francophones contemporains, puiser au
hasard dans l’annuaire des particuliers
peut être une solution rapide et simple. Les
noms anglophones contemporains peuvent
être trouvés en regardant le programme TV
et en choisissant des noms de seconds rôles
de téléfilms peu connus, en prenant le nom
d’un acteur et le prénom d’un autre.
Plusieurs sites web proposent des
générateurs de noms simples et intuitifs
d’utilisation, voir l’encadré à ce sujet.
En plus du nom la plupart des PNJs
devront être définis par une description : cf
le chapitre 2. « La création des PNJs et du
matériel récurrent » pour une technique
simple d’utilisation afin de trouver une
description physique rapidement à un

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 Ch 3 ­ Écrire les scènes

Cartes, atlas et GPS de vos univers

Voici quelques références de sites (en anglais essentiellement) où vous trouverez des cartes et des plans
de bâtiments quasiment prêts à l’emploi, gratuitement.
o Une recherche d’images sur Google anglophone avec « floor plans » donnera de multiples résultats.
L’adresse directe à copier dans le navigateur est
http://images.google.com/images?num=20&hl=en&q=floor+plans .
o Fantasy Floor Plans : ce site est surtout orienté médiéval fantastique et donne des plans prêts à
l’emploi : http://floorplans.tripod.com/floorplans.html .
o Celestia : Ce site web propose un logiciel gratuit pour réaliser des vues spatiales, idéales pour les
scénarios de science fiction : http://www.shatters.net/celestia/ .
o Theban Mapping Project : Historique et archéologique, ce site propose les plans de l’ensemble des
tombes égyptiennes de la Vallée des Rois. De quoi mettre en scène de belles explorations, que ce soit en
fantasy ou en fantastique / horreur. http://www.thebanmappingproject.com/ .
o Victorian London Map : Carte détaillée de la Londres de la fin du XIXème siècle, avec possibilité de
zoom sur les différentes sections : http://www.ph.ucla.edu/epi/snow/1859map/map1859.html .
o Middle Ages Map : Ce site présente différentes cartes historique de l’Europe Médiévale. Il donne de
bonnes inspirations sur le style des cartes de l’époque et permet d s’inspirer pour réaliser les siennes,
avec tout ce que cela implique (parties de cartes non à l’échelle, déformations, symboliques…).
http://www.historylink101.com/middle_ages_europe/middle_ages_maps.htm
o Collection privées de cartes et plans : ce site en français, à l’origine axé sur la généalogie, rassemble
cartes et documents historiques du Moyen­Age à l’Ancien Régime
http://www.notrefamille.com/collection­privee/galeries/cartes­plans/5/502­oeuvres­cartes­plans.html
o Châteaux Celtes et Chimères : site en français qui propose beaucoup de matériel médiéval dont cartes
historiques et plans de châteaux, d’abbayes… http://page.infinit.net/celte/liens.html .

PNJ. Pour la partie caractéristique chiffrée
du personnage, il faut d’abord bien évaluer
si ce personnage aura besoin ou non de
ses caractéristiques détaillées et si oui,
lesquels sont vraiment nécessaires ! Si un
personnage non joueur va intervenir dans
une scène sociale qui ne dégénérera
probablement pas en scène d’action, est­il
réellement nécessaire de préciser son score
d’attaque ou d’esquive ? Inversement un
personnage qui sera uniquement un second
couteau à affronter en combat n’aura pas
forcément besoin d’être détaillé dans
toutes ses compétences « sociales » ou
« intellectuelles ».
Un bon raccourci est d’utiliser, si cela est
disponible dans le livre de base ou un
supplément, les archétypes de personnages
existant, que ce soit en tant que PJ ou que
PNJ, quitte à les adapter un peu pour
refléter une spécificité du personnage. Si,
dans un jeu fantastique, les personnages
vont affronter un fantôme ayant des
pouvoirs spécifiques que ne possèdent pas
les fantômes de cet univers, le MJ pourra
prendre comme base les scores du fantôme
donné dans le chapitre sur les créatures et le
moduler un peu pour arriver au PNJ qu’il
souhaite en terme de scores, de pouvoirs.
Tout cela doit être fait en gardant en tête
l’équilibrage des rencontres, cf. l’encadré ci­
contre pour une réflexion à ce sujet.
L’autre type d’annexes à préparer concerne
les lieux. Le même article du chapitre 2
détaille des astuces pour gagner du temps
dans la conception de cartes que ce soit à
grande échelle (ville ou pays) ou
uniquement dans le cas d’un bâtiment.
L’idée maîtresse est de garder en tête la
fonction première du lieu pour le
concevoir, en partant d’une visualisation
de l’extérieur, puis en dessinant l’intérieur

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 Ch 3 ­ Écrire les scènes
en fonction de cette vue de dehors. La
cohérence est importante : si des personnes
ou créatures vivent dans le lieux, il faut
prévoir l’endroit où ces dernières vont
manger/dormir/vivre. Enfin, n’hésitez pas à
utiliser le travail des autres ! L’encadré sur
les lieux donne quelques liens intéressants
pour trouver des cartes toutes prêtes qui
pourraient s’adapter à votre univers.
Les aides de jeux faites avec
les mains
Les cartes et les personnages représentent
l’essentiel des annexes qui seront nécessaires
à la plupart des scénarios. Pour certaines
histoires un peu plus complexes, notamment
les scénarios d’enquête, le meneur peut
vouloir préparer une chronologie
d’évènements ou un réseau de relations.
Les encadrés donnent des exemples de ces
structures et de la manière dont on peut les
utiliser pour aider à la préparation et à
l’animation d’un scénario.
Le meneur peut également chercher à
illustrer son histoire. Bien sur tout le monde
n’a pas les talents d’un grand illustrateur,
donc une solution consiste à rechercher des
images (historiques, fantasy, science fiction)
pour illustrer l’aventure et stimuler
l’imagination des joueurs à des moments
bien précis du scénario. Il peut par exemple
rechercher des portraits pour des PNJs, ou
bien des paysages ou des vues de bâtiments
ou de quartiers pour illustrer des lieux. Les
jeux qui se situent dans un contexte
historique peuvent également être imagés
par des documents d’époque ou des
gravures qui ont réellement existé. Les jeux
qui reposent plus sur l’imaginaire peuvent
trouver leurs illustrations dans les travaux
d’illustrateur fantasy, fantastique ou SF. Les
sites de ces derniers contiennent en général
leurs galeries dans lesquelles le meneur peut
trouver de quoi illustrer certains moments
des parties. Bien sur, cette utilisation ne peut
être faite qu’à titre privé et personnel : pour
tout scénario qui sera publié ou diffusé,
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même gratuitement, il faudra l’autorisation
de l’illustrateur. Alternativement les
banques de données d’images peuvent
apporter de bons résultats : à côté des
classiques résultats des moteurs de
recherche (type Google Images), d’autres
sites proposent des banques d’images
(comme Free Stock Photos) où l’on peut
trouver notamment des paysages qui
peuvent servir à illustrer certains scénarios.
Les sites communautaires d’artistes ont
également habituellement des moteurs de
recherche par type d’illustration, par style…
Deviant Art ou encore le Café Salé sont des
sites où l’on peut trouver de nombreux
travaux d’illustrateurs. A nouveau attention
à bien vérifier les droits d’auteur si jamais
vous décidez de diffuser votre travail avec
les illustrations !
Les autres aides de jeux auxquels peut
penser le meneur vont dépendre de
l’histoire : des documents que pourront voir
les personnages dans le jeu peuvent
constituer de bonnes aides de jeu : lettres
reçues, parchemins, articles de journaux,
affiches, messages codés, documents. A vous
de voir dans le scénario quels documents
pourraient être réalisés « en
vrai » afin de le donner aux joueurs en cours
de partie et renforcer l’immersion. En aide
de jeu, vous trouverez le template de
parchemin utilisé pour les encadrés de cet
ouvrage qui peut être photocopié et utilisé
pour un usage personnel et privé. Pour
réaliser un article de journal, le site
http://www.fodey.com/generators/newsp
aper/snippet.asp propose un petit outil
facile d’utilisation pour réaliser rapidement
un extrait imprimable et utilisable en cours
de jeu.
Ces quelques idées ainsi que les encadrés
vous donnent donc les exemples pour
concevoir des annexes qui, au­delà du
simple gadget, apporteront un plus à votre
scénario et à votre séance, que ce soit en
terme d’immersion, d’implication ou de
force de suggestion de votre histoire.
 Ch 3 ­ Écrire les scènes

Comment équilibrer un scénario ? Jouer l’apprenti sorcier des probabilités

La question de l’équilibrage se pose lors de la préparation des annexes, des antagonistes et des défis
auquel le groupe devra faire face pendant l’histoire. Un scénario doit être équilibré, dans le sens où il ne
doit être ni trop facile pour le groupe, ni trop difficile, auquel cas il risque de se transformer en TPK
(Total Party Kill : scénario où tout le groupe meurt). La question se pose surtout en cas de scènes
d’action ou de combat.
Il y a plusieurs approches sur l’équilibrage. La première et la plus simple consiste à ne pas chercher à
équilibrer. C’est aux joueurs de juger en cours de partie, de la taille de l’opposition, de la force de
l’adversaire, et de déterminer s’ils sont capables de l’affronter ou non. Si ce n’est pas le cas, ils devront
fuir ou trouver une ruse ou un autre moyen de le battre. C’est souvent le cas des jeux d’horreur ou des
jeux contemporains réalistes. Il est essentiel dans ce cas de leur laisser une chance de se rendre compte
de la force de l’adversaire et une possibilité de fuir si leurs actions sont raisonnables.
L’autre voie, plus compliquée consiste à essayer d’ajuster le niveau des rencontres au niveau du
groupe, en évaluant les probabilités (dans le cas d’un système de règles basé sur l’aléatoire) de réussite
ou d’échec du groupe. Attention, il va falloir avoir quelques notions de probabilités pour vous essayer à
cette méthode. Ce n’est bien sur qu’une suggestion de technique, mais elle fait réfléchir à plusieurs
aspects structurants du système de règles que vous utilisez. Il se base sur ce que l’on appelle la loi
binomiale, qui est le modèle de répartition qui gouverne la plupart des systèmes de jeux de rôle : la loi
permet en effet de calculer le nombre de succès sur différents jets de dés successifs, par rapport à une
probabilité donnée de réussir l’action. Sans entrer dans le détail des calculs complexes de statistiques,
voici comment on peut analyser une rencontre en utilisant les apports de la loi binomiale.
Comment cela fonctionne ? L’idée est d’essayer de déterminer, en moyenne, le nombre d’attaques qu’il
faudra à l’adversaire pour tuer les PJs, et comparer ce nombre d’attaques au nombre d’attaques que
devront faire les PJs pour tuer leur adversaire. Si, en moyenne statistique, l’adversaire tue plus vite les
PJs alors le combat sera dangereux. Si par contre, les PJs devraient être théoriquement plus rapide, alors
le combat sera plus simple. A l’égalité, on sera alors dans un duel à mort, dangereux et risqué, d’un
côté comme de l’autre.
Voilà étape par étape comment il faut procéder :
1. Quel est le dégât moyen qu’inflige l’adversaire à un personnage, en tenant compte de la protection «
moyenne » du groupe ?
2. Connaissant ce dégât, quelle va être le nombre de coups que peut encaisser un personnage avant de
succomber ?
3. On parle ici au nombre de coups qui ont porté. Pour évaluer le combat, il faut revenir au nombre
d’attaques qui seront effectuées par l’adversaire pour arriver à ce nombre de coups. C’est là que la loi
binomiale intervient, voilà comment elle peut être résumée en des termes rolistes :

Nombre de succès en moyenne = (Probabilité de réussir) x (Nombre de tentatives)

Pour la suite, il faut donc déterminer la probabilité qu’a l’adversaire de réussir une attaque contre le
groupe, en tenant compte de sa force de frappe, de la défense « moyenne » du groupe et du système de
jeu. Le calcul n’a pas besoin d’être précis, il suffit de savoir le chiffrer sous une forme « 1 chance
sur » : par exemple 1 chance sur 2, 1 chance sur 4…
4. Il est temps alors de combiner les 2 résultats suivant la loi binomiale. Il faut donc diviser le nombre
de coups obtenu au 2 par la probabilité obtenue au 3. Ce n’est pas forcément difficile, notamment si
vous avez formulé votre probabilité sous la forme « 1 Chance Sur A » : il suffit alors de multiplier le
nombre de coups par A pour arriver au nombre d’attaques que l’adversaire devra infliger pour

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 Ch 3 ­ Ouvrir l'éventail des possibles : l'arborescence

éliminer un ou plusieurs PJs. Si par exemple, vous avez déterminé qu’un personnage pouvait
encaisser 2 coups avant de périr et que l’adversaire réussit ses attaques une fois sur 3, alors si il y a
une attaque par round, au bout de 6 rounds, il y a des chances, s’il s’en est pris à un seul des PJs que
ce dernier soit mal en point.
5. Ajuster le résultat au nombre d’adversaires (s’il y a 3 opposants, et que chacun frappe une fois, ils
iront 3 fois plus vite pour éliminer les PJs…), au nombre d’attaques par adversaire (si un seul
opposant peut attaquer 10 fois à chaque round, il sera encore plus « efficace ») pour déterminer le
nombre de rounds avant l’élimination d’un PJ ou du groupe.
6. Faire le même exercice (étapes 1 à 5) en inversant les rôles : dégât moyen du groupe, quelle est la
résistance du ou des adversaires et donc combien de coup peuvent ils encaisser… et ainsi de suite
pour obtenir le nombre de rounds avant l’élimination du ou des opposants.
7. Pour savoir si le combat est équilibré, il faut comparer les scores de chaque côté, ce qui donne une
idée de la mortalité du combat. Le meneur peut ensuite se définir un niveau de risque ou de perte
lors de la confrontation : si par exemple 6 rounds de combat suffisent à éliminer un PJ, alors un
combat qui durera en moyenne 12 rounds avant que les personnages ne tuent l’adversaire mettra en
péril la vie de 2 PJs. A l’inverse un combat qui ne dure que 4 rounds ne mettra pas en danger la vie
des personnages du groupe.
8. Le MJ peut ensuite alors ajuster soit les points de vie/résistance de l’adversaire, soit son attaque
ou sa défense (autrement dit jouer sur les probabilités de toucher), ou bien jouer sur le nombre
d’adversaire dans la confrontation.
Exemple : les personnages, dans un univers antique, sont confrontés à un minotaure. La démarche
d’équilibrage serait alors la suivante :
1. En moyenne le minotaure inflige 1 niveau de blessure à un personnage qu’il touche.
2. Dans le système de jeu utilisé, le personnage peut prendre 3 niveaux de blessure avant d’être mis
hors de combat.
3. Tel quel, en regardant les caractéristiques du monstre, et en étudiant les règles de combat du jeu, le
MJ détermine que ce dernier a 1 chance sur 2 de toucher un personnage.
4. Cela revient donc, par la loi binomiale, à considérer qu’au bout de 6 rounds, un personnage peut
être mis au tapis.
5. Le minotaure fait une attaque par round, et il est seul. On reste donc sur 6 rounds pour éliminer
un joueur, soit pour un groupe de 3 PJ une élimination complète du groupe au bout de 18 rounds.
6. Côté PJ, ils infligent en moyenne un demi­niveau de blessure (en fait il s’agit d’une chance sur 2
d’infliger une blessure, à cause de la protection du minotaure, d’où le demi­niveau. Le monstre peut
prendre jusqu’à 3 niveaux de blessure, tout comme les PJs. Soit 6 coups qui touchent. Les PJs ont en
moyenne 40% de chance de toucher, soit 1 chance sur 2,5. Le nombre de rounds de combat est donc
de 15 rounds avant que les personnages n’achèvent le minotaure.
7. On se situe donc à un risque important pour le groupe : un PJ est tué en 6 rounds et le minotaure
sera éradiqué en 15 rounds : 2 personnages risquent donc d’y passer sur les 3 au cours de ce combat !

Pour rééquilibrer le combat, en faveur du groupe, il y a plusieurs pistes : diminuer la protection du

minotaure pour que les PJs en viennent à bout plus facilement (faisant passer le dégat du groupe à 1
au lieu de 0,5) ou bien augmenter leur chance de toucher en baissant sa défense.

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 Ch 3 ­ La liste des annexes

Equilibrage : le grand calcul – Exercice de probabilités

Dans votre scénario western, votre groupe de trois personnages va être victime d’une embuscade dans
un canyon par les sbires du grand méchant. Vous voulez que la rencontre soit un intermède dans le
scénario, dangereux mais pas mortel pour le groupe. Vous allez donc chercher à équilibrer la rencontre
en conséquence : combien d’adversaires ? Quel niveau de puissance de ces derniers ?
A l’issue de la séance de création de personnage vous avez relevé les caractéristiques de combat
suivantes (en système Basic qui joue uniquement sur des pourcentages de réussite ou d’échec, testés par
rapport au jet d’1D100).
Personnage 1 : Attaque 30%, Points de vie 15, Dégâts 2D6, Protection 2
Personnage 2 : Attaque 50%, Points de vie 20, Dégâts 2D6, Protection 2
Personnage 3 : Attaque 70%, Points de vie 25, Dégâts 2D6, Protection 2
Dans un premier temps, vous voulez les confronter à une bande de hors la loi qui seraient 5 et auraient
tous les mêmes caractéristiques :
Hors la loi : Attaque 33%, Points de vie 10, Dégâts 1D8, Protection 0
Le combat se déroule uniquement par tir, donc aucune parade n’est possible. On négligera également
les coups critiques dans le calcul. Dans ce système de règle, lors d’une attaque, un personnage doit tirer
un score inférieur ou égal à son attaque pour toucher, avec un 1D100. En cas de réussite, il jette les
dégâts, soustrait la Protection de l’adversaire et l’ensemble est soustrait de son score de points de vie.
Un personnage qui tombe à 0 points de vie est hors de combat.
1 En tenant compte de la protection moyenne du groupe, quel est le dégât moyen infligé par un
adversaire à un membre du groupe, en nombre de points de vie ?
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2.Combien de coups peut encaisser un personnage, en moyenne, avec ce niveau de dégâts, avant de
succomber ?
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3. Quelle est la probabilité que l’adversaire touche un personnage ? Comment cela s’exprime t’il en
« 1 chance sur A » ?
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4. En utilisant la loi binomiale, en combien de rounds un adversaire va­t­il éliminer un

personnage­joueur ?
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 Ch 3 ­ La liste des annexes

5. Il y a cinq adversaires en tout, chacun portant une attaque à chaque round. Si l’on considère que face
aux trois PJs, l’un des trois affrontera trois adversaires et chacun des deux autres un adversaire, au bout
de combien de rounds l’un des PJs (celui qui affronte trois adversaires) sera hors de combat ?
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6. Faire le même exercice (étapes 1 à 5) en inversant les rôles : quels sont les dégâts moyen du groupe ?
Combien de coups peut se prendre un adversaire en moyenne ? Quelle est la probabilité de toucher en
moyenne un adversaire pour le groupe ? Combien de round faut il à un PJ pour éliminer un adversaire ?
Combien de round faudra t’il alors aux 3 PJs pour éliminer tous les adversaires ?
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7. Quel est le niveau de risque de ce combat ? Est il mortel pour le groupe ?

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8. Comment pourraient être modifiées les caractéristiques de la rencontre pour rendre le combat plus
dangereux ?
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Réponses :
1. 2 points de vie en moyenne : la valeur moyenne sur le dé 8 donne 4 (4,5 si on veut être
mathématiquement juste) et la protection moyenne du groupe est de 2, soit donc 2 points de vie de
perdus en moyenne.
2. 10 coups en moyenne par personnage, puisque la moyenne des points de vie est à 20.
3. Le calcul est simple dans ce cas, le système BaSIC reposant sur des pourcentages de probabilité : 33%
correspond à 1 chance sur 3
4. 1 chance sur 3, 10 coups pour éliminer un personnage, soit 30 rounds d’après la loi binomiale pour un
adversaire seul face à un PJ
5. Le personnage qui affronte 3 adversaires sera potentiellement mis hors de combat au bout de 10 rounds.
6. Le groupe inflige 2D6 de dégâts, soit donc en moyenne, 7 points de dégâts avec 0 de protection. Chaque
adversaire peut donc prendre 2 coups avant d’être hors de combat. La probabilité de toucher du groupe
en moyenne est de 1 chance sur 2. Soit donc par la loi binomiale 4 rounds de combat pour éliminer un
adversaire pour un personnage joueur. Lors des 4 premiers rounds, les 3 PJs élimineront donc 3
adversaires en 4 rounds, puis les 2 restant en 4 round (théoriquement un peu moins). Cela fait donc une
durée de combat de 8 rounds.
7. Un des 3 PJs est mis hors de combat au bout de 10 rounds, et le combat dure théoriquement 8 rounds
avant l’élimination des adversaires. Cela veut donc dire que l’un des personnages sera blessé et les autres
devraient s’en sortir. Pas mortel donc et pas mal pour une rencontre en intermède.
8. Pour rendre le combat plus dangereux on peut augmenter les dégâts des adversaires (par exemple en
passant à 1d8+2 ou 1d8+4), ou bien augmenter leur probabilité de toucher (en la faisant passer de 33 à 50%).

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Et les échecs critiques dans tout ça ?

Cette méthode d’équilibrage est assez rudimentaire et simplifiée, et pour certains systèmes sera déjà
assez difficile à mettre en place (surtout pour déterminer une probabilité : sur un système à
pourcentages c’est aisé mais avec d’autres mécaniques de jeu, c’est un peu plus compliqué). Pour ne
pas compliquer la donne, la notion d’échec critique ou de réussite critique a été négligée. Hors, dans
un combat, on sait que cela peut se produire et éventuellement retourner la situation. Comment en
tenir compte ?
Ce que le MJ peut faire, c’est évaluer la probabilité d’obtenir un échec/réussite critique avec le
système de jeu. Si par exemple cela s’obtient sur un 20 naturel sur un dé à 20 faces, cela correspond
alors à une chance sur 20. Sachant cela, on peut estimer alors qu’en moyenne, si le combat mettra en
scène au moins 20 jets de dés, alors il y aura statistiquement un échec/réussite critique au cours du
combat. Si il y a 40 jets de dés, alors on peut s’attendre à ce qu’il y en ait 2 en cours de route. Le
meneur ayant déterminé une durée moyenne du combat en nombre de rounds et connaissant le
nombre de protagonistes, il peut donc évaluer le nombre de jets de dés dans la confrontation et donc
avoir une idée du nombre d’échecs/réussites critiques. Pour simplifier on peut ensuite estimer que
s’il y a un nombre pair de critiques, alors chaque camp en aura à peu près la moitié, si par contre il y
en a un nombre impair, le camp lançant le plus souvent le dé bénéficiera d’un critique de plus que
son ou ses adversaires. Enfin le camp ayant un critique en plus aura besoin de rounds de moins pour
terminer le combat, puisqu’on peut estimer qu’en cas de critique, échec ou succès, un personnage
sera mal en point et donc mis hors de combat plus vite. A noter que si le système autorise échec et
réussite critiques, alors le résultat peut pencher aussi bien d’un côté comme de l’autre. Dans le cas de
règles où n’existent que les échecs critiques ou maladresses, alors c’est le camp adverse qui
bénéficiera du raté.
Dans l’exercice des hors­la­loi et de BaSIC, l’échec critique a lieu sur un résultat compris entre 01 et
05 sur le d100 et la réussite critique sur un résultat entre 96 et 100 sur le d100. Il y a donc 5 chances
sur 100 de faire un échec ou une réussite hors du commun, soit une chance sur 20. On a estimé que le
combat durera 8 rounds avant l’élimination des adversaires. Il y a 3 PJs et 5 opposants : soit 24 jets
côté PJs et 40 jets côté opposants. Cela fera donc un critique côté joueur et deux côtés opposants. Les
opposants auront donc un critique de plus que les PJs, sachant que ce peut être soit une maladresse
ou une réussite critique, avec une chance sur 2. Il y a donc une chance sur deux pour que le combat
soit plus court (l’opposant commet une maladresse et porte un coup sur un collègue) et une chance
sur deux pour qu’un PJ se prenne double dégât au cours de la confrontation, ce qui peut la rendre
un peu plus mortelle.
Comme on le voit, le MJ peut anticiper le nombre de critiques, mais aura du mal à en tirer des
conclusions valables, car il n’est pas possible de prédire si ce seront des échecs ou des réussites
critiques. Le plus simple est de prendre une hypothèse : réduire le nombre de rounds nécessaires
pour achever le camp adverse de 1 round par critique qui aura lieu. Ou bien, encore plus simple,
négliger complètement les critiques dans l’équilibrage et les garder comme éléments imprévisibles
qui viendront pimenter le combat !

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 Ch 3 ­ La liste des annexes

Une chronologie parmi tant d’autres

Voici un exemple de chronologie, il est associé au scénario victorien fantastique mettant en scène le
manoir du sorcier mentionné précédemment dans l’exemple du chapitrage. Il s’agit de la chronologie
de ce qui se déroule avant et pendant le scénario, sans intervention des personnages joueurs. Bien sur
tout peut être chamboulé au fil des actions des PJs.

J­6 Le sorcier Michaël Lowe rend visite à Von Braun et lui demande le livre secret de la
bibliothèque, ce dernier refuse de le lui donner.
J­5 Michaël Lowe prend une chambre d’hôte au village et va récupérer les éléments pour son
rituel vaudou.
J­4 Le vieux professeur (sorcier) Von Braun tombe mystérieusement malade, en réalité une fois
que Lowe a fini son sortilège.
J­3 À la demande du petit fils, le médecin de famille vient lui rendre visite, mais reste perplexe.
J­2 Envoi du message de la part du petit fils aux personnages, pour les prévenir et demander
leur aide. Il a retrouvé leur adresse dans les papiers de son grand père.
J Arrivée des PJs au château, suite à la lettre reçue, début de l’enquête, le vieux sorcier est maintenu à
l’état de légume.
J, Nuit Lowe revient voir Von Braun, de nuit, et s’entretient avec lui, lui demandant à nouveau le
livre, tout en maintenant le vieillard dans un état de souffrance. À nouveau Von Braun refuse de lui
dire où est le livre. Les personnages peuvent essayer d’intervenir et de poursuivre Lowe, mais il sera
très rapide et prendra la fuite.
J+1 Si les personnages n’ont pas encore mis la main sur Lowe, ce dernier vient leur rendre visite
au château, dans le cas où les PJs n’ont pas vu son visage la nuit passée. Il se fait dans ce cas passer
pour quelqu’un de leur camp et essaiera de leur soutirer autant d’informations qu’il le peut, voire de
leur prendre le livre si ces derniers l’ont retrouvé dans la bibliothèque.
J+2 Sans autre intervention de la part des PJs, Lowe revient au château Von Braun, retourne la
bibliothèque, et furieux de ne pas trouver le livre, ira dans la chambre du vieillard puis passera à
l’action pour l’éliminer définitivement. La bonne le surprendra mais ne pourra rien faire si elle n’est
pas aidée.

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 3 ­ La liste des annexes

Réseau social : les jeux du networking

Si la chronologie est particulièrement recommandée dans le cadre des scénarios d’enquête et

d’investigation, les diagrammes d’interaction ou réseaux d’influence sont très utiles pour les scénarios
« politiques » où les personnages doivent manipuler, influer, résoudre des duels sociaux pour arriver à
leurs fins. C’est également important dans les scénarios où beaucoup de parties sont impliquées, afin
d’aider le meneur à les situer les unes par rapport aux autres et à comprendre comment les
personnages et entités interagissent au sein de l’intrigue.
En reprenant l’exemple de la campagne super héros de Sarah du chapitre 2, l’intrigue qui tourne
autour de l’élection du nouveau maire peut très bien être expliquée à l’aide d’un annexe qui détaillera
l’ensemble des partis impliqués et des enjeux derrière la course à l’hôtel de ville. Sarah va donc
préparer un diagramme qui représente les interactions entre les différentes factions impliquées :

Dirige Base de Gang des

Professeur
Carwick Manor Veulent nuire à Blood Claws
Cornelius
Rapportent à
PJs Polymorphe
Ami de longue date,
Prend l’apparence de Manipulent
Mentor et coach

Maire Autre
S’affrontent dans la
sortant candidat
campagne électorale

Couche avec, sous

Fait un scandale
caméra surveillance
avec la vidéo sur
Media Prostituée

S’arrange pour que la

vidéo parvienne à

On peut visualiser la situation de départ du scénario à partir de ce diagramme : le gang adverse a

utilisé un polymorphe pour créer un scandale sur le candidat que défend la faction du supérieur des
personnages. Ces derniers vont donc à sa demande enquêter pour connaître le fin mot de l’histoire et
qui plus est, aider le maire sortant à se laver de cette affaire (en l’innocentant, en démontrant un
canular, en discréditant les médias qui utilisent l’affaire,…). Cette aide de jeu permet au meneur de
développer les idées de son scénario et de débroussailler le terrain avant de penser à une arborescence
possible. Elle permet également à un autre meneur de comprendre facilement l’idée et le concept,
notamment si le scénario est publié ou diffusé.

121
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 3 ­ Le premier chapitre de la campagne
Le premier chapitre de
la campagne
Quand on a décidé de jouer en campagne,
les joueurs (et le meneur) se sont engagés
pour quelques séances, ce qui peut
représenter parfois un laps de temps assez
conséquent. Pour être sur de passionner les
joueurs et de garder leur attention jusqu’au
bout, il faut commencer fort : les joueurs
vont se faire leurs premières impressions
sur la campagne à partir de ce premier
chapitre et c’est d’autant plus vrai quand
vous faites jouer un univers qui est nouveau
pour le groupe.
Il faut donc que le premier scénario de la
campagne soit un « teaser » pour le groupe
et lui donne envie de continuer. Il doit
révéler les bases, être emblématique du
style et de l’ambiance de l’univers, tout en
gardant bien sur les mystères, en posant les
questions et en ouvrant des pistes pour la
suite.
La première histoire, celle
que l’on n’oublie jamais
Quel type de scénario concevoir pour un
début de campagne ? Il faut être capable de
montrer une histoire typique de l’univers
que l’on fait jouer, qui donne la saveur de ce
dernier : ce qui implique d’avoir auparavant
identifié, à la lecture du livre de base, ce qui,
justement, est caractéristique de cet univers
de jeu particulier. Cela entraîne, pour la
conception de l’histoire, de bien choisir les
éléments suivants :
o Le motif du scénario, les idées qui
composeront la liste d’idées au brouillon :
elles doivent être choisies au cœur de ce qui
fait l’univers. Par exemple, si ce qui fait la
marque de fabrique d’un univers médiéval
fantastique, c’est que la société est dominée
par une classe d’hommes ayant dressé des
chevaux ailés, il serait dommage de ne pas
le montrer ou l’utiliser à un moment ou un
autre de ce premier chapitre.
122
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
o L’ambiance et la tonalité : la premier
chapitre de ce présent ouvrage détaille les
grandes tonalités que l’on retrouve dans les
univers de jeu de rôle. Votre univers a
également la sienne et le scénario
d’introduction devrait faire ressentir aux
joueurs cette tonalité. Si l’univers est
délibérément parodique et comique, inutile
de chercher à faire quelque chose
d’angoissant ou de poétique, à moins que ce
ne soit la vision que vous allez donner de
cet univers tout au long de la campagne.
o Les règles spécifiques : les règles
particulières au jeu que vous avez décidé de
conserver et d’utiliser dans vos parties
devraient avoir l’occasion d’être utilisées au
cours de la première histoire. Cela implique
bien sur les règles de résolution des actions
et de combat, mais aussi les règles qui
donnent de la saveur au jeu. Si par
exemple les personnages peuvent tomber
dans une frénésie sanguinaire d’une
manière ou d’une autre dans le système de
règles, les joueurs devraient être exposés à
cette situation au moins une fois dans la
partie, pour pouvoir apprécier et tester cet
aspect du système.
L’intrigue que le MJ va mettre en scène
pour ce premier chapitre peut être de deux
genres. Ce peut être dans le premier cas une
intrigue complète, une histoire de A à Z
qui pourrait de l’extérieur s’apparenter à
un « one shot ». Le scénario ne serait pas
forcément en rapport avec l’intrigue
principale de la campagne mais serait
emblématique du style de jeu et de
l’univers. L’avantage de cette formule est de
pouvoir se contenter de préparer
uniquement le scénario sans forcément
réfléchir à ce qui viendra derrière et de
pouvoir décider avec les joueurs sur la
direction dans laquelle continuer, en
fonction des éléments avec lesquels ils ont
accroché dans le jeu. Si par exemple, le jeu
met en scène des agents du gouvernement
enquêtant sur le paranormal et les extra­
terrestres, il vaut mieux mettre en scène une
histoire de personnes ayant vu des OVNI,

plutôt qu’une histoire de vampires (même si
cette dernière peut être cohérente avec
l’univers) : le cœur du jeu apparaîtra dès le
premier scénario. Si les personnages n’ont
pas vraiment accroché à la thématique
« soucoupes volantes » cela signifie qu’il est
peut être encore temps de modifier la
campagne pour que cette intrigue là passe
au second plan.
L’autre option est de jouer le premier volet
de l’intrigue principale directement dans ce
scénario. Il s’agit alors de montrer le thème
et l’enjeu principal de cette intrigue dès la
première histoire. L’antagoniste principal
peut même y apparaître ou commencer à
être évoqué, ne serait ce que de façon cachée
ou symbolique. La grande intrigue de la
campagne peut y être annoncée ou amorcée.
Par exemple, si l’intrigue principale d’une
campagne space opera concerne la
désignation d’un nouvel empereur
intergalactique, on peut très bien imaginer
dans le premier scénario jouer le moment
où l’ancien empereur meurt et laisser ainsi à
la fin de cet épisode le trône vide. La guerre
de succession peut alors démarrer. On a
donc amorcé l’intrigue principale avec un
épisode préliminaire. Dans cet épisode, des
symboles ou des présages peuvent venir
créer un effet d’annonce : ils reviendront
plus tard dans la campagne, sous une même
forme ou d’une façon plus directe et moins
imagée. Certains de ses éléments
demeureront bien sur inexpliqués, et ne
trouveront leur signification que bien plus
tard.
Y a-t'il un pilote dans cette
campagne ?
En plus de concevoir un type de scénario
bien particulier pour incarner le démarrage
de la campagne et en donner la tonalité, il
faut également faire jouer ce scénario d’une
façon bien particulière, en intégrant certains
moments clefs.
Il est par exemple possible d’en faire
l’épisode où les personnages des joueurs
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 3 ­ Le premier chapitre de la campagne
se rencontrent pour la première fois en
cours de jeu. Ils peuvent être rassemblés, de
force ou par le hasard des choses, au même
endroit au même moment et face à un
évènement particulier. Ce peut aussi bien
être dans les bureaux de leur supérieur à
venir que sur le lieu d’une attaque
dévastatrice. Au­delà du simple concours
de circonstance, le MJ gagnera en cohérence
à chercher les raisons profondes de ce
rassemblement, plutôt que d’en faire un
simple artifice scénaristique. Ils peuvent,
par exemple en contemporain, être les
témoins de la chute d’un objet extraterrestre
sur Terre dans une lande déserte : pourquoi
étaient ils à cet endroit, à ce moment
précis ? Une autre option possible, s’il est
difficile de justifier de la cohérence du
rassemblement de tous les personnages en
même temps, peut être de mettre en scène
l’arrivée d’un seul des personnages dans le
groupe, les autres étant déjà ensemble
(quitte à mettre en scène plus tard leur
arrivée dans des flashbacks). Dans un
contexte médiéval, ce personnage peut être
témoin d’une aventure qui implique les
autres personnages et de témoin, passer en
recrue au sein du groupe.
Le meneur peut également prévoir un
scénario légèrement plus court que les
autres, anticipant sur le fait que le début de
la séance sera consacré peut être à des
apartés avec les différents joueurs afin de
briefer chaque personnage juste avant son
arrivée en jeu. Cela a peut être déjà été fait
lors de la séance de création de
personnages, mais il est possible que le
meneur ait des éléments supplémentaires à
rajouter, en fonction du scénario à venir et
de ce que le MJ a prévu à partir du
background des autres membres du groupe.
Cette introduction rapide peut également
être faite en groupe mais cela ne sera que
difficilement possible dans les jeux où
rivalité, politiques et coups tordus sont la
norme.
Dans les univers où le groupe des
personnages a quelque chose en plus par
123
 Ch 3 ­ Démarrer un scénario
rapport aux restes des habitants de leur
univers, le premier scénario peut mettre en
scène ce moment où ils deviennent
« conscients » de cette différence et
apprennent à l’exploiter. Par exemple dans
un univers de superhéros, un ou plusieurs
des personnages peuvent découvrir leurs
pouvoirs au cours du premier épisode de la
campagne. Dans un jeu où ils jouent des
fantômes, le premier épisode peut mettre en
scène leur mort et le passage dans l’au­delà.
C’est une façon intéressante de commencer
la campagne et d’immerger les joueurs dans
l’univers : le premier scénario sera donc
l’occasion de découvrir à la fois leur
nouvelle condition, ses avantages, ses
contraintes, ses limites. Il faudra donc
mettre en scène dans l’histoire tout cela,
ainsi que l’apprentissage que vont subir les
personnages, qu’il soit formel ou non. Ils
peuvent ainsi rencontrer les PNJs qui
deviendront leurs supérieurs ou leurs
mentors par la suite. Le meneur peut
également en profiter pour expliquer au fur
et à mesure du jeu les règles concernant ces
spécificités. Si par exemple les personnages
jouent des magiciens dont les pouvoirs
s’éveillent en cours de jeu, le meneur peut
attendre le moment où les personnages
prennent conscience de la magie pour
expliquer les règles liées à l’utilisation de
cette dernière. Cela a l’avantage de ne pas
inonder les joueurs de règles d’un seul coup
et de faire coïncider l’apprentissage des
personnages avec celui des joueurs, qui
découvrent les règles. Les personnages
devront également trouver en cours de
séance un moment pour se présenter les uns
aux autres et se découvrir.
Enfin, quelque soit l’histoire qui ait été
choisie pour la séance (one shot ou premier
épisode de l’intrigue principale), il est très
important de laisser des pistes et des
choses inexpliquées au cours de ce premier
scénario, même dans un univers qui n’est
pas forcément « à secrets ». Le meneur doit
semer des graines tout au long du scénario,
et ouvrir des portes : tout ne doit pas
124
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
forcément être expliqué à la fin de celui­ci
bien au contraire. Un bon début de
campagne pose plus de questions qu’il n’en
répond, afin d’ouvrir des pistes pour les
scénarios suivants. Ce peut être une zone de
flou de l’intrigue, la présence inexpliquée
d’un PNJ à tel endroit, un objet mystérieux,
une rumeur, un article de journal qui retient
l’attention des personnages, d’autres
évènements locaux, une piste qui a l’air
d’aboutir à une impasse : toute zone
d’ombre laissée dans cette première
histoire peut être un endroit où creuser et
loger un scénario plus tard dans la
campagne, que cela soit prévu ou non. Les
mystères peuvent donc apparaître en cours
de scénario sous les formes évoquées ci­
dessus ou bien tout à la fin du scénario, en
« cliffhanger » pour maintenir le suspense et
servir de teaser pour l’histoire suivante :
l’histoire se termine sur un nouveau
mystère, une révélation, une vision, qui
vient bousculer les certitudes du groupe et
leur laisser sous entendre qu’il y a anguille
sous roche et qu’ils devront aller plus loin
pour en savoir plus. Cette technique,
utilisée avec parcimonie, peut être très
efficace dans le cas d’un début de
campagne, si ce cliffhanger est bien amené.
Le premier scénario est un moment
déterminant pendant lequel les joueurs se
feront leur opinion sur le jeu et la suite de la
campagne : soyez créatif, original, mais
n’oubliez pas de créer une histoire qui sera
emblématique de l’univers dans lequel les
joueurs vont évoluer.
Démarrer un scénario
Pour clore ce chapitre sur la création du
scénario, voici quelques idées pour aider le
meneur à bâtir son arborescence et son
intrigue, acte par acte : début, progression et
climax du scénario. Le premier acte,
l’introduction et l’implication des
personnages est un moment important qui
va conditionner la bonne réussite et un juste

timing du scénario : si elle est trop longue à
se mettre en place, le rythme du scénario
sera cassé dès le démarrage et l’ensemble
paraîtra poussif au groupe. À l’extrême
inverse, si cette dernière est bâclée ou mal
traitée, toute l’histoire en pâtira, avec un
groupe pas assez impliqué qui risque de se
désintéresser de la séance.
Il était une fois… ou
l’introduction classique
La façon la plus traditionnelle pour débuter
le scénario, consiste à faire jouer l’histoire
depuis son tout début, du moment où les
personnages vaquent à leurs occupations
normales et quotidiennes, jusqu’au point où
le scénario commence et où son
déroulement commence à se mettre en
place. Cette méthode a le mérite de détailler
l’ensemble des étapes, de permettre aux
joueurs de voir tout ce qui amène leur
personnage en plein cœur de l’histoire et
d’avoir plus de choix sur la manière dont
leurs personnages vont être impliqués dans
l’histoire. L’inconvénient : elle est en général
plus longue que les autres méthodes
présentées plus loin et laisse au groupe
toute latitude pour prendre un chemin
divergent de la voie que le meneur a
préparée. Cela peut donc amener à des
détours supplémentaires. Dans le cadre
d’une introduction classique, deux options
principales sont possibles : le
commanditaire et l’implication.
Dans une introduction de type
commanditaire, une mission est remise au
groupe par un PNJ. Il est important de se
poser la question suivante : pourquoi la
tache revient au groupe plutôt qu’à d’autres
héros ? Ce peut être car ils sont les seuls
disponibles, car ils ont les bonnes
compétences, car ils sont trop « gentils » ou
ignorants pour accepter une mission vue
par son commanditaire comme suicidaire…
Dans les jeux où les personnages sont des
membres d’un groupe organisé (police,
chasseurs de monstres, mousquetaires du
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 3 ­ Démarrer un scénario
roi,…) cette introduction est la plus logique
et simple : le supérieur hiérarchique du
groupe leur remet une mission, car c’est
tout simplement leur job. Quelques idées
supplémentaires pour préparer la rencontre
avec ce commanditaire, et s’assurer que la
rencontre soit utile et intéressante pour
l’histoire :
o Insérer une petite aspérité dans cette
rencontre : la rencontre peut ne pas être
aussi facile que prévue. Par exemple le
commanditaire peut être en retard, arriver
dans un état second, les personnages
peuvent vouloir négocier face à un
paiement ou une récompense faible ou
inexistante, le donneur d’ordre peut jouer
un double jeu et retenir certaines
informations que le groupe pourra essayer
de récupérer avec un bon roleplay et de
l’empathie, les informations qu’il remet aux
personnages peuvent être codées ou avoir
une deuxième lecture…
o Donner une motivation au groupe pour
accepter et être intéressé par la mission :
cette dernière peut venir entrer en
résonance avec le background d’un ou
plusieurs des personnages, la récompense
peut être quelque chose que le groupe
désire ardemment ou qui les aidera à
atteindre leur « but » collectif. L’important
est de s’assurer que les joueurs interprétant
leurs personnages auront de bonnes raisons
d’accepter la mission, à moins qu’ils ne
l’acceptent car ils sont forcés par leur
supérieur de la résoudre, ce qui peut
éventuellement donner de bonnes
opportunités de roleplay en jeu. Les joueurs
eux­mêmes peuvent être intrigués par
l’histoire proposée : si elle donne l’occasion
d’explorer un pan de l’univers qu’ils
veulent connaître plus en profondeur, si elle
représente un défi nouveau et original, si
elle peut permettre à leur personnage d’en
apprendre plus ou une quelconque autre
raison...
Le groupe sera alors d’autant plus motivé à
partir à l’aventure.
o Prévoir d’autres voies : l’un des
125
 Ch 3 ­ Démarrer un scénario
avantages de l’introduction classique est de
donner au groupe la liberté complète
d’action, avant même que l’histoire ne
commence. Cela implique donc que les
personnages ont la liberté d’accepter ou non
la mission qui va leur être confiée. Le
meneur doit respecter cette liberté et prévoir
d’autres voies au cas où les personnages
refuseraient la mission qu’on leur a confiée.
Il vaut mieux dans ce cas éviter le dirigisme,
à savoir éviter de forcer les personnages
dans l’histoire envers et contre leur volonté.
Ce que le MJ peut essayer de faire, c’est
d’aborder l’histoire par un autre angle, de
telle sorte à ce que les personnages se
sentent impliqués : si les personnages
reçoivent comme mission d’enquêter sur
d’étranges disparitions, il n’y a pas
forcément assez d’intérêt a priori pour le
groupe. Après le premier refus des
personnages, ce ne sont plus des étrangers
qui disparaissent mais une personne qu’ils
connaissent (un contact, un personnage de
leur background, un mentor). Ils
comprendront alors que cette mission
apparemment lointaine est en réalité
beaucoup plus proche d’eux qu’elle n’y
paraît. Pour briser complètement le
dirigisme de cette technique, le meneur peut
partir sur complètement autre chose. Les
personnages ne veulent pas enquêter sur les
disparitions : que font­ils ? Veulent­ils faire
avancer leurs projets ? Le meneur peut
également leur amener une autre piste qu’il
aurait gardé sous le coude au cas où. Plus
efficacement, le meneur peut les mettre face
aux conséquences de leurs actes et de leur
refus. S'ils sont membres d’une organisation
et refusent de partir en mission pour cette
dernière, ils peuvent faire face à des
sanctions, des punitions ou même le
bannissement de cet ordre. La campagne
peut alors prendre un tournant inattendu et
intéressant.
Dans un autre registre, l’implication est une
autre manière de démarrer le scénario.
Classiquement, il n’y a pas de mission
donnée clef en mains par un supérieur, mais
126
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
ce sont des évènements, des lieux, des
rencontres, qui poussent les personnages à
partir à l’aventure. Le meneur présente
alors un hameçon, une amorce d’intrigue,
en espérant que les joueurs vont s’y
accrocher et démarrer l’histoire par là. Cette
méthode n’est pas forcément incompatible
avec le commanditaire : rapportant ce qu’ils
ont vu à leur supérieur, ce dernier peut leur
demander de résoudre l’affaire, ou bien au
contraire, leur remettre une autre mission
qui n’a rien à voir, obtenant ainsi un
scénario avec deux aventures en parallèle,
ce qui peut donner aux personnages
l’impression d’avoir plus de possibilités. La
méthode est bien sur plus hasardeuse et il
se peut que les joueurs ne voient pas là où le
meneur veut les emmener. Un bon MJ saura
leur montrer la piste à suivre et la mettra en
évidence si le groupe a du mal à voir (par le
biais de PNJs, de documents trouvés en
jeu…). Voici quelques idées pour préparer
une introduction « implication » :
o Préparer le terrain : pour s’assurer que
l’ensemble fonctionne et que les PJs
mordront à l’hameçon, le meneur peut
chercher des raisons logiques, notamment
faisant écho à l’historique du personnage.
Par exemple, le personnage peut lire un
article de journal où il entend parler d’un
tueur qui a le même modus operandi que
celui qui a tué ses parents il y a vingt ans.
Ce dernier va donc logiquement s’impliquer
dans cette enquête. Un autre personnage
peut connaître une des victimes récentes et
un dernier, passionné d’enquêtes
criminelles verra là un nouveau challenge à
résoudre. Le meneur devrait réfléchir au
moment de l’écriture du scénario aux
raisons qui pousseraient logiquement les
personnages à s’intéresser à la piste qui leur
est proposée, quitte à remémorer ces raisons
en aparté au joueur avant le début du
scénario en faisant un point avec lui sur
l’historique et le background de son
personnage.
o Varier les techniques : afin d’éviter les
répétitions et de gagner en cohérence, le MJ

doit savoir varier ses méthodes de
démarrage de scénario, que ce soit faire une
« mission » commanditée de temps en
temps, ou bien alterner les différents modes
d’implication, cela permettra d’apporter un
peu de variété d’une séance sur l’autre. Ce
peut être être les témoins directs d’une
attaque sur des innocents dans une
aventure, dans la suivante lire un article de
journal qui annonce un fait qui intrigue les
personnages, puis ensuite une invitation
pour un nouveau spectacle/vernissage, etc.
o Avoir plusieurs cordes à son arc : plus
encore quand dans l’introduction menée par
un commanditaire, il est important de
disposer de plusieurs hameçons, afin
d’avoir le plus de chances d’emmener les
personnages vers une aventure ou une
autre. Plusieurs évènements/objets peuvent
mener vers la même histoire : dans le cas du
tueur en série il peut y avoir des rumeurs
entendues localement, un article de journal
et des enquêteurs rôdant dans le quartier,
tous menant à la même affaire.
L’alternative, moins dirigiste, consiste à
avoir plusieurs hameçons qui emmènent
vers des pistes différentes. Cela est
particulièrement efficace dans le cas où l’on
se situe à un des embranchements de la
campagne (comme vu au chapitre 2 sur la
préparation de la campagne). Selon
l'hameçon que les personnages choisiront
d’attraper, ils pourront aller dans l’une ou
l’autre des voies possibles. Si les
personnages sont dans une grande ville
médiévale, ils pourront entendre parler à la
fois de rumeurs de trésors dans le nord du
pays que de nombreux aventuriers sont
partis chercher et d’une récompense
promise par le bourgmestre pour quiconque
arrêterait une guilde de voleurs agissant en
ville : deux hameçons, donc deux pistes qui
mèneront sur deux axes très différents.
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 3 ­ Démarrer un scénario
L’introduction sans
introduction : l’effet in media
res
Pour changer un peu des introductions
classiques, le meneur peut mettre en
scène une introduction « in media res » ce
qui signifie littéralement « au milieu des
choses ». Au lieu de démarrer avec une
situation normale de départ, le meneur
entame son scénario et sa narration en
décrivant une scène où l’histoire est déjà
commencée. Par exemple, dans une
introduction classique de jeu contemporain
espionnage, les personnages recevraient un
email de leur supérieur leur demandant de
venir le voir dans son bureau pour qu’une
mission leur soit confiée. À l’inverse dans
l’in media res, le meneur commencerait
après ces évènements avec une situation où
les personnages ont déjà commencé à
remplir la mission et à en affronter les
dangers. Le premier avantage de ce mode
d’introduction est qu’il permet de gagner
du temps : facilement de 30mn à 1h30 de
jeu selon l’endroit où l’on fait démarrer le
scénario. Il donne par ailleurs plus de
liberté au meneur : ce dernier a le choix du
moment où les personnages entrent dans
l’intrigue, au lieu d’être soumis à la volonté
des joueurs d’accepter ou non de relever la
mission ou l’hameçon qu’on leur a présenté.
De plus, le meneur pourra s’arranger pour
mettre en scène une entrée en matière au
beau milieu d’une scène tendue ou
d’action : les joueurs n’en seront que
d’autant plus impliqués, dès le départ, ce
qui permet de couper court aux
conversations précédant la partie sans pour
autant se montrer dur vis­à­vis du groupe.
L’introduction in media res n’est pas
incompatible avec un démarrage axé
autour d’un commanditaire ou d’une
implication. Il y a bien eu à un moment
quelque chose qui a emmené les
personnages vers la situation où ils se
trouvent lorsqu’ils démarrent le scénario.
La différence est qu’ici on commence
127
 Ch 3 ­ Démarrer un scénario
directement par la situation présente, en
cours d’histoire, au lieu de démarrer par le
point 0 de l’aventure. On peut très bien
imaginer cependant expliquer aux joueurs
le pourquoi de leur situation après avoir fait
joué la scène « in media res » : un flashback
rapide après la scène d’ouverture peut
montrer comment la mission a commencé,
avant de revenir sur l’aventure en cours. Par
exemple votre scénario space opéra peut
très bien commencer au moment où les
personnages sont en train de prévoir un
atterrissage d’urgence vers une planète
inconnue (scène tendue d’action) et une fois
cette situation résolue et décrite, le meneur
peut faire une petite parenthèse en
flashback pour expliquer au groupe
comment ils sont arrivés là, avant de
reprendre le fil de l’histoire avec
l’exploration de cette planète mystérieuse.
Le flashback n’est même pas forcément
nécessaire : le meneur peut simplement
résumer en une phrase la situation au
groupe, ce qui s’est passé avant de
démarrer, répondre éventuellement à
quelques questions des joueurs, puis
reprendre le fil de l’intrigue. Dans notre
exemple précédent le meneur peut
simplement dire « Vous avez été chargé
d’escorter un convoi vers un système solaire
lointain, en sortant de l’hyperespace pour
une pause, vous avez été attaqué par un
vaisseau ennemi qui s’est ensuite enfui. ».
Une autre manière d’utiliser l’effet in media
res, est de faire jouer au groupe la scène
supposée de fin du scénario, ou bien un
moment charnière de l’histoire, de stopper
ce moment en plein cœur de l’action et de
faire jouer ensuite l’ensemble du scénario
comme un flashback de cette seule et
unique description initiale. L’effet est
utilisé dans certains films et séries TV, et
peut fonctionner en jeu de rôle. Les
personnages peuvent de plus avoir en cours
de partie, des impressions supplémentaires
ou bien des retours de quelques instants sur
ce moment final à venir. Ce qu’il faut bien
avoir à l’esprit en utilisant ce genre d’effet
128
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
est qu’il va introduire un lourd
déterminisme sur le scénario : ce dernier
devra conduire d’une manière ou d’une
autre fatalement vers la scène finale
initialement décrite pour être cohérent. Ce
n’est pas forcément facile à mettre en place,
et à moins de mettre les joueurs dans la
confidence avant le début de la partie, il est
fort possible qu’ils fassent tout pour éviter
la situation décrite dans l’introduction in
media res ! Pour contourner cet écueil, il
faut soit rester flou et flexible sur ce que l’on
décrit en introduction : le lieu reste indéfini
et peut varier, à moins que ce ne soit les
conditions de chacun, les positions des
protagonistes… On peut alors modeler et
modifier cette scène finale comme on le
souhaite pour s’adapter aux chemins que
prendront les personnages en cours de
partie. Ce que le meneur peut faire
également est de présenter cette scène
comme une prémonition, un rêve ou une
vision qu’a l’un des personnages, ce qui lui
permet alors d’échapper au déterminisme et
de supprimer éventuellement cette scène si
les personnages s’y soustraient.
L’introduction « au milieu des choses » peut
également se faire avec une scène qui n’a
rien à voir avec le scénario à venir. Dans ce
cas, le meneur va mettre en scène un
moment un peu tendu et spécial, qui pourra
être au choix : le quotidien des personnages
(s’ils sont des superhéros, ce peut être des
situations extrêmes qui s’enchaînent par
exemple) ou bien une mission précédente
(un peu à la façon des films de James Bond,
qui s’ouvrent en général sur une scène
d’action d’une autre aventure). Cela
fonctionne donc bien si les personnages font
partie d’une organisation et que leur
quotidien consiste justement en une série de
missions et de taches parfois pleines
d’action. Dans un univers où les
personnages jouent Monsieur tout le monde
face au surnaturel, cela ne fonctionnera pas.
La mission mise en scène peut donc être
complètement détachée du scénario à venir,
uniquement utilisée pour mettre dans

l’ambiance et montrer ce que font les
personnages lorsqu’ils ne sont pas sous le
contrôle des PJs, entre les « scénars ». Elle
peut aussi avoir un lien avec le scénario à
venir, que ce soit pour l’intrigue principale
(les personnages récupèrent une carte au
trésor et le scénario mettra en scène la quête
vers ce trésor), ou une intrigue secondaire
(le chef de gang qui s’est enfuit dans
l’introduction revient au « mauvais »
moment dans le scénario pour se venger du
groupe). Dans une campagne, le meneur
peut même utiliser cette technique pour
montrer l’évolution d’intrigues parallèles : si
le scénario va se dérouler autour d’une
intrigue secondaire, on peut montrer en
introduction in media res la suite des
progrès du groupe sur l’intrigue principale
par exemple.
Attention tout de même à bien garder à
l’esprit que cette intro n’est justement
qu’une introduction : si le meneur va mettre
en scène un combat titanesque qui
nécessitera beaucoup de jets de dés et une
résolution assez longue, qui prendra
quasiment le tiers du temps de la séance, il a
vu trop grand. Qu’elle soit in media res ou
classique, l’introduction doit rester d’une
durée raisonnable. Mettre en scène un
moment tendu, d’action ou de combat est
une bonne manière de commencer de façon
forte et marquante un scénario, mais il faut
maîtriser la durée de cette scène : en
demandant moins de jets de dés, en
n’appliquant pas tout de suite toutes les
règles, en s’assurant que les adversaires
seront vites balayés ou sont déjà blessés
quand les joueurs prennent le contrôle de
leurs personnages. Alternativement, ce peut
également être un bon moyen de rafraîchir
les règles dans l’esprit des joueurs : un
combat complet en début de séance donne
au groupe une vision rapide de comment
jouer, par la pratique. Il y a donc un bon
équilibre à trouver pour calibrer la durée de
l’introduction « in media res ».
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 3 ­ Démarrer un scénario
Méthodes hollywoodiennes…
Pour sortir encore plus des poncifs du jeu
de rôle, le meneur peut essayer d’adapter à
sa partie quelques ressorts utilisés dans le
domaine de la télévision ou du cinéma à son
jeu. Cela demande un peu d’efforts et
beaucoup d’expérimentation mais peut
donner quelque chose de très original.
Si le meneur a terminé son scénario sur un
cliffhanger (pour ménager le suspens… la
notion sera détaillée dans l’article «
Terminer un scénario » plus loin),
l’introduction est évidente ou presque :
recommencer juste à la seconde prêt là où
s’est achevé le scénario précédent. Cela
fonctionne très bien dans le cas où l’épisode
précédent s’est terminé sur une situation
critique et non sur une révélation critique.
Une continuité parfaite de l’aventure plaira
au groupe et lui donnera une impression de
liberté. Dans ce cas, on se situera bien
souvent « in media res » à nouveau !
Une autre manière de débuter : s’inspirer
des films ou séries fantastiques où le « pré­
générique » met en scène les innocents,
victimes du méchant de l’histoire. Une
famille dont la voiture tombée en panne en
rase campagne se fait trucider par une
créature horrible : voilà le genre de
stéréotype que l’on pourrait trouver dans ce
domaine pour un univers contemporain.
Plutôt que de commencer avec les
personnages qui découvrent le massacre en
lisant les faits divers du journal, pourquoi
ne pas leur faire incarner le rôle de cette
famille juste avant qu’elle ne se fasse
tuer ? Cela permettrait aux joueurs de
s’attacher un peu plus aux victimes, de
jouer un autre rôle et donnerait une
introduction en dehors des sentiers battus.
Bien sur cela nécessite une préparation
adéquate : le risque étant que les joueurs
utilisent les informations qu’ils ont obtenues
dans la peau des victimes pour orienter leur
propre parcours. Pour éviter cela, le meneur
peut briefer à l’avance les joueurs, au
129
 Ch 3 ­ Développer et faire progresser le scénario

L’instant Rome Antique

Au­delà du jeu de mots servant de titre à cet encadré, voici un exemple détaillé de l’introduction d’un
même scénario, mais avec trois techniques différentes présentées dans cet article.
Imaginons que votre campagne prenne place dans une antiquité mythique et que vos personnages
soient des soldats romains, à la solde de l’empereur. Dans le scénario, ils vont être envoyés dans un
camp isolé en Germanie, en proie à des attaques étranges.
o Introduction classique (type commanditaire) : les personnages, à leur garnison, peuvent entendre
parler de rumeurs sur la lointaine affaire, voir un messager arriver prestement pour apporter la
nouvelle d’une mort étrange et soudaine. Le lendemain, ils sont convoqués par leur chef de garnison
qui leur expose la mission et les envoie à l’aventure.
o Introduction « In Media Res » : Alors que les personnages arrivent dans les contreforts des sombres
forêts de Germanie, ils entendent des hurlements de loup à la mort et se retrouvent observés puis
poursuivis par ces créatures à la tombée de la nuit. Que cachent ces contrées mystérieuses ? Ils relisent
l’ordre de mission qui leur a été confié : faire la lumière sur un crime sauvage au sein de l’avant poste
aux confins de l’empire.
o Introduction hollywoodienne : Les personnages jouent dans cette scène d’introduction les gardes en
faction à l’avant poste le soir où l’attaque a eu lieu. L’un d’eux joue la victime, deux autres jouent des
témoins et le dernier jouera le messager qui partira vers Rome. Ils entendent des bruits, ont un
mauvais pressentiment, puis une forme sombre attaque la victime ! Du haut des remparts, les autres
ont a peine le temps de réagir, donner l’alerte, que leur camarade est tombé. Ils ramènent son corps et
le montrent au dirigeant de leur avant poste qui envoie un messager à Rome sur le champ. L’aventure
continue ensuite avec l’une des deux introductions précédentes, par exemple un in media res avec
l’arrivée des personnages au camp retranché en Germanie.

moment où il leur confie les rôles des Développer et faire

innocents, et surtout s’arranger pour que
dans la scène qui va être joué, aucune
information ne passe aux joueurs : les
victimes peuvent ne pas voir ou ne pas
avoir le temps de reconnaître leur tueur, les
attaquants sont trop rapides, trop forts… À
l’inverse, le meneur un peu sadique pourra
laisser traîner une information dans ce petit
prélude mais qui ne sera que la porte
ouverte à une fausse piste.
Il y a autant de manières de commencer un
scénario que d’histoires possibles et de
meneurs ! Les quelques idées ci­dessus, sans
être une liste complète, peuvent vous
permettre de varier vos introductions d’un
scénario à un autre et de construire un
premier acte cohérent, intéressant et
original. Reste ensuite à bâtir la progression
de l’histoire jusqu’à son climax.
progresser le scénario
Après une brillante introduction, l’histoire
est lancée et le meneur peut animer le
scénario en voyant les personnages
progresser à travers l’intrigue (qu’elle soit
arborescente ou « univers »). Lors de la
création de cette intrigue, il est important de
savoir mettre en place une progression. Au
sortir du premier acte, où les personnages
ont été impliqués dans l’histoire, vient la
phase de développement de l’histoire, où le
groupe va affronter différents défis et
obstacles, faciles au départ, puis de plus en
plus difficiles. Sans revenir sur les notions
d’équilibrage développées précédemment
en encadré, le meneur doit savoir doser ces
obstacles pour qu'ils ne soient ni trop
simples, ni trop complexes et posent un
challenge au groupe, tout en augmentant

130
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 3 ­ Développer et faire progresser le scénario

graduellement la tension dramatique pour

mener ensuite au final de l’histoire.
L’aventure est collaborative : pour
maintenir l’intérêt de tous, elle doit donner
à chacun une opportunité de briller dans
le scénario. Il faut donc mettre en place une
diversité de défis : si tous les obstacles de
votre donjon médiéval fantastique sont des
combats ou des challenges physiques, les
personnages (et joueurs) plus à la recherche
d’interprétation ou d’énigmes auront
l’impression d’être la cinquième roue du
carrosse lors du déroulement de l’intrigue.
Le MJ pourra donc installer des défis
physiques certes, mettant à l’épreuve les
compétences des personnages dans
différents domaines, mais également des
challenges sociaux (interprétation du
personnage notamment, scènes
d’interaction) ou encore des situations de
défis mentaux (énigmes, mystère à
élucider…) afin que chaque personnage soit
mis en valeur au cours de la partie.
Pour développer l’avancement du scénario
et son développement vers le final, le mieux
est de se laisser guider par l’arborescence
et sa logique : le meneur imagine les
différents choix que peuvent prendre les
personnages ou les issues possibles et de là
va enchaîner logiquement les scènes vers la
fin et le climax. Afin de vous donner
quelques pistes pour étoffer cette partie,
voici des idées de défis intermédiaires que
l’on peut insérer dans le scénario. Tout
comme pour les introductions, elle n’a pas
la prétention d’être complète, mais peut
vous aider à apporter un peu de matière
dans certains endroits du cœur du scénario.

« T’as de beaux yeux tu

sais… » - les défis sociaux

Que ce soit le personnage ou le joueur qui

ait des affinités pour le côté « roleplay » du
jeu de rôle, toute une série de scénarios qui
ne fait qu’enchaîner les combats et les
scènes d’action risque de lasser le groupe à
la longue. Si certes les joueurs les plus

131
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 3 ­ Développer et faire progresser le scénario
jeunes et les moins expérimentés, influencés
par les jeux vidéo, peuvent y trouver leur
compte, être assis autour d’une table pour
partager une histoire ouvre bien plus de
possibilités théâtrales. Voici donc quelques
morceaux « sociaux » (qui impliquent donc
rencontre et interaction avec des PNJs) à
insérer dans vos parties, afin de valoriser les
joueurs qui sont à l’aise et aiment
l’interprétation du personnage, ou qui
incarnent les courtisans, diplomates,
négociateurs et beaux parleurs de votre
groupe :
o L’entretien pour obtenir des
informations : votre groupe a rencontré ou
trouvé la piste d’un personnage qui détient
des données importantes pour la suite de
l’aventure ou de l’enquête et ils doivent aller
voir cette personne pour obtenir les indices
leur permettant de continuer. Les
personnages doivent comprendre la
personne qu’ils rencontrent, deviner l’état
d’esprit dans lequel cette dernière se trouve
et la mettre en confiance afin qu’elle se
confie. Ils devront faire preuve d’empathie
et la force ne leur sera d’aucune aide : le
témoin du dernier crime du serial killer est
terrorisé à l’idée de parler, de peur de se
faire tuer ; le dernier survivant d’une
expédition spatiale catastrophique est en
état de choc et aura du mal à se remémorer
les évènements... Ils doivent donc jouer avec
finesse pour en savoir plus et pourront se
constituer un allié au passage.
o L’intimidation : pendant un peu plus
violent de l’entretien empathique décrit ci­
dessus, dans cette scène, le personnage qui
détient les informations aura besoin d’être
impressionné pour parler. Si des
personnages physiques peuvent servir de
gros bras, ils devront être dirigés par les
personnages plus « sociaux » pour guider
l’entretien, poser les questions et s’assurer
que l’intimidé/torturé ne ment pas. Comme
obstacle supplémentaire, le sondé peut
s’avérer être beaucoup plus résistant qu’on
ne le pense aux menaces et le groupe devra
alors trouver son point faible pour le faire
132
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
parler. Ce peut être une phobie, une crainte
particulière, une faille émotionnelle…
o Se faire passer pour quelqu’un d’autre :
ressort scénaristique intéressant, les
personnages ne doivent pas uniquement
interroger pour avancer, mais mettre en
scène une sorte de mascarade pour arriver à
leurs fins. Ce peut être aussi simple que
prendre les vêtements des gardes pour
passer inaperçu dans un endroit fortifié
imprenable, ou aussi complexe que
d’identifier les codes et mots de passe
utilisés par les membres d’un culte pour
pouvoir accéder à leur bibliothèque afin
d’enquêter. Le groupe doit donc à la fois
mettre au point sa couverture, s’assurer
qu’il n’y a pas de failles, puis, face aux
personnes qu’ils essaient de bluffer, jouer le
rôle de ce qu’ils ne sont pas. Obstacle que
l’on peut ajouter : les personnages ne se sont
pas rendus compte qu’il leur manquait un
mot de passe, un emblème ou un signe
distinctif au moment où ils abordent le point
de contrôle. Ils devront donc improviser ou
bluffer pour se sortir de cette situation en
évitant que cela ne dégénère.
o La scène de négociation : se contenter
uniquement de mettre en scène des
négociations de marchand de tapis pour de
l’équipement de moindre importance
revient à se priver de quelques scènes
mémorables. Des négociations plus
poussées peuvent être mises en scène : de la
libération d’otages au traité de paix en
passant par l’accès à une formule magique
ou à des données confidentielles, il peut y
avoir bien plus à négocier que de simples
pièces d’or. Les personnages doivent donc
faire preuve de tout leur talent : ils doivent
trouver ce sur quoi ils peuvent négocier,
savoir ce qu’ils vont mettre dans la balance
et jusqu’où ils peuvent aller. S’ils laissent
parler leur adversaire le premier, ils auront
plus de marge de manœuvre et pourront
essayer de le laisser négocier avec lui­même
avant de faire une contre offre. Enquêter sur
le parti adverse et connaître des
informations que ce dernier veut garder

secrètes peut également les aider à faire
pencher la balance en leur faveur.
o Persuader une ou plusieurs personnes de
passer à l’action : au­delà du simple
questionnement pour en savoir plus, il peut
arriver que les personnages doivent
convaincre un PNJ d’agir en leur faveur
d’une manière ou d’une autre. Ils devront
trouver les bons arguments, susceptibles de
faire réagir cette personne(ce qui revient
souvent à démontrer que c’est dans l’intérêt
du PNJ que d’agir en faveur du groupe). Ils
peuvent également essayer de jouer sur la
culpabilité ou encore dans un registre plus
retors, corrompre ou faire chanter
quelqu’un. Le MJ devra définir le type
d’arguments auxquels le personnage sera
réceptif et c’est ensuite aux joueurs de
discerner leurs leviers d’action. Plus
complexes et réservés aux meilleurs
personnages (et joueurs) sociaux, on peut
même passer à l’influence de plusieurs
personnes, voire d’une foule. Sans aller
jusqu’à réclamer un discours passionné de
plusieurs dizaines de minutes, un défi social
intéressant, mettant à l’épreuve les qualités
d’interprétation et d’orateurs des Pjs,
consiste à convaincre un groupe de
personnes d’agir dans le sens des
personnages (prendre les armes, se rebeller
contre leur supérieur, les laisser passer…).
o Trouver et utiliser des contacts : réservé
en général aux PJs sociaux, ce genre de défi
peut amener un personnage à chercher à
entrer en contact avec quelqu’un par le biais
de son réseau de relations. Il doit partir des
personnes qu’il connaît, pour aller ensuite
discuter avec des gens qu’il ne connaît pas
et qui ne seront pas toujours partantes pour
l’aider ou l’informer. Le ou les personnages­
joueurs devront donc être en mode « social
» et se montrer gentils ou utiles au PNJ pour
pouvoir être estimés dignes d’intérêt et
donc à inclure dans leur réseau de relations.
L’utilisation d’un contact peut se changer
également en scène de négociation, si ce
dernier cherche à tirer profit de la demande
des Pjs.. Les dettes, paiements en tout genre
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 3 ­ Développer et faire progresser le scénario
peuvent être monnaie courante sur ce genre
de relations.
o Le défi social : plus compliqué à mettre
en scène, mais qui peut surprendre les
joueurs et apporter une petite originalité à
un scénario, le meneur peut prévoir un
« défi social » dans lequel un ou plusieurs
des personnages du groupe se verraient
confrontés à un PNJ dans une sorte de
joute. Celle­ci peut être oratoire (raconter
une histoire ou discourir sur un sujet face à
un autre PNJ et un jury), courtisane (le
premier qui arrivera à séduire telle ou telle
personne), ou plus légère (concours de
blagues…). A chaque fois le meneur pourra
laisser les joueurs interpréter la situation, et
en fonction de cela demander un jet de dés
ou non, modifiés par la qualité de
l’interprétation.
«Le Rubik’s Cube avec des
gants de boxes » - les défis
mentaux
Ce qui peut venir pimenter également un
scénario, c'est une bonne séance de remue­
méninges pour que votre groupe sorte un
peu de sa torpeur ou de sa violence et fasse
marcher son cerveau. Il est important de
bien s’assurer, en en parlant en amont, ou
en faisant d’abord un petit test avec une
première énigme simple, que les joueurs y
trouveront un intérêt. Ce ne sera peut être
pas le cas de tous et certains préfèreront
probablement attendre dans l’ombre en
affûtant leurs lames pendant que les
intellectuels chercheront la solution. Ce
n’est pas forcément une mauvaise chose
mais il faut savoir trouver le bon équilibre
au long du scénario. Le défi mental peut
être « habillé » et présenté comme tel dans
le scénario (dans le cas des énigmes ou
codes à déchiffrer par exemple), ou bien à
l’inverse c’est le scénario lui­même qui peut
représenter un challenge (qui a commis le
meurtre ? comment sortir du labyrinthe ?).
Il faut également se poser la question du
roleplay et de l’interprétation : un joueur
133
 Ch 3 ­ Développer et faire progresser le scénario
qui a un fort score d’intelligence/logique
devrait avoir une aide pour résoudre
l’énigme si le groupe sèche, un joueur dont
le personnage n’a pas autant de facilité
devrait rester dans la peau de son
personnage et éviter de surjouer
l’intelligence de l’alter ego qu’il interprète.
Voici des idées de défis mentaux qui
peuvent venir « challenger » la matière grise
du groupe en cours de partie :
o Préparer un plan : les personnages
doivent organiser une stratégie ou une
tactique pour atteindre la prochaine étape
du scénario. Ils ont des informations que
leur commanditaire leur a fourni ou qu’ils
ont récupérées précédemment et doivent les
compiler, les comparer à leurs compétences,
aux moyens dont ils disposent et à ce qu’ils
sont capables de faire, pour mettre au point
une approche planifiée qui leur permettra
d’arriver à leurs fins. Selon votre univers et
votre scénario ce peut être un plan d’attaque
(il faut réduire à néant le repaire des
zombies), un plan de défense (l’armée
ennemie arrive et nous devons garder le
contrôle de la forteresse), un plan
d’infiltration (comment arriver à voler
l’émeraude avec toutes ces caméras de
surveillance ?), une mise en scène (il faut
capturer le PDG de la WorldCorp et réussir
à enregistrer ses aveux), une déstabilisation
(organiser un attentat).
o Faire des recherches : les personnages
doivent en savoir plus sur un sujet précis,
mais l’information n’est pas forcément
évidente à trouver. Selon le niveau de
technologie de l’univers, ils devront fouiller
bibliothèque/ sites web/ matrices de réalité
virtuelle, au bon endroit pour trouver ce
qu’ils recherchent. Au lieu de simplement
résoudre l’ensemble sur un jet de dés, le
meneur peut mettre un peu plus en scène la
recherche : sur quel sujet les personnages
recherchent ils ? dans quels types de
documents ? essaient ils de recouper les
informations ? comment s’y prennent ils
pour naviguer dans l’information ? Le
meneur peut également mettre en place,
134
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
dans les scénarios où le temps est compté et
limité, un système où il tient compte du
temps qui passe dans les recherches : un
personnage qui cherche directement au bon
endroit, en se basant sur une déduction ou
une intuition, ira beaucoup plus vite qu’un
autre qui consulte toutes les archives de A à
Z en espérant tomber sur ce qu’il cherche .
Si le groupe n’a qu’un temps limité avant
que leurs adversaires ne passent à l’action,
cela peut mettre plus de pression et les
forcer à trouver des stratégies de recherche
efficaces.
o Sortir d’un labyrinthe : depuis Dédale et
la légende du Minotaure, le labyrinthe a
toujours été utilisé pour tester la sagacité
des aventuriers. Il peut être intéressant, une
fois de temps en temps, de mettre les
personnages face à ce genre de défi. Ils
peuvent très bien se retrouver dans un
dédale de couloirs, d’allées de jardin, de
soutes dans une station spatiale, de salles,
où ils pourraient se retrouver très vite à
tourner en rond s’ils n’y prennent pas garde.
Le meneur peut concevoir lui­même le
labyrinthe quand il créé le plan du lieu ou
bien utiliser celui d’un labyrinthe tout prêt
(une recherche d’image sur « labyrinthe »
dans votre moteur de recherche devrait
vous donner de quoi faire). Les personnages
s’y aventurent, sans plan et devront soit se
faire leur propre carte, soit trouver une
méthode (tracer des marques sur le sol,
suivre toujours le mur de gauche…) pour
s’en sortir.
o S’orienter, trouver un chemin : petite
variante du défi précédent, cette fois ci les
personnages sont face à une carte (pas
forcément labyrinthique) et doivent
planifier leur itinéraire en fonction de leurs
ressources, du temps dont ils disposent et
de ce qu’ils ont à faire. Cela fonctionne par
exemple bien dans les univers médiévaux :
face à une carte de la zone, les personnages
doivent choisir quel sera leur itinéraire,
sachant qu’il y a plusieurs voies possibles :
passer par la route est plus rapide, mais
plus prévisible par les ennemis du groupe,
 Ch 3 ­ Développer et faire progresser le scénario

Romains contre Germains, acte II

En reprenant le scénario où les personnages sont des soldats romains envoyés à l’avant poste de
Germanie, en fonction des capacités du groupe, vous pourriez dessiner et préparer plusieurs pistes et
obstacles pour construire la progression du scénario :
o Les personnages vont devoir, dans un premier temps, trouver des pistes pour éclaircir l’affaire. Ces
dernières seront probablement très diverses mais peuvent amener à plusieurs points : des personnages
sociaux peuvent interroger les soldats qui ont été témoins de l’accident. D’autres peuvent essayer de
repérer des traces à l’extérieur du fortin, là où a eu lieu l’attaque. Un personnage versé dans les arts
médicaux peut essayer d’examiner la dépouille du soldat tué, bien que cette dernière ait déjà été
enterrée.
o Discuter avec les soldats témoins sera un challenge social : ces derniers sont encore sous le choc et leur
supérieur ne leur fait pas de cadeaux. Les personnages devront donc jouer d’empathie pour obtenir des
informations. Ils pourront apprendre que certaines légendes germaniques parlent de l’homme loup qui
rôde dans les bois. Un autre soldat émettra l’hypothèse que c’est une chose envoyée par les barbares.
o L’examen du corps révèlera un unique coup de griffe, profond qui a entaillé les organes vitaux. Si un
personnage a essayé de retrouver des traces sur le lieu de l’attaque, il n’aura trouvé que quelques traces
de griffes et quelques traces de pas, sur un arbre non loin de là, à même distance du camp, mais plus au
nord.
o De là, les personnages vont devoir recouper les informations, et utiliser leurs contacts : le chef du camp
peut leur révéler qu’il y a un camp germanique à quelques kilomètres à l’est par delà la forêt. Si ce sont
eux qui ont envoyé l’homme loup, ils devraient être au courant. En interrogeant d’autres soldats dans le
camp, les personnages pourront également apprendre que l’un d’eux aurait aperçu un homme solitaire,
une sorte de druide, seul dans les collines, au nord de la forêt. Cela fait donc une piste principale
évidente et une piste secondaire.
o En route dans les bois, le meneur peut vouloir intercaler un obstacle naturel (ravin, rivière à
franchir…). Les personnages peuvent la franchir pour gagner du temps, auront pu découvrir son
existence en ayant demandé une carte au fortin. S'ils la franchissent ils peuvent atteindre leur destination
dans la journée, sinon ils devront contourner l’obstacle jusqu’à un gué : le voyage sera plus long et ils
devront passer la nuit dans les bois (ce qui peut amener à une rencontre avec la mystérieuse bête).
o Le camp germanique peut être le théâtre d’une infiltration, ou d’une négociation, une attaque directe
sera vouée à l’échec et les personnages risqueront d’être emprisonnés. Si les personnages s’y prennent
bien, ils peuvent ne pas avoir recours à la violence du tout : les germaniques ne savent rien de l’histoire,
mais connaissent la légende et la magie du druide qu’ils consultent de temps en temps.
o S’il n’y en a pas encore eu, la rencontre avec le druide peut être le lieu d’une scène de combat, qui vient
augmenter la tension dramatique d’un cran : ce dernier cherchera à s’échapper du groupe, en invoquant
par exemple une créature élémentaire que les personnages devront affronter. A l’inverse s’il y a déjà eu
un combat ou que le groupe n’est pas très physique, la rencontre peut être différente et mettre en scène
un dialogue (social) ou un défi mental (intellectuel : le druide veut bien leur parler mais leur demande de
résoudre une énigme). A l’issue du combat le druide fera tout pour s’enfuir (ce qui peut amener sur une
scène de poursuite), si les personnages le rattrapent, il faudra le faire parler (scène d’intimidation où il
faut comprendre son point faible : la nature) : il avouera alors avoir vendu la toile du loup à un romain,
une peau de bête qui donne à celui qui la revêt l’apparence de l’homme loup.

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 3 ­ Développer et faire progresser le scénario
passer hors piste par les montagnes ou la
forêt peut être plus court mais plus
dangereux… L’exercice consiste donc, à
partir d’une carte sur laquelle ils peuvent
jeter un œil au début de leur voyage, à
choisir le meilleur chemin pour arriver au
but. Le même type de défi peut être mis en
scène dans des univers contemporains ou
futuristes : des personnages fugitifs peuvent
prendre l’autoroute ou les petites routes,
mais ils auront plus de chances de tomber
sur un barrage de police en restant sur les
grands axes…
o Résoudre une énigme : Ressort utilisé
classiquement, l’énigme peut être habillée
pour être incluse quasiment telle quelle
dans le scénario. Ce peut être un mot de
passe ou une combinaison chiffrée pour
ouvrir une porte ou un coffre fort (et les
personnages disposent d’un indice pour
trouver le code), ce peut être un symbole à
compléter ou une série de symboles à
remettre dans l’ordre logique (des pierres
gravées pour arrêter un rituel par exemple,
dans les univers fantastiques), une devinette
que leur poserait un sage, un sphinx ou
quelqu’un qui cherche à les tester, un
message codé à déchiffrer en utilisant une
clef simple ou plus élaborée…
Plus complexe à mettre en place, une
énigme de logique peut servir de base à un
scénario d’enquête : non pas comme simple
élément qui apparaît en cours de scénario
mais comme trame complète de l’histoire !
Sans mettre en place une réplique du
Cluedo, on peut très bien imaginer une liste
de suspects, de lieux ou d’alibis et c’est
ensuite aux joueurs de se constituer leur
grille d’analyse pour déterminer, par
déduction et élimination qui est le coupable.
Ce peut être intéressant à expérimenter.
o Trouver une solution inventive à un
problème concret : se rapprochant un peu
de l’élaboration d’un plan, ici c’est le sens
pratique des joueurs qui sera mis à
l’épreuve. On peut proposer par exemple
des défis de survie ou de réparation. Les
personnages qui ont des compétences dans
136
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
ces domaines pourront avoir des indices en
plus sur la solution : le groupe n’a que très
peu de moyens à sa disposition et doit tout
de même trouver une solution « bricolée »
pour résoudre leur problème. Ce peut être
de s’évader d’une cellule, de résister au
froid extrême sans abri, de réparer une
machine endommagée… Il s’agit ici de
laisser une opportunité aux joueurs de
laisser s’exprimer le « Mac Gyver » qui est
en eux et de leur donner une chance de
montrer leur sens pratique. Si ces derniers
bloquent et ne voient pas, un jet réussi dans
la compétence adéquate pourra donner la
solution au personnage qui est le plus calé
dans le domaine.
o Ouvrir de nouvelles pistes : surtout
utilisé dans les scénarios d’enquête, ce
genre de défi met le groupe face à un
problème posé avec très peu d’indices a
priori au démarrage et la nécessité de
« brainstormer » différentes voies d’accès à
l’information. Cela fonctionne bien avec des
joueurs expérimentés qui ont déjà leurs
marques dans l’univers et ont quelques
automatismes dans les scénarios d’enquête.
Sachant que cela peut entraîner les
personnages sur une piste que le meneur
n’avait absolument pas prévu, il faut que ce
dernier soit très souple avec son scénario : si
une information est prévue pour être
trouvée dans un livre à la bibliothèque,
mais que les joueurs ont une bonne idée et
décident par exemple d’aller voir un de
leurs contacts libraire et antiquaire, le
meneur peut très bien récompenser la
créativité du groupe dans sa solution en
changeant son scénario et en plaçant le livre
chez l’antiquaire. L’ingéniosité devrait
toujours être saluée d’une manière ou d’un
autre, mais le meneur doit aussi savoir, en
fonction de l’heure et de l’avancée du
scénario, ménager un peu le suspens et ne
pas donner tout de suite tous les indices. Si
les personnages ont le temps et sont dans le
timing, les pistes ne sont pas bonnes et le
groupe doit trouver d’autres solutions. Si le
scénario traîne en longueur et que les

joueurs commencent à lâcher prise, il est
temps de faire en sorte que les choses aillent
dans leur sens.
o Le défi mental : les personnages doivent
ici affronter un PNJ dans un défi
intellectuel. Ce dernier peut être un allié qui
veut les mettre à l’épreuve ou un
antagoniste qui a décidé de ne pas avoir
recours à la violence mais à une autre
manière de résoudre les conflits. Ce peut
donc prendre la forme d’un concours
d’énigme, de devinettes, de quelques coups
d’échec à jouer, d’un affrontement au calcul
mental, de la résolution d’un anagramme…
ou de tout autre défi, chronométré ou non,
qui vise à un affrontement intellectuel entre
un ou plusieurs membres du groupe et le ou
les PNJs.
« Baston ! » - les défis
physiques
Pour cette catégorie, il n’y a aucune
ambiguïté entre joueur et personnage : la
plupart des résultats dépendent des
capacité du personnage uniquement. Le défi
ou l’obstacle pour le groupe réside alors
dans la bonne évaluation : l’adversaire que
j’affronte est il à ma hauteur ? Ai­je utilisé la
meilleure approche pour franchir ce
précipice ? De bonnes idées ou suggestions
des joueurs devraient être récompensées par
le meneur, soit par le biais de points
d’expérience, soit en accordant une
difficulté réduite ou d’autres bonus en jeu.
Côté meneur, ce sont les plus simples à
mettre en œuvre, mais ils demandent tout
de même de veiller à l’équilibrage : le
danger que courent les personnages doit
aller en grandissant au cours de la séance,
pour faire monter la tension et préparer les
joueurs pour le final. Voici quelques idées
de challenges physiques que peuvent
relever les personnages de votre groupe
dans la progression du scénario :
o Obstacle naturel ou artificiel à franchir :
Que ce soit une falaise abrupte, une rivière
souterraine au courant agité, un champ
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 3 ­ Le choix des musiques d'ambiance
d’astéroïde, une zone radioactive, sauter
d’un immeuble à un autre, l’action est
partout, pour peu qu’on veuille bien la
chercher. Ce genre de situation est une
bonne manière de mettre à l’épreuve les
personnages et de voir si les joueurs savent
bien s’organiser : lors d’une escalade le
meilleur grimpeur passe premier pour
ouvrir la voie par exemple. Si la situation va
se résoudre facilement avec quelques jets de
dés, c’est la conséquence d’un échec qui
peut amener de la tension dramatique au
jeu : plutôt que de tout simplement tuer le
personnage qui fait une chute, ce dernier
peut avoir une chance de se raccrocher aux
branches ou d’être sauvé par ses camarades,
s’ils réagissent vite et bien. Ce sont ces
éléments qui introduisent de la tension dans
le jeu. De plus, un personnage blessé est
bien plus intéressant pour la suite qu’un
personnage mort (ce qui ne signifie pas qu’il
ne faille pas tuer un personnage de temps
en temps, notamment si les joueurs
commencent à se trouver invincibles).
o Scène de combat en petit groupe : Il est
très rare de jouer un scénario sans une scène
qui soit d’une manière ou d’une autre une
confrontation. Les personnages peuvent
affronter un ou plusieurs adversaires, se
faire surprendre ou bien essayer de prendre
l’ennemi à contre­pied. L’équilibrage joue
fortement dans ce genre de scène : le groupe
peut arriver à vaincre facilement l’adversité,
ce qui peut être une très bonne mise en
jambe en début de scénario, ou à l’inverse
c’est qu’il y a quelque chose de caché dans
cette scène : les personnes qu’ils ont
combattu n’étaient pas les bonnes, ce n’était
peut être qu’un leurre, une manigance. Un
combat facile peut également servir à mettre
en confiance le groupe sur ses capacités,
avant de passer à un affrontement plus
compliqué. À l’inverse, une rencontre plus
dangereuse apporte une autre tonalité au
scénario : les personnages peuvent être mis
en position critique et doivent être prudent.
Il leur faudra savoir battre en retraite au
bon moment ou essayer de négocier avec
137
 Ch 3 ­ Le choix des musiques d'ambiance
quelqu’un de trop fort pour être vaincu.
N’oubliez pas que si votre scène finale est
un combat, il vaut mieux garder le combat
le plus difficile, ou tout du moins celui qui a
le plus d’intensité dramatique pour la fin du
scénario.
o L’embuscade : Variante de la scène
précédente, ce peut être un piège tendu au
groupe ou bien un plan d’attaque que vont
mettre au point les PJs pour affronter plus
fort ou plus nombreux qu’eux. Dans le
premier cas, les joueurs devraient avoir un
moyen de voir le piège venir, d’une façon
ou d’une autre (quitte à demander un jet de
perception réussi) et de s’en prémunir à
temps. Dans le second, on rejoint un peu le
défi mental du plan à élaborer, si ce n’est
que c’est ici appliqué en général de suite et
axé sur un seul combat. Le meneur qui veut
emmener son groupe vers la préparation
d’une embuscade doit mettre en place le
terrain favorable, le décrire au groupe et si
ces derniers ont l’esprit un peu tactique, ils
devraient apercevoir l’opportunité qu’ils
ont de se positionner pour préparer leur
attaque.
o L’infiltration : Quand les scènes de
combat direct mettent en avant les
personnages de type « guerrier » du groupe
(ou son équivalent dans votre univers), une
scène d’infiltration ou de discrétion peut
permettre aux profils « roublards » (les
personnages discrets et agiles) de se
distinguer à leur tour. Ce peut être une
bonne occasion de mettre en place un
travail d’équipe : le reste du groupe fait une
sorte de diversion pour permettre au furtif
d’entrer en cachette et de récupérer les
informations dont le groupe a besoin, ou
pour ouvrir un passage pour les autres. Il
est important, si le meneur utilise ce genre
de scène dans son histoire, de bien s’assurer
que tous les joueurs (et pas uniquement
celui du personnage discret) aient un rôle à
jouer. Si le MJ ne peut pas faire autrement et
que seul le personnage infiltré est actif
pendant la scène, il doit alors s’assurer que
la séquence ne sera pas trop longue : par
138
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
exemple, dans un jeu de superhéros, si l’un
des joueurs incarne « L’homme invisible »
ce sera lui qui pourra entrer secrètement
dans le laboratoire où se trament des choses
funestes. Cela peut donner une scène
intéressante, mais si celle­ci entraîne une
heure complète de jeu avec ce PJ là sans que
les autres ne puissent rien faire, les autres
joueurs vont sûrement commencer à perdre
patience. Dans ce cas, le MJ peut soit
s’assurer, montre à l’appui, de passer un
temps à peu près équivalent avec chaque
parti successivement (de 3 à 5 minutes par
exemple), ne pas trop faire durer la scène
où un seul personnage est capable d’agir,
ou bien il peut confier d’autres rôles
temporaires aux joueurs qui ne sont pas
présents : ils peuvent interpréter les gardes,
les adversaires, les passants…
o La filature : Une autre opportunité de
mettre en avant les profils agiles et discrets
du groupe, ce genre de scène est un peu
plus facile à gérer, car il peut être amené
sous la forme d’un travail d’équipe. Quel
que soit l’univers, la filature sera d’autant
plus discrète si elle est faite adroitement par
plusieurs personnes, séparées les unes des
autres. Si tout le groupe décide de suivre
telle une troupe leur cible, ils risquent
d’être repérés rapidement. Si, à l’inverse, les
personnages prennent différents
emplacements pour réaliser leur filature, ils
auront moins de chance de se faire repérer.
Suivre furtivement quelqu’un de suspect
peut amener bien des réponses, mais aussi
bien des ennuis, si cette dernière, consciente
d’être suivie, va amener les personnages
dans un piège, ou bien se mettre à fuir…
o La poursuite : C’est ce qui arrive quand la
filature tourne mal, ou bien si les
personnages repèrent leur cible au loin et
décident d’essayer de la rattraper au plus
vite. La poursuite peut se faire à pied, en
franchissant des obstacles (sauter
d’immeuble en immeuble, traverser un
marché bruyant…), en véhicule ou à dos de
montures. On peut même imaginer une
combinaison de ces moyens de transport au

sein de la même poursuite : les personnages
sont sur les traces de leur prédécesseur à
pied, ce dernier trouve la première occasion
de gagner du terrain en sautant sur un
cheval / en volant une moto / en démarrant
un turbojet aérien. Cette scène devrait être
rythmée, pleine d’obstacles et avec deux
issues possibles : soit les personnages
rattrapent le poursuivi, soit ce dernier
s’échappe. D’une autre manière, on peut
très bien également imaginer mettre en
scène une situation où les personnages sont
les poursuivis et doivent s’échapper : les
forces de l’ordre, une horde d’ennemis plus
forte, un gang adverse est à leur trousse et
ils doivent temporairement se mettre hors
de portée pour trouver les moyens de les
affronter ensuite.
o Le défi physique : le plus courant de tous
les défis est le duel physique. Pour prouver
leur valeur un ou plusieurs personnages du
groupe doivent affronter un PNJ dans un
duel : bras de fer, épreuve de force, course,
duel à l’arme blanche ou à l’arme à feu,
épreuve initiatique, duel d’équilibre, de
souplesse ou d’agilité, course d’endurance
tout peut être prétexte à défi. Une
population d’autochtones sauvages peut
vouloir défier un de vos aventuriers dans
une lutte tribale dans un univers
d’aventures pulp. Un pilote d’élite d’une
flotte spatiale peut vouloir faire la course
avec l’un des membres du groupe à travers
le champ d’astéroïdes. Le challenge peut
être ritualisé, effectué en public devant des
dizaines ou des milliers de témoins, ou à
l’inverse discret et sobre, mais tout aussi
dangereux.
On ne saurait résumer avec ces quelques
lignes tous les challenges et obstacles
possibles pour faire avancer le scénario vers
son point final. Ces catégories elles­mêmes
ne peuvent ^pas être représentatives de
toutes les possibilités du jeu de rôle : on ne
peut les réduire à des défis uniquement
sociaux/mentaux/physiques. Chaque
univers apporte son lot de règles et de
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 3 ­ Conclure le scénario
spécificités (volonté, magie, santé
mentale,…) qui peuvent également être une
source d’inspiration pour le meneur afin de
créer les obstacles qui viendront jalonner le
parcours des personnages dans le scénario
Conclure le scénario
La fin du scénario est le moment le plus
important, ou en tout cas devrait l’être. Bien
sur cela ne doit pas nécessairement se
produire à chaque séance (notamment si
l’histoire est étalée sur plusieurs séances),
mais le dernier acte et les dernières scènes
du scénario doivent amener la tension
dramatique à son comble. L’implication a
mis les personnages face à une histoire, la
complication et les obstacles ont mis à
l’épreuve le groupe et vient enfin le
moment où l’intrigue va être résolue, où les
questions vont trouver leurs réponses et où
l’histoire va trouver un dénouement. Si
beaucoup de films d’aventure ont pour final
une scène d’action ou de combat, ce n’est
pas la seule option possible pour le
scénario.
Déjà vu : le boss de fin
Ce n’est cependant pas pour rien si la
majeure partie des histoires d’aventure, des
jeux vidéos, des films ou séries TV se
termine par un affrontement, un duel, un
combat ou une bataille de grande ampleur.
C’est ce qu’il y a de plus standard et
archétypal, mais un scénario sans combat de
fin ou a minima une scène d’action pourrait
laisser un goût d’inachevé pour le groupe.
Cependant pour mettre en scène un
affrontement mémorable et pas uniquement
une simple série de jets de dés, le meneur
peut garder à l’esprit ces quelques points.
Il faut que le combat soit dangereux. Si vous
avez décidé d’équilibrer les rencontres de
votre scénario, il faut que celui­ci soit plus
difficile que les autres, avec un risque plus
grand pour les personnages d’être mis en
incapacité, inconscient ou pire. Bien sur, il
139
 Ch 3 ­ Conclure le scénario

faut également le dimensionner par rapport
à l’évolution de la campagne. L’antagoniste
qui terminera le premier scénario n’aura pas
la même difficulté ou ampleur qu’un
méchant qui apparaîtra dans la deuxième
moitié de la campagne, voire tout à la fin.
A défaut d’être le combat le plus difficile du
scénario, la confrontation finale doit avoir
un peu plus d’ampleur, être plus épique.
Cette magnitude peut être apportée par
exemple par un cadre particulier. Plutôt
qu’un simple combat de rue, il y a quelque
chose en plus. Le décor peut être épique,
dramatique, les personnages peuvent s’en
servir, interagir avec ce dernier, l’utiliser
comme une source de rebondissements.
Dans un univers contemporain, si le combat
avec le chef du gang adverse a lieu dans un
abattoir, il y aura bien plus de possibilités
d’actions que dans un parking. L’ambiance,
le climat peut être également une variable
que le meneur peut utiliser pour ajuster.
Sans tomber dans le cliché, que
l’affrontement se déroule sous un orage,
dans le brouillard, sous la pluie ou en pleine
lumière du jour n’aura pas le même impact.
D’autres évènements peuvent se produire
en parallèle à ce combat, ou bien il peut y
avoir un timing à tenir : par exemple alors
que les personnages combattent la créature
invoquée dans un univers médiéval
fantastique, le sorcier est sur le point de
procéder à un sacrifice et les personnages
doivent l’en empêcher tout en faisant face
au monstre.
Pour avoir plus qu’une simple série de
lancers de dés, le meneur peut aussi faire en
sorte qu’il y ait un point faible qui permette
de vaincre plus facilement l’ennemi, ou bien
une approche ou une technique particulière
qui permettrait aux personnages de prendre
l’avantage. Aux joueurs de découvrir qu’il
y a un talon d’Achille à débusquer pour en
finir avec l’ennemi. Le cyborg peut avoir
un point faible dans son armure, le démon
peut être repoussé s’il voit sa propre image
dans un miroir, ou encore le capitaine des
gardes borgne ne pourra pas parer un coup
venant de la droite… Les personnages
peuvent découvrir cette faiblesse au
moment du combat ou avoir quelques
indices auparavant qu’ils devront remettre
ensemble au moment de la bataille afin de
comprendre. Ou bien il faut qu’ils mettent
en place une tactique, un bluff, une
diversion pour obliger l’ennemi à baisser sa

Retour au camp romain

Avec ce que les personnages ont appris face au druide, la dernière ligne droite consiste à retourner au
camp romain et à démasquer le coupable. Cependant, comme le druide ne connaît pas le nom de celui
auquel il a remis la peau de bête : les personnages ont plusieurs options : soit ils réussissent à ramener
le druide au camp (mais ce dernier accusera la mauvaise personne, afin de protéger son « client »), soit
ils retournent eux même discrètement au camp et mènent l’enquête pour trouver le coupable.
En réalité, le coupable est le chef de légion, qui, s’ennuyant un peu trop à rester en faction et souhaitant
évoluer dans la hiérarchie, cherche à provoquer un conflit avec les barbares pour passer à l’attaque.
C’est donc lui qui a récupéré la peau de bête du druide et s’en sert aujourd’hui pour mener des
attaques sur ses propres hommes. Si les personnages le mettent au courant, il cachera la peau dans les
affaires d’un autre soldat pour essayer de le faire accuser. Si ces derniers sont plus suspicieux et
discrets, ils pourront la découvrir dans ses affaires. Le final sera donc une confrontation sociale, où face
à l’ensemble des troupes rassemblées dans le fortin, les personnages devront accuser la bonne
personne, sans se tromper, preuves à l’appui. Découvrir la peau de bête chez la bonne personne est une
option, tout comme recouper l’information avec le récit d’autres soldats (certains ont vu le chef de
garnison partir seul vers les collines). Si le chef est accusé, il peut très bien essayer de réagir ou de fuir,
mais le cœur de la scène finale, c’est cette accusation que devront mener les PJs.

140
CEDRIK GAULT (Order #14702690)

garde et à se mettre en danger.
Le MJ peut également mettre en scène un
rebondissement imprévu au cours de la
bataille. L’adversaire dispose de capacités,
d’une arme, d’un pouvoir ou d'un implant
cybernétique qu’on ne lui soupçonnait pas.
Un allié du groupe s’avère en fait être du
camp adverse… Les personnages qui
pensaient en finir facilement se retrouvent
désarçonnés car ils sont obligés de revoir
complètement leur plan suite à cette
découverte. Le retournement peut aussi
avoir lieu dans l’autre sens : alors que les
personnages sont dépassés par les
évènements, un PNJ (leur adversaire, ou un
témoin de la scène) retourne sa veste et
vient les aider. C’est un coup de théâtre
pour le scénario et peut avoir un vrai effet
auprès du groupe, à condition que ce
dernier ne s’y attende pas.
Ces quelques idées peuvent faire sortir un
combat de fin de l’ordinaire, mais la clef
reste pour le meneur d’interpréter un
ennemi cohérent et de le faire agir à la fois
selon ses buts et convictions et à la fois de
façon logique par rapport à ses
compétences, attaques et capacités. À
l’extrême, l’antagoniste devrait être joué
comme on joue un PJ. Enfin, il vaut mieux,
d’une façon générale, éviter de sauver le
groupe avec un deus ex machina
(intervention divine ou autre phénomène
utilisé par le MJ pour résoudre la situation
de façon artificielle) : cela retire la liberté au
groupe, et augmente le risque de voir les
joueurs se sentir invincibles, car le meneur
viendra toujours pour les sauver. Dans le
cas où cette intervention de quelqu’un ou
quelque chose pour sauver le groupe in
extremis est prévue et logique avec le
scénario ou la campagne, cela peut se faire,
mais il vaut mieux en général structurer
l’histoire différemment. De même si le
combat est manifestement déséquilibré et
que le meneur ne s’en rend compte que trop
tard, il vaut mieux agir également, afin
d’éviter de courir à la catastrophe : si tuer
un personnage de temps en temps n’est pas
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 3 ­ Conclure le scénario
forcément une mauvaise chose, éradiquer
tout un groupe de PJs en plein milieu d’une
campagne n’est pas du meilleur effet.
Un beau final, sans combat ni
action
Tout comme les obstacles en cours de
scénario n’étaient pas uniquement
physiques ou orientés sur le combat et
l’action, le meneur peut aussi surprendre les
joueurs en essayant de faire jouer une scène
finale de scénario qui sera axée sur autre
chose qu’une simple bagarre. Quelque soit
le challenge qui sera en place dans la scène
finale du scénario, elle peut constituer une
fin mémorable, à partir du moment où elle
est associée à un enjeu et à un pic de la
tension dramatique.
Mettre une scène d’interprétation en fin de
scénario peut être un moyen mémorable de
terminer un scénario, à condition de lui
donner ne ampleur suffisante. Dans un
scénario d’enquête, le réquisitoire contre le
coupable, le fait que ce dernier soit
démasqué, une accusation en public,
preuves à l’appui peuvent être un
dénouement où les personnages devront
dévoiler tous leurs talents de
démonstrateurs. Un discours pour
encourager une armée, une garde ou une
foule à passer à l’action peut également être
un défi suffisamment important pour une
fin de scénario. Même dans ce qui pourrait
ressembler à première vue à un combat
final, persuader le méchant de ne pas passer
à l’action, lui démontrer le peu d’intérêt de
ce qu’il s’apprête à faire, ou bien
l’encourager à se retourner contre ses
supérieurs, peut constituer un exercice
intéressant. N’est ce pas ainsi que se
termine le Retour du Jedi (quand Luke finit
par convaincre son père de revenir du bon
côté et d’en finir avec l’empereur) ?
Au lieu d’un combat final, le meneur peut
également prévoir une énigme finale : dans
une situation extrême, en temps limité, les
personnages ne doivent pas vaincre un
141
 Ch 3 ­ Conclure le scénario
ennemi physique mais résoudre un casse
tête, élucider une énigme, déchiffrer un
code. Les personnages peuvent rechercher
un code pour désamorcer une bombe avant
que cette dernière n’explose, devoir arrêter
une machine infernale ou un piège mortel,
recomposer une série de symboles pour
stopper un rituel maléfique, identifier le
chemin le plus court pour hacker les circuits
du cyberespace de la corporation ennemie…
Il s’agit de trouver une situation où la force
brute est inutile, et où les personnages
doivent accomplir un challenge mental, soit
dans un temps limité, soit avant que
d’autres évènements ne se produisent.
Quelques scénarios reposent également sur
un dilemme final plutôt qu’un
affrontement. Il s’agit ici de mettre le
groupe face à un choix difficile, qui, quelque
soit l’issue que choisiront les joueurs, aura
des conséquences malheureuses. Cela ne
s’improvise pas facilement et il faut en
général le prévoir à la conception du
scénario. L’intérêt est d’avoir une décision
que le groupe devra prendre collectivement,
ce qui va pousser au débat et les joueurs
devront au final se mettre d’accord sur la
marche à suivre. Il peut y avoir une
contrainte de temps supplémentaire, ou à
l’inverse aucune, ce qui renforcera le côté
pesant de la décision à prendre. Faut il
sacrifier un ami pour sauver mille
inconnus ? Faut il révéler un scandale
inhumain au risque de perdre sa place dans
une organisation ? Mettre les joueurs dans
un dilemme peut être une bonne manière de
les laisser se poser des questions à leur tour
et de réfléchir indirectement au message du
scénario, si ce dernier en a un. Bien sur le
choix doit être réel et les conséquences très
différentes sur la suite du jeu et de la
campagne : à nouveau si l’on se trouve à un
embranchement, il est tout à fait possible de
mettre en scène une fin avec un dilemme.
En lieu et place d’un combat, l’histoire peut
s’achever sur un duel, un peu plus ritualisé
que le simple affrontement du boss de fin.
Ce peut être un duel au soleil comme on en
142
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
voit dans les westerns ou un duel au
mousquet façon XVIIIème siècle. Ce peut
être, avec un personnage plus mental, un
match d’échecs ou de dames (simulé avec
les dés, ou joué en réel, comme une sorte de
jeu dans le jeu). Ce peut être une partie de
poker ou de dés, qui pourrait impliquer
bluff et prise de risque. Pour qu’une telle
scène finale fonctionne, il faut que le
meneur soit capable d’y insuffler une
ampleur suffisante : l’enjeu est important,
les personnages jouent leurs vies ou la
survie de leurs alliés… en laissant
éventuellement les personnages essayer de
tricher, à leurs risques et périls. De même
leur adversaire peut aussi chercher à piper
les dés et les PJs devraient être sur le qui­
vive. L’autre élément que le meneur doit
garder en tête est l’implication de tous les
joueurs dans cette confrontation. Si un seul
joueur est engagé dans le duel (comme dans
une partie d’échecs), et que les autres
joueurs n’ont qu’à être spectateurs, ils
risquent de trouver le temps long. Pour
éviter cela, le meneur peut soit autoriser les
autres joueurs à aider ou conseiller le
personnage qui participe au duel, soit faire
interpréter aux autres joueurs ce
personnage alternativement (par exemple
dans le cas du match d’échecs, les joueurs
pourraient chacun à leur tour jouer un
coup, sans que ce soit uniquement le joueur
qui contrôle le personnage qui joue). Il peut
également avoir deux scènes en parallèle :
l’une où le personnage engagé dans le duel
intervient et l’autre où le reste du groupe va
agir, s’enfuir, combattre, libérer des otages
ou tout autre challenge.
Le combat final est donc loin d’être la seule
option pour le meneur qui créé ou compose
un scénario. Ce qui est important c’est de
varier les fins d’une aventure à une autre,
afin de surprendre les joueurs et de les
sortir de leur routine et de leurs habitudes :
les joueurs expérimentés notamment
attendent du meneur que ce dernier soit
capable de les emmener en dehors de
l’ordinaire !

Chapitre 4 :
Animer la partie
Plonger les joueurs
dans l’ambiance
Le meneur est celui qui va avoir la charge
(et le plaisir) et de transporter les joueurs
dans un monde imaginaire. Quand les
joueurs arrivent, ils se retrouvent, quittant
un peu leur vie de tous les jours, et vont
bien sur profiter du côté social du jeu de
rôle pour discuter, prendre des nouvelles,
tout ce qu’il y a de plus normal avant le
début de la partie. Vient cependant un
moment où le meneur doit donner le signal
du départ. C’est là où il doit plonger les
joueurs dans l’ambiance et les emmener
vers l’univers du jeu.
Juste avant la séance : un MJ
préparé en vaut deux !
Savoir si les joueurs vont facilement ou non
s’immerger dans l’univers du jeu se
détermine en réalité avant même le
démarrage du jeu. Le meneur, par quelques
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 4 ­ Plonger les joueurs dans l’ambiance
petites touches subtiles, peut commencer à
amener ses joueurs ailleurs, avant que la
partie ne démarre.
Le meneur devrait arriver en avance pour le
jeu (si la séance ne se déroule pas chez lui)
ou être prêt avant que les joueurs n’arrivent,
si c’est lui qui reçoit le reste du groupe.
Inutile d’arriver trois heures avant (sauf si
vous devez monter un décor digne des plus
grands GN, mais nous n’en sommes pas là),
quinze à vingt minutes avant le jeu seront
suffisantes. Qu’est ce que le MJ va bien
pouvoir faire de tout ce temps ?
Il s’agit d’abord de préparer la table : le
meneur va choisir sa place et la disposition
de cette dernière. L’ambiance va se définir
dès ce moment. Sans forcément aller jusqu’à
faire un plan de table, le meneur peut jouer
un peu avec la disposition spatiale autour
de la table pour tirer un avantage pour
l’atmosphère du jeu.
Il peut d’abord jouer sur la distance joueur
/ MJ : un meneur qui s’installe loin des
joueurs paraîtra plus impressionnant, voire
143
 Ch 4 ­ Plonger les joueurs dans l’ambiance
plus terrifiant s’il se met debout et forcera
les joueurs à se serrer les coudes. A
l’inverse, si le meneur est tout près des
joueurs, les PJs se sentiront plus impliqués
et plus proches des PNJs de l’univers.
La distance entre les joueurs est également
une variable que l’on peut ajuster (dans la
limite du raisonnable, il faut tout de même
que ces derniers soient à l’aise et puisse
poser a minima leur fiche de personnage
sur la table). Pour un scénario de
manigances politiques où les joueurs
complotent les uns contre les autres, les
laisser à une distance raisonnable sera
efficace pour les aider à se plonger dans
cette atmosphère d’intrigue. Dans une
ambiance de survival horror où les
personnages doivent s’entraider, placer les
joueurs proches les uns des autres sera plus
intéressant pour favoriser cette entraide.
Enfin le meneur peut disposer les joueurs à
son avantage : avoir les joueurs qui sont le
plus facilement distraits proches de lui les
aidera à rester dans le jeu. Bien sur, il faudra
ne pas oublier de volontairement impliquer
les joueurs assis en bout de table, pour
144
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
garder tout le monde dans le jeu. Il pourra
également repérer s’il y a un espace où
s’isoler pour faire des apartés, ou bien s'il
devra utiliser des notes sur papier pour
passer des informations privées en cours de
scénario.
En plus de définir une ébauche de « plan de
table », le meneur va surtout installer ses
affaires à la place qu’il aura choisie : écran,
livres, dés, et le cas échéant : sono,
ordinateur et éventuellement CDs pour
passer de la musique. Le meneur doit
s’installer sur la table et avoir
suffisamment de place pour être à l’aise,
tout en gardant assez d’espace pour que les
joueurs puissent à leur tour avoir leur petit
coin de table pour mettre dés, fiches et
crayons accessoires plus les victuailles pour
la partie. Un écran illustré aux couleurs de
l’univers reste un outil très efficace pour
aider les joueurs à s’immerger. Si vous n’en
disposez pas, il est toujours possible de s’en
créer un (voir l’encadré : se fabriquer un
écran maison).
D’autres effets sont possibles pour
augmenter l’immersion des joueurs, au­delà
 Ch 4 ­ Plonger les joueurs dans l’ambiance

de l’écran, on peut trouver quelques
accessoires qui peuvent venir décorer la
table : quelques bougies, un morceau
d’étoffe, des miniatures, des petites statues,
un faux crâne, une maquette de vaisseau
spatial, une vieille lampe à huile… attention
tout de même à ce que ces accessoires de
décoration ne se transforment pas trop en
coffre à jouets pour PJs ! Un meneur qui
veut même jouer à fond la carte de
l’ambiance peut proposer en lieu et places
des habituelles chips ou cookies, des vivres
adaptées à l’univers pour les joueurs en
cours de partie (pour un univers oriental
fantastique, proposer des pâtisseries
orientales par exemple) ou même utiliser
des odeurs de l’univers pour préparer la
pièce (toujours dans un cadre oriental, ou
même extrême oriental, l’encens peut être
une bonne idée, en quantité modérée).Vous
trouverez dans la section idoine, les
conseils supplémentaires sur la lumière, les
costumes et les accessoires, et leur
utilisation en cours de jeu.
A vos marques ! Prêts ?
Jouez !
Après s’être mis en terrain favorable, en
préparant ce dernier à l’avance, le meneur
va pouvoir ensuite s’occuper des joueurs et
les plonger dans l’ambiance du jeu.
Pour éviter que cela ne vienne parasiter le
jeu par la suite, le meneur peut vouloir
commencer par un rappel des règles
rapide avec le groupe. Cela est nécessaire

Se fabriquer un écran maison

Matériel :
3 ou 4 feuilles de papier cartonné ( 290g minimum) de couleur, format A4
Colle
Ciseaux
Scotch
Accès à une imprimante ou photocopieuse

1. Choisir le format de l’écran ( portrait A4 ou paysage A4 ou demi page en longueur) et déterminer s’il
y aura 3 ou 4 volets au total. La plupart des écrans classiques sont en portait A4 4 volets. De plus en
plus de jeux récemment sortis optent pour un format A5, 3 volets, qui est plus bas et permet de garder
un meilleur contact visuel entre meneur et joueurs.
2. Sélectionner les illustrations (extraites du livre de base ou de suppléments, ou trouvées par d’autres
sources) qui viendront illustrer l’écran côté joueurs. Ce sont ces images qui devront refléter
l’atmosphère du jeu et son ambiance. Marquer ces pages avec un post it.
3. Choisir la couleur du carton : à nouveau c’est l’ambiance du jeu qui doit être retranscrite : noir, bleu,
rouge, jaune, vert, orange, toute couleur qui viendrait renforcer le message et l’ambiance du jeu, en
fonction de ce qui est disponible dans votre papeterie.
4. Déterminer les tables utiles qui viendront côté meneur. En fonction de ce que vous connaissez du
système de jeu et de ce dont vous aurez besoin en cours de partie, choisissez les tables à garder.
5. Copier ces pages, en copie N&B ou couleur, selon le résultat final voulu.
6. Assembler les panneaux de papiers cartonnés avec du scotch : étaler un ruban de scotch sur toute la
hauteur des panneaux à assembler, côté meneur, en laissant un interstice de 1 à 2 mm entre ces
derniers, afin d’avoir une bonne flexibilité entre les panneaux.
7. Découper puis coller les illustrations sélectionnées côté joueur et les tables côtés meneur.
Laissez sécher et votre écran maison est prêt !

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 4 ­ Plonger les joueurs dans l’ambiance
quand on démarre avec un nouveau
système de règles, mais fait aussi du bien
quand la dernière partie remonte un peu et
que les joueurs ont besoin d’avoir leur
mémoire rafraîchie. Il faut bien sur se
contenter d’expliquer les règles les plus
essentielles : résolution des actions,
quelques règles sur le combat et l’initiative,
éventuellement l’explication des utilisations
des points de destin, de chance, ou pépites
que peuvent utiliser les joueurs pour se
sauver la mise en cas de coup dur. Il est
inutile d’entrer dans le détail des règles de
poursuite, de combat de masse montés, ou
de réparation des cases moteurs de
vaisseaux spatiaux à ce stade du jeu. En
comptant les quelques questions des
joueurs, ce petit briefing ne devrait pas
dépasser cinq à quinze minutes, en fonction
de la complexité du système et de l’habitude
de vos joueurs sur celui­ci.
Le meneur peut profiter de ce petit temps
d’explication pour évacuer d’autres points
des joueurs qui peuvent survenir de la
séance précédente comme la dépense de
points d’expérience pour l’avancement des
personnages, le résultat d’actions hors jeu
ou d’autres questions.
Il est ensuite temps de donner le signal du
départ aux joueurs, et de passer dans
l’univers de jeu. Il y a plusieurs manières,
complémentaires, d’envoyer ce signal et
emmener les joueurs ailleurs. D’abord, le
meneur peut éteindre son téléphone
portable. Un bon jeu est un jeu qui se
déroule sans interruption intempestive, et
s’il serait peut être un peu exagéré de
demander aux joueurs d’éteindre leurs
téléphones, le meneur peut toujours montrer
l’exemple en espérant que les autres suivent
et en indiquant, symboliquement, qu’il
rentre dans le jeu.
Pour donner le signal, le meneur peut
également utiliser un élément d’ambiance :
s’il joue en musique, démarrer la musique
(sans forcément la jouer fort) est une
manière de montrer que l’on commence. Si
de plus, dans sa campagne, le meneur
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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
dispose d’un générique (une musique qu’il
passe spécialement à chaque début de
scénario), cela facilitera encore plus
l’immersion des joueurs, qui finiront par
prendre l’habitude consciente ou non, de
lier le démarrage du générique avec le début
de la partie. De la même manière,
l’éclairage peut signaler le top départ : on
passe de l’éclairage normal à la lueur des
bougies et l’aventure démarre.
Enfin l’arme maîtresse que le meneur doit
utiliser, c’est son ouverture, autrement dit
les quelques premières phrases qu’il va
prononcer pour démarrer sa première
description, le tout début de l’introduction,
qui va donner le ton du jeu. Il y a donc un
ton de voix à trouver qui marquera la
rupture avec les conversations de tous les
jours d’avant le jeu. Sans devenir plus grave
ou solennel, le meneur peut parler d’une
voix claire et distincte, en se laissant porter
par son univers. Les joueurs doivent avoir
cette impression de n’être plus face à un ami
rôliste, mais face à un conteur qui vient tout
juste de commencer un récit fantastique. Le
débit de la voix doit être maîtrisé et posé : ni
trop rapide, ni trop lent, mais qui laisse
suffisamment de temps aux joueurs pour
imaginer la situation et la visualiser. Le
volume doit être suffisamment fort pour
dépasser la musique et être entendu, sans
pour autant crier.
Le contenu de cette ouverture doit être
clair : le MJ doit éviter de chercher ses mots,
et avoir un bon rythme dans sa description.
Si le meneur n’a le temps de préparer
qu’une description, il devrait se pencher sur
celle­là et à défaut de l’écrire, au moins
savoir quels en seront la teneur et les mots
clefs, qui peuvent être rappelés sur le
scénario. Attention cependant à ne surtout
pas lire cette description ! Le langage
corporel est très important : pour attirer les
joueurs dans l’univers et l’aventure, il faut
avoir un contact visuel avec eux. Un meneur
qui a le nez dans ses papiers et reste caché
derrière son écran n’arrivera pas à établir ce
premier contact avec les joueurs. Il faut donc

qu’il regarde chaque joueur dans les yeux
au cours de cette description, pour les
amener dans son univers.
Que faut­il mettre dans cette amorce ? Il y a
plusieurs options : le meneur peut
commencer par les paroles d’un PNJ, ce qui
mettra tout de suite les joueurs dans leurs
personnages. Il peut également avoir une
vision « du ciel » de son univers, en
présentant les grandes lignes et en
descendant petit à petit vers les détails
jusqu’à atteindre l’environnement immédiat
du groupe. Ou bien le MJ peut montrer les
symboles emblématiques de son univers ou
du lieu où commence l’action : si l’action se
déroule sur une planète à trois lunes, le
meneur peut détailler ce petit élément, puis
parler du reflet et de la lumière de ces lunes
sur la scène que voient les PJs. Il peut encore
se focaliser sur un tout petit élément de
détail puis le grossir jusqu’à ce que les
personnages voient l’image complète. Dans
le cas d’une introduction « in media res » le
contenu est plus facile à trouver car il s’agit
d’une action, où les personnages sont
directement impliqués.
Au­delà du démarrage brut du scénario et
du contenu de l’amorce, c’est tout ce qui
vient autour qui transportera les joueurs
ailleurs : la salle où l’on joue, l’ambiance
sonore ou lumineuse qui y est installée, et
surtout le subtil signal de départ qui est
envoyé par le meneur : le changement de
ton, de posture et de langage corporel. Le
contact visuel viendra compléter la posture
pour être sur d’avoir l’attention de tous les
joueurs pour démarrer.
Lumières, costumes et
accessoires
Pour aider à plonger les joueurs dans
l’ambiance, il faut savoir jouer à la fois sur
les éléments en jeu et sur les éléments hors
jeu, qui viendront apporter une atmosphère
et/ou plus de réalisme et d’immersion au
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 4 ­ Lumières, costumes et accessoires
groupe. Parmi ces facteurs, on trouve la
lumière, les costumes et les accessoires.
Que la lumière soit !
Une première manière de jouer avec
l’ambiance de la pièce est d’utiliser les
lumières. Sans forcément se ruiner ou se
transformer en DJ, il est tout à fait possible
de créer un effet à partir de quelques
accessoires simples.
L’impact du jeu de lumière est dans la
rupture : si le groupe joue toujours au même
endroit, dans les mêmes conditions
d’éclairage (par exemple à la lumière
d’ampoules standard), alors une partie qui
sera menée intégralement à la bougie aura
un impact fort sur le groupe et devra être
utilisée pour représenter quelque chose de
particulier dans le jeu. A l’inverse, si un
groupe joue systématiquement chaque
semaine à la lueur des bougies, alors l’effet
« ambiance » de ces dernières finira par
s’estomper, la routine s’installant.
L’éclairage est donc à utiliser avec
parcimonie, pour mettre en scène un
moment bien particulier. Trop utilisé, ou
trop fréquemment, il perd son effet.
Ensuite l’éclairage apporte une dimension
supplémentaire à une partie s’il est relié à
un moment particulier de l’histoire, par
exemple avec une scène particulière.
Classiquement les bougies peuvent être
utilisées pour faire écho à une scène se
déroulant dans une église ou face à une
sorte de rituel en cours de jeu. Un autre
exemple d’utilisation de l’ambiance
lumineuse en écho au contenu de la partie
peut être de jouer uniquement avec des
lampes torches lors de l’exploration d’un
endroit sombre en univers contemporain.
Les effets d’ombres, d’éclairage peuvent
être nombreux, le meneur peut même, si les
personnages perdent leurs lampes en jeu,
demander aux joueurs d’éteindre leurs
lampes, les forçant à se débrouiller avec une
seule lumière, pour lire les lancers de dés,
les fiches de personnages…
147
 Ch 4 ­ Lumières, costumes et accessoires
Dans une campagne contemporaine
fantastique, un meneur avait imaginé que
certains bâtiments, éclairés par une lumière
bleue la nuit, étaient les lieux envahis par
une présence féerique. Dans le scénario où
les personnages ont finalement percé ce
mystère en accédant à l’un de ces bâtiments,
il a alors utilisé des spots de réelle
lumière bleue pour installer l’ambiance
« merveilleuse » propre au lieu que les
personnages exploraient.
Dans la pratique comment peut on procéder
concrètement pour créer une ambiance
lumineuse ? Les bougies représentent la
méthode la plus simple à mettre en place et
la moins onéreuse. Il ne faut cependant pas
oublier que les joueurs (et le meneur) auront
besoin de suffisamment de lumière pour lire
des jets de dés, des feuilles de personnage,
des notes de scénario et il faut donc prévoir
un niveau d’éclairage global suffisant pour
cela ! Si vraiment vous souhaitez garder les
joueurs dans une pénombre importante, il
faudra prévoir moins de jets de dés lors de
la scène en question et/ou avoir sous la
main une lampe électrique pour lire les
148
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
résultats. Ensuite il faut également être
prudent avec la cire. Vos joueurs vont soit
jouer avec, soit vouloir bien faire et
finalement en étaler partout ! Attention
donc à bien surveiller le groupe pour
s’assurer de jouer en sécurité et de ne pas
faire n’importe quoi (le n’importe quoi
incluant les figurines en cire faites avec les
doigts). De même s’il y a des détecteurs de
fumée dans le local où vous jouez, assurez
vous de ne rien déclencher par
inadvertance. Bien utilisée la bougie peut
créer une réelle atmosphère. Elle peut
même être utilisée pour décompter le
temps : certaines bougies sont calibrées
pour durer 1, 2, ou 4 heures par exemple.
Si vous voulez avoir tout l’avantage de
l’ambiance des bougies en évitant les
inconvénients, le meilleur investissement
consiste à utiliser des guirlandes tubes
lumineux que l’on peut trouver en général
au moment de Noël à des prix raisonnables.
Une guirlande qui reste en lumière
« blanche » (sans changer de couleur) donne
en général un éclairage très similaire à celui
des bougies, si elle est déroulée sur la table,

et évite d’avoir à éviter les taches de cire, ou
à lutter contre les détecteurs de fumée.
Une autre solution intéressante, en fonction
de l’univers où vous jouez, consiste à
utiliser des lampes d’époque pour
l’éclairage : lampe à huile, lampe tempête,
on peut parfois en trouver sur des vides
greniers en état de fonctionnement et elles
apportent alors un style indéniable à
l’éclairage de la pièce, servant à la fois de
lumière et de décoration de table.
Alternativement, on peut également en
trouver à l’approche de l’été dans les
magasins de jardinage/bricolage, mais
attention à vous assurer que la lampe soit
bien utilisable en intérieur avant d’acheter !
Enfin si vous souhaitez utiliser des lumières
plus spécifiques, type spots de couleur,
alors vous pouvez décider soit d’investir,
mais les frais sont relativement
conséquents, soit d’emprunter ou de louer
autour de vous le matériel, pour cette
séance uniquement. C’est ce qu’il y a de
plus efficace pour du matériel très spécialisé
qui ne sera utilisé que pour une scène.
N’oubliez pas que la lumière aide à mettre
l’ambiance, mais que le cœur de l’histoire
restera le scénario, les joueurs, l’histoire et
votre capacité à la faire vivre !
Costumes, accessoires,
postiches et cotillons
L’utilisation des costumes paraît un peu
difficile en jeu de rôle sur table. Autant on
imagine mal un Grandeur Nature sans
costumes, autant il n’est pas évident de voir
comment on peut utiliser les costumes
aisément autour d’une table pour mettre
plus d’ambiance. Tout comme les lumières,
ils peuvent être utilisés pour « marquer le
coup » sur une séance spéciale où l’on peut
demander à tout le groupe (et le meneur
montrera l’exemple) de venir costumés
comme leur personnage. On peut par
exemple imaginer une fin de campagne être
jouée de cette façon là et pourquoi pas avec
quelques séances grandeurs natures. Si par
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 4 ­ Lumières, costumes et accessoires
exemple la campagne est axée politique,
intrigue et influence, on pourrait imaginer
jouer l’ultime session en costumes, avec un
scénario en huis clos, qui se rapprocherait
d’une murder party. Le MJ peut également
surprendre ses joueurs en se costumant
pour une séance, afin d’incarner un PNJ
bien spécifique. Il faut alors que cette
entrevue soit préparée et significative pour
marquer le groupe.
A défaut des costumes, les accessoires sont
plus faciles à utiliser en jeu de rôle sur
table. Que ce soit des objets spécialement
amenés pour la séance et adaptés à
l’univers (sculptures, faux crânes, objets
d’époque) ou les objets que l’on trouve
couramment autour d’une table (crayons,
verres, téléphones, vêtements…) le meneur
peut les utiliser comme accessoires, soit
pour créer un effet narratif, soit pour
donner une identité à un PNJ qu’il
interprète. Voilà quelques astuces de
« mime » que l’on peut mettre en œuvre
avec ce que l’on trouve autour de la table de
jeu :
o Crayons, stylos : on trouve toujours de
quoi écrire autour de la table de jeu, et il
serait dommage de ne pas les utiliser pour
rendre certaines mimiques de PNJs plus
crédibles :
• L’utilisation la plus classique, sans pour
autant faire l’apologie de la cigarette (fumer
est dangereux pour la santé), est de
représenter un personnage fumeur dans
l’histoire. Selon le style du personnage,
ce dernier pourra être joué comme un
« accroc » tirant sur sa cigarette
nerveusement, ou comme une personne
plus raffinée et voluptueuse, utilisant la
cigarette pour se donner en spectacle (ronds
de fumée, gestes amples…)
•Le crayon peut également être utilisé pour
représenter quelqu’un de nerveux, qui n’a
de cesse de le triturer, de la mâchouiller,
montrant par exemple quelqu’un de stressé
dans son milieu de travail (en contemporain
ou futuriste) ou de nonchalant, distrait et
absent s’il utilise le crayon pour jouer plus
149
 Ch 4 ­ Lumières, costumes et accessoires
que pour passer ses nerfs.
• Mis derrière l’oreille (s’exercer avant… !)
il peut mettre en scène quelqu’un d’artiste,
de créatif ou de rêveur
• Utilisé en pointant les joueurs, le crayon
peut devenir, au choix : pointeur laser pour
présentation, arme blanche (couteau de
voyou), ou encore flèche d’arc prête à être
décochée (évitez tout de même de lancer le
crayon à la tête de vos joueurs, on ne sait
jamais !) ou une baguette magique.
o Téléphone portable : qu’il soit rétro ou
sophistiqué, tout le monde a un téléphone
portable dans sa poche aujourd’hui et c’est
un autre accessoire qui peut être utilisé pour
représenter quelque chose en jeu :
• Classiquement quelqu’un en train de
téléphoner (réceptionniste, standardiste) qui
pourra faire attention aux personnages
arrivant ou les considérer comme inexistant
• Tout aussi classiquement, quelqu’un qui
en situation sociale (bar, club…) utilise le
téléphone pour se donner une contenance
Aller plus loin dans l’ambiance
« apprécie » de boire un coup de temps en
Voilà quelques références supplémentaires
pour ceux qui veulent aller plus loin dans la
création d’ambiance avec des décors,
musiques et accessoires hors jeux :
o http://www.ajdr.org/ Ambiance jeux de
rôles, ce site très complet en français propose
de nombreux conseils, des plus simples aux
plus complexes, avec ou sans investissement
pour mettre plus d’ambiance dans vos jeux de
rôle sur table. On y trouve même des photos
de salles de jeux de rôle, customisées et
décorées pour la campagne en cours !
o XDM « Xtreme Dungeon Mastery » guide
en anglais uniquement pour le moment, il
propose des effets visuels dignes de David
Copperfield : faire disparaître vos joueurs,
créer des illusions d’optiques, faire léviter les
dés !
150
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
(en faisant semblant d’envoyer un SMS par
exemple). Attention à bien décrire la
personne comme telle aux joueurs, sinon ils
penseront que c’est vous, meneur, qui êtes
en train de vouloir envoyer un message !
• Mimer une télécommande, un
télétransmuteur cosmique, le bouton de
contrôle de la bombe à retardement, un
calepin (physique ou électronique), ou un
élément technologique.
• Avec un peu d’imagination, pourquoi ne
pas l’utiliser comme objet servant à
repousser (crucifix pour le « vade retro »
par exemple).
o Verre, gobelet : on prétend souvent que
la véritable personnalité des gens apparaît
lorsqu’ils sont en train de prendre un
verre… cela tombe bien car vous trouverez
souvent à la table de jeu verres ou gobelets,
et même si ces derniers ne contiendront
probablement pas l’hydromel ou le whisky
de votre univers, ils peuvent tout de même
être utilisés pour personnifier un peu plus
les PNJs du scénario :
• Classiquement le verre (ou la bouteille)
peut servir à interpréter un personnage qui
temps… l’ivrogne de service sera toujours
plus crédible avec un verre à la main, qu’il
s’en serve pour faire de la philosophie de
comptoir, pour se moquer des personnages
ou pour leur révéler des informations sous
l’emprise de l’alcool. Il sera bruyant, boira
avec de grandes rasades, s’essuyant la
bouche après chaque gorgée un peu trop
large et reposera son verre lourdement sur
la table après l’avoir terminé.
• A l’inverse un personnage plus guindé
tiendra sa tasse de thé (ou autre) du bout
des doigts, y trempera à peine le bout des
lèvres et lèvera le petit doigt au moment de
boire. S’il boit de l’alcool, il pourra étouffer
une grimace au moment d’avaler pour
montrer son manque d’habitude, ou se
mettre à être tout chose à peine les
premières gorgées passées.
o Pièce de monnaie : à défaut, jetons, pions
ou petites pierres, si vous en utilisez comme

marqueur ou compteur peuvent être utilisés
également pour simuler les pièces.
• Un commerçant, aubergiste, notamment
dans un univers médiéval peut compter des
pièces dans sa main, révélant quelqu’un de
près de son argent ou de cupide.
• Un gangster, voyou, voleur ou hors la loi
peut être en train de jouer à jeter en l’air une
pièce et la rattraper, pour se donner une
contenance.
o Écharpe : voilà le plus protéiforme des
accessoires que l’on peut amener à une table
de jeu ! Évidemment en plein cœur de l’été,
on imagine mal ramener une écharpe à la
table de jeu, mais en toute autre saison vous
allez voir que l’idée est bonne et ouvre pas
mal de possibilités d’agrémenter votre
partie de semi costumes improvisés :
• Enroulée autour de la tête, vous avez un
turban de nomade ou le foulard d’un pirate.
• Utilisée comme un bandeau autour des
yeux, vous pouvez faire jouer à vos joueurs
des scènes où leurs personnages sont
conduits en aveugle quelque part.
• Posée en voile ou châle autour de la tête,
l’écharpe peut aider à représenter une
personne âgée, une religieuse, un prêtre ou
quelqu’un encapuchonné.
• Nouée légèrement autour du cou, nœud
en arrière, elle peut représenter un cow boy
ou un pilote.
• Enroulée autour du visage, laissant
apparaître les yeux, vous avez un ninja, un
terroriste ou tout autre homme de l’ombre
de votre univers.
• Mise autour du cou légèrement remontée,
elle peut montrer quelqu’un de frileux.
• Enroulée lâchement autour du cou,
pendante, elle peut montrer soit quelqu’un
d’artiste et de rêveur, soit une fashion
victim.
o Chemise : même si vous n’êtes pas accroc
au formalisme du port de la chemise, elle
est un outil qui peut être utilisé à votre
avantage lors de l’interprétation des PNJs :
• Le port strict (tous boutons fermés) peut
montrer quelqu’un de formel, quitte à
compléter avec un nœud papillon ou une
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 4 ­ Lumières, costumes et accessoires
cravate pour apporter un côté maître
d’hôtel ou businessman.
• Un ou deux boutons ouverts signale soit
quelqu’un de négligé, de relâché ou
quelqu’un de fiévreux, qui a chaud, ou qui
souhaite séduire.
• Le col relevé peut aider à montrer
quelqu’un de nerveux, de brouillon ou
quelqu’un qui essaie de se donner un style
(fashion victim par exemple)
o Chapeau : à moins que ce ne soit dans
votre look de porter le chapeau, il sera assez
rare que vous ayez cela sous la main, mais
un chapeau qui colle avec l’ambiance peut
permettre quelques jeux d’interprétation,
que ce soit un chapeau style « gangster », «
aventurier », ou « asiatique », ou même un
simple chapeau de paille.
• Porté classiquement, il peut permettre de
camper un personnage particulier, entouré
d’un peu plus de mystère ou de
personnalité que quelqu’un qui ne porte pas
le chapeau. Il faut cependant que le style du
chapeau soit de près ou de loin relié au
personnage : on imagine mal Indiana Jones
portant un bob ricard …
• Tenu entre les mains, il peut être utilisé
pour représenter un mendiant, en le tendant
vers les joueurs
• A l’inverse, tenu près du corps il peut
représenter un symbole de modestie ou de
mendicité. Un personnage qui porte un
chapeau et l’enlève face à une autre
personne lui reconnaît une certaine autorité,
ce que peut faire le meneur par exemple s’il
met en scène un serviteur face au prince.
o Casquette : homologue plus
contemporain que son prédécesseur, elle
permet aussi plusieurs utilisations en cours
de partie. Son avantage par rapport au
chapeau : elle peut être plus facilement
pliée, mise dans un sac et transportée qu’un
couvre chef qui risque de se déformer plus
facilement. Les deux usage contemporains
sont évidents : portée à l’envers ou sur le
côté, elle donnera un côté « rebelle », à
l’endroit, elle donnera un côté « flic »,
« autorité » au porteur.
151
 Ch 4 ­ Décrire avec les mots justes
Cette liste pourrait être encore
continuée : soyez inventifs ! Tout ce que
vous pouvez trouver sur et autour de votre
table de jeu peut se transformer avec un peu
d’imagination en accessoire pour
personnifier et interpréter les PNJs ou en
élément qui renforcera l’histoire et
l’immersion des joueurs. Avec un peu de
préparation, les jeux de lumière peuvent
également ponctuellement créer un effet, à
utiliser néanmoins avec parcimonie.
Décrire avec les mots
justes
Comme on l’a vu en préambule, l’un des
rôles principaux du meneur est d’être le
conteur de légendes, celui qui va favoriser
l’immersion des joueurs. Son rôle est de
faire naître les images dans l’esprit des
joueurs, ce qui va créer l’aventure et donner
vie à l’univers. Au­delà des possibilités
offertes par la lumière de la pièce, les
costumes, les musiques, ce qui va donner la
chair du récit, ce sont les mots qu’utilisera le
meneur. Il va interpréter les PNJs et
également décrire ce que les personnages
voient et ressentent. C’est par le choix de ses
mots, la tonalité de son discours, qu’il saura
captiver ses joueurs pour les emmener
ailleurs.
Peindre les grandes lignes,
puis mettre les petites
touches
Ce que le meneur doit bien garder à l’esprit
lorsqu’il décrit, est qu’il doit maintenir une
focalisation interne aux PJs : cela signifie
qu’il va raconter ce que ces derniers
perçoivent, et uniquement cela. A moins de
vouloir faire un effet de style, et raconter
une scène vue par d’autres personnages, le
MJ va devoir expliquer les situations en se
mettant à la place des yeux, oreilles et sens
de ceux des alter egos des joueurs. Si dans
une salle très haute de plafond, les
personnages au niveau du sol ne peuvent
152
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
pas apercevoir ce qui peut se cacher sur des
corniches ou des balcons en hauteur, il n’y a
aucune raison pour que le meneur décrive
ce qui s’y cache : les personnages peuvent
voir, s’ils regardent en l’air qu’il y a des
recoins, mais à moins d’avoir un moyen
d’aller y jeter un œil, ils ne pourront pas
savoir de quoi il en retourne.
Il en va de même pour nommer ou
identifier les choses ou créatures que vont
découvrir les personnages : si les joueurs
vont rencontrer une nouvelle créature qu’ils
n’ont jamais rencontrée auparavant, le
meneur ne devrait pas la nommer (« Tu
vois un Troll des Cavernes »), mais au
contraire la décrire (« Tu vois une immense
forme humanoïde s’approcher, la peau à mi
chemin entre le gris et le vert, la silhouette
s’affaissant vers l’avant sous son propre
poids, la gueule menaçante et les yeux
féroces. ») et de là laisser les joueurs
nommer ou reconnaître la chose à leur
manière. Une fois que la créature a été
nommée (par un joueur ou par un PNJ), le
meneur peut alors l’appeler par son nom,
mais pas avant. C’est d’autant plus efficace
dans les jeux d’horreur, où décrire et
maintenir une part d’inconnue sera plus
angoissant pour les joueurs que de nommer
un monstre, ce qui a l’inconvénient de le
banaliser.
L’important est de décrire en partant du
général et en allant vers le particulier. Il est
inutile de chercher à être exhaustif ou
clinique dans les descriptions : inonder les
joueurs de détails ralentira et pénalisera la
partie. Il faut au contraire commencer par
préciser les grandes lignes de ce que voient
les joueurs, avec les principales images et
ambiances et savoir s’arrêter avant de
tomber dans le catalogue. Par exemple dans
un univers victorien le meneur pourrait
décrire la scène suivante : « Quand vous
arrivez sur les docks de Londres, vous êtes
surpris par l’activité débordante à cette
heure de la journée. Bien qu’il ne soit
qu’encore très tôt et que les premiers rayons
du soleil percent à peine les nuages de ce

début de printemps, une foule s’active déjà
sur les docks. Sur les quais, les marins et
manutentionnaires transportent caisses et
marchandises, embarquant et déchargeant
les navires. A bord, les capitaines vérifient
les listings, embauchent des hommes,
pendant qu’une odeur de pain grillé, d’œuf
et de poisson et de café vous parvient des
quelques échoppes servant à même les
docks un breakfast qui donnera des forces
aux hommes pour la journée. ». Cela suffit à
donner une vue à peu près panoramique
des lieux, jouer sur les sens des
personnages, sans pour autant faire une
liste trop pointue de détails. Le meneur
peut s’arrêter là et ne fournir des
informations supplémentaires que si les
joueurs le demandent, avec donc leur
personnage qui s’attarde sur quelque chose
de particulier. Il fait alors un « zoom » dans
sa description sur les éléments en question
et étoffe un peu plus le décor. Il est donc
important de ne pas tout donner tout de
suite et de laisser aux joueurs la liberté
d’observer telle ou telle partie du décor.
Dans l’exemple précédent, les joueurs sont
peut être à la recherche d’un bateau
particulier : ils iront donc jeter un œil au
navire et le meneur peut alors s’attarder un
peu plus sur les types de vaisseaux présents.
Ils pourraient aussi s’intéresser aux
échoppes et tavernes, s’ils cherchent un
endroit où trouver des informations, ou
toute autre possibilité.
Quand le meneur attaque la description
d’une nouvelle scène, lieu, personne ou
endroit, il doit bien rester au début
uniquement dans les grandes lignes pour
éviter de tomber dans la « surdescription »,
et jouer ensuite d’effets de zoom pour
donner les détails que le groupe demande.
Certains conteurs professionnels (de théâtre
ou d’improvisation) préconisent de toujours
donner un nombre impair de détails : trois,
cinq ou sept. Une description dans les
grandes lignes mettra l’accent sur trois
points de détails (ce qui est le cas ci­dessus :
les quais, les hommes à bord puis les
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 4 ­ Décrire avec les mots justes
échoppes) avant de donner plus
d’information à la demande.
Au­delà de la simple description physique
« graphique » des lieux, le meneur doit aussi
faire passer les atmosphères et les
ambiances : on ne situe plus vraiment au
niveau de ce que perçoivent les personnages
mais dans le registre de ce qu’ils ressentent,
consciemment ou inconsciemment. La
silhouette d’une maison hantée peut être
« inquiétante », les vaisseaux spatiaux de la
flotte impériale peuvent avoir une allure
« fière », le vieux magicien dans son antre
peut avoir l’air « usé ». Ces sentiments et
impressions contribuent à la richesse de la
description et donnent une saveur
particulière à cette dernière. Le meneur peut
donc transmettre par des mots ces
ambiances et atmosphères qui se dégagent
des descriptions. Plus difficile, mais plus
immersif, il peut même essayer de faire
ressentir ces ambiances à travers ses
descriptions. Il n’a donc pas besoin de dire
que la maison est « inquiétante » les joueurs
l’ont déjà ressenti à travers le choix des mots
que le meneur a employé pour la décrire:
« Alors que les dernières lueurs du jour sont
derrière vous, les ombres s’allongent et vous
traversez la petite cour qui vous amène
jusqu’à la demeure. Il s’agit d’un vieux
manoir, de deux étages, dont la silhouette
s’étend désormais complètement au dessus
de vous. Bien que vous le sachiez
abandonné, vous avez l’impression qu’à
n’importe quel moment un visage pourrait
apparaître à l’une des fenêtres du premier
étage. Vous passez au milieu des statues de
la cour, avec la désagréable impression que
celles­ci épient vos mouvements, et
atteignez le perron. Un étrange silence plane
tout autour de la propriété. »
Il est important également de donner une
vie propre aux lieux et personnages que
vont rencontrer les PJ : votre univers existe
et est doté de son propre mouvement,
même en l’absence des personnages, et il
faut retranscrire cette idée pour accentuer le
réalisme des descriptions. Les lieux et
153
 Ch 4 ­ Décrire avec les mots justes
personnages doivent être vivants et non
statiques : pour les lieux des personnages
peuvent entrer et sortir, à moins qu’il n’y ait
un garde qui fasse une ronde devant, ou
tout simplement un corbeau ou autre animal
s’envole du toit à l’approche des joueurs…
les PNJs quand à eux sont en activité, ils
peuvent être en train de rajuster leur
vêtement, de discuter, d’interpeller
quelqu’un, être au téléphone , lire un
journal, regarder une pancarte... Il faut
montrer que des choses se passent et que ce
petit monde imaginaire est vivant !
La description en technicolor
et stéréo
Une astuce classique, connue et qui est
devenu un quasi standard dans la
description est de jouer sur les cinq sens
des personnages. Si le meneur la plupart du
temps va développer abondamment ce que
voient les PJs et assez bien ce qu’ils
entendent, il est plus rare de parler des
odeurs, des textures ou ambiances ressenties
ou même du goût que peuvent laisser
certaines scènes dans la bouche des
personnages. Bien sur il ne faut pas pour
autant vouloir systématiquement jouer sur
tous les tableaux : le sens « en plus »
(comme l’odorat, le toucher ou le goût) sont
à utiliser avec parcimonie, pour enrichir une
situation un peu trop plate. A noter que le
meneur peut également stimuler les sens
des joueurs avec du réel : une image, un
bruitage (même fait à la bouche, mais il faut
peut être s’entraîner avant !), ou même de
façon plus originale une senteur (et si vous
débouchiez une bouteille d’huile essentielle
ou brûliez de l’encens quand les
personnages arrivent chez le chaman ?)
voire un goût (si vous avez l’âme d’un chef
et êtes prêts à expérimenter en cuisine pour
faire un plat « typique » de votre univers).
Le MJ peut également jouer de sa voix pour
moduler les descriptions et installer une
ambiance. Si la tonalité monocorde est à
éviter au maximum, car elle risque
154
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
d’endormir les joueurs, elle peut être
utilisée pour créer un effet, notamment
pour une description « clinique » de
quelque chose de repoussant. Un ton très
plat et très neutre peut faire dans ce cas un
contraste intéressant avec l’horreur décrite.
Le meneur peut accélérer son débit de
parole pour donner un côté plus rythmé à la
scène, par exemple s’il doit décrire des
décors qui défilent pendant une course
poursuite. S’il ralentit son rythme, il pourra
mettre en place une ambiance un peu plus
pesante ou propice aux révélations. Le
volume de la voix peut également être un
outil pour le meneur : en parlant plus bas, il
forcera les joueurs à parler moins et à se
rapprocher. Ce peut par exemple être utilisé
si les personnages doivent être discrets ou
sont dans un lieu inquiétant. A l’inverse en
parlant fort, il met une autre forme de
pression sur le groupe, ce qui peut être
utilisé en scène tendue ou d’action. Les
pauses peuvent également être utilisées à
bon escient : s’arrêter dans le récit quelques
secondes à un moment clé peut être une
bonne manière de faire monter la pression
autour de la table. Le bon MJ doit donc
savoir jouer avec ces tonalités, passer de
l’un à l’autre et se servir de ces
changements pour surprendre : imaginez
l’effet si le meneur vient de faire tout un
passage à voix basse et bascule d’un seul
coup sur un volume beaucoup plus fort !
Tel un artiste, il peut également utiliser la
palette des couleurs, des formes, des
textures, des éclairages, et leur symbolique
pour renforcer ses descriptions et aider à
faire passer un message, une ambiance dans
la partie. Quand le meneur prépare un
décor, il faut qu’il passe à la tonalité
générale des couleurs et à leur symbolique :
utilisera­t’il des couleurs chaudes (rouge,
jaune, orange), des couleurs froides (bleu,
vert, violet) ? des tonalités sombres ou
claires ? une symbolique particulière (le
bleu apaisant peut aussi être royal, le vert
représente la nature et l’harmonie, le rouge
l’énergie ou poussé à l’extrême l’agression
 Ch 4 ­ Décrire avec les mots justes

Exercice de description : faites passer une ambiance particulière !

Pour vous aider à retranscrire une ambiance particulière, rien de tel qu’un petit exercice pratique
pour se faire la main. Il s’agit ici de décrire la scène donnée en une dizaine de lignes, en improvisant
les détails, tout en essayant de retranscrire l’ambiance indiquée, sans la nommer mais en la suggérant
dans la description. Pour cela jouez sur les couleurs, la lumière, les ambiances… N’hésitez pas à
envoyer votre participation sur notre forum sur http://www.labibledumeneurdejeu.com :

1. Scénario contemporain fantastique. Les personnages sont des fugitifs poursuivis de ville en ville
par les autorités. Ils arrivent dans un petit village isolé, en apparence tranquille et vont à la station
service pour faire le plein. L’ambiance à retranscrire est la paranoïa, le fait que tout un chacun
pourrait les dénoncer…
2. Scénario futuriste post­apocalyptique. Les personnages vivent dans un monde dévasté par une
guerre nucléaire. Au milieu d’un dédale de canyons désertiques, ils tombent sur un petit oasis de
verdure habité. L’ambiance à faire passer est l’espoir, la promesse d’un monde meilleur possible
malgré tout.
3. Scénario médiéval fantastique. Après un long voyage, les personnages traversent une forêt et
atteignent une clairière où se trouve le refuge d’un magicien. Ils sont venus pour le consulter mais les
rumeurs prétendent qu’il est étrange et lunatique. L’atmosphère de la scène devrait être enveloppée
de mystère, d’étrange et d’inattendu.

et la violence) ? Le meneur peut même jouer
sur les contrastes de couleur dans ses
descriptions : il peut ainsi définir une
couleur générale en rapport avec le décor et
l’ambiance qu’il essaie d’insuffler et insérer
un élément d’une tonalité opposée pour
faire contraste (des traces de sang rouge
dans un décor vert elfique par exemple ou
encore une serre verdoyante en plein cœur
du gris industriel d’un vaisseau spatial).
La lumière et la luminosité des scènes que
le meneur décrit peuvent également être
utilisées pour créer des effets dans
l’imagination des joueurs. Une lumière
directe venant du soleil ou d’une source
artificielle fera ressortir les angles des
bâtiments en mettant en valeur les reliefs et
les ombres. Une lumière plus diffuse, qui
viendrait d’une source couverte (temps
nuageux par exemple) ou de lampes de
plafond, est en générale plus douce, les
couleurs et les textures sont plus naturelles.
Enfin les ombres permettent d’installer du
mystère ou des éléments lugubres dans un
lieu. Les bougies et lanternes projettent ces
ombres également, tout comme les lampes
torches ou les projecteurs. Dans un univers
contemporain ou futuriste, le meneur peut
également jouer avec les visions spécifiques
que peuvent avoir les personnages par le
biais de leur technologie (visions nocturnes,
thermo graphiques…) pour faire des
descriptions sortant de l’ordinaire. Enfin,
les formes et textures peuvent également
servir à passer des symboles : les formes
rondes et organiques envoient une image
plus douce que les formes abruptes et les
lignes fortes. Cela peut servir dans les
descriptions de bâtiments notamment, pour
caractériser une civilisation par son
architecture.
Un paysage fantastique et vaste, que ce soit
une nature impressionnante dans un
univers médiéval ou contemporain, ou
encore un paysage spatial, peut être décrit
avec une vision panoramique. Cette
description, un peu plus longue que la
description habituelle peut être utilisée en
début de scénario ou pour planter un décor.
Le meneur va alors, comme pour un dessin,

155
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 4 ­ Gérer le timing de la partie
ou une vue depuis un panorama, décrire les
éléments de tout le décor, soit en face des
personnages (à 180°), soit à 360° si ces
derniers prennent la peine de regarder tout
autour d’eux. A nouveau le meneur va
commencer par les grandes lignes avant de
se plonger dans les détails, à la différence
qu’ici il va être plus complet (en passant
par exemple de trois à cinq détails, si on
reprend l’idée du nombre impair) et va par
exemple faire trois descriptions en une, en
les raccordant (un peu comme quand on
reconstitue un paysage avec un logiciel de
retouche photo) : le MJ va décrire ce qui est
à gauche, ce qui est en face, puis ce qui est
à droite, à chaque fois comme une
description complète. C’est bien sur à
réserver aux paysages les plus grandioses et
le meneur devrait faire ressortir ce côté
épique dans la description : les couleurs
sont chatoyantes, les reliefs découpent le
paysage de façon dramatique, la lumière est
fantastique. N’hésitez pas à utiliser les
superlatifs et même quelques métaphores
bien choisies dans la description
panoramique. Il ne faut cependant pas les
multiplier : une à deux par séance grand
maximum et il faut que le décor le justifie,
sinon le rythme du jeu risque d’en souffrir.
Faut­il ou ne faut­il pas préparer ses
descriptions d’avance ? Si les scénarios
d’initiation et les anciens modules incluent
des textes prêt à lire, faut­il pour autant
préparer un texte complet pour les
descriptions ? L’avantage est que lorsque le
meneur prépare les scènes de son scénario,
il prendra le temps de réfléchir à l’ambiance
qu’il souhaite instaurer, aux mots qu’il
utilisera et aux nuances qui pourront
amener une atmosphère bien particulière.
Le meneur devrait donc s’il en a le temps,
réfléchir aux descriptions et coucher ses
idées sur le papier. Le meilleur moyen
consiste à visualiser, en fermant les yeux, et
en écoutant une musique évocatrice, le
paysage ou la scène que l’on veut décrire.
Avec cette image mentale, le MJ aura plus
de facilité à trouver les mots pour bien
156
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
retranscrire son univers. Le piège à éviter
consiste à lire les descriptions telles quelles
en cours de partie : un texte lu n’a jamais
autant de portée qu’un récit vivant et
conté. Si le meneur a rédigé sa description,
il devrait alors la paraphraser et la
reformuler en cours de partie, en en
conservant la trame. L’autre option consiste
à remplacer la rédaction complète par
quelques mots clefs écrits dans le scénario
pour donner les grandes lignes de la
description. Le meneur va alors se servir de
ces mots pour improviser une description
en bonne et due forme pour la scène, qui
sera donc plus « naturelle » qu’un texte lu et
sera plus immersive pour le groupe.
L’art de la bonne description ne vient
qu’avec beaucoup de pratique, en évitant le
piège de se perdre dans des tableaux trop
longs ou trop détaillés qui cassent le rythme
de la partie. À vous de pratiquer et de vous
améliorer en utilisant les quelques conseils
ci­dessus, mais gardez bien à l’esprit que la
description est ce qui donnera matière,
consistance et vie à votre univers !
Gérer le timing de la
partie
Une qualité essentielle du meneur pour
animer la partie est de savoir bien gérer le
timing. Si les joueurs trouvent le temps
long, ou ont l’impression que la séance
s’éternise, ils ne vous le diront peut être pas
mais cela risque d’affecter leur assiduité à
votre table. Un bon meneur sait comment
gérer son temps de jeu, pour avoir une
séance efficace, où le groupe savoure
chacun des instants, du début à la fin.
Un soupçon de préparation…
Tout commence en réalité avant la séance.
C’est là où le meneur va définir un timing «
idéal ». Il va de soi qu’il y a très peu de
chances pour que les choses se déroulent
comme prévu, mais cela fournit un guide
 Ch 4 ­ Gérer le timing de la partie

pour gérer le temps en cours de jeu.

Le meneur a défini à peu près à quelle
heure va commencer et finir la séance. S’il a
un scénario préparé, de sa création ou du
commerce, il connaît les grandes phases de
ce dernier. Dans la préparation de
l’arborescence abordée au chapitre
précédent, cela pourrait correspondre au
découpage en actes, les jalons étant posés à
la fin de chaque acte.
La préparation d’une timeline, comme
présentée en encadré, pour le scénario
consiste donc à placer sur un axe
représentant le temps réel de jeu (avec
l’heure de début et l’heure de fin de la
séance), le temps théorique qu’il faudrait
allouer pour chacune des parties de
l’histoire. C’est avec ces points de repère
que le meneur va pouvoir gérer le timing en
cours de jeu. Le meneur va en profiter pour
insérer dans son timing éventuellement
les rappels de règles, briefing ou
débriefing, ainsi que les pauses
éventuelles si certaines sont prévues.
Par exemple, si le meneur a préparé un
scénario en trois actes (implication,
complication, résolution), et que sa séance
est prévue pour durer de 14h à 22h, il peut
obtenir le découpage suivant, en se basant
sur son scénario :
o Rappel des règles et gestion de
l’avancement des personnages : 30mn de
14h à 14h30
o Introduction puis acte I « implication » :
1h soit de 14h30 à 15h30
o Acte II : développement, qui sera la partie
la plus longue dans le cas de ce scénario
d’enquête : 3h soit de 15h30 à 18h30
o Pause : 18h30 – 19h pour dîner, quand les
pizzas arrivent…
o Acte III : dénouement, scène finale,
conclusion 2h30 : 19h – 21h30
o Débriefing, distribution des points
d’expérience, date de la prochaine séance :
30mn de 21h30 à 22h
Les durées de chaque acte sont bien sur à
moduler en fonction de la complexité du
scénario. Une histoire avec peu d’obstacles

157
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 4 ­ Gérer le timing de la partie
mais un dénouement très copieux pourrait
prévoir plus de temps pour la dernière
partie que pour l’acte intermédiaire. Le
premier acte pourrait aussi être plus long
dans le cas de certaines sessions
particulières. L’important est d’avoir défini
une ébauche de ce timing, par exemple sur
le document Organisation des séances
fourni en aide de jeu.
Et si le meneur n’a pas découpé son
scénario en actes ? Le timing peut toujours
être établi en repérant non pas les fins des
actes, mais en choisissant des scènes
importantes ou des points de passage qui
interviendront en cours de scénario. Par
exemple ce peut être
« quand les personnages auront identifié le
coupable du meurtre » ou bien « quand le
groupe aura atteint la frontière avec le
royaume voisin », autrement dit quelque
chose de facilement repérable dans le cours
de l’aventure.
… et beaucoup, beaucoup
d’improvisation !
Avoir un planning théorique est bien joli,
mais il ne sera utile que dans la pratique, en
plein cœur de la partie ! Le meneur va donc
reprendre son diagramme de timeline et le
garder sous les yeux en cours de partie : il
peut être en évidence sur le document
d’Organisation ou bien pour les meneurs les
plus consciencieux, être épinglé, attaché par
un trombone ou collé avec des petites notes
sur l’écran, afin de l’avoir sous le nez
pendant le scénario.
Comment l’utiliser en cours de jeu ? Le
meneur a noté ses points de repère sur sa
timeline, il va donc pendant le jeu, lorsqu’il
atteint le jalon posé, regarder où il se situe
sur sa montre par rapport à ce qui était
prévu. Soit il est dans les temps (cas très très
rare !), soit il est en décalage et va donc agir
pour essayer de retourner vers ce déroulé
théorique et finir le scénario dans les temps.
Si le meneur a de l’avance, par exemple il
devait avoir fini son introduction en 1h30 et
158
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
l’a terminée en 1h, il peut alors utiliser ce
temps en plus pour ajouter quelques détails
supplémentaires dans son histoire, enrichir
des descriptions ou faire un petit
développement d’une branche de scénario
en plus. Attention tout de même à ne pas
perdre cette avance et à se mettre en retard
par excès de confiance !
Le cas le plus courant, par expérience, est
d’être en retard sur le planning et non en
avance. Dans ce cas, tout l’art du bon
meneur consiste à gagner du temps et à
revenir dans les clous, sans bâcler le
scénario ni gâcher le plaisir des joueurs.
Pour accélérer le déroulement de la partie,
le meneur peut d’abord essayer de
s’attaquer aux hors jeu et divagations qui
parsèment toute partie. Sans forcément être
rabat joie, cela implique dans un premier
temps de donner l’exemple en restant
focalisé sur le jeu, et de s’assurer
d’impliquer les joueurs quand ces derniers
commencent à faire un peu trop de hors
jeu : continuer l’intrigue et le déroulé de
l’histoire permet de concentrer le groupe
sur l’histoire, au moins le temps de revenir
vers le déroulé normal de la partie.
Si élaguer un peu le hors jeu ne suffit pas, le
meneur peut essayer de tailler un peu dans
la chair du scénario pour gagner du temps.
Il faut, bien sur, le faire avec parcimonie et
éviter de supprimer des éléments qui
ruineraient le plaisir du jeu. Le MJ peut
donc réduire un peu les descriptions sur
les scènes qui ne sont pas essentielles à la
partie, ou bien demander moins de jets de
dés en cours de partie, notamment sur des
actions triviales, ou sur lesquelles les
personnages ont de fortes chances de succès
: ils réussissent (ou échouent)
automatiquement. Dans les scènes plus
importantes du scénario, il faut maintenir
l’enjeu et le suspens en utilisant les règles
normalement. Si le groupe se trouve sur
une fausse piste et y persévère, il vaut
mieux couper court aux aspects « règles »
pour gagner un peu de temps. Utiliser une
ellipse ou un raccourci scénaristique peut

Un exemple de timing de scénario
14h 14h30 15h30
Rappel Acte I
règles
également permettre de gagner de
précieuses dizaines de minutes. Par exemple
si le meneur met en scène un voyage et
utilise une narration de type « roman­fleuve
» où chaque journée est détaillée, il peut
pour gagner du temps terminer le voyage
sur une ellipse du genre « Au bout de cinq
jours, vous arrivez en vue des tours de la
citadelle royale. ». Ramener une longue
période de temps de jeu en une seule phrase
peut vous faire économiser de précieuses
minutes de jeu, si le besoin s’en fait sentir.
Dans le cas où les personnages sont en
manque de pistes, ont du mal à trouver où
aller pour continuer le scénario, le meneur
peut, pour accélérer le déroulement de la
séance, donner un coup de pouce aux
joueurs et leur suggérer, directement, par
des indices ou par un PNJ, une idée
nouvelle. Si cela peut relancer le jeu et
permettre de se rapprocher un peu plus vite
de la résolution de l’histoire pourquoi pas,
mais attention à ne pas tomber dans le
réflexe de systématiquement aider les
joueurs en peine. Si le MJ devient trop
gentil, le groupe risque à terme de ne plus
faire d’efforts et attendre que la solution
leur tombe du ciel. Pour éviter cela, une
possibilité consiste à ne donner un indice
qu’exceptionnellement et surtout, d’y
mettre une contrepartie : il en coûte quelque
chose aux personnages d’utiliser cette
nouvelle piste. Ils peuvent par exemple
devoir partager une partie de la récompense
qu’ils obtiendront pour la mission, ou bien
perdre du statut et de l’influence au sein
d’un certain groupe, être redevables d’une
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 4 ­ Gérer le timing de la partie
18h30 19h 21h30 22h
Acte II Pause Acte III Debrief
dette envers un PNJ qui ne se gênera pour
se rappeler à leur bon souvenir plus tard ou
leur mener la vie dure… S'il y a une
contrepartie difficile pour le groupe, ils
feront des efforts pour trouver une solution
par eux même avant de devoir utiliser un
tuyau du meneur. Si le MJ ne veut pas
lâcher d’indices supplémentaires, il peut
aussi improviser à partir des pistes erronées
ou mauvaises que le groupe a décidé de
suivre. Il peut à partir de là essayer de se
raccrocher aux branches de l’arborescence
qu’il avait prévu d’une manière ou d’une
autre (si par exemple dans un univers
cyberpunk, les indices se trouvent à l’usine
de retraitement des déchets et que les
personnages s’entêtent à enquêter au siège
de la société, le meneur peut soit déplacer
les indices directement au siège, ou bien
laisser les joueurs explorer le siège et
découvrir le dossier de l’usine qui les
oriente alors vers la bonne piste) ou même
créer une autre piste et revoir complètement
la fin du scénario pour l’adapter à la
nouvelle direction que souhaite prendre le
groupe. Pour cela, vous trouverez plus
d’exemples un peu plus loin dans « Les
joueurs partent dans le décor… ».
Sachez rester très souple, mais en même
temps précis sur le respect du timing. Si un
scénario est prévu pour se terminer à une
certaine heure, il n’est jamais bon de trop
déborder, certains joueurs peuvent avoir
des impératifs ou bien, en club ou en
convention, d’autres joueurs peuvent
attendre pour avoir à utiliser la salle.
159
 Ch 4 ­ Comment relancer une partie qui s’essouffle ?
L’histoire doit pouvoir être modulée pour
rentrer dans les limites du temps qui est
imparti, et avec les quelques manipulations
données ci­dessus, vous devriez pouvoir
mieux gérer et mieux profiter de ce moment
que vous allez consacrer au jeu.
Comment relancer une
partie qui s’essouffle ?
Même avec un scénario préparé au
maximum, il peut toujours arriver, à la suite
d’une faille qui n’avait pas été prévue ou
d’un manque de perspicacité des joueurs
(bon sang, ils auraient du trouver ce que
vous vous pensiez comme évident !!!), que
le scénario perde son rythme et son entrain,
autrement dit ça « rame » autour de la table.
Que faire quand les joueurs (et parfois le
meneur également) perdent le fil ?
Comment relancer le jeu ?
Je suis tout seul là ?
Pour réussir à relancer une partie dont le
rythme est en train de se perdre, il faut tout
d’abord commencer par s’en rendre
compte ! Le meneur est seul face au groupe
et au scénario et il faut être sur le qui­vive
pour s’assurer que l’on maintient l’attention
des joueurs au long de la séance. Il n’y a
rien de pire qu’un MJ qui, entraîné par son
histoire et son récit, ne se rend pas compte
qu’il a perdu la moitié ou la totalité de la
table en cours de route !
Il y a plusieurs manières de se rendre
compte d’un relâchement de l’implication
des joueurs. Bien évidemment, il faut faire
la part des choses entre les moments un peu
plus léger qui parsèment toute séance
normalement constituée (quand on joue sur
plusieurs heures d’affilée, il est impossible
d’être tout le temps à 100% dedans) et une
réelle chute de l’intérêt du groupe.
Une technique pour prendre le recul
suffisant pour jauger la situation consiste à
s’arrêter quelques secondes en cours de
160
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
séance, après avoir posé une question
ouverte aux joueurs par exemple, et,
silencieusement, à regarder chaque joueur
l’un après l’autre pendant quelques
secondes pour juger s’il est dans le jeu ou
non. Inutile de leur poser la question
directement, une simple inspection
silencieuse suffit. Le meneur devrait toutes
les deux heures de jeu à peu près, se livrer à
ce petit examen non verbal du groupe. Si
une majorité de joueurs a décroché, il
devrait à nouveau jeter un coup d’œil
autour de la table une dizaine de minutes
plus tard pour voir si rien n’a changé et
dans ce cas, réinsuffler un peu de vie dans
son scénario, avec l’une des techniques
présentées un peu plus loin.
Le langage corporel est en général un bon
indice : un joueur qui est dans le jeu se tient
près de la table, regarde le meneur, a en
général une posture droite et est attentif à ce
qui se passe. Si par contre le joueur est plus
avachi sur sa chaise, ramassé sur la table, ou
en train de faire du hors jeu (jouer avec son
téléphone, feuilleter le livre de base sans
chercher rien de précis, faire une sculpture
avec la cire des bougies, tenter de battre le
record de hauteur de pyramide de dés…)
alors il n’est plus dans le jeu.
Attention notamment aux situations où le
groupe de personnages est séparé dans le
jeu ! Ces moments interviennent souvent
dans les parties, notamment dans les
univers contemporains ou futuristes., Mal
gérés, ils peuvent faire retomber la tension
d’une partie. Le meneur saura donc être
plus vigilant quand cela se produit et aura
soin de bien garder tout le monde avec lui.
Les déclarations d’intention (voir ci­
dessous) peuvent être une solution pour
gérer ces moments.
Attrapez mon nouvel
hameçon !
Il ne serait pas bon pour l’histoire et pour la
séance, quand le groupe se retrouve sur la
touche, ou à court de solution, de les laisser

ramer, sous prétexte qu’ils n’ont pas été
assez « malins » ou perspicaces dans leurs
idées. Si, certes, le meneur ne doit pas non
plus leur rendre les challenges trop faciles et
leur donner clef en mains tous les indices
pour résoudre l’histoire, il y a tout de même
un équilibre à trouver. C’est son rôle d’agir
quand les évènements s’enlisent et risquent
de mener la partie dans l’impasse : il peut
rectifier le tir et doit le faire, pour obtenir
une histoire passionnante !
La manière la plus efficace, traditionnelle et
radicale pour sortir le groupe de sa torpeur
est une scène d’action : un combat, une
poursuite, tout challenge qui remet un peu
de rythme dans l’aventure. Qu’elle soit
prévue initialement dans le scénario et
déplacée pour intervenir immédiatement au
lieu de plus tard, ou que ce soit une
personne ou une créature piochée au hasard
dans le guide de l’univers ou des monstres,
peu importe. L’essentiel est qu’elle implique
tout le monde, qu’elle soit dans les capacités
du groupe (pour éviter que cette simple
scène de « relance » anéantisse tout le
monde !), et qu’elle puisse être rapidement
terminée (inutile de remplacer une longueur
de l’intrigue par une scène d’action au
moins aussi longue). Elle peut également
servir à amener un nouvel indice aux
joueurs : à la fin du combat, les survivants
peuvent livrer une information, ou sur les
cadavres, les personnages peuvent trouver
un objet ou un plan pour continuer
l’aventure.
Pour le meneur qui ne souhaite pas mettre
en scène un combat ou une phase d’action,
une autre possibilité consiste à amener un
nouvel élément dans l’histoire. Ce peut
être un nouvel intervenant : un PNJ
nouveau et mystérieux, qui va amener avec
lui des réponses, mais aussi son lot de
nouvelles questions (qui n’ont pas
forcément besoin d’être résolues dans
l’histoire en cours mais peuvent constituer
des éléments de départ pour des intrigues
futures). Un nouveau lieu, dont les
personnages entendent parler et qu’ils
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 4 ­ Comment relancer une partie qui s’essouffle ?
pourront explorer, ou bien un objet que le
groupe reçoit, comme venu de nulle part
(avec tout de même une justification) et qui
saura les faire réfléchir puis agir. Cet
élément additionnel peut aussi être une
intrigue ou une piste complètement
nouvelle, tout un pan de l’arborescence qui
vient s'ajouter à l’histoire initiale.
Cet ajout peut être quelque chose qui était
initialement prévu dans le scénario et qui va
être amené différemment, à un autre
moment de l’histoire, en général plus tôt
que prévu. Par exemple, dans un scénario
western, les personnages sont en charge
d’enquêter sur des évènements mystérieux
qui ont lieu dans une réserve indienne. Il est
prévu dans l’arborescence ou la chronologie
qu’un régiment de Texas Rangers va
marcher sur ces terres à la fin du scénario et
pourra intervenir pour infléchir le cours de
la bataille finale contre un manitou (un
esprit démoniaque dans la mythologie
amérindienne). Dans le cas où l’enquête
piétine et où les PJs ne trouvent plus de
pistes, le meneur peut très bien avancer
l’arrivée des Texas Rangers, que ce soit tout
le groupe ou simplement des éclaireurs, qui
pourront apporter un nouvel élément au
groupe pour avancer, avant de réapparaître
plus tard en fin d’histoire.
L’élément que le meneur va ajouter pour
dynamiser la séance peut également être
complètement imprévu. Le meneur devra
alors improviser un nouveau lieu, un
nouveau personnage, une nouvelle créature
ou rencontre. Le plus simple étant
d’entourer cet élément de mystère : tout n’a
pas forcément besoin d’être expliqué, et le
MJ peut simplement mettre en scène son
arrivée, et garder la justification pour plus
tard, ou peut être ne jamais l'expliquer.
Dans les univers à mystère, le meneur n’a
pas forcément lieu de tout révéler, cela fait
aussi partie du plaisir de savoir qu’il y a
encore des choses cachées dans l’ombre.
Sans chercher à tout réinventer, le meneur
peut également, pour certaines intrigues,
laisser les évènements se dérouler
161
 Ch 4 ­ Comment relancer une partie qui s’essouffle ?

L’instant Rome Antique

Au­delà du jeu de mots servant de titre à cet encadré, voici un exemple détaillé de l’introduction d’un
même scénario, mais avec trois techniques différentes présentées dans cet article.
Imaginons que votre campagne prenne place dans une antiquité mythique et que vos personnages
soient des soldats romains, à la solde de l’empereur. Dans le scénario, ils vont être envoyés dans un
camp isolé en Germanie, en proie à des attaques étranges.
o Introduction classique (type commanditaire) : les personnages, à leur garnison, peuvent entendre
parler de rumeurs sur la lointaine affaire, voir un messager arriver prestement pour apporter la
nouvelle d’une mort étrange et soudaine. Le lendemain, ils sont convoqués par leur chef de garnison
qui leur expose la mission et les envoie à l’aventure.
o Introduction « In Media Res » : Alors que les personnages arrivent dans les contreforts des sombres
forêts de Germanie, ils entendent des hurlements de loup à la mort et se retrouvent observés puis
poursuivis par ces créatures à la tombée de la nuit. Que cachent ces contrées mystérieuses ? Ils relisent
l’ordre de mission qui leur a été confié : faire la lumière sur un crime sauvage au sein de l’avant poste
aux confins de l’empire.
o Introduction hollywoodienne : Les personnages jouent dans cette scène d’introduction les gardes en
faction à l’avant poste le soir où l’attaque a eu lieu. L’un d’eux joue la victime, deux autres jouent des
témoins et le dernier jouera le messager qui partira vers Rome. Ils entendent des bruits, ont un
mauvais pressentiment, puis une forme sombre attaque la victime ! Du haut des remparts, les autres
ont a peine le temps de réagir, donner l’alerte, que leur camarade est tombé. Ils ramènent son corps et
le montrent au dirigeant de leur avant poste qui envoie un messager à Rome sur le champ. L’aventure
continue ensuite avec l’une des deux introductions précédentes, par exemple un in media res avec
l’arrivée des personnages au camp retranché en Germanie.

« logiquement » et jouer les conséquences village pouvait abriter un allié des

de la stagnation du groupe, ces
conséquences devant amener les pistes pour
continuer l’histoire. Un exemple vaut mieux
qu’un long discours : imaginez un scénario
médiéval où les personnages doivent arrêter
les agissements d’une bande de monstres
qui a rasé un village. Les personnages vont
sur place, mènent leur enquête mais au final
ont loupé la piste ou ne l’ont pas relevée. Si
le groupe n’arrive pas à voir ce qu’il faut
faire, la suite « logique » des évènements
pourrait être par exemple la mise en scène
d’une autre attaque, sur un autre village, la
bande continuant ses agissements. Dans ce
cas, peut être que sur cette seconde attaque
le meneur peut prévoir plus d’indices, ou
des preuves plus évidentes et donner une
nouvelle chance au groupe d’aller vers la
suite prévue de l’histoire. Bien sur, le
meneur devra essayer d’ajouter des
conséquences de cette seconde attaque : le
personnages, qui a été mis hors d’état
d’aider le groupe, pour une courte ou une
longue durée, ou bien les commanditaires
des héros pourront leur reprocher la perte
de ce second village et réduire leur
récompense, ou une autre conséquence à
plus long terme sur la campagne (par
exemple ce village devait servir d’avant
poste lors de la confrontation finale avec le
royaume voisin, et l’attaque de l’ennemi
sera donc facilitée). Il faut donc ne pas
hésiter à réfléchir logiquement à la suite
possible de l’histoire et à la mettre en scène,
pour faire réagir les joueurs et leur ouvrir
de nouvelles pistes.
Allez, on se pose et on
réfléchit
Remettre un scénario sur pied ne passe pas
forcément systématiquement par une piste

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)

ou un élément nouveau qui sera amené au
scénario. Le meneur peut déjà changer la
manière qu’il a de demander au groupe la
question qui sert de base au dialogue en jeu
de rôle, le « que faites­vous ? ». Les
déclarations d’intention constituent une
manière qui peut aider à faire avancer les
choses. Il s’agit tout simplement d’adapter
le système d’annonces des actions utilisé en
général en combat à des situations hors
combat. Le meneur va faire le tour de la
table et demander à chaque PJ chacun à son
tour ce qu’il fait ou ce qu’il compte faire,
puis résoudre les effets de ces actions en jeu
en passant un temps à peu près équivalent
avec chacun (par exemple de trois à six
minutes montre en main pour des actions
hors combat). Dans le cas où le scénario est
au point mort, le meneur peut même
tourner différemment sa question et
demander « que veux tu faire pour avancer
et trouver de nouvelles pistes ? » ou bien
« que pourrait on faire pour continuer ? ».
Alternativement, le meneur peut aider les
joueurs à dégager de nouvelles pistes, en les
guidant vers un point de rassemblement
(s’ils sont dispersés dans le jeu) et en faisant
jouer une scène où leurs personnages,
réunis au même endroit (dans un de leurs
refuges, ou chez un PNJ qui peut leur servir
d’aide ou de mentor), vont réfléchir et faire
le point sur la situation en émettant de
nouvelles idées. Si un PNJ peut y être
présent, il peut devenir votre voix pour faire
des suggestions au groupe, ou tout du
moins les aider à faire émerger quelques
idées. Par exemple il peut inciter chacun à
donner une idée, un peu sur le mode du
« brainstorming », chacun à son tour, et à
partir de là, le groupe peut discuter pour
trouver la meilleure alternative.
Si même en prévoyant une scène spécifique
de discussion, les idées ne viennent pas,
peut être que le groupe (et le MJ) ont besoin
d’une petite pause. Le meneur peut trouver
un prétexte pour la faire (coup de fil à
passer, pause toilette,…) et décréter un arrêt
de 10/15 minutes pour se changer les idées,
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 4 ­ Comment relancer une partie qui s’essouffle ?
sans que le meneur ne parle du jeu aux
joueurs pendant ce temps. Il peut mettre ce
temps à disposition de son côté pour
préparer la suite de la séance, soit en
trouvant une manière d’aider le groupe
sans ruiner le jeu, soit en réfléchissant à ce
qui pourrait se passer d’intéressant dans le
cas où les personnages ne trouvent pas la
solution. L’avantage de la pause, est que le
meneur peut, après celle­ci, redémarrer la
partie en utilisant les mêmes codes qu’au
tout début du scénario : musique de
générique, lumière d’ambiance, ton de voix,
description, résumé… Mettre en scène un
véritable nouveau départ, associé à des
esprits frais après la pause, peut permettre
de bien relancer le jeu.
Sans forcément faire une pause hors jeu, le
meneur peut mettre en scène un interlude
dans le jeu, en introduisant une simple
scène, qui n’a absolument rien à voir avec le
scénario, mais qui implique directement
tous les joueurs ou presque, et qui leur
permet de souffler un peu de l’intrigue
principale, pour mieux y revenir ensuite. Ce
peut être classiquement un jeu dans le jeu
(les personnages peuvent participer à un jeu
de hasard ou d’argent, un concours, ou
quelque chose de rapide et ludique), ou
bien l’opportunité d’acheter ou de négocier
de l’équipement, une rencontre dans la rue
avec une diseuse de bonne aventure, un
voyant, un psychique ou son équivalent
dans votre univers. Le seul objectif est de ré
impliquer tout le monde, sur une scène
courte afin de mieux redémarrer ensuite.
Comme dans le cas d’une pause, le meneur
peut très bien après cet interlude,
redémarrer le scénario dans les mêmes
conditions qu’au départ pour relancer ce
dernier (musique, lumière, description,
tonalité…)
Peu importe la manière dont le meneur s’y
prend pour relancer l’intérêt du groupe en
cours de partie, ce qui compte, c’est d’être
attentif aux joueurs, à leur langage
corporel, à leur implication et de savoir les
163
 Ch 4 ­ Les joueurs partent dans le décor

Étude de cas : Le bunker post apocalyptique

Imaginez que vous êtes meneur de jeu sur un univers post apocalyptique, qui aurait pour décor les
États­Unis, après la IIIè guerre mondiale, où les quelques restes de technologie sont entre les mains
d’une élite, qui la conserve jalousement afin de maintenir son emprise sur le reste de la population.
Dans le cadre de votre campagne, les personnages ont réussi à s’emparer d’une voiture et sont
maintenant des mercenaires engagés dans un road trip pour amener un dossier d’état confidentiel à
l’autre bout du pays. Une panne les force à s’arrêter dans un petit village en plein désert, où le
mécanicien est prêt à leur échanger les pièces de rechange, en échange de la réussite d'une mission :
les personnages doivent entrer dans un bunker gardé par des forces armées, situées à quelques
heures de marche du village, dans une zone rocheuse, pour libérer son fils, qu’il pense être retenu
prisonnier là bas.
Après cette implication, le groupe s’est bien engagé dans le développement du scénario et suite à
une phase d’exploration de la zone rocheuse, les personnages ont tenté une première approche du
bunker. Malheureusement ils ont été gravement blessés et ont du battre en retraite. Ils se sont à
présent retirés dans une caverne, et cherchent de nouvelles pistes, mais l’obstacle leur paraît
insurmontable.
Ce qui avait été initialement prévu dans le scénario : le bunker sert de lieu d’expérience pour
l’armée, sur des enfants de 5 à 10 ans, parfois achetés à des familles dans le besoin, parfois enlevés
par les soldats. L’arborescence avait prévu les pistes suivantes pour entrer dans le bunker :
o Feinter ou négocier avec les soldats. Facile à mettre en œuvre avec du matériel et un plan (se faire
passer pour des fédéraux par exemple), mais les joueurs ne semblent pas prendre cette possibilité au
sérieux, leurs personnages n’étant pas très orientés « social ».
o Les personnages peuvent également se faire prendre par les soldats, ils seront alors retenus
prisonniers et devront s’évader. Bien que ce ne soit pas la position la plus confortable pour
continuer l’aventure, c’est envisageable.
o Au village, un autre enfant s’est évadé du complexe, quelques jours auparavant : il a trouvé un
tunnel secret qui aboutit dans la montagne. Si les personnages avaient mené l’enquête un peu plus
au village, ils l’auraient trouvé mais en l’occurrence, ils sont partis directement pour le lieu de
l’aventure, sans collecter plus d’indices.
Connaissant toutes ces informations, que peut faire le meneur pour relancer le groupe, sans trop les
assister et en maintenant l’aventure intéressante et avec du challenge ?

ramener dans le jeu quand la séance « rame Les joueurs partent

» trop. Le bon meneur doit également savoir
apprendre de ses erreurs et être capable
d’identifier, après chaque séance, quelles ont
été les situations qui ont amené le groupe à
perdre de sa motivation et à s’enliser, afin
d’être capable, dès la conception du
scénario, de les éviter.
dans le décor
En dehors des moments de ralentissement
ou de perte de rythme décrits
précédemment, Il arrive que le groupe sorte
du cadre initialement prévu par le scénario.
Peu importe la précision avec laquelle
l’arborescence, ou le scénario univers a été
préparé, il arrivera très fréquemment que
les joueurs décident de choisir une piste
que le meneur n’avait pas anticipée du
tout. Un bon meneur sait justement

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 4 ­ Les joueurs partent dans le décor

improviser et rebondir sur ce que les

personnages ont décidé de faire, pour créer
Quelques solutions pour l
une histoire qui soit la leur. Voici quelques
’histoire du bunker
conseils sur ce que l’on peut faire quand les
joueurs partent dans le décor.
Il n’y a bien sur pas de bonnes ou mauvaises
solutions pour le cas du bunker post­
Et si on kidnappait la
apocalyptique, il n’y a que vos solutions, qui
princesse ?
serviront l’histoire et le plaisir de jouer. Voici
cependant quelques pistes, s’inspirant des
Vous aviez tout prévu et anticipé et voilà,
conseils donnés dans le corps du texte :
pour une raison ou pour une autre, votre
o Faire jouer une scène d’action, même si le
groupe a décidé de mener sa barque contre
scénario n’en prévoit pas : suite à leur
le sens du vent : au lieu de libérer la
tentative d’attaque, une patrouille sort du
princesse et la ramener au roi, ils décident
bunker et traque les personnages. En fonction
de la kidnapper et d’exiger une rançon… au
du résultat de la rencontre, les personnages
lieu de poursuivre les contrebandiers
peuvent soit disposer de tenues militaires
intergalactiques dont la tête est mise à prix,
pour s’infiltrer au sein de la base, soit être
le groupe veut aller sur une planète dédiée
emmenés prisonniers. Dans un cas comme
au jeu et au pari pour devenir millionnaires
dans l’autre, on retrouve le déroulé du
en jouant avec les machines à sous
scénario.
holographiques… que peut faire le meneur
o Ajouter un nouvel élément : au loin, sur la
dans ce cas là ?
route qui mène au village, les personnage
L’approche la plus maladroite mais parfois
repèrent un autre véhicule qui va vers la
la plus facile à mettre en place consiste à
bourgade. Si la situation les intrigue, les PJs
forcer les joueurs dans la voie prévue
peuvent retourner au village, où ils peuvent
initialement, qu’ils le veuillent ou non. Ce
avoir l’occasion de trouver l’indice qui leur
n’est pas très intéressant pour le groupe ou
manquait sur l’autre enfant évadé. De plus, ils
pour l’histoire, c'est artificiel, et à éviter
peuvent rencontrer le nouvel arrivant : il s’agit
autant que possible. Pour ramener les
d’un prospecteur minier, qui dispose du
joueurs dans l’arbre, le meneur doit trouver
matériel pour sonder le sol et le sous­sol à la
un prétexte plausible dans le jeu pour que
recherche de tunnels et de passages…
les personnages n’aient d’autres choix que
o Jouer les conséquences : une conséquence
de suivre la voie toute tracée. Dans
possible est la scène d’action décrite ci­dessus,
l’exemple space opera ci­dessus, ce peut
une autre option consiste à faire sortir de la
être par exemple qu’il n’y a pas de vol ou
base une patrouille de soldats, que les
de vaisseau à destination du paradis fiscal
personnages pourront voir se diriger vers le
où veut aller le groupe, ou bien une fois
village : ils cherchent l’enfant qui s’est évadé.
arrivé sur place, ils apprennent qu’ils n’ont
Les villageois, voyant cela, pourraient aider
pas le droit de séjourner là, en raison d’un
les PJs à retrouver l’enfant, pour qu’il soit
problème administratif ou autre. Le meneur
protégé. Ce dernier pourrait alors leur révéler
doit bien sur essayer de trouver quelque
comment il s’était évadé…
chose de crédible, mais les joueurs ne seront
pas dupes et auront (à raison) l’impression
d’être mis sur des rails dont ils ne peuvent
sortir.
Il vaut mieux laisser les joueurs être libre,
aller sur la piste qu’ils ont choisie, que cette
dernière soit « bonne » ou « mauvaise » et

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 4 ­ Les joueurs partent dans le décor

se débrouiller ensuite en sous­main pour

improviser ce qu’il faut afin que le jeu
demeure intéressant. La première chose que
le meneur doit garder en tête c’est l’histoire,
telle qu’elle est vécue par le groupe. Cela
signifie qu’il doit savoir prendre de la
distance avec le scénario, même si c’est lui
qui l’a écrit et conçu : si les joueurs ont
décidé de partir ailleurs, autant les laisser y
aller et faire une croix sur tout ou partie de
ce qui avait été préparé… certains
morceaux pourront toujours être recyclés,
soit dans la partie en cours, soit dans les
prochains épisodes.
A l’extrême opposé de la marche forcée
évoquée précédemment, ce que le meneur
peut faire, c’est donc une improvisation
totale : les joueurs ont décidé de kidnapper
la princesse à leur tour, qu’il en soit ainsi !
Cela peut même faire une histoire tout au
moins aussi intéressante que celle qui
devait être jouée initialement. Dans ce cas,
le meneur ne doit pas avoir peur de
violenter le scénario, voire certains
éléments du background, en fonction de ce
que les joueurs ont décidé de faire.
L’histoire peut même aller jusqu’à une fin
complètement différente. Le meneur doit
bien garder cela à l’esprit : une fois qu’il est
totalement sorti du cadre tout peut arriver,
et chercher à se raccrocher à une fin prévue
au démarrage serait vain. L’arme la plus
efficace du meneur qui suit son groupe en
dehors des sentiers battus est son bon sens :
toute action a des conséquences, et
l’improvisation en général, consiste à
imaginer et à dérouler l’ensemble des
conséquences des actes et paroles du
groupe. Si les personnages kidnappent la
princesse au lieu de la ramener au roi, les
conséquences logiques peuvent être des
éclaireurs et des troupes envoyées pour les
retrouver (les personnages ont donc intérêt
à bien se cacher et à effacer leurs traces), des
embuscades et pièges, voire un avis de
recherche diffusé dans tout le royaume
pour la recherche des PJs. En fonction de ce
qui se passera ensuite, les personnages

166
CEDRIK GAULT (Order #14702690)

peuvent être emprisonnés dans les cachots
du roi, et devoir essayer de s’évader ou de
laver leur faute, ou bien devenir des fugitifs
recherchés… Dans un cas comme dans
l’autre, on est très loin de la fin prévue
initialement (les personnages victorieux
applaudis et salués par le roi) mais
qu’importe : les joueurs ont affronté les
conséquences logiques de ce qu’ils ont
fait, l’histoire a été au moins aussi
intéressante et amusante (voire plus) que si
tout s’était déroulé normalement.
Entre la voie forcée et l’improvisation totale,
le meneur peut également opter pour une
alternative, qui serait une « semi »
improvisation. Le MJ va rebondir sur ce
que les personnages ont décidé de faire en
donnant suite à ce qu’ils ont décidé. Cela
amène sur une scène qui n’était pas prévue
initialement, mais que le meneur va
chercher à faire déboucher sur une des
branches de l’arbre de départ, il va se «
raccrocher aux branches ». Comment faire :
les personnages vont décider d’une action
qui n’était pas prévue au départ dans le
scénario, le meneur va alors improviser et
faire jouer la scène supplémentaire, qui sera
comme un petit détour de l’arbre principal.
A l’issue de cette scène, le meneur réoriente
les personnages, en fonction de ce qui s’est
passé vers une branche ou une autre, celle
qui est la plus logique. Cette scène peut
n’avoir aucune conséquence, mais d’une
manière plus intéressante, peut être
associée à un effet bénéfique (bonus) ou à
un effet pénalisant (malus) pour le groupe
lors de la suite de l’histoire. Par exemple
dans la situation de science fiction décrite
précédemment, le meneur peut très bien
mettre en scène une semi improvisation : les
personnages se rendent vers une planète
« casino » et ne se lanceront donc pas à la
poursuite des contrebandiers. Le MJ peut
donc improviser la scène de l’arrivée du
groupe sur le paradis fiscal de la galaxie, et
amener les joueurs face aux machines pour
tenter leur chance. Le meneur va bien sur
essayer de se raccrocher aux branches de
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 4 ­ Les joueurs partent dans le décor
son arbre et remettre en scène les
contrebandiers. Ces derniers peuvent être
recherchés également sur la planète où se
trouvent les personnages et la récompense
est bien plus grande (effet bénéfique : les
personnages peuvent obtenir plus). Les
personnages peuvent également être
repérés par les autorités de la planète, qui
vont alors leur proposer une aide
supplémentaire (effet bénéfique : armes,
piste) pour les retrouver, car les hors la loi
ont commis beaucoup de tort dans cette
partie de la galaxie. A l’inverse, si les
personnages sont surpris en train de tricher
aux machines, ou gagnent trop, ils seront
mis sous cellule, emmenés par les autorités
de cette planète et contraints, bracelet
électronique au poignet, de retrouver les
contrebandiers afin de purger leur peine
(effet pénalisant : moins de liberté,
éventuellement des blessures ou
dommages). Au final le meneur aura
retrouvé la direction de l’arbre, tout en
faisant jouer ce que les joueurs avaient
envie de faire, et avec un impact sur le
scénario : la scène supplémentaire leur a
apporté quelque chose en plus ou quelque
chose en moins, par rapport à la route
classique qu’ils auraient pu prendre
initialement.
Intrigue sur le pouce
Lorsqu’il s’agit d’improviser, la difficulté
pour le meneur consiste à savoir s’adapter
pour suivre la nouvelle piste, qui est en
général non prévue et donc non préparée.
Comment y parvenir ? D’abord le bon sens
et la logique doivent être les maîtres mots
lors de l’improvisation. Tout n’a pas besoin
d’être forcément cartésien et rationnel, mais
il s’agit de mettre en scène la suite des actes
des personnages, avec la logique de
l’univers où l’on joue. Si les personnages
tirent sur la police dans un univers
contemporain, s’il y a des témoins, ou si les
policiers ont le temps d’alerter leurs
collègues, les renforts arriveront vite et il se
167
 Ch 4 ­ Les joueurs partent dans le décor
peut même qu’un avis de recherche sur les
personnages soit lancé. Le meneur va
ensuite faire jouer logiquement tout ce qui
en découle : course­poursuite, embuscades,
fuites…
Cela implique donc de bien connaître
l’univers dans lequel on joue, afin,
justement, d’en saisir la logique. Plus le
meneur en saura sur l’univers, sa
géographie, ses factions (les groupes et
forces en présence), son organisation, sa
société, ses habitants, plus il sera à l’aise
pour improviser en restant dans un cadre
qui est cohérent pour les joueurs et pour
l’histoire. Les chapitres d’univers,
d’ambiance ou de conseils destinés au
meneur permettent en général de
s’imprégner de ces informations pour les
retranscrire en cours de partie. Une
deuxième clef essentielle à une bonne
improvisation est une bonne gestion du
timing : en fonction du temps dont dispose
le groupe, de l’avancement de l’histoire
principale, le meneur aura plus ou moins de
liberté pour créer. Clairement on
n’improvise pas du tout le même contenu
selon que l’on se situe en tout début de
séance ou vers la fin de cette dernière. Dans
le premier cas, le meneur peut sortir
complètement des chemins pré établis plus
facilement, car il aura le temps de
développer une toute nouvelle intrigue.
Dans le second, il devra ajuster la taille de
sa digression au temps qui lui reste
raisonnablement à jouer avec le groupe :
inutile de recommencer une nouvelle
aventure improvisée s’il est une heure du
matin et que la séance doit se terminer d’ici
une ou deux heures ! Si le MJ a préparé un
timing pour sa séance, il peut essayer de
s’en servir, en définissant de nouveaux
points de repère (par exemple : la digression
devrait être terminée au bout de deux
heures).
Pour improviser, il faut tout de même de la
matière, des éléments que le meneur pourra
insérer pour pimenter la route des joueurs,
au cours de la branche non prévue. Si la
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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
description de l’univers ne suffit pas pour
étoffer suffisamment le décor une fois que
l’on est parti en dehors des sentiers battus,
le meneur a plusieurs options. Il peut
d’abord rebondir sur les idées des
joueurs : plusieurs cerveaux valent mieux
qu’un et en laissant les PJs parler, le meneur
pourra trouver énormément d’inspiration et
d’aides, sans même que ces derniers ne le
sachent : imaginez que dans un univers
d’espionnage, le groupe décide de s’infiltrer
discrètement dans une ambassade, en
pensant y récupérer des documents
importants (initialement ce n’est pas prévu
du tout). Les personnages vont préparer
cette infiltration auparavant et émettre
presque toutes les idées dont vous aurez
besoin : « A défaut de caméras de
surveillance, il doit y avoir au moins des
gardes à la nuit tombée. » va dire un joueur,
« Vous pensez que les documents sont dans
les bureaux ou qu’ils ont une salle d’archive
sécurisée pour les dossiers les plus
sensibles ? » pourra dire un autre, et le
dernier de dire « On n’a qu’à choisir un soir
où il y aura une soirée de réception, il sera
plus facile d’entrer. » A partir de ces
éléments, le meneur peut facilement
improviser quelque chose : soit une
infiltration discrète avec garde, chien et
salle coffre fort où se trouvent les dossiers,
soit, si les joueurs se renseignent sur la date
d’une réception, une soirée où les
personnages peuvent essayer de se faire
inviter, avant d’aller cambrioler le coffre en
sous­sol en s’éclipsant discrètement. Avec
un groupe plein d’imagination (ce qui est le
cas de tous les groupes de joueurs n’est ce
pas ?) nul besoin de chercher bien loin les
éléments qui viendront nourrir votre
improvisation.
L’autre manière de faire, consiste à
demander aux joueurs ce qu’ils veulent
faire, de façon ouverte. Les personnages
vont sortir de l’intrigue définie au départ
dans le scénario, et le meneur va donc leur
laisser la main complètement libre : il leur
demande d’élaborer un plan, ce qui lui
 Ch 4 ­ Les joueurs partent dans le décor

3 mini intrigues pour servir de base à une improvisation

Voici trois exemples de départ de mini­intrigues, qui peuvent venir aider à soutenir une
improvisation en cours de scénario. Elles sont écrites dans un style contemporain fantastique, mais
pourraient être assez facilement adaptées à un univers médiéval, futuriste, ou autre, en modifiant
les décors et niveaux de technologies. À vous de les garder sous le coude en cours de partie, au cas
où il faudrait improviser quelque chose, et à vous de compléter cette liste avec vos propres idées :
o Dans une ruelle près des personnages, une bagarre a lieu, un gang est apparemment en train de
s’en prendre à un type isolé. Les personnages peuvent réussir à disperser le groupe qui s’enfuit, et
laisse l’homme au sol. Ce dernier est ensanglanté mais porte un tatouage étrange : ce serait à cause
de cela qu’il aurait été violenté… pourquoi ? Est­ce un symbole de ralliement ? quelque chose de
plus spirituel ou mystique ?
o Les personnages reçoivent par les services postaux ou de la main d’un distributeur de flyers dans
la rue une invitation pour un spectacle, dans un théâtre ou une salle de concert. En s’y rendant, ils
assistent à une représentation pour le moins macabre, mettant en scène de façon très réaliste une
scène glauque (exécution, sacrifice…). L’ensemble est à la limite du perturbant et devrait faire réagir
les joueurs : la victime était elle réellement consentante ? Était­ce fiction ou réalité ? Et si l’ensemble
n’était qu’une manipulation ?
o En voyage, les personnages rencontrent un voyageur qui a manifestement besoin d’aide et que le
groupe peut secourir (il peut aller jusqu’à promettre une récompense aux personnages, une fois
qu’il sera rentré chez lui). Cependant au prochain poste frontière, leur compagnon semble ne pas
avoir de laissez­passer ou de visa en règle : que vont décider les PJs ?

laisse le temps de penser à quelques Les petits trucs en plus

intrigues supplémentaires en cours de route,
et d’autre part, de donner une grande liberté
aux joueurs en suivant la voie que ces
derniers ont totalement et librement choisie.
Bien sur, il faut respecter la cohérence de
l’univers et mettre le groupe en face des
conséquences de ses actes qu’ils soient
constructifs ou destructifs.
Si le meneur est vraiment en difficulté, il
peut demander à son groupe de faire une
pause en cours de partie, de 10 à 15
minutes, pendant lesquels il pourra faire le
point et trouver de nouvelles idées pour
faire jouer la digression. Pour cela le plus
simple est de lister au brouillon, comme
pendant la préparation du scénario (voir la
recherche d’idées au chapitre 3), une petite
série de trois à dix idées, qui seront la
matière et le contenu autour duquel viendra
se faire l’improvisation de l’intrigue
secondaire.
Si l’art de l’improvisation est quelque chose
qui vient et s’améliore avec la pratique, on
peut utiliser quelques petites astuces pour
s’y préparer et être moins pris au dépourvu.
Ce que certains meneurs font, c’est de
prévoir, en permanence, une ou deux idées
de « mini­intrigues » qui peuvent être
lancées et résolues rapidement (en moins de
trois heures de jeu par exemple). Elle
tiennent en général en quelques scènes, et
peuvent être insérées facilement au milieu
du scénario. Au lieu d’improviser
totalement, le meneur va suivre la nouvelle
piste développée par les joueurs et les
emmener vers cette « mini­intrigue » qui
était ébauchée à l’avance. Celle­ci peut très
bien tenir en quelques lignes, l’important
étant qu’elle puisse être détaillée
rapidement et en semi improvisation par le
MJ. Vous trouverez quelques idées de ces
mini­intrigues en encadré.

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 Ch 4 ­ Fluidifier les scènes d’action
L’autre astuce utilisée pour faciliter
l’improvisation, est de préparer des listes
d’éléments qui peuvent être imbriqués
facilement dans l’univers. Une liste de
noms, qui auront une consonance et une
sonorité en accord avec l’univers (« James
Tyler » passera très bien en futuriste ou
contemporain, mais moins bien en
médiéval), permet au meneur d’improviser
des noms de PNJs facilement, en donnant
l’impression au groupe que le personnage
est important : en effet si le meneur hésite
trop longtemps avant de trouver un nom
pour un personnage, il révèlera
implicitement aux joueurs que ce dernier n’a
pas beaucoup d’importance dans l’histoire.
Avec une liste bien faite, le meneur n’a qu’à
se servir et cocher les noms de la liste au fur
et à mesure de leur utilisation. Le MJ peut
garder également des listes d’idées de lieux,
de personnages, de bâtiments, d’objets, ou
de tout autre élément qui pourrait venir
donner du contenu à une improvisation.
Enfin, ce qu’il ne faut pas oublier quand on
improvise, c’est de prendre des notes !
D’abord parce que la matière qui émerge
des parties improvisées du scénario est trop
précieuse pour être perdues ou oubliée.
Ensuite, car les joueurs, eux, prendront des
notes, et si en tant que meneur, vous oubliez
certains détails, cela pourrait se retourner
contre vous (« Vous ne connaissez pas de
banquier ! » « Mais tu nous as dit l’autre fois
que James Tyler travaillait pour la World
Bank Company ! »). Il faut donc être capable
de garder une trace de ce qui est créé en
improvisation, ne serait ce que sous forme
résumée ou schématique, quitte à le
remettre « au propre » après la séance.
Attendre un moment de calme après le feu
de l’action pour lister les quelques points
ajoutés à l’intrigue de base au cours de
l’improvisation est ce qu’il y a de mieux
pour garder un déroulement fluide et
efficace de la partie : il ne faut pas trop
attendre et noter les idées tant que c’est
encore frais.
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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Improviser en cours de partie nécessite à la
fois une très bonne connaissance de
l’univers et de ses caractéristiques, de
l'aisance, de la créativité et surtout la faculté
d’écouter et de rebondir sur les idées des
joueurs. Que cela n’effraie cependant pas les
futurs meneurs : c’est beaucoup plus simple
qu’on ne le pense, surtout avec un peu de
préparation et les bons outils. C’est
justement cela qui fera le sel de vos parties
et permettra à vos joueurs d'avoir un impact
fort sur l’univers et l’histoire.
Fluidifier les scènes
d’action
Voilà bien l’un des paradoxes les plus
flagrants du jeu de rôle : les scènes d’action
et de combat sont censées être les plus
intenses, les plus rapides et les plus
violentes, et pourtant c’est là où l’on trouve
les règles les plus longues et les plus
complexes de la plupart des systèmes de
jeu. Le challenge pour le meneur consiste
donc, dans ces moments, à retranscrire la
violence du combat, la force de l’action, tout
en utilisant la partie la plus épineuse des
règles. Comment s’y prendre pour éviter de
casser le rythme de l’histoire sur une scène
d’action ou de combat, en conservant un
déroulement fluide et fun pour le groupe ?
Les règles les plus courtes ne
sont pas toujours les
meilleures…
Avant de chercher à simplifier ou à épurer
les règles de combat de votre partie, il est
très important de bien connaître ses
joueurs et surtout ce qu’ils préfèrent. A ce
sujet, l’encadré « Les différents types de
joueurs » du préambule peut vous donner
des indications précieuses : les joueurs sont
ils plus axés sur l’histoire ou sur le combat ?
Sont ils plutôt Brutes ou Conteurs pour
reprendre les types de joueurs présentés ?
Aiment­t’ils l’aspect tactique et
simulationniste du combat ou bien

préfèrent ils faire la part belle à l’histoire et à
l’aventure ? Il faut vraiment identifier ce que
veulent les joueurs, car selon leur goût, le
système de combat ne devra pas forcément
être réduit à son strict minimum.
Dans un jeu de rôle, en fonction du système
qu’on utilise et des règles optionnelles que
l’on va ajouter, le combat peut être aussi
bien extrêmement tactique (avec
notamment des choix de manœuvres,
l’utilisation de tactiques, de la prise de
risque ou encore le choix à faire entre
l’attaque et la défense) que rapide, violent et
visant plus à mettre en avant l’histoire et la
fluidité que la complexité. Aucune version
n’est meilleure qu’une autre, le seul « bon »
système de combat est celui qui plaît à votre
groupe : des joueurs tacticiens voudront
beaucoup d’options et de raffinement (ce
qui ne va pas toujours dans le sens de la
fluidité) alors que des joueurs focalisés sur
l’histoire et l’aventure préfèreront un
système rapide et violent. Avant toute
simplification ou modification du système
de combat dans votre partie, n’oubliez pas
de sonder un peu vos joueurs pour savoir ce
qu’ils souhaitent et préfèrent.
La durée des combats peut presque tout le
temps être ajustée, pour qu’ils soient plus
longs ou plus courts : il faut pour cela
regarder les ratios qui existent entre la
quantité de dégâts infligés en moyenne et le
nombre de points de vie des personnages et
de leurs ennemis. Sans reprendre toutes les
règles d’équilibrage présentées au chapitre
précédent (dans l’encadré « Comment
équilibrer un scénario »), le MJ peut
analyser son système de combats en se
posant les questions suivantes :
o Quel est le dégât moyen infligé par une
attaque du groupe ? Quel est le nombre de «
points de vie » ou de blessures que peut
encaisser l’adversaire ?
o À l’inverse, quel est la dégât infligé par le
ou les adversaires ? Combien de coups
peuvent encaisser les personnages avant de
tomber ?
o Combien de rounds durera
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 4 ­ Fluidifier les scènes d’action
approximativement le combat ?
En fonction du système de combat et de
l’intensité de ces dégâts, le combat sera plus
ou moins long. Si le meneur veut un combat
long et épique, il augmentera la quantité de
« blessures » de chaque camp en réduisant
les dégâts infligés. Pour quelque chose de
rapide, violent (et dangereux), il pourra
réduire le nombre de « vies » des
protagonistes et augmenter les dégâts. Le
plus simple étant de procéder par petites
touches, quitte à faire un test à blanc du
système de combat (sans PJs et hors séance)
pour valider le bon fonctionnement.
Gagner du temps à toutes les
étapes
Le diagramme en encadré, montre comment
on peut analyser et décomposer les
différentes phases d’un combat. Le meneur
qui souhaite rendre ses combats plus
fluides, devrait essayer de retrouver ces
différentes phases dans ses scènes de
combat, et identifier ce qui lui prend le
plus de temps : est­ce la gestion de
l’initiative ? La résolution des actions qui
nécessite de consulter beaucoup de tables et
de règles ? Le choix des actions réalisées par
les joueurs ou les PNJs qui prend trop de
temps ? En fonction du point bloquant que
le meneur va trouver, les solutions pour
rendre le combat plus fluide seront à
adapter parmi les idées suivantes.
Si c’est l’initiative qui consomme du temps,
de par sa mécanique, le fait qu’il faille
modifier à chaque round l’ordre des actions
des joueurs (ce qui peut impliquer de
devoir les noter, si le meneur a peur de
perdre le fil), le meneur peut envisager, au
lieu de la tirer à chaque round, de la faire
jouer une seule et unique fois en début de
combat, et de conserver le résultat tout au
long de la scène. Il faut bien sur prévenir le
groupe de ce fonctionnement et ensuite
s’assurer qu’on ne perd pas quelque chose
au niveau de la mécanique du combat
(certains systèmes utilisent les dés restant
171
 Ch 4 ­ Fluidifier les scènes d’action

de l’action en cours pour déterminer la

nouvelle initiative : dans ce cas précis, on
perd tout l’intérêt en ne gardant qu’un seul
jet d’initiative initiale). Si cela ne change
rien et permet de fluidifier le jeu, alors le MJ
peut ne demander qu’un seul test
d’initiative en début de combat au lieu d’un
par round.
Ce qui peut également ralentir un combat,
ce n’est pas seulement l’initiative en elle­
même, mais plutôt son suivi : si le meneur
doit perdre de précieuses secondes entre
chaque action pour identifier qui joue après
qui, cela finit par s’accumuler et faire à la
longue du temps « mort » qui pollue le
combat. Comment faire pour éviter cela ? Il
faut que le meneur ait un moyen visuel
simple d’identifier, en un coup d’œil,
l’ordre des actions. Au lieu d’avoir à
consulter ses notes, le meneur (et même les
joueurs) peut voir tout de suite qui joue
après le joueur dont c’est le tour. Dans les
systèmes qui utilisent des cartes à jouer
pour gérer l’initiative, c’est par exemple très
simple : chaque joueur a sa carte retournée
face visible, du coup tous peuvent voir à
quel moment du combat ce dernier va
intervenir. Le MJ a l’information sous les
yeux tout de suite. On peut émuler cela en
préparant des cartes sur papier bristol par
exemple qui indique « 1er », « 2è », « 3è »,
etc et qui seront distribuées au début du
combat et maintenues visibles tout au long
de ce dernier : l’ordre devient plus facile à
suivre et à interpréter, le meneur gardant
pour lui la ou les cartes indiquant le tour
des PNJs. Bien sur cela n’est plus secret,
puisque les joueurs sauront quand les
antagonistes vont agir, mais au final, le
suivi de l’initiative est beaucoup plus
simple, car il repose sur une aide visuelle
intuitive. Une autre option pourrait être
d’utiliser des pinces à relier, avec sur
chacune une étiquette portant le nom du
personnage. Le meneur peut alors aligner
les pinces à relier par exemple au sommet
de l’écran, permettant alors de voir côté
joueur et côté meneur, l’ordre dans lequel

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)

Les différentes phases du combat
À quelques exceptions près, on peut décortiquer le combat suivant ces différentes phases :
Initiative Suivi initiative
Non
Oui Fin round ?
les protagonistes vont agir. Certains MJs
utilisent des feuilles de papier ou de bristol
pliées en deux, pour former des petits
chevalets, un par PJ et un pour les
antagonistes, qui seront alignés dans l’ordre
d’intervention devant, derrière ou en haut
de l’écran. Ce qui compte, quelque soit le
système est d’avoir une aide visuelle et
intuitive, qui permet en une fraction de
secondes de savoir qui sera le prochain à
agir.
Certains groupes perdent du temps au
niveau du choix des actions et de la
déclaration. Ce peut être parce que les
joueurs ont beaucoup de possibilités et ne
savent pas laquelle choisir, ce peut être la
même chose côté PNJ. Ce peut être car
certains personnages doivent vérifier la
portée de leur sortilège, le coût de leurs
pouvoirs… pour être capable de dire si oui
ou non ils font l’action. Comment gagner du
temps à ce niveau ? La méthode douce
consiste à aider les joueurs à prendre leurs
décision : le meneur peut les encourager à
se préparer des petits récapitulatifs, soit sur
des fiches, soit au dos de la fiche de
personnage par exemple, de l’ensemble de
leurs possibilités (attaques pour les
combattants, lancer de sorts pour les
magiciens / psychiques) accompagnées des
règles et par exemple du jet de dés qui
servira à le résoudre. Le joueur peut même
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 4 ­ Fluidifier les scènes d’action
Choix et Résolution action
déclaration action
pré calculer le nombre de dés ou la
difficulté du jet en avance. Par exemple,
dans un univers médiéval, un jeteur de sort
pourrait noter au dos de sa feuille de
personnage l’ensemble de ses sorts avec ses
effets et le jet de dés qu’il devrait faire : jet
de lancer de sorts, pré calculé à 5 dés par
exemple. Cela évite à la fois de perdre du
temps à consulter ou feuilleter un livre de
base ou un guide des joueurs à la recherche
de ces informations et de plus, facilite le
calcul en conservant un score « prêt à
lancer ». L’autre exemple est celui du jet
d’attaque dans un jeu à poignée de dés. Si le
nombre de dés correspond à attribut +
compétence, et que ce nombre est fixe, alors
le joueur peut noter directement la somme
attribut + compétence sur sa liste d’options
de combat, pour éviter d’avoir à la
recalculer à chaque fois.
La méthode un peu plus forte pour le
meneur, mais qui vise à aller vers des
combats plus rapides et plus intenses,
consiste pour le MJ à mettre en place un
timing pour inciter les joueurs à répondre
plus vite et à ainsi donner du rythme au
combat. Pour cela certains meneurs utilisent
par exemple une pendule d’échecs : les
joueurs ont alors un temps limité, cumulé
tout au long du combat pour résoudre leurs
actions, la pendule et son tic tac incitant les
joueurs à faire vite : si les PJs arrivent au
173
 Ch 4 ­ Fluidifier les scènes d’action
bout du temps qui leur est imparti, ils
peuvent recevoir une pénalité dans le jeu :
comme les personnages ont été trop lents
pour réagir, le plus logique serait que
l’adversaire puisse bénéficier d’une attaque
supplémentaire, avant que le timer ne soit
remis à zéro. Plus sèchement, et sans aucun
matériel, le meneur peut décompter « 3, 2, 1,
0 » avant de faire passer la main au rôle
suivant dans l’ordre de l’initiative : si le
joueur a trop hésité, il passe son tour ! C’est
très sec, et pourra surprendre les joueurs : il
faut donc en user avec parcimonie et
surtout bien s’assurer que l’effet sur le jeu
est le bon : comme évoqué ci­dessus,
certains systèmes et certains groupes
trouvent de l’intérêt à avoir un jeu tactique
et à avoir des choix, et vouloir accélérer le
rythme de réponse limitera forcément les
choix.
Le système léger, léger,
léger…
Le dernier point qui n’a pas été abordé est la
phase de résolution des actions, où se
trouve en général le cœur du système de
règles et qui est parfois la source des
ralentissements du combat.
Comment s’attaquer à un système trop
lourd ou trop compliqué ? Comment les
adapter aux besoins du jeu et du groupe ?
La manière la plus directe est de supprimer
purement et simplement une règle trop
longue ou pénible à appliquer. Tout ce qui
est le livre de base est bien sur soumis à
l’approbation du MJ : le jeu c’est avant tout
le votre, et c’est à vous de décider librement
de ce qui sera appliqué ou non. Il faut bien
sur avant de supprimer une règle, mesurer
son impact sur le jeu : tout fonctionnera t’il
correctement une fois la règle enlevée ?
Yaura­t'il d’autres parties des règles à
modifier en conséquence ? De plus, il
revient au meneur de s’assurer que cela ne
gâchera pas le plaisir du jeu pour le
groupe : si la majorité des joueurs préfèrent
une règle plus complète et simulationniste,
174
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
il faut bien choisir ce qu’on garde et ce
qu’on enlève. Ce qui revient souvent dans
les systèmes et peut généralement être
supprimé, c'est la localisation des blessures
(qui est à réserver aux joueurs qui
cherchent le réalisme et la description des
impacts) ou bien un jet supplémentaire de
défense : si le système le permet, l’armure
ou la défense peut servir de malus au jet
d’attaque plutôt que de demander un jet de
dés supplémentaire. Chaque mécanique
étant unique, il est impossible d’être
totalement générique à ce niveau, mais le
meneur doit garder en tête ce que veulent
ses joueurs et la cohérence. Si supprimer la
règle implique d’en rajouter une autre, plus
complexe, est ce que cela vaut vraiment la
peine de l’enlever ?
Ce qui fait la difficulté ou la richesse d’un
système (selon les points de vue), c’est la
mécanique de résolution et parfois le besoin
de consulter des tables, tableaux ou autres
aides de jeu nécessaire en cours de partie.
En situation de combat, avoir la bonne
table sous les yeux est vital pour le
meneur : s’il doit calculer, retrouver la
bonne page, lire le résultat, on perd
quelques secondes qui sont précieuses au
rythme du combat. Le meneur doit donc
avoir les tables sous les yeux, pour pouvoir
les lire très rapidement. Si l’écran est bien
préparé et bien choisi, il devrait pouvoir
remplir ce rôle. Si l’écran ne suffit pas, alors
le meneur peut placer des repères ou
marque­pages aux endroits les plus
importants du livre pour pouvoir retrouver
facilement le tableau nécessaire dans le feu
de l’action.
Pour les systèmes plus complexes, le
meneur peut pré calculer les scores qui
seront utilisés dans le jeu : il a collecté les
caractéristiques d’armure, de défense,
d’esquive, des personnages et peut donc
prédéterminer les seuils de difficulté, de
blessure, à utiliser par les personnages ou
leurs adversaires. Le meneur devrait donc
garder à jour le document décrivant les
caractéristiques principales de combat du
 Ch 4 ­ Fluidifier les scènes d’action

Phase par phase, ce qu’on peut simplifier

Initiative o Un seul jet / tirage pour tout le combat

o Système visuel (cartes, pinces) pour voir en un coup

Suivi initiative
d’œil l’ordre de jeu

o Aides de jeu et notes sur les capacités des personnages

Choix des actions en combat
o Limiter le temps dont disposent les PJs pour choisir et
déclarer leur action

Résolution o Supprimer règles inutiles

o Avoir les tables sous les yeux (écran, marque­pages)
o Précalculer les scores à partir des statistiques du groupe
o Garder à portée de main des fiches des PNJ

groupe : avoir les seuils et difficultés
prévues d’avance permettra de gagner à
nouveau du temps au moment de la
résolution. Certains meneurs qui jouent
avec un ordinateur portable derrière l’écran
vont même jusqu’à se préparer des feuilles
Excel pour faire le suivi des PNJs, simuler
les jets de dés (avec la fonction
ALEA.ENTRE.BORNES() ) et gagner du
temps, c’est un peu extrême mais peut être
salvateur sur un système lourd et avec de
multiples antagonistes à gérer (s’il faut
simuler les jets de dés de dix adversaires en
même temps…).
Une autre source de longueur au moment
de la résolution peut être lié au PNJ et au
temps mis par le MJ pour mettre la main sur
les caractéristiques de chacun. Si les
statistiques sont dispatchées entre plusieurs
endroits (livre de base, livre des monstres,
scénario, par exemple) le meneur peut avoir
intérêt à se préparer des fiches
récapitulatives pour avoir les
caractéristiques de tous les PNJs au même
endroit, à portée de main. Certains meneurs
vont même jusqu’à pré tirer les jets
d’attaque, de défense, d’armure, d’esquive,
d’initiative des adversaires, et en les notant
sur la fiche de ces PNJs, ils n’ont plus qu’à
utiliser les jets dans l’ordre dans lequel ils
les on tirés. Cela enlève un peu à nouveau
le fun de lancer les dés en cours de
confrontation, mais permet de gagner du
temps, surtout dans un combat contre un
groupe assez large. L’autre option, plus
simple, dans le cas d’un affrontement avec
beaucoup d’adversaires en même temps,
consiste à considérer le groupe comme un
seul et même ennemi, en ne faisant par
exemple qu’un seul jet d’initiative ou de
défense pour tout le groupe.
Quelque soit la manière dont vous
souhaiterez simplifier, modifier ou
complexifier le système de combat pour
votre partie, n’oubliez pas que cela fait
quand même partie des moments « fun »
de la séance pour beaucoup de joueurs et
qu’il ne faut pas oublier de les faire vivre !
Une description de la situation, une
musique d’ambiance rythmée, des actions
spectaculaires (ou réalistes, selon le style de
jeu), tout cela fait aussi partie du combat :
les dés, servent bien sur à faire du bruit
derrière l’écran, comme le disait G. Gygax,
mais aussi et surtout à raconter une belle
histoire !

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 4 ­ Le meilleur du pire : les erreurs à ne pas commettre
Le meilleur du pire :
les erreurs à ne pas
commettre
Voici pour terminer quelques « erreurs »
types de MJ, inspirées de parties réelles. Ce
sont des cas extrêmes, un peu exagérés,
mais qui peuvent aider même les meneurs
les plus expérimentés à se remettre en
question : personne n’est à l’abri d’un de ces
« oups » en cours de partie, même avec toute
la préparation du monde !
o Le Dirigiste : le groupe arrive face à une
porte, il n’y a qu’un seul et unique moyen
de la franchir et toute autre tentative que le
groupe essaie échoue. Il n’y a qu’une seule
voie dans le scénario et les personnages
doivent la suivre, le meneur forçant les
joueurs si ce n’est pas le cas. Le meneur
dirigiste, soit parce qu’il est trop attaché à
son scénario, soit parce qu’il manque
d’assurance pour improviser sur l’univers,
ne va pas chercher à s’adapter à ce que les
joueurs proposent, mais au contraire les
forcer à partir sur les rails de ce qui est
préparé, sans autre alternative. Un remède
possible : prévoir plus d’alternatives dans
les scénarios, même si ce sont des scénarios
prêts à jouer, prendre le temps de réfléchir
aux autres voies possibles et à une sorte
d’arborescence ; approfondir sa
connaissance de l’univers pour pouvoir
improviser et jouer les conséquences
logiques des actes des joueurs.
o L’Incohérent : à moins d’être dans un
univers volontairement délirant ou
parodique, les joueurs ne sont jamais très
contents si une créature apparaît de nulle
part, de façon inexpliquée, et va tuer tout le
groupe. Autre forme d’incohérence : celle
du scénario où tel élément est contredit en
cours de route, sans aucune explication
apparente. Un remède possible : exécuter sur le champ.
comprendre la logique de l’univers et de
l’histoire, pendant la préparation du
scénario ou l’improvisation réfléchir au
« pourquoi » des choses et avoir au moins un
176
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
début d’explication, éviter les logiques trop
tirées par les cheveux, préparer et relire sa
trame, en la jugeant à l’aune du bon sens.
o Le Tueur : si certains meneurs ont la
réputation d’être durs, certains vont
beaucoup trop loin, en mettant en scène un
défi manifestement déséquilibré qui
extermine tout le groupe en cours de
campagne ou de scénario, sans raison
manifeste. Dans la mission, les personnages
chasseurs de monstres vont affronter un
gang de cinq loups garous expérimentés qui
pourra leur faire la peau en moins de temps
qu’il ne faut pour le dire, par exemple. Un
remède possible : en amont, équilibrer la
difficulté des rencontres, en dosant les
probabilités, en cours de jeu si le MJ se rend
compte qu’il est allé trop loin, proposer une
échappatoire au groupe pour éviter de se
faire massacrer, en essayant de maintenir la
cohérence de l’histoire et en évitant
d’envoyer un deus ex machina sorti de
nulle part.
o Le Lucky Luke : Petite variante du
précédent, ce meneur tue les personnages
plus vite que son ombre : un piège vicieux,
un échec critique au mauvais moment et
voilà un PJ sur le carreau. Si c’est parfois «
logique » (le personnage a tenté un acte
manifestement insensé), c’est souvent
frustrant pour le joueur, surtout si le
personnage vient d’être créé et que le
scénario est à peine commencé. Un remède
possible : modifier les pièges pour donner
une chance aux personnages de s’en sortir :
le PJ est blessé mais pas tué sur le coup, ou
bien laisser le groupe dans une situation où
il faut trouver une solution créative pour
s’en sortir (comment remonter le
personnage accroché aux branches dans le
gouffre sans corde ?). Cela ne signifie pas
sauver les personnages à chaque fois, mais
leur poser un challenge plutôt que de les
o Le Descripteur : Pensant vouloir bien
faire, ce MJ passe trop de temps à faire des
descriptions (ou pire à les lire…) qui, certes
permettent de bien se représenter l’univers,

mais qui donnent un rythme trop lent au
jeu : le groupe passe trop de temps à
regarder et pas assez à agir. Il peut aussi
perdre trop de temps en début de partie à
expliquer le background, les règles,
l’historique des personnages pour au final
faire attendre le groupe avant que les choses
sérieuses commencent ! Un remède
possible : ne plus lire les descriptions, mais
les improviser en s’aidant de mots clefs au
lieu de textes d’ambiance, se fixer une limite
de temps pour les descriptions et s’y tenir
montre en main pendant le scénario, définir
une heure de démarrage pour la partie,
après une courte explication de règles.
o Le Révélateur : le meneur qui annonce à
son groupe : « Mais non c’est un fantôme, il
faut que tu le combattes avec une arme
magique » ou bien « Tu te fais abattre par
une flèche empoisonnée » (alors qu’en jeu,
en voyant la flèche, rien ne laisserait
présupposer qu’elle le soit…). En essayant
de bien faire ou de mettre en scène un effet
particulier, ce meneur va révéler aux
personnages la vraie nature en terme de jeu
de ce que le groupe trouve ou rencontre,
brisant ainsi l’illusion du jeu. Si dans un
univers médiéval, le meneur annonce « Tu
trouves une épée +3 » on est en plein dans
ce travers : à moins que le personnage ne
soit un expert des armes et qu’il ait quelque
chose de similaire, il n’y a aucune raison
qu’il l’identifie aussi facilement et aussi
précisément. Un remède possible : garder
plus de mystère et bien réfléchir avant de
parler, quitte à préparer ces scènes
spécifiques où un nouvel élément est
introduit (objet, personnage, monstre,
sort/gadget technologique…) pour s’assurer
que rien ne filtrera à l’avance. Dans
l’exemple ci­dessus, le meneur pourrait
annoncer « Tu trouves une épée
ornementée, qui, quand tu la prends en
main, te parait légère, équilibrée et de
laquelle tu sens émaner une légère vibration
lorsque tu la portes. » puis laisser le joueur
noter la trouvaille sans les détails
techniques, puis au prochain combat,
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 4 ­ Le meilleur du pire : les erreurs à ne pas commettre
comptabiliser le bonus et laisser le PJ se
rendre compte petit à petit de l’effet. Il vaut
mieux décrire un peu plus plutôt que de
prendre le raccourci de donner tout de suite
l’effet en terme de jeu, il en va de même
pour les nouvelles créatures ou rencontres.
o Le Prestidigitateur : un peu à l’opposé du
« Descripteur », ce meneur souffre parfois
d’un manque de précision dans ses
descriptions : il peut arriver qu’il omette le
détail qui a toute son importance, ou bien
qu’il pense avoir dit quelque chose alors
qu’il l’a en fait oublié ou volontairement tu.
Par exemple les personnages doivent
traverser une forêt et une fois qu’ils se sont
engagés sur un chemin difficile « Pourquoi
vous n’avez pas pris la route ? » « Mais tu
nous as pas dit qu’il y avait une route ! »
« Vous ne me l’avez pas demandé ! » ou bien
« Mais si je vous l’ai dit ». Ce MJ décrit
parfois les choses en deux fois, ce qui peut
amener de très mauvaises surprises pour le
groupe : si les personnages avaient su qu’il
y avait une porte, il ne s’y seraient peut être
pas pris de la même manière face à leurs
adversaires ! Un remède possible : prévoir
les éléments qui seront décrits à l’avance,
partir toujours du plus général au plus
particulier. En cas d’oubli ou de maladresse
dans la description, être de bonne foi avec
le groupe, quitte à rejouer complètement la
scène.
o Le Contrôleur : archétype qui intervient
souvent dans les jeux où les personnages
incarnent un anti­héros (donc parfois avec
une part incontrôlable et monstrueuse, ou
bien avec des règles de santé mentale), ce
MJ va lors de ces phases où le PJ passe sous
son contrôle, abuser de son pouvoir et
rendre le moment incohérent avec l’histoire
ou avec la force de la chose qui l’habite. Ce
peut également être un meneur qui prend le
contrôle du personnage d’un joueur absent
et l’emmène jusqu’au plus extrême (mutiler
voire tuer le PJ en l’absence et sans l’accord
du joueur par exemple). Un remède
possible : laisser plus de contrôle au
joueur, prendre le joueur en question en
177
 Ch 4 ­ Le meilleur du pire : les erreurs à ne pas commettre
aparté pour lui expliquer comment jouer
son personnage et lui faire confiance pour
jouer l’état second ou incontrôlable de ce
dernier.
o Le Sélectif : ce meneur est du genre à
favoriser un ou plusieurs joueur du groupe
au détriment d’autres : le scénario est conçu
pour que les sorciers/hackers brillent, les
autres joueurs sont laissés sur la touche. Ou
bien il en veut à tel ou tel joueur et amène sa
rancune dans le jeu et a décidé d’ignorer le
personnage à la table. Ou encore il veut
avantager volontairement un joueur en
particulier pour une raison ou une autre et
cela se fait au détriment de l’histoire et des
autres joueurs. Un remède possible :
concevoir un scénario qui donnera à
chaque personnage son petit moment de
gloire et où les compétences de chacun
seront utiles à un moment ou à un autre,
observer le langage corporel des joueurs
autour de la table en cours de partie pour
identifier les joueurs qui perdent le fil et les
relancer dans l’intrigue, se remettre en
178
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
question si un joueur est manifestement
favorisé.
o L’Hollywoodien : En général bon
Conteur, ce meneur aime mettre en scène
des PNJs puissants et importants dans le
jeu. Parfois ces derniers font de l’ombre aux
personnages du groupe, qui sont alors mis
sur la touche et n’ont d’autres choix que
d'être spectateurs et attendre que les
personnages du MJ fassent toute l’histoire à
leur place. C’est d’autant plus exacerbé si le
meneur s’est créé également un alter ego en
jeu, sous la forme d’un PNJ qui accompagne
le groupe, et qu’il n’est pas capable de
laisser le devant de la scène aux joueurs. Un
remède possible : concevoir un scénario
avec moins d’intervention de PNJs
puissants, utiliser ces personnages comme
commanditaire, protecteurs ou alliés, mais
pas comme compagnons de route, laisser
plus de choix aux joueurs en concevant un
scénario non linéaire (arborescent ou
univers).

Chapitre 5 :
Faire le suivi
de la campagne
L’évolution du groupe
C’est l’un des plaisirs du jeu de rôle, une
des motivations qui poussent les joueurs à
continuer une campagne : le plaisir de voir
le personnage évoluer de séance en séance,
progresser à la fois dans ses compétences et
caractéristiques et à la fois dans sa
connaissance de l’univers et son emprise
sur celui­ci.
Cela fait partie des facteurs de réussite
d’une campagne pour le meneur : il doit
réussir à mettre en scène cette évolution de
façon harmonieuse et intéressante pour le
groupe.
La pêche aux XP…
Le meneur a la charge de répartir les points
d’expérience/avancements ou tout autre
système de jeu qui sert à simuler la
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 5 ­ L’évolution du groupe
progression du groupe. Le livre de base
donne des critères et règles d’attribution en
fonction du système de règles mais le
menurdoit bien garder à l’esprit les
manettes sur lesquelles il peut jouer à ce
niveau.
Il peut d’abord décider de régler la vitesse
d’évolution du groupe : les préconisations
du livre de règles sont ce qu’elles sont mais
le meneur peut très bien vouloir accélérer la
progression des joueurs (pour arriver plus
vite à un niveau élevé, en donnant plus de
récompenses). Attention dans ce cas à bien
dimensionner l’ensemble : si les
personnages montent très vite à haut
niveau, ils doivent comprendre qu’ils
finiront par stagner à un moment : une fois
que tous les échelons ont été franchis, la
progression deviendra plus lente. Il faut
donc être bien clair avec les joueurs pour
qu’ils ne soient pas surpris de voir
179
 Ch 5 ­ L’évolution du groupe
soudainement leurs gains en expérience
diminuer. Le MJ peut, au contraire, vouloir
ralentir l’évolution des joueurs, si la
campagne est prévue pour durer
longtemps. Le risque étant que l’évolution
en devienne imperceptible pour les joueurs
et qu’ils perdent un peu de leur intérêt. Il
faut donc trouver un juste milieu, en
fonction du système de jeu, des aspirations
des joueurs et de la durée prévue de la
campagne : la seule règle « générale » que
l’on pourrait énoncer est qu’il faut qu’entre
le début et la fin d’une campagne, les
personnages aient pu évoluer de façon
significative.
Ce que le meneur peut également décider
d’appliquer ou non, c’est la cohérence de
l’évolution des personnages. Certains
systèmes de jeu l’incluent complètement
dans la progression et d’autres pas du tout :
faut il que l’évolution soit cohérente avec ce
qui s’est passé en jeu ou hors jeu ? Le MJ
peut par exemple demander à ce que les
PJs justifient de leur dépense de points
d’expérience en fonction de ce qui a été
utilisé ou non pendant le scénario : un
personnage qui a été discret et furtif en
cours de partie peut logiquement demander
à progresser en « Furtivité ». A l’inverse s’il
n’a pas lancé un seul sort de la partie, il n’y
a aucune raison qu’il puisse augmenter son
« Lancer de sort ». Le personnage devrait
simplement avoir utilisé la compétence en
cours de scénario, sans forcément réussir
son jet : on apprend en effet en général
autant de ses succès que de ses échecs. Ce
que d’autres systèmes proposent, et qui
peut être transposé dans n’importe queljeu
c’est l’apprentissage : les personnages
peuvent progresser mais doivent mettre en
scène, en plus d’une dépense de points
d’expérience, en cours de partie ou entre les
sessions, un moment où le personnage aura
l’occasion de s’exercer pendant un laps de
temps déterminé, et où il progressera dans
ses compétences. Cela vise à plus de
cohérence et de réalisme, mais implique que
le meneur donne aux personnages le temps
180
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
en jeu, en cours de séance ou entre les
parties, pour que cet apprentissage puisse
se faire.
Si le meneur garde une copie des feuilles de
personnages du groupe (ce qui est utile
dans beaucoup de jeux en campagne,
notamment en cas d’absence), il devrait
mettre à jour les copies également en
parallèle ainsi que le document des
caractéristiques du groupe.
Le meneur ne devrait pas attendre trop
longtemps avant de remettre de
l’expérience aux PJs : quasiment à chaque
séance, les joueurs devraient recevoir une
petite récompense pour leur personnage. Si
l’histoire s’étale sur plusieurs séances, et
doit être découpée, le meneur ne devrait
pas attendre la fin de l’histoire, mais étaler
les récompenses au fur et à mesure du jeu :
récompenser les PJs à chaque séance, en
plus de donner de la motivation aux
joueurs pour continuer, incite également à
plus de régularité : les joueurs qui viennent
plus souvent auront plus d’avancement et
de progression que les irréguliers.
Faut­il pour autant être égalitaire et donner
le même nombre de points à tous les
personnages ? Ce serait à nouveau perdre
un outil précieux pour le meneur ! Il peut
prévoir une légère différence entre ce que
les personnages recevront, afin par
exemple d’encourager ou de féliciter les
bonnes idées, le bon roleplay ou tout autre
critère qu’il jugera bon pour le jeu, la partie
et le groupe. Cela peut permettre de faire
évoluer les comportements des joueurs
d’une séance sur une autre. Attention bien
sur à ne pas tomber dans le favoritisme : si
différence il y a, il ne faut pas que cela se
transforme en arbitraire, malgré la part
subjective d’appréciation du meneur.
Le MJ devrait également déterminer le
meilleur moment pour remettre
l’avancement au joueur et pour le valider et
mettre à jour les fiches. Cela peut varier en
fonction des groupes, du timing des parties,
de l’organisation des séances. Ce qui est
important c’est de trouver un rythme : par

exemple donner les points d’expérience en
fin de séance au moment du debrief avant
de terminer la partie, les dépenser et faire
l’avancement au début de la séance suivante
avant le démarrage. Ainsi les joueurs ont le
temps de réfléchir entre les sessions sur la
manière dont ils souhaitent faire évoluer
leur héros.
Enfin ce que le meneur peut faire, c’est tenir
un suivi des points d’expérience remis à
chaque personnage et donc au groupe. Un
modèle est donné en aide de jeu : le meneur
va noter en ligne, les joueurs et les
personnages du groupe, et en colonne, les
différentes séances et le nombre de points
d’expérience ou d’avancement qui sera
remis à chacun, après chaque partie. Un tel
suivi (qui peut aussi être tenu sous Excel
pour les meneurs férus de technologie…)
est utile, pas tant pour contrôler les
dépenses en points d’expérience du groupe,
que pour jauger du niveau général
d’évolution du groupe (en ayant le cumul
de l’expérience accumulée par joueur et au
niveau de l’ensemble des PJs) : cela permet
d’équilibrer les prochaines aventures, de
suivre également la régularité des joueurs
au fil de la campagne, et enfin de savoir
comment intégrer de nouveaux
personnages en cours de route.
En effet, que ce soit le nouveau personnage
qui remplace un autre personnage disparu,
ou bien le personnage d’un tout nouveau
joueur, la question qui se pose en général
dans le jeu en campagne est de savoir quel
est le niveau d’avancement ou d’expérience
qu’il faut lui donner. D’une part, le faire
recommencer à zéro serait très frustrant, de
par la différence de niveaux, mais d’autre
part, le mettre sur un pied d’égalité avec les
autres serait trop pénalisant pour ceux qui
sont là depuis le début. C’est à chaque
meneur de se trouver sa manière de
procéder et de la préciser au groupe
suffisamment tôt dans la campagne, voire
dès le début (quand elle n’est pas précisée
dans le système de règles). Certains
meneurs coupent la poire en deux en optant
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 5 ­ L’évolution du groupe
pour donner au nouvel entrant la moitié du
niveau moyen du groupe : cela implique
donc de savoir, à l’aide du suivi où se
trouve ce niveau « moyen ».
…contre la course au pouvoir
N’oubliez pas que l’évolution du groupe,
ce n’est pas uniquement l’avancement des
personnages. Une bonne campagne devrait
mettre en scène, au­delà de la simple
progression mécanique des héros,
également leur évolution psychologique,
leur montée en puissance ou leur décadence
dans l’univers et tous ces autres éléments
qui font que le personnage a « changé »
entre le début et la fin de l’épopée.
Ce qui peut avoir évolué, facilement, c’est
l’équipement, le matériel, les objets et
possessions du groupe : en plus de gagner
en expérience, le groupe va découvrir de
nouveaux artefacts, parfois bénéfiques,
parfois maléfiques, avec des origines et des
sources diverses. Certains peuvent être
communs, d’autres beaucoup plus rares et
recherchés, allant même jusqu’à l’objet
unique autour duquel tournera toute la
campagne (pensez à une célèbre histoire de
hobbits et d’anneau…) et qui sera source
d’intrigues au sein du groupe ou bien avec
d’autres personnages de l’univers. Les
autres possessions matérielles comme un
refuge, un château, un lopin de terre, un
manoir victorien, un vaisseau spatial, sont
autant de possibilités d’évolution en cours
de campagne : un personnage ou un groupe
qui doit gérer un domaine ou un refuge de
ce style peut également amener de
nombreuses sources d’intrigues.
Avec ces propriétés vient parfois
l’influence et le statut que peuvent récolter
les personnages au long de la campagne.
C’est un autre axe de progression du
groupe que le meneur ne doit pas négliger :
les missions et aventures du groupe
peuvent les amener du moment où ils ne
sont que des anonymes, à une situation où
leur nom est connu et reconnu : certains
181
 Ch 5 ­ L’évolution des PNJs
systèmes mettent en scène également cette
progression par des « rangs » ou un système
de points de « renommée ». Sans forcément
avoir les mécaniques de règles ou les scores
en jeu, le groupe devrait sentir qu’au fur et à
mesure qu’ils accomplissent des choses, ils
gagnent en importance. Cela peut mener
également à des enjeux plus stratégiques et
politiques dans le jeu : et si les personnages
devenaient suffisamment importants pour
prendre le contrôle d’une ville, d’une
planète ? En prenant le contrepied de cela,
on peut très bien imaginer une campagne
où c’est tout l’inverse : les personnages
commencent nobles, avec un titre et une
réputation, et les évènements du jeu les
entraînent vers le bas. La campagne peut
alors mettre en scène leur lutte pour
retrouver leur place, et laver leur honneur
par exemple.
Un autre type d’évolution que peut subir
également le groupe, avec ses bons et ses
mauvais aspects, ce peut être sa décadence,
ou les séquelles et cicatrices que les
personnages peuvent subir au fur et à
mesure de l’aventure. Pareillement certains
jeux ont des systèmes pour simuler cette
évolution (comme la Santé Mentale ou
encore l’Humanité) mais même sans ces
règles, le meneur peut mettre en scène
l’évolution du groupe sur cet aspect : au fur
et à mesure des aventures, ils en découvrent
plus sur l’univers, mais gardent également
les traces, physiques ou affectives, de ce qui
a pu leur arriver. Les personnages peuvent
porter des cicatrices apparentes, être
victimes de malédiction, développer des
phobies, ou à l’inverse se découvrir de
nouveaux pouvoirs, différents, qui font
d’eux des êtres à part. Dans un univers
contemporain fantastique par exemple, un
simple étudiant intéressé par le paranormal,
peut petit à petit développer des talents de
sorcellerie et basculer vers la folie en même
temps. Le MJ devrait être capable de penser
à ces évolutions et les proposer aux joueurs
au fur et à mesure de l’avancement.
Les caractères des personnages peuvent
182
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
également être amenés à évoluer : ils
peuvent se durcir, face à des enjeux
toujours plus importants, ou bien devenir
plus ouverts d’esprit au fur et à mesure de
leurs découvertes. Entre les personnages, il
peut également se créer des tensions, des
rapprochements ou des rivalités au fur et à
mesure de l’avancée de la série : tel
personnage peut en vouloir à un autre parce
qu’il a récupéré un objet qu’il pensait lui
revenir de droit, tel PJ cherche à se
rapprocher d’un autre car il souhaite qu’il
l’aide à réussir un de ses buts personnels…
Tout est possible, et sans forcément
transformer le groupe en une bande
d’acteurs de soap opéras ou en vils
manipulateurs, entretenir et faire évoluer
les relations entre les PJs est également une
manière de faire évoluer le groupe : le
meneur peut donc essayer d’alimenter de
temps en temps ces intrigues, en mettant en
scène par exemple des scénarios qui
trouvent leurs idées de départ dans les
historiques des personnages.
Le groupe va donc évoluer au cours de la
campagne, et le rôle du meneur est de faire
le suivi de tout cela, s’assurer que les
personnages progressent suivant un bon
rythme, ni trop rapide, ni trop lent et de
montrer que les héros avancent, non
seulement par leurs caractéristiques, mais
également sur d’autres plans qui
apporteront plus de profondeur et de
richesse à l’avancement.
L’évolution des PNJs
S’il est assez classique de faire évoluer les
personnages des joueurs au cours de la
campagne, ce qui est plus rare et manque
parfois, c’est l’avancement et la
progression des PNJ. En toute cohérence, il
n’y a aucune raison pour que les
personnages non joueurs, que ce soient des
antagonistes de premier plan, des alliés
puissants, ou des contacts secondaires,
n’évoluent pas non plus en cours de jeu.
 Ch 5 ­ L’évolution des PNJs

Remplir le tableau des interactions

1. En ligne, le meneur va noter les noms et fonctions des principaux PNJ de l’histoire. Inutile de mettre
tout le monde, seuls les personnages proches du groupe ou les figures importantes ou influentes
devraient trouver leurs places ici. Les ennemis et antagonistes doivent également y figurer.
2. La première colonne est consacrée au groupe dans son ensemble. Elle permet de noter ce que le
personnage pense des héros en tant que groupe. En tête des colonnes suivantes, le meneur peut écrire
les noms des personnages des joueurs. Ces colonnes permettront d’enregistrer ce que les PNJs pensent
de chacun des héros, si cela diffère de l’avis général sur le groupe (si par exemple un PNJ est neutre
vis­à­vis du groupe mais a un « favori » parmi les héros).
3. Pour remplir le tableau, pour chaque PNJ le meneur va déterminer ce qu’il pense du groupe. On
peut imaginer qu’au démarrage ce sera neutre, sauf si l’historique des personnages en décide
autrement. Il va remplir la bonne case avec la mention suivante
o N : si le personnage est neutre vis­à­vis du groupe
o + : les personnages sont plutôt bien vus par ce PNJ
o ++ : le PNJ serait prêt à aider le groupe, raisonnablement
o +++ : un allié précieux, il est prêt à tout ou presque pour donner un coup de main aux PJ
o ­ : le groupe est plutôt mal vu ou mal considéré par ce personnage
o ­­ : le PNJ va nuire d’une manière ou d’une autre au groupe, s’il en a l’occasion
o ­­­ : Un ennemi mortel ou un antagoniste qui cherchera à se débarrasser du groupe

Une fois rempli après le premier scénario, le tableau devrait être remis à jour régulièrement, après
chaque haut fait du groupe, victoire ou échec.

Le méchant gagne un niveau Cependant, l’avancement, au même sens

Faut il tenir un compte aussi scrupuleux
que pour l’expérience du groupe ? Pas
nécessairement, tout dépend en réalité de
l’importance que revêt le PNJ au cours de
l’histoire. S’il n’est destiné à apparaître
qu’une seule et unique fois au cours de la
campagne, il va de soi qu’on ne s’embêtera
pas à le suivre ou à le faire évoluer. Pour les
personnages récurrents, les « grands
méchants », les alliés ou protecteurs, ou
certains personnages de second plan mais
qui reviennent régulièrement (indic, contact,
soutien, famille des personnages), il serait
intéressant que le MJ cherche à les faire
évoluer également.
Pour les plus importants d’entre eux, il
devrait à la limite les considérer quasiment
comme des personnages­joueurs : à l’issue
de chaque aventure, ils auront appris,
évolué et progresseront petit à petit.
que ce lui des PJ (expérience, nouvelles
capacités et nouveaux pouvoirs), n’aura de
sens que si les personnages sont
sensiblement du même niveau que ceux des
joueurs : si le grand méchant de votre
campagne médiéval est un sorcier tout
puissant, d’un niveau bien supérieur à celui
des personnages, gagner des « points
d’expérience » au même sens que le groupe
n’aura qu’un impact négligeable. Par
contre, si l’antagoniste de votre campagne
est un roublard qui a démarré comme petit
voleur de rue au même niveau que vos
personnages et qui au fur et à mesure de
l’avancée des séances gagne en influence et
en importance, il peut être intéressant de
montrer son évolution, à la fois dans les
actes en jeu et dans les chiffres.
Sans forcément développer la progression
des PNJ comme celle des PJ, les
personnages du meneur peuvent également

183
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 5 ­ L’évolution des PNJs
gagner des objets, des artefacts, qui peuvent
leur donner également une stature ou une
importance supplémentaire. Le simple
bibliothécaire de la ville pour un jeu se
déroulant dans les années folles, peut se
transformer d’un scribe gratte papier en
exorciste de service s’il découvre par
exemple un ancien rituel de purification
dans ses archives, ou au cours d’un scénario
avec le groupe. Les PNJ peuvent également
grimper en statut ou en influence, ce qui
peut amener à des scénarios plus
politiques : et si dans une campagne
militaire le simple lieutenant se trouvait
propulsé à l’état major en cours de partie ?
Le roublard des rues du début de campagne
peut devenir chef d’une guilde de voleurs,
ou encore rejoindre par diverses
manipulations le rang des notables de la
ville… Les PJs peuvent avoir un rôle à jouer
dans ces différents changements : ils
peuvent vouloir pousser ou soutenir un
allié, ou à l’inverse essayer de nuire à un
adversaire. Ils peuvent aussi très bien ne
rien avoir à faire avec cette histoire et se
rendre compte un jour, par surprise de ce
qui s’est passé : le sorcier néfaste qu’ils
combattaient est devenu un conseiller
stratégique du roi, comment réagir alors et
le dénoncer ? A moins qu’il n’ait réellement
changé et abandonné ses ambitions… Les
situations qui peuvent être engendrées par
ce genre d’évolution pourraient amener des
instants de roleplay intéressants.
Les personnages du MJ peuvent également
évoluer dans leur personnalité : l’exemple
le plus typique est ce que l’on peut trouver
par exemple dans les univers de comics
comme dans Batman : Double Face ou le
Joker deviennent ce qu’ils sont suite à des
évènements qui ont altéré leur personnalité
(et leur apparence dans ce cas aussi). On
peut très bien imaginer le même genre
d’effets dans votre campagne : dans un
univers post apocalyptique un personnage
qui était de nature optimiste et constructive
dans sa communauté peut devenir, après
l’attaque de cette dernière par des sauvages,
184
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
plus vengeur, agressif et vil suite aux
cicatrices morales qu’il porte depuis. Les
évènements peuvent donc faire évoluer la
personnalité des PNJ de votre campagne.
Les antagonistes peuvent au départ voir les
personnages du groupe comme une petite
menace à traiter rapidement avec peu de
moyens, et voyant que ces derniers lui
donnent plus de fil à retordre que prévu,
vouloir mettre en place un plan plus
important pour les anéantir.
Ce qui amène à une autre évolution, au
niveau de la gestion des conflits : pour
mettre en scène un ennemi intelligent, le
meneur devrait faire en sorte qu’il tienne
compte de ses erreurs et adapte ses
approches, stratégies et tactiques au fil des
séances. Si par exemple un tueur à gages est
embauché par l’antagoniste pour éliminer
discrètement le groupe et qu’il échoue en
tentant une attaque directe, il essaiera peut
être de mener une embuscade ou d’attaquer
en sniper. C’est valable, bien sur, pour les
confrontations physiques directes, mais
également à une autre échelle, dans les
stratégies, les plans échafaudés pour arriver
au but, ou encore les manœuvres et jeux
sociaux et d’intrigues dans les campagnes
où le motif principal est plus politique.
Ce qu’on pense du groupe ou
le tableau des interactions
Si ces évolutions de PNJ n’ont pas besoin
d’être suivies d’aussi près que l’avancée du
groupe, mais doivent simplement être
gardées à l’esprit et mises en scène à bon
escient, ce qui peut être intéressant à suivre
pour le meneur, c’est ce que pensent les
PNJs le plus importants du groupe formé
par les personnages des joueurs.
Cela permet de mieux interpréter ces PNJs
en cours de jeu. Si un contact flic du groupe
dans un scénario futuriste voit le groupe
comme des perturbateurs, il n’aura pas le
même accueil ni la même approche qu’une
travailleuse sociale dont la vie a été sauvée
par les PJs quelques scénarios avant et qui

les considère comme ses sauveurs.
Comment sont vus les personnages des
joueurs par les autres protagonistes de
l’univers ? Et surtout comment cette image
évolue­t'elle dans le temps, en fonction des
actions du groupe : cet aspect donne une
dynamique et une vie propre à votre
univers : plus qu’un décor, c’est un lieu en
permanente évolution et interaction avec le
groupe.
C’est d’autant plus crucial dans les
campagnes de politique, d’influence ou de
gestion : si la fin de campagne d’un jeu
futuriste est une bataille interstellaire où les
personnages doivent mobiliser leurs alliés,
savoir exactement sur qui ils peuvent
compter prendra toute son importance ! Si
les personnages doivent dans un jeu
médiéval être jugés par les notables de la
ville pour un crime dont ils sont accusés,
savoir qui les voit d’un bon œil et votera en
faveur de leur libération et qui les perçoit
comme des fauteurs de trouble devant être
punis, connaître les avis de chacun avant le
procès sera utile pour le meneur et les
personnages devront alors déterminer sur
quelles cordes jouer pour tirer leur épingle
du jeu.
Le « Tableau des interactions » donné en
aide de jeu est l’outil pour faire ce suivi. Il
devrait être démarré dès la fin de la
première séance de la campagne, dès que les
rôles et protagonistes ont été présentés. Le
meneur n’a pas forcément besoin de le
mettre à jour après chaque séance, mais au
moins après chaque fait ou action
suffisamment important pour qu’il
parvienne à l’oreille du ou des PNJs
importants . Ce tableau permet de savoir
d’un seul coup d’œil ce que pensent les
personnages primordiaux. L’encadré
explique comment remplir et mettre à jour
cet outil. Le fait que les situations puissent
évoluer (les alliés d’hier peuvent devenir les
ennemis de demain et vice versa) permet de
mettre en scène un univers de jeu qui réagit
aux faits et gestes du groupe, ce qui donne
plus d’interactivité et d’impact aux joueurs
sur le monde.
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 5 ­ L’évolution des PNJs
Un univers qui rebondit
Pour vraiment rendre l’expérience du jeu et
de la campagne complètement interactive,
c’est tout l’univers qui devrait réagir aux
actions du groupe, et pas uniquement les
PNJs majeurs. Cela implique également les
lieux, les institutions, l’histoire, la manière
dont le monde évolue, même si c’est à un
niveau très mineur.
Par exemple si les personnages mettent le
feu à un bâtiment dans un scénario, ils
pourront voir ensuite peut être un peu
après des enquêteurs venus déterminer les
causes de l’incendie (et potentiellement
affronter les conséquences si on retrouve
leurs traces), puis après les travaux de
reconstruction, peut être que l’endroit va
être vendu, reconvertit, évoluer,
remplacer…
Si les personnages découvrent un nouveau
continent et établissent une nouvelle route
commerciale, de nouveaux éléments
peuvent apparaître dans les histoires
suivantes : ce peuvent être de nouvelles
compagnies marchandes qui essaient de
s’approprier cette route, les produits du
nouveau continent qui débarquent sur les
marchés, l’arrivée de migrants…
Toute action à laquelle participent de près
ou de loin les joueurs devrait avoir un
impact, et à nouveau c’est le bon sens du
meneur qui lui permettra de déterminer
quelques éléments à mettre en scène :
quelles sont les conséquences logiques et
naturelles des actes des PJ ? Comment
l’univers va­t­il réagir dans son ensemble,
au niveau global et au niveau local ?
Si les personnages ont été impliqués dans
une guerre qui a dévasté un pays, dans la
suite, on pourra assister à des scènes de
reconstruction, la population gardera des
séquelles, changera ses habitudes, sera plus
méfiante. Si dans un univers contemporain
les personnages ont chassé un loup­garou
qui terrorisait une zone rurale, les habitants
se montreront à l’avenir reconnaissant mais
demeureront superstitieux et craintifs d’une
nouvelle attaque.
185
 Ch 5 ­ L’évolution de la campagne
Tous ces éléments sont parfois de simples
détails, parfois des changements plus
importants : ce qui compte c’est de mettre
en scène une réaction des PNJ et de
l’univers au contact du groupe : après le
passage des héros incarnés par les joueurs,
quel a été l’impact de leur visite ? Ont­ils
apporté des changements ? Peuvent ils voir
ces changements à l’œuvre ? De même côté
PNJ : ont­ils évolué ? Quel est le regard
qu’ils portent sur le groupe ? Mettre en
scène quelques modifications permet de
donner une vie à votre microcosme et
apporte une dimension supplémentaire à la
campagne : l’interactivité et l’impact des
actions des joueurs.
L’évolution de la
campagne
Pour arriver à une campagne ouverte et
intéressante, qui évite d’emmener le groupe
sur des rails trop étroits et stricts, c’est la
campagne elle­même qui doit être remise en
question et être susceptible d’évoluer d’un
épisode à l’autre. C’est la raison pour
laquelle, lors de la préparation de la
campagne (voir chapitre 2) il vaut mieux
laisser des éléments non définis. Si tout est
écrit d’avance, jusque dans les moindres
détails, il n’y a plus de marge de manœuvre
pour le groupe. Le flou qui a été laissé au
départ est l'espace de liberté dont disposera
le meneur pour faire évoluer la campagne
entre les scénarios pour tenir compte des
actions des PJs.
La route se construit au fur et
à mesure
Qu’est ce qui va faire évoluer la campagne ?
À quoi le meneur doit il être attentif pour
pouvoir, entre les séances, déterminer les
prochaines ramifications de l’intrigue ?
Il y a tout d’abord l’évolution « naturelle »
prévue de l’intrigue : dans la préparation
de la campagne, le meneur a développé (par
exemple sur la Description des Intrigues) un
186
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
enchaînement des grandes phases. Le
meneur va donc d’abord regarder quels
sont les éléments qui restent dans le cadre
de ce qui avait été prévu. S’il y a des
embranchements, le MJ va déterminer sur
quelle branche les personnages vont partir,
en fonction de leurs choix ou de leurs
réussites / échecs dans les aventures
précédentes. Sur cette progression
« naturelle », il faut bien garder à l’esprit que
la tension dramatique doit aller en
augmentant : les enjeux, les obstacles, les
adversaires, tout doit être de plus en plus
rythmé et complexe. D’autre part, le
meneur doit se sentir libre de rajouter des
éléments au fur et à mesure : les meilleures
idées viennent souvent des joueurs et ces
derniers peuvent lui suggérer une nouvelle
branche de la campagne ou de nouvelles
voies.
En effet, les actions des personnages
joueurs dans le scénario sont la matière
principale qui viendra alimenter l’évolution
de la campagne : si le groupe décide de
sortir complètement des sentiers battus, le
meneur devrait leur laisser la liberté de le
faire pour ensuite faire évoluer la campagne
et réfléchir à ce qui va se passer. Si par
exemple, au lieu de se mettre au service du
pouvoir en place pour diverses missions
comme le prévoyait la campagne, le groupe
décide de fomenter un attentat pour
prendre le pouvoir, le meneur devrait
intégrer cela : la campagne sera
radicalement modifiée mais n’en sera que
plus intéressante et plus immersive pour le
groupe car ils seront complètement aux
commandes de l’intrigue. Plus
modestement, sans forcément tout faire
voler en éclat, les actions des joueurs ont
toujours des conséquences et l’univers
devrait réagir aux actions imprévues du
groupe : chaque action importante devrait
avoir une réaction qui revient sur le groupe
à un moment ou à un autre dans la
campagne. Si par exemple, les personnages,
au lieu de tuer l’antagoniste d’un scénario,
jouent de façon diplomatique et arrivent à le

raisonner, il sera encore en vie pour la suite
de la campagne et pourra soit revenir pour
se venger, soit devenir un allié imprévu du
groupe qui reviendrait à un moment
providentiel.
En plus de ce principe action/réaction, une
autre source d’évolution de la campagne
pour le MJ ce sont les aspirations et
motivations des joueurs. Elles peuvent être
exprimées : certains meneurs demandent
aux membres du groupe ce qu’ils veulent
faire, la direction qu’ils souhaitent prendre.
Ils vont alors composer et faire évoluer la
campagne pour y intégrer les buts profonds
des personnages. Plus subtilement, les
intérêts des joueurs sont souvent « non­
dits » : les PJs peuvent en cours d’histoire
s’intéresser à un point de détail, ou vouloir
explorer un peu plus un élément qui est
secondaire au scénario. Cela révèle un
intérêt des personnages pour cet élément. À
partir du moment où cela a marqué les
joueurs, pourquoi ne pas dans un scénario
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 5 ­ L’évolution de la campagne
futur revenir sur ce point et en faire le sujet
d’une histoire complète ? Si par exemple les
personnages s’intéressent à une rumeur
locale qui s’avère n’être qu’une fausse piste
pour l’intrigue en cours, mais qu’ils ont
trouvée intrigante, le MJ peut en prendre
note, puis dans l’évolution de la campagne,
prévoir une séance prochaine où cette
rumeur sera explorée plus en détail. Le
meneur doit donc également savoir capter
ce « non­dit » pour mettre en scène des
intrigues que le groupe aura envie de suivre
jusqu’au bout.
La campagne Frankenstein :
elle est vivante !
Le meneur ayant réfléchi à partir des
actions/réactions, ou des envies des
joueurs, comment intégrer tout cela au
cadre qui a été préparé ?
Il est possible de modifier quelques
éléments de la toile de fond de tous les
187
 Ch 5 ­ L’évolution de la campagne

Etude de cas : Le territoire sacré

Dans un univers contemporain fantastique, vous mettez en scène une campagne où les personnages
sont des enquêteurs qui travaillent sur des affaires impliquant du surnaturel, en Amérique du Nord.
L’intrigue principale de la campagne (à côté de quelques intrigues secondaires) tourne autour d’une
compagnie minière qui cherche à mettre la main basse sur un minerai qui se trouve dans un territoire
sacré des natifs américains. L’’un des membres du conseil d’administration de la société (appelons le
le « sorcier ») est d’autant plus motivé sur ce projet qu’il souhaite retrouver un temple sacré dédié à
un manitou (démon indien) pour invoquer ce démon et passer un pacte avec lui. Lui seul est au
courant de cette finalité du projet. Dans un épisode précédent, les personnages ont enquêté sur la
mort d’un administrateur de cette société, tué par une créature surnaturelle. Ce qui est resté dans
l’ombre, c’est que cette créature avait été invoquée en réalité par le sorcier, mais les personnages
n’avaient aucun moyen de le savoir et ne l’ont pas découvert. Dans la suite de cette intrigue
principale, les personnages sont mandatés par la société pour enquêter sur une disparition sur une de
leur mission de prospection. Au cours de ce scénario, il est prévu que les personnages rencontrent un
ancien de la tribu indienne qui leur parlera du temple et du démon enfermé qu’il ne faut pas
déranger. C’est un tournant de la campagne puisqu’à partir de là, les personnages commencent à
comprendre la menace que fait peser cette mission minière.Il est prévu qu’ensuite les personnages
doivent se débrouiller pour que l’entreprise annule ce projet (convaincre les autres membres du CA,
dévoiler le fond de l’histoire…). Cependant au cours du scénario, les personnages tuent l’ancien
indien par inadvertance (sur un échec critique) sans laisser le temps à ce dernier de leur faire les
révélations nécessaires. Comment faire alors évoluer la campagne suite à ce scénario ?

scénarios suivant, pour refléter un impact version du jeu !

qu’ont eu les joueurs sur l’univers. Ces
quelques petits détails qui ont changé sont
présentés en arrière plan, mais sont bel et
bien là, pour montrer une évolution. Par
exemple, dans une campagne steampunk
uchronique, si les personnages, enquêtant
sur une nouvelle invention ressemblant à
nos « zeppelins » en viennent à détruire
complètement la flotte de dirigeables que
l’inventeur avait prévu de dévoiler au
monde (et qui dans la campagne et l’univers
devait révolutionner la manière de se
déplacer), le meneur peut montrer l’impact
des joueurs sur le monde : au lieu d’avoir un
nouveau mode de déplacement aérien, les
voyages en dirigeables n’auront jamais lieu
et il faudra attendre encore quelques années
avant qu’une autre invention, ressemblant à
nos avions n’apparaisse et ne se répande. Le
meneur ne doit pas avoir peur de s’éloigner
du cadre décrit par l’univers : n’oubliez
jamais que c’est votre univers et votre
Dans le cas où les personnages s’intéressent
à un élément bien spécifique, ou que les
actions ont des conséquences qui
mériteraient d’être développées dans une
histoire complète, alors le meneur peut
créer une intrigue secondaire, qui viendra
s'ajouter à la trame ou remplacer une autre
intrigue de la campagne. En reprenant
l’exemple précédent de la rumeur locale, le
meneur peut mettre en scène une intrigue
sur ce thème sur un ou deux scénarios, en
remplacement d’une autre intrigue
secondaire initialement prévue. À défaut
d'en faire un scénario complet (s’il n’y a pas
assez de matière), il est également possible
d’utiliser l’idée comme piste secondaire
dans un scénario suivant : ce dernier en
sera plus complexe et donnera donc plus de
choix au groupe.
Si les conséquences des actions imprévues
du groupe sont trop importantes et obligent
à faire une modification majeure de

188
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 5 ­ L’évolution de la campagne

l leur manipulation va réussir et qu’ils

Quelques pistes pour la campagne
’ pourront prendre le pouvoir, avec les
du territoire sacré
i avantages et les inconvénients de ce
dernier… C’est donc une nouvelle piste
Comme dans toute étude de cas, il n’y a pas de
complète que le meneur va ébaucher pour
bonne ou de mauvaise solution, cependant face à
l’intrigue principale, en fonction de ce que le
une telle modification de l’intrigue principale, le
groupe va tenter de faire, de sa
meneur doit reconsidérer toute sa trame. Voilà
connaissance de l’univers et de la logique
par exemple ce qui pourrait être fait, les deux
interne de celui­ci.
solutions n’étant pas incompatibles entre elles :
Sur le document de Description des
o Donner aux personnages une autre opportunité
Intrigues, rien ne devrait donc être figé :
de découvrir la vérité sur l’existence du temple et
entre chaque séance, ou après chaque action
du manitou prisonnier : ce peut être les restes
majeure du groupe (prévue ou non), le
d’une vieille légende, ou bien la rencontre avec
meneur devrait reconsidérer l’ensemble de
un ranger au cours d’une autre enquête : ce
la suite de sa campagne et y intégrer :
dernier tient une histoire de sa famille qui raconte
o les petites modifications de la toile de fond
comment le démon avait été affronté, vaincu et
o les nouvelles intrigues secondaires ou one
enfermé avec l’aide des natifs.
shot
o Faire jouer toutes les conséquences : plusieurs
o les évolutions mineures et majeures de
mois après, les populations natives sont expulsées
l’intrigue principale
et la mine s’installe. C’est alors que des morts
étranges apparaissent : et si le rituel pour réveiller
Les campagnes légendaires et mémorables
le manitou nécessitait des sacrifices ? Et si ce
sont celles où le groupe peut voir son
dernier était sur le point de revenir ? Les
impact sur l’univers du jeu et où l’intrigue
personnages peuvent en apprendre plus et
évolue en fonction de leur choix, sans être
chercher alors à empêcher l’invocation, mais ils
pré écrite . Le rôle du MJ est donc de
n’ont plus que très peu de temps devant eux.
remettre en question, entre les histoires,
l’évolution naturelle de la campagne, et de
savoir la faire changer de direction
ntrigue principale et de la trame, le meneur complètement s’il le faut. Voilà pourquoi il
devra reprendre complètement sa vaut mieux éviter de tout préparer de A à Z
description des intrigues et la revoir en en ce qui concerne la campagne, si trop
fonction des conséquences des actes du d’éléments sont figés, le meneur perdra
groupe. Le meilleur moyen pour cela l'opportunité de faire évoluer le jeu en cours
consiste pour le MJ à se mettre dans « la de route. Le bon compromis consiste à
peau » de l’univers et de réfléchir aux préparer les scénarios au fur et à mesure
conséquences logiques : antagonistes, PNJs, que ces derniers sont joués, pour tenir
lieux, quelle sera la réaction et comment justement compte des évolutions de la
l’intrigue va­t­elle être modifiée ? Dans le campagne.
cas où les PJs ont décidé de saboter le
pouvoir en place au lieu de l’aider,
comment la situation peut elle évoluer ?
Peut être les autorités vont découvrir leur
plan et se mettre à les pourchasser… peut
être que les autres opposants au pouvoir en
place vont chercher à s’unir avec le groupe
s’ils entendent parler d’eux… peut être que

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 5 ­ Impliquer les joueurs entre les parties
Impliquer les joueurs
entre les parties
Le cœur de la campagne se déroule bien sur
pendant les parties, avec les différents
scénarios qui posent la séquence des
évènements et construisent l’histoire de son
démarrage à son apothéose. Il serait
cependant dommage pour le meneur de ne
pas exploiter également les intervalles de
temps réel entre les parties pour consolider
son univers, impliquer les joueurs et faire
vivre sa campagne.
Jouer entre les séances
Cette démarche peut prendre se décliner
selon deux axes : les démarches d’appel à
contribution des joueurs et les démarches
déclenchées par le meneur de jeu. Dans la
première catégorie, le plus basique consiste
à demander aux joueurs ce que leurs
personnages font dans l’intervalle de temps
de jeu entre les histoires, en général par
PBEM (Play by Email) ou par PBF (Play by
Forum), selon les structures de
communication en place au sein du groupe.
Dans sa forme la plus simple, il suffit
d’annoncer par mail ou oralement à la fin de
la séance « vous disposez de x jours en
temps de jeu avant la prochaine séance,
vous pouvez me faire parvenir par e­mail
les actions spécifiques à votre personnage
d’ici là ».
Il y a bien sûr un bon équilibre à trouver
pour éviter que le jeu ne se transforme
complètement en jeu en dehors de la table.
D’abord il faut définir le bon intervalle de
temps par rapport à la chronologie de la
campagne. Si vous êtes dans un univers où
le temps fictif s’écoule rapidement (une
campagne où il se déroule un scénario par
année de jeu) les possibilités seront plus
importantes que si les personnages n’ont
que quelques heures devant eux.
Il est ensuite nécessaire de poser la limite
entre ce qui peut être fait en dehors de la
table et ce qui doit être géré en groupe.
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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ainsi dans les jeux plus compétitifs où il y a
des rivalités ou tensions entre les
personnages, il faut être vigilant à ne
permettre que des actions raisonnables et ne
se mettant pas en porte­à­faux vis­à­vis
d’un autre joueur. Si le personnage veut
aller plus loin dans ses manœuvres, il
faudra que cela soit géré à la prochaine
séance, en laissant une chance à l’autre parti
de déceler la manigance. Il en va de même
si le personnage veut effectuer une action
dangereuse ou risquée dont l’issue est
incertaine : les séquences devraient alors
être jouées de visu, en utilisant les règles du
jeu, éventuellement en privé avec le meneur
de jeu.
Une autre forme de contribution qui peut
être demandée au groupe peut prendre la
forme de comptes rendus ou de documents
sur les séances précédentes. Cette
démarche est un bon moyen d’impliquer les
joueurs en leur donnant un rôle actif dans la
campagne et le suivi, et devrait être
récompensé par le Meneur avec par
exemple de l’expérience supplémentaire ou
quelques avantages en plus en jeu (tout en
restant équitable et sans tomber dans le
favoritisme !). Cette démarche doit bien sûr
rester volontaire de la part du groupe qui
peut ainsi écrire :
o Des résumés / comptes rendus / récits de
parties antérieures et précédentes, qui
serviront alors également d’archives pour la
campagne, à la fois pour le meneur et pour
le groupe. Le meneur peut archiver les
notes au même endroit, en garder une copie
pour lui­même qu’il pourra annoter en
rajoutant les secrets et informations que le
groupe n’a pas saisis et une copie pour le
groupe qu’ils pourront consulter. On peut
même imaginer que ce document pourrait
être complètement intégré dans le jeu,
comme dans certains systèmes, et être par
exemple un rapport exigé par les
commanditaires de la mission qui devient
un élément dans la campagne qui a une
influence sur les parties futures.
o Un journal intime du personnage pour
 Ch 5 ­ Impliquer les joueurs entre les parties

jeux se jouant plus sur l’introspection et

l’interprétation. Ce dernier resterait
uniquement entre le joueur et le meneur de
jeu. Cette formule fonctionne bien auprès
des joueurs qui favorisent l’interprétation
sur l’aspect jeu de la partie.
o Des documents non narratifs liés à
l’histoire en cours ou aux histoires futures :
Si l’un de vos joueurs a un bon coup de
crayon, il pourrait illustrer un personnage,
un lieu ou une scène de l’épisode précédent.
Si des recherches peuvent être nécessaires
pour des détails historiques, ou des
informations, l’un des joueurs peut être mis
à contribution pour cela, en évitant tout de
même de trop en révéler à travers cette
démarche sur la suite de la campagne. Par
exemple, si dans un univers contemporain
fantastique les personnages arrivent dans
une nouvelle ville à la fin d’une séance et
qu’ils exploreront ladite ville dans la
prochaine partie, on peut très bien
demander en échange d’une récompense la
recherche d’un plan et d’images de la ville
en question par un des membres du groupe.
Cela pourrait de plus se justifier en jeu si
l’un des personnages a le temps de faire des
recherches sur l’endroit (l’intellectuel du
groupe qui se rend à la bibliothèque par
exemple).

L’autre approche consiste pour le meneur,

de lui­même à approcher les joueurs avec
des informations ou des données sur la suite
du jeu. Cette démarche n’est pas
nécessairement opposée à la précédente,
d’ailleurs les deux se complètent en général
très bien. On peut d’abord imaginer que le
meneur utilise le temps entre les scénarios
pour des intrigues secondaires ou liées à
l’historique des personnages, par forum ou
par e­mail comme expliqué précédemment,
si ce n’est qu’ici ce sont les évènements qui
arrivent au personnage et ce dernier doit
répondre pour y faire face. Ces actions
peuvent également servir de base au
prochain scénario.
Par exemple, si les personnages vont devoir

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 5 ­ Impliquer les joueurs entre les parties

Utiliser le document de suivi de campagne

Pour clarifier l’utilisation du document de suivi de campagne en fin d’ouvrage, voici un exemple
de document de suivi rempli :
Numéro de chapitre et titre

Résumé en 2 lignes

Liste des personnages

Image d’illustration

sauver une personne enlevée, l’un des prévenant un dignitaire de la disparition de

personnages peut en entendre parler
autrement auparavant, car il connaît un
proche du disparu et ce dernier vient le voir
pour l’avertir.
Amorcer l’ambiance
Plus classiquement, le MJ va de toute façon
en tant qu’organisateur de partie planifier la
prochaine séance avec son groupe, cf. I. Les
bases d’une campagne réussie.
Avec l’invitation pour la partie, le meneur
peut faire parvenir par exemple un texte
d’ambiance de quelques lignes qui
pourrait présenter soit la situation initiale
du scénario, soit une description que les
personnages vont voir en jeu, soit des
éléments que les personnages vont être
amenés à voir rapidement dans l’aventure
et sur lesquels les joueurs pourraient avoir
un « aperçu ». Cela peut aussi être un fait
qui amène le commanditaire du groupe à
faire appel à lui.
En reprenant l'exemple de l'enlèvement ci­
dessus, le meneur pourrait aussi décrire
succinctement l’arrivée du messager
la personne et la décision de ce dernier de
faire appel au groupe.
Dans le même ordre d’idée, une autre
manière de plonger les joueurs directement
dans l’ambiance du prochain scénario
consiste à leur faire parvenir un document
que leurs personnages reçoivent dans le jeu.
Pour notre personne enlevée, ils peuvent
recevoir, par exemple, une lettre de mission
ou la copie d'un faux e­mail reçu par les
personnages les conviant à aller voir leur
commanditaire et leur expliquant la
disparition : recevoir l'ensemble dans un
format spécifique peut déjà donner le ton
du scénario. Cette option peut permettre
soit de gagner un peu de temps sur
l’introduction et le lancement du scénario,
soit de poser en avance une énigme ou un
élément d’intrigue qui se révèlera utile plus
tard dans l’histoire.
C’est ainsi qu’une autre option consiste à
donner au groupe un extrait de journal ou
de document d’actualité de l’univers en
question, ce qui fonctionne très bien dans
les ambiances contemporaines, futuristes ou

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 5 ­ Impliquer les joueurs entre les parties

Quelques références d’outils de suivi

Il existe beaucoup de possibilités concernant les formats et outils possibles pour suivre une
campagne et informer/impliquer le groupe entre les scénarios. Parmi ce qui est disponible
actuellement :
o Le Dossier de Campagne édité par Sans­Détour. Plutôt orienté pour le médiéval­fantastique, il peut
néanmoins être utilisé pour tout type de campagne. Le tableau « Résumé des Séances » permet de
consigner les éléments à chaque séance, soit avec une vue meneur, soit avec une vue joueur, selon le
niveau de détail proposé.
o Obsidian Portal qui existe à ce jour uniquement en langue anglaise mais qui reste tout de même un
outil intéressant de suivi de campagne : ce site web (www.obsidianportal.com) sur lequel il faut créer
un compte permet de suivre une campagne en enregistrant récits d’aventure, personnages, cartes. Le
tout peut se faire sous la forme d’un «wiki» où chaque notion peut être expliquée dans le détail en
créant un lien. Plusieurs filtres permettent de sélectionner les informations destinées à tous ou
uniquement pour le meneur. La version gratuite permet de suivre une campagne, alors que les
membres payants ont accès à une version étendue.

victoriennes. Ce document peut poser les
bases de l’intrigue principale de l’histoire,
servir de toile de fond pour une intrigue
secondaire ou n’avoir que peu à voir avec
l’histoire mais faire couleur locale pour le
jeu en cours.
Suivre la campagne
Plus rapide et plus abordable pour le MJ qui
souhaite aller à l’essentiel, on peut remplir
un document de suivi de campagne.
Plusieurs formats sont possibles (cf.
encadré) mais voici le détail de celui qui est
proposé en annexe, en format papier :
o L’en­tête du document permet de noter de
gauche à droite, le nom de l’univers, le nom
de la campagne, ainsi que la date de la
première séance.
o Pour chaque séance, un espace est prévu
pour y noter le titre, en général après la
séance – cf. III. Choisir un titre pour le
scénario ­ ainsi que la date de la séance.
o Le cœur du suivi consiste en un résumé de
deux lignes de ce qui s’est passé pendant le
scénario, sans rentrer dans le détail d’un
résumé complet mais suffisamment pour se
remémorer l’essentiel de la séance pour les
joueurs et pour le meneur. Par exemple
dans univers western : « Suivant la piste du
convoi disparu, les personnages arrivent
dans une mystérieuse ville fantôme ». Cette
synthèse servira uniquement de point de
repère, le reste des secrets restera dans les
notes du meneur et/ou des joueurs.
o La liste des personnages présents lors de
cette séance, avec éventuellement les noms
des joueurs qui les ont incarnés si vous avez
opté pour l’option de laisser des
personnages « flottants » (cf. I. Poser les
bases d’une campagne réussie). Cela permet
de savoir qui a joué quoi et quel personnage
a vu quel évènement.
o Le dernier cadre sert pour mettre une
illustration ou une image qui permet
visuellement de se souvenir du scénario. Ce
peut être un extrait d’une annexe au
scénario par exemple. Plus facile en général
si vous utilisez le fichier sous forme
électronique.
Comme ce document vise à la simplicité et à
la concision, sa remise à jour est très rapide
pour le meneur. Il le remet ensuite aux
joueurs pour que ces derniers puissent voir
petit à petit s’empiler les différentes parties
de la campagne et attendre avec impatience
la prochaine séance !

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CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 5 ­ Finir en apothéose
Finir en apothéose
Un bon suivi de campagne permettra au
meneur de garder ses joueurs en suspens
jusqu’à la fin, le moment où la tension doit
atteindre son paroxysme et où la campagne
doit trouver son dénouement. Ce moment
doit être le plus fort, le plus intense, voilà
quelques astuces pour faire en sorte que ce
soit le plus mémorable pour votre groupe.
Un bon final, ça se prépare…
Comme on l’a vu, il serait hasardeux, voire
gênant pour la liberté d’action des joueurs,
de tout préparer et détailler de A à Z
lorsque l’on prépare une campagne.
Cependant, pour être capable de donner
une direction à la trame, il faut tout de
même que le meneur ait une esquisse, une
première idée, de ce que sera le final de
l’action. Bien préparer le final commence
donc en amont : le meneur devrait laisser
apparaître des signes avant coureurs, des
prémisses ou des présages du final. Il peut
par exemple faire apparaître le lieu du
combat final dans un scénario précédent,
organiser une rencontre avec le grand
méchant (sans que les personnages ne
sachent que c’est lui qu’ils devront affronter
au final), ou encore montrer le symbole du
culte à déjouer dans le tout dernier
affrontement. Quelques petits signes ça et là,
distillés au fur et à mesure des scénarios,
feront leur effet pour préparer l’ultime
séance de la campagne. Attention tout de
même à ce que signes restent suffisamment
flous et mystérieux pour éviter de tout
révéler et de tout « téléphoner » au groupe !
Les quelques séances qui précèdent
immédiatement la fin de la campagne
devraient être l’occasion pour le meneur
d’accélérer le rythme de l’intrigue et
d’intensifier l’action : les évènements se
multiplient, les échéances approchent… Une
course contre la montre, par exemple dans
un scénario fantastique l’arrivée prochaine
194
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
d’une conjonction astrale favorable à un
rituel, ou bien dans un univers futuriste un
ultimatum lancé entre deux planètes en
conflit, peut aider à mettre en place cette
accélération dans les parties qui précèdent
l’apothéose de la campagne.
Le MJ devrait également essayer de voir un
peu plus grand pour la dernière séance que
pour les autres : le final est un moment
attendu de tous et on sait très bien qu’un
dernier épisode loupé laissé un goût amer
dans la bouche des joueurs. Le meneur
devrait donc autant que possible prévoir
quelque chose en plus pour marquer le
coup : prévoir par exemple de jouer dans un
lieu original et spécial, jouer avec une
musique supplémentaire ou différente,
prévoir des accessoires de jeu spécifiques,
ou bien tout simplement faire jouer une
séance plus longue que d’habitude.
L’objectif est de montrer aux joueurs que
l’on se trouve dans une partie pas comme
les autres, il faut donc éviter de préparer
cette séance à la dernière minute. L’exemple
des séries télé peut donner des pistes au MJ
: le scénario final peut être un épisode «
double » ou « triple » avec une coupure à
suspense entre les morceaux (le cliffhanger),
ou bien un épisode avec une ou plusieurs «
guest stars » (ce qui peut être en jeu le
retour d’un personnage depuis longtemps
disparu, l’intervention d’un PNJ important
de l’univers ou toute autre astuce de ce
genre).
« C’est la dernière séance »
En plus des circonstances ou accessoires
particuliers qui donneront une saveur
particulière au final de la campagne, le
contenu du dernier scénario est ce qui va
apporter au groupe des moments forts, et il
devrait donc être préparé avec minutie, en
incluant par exemple…
Une révélation ou un coup de théâtre peut
être au cœur du scénario final : les
personnages peuvent découvrir l’identité
secrète de tel ou tel PNJ, faire un

rapprochement qui leur était impossible
jusque là, assister à un retournement de
situation ou de veste complètement
inattendu. Autant que possible, le meneur
doit essayer de surprendre son groupe avec
quelque chose que les PJs n’avaient pas
deviné. Si les joueurs ont déjà une ou
plusieurs théories en concurrence, le final
est l’occasion de trancher et de donner
raison à l’une ou l’autre des parties sur ce
qui se déroule réellement dans la
campagne. Cependant, si tous les joueurs
ont déjà deviné à l’avance les tenants et les
aboutissants de l’intrigue, le meneur peut
essayer de modifier ce qu’il avait prévu
pour inclure quelque chose en plus : les
joueurs avaient vu juste, mais n’ont par
exemple pas cerné tel ou tel point de
détail… Sans non plus vouloir
systématiquement mettre le groupe en
défaut, le bon final devrait autant que
possible inclure une révélation ou une
surprise que les PJs découvriront en cours
de partie.
À défaut d’un grand chambardement, si la
campagne ne le permet pas, le meneur peut
également faire du final le moment où tout
se dénoue, où les éléments vus dans
différents épisodes auparavant
s’imbriquent les uns aux autres pour
donner l’image globale : les personnages
peuvent découvrir que c’est la même
organisation ou personne qui est derrière
tout ce qu’ils ont affronté jusqu’à présent,
ou encore récupérer les quelques éléments
nécessaires pour faire le lien entre des
choses qui paraissaient éparses et sans
cohérence au départ.
Dans le dernier épisode, tout comme des
signes avant coureurs annonçaient le final
en cours de partie, on peut également faire
écho au reste de la campagne et à la route
parcourue lors de ce dernier épisode : un
peu comme pour leur dire un adieu, le
meneur peut remettre en scène des
personnages, des lieux, des situations ou
des thèmes qui ont été abordés auparavant.
Le MJ peut aussi montrer l’évolution du
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 5 ­ Finir en apothéose
groupe et par exemple les remettre en face
d’une situation où ils ont échoué par le
passé et où cette fois ils ont plus de chances
de réussir : affronter un adversaire qui les
avait laissés impuissants auparavant, au
regard de leurs nouveaux pouvoirs et
niveaux plus élevés peut être très
intéressant et motivant pour les joueurs.
Pour que ce dernier scénario soit réussi, il
est important que les personnages en soient
plus que jamais les héros : ils sont aux
manettes, ce sont eux qui doivent agir pour
sauver le monde/ la ville / leur peau, et ils
peuvent devoir mettre en place un plan,
une stratégie et la mener à terme pour
vaincre. Ils sont au pied du mur et tout
repose sur leurs épaules, ou en tout cas,
c’est l’impression qu’ils devraient avoir
pour le final.
Le dernier scénario n’a pas de raison d’être
sur une structure différente des autres, si la
méthode des trois actes a fonctionné pour
vous jusqu’à présent, elle peut très bien être
utilisée à nouveau pour le final. Ce qu’il
faudra construire avec plus d’attention,
c’est la scène finale, le dernier acte, le
climax du scénario et donc de toute la
campagne. Si la campagne a été préparée et
un peu réfléchie, cette scène finale a été
visualisée au tout départ (cf chapitre 2
Créer la campagne) le meneur peut donc
repartir de cette vision initiale, toutefois
en l’adaptant : qu’est ce qui a changé en
cours de route par rapport à ce qui avait été
vu au départ ? Les personnages sont ils les
mêmes ? Les lieux, les enjeux ont­ils
évolués suite aux actions des joueurs ? Si
votre groupe est normalement constitué (et
que vous leur avez laissé une bonne marge
de manœuvre en jeu), la situation devrait
avoir logiquement changé par rapport à ce
qui avait été envisagé au départ : le meneur
doit donc tenir compte de ces changements
pour concevoir la scène finale.
Comme tous les autres scénarios, il n’est
pas nécessaire ou obligatoire de terminer
sur un combat : toutes les suggestions
données au chapitre 3 « Terminer un
195
 Ch 5 ­ Finir en apothéose
scénario » sont toujours utilisables, et même
recommandées. Un dilemme final ou même
le choix à faire d’un sacrifice peut très bien
fonctionner en fin de campagne, en utilisant
ou en transcendant le cliché : quelqu’un doit
se sacrifier pour tous les autres ou pour
sauver le monde, ou bien il faut choisir entre
son intérêt et la vie de milliers de gens.
Comme c’est la fin de campagne et qu’il n’y
a théoriquement, pas de lendemain pour le
groupe, ce genre de situation peut amener à
une intensité et à un moment héroïque pour
conclure le jeu. A noter qu’une fin de
campagne peut être « intense » sans être
forcément à chaque fois « épique » ou
« cosmique » : une situation intimiste peut
être toute aussi forte qu’une bataille rangée
impliquant la moitié des armées de l’univers
du jeu !
Enfin ce que le meneur doit prévoir, c’est
une fin complètement ouverte, plus encore
que dans d’autres séances. Comme c’est la
fin de tout, et qu’il n’y a a priori pas
d’autres parties à faire derrière, les
personnages peuvent très bien échouer, tous
mourir, l’univers peut être réduit à néant,
tout comme ils peuvent réussir, être
propulsés sur le trône… les conséquences
devraient être multiples et tout devrait être
possible et envisageable. Autant dans le fil
de l’intrigue, il y a d’autres évènements à
faire jouer derrière, et on peut concevoir que
le meneur veuille préserver les personnages
des joueurs, autant dans le final, c’est le
moment quitte ou double : la beauté du jeu
de rôle vient aussi du fait que tout peut
arriver, et les gentils peuvent parfois
échouer. L’histoire devrait pouvoir se
terminer bien ou mal, en fonction de la
manière dont les joueurs s’y sont pris et de
la qualité de leurs idées et de leurs succès.
196
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
« Là, je vais conclure » »
Après la scène finale, le meneur ne doit
pas faire durer en longueur le jeu : la
tension est retombée, et le MJ devrait
montrer les conséquences, bonnes ou
mauvaises, et éviter d’attendre que le
rythme soit complètement à plat. Certains
meneurs, font une ellipse et enchaînent
après la scène finale sur ce qui se passe
« quelques temps après », quitte à introduire
à ce moment là une nouvelle piste qui
pourrait être le point de départ de la
campagne suivante, si une suite est
possible.
En tout cas, l’univers devrait être modifié :
les choses ne seront plus jamais comme
avant, que ce soit pour le groupe, pour les
PNJ ou pour l’environnement. Les
évènements du final doivent être
suffisamment marquants pour être suivi de
conséquences que le meneur devrait
montrer et développer avant de conclure le
jeu.
Une petite astuce qui peut contribuer à faire
du dernier scénario un moment à part :
comme il n’y a pas de lendemain ou de
séances suivantes, les points d’expérience
peuvent être remis en cours de partie, et on
peut même imaginer faire l’avancement des
compétences des PJs en jeu, par exemple
avant la scène finale. Les personnages
peuvent donc utiliser de nouveaux points
forts/pouvoirs/capacités dans le final, ce
qui est plus utile que de donner les
récompenses en fin de séance, là où elles ne
seront plus utiles (sauf si une autre
campagne vient prendre la suite après).
La fin de campagne est le moment clé qui
devrait rester dans la mémoire du groupe :
les PJs devraient être au cœur de l’action et
le MJ devrait tout donner pour que cette
séance soit la meilleure de toute la
campagne… en attendant le prochain final !

Annexes
Faire une séance
d’initiation
Le meilleur moyen de faire découvrir le
JDR, d’amener des nouveaux joueurs à
notre passion commune, demeure
l’initiation. Les descriptions, les explications
ne sont que de très faibles outils comparés à
la simplicité et l’efficacité d’une
démonstration, qu’elle soit rapide sur un
salon, ou dans le calme d’un club ou d’une
table de jeu déjà établie. Quelle est la
meilleure manière d’organiser et mener
cette initiation ?
L’initiation : où ? Quand ?
Comment ?
Pour faire jouer au mieux une première
séance, il faut d’abord bien cerner les
conditions de cette partie et le temps dont
le MJ disposera pour faire jouer son
histoire. Plus que dans toute autre partie, le
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Annexes ­ Faire une séance d’initiation
timing est fondamental : quelqu’un qui
découvre le jeu ne voudra pas y passer trop
de temps et il vaut mieux être court et
efficace que long et ennuyeux.
Pour une initiation, il vaut mieux prévoir
au moins 45 minutes à une heure, c’est
souvent le maximum qu’on puisse avoir sur
un salon ou un festival : les gens sont de
passage, ont d’autres choses à voir et ne
sont pas prêts à consacrer plus de temps à
une initiation. Avec certains modes de jeu
bien spécifiques, on peut faire plus court,
mais en général avec du scénario «
classique » il ne faut pas viser moins. Elle
peut également être plus longue si on peut
jouer au calme, dans un club, ou chez un
joueur : les nouveaux pourront alors jouer
pendant deux heures à peu près, la durée
d’un
« gros » jeu de société. Privilégier une
séance plus courte, quitte à en faire une
autre derrière plus conséquente, est un bon
moyen d’initier : les nouveaux joueurs
197
 Annexes ­ Faire une séance d’initiation
peuvent ainsi entrer en douceur dans le jeu,
sans attaquer tout de suite une séance
longue de huit heures ou plus.
En plus du timing, ce que le meneur doit
garder à l’esprit, c’est le public auquel il
va faire jouer : des enfants ? Des jeunes
adultes ? Des gens qui ont déjà une
connaissance du jeu de société sous une
forme ou une autre ou des novices
complets ? Est­ce un groupe qui mixe
différentes tranches d’age et de population
(auquel cas il sera peut être plus difficile de
trouver des références communes…) ? Le
mieux étant de trouver un thème ou un
univers qui intéresse tout le monde, le MJ
peut sonder son groupe au départ en leur
demandant quel genre de films, de livres ou
de jeux vidéo ils aiment. Le meneur devrait
avoir sous la main plusieurs options (par
exemple un scénario médiéval, un scénario
fantastique et un scénario de science fiction)
et demander au joueur quelle est la
thématique qu’ils préfèrent. Les options qui
sont à privilégier sur une initiation sont
celles qui se rapprochent le plus des médias
et œuvres « grand publics » : les histoires de
super héros ou de zombies en contemporain
fonctionnent bien, avec l’avènement du «
Seigneur des Anneaux » et de sa série de
films, le médiéval est également devenu
porteur d’images facile à imaginer. Le
meneur ne doit pas avoir peur d’utiliser un
univers « cliché » : il sera d’autant plus
simple à imaginer pour des débutants, qui
devront déjà intégrer le fonctionnement de
base du jeu de rôle, les mécaniques de
résolution…
Le jeu, le jeu, le jeu !
La logique d’une partie d’initiation est
simple : il faut pouvoir aboutir au jeu le
plus vite possible, et élaguer au maximum
les explications, créations de personnages
fastidieuses et autres détours qui peuvent
rebuter quelqu’un qui débute : il faut que le
joueur potentiel puisse venir à la table et
démarrer le jeu le plus rapidement possible
198
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
(10 à 15 minutes grand maximum, 5
minutes est l’idéal mais difficile à atteindre).
Que faut il expliquer à un débutant :
d’abord ce qu’est le jeu de rôle, ce qui doit
prendre 5 minutes ou moins : le principe
d’une histoire interactive, un meneur de jeu
qui décrit une situation, les autres joueurs
qui vont « jouer » le rôle d’un personnage
principal de l’histoire, et décrire ce que font
leurs personnages dans l’histoire… en
fonction de quoi le meneur va décrire les
conséquences de leurs actions et faire la
résolution de ces actions si nécessaire, puis
enchaîner avec la suite de l’histoire qui se
construit donc au fur et à mesure. Le
meneur va ensuite décrire en une phrase
l’univers (d’où l’intérêt d’avoir utilisé un
cliché « Vous êtes des enquêteurs un peu
comme dans X­files » parlera à presque tout
le monde sans avoir besoin d’explications
supplémentaires) et embrayer sur les
personnages que vont jouer les participants.
Faut il ou non faire la création de
personnage lors d’une initiation ? Sur une
séance courte de moins d’une heure, sur un
festival, matériellement, à moins d’avoir des
règles de création simplistes (et encore, le
plus long est de trouver et choisir l’idée du
personnage), il vaut mieux utiliser des pré
tirés, que le meneur va présenter aux
participants et que le groupe va se répartir.
À nouveau, pour une initiation, il ne faut
pas avoir peur d’utiliser des archétypes :
en médiéval par exemple le guerrier violent,
le magicien mystérieux, le voleur discret et
sournois… plus le personnage se
rapprochera des poncifs du genre, plus il
sera facile à se représenter et à interpréter
pour un débutant. Sur une séance de
quelques heures, un peu plus de temps peut
être consacré à une création de personnage,
mais attention tout de même à ne pas
choisir un système de jeu qui sera trop
difficile ou long à prendre en main : si vous
faites un personnage en dix minutes montre
en main avec votre expérience du système,
un débutant aura peut être plus de mal ! Le

bon compromis est de garder un système
avec des règles de création simple pour une
première fois, ou bien de faire une
« adaptation » de personnage plutôt qu’une
« création » : autrement dit partir d’un pré
tiré ou d’un archétype, que le joueur peut
moduler ou finir comme il le souhaite : il
pourrait par exemple changer son
apparence, choisir son nom, sa liste de
talents ou de pouvoir, répartir des points
supplémentaires pour apporter la touche
finale… tout dépend du système mais partir
d’un archétype existant pour lui donner une
saveur personnelle est une manière
d’impliquer un joueur débutant dans la
création de son alter ego sans y consacrer
une séance complète.
Jouer avec des pré tirés présente beaucoup
d’autres avantages pour une découverte du
jeu de rôles : le meneur peut réellement
créer et faire jouer un scénario construit
autour des personnages et ainsi s’assurer
que les PJs auront un lien entre eux ou au
moins une implication logique dans la
situation qui sera jouée dans la séance. A
défaut, il peut toujours concevoir un
scénario qui mette en avant la
complémentarité des compétences des
personnages : chacun a un rôle à jouer et
devra utiliser une ou plusieurs compétences
dans le cours de l’aventure. Le dernier
avantage des personnages préparés à
l’avance, est qu’ils permettent également
d’attribuer les rôles en fonction des joueurs :
pour un débutant, il faut d’abord intégrer le
fonctionnement du jeu et des règles, donc
donner un personnage trop éloigné de sa
propre personnalité (par exemple donner le
rôle de l’amuseur à un joueur débutant trop
introverti) sera une difficulté de plus pour le
joueur, à éviter pour une découverte, sauf
peut être avec des gens habitués au théâtre
ou à la prise de parole en public. Autant que
possible il vaut mieux soit laisser choisir les
joueurs novices leur personnage, soit leur
donner quelque chose de « facile » à jouer
par rapport à leur personnalité et à leur
comportement.
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Annexes ­ Faire une séance d’initiation
Une fois que les joueurs ont choisi leur fiche
de personnage, le meneur peut se servir de
cette dernière pour faire une explication
rapide du système de règles. Il faut choisir
une mécanique qui soit la plus simple
possible : les systèmes techniques et
complexes peuvent attirer les joueurs
aguerris et passionnés mais sont à laisser de
côté pour les novices. Un système prévu
pour l’initiation (comme R.E.V.E.S. proposé
par la FFJDR ou encore Tranchons &
Traquons dans une ambiance plus « old
school ») ou bien une version épurée d’un
système simple (Basic) peuvent être utilisés.
Dans son explication au cours du briefing
initial, le meneur devrait uniquement aller à
l’essentiel, c'est­à­dire : comment résoudre
une action (lancer de dés, comparaison à un
seuil…) et quels sont les atouts et points
forts de chaque personnages (attaques du
guerrier, sorts du magicien, furtivité du
roublard…) et comment les joueurs peuvent
les utiliser en cours de partie. Tous les
autres détails du système de règle (combat,
initiative, encombrement, …) sont à exclure
complètement de l’explication initiale : le
MJ précise simplement qu’il y a d’autres
règles de simulation et qu’il les expliquera
en cours de jeu s’il y a besoin. Cela permet
de garder le « pré­jeu » au plus court et de
commencer la partie en elle­même
rapidement.
La première histoire
Quel scénario pour l’initiation ? Cela aura
son importance, car ce sera le premier
contact de nouveaux arrivant avec les
mondes imaginaires. A nouveau, le meneur
peut partir d’un cliché, comme pour
l’univers ou les personnages pour le
contenu… bien qu’il puisse tout de même y
mettre une petite subtilité ou un
retournement de situation inattendu.
Sur une séance courte de 45mn, on ne peut
pas faire de scénario dans sa structure
classique telle qu’elle a été présentée au
chapitre 3 de cet ouvrage. Il faut faire
199
 Annexes ­ Faire une séance d’initiation
beaucoup plus court, surtout si on enlève
encore 5 ou 10mn d’explication au
démarrage : on ne va pas faire jouer ici un
« scénario » a proprement parler mais une
« situation » qui aura la structure suivante :
o Une situation initiale : les PJs peuvent être
tous ensemble dans cette situation, ou bien
séparés. La scène est décrite rapidement,
avec une petite visualisation du décor et de
l’univers pour donner une ambiance.
o Un élément perturbateur qui peut
rassembler les personnages si besoin, et
ensuite les lancer dans l’aventure. En
contemporain, ils pouvaient voyager en
voiture et cette dernière tombe en panne, au
milieu de la nuit, sur une route déserte…
o Une micro phase de
décision/enquête/interprétation où les
personnages vont découvrir plusieurs
facettes du jeu, tester le système de règles :
dans l’exemple ci­dessus, ils peuvent
chercher à contacter des secours, trouver un
abri pour la nuit, retrouver leur route au
milieu de la forêt où ils se sont arrêtés.
o Une résolution rapide de la situation :
combat, poursuite, scène d’action… quelque
chose de simple et qui sera vite terminé : au
milieu des bois, les personnages sont pris en
chasse par une créature ou voient des lueurs
étranges.
o Une fin sur une révélation, un
retournement de situation et éventuellement
un « cliffhanger » (fin à suspens) qui donne
envie aux joueurs de continuer.
Inutile de vouloir faire plus compliqué ou ce
sera forcément trop long. Par contre, si le
meneur dispose de plus de temps (deux
heures ou plus) pour faire jouer alors il peut
se rapprocher un peu plus de la structure de
scénario classique, avec tout de même ces
modifications :
o L’implication doit être rapide et sans
ambiguïté : les personnages doivent pouvoir
deviner très vite pourquoi ils sont là. Un in
media res clair et bien amené peut
fonctionner (attention à ne pas faire trop
exotique tout de même pour un groupe de
novices).
200
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
3 situations pour initier sur un salon
Pour avoir trois situations clés en main en
vue de réaliser une initiation sur un salon,
avec synopsis et idées de personnages­
joueurs, vous pourrez trouver sur notre blog
(sur www.labibledumeneurdejeu.com ) des
situations toute prêtes pouvant être utilisées
dans le cadre d’une initiation courte (45
minutes) :
o Le vol des gargouilles (médiéval
fantastique)
o A tombeau ouvert (contemporain
fantastique)
o Retour de Pluton (science fiction)
o Le deuxième acte, le développement de
l’intrigue doit être écourté, pour pouvoir
faire tenir toute la séance en deux heures. Il
faut aller au plus vite vers la résolution et le
final du scénario.
o La fin du scénario est un moment clé, qui
par contre devrait être développé et
prendre trente minutes à une heure.
D’une manière générale, quelque soit le
format de l’histoire, le scénario doit
montrer des situations diverses, afin que le
nouveau venu puisse se faire une idée de
toutes les possibilités du jeu : scènes de
roleplay, descriptions, scènes d’action,
combats, énigmes/résolution de problème.
L’histoire ne doit être ni trop longue ni trop
compliquée : il ne faut pas qu’il y ait trop
de « branches » dans l’arborescence, ni de
solutions tirées par les cheveux en cours de
partie. En restant simple, en proposant une
histoire facile (voire linéaire), les joueurs
débutants peuvent se focaliser sur la
découverte de l’interprétation du
personnage et de la mécanique de
résolution des actions. Les classiques
peuvent être utilisés : pour une séance de
deux heures, un « porte­monstre­trésor » ou
son équivalent dans votre univers peut être
une option, en y ajoutant quelques scènes
d’interprétation ou de réflexion.

Sur une initiation, il va de soi que le meneur
ne cherchera pas à piéger ses joueurs, à être
retors ou à martyriser les personnages (il ne
devrait même d’ailleurs jamais le faire,
quelle que soit la partie…), mais au
contraire à faire la part belle à la
découverte et à aider les joueurs si ces
derniers en ont besoin. Le scénario devrait
se terminer sur une accroche ou une
amorce d’une autre histoire, plus longue,
sur laquelle le meneur pourrait rebondir si
des joueurs se laissent prendre au jeu et
veulent continuer. Enfin, il est bon de
prendre cinq minutes en fin de jeu pour
débriefer, échanger avec les nouveaux
joueurs sur leurs impressions, s’ils ont
accroché ou non et les orienter sur un club,
un site web ou une référence s’ils veulent
continuer.
Ce qui peut également booster l’intégration
et l’arrivée de nouveaux joueurs, c’est de
mélanger anciens et nouveaux sur une
même table de jeu. Il n’y a pas forcément
besoin d’avoir un très grand groupe pour
cela : une initiation à trois personnes (un
meneur, un joueur expérimenté, un novice)
est une bonne configuration. Si le groupe est
plus large, il faut s’assurer en tant que
meneur que les « anciens » ne feront pas
tourner la séance au bizutage : leur parler
avant du rôle qu’ils ont à jouer dans cette
initiation (aider les nouveaux à se sentir les
bienvenus, ne pas leur faire peur ou ne pas
les faire passer pour des moins que rien). Le
meneur peut vouloir asseoir autour de la
table un ancien entouré de deux nouveaux
et éviter de faire des « clans » de part et
d’autre du MJ. Enfin dans le scénario, les
nouveaux arrivants devraient avoir le beau
rôle, les plus expérimentés prenant du recul
et les laissant sur le devant de la scène. Ce
genre de partie aura le mérite non
seulement d’aider les débutants à mieux
comprendre les rouages du jeu en prenant
exemple sur les plus anciens, mais aussi de
les mettre en contact avec de futurs
partenaires de jeu potentiels ou membres de
clubs, ce qui peut faciliter ensuite une
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Annexes ­ Gérer une partie avec un grand groupe
pratique régulière.
On ne peut faire une première impression
qu’une seule fois… puissent ces quelques
idées vous aider à réaliser des initiations qui
contribueront à faire passer la flamme du
jeu de rôle autour de vous !
Gérer une partie avec
un grand groupe
Une fois de temps en temps, il se peut que
vous soyez amené à maîtriser une partie de
jeu de rôle avec une bande de joueurs un
peu plus importante que d’habitude : au
lieu de deux à cinq joueurs, il peut arriver
qu’en tant que meneur vous deviez animer
une partie pour six, huit voire dix joueurs
(ou même plus !). Le défi est difficile à
relever. Il demande à la fois une certaine
expérience et une certaine aisance, mais en
même temps un scénario et une manière
d’envisager la partie qui s’éloigne de la
structure classique .
Introduction, développement…
confusion
Vouloir mener une partie en grand comité
avec les méthodes classiques de conception
de scénario est une gageure et risque de
mener tout droit à l’échec. Au­delà des
problèmes d’équilibrage qui risquent de se
poser (les combats dureront un temps
extrêmement long avec huit ou dix PJs,
quelque soit le système de jeu), c’est dans
les interactions et la décision que le scénario
classique va échouer. Avec un grand
nombre de joueurs, seuls quelques uns
tendront à sortir du lot, les autres se
fondant dans la foule et restant en retrait,
laissant les « leaders » mener l’aventure et
intervenant épisodiquement.
Au­delà de cette « logique de groupe » qui
se mettra en place parmi les joueurs, le
meneur ne pourra pas passer suffisamment
de temps avec chacun afin d’impliquer tout
201
 Annexes ­ Gérer une partie avec un grand groupe
le monde. Il ne pourra pas être partout et s’il
doit en plus mettre en scène une histoire
avec des évènements, des PNJs, et tout un
univers, il risque d’être dépassé et de laisser
une partie du groupe sur la touche. Il faut
donc sortir complètement de la logique
classique de l’histoire pour que ce genre de
partie soit un succès et permette à tous
d’agir et d’interagir en cours de jeu.
Du JDR avec les mécaniques de
la murder : naissance d’un
hybride
Si mettre en scène le déroulement d’un
scénario classique risque de rendre difficile
l’implication de tous, à cause du nombre, ce
qui est un inconvénient ou un obstacle peut
devenir un atout avec lequel le meneur va
202
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
pouvoir composer. La meilleure matière
que l’on peut utiliser dans une séance avec
beaucoup du monde c’est justement la
diversité des personnages et la richesse de
ce groupe. Le bon compromis à trouver lors
de la conception d’une séance avec de
nombreux PJs, c’est d’atteindre un équilibre
entre évènements extérieurs au groupe
(PNJs, univers,…) qui relèvent d’une
histoire ou d’un scénario classique et la
masse des interactions et enjeux possibles
au sein du groupe et qui va permettre à
tous de jouer et d’agir.
Le modèle que l’on peut suivre, c’est celui
de la murder party : dans ce mode
particulier de GN, qui se déroule avec dix à
vingt participants et en général avec une
intrigue en huis clos, quasiment tout le
contenu du scénario et toutes les
 Annexes ­ Gérer une partie avec un grand groupe

informations nécessaires pour faire scénario doit être riche et prévoir de

progresser l’histoire sont connues et
réparties entre les personnages. Ce qui va
créer une intrigue et une tension, ce sont
presque uniquement les interactions entre
les protagonistes de l’histoire. Quelques
évènements ou rebondissements externes
peuvent subvenir en cours de route, mais le
cœur du jeu repose dans les échanges
d’informations et les jeux de pouvoir et
d’influence qui vont se dérouler entre les
joueurs. On peut s’inspirer de ces principes
pour préparer un scénario de jeu de rôle
pour un groupe important : plus il y a de
joueurs autour de la table, plus la part
d’intrigue tournée vers les interactions au
sein du groupe doit être grande, et plus à
l’inverse il faut limiter les évènements et
interactions à l’extérieur du groupe.
Comment faire dans la pratique ? Le
nombreuses intrigues et pistes, impliquant
le plus possible les personnages des joueurs.
Les historiques et secrets des PJs sont une
source pour créer ces intrigues et ces fils qui
serviront de support aux interactions entre
personnages dans le scénario. Le contact
d’un des PJs peut être l’ennemi juré d’un
autre personnage par exemple, ou bien c’est
l’organisation à laquelle appartient l’un des
personnages qui est à l’origine de la mort
d’un proche d’un autre. La première chose à
faire donc est de préparer des PJs qui sont
suffisamment détaillés pour pouvoir
utiliser les détails de l’historique dans des
intrigues secondaires de l’histoire. Il ne faut
pas hésiter, dans un scénario avec un grand
groupe, à multiplier et à densifier ces
intrigues secondaires : plus il y en aura,
plus les personnages des joueurs auront de

Un exemple de partie avec un grand groupe : le Châtiments des Impies

Ce scénario a été joué lors d’une fin de campagne sur Vampire : La Mascarade il y a quelques années et a
mis en scène pas moins de neuf personnages joueurs ! Pour ceux qui ne connaissent pas, dans Vampire
les joueurs incarnent des vampires, dans un univers contemporain fantastique. Ils sont répartis en
grands « mouvements » avec d’une part la Camarilla (qui cherche à garder les vampires cachés de la face
du monde), le Sabbat (qui veut la suprématie pure et simple sur la race humaine) et au milieu les
Indépendants.

Dans les épisodes précédant cette fin de campagne, les personnages du groupe habituel, qui étaient
affiliés à la Camarilla, avec un membre repenti du Sabbat, s’étaient rendus à Mexico, ville détenue par le
Sabbat, suite aux rumeurs d’un grand rituel infernal qui allait y être mené. Pour la dernière séance, qui
se déroulait dans le cadre d’une porte ouverte, il y avait beaucoup de monde à la table, et il a donc fallu
créer sur mesure un scénario pour intégrer un groupe élargi. En reprenant les personnages et le
découpage des vampires par « allégeance » il est venu l’idée de mettre en scène trois personnages de la
Camarilla, trois personnages du Sabbat et trois Indépendants. Le postulat de départ était qu’un grand
rituel allait avoir lieu en ville et que s’ils n’œuvraient pas ensemble, ils ne seraient pas capable de
l’arrêter. Ce principe de départ étant posé, le groupe était tout de même encouragé à jouer et à utiliser les
tensions au sein du groupe : l’ancien membre du Sabbat reconverti à la Camarilla pouvait écouter les
sirènes de ses anciens collègues l’incitant à les rejoindre de nouveau, les Indépendants chercheraient à
tirer leur épingle du jeu…
En cours de scénario, les groupes ont été souvent séparés et il a donc fallu bien gérer le timing et le
temps passé avec chaque affiliation. De même de nombreux apartés ont eu lieu, mettant en scène les
manigances, manipulations et trahisons d’un groupe à l’autre, ce qui a mis beaucoup de sel à la partie.
Ils se sont retrouvés au final face au rituel, ensemble, avec ensuite une fuite qui a finalement tourné au
chacun pour soi en fin de séance

203
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Annexes ­ Gérer une partie avec un grand groupe
quoi interagir et s’occuper, sans forcément
que le meneur ait à intervenir beaucoup.
Il faut également s’arranger pour que tout
favorise les interactions au sein du groupe
et une très bonne manière de le faire est de
mettre en scène un groupe qui a des
intérêts divergents, le tout sur une légère
trame de fond scénaristique. On peut par
exemple créer une histoire où deux, trois
voire quatre « équipes » de PJ sont mis en
compétition, directement ou indirectement.
Ce peut être par exemple des groupes qui
doivent être les premiers à retrouver un
trésor, une créature ou un grimoire. Ou bien
encore une guerre d’influence : la première
équipe qui parvient à obtenir le contrôle de
tel ou tel territoire, ou bien qui parvient à
récupérer le soutien de telle ou telle
personne. En médiéval, le thème de la
guerre de succession est intéressant avec un
grand groupe : si votre groupe est composé
de neuf joueurs, on peut très bien avoir trois
héritiers du trône dirigeant trois « équipes »
de trois en rivalité pour prendre la suite du
roi récemment disparu. Ce genre de
situation, à laquelle viennent s'ajouter les
historiques et intrigues de chaque
personnage­joueur, peut donner lieu à un
moment unique de jeu de rôle, et qui prend
toute sa force avec un grand groupe.
Si les PJs vont incarner des membres de
factions, de clans ou de bandes adverses,
cela peut provoquer de réelles tensions au
sein du jeu, mais cela implique dans un
premier temps de bien prévenir tout le
monde au démarrage de la partie que ce
n’est qu’un jeu et que cela fera partie du
scénario d’avoir ces divergences et conflits
au sein du groupe. Les joueurs doivent donc
s’y préparer, et si certains n’ont jamais joué
ce genre de situation, de bien s’assurer
qu’ils ne le prendront pas personnellement :
ce n’est qu’un jeu ! Côté meneur, il est
important également, s'il y a des
antagonismes importants à la table de jeu,
de concevoir le scénario de sorte à ce qu’il
n’y ait pas de règlement de comptes ou
d’affrontement dès le début de l’intrigue.
204
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
On peut par exemple prévoir que ces
membres de clans adverses vont être réunis
ensemble autour d’une affaire commune, et
qu’ils devront trouver un moyen de
coopérer, même si tout le monde est bien
conscient que la trêve ne sera que de courte
durée. L’essentiel étant que la séance puisse
se dérouler normalement, il est tout de
même possible qu’un combat éclate au sein
du groupe, mais si c’est en fin de scénario,
ce peut être une manière intéressante de
conclure cette séance bien spéciale !
Toujours en s’inspirant des scénarios de
murder party, le meneur de jeu peut
s’assurer, pour son intrigue, que les PJs
auront un grand nombre d’éléments en
main, uniquement en recoupant les
informations que possèdent les uns et les
autres : les secrets et réponses au scénario
sont là, entre les mains du groupe, mais il
faut savoir les mettre en commun, ce qui
est évident dans une intrigue classique où le
groupe collabore, mais nettement plus
intéressant à mettre en œuvre dans un
groupe aux intérêts divergents : pourquoi
partagerait on ce que l’on sait avec une
bande rivale ? Quel intérêt ? Ne risque­t’on
pas de se faire couper l’herbe sous le pied ?
Si par exemple le scénario est de type «
chasse au trésor », que deux bandes rivales
s’affrontent, ils peuvent très bien réussir à
trouver le trésor en combinant leurs indices,
mais cela impliquera alors soit de trouver
un deal sur le partage du butin, soit de
mettre en place une manipulation pour
duper le groupe adverse avant que ce
dernier ne trahisse l’alliance… On ne se
situe donc plus dans le cadre classique
collaboratif d’un scénario standard, mais
dans une autre forme de jeu, adaptée à un
groupe important autour d’une table de jeu.
Animer une partie avec un
grand groupe ou le MJ « G.O. »
Si le scénario va se construire autour des
intérêts divergents et des interactions au
sein du groupe, l’animation de la partie doit

également s’adapter à ce mode de jeu
mélange de jeu de rôle sur table et de huis
clos. Le meneur doit inclure dans sa partie
un nombre importants d’apartés et de
messages privés pour les joueurs : comme il
y aura sûrement des groupes antagonistes
autour de la table, il faut bien sur garder les
informations secrètes. Le meneur doit
prévoir la possibilité de s’isoler du groupe
avec un joueur au cours de cette partie (ce
qui implique qu’il faut avoir le lieu pour
cela) ou bien faire passer des messages
privés au joueur (mais cela ne permet pas de
faire des scènes complètes avec le
personnage).
De plus, le groupe sera régulièrement
scindé en deux ou plus au cours de la partie,
et on a déjà vu (au chapitre 4 notamment),
que c’est un facteur possible
d’essoufflement de la partie. Plus que
jamais, avec un grand groupe, le meneur
doit être capable de jongler entre différents
« sous­groupes » avec beaucoup de
souplesse pour s’assurer que personne ne
trouve le temps trop long. Avec un scénario
bien conçu reposant sur les interactions
entre les personnages du groupe, une bonne
partie du travail est fait : le meneur n’a pas à
être en permanence avec tout le monde,
notamment si des scènes d’interaction se
déroulent en parallèle. Dans le cas où il doit
gérer une situation où les groupes sont
séparés, il devient nécessaire de bien gérer
le timing et la durée de jeu avec chaque
« bande » de personnages : ce peut être 5
minutes ou 10 minutes montre en main par
exemple avec chaque sous­groupe, pour être
sur d’avoir un temps de jeu équitable. Être
attentif au groupe, aux joueurs et à leur
langage corporel est également important,
pour voir si les joueurs sont toujours dans le
jeu ou non, même si c’est forcément plus
difficile lorsque le groupe s’élargit.
Un recours possible est de gérer alors la
partie avec 2 meneurs, au lieu d’un seul. Il
y a plusieurs façons de procéder : certains
mènent par exemple des tables doubles,
avec une liaison radio entre les deux tables
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Annexes ­ Gérer une partie avec un grand groupe
pour que les meneurs puissent se tenir au
courant de ce qui se passe. Sans faire aussi
sophistiqué, les questions que doivent se
poser le ou les meneurs avant de faire jouer
un scénario à deux :
o Y aura­t'il une seule table de jeu ou bien
deux ? Le plus logique semble être deux
tables séparées, mais cela pose la question
de la synchronisation et de l’information
entre les deux groupes
o Comment se synchroniser et échanger les
informations en cours de partie ? Les
meneurs peuvent faire des points réguliers
pour échanger sur les dernières news et
actions de leurs groupes respectifs, ou bien
avoir un système plus « technique » comme
décrit dans l’exemple ci­dessus.
o Les deux groupes séparés vont­ils être
amenés à se rencontrer ? A quel moment ?
Comment le gérer ? Il faut que les meneurs
puissent anticiper un peu le moment de la
rencontre et quand celle­ci va se produire,
s’assurer d’être bien raccord avec l’autre
groupe et désigner qui sera le meneur tant
que la scène sera commune.
Plus facilement, et nécessitant un peu moins
de synchronisation, le meneur peut aussi
opter pour mener à deux, avec un MJ
principal et un « assistant » MJ. Le meneur
va alors briefer son second au démarrage de
la partie et lui passer la main pour les
moments où il est en aparté ou en train de
discuter avec un seul groupe. Comme il n’y
a qu’une seule personne qui garde l’autorité
sur l’histoire, c’est une solution un peu plus
facile à coordonner que la première, mais le
rôle de l’assistant est un peu « ingrat » :
trouver un volontaire ne sera pas forcément
évident, à moins que ce ne soit le joueur
d’un personnage disparu qui veut à
nouveau jouer pour une séance à la table de
jeu, un joueur qui souhaite devenir meneur
bientôt et qui cherche à se faire la main, ou
encore quelqu’un de passage qui n’a pas
suivi la campagne mais qui souhaite tout de
même être impliqué dans l’épisode.
Sans aller jusqu’à recruter un assistant, le
meneur, s’il est seul aux commandes,
205
 Annexes ­ Faire jouer en convention
devrait se reposer le plus possible sur les
joueurs en cours de jeu, notamment pour
les aspects techniques : suivi des scores, de
l’initiative en combat, éventuellement des
points de vie ou de blessures pour les
rencontres les moins importantes. On peut
même demander aux joueurs de l’aide pour
interpréter leurs contacts et alliés (un joueur
pourrait ainsi interpréter son personnage
ainsi que les PNJs proches de celui­ci, après
briefing par le meneur sur comment le jouer
et quelles informations donner).
Jouer avec un grand groupe, c’est sortir des
sentiers battus du jeu de rôle traditionnel,
lorgner un peu sur les scénarios de type
« murder party » pour favoriser les
interactions entre personnages joueurs
plutôt qu’avec une histoire, un scénario ou
un univers. C’est un véritable challenge
pour le meneur, mais peut permettre des
séances exceptionnelles qui resteront pour
longtemps dans la mémoire des joueurs, si
ellessont bien menées.
Faire jouer en
convention
Si le microcosme rôliste est un peu
éparpillé, viennent les temps forts et les
moments où les joueurs se retrouvent entre
eux pour jouer, échanger et partager un bon
moment de jeu de rôle ensemble : les
conventions ! Chaque club (ou presque) a
sa convention, qui est le moment où les
joueurs viendront, parfois de loin, pour
venir pratiquer leurs grands classiques ou
découvrir de nouveaux univers : tous ceux
qui ont fait le déplacement ne veulent pas
être déçus : le scénario, la partie, doivent
donc être à la hauteur de l’évènement !
Une histoire unique
Quel scénario faire jouer pour le grand
jour ? Certaines conventions jouent avec des
scénarios prévus et imposés que les
meneurs découvrent le jour même, mais si
206
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
ce n’est pas le cas, c’est au meneur de
choisir l’histoire qu’il fera jouer. À
l’évidence le premier mot qui vient à
l’esprit c’est l’originalité : opter pour un
scénario du commerce ou diffusé largement
sur la toile représente un risque plus
important que les joueurs qui se sont
déplacés et ne font pas partie de votre
groupe habituel le connaissent déjà. Si vous
ne pouvez faire autrement, il faut alors le
préciser aux organisateurs de la convention,
soit le jour même, soit auparavant (si par
exemple vous devez communiquer le titre
du scénario à l’avance, les organisateurs
peuvent découvrir qu’il existe déjà sous une
forme ou une autre, donc autant le faire
savoir d’entrée de jeu). Certaines
conventions exigent purement et
simplement que le scénario soit original. Là
il faudra retrousser vos manches et suivre
les conseils sur la préparation de scénario
donnés au chapitre 3, moyennant quelques
uns des ajustements suivants…
Le scénario doit être indépendant : cela
signifie qu’il doit se suffire à lui­même :
sauf cas exceptionnels, il est assez rare de
jouer des « mini campagnes » en
convention, le meneur doit donc tabler sur
un « one­shot ». S’il veut gagner du temps
en partant d’un scénario de sa campagne
habituelle, soit il faudra bien choisir un one
shot, soit il utilisera un scénario d’une
intrigue principale ou secondaire, mais il
sera nécessaire de la retravailler (ou de
donner à chaque personnage les
informations dont il a besoin au démarrage)
pour faire en sorte que les joueurs
puissent comprendre cet épisode « isolé ».
Il faut donc élaguer ce qui relève d’autres
histoires, ou bien réincorporer ces éléments
dans l’histoire en cours. Cela ne veut pas
dire pour autant qu’il faut exclure tout
élément externe au scénario : on peut très
bien inclure dans l’histoire quelques
morceaux choisi qui peuvent servir de
décor, afin montrer au groupe l’esprit du
jeu et d’une campagne dans cet univers.
Une rencontre avec un contact habituel

typique, l’évocation d’une aventure
précédente avec un PNJ, peuvent figurer
dans un scénario de convention, afin de
donner une couleur particulière aux
personnages : ces derniers ont une vie
propre en dehors du scénario unique joué
sur le coup. L’effet peut être intéressant,
mais attention à ne pas trop diverger
du scénario : le temps est compté en
convention !
L’histoire doit également être modulaire :
cela signifie que la durée du jeu doit
pouvoir être modifiée facilement en cours
de route. Ce n’est pas l’aspect le plus
évident, mais il permet, une fois à la
convention, de faire des coupes franches si
le groupe a perdu beaucoup trop de temps
au démarrage du scénario, ce qui permet de
finir à l’heure. Comment rendre un scénario
modulaire ? Il faut pouvoir élaguer ou
développer certains endroits. Si par
exemple l’histoire dans un univers type
« Années Folles » implique l’exploration
d’une caverne hantée, le scénario peut
prévoir une phase de découverte du lieu
importante, avec des salles, des obstacles
naturels, peut être des refuges de créatures
inattendues : le meneur pourra jouer
l’exploration complète s’il est dans les
temps ou bien ne faire jouer qu’une partie
ou encore complètement laisser tomber
l’exploration et faire trouver aux joueurs dès
l’entrée de la grotte ce qu’ils étaient venus
chercher, si l’heure tourne. On peut faire de
même dans un scénario d’enquête : une des
pistes peut devenir optionnelle et n’être
jouée que si le temps le permet, sinon, le
meneur peut donner directement au
premier témoin tous les éléments pour aller
directement vers le refuge du coupable, par
exemple. Pour obtenir un scénario
modulaire, le plus simple est de partir du
scénario complet et ensuite de trouver les
endroits où il peut être allégé s'il y a besoin
de raccourcir la partie le jour même. il est
important de prévoir une pause en cours de
partie, notamment si celle­ci dépasse trois
ou quatre heures. Le meneur peut, sur un
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Annexes ­ Faire jouer en convention
scénario de sa composition, prévoir à
l’avance vers quel moment il fera la pause
et choisir de la faire en cliffhanger : en
plein milieu d’un combat ou d’une scène
d’action, juste avant une révélation (les
personnages vont ouvrir la porte qui mène
vers… soulever le masque de l’agresseur
qui… ). Cela n’en rendra les joueurs que
plus accrochés et motivés pour découvrir la
suite au plus vite.
Les joueurs qui participent aux conventions
sont en général aguerris et habitués, et
devraient donc être relativement
débrouillards dans le scénario, mais il peut
arriver qu’un groupe manque de
perspicacité pour avancer dans l’histoire.
Pour éviter tout temps mort, le meneur
devrait également prévoir ce qu’il va faire
au cas où les PJs sont bloqués ou ne font
rien. Sans forcément créer un scénario
linéaire ou prévoir que tout sera donné aux
joueurs sans que ces derniers n’aient à faire
le moindre effort, on peut très bien
envisager mettre en place une option du
genre : « que se passe t’il si les joueurs ne
font rien ? ». Ce peut être alors une arrivée
des méchants de l’histoire, une scène
d’action, les évènements qui s’accélèrent :
bref tout ce qui peut amener du jeu
intéressant même dans le cas où les joueurs
n’arrivent pas à « avancer » dans le
scénario.
On a déjà mentionné le fait que l’histoire
doit être originale, et elle se doit de l’être,
tout en restant tout de même suffisamment
emblématique de l’univers et du jeu que
vous avez choisi. Sur un nouveau jeu que
vous allez faire connaître, c’est primordial,
afin que les joueurs puissent se représenter
les possibilités de ce dernier. Sur un jeu plus
connu et qui est une valeur sure pour les
rôlistes de la convention, l’exercice est un
peu plus délicat : il faut savoir surprendre
en bousculant un peu les standards établis,
tout en gardant une toile de fond qui
s’inscrive bien dans la logique de l’univers
en question. Si vous maîtrisez une partie de
Vampire et que vous proposez en réalité
207
 Annexes ­ Faire jouer en convention
aux joueurs un scénario dans le style
d’INS/MV¸ ils vont être déçus et regretter
de s’être inscrit. Il faut donc proposer
quelque chose qui soit dans la ligne de ce
qu’on attendrait du jeu, tout en essayant d’y
apporter une touche bien spécifique.
Cette touche spéciale, il n’y a pas forcément
besoin de la chercher très loin : certaines
conventions proposent un « thème » pour
les scénarios qui y seront joués. C’est
rarement une obligation à suivre à la lettre,
et parfois cela ne sert que de simple décor
pour la buvette, mais cela peut être vu, non
pas comme une contrainte en plus pour le
scénario, mais comme une idée à ajouter à
la liste de concepts qui permettra de créer
l’histoire et l’arborescence. Le thème peut
être un motif principal du scénario : le
meneur va chercher comment ce dernier va
trouver un écho dans l’univers : si par
exemple le thème choisi est « l’enfer » le
meneur peut mettre en scène l’enfer de son
univers et une aventure qui s’y déroulera,
ou alors montrer symboliquement une
situation qui serait « l’enfer » pour le
groupe. Il peut également surprendre en
mettant en scène un thème qui serait le
contre­pied : un cadre idyllique, et qui sous
des airs paradisiaques, cache en réalité un
enfer. Si le thème vous inspire peu, il est
toujours possible de le contourner ou de le
faire figurer comme un simple détail ou
toile de fond : « l’enfer » dans l’exemple ci­
dessus peut être une simple toile de
peinture qui apparaît à un moment ou un
autre dans le déroulement du scénario…
Pour conclure sur le scénario, une bonne
préparation demanderait à ce qu’il soit testé
avant la convention, avec votre groupe de
joueurs habituel, pour à la fois vérifier que
le timing du scénario est bon, qu’il rentrera
bien dans le temps imparti (six à huit heures
en général, mais peut être modifié selon les
évènements), et également anticiper sur
quelques déroulements possibles de la
partie, ce qui peut permettre d’ajuster
également le scénario et de régler quelques
« bugs » si besoin. Au­delà du scénario, une
208
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
des clés pour assurer la réussite de l’histoire
le jour de la convention, ce sont les
personnages que les joueurs vont incarner
et que vous allez leur remettre, qui
constitueront une grande partie de
l’ambiance de la partie…
Épicerie fine pour PJ
gourmets
La galerie de personnages que vous aurez
autour de la table comptera au moins autant
que le scénario, si ce n’est plus, dans le
succès de la partie. Un scénario un peu plat
aura toujours de la saveur avec une bande
de PJ colorée, et des personnages fades
auront beaucoup de mal à être rattrapé par
une intrigue, aussi bonne soit elle.
Tout comme pour les séances d’initiation, la
question de la création de personnage au
début de la séance se pose. Si cela permet
aux joueurs de tester les règles de
conception d’un héros (ce qui peut être
important pour un nouveau jeu en
démonstration), attention à ce qu’elle ne
prenne pas trop de temps ! Certains joueurs
pointus peuvent vouloir décortiquer
complètement les possibilités, et dans des
systèmes avec des listes d’atouts et
d’inconvénients ou de choix de pouvoirs /
dons cela peut devenir chronophage ! Si le
système est rapide tout en offrant du choix
aux joueurs à la création, on peut envisager
d’inclure la création de personnage dans la
séance.
La plupart du temps, il vaut mieux donc
proposer une série de pré­tirés aux joueurs
qui viennent en convention, le meneur
devant essayer d’avoir un groupe qui soit
intéressant et qui fonctionne en tant
qu’équipe. Ce qui va faire un « bon »
groupe : des personnages hauts en couleur,
qui sortent de l’ordinaire, avec une
personnalité, du relief et une certaine
unicité. L’avantage du pré­tiré reste le
même en convention qu’en initiation : le
meneur peut dès la création relier les
personnages à l’intrigue du scénario, ce

qui permettra d’assurer une bonne
implication du groupe. Il peut également
concevoir son histoire de sorte à ce que les
compétences de chacun soient importantes,
ainsi chaque personnage aura son moment
de gloire pendant la séance : attention tout
de même à ce que l’absence d’un
personnage n’entraîne pas le blocage d’un
scénario, il arrivera en effet sur certaines
conventions que votre table ne soit pas
pleine il faut être capable d’anticiper et faire
en sorte qu’un PJ de moins ne ruine pas
complètement l’histoire.
Ce qui fait tout de même la différence
fondamentale avec une initiation, c’est que
la plupart du temps en convention, les
joueurs sont loin d’être des débutants, et ce
sont des connaisseurs expérimentés, qui
ont des attentes différentes des novices. Le
briefing de début de scénario (univers,
règles) ne doit pas s’éterniser car il faut
mettre en avant l’histoire et le jeu avant tout,
cependant le meneur devrait proposer une
explication des règles plus importante et
plus détaillée qu’avec des débutants : les
joueurs peuvent être là pour tester un jeu et
un univers et veulent donc connaître les
rouages des règles sur une nouveauté. Ou
bien vous pouvez avoir à faire à quelques
connaisseurs de ce jeu en particulier, avec
qui il faudra bien fixer les règles dès le
début : votre vision du jeu c’est celle là, et
vous n’utiliserez pas la règle p87 du Grand
Livre des Règles sur les courses poursuite
sous­marines… donc il le faut le préciser dès
le démarrage ! Là où l’on peut gagner du
temps, c’est en préparant un maximum
d’informations qui seront remises avec les
fiches de personnage aux joueurs : c’est un
« dossier » de personnage avec la fiche bien
sur, mais aussi une page décrivant
l’historique, l’apparence (et une illustration
si vous pouvez en trouver une), une ligne
sur ce que pense le personnage de chacun
des autres PJs, ce qui peut aider à mettre en
place des interactions au sein du groupe, et
une description des spécificités ou
« pouvoirs » du personnages, avec le
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Annexes ­ Faire jouer en convention
mécanisme qui va avec (par exemple, si le
personnage a le pouvoir de se téléporter,
sur une page il devrait y être noté :
« Téléportation : Faire un jet de Pif + Paf +
Pouf difficulté 10, permet de se téléporter
dans un endroit à portée de vue. »). Cela
demande plus de temps et de travail lors de
la création des personnages, mais au final,
c’est du temps gagné en début de scénario,
car les joueurs n’auront qu’à parcourir le
dossier rapidement pour appréhender le
personnage. Sans création de personnage, le
briefing univers + règles + personnage ne
devrait pas dépasser une heure, trente
minutes étant l’idéal que l’on peut atteindre
avec des pré tirés complets.
L’alternative qu’utilisent certains meneurs
est de proposer des personnages à
« customiser » : le personnage est déjà
préparé, il ne reste que quelques points
supplémentaires à répartir. L’astuce là
dedans consiste à donner quelques choix
pour le joueur qui pourra donc s’immiscer
un peu dans la création, en ayant fait le gros
du travail avant pour éviter que cette
« customisation » ne prenne trop de temps.
Le jour même
À moins d’avoir un gros problème le jour
même, le meneur devrait prévoir d’arriver
confortablement en avance au démarrage
de la convention : cela permet de repérer les
lieux, de rassurer les organisateurs et aussi
de repérer les « bonnes » tables des « moins
bonnes » tables : cela peut être dans une
salle isolée au calme, ce peut être la table
avec une prise de courant pas loin pour
installer l’ordinateur si vous voulez vous en
servir pendant le jeu, ou bien une table à
proximité de la buvette… Il est toujours
mieux d’avoir le choix, que de prendre la
première table venue !
Le meneur devrait, si l’organisation le
permet, prendre possession de la table dix
à quinze minutes avant l’horaire de
démarrage de la partie pour s’installer,
sortir scénario, écran, dés, matériel, repérer
209
 Annexes ­ Faire jouer en convention
ce dont il aura besoin s'il utilise des
accessoires d’ambiance (surtout voir s’il y a
une prise de courant pour l’ordinateur
portable en fait). Être là en avance rassure
également les joueurs et permet de
commencer à distribuer les personnages aux
joueurs qui eux aussi en avance : plus vite le
briefing est commencé, plus vite il sera
achevé et le plus tôt le jeu en lui­même
pourra démarrer. Quand vous accédez à la
table, n’oubliez pas de prévoir la place pour
chacun autour : il est important de préparer
l’espace MJ pour que vous puissiez étaler
vos affaires, mais aussi la place pour chaque
joueur, en fonction du nombre de personnes
que vous devrez accueillir : on
n’accommode pas six joueurs comme on en
accommode trois autour d’une table.
Il faut également savoir jouer sur les
horaires et en tirer avantage. D’abord au
niveau de l’ambiance, les jeux orientés
« horreur » devraient être de préférence
proposés en soirée, pour jouer sur la peur
du noir et l’obscurité de la nuit pour
renforcer l’ambiance. Il faut également
essayer autant que possible d’être dans une
salle isolée : si vous devez faire jouer un
Cthulhu à côté de Bisounours le jdr, ce sera
un vrai challenge ! Ensuite il faut moduler le
contenu du scénario à la tranche horaire : un
scénario dans la séance du dimanche matin
qui sera orienté enquête, réflexion et
mystère aura beaucoup de mal à décoller,
surtout si la moitié de la table a fini à 7h30 le
matin même après 10h de jeu non stop ou
plus. Il vaut mieux prévoir un scénario
simple d’action, d’aventure et de combats
pour ces tranches horaires qui viennent
dans les moments « creux » de la
convention.
N’oubliez pas que vous êtes là pour vous
amuser, divertir les joueurs et prendre du
plaisir vous­même à jouer avec un groupe
qui est très différent de votre troupe
habituelle ! Il faut donc bien sur respecter
les autres tables, si vous faites salle
commune, et être vigilant au volume sonore
que vous dégagerez, soit par la voix, soit en
210
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
L’ultime exercice : Port­Bleu, le grand oral
En s’inspirant du descriptif de l’aventure de
Port Bleu et de sa Guilde des Voleurs donné
dans l’article ci­contre sur les scénarios de
convention, préparer une présentation en
quatre lignes maximum (moins d’une minute à
la lecture), qui serait les quelques mots lancés à
la foule lors d’une bourse aux scénarios. Cela
doit résumer le monde, le scénario et l’essentiel
de façon claire, précise et qui donne envie d’en
savoir plus. À vous de jouer !
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__________________________________________
jouant des musiques d’ambiance, savoir le
réduire si cela gène les tables voisines et à
l’inverse il est tout à fait normal de
s’attendre à un respect similaire venant des
autres tables. Soyez toujours conciliant avec
les organisateurs de la convention : ce sont
eux qui prennent leur temps, de façon
bénévole en général, pour faire en sorte que
les choses se passent bien : ils ont une
lourde charge sur les épaules et vous
devriez faire en sorte de ne pas trop les
accaparer : si vous pouvez gérer un
problème sans avoir à les appeler, essayez
de le faire d’abord autant que possible, et si
vraiment vous avez besoin d’eux, alors les
appeler en respectant le fait qu’ils ont des
dizaines d’autres problèmes à gérer en
parallèle ! Ne soyez donc pas trop durs et
restez patients et sympathiques avec les
organisateurs du jour.
L’important, c’est de
participer
En tant que meneur, vous aurez parfois à
savoir vendre votre scénario, pour vous

assurer d’avoir du monde à votre table. Si
vous vous y êtes pris à l’avance, vous
pouvez faire passer aux organisateurs
quelques semaines avant la convention, un
petit texte « teaser » qu’ils pourront diffuser
sur leur site web/forum/page d’inscription.
Plutôt que de faire un simple descriptif du
style « Les joueurs vont essayer de
démanteler une guilde de voleurs implantés
dans Port­Bleu », vous pouvez essayer
d’allécher un peu plus les joueurs en
préparant un petit texte (pas plus de dix à
vingt lignes) écrit soit à la 3ème personne (à
la façon d’un récit ou d’une nouvelle), soit à
la première personne (ce que pourrait
raconter par exemple le témoin d’une scène
ou un conteur), qui peut décrire ce qui se
passe avant le scénario, ou bien qui peut
amorcer la toute première scène (et que
vous pourrez reprendre comme description
initiale dans ce cas) et qui dans tous les cas
devrait faire ressentir le thème et
l’ambiance du scénario. Dans le cas de
notre affaire de guilde de voleurs, le MJ
pourrait envoyer aux organisateurs
quelques semaines avant la convention
quelque chose comme :
« Quand vous traversez les rues de Port­
Bleu, vous sentez très bien que quelque
chose ne tourne pas rond. Le plus grand
port commercial du Pays des Sept Mers est
d’habitude beaucoup plus accueillant, mais
cette fois, sa vitalité et son entrain semblent
s’être dissipés : les volets des maisons sont
fermés, les commerces hésitent à étaler leurs
marchandises dans la rue, et les regards des
passants sont anxieux et paranoïaques. Près
d’une boutique fermée sur les quais, sur un
mur, est affiché un parchemin, vous
reconnaissez en bas de celui­ci le sceau du
gouverneur de la ville. Le texte, écrit en
langue commune, promet une récompense
et commence par « Appel aux volontaires
pour libérer notre ville du règne des
Funambules de l’Ombre ». Vous jetez un
œil à votre bourse, presque vide… Derrière
un rideau, à l’étage, vous croisez le regard
furtif d’un habitant, mêlant à la fois crainte
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Annexes ­ Faire jouer en convention
et espoir. Vous esquissez un sourire et vous
dirigez vers la maison du bourgmestre pour
en savoir plus.
Un scénario pour Blablabla le jeu de rôle
pour 4 à 6 joueurs, durée totale 7h »
Ce genre de pitch est très classique mais
pose déjà le décor, l’ambiance et ce dont le
scénario va parler. Il est bon de finir en
général par le nombre de joueurs, la durée
approximative, informations qui
permettront aux organisateurs de bien
programmer la partie. Au lieu de faire une
introduction classique, le meneur peut
opter pour un récit, ou pour quelque chose
de plus in media res (démarrage en plein
feu de l’action).
Certains évènements organisent également
une bourse aux scénarios, pour des parties
un peu plus sauvages et non prévues à
l’avance. Le recrutement des joueurs se fait
alors à la volée, chaque meneur ayant
moins d’une minute pour présenter son
univers et son scénario à l’assemblée, afin
de donner envie aux joueurs. Même s’il n’y
a pas de bourse aux scénarios à proprement
parler, il est toujours bon de préparer un
petit pitch ultra­rapide, au cas où des
joueurs voudraient en savoir plus le jour
même. Il faut aller là à l’essentiel : une
phrase pour expliquer l’univers, une
deuxième phrase pour expliquer ce que
joueront les joueurs dans le scénario, et une
troisième pour donner l’amorce de
l’intrigue, du thème principal de l’histoire
et de l’ambiance. La clef dans ces bourses
aux scénarios, c’est de faire court, simple,
clair et efficace face au public des joueurs :
regarder les gens dans les yeux, parler
distinctement, autant d’atouts qui
donneront envie aux joueurs de venir à
votre table : ne soyez pas intimidés, nous
sommes entre rôlistes !!!
Enfin le sujet des « gagnants » : beaucoup
de conventions ont abandonné tout système
de notations ou d’arbitrage, privilégiant le
fait que dans notre loisir, il n’y a ni gagnant,
ni perdant. Si tout de même vous souhaitez
décrocher un lot, la meilleure tactique
211
 Annexes ­ Faire jouer en convention
consiste, avant tout, à ne pas avoir de
tactique : que ce soit côté joueur ou côté
meneur, celui qui tirera le mieux son
épingle du jeu, c’est celui qui saura faire
plaisir et se faire plaisir autour de la table.
Pour le meneur, cela peut passer également
par une bonne analyse des joueurs en
cours de jeu : après la première demi­heure
de jeu on peut à peu près facilement savoir
ce qui fonctionne avec le groupe, et on peut
essayer d’orienter un peu le scénario pour
proposer plus aux joueurs de ce qu’ils
demandent et souhaitent. Un petit débrief
rapide de cinq minutes en fin de partie peut
être également un bon moyen de savoir ce
qui a plu et ce qui a moins plu dans la
séance aux joueurs, ce qui permet de
s’améliorer, d’identifier des points forts, et
de régler les points faibles dans le scénario
ou l’animation. Le point qui est cependant
plus strict en convention que dans les
parties classiques, c’est le timing : il faut
souvent libérer la salle et les joueurs pour
telle ou telle heure et cela implique d’être
mieux organisé que d’habitude : tout
comme expliqué au chapitre 4 (Gérer le
timing de la partie) le meneur devrait se
212
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
fixer des points de repère et garder en vue,
sous les yeux une montre ou un téléphone
portable qui indique l’heure pour être sur
de bien maîtriser le déroulement de la
session. Si vous avez créer un scénario
« modulaire » comme expliqué
précédemment, c’est un atout pour vous
aider à respecter le timing : n’hésitez pas à
couper ce qui peut l’être en fonction de
l’évolution du groupe au cours de la partie,
c’est tout à fait normal certains groupes
passeront plus de temps sur l’interprétation
d’interactions entre les joueurs, d’autres
iront plus vite dans l’intrigue et
l’action…Ce n’est donc ni votre faute, ni
celle des joueurs, mais uniquement les aléas
du jeu.
Jouer en convention est un moment fort :
vous ne connaissez pas les joueurs, mais ces
derniers sont en général des vieux routards
décidés à faire du bon et sympathique jeu
de rôle, et ces quelques conseils spécifiques
devraient vous aider à donner le meilleur
de vous­même pour ce groupe d’un jour et
pour toute la communauté rôliste !
 Ch 5 ­ Liste de ressources / Bibliographie

Liste de ressources /
Bibliographie
L’art du bon MJ est un thème récurrent, qui
revient dans beaucoup de sites web, de
livres, de forums internet et de magazines.
Comme cela a été dit dès l’introduction de
ce présent ouvrage, il n’y a pas une manière
de faire qui soit meilleure qu’une autre et
c’est à chacun de trouver son style, en
s’inspirant de diverses sources. Voilà donc
un ensemble de documents où vous
pourrez trouver d’autres idées et notions,
qui viennent compléter ce qui a été dit dans
ce livre. La liste est très loin d’être
exhaustive et d’avance veuillez nous
excuser si votre site/blog/livre ne figure
pas ici, n’hésitez pas à venir nous le signaler
sur notre site web pour que la faute soit
réparée pour les prochains tirages…

Sites Webs en français :

o Places to Go, People to be VF

(http://ptgptb.free.fr/) : PTGPTB pour les
intimes, ce site web regroupe des
traductions d’articles de fond venant de
plusieurs sources anglophones sur des
thèmes très variés allant de la création de
jeux de rôle au jeu grandeur nature en
passant par des réflexions sur la
communauté des rôlistes : tout y est ! Mise à
jour tous les trimestres, le site vient de fêter
ses 10 ans avec une nouvelle version.
o SDEN L’art du MJ
(http://www.sden.org/thematiques/l­art­
du­mj/) : Le site de l’Elfe Noir, pilier de la
toile rôliste francophone a également fait
peau neuve récemment et propose une série
d’articles de fond dans sa rubrique
thématique « L’art du MJ » : Jouer en
cinématique, Recycler vos vieilles cartes
Magic, des recettes pour créer des
scénarios… A voir et à méditer !
o Bastion rôliste (http://bastion.free.fr/) :
Un site qui regroupe articles de fond, retour
d’expérience, récits de partie, traits

213
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
 Ch 5 ­ Liste de ressources / Bibliographie
d’humour, on y trouve également aides de
jeu pour différents univers et différents
systèmes. Il y a également un guide de tous
les scénarios publiés dans des magazines de
jeu de rôle, classés par jeux, avec un moteur
de recherche.
o AJDR (http://www.ajdr.org/) : Spécialisé
dans les conseils d’ambiance, ce très bon site
couvre de nombreux sujets, de l’éclairage
aux effets spéciaux, en passant par les
accessoires. Les derniers articles publiés
datent d’il y a quelques années, certains
conseils demandent un budget assez
conséquent, mais le site reste une excellente
source de conseils.
o La Taverne au Bon rôliste
(http://roliste.over­blog.com/) : Un blog
polyvalent qui regroupe à la fois articles de
conseil et de fond et points de vue et
réactions de rôlistes sur l’actualité. Contenu
intéressant, vivant avec juste la touche
d’humour qu’il faut.
o Scriiipt
(http://www.scriiipt.com/adj/background­
ambiance­et­conseils.html) : Le site de
Scriiipt est très riche, regroupant un blog,
des articles de conseils, des scénarios. La
rubrique « Ambiance et conseils » regroupe
quelques articles intéressants : le jeu
d’acteur, le jeu en solo…
o JDR TV (http://jdrtv.free.fr/) : la première
web TV consacrée au jeu de rôle ! Les vidéos
sont intéressantes, bien préparées et on sent
qu’il y a eu un gros travail derrière. Les
thèmes abordés : qu’est ce que le jeu de rôle
? Débuter en jeu de rôle, les Dés… Du travail
de très bonne qualité.
o Tartofrez
(http://tengajdr.com/wordpress/) : Jeux de
rôle et divagations diverses, Brand, l’un des
piliers de la création de jdr francophone
expose réflexions, traductions et secrets de
fabrique sur son blog, avec quelques
téléchargements dont certains issus des
brainstormings lancés sur le forum Casus
NO.
o Le domaine de Saladdin
(http://www.saladdin.net/) : Entièrement
214
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
consacré à l’humour rôliste, ce portail est un
vrai régal : anecdotes et histoires
truculentes, caricatures de rôlistes, blagues
vampiriques stupides… le site n’est plus mis
à jour mais reste une source complète et
amusante de blagues et perles rigolotes
issues de parties.
o Torgan, les trucs du MJ
(http://www.torgan.net/) : Le site de
Torgan est un site communautaire
rassemblant à la fois scénarios, récit de
parties, aides de jeux et une sections « trucs
du MJ » qui regroupe quelques traductions
des « Roleplaying Tips » de John Four, à lire
et à méditer !
o Inspirole
(http://inspirole.blogspot.com/) : ce blog
tout récent détaille des sources d’inspiration
qui peuvent aider à créer des scénarios :
bandes dessinées, romans, films et les
décortique pour aider les meneurs à les
utiliser en cours de partie.
o Le Joueur, le blog
(http://jdr­mag.over­blog.com/) : blog du
label Le Joueur, à l’origine de JDR Mag, il
regroupe quelques conseils pour meneurs
comme « Écrire un jeu de rôle », « Réussir
les descriptions » et plus récemment toute
une série de vidéos en anglais autour de la
pratique du jeu de rôle.
o Le blog des MJs
(http://www.labibledumeneurdejeu.com) :
la rubrique « Blog » de notre site web, mise
à jour tous les lundis, propose chaque
semaine un article sur un sujet bien précis
pour aider les meneurs de jeu : aides de
jeux, études de cas, situations de jeu, du
concret, et de l’utilisable pour vos parties.
Sites web en anglais :
o PTGPTB, VO (http://ptgptb.org/) : la
version originale du webzine, pour ceux qui
veulent lire les articles en anglais dans le
texte. À l’origine pour les joueurs de jeu de
rôle de Brisbane en Australie, le site a reçu
les aides d’autres contributeurs au fil de son
existence.

o Ars Ludi
(http://arsludi.lamemage.com/) : un site
très riche, à la présentation un peu austère,
mais qui rassemble des articles variés de la
création d’univers à des retours
d’expérience en passant par la théorie des
jeux.
o Roleplaying Tips
(http://www.roleplayingtips.com/) : brainstormings sur le jeu de rôle, ainsi que
depuis plus de dix ans, John Four propose
depuis son site web, chaque semaine un
ensemble de conseils génériques pour tous
les meneurs de jeu. Si l’orientation a
tendance à partir assez souvent vers de la
fantasy, les conseils sont pratiques et
peuvent être utilisés dans tous les univers.
o Campaign Mastery
(http://www.campaignmastery.com/blog/) :
blog dérivé du site web précèdent, il
propose des articles plus long que
Roleplaying Tips, avec plus de réflexion et
en général plus orienté “campagne” que
scénario, même s’il y a des exceptions…
Moteurs de recherche
o JDRP (http://www.jdrp.fr/): Jeu de rôle
passion, ce moteur de recherche rassemble
scénarios, articles de diverses sources,
accessoires, aides de jeu… Les outils de
recherche sont intuitifs et bien faits.
o La Vouivre
(http://www.la­vouivre.com/) : Annuaire
de sites de référence, il propose des liens
vers des sites en français, anglais, allemand,
espagnol… classement des entrées par
univers, par type de contenus. La
présentation est claire et facile d’accès.
o RPG Gateway
(http://www.rpggateway.com/) : Pour la
recherche de sites Anglophones, ce portail
est une ébauche permettant un début
d’exploration de la toile VO, qui est
beaucoup plus dense que celle en VF.
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
Ch 5 ­ Liste de ressources / Bibliographie
Forums & Communautés
o Casus NO
(http://www.pandapirate.net/casus/) :
L’incontournable rendez­vous des rôlistes
francophones, c’est l’un des plus gros, si ce
n’est le plus gros forum de joueurs.
Regroupe des discussions, échanges et
de nombreux projets de scénarios ou de jeu
de rôle alternatifs.
o Antonio Bay
(http://www.subasylum.com/Antoniobay
/) : Moins vaste que le précèdent, Antonio
Bay est un forum beaucoup plus orienté sur
l’écriture et la création. Il regroupe
également des sujets d’actualité sur les
blogs et les évènements rôlistes.
o Opale Rôliste
(http://forum.opale­roliste.com/) : A
l’origine prévu pour rassembler les rôlistes
parisiens et leur permettre d’avoir un
endroit où discuter, le forum a pris de
l’importance sous l’impulsion de
l’association très dynamique qui le gère. De
nouveaux joueurs viennent s’inscrire
chaque semaine sur Opale, qui sert de lieu
privilégié pour organiser des parties.
o FFJDR (http://www.ffjdr.org/) : Le site
de la Fédération Française de Jeu de Rôle
propose des outils pour faire connaître et
découvrir le jeu de rôle (dont le système
d’initiation R.E.V.E.S.), un annuaire en
ligne, ainsi qu’un forum pour échanger sur
sujets de fond et sur pratique du jeu de rôle.
o SDEN, le forum
(http://www.sden.org/forums/) : Un
autre forum riche qui propose, en plus des
habituelles rubriques de critiques,
d’annonces de sorties et de dossiers de
fond, un espace dédié aux parties en lignes
et aux différents systèmes de jeu.
o Le réseau des rôlistes francophones
(http://rolistes­francophones.ning.com/) :
A l’initiative du créateur du site Scriiipt, ce
réseau Ning rassemble joueurs, bloggeurs,
créateurs et meneurs de jeu. Les espaces de
discussion permettent d’échanger sur des
sujets très divers.
215
 Ch 5 ­ Liste de ressources / Bibliographie
Livres, Magazines :
o Le livre des Jeux de rôle, de Didier
Guisérix, Éditions Bornemann : regroupe
tout ce qu’il faut savoir sur les jeux de rôle
et leur pratique. Éssentiel pour bien
expliquer aux débutants ce qu’est notre
passion, il contient des références de jeux et
d’univers ainsi que quelques conseils
d’organisation des parties.
o Jeu de rôle : les forges de la fiction, par
Olivier Caïra, Éditions CNRS : très
intéressant et sérieux travail d’un chercheur
et sociologue, l’ouvrage s’adresse aussi bien
aux néophytes qu’au connaisseur,
expliquant à la fois ce qu’est le jeu de rôle
dans des termes simples et ouvrant des
pistes de réflexion sur la création d’une
fiction imaginaire.
o Jouer avec l’histoire, dirigé par Olivier
Caïra et Jérome « Brand » Larré, aux
éditions Pinkerton Press : œuvre
collaborative, elle rassemble des articles
d’auteurs de jeu de rôle français autour
d’un même thème, la création d’un scénario
ou d’une campagne historique.
216
CEDRIK GAULT (Order #14702690)
o XDM – Xtreme Dungeon Mastering, par
Tracy et Curtis Hickman, aux éditions
Tayler : existant en VO uniquement
l’ouvrage prend un ton décalé pour aborder
des sujets de théorie des jeux, de design de
scénario, et d’effets spéciaux gros budgets
pour animer la table de jeu.
o Casus Belli, le grand ancien de tous les
magazines de jeu de rôle n’est plus, mais il
contenait régulièrement des articles de
conseils pratiques. Le Hors Série n°25
« Manuel pratique du jeu de rôle » détaille
de nombreux conseils pour joueurs et pour
meneur. Difficile à trouver aujourd’hui, cela
reste un document de référence pour
beaucoup.
o JDR Mag, publication collaborative
initiée en 2008 par le label « Le Joueur »,
JDR Mag propose tous les deux mois
scénarios, articles de fond, actualités sur le
jeu de rôle. Déjà traités par exemple : PNJ
de hauts niveaux, le grand méchant… À
retrouver en kiosque et boutiques
spécialisées.
 Vous avez aimé

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thèmes aussi variés que « Masteriser un rétro-clone » ou bien
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