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ARCHITECTURAL DIGEST LES PLUS BELLES MAISONS DU MONDE

JANVIER / FÉVRIER 2024


FRANCE Nº 182

ÉVÉNEMENT
BIJOY JAIN, DE SON ATELIER
À LA FONDATION CARTIER

TISSUS
LES NOUVEAUX IMPRIMÉS
QUI NOUS INSPIRENT

SPÉCIAL
DÉCORATION
QUAND LA MATIÈRE CRÉE LE STYLE

VISITES PRIVÉES
LES PLUS BELLES MAISONS
L 13345 - 182 - F: 5,90 € - RD

À PARIS, ANVERS, EN CALIFORNIE,


DANS LES HAMPTONS…
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Photos : Flavien Carlod, Baptiste Le Quiniou, non contractuelles. Spol Architects. TASCHEN.

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G
AD 182
L’édito

Spécial
décoration
François Rouzioux

anvier, c’est le mois de la décoration codirigeant et directeur artistique de la maison


à Paris. Ainsi, se tient du 17 au Christian Louboutin, ce sont les rideaux en velours
21 janvier l’événement Paris Déco vert de la chambre qui ont inspiré à l’architecte
Off, rendez-vous des éditeurs de d’intérieur Laure Gravier de Claves Architecture la
tissus, papiers peints et revêtements teinte des mosaïques de la cheminée ornementale
muraux, tandis qu’en parallèle parée de serpents. Des éléments de décoration qui
le salon Maison & Objet s’apprête donnent largement le ton. De Paris à San Francisco
à dévoiler les dernières nouveautés en passant par les Hamptons, chaque reportage
et tendances à suivre. C’est donc offre ici un sens du décor singulier. À l’honneur
tout naturellement que nous également, l’exposition dédiée à l’architecte indien
consacrons dans ces pages un guide spécial aux tissus, Bijoy Jain, de Studio Mumbai, à la Fondation Cartier
entre imprimés rétro, étoffes texturées et rayures pour l’art contemporain, qui offre une plongée
estivales, qui réveilleront l’hiver. La couleur, élément au cœur d’une œuvre sensible convoquant les sens.
essentiel de l’univers de la décoration, se révèle dès Une œuvre témoignant d’une grande préoccupation
notre couverture à travers la maison à Anvers de pour la relation de l’homme et la nature et de
l’architecte d’intérieur belge Nathalie Van Reeth, l’importance du genius loci. Un sentiment partagé
qui a repensé celle-ci comme un espace intime par une pléiade de designers parisiens qui ont
où matières et tonalités fortes occupent le devant de décidé de quitter la capitale pour rejoindre le cadre
la scène : « L’idée était de créer une atmosphère accueillante, bucolique de la forêt de Fontainebleau, un autre
avec des textures chaudes, comme cette laque japonaise couleur sujet à découvrir dans ce numéro.
opium. » Dans la demeure parisienne d’Hugo Marchand, Bonne lecture !

Marina Hemonet
Head of Editorial Content

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AD 182
Le sommaire

56
48
Alexis Armanet ; Élise Toïdé

p. 11 Édito p. 48 Bijoy Jain à la


Fondation Cartier
p. 24 Ils ont participé à ce numéro Dans une installation qui fait
Journalistes, photographes, la part belle aux matériaux et
stylistes : ils ont du talent, à l’artisanat, l’architecte indien
nous travaillons ensemble. Bijoy Jain dialogue avec le
bâtiment de verre de Jean Nouvel.

L’univers AD p. 56 Fontainebleau,
forêt magnétique
Pôle artistique séculaire,
p. 30 Nos 10 envies du moment la région inspire une nouvelle
Des rééditions de Pierre Guariche, génération de créatifs.
l’hôtel Villa-des-Prés, le design
de Mickaël Koska… p. 62 Maria Pergay,
dompteuse d’acier
p. 38 Objets de désir L’artiste et designeuse inclassable,
Accessoires, luminaires, meubles décédée en octobre dernier, a
de créateurs : notre sélection des su anoblir l’acier en lui insufflant
plus belles nouveautés. courbes, rondeurs et onirisme.

13
AD 182
Le sommaire

76

70

Ludovic Balay ; Christophe Coënon, Etamine Paris by Zimmer + Rohde ; Bilal Baruk Tarigh
p. 64 Une métamorphose Le guide AD ont imaginé un univers empreint
maîtrisée de références classiques teintées
Dans le sud de la Pologne, Notre sélection des plus beaux d’une subtile modernité.
un ancien dortoir des années tissus en trois tendances phares
1930 s’est vu transformé p. 96 Une écriture en contrepoint
en vaste villa, chaleureuse p. 76 La trame du style Dans la baie de San Francisco,
et sereine. Imprimés rétro, étoffes texturées l’architecte d’intérieur Mia Todd
et rayures estivales… crée une atmosphère chaleureuse
p. 70 Faste sur le Nil et dynamique.

Le style AD
Pour remonter le fleuve mythique,
l’architecte égyptien Tarek p. 106 Jeux de textures
Shamma a conçu un luxueux Au cœur de la nature anversoise,
voilier traditionnel. À Paris, San Francisco ou Anvers, l’architecte d’intérieur belge
nos 6 intérieurs singuliers célèbrent Nathalie Van Reeth a entièrement
p. 74 AD & Range Rover Awards, la décoration, les textures et la repensé une maison de vacances.
le jury dévoilé matière
Pour leur troisième édition,
les AD & Range Rover Awards p. 84 Esprit Art déco
voient leur jury accueillir cette Dans une maison parisienne,
année deux nouveaux membres. Laure Gravier et Hugo Marchand

14
moltenigroup.com

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AD 182
Le sommaire

118

138

Ambroise Tézenas ; Matthieu Salvaing ; Alice Mesguich


N° 182 — JANVIER / FÉVRIER 2024
EN COUVERTURE,
à Anvers, la maison de
l’architecte belge Nathalie
Van Reeth photographiée
par Matthieu Salvaing.

p. 118 L’art du voyage p. 138 Le caractère de l’ancien On poursuivra conformément aux lois la reproduction ou la
contrefaçon des modèles, dessins et textes publiés dans la publicité
Dans un appartement parisien, le et du moderne et la rédaction d’AD®© 2024. Les Publications CONDÉ NAST S.A.S
galeriste et marchand d’antiquités Dans un hôtel particulier du Tous droits réservés. La rédaction décline toute responsabilité
pour tous les documents, quel qu’en soit le support, qui lui
Adrien Chenel a créé lui-même XIXe siècle, la curatrice et seraient spontanément confiés. Ces derniers doivent être joints à
l’atmosphère tirée de ses songes. ensemblière Joséphine Fossey une enveloppe de réexpédition prépayée. Droits réservés ADAGP
pour les œuvres de ses membres. Ce numéro comporte un encart
signe un appartement lumineux. abonnement jeté dans les ventes France, un encart abonnement
p. 128 Parenthèse bucolique jeté dans les ventes Suisse, un encart abonnement jeté dans les
ventes Belgique. Le papier utilisé pour ce magazine est recyclable
Dans les Hamptons, l’agence p. 154 10 questions à Hugo Toro et renouvelable. Il a été produit avec du bois en provenance
Atelier AM et la paysagiste L’architecte d’intérieur répond de forêts gérées durablement et dont la pâte a été blanchie
sans chlore. Les usines sont certifiées par des tierces parties
Miranda Brooks font la part belle à notre questionnaire en forme indépendantes selon les normes ISO 9001, Assurance Qualité, et
à la beauté sobre. de portrait chinois. ISO 14 001, Environnement.

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NUMÉRO 182 – JANVIER / FÉVRIER 2024 ARCHITECTURAL DIGEST LES PLUS BELLES MAISONS DU MONDE

DIRECTION RÉDACTION FRANCE PÔLE TALENTS


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Dominique Dirand Writer
Laure Fournis
Nicolas Milon
Directeur de la fabrication
Francis Dufour Art Producer PRODUCTION ET DISTRIBUTION
Léa Milteau Chef de fabrication
Directrice des ressources humaines
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Nadia Benhayyan Editorial Assistants
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Le papier utilisé pour cette parution:
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Directrice Opérations Natives Ont collaboré à ce numéro
Marine Guigon Mompezat Alexis Armanet, Ludovic Balay,
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Serge Gleizes, Raghav Goswamy, Stephen Kent Johnson, malgré ces précautions, vous avez une remarque à faire, vous nous
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Aurore Lameyre, Alice Mesguich, Laurence Mouillefarine,
Mark C. O’Flaherty, Sybil Perrin, Michael Reynolds,
Suzanne Rouzeau, Mayer Rus, Matthieu Salvaing,
Komal Sharma, Cindy Tannoury, Ambroise Tezenas,
Élise Toïdé, Sylvie Wolff

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91-93, rue de Richelieu, 75002 Paris – 01 53 43 60 00
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NUMÉRO 182 – JANVIER / FÉVRIER 2024 ARCHITECTURAL DIGEST LES PLUS BELLES MAISONS DU MONDE

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AD 182
Les contributeurs

Ils ont
participé à ce
numéro

Fabien Guyon
PAR Cindy Tannoury

Élise Ludovic Komal


Toïdé Balay Sharma
Formée à l’ICP de New York, Un master à l’ENS Louis- Une douzaine d’années après
Élise Toïdé explore dans Lumière en poche et avoir consacré sa plume à
sa photographie les thèmes beaucoup de curiosité font l’architecture et au design pour
du temps, de l’intime et de de Ludovic un photographe divers journaux et magazines
la vulnérabilité, notamment très reconnaissant de son locaux en Inde, Komal Sharma
chez la jeunesse. De retour à métier qui lui permet « d’ouvrir a rejoint la rédaction d’AD
Paris, elle mène des projets les portes de lieux mythiques », India. Elle y occupe le poste
artistiques et collabore avec des comme tout dernièrement de rédactrice en chef deux ans
institutions et des créateurs de l’Orient Express pour Belmond. plus tard, en 2021. Elle dresse
mode comme Yohji Yamamoto. Ce qu’il a particulièrement dans ces pages l’univers
Pour ce numéro, elle a « adoré apprécié pour ce numéro, et singulier de l’architecte
figer les instants à Fontainebleau après avoir longuement échangé indien Bijoy Jain, le fondateur
de cette histoire de rencontres, ce avec le duo Paradowski et de Studio Mumbai, qui évolue
village empli de charme, ces designers leur vision de l’architecture d’après elle « dans une sphère
chaleureux et passionnés, dans une d’intérieur, « c’est de sortir qui lui est propre. Sa pratique a
ambiance hors du temps et quelque du contexte parisien pour aller su distiller des pensées complexes sur
part familière ». Elle se consacre à la rencontre de nouvelles l’espace, la vie, la création et les
actuellement à la réalisation personnes, de nouvelles manières de matériaux. La série d’œuvres qu’il
de Gabrielle, deuxième tome percevoir les choses ». Pour lui, ce a réalisées pour la Fondation
de la trilogie Les Vagues initiée projet aura été « un super terrain Cartier témoigne de sa démarche
par les éditions Eyd en 2022. de jeux pour faire des images. » et de sa présence uniques. »

24
Tissus et Papiers Peints
AD 182
Les contributeurs

Matthieu Salvaing ; Alice Mesguich


Matthieu Alice Sylvie
Salvaing Mesguich Wolff
Entre la sortie à venir d’un livre Après des études de direction Journaliste lifestyle depuis
sur la côte amalfitaine, ses artistique à Penninghen, toujours, Sylvie Wolff a écrit
collaborations avec les maisons quelques années dans la presse pour de nombreux magazines,
de luxe et la poursuite et dans différentes agences, de Elle aux Échos en passant
d’un projet en Amazonie, l’envie d’Alice de penser les par le Figaro. Elle revient dans ce
le photographe familier d’AD images s’est transformée en numéro sur la vie et l’œuvre de
revient dans ce numéro avec « envie de faire les images ». Maria Pergay, artiste-designeuse
une pellicule qui fait la part Elle photographie ce mois-ci décédée à l’automne 2023, qui
belle aux matières. « Travailler deux hôtels particuliers à Paris. a anobli l’acier inoxydable en lui
avec la laque rouge en termes de L’un Rive gauche, pour la insufflant courbes, rondeurs
reflets et de vibrance est très excitant curatrice Joséphine Fossey, et sensualité. Elle a eu la chance
pour moi », nous a-t-il confié, l’autre Rive droite, pour la d’interviewer son petit-fils,
enjoué. Depuis les grandes première réalisation de Laure Jonathan, mais aussi son fils,
fenêtres, la nature environnante Gravier (Claves Architecture), Alexis Pergay, qui a travaillé
contraste avec cette laque où elle a apprécié travailler toute sa vie à ses côtés. Elle
brillante et le mobilier venu la direction créative, en amont a aussi mené l’enquête autour
du monde entier. C’est avec Aurore Lameyre. Dans de la forêt de Fontainebleau,
une histoire passionnante, cette approche touche-à-tout, où une communauté de
la flamme que ressent Matthieu elle projette de bientôt créer créateurs s’est installée pour
Salvaing est palpable : l’âme son propre studio de direction se reconnecter au vivant
fervente d’une maison en pleine artistique dédié au design, à l’art « comme l’ont fait en leur temps,
forêt est capturée. et à l’architecture intérieure. les impressionnistes à Barbizon ».

26
©Quentin Ducros

Ed i t e u r d e tis s u s , pa piers peints , m o bilier et ta pis


www.no bilis .fr
dessin YUGEN
collection KANSO

Showrooms
London
Paris

arte-international.com
Culemborg
Los Angeles
13 AIX-EN-PROVENCE AU FIL DES MATIÈRES - 13 MARSEILLE MAISON SÉRIÈS - 13 MARSEILLE SOL CENTER - 16 L’ISLE D’EPAGNAC NUANCES UNIKALO - 22 MINIHY-TREGUIER AR DÉCO - 22 PLERIN RP REALISATION - 30 NIMES THEROND DÉCORATION - 31 TOULOUSE FLANELLE DÉCORATION
31 TOULOUSE MAISON GOMEZ - 33 MÉRIGNAC INFLUENCES BY M - 35 FOUGÈRES PINTO ET FILS - 35 RENNES / MONTGERMONT VBA DÉCORATION - 38 ECHIROLLES CAP COLOR - 42 SAINT-ETIENNE CAPAROL CENTER SAGRA - 42 SAINT-GENEST-LERPT EPARVIER
42 SAVIGNEUX CAPAROL CENTER SAGRA - 45 ORLÉANS CPPO BCL DÉCOR - 45 SARAN ATELIER COVER - 45 ANGERS ARTIRENOV - 51 REIMS HALL DU PAPIER PEINT - 51 REIMS INTERIEUR ACTUEL - 53 CRAON STÉPHANE COTTEVERTE - 53 LAVAL COLORISME - 53 LAVAL/CHANGÉ INFINI LEGNO
54 NANCY NICOLE LHOTTE - 56 SAINT-AVÉ LT DÉCOR - 57 FAMECK P.P.M - 57 METZ SUPER NOVA - 57 SARREBOURG MILDÉCOR - 59 LA MADELEINE CATTEAU - 60 BEAUVAIS VA DÉCORATION - 62 ARRAS DELCROIX DÉCORATION - 62 SAINT-OMER LIONET - 64 BIARRITZ ITOIZ DÉCOR
67 OTTERSWILLER MILDÉCOR - 67 SELESTAT PROJART - 67 SOUFFELWEYERSHEIM AREAL - 68 MULHOUSE SORAYA DEFFAR STUDIO - 69 LYON SOLMUR CITY - 69 VILLEURBANNE SOLMUR DISTRIBUTION - 73 AIX-LES-BAINS PPP MONOD - 74 ANNEMASSE L’ATELIER DES PEINTRES
75 PARIS AU FIL DES COULEURS - 75 PARIS BHV MARAIS - 75 PARIS L’ATELIER DES PEINTURES - 75 PARIS RECA DÉCORATION - 75 PARIS VANDENBROUCKE - 76 BIHOREL LES ROUEN SOLMUR - 81 ALBI MAISON GOMEZ - 82 MONTAUBAN BUREAU LAURAGAIS - 83 FRÉJUS LES DÉCORATEURS DU SUD
83 SAINT-TROPEZ EKLE HOME - 85 LA CHÂTAIGNERAIE LOGIDÉCOR - 85 LE POIRÉ-SUR-VIE DÉCOR PEINT - 92 SCEAUX MARIETTE DFD - 92 NEUILLY-SUR-SEINE LA MAISON BINEAU - 94 MAISONS ALFORT INFINI LEGNO - 98 MONACO FASHION FOR FLOORS
Bilal Baruk Tarigh ; Courtesy Maria Pergay Archives ; Élise Toïdé ; Ludovic Balay

NOS ÉMOTIONS POUR CE DÉBUT D’ANNÉE


Une croisière sur le Nil, le métal design de Maria
Pergay, la forêt de Fontainebleau terre de créateurs,
une métamorphose signée Paradowski Studio…
L’UNIVERS AD
Le top 10

Nos
10 envies du
moment PAR Clément Bellanger, Annabelle Dufraigne,
Serge Gleizes, Nicolas Milon,
Laurence Mouillefarine

Sortir de sa zone de confort


Gareth Mason, comme il le revendique, fabrique des objets fissurés
et cassés, des œuvres corrompues, boiteuses, endommagées,
réalisées à partir d’argile et de corps étrangers qui défient l’histoire
immaculée de la porcelaine. Repoussant les limites du matériau,
son processus créatif consiste à façonner les pièces à la main, à en
altérer la forme par la cuisson et l’émaillage, puis à ajouter des
éléments inattendus tels que du verre, du métal et des éclats de
poterie. Ce faisant, il élève la valeur esthétique des rebuts. En résulte

Carpenters Workshop Gallery ; Cinna


une collection avant-gardiste d’œuvres richement superposées en
textures, couleurs et formes, à découvrir lors d’un solo show de
24 créations inédites réalisées au cours des deux dernières années.
Non conventionnel dans son approche, Gareth Mason est décidément
l’un des céramistes britanniques les plus captivants. N.M.
Seeing Things, Gareth Mason, du 18 janvier au 22 mars, Carpenters Workshop Gallery,
54, rue de la Verrerie, 75 004 Paris. carpentersworkshopgallery.com ; garethmason.net

S’émerveiller devant
des rééditions passionnantes
La chaise Papyrus, l’assise Tonneau, la chaise longue
Vallée Blanche… Le mobilier de Pierre Guariche,
comme les constructions qu’il a signées à
Bandol – l’Athena – ou à La Plagne, appartiennent
au panthéon du design. Des années 1950 aux années
1990, il a laissé son empreinte, celle de la modernité
française, dans le paysage architectural d’un pays en
reconstruction, apportant, comme Charlotte Perriand
ou Le Corbusier, le beau dans la fonctionnalité.
Soucieuse de faire (re)découvrir ce monstre sacré du
design trop peu connu du grand public, la marque Cinna
réédite une superbe collection de meubles et de
luminaires imaginés par Pierre Guariche. Vingt pièces
exceptionnelles qui nous replongent devant une
modernité toujours pertinente A.D.
Les Visionnaires, rééditions de Pierre Guariche par Cinna,
du 17 au 20 janvier, Galerie Italienne, 15, rue du Louvre, 75001 Paris.
galerieitalienne.com
Ludovic Balay

S’évader du tumulte parisien


« On pourrait imaginer ouvrir la fenêtre le matin et soudain découvrir un paysage de la série Twin Peaks ou du Colorado », rêve Bernard Dubois.
Pourtant, nous sommes à Paris, près du canal Saint-Martin. C’est donc loin de l’agitation urbaine du Xe arrondissement que
l’architecte belge a imaginé son dernier lieu d’hospitalité. La Résidence Bouchardon, sise dans la rue éponyme, offre onze luxueuses
suites indépendantes. Pensé dans le plus grand dépaysement, ce nouvel endroit rappelle à la fois « les hôtels à la montagne, les photos
de William Eggleston ou Stephen Shore et les codes cinématographiques américains typiques ». Un vaste et réjouissant programme, tout en bois,
tissus marron et laque – la signature seventies de Bernard Dubois, que l’on embrasse bien volontiers à l’occasion d’un séjour
parisien, à réserver sur la plateforme Edgar Suites. A.D.
Résidence Bouchardon, 9, rue Bouchardon, 75010 Paris. edgarsuites.com

31
L’UNIVERS AD
Le top 10

Célébrer les impressionnistes


1874 : première exposition impressionniste à Paris.
Le musée d’Orsay célèbre ce cent-cinquantenaire
en fanfare. D’une part, il rassemble sur ses cimaises
les fameux tableaux de Monet, Renoir, Pissarro,
Degas, Sisley, réunis alors, afin de replacer la
manifestation dans son contexte de l’époque (à partir
du 26 mars). Par ailleurs, il prête ses chefs-d’œuvre
à plus de trente institutions afin que cet anniversaire
soit fêté à travers la France et durant toute l’année.
Ainsi, dès le 17 février, La Piscine de Roubaix accueille,
autour de sa célèbre Petite Châtelaine de Camille Claudel,
« des enfants impressionnistes ». L.M.
Les 150 ans de l’impressionnisme avec le musée d’Orsay.
Programme sur musée-orsay.fr

Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt ; Clément Bellanger


Vivre la vie de collectionneur
Rive gauche
Après avoir conquis les hauteurs de la Rive droite en
signant l’hôtel et les restaurants Madame Rêve,
Bruno Borrione s’exporte de l’autre côté de la Seine.
Au cœur de Saint-Germain-des-Prés, sa nouvelle
adresse a tout de l’hôtel particulier parisien idéal.
Rue de Buci, la façade post-Haussmannienne de la
Villa-des-Prés attire dans un décor non moins
charmant. Des pièces éclectiques, à « l’harmonie
hétéroclite d’un chez-soi », de son propre aveu ; mais aussi
un vaste travail de curation artistique, mené par la
galeriste germanopratine Amélie du Chalard, qui a réuni
près de cinquante tableaux réalisés sur mesure par
des artistes contemporains. Dans l’esprit d’une
collection dont on se délecte de pièce en pièce. A.D.
Villa-des-Prés, 29, rue de Buci, 75 006. villadespres.com

32
Embrasser la dualité
d’un créateur
Architecte de premier plan du xxe siècle,
Paul Andreu (1938-2018) fait dialoguer
la technique avec l’art. Le père du terminal 1
de l’aéroport Paris Charles-de-Gaulle dévoile ses
thématiques, qui sont autant de dualités que
d’articulations au sein de cette monographie
dirigée par Stéphanie Quantin-Biancalani.
Au fil des archives, des esquisses et des incursions
de personnalités telles que Tadao Ando, son
œuvre s’éclaire d’une aura nouvelle. Travaillant
conjointement les éléments que sont la lumière
et l’obscurité, l’Orient et l’Occident, la terre
et le ciel… Paul Andreu préfigure une architecture
structurée par le mouvement, qui, sans chercher
à contraindre au sein d’un espace donné,
se déploie autour du déplacement des individus. C.B.
Paul Andreu, L’Envol, de Stéphanie Quantin-Biancalani,
Éditions Norma, 272 pages.
Carlos Martinez ; Éditions Norma

Découvrir un design étonnant


Le quotidien est la source d’inspiration du designer
marseillais Mickaël Koska. Cet autodidacte a
découvert pendant l’enfance sa passion pour la création,
en particulier celle du mobilier, abordant le design
de manière instinctive avant de se perfectionner à
l’École Boulle. Observant ce qui l’entoure pour mieux
le réinterpréter, ce libre-penseur habité par les reliefs
de la Méditerranée, leurs matières et leurs couleurs,
crée des formes ludiques. À l’image de sa passionnante
table Cactus, plateau en marbre, cylindres de verre
strié – un verre identique à celui des flacons de
parfum – et piètement tubulaire en métal habillé
de velours. Un goût pour les formes géométriques qu’il
n’oublie pas d’inscrire dans un circuit court de
création, préservant ainsi le savoir-faire français. N.M.
mickaelkoska.com

33
L’UNIVERS AD
Le top 10

Fabrice Gousset

S’éprendre d’un mouvement, d’une époque


Graphique, joyeuse, colorée, fonctionnelle et décorative, et surtout très identifiable, la cinquantaine de pièces signées Ettore Sottsass
(1917-2007) que la maison de ventes parisienne Tajan met aux enchères au sein de son département design, relance toute une époque.
Au cœur de cette Italiamania, on verra donc vases, lampes, théières, assiettes, cendriers, boîtes… réalisés entre 1956 et 2000 pour la plupart
dans la célèbre manufacture Bitossi de Montelupo, mais également en Toscane ou encore à Sesto Fiorentino. Ils rivaliseront avec des
pièces non moins fortes signées Aldo Londi (directeur artistique de Bitossi), Nanni Valentini, Alessandro Mendini, Nathalie Du Pasquier,
George Sowden, Matteo Thun… fervents disciples de cet emblématique mouvement Memphis, né à la fin du xxe siècle. S.G.
Italiamania, vente le 1er février 2024, Tajan, 37, rue des Mathurins, 75008 Paris. tajan.com

34
The Wabi Sabi Collection I perennialsandsutherland.com
L’UNIVERS AD
Le top 10

Plonger dans l’aventure


de l’avant-garde
Quelle audace ! Léonce Rosenberg,
marchand et collectionneur, propriétaire
de la galerie L’Effort moderne, à Paris,
défendait l’avant-garde, et en particulier le
cubisme. Il fit mieux encore : en 1928-1929,
il invita plusieurs artistes, dont certains
déjà établis, à créer des toiles pour décorer
son appartement du XVIe arrondissement,
chaque peintre ayant sa pièce. Exemples ?
Georges Valmier était représenté dans
la salle à manger, Auguste Herbin, dans
le fumoir. Sorte d’œuvre d’art totale.
Une aventure méconnue. L.M.
Dans l’appartement de Léonce Rosenberg, De Chirico,
Ernst, Léger, Picabia…, du 30 janvier au 19 mai,
Musée national Picasso-Paris, 5, rue de Thorigny,
75003 Paris. museepicassoparis.fr

Severini ; Bastien Lattanzio


Voyager en pays levantin
Après Shabour, Balagan et Boubalé, Assaf Granit n’en
finit plus de conquérir la scène gastronomique parisienne.
En décembre, il a ouvert Kapara, sa nouvelle adresse, à deux
pas du Jardin des Tuileries. Dans le décor chaleureux et
festif qui lui est cher, le chef israélien révèle une savoureuse
cuisine moyen-orientale. Au menu, le rafraîchissant sashimi de
sériole aux figues rencontre les boulettes de poulet subtilement
assaisonnées d’épices levantines, ou les côtelettes d’agneau,
mashi coq-au-vin, freekeh, chimichurri (en photo). À accompagner
des pains briochés addictifs, servis tièdes avec du tahini et
de la crème aux tomates confites… et de cocktails aux accents
méditerranéens. Au dessert, on craque pour la « Bénimousse »
signature, au chocolat noir, huile d’olive et fleur de sel. A.D.
Kapara, 9, rue d’Alger, 75001 Paris. kaparaparis.com

36
Un intérieur seventies

Retrouvez-les en boutiques

Paris Lille
7, place des Victoires 87, rue Esquermoise
75001 Paris 59000 Lille

ou sur tikamoon.com

Tribute — Chaise et fauteuil bas en teck massif et tissage | Domani — Table en teck massif
L’UNIVERS AD
Le shopping

LE PARAVENT ONIRIQUE
Le peintre Shuo Hao déploie
sa palette surréaliste pastel sur cinq
panneaux réalisés en huile sur bois.
Cinq choses et le gardien,
170 x 207 x 4 cm, prix sur demande,
GALERIE DEROUILLON.

Objets
de désir PAR Sarah de Beaumont
assistée de Noelann Bourgade

LE CANAPÉ EN BOUCLES
En lin et bronze anodisé, il
réinvente la magie des années 1970.
Liberamente 2 Seat Sofa,
162 x 114 x 72, 11 845 €,
OBJECTIVE GALLERY.

Simon Leung, Courtesy of the artist and Galerie Derouillon, Paris


© Grégory Copitet, Jean Pierre Vaillancourt, Adrien Dirand
LES LUMINAIRES DISCO
Avec ces lampes en verre
de Murano, Victoria Wilmotte se joue
des formes géométriques.
Murano Sfere, h 80 cm, 9 000 €,
et h 50 cm, 12 000 €,
JOUSSE ENTREPRISE.

LA CHAISE DE CRÉATRICE
Elle nous revient comme un boomerang,
du plus fort des années 1980… Chaise en acier
laqué, créée et rééditée par Rei Kawakubo.
Chaise no.2, 52 x 53 x h 65 cm,
3 300 €, COMME DES GARÇONS.

38
L’UNIVERS AD
Le shopping

L’ASSISE TISSÉE
En bois de poirier et corde
de coton enduit tissé main,
ce fauteuil signé Léa Zeroil
invite à la contemplation.
Nauzami Chilienne,
74 x 93 x h 80 cm,
prix sur demande,
GALERIE MAESTRIA.

Alexandre Tabaste, Nicolas Héron


LE VASE MYTHIQUE
La designeuse Riikka
Piippo revisite les motifs
de l’Antiquité avec les LA TABLE ART NOUVEAU
larges anses en feuilles Pour sa première ligne de mobilier,
d’acanthe de ce vase Friedmann & Versace associe
en grès fait main. bronze et fusion de verre, comme
Cuore, 38,5 x 48,5 x 24 cm, une ode aux métiers d’art.
1 050 €, LOKAL HELSINKI. Constellation 03. 140 x 73 x h 37 cm,
prix sur demande,
FRIEDMANN & VERSACE.

LE TAPIS À VOLUTES
En laine nouée main,
ses motifs s’enroulent
en courbes hypnotiques…
Circueo, 200 x 300 cm,
prix sur demande,
PIERRE MARIE STUDIO.

LE MAILLON FORT
Avec son bracelet à 5 maillons
et structure en grains de riz, cette
montre fait vibrer les reflets
de l’acier. Collection Elegance,
Ø 3,73 cm, 5 800 €, GRAND SEIKO.

LES GALETS POLIS


Thalia Maria Silver réinvente l’art de
la table avec ces poétiques cuillères
de service en argent et galets.
Pebbled Silver Spoons, de 22 à 26 cm,
344,95 €, MOUKI MOU LONDON.
ATELIERS HERVE BAUME | AVIGNON (FRANCE) | TEL. +33 (0)4 90 86 37 66 | contact@herve-baume.com | www.herve-baume.com
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L’UNIVERS AD
Le shopping

LA TAPISSERIE VASE
Une tapisserie en laine
de Nouvelle-Zélande
LA SUSPENSION OMBRELLE et Tencel comme un
En soie et métal, trompe-l’œil, imaginée
créée en 1917 par Josef par Anissa Kermiche.
Hoffmann, elle Belle Saison, à partir
n’a pas pris une ride. de 130 x 160 cm,
H 55 cm, à partir de 1 150 €,
SIBYLLE DE TAVERNOST.
à partir de 4 000 €,
WOKA LAMPS VIENNA.

LE ROUGE ET LE NOIR
Eric Schmitt signe cette chauffeuse
en fonte d’aluminium laquée
et patinée et tissu. Bloomsbury,
79 x 50 x 52 cm, prix sur demande,
GALERIE DUTKO.

LA COUPE FLEURIE
Des reflets opalescents
subliment ce vase en verre
soufflé à la main et albâtre.
Giardino Vase VI,
Ø 38 x h 15,24 cm, à partir de

Eva K. Salvi, Alexandra de Cossette Courtesy Galerie kreo


1 016 €, SOPHIE LOU JACOBSEN.

LA TABLE POLYGONE LE VASE ZEN


Ses lignes brisées Avec ce vase en
en aluminium ciré céramique émaillée,
invitent à des dîners Ronan Bouroullec nous
hors du commun. embarque en pays zen.
Dining Table, Tajimi Vase,
132 x 240 x h 75 cm, 48,5 x 39 x 21 cm,
prix sur demande, prix sur demande,
STUDIO HAOS. GALERIE KREO.

42
6 Rue de l’Abbaye, 75006, Paris
L’UNIVERS AD
Le shopping

LE MOTIF
ARTS AND CRAFTS
Iconique, ce papier
peint a été dessiné en
1883 par le maître du
genre, William Morris.
Windrush, Collection
Morris and Friends,
187 € le rouleau de
10 mètres en 52 cm
de large, MORRIS&CO
CHEZ SANDERSON.
LE FAUTEUIL ART DÉCO
En placage de bois zebrano laqué,
bordures et base laquées ivoire et
tissu Rubelli Spritz Bronzo, ce
fauteuil réveille l’esthétique Art déco.
Fauteuil Vert, 80 x 80 x h 80 cm,
à partir de 6 000 €, STUDIO AKADEMOS.

LA THÉIÈRE LAQUÉE
L’artiste Huh Myoung-Wook
n’en finit pas d’explorer les subtilités
de l’art de la laque coréenne
avec cette théière en cuivre
aux nuances profondes.
Ottchil Copper Teapot,
19 x 10 x h 21 cm, 1 415 €, ABASK.

Crédit
LE CHANDELIER STRIÉ
Un esprit baroque contemporain
anime ce chandelier en bronze
patiné aux lignes mouvantes,
signé Sebastian Brajkovic. LA LAMPE EN MARBRE
Dancing Queen, L’architecte d’intérieur Charles Zana
40 x 23 x h 33 cm, prix sur demande, associe avec brio un marbre Verde
DAVID GILL GALLERY. Alpi à un abat-jour en osier et papier.
Tilos Alpi, Ø 20,5 x h 107,5 cm,
prix sur demande, CHARLES ZANA.

CARTON PLEIN
Présentées à la Gallery FUMI,
cette table et cette chaise
en papier carton et pâte de blé créées
par Max Lamb donnent ses lettres
de noblesse au carton.
16 Box Table,
115 x 230 x h 76,5 cm, et 14 Box Chair,
à partir de 48 x 40 x h 85 cm,
prix sur demande, GALLERY FUMI.

44
®

E X C L U S I V E C A R P E T S A N D R U G S

Collection Graduation 2024

12 Rue des Saint-Pères, 75007 Paris


www.deirdredyson.com

Deirdre Dyson is a registered trade mark of Deirdre Dyson.


Illustration- Tapis Astral issu de la collection Graduation.
L’UNIVERS AD
Le shopping

ON DIRAIT LE SUD
Des nuances provençales ornent
ce tissu en lin aux motifs de piques
et de carreaux. Rouen 09 Blue Sol,
140 cm, 140 € le mètre,
JAMES MALONE FABRICS.

LE MEUBLE GÉOMÉTRIQUE
Sattio Studio signe cette enfi lade en
laque satinée comme une toile lumineuse.
Buffet TT1, 270 x 57,7 x h 86 cm, prix
sur demande, GALERIE KOLKHOZE.

LA BROCHE SOLAIRE
En or jaune, diamants
et béryls, ce joyau
se porte aussi autour
du cou. Tweed Byzance,
2,12 carats DIF,
CHANEL HAUTE
JOAILLERIE.

Galerie Kolkhoze
LES VERRES PORTE-BONHEUR L’APPLIQUE ASTRALE
Inspirés par la forme du Plongée dans la sphère cosmique
trèfle à quatre feuilles, ces verres avec cette applique en verre
sont dorés à la main. fondu à la cire perdue piquée d’or
Collection Chance, verre à pied 170 €, et montée sur une structure
gobelet 132 €, en aluminium patiné.
PINTO X CASARIALTO. Fovea, 4 200 €, à partir de
20 x 11 x h 30 cm, GARNIER & LINKER.

LE DAYBED ÉPURÉ
La simplicité des lignes de cette
méridienne en métal et coton
torsadé est signée Sandra Benhamou.
Annetta, prix sur demande,
205 x 85 x 59 cm, STUDIOTWENTYSEVEN.

46
De nos ateliers à votre intérieur
En tant qu’entreprise familiale, nous savons exactement ce qui entre dans la composition
de nos peintures. Nous fabriquons des peintures écologiques dans notre propre usine située
sur les contreforts de Snowdonia, dans le nord du Pays de Galles, en utilisant uniquement
des ingrédients de la plus haute qualité. Ceux-ci sont mélangés par notre équipe dévouée
qui crée des peintures aux magnifiques couleurs utilisées depuis des générations.

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L’UNIVERS AD
L’événement

L’ARCHITECTE indien
Bijoy Jain, fondateur
de Studio Mumbai,
à l’honneur dans
l’exposition Le Souffle
de l’architecte, à la
Fondation Cartier pour
l’art contemporain
jusqu’au mois d’avril.
Bijoy Jain
à la
Fondation
Cartier

Dans une installation qui fait la part belle aux


matériaux et à l’artisanat, l’architecte indien
Bijoy Jain, fondateur de Studio Mumbai, dialogue
avec le bâtiment de verre signé par Jean Nouvel.
Une invitation immersive à découvrir le silence,
dans une osmose intuitive et intemporelle.
PAR Komal Sharma PHOTOS Raghav Goswamy, Alexis Armanet

C
’est dans le quartier de Byculla, à Mumbai, que l’architecte indien
Bijoy Jain a fondé Studio Mumbai. Cette maison-atelier se cache
derrière une porte discrète, le long d’une allée bordée d’arbres qui
fait office de partie commune avec les voisins. Une autre porte en bambou
mène à une vaste cour centrale, ouverte et volumineuse, autour de laquelle
s’articulent des espaces de travail. Des bureaux, des chaises, des armoires,
des arrangements de pierres trouvées, des cuves d’indigo, des bols de
pigments brillants, des dessins, des pinceaux, des livres, encore des livres,
des gens qui tissent habilement une chaise avec des fils de soie Muga,
de magnifiques chiens noirs qui courent partout et la mousson qui tombe en
ce jour de septembre, bruyante et implacable… Tout ce petit monde, animé
ou non, trouvé ou fabriqué, constitue l’écosystème de Studio Mumbai.
Il y a une dizaine d’années, Hervé Chandès, directeur de la Fondation
Cartier pour l’art contemporain, tombe sur une photo de l’agence indienne
dans un magazine : « Ce lieu m’a fasciné. Il était riche en possibilités, en création,
en personnes, en esthétique, en invention. J’ai gardé le magazine près de moi, comme
un talisman, pour le redécouvrir un jour. » →

49
L’UNIVERS AD
L’événement

AU CENTRE, un orbe
fait de bambou,
bouse de vache,
ficelle et pigments.

«J’ai imaginé une architecture


faite d’eau, d’air, de lumière,
une alchimie. »
— L’architecte indien Bijoy Jain

DANS LA MAISON-ATELIER,
se mêlent des cuves
d’indigo, des bols
de pigments brillants,
des pinceaux…

Il faudra attendre mars 2022 pour que la Fondation Cartier invite officiellement
Bijoy Jain à concevoir une exposition dans le bâtiment emblématique de Jean
Nouvel, au cœur de Paris, intitulée Le Souffle de l’architecte. Ces pages offrent un
aperçu du Studio Mumbai de Bijoy Jain. « J’ai imaginé et habité l’espace de la Fondation
Cartier pour l’art contemporain comme celui d’une civilisation en mouvement à une
époque inconnue. Une architecture faite d’eau, d’air, de lumière, une alchimie entre des entités
liées par une affection réciproque et partageant un même mode d’expression. De l’intérieur
vers l’extérieur. De l’extérieur vers l’intérieur », explique l’artiste.
La Fondation Cartier publie également pour l’occasion un catalogue conçu
par le directeur artistique japonais Taku Satoh, qui a notamment élaboré
le design de Pleats Please Issey Miyake. L’ouvrage offre aux lecteurs une
découverte de la pratique unique de Bijoy Jain, de sa philosophie et de
son processus de collaboration.
Dans cette exposition, créée spécialement pour la Fondation Cartier au
cours de l’année écoulée, Bijoy Jain a appréhendé le bâtiment comme un lieu
qui peut être habité. Il s’agit d’une réponse intuitive à la spécificité du site.
L’espace est pensé en fonction de l’inspiration et de l’expiration du souffle,
mais aussi en fonction du corps, de la main, du cœur et de l’esprit.
L’exposition engage également un dialogue entre les œuvres de l’artiste
chinoise Hu Liu et celles de la céramiste turco-danoise Alev Ebüzziya Siesbye.
Lorsque l’on se penche sur les trente ans de carrière de Bijoy Jain, que l’on
réfléchit à son métier, à sa démarche et à son langage, on constate une chose : →

50
L’ATELIER de Studio
Mumbai, situé dans
le quartier de Byculla
à Mumbai, se présente
comme un espace de
recherche où les idées
sont explorées à
travers la production
de modèles réduits,
d’objets et de dessins.
L’UNIVERS AD
L’événement
ses projets sont rarement isolés et déconnectés les
uns des autres. Il s’agit plutôt d’un long continuum
dans lequel l’artiste vit et travaille par un effet de
réverbération entre les points. À mi-chemin entre l’art et
l’architecture, sa pratique fait la part belle aux matériaux
et à l’artisanat : pigments naturels, panneaux enduits,
structures en bambou ou encore bouse de vache.
Le Souffle d’un architecte se situe dans la même orbite.
« Tout ce qui est présent est fait d’un souffle. Il résonne en chacun
de nous », explique l’artiste. Il invite le spectateur à
redécouvrir le silence, un mot qui a été déterminant
dans les premières discussions avec l’équipe de la
Fondation : « Je pense que la fonction de l’œuvre est d’évoquer
ce silence. Et le silence a un son. J’espère que les spectateurs
apporteront leur présence et, étant là, se dissoudront. » Différents
matériaux de construction – bambou, pierre, bois,
brique, pigments et terre – se mêlent dans une osmose
silencieuse, intuitive et intemporelle, dialoguant
les uns avec les autres dans un langage de proportions,
d’origines et de voyages. Il en résulte une expérience
à la fois familière et inconnue, difficile à définir,
mais facile à ressentir. « Bijoy a le don de faire parler
les matériaux, reconnaît Hervé Chandès au téléphone.
Issey Miyake avait lui aussi ce talent. » Il est important
de souligner qu’aucune œuvre de l’exposition n’a été
réalisée à l’aide d’une machine. Pas de perceuse, pas de
clou. Tout est tranché, épongé, peint, tissé à la main.
L’instinct haptique de l’architecte est un marqueur de
sa pratique et de cette série en particulier.

Une création totale


Établie à Paris en 1984, la Fondation Cartier est située
dans un magnifique bâtiment en verre conçu par Jean
Nouvel. Au fil des années, l’institution a brillé par
ses expositions et ses collaborations avec des artistes
contemporains, notamment Jun’ya Ishigami (Japon),
Diller Scofidio (États-Unis), Freddy Mamani (Bolivie),
Mauricio Rocha (Mexique), Solano Benitez et Gloria
Cabral (Paraguay). Cette invitation à Bijoy Jain, le
premier architecte indien, s’inscrit dans le cadre de cette
série. Les multiples rencontres d’Hervé Chandès avec
l’œuvre de Bijoy Jain ont toutes mené à cette invitation :
« J’ai vu son travail lors de la Biennale de Venise, sous le
commissariat d’Alejandro Aravena. L’espace, la géométrie, la
couleur… Encore une fois, c’était riche de possibilités. Pour moi,
c’était de la beauté pure. Quelques années plus tard, j’ai vu son
travail à Paris. Soudain, une chaise est devenue un hommage,
une célébration de quelque chose d’indéterminé, peut-être
de la civilisation. Cette exposition est une création totale, un
engagement profond envers la Fondation. » À la question :
« Que faites-vous pour cette exposition ? », Bijoy Jain →

LA PLATEFORME de
craie et le dessin
au trait ont été
réalisés in situ dans
la Fondation Cartier.

53
L’UNIVERS AD
L’événement

répond : « Ce que je fais tous les jours, vous voulez dire ? » Et de poursuivre :
« Ma pédagogie, c’est l’architecture. Quant à savoir ce que cela implique, je dirais
qu’il s’agit avant tout de créer de l’espace. Derrière les artifices, il y a cette notion
d’habitation de l’espace. »
Sa réponse créative à l’appel de la Fondation – et au bâtiment de Jean Nouvel
– reflète cette façon de penser. « Tout l’intérêt de l’exercice réside dans le fait que
nous ne faisons que traverser l’espace et le temps. C’est transitoire, momentané. L’exposition
« Nous ne faisons
peut durer un, trois ou cinq mois : ce n’est qu’une nomenclature pour désigner le temps
donné, le temps habité. Mais si l’on considère qu’il s’agit d’une pensée intuitive ancrée dans
que traverser l’espace
une durée inconnue – ce n’est pas une question de logique ou de connaissance, de passé,
de présent ou de futur – alors elle est toujours présente, toujours là, il suffit de se mettre à
et le temps.
son diapason », explique l’artiste. Bijoy Jain se souvient encore de sa première
rencontre avec le bâtiment de Jean Nouvel à Paris : « Je passais en voiture et j’ai
C’est transitoire,
vu une vitrine géante dans une forêt. Elle était transparente, non pas parce qu’elle était en
verre, mais parce qu’il n’y avait pas de murs. Tout s’était effondré en une seule entité
momentané. »
volumineuse et singulière. Qu’il s’agisse des oiseaux, des plantes, des gens ou du verre, tout — L’architecte indien Bijoy Jain
était comme synthétisé. » Aujourd’hui, alors que ses œuvres ornent les murs
invisibles de la « vitrine géante », l’architecte attend avec impatience de revivre
un moment comme celui-ci, à la fois fugace et infini. « Je suis curieux de refaire
la même expérience qu’à l’époque. J’aspire à cette synthèse. »
Adaptation Sandra Proutry-Skrzypek
Le Souffle de l’architecte, jusqu’au 21 avril 2024, Fondation Cartier pour l’art contemporain,
261, boulevard Raspail, 75014 Paris. fondationcartier.com

DES PANNEAUX DE AUCUNE ŒUVRE de


BAMBOU marqués au l’exposition n’a été
pigment et des sièges réalisée à l’aide d’une
de Studio Mumbai. La machine. Pas de
chaise au premier plan perceuse, pas de clou.
est fabriquée à partir Tout est tranché,
d’un seul bloc de bois. épongé, tissé à la main.
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HAPPYFACTORYPARIS.COM

        

       


         
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L’UNIVERS AD
Le lieu

LA FORÊT DE HABILLÉ DE LAMES


FONTAINEBLEAU, de chêne doré,
est en passe d’être l’atelier du créateur
classée au Patrimoine Jean-Guillaume
mondial de l’Unesco. Mathiaut.

ls s’appellent Garnier & Linker, José Lévy,


Jean-Guillaume Mathiaut, Eloïse Van der Heyden
ou encore Hugo Drubay… et tous ont
délibérément choisi de vivre au vert.
À proximité de Fontainebleau, l’une des plus
grandes forêts de France – 22 000 hectares –,
qui fut pendant plusieurs siècles le domaine de
chasse des souverains. Un immense espace
naturel aux portes de la capitale, constitué d’une
diversité de paysages qui aiguise leur imaginaire.
On se souvient qu’au xixe siècle, Corot, Millet, Renoir
ou Monet posaient leur chevalet à Barbizon, hypnotisés
par ce repaire et sa lumière si singulière. Désormais, une
nouvelle communauté créative s’est installée à quelques
kilomètres de là, au sein du village de Bourron-Marlotte,
en lisière du domaine forestier dont Jean-Guillaume
Mathiaut, designer-sculpteur, est natif : « J’ai grandi dans
ce bourg et vécu mes premières années dans la demeure du cinéaste
Jean Renoir. Une maison de maître classée, où j’ai construit mes
premières cabanes. » Aujourd’hui, le créateur qui collabore →

Fontainebleau,
forêt magnétique
Domaine des rois et des peintres, la forêt de Fontainebleau et ses environs ont toujours
aimanté une constellation d’artistes, dont Jean Cocteau ou les Lalanne.
Aujourd’hui, ce poumon vert continue de doper la créativité d’une nouvelle génération
d’ébénistes, de céramistes, de sculpteurs ou de designers qui y trouvent
un espace de liberté propice à leur inspiration.
PAR Sylvie Wolff PHOTOS Élise Toïdé

56
L’UNIVERS AD
Le lieu

« Voir chaque matin s’éveiller la futaie


de chênes centenaires et l’océan de pins
maritimes stimule ma pratique artistique. »
— Le designer et sculpteur Jean-Guillaume Mathiaut

JEAN-GUILLAUME
MATHIAUT devant l’une
de ses bibliothèques
en chêne massif
(certaines pièces sont
vendues dans la
galerie de Jean-Marc
Hervier, au marché
Paul Bert-Serpette).

LE VILLAGE de Bourron-
Marlotte qui, déjà au
siècle, avait séduit
xixe
les artistes Sisley,
Cézanne, Monet...

avec Bonpoint, Puiforcat ou Alain Ducasse, arpente tous


les jours la Plaine verte, l’œil en éventail, à la recherche
de troncs abandonnés, de souches coupées ou de
branches enlacées qu’il convertit en meubles taillés à la
main et sculptés dans la masse. Son lien est quasiment
charnel avec cette forêt. « Voir s’éveiller chaque matin la
futaie de chênes centenaires ou l’océan de pins maritimes est un
bain de jouvence qui stimule ma pratique artistique et me
ressource. » Est-ce le plaisir de voir défiler les saisons ou
la magie de ces paysages à la fois sauvages et domestiqués
qui ont poussé José Lévy à vivre entre Paris et Bourron-
Marlotte, une commune à laquelle il est intimement lié
depuis plus de trente ans ? « Il y a ici une force tellurique et
une harmonie favorable à la création », reconnaît l’artiste
polymorphe, capable d’endosser tous les rôles : designer,
architecte d’intérieur, styliste, scénographe, plasticien…
La proximité du site naturel l’apaise et nourrit les
desseins de ce créateur prolixe, qui prépare pour ce
printemps une exposition qui célébrera les 10 ans
du partenariat entre la Fondation Bettencourt et la Villa
Kujoyama, au Japon, dont il a été le résident puis le
lauréat en 2011. Il finalise aussi les costumes de la pièce
de Jean Genet, Les Paravents, jouée en mai prochain au
Théâtre de l’Odéon, et peaufine une ligne de meubles
et luminaires pour Serax. Une collection de lampes
en papier et résine, imaginée à partir des célèbres rochers
de Fontainebleau, qui témoigne une nouvelle fois de sa
CHEZ LUI, JOSÉ LÉVY,
designer et architecte relation privilégiée avec la forêt, à l’origine
d’intérieur, devant d’un projet pour la Manufacture de Sèvres et pour
le canapé en métal la marque Astier de Villatte.
perforé qu’il a
créé pour Serax.
Le génie du lieu
« On ne s’installe pas à Bourron-Marlotte par hasard »,
lance Eloïse Van der Heyden, céramiste et créatrice
d’estampes, très attachée à ce bourg où vécurent
Camille Claudel, Paul Cézanne, le cinéaste Jean Renoir
ou Victor Hugo. Car, contrairement à Barbizon,
surfréquenté à la belle saison, ce village a gardé son âme
et son authenticité. Il n’y a ni hôtel, ni musée ou salon de
thé qui attirent les touristes en goguette. « Et tant mieux,
renchérit cette Américaine qui a trouvé ici sincérité,
ancrage et sérénité. Par ses couleurs et ses formes, la forêt est
la matrice de mes créations, quel qu’en soit le médium. »
Cette vaste étendue boisée guide aussi quotidiennement
les pas de Victor Cadene, artiste-décorateur courtisé →

UN BOUGEOIR en GARNIER & LINKER,


bronze fondu à la cire orfèvres de la matière,
perdue dessiné devant leur atelier
par les designers situé dans une ferme
Garnier & Linker. xviiie siècle à Machault.

59
L’UNIVERS AD
Le lieu

par Hermès, la Manufacture d’Aubusson Robert Four


ou Diptyque. De prestigieuses maisons pour lesquelles
il réalise des dessins qu’il découpe et assemble en
collages. Et à y regarder de plus près, on s’aperçoit
qu’une profusion de motifs d’animaux ou de végétaux
peuple les œuvres de ce trentenaire installé dans
le village depuis 2021. Faut-il en conclure que ce décor
naturel, nécessaire à son équilibre et à sa concentration,
a réinitialisé son œil ?
Rasséréné par une longue balade en forêt, Hugo Drubay
n’hésite pas non plus à faire feu de tout bois. Lauréat
du Prix Mobilier national de Design Parade Toulon en
2019, il crée deux ans plus tard la collection de miroirs
Rocailles en mariant artisanat traditionnel et innovation
technologique. Aujourd’hui, il renouvelle l’expérience
de la sculpture numérique et de la gravure robotique
avec une série de meubles baptisée Aux arbres – clin

HUGO DRUBAY,
architecte d’intérieur
et designer, avec
son miroir Rocailles
en céramique, en
exclusivité pour The
Invisible Collection.
En arrière-plan,
son miroir en hêtre
teinté Aux arbres.

VICTOR CADENE et ses


collages. Courtisé
par les plus grandes
maisons , l’artiste-
décorateur publie
en janvier un beau
livre, À l’intérieur,
aux éditions In Fine.

60
ERIC SCHMITT dans
son atelier à Larchant.

d’œil au poème de Victor Hugo – et inspirée par la


poésie de ce site. Ces consoles murales aux formes
sinueuses et dorées à la feuille d’or rendent hommage à

«J’ai trouvé une forme de simplicité


la fois au mobilier Louis XV et à l’Art nouveau. « À Paris,
je me dilue, mais j’ai trouvé dans cette commune une forme

et une énergie créatrice salvatrice. »


de simplicité et une énergie créative salvatrice. » Au retour
d’une résidence à la Villa Médicis en 2024, il espère
réaliser des décors muraux à partir de branchages
— L’architecte d’intérieur et designer Hugo Drubay
surlignés d’un liseré d’or.

Une nature impressionniste


Ce patrimoine vivant représente également un terrain
de jeux inépuisable pour Garnier & Linker, un duo
de designers qui vient d’investir une grange avec des
écuries attenantes à Machault, un village agricole
à proximité de la forêt. Des bâtiments xviiie siècle à
l’architecture vernaculaire dans lesquels ils ont aménagé
leur atelier. « On est aimantés par ce site et ses sols sablonneux
qui nous rappellent les paysages du sud de la France. »
Traverser tous les jours cette forêt infuse indéniablement
leurs créations. Comme on le constate sur les textures
et les patines en bronze de leurs luminaires, qui évoquent
la nature de manière impressionniste, sans la singer.
Quant à Eric Schmitt, digne héritier de la tradition des
Arts décoratifs, il a désormais installé son atelier dans
une ferme fortifiée du xive à Larchant, « avec une vue
à 360° époustouflante, en surplomb des frondaisons ». Si ces
lieux lui fournissent un confort de travail, la canopée
a aussi le mérite d’élargir son horizon et de lui ouvrir
SON ATELIER est installé
de nouvelles perspectives pour élaborer des pièces
dans une ferme monumentales. Des témoignages, s’il en faut, de la
fortifiée du xive siècle. fascination des créateurs pour la nature, propice
aux correspondances.
AD 182
La créatrice

Maria Pergay,
dompteuse d’acier
Artiste et designeuse inclassable, cette créatrice française décédée en octobre
dernier a su anoblir l’acier en lui insufflant courbes, rondeurs et onirisme.
Portrait d’une personnalité anticonformiste à l’humour inoxydable, qui a repoussé
les frontières de l’imaginaire pour imposer un vocabulaire aussi érudit qu’inédit.
PAR Sylvie Wolff

François Halard ; Courtesy odf Demisch Danant


P
ar la poésie et la fantaisie de son mo- MARIA PERGAY
bilier, Maria Pergay aura durablement dans son hôtel
particulier de
marqué le XXe siècle. Née en 1930 dans Béziers, dans
ce qui est l’actuelle Moldavie, Maria Cos- les années 2005.
nitchi de son vrai nom n’est qu’une enfant
lorsqu’elle fuit son pays, en 1937, avec sa
mère. Une épreuve à laquelle elle doit certai-
nement son tempérament bien trempé. «Ma-
ria était une femme exigeante qui n’aimait pas qu’on
lui résiste, mais toujours prête à s’amuser et à faire
un bon mot», se souvient Jonathan Pergay, at-
tendri par la flamboyance et l’insatiable cu-
riosité de sa grand-mère.
Très tôt, la fibre artistique de Maria se mani-
feste. Au lendemain de la guerre, elle s’inscrit
à l’Idhec – l’Institut des Hautes Études ciné-
matographiques – pour y étudier la création
de décors et de costumes. Et fréquente simul-
tanément l’atelier du sculpteur Ossip Zadkine.
Après son mariage avec Marc Pergay, à l’aube
des années 1950, une de ses amies la présente
au chausseur Durer, qui lui commande des
objets de décoration pour ses vitrines. Avec LIT-BANQUETTE DAYBED
ferveur, elle conçoit aussitôt de grands en acier inoxydable
oiseaux stylisés en fer forgé ou en métal (1968).
argenté, dont l’audace et la singularité vont la
propulser dans la lumière. Sans tarder, elle
lance une collection d’orfèvrerie contempo-
raine qu’elle présente à Bijorhca, le salon de la
bijouterie. Dior, Hermès ou Hubert de Given-
chy… la courtisent. Sa renommée est faite. En
1960, en dépit de ses quatre enfants en bas
âge, elle inaugure sa première boutique, place
des Vosges dans le Marais, où elle expose ses
créations aux côtés d’antiquités et de pièces
d’art asiatique. «Maria Pergay n’a appartenu à
AD 182
La créatrice

BUREAU DE RÉCEPTION
VIRGULE en acier aucun mouvement, ni groupe de designers, précise
inoxydable (1968). Stéphane Danant, un des deux fondateurs de
la galerie Demisch Danant. C’était un électron
libre dans l’univers des Arts décoratifs, guidé par ses
seules intuitions et son imagination.»
Au hasard d’une rencontre, l’acier entre dans
sa vie pour ne plus en sortir. Elle imagine
pour le fabricant Uginox une ligne de
meubles, instantanément plébiscitée par la
galerie Maison et Jardin, qui l’expose en 1968
au Salon des Artistes Décorateurs. Le succès
est immédiat. En cette période porteuse
d’utopies, la chaise Anneaux, le lit Tapis volant
ou le pouf Vague – ce dernier est entré dans
les collections permanentes du MoMA à New
York – tapent dans l’œil du couturier Pierre
Cardin. S’ouvrent alors les portes d’une car-
rière internationale, du Maroc aux États-
Unis en passant par l’Arabie saoudite.
«Toute sa vie, elle a osé donner forme à ses envies,
TABOURET RUBAN mue par un inextinguible désir de création et une
en acier inoxydable audace dont elle ne s’est jamais départie, souligne
(2007). son fils Alexis Pergay, qui a travaillé près de
trente ans à ses côtés. De son point de vue,
Courtesy of Demisch Danant ; Courtesy Maria Pergay Archives

INCROYABLE TABLE GALET, l’acier n’était pas que pour les casseroles!» Et elle
plateau en acier l’a prouvé, en le traitant avec la même no-
inoxydable brossé blesse que le bois ou le métal argenté. Et en
CHAISE ANNEAUX
incrusté de galets,
ammonites, améthyste
composée de trois lames lui conférant des formes organiques d’une
de métal concentriques
et bois fossilisé (2016).
(1968).
incroyable sensualité.
Maria est lancée. S’ensuivront des meubles
d’exception, comme l’étonnant canapé Tor-
tue ou la table basse en forme d’ammonite
géante, incrustée de quartz rose ou d’amé-
thyste. Des pièces en petites séries qui, à la
faveur d’un revival pour la décennie 1970,
séduisent aujourd’hui des est hètes cultivés
ou des collect ionneurs sensibles à leur raf-
fi nement, leur préciosité décalée et la ri-
chesse de leurs inspirations – l’Antiquité, le
Japon ou la nature st ylisée. Un engouement
lié également au travail rigoureux de la ga-
lerie Demisch Danant à New York, qui a
contribué, par son engagement via l’organi-
sation d’expositions et la publication de
livres, à remettre son œuvre dans la lumière.
«On a tendance à cantonner le travail de Maria
à l’acier. Or elle a aussi exploré à partir des années
2000 le Plexiglas, le bronze, la marqueterie de
paille et de bois ou la nacre, qu’elle a associés, ins-
pirée par les arts asiatiques, à son matériau fé-
tiche», précise son fi ls, act uel directeur de la
Maison Pergay.
Des meubles pour lesquels l’intérêt est intact:
il n’y a pas une vente de design importante
chez Christie’s ou Sotheby’s sans qu’une de
ses pièces soit mise aux enchères. En no-
vembre dernier, le tabouret Ruban (2007) s’est
envolé à 21590 € alors qu’il était estimé à
12000 €. Une nouvelle preuve, s’il en fallait, de
la modernité du regard de cette créatrice et de
son indubitable optimisme.
maisonpergay.com et demischdanant.com
LIT TAPIS VOLANT (1968). À noter que Maison Pergay continue d’éditer des séries
de la créatrice non épuisées.

63
L’UNIVERS AD
L’architecture

Une métamorphose
maîtrisée
Dans une petite ville du sud de la Pologne, un ancien dortoir des années 1930
situé sur une colline, entouré d’une nature sauvage et de vergers cultivés, s’est vu
transformé par Paradowski Studio en vaste villa, chaleureuse et sereine.
PHOTOS Ludovic Balay TEXTE Nicolas Milon

À
l’origine, un austère bâtiment des années 1930
érigé pour accueillir un dortoir pour lycéens.
Ses nouveaux propriétaires le connaissent depuis
leur enfance, il a toujours fait partie du paysage dans le
quartier. S’ils ont acquis la grande
bâtisse il y a quelques années
pour en faire leur résidence prin-
cipale, ils ont attendu plusieurs
autres années avant d’en confier la
rénovation à l’agence Paradowski
Studio. « Lorsque nous l’avons visité
pour la première fois en 2019, il n’était
pas dans son meilleur état, confient la
designeuse Zuza Paradowski et
l’architecte Piotr Paradowski. Il ne
restait plus grand-chose dont nous puis-
sions nous inspirer, à part le bâtiment
lui-même. Nous avons donc orienté nos
recherches sur les caractéristiques de l’ar-
chitecture polonaise des années 1930. »
Puisqu’il s’agit de concevoir une
villa résidentielle d’une superficie
de 450 mètres carrés répartis sur
trois étages, le couple décide de
modifier l’agencement du bâti-
ment. Pour en diminuer la sur-
face, ils sacrifient la pièce centrale
de sa façade arrière, créant ainsi
un plan en U qui libère de l’espace
pour une vaste terrasse. De
même, l’escalier se voit déplacé de
sa position latérale d’origine vers
le centre de la maison. Il en
devient l’âme et le cœur, visible
depuis chaque pièce.
LA FAÇADE a été
restaurée par le studio, Si techniquement, l’escalier et
qui a dessiné la son garde-corps constituent le
clôture extérieure, grand défi de cette rénovation
la porte ainsi que – « Il s’agissait de trouver les bons artisans pour l’exécuter tel que
tous les éléments
d’architecture
nous l’avions imaginé » –, l’étendue des travaux sera l’autre
dans l’esprit des grand défi. « Nous avons décidé de ne pas précipiter les étapes de
années 1930. conception puis de construction. S’agissant d’un travail de →

64
PIÈCE MAÎTRESSE de la
maison, l’escalier,
central, conçu par
Paradowski Studio. Des
panneaux en placage
d’eucalyptus aux murs
et un sol en Ceppo
di Gré offrent un cadre
épuré pour la sculpture
Nike, de Pawel Szczerba.
Applique (Bocci).
L’UNIVERS AD
L’architecture

DANS L’ENTRÉE , à côté


d’une armoire en noyer
sculpté des années
1940 de Luigi Scremin,
un pouf en acajou
dessiné sur mesure.
Sol en terre cuite
(Fornace Brioni).
DANS LE HALL D’ENTRÉE, DANS LA SALLE À MANGER,
dont les volumes autour d’une table en
sont redessinés noyer dessinée par
par l’arrondi des Paradowski Studio,
arches, une œuvre du des chaises de Robert
sculpteur polonais Guillerme et Jacques
Jozef Opala baptisée Chambron (circa 1965).
Adam I Ewa. Suspension sur mesure
(Resident).

AMBIANCE FEUTRÉE grande ampleur, portant sur l’extérieur comme sur l’intérieur, il
dans le bureau a fallu plus de quatre ans pour le mener à bien dans les moindres
lambrissé de bois
de cerisier. Sur la table détails. De la clôture à la porte d’entrée, de la façade à la main
en bois de ronce, une courante, tout a été réalisé sur mesure. »
lampe de Christian Dell À l’intérieur, on repart de zéro, les seuls éléments conser-
(1936). Devant, un vés sont les fenêtres d’origine, restaurées dans une inté-
fauteuil de Robert
Guillerme et Jacques ressante tonalité vert-de-gris. On réalise un grand nombre
Chambron. de maquettes et d’échantillons pour autant de finitions
murales ou de pièces de mobilier intégrés et, là encore,
afin d’obtenir tous les effets souhaités, avec un grand
nombre d’essais. « Nous voulions créer l’atmosphère la plus
proche possible de l’époque de construction du bâtiment. »
Pour cela, il est décidé de fabriquer autant que possible
localement, de façon artisanale et à partir de matériaux
naturels. Concernant la couleur des murs, Paradowski
Studio privilégie une ou deux tonalités simples pour y
ajouter les touches d’éclat apportées par les éléments →

67
L’UNIVERS AD
L’architecture

AU CŒUR DE LA MAISON,
la cage d’escalier
est éclairée par une
suspension en verre
(Bocci).

a rch itec t u rau x eu x-mêmes


– arches, escalier – ainsi que par
les textures et les matières. Une
base épurée propre à accueillir

« Nous voulions créer l’atmosphère


des ajouts plus élaborés à travers de nombreux placages,
pour la plupart en référence aux années 1930, ou d’autres,

la plus proche possible de l’époque


plus surprenants, en ziricote, ce bois précieux sombre et
intense. Les multiples éléments menuisés réalisés sur

de construction du bâtiment. »
mesure sont brossés puis laqués à la main, de l’îlot et des
rangements bas de la cuisine aux meubles vasques des
— La designeuse Zuza Paradowski et l’architecte Piotr Paradowski salles de bains, en référence à d’anciennes techniques de
menuiserie inspirées de l’artisanat local ou du design en
cours dans les années 1930 en Pologne. Du vaste hall
d’entrée à l’escalier et aux arches, tout s’assemble de fa-
çon très naturelle, comme si tout avait toujours été là.
Tout s’accorde dans cet espace spacieux mais chaleureux
et accueillant. Un espace loin d’être intimidant, em-
preint d’élégance, mais aussi très détendu et serein.

68
(RE)INVENTING
DESIGN

AD et Range Rover récompensent pour


la troisième année consécutive
les talents de demain et mettent à l’honneur
l’innovation, l’expertise, l’élégance,
la réinvention et la créativité.

Un jury de 5 grands noms


du design élira en février les 5 jeunes créateurs
les plus prometteurs.

SUIVEZ L’ÉVÉNEMENT SUR ADMAGAZINE.FR


ET SUR NOS RÉSEAUX SOCIAUX
L’UNIVERS AD
La destination

Faste
sur le Nil
Pour remonter le fleuve mythique, l’architecte égyptien Tarek Shamma
a conçu un extraordinaire dahabiya, un luxueux voilier
traditionnel, inspiré de l’immensément riche histoire égyptienne.
PAR Mark C. O’Flaherty PHOTOS Bilal Baruk Tarigh

DANS UNE DES SUITES,


les portes de placards
sont tapissées de
khayamiya, un textile
traditionnel décoré
par les paysages
du Nil, imaginé
par le designer
Athan Mytilinaios.

S
i Le Caire vit au rythme frénétique des grandes ca- l’élégance intemporelle. Connu notamment pour sa colla-
pitales mondiales, l’imperturbable Nil sillonne boration avec Christian Louboutin, Tarek Shamma a abor-
l’Égypte avec la même majesté, malgré les milliers dé le projet tel un décorateur de cinéma. À travers les ma-
de touristes et de citadins qui le prennent d’assaut tout au tériaux et l’imagerie, il souhaitait explorer la riche histoire
long de l’année. Rejoindre Assouan depuis Louxor par voie du pays : « Je voulais un style totalement égyptien. Pour moi, cela
fluviale, entre palmiers indolents et couchers de soleil sé- veut dire à la fois pharaonique, romain, copte, ottoman, islamique
culaires, reste l’une des meilleures raisons de visiter le et contemporain. Ce que je préfère quand je conçois un intérieur, c’est
pays. C’est cette atmosphère à nulle autre pareille qu’a mélanger toutes sortes d’objets, de sorte qu’on ne puisse distinguer les
cherché à convoquer l’architecte égyptien Tarek Shamma, pièces chinées de ce que j’ai conçu moi-même. Un peu comme si on
en concevant le Yalla Nile, un deux-mâts de 50 mètres à était chez ma grand-mère. Ou comme quand j’ai conçu la folie au →

70
DANS LE LOUNGE, sous
un plafond en stuc et
teck, les fauteuils en
satin ont été dessinés
par Tarek Shamma,
de même que les
tapis Kilim, dont les
motifs font référence
au processus
de momification.
L’UNIVERS AD
La destination

Portugal pour Christian Louboutin. Elle a tout d’une anomalie ar- beau, intime et unique. L’architecte a donc évité toute fan-
chitecturale, on se demande : cela date de quand ? » taisie futuriste et placé les passagers au plus près de la ligne
Le légendaire Grand Musée égyptien du Caire et ses vi- de flottaison. « On a l’impression que le bateau sillonne le fleuve
trines de bois fatiguées ont été l’une de ses grandes inspi- depuis des lustres, alors qu’on est parti de zéro, car on n’a pas réussi
rations pour le bateau. « C’est l’un de mes bâtiments préférés, à trouver la coque adéquate. » Pour Tarek Shamma, le projet
explique Tarek Shamma. Quand je m’y balade, j’ai l’impression représentait un retour aux sources, après avoir passé l’es-
d’être Indiana Jones. Rien n’y paraît hors contexte. J’adore la patine. sentiel de sa carrière à Londres, d’abord aux côtés de Zaha
Pour le bar du bateau, j’ai trouvé du cristal de Baccarat ancien, de Hadid et David Chipperfield, puis avec sa propre agence.
l’argenterie Christofle un peu mate. Quand on est à bord, on se de- « Je ne pensais pas revenir au Caire plus de vingt ans après, mais le
mande depuis combien de temps tout ceci est là. » challenge était trop beau. Ce n’est pas évident de trouver les bonnes
Lorsque le Yalla Nile ne fera pas la joie du propriétaire et personnes ici pour ce genre de projet. On parle beaucoup du coton
de ses invités, il sera disponible pour des croisières com- égyptien, mais il est en réalité difficile à trouver : tout est destiné à
merciales. Mais pour Tarek Shamma, il n’était pas question l’export. J’ai travaillé avec de nombreux artisans pour créer une toile
de créer une « villa flottante en forme de fer à repasser sans inté- de canard épaisse pour les voiles. Pour les canapés, on a aussi repris
rêt, où l’on est tellement au-dessus de l’eau qu’on n’a plus l’impression le motif d’un tapis égyptien ancien que j’aimais beaucoup. »
de faire une traversée ». Le propriétaire voulait un bateau Le propriétaire voulait six cabines, dont deux suites occu-

Giagkos Papadodopoulous

L’ARCHITECTE ÉGYPTIEN,
Tarek Shamma.

LES PIÈCES DE MOBILIER


CHINÉ et les créations
de l’architecte se
fondent sur les sols
revêtus d’un teck
sombre, comme patiné
par le temps.
« Je voulais un style totalement
égyptien. Pour moi, cela veut dire à la
fois pharaonique, romain, copte,
ottoman, islamique et contemporain. »
— L’architecte Tarek Shamma

L’UNE DES CABINES


du bateau, au plus
près de la ligne
de flottaison du Nil.

LE YALLA NILE est


un voilier fluvial de
50 mètres de type
dahabiya à deux mâts,
construit sur mesure.
À l’arrière du pont
supérieur en teck,
des treillis en
moucharabieh
apportent une ombre
bienvenue.

pant toute la largeur du navire, et quatre doubles. « On a dans un hôtel, ou comme ici sur un bateau, on est là pour une courte
privilégié le confort, l’expérience et l’atmosphère. Pour l’une des durée, il faut du faste. Ça doit être douillet, mais également fun. »
suites, située à la proue, j’ai dessiné un paysage en trompe-l’œil pour À l’image des uniformes de l’équipage : des djellabas épu-
créer de la profondeur, et je l’ai fait réaliser en khayamiya, une rées et unies, dessinées par Tarek Shamma. « Je ne voulais
technique d’application traditionnellement utilisée pour décorer les pas d’un costume. Il fallait quelque chose de confortable pour celui
tentes. Cela raconte une histoire de la flore et de la faune du Nil, tout qui le porte, en coton respirant, mais avec des couleurs différentes
en masquant les placards. » Autre exigence du propriétaire : pour le jour et la nuit. On voulait que ce soit vraiment égyptien,
une cabine de sauna. « Il s’en sert deux fois par jour, précise les nœuds papillons auraient paru incongrus à bord ! »
Tarek Shamma, c’était indispensable. » En fin de compte, le Yalla Nile flirte davantage avec le ci-
L’architecte s’est aussi appuyé sur son expérience avec néma qu’avec le théâtre : « Il fallait conserver le côté Agatha
le cabinet Chipperfield pour concevoir le Yalla Nile. « J’ai Christie, conclut son concepteur. J’ai toujours envie de revoir
beaucoup travaillé avec le concepteur lumière Arnold Chan par Mort sur le Nil en croisière. L’une des cloisons cache un écran et
le passé. Un jour, il m’a dit qu’un hôtel se devait d’avoir une un projecteur. La soirée cinéma, c’est obligatoire ! »
dimension théâtrale. L’espace résidentiel, c’est une chose, mais Adaptation Hervé Loncan

73
L’UNIVERS AD
AD & Range Rover Awards

AD & Range Rover Awards,


le jury dévoilé
À l’occasion de leur troisième édition,
les AD & Range Rover Awards, destinés à transmettre une vision
commune du design incarnée par l’innovation, l’expertise,
l’élégance, la réinvention et la créativité, voient leur jury accueillir
deux nouveaux membres. Présentations.

© JLR ; Vincent Leroux ; Boris Hodonou ; Francis Amiand ; Emmanouela Logotheti


PAR La rédaction

L
e design est plus que jamais à l’honneur des catégorie Endless Reinvention et Dan Yeffet,
troisièmes AD x Range Rover Awards. Au cœur catégorie Evolution and Innovation.
du processus de conception des véhicules Range Les AD x Range Rover Awards, organisés le 8 février
Rover, le design est le thème du dernier Hors-Série à Paris, accueilleront une masterclass avec les 5 membres
Collector d’AD. Un collector dont sont issus quatre de du jury, suivie d’une remise de Prix à 5 jeunes créateurs
nos jurés, tous créateurs AD100 comme Fleur Delesalle, choisis par le jury dans chaque catégorie pour
nouveau membre à laquelle se joint Gerry McGovern, représenter le design de demain, et enfin la désignation
Chief Creative Officer chez JLR (Jaguar Land Rover). parmi eux d’un lauréat du Prix « Coup de Cœur »
Le jury au complet se compose donc de Christophe décerné par AD et la Maison Range Rover. Sophie Dries
Delcourt, catégorie Ultimate Chic Elegance ; en 2022 et Studio Haos en 2023 en furent les lauréats.
Fleur Delesalle, catégorie Remarkable Design ; Sophie Rendez-vous sur admagazine.fr
Dries, catégorie Timeless Impact ; Gerry McGovern, pour en savoir plus sur l’événement

74
To those who strive
for new horizons

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LE GUIDE AD
Les tissus

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un univers empreint
de références classiques
teintées d’une subtile
modernité.
84
DEVANT L’ESCALIER, sur le guéridon
(Maison Ramsay), un bougeoir
« chat » en céramique d’Eloïse Van
der Heyden (L’Œil de KO).

LAURE GRAVIER ET HUGO MARCHAND


devant la cheminée qu’ils ont
dessinée ensemble.
DANS L’ENTRÉE, une paire
d’obélisques en miroirs patinés
de Serge Roche et un lustre en
verre de Murano (Barovier et Toso)
soulignent la perspective vers le
salon, meublé des fauteuils Ours
polaire de Jean Royère. Sur la table
d’appoint, un vase en faïence
et laiton (La Romaine Editions).

LE JARDIN, conçu et réalisé par


l’architecte paysagiste Laurent
Douvenou, accueille fougères,
palmiers, mousses, bassins
de poissons… La terrasse est
délimitée par un muret circulaire
en terre cuite teintée et émaillée
(Cotto Etrusco). Mobilier de
jardin (Hervé Baume).

86
uand j’ai acheté cette maison, je me suis d’abord concentré sur
l’architecture générale et les volumes : aménager le sous-sol, créer une
surélévation… J’ai rencontré Laure Gravier au moment où se posait
la question des intérieurs et des décors, lors d’une soirée chez des amis
communs », explique Hugo Marchand, codirigeant et directeur
artistique de la maison Christian Louboutin. « Nous avons
tout de suite sympathisé parce que nous partageons la même passion
pour les Arts décoratifs des années 1930-1940, mais aussi les mêmes joies
dans la vie. » Située dans le XXe arrondissement parisien,
cette maison construite en 1870 offre une surface totale de
350 mètres carrés répartis sur quatre niveaux et s’accompagne d’un jardin d’inspiration
tropicale de 150 mètres carrés. Il s’agit là du premier projet résidentiel de Laure Gravier,
qui a cofondé il y a un an, avec Soizic Fougeront, l’agence Claves Architecture, après avoir
travaillé pendant sept ans aux côtés de Pierre Yovanovitch. Un projet à quatre mains en
quelque sorte. « Une architecture d’intérieur réussie se fonde sur une relation réussie, une compréhension
mutuelle entre l’architecte et son client. Nous avons dessiné avec Hugo un endroit qui lui ressemble : une
solide base Art déco avec des pointes d’extravagance et des touches contemporaines. Cela me fait penser
à son travail : pour dessiner des souliers, il réalise beaucoup de recherches iconographiques, puise dans un
répertoire très riche de motifs, d’ornements, de détails dorés… » Le point de départ a été ici une
imposante grille en fer forgé de Gilbert Poillerat chinée spécialement pour la demeure.
Placée entre la cuisine et le jardin d’hiver, elle a naturellement guidé la décoration du lieu.
Le motif graphique récurrent du croisillon qui découle de cette grille se décline ainsi →

87
un peu partout, jusque sur les cache-radiateurs ou sur le bassin dans le jardin. Ce projet
est très marqué par le travail des architectes et décorateurs ensembliers français de
l’époque 1930-1940 : Jean-Charles Moreux, Emilio Terry, Gilbert Poillerat, André Arbus,
René Prou…, avec des références classiques s’inspirant des proportions des pièces, des
corniches, des boiseries ou encore des cheminées des hôtels particuliers du xixe siècle.
Un véritable travail de réflexion a d’ailleurs été engagé concernant les cheminées. Dans
le salon, au milieu de fauteuils rouge vif de Jean Royère trône un modèle maximaliste en
plâtre, tandis que la chambre principale accueille un manteau habillé de mosaïque qui
reprend des motifs de serpents dessinés par Laure puis assemblés par Hugo. « Cette maison
est également le résultat de rencontres avec les artisans. J’ai l’habitude de travailler avec l’artisanat
d’exception à travers la confection de souliers et cela m’a beaucoup plu de passer à une autre échelle et de
rencontrer ces métiers que je connaissais moins », confie ce dernier.
Un vrai souci du détail que l’on retrouve également dans la cuisine, où les vitrines ont
été recouvertes de feuille d’or afin d’offrir l’écrin parfait à la collection d’argenterie
Jean Després. Initialement installée au niveau du jardin d’hiver, la cuisine a été déplacée
afin d’occuper une place plus centrale et de s’adapter au mode de vie du propriétaire
aimant recevoir. Une ouverture de baies a également permis de faire entrer davantage
la lumière et de mieux voir le jardin. Autre intervention de taille : la percée sur toute
la hauteur de la maison pour déployer un escalier tout en courbes, comme un ruban.
Un geste simple et aérien qui apporte une subtile touche de modernité à l’ensemble.
« Ce n’est pas une maison d’apparat, j’y suis très à l’aise, un peu comme à la campagne : le feu est
toujours allumé dans la cheminée, les chats entrent et sortent dans le jardin… Je vis entouré d’objets,
et surtout de mes proches », résume joliment Hugo Marchand.

88
DANS LA CUISINE, les vitrines en laiton
accueillent une impressionnante
collection d’argenterie de Jean
Desprès. Sur le plan de travail,
une coupe en céramique de Silvia
Valentin (L’Œil de KO).

CI-CONTRE, un lustre en verre de


Murano (Barovier et Toso) éclaire
une coupe en céramique d’Ema
Pradère (L’Œil de KO). Des portes
en ferronnerie de Gilbert Poillerat
ouvrent sur le jardin d’hiver
illuminé par une suspension
Saturnus d’Edward Hald. Sur la
table, un vase en opaline Giardino
de Sophie Lou Jacobsen.
DANS LE SALON, devant un canapé
Familyscape (Mathieu Lehanneur)
des fauteuils de Jean Royère
assortis d’un bout de canapé
Craters Side Table de Nicolas
Zanoni. Sur la table basse de
Terence Harold Robsjohn-Gibbings,
une coupelle en verre (La Romaine
Editions) et un grand vase Neptune
de Bella Hunt (L’Œil de KO).
À gauche de la cheminée, sur une
table d’appoint de Gilbert Poillerat,
un vase en faïence et laiton (La
Romaine Editions) ; à droite, sur un
guéridon en verre Borée (Garnier
& Linker) le bougeoir et le soliflore
Blues de Georgia Harvey (L’Œil
de KO). Sur le mur du fond, deux
peintures sur céramique de Jacent
(Galerie Sans Titre).
« Le projet s’est construit naturellement et
progressivement, à l’intuition et autour de la collection
d’objets et de meubles que j’avais déjà. »
— Hugo Marchand, codirigeant et directeur artistique de la maison Christian Louboutin

91
L’ESCALIER, TOUT EN COURBES,
se déploie comme un ruban sur
toute la hauteur de la maison.

DANS UNE CHAMBRE, la tête de lit


et le chevet sculptés de motifs de
vague ont été réalisés sur mesure.
La lampe vénitienne en plâtre
date des années 1940. Couvre-lit
en broderies (Maison Lesage).

92
DANS LA SALLE DE BAINS en travertin
Osso et Cippolino Verde, un fauteuil
en bois naturel mouluré est installé
près de la cheminée, sur laquelle
sont posés un vase en opaline
Giardino (Sophie Lou Jacobsen ) et
un bougeoir en céramique (Forma).
« Nous avons dessiné avec Hugo un lieu
qui lui ressemble : une solide base Art déco
avec des pointes d’extravagance et des
touches contemporaines. »
— Laure Gravier, architecte d’intérieur

DANS LA CHAMBRE PARENTALE,


sur la cheminée inspirée d’une
mosaïque viennoise, dessinée
par Hugo Marchand et Laure Gravier,
deux vases Laced Handle et
Loutsos de Natalia Triantafylli.
Devant la fenêtre, un lampadaire
Golosa (Rodolphe Parente) et
une table d’appoint (Vincenzo De
Cotiis). Couvre-lit en broderies
(Maison Lesage).

95
SAN FRANCISCO

Une écriture
en contrepoint
RÉALISATION ET TEXTESarah de Beaumont
PHOTOS Giulio Ghirardi

Pour cette maison perchée sur une colline de la baie de


San Francisco, l’architecte d’intérieur Mia Todd a créé une
atmosphère accueillante et dynamique, dans un dialogue
subtil entre l’esprit du lieu et un mobilier sélectionné avec soin.
DANS LE SALON ouvert sur le patio,
le canapé Arthur de Pierre
Yovanovitch épouse la courbe de la
table basse Floating Stone d’Axel
Vervoordt. Derrière un fauteuil
Committee Armchair de Pierre
Jeanneret, une lampe de table
Nautilus en argent (Christopher
Kreiling Studio). Au mur, une toile
de Glenn Brown.

97
DANS L’ENTRÉE aux murs recouverts
d’un dallage de pierre blonde,
une série de colonnes filtre la
lumière et rythme la perspective
vers la porte en boiserie.

’est l’histoire d’un jeune homme C’est l’occasion pour le jeune homme, désormais père de
de 18 ans tombé fou amoureux famille et en mesure de l’acquérir, de s’y établir. Optant
d’une maison perchée au sommet pour la continuité, l’heureux propriétaire choisit de
d’une colline à Tiburon, au nord collaborer de nouveau avec le cabinet d’architecte d’origine
de la baie de San Francisco, avec pour redéfinir l’espace, tandis que l’architecture d’intérieur
vue imprenable sur le Golden Gate et la décoration sont confiées à Mia Todd. « Nous étions
Bridge. Conçue en 2009 par les en accord sur la vision du projet : mettre l’accent sur l’équilibre
architectes Sutton Suzuki pour un entre sophistication et minimalisme, tout en veillant à ce que
client privé, cette maison est mise la maison demeure confortable et adaptée aux besoins d’une vie
en vente onze ans plus tard. de famille », témoigne l’architecte d’intérieur.

98
DEPUIS LE SALON, la vue sur le
Golden Gate Bridge est saisissante.
Autour d’une table Calabre
de Christian Liaigre, une paire de
tabourets S31 de Pierre Chapo
et un fauteuil Alta d’Oscar Niemeyer.
Lampadaire (Serge Mouille).
Tapis (Holland & Sherry).

DANS LA SALLE À MANGER, au centre


d’une table réalisée sur mesure, une
sculpture en céramique de Marianne
Vissière. Au mur, l’œuvre Midnight
Reverie de Julia Jo. Suspension Fingi
(Eric Schmitt).

Originaire de San Francisco et diplômée de la New York propre agence d’architecture d’intérieur, Mia Todd
University, Mia Todd entame sa carrière chez Ashe Leandro, Studio à New York, puis ouvre une seconde antenne
à New York. À l’époque, cette agence de taille modeste lui à Los Angeles, son terrain de jeu s’étendant de ces
offre l’opportunité d’affiner son esthétique personnelle et deux dernières villes jusqu’à San Francisco et Miami.
d’explorer sa créativité. En 2018, Mia Todd pousse plus loin
son aventure avec l’agence, cofondant Ruemmler avec Ariel Une rupture moderne
Ashe, Rei Leandro et Max Polsky. Cette marque de mobilier Dans cette maison de Tiburon, Mia Todd modernise en
est profondément imprégnée des influences des designs étroite collaboration avec l’équipe de Sutton Suzuki les
français et scandinaves des années 1930 et 1940. finitions et l’ambiance générale de l’espace : « Nous avons
Parallèlement à cette entreprise, la jeune femme lance sa rationalisé le sol en pierre calcaire et l’avons étendu à toutes les →
DANS LE SALON, devant le canapé
Arthur (Pierre Yovanovitch), une
table basse Floating Stone (Axel
Vervoordt), une paire de fauteuils
A Fireside Chairs de Pierre
Jeanneret (tissu Loro Piana), un
bout de canapé en verre Seeded
Glass Side Table (Courtney
Applebaum) et un canapé, réalisé
sur mesure, accompagné de
deux tables d’appoint Éventail
de Pierre Chareau. Près de la
fenêtre, à gauche, une lampe de
Franco Albini et Franca Helg, à
droite, une lampe de table sphérique
Black Opaline de Jacques Adnet.

100
DANS LA CHAMBRE, sur les tables de
chevet sur mesure, comme le lit,
une paire de lampes de table en verre
soufflé Freeform de Folke Walving,
des années 1960.
DANS LE COIN BUREAU, sur un
secrétaire Edgar en chêne
massif huilé et acier (Pierre
Yovanovitch), un vase de Karen
Swami. Derrière, une chaise
Giac Side Chair (De La Vega
Designs) habillée de tissu (Dedar).

parties communes. Nous avons replâtré les murs et les plafonds, afin Côté architecture, les murs vibrent du dialogue entre les
de créer un contraste avec les encadrements en acajou. Pour finir, aplats rugueux en calcaire et le plâtre lisse. « Nous avons
nous avons simplifié les espaces en éliminant les menuiseries ainsi que souhaité transposer cette cohérence dans le mobilier » : ainsi, la
certaines structures d’origine en bois. » palette des tissus, déclinée dans des tons neutres, entre
Le choix du mobilier a été guidé avant tout par les matériaux en rupture avec des structures parfois brutes, à la recherche
existants. « L’idée étant de trancher avec les finitions architecturales, de l’équilibre parfait… Mia résume son travail, mettant
les nouveaux propriétaires ont apporté très peu de leurs meubles. en avant ses principes essentiels : « J’aime imaginer que l’espace
Cette maison représente clairement une rupture moderne avec sa version témoigne d’un éclectisme qui va au-delà des tendances, répondant
précédente. » Cependant, les propriétaires possèdent une aux goûts et au mode de vie de mes clients, tout en intégrant ma propre
sensibilité minimaliste bien établie et une forte attirance vision, afin d’éviter une esthétique trop rigide. » Le résultat,
pour le design français contemporain et du milieu du une modernité enracinée, en harmonie avec les paysages
xxe siècle – Liaigre, Yovanovitch, Jeanneret… de Tiburon, loin de l’agitation urbaine.

103
SUR UN BUREAU-CONSOLE réalisé
sur mesure, une lampe Antony Desk
de Serge Mouille. Devant, un
tabouret Rubercrin de Guillerme
et Chambron et un fauteuil
Committee Armchair de Pierre
Jeanneret.

« J’aime imaginer que l’espace témoigne d’un


éclectisme qui va au-delà des tendances. »
— L’architecte d’intérieur Mia Todd

104
DANS LA SALLE DE BAINS, la baignoire
îlot fait face aux collines de la baie
de San Francisco.

105
ANVERS

Au cœur de la nature anversoise, l’architecte


d’intérieur belge Nathalie Van Reeth a entièrement
repensé une maison de vacances, comme
un espace intime et contemporain où les matières
occupent le devant de la scène.

PHOTOS Matthieu Salvaing


TEXTE Annabelle Dufraigne

Jeux
de textures 106
PRÈS DU FEU, où Nathalie Van Reeth
aime se blottir avec un livre,
un beau fauteuil en noyer de Phillip
Lloyd Powell (1996) répond à
la table d’appoint et au tabouret
en bronze d’Éric Croes.
DANS LA CUISINE, Nathalie Van Reeth LA MAISON OFFRE une large vue
a créé un bloc de marbre marocain sur le lac qui la borde, faisant
sur mesure, un matériau qu’elle entrer la nature à l’intérieur
désirait travailler depuis longtemps. grâce à de larges fenêtres.
Au mur, une œuvre en plâtre Le canapé a été dessiné sur
de Thomas Houseago répond mesure par Nathalie Van Reeth,
aux nervures minérales du plan et l’applique en céramique est
de travail. signée Pierre Culot.

a région boisée du nord anversois


est, depuis bien longtemps, le lieu de
villégiature privilégié des grandes
familles locales. Parmi les demeures
nichées dans cette réserve naturelle,
au bord d’un lac, une élégante
habitation à toit de chaume a retenu
l’attention de Nathalie Van Reeth,
qui a choisi d’en faire son lieu de vie
familial. L’architecte d’intérieur
belge a restauré de fond en comble cette maison de
campagne construite dans le style des années 1930
après la guerre. « C’était un lieu de vacances où personne ne
vivait », explique-t-elle. Elle s’est alors lancé le défi d’en
faire un espace chaleureux, « parce qu’en Belgique, il ne
fait pas toujours grand soleil. Au milieu de cette forêt, on a envie
de se feutrer, de lire, d’allumer un feu ouvert. » Amoureuse
des beaux matériaux, comme en témoigne souvent son
travail, Nathalie Van Reeth a usé de matières éloquentes
pour réchauffer l’intérieur de la maison. « L’idée était de
créer une atmosphère accueillante, avec des matières chaudes,
comme cette laque japonaise couleur opium que j’ai toujours voulu
employer », se réjouit-elle. En effet, cet orangé luisant,
présent dans la grande pièce à vivre, apporte un
contraste détonnant avec la nature environnante, verte
et sable. Dans la même logique, les sols ont été conçus
en wengé vieilli en pointes hongroises ; un bois qui orne
également le plafond du petit salon et l’escalier. « J’aime
aussi travailler les matériaux recyclés, comme les portes en noyer
italien, ajoute l’architecte d’intérieur. Initialement, c’étaient
de vieilles tablettes de cloître que j’ai récupérées. »

L’âme de la maison
Soucieuse de créer un lieu unique et de donner
une âme vibrante à sa maison, Nathalie Van Reeth →
L’ESCALIER EN WENGÉ et plâtre
travaillé a été dessiné par Nathalie
Van Reeth. À son pied, un fauteuil
de Jorge Zalszupin de 1965, une
œuvre de Roni Horn (1974) et une
toile de Ha Chong-Hyun (2015).

109
L’ARCHITECTE D’INTÉRIEUR NATHALIE
VAN REETH près du pool house
qu’elle a dessiné, tout en claustras
de terre cuite. Appliques en
céramique de Pierre Culot.

a mélangé du mobilier contemporain, qu’elle a dessiné


elle-même, avec sa collection de meubles vintage
italiens, africains et brésiliens. Elle clame son amour
pour le Brésil, qu’elle a découvert à l’âge de 20 ans :
« J’adore l’architecture brésilienne. Oscar Niemeyer a été un
coup de foudre, j’ai trouvé cela tellement spectaculaire et différent
de ce que l’on construit en Europe. Ce mobilier, je le trouve
moderne, fait de beaux cuirs, de beaux bois tropicaux qu’on ne
rencontre pas ici. Il est à la fois solaire, contemporain, et se marie
avec tout, que ce soit le design italien ou belge. » Ainsi, des
tabourets en bois africains côtoient une table d’appoint
en bronze du designer belge Éric Croes, un fauteuil
brésilien de Jean Gillon ou une table à manger en bronze
de l’artiste Ado Chale, « un ami, dont je garde le souvenir
grâce à cette pièce ». L’ensemble est d’autant plus singulier LE SALON EST ENTIÈREMENT habillé
qu’il est rehaussé par une vaste sélection d’art de laque japonaise de couleur
contemporain d’après-guerre, principalement minimal opium, dont le lustre contraste
et coréen, à l’image de la toile de Ha Chong-Hyun qui avec le sol en wengé. Face à
une table basse en bois d’acajou,
pare le couloir. « J’aime l’usage de la matière et le minimalisme un set de tabourets africains
de ce style, avec des toiles de jute très sobres et rurales. » dialogue avec la Jangada Lounge
Chair de Jean Gillon et son
Une trame expressive repose-pied (1968, Brésil).
La table d’appoint et le tabouret
Dans la cuisine et la salle de bains, elle a imaginé une en bronze sont d’Éric Croes
trame minérale expressive. La cuisine impose un grand (2019-2021), la lampe chromée
bloc de pierre marocaine. « Je l’avais toujours gardé en → est de Willy Rizzo (1976).

110
« L’idée était de créer une atmosphère accueillante,
avec des matières chaudes, comme
cette laque japonaise couleur opium. »
— L’architecte d’intérieur Nathalie Van Reeth
L’ESPACE BUREAU présente un meuble L’ESCALIER EN BÉTON grège imaginé
italien des années 1970, avec un par l’architecte d’intérieur mène
lampadaire en plâtre d’Idir Mecibah à des portes en noyer recyclées d’un
(1995). Le tapis vintage en laine et cloître en Italie. Le sol est en terre
le tableau de Georges Condo (2001) battue et une sculpture de l’artiste
tranchent avec la laque opium. Œuvre au noir (2018) pare le mur.

LA SALLE À MANGER fait la part


belle au bois et au métal, avec une
table en bronze sur mesure
dessinée par Ado Chale (1997).

tête. Depuis deux ans, il était chez mon marbrier, je tenais


à l’utiliser », raconte-t-elle. Quant à la salle de bains, elle
est entièrement habillée d’onyx, dans un esprit boudoir
revendiqué : « J’avais envie d’un espace feutré, sensuel et
féminin, en opposition avec la forêt extérieure. » On l’aura
compris, la matière et la chaleur ne quittent jamais
la pensée de Nathalie Van Reeth. C’est, naturellement,
ainsi qu’elle a imaginé sa chambre. Aux murs,
une peinture minérale a été appliquée en plusieurs
couches superposées, épongées et brossées, donnant
une grande profondeur à cette pièce « dépouillée
mais agréable ». La piscine intérieure affiche la même
sensorialité, avec un plafond en afrormosia, un
revêtement en faïence italienne vert bleu et des
margelles en pierre rouge sablonneuse, comme dans
les maisons new-yorkaises. « Je voulais un sol en terre
battue, rugueux et brut », détaille l’architecte d’intérieur.
La nature n’est jamais très loin : les arbres se reflètent
dans l’eau et rappellent que la maison partage son
espace avec la forêt. « En été, on vit à l’extérieur, au bord
du lac », précise-t-elle. Et de conclure : « Entre la nature
et l’intérieur, il n’y a qu’une fenêtre. On a l’impression de
vivre à l’extérieur. »

113
LA SALLE DE BAINS a été imaginée
comme un boudoir, en all-over d’onyx
beige, très expressif. Devant un
tableau de Kwon Young Woo (1985),
une assise de Willy Rizzo de 1976.

114
« J’avais envie d’un espace feutré, sensuel et féminin,
en opposition avec la forêt extérieure. »
— L’architecte d’intérieur Nathalie Van Reeth

LES NERVURES de cet onyx


beige brossé suffisent à
décorer la salle de bains.
LA CHAMBRE est tout en sobriété. Un
fauteuil de Marcel Breuer de 1960,
un lampadaire en Inox et pierre et
un tableau de Robert Motherwell
(1970) en sont les uniques éléments.
AUTOUR DE LA PISCINE en faïence
italienne, le sol est en terre
battue et les margelles en pierre
« Entre la nature et l’intérieur,
de sable rouge, dans un esprit
brut assumé.
il n’y a qu’une fenêtre. »
— L’architecte d’intérieur Nathalie Van Reeth

117
LE MARAIS

Dans cet appartement parisien peuplé de fleurs et d’œuvres


d’art, le galeriste et marchand d’antiquités Adrien Chenel
a créé lui-même l’atmosphère tirée de ses songes,
celle d’un lieu dépouillé mais vivant, habité par le voyage.

Sarah de Beaumont
RÉALISATION ET STYLISME
PHOTOSAmbroise Tezenas
TEXTE Annabelle Dufraigne

118
DANS L’ENTRÉE, sur une colonne
d’époque romaine (ier siècle), un
vase japonais contemporain acheté
lors d’un voyage près de Kyoto.
Dans le salon, en arrière-plan,
devant un fauteuil de Pierre Paulin
pour Artifort (années 1970) une
table basse en métal des années
1970 chinée à Drouot. Dessus,
un plateau en bois massif (Japon,
xixe siècle) et un vase en granidorite
d’époque prédynastique (Égypte,
3 500 av. J.-C.). Arrangement floral,
Nina Charles.
LE SALON vibre d’un esprit
éclectique. La paire de canapés
Cornaro de Carlo Scarpa a été
habillée de tissu Pierre Frey
(Aries Upholstery). À droite,
à même le sol, Tasjaki, une grande
photographie d’Henrik Purienne
ainsi qu’un chapiteau en marbre
d’époque romaine. Au fond, le
tableau Flamme bleue d’Anna-Eva
Bergman (1974), « acheté juste avant
la rétrospective au Musée d’Art
moderne de Paris l’été dernier ».
Arrangement floral, Nina Charles.

121
LA CUISINE mélange également les
influences, de l’ensemble de table
et chaises de Pierre Chapo des
années 1970 à l’applique Cerf volant
de Pierre Guariche des années
1950. Un pichet en céramique de
Vallauris, de Suzanne Ramié,
et la peinture 5 000 Grados de
César Manrique (1979) complètent
l’ensemble. Un rideau noren,
en tissu africain, marque
la séparation avec le salon.
ADRIEN CHENEL ET NINA CHARLES des années 1970, cher au galeriste,
dans leur salon. Sur un établi qui appartenait à son père. Devant,
en bois massif d’Italie du xixe siècle, une tête d’Apollon en marbre du
un tableau de Serge Rezvani iie siècle (collection Nicos Dhikeos).

’appartement d’Adrien Chenel l’esprit « capitaine Cook » que l’antiquaire a voulu insuffler
est à l’image de son métier. Riche à son espace. « L’idée de l’appartement, c’est le voyage,
d’antiquités, de tableaux et comme on l’imaginait au xviiie siècle. Donc beaucoup de bois, des
d’objets anciens rapportés des inspirations anglo-indiennes ou indo-portugaises. » À l’image
quatre coins du monde, il reflète de la pagaie, originaire des Îles Salomon, dans le salon.
la passion de son propriétaire « Je l’avais achetée il y a quinze ans à la galerie Entwistle
pour l’art et le voyage. Non loin à Paris, puis vendue, et quand elle est réapparue dans cette
de son bureau germanopratin galerie, je l’ai rachetée, car elle s’intégrait pleinement au thème
– la galerie Chenel familiale – de l’appartement. » Des histoires comme celles-ci, Adrien
il a choisi de s’établir dans le Chenel en recèle beaucoup ; chacun de ses objets porte
Marais, dans un immeuble cossu des années 1830 qui l’a sa propre mythologie. Dans l’entrée, une colonne romaine
« tout de suite séduit ». À l’intérieur, le lieu de vie étonne du ier siècle, décorée de fleurs de vigne et d’oiseaux,
par son dépouillement, mais aussi les œuvres d’art et les supporte un vase acheté au Japon, dans un petit village
pièces de design éclectiques qui le parsèment. Un buste près de Kyoto. À l’intérieur, « Nina a piqué des fleurs avec la
antique posé à même le sol, un fauteuil jaune vif, un technique japonaise du kenzan », confie le marchand. Car cet
rideau comme un noren japonais… On comprend vite appartement est aussi une histoire de fleurs. →

123
LA CHAMBRE se distingue par son
épure. Elle est ponctuée d’œuvres
d’art : une céramique japonaise
de l’artiste Shiro Tsujimura, un
prototype de fauteuil en osier de
Michel Buffet (années 1950), une
lampe d’Isamu Noguchi (années
1960), une paire de sièges italiens
d’époque Renaissance. Au mur, une
Si Adrien Chenel a pensé le mobilier et la décoration, peinture de René Roche (1976).
Arrangement floral, Nina Charles.
sa compagne, la fleuriste Nina Charles, en a signé le
stylisme floral. C’est ainsi que l’on voit éclore, çà et là,
de délicats bouquets inspirés de l’art végétal japonais,
qu’elle pratique pour des événements ou des publications.

Le bois et le métal en fil rouge


La structure générale a été entièrement repensée par
Adrien Chenel lui-même à son arrivée dans les lieux.
« C’était une boîte vide. J’ai tout fait casser et redistribuer, je me
suis occupé des travaux et des matériaux. » L’ensemble des
murs a ainsi été peint à la chaux, jusqu’au plafond, dans
des tons beiges. « Je suis originaire du sud de la France
et ce qui me frappe à Paris, c’est que l’on fait beaucoup de murs
blancs… qui deviennent souvent gris. Donc ici, j’ai voulu
un blanc cassé, quasiment beige clair. » Son choix s’est orienté
sur cette matière plus chaleureuse, qu’on retrouve
dans chaque pièce, dans un souci d’unité, à l’exception
de la salle de bains en béton ciré. Des murs beiges,
des œuvres d’art et un fil conducteur : le métal et le bois.
Dans le salon, une table basse métallique achetée à
Drouot « aux jolies proportions » et des canapés de Carlo
Scarpa retapissés de tissu Pierre Frey par « un excellent
ami tapissier ». Près de la fenêtre, un fauteuil jaune vif
de Pierre Paulin tranche avec l’ensemble. « C’est une tache
de lumière agréable. Je ne suis même pas sûr qu’il aille bien dans
l’appartement, s’amuse Adrien Chenel, mais il apporte de
la joie, c’est ludique. » Par terre, une grande photographie
d’Henrik Purienne, artiste sud-africain, est soulignée
par un cadre en érable. « Je trouve plus vivant que la
photo soit posée sur le sol, comme si on venait de la rapporter »,
explique le galeriste. À côté, un buste d’époque romaine
est posé, lui aussi, à même le parquet.
La cuisine, séparée du salon par un rideau en tissu
africain inspiré des noren japonais, mêle Inox et bois,
avec une table des années 1970. Un luminaire de
Pierre Guariche éclaire un tableau de César Manrique,
aux couleurs assorties au rideau. « J’ai découvert cet
architecte et peintre sur l’île de Lanzarote, avec ma mère et ma
sœur. » Encore un souvenir de voyage… Dans la chambre,
particulièrement épurée, un tableau de René Roche
des années 1970 illumine la pièce. Les chevets sont faits
de petites chaises Renaissance italienne achetées à
« des copains marchands ». On comprend en effet que
les nombreux objets de cet appartement sont aussi les
témoins des amitiés qu’Adrien Chenel tisse dans le
monde entier, à l’instar de la céramique grise acquise
auprès d’un autre ami new-yorkais.
La salle de bains, en all over de béton ciré, présente
« très peu de choses, hormis un chapiteau antique posé au sol
et un joli miroir vénitien dans lequel on ne se voit malheureusement
pas car il est trop ancien ». Lorsque l’on demande
au galeriste de décrire son lieu de vie en un mot,
c’est la modernité qui lui apparaît. « Mais moderne
au sens de Godard, précise-t-il. Dans un de ses films, il
dit que toute œuvre moderne en son temps devient classique. »
Un moderne intemporel.

124
LA SALLE DE BAINS , en all-over
de béton ciré, ne présente
que peu d’objets, à l’exception
d’un chapiteau d’époque
romaine (ier siècle).
DANS LE DRESSING, une peinture de
l’artiste Gastone Breddo (1968)
s’intègre pleinement dans l’univers
floral de l’appartement, imaginé
par Nina Charles. Devant, un fauteuil
anglo-indien de la fin du xixe siècle.

« Cet appartement est moderne


au sens de Godard. Un moderne
devenu classique. »
— L’antiquaire Adrien Chenel

127
LES HAMPTONS

Parenthèse
bucolique
STYLISME Michael Reynolds
PHOTOS Stephen Kent Johnson
TEXTE Mayer Rus

Dans un domaine historique de Southampton,


sur l’île de Long Island, Atelier AM et
la paysagiste Miranda Brooks font
la part belle aux vertus sœurs que sont
la beauté et la sobriété.

DANS LE HALL D’ENTRÉE,


un banc en pierre du xixe siècle
(Galerie Half) dialogue avec
un sol en pierre calcaire récupéré
(Chateau Domingue).
DEVANT LA MAISON, un chemin
de pierres fines mène à un
tunnel romantique de
glycines et de clématites.

129
« Rien n’est trop précieux, ni trop compliqué.
La maison renferme des meubles et
des œuvres d’art de haut vol, mais l’atmosphère
qui se dégage est légère et chaleureuse. »
— Alexandra Misczynski, de l’agence Atelier AM

ADJACENT AU SOLARIUM, dans l’angle, un DANS UN COIN DU SALON, posé


buste de Simone Leigh en grès émaillé sur une ancienne table en fer forgé
(Untitled, 2022). On aperçoit la salle à française appartenant aux
manger avec, autour d’une table en pin propriétaires, un vase de la dynastie
anglais du xixe siècle (Obsolete), des Han. Derrière, un lampadaire
chaises vintage (McGuire Furniture). signé Pierre Guariche.

130
LA MAISON, DE STYLE NORMAND,
a été conçue dans les années
1920 par les architectes
Polhemus & Coffin. Atelier AM
a pris en charge sa rénovation
et l’aménagement paysager
a été confié à Miranda Brooks.

e nos jours, matière d’intérieurs, Alexandra et Michael la pureté des formes, la subtilité
le calme est une Misczynski, de l’agence Atelier AM, sont du ton et de la composition, le tout marqué
denrée rare. Face passés maîtres dans l’art d’apporter de la par un esprit raffiné mais résolument
à la surinformation, sérénité. Ardents défenseurs de l’excellence contemporain, sont les immuables piliers
au scroll infini et de l’érudition, deux idéaux de plus en de leur pratique. En témoigne cette
des images sur nos plus obsolètes, ils imaginent des maisons résidence historique de Southampton,
écrans de téléphones dans lesquelles la tranquillité et la beauté sur l’île de Long Island, qu’Atelier AM a
et d’ordinateurs, vivent en parfaite harmonie. récemment réaménagée pour des clients de
face à la cacophonie Qu’importe le site ou le contexte architectural longue date, un couple de collectionneurs
des voix révoltées de leur travail, des propriétés historiques habitué des cercles philanthropiques.
sur les réseaux sociaux et à l’inquiétude aux bijoux modernistes en passant par les En travaillant de concert avec la paysagiste
généralisée de la vie postpandémique, la paix immeubles vertigineux, le couple obéit Miranda Brooks, les époux Misczynski
et le calme sont devenus la nouvelle toujours aux mêmes exigences. Le respect ont créé un modèle de sophistication tout
incarnation du luxe. Heureusement, en de l’histoire et de la patine du temps, en retenue, regorgeant de trésors vieux

132
DANS LE SOLARIUM, autour de tables
basses en marbre antique Breccia,
des chaises longues vintage de
Walter Lamb et des tabourets de
Tito Agnoli des années 1960. Tapis
de chanvre (Alt for Living). Sur le
mur, une toile de Tauba Auerbach.

de plusieurs siècles et d’œuvres d’art À la structure initiale, le duo Misczynski a briques, d’un toit en bardeaux et de larges
contemporaines, qui se prête parfaitement ajouté une nouvelle aile, comprenant une portes pliantes qui, lorsqu’elles sont
à la simplicité de la vie à la campagne. salle de sport, un spa et une chambre d’amis ouvertes, transforment la structure en un
« Le lieu a tout d’une maison de plage, un endroit à l’étage. Les architectes d’intérieur ont pavillon de vie en plein air. « Nous avons tenté
où se reposer et profiter de la compagnie de également transformé une pièce octogonale, de faire écho au langage de la résidence principale.
ses amis et de sa famille », confie Alexandra greffée à la résidence dans les années 1970, L’objectif premier était de conserver la texture
Misczynski, soulignant ainsi la directive en un solarium de verre et d’acier ; remplacé historique de l’architecture et de brouiller les pistes
principale de ses clients. le toit et les fenêtres, effectué les travaux entre les installations d’origine et les ajouts »,
de maçonnerie nécessaires et démoli indique Michael Misczynski.
Conserver une texture historique puis reconstruit la véranda de la cuisine, Le salon est l’illustration parfaite de la
Conçue par les architectes Polhemus & Coffin ainsi qu’une véranda latérale attachée sensibilité esthétique qui imprègne la
dans les années 1920, cette imposante maison à la chambre principale. Ils ont aussi repensé maison. Dans cette pièce, des fauteuils
de style normand s’étend sur un peu plus le pool house en stuc installé près du lac, en bambou du milieu du siècle provenant
de deux hectares à proximité du lac Agawam. en le dotant d’un nouveau parement en de France et d’Italie, côtoient des →

133
Misczynski. La maison recèle des meubles
et des œuvres d’art de haut vol, mais l’atmosphère
qui se dégage est légère et chaleureuse. »
De toutes les pièces, c’est le salon d’hiver qui
a le plus séduit les architectes d’intérieur.
Après avoir soigneusement décapé et remis à
neuf ses élégantes boiseries, anciennement
peintes en noir, ils ont installé une cheminée
et une commode en marbre français
du xviiie siècle. La pièce est meublée d’une
table basse d’Axel Vervoordt en peuplier
et acier et d’un canapé sur mesure tapissé
de lin belge couleur paprika. Dans un coin
de la pièce, un petit tableau rond de Lisa
Yuskavage, intitulé Tit Tondo, insuffle
une touche érotique. « C’est une demeure
imposante, mais on ne s’y perd pas. Les pièces sont
à taille humaine. Les plafonds bas rendent la cuisine
et la salle du petit-déjeuner encore plus chaleureuses »,
DEVANT L’ESCALIER, un banc en
pierre du xixe siècle (Galerie Half). poursuit Michael Misczynski.
Sur le rebord de la fenêtre, Dehors, les jardins offrent un cadre idyllique
un vase en faïence de Kosi Hidama antiquités suédoises du xviiie siècle, à la maison, renforçant l’idée d’un royaume
(Axel Vervoordt). des consoles modernes brésiliennes et des paisible, isolé du tumulte de la ville. « Mon but
sièges sur mesure tapissés dans des tons était de faire correspondre le langage paysager de
feutrés – bleu pâle, perle, huître et avoine. la maison avec l’architecture et la simplicité pleine de
Des luminaires vintage, signés Pierre grâce des intérieurs imaginés par Alex et Michael »,
Guariche, Ingo Maurer et Isamu Noguchi explique Miranda Brooks. Le jardin devant
subliment délicatement ces ensembles la maison, avec ses parterres de buis taillés
tamisés, tout comme les différentes en cube et ses tilleuls en caissons, insuffle
œuvres d’art de Kerry James Marshall, de la vie à la propriété. « Pour accéder à la porte
Rashid Johnson et Mitsuko Asakura. d’entrée, il faut traverser un espace calme et
Dans le solarium voisin, des pièces qui un tunnel de glycines et de clématites, poursuit
évoquent la plage composent un décor la paysagiste. Nous avons eu la chance d’avoir
raffiné mais sans prétention, avec de somptueux hêtres et tilleuls matures, qui ont
des chaises longues en corde et acier planté le cadre pour concevoir les différentes zones
de Walter Lamb et des tables gigognes de du jardin et les panoramas. »
Mathieu Matégot. Ont également été Et Michael Misczynski de conclure :
disposés des tabourets en canne des années « Les propriétaires avaient une vision claire de
1960 du designer Tito Agnoli, chacun la façon dont ils voulaient habiter cette demeure,
associé à une table basse fabriquée à partir et Miranda a trouvé le ton juste. Ce projet est
de plaques de marbre Breccia, posées l’aboutissement de cette vision, où l’architecture,
sur des traverses de chemin de fer en bois les intérieurs et le paysage travaillent de concert
grossièrement taillées. « Rien n’est trop pour créer un cadre unique et évocateur. »
précieux ni trop compliqué, détaille Alexandra Adaptation Sarah Mandois

134
DANS UNE CHAMBRE D’INVITÉS,
une tête de lit sur-mesure est
habillée d’un tissu (Anne Kirk
Textiles). Tapis de Beauvais.
« C’est une demeure
imposante, mais on ne s’y
perd pas. Les pièces
sont à taille humaine. »
— Michael Misczynski

LA SALLE DE BAINS d’invités,


tout en courbe et aux murs habillés
de tadelakt, est éclairée par
une suspension de Tobia Scarpa.
Robinetterie (Barber Wilsons).
DÉTAIL DE LA FAÇADE en briques
de la maison de style normande.

137
DANS LA PERSPECTIVE DES PIÈCES
EN ENFILADE, un vase en céramique
et une sculpture en métal poli
(Galerie Gram, Puces de Saint-Ouen)
posée sur une colonne en travertin
vintage font écho à un fauteuil Fudge
en fibre de verre (Faye Toogood).
RIVE GAUCHE

Le caractère
de l’ancien
et du moderne
PHOTOS Alice Mesguich
TEXTE Nicolas Milon

Dans un hôtel particulier du xixe siècle, la curatrice


et ensemblière Joséphine Fossey signe un appartement
singulier et lumineux, où enveloppe historique
et pièces contemporaines s’accordent pour raconter une
nouvelle histoire, épurée, sobre, intime et chaleureuse.
139
DANS L’ENTRÉE, une table en travertin
(Galerie Simonet Antiquités),
une chaise de Minjae Kim x Garcé
& Dimofski (The Invisible Collection)
et, au mur, une toile de Pedro Batista
plantent le décor. Suspension Cloud
de Studio Apparatus (Triode). Tapis
(Atelier Tortil).

DANS LE SALON, devant un canapé


Pop (Christophe Delcourt) et une
paire de fauteuils de Joseph Savina,
circa 1950 (Galerie Desprez Breheret),
une table basse en travertin (Galerie
Gram). Lampadaire en plâtre
Kel (Garnier & Linker). Tapis Aspen
(Manufacture Cogolin).

140
’hôtel particulier venait d’être restauré par est un peu plus foncée, comme une boîte à part dans ce vaste
Wilmotte & Associés lorsque j’ai été mandatée pour espace haussmannien. « C’est un intérieur avec beaucoup de bois et c’est
la décoration de cet appartement d’une famille celui d’une famille parisienne avec enfants, je le voulais donc chaleureux,
avec jeunes enfants. » Choix des peintures, des c’était essentiel à mes yeux, avec aussi des pièces contemporaines, comme un
textiles, des pièces de mobilier et des fauteuil de Faye Toogood au milieu de ces couleurs sourdes qui prennent
œuvres d’art… C’est une mission en qualité d’autant plus de puissance dans cet écrin. » Des pièces de mobilier pour
de décoratrice, ensemblière et curatrice lesquelles Joséphine Fossey privilégie les matières authentiques
d’art qui est confiée à Joséphine Fossey, plus – la pierre, le travertin, le chêne – à la recherche d’une matérialité
habituellement ensemblière ou directrice la plus naturelle possible. « À la scandinave sans doute », s’amuse-t-elle,
de création sur des projets globaux. Elle n’aura revendiquant des couleurs neutres, une simplicité dans les formes
donc qu’à se glisser dans cette coque haussmannienne aux volumes et ce fameux équilibre entre dessin brut, courbes, couleurs et
spectaculaires afin d’apporter, dans une approche discrète, une touche matières. « C’est aussi et surtout un mix de jeunes designers et d’artistes
de contemporanéité. Un exercice de justesse et d’équilibre afin que dont je souhaite montrer le travail, comme Victor Guedy et sa petite sculpture
les lieux exhalent une intemporalité sobre mais sensible. « Une grande en bronze sur le bureau. Je fais mes projets avec le cœur, je veux que
part de mon inspiration provient de mes origines scandinaves, d’où mon goût les propriétaires se sentent bien dans mes réalisations et l’atmosphère est
pour des intérieurs minimalistes et en même temps chaleureux. C’est cette acuité, importante pour moi, au-delà du style, de même que donner place à des coups
cette finesse que j’ai recherchées ici avec des pièces aux lignes pures, comme une de cœur artistiques et des rencontres marquantes. » Comme celle de
table basse en travertin chinée, et par l’art. » De là une construction de cet l’artiste Charlotte Dualé, qui réalise une installation en céramique
intérieur avec des mélanges d’époques, de styles, de pièces anciennes émaillée sur mesure dans la cuisine et que, dans une évocation du
et d’autres contemporaines – c’était la volonté première – en concept d’art total, la décoratrice conjugue avec des chaises de
privilégiant une approche collaborative consistant à inviter des talents. Gio Ponti chinées. Dans le salon, un canapé de Christophe Delcourt
Comme dans la salle à manger, où Joséphine Fossey fait appel est associé à une paire de fauteuils de Joseph Savina des années
à Jeremy Maxwell Wintrebert pour la réalisation d’une grande 1950, soulignant ce désir d’intemporalité de la décoratrice. Curatrice
suspension. « Ce qui m’intéresse chez les artistes avec lesquels je travaille, c’est ayant à l’origine démarré chez Christie’s en art impressionniste
de savoir ce qu’ils n’ont jamais fait et aimeraient faire : ici quelque chose d’encore et moderne, elle est toujours sensible à l’histoire des lieux et des
plus suspendu que ce que Jeremy a l’habitude de faire, de très aérien, un axe objets. « C’est ce qui m’a conduite à la décoration à travers des collections telles
qu’il n’avait jamais exploré. Amener les artistes avec lesquels je travaille ailleurs, celle d’Yves Saint Laurent et de Pierre Bergé : retrouver un éclectisme et
plus loin, est au cœur de ma démarche. » cette justesse d’équilibre dans les époques et dans les styles. Je traite aujourd’hui
la décoration comme une curation d’art, comme une démarche d’art total, ce
À la recherche d’une matérialité naturelle qui me rapproche du mouvement Arts and Crafts, qui est un mouvement
Avant cela, les murs auront été habillés d’un beige neutre en accord inspirant pour moi dans sa volonté de faire entrer le beau dans le quotidien.
avec les parquets et les boiseries. Seule la salle de jeu des enfants L’art est toujours mon fil conducteur. »

« Amener les artistes avec lesquels je travaille


ailleurs, plus loin, est au cœur de ma démarche. »
— La décoratrice Joséphine Fossey

142
DANS LA SALLE À MANGER, la table
et les chaises sont une création
(Joséphine Fossey Office x Henri
Canivez). Au-dessus de la cheminée,
une œuvre monumentale
de Florian et Michael Quistrebert.
La suspension Cloud en verre
soufflé a été créée sur mesure par
Jeremy Maxwell Wintrebert.
L’HÔTEL PARTICULIER ouvre sur une
grande terrasse dallée en pierres
et prolongée par un vaste jardin.

145
SUR UN BUREAU Ary d’Emmanuelle
Simon, la sculpture Golden Broac de
l’artiste Victor Guedy (2022) et une
lampe vintage en bois. Devant, une
chaise des artisans de Marolles
(Galerie Desprez Breheret). Sur
une colonne en travertin vintage, le
buste en bronze Will (2022), signé
Victor Guedy. Au mur, la toile Untitled
(#15A) de Paul Reed (1965).

146
« Je traite la décoration comme une curation d’art,
comme une démarche d’art total. »
— La décoratrice Joséphine Fossey

DANS LA CHAMBRE, devant une


chauffeuse La Cachette, dessinée
par Charlotte Perriand pour la
station de ski des Arcs dans les
années 1960, un lampadaire Flare
avec abat-jour Montgolfière de
Pierre Yovanovitch. Plaid (Hermès).
Tapis (Codimat Collection).
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ROCHE BOBOIS ARTE VISIONNAIRE


Inspirée par le vivant, la collection Pulp La rabane est un tissu en fibre végétale La table Kerwan Round, designée par
s’articule autour du principe de la dissociation : composée de brins de raphia. Ici, les bandes Alessandro La Spada, exalte l’art de la
le designer catalan Eugeni Quitllet a imaginé tissées ont été cousues ensemble pour créer sculpture, invitant à embrasser la recherche
chaque meuble comme un assemblage de u motif informel qui met en valeur la main de technologique, l’artisanat et l’élégance
molécules. Chaque pied de cette table est l’homme. La texture rugueuse de la matière intemporelle. Les deux matériaux, acier laqué
comme un tronc poli de frêne massif qui lance est travaillée de façon à donner un éclat subtil bronze et marbre Lilas Extra, mis en tension
une branche vers le plateau sans le toucher. qui ajoute un contraste original. par des courbes concaves et convexes,
Ce plateau, en placage de frêne flammé, est arte-international.com composent une base unique avec des
aussi dessiné comme une molécule qu’on éléments tri-frontaux, tandis que la surface
aurait tranchée horizontalement. Côté formes, réfléchissante de l’acier courbé reflète
trois choix : rectangle bombé, rond et l’environnement. Le plateau de marbre apporte
triangle asymétrique qui en fait aussi un une touche dynamique et du mouvement
superbe bureau, toujours tout en rondeurs. grâce à l’élément rotatif Lazy Susan.
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rêver tant par ses formes jute, la laine et l’alpaga, les 12
élancées que par la beauté pièces mettent en valeur
des matières et la finesse notre talent artistique et
de son assemblage. Elle avait notre engagement en faveur
été choisie par les décorateurs du développement durable,
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Le portrait chinois

10 questions à…
Hugo Toro
À 34 ans seulement, le créateur joue déjà dans la cour des grands.
Après l’ouverture remarquée de l’Atelier de la Villa Albertine à New York
à l’automne dernier, l’année 2024 s’annonce tout aussi riche en projets
d’envergure pour Hugo Toro qui travaille sur le premier hôtel Orient Express
à Rome, une nouvelle collection de mobilier ainsi que des résidences
privées au Maroc, à Ibiza, en France, en Italie…
PAR Marina Hemonet ILLUSTRATION Cecilia Carlstedt

1. Quelle est votre conception du bonheur ? 6.Si vous aviez la possibilité


Avoir une belle lumière. J’ai besoin, pour me sentir de changer quelque chose en vous,
bien, d’évoluer dans des lieux où la lumière est chaude que choisiriez-vous ?
et homogène. Être un peu moins hyperactif et savoir
déconnecter plus souvent pour me reposer ou rêver plus.
2. Quelle est votre plus grande excentricité ?
Ne pas vouloir savoir ce qu’est l’excentricité. J’essaie 7. Si après votre mort vous deviez vous réincarner en une personne
de m’affranchir des codes et de ne surtout pas être dans ou une chose, quelle serait-elle ?
une forme de mainstream. Dans tous les domaines. Une tortue, pour vivre une vie caparaçonnée entre terre
et mer. C’est cool de pouvoir se déplacer avec sa maison
3. Quelle est votre qualité la plus surestimée ? et de mêler terre et abysses.
Mon impatience. (Ah ! ah !) C’est vrai que j’aime
que les choses aillent vite, que j’ai mille idées à la minute, 8. Quel est votre passe-temps préféré ?
mais parfois, je sais laisser le temps se dérouler. Faire des feux de joie à la campagne et les regarder brûler
pendant des heures sous un ciel étoilé.
4. Quelles sont les phrases que vous répétez sans cesse ?
« Ça manque de détails. » Le détail fait souvent la différence, 9. Quel est votre héros de fiction préféré ?
c’est la petite touche en plus qui va permettre au projet Magnéto, dans Marvel. C’est un puissant mutant,
de prendre toute sa dimension. un anti-héros dont la première apparition remonte à 1963.

5. Quel est le talent que vous rêveriez de posséder ? 10. Quel est votre mot d’ordre ?
Modeler la matière avec mon esprit, ça me ferait De la passion et de la narration car tout est histoire passée,
gagner du temps. présente et future.

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