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Revue EP.S n°85 Mars 1967. ©Editions EP&S. Tous droits de reproduction réservés
• Karlhova (URSS) photos : P. Blois
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3) L'observation. temps ? Nous allons essayer d'apporter certaines ré-
ponses qui n'auront bien sûr rien de définitif, le
Lorsqu'on voit pour la première fois un gymnaste champ d'expériences et de recherches restant à explo-
exécuter une vrille au sol ou à un appareil, on est rer.
quelque peu surpris, et l'œil a bien du mal à saisir
les différentes phases du mouvement. III. - Les problèmes que pose son exécution.
Il s'agit alors pour le technicien de passer du stade
de spectateur à celui d'observateur et d'observer au Ils sont principalement de deux ordres :
sens où l'entend Wallon « observer c'est évidemment — mécanique
enregistrer ce qui peut être constaté. Mais enregis- — psychologique
trer et constater c'est encore analyser, c'est ordon- — mécanique, car le gymnaste en tant que « corps »
ner le réel dans des formules, c'est le presser de obéit à un certain nombre de lois qui condition-
questions. C'est l'observation qui permet de posernent toutes ses exécutions.
les problèmes mais ce sont les problèmes posés qui — psychologique, car le gymnaste est avant tout
rendent l'observation possible ». un être en situation.
Au fur et à mesure que l'on se familiarise avec
la technique de la vrille, il devient plus facile d'en A — PROBLEMES D'ORDRE MECANIQUE
saisir sa structure et son organisation dans le temps
et l'espace. Ils sont fort complexes et leur étude, à notre con-
Aidés par l'apport précieux du cinéma avec l'uti- naissance, n'a pas encore été abordée, aussi allons-
lisation du ralenti et l'arrêt sur l'image, on arrive à nous essayer d'utiliser les enseignements que nous
une nouvelle représentation mentale du mouvement. donne la biomécanique en nous référant aux études
C'est alors qu'il va falloir répondre à bien des ques- faites, d'une part en athlétisme par G. Dyson dans
tions : qu'est-ce qui est important, qu'est-ce qui l'est son livre : « Principes de mécanique en athlétisme »
moins, quelle est la cause, quel est l'effet ? L'action (1) et d'autre part dans le domaine du plongeon par
des bras, de la tête, du « casser-cambrer », la vitesse Guilbert qui a étudié les « rotations en tire-bouchon »
de rotation arrière, l'impulsion ou l'interaction de ces (2) qui semblent obéir aux mêmes principes que les
facteurs ? Comment aborder son apprentissage ? Com- vrilles en gymnastique.
ment rendre compte des différences constatées entre Pour nous gymnastes, il faut toutefois noter des
les gymnastes ? de l'évolution de l'exécution avec le différences importantes avec le plongeon, en parti-
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culier au sol où la vitesse horizontale aprèsflipou Il semble qu'en gymnastique la vrille doive être
rondade est importante et le temps de suspension plus déclenchée au cours de l'appel en même temps que le
court. Il semble donc souhaitable d'augmenter ce temps tour vers l'arrière. Mais pour mieux comprendre les
de suspension et nous voyons de suite l'importance mouvements en l'air susceptibles d'en accélérer l'exé-
d'une exécution correcte et élevée du « saut périlleux cution nous nous référerons aux explications que
arrière corps tendu ». donne Guilbert du mécanisme du « tire-bouchon »
dans les plongeons.
1) Le saut périlleux arrière corps tendu. Pour lui, « la rotation en tire-bouchon doit être
réglementairement obtenue en vol. Elle est en que
Lorsque un jeune gymnaste voit un champion exé- que sorte « greffée » sur une rotation ordinaire déj
cuter un saut périlleux arrière tendu ou groupé, ce existante. Elle est obtenue par deux procédés géné
qu'il retient en général et ce qui s'associe au terme ralement combinés d'instinct par le plongeur » (2).
de « saut périlleux arrière », c'est principalement a) procédé par l'action des bras que nous pouvons
une rotation arrière du corps ; effectivement lors- résumer ainsi :
qu'il veut faire cet exercice, il cherche surtout et avant
tout à tourner vers l'arrière, ce qui se traduit par — lancer des bras dans le sens de la rotation dési-
un « coup de tête », en arrière, avec un « coup de rée, l'un appuyant en avant, l'autre tirant en arrière,
reins », dont le résultat est plus souvent un saut et transfert au corps tout entier de ce mouvement.
long et peu élevé vers l'arrière C'est là un exemple — déclenchement du mouvement pendant le pas-
où l'exécution d'un geste par un démonstrateur peut sage du corps de la position cambrée ou carpée à la
être une entrave pour l'apprentissage par l'élève La position droite pour que le mouvement des bras de-
démonstration donne l'objectif à atteindre, mais non meure constamment dans l'axe de pivotement du
les moyens d'y parvenir. En effet, pour réaliser cet tire-bouchon et n'entraîne aucune réaction sur cet
exercice, aussi paradoxal que cela puisse paraître, il axe. La réaction au mouvement des bras est
faut pour ainsi dire « ne pas vouloir le faire » car ainsi transférée sur l'axe transversal et n'a pas
le saut périlleux arrière corps tendu consiste essen- d'influence sur le tire-bouchon, elle a pour simple
tiellement à effectuer un saut en extension le plus conséquence de dévier légèrement le plongeur laté-
haut possible et secondairement à tourner vers l'ar- ralement. Pour accélérer la rotation il suffit au plon-
rière. Ce qui nécessite une impulsion bien précise geur, en allongeant le corps, de ramener les bras le
(cf. la technique des sauts, EPS n° 80 à 83). Le tra- plus près possible de l'axe longitudinal.
vail effectué avec des gymnastes de l'INS montre
que ce saut peut être réalisé aux alentours de 2 mè- b) procédé par action du buste.
tres. Supposons un sujet en suspension libre dans l'es-
pace, en engageant volontairement une action des
épaules dans un sens, la réaction peut se manifester
2) La rotation vers l'arrière. de deux façons :
— si le corps est musculairement bloqué, elle dé-
Il paraît établi qu'une rotation du corps sans l'in- clenche une rotation en sens inverse, méthode uti-
termédiaire d'appuis, c'est-à-dire en l'air, soit pos- lisée par les trampolinistes.
sible, cependant dans les conditions d'un appel de — si le corps est décontracté, il se « visse », jam-
pied ferme « le temps qui s'écoule entre l'appel et bes d'un côté, épaules de l'autre et aucune rotation
la réception est trop court pour permettre de com- ne se produit. Pour obtenir la rotation dans le sens
muniquer ainsi une rotation importante ». (1) de l'action des épaules, il suffit alors de déclencher
Pour provoquer une rotation importante, il devient une légère action de « cassé » de « cambré » ou de
nécessaire de la déclencher pendant la nhase d'appui flexion latérale.
au sol. au moment de l'appel, par une poussée excen- Guilbert conclut : « l'intensité d'une telle rotati
trique. En effet, « si à l'instant du décollage la direc- ne peut être qu'assez faible... et les deux modes d'
tion de l'impulsion ne passe pas par le centre de tion se combinent également dans une mesure varia-
gravité, il y a création d'un couple qui anime le ble corpsselon les plongeurs ».
d'un mouvement de rotation. Ce mouvement se pour- Bien sûr, une telle étude mécanique peut paraître
suit pendant toute la suspension indépendamment fastidieuse, de superficielle et assez éloignée de la pra-
tout changement volontaire d'attitude du corps » (1).et l'on serait peut-être tenté de s'en tenir à un
tique
Toutefois, ce changement d'attitude entraîne des enseignement purement intuitif, procédant par essais
augmentations ou des diminutions du moment d'iner- et erreurs, ce que l'on fait le plus souvent d'ailleurs.
tie par rapport à l'axe de rotation, de sorte que le Mais cette étude montre quelles peuvent être les
sauteur peut à son gré ralentir ou accélérer le mou- limites de nos connaissances actuelles. Elle se pro-
vement de rotation existant. Ainsi pour le saut péril- pose d'orienter nos recherches vers des expériences
leux arrière tendu, le passage de la position droite montrant l'interdépendance de l'appel et du mouve-
du décollage à la position cambrée dorsale correspond ment en l'air, l'importance de la rotation au détriment
à une diminution du moment d'inertie par rapport de l'élévation, et inversement.
à l'axe transversal de rotation et, en conséquence
augmente la vitesse de rotation vers l'arrière. D'autre part, il faut mettre en garde ceux qui se-
raient tentés d'expliquer le mouvement à partir
De même, la position des bras peut conditionner d'images statiques ; de fait, la dynamique d'ensemble
l'exécution ; ainsi, s'ils sont disposés tout près de l'axe conditionne le détail ou, comme le dit Buitendijk :
du corps, ils accélèrent la rotation de la vrille, et, « L'expérience démontre que la situation totale rè
s'ils en sont écartés, ils la ralentissent ou l'arrêtent, l'événement partiel et que le sens global du compo
pouvant même l'empêcher de s'amorcer. tement explique ce qui se passe dans chacune des
parties du corps ».
3) La vrille.
(à suivre) L. THOMAS.
Si le saut périlleux arrière s'effectue autour du seul
axe transversal, la vrille implique une rotation par
rapport à l'axe longitudinal, et le saut périlleux
avec vrille, une rotation par rapport à ces deux axes (1) G. Dyson (Ed. Vigot, 1965).
principaux. (2) « Le Plongeon ». (Edition Revue « Education Physique
et Sport », 1964).
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