Cuir noir et

AVENTURE

sang rouge
Par Pablo Claudio Ganter

Version couleurs Version N & B

AVENTURE

La Danse de la Fée Dragée

Scène 1 : Le gamin disparu
Un jeudi d’automne. Les arbres dénudés conservent les dernières
feuilles qui résistent à la chute, brunes, dorées et grillées, qui s’uni-
ront bientôt avec les autres déjà au sol. Un vent glacial souffle dans
les rues où les masses grises des gens essaient de se protéger du
froid avec leurs foulards et leurs manteaux. Les journaux parlent
de protestations, de conflits dans les communautés, de la rupture
de l’harmonie sociale et du péril rouge. Et malgré tout, le manteau
disputent, discutent ou lancent en l’air des insultes. Quelqu’un se
lamente avec gravité sur les usines du quartier qui ferment et sur
l’âme du quartier qui se flétrit.
Telle un phare illuminant d’une lueur d’espoir, l’église du pasteur
David Freesoul se dresse entre un immeuble d’appartements mi-
teux et une fabrique de bottes aux stores baissés. Elle n’est ni
belle ni moderne. C’est seulement un entrepôt reconverti en lieu
de culte, à la force des bras. Les fidèles qui parlent devant la porte
ne semblent pas s’en soucier. Ce sont des garçons « de couleur »

Par Juan Sixto

végétal dessine une belle tapisserie au sol pour ceux qui s’arrêtent vêtus de vestes et de manteaux noirs, de lunettes militaires et de
afin de l’admirer. bérets rouges. Les garçons de chœur, sans doute.

L’un des personnages reçoit l’appel de l’assistant d’un membre Parmi eux les attend Malco, qui tend aux personnages une main
respecté de la communauté, le pasteur David Freesoul, qui emplumée et en sueur avant de les inviter à le suivre dans l’église.
souhaite le rencontrer dans son bureau, dans son église située Près de l’autel, un chacal à l’air royal est en train de préparer le
dans un ghetto voisin. En urgence. Si le personnage insiste pour sermon du dimanche, visiblement distrait. Il semble ne pas pouvoir
connaitre l’identité de son interlocuteur, ce dernier se présentera lire plus de deux lignes sans en perdre le fil. Contrarié, il descend
comme étant Christopher Malco. Malco se montre très nerveux et jusqu’aux bancs et congédie Malco d’un geste quasi impercep-
Version
bégaie couleurs
fortement, sa voix déjà désagréable se transformant peu à tible. Avec d’impeccables manières, il salueVersion N & B Sa
les personnages.
peu en un gargouillis incompréhensible. voix est claire et pleine de force, mais quelque peu fatiguée. Sous
le regard de la statue du Christ, il s’allume une cigarette. « S’il a
souffert le martyre de la croix pour nous tous, je doute qu’un peu
Le ghetto dans lequel ils doivent se rencontrer est un lieu où la de fumée le dérange », lance-t-il. Ensuite, avec une générosité
misère, le froid et la vie typique d’un quartier populaire se donnent
Cuir noir et sang rouge, écrit parchrétienne,
toute Pablo Claudio il propose
Ganteraux personnages un peu de tabac
Résumé de l’intrigue
la main tels des amants en train de danser. De grands édifices
de briques rouges ceignent des rues où circulent peu de voitures
et sont décorés de vêtements de toutes sortes qui pendent aux
le
Les
Qu’est-ce qu’une station de nombres ?
avant de leur demander de l’accompagner pour leur dire ce qui
Titre original : Cuero negro y sangre roja, publié dans Nivel 9 numéro 11, Copyright © 2020 Nosolorol Ediciones.
préoccupe.
stations de Apparemment,
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trois mois, l’unledes
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fenêtres. et le cuir qui dominentLa Danse
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original Danza Hada, dans Nivel 9 numéro 12, Copyright © 2020 Nosolorol Ediciones.
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quantités Dénouveaux et Charlotte Dénouveaux. Translated under licence Nosolorol Ediciones.
pagnés par musique émanantdedes drogue dans
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et les prêts. Stones s’est Prix public
hissé à la :force
2 €. ISBN
de sa: 978-2-37564-046-3.
volonté au rang Date
une de mis en
multitude deligne PDFtout
finalités, : juillet 2020. pour transmettre les
spécialement
2 des plus grands mafieux de tout le pays.
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messages des espions durant la Guerre Froide et, plus récem-
 Cuir noir et
AVENTURE
sang rouge
Scène 1 : Le gamin disparu
Un jeudi d’automne. Les arbres dénudés conservent les dernières
feuilles qui résistent à la chute, brunes, dorées et grillées, qui s’uni-
ront bientôt avec les autres déjà au sol. Un vent glacial souffle dans
les rues où les masses grises des gens essaient de se protéger du
froid avec leurs foulards et leurs manteaux. Les journaux parlent
de protestations, de conflits dans les communautés, de la rupture
de l’harmonie sociale et du péril rouge. Et malgré tout, le manteau
végétal dessine une belle tapisserie au sol pour ceux qui s’arrêtent
afin de l’admirer.
L’un des personnages reçoit l’appel de l’assistant d’un membre
respecté de la communauté, le pasteur David Freesoul, qui
souhaite le rencontrer dans son bureau, dans son église située
dans un ghetto voisin. En urgence. Si le personnage insiste pour
connaitre l’identité de son interlocuteur, ce dernier se présentera
comme étant Christopher Malco. Malco se montre très nerveux et
bégaie fortement, sa voix déjà désagréable se transformant peu à
peu en un gargouillis incompréhensible.
Le ghetto dans lequel ils doivent se rencontrer est un lieu où la
misère, le froid et la vie typique d’un quartier populaire se donnent
la main tels des amants en train de danser. De grands édifices
de briques rouges ceignent des rues où circulent peu de voitures
et sont décorés de vêtements de toutes sortes qui pendent aux
fenêtres. Le pelage et le cuir qui dominent sont de couleur noire
et ceux qui dérogent à la norme sont vus avec dédain, quand ce
n’est pas avec hostilité. Sur les escaliers, les jeunes fument, flirtent
et jouent aux cartes sous le regard de leurs mères, accompagnés
par la musique émanant des radios, des saxophones et des voix
profondes chantant faux. Certains chantent, d’autres se disputent,
2
Par Pablo Claudio Ganter
discutent ou lancent en l’air des insultes. Quelqu’un se lamente
avec gravité sur les usines du quartier qui ferment et sur l’âme du
quartier qui se flétrit.
Telle un phare illuminant d’une lueur d’espoir, l’église du pasteur
David Freesoul se dresse entre un immeuble d’appartements mi-
teux et une fabrique de bottes aux stores baissés. Elle n’est ni
belle ni moderne. C’est seulement un entrepôt reconverti en lieu
de culte, à la force des bras. Les fidèles qui parlent devant la porte
ne semblent pas s’en soucier. Ce sont des garçons « de couleur »
vêtus de vestes et de manteaux noirs, de lunettes militaires et de
bérets rouges. Les enfants de chœur, sans doute.
Parmi eux les attend Malco, qui tend aux personnages une main
emplumée et en sueur avant de les inviter à le suivre dans l’église.
Près de l’autel, un chacal à l’air royal est en train de préparer le
sermon du dimanche, visiblement distrait. Il semble ne pas pouvoir
lire plus de deux lignes sans en perdre le fil. Contrarié, il descend
jusqu’aux bancs et congédie Malco d’un geste quasi impercep-
tible. Avec d’impeccables manières, il salue les personnages. Sa
voix est claire et pleine de force, mais quelque peu fatiguée. Sous
le regard de la statue du Christ, il s’allume une cigarette. « S’il a
souffert le martyre de la croix pour nous tous, je doute qu’un peu
de fumée le dérange », lance-t-il. Ensuite, avec une générosité
toute chrétienne, il propose aux personnages un peu de tabac
avant de leur demander de l’accompagner pour leur dire ce qui
le préoccupe. Apparemment, il y a trois mois, l’un des garçons du
ghetto, Frank West Jr., a pu aller à l’université pour étudier la chirur-
gie grâce à l’effort économique de la communauté. Frank, selon le
pasteur, était un bon garçon, plus intelligent que les autres et plutôt
doux. « Ce qui est formidable, car ils hériteront de la Terre », ajoute-
t-il. Tout se passait aussi bien qu’on s’y attendait : bien qu’il souf-
frait du harcèlement et du mépris des élèves et des enseignants,
ses notes étaient excellentes. Cela ne compensait pas les graffitis
 BLACKSAD

Cette aventure pour Blacksad - Le Jeu de Rôle est conçue pour 3 à 5 personnages
et convient à tout groupe de joueurs, tant qu’ils apprécient les investigations et les
histoires tristes. Cuir noir et sang rouge peut être joué en une seule session de jeu,
mais peut aussi faire partie d’une campagne… ou en être le final.

offensants et les croix enflammées, il est vrai, mais la vie est un

éternel combat.
Scène 2 :
Frank fait l’orgueil du quartier, mais cela fait trois jours qu’il n’a
plus donné de signe de vie. C’est pour cette raison que le pasteur
leur demande de l’aide. Ce gamin est l’espoir de tout le quartier
La chambre d’un garçon
pour tous les Américains de couleur. La paie qu’il leur offre pour
le retrouver est de 100 dollars plus les frais et si les personnages
acceptent, comme ils le feront surement, il écrit sur un papier
exemplaire
l’adresse de la chambre occupée par Franck, ainsi qu’une brève Le plus logique est que les personnages inspectent la chambre
description de celui-ci : un buffle noir comme la nuit d’environ deux de Frank ou son lieu de travail. Bien qu’il n’ait pas la clé originale
mètres, portant des lunettes et une cicatrice sur le museau. De de la chambre de Franck, Phil, une tortue aveugle faisant office
plus, il leur confie que Frank travaille au fast-food en dessous de de portier, en a une copie. Il se laissera soudoyer par les per-
chez lui. Enfin, si l’un des personnages est de couleur, il reçoit un
sonnages (afin d’obtenir la clé ou pour éviter qu’il ne prévienne
dépliant de l’office du pasteur Freesoul. Ils peuvent dire ce qu’ils
veulent de ses idées politiques, il n’en reste pas moins que ce la police s’il entend par hasard la porte s’ouvrir) s’ils réussissent
chacal a une sacrée belle plume. un défi de Volonté Modéré. Sinon, ils devront se montrer encore
plus aimables en allignant la monnaie et réussir un défi de Volonté
Mais que s’est-il passé ? Frank West Jr. est mort il y a deux nuits de Difficile. Dans le cas où ils interrogeraient Phil sur des événements
cela lors d’un combat illégal, dans les sous-sols de l’abattoir situé suspects, il leur dira qu’hier est venu « un type louche » deman-
en périphérie. Frank a participé un mois durant à ces combats dant après Frank (pour qui il n’a que des mots sympathiques, à
pour gagner de l’argent, celui envoyé par la communauté se rédui- l’exception de ses habitudes nocturnes perturbantes), mais qu’il
sant drastiquement. Le motif de cette baisse trouve son explication l’a envoyé balader.
dans des lettres de Freesoul qui traite des difficultés de l’église.
Cependant, ce n’est pas le pasteur qui les a écrites, mais son
assistant. Malco a des dettes de jeu et un grand talent pour
imiter l’écriture de Freesoul. Sans savoir ce qui se passait vérita-
blement, Frank a reçu l’offre d’un organisateur de combats clan-
destins appelé Julius Marcone qui, voyant sa stature et sa force,
l’a convaincu de combattre à mains nues pour une belle somme
d’argent. Ainsi, le gamin s’est lancé dans une fulgurante car-
rière avec huit victoires consécutives jusqu’à sa défaite
contre un hippopotame nommé Slim. Maintenant, le
corps de Frank se décompose dans la forêt proche de
l’université. Marcone et Slim conti-
nuent leurs affaires… Quant
à Malco, il est terrorisé
par cette disparition
et la possibilité que
l’on découvre qu’il a
détourné l’argent de
la communauté.

3
AVENTURE
Une fois entrés dans l’appartement, ils découvrent que Frank West
Jr. vivait avec le strict nécessaire : un lit avec une Bible sur l’oreiller,
un bureau / table à manger, une petite kitchenette et une salle de
bain. Des livres, des notes et des dessins s’amoncèlent sur les éta-
gères, le sol et même le lit. Un défi Facile d’Intellect révèlera qu’ils
ne concernent pas tous la médecine, mais qu’il y a aussi des bio-
graphies de Lincoln et des études sur sa mort en 1865. Une odeur
rance flotte dans l’air. Un reste de frites et de hamburger com-
mence à pourrir sur une chaise. Avec un défi Modéré d'Intellect,
ils découvriront une série de lettres ouvertes sous un tas de notes
portant sur les sutures, couvertes de sang. Du sang ? Oui, du sang.
La première lettre est une lettre très dure écrite par un professeur
de son université, un certain Hernest Sanders, dans laquelle il jette
à la face de Frank son faible investissement au cours des der-
nières semaines et le menace en disant que « Les gens comme toi,
avec leurs habitudes criminelles » n’ont pas leur place à l’univer-
sité et qu’il « prendra des mesures afin de corriger cette situation
abominable ». Contrairement à ce que cette lettre pourrait laisser
penser, Sanders n’est pas un sale raciste. En réalité, il s’inquiète
sincèrement pour Frank (qui suivait ses cours toujours mal habillé),
bien qu’il ne l’exprime pas de la meilleure des manières. Si les per-
sonnages prennent rendez-vous avec cet universitaire, ils rencon-
treront un hibou arctique très aimable, peut-être un peu maladroit
socialement, mais qui montre un vif intérêt à retrouver le garçon.
D’un autre côté, si les personnages montrent à Freesoul cette lettre
incriminant Sanders comme suspect potentiel, le pasteur enverra
ses « enfants de chœur » le faire « chanter », plongeant le profes-
seur dans un coma profond.
Les trois autres lettres viennent du bureau du pasteur Freesoul,
qui regrette de ne pouvoir envoyer plus d’argent à cause des pro-
blèmes financiers de la congrégation. Les lettres sont rédigées
sur un ton pessimiste, en contradiction avec celui qui les envoie,
bien qu’elles proviennent, assurément, du pasteur (sauf si certains
personnages réussissent un défi Difficile d’Intellect, auquel cas ils
détecteront que la calligraphie n’est pas exactement la même). En
vérité, l’argent envoyé à Frank ne lui dure pas longtemps...
Il y a une dernière chose à découvrir. S’ils regardent sous le lit, ils
trouvent un petit coffre-fort fermé par un cadenas à code. Pour
l’ouvrir, il faut mettre les chiffres 1, 8, 6, 5 (1865), l’année de la mort
du président. À l’intérieur se trouvent 600 dollars et deux montres
en or, une petite fortune obtenue grâce à ses combats.
S’ils se rendent au fast-food (Bob’s) pour poser des questions au
sujet de Frank, le patron, un taureau noir qui répond au nom de
Big Bob, leur dit que cela fait un mois qu’il ne travaille plus pour
lui, mais qu’il venait toujours chercher à manger après les cours.
S’ils l’interrogent précisément sur le jeune homme, il leur révèle
qu’il était dernièrement dans un état déplorable, ce qui n’était pas
étonnant au vu de ses fréquentations. Ceci étant dit, il ne veut pas
en dire plus. Ils doivent tenter de convaincre ce tenancier têtu, que
ce soit par la force ou par les arguments, qu’il est primordial pour
Frank qu’il en dise plus (voir les règles d’Intimidation, page 52 de
Blacksad – Le Jeu de Rôle). Pour Big Bob, utilisez la fiche du
Barman (page 89). S’ils arrivent à lui délier la langue, il leur raconte
que cela fait un mois que Frank s’est lié d’amitié avec un « homme
d’affaires » connu du coin, appelé Julius Marcone, qui doit l’avoir
impliqué dans une sombre histoire d’extorsion, car « le gamin ar-
rive toujours dans un sale état ». Big Bob sait où Marcone fait ses
affaires et si les personnages veulent en savoir plus sur la vie et
les activités de Marcone, une série de défis étendus de difficulté
Moyenne d’Intellect leur permet de connaitre le lieu et la date du
prochain combat : cette nuit, dans son abattoir.
4
Scène 3 : «
« Julius Marcone, enchanté…
L’abattoir de Marcone est aussi sordide que l’on peut imaginer : le
bétail entre et hurle à toutes heures en laissant l’air chargé de peur,
de sang et d’odeurs d’os brulés… Les employés de l’abattoir sont
des individus au regard vide et à l’air renfrogné. Il est impossible
d’entrer dans ce lieu sans se retrouver avec les chaussures cou-
vertes d’une substance noirâtre, collante et puante.
Marcone, sur un ton innocent, se fait un plaisir d’accueillir les per-
sonnages. Il est accompagné de trois de ses « garçons », dont
une montagne de muscles du nom de Slim. La hyène est aimable
tant qu’il n’y a pas de policier dans le groupe de personnages.
Si c’est le cas, il leur dit qu’il a bien proposé un travail à Frank,
mais que celui-ci a refusé (vil mensonge) et affirme n’être qu’un
homme d’affaires qui cherche à donner du travail au peuple af-
famé du pays. Si les personnages ne sont pas des policiers et
réussissent un défi de Volonté Difficile, Marcone admet alors avoir
connu Frank, lui avoir offert un travail et s’être « bien occupé de
lui », mais niera connaitre le lieu où se trouve actuellement le jeune
homme. D’ailleurs, il les invite à rester pour le prochain combat :
« J’ai besoin de fidéliser de nouveaux clients, c’est un business en
pleine expansion, vous savez. C’est ici même, à 22 h. »
Évidemment, l’homme d’affaires ment sur tout ce qu’il a dit aux
personnages (affrontement de Volonté) et, s’il se retrouve acculé,
il réagit avec une extrême virulence. Julius et ses hommes se dé-
fendent alors avec leurs poings et leurs couteaux. Ils n’hésitent pas
à tuer si cela s’avère nécessaire. Le profil des brutes est celui de
l’Homme de main (page 92), sauf pour Slim qui a les mêmes carac-
téristiques que Jack Ostiombe (page 130 de Blacksad – Le Jeu
de Rôle). Si les personnages échouent, ils finissent comme viande
à saucisse. Mais s’ils réussissent à s’imposer, Marcone confesse
où se trouve le corps de Frank et le motif de sa mort. « Ça s’est
passé pendant un combat juste, à mains nues. Fais chier ! Ce gar-
çon était une vraie bête ! Je lui ai dit, je le jure, qu’il devait calmer le
rythme, qu’il n’avait pas encore récupéré de son dernier combat…
Mais non ! », dit-il. « Frank disait qu’il avait besoin de fric, qu’il le
devait à sa communauté. Des conneries. Slim en a sué, mais il l’a
eu au final. Trop bien, d’ailleurs. Son crâne a percuté le sol. KO et
R.I.P. d’un coup. On ne voulait pas de problèmes… On l’a enterré
dans les bois proches, pas loin d’ici. » Si les personnages insistent
pour connaitre l’emplacement, il les emmène là où le corps a été
abandonné. Frank est en train de pourrir à cinquante centimètres
de profondeur. Les vers ont déjà commencé leur œuvre. Les der-
nières feuilles qui sont tombées recouvrent à peine son cadavre.
Scène 4 : Des poings et du fric
Si les personnages assistent à la nuit de violence à laquelle Mar-
cone les a invités, il les conduit dans un vaste sous-sol au plafond
bas d’où il émane une puanteur métallique de sang difficile à igno-
rer. Plusieurs iguanes servent des bières et des liqueurs à prix éle-
vés, ainsi que des havanes authentiques. Entre la fumée et la foule
qui se concentre pour voir le spectacle, il est difficile de respirer et
encore plus de s’entendre, surtout quand la hyène annonce avec
un haut-parleur le premier combat de la nuit.
Un tatou et un chimpanzé sont à l’intérieur d’un cercle, les mains
bandées. De puissants coups de poing se mettent à pleuvoir. Des
morsures et des coups de pied font voler le sang dans les airs. Cela
continue jusqu’à ce que le chimpanzé perde l’équilibre à cause
d’une flaque de couleur rouge et tombe au sol. Là, le tatou se met à
 le frapper sauvagement jusqu’à ce que le vaincu lève la main. Les
paris sont distribués. Marcone garde une bonne partie de l’argent
et les combattants se retirent, l’un battu et jeté dans un coin, l’autre
partant avec une bonne poignée de billets verts dans les mains.
Sans nettoyer le sang qui couvre le sol, un autre combat commence.
Parmi les spectateurs, il est simple de recueillir des informations. Ils
sont bavards et la raclée qu’a reçue Frank a été si impressionnante
qu’ils ont facilement envie de la commenter. Si les personnages
réussissent un défi de Volonté Modéré, l’un des spectateurs qui y a
assisté leur raconte comment un Frank en mauvaise forme a partici-
pé au combat « de trop » et a été mis KO par Slim, « comme s’il était
mort, impressionnant ! ». S’ils réussissent un défi de Volonté Difficile,
l’un des iguanes leur dit que Frank était « foutu » et que Julius l’a
emmené dans la forêt « pour qu’il ne soit pas dérangé ». Le défi est
juste Modéré s’ils soudoient le reptile ou lui proposent une cigarette.
Julius niera toute accusation le concernant, prenant par le col tout
personnage trop insistant. S’il est acculé d’une quelconque ma-
nière, une bagarre comme dans la scène précédente aura lieu.
Scène 5 : La dure vérité
Après que les personnages aient communiqué le décès de Frank
à Freesoul et la localisation de son corps, le pasteur leur demande
de venir à son bureau. Il est furieux, car il est persuadé que Frank
a été forcé, en tant que gamin du ghetto ou à cause d’un chan-
tage, à participer à des combats et qu’ils l’ont tué pour cela. Il
se lamente, entre deux rugissements d’injustice, sur le sort subi
par les personnes de couleur, disant que les choses n’en resteront
pas là. Enfin, il les remercie d’avoir clarifié le triste sort du jeune
Frank, avec une certaine froideur vis-à-vis des personnages qui
n’ont pas la peau foncée. Pour finir, il leur dit : « J’ai un combat,
une guerre pour notre dignité à préparer. M. Malco vous remettra
vos honoraires. »
Christopher Malco
Vautour, à la mauvaise conscience
CARACTÉRISTIQUES
FORCE Fuir +1
RÉFLEXES Voler (un bien) +2, Tricher +1
VOLONTÉ Falsifier +3
INTELLECT Mathématiques +2, Religion +1
FAITS MARQUANTS
- A grandi dans la misère du ghetto.
- Travaille comme comptable pour l’église depuis quatre décennies.
- A des dettes de jeu.
- Détourne des fonds de l’église sans que personne s’en rende compte.
COMPLICATION
- Les remords l’empe^chent de vivre.
VALEURS DE COMBAT
INITIATIVE DÉFENSE PROTECTION ENDURANCE RÉSISTANCE
6 2 0 4
Malco mourait de faim dans le ghetto, mais le Seigneur lui a donné
l’espoir et un travail. Cependant, sa dépendance au jeu l’a mis dans
de sales draps et il a décidé de s’en sortir en plongeant un pauvre
garçon dans la misère.
Le vautour, avec un air triste, se conforme aux ordres et les in-
vite aux funérailles de Frank. Elles sont spectaculaires, car des
centaines de personnes assistent à l’événement, mi-enterrement,
mi-meeting pour le pasteur. Freesoul pointe un doigt accusateur
sur la société qui a discriminé « un jeune homme exceptionnel qui
s’est vu soumis au chantage, au harcèlement et à la violence en
raison de sa condition raciale ». Une vague de violence secouera
le ghetto lors des semaines suivantes, une vingtaine d’habitants
mourant dans les émeutes (la plupart ayant la peau claire) et une
centaine d’autres seront écroués après une répression brutale.
Quelques semaines plus tard, l’université (harcelée par Freesoul et
ses amis influents) annoncera la bourse Frank West pour les gar-
çons du ghetto. Le quartier souffrira considérablement des dom-
mages subis, dont il lui sera difficile de récupérer.
Si les personnages informent Freesoul que Malco est l’élément dé-
clencheur de la mort de Frank ou le font se confesser devant le
pasteur, ce dernier leur fait signe de se taire, d’un air froid. Il fait
ensuite entrer son assistant dans le bureau, après avoir congédié
les personnages. Le lendemain, les journaux parleront de cet as-
sistant d’un pasteur connu qui s’est suicidé en s’immolant par le
feu. Frank sera enterré en toute discrétion et une semaine plus
tard, l’établissement de Julius brulera aussi, avec ce dernier et
tous ceux qui assistaient au combat, enfermés à l’intérieur.
Si les personnages parlent à Malco, il avouera en larmes avoir volé
l’argent de Frank, prétendant avoir un problème avec le jeu. Il de-
mandera à ne pas être livré au pasteur, car il sait à quel point il peut
devenir cruel et supplie les personnages pour leur miséricorde afin
de se racheter. S’ils lui donnent cette chance, Malco vivra pour
faire du quartier un lieu meilleur, travaillera pour enseigner à ses
voisins et vendra tous ses biens pour aider d’autres jeunes, vivant
désormais comme un authentique ascète. Le quartier souffrira
avec violence de l’indignation face à la situation, des innocents
continueront à mourir... Mais au moins, il y aura une main de plus
pour aider à tout reconstruire après la destruction.
sejPersonnages
anosreP
Julius Marcone
Hyène, vendeur de viande
CARACTÉRISTIQUES
FORCE Buveur +1, Hachoir à viande +1
RÉFLEXES Escamotage +1
VOLONTÉ Manipulateur +2
INTELLECT Observateur +1, Homme d’affaires +2
FAITS MARQUANTS
- A grandi dans une famille d’escrocs.
- Utilise son abattoir pour blanchir de l’argent.
- Organise des combats pour grossir ses revenus.
- A un bon groupe d’amis.
COMPLICATION
- Cupide.
VALEURS DE COMBAT
INITIATIVE DÉFENSE PROTECTION ENDURANCE RÉSISTANCE
4 1 0 4
5
AVENTURE
La Danse de la Fée Dragée
Résumé de l’intrigue
À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, James Stones, qui avait
jusqu’alors gagné sa vie grâce aux pillages pendant les bom-
bardements sur Londres, décida de partir pour Los Angeles et
d’y développer un trafic d’héroïne. En quelques années, Stones
introduisit de grandes quantités de drogue dans la ville par l’inter-
médiaire d’un plan complexe établi depuis le Mexique et conforta
sa position grâce à d’autres business, tels que les salles de jeux
et les prêts. Stones s’est hissé à la force de sa volonté au rang
des plus grands mafieux de tout le pays.
Fred White, David Carter et Markus Simmons, de retour à Los
Angeles après avoir combattu en Europe dans le corps des Ma-
rines, décidèrent quant à eux de fonder une petite entreprise
d’électronique et de télécommunications, WCS Electronics, afin
de réparer les télévisions et les radios qui abondaient sur la Côte
Ouest. Malheureusement, la tâche s’avéra plus compliquée qu’ils
ne l’avaient escompté et, en quelques mois, ils se retrouvèrent au
bord de la faillite. Avant que le pire n’arrive, ils contractèrent en
secret un prêt auprès de Stones afin de pouvoir continuer à faire
tourner leur entreprise.
Cependant, au cours de la réunion avec le chef mafieux, une
occasion inespérée surgit. Stones était réellement préoccupé par
la difficulté qu’il avait pour coordonner ses envois depuis Mexi-
co, qui arrivaient par voie maritime puis étaient déposés sur une
plage à une heure précise. Cette méthode requérait une commu-
nication téléphonique pour coordonner le rendez-vous, mais la
police pouvait l’intercepter et ainsi accumuler assez de preuves
contre lui. Comme un geste presque inconscient, afin de gagner
la sympathie du mafieux, Markus Simmons lui parla des stations
de nombres qu’ils utilisaient pendant la guerre afin de coordon-
ner les opérations et, précisément, éviter qu’elles puissent être
interceptées. En tant qu’ex-opérateur radio, Markus était familier
de ces dernières.
Cette nuit-là, les préoccupations du mafieux prirent fin. En
échange d’une grosse somme d’argent pour continuer à faire
vivre leur entreprise, WCS Electronics mit au point une toile de
télécommunication fantôme. S’appuyant sur les répéteurs des
radios avec lesquels ils travailleraient, ils s'en serviraient de sta-
tions de nombres avec lesquelles Stones coordonnerait désor-
mais les livraisons avec ses hommes au Mexique, sans risque
d’être découvert. Depuis, trois ans ont passé et tout se passe
merveilleusement bien pour les deux parties… à l’exception de la
conscience de Fred White qui est sur le point de flancher.
6
Par Juan Sixto
Qu’est-ce qu’une station de nombres ?
Les stations de nombres, aussi connues sous le nom d’« émis-
sions de nombres », sont des émissions d’ondes courtes qui
transmettent des séquences de nombres ou de lettres, généra-
lement par une voix qui les lit, qui servent à coder ou à décoder
des messages cryptés. Bien que leur origine ne soit pas claire-
ment définie, elles ont apparemment commencé à être utilisées
pendant la Première Guerre Mondiale et leur usage a été éten-
du au cours de la seconde. Depuis, elles ont été utilisées pour
une multitude de finalités, tout spécialement pour transmettre les
messages des espions durant la Guerre Froide et, plus récem-
ment, dans le narcotrafic.
Ces transmissions sont émises à des horaires précis, connus par
celui qui les reçoit. Le début et la fin des messages sont définis
par des codes comme des mots caractéristiques ou des extraits
de pièces musicales (comme c’est le cas dans cette aventure).
Vient ensuite la transmission des nombres, qui font partie d’un
chiffrement crypté connu sous le nom de « masque jetable » (ap-
pelé aussi « Chiffre de Vernam ») et qui consistent en des pages
de lettres ou nombres aléatoires, sans aucun sens et que seuls
l’émetteur et le récepteur possèdent. Une fois l’émission de
nombres reçue, celle-ci se combine avec la clé correspondante
du masque pour donner la lecture du message final. Ainsi, le
masque et les nombres ou lettres n’ont aucun sens séparément
et ne peuvent donner lieu à aucune preuve. Vous trouverez dans
Wikipédia de nombreuses autres informations sur leur fonction-
nement, que ce soit sur les émissions de nombres ou sur les
chiffrements utilisés.
La station de nombres utilisée par la mafia de Stones peut être ré-
glée depuis n’importe quel lieu de Los Angeles, mais elle n’émet
qu’à une heure précise. La transmission commence toujours par
La Danse de la Fée Dragée, une pièce musicale de Tchaïkovski.
Ensuite, une voix de femme annonce les nombres de manière
claire et posée, pour ensuite clore le message par une nouvelle
diffusion de La Danse de la Fée Dragée. Le message inclut tou-
jours le lieu où va être déposée la drogue, sa quantité (en tonnes)
et pour finir, l’heure du rendez-vous.
Voici un exemple de message, sa clé (qui se retrouve dans
le masque de Schmitd) et les nombres émis par la radio au-
jourd’hui. Bien que la codification puisse se résoudre par un
défi d’Intellect ou similaire, le message peut aussi être transcrit
manuellement. Il est aussi simple que ça :
 BLACKSAD / HITOS

Depuis des semaines, Madame White a des soupçons sur son mari. Elle décide finalement de sortir du doute. Suivre son mari jus-
qu'à chez sa maitresse, faire quelques photos et se faire payer généreusement… Ce qui ressemble à un simple travail de détective
se révèlera bien plus complexe… Une amorce d’aventure pour Blacksad ou Hitos.

1. Ajouter 26 (pour les 26 lettres de l’alphabet) à chaque nombre
émis.
2. Soustrayez dans l’ordre la position dans l’alphabet de
chaque lettre de la clé (A = 1, B = 2…).
3. Changez ensuite ce nombre par sa position dans l’alphabet.
Quand le résultat est un nombre supérieur à 26, on recommence
à 1, de sorte qu’un résultat de 32 correspondra à la lettre F (32-
26=6). Attention, le message est en anglais.
NOMBRES ÉMIS
7-22-7-15. 3-18-4-4. 6-22-22-7-0. 21-16-1-21-15.
19-10-16-16-5-6-1-12.
CLÉ
AJFU KCAS PGMS FASL AAFA LBVY SRKA
MESSAGE
FLAT ROCK POINT TWO TN MIDNIGHT
¤ Après l’assassinat de Schmitd, son bras droit Martin Bowman
deviendra l’exécuteur de la mafia. Sa priorité sera de mettre la
main sur les trois hommes de WCS et de récupérer le masque
jetable (il pensera que c’est White qui le détient). Le masque
est une pièce clé pour son organisation, bien que Stones en ait
aussi une copie qu’il peut utiliser. Si la police tombe sur l’un des
deux masques jetables, il deviendra une preuve déterminante
en cas de procès.
¤ Après avoir fui la scène de crime, White tentera de retrouver
ses associés Carter et Simons avant les hommes de Stones,
afin d’échafauder un plan. Les trois hommes sont d’anciens
soldats, prêts à tout pour survivre et protéger leurs familles.
Ils sont déterminés à en finir avec la mafia. Cela, par consé-
quent, inclut le fait d’utiliser leur expérience pour répondre de
manière violente aux hommes de Stones ou à quiconque se
dressera sur leur chemin.
¤ Stones veut le masque jetable à tout prix ou au moins le voir
détruit. Cependant, c’est un homme d’affaires et il sera disposé
à trouver un arrangement s’il apprend que ce sont les PJ qui
l’ont. Ses ressources sont quasi illimitées, incluant un grand
nombre de gros bras, d’armes à feu et même de policiers cor-

Scène initiale rompus qui pourraient être tentés de récupérer le masque je-
table ou de donner la localisation de White afin de gagner les
faveurs du mafieux.
Madame White a noté que son mari se comportait de façon
étrange ces dernières semaines. Elle l’a trouvé distant, ren- ¤ La station de nombres utilisée par Stones pour recevoir les
trant très tard du travail et repartant à des heures incongrues. messages et organiser les transferts pourrait faire l’objet d’une
Pensant au pire, elle a décidé d’engager les PJ afin qu’ils le attaque, par Fred White et ses associés lors d’une tentative de
suivent et prennent en photo sa possible infidélité. Cependant, destruction du réseau de narcotrafiquants ou par les mafieux
la filature amènera les PJ à assister à une scène qui les impli- eux-mêmes s’ils croient qu’il faut détruire les preuves.
quera jusqu’au cou dans un conflit avec la mafia de Stones.
Fred White et ses associés vivent depuis plusieurs mois avec
un grave cas de conscience. Ils se sentent coupables de la
recrudescence des problèmes liés à la drogue dans la ville et
Casting
souhaitent annuler leur dette envers Stones et cesser de travail- WCS Electronics Mafia
ler pour lui. Mais le mafieux n’est pas disposé à laisser filer sa
poule aux œufs d’or. Fred White James Stones
Alors que les PJ seront en train de filer Fred, ils le verront, très - Ancien Marine, entrepreneur et - Ex-pilleur britannique, chef
père de famille mafieux
nerveux, se rendre dans une chambre de motel pour retrouver
- Lapin, homme d’affaires submer-
quelqu’un, en s’assurant que personne ne le suit. Cette ren- - Vautour, mafieux vicieux
gé par la culpabilité
contre, loin de l’infidélité attendue, est une réunion avec Arnold BLACKSAD : Gangster (page 106)
Schmitd, voyou et bras droit de Stones, dans le but de négocier BLACKSAD : Avocat (page 103)
HITOS : Leader politique
la rupture de White et de ses associés avec la mafia. Cepen- HITOS : Avocat à succès
(page 243)
dant, la chose se complique et, face au refus du mafieux, Fred (page 232)
ouvre soudain le feu sur Schmitd et le tue. Fred s’enfuit alors de Arnold Schmitd
la scène de crime. David Carter
- Brute et bras droit de Stones
- Ancien opérateur radio, drogué
Pour compliquer un peu plus les choses, si les PJ fouillent le - Taureau, mafieux présentant
- Gorille, ancien soldat inadapté
corps sans vie de Schmitd, ils trouveront une copie du masque à la société
une facilité à la violence
jetable que les mafieux utilisent afin de décoder leurs mes- BLACKSAD : Homme de main
BLACKSAD : Boxeur (page 99)
sages. (page 92)
HITOS : Motard (page 244)
HITOS : Tueur à gages de la

Et à partir de là ? Markus Simmons

- Ancien Marine, commercial et
mafia (page 249)

Martin Bowman
étudiant en électronique
Cette aventure se présente comme une première amorce, une - Bras droit de Schmitd
- Tigre, ancien soldat pre^t à tout
situation initiale qui met les PJ dans le pétrin. À partir de là, les - Panthère, criminel implacable
choses pourront se dérouler de manières très diverses. Vous trou- BLACKSAD : Militaire en permis-
verez ci-après quelques idées et propositions qu’en tant que MJ, sion (page 89) BLACKSAD : Criminel (page109)
vous pourrez développer à votre convenance. HITOS : Soldat (page 248) HITOS : Fugitif (page 239)

7
 Cuir noir et
AVENTURE
sang rouge
Scène 1 : Le gamin disparu
Un jeudi d’automne. Les arbres dénudés conservent les dernières
feuilles qui résistent à la chute, brunes, dorées et grillées, qui s’uni-
ront bientôt avec les autres déjà au sol. Un vent glacial souffle dans
les rues où les masses grises des gens essaient de se protéger du
froid avec leurs foulards et leurs manteaux. Les journaux parlent
de protestations, de conflits dans les communautés, de la rupture
de l’harmonie sociale et du péril rouge. Et malgré tout, le manteau
végétal dessine une belle tapisserie au sol pour ceux qui s’arrêtent
afin de l’admirer.
L’un des personnages reçoit l’appel de l’assistant d’un membre
respecté de la communauté, le pasteur David Freesoul, qui
souhaite le rencontrer dans son bureau, dans son église située
dans un ghetto voisin. En urgence. Si le personnage insiste pour
connaitre l’identité de son interlocuteur, ce dernier se présentera
comme étant Christopher Malco. Malco se montre très nerveux et
bégaie fortement, sa voix déjà désagréable se transformant peu à
peu en un gargouillis incompréhensible.
Le ghetto dans lequel ils doivent se rencontrer est un lieu où la
misère, le froid et la vie typique d’un quartier populaire se donnent
la main tels des amants en train de danser. De grands édifices
de briques rouges ceignent des rues où circulent peu de voitures
et sont décorés de vêtements de toutes sortes qui pendent aux
fenêtres. Le pelage et le cuir qui dominent sont de couleur noire
et ceux qui dérogent à la norme sont vus avec dédain, quand ce
n’est pas avec hostilité. Sur les escaliers, les jeunes fument, flirtent
et jouent aux cartes sous le regard de leurs mères, accompagnés
par la musique émanant des radios, des saxophones et des voix
profondes chantant faux. Certains chantent, d’autres se disputent,
2
Par Pablo Claudio Ganter
discutent ou lancent en l’air des insultes. Quelqu’un se lamente
avec gravité sur les usines du quartier qui ferment et sur l’âme du
quartier qui se flétrit.
Telle un phare illuminant d’une lueur d’espoir, l’église du pasteur
David Freesoul se dresse entre un immeuble d’appartements mi-
teux et une fabrique de bottes aux stores baissés. Elle n’est ni
belle ni moderne. C’est seulement un entrepôt reconverti en lieu
de culte, à la force des bras. Les fidèles qui parlent devant la porte
ne semblent pas s’en soucier. Ce sont des garçons « de couleur »
vêtus de vestes et de manteaux noirs, de lunettes militaires et de
bérets rouges. Les enfants de chœur, sans doute.
Parmi eux les attend Malco, qui tend aux personnages une main
emplumée et en sueur avant de les inviter à le suivre dans l’église.
Près de l’autel, un chacal à l’air royal est en train de préparer le
sermon du dimanche, visiblement distrait. Il semble ne pas pouvoir
lire plus de deux lignes sans en perdre le fil. Contrarié, il descend
jusqu’aux bancs et congédie Malco d’un geste quasi impercep-
tible. Avec d’impeccables manières, il salue les personnages. Sa
voix est claire et pleine de force, mais quelque peu fatiguée. Sous
le regard de la statue du Christ, il s’allume une cigarette. « S’il a
souffert le martyre de la croix pour nous tous, je doute qu’un peu
de fumée le dérange », lance-t-il. Ensuite, avec une générosité
toute chrétienne, il propose aux personnages un peu de tabac
avant de leur demander de l’accompagner pour leur dire ce qui
le préoccupe. Apparemment, il y a trois mois, l’un des garçons du
ghetto, Frank West Jr., a pu aller à l’université pour étudier la chirur-
gie grâce à l’effort économique de la communauté. Frank, selon le
pasteur, était un bon garçon, plus intelligent que les autres et plutôt
doux. « Ce qui est formidable, car ils hériteront de la Terre », ajoute-
t-il. Tout se passait aussi bien qu’on s’y attendait : bien qu’il souf-
frait du harcèlement et du mépris des élèves et des enseignants,
ses notes étaient excellentes. Cela ne compensait pas les graffitis
 BLACKSAD

Cette aventure pour Blacksad - Le Jeu de Rôle est conçue pour 3 à 5 personnages
et convient à tout groupe de joueurs, tant qu’ils apprécient les investigations et les
histoires tristes. Cuir noir et sang rouge peut être joué en une seule session de jeu,
mais peut aussi faire partie d’une campagne… ou en être le final.

offensants et les croix enflammées, il est vrai, mais la vie est un

éternel combat.
Scène 2 :
Frank fait l’orgueil du quartier, mais cela fait trois jours qu’il n’a
plus donné de signe de vie. C’est pour cette raison que le pasteur
leur demande de l’aide. Ce gamin est l’espoir de tout le quartier
La chambre d’un garçon
pour tous les Américains de couleur. La paie qu’il leur offre pour
le retrouver est de 100 dollars plus les frais et si les personnages
acceptent, comme ils le feront surement, il écrit sur un papier
exemplaire
l’adresse de la chambre occupée par Franck, ainsi qu’une brève Le plus logique est que les personnages inspectent la chambre
description de celui-ci : un buffle noir comme la nuit d’environ deux de Frank ou son lieu de travail. Bien qu’il n’ait pas la clé originale
mètres, portant des lunettes et une cicatrice sur le museau. De de la chambre de Franck, Phil, une tortue aveugle faisant office
plus, il leur confie que Frank travaille au fast-food en dessous de de portier, en a une copie. Il se laissera soudoyer par les per-
chez lui. Enfin, si l’un des personnages est de couleur, il reçoit un
sonnages (afin d’obtenir la clé ou pour éviter qu’il ne prévienne
dépliant de l’office du pasteur Freesoul. Ils peuvent dire ce qu’ils
veulent de ses idées politiques, il n’en reste pas moins que ce la police s’il entend par hasard la porte s’ouvrir) s’ils réussissent
chacal a une sacrée belle plume. un défi de Volonté Modéré. Sinon, ils devront se montrer encore
plus aimables en allignant la monnaie et réussir un défi de Volonté
Mais que s’est-il passé ? Frank West Jr. est mort il y a deux nuits de Difficile. Dans le cas où ils interrogeraient Phil sur des événements
cela lors d’un combat illégal, dans les sous-sols de l’abattoir situé suspects, il leur dira qu’hier est venu « un type louche » deman-
en périphérie. Frank a participé un mois durant à ces combats dant après Frank (pour qui il n’a que des mots sympathiques, à
pour gagner de l’argent, celui envoyé par la communauté se rédui- l’exception de ses habitudes nocturnes perturbantes), mais qu’il
sant drastiquement. Le motif de cette baisse trouve son explication l’a envoyé balader.
dans des lettres de Freesoul qui traite des difficultés de l’église.
Cependant, ce n’est pas le pasteur qui les a écrites, mais son
assistant. Malco a des dettes de jeu et un grand talent pour
imiter l’écriture de Freesoul. Sans savoir ce qui se passait vérita-
blement, Frank a reçu l’offre d’un organisateur de combats clan-
destins appelé Julius Marcone qui, voyant sa stature et sa force,
l’a convaincu de combattre à mains nues pour une belle somme
d’argent. Ainsi, le gamin s’est lancé dans une fulgurante car-
rière avec huit victoires consécutives jusqu’à sa défaite
contre un hippopotame nommé Slim. Maintenant, le
corps de Frank se décompose dans la forêt proche de
l’université. Marcone et Slim conti-
nuent leurs affaires… Quant
à Malco, il est terrorisé
par cette disparition
et la possibilité que
l’on découvre qu’il a
détourné l’argent de
la communauté.

3
AVENTURE
Une fois entrés dans l’appartement, ils découvrent que Frank West
Jr. vivait avec le strict nécessaire : un lit avec une Bible sur l’oreiller,
un bureau / table à manger, une petite kitchenette et une salle de
bain. Des livres, des notes et des dessins s’amoncèlent sur les éta-
gères, le sol et même le lit. Un défi Facile d’Intellect révèlera qu’ils
ne concernent pas tous la médecine, mais qu’il y a aussi des bio-
graphies de Lincoln et des études sur sa mort en 1865. Une odeur
rance flotte dans l’air. Un reste de frites et de hamburger com-
mence à pourrir sur une chaise. Avec un défi Modéré d'Intellect,
ils découvriront une série de lettres ouvertes sous un tas de notes
portant sur les sutures, couvertes de sang. Du sang ? Oui, du sang.
La première lettre est une lettre très dure écrite par un professeur
de son université, un certain Hernest Sanders, dans laquelle il jette
à la face de Frank son faible investissement au cours des der-
nières semaines et le menace en disant que « Les gens comme toi,
avec leurs habitudes criminelles » n’ont pas leur place à l’univer-
sité et qu’il « prendra des mesures afin de corriger cette situation
abominable ». Contrairement à ce que cette lettre pourrait laisser
penser, Sanders n’est pas un sale raciste. En réalité, il s’inquiète
sincèrement pour Frank (qui suivait ses cours toujours mal habillé),
bien qu’il ne l’exprime pas de la meilleure des manières. Si les per-
sonnages prennent rendez-vous avec cet universitaire, ils rencon-
treront un hibou arctique très aimable, peut-être un peu maladroit
socialement, mais qui montre un vif intérêt à retrouver le garçon.
D’un autre côté, si les personnages montrent à Freesoul cette lettre
incriminant Sanders comme suspect potentiel, le pasteur enverra
ses « enfants de chœur » le faire « chanter », plongeant le profes-
seur dans un coma profond.
Les trois autres lettres viennent du bureau du pasteur Freesoul,
qui regrette de ne pouvoir envoyer plus d’argent à cause des pro-
blèmes financiers de la congrégation. Les lettres sont rédigées
sur un ton pessimiste, en contradiction avec celui qui les envoie,
bien qu’elles proviennent, assurément, du pasteur (sauf si certains
personnages réussissent un défi Difficile d’Intellect, auquel cas ils
détecteront que la calligraphie n’est pas exactement la même). En
vérité, l’argent envoyé à Frank ne lui dure pas longtemps...
Il y a une dernière chose à découvrir. S’ils regardent sous le lit, ils
trouvent un petit coffre-fort fermé par un cadenas à code. Pour
l’ouvrir, il faut mettre les chiffres 1, 8, 6, 5 (1865), l’année de la mort
du président. À l’intérieur se trouvent 600 dollars et deux montres
en or, une petite fortune obtenue grâce à ses combats.
S’ils se rendent au fast-food (Bob’s) pour poser des questions au
sujet de Frank, le patron, un taureau noir qui répond au nom de
Big Bob, leur dit que cela fait un mois qu’il ne travaille plus pour
lui, mais qu’il venait toujours chercher à manger après les cours.
S’ils l’interrogent précisément sur le jeune homme, il leur révèle
qu’il était dernièrement dans un état déplorable, ce qui n’était pas
étonnant au vu de ses fréquentations. Ceci étant dit, il ne veut pas
en dire plus. Ils doivent tenter de convaincre ce tenancier têtu, que
ce soit par la force ou par les arguments, qu’il est primordial pour
Frank qu’il en dise plus (voir les règles d’Intimidation, page 52 de
Blacksad – Le Jeu de Rôle). Pour Big Bob, utilisez la fiche du
Barman (page 89). S’ils arrivent à lui délier la langue, il leur raconte
que cela fait un mois que Frank s’est lié d’amitié avec un « homme
d’affaires » connu du coin, appelé Julius Marcone, qui doit l’avoir
impliqué dans une sombre histoire d’extorsion, car « le gamin ar-
rive toujours dans un sale état ». Big Bob sait où Marcone fait ses
affaires et si les personnages veulent en savoir plus sur la vie et
les activités de Marcone, une série de défis étendus de difficulté
Moyenne d’Intellect leur permet de connaitre le lieu et la date du
prochain combat : cette nuit, dans son abattoir.
4
Scène 3 : «
« Julius Marcone, enchanté…
L’abattoir de Marcone est aussi sordide que l’on peut imaginer : le
bétail entre et hurle à toutes heures en laissant l’air chargé de peur,
de sang et d’odeurs d’os brulés… Les employés de l’abattoir sont
des individus au regard vide et à l’air renfrogné. Il est impossible
d’entrer dans ce lieu sans se retrouver avec les chaussures cou-
vertes d’une substance noirâtre, collante et puante.
Marcone, sur un ton innocent, se fait un plaisir d’accueillir les per-
sonnages. Il est accompagné de trois de ses « garçons », dont
une montagne de muscles du nom de Slim. La hyène est aimable
tant qu’il n’y a pas de policier dans le groupe de personnages.
Si c’est le cas, il leur dit qu’il a bien proposé un travail à Frank,
mais que celui-ci a refusé (vil mensonge) et affirme n’être qu’un
homme d’affaires qui cherche à donner du travail au peuple af-
famé du pays. Si les personnages ne sont pas des policiers et
réussissent un défi de Volonté Difficile, Marcone admet alors avoir
connu Frank, lui avoir offert un travail et s’être « bien occupé de
lui », mais niera connaitre le lieu où se trouve actuellement le jeune
homme. D’ailleurs, il les invite à rester pour le prochain combat :
« J’ai besoin de fidéliser de nouveaux clients, c’est un business en
pleine expansion, vous savez. C’est ici même, à 22 h. »
Évidemment, l’homme d’affaires ment sur tout ce qu’il a dit aux
personnages (affrontement de Volonté) et, s’il se retrouve acculé,
il réagit avec une extrême virulence. Julius et ses hommes se dé-
fendent alors avec leurs poings et leurs couteaux. Ils n’hésitent pas
à tuer si cela s’avère nécessaire. Le profil des brutes est celui de
l’Homme de main (page 92), sauf pour Slim qui a les mêmes carac-
téristiques que Jack Ostiombe (page 130 de Blacksad – Le Jeu
de Rôle). Si les personnages échouent, ils finissent comme viande
à saucisse. Mais s’ils réussissent à s’imposer, Marcone confesse
où se trouve le corps de Frank et le motif de sa mort. « Ça s’est
passé pendant un combat juste, à mains nues. Fais chier ! Ce gar-
çon était une vraie bête ! Je lui ai dit, je le jure, qu’il devait calmer le
rythme, qu’il n’avait pas encore récupéré de son dernier combat…
Mais non ! », dit-il. « Frank disait qu’il avait besoin de fric, qu’il le
devait à sa communauté. Des conneries. Slim en a sué, mais il l’a
eu au final. Trop bien, d’ailleurs. Son crâne a percuté le sol. KO et
R.I.P. d’un coup. On ne voulait pas de problèmes… On l’a enterré
dans les bois proches, pas loin d’ici. » Si les personnages insistent
pour connaitre l’emplacement, il les emmène là où le corps a été
abandonné. Frank est en train de pourrir à cinquante centimètres
de profondeur. Les vers ont déjà commencé leur œuvre. Les der-
nières feuilles qui sont tombées recouvrent à peine son cadavre.
Scène 4 : Des poings et du fric
Si les personnages assistent à la nuit de violence à laquelle Mar-
cone les a invités, il les conduit dans un vaste sous-sol au plafond
bas d’où il émane une puanteur métallique de sang difficile à igno-
rer. Plusieurs iguanes servent des bières et des liqueurs à prix éle-
vés, ainsi que des havanes authentiques. Entre la fumée et la foule
qui se concentre pour voir le spectacle, il est difficile de respirer et
encore plus de s’entendre, surtout quand la hyène annonce avec
un haut-parleur le premier combat de la nuit.
Un tatou et un chimpanzé sont à l’intérieur d’un cercle, les mains
bandées. De puissants coups de poing se mettent à pleuvoir. Des
morsures et des coups de pied font voler le sang dans les airs. Cela
continue jusqu’à ce que le chimpanzé perde l’équilibre à cause
d’une flaque de couleur rouge et tombe au sol. Là, le tatou se met à
 le frapper sauvagement jusqu’à ce que le vaincu lève la main. Les
paris sont distribués. Marcone garde une bonne partie de l’argent
et les combattants se retirent, l’un battu et jeté dans un coin, l’autre
partant avec une bonne poignée de billets verts dans les mains.
Sans nettoyer le sang qui couvre le sol, un autre combat commence.
Parmi les spectateurs, il est simple de recueillir des informations. Ils
sont bavards et la raclée qu’a reçue Frank a été si impressionnante
qu’ils ont facilement envie de la commenter. Si les personnages
réussissent un défi de Volonté Modéré, l’un des spectateurs qui y a
assisté leur raconte comment un Frank en mauvaise forme a partici-
pé au combat « de trop » et a été mis KO par Slim, « comme s’il était
mort, impressionnant ! ». S’ils réussissent un défi de Volonté Difficile,
l’un des iguanes leur dit que Frank était « foutu » et que Julius l’a
emmené dans la forêt « pour qu’il ne soit pas dérangé ». Le défi est
juste Modéré s’ils soudoient le reptile ou lui proposent une cigarette.
Julius niera toute accusation le concernant, prenant par le col tout
personnage trop insistant. S’il est acculé d’une quelconque ma-
nière, une bagarre comme dans la scène précédente aura lieu.
Scène 5 : La dure vérité
Après que les personnages aient communiqué le décès de Frank
à Freesoul et la localisation de son corps, le pasteur leur demande
de venir à son bureau. Il est furieux, car il est persuadé que Frank
a été forcé, en tant que gamin du ghetto ou à cause d’un chan-
tage, à participer à des combats et qu’ils l’ont tué pour cela. Il
se lamente, entre deux rugissements d’injustice, sur le sort subi
par les personnes de couleur, disant que les choses n’en resteront
pas là. Enfin, il les remercie d’avoir clarifié le triste sort du jeune
Frank, avec une certaine froideur vis-à-vis des personnages qui
n’ont pas la peau foncée. Pour finir, il leur dit : « J’ai un combat,
une guerre pour notre dignité à préparer. M. Malco vous remettra
vos honoraires. »
Christopher Malco
Vautour, à la mauvaise conscience
CARACTÉRISTIQUES
FORCE Fuir +1
RÉFLEXES Voler (un bien) +2, Tricher +1
VOLONTÉ Falsifier +3
INTELLECT Mathématiques +2, Religion +1
FAITS MARQUANTS
- A grandi dans la misère du ghetto.
- Travaille comme comptable pour l’église depuis quatre décennies.
- A des dettes de jeu.
- Détourne des fonds de l’église sans que personne s’en rende compte.
COMPLICATION
- Les remords l’empe^chent de vivre.
VALEURS DE COMBAT
INITIATIVE DÉFENSE PROTECTION ENDURANCE RÉSISTANCE
6 2 0 4
Malco mourait de faim dans le ghetto, mais le Seigneur lui a donné
l’espoir et un travail. Cependant, sa dépendance au jeu l’a mis dans
de sales draps et il a décidé de s’en sortir en plongeant un pauvre
garçon dans la misère.
Le vautour, avec un air triste, se conforme aux ordres et les in-
vite aux funérailles de Frank. Elles sont spectaculaires, car des
centaines de personnes assistent à l’événement, mi-enterrement,
mi-meeting pour le pasteur. Freesoul pointe un doigt accusateur
sur la société qui a discriminé « un jeune homme exceptionnel qui
s’est vu soumis au chantage, au harcèlement et à la violence en
raison de sa condition raciale ». Une vague de violence secouera
le ghetto lors des semaines suivantes, une vingtaine d’habitants
mourant dans les émeutes (la plupart ayant la peau claire) et une
centaine d’autres seront écroués après une répression brutale.
Quelques semaines plus tard, l’université (harcelée par Freesoul et
ses amis influents) annoncera la bourse Frank West pour les gar-
çons du ghetto. Le quartier souffrira considérablement des dom-
mages subis, dont il lui sera difficile de récupérer.
Si les personnages informent Freesoul que Malco est l’élément dé-
clencheur de la mort de Frank ou le font se confesser devant le
pasteur, ce dernier leur fait signe de se taire, d’un air froid. Il fait
ensuite entrer son assistant dans le bureau, après avoir congédié
les personnages. Le lendemain, les journaux parleront de cet as-
sistant d’un pasteur connu qui s’est suicidé en s’immolant par le
feu. Frank sera enterré en toute discrétion et une semaine plus
tard, l’établissement de Julius brulera aussi, avec ce dernier et
tous ceux qui assistaient au combat, enfermés à l’intérieur.
Si les personnages parlent à Malco, il avouera en larmes avoir volé
l’argent de Frank, prétendant avoir un problème avec le jeu. Il de-
mandera à ne pas être livré au pasteur, car il sait à quel point il peut
devenir cruel et supplie les personnages pour leur miséricorde afin
de se racheter. S’ils lui donnent cette chance, Malco vivra pour
faire du quartier un lieu meilleur, travaillera pour enseigner à ses
voisins et vendra tous ses biens pour aider d’autres jeunes, vivant
désormais comme un authentique ascète. Le quartier souffrira
avec violence de l’indignation face à la situation, des innocents
continueront à mourir... Mais au moins, il y aura une main de plus
pour aider à tout reconstruire après la destruction.
sejPersonnages
anosreP
Julius Marcone
Hyène, vendeur de viande
CARACTÉRISTIQUES
FORCE Buveur +1, Hachoir à viande +1
RÉFLEXES Escamotage +1
VOLONTÉ Manipulateur +2
INTELLECT Observateur +1, Homme d’affaires +2
FAITS MARQUANTS
- A grandi dans une famille d’escrocs.
- Utilise son abattoir pour blanchir de l’argent.
- Organise des combats pour grossir ses revenus.
- A un bon groupe d’amis.
COMPLICATION
- Cupide.
VALEURS DE COMBAT
INITIATIVE DÉFENSE PROTECTION ENDURANCE RÉSISTANCE
4 1 0 4
5
AVENTURE
La Danse de la Fée Dragée
Résumé de l’intrigue
À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, James Stones, qui avait
jusqu’alors gagné sa vie grâce aux pillages pendant les bom-
bardements sur Londres, décida de partir pour Los Angeles et
d’y développer un trafic d’héroïne. En quelques années, Stones
introduisit de grandes quantités de drogue dans la ville par l’inter-
médiaire d’un plan complexe établi depuis le Mexique et conforta
sa position grâce à d’autres business, tels que les salles de jeux
et les prêts. Stones s’est hissé à la force de sa volonté au rang
des plus grands mafieux de tout le pays.
Fred White, David Carter et Markus Simmons, de retour à Los
Angeles après avoir combattu en Europe dans le corps des Ma-
rines, décidèrent quant à eux de fonder une petite entreprise
d’électronique et de télécommunications, WCS Electronics, afin
de réparer les télévisions et les radios qui abondaient sur la Côte
Ouest. Malheureusement, la tâche s’avéra plus compliquée qu’ils
ne l’avaient escompté et, en quelques mois, ils se retrouvèrent au
bord de la faillite. Avant que le pire n’arrive, ils contractèrent en
secret un prêt auprès de Stones afin de pouvoir continuer à faire
tourner leur entreprise.
Cependant, au cours de la réunion avec le chef mafieux, une
occasion inespérée surgit. Stones était réellement préoccupé par
la difficulté qu’il avait pour coordonner ses envois depuis Mexi-
co, qui arrivaient par voie maritime puis étaient déposés sur une
plage à une heure précise. Cette méthode requérait une commu-
nication téléphonique pour coordonner le rendez-vous, mais la
police pouvait l’intercepter et ainsi accumuler assez de preuves
contre lui. Comme un geste presque inconscient, afin de gagner
la sympathie du mafieux, Markus Simmons lui parla des stations
de nombres qu’ils utilisaient pendant la guerre afin de coordon-
ner les opérations et, précisément, éviter qu’elles puissent être
interceptées. En tant qu’ex-opérateur radio, Markus était familier
de ces dernières.
Cette nuit-là, les préoccupations du mafieux prirent fin. En
échange d’une grosse somme d’argent pour continuer à faire
vivre leur entreprise, WCS Electronics mit au point une toile de
télécommunication fantôme. S’appuyant sur les répéteurs des
radios avec lesquels ils travailleraient, ils s'en serviraient de sta-
tions de nombres avec lesquelles Stones coordonnerait désor-
mais les livraisons avec ses hommes au Mexique, sans risque
d’être découvert. Depuis, trois ans ont passé et tout se passe
merveilleusement bien pour les deux parties… à l’exception de la
conscience de Fred White qui est sur le point de flancher.
6
Par Juan Sixto
Qu’est-ce qu’une station de nombres ?
Les stations de nombres, aussi connues sous le nom d’« émis-
sions de nombres », sont des émissions d’ondes courtes qui
transmettent des séquences de nombres ou de lettres, généra-
lement par une voix qui les lit, qui servent à coder ou à décoder
des messages cryptés. Bien que leur origine ne soit pas claire-
ment définie, elles ont apparemment commencé à être utilisées
pendant la Première Guerre Mondiale et leur usage a été éten-
du au cours de la seconde. Depuis, elles ont été utilisées pour
une multitude de finalités, tout spécialement pour transmettre les
messages des espions durant la Guerre Froide et, plus récem-
ment, dans le narcotrafic.
Ces transmissions sont émises à des horaires précis, connus par
celui qui les reçoit. Le début et la fin des messages sont définis
par des codes comme des mots caractéristiques ou des extraits
de pièces musicales (comme c’est le cas dans cette aventure).
Vient ensuite la transmission des nombres, qui font partie d’un
chiffrement crypté connu sous le nom de « masque jetable » (ap-
pelé aussi « Chiffre de Vernam ») et qui consistent en des pages
de lettres ou nombres aléatoires, sans aucun sens et que seuls
l’émetteur et le récepteur possèdent. Une fois l’émission de
nombres reçue, celle-ci se combine avec la clé correspondante
du masque pour donner la lecture du message final. Ainsi, le
masque et les nombres ou lettres n’ont aucun sens séparément
et ne peuvent donner lieu à aucune preuve. Vous trouverez dans
Wikipédia de nombreuses autres informations sur leur fonction-
nement, que ce soit sur les émissions de nombres ou sur les
chiffrements utilisés.
La station de nombres utilisée par la mafia de Stones peut être ré-
glée depuis n’importe quel lieu de Los Angeles, mais elle n’émet
qu’à une heure précise. La transmission commence toujours par
La Danse de la Fée Dragée, une pièce musicale de Tchaïkovski.
Ensuite, une voix de femme annonce les nombres de manière
claire et posée, pour ensuite clore le message par une nouvelle
diffusion de La Danse de la Fée Dragée. Le message inclut tou-
jours le lieu où va être déposée la drogue, sa quantité (en tonnes)
et pour finir, l’heure du rendez-vous.
Voici un exemple de message, sa clé (qui se retrouve dans
le masque de Schmitd) et les nombres émis par la radio au-
jourd’hui. Bien que la codification puisse se résoudre par un
défi d’Intellect ou similaire, le message peut aussi être transcrit
manuellement. Il est aussi simple que ça :
 BLACKSAD / HITOS

Depuis des semaines, Madame White a des soupçons sur son mari. Elle décide finalement de sortir du doute. Suivre son mari jus-
qu'à chez sa maitresse, faire quelques photos et se faire payer généreusement… Ce qui ressemble à un simple travail de détective
se révèlera bien plus complexe… Une amorce d’aventure pour Blacksad ou Hitos.

1. Ajouter 26 (pour les 26 lettres de l’alphabet) à chaque nombre
émis.
2. Soustrayez dans l’ordre la position dans l’alphabet de
chaque lettre de la clé (A = 1, B = 2…).
3. Changez ensuite ce nombre par sa position dans l’alphabet.
Quand le résultat est un nombre supérieur à 26, on recommence
à 1, de sorte qu’un résultat de 32 correspondra à la lettre F (32-
26=6). Attention, le message est en anglais.
NOMBRES ÉMIS
7-22-7-15. 3-18-4-4. 6-22-22-7-0. 21-16-1-21-15.
19-10-16-16-5-6-1-12.
CLÉ
AJFU KCAS PGMS FASL AAFA LBVY SRKA
MESSAGE
FLAT ROCK POINT TWO TN MIDNIGHT
¤ Après l’assassinat de Schmitd, son bras droit Martin Bowman
deviendra l’exécuteur de la mafia. Sa priorité sera de mettre la
main sur les trois hommes de WCS et de récupérer le masque
jetable (il pensera que c’est White qui le détient). Le masque
est une pièce clé pour son organisation, bien que Stones en ait
aussi une copie qu’il peut utiliser. Si la police tombe sur l’un des
deux masques jetables, il deviendra une preuve déterminante
en cas de procès.
¤ Après avoir fui la scène de crime, White tentera de retrouver
ses associés Carter et Simons avant les hommes de Stones,
afin d’échafauder un plan. Les trois hommes sont d’anciens
soldats, prêts à tout pour survivre et protéger leurs familles.
Ils sont déterminés à en finir avec la mafia. Cela, par consé-
quent, inclut le fait d’utiliser leur expérience pour répondre de
manière violente aux hommes de Stones ou à quiconque se
dressera sur leur chemin.
¤ Stones veut le masque jetable à tout prix ou au moins le voir
détruit. Cependant, c’est un homme d’affaires et il sera disposé
à trouver un arrangement s’il apprend que ce sont les PJ qui
l’ont. Ses ressources sont quasi illimitées, incluant un grand
nombre de gros bras, d’armes à feu et même de policiers cor-

Scène initiale rompus qui pourraient être tentés de récupérer le masque je-
table ou de donner la localisation de White afin de gagner les
faveurs du mafieux.
Madame White a noté que son mari se comportait de façon
étrange ces dernières semaines. Elle l’a trouvé distant, ren- ¤ La station de nombres utilisée par Stones pour recevoir les
trant très tard du travail et repartant à des heures incongrues. messages et organiser les transferts pourrait faire l’objet d’une
Pensant au pire, elle a décidé d’engager les PJ afin qu’ils le attaque, par Fred White et ses associés lors d’une tentative de
suivent et prennent en photo sa possible infidélité. Cependant, destruction du réseau de narcotrafiquants ou par les mafieux
la filature amènera les PJ à assister à une scène qui les impli- eux-mêmes s’ils croient qu’il faut détruire les preuves.
quera jusqu’au cou dans un conflit avec la mafia de Stones.
Fred White et ses associés vivent depuis plusieurs mois avec
un grave cas de conscience. Ils se sentent coupables de la
recrudescence des problèmes liés à la drogue dans la ville et
Casting
souhaitent annuler leur dette envers Stones et cesser de travail- WCS Electronics Mafia
ler pour lui. Mais le mafieux n’est pas disposé à laisser filer sa
poule aux œufs d’or. Fred White James Stones
Alors que les PJ seront en train de filer Fred, ils le verront, très - Ancien Marine, entrepreneur et - Ex-pilleur britannique, chef
père de famille mafieux
nerveux, se rendre dans une chambre de motel pour retrouver
- Lapin, homme d’affaires submer-
quelqu’un, en s’assurant que personne ne le suit. Cette ren- - Vautour, mafieux vicieux
gé par la culpabilité
contre, loin de l’infidélité attendue, est une réunion avec Arnold BLACKSAD : Gangster (page 106)
Schmitd, voyou et bras droit de Stones, dans le but de négocier BLACKSAD : Avocat (page 103)
HITOS : Leader politique
la rupture de White et de ses associés avec la mafia. Cepen- HITOS : Avocat à succès
(page 243)
dant, la chose se complique et, face au refus du mafieux, Fred (page 232)
ouvre soudain le feu sur Schmitd et le tue. Fred s’enfuit alors de Arnold Schmitd
la scène de crime. David Carter
- Brute et bras droit de Stones
- Ancien opérateur radio, drogué
Pour compliquer un peu plus les choses, si les PJ fouillent le - Taureau, mafieux présentant
- Gorille, ancien soldat inadapté
corps sans vie de Schmitd, ils trouveront une copie du masque à la société
une facilité à la violence
jetable que les mafieux utilisent afin de décoder leurs mes- BLACKSAD : Homme de main
BLACKSAD : Boxeur (page 99)
sages. (page 92)
HITOS : Motard (page 244)
HITOS : Tueur à gages de la

Et à partir de là ? Markus Simmons

- Ancien Marine, commercial et
mafia (page 249)

Martin Bowman
étudiant en électronique
Cette aventure se présente comme une première amorce, une - Bras droit de Schmitd
- Tigre, ancien soldat pre^t à tout
situation initiale qui met les PJ dans le pétrin. À partir de là, les - Panthère, criminel implacable
choses pourront se dérouler de manières très diverses. Vous trou- BLACKSAD : Militaire en permis-
verez ci-après quelques idées et propositions qu’en tant que MJ, sion (page 89) BLACKSAD : Criminel (page109)
vous pourrez développer à votre convenance. HITOS : Soldat (page 248) HITOS : Fugitif (page 239)