finance
LE COURTIER EXPERT EN PLACEMENTS
Télétravail :
ce qui va
changer
l Les partenaires sociaux ont abouti
à un accord signé par le patronat,
la CFDT, FO, la CFE-CGC et la CFTC.
l S’il n’est « ni prescriptif ni normatif »,
comme le souhaitaient les employeurs,
il constitue un code de bonne conduite,
y compris en cas de circonstances
exceptionnelles.
l Déconfinement : le rythme
du télétravail fait débat.
// PAGE 4 ET L’ÉDITORIAL D’ÉTIENNE LEFEBVRE PAGE 15
iStock
Coup de frein historique
sur l’assurance-vie
ÉPARGNE Le marché a reculé de plus de 7 milliards d’euros depuis
le début de l’année, après un nouveau repli enregistré en octobre.
Le marché de l’assurance-vie, pro-
duit d’épargne très prisé des Fran-
çais, est déprimé. En octobre et
pour le huitième mois de suite, les
assureurs ont versé plus d’argent à
leurs clients qu’ils n’en ont collecté
auprès deux. Le secteur n’avait
jamais connu une période de col-
lecte nette négative aussi longue. La
crise sanitaire et économique est
passée par là. Elle a perturbé les
réseaux de distribution des assu-
reurs et poussé bon nombre de
Français à conserver leur épargne
sur des comptes ou livrets bancai-
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RETROUVEZ NICOLAS BARRÉ
L’ÉCLAIRAGE ÉCO À 7H15
DANS LE 7H-9H DE MATTHIEU BELLIARD
ISSN0153.4831 113eANNÉE
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Zone CFA 3100 CFA.
Nouvelles
mesures d’aides
pour les jeunes
et les travailleurs
précaires
S O C I A L Le gouvernement a
annoncé jeudi de nouvelles aides
pour ceux qui souffrent le plus de la
dégradation du marché de l’emploi.
Il s’agit d’abord d’un revenu men-
suel minimal de 900 euros. Versé
sous conditions par Pôle emploi de
novembre à février, il concerne
350.000 personnes qui alternent
contrats courts et période de chô-
mage. Le second volet doit éviter
que des jeunes engagés dans des
parcours d’accompagnement ou
de formation ne soient dans le
besoin via une aide qui pourra
atteindre 500 euros par mois. Le
nombre de places en Garantie jeu-
nes, enfin, va être porté à 200.000
l’an prochain. // PAGE 2
res pour pouvoir la récupérer faci-
lement en cas de coup dur. Ce coup
de frein intervient cependant aussi
à un moment où les assureurs, con-
frontés à des taux d’intérêt mainte-
nus au plancher par la crise écono-
mique, cherchent à changer les
habitudes des épargnants. Alors
que l’assurance-vie a prospéré pen-
dant des années sur les succès des
fonds euros garantis en capital, ils
modifient leur offre pour inciter
leurs clients à prendre davantage de
risque, pour des rendements plus
élevés. // PAGE 30
Vaccin Covid :
AstraZeneca
relance un essai
clinique pour
lever les doutes
SANTÉ Depuis jeudi, des voix
parmi la communauté scientifique
commencent à se faire entendre
mettant en doute la qualité des
résultats préliminaires de l’essai cli-
nique du vaccin développé par
A s t r a Z e n e c a e t l ’u n i ve r s i t é
d’Oxford. La raison : une erreur de
dosage lors de l’essai, non mention-
née par les deux laboratoires lors
de la publication des premiers
résultats jugés prometteurs. Dans
un communiqué publié mercredi
soir, l’université d’Oxford recon-
naissait l’erreur, assurant en avoir
informé les régulateurs qui ont
accepté la poursuite de l’étude. Le
directeur d’AstraZeneca plaide, lui,
pour un nouvel essai. // PAGE 17
Air France-KLM : tensions
autour de la recapitalisation
Les actionnaires d’Air France-
KLM, au premier rang desquels
la France et les Pays-Bas, doivent
renforcer les fonds propres d’Air
Fusion PSA-Fiat
Chrysler :
révélations
sur les dessous
de l’opération
AUTOMOBILE Sans le patron de
PSA Carlos Tavares, la fusion entre
le constructeur tricolore et Fiat
Chr ysler n’aurait sans doute
jamais vu le jour. Alors que le
grand mariage annoncé ne fait
plus de doute aujourd’hui, le pros-
pectus publié la semaine dernière
a dévoilé de nouveaux détails
croustillants sur la genèse de l’opé-
ration. C’est Carlos Tavares qui a, le
premier, contacté les dirigeants de
FCA. C’est lui qui, à chaque fois que
les négociations ont failli achop-
per, a relancé les discussions. On y
apprend aussi le montant du chè-
que que les patrons des deux grou-
pes vont toucher à l’occasion de la
fusion… // PAGE 20
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2020 // SUPPLÉMENT
LUNDI 23 NOVEMBRE
Les Fuir Paris ?
Ou pas.
Echos
START
Hollandse Hoogte/Peter/Sipa
France-KLM, laminés par les tion pour clarifier la gouver-
pertes et l’envol de l’endettement. nance et mieux intégrer KLM. Ce
Mais l’Etat français souhaite qui fait déjà grincer des dents aux
mettre à profit cette recapitalisa- Pays-Bas. // PAGE 23
Goldman Sachs
transfère à Paris
une partie de son
trading actions
en Europe
BOURSE Goldman Sachs va instal-
ler sa plateforme de trading Vaccins : merci
Sigma X Europe en France. Un
signe de plus de la fébrilité des Big Pharma !
acteurs de marché, alors que
s’approche l’échéance de la période La chronique
de transition post-Brexit. Pour d’Eric Le Boucher
pouvoir continuer à servir leurs
clients européens en cas de sortie Moins d’un an après l’appari-
sans accord du Royaume-Uni, les tion du coronavirus, l’industrie
Bourses alternatives implantées à pharmaceutique mondiale pré-
Londres doivent mettre en place sente 180 candidats vaccins
une structure séparée sur le Vieux dont 40 en phase clinique. Le
Continent. Les gros acteurs que procès des laboratoires phar-
sont CBOE Europe ou Turquoise maceutiques, accusés de privi-
(filiale de la Bourse de Londres) ont légier les profits face aux exi-
opté pour Amsterdam. L’arrivée de gences de santé publique, perd
Sigma X permet à Paris de mar- beaucoup de sa pertinence.
quer un point. // PAGE 32 // PAGE 11
FRANCE
Comment le gouvernement va aider
les plus précaires et les jeunes
l Le Premier ministre a garanti jeudi un revenu mensuel minimal de 900 euros de novembre à février à ceux
qui alternent contrats courts et chômage, sous condition.
l Jusqu’à 500 euros par mois iront à tout jeune en formation ou aidé dans ses démarches de recherche d’emploi.
SOCIAL
Alain Ruello
@AlainRuello
Popularisé avec le premier confine-
ment, le « quoi qu’il en coûte » reste
une valeur sûre, surtout quand il
s’agit d’aider les premières victimes
de la crise économique. En témoi-
gnent les annonces de Jean Castex
jeudi lors de sa conférence de presse
censée préciser les annonces
d’Emmanuel Macron de mardi.
Entouré de quelques ministres, Eli-
sabeth Borne pour le Travail notam-
ment, le Premier ministre, a détaillé
un ensemble de mesures pour les
plus précaires qui, en cumulé,
représentent un nouvel effort finan-
cier de près de 1 milliard d’euros.
La première annonce porte sur le
coup de pouce « exceptionnel »
promis par le chef de l’Etat pour les
travailleurs précaires. A compter
du 1 e r novembre, tous ces tra-
vailleurs qui « vivent en alternant
période de travail et de chômage dans
des secteurs totalement sinistrés
bénéficieront d’une garantie de res-
sources de 900 euros par mois », a
annoncé Jean Castex. Et ce, jusqu’en
février, comme Elisabeth Borne
l’avait dévoilé dans « Les Echos ».
Extras, saisonniers...
Concrètement, cette aide s’adresse
aux 350.000 personnes, dont
70.000 jeunes, selon l’estimation du
ministère du Travail, qui ne trouvent
plus assez de contrats courts pour
s’assurer des revenus suffisants. « Ce
sont des extras, des saisonniers ou cer-
tains intérimaires, employés dans un
grand nombre de secteurs, pas seule-
ment l’hôtellerie-restauration »,
fait-on savoir dans l’entourage d’Eli-
sabeth Borne. D’où la volonté de
fixer un critère qui s’adapte à tous les
cas, en l’occurrence, sur le nombre
de jours travaillés en 2019. Ainsi,
l’aide sera éligible pour tous ceux qui
auront travaillé « plus de 60 % et qui
n’ont pas pu travailler suffisamment
en 2020 pour recharger leurs droits »
au chômage, a expliqué Elisabeth
Borne. Précision importante pour
les intéressés : elle sera calculée au
titre de chaque mois, le premier ver-
sement couvrira les deux premiers
(novembre et décembre), suivi de
deux autres pour janvier et février
respectivement, avec Pôle emploi à
la manœuvre.
Par ailleurs, les 900 euros garan-
tis sont nets de revenus perçus
– allocations chômage, RSA, ou
encore revenus de travail –, sachant
que dans le dernier cas les salaires
Jean Castex promet un projet de loi sur l’isolement des malades
Emmanuel Macron avait
demandé mardi un « vrai
débat démocratique » sur
l’isolement des personnes
testées positives au Covid-19,
« y compris de manière plus
contraignante ».
Isabelle Ficek
@IsabelleFicek
Contraindre à l’isolement les per-
sonnes positives au Covid ? Mardi
soir dans son allocution télévisée,
Emmanuel Macron avait demandé
sur le sujet un « vrai débat démocrati-
que ». « Je souhaite que le gouverne-
ment et le Parlement prévoient les con-
ditions pour s’assurer de l’isolement
des personnes contaminées, y com-
seront défalqués à hauteur de 40 %,
afin d’inciter à la reprise d’un
emploi, estime le ministère. Enfin,
l’enveloppe prévue – qui potentiel-
lement représente 1,3 milliard au
maximum – n’est pas fermée. En
clair, toute personne éligible bénéfi-
ciera de ce revenu minimal garanti.
Autre mesure, toujours en décli-
naison des annonces du chef de
l’Etat : aucun jeune qui s’engagera
dans une formation ou un accom-
pagnement prévu dans le plan jeu-
nes lancé cet été ne sera laissé dans
le besoin. Le soutien financier pren-
dra deux voies, cumulables.
Le nombre de places
en garantie jeunes va
être porté à 200.000
l’an prochain.
La première consiste à étendre le
bénéfice de la rémunération de sta-
giaire de la formation profession-
nelle (200 euros pour les 16-18 ans,
500 euros pour les 18-25 ans) aux dis-
positifs qui s’apparentent à ou précè-
dent une formation. Ce sera le cas
des prépas apprentissage, des écoles
de la 2e chance, des Epide ou encore
de l’AIJ assuré par Pôle emploi. Le
ministère estime que cette extension
concernera 35.000 jeunes et coûtera
90 millions, pris sur les crédits du
plan compétences.
Tout jeune pourra aussi toucher
jusqu’à 500 euros par mois, voire
plus dès le départ si sa situation
l’exige, quel que soit son niveau
d’étude. Pôle emploi, l’Association
pour l’emploi des cadres (Apec) ou
les missions locales serviront de gui-
chet pour évaluer et distribuer l’aide.
Public visé : 50.000 jeunes pour un
coût estimé à ce stade de 140 millions.
E n f i n , l ’e xé c u t i f v a p o r t e r
à 200.000 l’an prochain le nombre de
places en garantie jeunes, un disposi-
tif d’accompagnement qui nécessite
un engagement contractuel assorti
d’une rémunération de 500 euros
par mois environ. Soit 50.000 places
qui s’ajoutent aux 50.000 de plus déjà
annoncées cet été avec le plan jeunes.
Facture : 280 millions.
Pour attirer un tel effectif, les critè-
res d’éligibilité de la garantie jeunes
seront allégés. Cela concernera les
conditions de ressources exigées par
exemple, explique la déléguée géné-
rale des missions locales, Sandrine
Aboubadra-Pauly. Des expérimenta-
tions sont aussi prévues pour
accueillir de nouveaux profils, tels
ceux issus de l’aide sociale à l’enfance.
Le tout avec des recrutements de
centaines de conseillers à la clé. n
pris de manière plus contraignante »,
avait affirmé le chef de l’Etat, souli-
gnant que « si nous voulons éviter un
confinement, nous devons être plus
contraignants à l’égard de celles et
ceux qui ont le virus ».
Jeudi, le Premier ministre, Jean
Castex, a rappelé, lors de la confé-
rence de presse détaillant les étapes
de l’allégement du confinement,
l’importance de la stratégie « tester,
alerter, protéger, soigner », qui sera
présentée la semaine prochaine.
Interrogé sur l’isolement des per-
sonnes testées positives au Covid, le
Premier ministre a annoncé que le
gouvernement présenterait son
propre projet de loi sur le sujet.
« Notre intention est d’améliorer
encore, à chaque étape, la pleine effi-
Ceux qui « vivent en alternant période de travail et de chômage dans des secteurs totalement sinistrés » pourront bénéficier
d’une garantie de ressources de 900 euros par mois. Photo Fred Sheiber/AFP
20.000 emplois étudiants pour lutter
contre le décrochage à l’université
Le Premier ministre a
annoncé, jeudi matin, la
création de 20.000 emplois
de tutorat étudiant
dans les universités
et le renforcement
des aides d’urgence pour
toucher 45.000 jeunes
supplémentaires.
Marie-Christine Corbier
@mccorbier
« Il faut que nous en fassions encore
plus pour les jeunes », a insisté le
Premier ministre, jeudi, lors de sa
conférence de presse. Evoquant la
raréfaction des petits boulots qui
« accroît le risque de précarité pour
les étudiants », Jean Castex a
annoncé la création de 20.000 jobs
étudiants, d’une durée de quatre
mois, à raison de 10 heures par
semaine, pour un montant de
50 millions d’euros. « Ce seront
des emplois dans les universités,
pour du tutorat et du soutien aux
étudiants de première et deuxième
année de licence », précise
Matignon.
cacité de la stratégie du test, du tra-
çage et de l’isolement des person-
nes », a-t-il expliqué, soulignant que
« l’effectivité de l’isolement fait partie
de la panoplie de ces mesures ».
Accompagnement
médical et humain
Si Jean Castex n’a pas donné plus de
précisions sur le calendrier – malgré
l’urgence – ni le contenu, il a toutefois
avancé que l’intention du gouverne-
ment n’était pas de « contrôler pour
contrôler » ou de « faire peser une
contrainte », mais de « mieux faire
respecter l’isolement ». Sans parler
d’incitations financières, comme le
propose le Conseil scientifique, le
chef du gouvernement a évoqué un
« accompagnement médical et
Le Premier ministre avait déjà
annoncé, le 12 novembre, la créa-
tion de 1.600 emplois pour lutter
contre la « désocialisation » des
étudiants dans les résidences uni-
versitaires, en lien avec les Centres
régionaux des œuvres universitai-
res et scolaires (CROUS). L’annonce
correspond globalement à la
demande des présidents d’univer-
sité qui réclamaient la création de
5.200 emplois pour du tutorat con-
tre la « désocialisation », ainsi que
7.000 à 10.000 emplois pour du
tutorat pédagogique pour lutter
contre le décrochage.
Le gouvernement a aussi pro-
mis de « doubler le budget alloué
aux CROUS pour distribuer les
aides d’urgence », afin de toucher
45.000 jeunes supplémentaires
sur les prochains mois, pour un
coût, selon Jean Castex, de 56 mil-
lions d’euros. Ces aides seront des-
tinées aux étudiants « en préca-
rité » pour les aider à se loger et à
se nourrir.
Sur la demande de reprise des
cours en présentiel, que réclament
avec force présidents d’université
humain renforcé », « un accompagne-
ment le plus individualisé possible »
avec pour objectif que « cet isolement
soit non seulement effectif mais mieux
encore, accepté et donc plus efficace ».
Et de fait, le débat autour de ce
sujet délicat a déjà commencé,
notamment autour de la proposi-
tion de loi déposée mercredi à
l’Assemblée par le groupe Agir, l’aile
droite de la majorité, même si le
gouvernement, donc, proposera
s o n p r o p r e t ex t e , c o m m e l ’a
d’ailleurs demandé jeudi matin le
président (LR) du Sénat, Gérard
Larcher, sur Europe 1.
Le texte d’Agir propose notam-
ment, alors qu’il n’existe pas
aujourd’hui de cadre légal qui per-
mette d’obliger à l’isolement, une
Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020 Les Echos
et de grandes écoles, il faudra
patienter. La date reste pour l’ins-
tant celle de début février, avancée
par Emmanuel Macron.
« Les universités, qui sont des
grands lieux collectifs de flux, nous
empêchent à ce stade de décider de
leur réouverture », a indiqué Jean
Castex tout en affirmant qu’il
mesurait « l’impact de cette déci-
sion », d’où le renforcement des
« dispositifs d’accompagnement »
avec le tutorat étudiant. « Cela dit,
c’est un vrai sujet », a néanmoins
précisé le Premier ministre.
Il réunira « la communauté uni-
versitaire, notamment la Confé-
rence des présidents d’université
(CPU), avec la ministre de l’Ensei-
gnement supérieur, Frédérique
50
MILLIONS D’EUROS
Ce que coûtera la création
des 20.000 jobs étudiants
pour une durée de quatre mois.
« obligation d’isolement » pour les
personnes positives et les cas con-
tacts pour quatorze jours au plus,
avec, en cas de non-respect, une
amende de cinquième classe
(1.500 euros maximum), doublée en
cas de récidive. Ce texte propose
aussi une gratification financière
pour les personnes isolées ou encore
une mobilisation de la réserve civi-
que pour les accompagner.
Le débat promet en tout cas d’être
vif. Devant la commission d’enquête
sur l’épidémie de l’Assemblée natio-
nale, Jean Castex avait rappelé que
l’isolement n’est jusqu’ici possible
que sur la « base du volontariat »,
mais avait assuré ne pas être « rétif »
à étudier la question et regarder ce
qui se fait à l’étranger tout en expri-
Vidal, dans les jours à venir ». Au
programme : « approfondir cette
question » et « calibrer au mieux
l’accompagnement » des jeunes,
avec les 20.000 jobs étudiants
annoncés.
Différence
« incompréhensible »
Il faut que les établissements rou-
vrent aux étudiants « dès le début
du mois de janvier et de manière
progressive, en commençant par les
étudiants les plus fragiles », a réaf-
firmé la CPU après l’intervention
du Premier ministre. Les forma-
tions de master à petits effectifs
pourraient aussi, selon les prési-
dents d’université, être « concer-
nées » par une réouverture en jan-
v i e r, « d a n s d e s c o n d i t i o n s
sanitaires strictes ».
La CPU juge « incompréhensi-
ble » la différence établie entre,
d’un côté, les étudiants des univer-
sités et, de l’autre, ceux de BTS et de
classes préparatoires qui dépen-
dent des lycées et sont autorisés, à
ce titre, à suivre leurs cours en pré-
sentiel. n
mant sa crainte de « désinciter » les
gens à se faire tester, ce qui serait
contre-productif (un argument mis
en avant par beaucoup d’épidémio-
logistes). Le patron des députés
LREM à l’Assemblée, Christophe
Castaner, a insisté mercredi sur LCI
sur « le secret médical » et des « con-
trôles » par l’Assurance-maladie.
Le délégué général de LREM, Sta-
nislas Guerini, souhaite plutôt « met-
tre le paquet sur l’accompagnement »
et le patron des députés Modem,
Patrick Mignola, juge « anxiogène et
inefficace » d’ajouter une sanction
financière à l’isolement et mise aussi
sur « un accompagnement spécifique
et des indemnités journalières boni-
fiées ». Plutôt convaincre et inciter
avant de contraindre. n
Les Echos Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020
Le fonds
de solidarité
renforcé
va coûter
3,5 milliards
par mois
SOCIAL
De nouvelles aides
spécifiques sont
destinées aux hôtels,
aux entreprises
de l’événementiel
ou de la culture.
Renaud Honoré
@r_honore
La valse des milliards continue.
Jean Castex a dévoilé jeudi les
derniers détails du fonds de
solidarité renforcé qui doit per-
mettre aux entreprises fermées
administrativement ou encore
dramatiquement touchées par
la crise économique de tenir
pendant la phase de déconfine-
ment. La facture est lourde :
Bercy a annoncé que ces nou-
veaux efforts coûteront au total
3,5 milliards d’euros par mois.
Dans le détail, le Premier
ministre a réitéré la philosophie
de l’exécutif pour les secteurs les
plus touchés : « couvrir intégra-
lement les charges jusqu’à la
réouverture ». Dès mardi soir,
Emmanuel Macron avait expli-
qué que le fonds de solidarité
– initialement mis en place au
printemps pour les PME et les
indépendants avec une aide
mensuelle d’alors 1.500 euros,
relevée en octobre à
10.000 euros pour les entrepri-
ses de moins de 50 salariés –
allait revoir nettement à la
hausse ses ambitions.
Ainsi à partir de décembre,
toutes les entreprises encore
fermées administrativement
(bars, restaurants, salles de
sport, etc.) pourront opter pour
une aide forfaitaire mensuelle
représentant l’équivalent de
20 % du chiffre d’affaires du
même mois de l’année passée.
L e p l a f o n d d e l ’a i d e e s t à
100.000 euros, mais Bercy réflé-
L’aide forfaitaire
mensuelle sera
équivalente à 20 %
du chiffre d’affaires
du même mois
de l’année passée.
chit, selon nos informations, à
relever ce plafond pour quel-
ques centaines d’entreprises.
Jeudi, Jean Castex a expliqué
que certains secteurs encore
ouverts mais subissant de plein
fouet la crise (tourisme, hôtelle-
rie, événementiel, culture)
auront droit à un dispositif simi-
laire : ainsi les entreprises de ces
secteurs qui verront leur activité
chuter de 50 % par rapport à la
normale pourront prétendre au
fonds de solidarité, soit via l’aide
mensuelle de 10.000 euros soit
via une indemnisation men-
suelle représentant 15 % de leur
chiffre d’affaires de la même
époque l’an dernier. Si la perte
d’activité est de 70 %, l’indemni-
sation passe à 20 %.
Enfin, l’exécutif a précisé que
les fournisseurs des entreprises
du tourisme (commerces de
gros, blanchisseries, etc.) pour-
ront toujours prétendre à une
aide pouvant aller jusqu’à
10.000 euros. Seule condition :
ces fournisseurs doivent avoir
moins de 50 salariés et une acti-
vité qui chute de plus de 50 %.
L’exécutif a fait voter en début
de semaine dans le quatrième
budget rectificatif pour 2020
une enveloppe très large de
20 milliards de crédits nou-
veaux qui serviront à financer
ce nouvel effort. n
Les pistes pour revoir la stratégie
du « tester, alerter, protéger »
ÉPIDÉMIE
Dépistage, recherche de
cas contacts et isole-
ment sont à améliorer.
Les infirmières scolaires « surchargées »
tirent la sonnette d’alarme
SANTÉ Les infirmières scolaires ont alerté le gouvernement jeudi lors
d’un congrès extraordinaire de leur principal syndicat sur la « sur-
charge et la dégradation des conditions de travail » dans les établisse-
ments depuis le début de l’épidémie de Covid-19. Réunions à répétition,
gestion des suspicions et des cas Covid des élèves, tracing des cas con-
tacts avec les chefs d’établissements... Elles se disent « de plus en plus
sollicitées dans le cadre de l’épidémie de Covid, au détriment de leur travail
d’écoute auprès des élèves dont le mal-être s’exprime de plus en plus »,
explique Saphia Guereschi, secrétaire générale du Snics-FSU.
Solveig Godeluck
@Solwii
Plus que trois semaines avant le
déconfinement. Si tout se passe
comme prévu, le 15 décembre, il n’y
aura plus que 5.000 nouveaux cas
de Covid par jour, et l’on pourra sor-
tir librement de chez soi. A condi-
tion d’avoir au préalable défini et
mis en œuvre la nouvelle stratégie
« tester, tracer, isoler ».
Ce jeudi, lors d’une conférence de
presse, le Premier ministre, Jean
Conseil constitutionnel : Fabius annonce
un nouveau dispositif de suivi des QPC
POLITIQUE Le président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius, a
annoncé jeudi un nouveau dispositif de suivi de la question prioritaire
de constitutionnalité (QPC), recours qui fête ses dix ans et qui occupe
désormais 80 % de l’activité des Sages.« Le Conseil constitutionnel va
mettre en place une base de données pour faire remonter toutes les infor-
mations qui existent sur l’ensemble des QPC et pourquoi certaines n’ont
pas prospéré. Lever cet “angle mort’’ est déterminant si l’on souhaite don-
ner encore plus d’ampleur à la QPC qui est déjà un véritable succès après
dix ans d’existence », a indiqué l’ancien ministre sur LCP.
FRANCE // 03
Castex, a promis des annonces pour
la semaine prochaine. La triade du
mis de réduire les risques suite au
premier confinement, mais n’a pas
« contact tracing » bien connue des
épidémiologistes, rebaptisée « tes-
suffi à éviter la deuxième vague.
Voici les pistes d’amélioration.
ter, alerter, protéger » par le gouver-
nement, a pour objectif de casser les
chaînes de transmission. Elle a per-
• TESTER
Pour détecter les nouveaux cas, le
gouvernement mise sur les tests
antigéniques, qui sont moins chers,
et dont les résultats sont connus en
moins de 30 minutes, contraire-
ment aux tests RT-PCR analysés en
laboratoires. La montée en charge a
commencé : 8 % des nouveaux cas
détectés la semaine dernière l’ont été
via ces tests rapides. Le ministre de la
Santé, Olivier Véran, a évoqué ce
jeudi « des dizaines de milliers de tests
antigéniques désormais réalisés ».
Ils vont également être utilisés de
plus en plus pour des opérations de
« carottage » : des campagnes de
tests dans les lycées ou bien dans les
Ehpad, afin de vérifier qu’aucun
foyer infectieux ne couve. Le
recours aux tests antigéniques per-
met d’éviter le goulet d’étrangle-
ment des laboratoires et d’accélérer
la cadence : on se fait prélever en
moyenne en 2,4 jours après les pre-
miers symptômes, au lieu de
3,2 jours avec les tests RT-PCR. Le
gouvernement s’apprête à dévoiler
un protocole d’utilisation pour les
entreprises ou les collectivités terri-
toriales. Le président de la région
Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent
Wauquiez, a annoncé avoir com-
mandé 2 millions de ces tests.
• ALERTER
Il faut accélérer le repérage des cas
contacts, trop lent pour éviter qu’ils
ne contaminent à leur tour d’autres
personnes. Pour s’assurer de la dili-
gence des biologistes, certains plai-
dent pour la diminution du rem-
boursement des actes de dépistage
par l’Assurance-maladie, si les
résultats tardent. Mais le ministère
de la Santé ne souhaite pas agacer
encore plus des professionnels déjà
remontés par la place conférée aux
tests antigéniques.
La baisse de l’incidence réduit
d’elle-même les délais. La semaine
dernière, 66 % des tests RT-PCR ont
été prélevés en moins de 24 heures,
contre 52 % la semaine précédente.
Les 10.000 agents mobilisés pour
les enquêtes de l’Assurance-mala-
die auront également plus de temps
pour appeler les cas contacts,
moins nombreux.
En outre, les professionnels libé-
raux qui réalisent les tests antigéni-
ques vont devenir des auxiliaires
précieux du « contact tracing ». Les
gens ont confiance en eux. Ils pour-
ront lancer la recherche de cas con-
tacts en face-à-face, le jour même
du prélèvement positif.
Enfin, l’appli TousAntiCovid,
avec ses 9,8 millions d’utilisateurs et
13.866 notifications, devrait être
davantage mise en avant.
• PROTÉGER
« Là où on a échoué, c’est la maîtrise
de l’isolement, on a aucun indicateur,
or c’est capital dans la maîtrise d’une
épidémie », a déploré l’infectiologue
Arnaud Fontanet, membre du
Conseil scientifique, jeudi sur
BFMTV. Emmanuel Macron a
annoncé un dispositif plus « con-
traignant », et Jean Castex un projet
de loi pour « un accompagnement
médical et humain renforcé » de
l’isolement des cas contacts et des
cas positifs. La coercition est « un
en bref
mauvais calcul », plaide Arnaud
Fontanet, car les gens renonce-
raient au dépistage pour ne pas être
isolés de force.
Le Conseil scientifique plaide au
contraire pour des incitations, y
compris financières, par exemple
pour les gens qui ont peur de perdre
leur emploi. La crainte de perdre
des revenus est mineure, car le délai
de carence a été suspendu pour les
arrêts de travail, y compris pour les
indépendants et les fonctionnaires.
Les collectivités locales ont un rôle
à jouer, pour porter des repas, pro-
poser des hébergements, ou sim-
plement garder le contact. n
04 // FRANCE
Télétravail : syndicats et patronat prouvent
à l’exécutif leur capacité à s’entendre
l Après une ultime séance de négociations, jeudi matin, un accord sur le télétravail a été trouvé entre le patronat
et quatre syndicats sur cinq, la CFDT, FO, la CFE-CGC et la CFTC.
l « Ni normatif, ni prescriptif », il se veut une forme de code de bonne conduite très opérationnel.
De gauche à droite, Geoffroy Roux de Bézieux (Medef), Pierre Burban et Laurent Munerot (U2P),
Francois Hommeril (CFE-CGC), Brigitte Bourguignon, ministre déléguée auprès du ministre des
Solidarités et de la Santé chargée de l’Autonomie, et Yves Veyrier (FO) à la sortie d’une réunion
orchestrée par Matignon, le 17 juillet dernier. Photo Jacques Witt/Sipa
SOCIAL
Leïla de Comarmond
@leiladeco
Quatre signatures syndicales sur
cinq… C’était loin d’être gagné
d’avance mais au terme de trois
semaines de négociation et de qua-
tre journées de tractations inten-
ses, la négociation sur le télétravail
démarrée le 3 novembre dernier
s’est achevée sur un accord à l’issue
d’une ultime réunion de trois heu-
res jeudi.
Le cinquième projet de texte du
patronat a reçu un « avis favorable »
de la CFDT, de Force ouvrière, de la
CFE-CGC et de la CFTC, qui ont for-
mellement jusqu’au 23 décembre
pour le signer. La délégation de la
CGT a déjà prévenu que son organi-
sation ne le paraphera pas.
Intenses tractations
Après avoir démarré poussive-
ment, la négociation s’est accélérée
cette semaine. Lundi devait être le
dernier rendez-vous, mais les par-
tenaires sociaux ont joué les pro-
longations par deux fois, mardi et
jeudi matin, avec entre les deux
d’intenses tractations. Partis d’un
texte listant souvent les possibilités
Des avancées concrètes pour les salariés
S’il n’est « ni normatif
ni prescriptif », selon le
patronat, l’accord conclu
jeudi avec les syndicats,
sauf la CGT, a une vocation
très opérationnelle.
Pas d’obligation de négocier spécifi-
quement sur le télétravail. Ni de
liste obligatoire de thèmes à abor-
der. L’accord conclu jeudi par le
patronat avec la CFDT, FO, la CFE-
CGC et la CFTC ne va pas révolution-
ner la législation encadrant cette
nouvelle forme d’organisation du
travail dont l’épidémie de Covid-19 a
provoqué l’envol. Et en particulier, il
n’écorne pas la grande souplesse
introduite par la réforme du Code
du travail de 2017.
Entre rappel des règles – accord
de 2005 et Code du travail –, recom-
mandations et incitations, le texte
n’en recèle pas moins de nombreux
éléments importants au long des
sept chapitres autour desquels il est
organisé. D’autant que le dernier
concerne un sujet particulièrement
d’actualité : celui du télétravail con-
traint en cas de circonstances
« Des millions
de travailleurs
sont aujourd’hui
concernés par
le télétravail. Cet
accord lui donne
un cadre et des
règles. A nous de
les faire vivre dans
chaque entreprise
grâce au dialogue
social. »
LAURENT BERGER
Secrétaire général de la CFDT
s’offrant aux employeurs, le patro-
nat et les syndicats ont abouti à un
document qui répond à l’impératif
de n’être « ni normatif ni prescrip-
tif », fixé dès le démarrage des négo-
ciations par les représentants des
employeurs.
Pour autant, l’accord ne se
contente pas d’être un simple catalo-
gue de mesures dans lequel
l’employeur pourra piocher. Le
résultat final s’apparenterait plutôt à
une forme de code de bonne
exceptionnelles. Alors que l’accord
interprofessionnel de 2005 visait à
encadrer une pratique alors émer-
gente, celui-ci doit être vu comme
un outil destiné à aider à la mise en
œuvre – « réussie » dit son titre – du
télétravail. Sa dimension très
concrète est sa marque de fabrique.
Information lacunaire
La quasi-totalité des règles contrai-
gnantes qu’il contient sont de fait
des rappels, tout comme celui d’une
égalité de leurs droits avec ceux des
salariés 100 % en présentiel. Pas for-
cément inutiles, rappelle un juriste,
qui souligne que du côté des sala-
riés des PME en particulier mais
pas que, l’information des salariés
en général est souvent lacunaire.
Parmi ces rappels figure par
exemple le fait qu’en cas de télétra-
vail, « il appartient à l’entreprise de
prendre en charge les dépenses qui
sont engagées par le salarié pour les
besoins de son activité profession-
nelle et dans l’intérêt de l’entreprise,
après validation de l’employeur ».
Un sujet y compris en cas de cir-
constances exceptionnelles.
conduite ou encore à un mode
d ’e m p l o i à d e s t i n a t i o n d e s
employeurs et des salariés. S’il
n’impose pas de nouvelles obliga-
tions légales aux employeurs sauf à
la toute marge, le texte, dans ses sept
chapitres, couvre un champ très
large, allant de la question de la mise
en place du télétravail au maintien
d’un contact à distance des représen-
tants du personnel avec les salariés.
FO satisfaite
Si le sujet de la négociation était en
soi important compte tenu du
changement de dimension pris par
le télétravail avec l’épidémie de
Covid, son enjeu le débordait large-
ment. Face à un exécutif pour le
moins dubitatif sur l’efficacité du
dialogue social, un échec aurait
démontré une forme d’incapacité
du patronat et des syndicats à se sai-
sir des sujets importants. Si le chef
de la délégation patronale, Hubert
Mongon, délégué général de la
Fédération de la métallurgie, s’est
félicité que les deux parties
aient « été au rendez-vous des atten-
tes des entreprises et des salariés », il
a aussi souligné que cela « montre
[leurs] capacité [s] à pouvoir répon-
dre aux attentes de notre pays ».
Il a également déclaré être « à titre
personnel très heureux de constater
Il y a néanmoins quelques évolu-
tions du socle juridique sur un
thème : outre l’extension aux télé-
travailleurs de l’obligation faite aux
entreprises de réaliser un entretien
annuel avec leurs salariés en forfait
jour, cela concerne la redéfinition
des conditions d’accès au travail à
domicile telles qu’inscrites dans les
articles 2 et 3 de l’accord national
interprofessionnel fondateur sur le
sujet, signé en 2005 à l’unanimité
des syndicats.
Il y a ainsi l’obligation d’un dou-
ble volontariat, et du salarié et de
l’employeur, sauf, est-il précisé, en
cas de circonstances exceptionnel-
les ; l’obligation d’informer par
écrit tout salarié des conditions
d’exercice du télétravail ; hors
accord collectif, celle p our
l’employeur en cas de refus d’en
« préciser les raisons ». Un salarié
ayant été embauché sur un poste
intégrant du télétravail doit pou-
voir « ultérieurement postuler à tout
emploi vacant », dit aussi
l’accord. Si du côté du patronat
comme des syndicats, on a constaté
avec le confinement que le 100 %
que nous avons trouvé un accord qui
rassemblera une très grande majorité
des organisations syndicales repré-
sentatives ». Il faut dire que le diri-
geant patronal aura mouillé sa che-
mise, y compris dans son propre
camp, pour réussir à arracher des
marges de manœuvre permettant
d’aboutir à un tel résultat.
Le secrétaire général de Force
ouvrière, Yves Veyrier, rappelant
qu’il portait depuis le début de 2019
la demande d’une négociation sur le
télétravail, affichait aussi une satis-
faction particulière à l’issue de la
réunion de son bureau confédéral
qui a avalisé la signature de son
organisation. « FO a vraiment été à la
manœuvre jusqu’au bout, notam-
ment sur la question du droit syndi-
cal » par rapport aux télétravailleurs,
dernière concession faite par le
patronat pour arracher l’accord.
« Des millions de travailleurs sont
aujourd’hui concernés par le télétra-
vail. Cet accord lui donne un cadre et
des règles », s’est félicité Laurent Ber-
ger, le secrétaire général de la CFDT,
sur Twitter. « A nous de les faire vivre
dans chaque entreprise grâce au dia-
logue social », a-t-il ajouté.
( Page
Lire l’éditorial
d’Etienne Lefebvre
15
télétravail pose de gros problèmes,
l’accord n’en dit en revanche mot.
Préservation du collectif
L’accord traite aussi de sujets rele-
vant de la gestion des ressources
humaines. Dès son préambule
d’ailleurs, puisqu’il y est insisté sur
l’intérêt de procéder à un « retour
d’expérience » sur la mise en œuvre
du télétravail – on pense évidem-
ment aux deux confinements – ainsi
que de la nécessité d’une « anticipa-
tion de scénarios exceptionnels ».
Sont aussi pointés dès le premier
chapitre la nécessité de veiller à évi-
ter que le climat se dégrade entre
télétravailleurs et salariés en pré-
sentiel, l’enjeu de la préservation du
collectif de travail notamment. Un
chapitre est en outre consacré au
seul sujet de l’« accompagnement
des collaborateurs et des managers ».
Il reconnaît enfin la nécessité
pour les directions de donner aux
élus du personnel et aux syndicats
accès à des « modalités adaptées
d’utilisation des outils numériques »
pour « maintenir le lien avec les sala-
riés en télétravail ». — L. de C.
Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020 Les Echos
Dans le monde,
des conditions
d’accès inégales
La crise du Covid
a profondément modifié
les habitudes de travail
dans le monde. Les pays
riches peuvent plus
facilement mettre
en place le télétravail
que les émergents.
Michel De Grandi
@MdeGrandi
Si elle a créé un chaos généralisé,
la crise du Covid-19 a aussi bous-
culé les mentalités et fait sauter
quelques barrières. A commen-
cer par celles qui entouraient le
télétravail.
Pour lutter contre la pandémie,
cette formule a servi de « planche
de salut face à un choc externe iné-
dit », résume Sébastien Lacroix,
directeur associé senior de
McKinsey France. Le groupe de
conseil a mené une étude sur le
télétravail dans neuf pays (Royau-
me-Uni, Allemagne, Etats-Unis,
Japon, France, Espagne, Mexi-
que, Chine, Inde). Dans le monde,
plus de la moitié de la population
active n’est pas ou peu éligible au
travail à distance. Essentielle-
ment parce que certains emplois
impliquent des machines spécia-
lisées, d’autres exigent des dépla-
cements. Mais le potentiel de télé-
travail existe.
Le télétravail
dans les services
Il varie d’un pays à l’autre, en fonc-
tion notamment du poids des ser-
vices. Plus l’économie est déve-
loppée, plus elle peut se convertir
au télétravail. Par exemple, en
France, 39 % des emplois peuvent
être théoriquement réalisés à dis-
tance, dont 28 % sans perte de
productivité. Il s’agit là de propor-
tions quasi identiques à celles de
l’Allemagne, des Etats-Unis ou du
Japon. Spécialisé dans la finance
et l’assurance domaines rompus
au travail à distance, le Royaume-
Uni fait la course en tête des pays
développés (46 % de sa popula-
tion active).
Les pays émergents se trouvent
à l’opposé. En Inde, le travail à dis-
tance ne concerne que 16 % de sa
main-d’œuvre (12 % sans perte de
productivité), grâce surtout à la
high-tech. L’agriculture est l’un
des secteurs à forte concentration
de main-d’œuvre où le télétravail
est quasi impossible. « Le différen-
tiel d’accès au télétravail selon des
critères géographiques, sectoriels
ou en fonction des emplois peut
créer des inégalités économiques et
sociales », note le consultant.
Un modèle hybride
émerge, alternant
présence physique
et travail à distance.
Le télétravail étant mieux
accepté, « il va s’installer dans la
durée », poursuit Sébastien
Lacroix. Un modèle hybride est
en train d’émerger, faisant alter-
ner la présence physique avec le
travail à distance. Dans les écono-
mies développées, « plus de 20 %
des emplois pourraient être réali-
sés à distance entre 3 et 5 jours par
semaine, et ce aussi efficacement
que s’ils étaient réalisés en présen-
tiel », relève le rapport. Cela
« signifierait trois à quatre fois plus
de personnes travaillant depuis
chez elles qu’avant la crise ».
Bouleversements
pour les entreprises
Ceci implique des bouleverse-
ments profonds. Dans les mar-
chés matures, les changements de
comportements auront des réper-
cussions dans les commerces et
les sociétés de services aux alen-
tours des bureaux, dans les trans-
ports aussi. L’immobilier va égale-
ment connaître des mutations.
Pour les entreprises, ce nou-
veau mode de travail va les obli-
ger aussi à se réinventer : redéfini-
tion des politiques internes,
investissement dans les infras-
tructures numériques et bien sûr
réorganisation des espaces de
bureaux. « Ces transformations
devraient s’étendre sur douze à dix-
huit mois », explique le consul-
tant, certain que « les curseurs doi-
vent bouger ». Mais explique-t-il,
« il faut veiller à respecter certains
équilibres : éviter la dissociation
entre cols blancs et cols bleus, et évi-
ter aussi de casser l’appartenance
collective à l’entreprise ». n
Les Echos Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020
Emmanuel Macron remet l’écologie
en bonne place dans son agenda
l Trois ans après son fameux tweet sur le glyphosate, le chef de l’Etat réunit ce vendredi un Conseil de défense écologique.
l Il recevra dans les prochains jours les membres de la Convention citoyenne pour le climat.
ENVIRONNEMENT
Grégoire Poussielgue
@Poussielgue
La date n’a évidemment pas été
choisie au hasard. En convoquant
ce vendredi un nouveau Conseil de
défense écologique – une instance
créée en mai 2019 après le grand
débat, qui faisait lui-même suite à
la crise des « gilets jaunes » – Emma-
nuel Macron marque à sa façon
le troisième anniversaire d’un de
ses tweets les plus célèbres. « J’ai
demandé au gouvernement de pren-
dre les dispositions nécessaires pour
que l’utilisation du glyphosate soit
interdite en France dès que des alter-
natives auront été trouvées, et au plus
tard dans 3 ans », avait-il tweeté le
27 novembre 2017.
A cette époque, surfant sur son
slogan « Make our planet great
again », le chef de l’Etat, qui comptait
encore Nicolas Hulot dans son gou-
vernement, affichait de grandes
ambitions en matière d’écologie, que
ce soit au niveau national ou interna-
tional. Trois ans plus tard, l’objectif
des trois ans concernant le glypho-
sate a été abandonné, même si du
chemin a été parcouru. Et Emma-
nuel Macron s’est converti à une éco-
logie « concrète et pragmatique », de
l’aveu même de l’Elysée.
« Amishs » et polémique
Partisan d’une « écologie du mieux »,
qu’il oppose à une « écologie du
moins », comme il l’a indiqué lors
de son interview du 14 juillet, Emma-
nuel Macron se sent pourtant à l’aise
avec les critiques, qu’elles émanent
des écologistes ou d’une partie de
l’opinion. En septembre dernier, ses
propos sur les « Amishs » – com-
prendre les militants écologistes les
plus radicaux – avaient fait grand
bruit et suscité une belle polémique.
Malgré la crise sanitaire, ses consé-
quences économiques et sociales, et
la menace terroriste, l’Elysée entend
La Convention citoyenne pour le climat
craint des renoncements
Des arbitrages restent
à prendre sur certaines
propositions faites par la
Convention. Ce sera l’un des
objets du Conseil de défense
écologique ce vendredi.
Muryel Jacque
@MuryelJacque
Le premier jet du projet de loi issu
des propositions de la Convention
citoyenne pour le climat est en phase
finale d’écriture. « A ce stade, man-
que encore quelques arbitrages inter-
ministériels. On y arrive », glisse un
bon connaisseur du dossier. Pour les
prendre, Emmanuel Macron réunit
ce vendredi un Conseil de défense
écologique. Doivent être discutées,
notamment, certaines mesures de
la Convention sur la publicité, les
transports, la rénovation des loge-
RETROUVEZ DOMINIQUE SEUX
DANS « L’ÉDITO ECO »
À 7H45
DU LUNDI AU VENDREDI
emmener les Français dans cette
transition écologique, au risque
de se voir en permanence accusé
de ne pas en faire assez. « On assume
le clivage entre ces deux écologies,
celle que l’on porte et celle des
“Amishs”. On veut montrer qu’il y a
une autre voie », justifie un proche.
L’Elysée entend
emmener les
Français dans cette
transition écologique,
au risque de se voir
en permanence
accusé de ne pas
en faire assez.
Ainsi, à la place du terme de crime
d’écocide voulu par la Convention
citoyenne sur le climat, le gouverne-
ment a mis sur la table un «délit»
d’écocide, qui a suscité de nombreu-
ses critiques en raison d’une ambi-
tion revue à la baisse. « Quoi qu’on
fasse, on dira toujours qu’on n’en fait
pas assez », constate un brin amer un
macroniste. L’Elysée met en avant
les 30 milliards du plan de relance
qui seront consacrés à l’environne-
ment, mais même avec cette somme
impressionnante, le chef de l’Etat ne
convainc pas tout le monde.
Le départ fracassant de Nicolas
Hulot ou encore le recul sur le
glyphosate et les néonicotinoïdes
cachent des avancées comme la fin
des centrales à charbon ou les mesu-
res prises depuis dix-huit mois par
le Conseil de défense écologique.
« Emmanuel Macron fait ce qu’il croit
pouvoir faire en fonction des contra-
dictions de la société, mais il y aura
toujours des gens pour dire qu’il n’en
fait pas assez. L’écologie n’était pas le
sujet central pour lui quand il s’est
lancé à la conquête de l’Elysée, mais il
a évolué depuis. Le problème du volet
écologique du plan de relance est qu’il
arrive trop tard, car sa mise en place
se verra au moment de la présiden-
ments. « Nous devons en modifier
la temporalité ou les faire aboutir
de façon différente, sinon elles pour-
raient conduire au dépôt de bilan
d’entreprises, alors que l’idée est de
les transformer, pas de les tuer »,
selon un conseiller de la présidence
cité par l’AFP. Les 150 Français tirés
au sort pourront alors en savoir
davantage sur ce qui a été retenu à
l’occasion de temps de travail avec
les députés, prévus à partir de la
semaine prochaine autour des gran-
des thématiques de leurs travaux.
A quoi va ressembler ce projet que
les parlementaires examineront au
printemps, et qui ouvre la voie à la loi
environnementale la plus impo-
sante du quinquennat ? Le texte
présenté aux citoyens sera proba-
blement ajusté, le paysage reste
donc incertain. La copie pourra
encore être retouchée, notamment
SUR
Emmanuel Macron a prévu de recevoir, d’ici à mi-décembre, les membres de la Convention citoyenne pour le climat.
tielle », analyse Daniel Cohn-Bendit,
ancien député européen et soutien
fervent d’Emmanuel Macron pen-
dant la campagne de 2017.
Mise en garde
du Conseil d’Etat
Le mois de décembre comportera
de nombreux rendez-vous avec
l’écologie. Le 12 décembre marquera
l’anniversaire des cinq ans de
l’Accord de Paris sur le climat. A
cette occasion, la France entend réu-
nir un sommet international pour
inciter les Etats à relever leurs ambi-
tions de réduction des émissions
de gaz à effet de serre. La victoire de
Joe Biden sonne comme une bonne
nouvelle, car il a annoncé son inten-
tion de revenir dans l’Accord, et il a
nommé John Kerry émissaire sur le
par le chef de l’Etat, qui pourra
demander des amendements.
Cinq mois après avoir remis
leurs propositions à Emmanuel
Macron, qui s’était engagé à trans-
mettre « sans filtre » les 146 qu’il
avait retenues, les citoyens s’apprê-
tent à être de nouveau reçus par le
chef de l’Etat dans les quinze jours.
Mais ils sont moins enthousiastes.
Le chef de l’Etat a déjà fait compren-
dre que des reports dans l’adoption
de certaines mesures étaient à envi-
sager. La crise a changé la donne.
« Nous sommes conscients de la
réalité », reconnaît l’un d’eux, Syl-
vain Burquier, tout en soufflant :
« Je n’ai pas envie de finir déçu. »
Des heures de débats
Certains craignent « un catalogue
de mesures amoindries » dans ce
projet de loi qui devrait contenir
un gros tiers de leurs suggestions.
A l’image du malus auto au poids,
adopté par les députés, qui concer-
nera les voitures de plus de 1.800 kg
et non de plus de 1.400 kg comme le
préconisaient les citoyens.
Pour Cyril Dion, qui a été un des
trois garants de la Convention et en
fut un des initiateurs, « le gouverne-
ment transforme un certain nombre
de propositions avant de soumettre
[le texte] aux députés », a-t-il déploré
sur Europe 1 cette semaine. La péti-
tion qu’il a lancée il y a dix jours pour
« sauver » la Convention a déjà
obtenu plus de 292.000 signatures.
climat, lui qui avait négocié pour
les Américains en 2015. Mais il ne
faut pas oublier non plus que la
France est déjà en retard dans la
mise en œuvre de ses objectifs ini-
tiaux, comme l’a rappelé le Haut
Conseil pour le climat. La semaine
dernière, le Conseil d’Etat a adressé
une véritable mise en garde au gou-
vernement en le sommant d’expli-
quer dans les trois mois comment il
compte respecter ses obligations de
réduire de 40 % les émissions de gaz
à effet de serre d’ici à 2030.
Emmanuel Macron a aussi prévu
de recevoir, d’ici à mi-décembre,
les membres de la Convention
citoyenne pour le climat alors que
le projet de loi issu de leurs travaux
doit être présenté en janvier en
Conseil des ministres. n
« Sans vous,
nous ne serions
certainement pas
allés aussi loin. »
BARBARA POMPILI
Ministre de la Transition
écologique
L u n d i , l e g o u ve r n e m e n t a
annoncé la création d’un délit d’éco-
cide pour punir les atteintes graves à
l’environnement, les conventionnels
souhaitaient celle d’un crime d’éco-
cide. « Sans vous, nous ne serions cer-
tainement pas allés aussi loin », leur a
dit la ministre de la Transition écolo-
gique, Barbara Pompili. Si certains
se sont dits frustrés, d’autres ont
salué une avancée. Grégoire Fraty,
un des porte-voix de la Convention, y
voit « une première marche qui doit
permettre d’aller encore plus loin, en
s’appuyant sur l’échelon européen ».
Reste un calendrier difficile,
décalé déjà à plusieurs reprises. La
présentation du projet en Conseil
des ministres, annoncée pour la mi-
décembre, se fera en janvier, et l’exa-
men en hémicycle en mars. Si le gou-
vernement vise une adoption avant
la fin de la session parlementaire à
l’été, les élections régionales se
seront immiscées entre-temps. Un
calendrier serré, pour un texte qui
donnera lieu à de longues heures de
débats sûrement. n
Glyphosate : la France
cherche à sortir de son
isolement en Europe
Hormis la France,
aucun pays européen doté
d’une agriculture forte
n’a interdit l’herbicide
de toutes les controverses.
Joël Cossardeaux
@JolCossardeaux
Si la France n’a, pour l’instant,
réussi à tenir que la moitié de son
engagement de sortir du glypho-
sate, que dire des autres pays euro-
péens ! A ce jour, aucun d’eux,
hormis le Luxembourg depuis
cette année, n’a tiré une croix
définitive sur l’utilisation de cet
herbicide classé « potentiellement
cancérigène » par l’Organisation
mondiale de la santé (OMS).
L’Allemagne, qui prévoit de
l’interdire totalement fin 2023,
mais pour des usages précis (jar-
dins, lisières d’exploitations agri-
coles), est à la traîne. Une poignée
d’autres Etats, des Pays-Bas à la
Finlande, en passant par la Belgi-
que, le Portugal, la Slovénie et la
République tchèque, ont com-
mencé à mettre des limites, mais
rien de significatif en ce qui con-
cerne l’agriculture, sauf au Dane-
mark. En Suède, où les Verts sont
au pouvoir avec les sociaux-démo-
crates, absolument aucun engage-
ment n’a été pris. Pas plus qu’en
Espagne où le parti socialiste
PSOE gouverne avec Podemos.
Volte-face de Berlin
« La France est la seule puissance
agricole à avoir engagé une sortie
du glyphosate », résume Pascal
Canfin, président de la commis-
sion Environnement du Parle-
ment européen. Un isolement
dont elle a bien du mal à sortir. Fin
2017, Paris n’avait pourtant pas été
très loin d’obtenir la majorité qua-
lifiée contre le renouvellement de
l’autorisation de mise sur le mar-
ché (AMM). Sauf que Berlin lui a
fait faux bond au dernier moment,
ce qui a entraîné de facto le main-
tien en circulation du glyphosate
pour une période de cinq ans. Les
majors des phytosanitaires, dont
Bayer et Syngenta, obtiendront-ils
la réautorisation du glyphosate
FRANCE // 05
Stephane Lemouton-Pool/Sipa
qu’ils ont formellement deman-
dée fin 2019 ? La France se tient en
embuscade pour qu’il n’en soit pas
ainsi le 15 décembre 2022, jour de
l’échéance. « Il s’agit d’interdire le
glyphosate pour tout le continent »,
insiste bien Pascal Canfin, car il en
va du maintien de « conditions de
concurrence équitables entre les
pays européens », rappelle-t-il.
L’Allemagne très attendue
Une première manche va se jouer
à partir de juin prochain avec la
remise à jour des évaluations réa-
lisées par l’Autorité européenne
de sécurité des aliments (EFSA).
Celle-ci, à la différence de l’OMS,
n’avait pas jugé le glyphosate
potentiellement cancérigène. Il
pourrait en être autrement dans
les prochains mois. L’avis de
l’EFSA, cette fois, va en effet
s’appuyer sur les recommanda-
tions des agences nationales de
sécurité sanitaire de quatre pays,
dont la France via l’Anses. Des
recommandations qu’elles auront
formulées après avoir évalué les
informations fournies par les
industriels de la chimie deman-
deurs d’un renouvellement du gly-
phosate. A compter de la mi-2022,
tout sera en place pour que soit
prise une décision politique que
Paris aura pris soin de préparer
méticuleusement, compte tenu de
la somme d’enjeux qu’elle repré-
sente. La France, qui aura pris la
présidence de l’Union européenne
le 1er janvier 2022, se trouvera en
pleine campagne présidentielle.
Le glyphosate ne manquera pas
de s’inviter dans les débats.
Avec quelles chances de réus-
site pour Emmanuel Macron ?
« Contrairement à 2017, je suis opti-
miste sur le fait d’avoir la majorité
avec le soutien de l’Espagne, l’Italie
et l’Allemagne », déclare Pascal
Canfin. Mais beaucoup dépendra
de l’issue des élections qui vont
se tenir en Allemagne en 2021.
Celles-ci pourraient déboucher
sur une coalition CDU-Die
Grünen. Une alliance dont le
parlementaire européen voit mal
comment elle pourrait réautori-
ser le glyphosate. n
 06 // FRANCE
Protéger ou fliquer la police : y a-t-il une troisième voie ?
La multiplication des violences de policiers rend la ligne de Gérald Darmanin difficile à tenir : être intraitable
avec ceux qui ont « sali l’uniforme de la République » mais protecteur avec les forces de l’ordre dans leur ensemble.
C ’est la vidéo de trop. Les
indignations sont
immédiates et
nombreuses dans la majorité.
« Si cela devait être confirmé,
racisme et violence cela ferait
beaucoup, beaucoup trop »,
relève Richard Ferrand.
« L’agression est insoutenable…
c’est notre humanité qui est
atteinte », poste Christophe
Castaner après avoir visionné les
cinq longues minutes de passage
à tabac d’un producteur de
musique par trois policiers.
Les réactions se veulent rapides,
elles aussi. Policiers suspendus
et bientôt révoqués, article 24
réécrit, Gérald Darmanin
dépêché au « 20 Heures » de
France 2, mots forts en
Dessins Kim Roselier pour « Les Echos »
direct. L’exécutif qui fuit les
réactions à chaud, s’attache cette
fois à éteindre le feu sans
attendre. Et si la vidéo était
l’étincelle sociale lancée sur
une situation politique déjà
très tendue ?
Derrière l’émotion, il y a chez
Gérald Darmanin l’espoir de
faire enfin comprendre son
Lundi 30 novembre
Palmarès 2021 des meilleurs
cabinets de recrutement
LE FAIT
DU JOUR
POLITIQUE
Cécile
Cornudet
message de fond. Il faut
sanctionner sans états d’âme
« ceux qui ont sali l’uniforme de la
République », mais ne pas
incriminer les forces de l’ordre
dans leur ensemble. Il a été
nommé à l’Intérieur pour
protéger un corps policier en
souffrance, il ne s’en écarte pas. Il
a succédé à un Christophe
Castaner lâché par la police pour
avoir, à l’inverse, réclamé « une
tolérance zéro » contre le
racisme. La succession des deux
hommes et des deux postures
pose une question non résolue :
faut-il protéger les policiers ou
faut-il les fliquer ?
Ce qui peut se traduire ainsi :
autorité ou respect de nos
valeurs, l’un doit-il
l’emporter sur l’autre ?
En collaboration avec
Car, quel que soit le point
d’observation, le constat est
terrible. Les policiers, surtout
après la crise des « gilets jaunes »
dans laquelle ils ont été pris pour
cibles, « sont dans un état inédit
d’effondrement moral et
matériel », note le criminologue
Alain Bauer. Victimes, il faut les
protéger. Et d’ailleurs, que pèse la
République quand elle n’a pas la
police en appui ?
A l’inverse, les violences
commises par des policiers ont
dépassé le stade des incidents
isolés, elles se sont
systématisées, sous le regard
impitoyable des téléphones
portables. Comme si ce corps
malmené dans les « gilets
jaunes », sauveur d’une
République menacée et
désormais protégée en haut lieu
se « défoulait collectivement »,
poursuit Alain Bauer. En roue
libre.
Le tout ressemble à une impasse.
La méthode Castaner menaçait
l’exécutif de rupture avec
sa police. La méthode Darmanin
de fracture avec la population.
« On n’arrive pas à sortir du
schéma binaire laxisme vs soutien
inconditionnel aux forces de
l’ordre », s’inquiète un ministre
proche du chef de l’Etat.
« Nicolas Sarkozy avait dit
d’emblée aux policiers, je vous
Les violences
commises par des
policiers ont dépassé
le stade des incidents
isolés, elles se sont
systématisées,
sous le regard
impitoyable des
téléphones portables.
défendrai sans relâche et je ne
laisserai rien passer non plus »,
répète Alain Bauer. L’époque a
changé, mais est-il trop tard pour
retrouver une ligne de crête ? Et
qui peut le faire ? Emmanuel
Macron, défendent des proches.
Silencieux ce jeudi.
ccornudet@lesechos.fr
Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020 Les Echos
Cette vidéo tombe évidemment très mal pour Gérald Darmanin
accusé par les oppositions et à mots couverts par certains mem-
bres de la majorité, de couvrir systématiquement les forces
de l’ordre. Photo Charles Platiau/Reuters
Violences policières :
Gérald Darmanin
sur le gril
JUSTICE
Le ministre de
l’Intérieur était
l’invité jeudi soir du
20 heures de France 2
après une nouvelle
vidéo virale de
violences policières.
Il intervenait dans
un climat de tensions
toujours vives sur
l’article 24 de la loi
sécurité globale votée
en première lecture
mardi à l’Assemblée.
Isabelle Ficek
@IsabelleFicek
La vidéo est devenue virale. Plus
de 6 millions de vues en une
journée jeudi. « 15 minutes de
coups et d’insultes racistes », a écrit
le média en ligne Loopsider en
éditant ces images de violences
policières qui ont eu lieu samedi
dernier à Paris. On y voit un pro-
ducteur de musique passé à tabac
par des policiers.
Elles ont provoqué un torrent
de réactions indignées bien au-
delà du monde politique. « J’ai
mal à ma France », a retweeté avec
la vidéo l’un des attaquants vedet-
tes de l’équipe de France de foot-
ball, Antoine Griezmann, inter-
pellant le ministre de l’Intérieur
Gérald Darmanin. Condamna-
tions très fortes également à gau-
che et chez les écologistes. Et du
côté de La France insoumise, son
chef de file Jean-Luc Mélenchon y
a vu la « preuve terrible du carac-
tère viral du droit à filmer l’action
policière », alors que les tensions
autour de l’article 24 de la propo-
sition de loi sécurité globale votée
en première lecture mardi à
l’Assemblée sont toujours très
vives.
Embarras
et condamnations vives
Embarras et condamnations
vives, aussi, dans la majorité et
par des proches d’Emmanuel
Macron : le président de l’Assem-
blée nationale, Richard Ferrand,
qui exige des sanctions « sans fai-
blesse », l’ex-ministre de l’Inté-
rieur Christophe Castaner ou
encore l’eurodéputé Stéphane
Séjourné pour lequel « il est temps
que le préfet de police fasse en sorte
que ceux qui font respecter la loi
la respectent eux-mêmes ». « On
regarde avec attention, mais c’est
le ministre de l’Intérieur qui est
en première ligne sur le sujet »,
renvoyait l’Elysée jeudi.
Cette vidéo tombe évidemment
très mal pour Gérald Darmanin,
déjà empêtré dans les polémiques
autour des violences policières et
de la liberté de filmer les forces de
l’ordre, et accusé par les opposi-
tions et à mots couverts par cer-
tains membres de la majorité, de
couvrir systématiquement les for-
ces de l’ordre. Jeudi soir, lors du
20 heures de France 2, le ministre
de l’Intérieur a fustigé des actes
« inqualifiables » et a annoncé qu’il
allait demander la « révocation »
des policiers en cause. « Lorsqu’il y
a des gens qui déconnent, ils doivent
quitter l’uniforme de la Républi-
que », a martelé Gérald Darmanin.
« Dérive sécuritaire »
Interrogé sur le controversé pré-
fet de police Didier Lallement, le
m i n i s t r e d e l ’ I n t é r i e u r l ’a
défendu. « Je ne suis pas homme à
chercher des fusibles », a-t-il justi-
fié, soulignant les conditions
« difficiles » de l’exercice. Mais il y
a eu des débats importants au
sein de l’exécutif sur les réactions
à avoir et les suites à donner. Tant
au sujet de la police que sur l’arti-
cle 24. Certains ont demandé le
départ de Didier Lallement.
« Pour être clair, il faut commencer
par dégager le préfet de police »,
cingle un très proche du chef de
l’Etat. De nombreuses remontées
alertant sur le caractère très
inflammable des sujets en débat
ont été faites à l’Elysée. Des échan-
ges ont évidemment eu lieu avec
l’Intérieur. Le ministre sera audi-
tionné à l’Assemblée lundi sur les
violences des forces de l’ordre.
La pression sur l’article 24 reste
vive. La Commission nationale
c o n s u l t a t i ve d e s d r o i t s d e
l’homme (CNCDH), dans un avis
publié jeudi, dénonce dans cette
proposition de loi « une nouvelle
étape de la dérive sécuritaire en
France » qui porte « atteinte à de
nombreux droits fondamentaux ».
La « marche des libertés » contre
elle prévue samedi a été interdite à
Paris par la préfecture qui autorise
un rassemblement, entraînant le
boycott des syndicats de journalis-
tes et des sociétés de journalistes
d’une réunion sur le sujet avec le
Premier ministre. Ce dernier a
accepté une « commission ad
hoc » proposée par Gérald Dar-
manin, a annoncé ce dernier. Elle
sera présidée par Jean-Marie Bur-
guburu, président de la CNCDH.
Certains veulent y voir, dans la
majorité, un début d’enterrement
pour l’article 24. n

Les Echos Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020
Vacances de Noël au ski :
les Européens s’emmêlent les bâtons
l L’Allemagne, avec la France et l’Italie, demande une fermeture des remontées dans toute l’Europe jusqu’au 10 janvier.
l L’Autriche et la Suisse refusent de sacrifier les vacances de Noël, très importantes pour leur industrie touristique.
EUROPE
Derek Perrotte
@DerekPerrotte
— Bureau de Bruxelles
avec Cécile Thibaud à Madrid
Les Français ne sont pas les seuls qui
risquent d’être privés de ski à Noël.
Partout en Europe, le débat monte et
alimente les tensions. Autres pays
prisés pour leurs domaines skiables,
l’Italie et l’Allemagne se dirigeaient
eux aussi ces derniers jours vers une
fermeture des stations, ou à tout le
moins des remontées mécaniques.
« Affronter les fêtes à la neige sans res-
triction serait irresponsable », a expli-
qué aux Italiens Giuseppe Conte. Le
gouvernement transalpin a été mar-
qué par les photos polémiques d’une
foule aux caisses de la station de Cer-
vinia le week-end du 28 octobre.
En Allemagne, la Bavière, aux
montagnes très prisée à Noël, pen-
che aussi pour la prudence maxi-
male. « Nous ne pouvons tout simple-
ment pas passer des vacances
classiques », a déclaré mardi Markus
Söder, son dirigeant conservateur.
Concurrence déloyale
A l’opposé, l’Autriche, où le ski est
quasiment une religion d’Etat et
où la concurrence fait rage avec les
stations allemandes, se dit décidée
à ouvrir. Droit dans ses après-ski :
« Si quelqu’un va courir seul, c’est
tout aussi dangereux que si quel-
qu’un va faire une randonnée à ski
seul », a expliqué le chancelier
Sebastian Kurz.
Fin février, la station de Ischgl,
dans le Tyrol, avait pourtant été
pointée du doigt quand de nom-
breux touristes s’y étaient infectés,
contribuant à accélérer la propaga-
tion du virus en Europe. Autre
nation de skieurs, la Suisse (elle
n’appartient pas à l’UE mais colla-
bore sur les questions sanitaires) se
dit aussi décidée à tenir la saison. « La
fermeture n’est pas une option. On
mangera et skiera dans les stations à
Noël », qui seront même ouvertes
aux touristes étrangers, assure
Christophe Darbellay, président du
Conseil d’Etat valaisan.
Enfin l’Espagne laisse les régions
établir les restrictions de mouve-
ment et d’activité, ce qui devrait per-
mettre aux stations d’ouvrir, notam-
ment en Catalogne. La plus grande
station des Pyrénées catalanes,
Baqueira Beret, se mettra ainsi en
marche le 11 décembre. Sous réserve
du manque de neige, sujet qui
inquiète le plus côté espagnol.
Paris, Berlin et Rome, qui tentent
d’impulser une coordination euro-
« Pas de chute des ventes des entreprises françaises en Turquie »
Propos recueillis par
Yves Bourdillon
@yvesbourdillon
S
imone Kaslowski, le patron
des patrons turcs, n’observe
pas d’impact des appels au
boycott de produits français lancés
dans divers pays musulmans, et
souligne que la Turquie est peu cou-
tumière de telles pratiques. Il
estime par ailleurs que le pays est
peut-être sur le bon chemin, avec le
changement de cap monétaire.
Comment se porte l’économie
turque, après des mois de crise
monétaire ?
La pandémie a durement affecté le
péenne, n’apprécient guère cette
concurrence déloyale. « Prudence et
concertation », prône Paris. L’Allema-
gne, comme la Belgique, invite ses
ressortissants à éviter les déplace-
ments non essentiels durant les fêtes,
« y compris à l’étranger en vue de la sai-
son de ski ». Elle rappelle qu’une qua-
rantaine de dix jours reste prévue au
retour d’Autriche. Mercredi, Angela
Merkel a réclamé la fermeture de
toutes les stations de ski de l’Union
européenne jusqu’au 10 janvier.
Fermer ou non
les stations reste
« une décision
de compétences
purement
nationales »,
a rappelé jeudi
la Commission.
Une telle coordination aiderait la
France, l’Allemagne et l’Italie, toutes
trois confrontées à la colère de leurs
stations. La démarche a le soutien
implicite de la Commission. Mer-
credi, Ursula von der Leyen, a
appelé les Etats à ne « pas assouplir
trop vite » leurs règles anti-Covid
pour éviter « une troisième vague ».
Reste que l’Europe n’a aucun pou-
voir en la matière. Fermer ou non les
stations « demeure une décision de
compétences purement nationales »,
a rappelé la Commission, qui se
garde de recommander à haute voix
une fermeture mais réitère ses
appels à « la prudence et à la coordi-
nation ». On ne peut contraindre, il
faudra convaincre.
« Je vais être honnête avec vous, ce ne
sera probablement pas facile », a
reconnu Angela Merkel. Le ministre
des Finances de l’Autriche a fait valoir
que son industrie touristique per-
drait 2,4 milliards d’euros de recettes
en fermant à Noël et qu’il attendrait
alors de l’UE qu’elle « compense les
pertes ». Mais c’est là aussi lui deman-
der plus qu’elle ne peut : c’est à chaque
Etat membre, en piochant si besoin
dans les fonds européens de lutte
contre la crise du Covid, de bâtir un
éventuel plan de soutien à la filière.
La France suit le dossier de près
mais elle exclut à ce stade d’empê-
cher ses ressortissants d’aller cher-
cher la neige hors de ses frontières,
un débat qui monte aussi en Italie
face à la concurrence des stations
suisses. « Cela ne paraît ni possible ni
souhaitable. Mais il faut tenter de se
coordonner le plus possible », indi-
que une source diplomatique. Les
discussions entre Etats devraient
s’intensifier ces prochains jours. n
SIMONE KASLOWSKI
Président de la
Tusiad, union des
entrepreneurs turcs
déficit des paiements courants
turcs, en raison de la chute des
recettes touristiques, et fait flamber
le chômage, qui était déjà supérieur
à 13 % avant le Covid. Je ne me hasar-
derais pas à faire des prédictions sur
2021 en termes de croissance à
cause de la pandémie, mais d’ores et
déjà le changement récent de gou-
verneur de la banque centrale et de
ministre des Finances laisse présa-
Selon le ministre des Finances autrichien, la fermeture des stations de ski à Noël, ici celle de Neustift, coûterait au pays 2,4 milliards d’euros.
Merkel promet un hiver difficile aux Allemands
Les mesures de confine-
ment partiel sont recondui-
tes et durcies en décembre
en Allemagne, et la
chancelière prépare les
esprits à une prolongation
des restrictions au début
de l’année prochaine.
La facture de ces mesures
relance le débat
sur leur durabilité.
Ninon Renaud
@NinonRenaud
— Correspondante à Berlin
Venue devant les députés du Bun-
destag défendre la reconduction et
le durcissement des mesures de
restrictions de contact décidées
avec les Länder la veille au soir, la
chancelière allemande s’est mon-
trée claire jeudi. « Nous partons du
principe que ces mesures seront pro-
longées après les fêtes de Noël, a-t-elle
déclaré. L’hiver sera difficile, mais il
se terminera aussi, nous devons être
tous ensemble solidaires. »
Son chef de cabinet, Helge
Braun, avait déjà indiqué sur RTL
en début de matinée que, malgré
les promesses d’un début de vacci-
nation proche contre le coronavi-
rus, la vigilance devrait s’imposer
ger une politique fiscale et moné-
taire plus orthodoxe et prévisible, ce
qui devrait ramener la confiance.
On peut saluer notamment la
décision il y a deux jours de la ban-
que centrale de ne plus contrôler
totalement le bilan des banques
privées via l’instrument dit de
l’« active ratio ». Le discours récent
du président Erdogan, qui a rap-
pelé la nécessité de poursuivre
l’intégration avec les pays euro-
péens et s’est engagé à mener de
nouvelles réformes économiques,
ou en matière d’Etat de droit, me
fait penser que nous sommes peut-
être sur le bon chemin. La mise en
œuvre de ce qui a été promis est
très importante.
aussi « en janvier, février et mars, et
éventuellement aussi des mesures
restrictives si notre comportement
individuel est insuffisant ». De fait,
les niveaux d’infection se sont sta-
bilisés ces dernières semaines,
mais ils restent trop élevés : jeudi,
le pays comptait 22.268 nouveaux
cas en vingt-quatre heures et
399 décès.
Limiter au maximum
les contacts
Comme le souhaitait la chance-
lière, les Allemands vont donc
devoir limiter jusqu’au 23 décem-
bre leurs réunions privées à 5 per-
sonnes issues de deux foyers seule-
ment – hors les enfants de moins
de 14 ans. Durant les fêtes de fin
d’année, ce nombre sera étendu à
10 personnes. La chancelière a en
contrepartie pressé ses conci-
toyens de limiter au maximum
d’ici là leurs contacts et déplace-
ments afin de prévenir toute infec-
tion des aînés et des plus fragiles.
Les vacances scolaires com-
menceront dès le 19 décembre,
afin que les enfants puissent aussi
réduire leurs échanges physiques
en amont de Noël. « Il y a 27 mil-
lions de personnes vulnérables
qu’on ne peut décemment priver de
N’êtes-vous quand même pas
surpris par la démission,
mardi, du numéro un du conseil
présidentiel et compagnon
de route de longue date
du chef de l’Etat ?
Il y a des dynamiques politiques
locales dont il faut tenir compte.
Nous avons connu des événements
très surprenants, tant positifs que
négatifs, ces dernières semaines,
mais je crois que la tendance
demeure positive, vers plus de dia-
logue intérieur et de confiance sur
les marchés financiers, comme
l’illustre d’ailleurs le taux de change
de la lire, qui est passé de 8,5 pour
un dollar à 7,8 en quinze jours. De
même, la prime de risque de la Tur-
MONDE
relations sociales », a martelé
Angela Merkel sous les applaudis-
sements des députés.
Elle a, dans la même logique,
appelé les entreprises à générali-
ser les solutions de travail à domi-
cile et de vacances anticipées pour
éviter les infections des salariés en
amont des fêtes. De leur côté, les
commerces ne devront pas
accueillir plus d’un client pour
10 mètres carrés, voire pour
20 mètres carrés dans les maga-
sins d’une surface supérieure à
800 mètres carrés. Face au risque
de queue à leur entrée, la chance-
lière appelle les Allemands à privi-
légier la semaine pour faire leurs
courses et à en limiter l’occurrence.
« Il y a 27 millions
de personnes
vulnérables
qu’on ne peut
décemment priver
de relations
sociales »
ANGELA MERKEL
Chancelière d’Allemagne
quie, le CDS, est passé de plus de 5 %
à moins de 4 %.
Avez-vous mesuré l’impact des
appels au boycott de produits
français entendus dans des
pays musulmans ? Craignez-
vous des sanctions au sommet
européen du 9 décembre ?
La France est notre septième parte-
naire commercial et il est hors de
question de laisser les relations éco-
nomiques être affectées par des ten-
sions ou des malentendus diploma-
tiques. A notre connaissance,
aucune entreprise française n’a
enregistré une chute de ses ventes
en Turquie, à part une, de manière
limitée, dans les produits de con-
Johann Groder/AFP
« Nous ne sommes pas démunis
face au virus », a-t-elle rappelé, fai-
sant de la réduction des contacts
« l’alpha et l’oméga » de la lutte con-
tre la pandémie. Si le port du mas-
que et le respect des règles
d’hygiène abaissent les risques,
« ils ne sont pas une garantie contre
la contamination », a renchéri
Angela Merkel. Et de rappeler que,
pour que le fardeau imposé par la
fermeture de leur activité aux hôte-
liers, restaurateurs et responsables
d’activités culturelles ou de loisir
vaille la peine, il faut que, comme
jusqu’ici, chacun apporte sa pierre.
L’indemnisation des commer-
ces les plus touchés par les restric-
tions commence en effet à susciter
l’inquiétude au sein de l’opposi-
tion. Pour les seuls mois de novem-
bre et décembre, la facture devrait
dépasser 30 milliards d’euros.
Alors que l’adoption du budget
2021 entre dans sa phase finale,
l’endettement nécessaire pour le
boucler dépasserait allègrement
160 milliards d’euros, contre
96 milliards initialement prévus.
« Les coûts sociaux et économiques
explosent, le gouvernement n’a pas
de stratégie pérenne », a accusé
Christian Lindner, président du
groupe des libéraux. n
sommation. D’ailleurs, je n’ai
jamais vu de boycott en Turquie
envers des produits étrangers ces
dernières années, qu’ils soient
israéliens, américains, britanni-
ques ou allemands, malgré les
nombreux épisodes de tensions
diplomatiques.
En ce qui concerne l’Union euro-
péenne, j’espère bien qu’elle ne déci-
dera pas de sanctions, qui ne seraient
dans l’intérêt de personne. L’absence
de sanctions ne suffirait toutefois
pas : le statu quo entre l’Union euro-
péenne et la Turquie n’est pas satis-
faisant, il faut relancer les discus-
sions pour une modernisation du
traité d’accord douanier signé il y a
maintenant un quart de siècle. n
08 // MONDE
L’Inde face au défi d’une campagne
de vaccination sans précédent
l Le pays promet une campagne
inédite pour bénéficier au plus grand
nombre de son 1,3 milliard d’habitants.
l Un véritable casse-tête logistique,
humain et financier.
ASIE DU SUD-EST
Carole Dieterich
— Correspondante à New Delhi
« Lorsque le vaccin arrivera, notre
priorité sera de faire en sorte qu’il
atteigne tout le monde », a promis le
Premier ministre, Narendra Modi,
mardi 24 novembre. A l’occasion
d’une réunion sur la progression
du coronavirus, il a demandé à
l’ensemble des ministres en chef
des Etats indiens de pallier les
besoins en matière de stockage, de
chaîne du froid, mais aussi de dis-
tribution pour un futur vaccin.
Dans ce pays grand comme cinq
fois la France, cette campagne de
vaccination « sera une affaire de lon-
gue haleine », a-t-il prévenu, appelant
à plancher immédiatement sur une
feuille de route. Avec plus de 9,2 mil-
lions de personnes contaminées,
l’Inde est la deuxième nation au
monde la plus touchée par la pandé-
mie, derrière les Etats-Unis. Le coro-
navirus y a coûté la vie à plus de
134.000 personnes, selon les chiffres
officiels, largement sous-estimés.
L’Inde espère donc parvenir à
va c c i n e r 2 5 0 à 3 0 0 m i l l i o n s
d’Indiens d’ici à septembre 2021.
Les professionnels de santé mais
aussi les policiers et les paramili-
taires seront les premiers à bénéfi-
cier d’un vaccin. Viendront ensuite
les personnes âgées de plus de
65 ans, puis ceux de plus de 50 ans.
Pour réaliser autant d’injections en
temps si limité, le pays va d’abord
devoir former du personnel.
« Actuellement, il faudrait trois ans,
à raison de deux doses pour une
immunisation, rien que pour cou-
vrir 250 millions de personnes »,
remarque Shahid Jameel, un viro-
logue de renom.
Utiliser les réseaux
de la chaîne du froid
La tâche est titanesque. Pour
atteindre ses ambitions, l’Inde va
donc devoir redoubler d’efforts et
d’ingéniosité. « Peu de grands pays
dans le monde bénéficient de l’expé-
rience que l’Inde possède en matière
de vaccins », a néanmoins rappelé le
Premier ministre. Le géant sud-
asiatique pourra notamment
s’appuyer sur les réseaux de chaî-
Un agent de santé teste la température des commerçants sur un marché d’Ahmedabad. Avec plus de 9,2 millions de personnes
contaminées, l’Inde est la deuxième nation au monde la plus touchée par la pandémie, derrière les Etats-Unis. Photo Amit Dave/Reuters
nes du froid de son ambitieux
« Programme d’immunisation uni-
versel » qui vaccine chaque année
des dizaines de millions d’enfants
et de femmes enceintes.
Mais à elles seules, ces infrastruc-
tures demeurent largement insuffi-
santes. « Certains Etats ne parvien-
nent même pas à vacciner l’ensemble
des enfants de moins d’un an, alors
vacciner toute la population nécessi-
terait une énorme augmentation de
nos capacités », juge T. Sundarara-
man, coordinateur du People’s
health Movement, une organisa-
tion qui travaille avec des universi-
taires et la société civile.
« Notre pays d’abord »
Comment déployer rapidement ce
programme d’immunisation des-
tiné à 1,3 milliard de personnes ?
Les idées fusent. L’Inde pourrait
également mettre à profit le
maillage logistique employé lors
des élections générales, le plus
grand scrutin au monde. Ou
encore s’appuyer sur la chaîne du
froid utilisée par le secteur vétéri-
naire pour les inséminations artifi-
cielles. Lors du transport, le
sperme des bovins est conservé à
–196 °C, rappelle le quotidien « The
Indian Express ».
En Inde, les infrastructures
actuelles permettent de conserver et
La future usine à vaccins
des pays en développement
L’Inde devrait jouer un rôle
central dans la distribution
des vaccins dans les pays
en développement,
notamment en raison
de ses capacités
de production à bas coût.
Dans la course au vaccin contre le
coronavirus, Adar Poonawalla a
parié gros. A la tête de l’entreprise
familiale « Serum Insitute of India »
(SII), ce milliardaire indien s’est
lancé, dès le mois de juin, dans la
production de masse du vaccin
AstraZeneca-Oxford. Bien avant la
fin des essais cliniques.
A partir du mois d’août, le SII a
bénéficié néanmoins d’un considé-
rable coup de pouce. La fondation
Bill & Melinda Gates y a injecté des
milliards de dollars pour accélérer la
production des vaccins anti-Covid.
Dans le cadre de ce partenariat,
également passé avec le Gavi (une
organisation internationale pour
l’accès aux vaccins), 200 millions de
doses doivent être produites d’ici
à 2021 à destination des pays à reve-
nus faibles et moyens pour la somme
de 3 dollars l’unité. Soit environ dix
fois moins que des vaccins comme
Pfizer BioNTech ou Moderna.
Aujourd’hui, les premiers résul-
tats de phase III du vaccin AstraZe-
Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020 Les Echos
de transporter les vaccins à une tem-
pérature de –20 °C. Loin des –70 °C
que nécessite le vaccin développé
par Pfizer et BioNtech. « Pour l’Inde,
il est impensable d’avoir recours à ce
vaccin », affirme T. Sundararaman.
Le ministre de la Santé lui-même a
estimé que le pays n’aurait peut-être
« Actuellement,
il faudrait trois ans,
à raison de
deux doses pour
une immunisation,
rien que
pour couvrir
250 millions
de personnes. »
SHAHID JAMEEL
Virologue
neca-Oxford sont connus : avec une
efficacité moyenne de 70 %, le vaccin
peut atteindre 90 % dans certains
cas. Ce dernier peut être conservé
dans un simple réfrigérateur, un
avantage logistique majeur pour de
nombreux pays. Le pari d’Adar Poo-
nawalla pourrait donc bien avoir des
répercussions immenses dans la
distribution d’un vaccin pour les
pays en développement, alors que
les pays riches ont déjà accaparé une
part de l’offre disponible.
De nombreux partenariats
avec les labos américains
« Bien avant la pandémie, l’Inde était
déjà l’usine à vaccins du monde en
développement », souligne Neeraj
Jain, directeur Inde de Path, une
organisation qui travaille pour
l’accès à la santé. A lui seul, le SII, plus
grand producteur de vaccins de la
planète en volume, a contribué à une
baisse considérable des prix des vac-
cins dans le monde, confirme Gavi.
Ainsi, les entreprises américaines
Novamax et Codagenix se sont, elles
aussi, tournées vers le Serum Insti-
tute of India pour produire des doses
de leurs vaccins. Johnson & Johnson
s’est adressé à une autre société
indienne, Biological E, et le vaccin
russe pourrait être manufacturé par
le géant Dr Reddy’s Laboratories.
même pas besoin du vaccin Pfizer,
estimé à 39 dollars la dose. Une véri-
table fortune pour l’Inde.
Le pays pourrait néanmoins
bénéficier d’un avantage significa-
tif : le Serum Institute of India (SII),
plus grand fabricant de vaccins au
monde en volume. Le SII a d’ores et
déjà produit 40 millions de doses du
vaccin AstraZeneca-Oxford, plus
simple à transporter.
« Il est très important que nous pre-
nions soin de notre pays d’abord », a
déclaré lundi Adar Poonawalla, le
milliardaire à la tête du SII. S’il le sou-
haite, l’Etat indien pourra donc être
prioritaire pour l’achat du futur vac-
cin AstraZeneca-Oxford, facturé à
3 dollars l’unité. Mais même à ce
tarif, l’Inde devra dépenser environ
1,5 milliard de dollars rien que pour
immuniser 250 millions de person-
nes. « Soit un cinquième du budget
annuel consacré aux dépenses de
santé », souligne le virologue Shahid
Jameel. Sans compter les investisse-
ments d’infrastructure et les res-
sources humaines. n
Les entreprises indiennes en lice
pour produire les doses des futurs
vaccins ne manquent pas. « Grâce à
l’échelle et au rapport qualité-prix de
leur production, les laboratoires
indiens joueront un rôle majeur dans
la lutte mondiale contre le Covid-19 »,
estime un porte-parole du Gavi
(L’Alliance du vaccin).
Le SII a déjà fabriqué 40 millions
de doses du vaccin AstraZenaca-
Oxford et vise les 100 millions d’ici à
la fin de l’année. Selon Airfinity, une
société de recherche britannique,
plusieurs géants pharmaceutiques
ont conclu des accords pour pro-
duire au moins 3 milliards de doses
pour les pays en développement. A
lui seul, le Serum Institute of India
en fabriquera plus des deux tiers.
Car Adar Poonawalla a fait une pro-
messe : la moitié de tout ce qui sera
fabriqué au SII sera destinée à
l’Inde, et l’autre moitié ira aux pays
en développement. — C. Di.
3
MILLIARDS DE DOSES
Le nombre de vaccins
à produire pour les pays
en développement, selon
la société britannique Airfinity.
Les Echos Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020
Les Italiens rêvent d’effacer
la dette due au Covid-19
l La péninsule est la plus endettée de la zone euro après la Grèce et connaît la pire récession.
l Des voix s’élèvent pour que la dette publique suscitée par la pandémie soit effacée.
l Une hypothèse rejetée par ses partenaires, à commencer par la France.
EUROPE
Olivier Tosseri
@OlivierTosseri
— Correspondant à Rome
On efface tout et on recommence.
Ils sont de plus en plus nombreux
en Italie à vouloir réclamer un effa-
cement du passif créé par le
Covid-19. Déjà exorbitante avant la
pandémie, la dette publique de la
péninsule, la deuxième plus lourde
après la Grèce, explosera à la fin de
l’année à 159,6 % du PIB.
La faute à l’une des pires réces-
sions de la zone euro avec un effon-
drement d’environ 10 % du PIB, qui
nécessite la multiplication de plans
d’aides à l’économie se chiffrant
dans leur ensemble à plus de
100 milliards d’euros. Des dettes et
des déficits qui se creuseront encore
« La BCE devrait
envisager d’effacer
ou de conserver
à jamais la dette
publique qu’elle
achète pendant
la crise pour aider
les nations à se
remettre sur pied. »
RICCARDO FRACCARO
Secrétaire d’État à la présidence
du Conseil italien
Le débat sur l’annulation des dettes publiques rebondit en zone euro
Comme en Italie, des voix
s’élèvent en France pour
demander l’annulation
des dettes publiques liées
au Covid-19 détenues
par la Banque centrale
européenne.
Guillaume de Calignon
@gcalignon
Le débat sur l’annulation des dettes
publiques liées au Covid-19 et déte-
nues par la Banque centrale euro-
péenne (BCE) prend de l’ampleur.
La violence de la crise actuelle,
l’amoncellement de dettes qui
s’ensuit et la crainte que celles-ci ne
pèsent sur la croissance dans les
prochaines décennies poussent
certains à préconiser ce remède
radical, notamment en Italie, pays
le plus concerné.
La France, dont la dette publique
devrait représenter 120 % du PIB à la
fin de l’année, un niveau supérieur à
la moyenne européenne, n’est pas en
reste. L’ancien ministre de l’Econo-
© Romuald Meigneux/SIPA
plus, comme vient de l’autoriser le
Parlement italien dans le cadre de
l’élaboration du prochain budget.
Dans ce contexte, le gouverne-
ment de Giuseppe Conte peut adres-
ser un triple merci à Bruxelles. Ce
fardeau serait en effet insoutenable
sans la suspension du Pacte de stabi-
lité décidée par la Commission, sans
la politique monétaire de la BCE qui
rachète « quoi qu’il en coûte » les
obligations transalpines, et enfin
sans un plan de relance européen de
750 milliards d’euros dont l’Italie
sera la principale bénéficiaire.
Facilités d’emprunts
De quoi rassurer les marchés sur
lesquels Rome n’a jamais emprunté
à d’aussi bonnes conditions. Le
13 octobre, le Trésor a emprunté à
3 ans en offrant des coupons repré-
sentant un rendement négatif de
0,14 %. Du jamais-vu. Et pourtant, la
dette italienne continue de susciter
de vives inquiétudes dans la pers-
pective d’un prochain « retour à la
normale » après la fin de la pandé-
mie. Au printemps dernier, David
Sassoli, le président du Parlement
européen, estimait qu’il est « indis-
pensable d’avoir une réponse com-
mune, qu’il faut mutualiser la dette, et
que la phase de l’austérité doit devenir
vraiment quelque chose du passé ».
Il jugeait ce mois-ci que l’annula-
tion de la dette publique provoquée
par la récession post-Coronavirus
était « une hypothèse de travail inté-
ressante ». Un intérêt que partage
également Riccardo Fraccaro,
secrétaire d’Etat à la présidence du
DÉCRYPTAGE
mie de François Hollande, Arnaud
Montebourg, qui caresse l’idée de se
présenter à la prochaine présiden-
tielle, s’est dit favorable à « une annu-
lation concertée de toutes les dettes
Covid de tous les pays de la zone euro »,
le week-end dernier. Et plusieurs
économistes militent en ce sens.
Une histoire de confiance
A la Banque de France, qui détient
aujourd’hui 450 milliards d’euros
de dette française, on n’entend pas
se lancer dans de telles aventures
économiques, jugées dangereu-
ses. Le premier argument est juri-
dique. « Quand on a créé l’euro, on a
mis en place un pacte de confiance
qui ne permet pas l’annulation », a
défendu cette semaine François
Villeroy de Galhau, le gouverneur
de la Banque de France sur France
Culture. Les traités l’interdisent et
nul doute que nos partenaires du
nord de l’Europe auraient, de
Dimanche de 10h à 11h sur Europe 1
Le Grand rendez-vous
Michaël Darmon, Cécile Cornudet et Damien Fleurot reçoivent
Geoffroy Roux de Bézieux
Président du Medef
Conseil italien qui, dans un entre-
tien jeudi à l’agence Bloomberg,
affirmait que « la BCE devrait envi-
sager d’effacer ou de conserver à
jamais la dette publique qu’elle
achète pendant la crise pour aider les
nations à se remettre sur pied ».
C’est la confiance des investis-
seurs qui serait jetée à bas si une telle
mesure était appliquée, rétorque
toute façon, du mal à donner leur
accord à une telle opération…
Autre argument de poids, la
perte de confiance des investisseurs
dans la monnaie. « On ne peut pas
annuler la dette, pour une histoire de
confiance, absolument clé. Si on ne
rembourse pas, on ne nous prêtera
plus », a expliqué le gouverneur.
L’annulation des dettes pourrait
avoir un effet domino, les investis-
seurs anticipant qu’une telle déci-
sion se répétera dans le futur.
Comme le disait récemment
Agnès Bénassy-Quéré, chef écono-
miste du Trésor, « tant qu’il est défi-
citaire, l’Etat a besoin des marchés
financiers ». Et, « dans l’Histoire,
quand la Banque centrale commence
à financer les Etats définitivement,
ça se termine toujours mal », selon
François Villeroy de Galhau. Le
résultat, « c’est l’inflation », tranche
le gouverneur.
« Annuler les dettes publiques et
détenues par la BCE ne léserait pas les
créanciers privés », fait valoir Jezabel
Couppey-Soubeyran, maître de con-
Bruno Le Maire, en visite à Rome
jeudi. « Une dette, ça se rembourse, a
insisté le ministre français de l’Eco-
nomie. Nous dépensons beaucoup
d’argent public mais ce sont des inves-
tissements raisonnables pour sauver
nos entreprises. Le remboursement
de la dette se fera ensuite par la crois-
sance, la maîtrise des finances publi-
ques et des réformes structurelles. »
férences à l’université Paris-1. « Cela
permettrait aussi d’éviter l’effet boule
de neige sur la dette publique », pour-
suit-elle. Ensuite, « pour qu’ils puis-
sent faire rouler leur dette Covid dans
quelques années quand elle arrivera à
échéance, il faudra que les taux soient
aussi faibles qu’aujourd’hui. Cela ne
sera le cas que si la BCE poursuit son
programme de rachats d’actifs. Or,
celui-ci a des effets négatifs. Il accentue
les inégalités, il a un effet inflation-
niste sur le prix des actifs financiers et
donc accroît l’instabilité financière,
sans faire la preuve qu’il pouvait
relancer l’activité économique ».
A la Banque de
France, on n’entend
pas se lancer dans
de telles aventures
économiques.
Il n’empêche qu’aujourd’hui, les
Etats se financent à taux très faibles.
Pour la France, la charge de la dette
Son homologue Roberto Gualtieri
confirme, tout en sachant que ce sont
trois objectifs que son pays a prouvé
qu’il était incapable d’atteindre…
L’élaboration du plan de relance ita-
lien patine et beaucoup craignent
qu’il ne soit qu’une liste de cadeaux
électoralistes. De la mauvaise dette
qui alourdira encore un peu plus
celle qui écrase l’avenir de l’Italie. n
sera inférieure cette année à celle de
l’an passé alors que l’endettement a
crû de 200 milliards d’euros entre-
temps. Le coût de ces nouvelles dettes
émises sur les marchés est même
négatif, de –0,12 %, selon l’agence
France Trésor qui gère la dette publi-
que. Depuis le début de la crise sani-
taire, les Etats européens ont émis
près de 1.200 milliards d’euros de det-
tes et la BCE en a racheté 60 %.
Et même si les taux remontaient
un peu, « l’actionnaire de la BCE,
c’est la Banque de France, donc l’Etat
français », rappelle Xavier Ragot,
président de l’Observatoire fran-
çais des conjonctures économi-
ques (OFCE). L’Etat se paiera alors
des intérêts à lui-même. Difficile
toutefois de croire que cela puisse
durer indéfiniment. « Nous rem-
bourserons cette dette par la crois-
sance », ne cesse de marteler Bruno
Le Maire. Mais comment faire si
elle reste faible ? Le débat est donc
là pour durer. Une chose est sûre,
l’annulation nous ferait rentrer
dans un monde inconnu. n
MONDE // 09
en bref
L’économie
mexicaine tourne
à plein régime
grâce à la
demande
américaine
CONJONCTURE Durement
affectée par la pandémie du
Covid-19, l’économie mexi-
caine a retrouvé son tonus au
troisième trimestre avec une
hausse de 12,1 % de son PIB par
rapport au trimestre précé-
dent. Il s’agit là d’une des
meilleures performances
enregistrées au cours des trois
dernières décennies qui
s’explique en grande partie
par la reprise de la demande
américaine. Les Etats-Unis
sont eux aussi en pleine
relance de leur économie. Ce
regain d’activité au Mexique
ne parvient cependant pas à
redresser le PIB dont la
contraction sur un an est de
8,66 % en données brutes. Sur
l’ensemble de l’année, la réces-
sion devrait être de 9,2 %. « Des
signes de ralentissement sont
apparus à la fin du trimestre »,
selon une note publiée en
marge des statistiques.
Moscou prévoit
un déficit
budgétaire
jusqu’en 2023
CONJONCTURE L’Etat russe
prévoit un budget déficitaire
jusqu’en 2023, les finances
russes ayant accusé cette
année le coup de la pandémie
de coronavirus et d’une grave
crise pétrolière, après des
années de consolidation bud-
gétaire et un surplus en 2019.
La Douma russe (chambre
basse du Parlement) a adopté
jeudi un budget 2021-2023
déficitaire les trois années de
respectivement 2.750 mil-
liards de roubles, soit 2,4 % du
PIB (30 milliards d’euros au
taux actuel), 1.250 milliards
(1 % du PIB) et 1.410 milliards
(1,1 % du PIB).
.
En Inde, les
paysans marchent
sur la capitale
MANIFESTATIONS Environ
300.000 agriculteurs venus
de plusieurs Etats de l’Inde,
dont le Pendjab au Nord, ont
marché vers New Delhi afin
de protester contre les nou-
velles lois agricoles qui, selon
eux, vont sévèrement entra-
ver leurs revenus. Au terme
de cette réforme, les produc-
teurs pourront vendre direc-
tement leur production au
prix de leur choix et non plus
les écouler uniquement sur
les marchés d’Etat. La police a
tenté d’empêcher ces mar-
cheurs. Des heurts ont éclaté,
les forces de l’ordre ayant eu
recours aux canons à eau et
aux gaz lacrymogènes.
10 // Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020 Les Echos

idées&débats
Covid-19 : l’Italie, malade de son régionalisme
Olivier Tosseri
@oliviertosseri
En pleine seconde vague de
Covid-19, les Italiens en voient de
toutes les couleurs. Trois pour être
plus précis : jaune, orange, rouge.
Vingt et un paramètres élaborés par
le comité technique et scientifique,
allant de l’indice de contagion à la
capacité des hôpitaux en thérapie
intensive, déterminent la teinte de
chaque région qui s’accompagne de
mesures de plus en plus restrictives.
« Confinement » est un mot tabou
pour le Premier ministre, Giuseppe
Conte, qui estime que cette solution
pour endiguer la pandémie « com-
promettrait irrémédiablement l’ave-
nir économique du pays ». C’est donc
une « approche différenciée selon la
situation épidémiologique de chaque
région » qui a été privilégiée.
L’image de la première vague de
Covid-19 avait été celle d’un prési-
dent du Conseil se présentant seul
sur les écrans de télévision pour
annoncer au cours de discours
solennels à la nation des mesures
acceptées par tous avec abnégation.
Celle de la deuxième vague le repré-
sente en pleine téléconférence avec
les vingt et un présidents de région
qu’il s’évertue à convaincre du bien-
fondé de ses décisions ou qu’il tente
de dissuader de faire cavalier seul.
Le débat sur la concurrence, voire
l’opposition, entre l’Etat central et
les régions est ainsi relancé. Bien
que l’article 5 de la Constitution de
1947 déclare que « la République est
une et indivisible », elle s’engage dans
le même temps à « adapter les prin-
cipes et les méthodes de sa législation
aux exigences de l’autonomie et de la
Sud et par une « privatisation »
croissante des soins au Nord. Le tout
sur fond de cures d’austérité consé-
cutives aux crises économiques
de 2008 et 2012.
La première vague de la pandé-
L’ANALYSE mie de Covid-19 s’est donc abattue
DE LA RÉDACTION sur un système sanitaire exsangue
avec de très fortes disparités régio-
Le Premier ministre, nales. Mais « l’union sacrée dans la
Giuseppe Conte, guerre contre le Coronavirus » ne
peine à convaincre les s’est pas reproduite au cours de sa
deuxième vague. Les présidents de
21 présidents régio- la Lombardie, de la Ligurie et du Pié-
naux d’adopter des mont, pourtant parmi les régions les
plus durement frappées, reprochent
mesures uniformes à Giuseppe Conte de s’être basé sur
pour lutter contre la des données qui n’étaient pas à jour
deuxième vague de pour décréter les zones rouges.
L’exécutif évoque quant à lui des
Covid-19. Un test de retards dans l’envoi par les régions
plus pour la cohésion des chiffres, parfois peu fiables, sur
leur situation épidémiologique ou
du pays. sur le nombre effectif de lits dans les
services de thérapie intensive.
Une cacophonie qui a obligé la
Cour constitutionnelle mais égale-
ment le président de la République,
Sergio Mattarella, à exiger une « col-
laboration loyale entre l’Etat et les
régions pour qu’elles agissent ensem-
ble. Avec des observations qui peuvent
être critiques, mais sans se perdre en
polémiques déplacées ou dans la
recherche illusoire d’avantages parti-
culiers face à un ennemi insidieux qui
D peut tous nous submerger ». Ce sont
en effet les hôpitaux napolitains qui
Les points à retenir sont submergés avec des patients
sous oxygène dans leur voiture
•régionales
Malgré les fortes disparités
du système sanitaire,
faute de lits en nombre suffisant
dans les services de thérapie inten-
le pays a su faire preuve sive. Tout comme ceux en Lombar-
de cohésion nationale lors de die, pourtant présentée comme
la première vague de Covid-19. l’excellence du pays en matière sani-

Hervé Pinel pour « Les Echos »

décentralisation ».
Une décentralisation qui appa-
raît évidente dans un pays où les
identités locales prévalent sur celle
nationale. En 1970, les régions
étaient créées. Elles n’ont depuis
cessé d’étendre leurs prérogatives,
processus qui a culminé en 2001
avec l’adoption du nouveau titre V
de la Constitution. Si l’Etat conser-
vait un domaine de « compétences
exclusives » sur les questions réga-
liennes, il instituait des « compéten-
ces concurrentes » notamment sur
celles liées aux biens culturels, au
transport, à l’instruction, mais aussi
et surtout à la santé. L’autonomie
octroyée s’est souvent traduite par
une gestion opaque et clientéliste au
• Mais, au cours de la deuxième
vague, « l’union sacrée dans la
guerre contre le Coronavirus »
s’est heurtée à la sclérose du
fonctionnement institutionnel
italien.
• La stratégie de Giuseppe Conte,
qui privilégie une approche
différenciée de chaque région,
est contestée : l’exécutif et
certains présidents de région
se rejetant réciproquement
la responsabilité des échecs.
• Une cacophonie qui a obligé
la Cour constitutionnelle et
le président de la République,
Sergio Mattarella, à exiger une
« collaboration loyale entre
l’Etat et les régions ».
taire, et qui concentre la moitié des
victimes. L’Emilie-Romagne et la
Vénétie, qui bénéficient d’une classe
dirigeante locale compétente, ont
en revanche bien mieux affronté la
crise sanitaire. Celle-ci a renforcé
dans la plupart des cas des prési-
dents de région dont la légitimité
provient de leur élection directe de
la part des électeurs. Ce n’est pas le
cas du président du Conseil, qui doit « On constate une véritable confu- locales mais aussi l’introduction darité et de cohésion nationale. »
en outre jouer les médiateurs entre sion dans la gestion de la pandémie d’une clause de suprématie qui per- C’est, sur le papier, le meilleur des
les différents partis composant la qui résulte avant tout d’une confu- mette à l’Etat d’imposer sans entra- remèdes pour affronter toute la
coalition sur laquelle repose le fra-
gile équilibre de son gouvernement.
sion institutionnelle », explique le
constitutionnaliste Francesco Cle-
ves sa gestion en cas d’urgence grave,
ajoute-t-il. La crise a néanmoins eu
série de défis lancés par la pandé-
mie. Mais il se heurte, pour l’ins-
Le pouvoir central et les régions se menti. « Le coronavirus prouve la l’avantage de prouver que, malgré la tant, à la sclérose du fonctionne-
rejettent ainsi réciproquement la nécessité du remplacement du Sénat volonté autonomiste des régions du ment institutionnel italien, que
responsabilité des échecs ou des par une seconde chambre parlemen- Nord et les retards structurels du personne ne souhaite réellement
décisions impopulaires. taire des régions et des autonomies Sud, le pays sait faire preuve de soli- modifier. n

LE
COMMENTAIRE Comment l’Asie accroît son influence
de Mathilde Lemoine
sur l’économie mondiale
A lors que la plupart des pays
de la zone euro sont
englués dans la gestion de
la pandémie de Covid-19, l’Asie
poursuit son intégration régionale
à marche forcée. Le Partenariat
régional économique global, signé
le 15 novembre dernier entre les
membres de l’Association des
nations de l’Asie du Sud-Est (Asean)
et cinq de leurs grands partenaires
que sont la Chine, le Japon, la Corée,
l’Australie et la Nouvelle-Zélande,
est bien plus qu’un accord de libre-
échange. Il va accélérer la régionali-
sation des chaînes de production,
favoriser les échanges de services et
renforcer les infrastructures de
télécommunications. Ce n’est pas
seulement l’instrument de la Chine
pour contrer les États-Unis, mais
celui du développement économi-
que et financier d’une région pour
accroître son influence et sa capa-
cité à imposer ses normes, ses
entreprises, ses valeurs et sa cul-
ture.
Les pays membres de cette asso-
ciation créée en 1967 sont actuelle-
ment Brunei, le Cambodge, l’Indo-
nésie, le Laos, la Malaisie,
Myanmar, les Philippines, Singa-
pour, la Thaïlande et le Vietnam. Ils
ont l’habitude de négocier des
accords de libre-échange avec leurs
voisins afin d’accroître le commerce
entre eux et leur poids dans les
échanges mondiaux. Grâce à cette
stratégie, les exportations asiati-
ques représentent désormais 34 %
des exportations mondiales, contre
26 % en 2003, alors que la part des
exportations de l’Union euro-
péenne a reculé de 38,6 % à 31,6 %
durant la même période. Parallèle-
ment, la guerre commerciale sino-
américaine a accéléré le processus
de régionalisation des chaînes de
valeurs. La chute des exportations
du Japon, de la Corée, de Taïwan et
du Vietnam vers la Chine a été com-
pensée par une hausse des ventes de
ces quatre pays vers les États-Unis.
Ce sont surtout les secteurs des
machines et des équipements élec-
triques qui en ont profité.
Avec ce premier
accord commercial
signé par la Chine et
le Japon ensemble,
les pays asiatiques
confirment
leur détermination
à autonomiser l’Asie.
Le Partenariat régional économi-
que global va encore plus loin en
associant pour la première fois les
deux plus grandes économies asia-
tiques que sont la Chine et le Japon
aux ambitions d’intégration régio-
nale des pays du Sud-Est asiatique.
De plus, il dépasse très largement
l’objectif de réduction des droits de
douane et des restrictions aux
échanges que sont les procédures
administratives et douanières, les
mesures phytosanitaires et les nor-
mes. Le Partenariat incite les pays
signataires à travailler avec des
entreprises vietnamiennes ou japo-
naises plutôt qu’indiennes, améri-
caines ou européennes pour pro-
duire un bien avant son exportation
éventuelle. Le mécanisme des
règles d’origine, qui permet aux
biens et services échangés de béné-
ficier de tous les avantages à faire
partie d’une zone de libre-échange
à condition d’avoir été produits en
partie dans les pays membres, a été
simplifié. Par exemple, un exporta-
teur pourra être agréé au lieu de
chaque bien, ce qui évitera le con-
trôle fastidieux et long des lieux de
production des composants de cha-
que produit. L’objectif consiste à
accélérer le déploiement de chaînes
de production asiatiques. Enfin,
l’accord prévoit également la libéra-
lisation des services, et en particu-
lier des services financiers, le ren-
forcement des infrastructures de
télécoms, le respect des droits de
propriété intellectuelle et l’accrois-
sement des investissements régio-
naux.
Avec ce premier accord commer-
cial signé par la Chine et le Japon
ensemble, les pays asiatiques con-
firment leur détermination à auto-
nomiser l’Asie. Le développement
économique et financier de leur
région est partie intégrante de cette
stratégie, quelle que soit la politique
étrangère du nouveau président
américain.
Mathilde Lemoine est chef
économiste groupe chez Edmond
de Rothschild.
Les Echos Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020
Merci à Big Pharma
Le procès des laboratoires pharmaceutiques, accusés de privilégier
les profits aux exigences de santé publique, perd de sa pertinence
à l’aune de cette crise sanitaire où la coopération mondiale a montré
tout son intérêt.
LA
CHRONIQUE
d’Eric
Le Boucher
M
oins d’un an après l’apparition
du coronavirus, l’industrie
pharmaceutique mondiale
présente 180 candidats-vaccins en labo-
ratoire dont 40 en phase clinique chez
l’homme. Avant la fin de l’année, les pre-
miers seront validés par les autorités de
santé, et les premières doses seront ino-
culées par dizaines de millions. Puis, en
2021, il s’agira de milliards de doses qui
permettront de vacciner en une année
l’ensemble des habitants de la planète.
Cette performance inédite et inouïe,
quand on sait la difficulté des recher-
ches sur ce type de virus, n’aurait jamais
été possible sans la puissance des
grands laboratoires d’abord à chercher,
puis à produire en masse les piqûres
salvatrices.
Un diable très utile
Big Pharma, expression qui regroupe
les grands industriels du secteur (John-
son & Johnson, Roche, Pfizer, Novartis,
Sanofi, Merck & Co…), a été vilipendé
ces dernières années pour « mettre la
santé mondiale en coupe réglée au profit
de la Bourse ». Ce complexe pharmaco-
scientifique exercerait un lobbying
dominant, voire organiserait un com-
plot, pour tenir en main toutes les auto-
rités sanitaires, pour faire les prix, pour
faire les lois. Ce diable capitaliste s’avère
aujourd’hui au contraire très utile.
Ajoutons que ce système mondial a
quand même mis en place un méca-
nisme d’aide, le Covax, doté pour l’heure
de 4,2 milliards de dollars, pour dépis-
ter et distribuer le vaccin gratuitement
dans les pays les plus pauvres sous
l’égide de l’onusienne Organisation
mondiale de la santé (OMS). L’objectif
d’atteindre 38 milliards est encore loin,
certes, mais il est permis de penser que
Les Echos est une publication du
PRINCIPAL ASSOCIÉ UFIPAR (LVMH)
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Ce journal est imprimé sur du papier porteur de l’Ecolabel européen sous le numéro FI/37/002. Eutrophisation : Ptot 0.01kg/tonne de papier Membre de membre ACPM OJD CPPAP : 0421 c 83015. Toute reproduction, même partielle, est interdite sans l’autorisation expresse de l’éditeur (loi du 11 mars 1957)
Ce numéro comporte un 3e cahier de 10 pages « Les Echos Start »
le coronavirus aura réveillé la solidarité
sanitaire mondiale et qu’elle ne se ren-
dormira pas sur le Covid.
Et les prix ? La maladie va sûrement
enrichir les Gros par milliards ! On ima-
gine les flèches toutes prêtes des criti-
ques : le Covid meilleur allié de la
finance, voire son invention… Mais la
flèche ne devrait pas atteindre son but.
Avec plus de quarante vaccins, la
concurrence va vite se créer et, une fois
les premiers mois passés, donner des
Il faut ouvrir les yeux et
constater que le
nationalisme est
dépassé, que le
capitalisme alliant Big
Pharma et start-up a
beaucoup de vertus et
que la coopération
mondiale permet seule
de venir à bout d’un
ennemi tel que ce virus.
armes de négociation aux autorités
gouvernementales de santé. On assis-
tera, comme on l’a vu dans cette crise
pour les banques, à une différenciation
entre les Etats-Unis et l’Europe : les
américaines ont détalé, les européen-
nes sont restées au contact des entrepri-
ses et ont distribué les crédits sous
garantie d’Etat. Les banques avaient
manqué la crise de 2008, cette fois-ci
elles sont en poste et font leur travail.
Les laboratoires pharmaceutiques
européens auront un réflexe du même
type pour limiter les prix des doses et ne
pas faire de profits « indécents ». Astra-
Zeneca (anglo -suédois) parle de
3-4 dollars la dose quand Moderna
(américain) demande 20 dollars. Tout
dépend, dans la détermination du prix,
des sommes reçues d’avance en recher-
che et en précommandes, mais le fossé
est creusé entre le capitalisme améri-
cain conservateur libéral et le capita-
DIRECTEUR DES RÉDACTIONS
Nicolas Barré
DIRECTEUR DES DÉVELOPPEMENTS
ÉDITORIAUX DU PÔLE LES ECHOS
Henri Gibier
DIRECTEURS DÉLÉGUÉS
DE LA RÉDACTION
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RÉDACTEURS EN CHEF
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IDEES & DEBATS // 11
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LA REVUE
DU JOUR
Crise sanitaire :
ce que dit le droit
LE DOSSIER Voici dans
l’abondante production éditoriale
sur l’épidémie et autour de
l’épidémie, une pièce
d’importance. Toutes les branches
du droit sont secouées à coups de
Covid et de confinement. La police
de la salubrité, dispersée entre
diverses autorités, est bousculée.
Le droit du travail doit s’adapter
à une expansion inédite
du télétravail. La protection sociale La Crise sanitaire
est à la manœuvre pour servir Revue de droit sanitaire et social,
des prestations adaptées, et septembre-octobre 2020.
lisme européen, qui a amorcé, sans que à la peine en termes de ressources
cela soit facile, le virage d’un XXIe siècle financières. Plus généralement,
plus « inclusif ». l’Etat s’étend tandis que les libertés
publiques sont mises à l’épreuve
Coopération mondiale par des restrictions inédites sanitaire et social » (RDSS)
La Chine semble, à ce qu’on sait, avoir (du port du masque obligatoire propose rarement des dossiers
mieux géré cette épidémie que les pays aux limitations de déplacement). spéciaux. Raison de plus pour
occidentaux. Ceux-ci devront y réflé- Le tout, selon la professeure se plonger dans cette livraison qui,
chir. Mais la démocratie n’a pas à rougir Diane Roman, met à mal réunissant experts et praticiens
concernant le vaccin. Elle a trouvé rapi- le triptyque contenu dans la devise de qualité, peut faire office de jalon
dement. La puissance de recherche et républicaine. Pour combien doctrinal sur une crise qui dure
de fabrication de Big Parma (en de temps encore ? toujours. Et, plus prosaïquement,
moyenne 20 % des chiffres d’affaires), de mine d’informations
nourrie par la recherche publique, par L’INTÉRÊT La vénérable et d’analyses.
des financements étatiques d’excep- et dynamique « Revue de droit — Julien Damon
tion, par l’innovation des nombreuses
start-up du secteur (comme BioNTech
ou Novavax) et par une très présente et
admirable philanthropie (Bill Gates)
donne à la démocratie un écosystème
qui n’a pas si mal marché. Elle a su se
DANS LA PRESSE
mobiliser dans une coopération mon-
diale de partage des informations (pas ÉTRANGÈRE
comme la Chine), une accélération des
procédures d’agrément et des engage-
ments de tous pour aller vite dans le
bien commun qu’est la santé. Yad Vashem : une nomination contestée en Israël
Avant qu’une autre pandémie nous
frappe, ce qui arrivera, il faudra repas-
ser le film et réviser beaucoup de choses,
notamment les encrassements bureau-
cratiques à tous les niveaux nationaux
•octogénaires
Des dizaines de survivants de la Shoah,
pour les plus jeunes, manifes-
et multinationaux. L’Europe devra met- taient mardi à Jérusalem, brandissant des
tre en place une agence de R&D et de panneaux où l’on pouvait lire « Non à
suivi de production de virus, de type Eitam ». Effi Eitam, général de brigade à la
Barda aux Etats-Unis. L’OMS devra être retraite, est pressenti pour devenir le nou- sité hébraïque de Jérusalem. « Effi Eitam a
repensée pour être opérationnelle dans veau directeur de Yad Vashem, le musée de consacré sa carrière à faire progresser des
les crises. Il s’agit de transformations la Shoah à Jérusalem. Il succéderait à Avner valeurs qui contredisent complètement les
parfois en profondeur. Mais il faut Shalev, à ce poste depuis près de trente ans. objectifs de Yad Vashem. Eitam est un repré-
ouvrir les yeux et constater que le natio- Ce choix, validé par le Premier ministre sentant de l’interprétation la plus extrémiste
nalisme est dépassé, que le capitalisme israélien Benyamin Netanyahu, est très lar- des valeurs judéo-sionistes. Il n’a aucun inté-
alliant Big Pharma et start-up a beau- gement contesté en raison des propos racis- rêt pour les valeurs universelles. Avec Effi
coup de vertus et que la coopération tes tenus contre les Arabes à plusieurs Eitam à la présidence, Yad Vashem, qui se
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
mondiale permet seule de venir à bout reprises par Effi Eitam, lorsqu’il était res- définit comme “Centre mondial de mémoire
d’un tel ennemi. Il faut garder à l’esprit ponsable du Parti national religieux. de l’Holocauste”, se transformerait en une
que l’organisation actuelle du monde, Nombre de pétitions signées par des cen- plateforme de promotion d’une version
abhorrée par les catastrophistes, est taines de personnes et de tribunes sont exclusivement particulariste, nationaliste et
arrivée, pour la première fois dans l’His- publiées depuis un mois dans la presse ethnocentriste des leçons de la Shoah. […] Il
toire, à mettre au premier rang la pré- israélienne. L’une des dernières, parue dans est encore temps de reconsidérer cette idée
servation de la vie humaine. le quotidien « Haaretz », est signée par Shi- dangereuse », expliquent les deux auteurs.
mon Stein, ambassadeur d’Israël en Alle- La nomination ne sera effective que si elle
Eric Le Boucher magne (2000-2007) et Moshe Zimmerman, est votée en Conseil des ministres.
est éditorialiste aux « Echos ». historien et professeur émérite à l’univer- — Catherine Dupeyron (à Jérusalem)
Elsa Conesa (Finance et Marchés) DIRECTEUR DE CRÉATION LES ECHOS WEEK-END ÉDITRICE PUBLICITÉ
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12 // IDEES & DEBATS Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020 Les Echos

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chaque premier jeudi
du mois avec « Les Echos »

LE POINT
DE VUE Covid : faudra-t-il Eloge de l’insouciance
de Adrien Abécassis
et Chloé Morin vacciner les Pères Noël ? Pourtant, une très vaste part de l’huma-
nité n’y a pas droit : un très grand nombre
LA

F
aut-il vacciner les Pères Noël
contre la Covid-19 ? Les autorités
de santé américaines se sont
sérieusement posé la question. Même
s’ils ne sont pas parmi les personnes les
mettre fin plus rapidement aux souf-
frances sociales et à aux destructions
d’emploi, prioriser les actifs plutôt que
les plus âgés se justifie aussi. Quitte à
envisager de prolonger un peu la situa-
rités ? Les personnels de la SNCF et de la
RATP ? Comment gérer les catégories
professionnelles qui s’estimeront insuf-
fisamment priorisées ? Faut-il différen-
cier les régions selon la circulation du
d’enfants sont privés de ce droit vital ; beau-
CHRONIQUE coup de jeunes adultes font leurs études
sans avoir les moyens de payer leur loge-
de Jacques Attali ment et leur nourriture ; beaucoup d’adultes
sont pris dans l’angoisse par la guerre, le ter-
rorisme, l’insécurité, les désastres climati-

plus à risques, accélérer la reprise de
leur activité dans les supermarchés
serait bon à la fois pour l’économie et
pour le moral des enfants – et donc pour
celui des parents.
Le plan a toutefois été abandonné.
Mais cette anecdote n’est pas si anodine.
Alors que les premiers vaccins démon-
trent leur efficacité, le gouvernement se
trouve confronté à la nécessité de décli-
ner une stratégie vaccinale qui, tout
comme la gestion du déconfinement,
demandera des arbitrages entre diffé-
rentes contraintes et priorités politi-
ques. Et qui pourrait, de même, poser
des problèmes d’acceptabilité sociale :
qui ? quand ? comment ? au nom de
quels principes ?
Deux paramètres occupent le débat
public aujourd’hui : la propension des
citoyens à vouloir se faire vacciner
– paramètre important dans un pays où
la défiance vaccinale est particulière-
ment marquée – et la capacité logistique
à déployer le vaccin sur le territoire et à
atteindre les publics prioritaires. Mais
d’autres questions aussi lourdes se pose-
ront, dont une que l’on croit, à tort, d’ores
et déjà résolue : qui vacciner en priorité ?
Le gouvernement semble s’orienter
avec la seule logique médicale indi-
quant de prioriser « les publics fragiles »
(et les soignants). Mais l’arbitrage entre
santé et économie, qui se trouve au
cœur de nos difficultés depuis l’été, ne
manquera pas de se poser ici aussi. Cer-
tains considéreront que, afin de permet-
tre un redémarrage de l’économie et
LE POINT
DE VUE
d’Olivier Mariotte,
Vincent Olivier,
Benoît Péricard,
et Guy Vallancien
tion actuelle de semi-confinement et de
gestes barrières concernant les plus
âgés, en attendant une disponibilité
plus large du vaccin.
Mais même si un tel cas de figure était
envisagé, comment définir les person-
nes prioritaires à l’économie ? Celles tra-
vaillant dans les secteurs générant le
plus d’activité ou bien dans les secteurs
risquant les dégâts les plus irréversi-
bles ? Faut-il à l’inverse privilégier une
Faudra-t-il vacciner en
priorité les personnes
fragiles ou les actifs,
indispensable au
rebond économique ?
Les établissements
souffrent d’une surdose
de réformes
contraignantes.
approche plus directement sociale :
prioriser non des secteurs d’activité
mais les personnes aux revenus les plus
faibles ou souffrant de la plus grande
précarité, renforcée par la pandémie
(ceux qui n’ont pas de CDI ou qui ne peu-
vent pas bénéficier de chômage partiel
par exemple), pour leur permettre de
retrouver plus vite le marché du travail ?
Quid des fonctionnaires dans ce cas ?
Où sont les profs dans cette liste de prio-
Les deux freins à la
réforme hospitalière
virus (privilégier la vaccination des plus
à risques dans les zones les plus tou-
chées et des actifs dans les zones moins
touchées) ?
L’élaboration d’un plan de vaccina-
tion implique, au-delà de la dimension
scientifique, des choix fondamentale-
ment politiques. On ne saurait trop
insister sur la nécessité de décliner, bien
avant que les vaccins soient effective-
ment disponibles, une stratégie claire
dont les principes et objectifs puissent
être connus en toute transparence,
débattus, et éventuellement partagés
par le plus grand nombre.
Car que nous ont enseigné les six der-
niers mois ? Que l’acceptation se
construit avec le temps et le dialogue, et
que des mesures édictées dans
l’urgence, même légitimes, soulèvent
souvent incompréhension et refus. Or,
compte tenu de l’état de tension dans
lequel se trouve la société française et de
la défiance qu’elle manifeste déjà à
l’égard des pouvoirs publics, il serait
dangereux de compter sur une accepta-
tion spontanée. Les conséquences d’une
stratégie mal comprise et mal acceptée
pourraient, cette fois-ci, s’avérer coûteu-
ses autant sur le plan sanitaire que sur le
plan politique.
Adrien Abécassis est directeur
recherche et développement du Paris
Peace Forum.
Chloé Morin est cofondatrice
de Societing, expert auprès
de la Fondation Jean-Jaurès.
R
ien ne nous manque plus à tous, en
2020, que l’insouciance. Qui même,
aujourd’hui, se souvient du sens de
ce mot autrefois si banal, sinon comme un
lointain souvenir ? Etymologiquement,
l’insouciance, c’est l’absence de soucis ou au
moins le privilège de pouvoir, pendant un
moment, les laisser de côté. Aujourd’hui, la
pandémie l’a fait disparaître. Partout. Sauf
pour les plus favorisés des humains, qui
peuvent se croire, grâce à leurs moyens
financiers, assez à l’abri de l’épidémie et de
tout autre malheur pour conserver leur
droit à l’insouciance.
Faut-il en souhaiter le retour pour tous ?
Certes, l’insouciance est catastrophique
si elle est un refus de penser à l’avenir, une
préférence absolue pour le présent, une
négation de nos devoirs à l’égard des généra-
tions futures. Mais si elle est épisodique,
passagère, maîtrisée, elle est essentielle à la
vie. A toute vie.
Elle est d’abord fondamentale pour tous
les enfants, pour se former, se structurer ; ils
devraient tous y avoir droit, en permanence,
pendant de longues années ; elle est même
une des dimensions fondamentales du
« droit à l’enfance », qui me semble un con-
cept plus juste et plus utile que celui des
« droits de l’enfant ». Et qu’on ne me dise pas
que la confrontation précoce à l’adversité
est une condition nécessaire de la rési-
lience ; je n’y crois pas : elle en est peut-être
une condition suffisante. Mais pas néces-
saire.
Elle est ensuite fondamentale aussi pour
les jeunes adultes, qui doivent pouvoir, sans
être rongés de soucis, faire des études, se dis-
traire, voyager, aimer, préparer leur avenir.
Elle est aussi fondamentale pour tous, à
quelque âge que ce soit ; chacun devrait pou-
voir, de temps en temps, jouir du moment
qui passe ; pour ne pas sombrer dans
l’angoisse, la dépression et l’ensemble des
maladies qui vont avec ; elle est ainsi, d’une
certaine façon, pour chaque être humain,
une question de vie ou de mort.
Droit vital
ques, la faim, la maladie, le chômage ou plus
simplement l’incertitude des fins de mois.
Il faut alors tout faire, à tous les niveaux de
la société, pour la rendre possible.
C’est d’abord le rôle des pouvoirs publics
que de créer une société érigeant le droit à
l’insouciance comme une des dimensions
des droits collectifs et, pour cela, d’en établir
les bases nécessaires : la démocratie, la sécu-
rité, un système de santé et d’éducation juste
et efficace, la protection des plus fragiles et
des chômeurs, un logement pour tous.
C’est ensuite le rôle des parents que de
fournir à leurs enfants les moyens person-
nels de l’insouciance ; c’est particulièrement
difficile quand l’Etat faillit à ses devoirs ou
Quand cette pandémie
se sera éloignée (et elle
s’éloignera), ce sera
le moment de se souvenir
de la valeur rare de bien
des choses.
quand le réel est terriblement envahissant ;
en particulier, aujourd’hui, pour tous les
enfants du monde qui ont du mal à com-
prendre la nécessité, imposée par une terri-
ble pandémie, de porter un masque et de
garder des distances. Et pire encore dans les
situations de guerre et de famine : on se sou-
vient de l’exemple extrême, donné par
Roberto Benigni, d’une insouciance simu-
lée dans son film « La vita è bella ».
C’est aussi le rôle de chacun que d’aider à
propager l’insouciance autour de soi ; en
étant gai, en s’émerveillant devant les choses
de la vie, en s’éloignant autant qu’il est possi-
ble de ceux qui irradient du stress, en maîtri-
sant sa propre tristesse, sa propre colère, ses
propres soucis : la pudeur de soi est une des
conditions de l’insouciance des autres.
Quand cette pandémie se sera éloignée (et
elle s’éloignera), ce sera le moment de se sou-
venir de la valeur rare de bien des choses
qu’on prenait pour acquises dans le monde
d’avant et dont la pandémie nous aura fait
prendre conscience de la fragilité. Dont

E
n plein nouveau pic de pandé-
mie, les Français seraient surpris
d’apprendre que les capacités en
réanimation, érigées comme le mar-
queur absolu de la résilience de notre
système de santé, sont très largement
dépendantes de l’usage qu’en font les
médecins.
Deux enseignements intéressants ont
été tirés de l’expérience de la première
vague de l’infection au Covid-19. Le pre-
mier concerne l’utilisation des techni-
ques d’assistance respiratoire : l’évolu-
tion vers un recours à des process moins
complexes et invasifs donne des résul-
tats plus favorables. Le second concerne
la formation des professionnels : cela a
permis la mise en place rapide de tech-
niques de délivrance des autres soins de
réanimation et de prise en charge plus
légère des malades infectés.
S’appuyant sur ces constats prati-
ques, des médecins et des responsables
hospitaliers ont proposé de nouvelles
réponses en organisant des soins hors
des critères contraignants de réanima-
tion « normée » : mise en place d’unités
de réanimation éphémères, mobilisa-
tion de l’hospitalisation à domicile pour
certains soins et, enfin, transferts de
compétences en confiant l’exercice de
certains gestes médicaux à des infirmiè-
res et des gestes infirmiers à des aides-
soignants.
Ces propositions, issues de l’expé-
rience du terrain, ont naturellement
vocation à mieux répondre aux besoins
des patients dans une situation excep-
tionnelle. Mais elles pourraient d’autant
plus servir au quotidien une fois la pan-
démie disparue. Or, elles n’ont quasi-
ment aucune chance d’aboutir du fait
d’une symbiose entre corporatisme et
sécrétions de normes. Les syndicats
professionnels s’opposent avec vigueur
à tout ce qu’ils considèrent comme un
usage « dégradé » de leurs compétences
et un dévoiement des normes.
Ce système normatif convient parfai-
tement à l’administration française. Y
compris à l’hôpital, où on finit par soi-
gner l’évitement du procès. Démission
terrifiante de la médecine, qui devrait,
au contraire, être en permanence une
En temps de guerre,
la norme, cet
empêcheur d’agir
au nom de principes
de précaution, doit être
levée, ce que savent très
bien faire les militaires
dans l’incertitude
des combats.
prise de risque au service des malades !
A ne respecter que des normes – dont
on se demande bien quelle est leur
valeur ajoutée par rapport à l’expé-
rience vécue – on pourrait aussi se pas-
ser d’intervention humaine et confier le
travail à des robots qui feront très bien
ce pour quoi on les a programmés (la
norme). Ce serait la décadence de la
médecine et de sa capacité d’adaptation
à chaque cas particulier qui ne rentre
pas toujours, tant s’en faut, dans ces
normes.
Dans un autre domaine, l’attitude du
pilote d’Airbus qui a fait amerrir son
avion sur la rivière Hudson, sauvant
150 passagers au mépris de toutes les
recommandations des autorités et de la
tour de contrôle, en dit long sur le car-
can stérilisant des normes quand elles
sont poussées à l’extrême pour ne servir
qu’à protéger une corporation. En
temps de guerre, la norme, cet empê-
cheur d’agir au nom de principes de pré-
caution, doit être levée, ce que savent
très bien faire les militaires dans l’incer-
titude des combats.
Ces blocages rejoignent la longue liste
des évolutions impossibles et pourtant
indispensables. Une fois qu’un niveau de
compétence ou de moyens mis en
œuvre est atteint, il n’est plus question
de revenir en arrière, même quand l’évi-
dence médicale, scientifique ou organi-
sationnelle en démontre la nécessité.
Voilà pourquoi le système des urgences
est bloqué.
A ces évolutions figées correspon-
dent des rentes de situation coûteuses…
Mais il est tellement plus facile d’invo-
quer le « manque de moyens », l’« aveu-
glement des gestionnaires » ou la « pau-
périsation de l’hôpital » ! Le soutien aux
soignants, plus que jamais nécessaire,
ne pourra pas faire l’impasse d’une mise
à plat, lucide et sans a priori, des statuts,
des normes, des compétences et des
règles de tarification.
Vincent Olivier est président
de Recto Verso.
Olivier Mariotte est médecin,
élu local et chef d’entreprise.
Benoît Péricard est président
d’une association médicosociale,
ancien directeur général de CHU.
Guy Vallancien est membre
de l’Académie de médecine.
Elle est enfin une condition nécessaire pour l’insouciance. Et d’en jouir pleinement. Sans
accéder pleinement aux œuvres d’art : com- oublier qu’elle ne peut exister que si nous
ment en effet profiter pleinement d’un livre, savons être vigilants, aux aguets, pour la pro-
d’un concert, d’une représentation théâ- téger et en transmettre les conditions aux
trale, d’une exposition si, par ailleurs, on est générations futures, avec le sourire : la pré-
rongé par des soucis ? paration de l’avenir n’exige pas la tristesse. n
L'ACTUALITÉ
DES THINK TANKS
Mieux saisir et combattre la pauvreté
L’IDÉE
Authentique petit think tank de sa matière, L’Observatoire des inégalités
produit son deuxième rapport sur la pauvreté en France. Réunissant
les données issues de diverses sources, mais principalement Insee,
et les analyses de ses experts, ce document permet un panorama
de la situation et des questions. A la différence de nombre de publications,
celle-ci est à la fois claire, car à visée didactique, et globalement dégagée
de préférences trop militantes. On notera aussi des propositions originales,
comme celle d’un revenu minimum unique (RMU) qui, se distinguant
du projet jugé utopique de revenu universel, assurerait la simplification
radicale du système déjà en place. Et, avec un montant mensuel de 900 euros,
l’élimination des formes élevées de la pauvreté monétaire.
L’INTÉRÊT
Le propos mérite largement la consultation.
Les clarifications méthodologiques, les options neuves,
et le décorticage de nombre de dimensions de la pauvreté (conditions de vie,
fracture numérique, différenciations locales, etc.), font la substance
d’un document qui, sur son thème, peut absolument faire référence.
— Julien Damon
www.inegalites.fr
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Le ressentiment est devenu le moteur de bien des mouvements issus
de la société civile. Jusqu’à devenir parfois un « délire victimaire »,
aggravé par les réseaux sociaux, l’individualisme ou encore une vision
biaisée du principe d’égalité. La philosophe Cynthia Fleury revient
sur ces passions tristes et les moyens d’en sortir collectivement.
Pour sortir des ravages
de la victimisation
LIVRES
Par Marie Bellan
Q
ui n’a pas goûté l’amertume ne
sait pas apprécier les dou-
ceurs. » Ce proverbe dit bien
l’ambivalence de nos sentiments : on ne
profite pleinement du bonheur que
parce qu’on a vécu une souffrance au
préalable. Mais cette capacité à sortir de
l’amertume, de la douleur, du statut de
victime est de moins en moins bien par-
tagée dans nos sociétés contemporai-
nes. Le fait d’être une victime, par sa
naissance, ses origines, son orientation
sexuelle ou encore son histoire person-
nelle tend à supplanter toutes les autres
formes d’identité possibles chez l’indi-
vidu. C’est le constat que fait la philoso-
phe et psychanalyste Cynthia Fleury
dans son dernier ouvrage joliment inti-
tulé « Ci-gît l’amer ». C’est en clinicienne
que Cynthia Fleury parle, pour avoir
suivi en analyse bon nombre de person-
nes sujettes à cette maladie du ressenti-
ment perpétuel. Mais c’est aussi pour en
tirer des leçons sur le devenir de la
démocratie, comme elle l’a fait dans ses
ouvrages précédents, notamment « Les
Pathologies de la démocratie ».
Rumination incessante
« Ce délire victimaire », comme le
nomme Cynthia Fleury est autocentré
et, surtout, il s’autoalimente. Rien ne
semble pouvoir venir le réparer ou
combler le manque : « Tout fait boome-
rang pour raviver le ressentiment », écrit
la philosophe. Cette maladie, qu’elle soit
individuelle ou collective, est une mala-
die du discernement. La faculté de juger
se met au service du maintien du res-
sentiment et non à celui de sa décons-
truction. Une attitude symptomatique
du complotisme, qui, même si le terme
n’est que très peu utilisé dans l’ouvrage,
ESSAI
Ci-gît l’amer
Guérir du
ressentiment
Cynthia Fleury,
Gallimard, coll.
« Blanche »,
octobre 2020
répond au même schéma mental que
celui décortiqué ici par Cynthia Fleury.
La lecture de l’ouvrage n’en est que plus
précieuse car elle nous parle d’une des
pires servitudes qui minent la société
contemporaine : la soumission à la
rumination incessante, celle que
Nietzsche avait baptisée la « morale des
esclaves ».
Saturation d’information
Cette incapacité à faire la part des cho-
ses est facilitée par la saturation d’infor-
mations à laquelle nous sommes tous
soumis. Comme cause de cette « rumi-
nation », l’ouvrage invoque aussi l’indi-
vidualisme grandissant qui nous dicte
que « c’est toujours la faute des autres et
jamais la sienne ». Mais les réseaux
sociaux ou l’individualisme ne sont pas
les seuls responsables de cette « victi-
misation » de la société. De façon plus
préoccupante, la démocratie est par
essence, explique Cynthia Fleury, un
régime provoquant du ressentiment
« précisément parce que la notion égali-
taire y est un enjeu structurel ». La démo-
cratie nous dit que nous avons droit à
l’égalité, et « ce droit à », s’il ne tient pas
ses promesses, nourrit la frustration.
L’égalitarisme serait ainsi devenu le pire
ennemi de la citoyenneté. Cette critique
de l’égalitarisme est ancienne – Tocque-
ville en parlait déjà dans « De la démo-
cratie en Amérique » –, mais elle
reprend de la vigueur aujourd’hui
parce que les inégalités, qui sur le temps
long ont tendance à diminuer, sont
davantage visibles. Et la crise économi-
que, dont nous ne sommes qu’aux pré-
mices, va encore aggraver ces inégalités
très concrètes qui viennent s’entrecho-
quer avec la promesse d’un droit formel
à l’égalité.
Savoir admirer
Il ne s’agit pas pour Cynthia Fleury de
renoncer à ce principe, dont la France a
fait une partie de sa devise, mais de sor-
tir de la « perversion égalitaire » qui
désire l’affaiblissement des autres pour
avoir un sentiment d’égalité.
Le propos de l’ouvrage n’est donc pas
de nier les discriminations, les injusti-
ces ou encore les inégalités. Mais,
comme l’écrit très justement l’auteur :
« C’est une chose de se définir temporaire-
ment comme victime, de se reconnaître
un instant comme telle, c’en est une autre
de consolider une identité exclusivement
à partir de ce’’fait’’. »
Alors comment sortir de ce ressenti-
ment, de cette « passion mortifère pour
l’égalité » ? Comment passer le cap de ce
moment où l’on fut victime pour deve-
nir acteur ? D’abord peut-être en ces-
sant de se comparer et de vérifier cons-
tamment qu’on est meilleur ou au
contraire inférieur aux autres. Sortir de
cette « rivalité mimétique », selon les
mots de René Girard, qui empêche les
singularités de coexister. « Si quelque
chose est donné à l’un, c’est que forcément
cela lui est ôté, à lui, qu’il est victime de cet
ordre-là. Il ne peut admirer autrui. Il peut
seulement jalouser ou envier », écrit Cyn-
thia Fleury. Le voilà, en contrepoint, ce
remède si difficile à trouver : savoir
admirer, « savoir reconnaître la valeur
des autres ». Et apprécier cette singula-
rité, cette individualisation des citoyens
qui rend possible le vivre-ensemble et la
« désirabilité de l’Etat de droit ». n
LIVRES
Par Laurance N'Kaoua
Pourquoi la guerre au
Yémen est aussi la nôtre
Elle n’a rien perdu de son ardeur. Cette fois
encore, Jeannette Bougrab se dresse, d’un
trait de plume, contre l’obscurantisme,
désormais à l’œuvre dans les désordres du
monde. Courageuse, d’une écriture acérée
et émouvante, l’ancienne secrétaire d’Etat
de Nicolas Sarkozy raconte les ravages, au
Yémen, d’un conflit oublié. Elle dénonce
une bataille par procuration, à coups de
frappes aériennes, entre l’Iran et l’Arabie
saoudite, dans un pays morcelé, déchiré,
tandis que l’Occident détourne le regard,
silencieux, parfois complice. Et Jeannette
Bougrab de démontrer, implacablement,
combien ce désastre humanitaire, pourtant
lointain, ébranle, insidieusement, les
valeurs de la République. A travers les
méandres de l’histoire, l’avocate retrace les
calculs de Riyad, notre allié, pour ancrer sa
puissance sur l’échiquier international.
Sous le joug du prince Mohammed ben Sal-
mane, ce royaume, sans racines, abîme jus-
qu’à le dissoudre le berceau de l’humanité
pour asseoir son pouvoir : « Le jeune prince
joue à la guerre. Les Yéménites en meurent. »
Ce sont 19.278 frappes – un déluge de bom-
bes – de l’Arabie saoudite et de ses alliés qui
ont semé la désolation entre 2015 et 2019. La
France aurait, pourtant, montre-t-elle, son
mot à dire...Extraits
LE SILENCE « Ainsi va le Yémen occupé, où
les cadavres s’empilent sur les ruines, et où les
ruines recouvrent les cadavres. De temps à
autre, un photographe, un journaliste réussit
à briser le mur du silence... Si les millions de
Yéménites qui fuient les combats venaient en
Europe, sans doute nous intéresserions-nous
davantage à ce drame. Mais voilà, les Yéméni-
tes meurent chez eux […] Les purges ont lancé
l’alerte. La mort du journaliste Jamal Khas-
hoggi sonne l’alarme. Pourtant, un simple
examen de l’actualité depuis 2015 aurait suffi
à constater l’abîme toujours plus profond, au
Livres en bref
Aux sources du décrochage français
•tion,
Désindustrialisa-
chômage de
masse, explosion des
déficits, prélève-
ments à la limite de
l’intolérable : depuis
des années, la France
semble s’enfoncer
dans un champ de
contraintes qui
pèsent lourdement sur la compétitivité de
son appareil productif. Mais depuis quand
exactement ? A quel moment cette spirale
mortifère que l’on n’arrive plus à enrayer
s’est-elle enclenchée ? Très exactement pen-
dant la décennie 1974-1984 écrivent Michel
Hau et Félix Torrès dans leur ouvrage. De
De quoi est faite la trame de l’univers ?
•trous
Spécialiste des
noirs, mais
aussi de la forme glo-
bale de l’Univers,
l’astrophysicien et
cosmologiste Jean-
Pierre Luminet est un
vulgarisateur de
talent, se partageant
entre fresques roma-
nesques (sa série des « Bâtisseurs du ciel », ),
la poésie et l’art (son anthologie « Les Poètes
et l’Univers ») et les essais scientifiques plus
ardus. Malgré son titre poétique, « L’Ecume
de l’espace-temps » entre dans cette dernière
catégorie. L’auteur y offre un panorama
exhaustif des diverses tentatives d’unifica-
IDEES & DEBATS // 13
focus
ESSAI
Un silence
de mort
de Jeannette
Bougrab,
Editions du Cerf,
238 pages,
20 euros.
royaume saoudien, entre les mirages de
l’image et la réalité des faits. »
LA LOGIQUE « La catastrophe qui frappe le
Yémen est double, elle est humanitaire et
patrimoniale […] On n’abaisse jamais autant
un peuple qu’en abolissant son histoire. Trois
mille ans d’une civilisation qui nous relie aux
origines sont ainsi en train de voler en éclats
sous les bombes larguées par les avions saou-
diens […] Cette volonté de destruction ne se
réduit pas à la démolition physique de sites
anciens, elle contribue à progressivement
effacer une mémoire collective, ferment d’une
identité commune. Là est la vraie cible des
Saoudiens […] c’est une constante des islamis-
mes de toute sorte que de vouloir éradiquer
l’humanité historique, à commencer par son
expression musulmane. Il n’y va, en aucun
cas, d’un vandalisme irrationnel mais d’une
logique politico-religieuse... »
LES ARMES « Il n’y a pas lieu de céder à un
illusoire angélisme – je n’en ai jamais été par-
tisane, étant convaincue que la tentation de la
pureté sert de masque à la sacralisation de la
violence […] Mais sur 2017 […] Paris livre à
Riyad pour 1,381 milliard d’équipement mili-
taire. En quelques exercices de ce singulier
commerce, le royaume wahhabite est devenu
le deuxième client de la République fran-
çaise. » n
Le virage man- tous les pays, la
qué. 1974-1984 : France est l’un de
ces dix années ceux qui se sont le
où la France plus mal adaptés au
a décroché bouleversement
de Michel Hau et induit par le premier
Félix Torrès, éditions cho c pétrolier en
Manitoba,376 pages, 1973. Illusion que
23,90 euros. l’Etat peut tout résou-
dre, manque de spé-
cialisation de notre industrie, sous-estima-
tion de la concurrence asiatique sur la
production de moyenne gamme, réponse
simpliste – celle de la dépense publique – à
des problèmes complexes : autant de fac-
teurs qui, sur la durée, expliquent ce que l’on
a nommé le «décrochage français». —D. F.
tion de la théorie de la
relativité générale et
L’Ecume de de la mécanique
l’espace-temps quantique : si la théo-
de Jean-Pierre rie des cordes est la
Luminet, plus connue, et la gra-
Odile Jacob, vité quantique à bou-
23,90 euros, cles son principal
348 pages. challenger, l’auteur
entraîne aussi le lec-
teur sur d’autres pistes moins fréquentées
mais selon lui tout aussi intéressantes. Les
amateurs éclairés n’en perdront pas une
miette. Les autres se consoleront avec la
phrase de Groucho Marx : « Un enfant de
5 ans comprendrait ça. Allez me chercher un
enfant de 5 ans ! » —Yann Verdo
14 //
le grand entretien
« Il faut multiplier les fronts
contre les Gafa »
Propos recueillis par
David Barroux
@DavidBarroux
E
n 2014, la capitalisation boursière
cumulée des quatre Gafa était infé-
rieure à la valorisation globale du
CAC 40. Aujourd’hui, Apple, à lui tout seul,
vaut plus que toutes les entreprises du
CAC 40. Les Gafa sont devenus gigantes-
ques et incontournables, mais l’Europe
peut s’armer et contre-attaquer.
L’entrepreneur et l’observateur que
vous êtes est-il inquiet aujourd’hui ?
Forcément un peu. On croyait au cours de
l’été que la crise sanitaire avait une chance de
passer. Qu’une reprise pouvait se dessiner.
Et, aujourd’hui, on constate que, finalement,
une fois de plus, les plus prudents ou les plus
pessimistes comme les Gafa avaient raison.
Eux avaient senti les signaux faibles, et ce
n’est pas un hasard si, dès mars ou avril, ils
ont dit que toutes leurs équipes resteraient
en télétravail au moins jusqu’à l’été 2021. Ce
qui m’inquiète enfin, c’est que notre généra-
tion, qui a un devoir de responsabilité vis-à-
vis des jeunes, se retrouve quelque peu
démunie. On se demandait si on arriverait à
s’adapter et intégrer dans nos entreprises les
Greta Thunberg de ce monde, et aujourd’hui
on en est à se demander si on peut simple-
ment trouver des stages aux plus jeunes étu-
diants.
Tout ne va pas si mal, et on peut quand
même faire confiance à la France ?
J’ai décidé d’entreprendre en France, et je ne
regrette pas mon choix, mais il faut aussi
être lucide. Regardons la vérité en face. Au
pays de la traction avant, de l’avion à réac-
tion, du TGV, du GSM et même du Minitel,
quand avons-nous réellement innové pour
la dernière fois ? Sur quels sujets mobili-
sons-nous nos énergies ? Combien de
temps ont passé des gens importants dans
les banques, les grandes entreprises ou les
ministères pour se positionner sur un dos-
sier comme celui du rachat de Suez par Veo-
lia ? Ce n’est pas en fusionnant des groupes,
certes respectables, mais de l’ancien
monde, que l’on développe un capitalisme
inspirant. Dans le même temps, l’Amérique
innove, et nous nous décrochons.
Ce décrochage vous inquiète ?
Il faut regarder les chiffres. En 2014, la capi-
talisation boursière cumulée des quatre
Gafa était inférieure à la valorisation globale
du CAC 40. Aujourd’hui, Apple, à lui tout
seul, vaut plus que toutes les entreprises du
CAC40. L’Europe reste la première zone éco-
nomique du monde, mais nous n’avons que
deux entreprises dans le top 50 des entrepri-
ses de la tech, SAP et Spotify. Toutes les
autres sont américaines ou chinoises.
En quoi cela est-il un véritable
problème ?
Nous sommes désormais dans une situation
de dépendance. Aurait-on pu imaginer que
Jacques Chirac descende les Champs-Ely-
sées en Cadillac ? Aujourd’hui, quand on
lance une appli comme Stop Covid, on a tou-
tes les peines du monde à se passer d’Apple
ou de Google. Quand on veut, avec le Health
Data Hub, exploiter nos datas de santé, on a
du mal à ne pas passer par le cloud de Micro-
soft. Il faut être lucide et accepter de parler de
déchéance.
Sommes-nous condamnés ?
Il y a toujours un revers à la médaille et nous
avons peut-être une chance dans notre mal-
heur. La puissance des Gafa reste et va
demeurer considérable, mais rien ne dit
qu’ils vont pouvoir continuer d’être au cœur
du processus d’innovation. Déjà parce qu’il
ne faut pas surestimer la force de leur inno-
vation. Si Google et Facebook sont si puis-
sants aujourd’hui, c’est aussi, et peut-être
même surtout, parce qu’ils ont su utiliser
leur cash et la force de leur cours de Bourse
pour procéder à des acquisitions judicieu-
ses. Google doit beaucoup à DoubleClick ou
à Youtube. Et sans Instagram ou WhatsApp,
Facebook serait peut-être déjà le nouveau
MySpace. C’est pour cela qu’avant d’envisa-
ger de découper ou de démanteler les Gafa,
la priorité doit être de leur interdire de pro-
céder à de nouvelles acquisitions. Ils ne peu-
vent pas externaliser à ce point leur R & D et
couper l’herbe sous les pieds de la moindre
concurrence émergente. Les Gafa ne peu-
vent plus être les premiers acheteurs de
start-up au monde.
Mais même sans acquisition,
ils peuvent encore innover ?
STÉPHANE DISTINGUIN
Fondateur et président de Fabernovel
Bien sûr, mais ils sont aussi devenus si gros,
si puissants, si complexes, qu’ils ont aussi
leurs propres sujets internes à traiter. Quand
Facebook décide d’intégrer ou de rendre
interopérables les messageries de Face-
book, Instagram et Whatsapp, ils se prépa-
rent à affronter un chantier informatique
considérable. Cela s’avérera peut-être très
pertinent à terme, surtout si les régulateurs
cherchent un jour à découper un groupe
dont les services seront devenus indétricota-
bles, mais, à court terme, cela va surtout
mobiliser des armées d’ingénieurs qui ne
seront pas concentrés sur d’autres sujets.
Cela va créer des espaces. A la concurrence
de chercher à s’y engouffrer.
« Pour bien réguler,
il faut une connaissance
technologique
et technique pointue. »
« La Chine a su établir
un rapport de forces.
L’Europe aussi doit
se montrer puissante
et déterminée. »
Est-il temps de mieux réguler les Gafa ?
Bien sûr. Il faut multiplier les fronts et arrêter
de croire que l’histoire technologique est
figée, et que notre cause est perdue. Il faut
être conscient de tout ce qu’on leur doit. Il ne
faut pas juste les diaboliser ou partir en
guerre contre eux. Mais il faut leur faire
reconnaître leurs torts et agir. Sur la fiscalité,
la haine en ligne, les problèmes de copyright,
ils ont une part de responsabilité énorme. Ils
le savent, et ils profitent de nos divisions, de
la difficulté à réguler ou à écrire un nouveau
cadre légal. On ne doit pas les détruire, mais
juste les forcer à s’asseoir autour de la table
pour discuter, en refusant qu’ils s’exonèrent
de la pression fiscale ou qu’ils ne mettent pas
de vrais moyens en œuvre pour lutter contre
la propagation de fausses nouvelles.
Faut-il découper un Google,
par exemple ?
Peut-être. Ou il faut au moins trouver un
moyen d’éviter qu’ils abusent de leur posi-
Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020 Les Echos
Benjamin Boccas
tion dominante dans le « search ». De toutes
les façons, quand Google s’est réorganisé
pour devenir Alphabet, c’est qu’ils s’y prépa-
raient. Notre problème, à l’échelle euro-
péenne, c’est que nous avons progressé sur
notre compétence économique en matière
de régulation, mais nous ne sommes sans
doute pas assez bien armés sur le terrain des
compétences technologiques. Pour bien
réguler, il faut une connaissance technologi-
que et technique pointue.
Le conflit technologique entre
les Etats-Unis et la Chine est-il inquiétant
pour nous ?
Les conflits sont toujours inquiétants, mais
ils sont aussi une source d’opportunités.
Quand, il y a dix ans, la Chine a poussé hors
de son marché Google et Facebook, cela a
contribué à stimuler l’innovation locale et a
donné de l’espace et du temps pour faire
grandir des alternatives locales. Quand on
ralentit la concurrence, on contribue à redis-
tribuer les cartes. Si la Chine a aujourd’hui
TikTok, WeChat et d’autres services qui ont
conquis leur marché intérieur et qui s’expor-
tent, c’est aussi le résultat d’une forme de bal-
kanisation du monde. L’Europe devrait
peut-être en tirer des conclusions. C’est aussi
en cherchant à faire appliquer nos règles
que nous pouvons laisser la chance à des
acteurs européens du digital d’émerger.
Quand Facebook menace l’Irlande de retirer
Instagram d’Europe si l’on applique trop
sévèrement à leurs yeux le règlement RGPD
sur les datas, il faut peut-être les prendre au
mot.
Cette balkanisation du monde
technologique, c’est tout de même
un constat d’échec ?
C’est la fin d’une utopie, celle des pères de
l’Internet, qui disaient que tous les
« paquets » de données se valaient et devai-
ent pouvoir circuler librement sur toute la
planète. On va sans doute assister à une
forme de relocalisation technologique. Les
Chinois ont pris connaissance, il y a dix ans,
qu’ils ne pouvaient dépendre de Google. Les
Etats-Unis s’inquiètent aujourd’hui du suc-
cès d’un Tik Tok chinois, car leurs enfants se
branchent sur une application sur laquelle
ils n’ont pas de contrôle. L’Europe vit cette
situation depuis des années. Il est temps
Son parcours
l Président de l’entreprise de conseils
Fabernovel qu’il a fondé en 2003,
Stéphane Distinguin est un des acteurs
de l’écosystème digital français.
l Président de Silicon Sentier de 2004 à
2010, président du pôle de compétitivité
Cap Digital de 2013 à 2019 et membre du
Conseil national du numérique et du
Conseil national de l’industrie de 2013 à
2016, ce diplômé de l’ESCP Europe ac-
compagne les grandes entreprises dans
leur mutation numérique.
l Il s’est vu confier en 2018 par Bruno
Le Maire et Frédérique Vidal une
mission d’évaluation des aides
publiques à l’innovation.
Son actualité
l Aujourd’hui président de la Grande
Ecole du Numérique qui forme chaque
année plus de 10.000 jeunes, décro-
cheurs, issus des quartiers prioritaires
de la politique de la ville et femmes aux
métiers du numérique. Il lancera en
décembre un observatoire régional des
besoins en compétences numériques
qui doit permettre de déployer un
dispositif de formations ad hoc dans
chaque bassin d’emploi.
l Observateur de la montée en puis-
sance des géants du numérique, il est
l’auteur de « Gafanomics » : une collec-
tion de textes destinés à encourager
toutes les entreprises à innover en
décryptant les facteurs-clés de succès
des Gafa.
qu’elle s’en inquiète. La Chine a su établir un
rapport de forces. L’Europe aussi doit se
montrer puissante et déterminée. On peut
aider notre écosystème à se développer et on
peut forcer ceux qui veulent s’implanter
chez nous à localiser ici, par exemple, leurs
serveurs. Il y a un début de prise de cons-
cience, mais il faut aussi des actes. L’Europe
n’aurait ainsi jamais dû tolérer qu’après le
japonais Softbank, ce soit l’américain Nvidia
qui rachète ARM, le dernier concepteur de
micro-processeurs européen qui est présent
au cœur de tous les smartphones. La France,
l’Allemagne, la Commission européenne
auraient dû unir leurs forces pour bloquer
cette opération. Les Etats-Unis, avec le Cifus,
procèdent de la sorte tout le temps.
Ce n’est pas à l’Etat que revient
la responsabilité de poser le cadre
favorable à l’innovation ?
Plutôt que de vouloir un grand leader et
pousser par exemple un mariage Suez-Veo-
lia, on pourrait rechercher au contraire,
comme l’ont longtemps fait les Japonais, à
maintenir une concurrence forte entre une
multitude d’acteurs locaux et favoriser
l’émulation d’un écosystème. C’est aussi
comme cela que l’on peut s’aguerrir… et
accélérer. C’est quand les Japonais avaient
douze industriels de la photographie qu’ils
dominaient le marché. L’Etat doit aussi
jouer d’autres rôles. Il favorise l’innovation,
la R & D, le prototypage… Mais sans doute
pas encore assez l’industrialisation. Il ne suf-
fit pas de démontrer que l’on peut innover. Il
faut, derrière, produire pour conquérir des
marchés. Innover, c’est un devoir, une néces-
sité. Diffuser les usages, c’est ce qui permet
d’atteindre la rentabilité. Nous devons enfin
progresser au niveau européen. Ce n’est pas
normal qu’un entrepreneur français se
sente culturellement plus proche d’un
entrepreneur californien plutôt qu’alle-
mand ou italien. Il faut passer de l’Europe
d’Erasmus et des auberges espagnoles à une
vraie Europe de l’innovation et de l’entrepre-
neuriat.
Les grands groupes français ont-ils une
carte à jouer en matière d’innovation ?
Ce n’est pas une carte à jouer. Il en va de leur
responsabilité et de leur devoir. Je veux bien
reconnaître que c’est difficile pour un
Renault de rejeter la voiture à moteur ther-
mique pour tout miser sur l’électrique
comme Tesla. Lorsqu’on est plus une
start-up, qu’on est arrivé à s’établir et vivre
sur des rentes, innover est souvent un
dilemme. Mais c’est dans ces moments que
l’on reconnaît les capitaines d’industrie, ces
dirigeants aussi engagés sur le court terme
que mobilisés pour préparer la nouvelle
révolution de leur industrie. Ces patrons qui
ont, à la fois, le courage de faire des choix et
de travailler pour leurs successeurs. A cha-
que fois que je rencontre un dirigeant, je lui
pose la question : « Depuis quand n’avez-
vous pas innové ? » n
 « La place » par Yukiko Noritake pour « Les Echos »

DERNIÈRE HEURE

Les députés contre Affaire des « écoutes » : Haut-Karabakh : Kaboré remporte

les discriminations le procès de Sarkozy le parlement azeri la présidentielle
L’ÉDITORIAL fondées sur l’accent reprendra lundi veut exclure la France au Burkina Faso
DES « ÉCHOS »
' ' ' '
POLITIQUE – L’Assemblée JUSTICE – Le procès pour CAUCASE – Le Parlement AFRIQUE – Le président
nationale a largement corruption de Nicolas d’Azerbaïdjan a réclamé sortant Roch Marc Chris-
Télétravail : un cadre, adopté jeudi une proposi-
tion de loi qui vise à inscrire
Sarkozy dans l’affaire
des « écoutes » reprendra lundi,
jeudi que la France soit
exclue du groupe de médiation
tian Kaboré a été réélu dès
le premier tour à la tête du Bur-
pas un carcan l’accent comme une des causes
de discriminations réprimées par
le tribunal correctionnel de Paris
ayant rejeté ce jeudi la demande
dans le conflit au Haut-Karabakh
au lendemain de l’adoption par le
kina Faso pour un deuxième
mandat avec 57,87 % des suffrages,
la loi, au même titre que la race, de renvoi, pour raisons de santé, Sénat français d’un texte deman- a annoncé jeudi le président de la
C’est un accord sans mesures choc, qui ne va pas le sexe ou le handicap. Le ministre de l’un de ses co-prévenus. dant la reconnaissance de cette Commission électorale indépen-
bouleverser le quotidien des salariés. Et c’est de la Justice, Eric Dupond-Moretti, Une expertise médicale a conclu région séparatiste. Le Sénat fran- dante (Céni) Newton Ahmed
tant mieux ! Le compromis trouvé jeudi entre les s’est dit « archi-convaincu » par le que Gilbert Azibert, 73 ans, était çais s’est prononcé mercredi sur ce Barry. Eddie Komboïgo, candidat
partenaires sociaux sur le télétravail fixe des règles texte, qui prévoit, contre ces discri- apte à comparaître. Saisi d’une texte alors que l’Arménie et l’Azer- du parti de l’ex-président Blaise
de bonne pratique et des garde-fous, mais ne constitue minations, des peines de trois ans demande de renvoi liée au Covid baïdjan ont signé le 10 novembre, Compaoré, arrive deuxième
pas un carcan : c’est dans les entreprises que syndicats d’emprisonnement et 45.000 euros de la part de Gilbert Azibert, sous l’égide de la Russie, un avec 15,48 % des voix devant
et dirigeants continueront de décider des modalités d’amende. La proposition de loi appuyée par deux certificats médi- cessez-le-feu qui a mis fin à six Zéphirin Diabré (12,46 %),
du télétravail, en fonction de leurs contraintes a été déposée par l’élu (Agir) de caux, le tribunal correctionnel semaines d’affrontements dans considéré comme le chef
spécifiques. Une confirmation en quelque sorte l’Hérault, Christophe Euzet. avait ordonné lundi une expertise. l’enclave du Haut-Karabakh. de l’opposition jusque-là.
de la primauté de cet échelon, les accords nationaux
ne devant plus imposer une toise uniforme. Le projet
d’accord n’est pas dénué d’intérêt pour autant, car il LA PHOTO DU JOUR
aura permis de défricher nombre de problématiques
– quels postes sont télétravaillables, qui décide,
comment maintenir le contact, etc. ? – sur un sujet
loin d’être binaire, contrairement aux idées reçues :
tantôt ce sont les salariés qui veulent télétravailler
davantage et sont confrontés à une direction frileuse,
tantôt c’est l’inverse, avec
des salariés qui subissent
cette pratique à leurs dépens.
Il permet aussi de réunir
des éléments dispersés dans
différents textes, et pourra
s’avérer précieux pour les PME
peu outillées pour de telles
Par Etienne négociations. Une chose est
Lefebvre sûre, le télétravail, une fois cette
crise pandémique derrière nous,
Le télé- va continuer de se développer et
on ne reviendra pas brutalement
travail à en arrière. Les entreprises
100 % n’est ont commencé à l’organiser
pas tenable davantage, mais il reste
durable- beaucoup de pain sur la planche.
Autre évidence à plus court
ment et terme : le télétravail à 100 %
l’exécutif n’est pas tenable durablement
va devoir et l’exécutif va devoir desserrer
l’étau. Les entreprises ont
desserrer globalement joué le jeu lors
l’étau. de la deuxième vague. C’est
en France que la fréquentation
des transports et les déplacements ont ainsi le plus
diminué. Certains salariés n’ont pas revu leur bureau
depuis mars (!), le siège de leur entreprise restant fermé.
Après l’engouement des premiers mois, il apparaît
que le télétravail peut être aussi facteur de stress, voire
d’addictions. Le gouvernement se dit prêt à alléger
la contrainte, mais seulement à partir de janvier
(décembre sera long), et à petites doses, au rythme d’un
jour par semaine en présentiel. Si la situation sanitaire
continue de s’améliorer sur la même pente, il serait
souhaitable de revenir à un protocole plus souple,
comme celui qui prévalait avant la deuxième vague,
sans fixer un nombre de jours précis en présentiel
identique pour toutes les entreprises. L’exécutif ÉMOI PLANÉTAIRE APRÈS LE DÉCÈS DE MARADONA Eplorée, l’Argentine s’est mobilisée en masse, jeudi, pour un dernier adieu à Diego Maradona. Des milliers
s’inquiète de l’état de la santé mentale des Français, de personnes ont défilé devant sa dépouille (notre photo). L’émoi a traversé les frontières et était particulièrement fort à Naples, où des supporters ont entonné des
et notamment des salariés qui se sentent isolés. chants à la mémoire de la légende du football. Photo Ricardo Moraes/Reuters
Il va devoir en tenir compte en matière de télétravail.

( Lire nos informations

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9 SAMEDI DIMANCHE LUNDI MARDI
5/8 4/6 1/4 -1/5 6/8
8 8/17 7/16 12/16 12/14 7/9
10
12 9 3/10 2/4 2/5 2/4 0/2 2/4
8
5/9 3/9 0/4 -3/3 4/7
13 10 7/14 2/8
9 SAMEDI 20/28 20/28 18/28 17/28 17/29
13 7 5/14
11 2/7 2/7 -2/3 -4/1 0/4
13 19/26 16/24 16/22 16/23 16/23
14 9 9/16 9/14 8/15 9/11 8/9
14 11 9/17 12/15
14 3/8 7/12 7/9 3/7 6/9
16 8/13 6/13 6/12 8/13 5/14
1/5 2/8 4/10 5/9 3/6 1/6
16 14
15 1/1 0/0 0/1 1/2 -3/-1
5/10 -1/4
8/14 6/12 3/10 10/16 7/13
17 13 DIMANCHE
17 1/7 22/33 23/32 22/33 23/35 25/33
9/14 8/14 8/14 8/13 9/14
17 12/14 10/11 8/13 9/14 11/15
6/15 8/14
16 24/25 23/28 23/29 24/30 24/31
18 16 15 19/23 21/35 25/36 19/22 18/26
-4/4 11/12 9/14 7/11 5/13 4/12
18 15 5/7 2/6 1/8 4/6 5/6
15 1/8 -4/2
LUNDI 1/5 0/5 0/2 -4/1 -4/1
18 -3/5

3/12 6/12
 n P n n n
CAC 40 DOW JONES EURO/DOLLAR ONCE D’OR PÉTROLE (BRENT) Vendredi 27 et
5.566,79 points 0 points 1,1905 $ 1.807,4 $ 47,88 $ samedi 28 novembre 2020
-0,0808 % 0% -0,0839 % -0,1547 % -2,0859 % www.lesechos.fr

DEVISES EUR/GBP 0,8915 EUR/JPY 124,13 EUR/CHF 1,0795 GBP/USD 1,3356 USD/JPY 104,243 USD/CHF 0,9065 TAUX EONIA -0,471 LIFFE EURIBOR 3 MOIS -0,526 OAT 10 ANS -0,4082 T-BONDS 10 ANS 0,8744

AstraZeneca
relance un essai
sur son vaccin
CORONAVIRUS
Catherine Ducruet
et Enrique Moreira
Si on veut que la population adhère à la vac-
cination, il faut qu’elle ait confiance. Et ce
n’est pas en lui dissimulant les faits qu’on y
parviendra. Pascal Soriot, le patron d’Astra-
Zeneca, a fini par l’admettre. C’est pourquoi
il a annoncé, jeudi, qu’il allait mener un nou-
vel essai clinique de son vaccin contre le
Covid-19 développé avec l’université
d’Oxford.
L’histoire avait pourtant bien commencé
lundi, avec une présentation extrêmement
positive des résultats de l’essai de phase III.
Mais, très vite, les doutes s’étaient installés.
Selon les premières données, ce candidat
vaccin à vecteur viral était efficace à 70 % en
moyenne, après deux injections à un mois
d’intervalle. L’efficacité était de 62 % pour
un premier sous-groupe de participants, le
plus large (près de 8.900 personnes), qui
avait reçu deux doses complètes. Le
deuxième sous-groupe (plus de 2.700)
avait, quant à lui, reçu d’abord une demi-
dose avant d’en recevoir une complète, un
mois plus tard, avec une efficacité de 90 %
cette fois.
Avant la fin de l’année
« Parler ici d’une efficacité moyenne de 70 %
n’a aucun sens », avaient aussitôt critiqué
certains experts, estimant qu’on était dans
la surenchère après les annonces de Pfizer/
BioNTech et de Moderna, qui revendiquent
eux, plus de 90 % d’efficacité. Mais, mer-
credi, l’université d’Oxford avait fini par
reconnaître une erreur dans le dosage de
son candidat vaccin, injecté à des milliers de
participants lors de son essai clinique de
phase III. Depuis, la communauté scientifi- L’université d’Oxford, partenaire d’AstraZeneca dans le développement d’un candidat vaccin à vecteur viral contre
que s’interrogeait. le Covid-19, a reconnu une erreur de dosage lors de l’essai clinique. Photo John Cairns/Université d’Oxford/AFP
Ensuite, le chef du programme améri-
cain de vaccination « Warp Speed », indiquait au contraire que l’efficacité du l’efficacité est élevée et nous n’aurons pas Les Etats-Unis avaient été beaucoup
Moncef Slaoui, avait expliqué que le dosage vaccin ne semblait pas moins bonne chez besoin de recruter autant de participants. » plus longs à donner leur feu vert à la reprise
montrant le niveau d’efficacité le plus élevé les plus âgés. Le patron d’AstraZeneca a cependant de l’essai de phase III après sa suspension.
avait été testé sur une population plus Un nouvel essai qui va donc tester le estimé qu’il n’aurait pas besoin d’attendre On ne sait d’ailleurs toujours pas officielle-
jeune, âgée au plus de 55 ans. AstraZeneca dosage le plus faible sera donc lancé, au lieu les résultats de cet essai pour demander ment de quoi ont souffert les participants
ne l’avait pas signalé. Or, il s’agit d’une popu- d’ajouter simplement un « bras » supplé- l’autorisation en Europe et au Royaume- dont la maladie avait déclenché la suspen-
lation considérée comme moins à risque de mentaire à l’essai en cours aux Etats-Unis. Uni et que celle-ci pourrait même être sion. La publication dans la revue scientifi-
développer une forme sévère du Covid-19. « Ce sera un essai international, a indiqué accordée dans certains pays avant la fin de que « The Lancet », où toutes les données
La semaine précédente, se basant sur les Pascal Soriot, mais il devrait prendre moins l’année. « Aux Etats-Unis, cela devrait pren- seront fournies, permettra peut-être d’en
résultats de l’essai de phase II, le laboratoire de temps car nous savons maintenant que dre plus de temps », a-t-il ajouté. savoir plus. n

Alstom rafle le futur métro de Belgrade devant son rival chinois

TRANSPORT
Denis Fainsilber
dfainsilber@lesechos.fr
Alstom revient de loin en Serbie. Alors
qu’une offre chinoise clés en main incluant
le géant du ferroviaire CRRC, déposée en
avril 2019, est venue troubler des protocoles
franco-serbes beaucoup plus anciens, c’est
la proposition du constructeur français qui
a été retenue pour équiper le futur métro de
Belgrade. Un chantier représentant pour
Alstom un montant de 534 millions d’euros,
tandis que le devis total de la première ligne
projetée est chiffré à 1,83 milliard d’euros.
Cette sélection du principal fournisseur
de matériel roulant a été scellée jeudi par la
signature d’un accord intergouvernemen-
tal entre le ministre délégué au Commerce
extérieur et à l’Attractivité, Franck Riester,
et le ministre serbe des Finances. Alstom
sera le chef de file d’un « collectif d’entre-
prises françaises », selon le ministre fran-
çais. Pour faire pencher la balance balkani-
que du bon côté, « la France apporte à ces
projets des financements publics », a précisé
M. Riester durant la signature bilatérale.
Cet accord de financement « ouvre la voie
à Alstom pour remettre officiellement son
offre commerciale début 2021 », ajoute « Le
Figaro » qui a révélé l’information. Les
534 millions d’euros pour Alstom concer-
nent la fourniture du matériel roulant, de la
signalisation et des dispositifs de communi-
cation, du moins à ce stade pour « la pre-
mière phase » d’un réseau qui devrait comp-
ter deux lignes, voire trois. Le contrat de
génie civil devrait revenir à ChinaPower.
Le projet d’un métro dans la capitale
serbe remonte à très loin, en 1972, sous
le règne du maréchal Tito. Mais les événe-
ments politiques, les guerres et le démem-
brement de l’ex-Yougoslavie ont enterré
le projet. Le débat a été toutefois relancé
en 2001 autour d’un système de métro léger.
La plus grande ville des Balkans, qui compte
1,7 million d’habitants, n’a jamais pu cons-
truire son réseau de métro. Le sujet a long-
temps fait figure de véritable serpent de
mer politique. La majorité des transports
publics belgradois sont assurés par des bus,
qui ne sont pas de première jeunesse et cir-
culent dans des embouteillages. n

L’ultra luxe, un petit coin
de paradis qui s’accommode
de la crise du coronavirus
Les multimillionnaires et plus ne souf-
frent pas au niveau patrimonial,
mais l’écosystème qui les entoure
doit s’adapter à la nouvelle
donne sanitaire. // PP. 18-19
l’essentiel
Comment le Covid-19 rebat
les cartes entre la musique
enregistrée et le live
A la faveur de la pandémie, les acteurs
du disque diversifiés dans le live
attirent les artistes, au détri-
ment des producteurs de spec-
tacles, privés de scène. // P. 24

Suez : saisies chez La Banque Postale se

Veolia, Engie et Meridiam
Des huissiers ont été dépêchés
jeudi matin aux sièges des prota-
gonistes du projet de fusion Suez-
Veolia, après une requête déposée par
Suez devant le tribunal de commerce de
iStock
réorganise pour intégrer
CNP Assurances
Le mariage, officialisé juste
avant le premier confinement, se
concrétise d’un point de vue opération-
nel, avec le transfert des activités non-vie

Nanterre. // P. 22 au sein de CNP. // P. 31

= LES ENTREPRISES CITÉES

Airbus 39 EDF 21 LafargeHolcim 32 Slack 25
Allianz Leben 30 Ergo 30 Loxam 32 Société Générale 39
Aston Martin 18 Essilor Luxottica 39 MACSF 30 Sony 24
AXA 39 EY 31 Maserati 18 STMicroelectronics 39
Bentley 18 Facebook 25 Michelin 39 Universal Music 24
BNP Paribas 39 Ferrari 18 Peugeot 39 Wagram Music 24
Bonduelle 33 Fiat Chrysler 20 PSA 20 Warner 24
CNP Assurances 31 Fimalac Entertainment 24 Radical Production 24 Wirecard 31
Crédit Agricole Italia 31 Française des Jeux 32 Renault 20, 39
Credito Valtellinese 31 Goldman Sachs 32 Salesforce 25 AVIS FINANCIER
Dassault Systèmes 32 La Banque Postale 31 Sanofi 39 Predilife 27
ENTREPRISES
L’ultraluxe, un petit coin de paradis qui
de la crise du coronavirus
l Yachts, jets privés, produits et « expériences » de grand
luxe… les multimillionnaires et plus ne souffrent pas
au niveau patrimonial.
l Néanmoins, l’écosystème qui les entoure doit s’adapter
à la nouvelle donne sanitaire.
LUXE
Julien Dupont-Calbo
@jdupontcalbo
Il faut bien chercher les chiffres rou-
ges, il n’y en a pas beaucoup. Sur la
liste des 100 personnes les plus
riches du monde de Bloomberg,
tous les voyants ou presque sont au
vert. Malgré la crise sanitaire mon-
diale, seuls 17 multimilliardaires
ont vu leur patrimoine régresser
ces douze derniers mois – dont
Warren Buffett, les frères Koch,
Amancio Ortega ou Carlos Slim.
Les marchés boursiers, il est vrai, se
sont plus que repris depuis le prin-
temps dernier.
En somme, si les multimillion-
naires et les milliardaires ont
déserté les palaces et les plages pri-
vées de la Riviera et ne pourront pas
non plus prendre le tire-fesses de
Megève à Noël, leurs patrimoines
ne souffrent pas trop du coronavi-
rus, selon les estimations de Credit
Suisse. Leur consommation n’a
pas de raison de chuter, à peine
se fait-elle plus intime, plus dis-
crète, si cela était possible dans un
univers qui était déjà cloisonné à
double tour avant l’irruption de la
pandémie.
Au niveau mondial, le sommet de
l’iceberg de la richesse est un vrai
marché. En écartant les « simples »
millionnaires, les « ultrariches »
disposant d’un patrimoine supé-
Les jets privés ont le vent en poupe
chez les touristes fortunés
Avec la crise sanitaire,
une nouvelle clientèle
très aisée se tourne vers
l’aviation privée pour partir
en vacances. Pas de quoi
compenser pour autant
la chute du trafic affaires.
Bruno Trévidic
@BrunoTrevidic
Après les vacances à Saint-Tropez
ou Ibiza cet été, la tendance chic et
sûre, cet hiver, sera d’aller skier à
Saint-Moritz, Cortina d’Ampezzo
ou Courchevel (après janvier), voire
de prendre le soleil à Dubaï ou aux
Canaries. Autant de destinations
dont le point commun est d’être
aisément accessibles aux avions
privés.
Avec la pandémie, les contraintes
sanitaires et la disparition d’une
grande partie de l’offre des compa-
gnies régulières, l’aviation privée a
gagné de nouveaux adeptes chez les
riches particuliers. En juillet et sur-
tout en août, l’aviation d’affaires
était la seule branche du transport
aérien à avoir retrouvé un niveau
d’activité égal ou supérieur à celui
de 2019 dans plusieurs pays euro-
péens, dont la France.
Hausse des demandes
en décembre
Les mêmes causes produisant les
mêmes effets, l’engouement pour
les vols privés semble de retour
pour les fêtes de fin d’année. Chez
PrivateFly, plateforme spécialisée
dans la réservation de jets privés,
« le nombre des demandes de rensei-
gnements pour décembre est plus
rieur à 50 millions de dollars sont
176.000 dans le monde (dont plus de
la moitié provient de l’Amérique du
Nord), selon Credit Suisse. La Chine
suit avec 21.000 « ultrariches »,
devant l’Allemagne (6.500), l’Inde
(4.600), le Royaume-Uni (3.900) et
la France (3.700). Le premier
semestre 2020 a fait sortir 120 per-
sonnes de cette catégorie très spé-
ciale, mais pas moins de 16.760 indi-
vidus l’avaient intégré en 2019.
« Avant la crise sanitaire, l’ultra-
luxe est le segment du luxe qui a la
croissance la plus rapide, avec une
Les chiffres clés
176.000
LE NOMBRE
D’« ULTRARICHES »
dans le monde, c’est-à-dire
des personnes disposant
d’un patrimoine supérieur
à 50 millions de dollars,
selon Credit Suisse.
Plus de la moitié provient
de l’Amérique du Nord.
La France en compte 3.700.
+ 8-10 %
LA CROISSANCE
ANNUELLE
DE L’ULTRALUXE
avant la crise sanitaire.
élevé que l’an dernier », confirme son
porte-parole. Parmi les destinations
les plus demandées en ce moment
pour le mois de décembre, citons
Samedan, Malmö, Dubaï et les îles
Canaries… Mais de nombreux clients
attendent pour confirmer leur réser-
vation d’être sûrs à 100 % que le confi-
nement sera levé. Plus de 55 % de nos
vols sont actuellement réservés pour
un départ dans la même semaine. »
Les clients peuvent
organiser un projet de
voyage en constituant
une cagnotte
sur une plateforme
numérique.
Et comme cet été, cette hausse
des demandes est soutenue par une
nouvelle clientèle de riches particu-
liers. « Au troisième trimestre, 44 %
de nos clients ont pris un jet privé
pour la première fois, souligne-t-on
chez PrivateFly. Et les familles
étaient plus nombreuses que l’an
dernier, avec 20 % d’enfants et 7 %
d’animaux domestiques. » Près de la
moitié des vols étaient également
programmés sur le week-end.
Même constat chez Jet and More,
autre courtier spécialisé dans le
jet d’affaires, qui a développé une
formule de cofinancement des
locations, à l’intention de cette nou-
velle clientèle de particuliers. A
l’instar des cagnottes sur Internet,
les clients peuvent organiser un
projet de voyage avec leurs amis
ou leur famille, en constituant une
progression de 8 à 10 % par an. Dans
son ensemble, la hausse pour le reste
du secteur est plutôt de 4 % à 5 % »,
souligne Joël Hazan, directeur
associé au BCG et spécialiste du
luxe.
Maintenir des contacts
privilégiés
Dans ce décor de rêve, l’écosystème
du grand luxe doit tout de même
s’adapter pour suivre la demande,
réussir à fournir ses prestations
et à maintenir le contact privilégié
avec ses clients. Ce qui n’est pas tou-
jours facile avec la distanciation
physique et les différents confine-
ments.
A ce jeu-là, certains s’en sortent
mieux que d’autres. Dans l’automo-
bile, seul le solide Ferrari parvient à
livrer ses clients fortunés, ses con-
currents ayant toutes les peines du
monde à gérer l’aspect industriel du
métier et à digérer les problèmes
d’approvisionnement et de logisti-
que. Selon Bain, le segment des voi-
tures de luxe a perdu environ 10 %
de ses ventes. L’ordre de grandeur
de la contraction est le même pour
les yachts et les avions privés, dont
la chute a été limitée par l’arrivée
d’une nouvelle clientèle soucieuse
de voyager en vase clos. Tant pis
pour les compagnies aériennes
classiques et les palaces (qui ont
perdu environ 60 % de leurs recet-
tes habituelles). Le marché de l’art
accuserait, lui, une déprime de
35 à 40 %. n
cagnotte sur une plateforme numé-
rique pour partager les coûts.
« Pour les vacances de Noël, nous
attirons ainsi des familles qui veulent
partager un jet pour aller skier
ou pour rejoindre leurs résidences
secondaires sur la Riviera française,
la côte Atlantique, l’Espagne, expli-
que Christian Loiseau, le PDG de
Jet and More. Nous ouvrons aussi
des lignes à la demande d’hôtels de
luxe, permettant à leur clientèle de
partager un vol en avion privé en ne
payant qu’une fraction du prix, sur
des destinations comme Chambéry,
Annecy, Grenoble… Nous avons
même des demandes pour des desti-
nations plus lointaines, comme les
Caraïbes et Maldives pour les deux
premiers trimestres 2021. »
Londres-Courchevel
à plus de 11.000 euros
Le jet privé reste néanmoins réservé
à une clientèle fortunée. D’après les
exemples de tarifs fournis par Air
Charter Service, un vol entre Lon-
dres et Courchevel à bord d’un
avion à hélice turbopropulsé de
8 places commence à partir de
10.000 livres (plus de 11.000 euros).
Pour un jet privé de 8 places de
Londres à Saint-Moritz, comptez
13.000 livres.
La demande de voyages d’agré-
ment est loin de compenser la
désertion de la clientèle des entre-
prises pour l’aviation d’affaires. Si le
trafic remonte pendant les vacan-
ces, les vols d’avions privés en
Europe accusent néanmoins un
recul d’environ 30 % depuis le début
de l’année, avec une chute des recet-
tes encore plus importante. n
Dans l’écosystème du grand luxe, certains s’en sortent mieux que d’autres. Les yachts, par exemple, ont plutôt bien ré
Ferrari galope malgré la pandémie
Référence mondiale
du secteur, la marque
au cheval cabré a plutôt
bien encaissé la crise.
La plupart de ses concur-
rents, malgré leur renom,
ont bu la tasse.
Lionel Steinmann
@lionelSteinmann
Dans l’univers de l’automobile de
luxe, les marques prestigieuses
sont assez nombreuses, mais cel-
les qui ont pu affronter la crise
sanitaire sans trop de dégâts le
sont beaucoup moins. Face à la
tempête Covid, Ferrari et Porsche
ont démontré la qualité de leur
tenue de route même par gros
temps, pendant que la plupart
de leurs concurrents, notamment
anglo-saxons, étaient contraints
d ’a l i g n e r l e s s u p p r e s s i o n s
d’emplois pour ne pas sombrer.
Sur la niche des « supercars ,
tous les observateurs en convien-
nent, Ferrari est un acteur à part.
« C’est le seul constructeur viable et
indépendant, pointe Philippe Hou-
chois, analyste chez Jefferies. Les
autres sont contrôlés par de grands
groupes. » La marque au cheval
cabré a bâti sa réussite sur un
modèle que le coronavirus a à
peine ébranlé.
Présentés début novembre, les
résultats du troisième trimestre
montrent que l’interruption de la
production durant sept semaines
au printemps a été bien digérée. Le
recul des livraisons sur trois mois
n’a été que de 6,5 % par rapport à la
même période de l’an dernier et le
bénéfice net a même augmenté de
1 %, à 171 millions d’euros. Des chif-
fres qui dépassaient les attentes
des analystes, et qui ont amené la
marque à réviser à la hausse ses
prévisions annuelles.
Ce succès est dû à une notoriété
inégalée dans le monde entier,
mais également à une capacité à
sortir régulièrement de nouveaux
modèles pour entretenir l’intérêt
des clients (pas moins de quatre
cette année). « Sur ce segment, la
durée de vie d’un modèle est de qua-
Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020 Les Echos
tre ans, contre sept dans l’automo-
bile classique », rappelle Philippe
Houchois.
Faire attendre le client,
ni trop ni trop peu
La firme de Maranello dispose de
la solidité financière pour tenir le
rythme, là où d’autres concur-
rents comme Bentley ou Aston
Martin, faute d’étendre suffisam-
ment leur gamme, ont dû se res-
treindre à une production confi-
dentielle. Et si les acheteurs
cherchent avant tout à se faire
plaisir, ils peuvent également se
dire qu’ils font un bon investisse-
ment. « Leurs voitures gardent une
très bonne cote, les gens les reven-
dent relativement bien », témoigne
Fabien Ribot, dirigeant de CMS,
une société spécialisée dans le
leasing des véhicules de luxe de
seconde main.
Ce succès est dû
à une notoriété
inégalée dans
le monde entier.
Mais également
à une capacité à
sortir régulièrement
de nouveaux
modèles pour
entretenir l’intérêt
des clients.
Pour répondre à cette forte
demande, le groupe met ses
clients sur liste d’attente. « Celle-ci
est pilotée avec le plus grand soin,
rapporte Philippe Houchois.
Elle doit être assez longue pour
garantir que le modèle ne patien-
tera pas de longs mois chez un con-
cessionnaire, sans toutefois que les
délais finissent par décourager
les acheteurs. »
Moins élitiste, Porsche s’est
montré tout aussi résistant. Sur les
neuf premiers mois de 2020, la
filiale du groupe Volkswagen a
réussi à dégager 2 milliards de
171
MILLIONS D’EUROS
Le bénéfice net du
constructeur italien a
augmenté de 1 % au troisième
trimestre, dépassant même
les attentes des analystes.
résultats opérationnels pour un
peu moins de 20 milliards de chif-
fre d’affaires. Les livraisons n’ont
reculé que de 5 % par rapport à l’an
dernier, à 191.000 véhicules, dont
25.400 exemplaires de l’indémo-
dable 911.
Porsche cartonne
en Chine
Cette résilience doit beaucoup à la
remarquable percée du groupe en
Chine. Porsche réalise désormais
près d’un tiers de ses ventes mon-
diales dans ce seul pays. Cette
réussite n’est pas automatique
pour toutes les marques de luxe
occidentales : les ventes de Fer-
rari, par exemple, y sont loin de
leur niveau en Europe.
Derrière ces deux pointures,
l’industrie des voitures de luxe a
vécu une « annus horribilis », en
particulier pour les constructeurs
britanniques. Aston Martin, la
marque préférée de James Bond,
affronte de graves difficultés
financières et a dû appeler à son
secours Daimler-Mercedes, qui
pourrait prendre jusqu’à 20 %
du capital. En juin, Bentley a
annoncé la suppression de 1 mil-
lier d’emplois, soit 25 % de ses
effectifs, imité quelques jours plus
tôt par McLaren. Et après une
année 2019 record, les ventes de
Rolls-Royce (propriété de BMW)
ont fléchi de près de 30 % sur les
neuf premiers mois de l’année.
Quant aux tentatives de
relance de Maserati par Fiat
Chrysler et d’Alpine par Renault, il
faudra attendre plusieurs années
pour juger de leur succès – et il
manque un zéro sur l’étiquette
pour prétendre à l’« ultra luxe ». n
 Les Echos Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020
s’accommode
sisté grâce à l’arrivée d’une nouvelle clientèle soucieuse de voyager en vase clos.
Avec le Covid, « le caractère ostentatoire
du luxe va s’atténuer »
Propos recueillis par
Dominique Chapuis
L
es clients de l’ultraluxe, au
Moyen-Orient ou en Russie,
n’achètent pas sur Internet.
Cette clientèle va privilégier des ser-
vices privés. Avec la pandémie,
c’est mieux de voyager dans un
yacht que dans un bateau de croi-
sière, ou en jet privé que sur un
avion de ligne.
Est-ce que l’ultraluxe a été
impacté par la crise ?
Avant la crise sanitaire, l’ultraluxe
est le segment du luxe qui avait la
croissance la plus rapide, avec une
progression de 8 à 10 % par an. Dans
son ensemble, la hausse pour le
reste du secteur est plutôt de 4 % à
5 %. Ce sommet de la pyramide a
subi les effets de la crise, mais sa
clientèle est celle qui a été la moins
impactée financièrement. Il ne faut
pas imaginer que l’ultraluxe soit
réservé à une poignée de milliardai-
res. De façon générale, quand il y a
« De façon générale,
quand il y a un choc
économique, cette
clientèle se réfugie
Boston Consulting Group
vers l’achat de biens
qui ont une valeur
patrimoniale. »
Wu Lei/XINHUA-RÉA
JOËL HAZAN
Directeur associé
au BCG
un choc économique, cette clientèle
se réfugie vers l’achat de biens qui
ont une valeur patrimoniale, et une
montre à 50.000 euros gardera
sans doute mieux sa valeur dans le
temps qu’une montre à 5.000.
Le prix de revente sur le marché
de l’occasion est très représentatif
de cette valeur patrimoniale.
Les marques les plus iconiques de
l’horlogerie, la maroquinerie ou
l’automobile n’ont pas vu le prix de
revente de leurs modèles embléma-
tiques reculer pendant cette crise,
au contraire. Dans le même temps,
il y aura moins d’achats ostentatoi-
res. Avec la pandémie, la tendance
du luxe pour soi-même, dans un
cadre privé, va s’accélérer. D’autant
qu’avec l’écart des différences de
richesse creusé par la crise, la
recherche du caractère ostenta-
toire, visible, du luxe va s’atténuer.
Est-ce que cette clientèle
consomme différemment
des autres ?
Les clients de l’ultraluxe, qui sont
partout dans le monde, en Europe,
aux Etats-Unis, en Chine, au
Moyen-Orient ou en Russie, achè-
tent peu sur Internet. Ils sont en
quête d’une vraie expérience que ne
peut pas leur apporter le online
seul. Les marques, qui, avant la
crise, avaient établi une relation
personnelle avec leurs acheteurs,
tirent leur épingle du jeu. Car il y a
deux choses essentielles pour cette
riche clientèle, au-delà des visites
en boutique : les événements exclu-
sifs organisés par les marques
(dîners, défilés, présentations de
produits…), et les contacts exclusifs
et privilégiés avec leur conseiller
de vente.
Certaines marques ont ainsi
maintenu un lien à distance malgré
la situation actuelle. Si leurs bouti-
ques sont en mode pause, elles ont,
Les palaces sonnent désespérément creux
2020 n’en finit pas d’être une
année cauchemardesque
pour l’hôtellerie haut de
gamme et de luxe tricolore.
La crise sanitaire est sans
précédent avec des palaces
fermés ou l’effondrement
des taux d’occupation,
faute de touristes étrangers
et de voyageurs d’affaires.
Christophe Palierse
@cpalierse
Avec cette deuxième vague qui
arrive juste après la première,
2020 confine au cauchemar sans
fin pour l’hôtellerie haut de
gamme et de luxe tricolore. Les
professionnels qui espéraient un
rebond à la rentrée, d’où certaines
réouvertures d’établissement à la
fin de l’été, en sont pour leurs frais.
L’effondrement du tourisme et du
voyage d’affaires international ne
se dément pas, et les annulations
de foires ou de Salons se sont
poursuivies.
Dans l’Hexagone, le taux d’occu-
pation des hôtels 4 étoiles «supé-
rieur» ou 5 étoiles (dont ceux ayant
la distinction « palace ») est en
recul de 47,5 points à la fin octobre
par rapport à l’an dernier, à 26,1 %,
selon le cabinet spécialisé MKG.
Avec un taux d’occupation de
31,8 %, la région Paca résiste
un peu mieux. En revanche, la
chute libre n’en finit pas à Paris :
– 56,1 points sur un an avec un taux
d’occupation de 21,1 % en cumul à
la fin octobre. Pis, pour les palaces
proprement dits et autres 5 étoiles
de la capitale, on enregistre actuel-
lement des taux de remplissage
malgré tout, réussi à maintenir de
l’activité. Par ailleurs, tout ce qui
offre une expérience privée va
mieux résister. En ce moment, on
comprend bien que ceux qui peu-
vent se le permettre préfèrent pas-
ser leurs vacances sur un yacht plu-
tôt que sur un bateau de croisière,
ou se déplacer en jet privé plutôt
qu’en avion de ligne.
Certains secteurs risquent
toutefois de souffrir plus
que d’autres ?
Cette clientèle est mieux préservée,
et elle veut continuer à se faire plai-
sir pour échapper un peu à la moro-
sité. La crise, comme le montrent
différentes études, la pousse à con-
sommer peut-être un peu moins en
quantité, mais en allant vers encore
plus de qualité. Ce qui va bénéficier
aux marques avec un caractère
éternel et des produits iconiques au
« Les marques,
qui, avant la crise,
avaient établi
une relation
personnelle avec
leurs acheteurs,
tirent leur épingle
du jeu. »
détriment de celles qui misent
davantage sur l’effet de mode. Mais
c’est clair, l’hôtellerie de luxe et les
grands restaurants vont être tou-
chés tant que le trafic aérien ne
repartira pas. Et il y aura sans doute
des effets sur l’emploi. Ce ne sera
pas le cas dans le reste du secteur,
même si le marché du luxe devrait
chuter d’environ 30 % en 2020. Le
secteur affichait en entrée de crise
une santé financière meilleure que
beaucoup d’autres.
Par ailleurs, les perspectives
de redémarrage sont là, comme on
l’a vu en Chine ou en Europe, au
moment du déconfinement. n
inférieurs à 10 %. Nouveau coup
dur, le deuxième confinement s’est
traduit par la fermeture des bars et
restaurants des établissements,
qui drainaient encore de l’activité,
mais aussi d’hôtels. Les hôtels ne
sont pas sujets à fermeture admi-
nistrative depuis le début de la
pandémie, mais une partie d’entre
eux ont fermé faute de clients.
A Paris, le Crillon, célèbre palace
de la place de la Concorde qui avait
rouvert le 24 août, a, entre autres,
refermé ses p ortes jusqu’au
1er décembre. A Nice, le Negresco a
arrêté son activité « jusqu’à nouvel
ordre ».
Mise en sommeil
Par ailleurs, la mise en sommeil de
tout ou partie des services de cer-
tains 5 étoiles et palaces parisiens
se prolonge : la commercialisation
des chambres et suites du Fou-
quet’s Barrière, du Peninsula, du
Shangri-La et du Royal Monceau
n’a toujours pas redémarré depuis
la mi-mars. A contrario, le Ritz, le
Four Seasons George-V, Le Meu-
rice, le Plaza Athénée ou encore le
Bristol restent ouverts.
« C’est une question de philoso-
phie car la conjoncture est la même
pour tous », analyse le patron du
pôle tourisme-hôtellerie de KPMG
France, Stéphane Botz. « Nous
nous sommes posé la question en
anticipation des mesures du gouver-
nement. Nous nous sommes rapide-
ment rattachés à la définition même
d’un hôtel : accueillir les personnes
ayant besoin d’être logés. Depuis
notre réouverture le 1er septembre,
nous avons eu un témoignage sans
précédent de notre clientèle fran-
L’émis-
sion à
fort
taux
d’inté-
rêt.
> Avec Elsa Conesa,
journaliste aux Echos,
le vendredi
En
Radio France/Ch. Abramowitz
partenariat
avec
ENTREPRISES // 19
çaise. Il était donc essentiel de pou-
voir continuer à les loger lors de
1 milliard d’euros de chiffre d’affai-
res au global l’an dernier, sachant
leurs déplacements à Paris », expli- qu’ils emploient à eux seuls
que le PDG du Bristol, Luca Allegri. 7.100 salariés, sur la base d’un ratio
de 2,3 employés par chambre. Il
Impact économique faut y ajouter 390 autres hôtels
et social 5 étoiles et les 134.424 établisse-
Ce choc sanitaire en deux mouve- ments 4 étoiles, dénombrés à la fin
ments affecte une hôtellerie de 2019. Soit plus de 70.000 salariés
prestige française fragilisée, en au total, selon KPMG.
particulier à Paris, par le mouve-
ment des « gilets jaunes » et les grè- Transformation
ves contre la réforme des retraites Alors que les fêtes de fin d’année
à la fin 2019. Si le secteur bénéficie approchent, bien des profession-
du soutien massif de l’Etat en nels et experts ne tablent pas sur
faveur du tourisme, en premier un début de reprise avant l’été 2021.
lieu le financement du chômage « Cette crise va rester une grande
partiel, l’impact de cette crise est épreuve jusqu’à la fin de l’hiver, mais
loin d’être anecdotique sur le plan je reste optimiste avec la dernière
économique et social. élection américaine et la promesse
Détenus par de riches proprié- du vaccin [l’annonce de Pfizer,
taires étrangers et français, les NDLR]. Le voyage de luxe de loisirs
31 palaces français ont généré va reprendre avant le voyage d’affai-
res », veut croire Gerald Krischek,
le directeur général du Prince de
Les chiffres clés Galles, l’un des 5 étoiles de l’Ouest
parisien encore ouverts.
21,1 %
En attendant, les hôtels de luxe
peaufinent leurs plateformes
de réservation, d’enregistrement
ou de restauration en ligne, voire
LE TAUX D’OCCUPATION développent de nouveaux services
des hôtels 4 étoiles de proximité. Le Prince de Galles a,
« supérieur » ou 5 étoiles par exemple, lancé il y a quelques
(dont les « palaces »), à Paris, jours un service de livraison à
en cumul à la fin octobre. domicile via Deliveroo. Il propose
des plats de son chef Gérald Poirier
70.000
– coquillettes bio à la truffe noire
et au jambon francilien ; tartare de
bar à la pistache et au fenouil… –,
SALARIÉS des pâtisseries ou encore de bon-
Les effectifs de l’hôtellerie nes bouteilles. « Nous n’excluons
haut de gamme et de luxe pas de maintenir un tel service une
française (4 étoiles, 5 étoiles fois passé la crise », précise le direc-
et palaces), selon KPMG. teur général du Prince de Galles. n
ENTENDEZ-
VOUS
L’ÉCO?
DU LUNDI
AU VENDREDI
DE 14H00
À 15H00
Tiphaine
de Rocquigny
L’esprit
d’ouver-
ture.
20 // ENTREPRISES Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020 Les Echos

C. Ratcliffe/Bloomberg
Les prouesses de Carlos Tavares dans le redressement de PSA, puis dans celui d’Opel en 2017, ont été déterminantes pour convaincre les actionnaires des deux groupes que cette fusion pouvait devenir réalité.

PSA-Fiat Chrysler : la vraie histoire

d’un mariage arraché par Carlos Tavares
AUTOMOBILE
Les documents
boursiers publiés
la semaine dernière
dévoilent noir sur
blanc le rôle détermi-
nant joué par le patron
du Lion pour aplanir
les difficultés
survenues durant
la genèse du projet.
Récit croustillant
des quelques mois
qui ont changé
le destin de PSA.
Lionel Steinmann
@lionelSteinmann
Le suspense s’est évaporé : la fusion
entre PSA et Fiat Chrysler (FCA) ira
bien à son terme, et Carlos Tavares y
est pour beaucoup. Après avoir
rempli la quasi-totalité du parcours
réglementaire qui leur incombait
depuis l’annonce de l’opération en
décembre dernier, les deux entre-
prises ont publié le 20 novembre le
prospectus préalable à la cotation
aux Pays-Bas de leur future entité
commune, baptisée « Stellantis ».
Le document de 372 pages détaille
le rôle décisif joué par le patron du
constructeur français dans la
genèse de l’opération.
On le savait déjà, les prouesses de
Carlos Tavares dans le redresse-
ment de PSA puis dans celui d’Opel
en 2017 ont été déterminantes pour
convaincre les actionnaires des
deux groupes que cette fusion – l’un
des plus beaux serpents de mer de
l’industrie automobile – pouvait
devenir réalité : ils avaient sous la
main le manager capable de la pilo-
ter. Mais les quelques pages du
prospectus consacrées au « con-
texte » préalable à la fusion révèlent
que le patron portugais a égale-
ment été déterminant dans l’ouver-
ture des négociations entre les deux
groupes, puis chaque fois qu’elles
ont failli achopper. Lui aussi voulait
sans doute obtenir cette fusion
capable de l’envoyer au panthéon
du secteur.
A l’origine du premier
rendez-vous
Le 21 décembre 2018, les deux grou-
pes se limitent encore à explorer
des pistes de collaborations ponc-
tuelles. C’est à ce moment-là que
Carlos Tavares contacte Michael
Manley, son homologue de FCA,
pour lui proposer une rencontre
durant le Salon de l’auto de Genève
à la mi-mars 2019, afin « d’explorer
la possibilité d’un rapprochement
entre les deux groupes », indique le
document. Le dirigeant britanni-
que répond dans la journée – c’est
d’accord.
La rencontre a lieu discrètement
le 4 mars dans la cité helvétique,
alors que le landerneau de l’auto
bruisse de rumeurs de fusion-acqui-
sition. Le courant passe suffisam-
ment pour que les deux groupes
signent un accord de confidentialité
le 1er avril afin d’approfondir leurs
discussions. Les actionnaires sont
évidemment dans la boucle. « Avec
eux, comme avec d’autres, les planè-
tes pourraient être alignées » pour un
rapprochement, confie à cette épo-
que Robert Peugeot, président du
holding familial FFP, dans un entre-
tien aux « Echos ».
Jusqu’à la mi-mai, les discussions
progressent au fil de réunions dis-
crètes entre dirigeants organisées à
tard, Carlos Tavares contacte déjà
Mike Manley pour lui proposer de « Carlos Tavares
relancer les discussions, indique le tenait à cette
prospectus. fusion, il a su
Avant d’accepter le principe
d’une fusion entre égaux, la famille aplanir tous les
Peugeot a d’abord tenté de racheter obstacles qui se
Fiat Chrysler. Robert Peugeot sou- présentaient. Et il
met cette proposition à John Elkann
l’a fait en ayant
lors d’une rencontre le 4 juillet à
Paris. Le schéma envisageait le ver- l’intelligence
sement d’un dividende exception- d’associer les
nel en cash de 4,25 milliards d’euros
aux actionnaires de FCA, suivi d’un
actionnaires, ce qui
paiement en cash et en actions d’un lui a permis d’aller
montant non divulgué. Robert Peu- vite quand il le
geot précise son montage trois jours fallait. »
plus tard en y incluant une prime (là
UNE SOURCE AU FAIT
encore non divulguée) dans la valo-
DU DOSSIER
risation du cours. John Elkann
rejette ce montage, estimant que les
actionnaires de FCA seraient dilués
à l’excès dans l’opération. soit révisé à la hausse. A vrai dire,
Les discussions reprennent fin les deux parties ont tout intérêt au
juillet, lors d’une rencontre où le mariage. Le 11 octobre, le patron de
banquier d’affaires Erik Maris PSA peut annoncer à Mike Manley
transmet au nom de PSA à Alain que les discussions peuvent repren-

CHAQUE MOIS,
Detroit ou dans les bureaux de Bre- Minc, l’un des conseils de FCA, un dre sur de nouvelles bases.
din Prat, le cabinet d’avocats de projet portant pour la première fois Dès lors, tout va très vite. Le deal
PSA. Le 14 mai, les consultants de sur une « fusion entre égaux ». Mais est finalisé le 27 octobre lors d’une

CONNAISSANCE
McKinsey planchent devant Carlos la partie italo-américaine juge rencontre Tavares-Elkann à Ver-
Tavares et Mike Manley pour souli- insuffisant le montant du dividende sailles. Les conseils de surveillance
gner l’intérêt d’une fusion. La gou- extraordinaire qui doit être versé au des deux groupes approuvent le

DES ARTS
vernance est déjà évoquée. préalable aux actionnaires de FCA principe et les modalités de ce nou-
Mais PSA n’a pas l’exclusivité des pour équilibrer la valeur des deux veau traité trois jours plus tard.
négociations avec Fiat Chrysler, groupes. Le 10 août, une proposi- « Carlos Tavares tenait à cette fusion,

FAIT DE VOUS
loin de là. Le 26 mai, c’est la douche tion plus favorable est présentée il a su aplanir tous les obstacles qui se
froide : le groupe italo-américain lors d’une réunion à Boulogne- présentaient, commente une source
annonce qu’il a adressé une propo- Billancourt par Erik Maris, Carlos au fait du dossier. Et il l’a fait en

UN EXPERT
sition non engageante pour une
fusion à 50-50 à… Renault. Robert
Peugeot a été prévenu la veille au
soir par John Elkann, le président
de FCA et du holding de la famille
Agnelli, lors d’un dîner. « Cela a
entraîné la fin des discussions entre
PSA et FCA », relève sobrement le
prospectus.
Le lobbying contre le projet
FCA-Renault
Ce que le document ne dit pas, c’est
que PSA, d’abord abasourdi, passe
vite à la contre-attaque. Dans une
note interne qui fuite opportuné-
ment, Carlos Tavares qualifie la
proposition de FCA de « particuliè-
rement opportuniste » et défavora-
ble au losange. Un point de vue qu’il
serait allé plaider directement à
Bercy, rapporte un proche du dos-
sier. Le 6 juin, John Elkann, lassé
des atermoiements de l’Etat action-
naire et de Nissan, décide de retirer
son offre en pleine nuit, après un
EN KIOSQUE DÈS AUJOURD’HUI conseil dantesque au siège du
Losange. Quelques heures plus
Tavares et Louis Gallois, le prési-
dent du conseil de PSA, mais elle ne
convainc toujours pas John Elkann,
qui décide une nouvelle fois de rom-
pre les discussions. Décidément,
l’héritier du clan Agnelli est coriace
en affaires.
A la manœuvre pour
relancer les discussions
C’est encore une fois Carlos Tava-
res qui prend l’initiative de relancer
les négociations. Le 11 septembre
2019, à l’occasion du Salon de l’auto-
mobile de Francfort, il propose à
Mike Manley de lui rendre visite un
mois plus tard au centre d’essais des
véhicules électriques et hybrides de
PSA à La Ferté-Vidame, en Eure-et-
Loir. Ces technologies lithium-ion,
c’est précisément ce qui manque à
FCA, qui accuse un sérieux retard
en la matière, au point de devoir se
payer à prix d’or des crédits CO2 ven-
dus par Tesla. En parallèle, les ban-
quiers d’affaires s’activent et la par-
tie française accepte que le
dividende extraordinaire de FCA
ayant l’intelligence d’associer les
actionnaires, ce qui lui a permis
d’aller vite quand il le fallait. »
Le prospectus précise que le futur
patron de Stellantis touchera lors-
que le mariage sera effectif un
bonus de 1,7 million d’euros. Le Bri-
tannique Mike Manley, dont la place
dans le futur organigramme n’a tou-
jours pas été précisée, touchera, lui,
une prime d’une valeur « équiva-
lente à approximativement cinq fois
son salaire de base », soit 7,15 mil-
lions d’euros sur la base de sa rému-
nération 2019. Un montant qui
devrait alimenter les rumeurs sur le
départ de l’ancien patron de Jeep,
d’autant que le document boursier
prend le soin de préciser qu’il sera lié
par une clause de non-concurrence
de deux ans s’il venait à quitter
l’entreprise. Contacté, FCA assure
avec fermeté que « Mike Manley fera
bien partie du nouvel ensemble ». Le
bonus serait un dédommagement
pour la perte des fonctions de direc-
teur général et de membre de con-
seil d’administration. n
Les Echos Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020 ENTREPRISES // 21

Les notaires anticipent une baisse La SNCF

relance
du prix des appartements franciliens ses TGV
TRANSPORT
La montée en
régime des trains
grandes lignes se
fera en deux temps,
à compter du 7 puis
du 14 décembre.

Denis Fainsilber
dfainsilber@lesechos.fr

Pour la parenthèse des fêtes, la

IMMOBILIER
D’octobre 2020 à
janvier 2021, les prix
des appartements
anciens devraient
baisser de 0,8%.
A l’inverse, les mai-
sons de la région
parisienne bénéficient
toujours d’un effet
post-confinement.
Elsa Dicharry
@dicharry_e
Tendance de fond ou effet post-
confinement éphémère ? Les mai-
sons, en tout cas, ont en ce moment
clairement la cote en Ile-de-France.
Même si les volumes de vente sont
en baisse, du fait des effets de la
crise sanitaire, indiquent les Notai-
res du Grand Paris. Sur un an,
d’octobre 2019 à septembre 2020,
46.520 transactions ont été con-
clues. Un chiffre en recul de 16 %.
Les prix, eux, sont orientés à la
hausse : + 4,8 % en rythme annuel
pour l’ensemble des maisons fran-
ciliennes (avec +5,5 % en petite cou-
ronne et + 4,5 % en grande cou-
ronne). Surtout, selon les données
des avants contrats signés, la
hausse pourrait atteindre en jan-
vier 2021 en rythme annuel 9,5 % en
petite couronne et 6,2 % en grande
couronne,. Au global, elle sera de
7,2% sur un an et limitée à 1 % d’un
trimestre sur l’autre. « C’est le seul
secteur où on connaît une hausse des
prix amplifiée », note cependant
Christian Godard, notaire à Claye-
Souilly.
Quête de verdure
Après le premier confinement lié à
la crise sanitaire, les acquéreurs se
sont mis à chercher davantage de
verdure et d’espace, notamment
pour pouvoir télétravailler. « Cette
hausse des prix s’explique aussi par
la faiblesse de l’offre de maisons » en
région parisienne, souligne-t-il.
Du côté des appartements, au
contraire, la tendance est à un
ralentissement de la hausse des
prix (encore +6,6 % sur un an cepen-
dant à fin septembre), quand les
volumes ont chuté de 14 %, à 105.180
transactions. Mais d’un trimestre
sur l’autre, l’augmentation est limi-
tée à 1,4 %.
D’après les avant-contrats
signés, les prix ont continué à
g r i m p e r j u s q u’à c e m o i s d e
novembre, mais ils commencent à
s’éroder. La baisse trimestrielle
attendue est de 0,8 % d’octo-
bre 2020 à janvier 2021 (–0,5 % en
banlieue, –1,2 % à Paris). Ainsi, le
prix moyen au mètre carré des
appartements parisiens ne devrait
pas franchir, comme initialement
attendu, la barre des 11.000 euros.
Et la hausse annuelle des prix
constatée en janvier pourrait être
dans la capitale la plus faible d’Ile-
de-France ! « Les acquéreurs esti-
ment les prix trop élevés à Paris. Les
grands appartements ont du mal à
trouver preneur […]. La présence des
investisseurs étrangers sur le mar-
ché parisien est aussi plus limitée
qu’auparavant », note Elodie Fré-
mont, notaire à Paris.
Ce ralentissement sur les prix des
appartements franciliens, cepen-
dant, « n’effacera pas les hausses de la
La signature à distance des actes notariés pérennisée
Durant le premier confinement, le gouver-
nement avait pris un décret pour favoriser
la signature à distance des actes notariés et
permettre ainsi au secteur de l’immobilier
de continuer de fonctionner. Cette disposi-
tion, cependant, avait vocation à n’être que
temporaire, en lien avec l’état d’urgence
sanitaire, ce qu’avaient regretté un certain
nombre de professionnels du secteur.
Le 20 novembre, un nouveau décret est
paru au « Journal Officiel » qui va plus loin.
Il autorise les notaires à établir des « pro-
curations authentiques sur support élec-
compagnie ferroviaire a prévu le
meilleur. Les 600 rames TGV et
80 Intercités (ex-Corail) sont
actuellement bichonnées dans
les technicentres SNCF pour
être en état de marche optimal,
avec « des petits prix » et des caté-
naires au garde-à-vous qui ne
lâcheront pas, pendant cette
période tant espérée par les
clients sevrés de voyages.
Malgré le silence éloquent du
Premier ministre, Jean Castex,
au sujet des transports, jeudi,
dans sa description de l’assou-
plissement du confinement, la
SNCF fait « comme si ». Car sa
direction a peine à imaginer que
le gouvernement revienne sur
sa promesse de laisser les Fran-
première partie de l’année 2020 », Cela aura un impact sur les signatu- çais circuler d’une région à
soulignent les notaires. Par rapport res à venir. La fin d’année étant tra- l’autre à la mi-décembre. La
à janvier 2020, les prix seront ainsi ditionnellement calme, les notaires société nationale a donc anticipé
encore en augmentation en jan- ne s’attendent pas à un fort rebond le retour à la normale avec un
vier 2021 de 4,1 % dans la capitale, de des transactions comme au prin- plan en deux temps, selon une
5,5 % en petite couronne et de 4,6 % temps, après le premier confine- source interne : alors que seuls
en grande couronne. ment. 30 % des TGV inscrits au pro-
Le volume de ventes, quant à lui, « A plus long terme, les conséquen- gramme roulent actuellement,
devrait rester orienté à la ces de la crise sanitaire sont loin la vraie reprise débutera le
baisse. Selon une enquête réalisée d’être connues et nous avons du mal 7 décembre, avec une augmen-
auprès des études notariées, sept à évaluer l’ampleur et la durée de la tation progressive des trains
offices sur dix anticipent une dimi- crise sociale et économique », note grandes lignes, qui culminera le
nution de l’activité dès la fin de cette Cédric Blanchet, président de la lundi 14 décembre au matin,
année. Les actes de ventes ont pu chambre des notaires de Paris. Dès date à laquelle la SCNF sera « à
continuer à être signés durant ce lors, et même si « la pierre est plus fond » en termes d’offre et qui
second confinement, mais les visi- que jamais une valeur refuge pour les coïncide avec le changement de
tes de biens immobiliers – qui vont Français », une période d’incerti- « service annuel européen » du
reprendre ce samedi – auront été tude s’ouvre pour le secteur de transport ferroviaire.
interrompues pendant un mois. l’immobilier. n Depuis le discours du prési-
dent Macron, mardi, les ventes
de billets ont doublé par rapport
aux jours précédents. L’entre-
prise note cependant un volume
inhabituel de billets retenus « en
tronique lorsqu’une ou toutes les parties ne option », avec achat à confirmer
sont pas présentes ». Et ce sans limite dans plus tard, ce qui traduit le degré
le temps. « L’échange des informations de confiance très relatif des
nécessaires à l’établissement de l’acte et le clients quant à leur futur voyage.
recueil, par le notaire instrumentaire, du De plus, la gratuité des annula-
consentement de la ou des parties à l’acte tions ou changements de billets
qui ne sont pas présentes s’effectuent au jusqu’au 4 janvier risque d’encou-
moyen d’un système de traitement, de rager les doubles ou triples réser-
communication et de transmission de vations « fantômes », qui dégra-
l’information garantissant l’identification dent la rentabilité du TGV.
des parties, l’intégrité et la confidentialité
du contenu et agréé par le Conseil supé- 30 à 45 % de remplissage
rieur du notariat », précise le texte. Dans les faits, il est trop tard
pour embellir le bilan. Même
avec certains trains à nouveau
complets à compter de la mi-dé-

EDF : vers un accord sur la réforme du nucléaire
vise à redonner des marges de
ÉNERGIE manœuvre au nucléaire français,
en prise depuis plusieurs années
Selon nos informa- avec de très lourdes charges d’inves-
tions, un schéma tissements qui pèsent sur les finan-
général aurait été ces publiques.
défini entre EDF, Paris
et Bruxelles pour « Paquet global
réformer le tarif et équilibré »
de vente de l’électricité « La réforme n’est pas bouclée mais il
nucléaire. y a un appel d’air positif », glisse une
autre source qui estime qu’« un
accord pourrait être formalisé dans
Sharon Wajsbrot les prochaines semaines ». A Bercy,
@Sharonwaj on précise toutefois que les « discus-
sions se poursuivent ». « Il y aura un
Ce n’est pas encore une fumée blan- accord sur un paquet global et équili-
che mais on s’en rapproche. Alors bré », assure-t-on au sein des pou-
que les salariés d’EDF étaient en voirs publics.
grève jeudi pour protester contre la Selon nos informations, Paris et
réorganisation du groupe public, le Bruxelles seraient raccord sur les
calendrier de sa réforme s’accélère. principes de la réforme du méca-
Selon plusieurs sources, « les pla- nisme régulant la vente de l’élec-
nètes commencent à s’aligner » entre tricité nucléaire qu’EDF juge désé-
la Commission européenne et les quilibré depuis de nombreuses
pouvoirs publics français pour années. Pour assurer une rémuné-
refondre la réglementation de ration couvrant les coûts de pro-
l’électricité nucléaire et l’organisa- duction du nucléaire, EDF devrait
tion de son champion EDF. Une p o u vo i r b é n é f i c i e r d a n s l e s
réforme hautement sensible, qui années à venir de la garantie d’un
prix fixe versé pour la vente de
l’ensemble des mégawattheures
produits par ses centrales. Un
schéma moins favorable que le
« corridor » de prix administré
imaginé le PDG du groupe public,
Jean-Bernard Levy. « Bruxelles
estime que ce corridor pourrait per-
mettre, dans certains cas, à EDF
d’être rémunéré au-delà de ses
coûts de production », explique une
source.
To u t n’e s t p a s r é g l é p o u r
autant. En particulier, le niveau de
ce prix fait débat. La bonne nouvelle
pour EDF, c’est qu’il devrait lui assu-
rer une rémunération supérieure
aux 42 euros qu’il perçoit dans le
cadre de la réglementation actuelle
« Arenh ». « Le nouveau prix devrait
se situer entre 45 et 50 euros », indi-
que une autre source.
Reste aussi et surtout à trancher
le sujet le plus sensible : la scission
d’EDF imaginée par les pouvoirs
publics pour séparer ses métiers de
vente d’électricité de sa production
d’électricité nucléaire et ainsi éviter
les distorsions de concurrence
entre EDF et ses concurrents Engie
ou Total Direct Energie dans un tel
cadre réglementaire. Explosif
socialement et politiquement, cette
scission fait craindre aux syndicats
d’EDF comme à certains élus LR un
« démantèlement » du champion
du nucléaire français.
Murailles de Chine
Selon nos informations, deux sché-
mas tiennent la corde. Le premier,
favorisé par EDF, consisterait à filia-
liser ses activités commerciales et
hydrauliques, en dessous d’une tête
de groupe qui porterait les activités
nucléaires, « EDF Bleu ». Mais un
autre schéma qui permettrait de
mettre davantage de murailles de
Chine entre les activités régulées et
non régulées est sur la table : il s’agit
de réorganiser EDF sur le modèle
de la SNCF.
Adoptée en 2018, la réforme du
groupe ferroviaire consistait à
regrouper dans deux entités dis-
tinctes, sous un holding de tête, les
activités d’exploitation du réseau
ferré d’une part et les activités con-
currentielles de la SNCF d’autre
part. Chez EDF, cette organisation
se traduirait par la séparation du
groupe en trois piliers, sous un hol-
ding de tête : un EDF Bleu regrou-
pant le nucléaire et RTE, les barra-
ges dans un EDF Azur et un EDF
Vert regroupant les énergies
renouvelables, Enedis et les activi-
tés commerciales de vente d’élec-
tricité.
L’objectif ici est triple : attirer des
investisseurs privés dans la partie
verte pour financer la croissance
des énergies renouvelables, conser-
ver la main sur les concessions
hydrauliques que la France refuse
d’ouvrir à la concurrence et isoler le
nucléaire régulé pour éviter que les
autres activités non régulées ne
profitent indûment des prix de
vente garantis.
Pour la CGT, c’est le pire des scé-
narios. « Un holding va désintégrer
la production d’électricité et fatale-
ment les citoyens la paieront plus
cher. C’est la fin du service public ! »,
dénonce un syndicaliste du
groupe. Selon EDF, la part des sala-
riés grévistes atteint 31,7 % jeudi. La
CGT évoque de son côté 50 % de
grévistes. n
cembre, cela ne redressera que
très marginalement les comptes
de l’entreprise publique. Elle
aura subi de plein fouet les effets
de 47 jours supplémentaires de
confinement national, après le
blocus sanitaire du printemps.
Les derniers mois d’exploita-
tion ont encore pesé très lourd
pour les recettes : même en ne
conservant que trois TGV sur
dix sur injonction de l’Etat-ac-
tionnaire au nom du confine-
ment, ces trains ne sont eux-mê-
mes occupés qu’à 30 ou 45 % au
mieux… A fin septembre, la
marge opérationnelle de l’entre-
prise était déjà en retrait de
4 milliards d’euros par rapport
aux prévisions, et les mois sui-
vants n’arrangeront rien.
Dans une récente communi-
cation aux cheminots, Christo-
phe Fanichet, le PDG de SNCF
Voyageurs, prévient que la clien-
tèle professionnelle « n’est pas
revenue à bord de nos TGV et
Intercités », et que cette désaffec-
tion dénote un « changement
durable des comportements ». La
clientèle « Pro » représente habi-
tuellement 40 % du chiffre
d’affaires sur les grandes ligne et
son absence « fragilise tout le
système ». n
22 // ENTREPRISES
Suez : saisies chez Veolia,
Engie et Meridiam
ENVIRONNEMENT
Des huissiers ont été
dépêchés, jeudi matin,
aux sièges des protago-
nistes du projet de
fusion Suez-Veolia,
après une requête
déposée par Suez
devant le tribunal
de commerce
de Nanterre.
Laurence Boisseau
@boisseaul
Nouvelle escarmouche dans la
guerre à laquelle se livrent Suez et
Veolia. La direction de Suez ne
désarme pas devant l’assaut de son
concurrent. Elle a obtenu du tribu-
Les huissiers étaient missionnés pour se faire remettre tous les nal de commerce de Nanterre trois
documents matériels, fichiers informatiques et correspondances ordonnances permettant à des
électroniques contenus dans des ordinateurs appartenant huissiers de saisir chez Veolia,
aux principaux dirigeants. Photo Nathan Laine/Bloomberg Engie, maison mère de Suez, et chez
ÉTATS
27 Novembre 2020 GÉNÉRAUX
de 10h30 à 12h30 DE LA
COMMUNICATION
#TRANSFORMERLACOMMUNICATION
POURTRANSFORMERLEMONDE
L’idée, lancée l’an dernier, se concrétise ce!e année par un premier temps de
partage et de discussion, autour des sujets qui aujourd’hui font débat, au cœur
de nos métiers et de la société civile : le devenir de la consommation dans la
nécessaire transition, l’évolution du modèle des médias, celle de nos
interactions avec les acteurs économiques et avec la société dans son
ensemble, le rôle de la communication dans la transformation du monde.
Ce premier temps se concentrera sur le modèle de société de
consommation que nous souhaitons voir émerger pour demain. Selon le
principe des États Généraux, toutes les questions pourront y être abordées, et
la réflexion à laquelle nous vous convions est fondamentalement ouverte,
plurielle, et accueillera des points de vue divers, à la fois de l’intérieur mais
aussi à l’extérieur de nos métiers et entreprises : Philippe Moati,
Jean Jouzel, Aurore Bergé, Thierry Libaert, Amandine Roggeman,
Arnaud Leroy, Stéphane Martin, Laura Boulet seront avec nous
et interviendront.
INSCRIPTION OBLIGATOIRE
FILIERE-COMMUNICATION.ORG UN ÉVÉNEMENT ORGANISÉ PAR
le fonds Meridiam, prêt à racheter
Suez Eau, des documents qui
seraient de nature à prouver qu’il
existe une entente entre ces trois
acteurs.
Des huissiers accompagnés
d’experts informatiques se sont
rendus jeudi matin aux sièges
d’Engie, de Veolia et de Meridiam.
Ils étaient missionnés pour se faire
remettre tous documents maté-
riels, fichiers informatiques et cor-
respondances électroniques conte-
nus dans des ordinateurs, ou des
serveurs distants (tablettes, télé-
phones portables, clé USB,
cloud, etc.) appartenant aux princi-
paux dirigeants. Ces documents
doivent avoir été utilisés entre le
1er mai et le 6 octobre et contenir cer-
tains mots clés. Parmi ces mots clés,
les noms de protagonistes mais
aussi des noms de code liés à l’opé-
ration, comme « Lagumina »,
« Rotat », « Muzumbar »,
« Vivaldi », « Schubert », « Elgar »
ou encore « Neuville ».
Animation par
Marie Drucker
Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020 Les Echos
Les pièces collectées qui sont
désormais dans les mains des huis-
siers seront examinées pour déter-
miner « si cette opération est régu-
lière à tous égards », a expliqué Jean
Veil, avocat de Suez.
Suez croit aussi que
Veolia et Meridiam se
sont alliés dès juillet,
avant même
les déclarations
publiques de Jean-
Pierre Clamadieu.
La procédure vise à dénicher
« tous éléments d’informations de
nature à corroborer les suspicions »
sur une éventuelle « action concertée
dissimulée » ou encore « l’absence de
processus compétitif » dans le rachat
de Suez par son concurrent Veolia, a
précisé Bruno Cavalié, un autre avo-
cat de Suez. Tous deux ont indiqué
avoir été surpris par « l’accélération
du calendrier ».
Suez a toujours contesté la
manière dont Engie a vendu 29,9 %
de son capital à Veolia en octobre,
sans processus concurrentiel, selon
elle. Le groupe se demande aussi si
Engie n’a pas fait obstacle à l’émer-
gence d’une offre alternative,
notamment à celle d’Ardian.
Suez croit aussi que Veolia et
Meridiam (qui n’est pas actionnaire
de Suez) se sont alliés dès juillet,
Investissement
historique de Herta dans
ses usines françaises
AGROALIMENTAIRE
La marque « la mieux
vendue en France »
investit 85 millions
d’euros sur ses quatre
sites de l’Hexagone.
Marie-Josée Cougard
@CougardMarie
« Je n’ai jamais vécu un investisse-
ment de cette importance de toute ma
carrière chez Herta », dit le directeur
industriel de l’entreprise, Alexis
Gorline. Herta, codétenue à 60/40
par l’espagnol Casa Tarradellas et
Nestlé qui en a cédé le contrôle fin
2019, va investir 85 millions d’euros
sur deux ans. La plus grosse part
(57 millions) ira à l’usine de Saint
Pol en Ternoise, son « vaisseau ami-
ral » pour en accroître les capacités
de production (70.000 tonnes), la
moderniser et améliorer les condi-
tions de travail. C’est le site où sont
produites « les grandes séries », et
où l’on cherche encore à gagner en
productivité explique le directeur
général Arnaud de Belloy, avec le
jambon Le Bon Paris, les Knackis,
les lardons et les « Tendre Croque ».
Un effort de 25 millions d’euros
est prévu pour l’usine alsacienne de
Illkirch, qui sera modernisée. Le
laboratoire Qualité sera agrandi et
la pénibilité des tâches de manuten-
tion réduites grâce au développe-
ment des équipements en exosque-
lettes.
Plus de 2 millions d’euros seront
injectés sur les sites logistiques
d’Herta situés à Le Meux (Oise) et à
Lozanne (Rhône) afin de fluidifier
les flux. Un impératif par temps de
Covid. « Il faut assurer en perma-
nence des à-coups de production.
Nous vivons une année très compli-
quée. Chaque jour requiert une adap-
tation à la demande. Il n’y a pas de
stocks dans le frais. On est un peu sur
la corde raide », précise Arnaud
de Belloy.
avant même les déclarations publi-
ques de Jean-Pierre Clamadieu, le
président d’Engie, sur une possible
mise en vente de la part dans Suez.
Une fois ces pièces collectées, si
des preuves existaient de nature à
corroborer les suspicions, Suez
pourrait alors lancer un recours sur
le fond auprès du même tribu-
nal. Veolia, Engie et Meridiam peu-
vent contester les saisies et deman-
der un référé en rétractation contre
ces ordonnances. Pour l’instant, les
documents collectés par les huis-
siers jeudi matin sont placés sous
séquestre.
« Nous n’avons rien à cacher. Et ces
allégations ne feront que mener Suez
dans une impasse. Il est de notoriété
publique que Jean-Pierre Clamadieu
avait prévenu Philippe Varin et Ber-
trand Camus bien avant son annonce
publique le 31 juillet dernier », a
déclaré Veolia.
Cette procédure est fréquente en
droit des affaires. Elle marque mal-
gré tout une nouvelle étape dans la
bataille qui oppose les deux concur-
rents devant la justice. La semaine
dernière, Veolia a obtenu, devant ce
même tribunal, une ordon-
nance contre la fondation néerlan-
daise créée par Suez pour y loger sa
division eau France. Le même jour,
soit le 19 novembre, la cour d’appel
de Paris a, elle, privé Veolia de ses
droits d’actionnaires, le temps
qu’une procédure d’information-
consultation ait été menée auprès
des salariés de Suez. n
Avec une part de marché de 14 %,
Herta est le leader de la charcuterie
en France, en plus d’être l’inventeur
de la pâte à tarte à dérouler (en
1986). Et la marque la plus vendue
en grande consommation pour la
huitième année consécutive selon
Kantar. Sur onze mois, le chiffre
d’affaires a atteint 1,04 milliard
d’euros, en progression de 10,4 %
après une hausse de 8 % en 2019. La
rentabilité est faible, mais « nette-
ment meilleure » que dans le reste
du secteur, selon le directeur géné-
ral. Herta achète la moitié de la
viande en France, l’autre moitié en
Espagne. La croissance s’explique
notamment par une forte demande
en lardons et en pâtes à tarte avec les
épisodes de confinement. Et une
bonne cote de la charcuterie.
La croissance
s’explique
notamment par
une forte demande
en lardons et
en pâtes à tarte
avec les épisodes
de confinement.
« Notre position de leader nous
oblige à investir sans arrêt et à déve-
lopper notre savoir-faire », affirme le
dirigeant. Le suivi de la qualité repré-
sente une part très importante des
investissements. « Les analyses de
plus en plus exigeantes doivent pou-
voir se faire très rapidement. Herta a
innové dans la conservation sans
nitrites après cinq années de recher-
che et développement en recourant à
des extraits végétaux et de la vitamine
C, qui permet de préserver le goût et la
couleur rose », dit-il. Les knackis
végétaux sont une des dernières
innovations. Herta en produit 800
tonnes sur un total de 20.000 tonnes
de ces produits. « Le végétal est encore
modeste dans la consommation et
correspond à 4, 4 % de notre activité »,
précise Arnaud de Belloy. n
Les Echos Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020
Recapitalisation d’Air France :
tensions entre Paris et La Haye
Malgré des services communs, Air France et KLM restent deux compagnies très séparées. Photo Laurent Grandguillot/RÉA
AÉRIEN
Les autorités françai-
ses lient le nécessaire
renforcement
des fonds propres
d’Air France-KLM
à un renforcement
de l’intégration de
KLM dans le groupe.
Au risque de provo-
quer une nouvelle crise
chez KLM et à La Haye,
où l’autonomie de KLM
reste sacrée.
Bruno Trévidic
@BrunoTrevidic
La recapitalisation d’Air France-
KLM, qui doit intervenir par étapes
en 2021, pourrait être l’occasion de
renforcer l’emprise du siège fran-
çais sur la compagnie néerlandaise.
C’est du moins ce que souhaitent les
autorités françaises, au risque
de rallumer la querelle avec une
partie des salariés de KLM et des
responsables politiques néerlan-
dais, soucieux de préserver l’auto-
nomie de la compagnie nationale.
Les autorités françaises souhai-
tent en effet profiter des discussions
en cours avec leurs homologues
néerlandais sur le nécessaire ren-
forcement des fonds propres d’Air
France-KLM pour « clarifier » les
responsabilités et mettre fin à ce
qu’ils considèrent comme des
« dysfonctionnements » dans la
gouvernance d’un groupe interna-
tional privé. Cette clarification se
traduirait, en interne, par une nou-
velle réduction de l’autonomie de
KLM, sur des sujets clef comme la
gestion de sa flotte, de ses destina-
tions et de sa filiale low-cost Transa-
via. Avec pour objectif de renforcer
les synergies avec Air France et de
gagner en efficacité et en rentabilité.
Signaux forts
Dans un entretien aux « Echos », le
13 novembre, le directeur général
d’Air France -KLM, Benjamin
Smith, avait lui-même évoqué le
sujet de l’intégration, soulignant le
manque d’une « véritable stratégie
de groupe ». Ce qui avait suffi à susci-
ter des réactions inquiètes dans la
presse néerlandaise. Le ministre
délégué aux transports, Jean-Bap-
tiste Djebbari, en avait rajouté le
22 novembre, lors du Paris Air
Forum, en expliquant que « l’Etat
est prêt à monter à monter au capital
dans des proportions importantes »,
mais que le sujet le plus important
est de savoir « si on est prêt à intégra-
tion plus importante avec nos amis
néerlandais ».
En coulisses, certains utilisent
toutefois des termes moins diplo-
matiques envers « les amis néerlan-
dais » d’Air France-KLM, accusés
d’abriter un « courant séparatiste ».
« Air France-KLM est un groupe
privé international, dont KLM est
une filiale. Il est quand même très
paradoxal que les dirigeants d’une
filiale refusent de s’inscrire dans une
stratégie de groupe, fait-on remar-
quer à Paris. Cela n’existe nulle part
ailleurs ».
Levée de boucliers
aux Pays-Bas
De quoi susciter une nouvelle levée
de boucliers chez KLM, mais aussi à
La Haye, où le souci de préserver le
maximum d’autonomie possible
pour KLM ne s’est jamais démenti,
malgré 17 ans de vie commune avec
Air France. C’est au nom de la pré-
servation des intérêts néerlandais
que le ministre des finances, Wopke
Hoekstra, avait lancé un raid bour-
sier surprise en février 2019, afin de
porter la part de l’Etat néerlandais
au niveau de celle de l’Etat français,
soit 14 %. Invité à commenter les
déclarations françaises, Wopke
Hoekstra, n’a d’ailleurs dissimulé
une certaine irritation. « Il n’est pas
certain que les choses iront mieux
avec plus d’intégration. Dans l’immé-
diat, ce n’est pas quelque chose qui
m’enthousiasme », a-t-il déclaré à la
télévision néerlandaise.
Le sujet est d’autant plus sensible
aux Pays-Bas que l’actuelle coali-
tion gouvernementale et son minis-
tre des finances jouent leur avenir
aux élections générales de mars,
notamment sur la gestion du dos-
sier KLM, qui divise l’opinion, tant
sur le soutien financier accordé à la
compagnie que sur l’impact envi-
ronnemental du transport aérien.
Des concessions trop importantes
aux Français sur l’autonomie de
KLM, après les quelque 700 mil-
lions d’euros investis en 2019 et les
3,4 milliards d’euros de prêts accor-
dés difficilement en septembre, ris-
queraient de lui coûter très cher
politiquement.
« Ce n’est vraiment pas le moment
de remettre sur la table le sujet de
l’intégration, estime un responsable
syndical de KLM, pourtant plutôt
favorable au bon fonctionnement
« Il n’est pas
certain que les
choses iront mieux
avec plus
d’intégration.
Dans l’immédiat,
ce n’est pas
quelque chose qui
m’enthousiasme. »
WOPKE HOEKSTRA
Ministre des Finances
néerlandais
du groupe. Entre la baisse des salai-
res de 20 % et les 5.000 suppressions
de postes, les salariés de KLM ont déjà
le sentiment d’avoir fait de gros
efforts. Ils sont inquiets pour leur ave-
nir. Si les décisions stratégiques sont
prises à Paris, leurs représentants
auront moins d’influence qu’à Ams-
terdam pour défendre leur intérêt. »
Ménager les partenaires
Conscients de ces difficultés, les
autorités françaises et les adminis-
trateurs du groupe semblent sou-
cieux de ménager, autant que possi-
ble, leurs partenaires néerlandais.
« Il ne s’agit pas de nier la sensibilité
nationale et l’importance que revê-
tent KLM et l’aéroport de Schiphol
aux Pays-Bas, souligne-t-on côté
français. Nous ne sommes pas non
plus en conflit avec l’Etat néerlan-
dais. L’objectif est que cette opération
[de recapitalisation NDLR] soit
pacifiée. »
Pour remonter le niveau de fonds
propres d’Air France-KLM, laminés
par l’énormité des pertes et l’envo-
lée de l’endettement, le minimum
requis serait, selon les analystes, de
convertir en capital le prêt direct de
3 milliards d’euros de l’Etat fran-
çais, ainsi que le milliard d’euros
avancé par La Haye à KLM. Ce qui
redonnerait mathématiquement
Corsair finalise un plan de
sauvetage à 300 millions d’euros
Après avoir échoué à obtenir un prêt garanti par l’Etat
au printemps, Corsair est finalement parvenu à monter
un plan de sauvetage de 300 millions d’euros, avec l’aide
du Comité interministériel de restructuration indus-
trielle (CIRI). Ce plan, qui doit encore être approuvé
par le tribunal de commerce de Créteil le 1er décembre,
doit lui permettre de prendre un nouveau départ,
en se recentrant sur la desserte des départements
d’outre-mer, avec un groupe d’investisseurs locaux.
l’avantage aux Français au tour de
table. Toutefois, afin de ménager les
susceptibilités et d’éviter aux autres
actionnaires stratégiques, Delta Air
Lines et China Eastern (avec envi-
ron 9 % chacun) de voir leurs parti-
cipations diluées, tout ou partie des
prêts pourraient être convertis en
obligations perpétuelles, considé-
rés comme de quasi-fonds propres
donnant droit au versement d’un
intérêt chaque année, mais dont la
possession ne modifie pas la répar-
tition du capital. Tant que leur
conversion n’est pas demandée.
Un appel au privé plus tard
A cet effort des Etats s’ajouterait
ultérieurement un appel aux inves-
tisseurs privés pour obtenir cette
fois des liquidités, les deux Etats
n’ayant pas vocation à rester éter-
nellement majoritaires au capital
d’un groupe de transport aérien
privé. Cette seconde phase ne
pourra intervenir qu’en sortie de
crise, quand les investisseurs
auront retrouvé suffisamment de
visibilité sur l’avenir du transport
aérien. Contrairement au renforce-
ment des fonds propres, qui doit
intervenir avant le quitus sur les
comptes de 2020, il n’y a pas
urgence à renforcer la trésorerie
d’Air France-KLM, qui dispose de
suffisamment de liquidités pour les
11 prochains mois.
Enfin, si l’objectif est bien de par-
venir à un accord sur la recapitali-
sation d’Air France-KLM avant la
fin de l’année, l’opération pourrait
attendre l’assemblée générale en
avril ou mai pour être validée. Le
temps de laisser passer les élections
aux Pays-Bas, mais aussi d’avoir
une meilleure visibilité sur la situa-
tion financière du groupe, après la
clôture des comptes, au 31 décem-
bre 2020. Car pour l’heure, la
rechute du trafic en septembre
continue de creuser les pertes et les
perspectives de reprise restent
floues. n
ENTREPRISES // 23
mécénat
Léo-Lagrange finance
un programme
éducatif écologique
MÉCENNAT
Initié en 2012 au Québec, le
programme Carbon Scol’ERE
arrive en France, importé par
la Fédération d’éducation
populaire Léo-Lagrange. Et
avec lui, le « crédit carbone
éducatif », nouveau concept
de mécénat écologique.
Léa Delpont
— Correspondante à Lyon
Carbon Scol’ERE est un pro-
gramme de sensibilisation aux
éco-gestes contre les émissions
de gaz à effet de serre, destiné
aux enfants de 9 à 12 ans et
importé du Canada. Léo-La-
grange l’a déjà testé dans une
quarantaine de classes et la
puissante fédération d’éduca-
tion populaire ambitionne de le
déployer dans 1.000 classes par
an à partir de la rentrée 2021. En
l’autofinançant grâce à des cré-
dits carbone éducatifs.
De quoi s’agit-il ? Pour com-
mencer, il faut faire des écono-
mies de CO2. Le programme se
compose de cinq séances de
deux heures, durant lesquelles
les enfants apprennent sur des
supports ludiques et dynami-
ques à repérer les émissions de
Le programme permet de sensibiliser les enfants
de 9 à 12 ans aux émissions carbone. Photo Benjamin Géminel
CO2 dans leur vie quotidienne :
transports, déchets, énergie,
consommation… A l’issue de
ces ateliers théoriques, qui sti-
mulent leur esprit critique et le
désir d’agir, ils peuvent passer à
la pratique avec des défis à
mener en famille, guidés sur le
p ortail Carb on S col’ERE.
Aiguillonnés par un petit avatar
personnel, les « enquêteurs »
traquent le CO2 chez eux durant
un an, « afin d’induire de vérita-
bles changements de comporte-
ments », souligne Yves Blein,
président de la Fondation. « Le
programme s’appuie sur le con-
cept des enfants prescripteurs, en
les responsabilisant par le jeu. »
Numéro de série
Les supports pédagogiques
comme les défis ont été franci-
sés. On y apprend que faire un
mètre en voiture remplit un bal-
lon de baudruche de CO2. « Avec
ça, vous ne pouvez plus aller à la
boulangerie en voiture, vos
enfants vous l’interdisent ! »
témoigne Pascal Métivier, direc-
teur général de Léo-Lagrange.
La mission réussie donne lieu
à des évaluations chiffrées des
économies de gaz à effet de
serre. Mais pas au doigt mouillé :
la grille a été conçue par le Ciraig,
Centre international de réfé-
rence sur le cycle de vie des pro-
duits, émanation de l’Ecole poly-
technique et de l’Université
québécoise. Le très officiel Cen-
tre de recherche industriel du
Québec convertit les efforts des
enfants – efforts réguliers sur un
an, le suivi est strict – en tonnes
équivalent carbone. Après vali-
dation par un commissaire aux
comptes, ces « eq CO2 » sont
transformés en crédits carbones
éducatifs (CCÉ), avec leur propre
numéro de série. Ils ne deman-
dent plus qu’à être achetés par
des mécènes pour financer
l’accès de nouvelles classes à
Carbone Scol’ERE.
18 euros la tonne eq CO2
Le programme québécois,
mené par Coop FA, a touché
850 classes, 18.000 jeunes et
leur famille. Il a produit 70.000
tonnes eq CO2 – 2,5 par enfant
en moyenne. 27.000 ont été
vendues, au prix fixe de 30 dol-
lars canadiens là-bas (18 euros
ici). Dans les faits, CoopFA se
finance aussi grâce à des sub-
ventions de collectivités locales
(30 %) et du simple mécénat,
sans contrepartie (40 %). Les
crédits carbone non consom-
més sont détruits.
« On ne vendra pas de crédits
carbone éducatifs avant fin 2021,
prévient Pascal Métivier, car il
faut le temps de les produire ».
Pour amorcer la pompe, la fon-
dation Air France et la fondation
Olympique Lyonnais financent
respectivement 20 et 10 classes,
sur la base d’un coût par classe
d e 9 5 t o n n e s e q CO 2 (o u
1.700 euros). Parmi les autres
sponsors déjà engagés aux côtés
de Léo-Lagrange : la chanteuse
Zaz, la mutuelle Gras Savoy et
l’éditeur de logiciel TalenTia.
Pascal Métivier table sur une
forte participation des entrepri-
ses dans une logique d’engage-
ment territorial, « avec les numé-
ros de série des CCÉ, qui
permettent de tracer les écono-
mies de CO2 dans sa région ». La
fédération cherche à faire un
transfert d’ingénierie auprès
d’un organisme certificateur
aux normes françaises pour
parachever l’adoption du pro-
gramme. Les crédits carbone
éducatifs sont destinés princi-
palement à compenser des
déplacements professionnels
non réalisés en transport en
commun ou en train, dans les
entreprises soucieuses de la
trace de CO2 qu’elles laissent
dans leur sillage. Mais ils n’exo-
nèrent pas des obligations léga-
les de compensation des activi-
tés polluantes. n
HIGH-TECH&MEDIAS Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020 Les Echos

Comment le Covid-19 rebat les cartes

entre la musique enregistrée et le live
l A la faveur de la pandémie, les acteurs du disque diversifiés dans le live attirent les artistes, au détriment
des producteurs de spectacles, privés de scène.
l Lorsque viendra le temps d’une reprise normale des concerts, certains pourraient ne pas pouvoir se relever.

MUSIQUE

Martine Robert
@martiRD

Comme dans de nombreux sec-

teurs, le coronavirus a fait s’accélérer
des tendances déjà identifiées. Mais
rarement avec autant de violence
que dans la musique. Dans ce big-
bang, il y a de grands gagnants : les
acteurs positionnés sur le streaming
comme Believe, qui devrait entrer
en Bourse en 2021 avec une valorisa-
tion attendue de 2 milliards d’euros.
De grands perdants : les pure
players du spectacle vivant, paraly-
sés par les confinements, couvre-
feux et restrictions de jauge. Et au
milieu, mais plutôt en bonne posi-
tion aussi, des acteurs pratiquant le
« 360 », présents à la fois sur la musi-
que enregistrée, le live, l’édition, le
merchandising et l’audiovisuel, tel le
gros indépendant Wagram Music
ou les majors Universal Music, Sony
et Warner.

Même le plus
important des
producteurs, Fimalac
Entertainment,
a vu Julien Doré
partir chez Sony
et Benjamin Biolay
chez Warner.
L e f o n d a t e u r d e Wa g r a m ,
Christophe Bourdoiseau, ne cache
d’ailleurs pas ses velléités de crois-
sance, interne comme externe.
« Le Covid-19 a transformé les usa-
ges. Les expériences de livestream se
multiplient, la diffusion de contenus
numériques explose, au détriment
des supports physiques et du specta-
cle vivant. Mon projet, Wagram
Stories, est une machine de guerre
pour produire et distribuer des
contenus culturels et créatifs dans le
monde », assure-t-il, s’appuyant
sur ses labels, sur W Spectacle
(700 concerts par an), sur Wagram
Films, Wagram Livres ou encore
Wagram Publishing.
La filiale spectacle de Vivendi,
Olympia Production, s’est associée
L’arrêt des concerts et d’une grande partie des sorties d’albums cristallisent les tensions un peu partout dans l’industrie de la musique. Photo iStock
avec son homologue Arachnée,
pour sa part dans le giron de Sony
Music, afin de monter deux lives-
treams payants avec Matt Pokora le
8 décembre et Jenifer le 13. « Ce
marché est plutôt réservé aux stars
mondiales, comme Kylie Minogue,
et plus compliqué à rentabiliser avec
des Français. Mais dans un groupe
comme Vivendi, on peut rediffuser
les concerts ultérieurement sur nos
chaînes myCanal, Olympia TV, C8 et
CStar », précise Christophe Sabot,
président d’Olympia Production.
Sécuriser les revenus
« Le livestream est un projet d’avenir,
Internet change la manière de décou-
vrir et de promouvoir les talents.
L’artiste peut rencontrer de nou-
veaux publics, habituellement trop
éloignés de ses tournées », com-
mente Benjamin Jourdain, direc-
teur d’Arachnée.
Believe, spécialiste de la distribu-
tion numérique qui a aussi du live,
ambitionne de suivre les artistes à
tous les stades de leur carrière. « Le
confinement a fait basculer beaucoup
de consommateurs vers le streaming
payant, et pas seulement les jeunes.
Nous avons accompagné les artistes
pour produire des contenus, mobili-
ser leurs fans, mettre en avant leur
catalogue, repenser l’expérience client
et la monétiser », explique Romain
Vivien, directeur général de Believe.
Autant de services qui séduisent
des artistes soucieux de sécuriser
leurs revenus. Difficile pour les pure
players du spectacle de faire le poids.
Leur chiffre d’affaires devrait recu-
ler de 85 % sur 2020, tandis que celui
du disque ne baissera que de 30 %.
Et ces artisans n’ont pas le lobbying
efficace des majors : alors que le
crédit d’impôt phonographique
vient d’être renforcé et prolongé
jusqu’en 2024, celui du spectacle
vivant ne l’a pas été.
« Proie facile »
Pourtant, les quelque 200 millions
octroyés par le ministère de la Cul-
ture suffiront à peine à maintenir
les producteurs hors de l’eau cette
année… « En renforçant le crédit
d’impôt phonographique et pas celui
sur le spectacle vivant, Matignon n’a
pas compris qu’il contribuait à nous
déstabiliser encore un peu plus, au
moment où nous constituons une
proie facile, où nos amis du disque
sont en train de signer nos artistes »,
s’ i n q u i è t e l e p a t r o n d ’ A l i a s ,
Jules Frutos.
L’atterrissage, en 2021, pourrait
être brutal. « Certains vont tomber et
la diversité en souffrira. Ce modèle
360 est purement français ; ailleurs,
les managers des artistes ont compris
l’intérêt de séparer les prestataires
pour ne pas mettre tous leurs œufs
dans le même panier », observe
Christophe Davy, de Radical
Production.
Evoluer, réfléchir à d’autres
modes de diffusion est nécessaire
mais compliqué pour ces PME.
« Nous n’avons pas d’actifs contraire-
ment aux maisons de disques. Et si
nous voulons capter nos spectacles
pour une exploitation ultérieure
audiovisuelle ou sur Internet, les
droits appartiennent aux labels »,
soupire le producteur Olivier
Poubelle, à la tête d’Astérios. Du
coup, le nouveau crédit d’impôt
audiovisuel pourrait profiter plutôt
au secteur du disque.
Même le plus important des pro-
ducteurs, Fimalac Entertainment, a
vu Julien Doré partir chez Sony et
Benjamin Biolay chez Warner, se
refusant à entrer dans une suren-
chère. Lui, comme les filiales live
des majors, savent que personne n’a
intérêt à appauvrir un écosystème
atomisé qui favorise l’émergence. Et
les plus faibles, seuls ou derrière
leur syndicat – le Prodiss –, tentent
d’agiter le débat, avec l’énergie du
désespoir, pour obtenir des soutiens
dans cette conjoncture catastrophi-
que et sans visibilité sur 2021. n

Bras de fer autour de la rémunération des interprètes

Deux visions s’affrontent :
les musiciens veulent être
intéressés au succès
d’un enregistrement en
plus de toucher un cachet.
Les producteurs, rémuné-
rés qu’à partir du moment
où un disque rencontre
un large public, estiment
que cela déstabiliserait
l’industrie.
Nicolas Madelaine
@NLMadelaine
L’arrêt des concerts et d’une grande
partie des sorties d’albums cristal-
lise les tensions un peu partout
dans l’industrie de la musique. Le
bras de fer sur la rémunération des
musiciens en tant qu’interprètes et
non en tant qu’auteurs-composi-
teurs dans l’enregistrement d’un
morceau en est le dernier exemple.
L’administration des droits des
artistes et musiciens interprètes
(Adami), un organisme de gestion
collective (OGC) axé sur la collecte
des droits voisins des artistes inter-
prètes principaux, vient en effet de
mettre en demeure l’Etat pour
« contraindre le ministère de la Cul-
ture à convoquer la commission
administrative […] devant définir une
garantie de rémunération minimale
(GRM) pour les artistes ».
L’Adami ajoute que l’Etat a désor-
mais deux mois pour lui répondre
et que, « dans le cas d’une réponse
négative, elle pourrait ensuite saisir
le Conseil d’Etat ».
Mise en demeure
Si les tensions affleurent en ce
moment, c’est que le Parlement est
en train de transposer par ordon-
nance la directive européenne sur
le droit d’auteur. « Le texte a été ver-
rouillé, il n’y a pas eu de débat sur le
partage de la valeur », déplore Phi-
lippe Gautier, secrétaire général du
syndicat SNAM-CGT représentant
les musiciens interprètes.
Deux visions globales s’affron-
tent. Pour les représentants de
musiciens, ces derniers doivent être
payés au cachet lorsqu’ils enregis-
trent, mais aussi être rémunérés
proportionnellement au succès
d’un enregistrement lorsqu’il ren-
contre son public. « Nous ne deman-
dons pas à toucher dès le premier
euro de revenu le premier jour
d’exploitation, mais seulement en
cas de succès, il ne faut pas nous cari-
caturer, explique Philippe Gautier.
Mais nous déplorons que le gouver-
nement n’ait pas imposé la négocia-
tion d’accords collectifs évitant aux
artistes d’avoir à négocier individuel-
lement. Il nous semble logique que les
artistes principaux touchent au
moins 12 % des revenus de la musique
enregistrée, un chiffre pivot modula-
ble en fonction des cas, et que les artis-
tes non principaux touchent 5 %. »
Le débat se corse, en effet,
d’une distinction entre artistes
principaux – ceux dont la présence
est essentielle pour la personnalité
d’un morceau – et les non-princi-
paux – remplaçables.
Pour les représentants patro-
naux, comme le SNEP (Syndicat
risque dans laquelle 9 albums sur 10
« Elargir la ne sont pas rentables et considèrent
rémunération que, dans le principe, on ne peut pas
jouer sur les deux tableaux : le
proportionnelle cachet est une présomption de sala-
à des artistes déjà riat et le producteur, lui, dépense de
rétribués au cachet l’argent avant d’espérer en gagner.
« Elargir la rémunération propor-
est une belle idée tionnelle à des artistes déjà rétribués
qui peut s’avérer au cachet est une belle idée qui
catastrophique. » peut s’avérer catastrophique, dit
Bertrand Burgalat, le président
BERTRAND BURGALAT
Président du SNEP et patron du SNEP et patron du label indé-
du label pendant Tricatel. Pas seulement en
indépendant Tricatel raison des contraintes, notamment
économiques, qu’elle ferait peser sur
des structures dont 90 % des projets
sont déficitaires. Elle pénaliserait les
national de l’édition phonographi- labels qui font le choix d’une musique
que) ou le Syndicat des musiques organique, face à d’autres genres où
actuelles (SMA), il n’y a pas de les machines prédominent. On a déjà
raison de modifier l’équilibre fait ce genre d’erreur : la convention
économique existant, avec les collective de 2008 a tué la production
producteurs, les auteurs et certains de musiques de films en France. »
artistes principaux payés propor- Dans la directive, le sujet en ques-
tionnellement au succès et les inter- tion dans ce bras de fer est le droit
prètes au cachet. Les producteurs voisin des interprètes (les auteurs
s’estiment dans une économie de ont un droit d’auteur) pour toutes
les formes d’exploitation des enre-
gistrements traitées dans le contrat
de l’artiste avec la maison de dis-
ques (auteurs et artistes se parta-
gent par ailleurs des droits voisins
pour les passages en radio, pour la
copie privée…).
Mais cette directive s’entrecho-
que avec une vieille négociation sur
cette garantie de revenu minimal
(GRM) évoquée par l’Adami, qui
traite, elle, des artistes principaux et
pour les seules plateformes de type
Deezer ou Spotify, devenues la prin-
cipale source de revenus de la musi-
que. Un accord avait été signé à l’été
2017 sur ce sujet, avant que les syn-
dicats d’artistes ne retirent leur
signature le lendemain matin.
Côté producteurs, on estime
qu’on reste proche d’un accord.
Aujourd’hui, si les artistes semblent
un peu résignés sur une modifica-
tion de la transposition de la direc-
tive, ils espèrent bien redonner une
chance à leurs revendications dans
le cadre de cette discussion sur
la GRM. n
Les Echos Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020
L’annonce d’un éventuel rachat a fait s’envoler le cours de Slack de 32 % et même conduit à sa suspension pendant quelques minutes,
mercredi, au New York Stock Exchange. Photo Brendan Mc Derrmid/Reuters
Logiciels : Salesforce en
discussion pour racheter Slack
L’opération serait la plus grosse
INFORMATIQUE acquisition du groupe de San Fran-
Le géant des logiciels
cisco, dont l’ascension a été couron-
de relation client
née fin août par son entrée au Dow
Jones, en remplacement du pétro-
Salesforce envisage de lier ExxonMobil. Dopée par l’accé-
racheter la messagerie lération de la transformation
professionnelle colla- numérique provoquée par le confi-
borative Slack, selon le nement, l’entreprise a publié des
« Wall Street Journal ». résultats record ces derniers tri-
mestres, conduisant son cours de
Bourse à doubler depuis mi-mars.
L’opération, supé- Elle prédit un chiffre d’affaires
rieure à 17 milliards supérieur à 20 milliards de dollars
de dollars, serait cette année, contre 13,2 milliards
la plus grosse l’année dernière.
acquisition du groupe
de Marc Benioff. Croissance externe
frénétique
Marc Benioff, son cofondateur et
Anaïs Moutot PDG qui a su miser très tôt sur le
@AnaisMoutot cloud, a opté pour une stratégie de
— Correspondante à San Francisco croissance externe frénétique ces
dernières années, avec le rachat en
Le géant des logiciels de relation 2019 du spécialiste de la visualisa-
client Salesforce envisage de rache- tion des données Tableau pour
ter Slack, selon le « Wall Street Jour- 15,7 milliards de dollars, après celui
nal ». Les deux groupes ont entamé du fabricant d’applications cloud
des discussions pour un accord qui MuleSoft en 2018 pour 6,5 mil-
valoriserait la messagerie collabo- liards. Mais ses tentatives de rachat
rative professionnelle plus de de Twitter et de LinkedIn en 2016
17 milliards de dollars, sa capitalisa- se sont soldées par des échecs.
tion boursière actuelle, indique le Le réseau social professionnel a
quotidien. L’annonce a fait s’envoler été avalé par Microsoft pour
le cours de Slack de 32 % et même 26 milliards.
conduit à sa suspension pendant Marc Benioff veut prendre sa
quelques minutes mercredi. revanche sur le géant de Redmond
Tech In France et Syntec Numérique
annoncent leur prochaine fusion
concrétise. Les conseils d’adminis-
NUMÉRIQUE tration de Tech In France et de Syn-
tec Numérique ont validé le prin-
Les deux principales cipe d’un projet de fusion dans une
associations profes- lettre d’intention consultée par
sionnelles du numéri- « Les Echos ». Les deux principales
que français ne feront organisations professionnelles de
bientôt plus qu’une. la tech française feront maison
commune afin de constituer
La nouvelle organisa- « la nouvelle organisation de réfé-
tion, dont le nom rence pour le secteur numérique
en France ».
et la forme restent à Depuis un an, les deux associa-
définir, doit permettre
tions multipliaient les collabora-
de mieux peser dans tions. Elles avaient même nommé
les débats en France
un représentant commun à Bruxel-
et en Europe. les pour les affaires européennes.
La forme juridique et le nom du
nouvel ensemble doivent encore
Sébastien Dumoulin être déterminés, avec pour objectif
@sebastiendmln d’être opérationnel fin mars. La
fusion permettra de mieux peser en
C’est un mariage dont beaucoup ont France et en Europe, où les lobbys
rêvé ces dix dernières années qui se du numérique allemand (Bitkom)
pour s’installer comme son véritable
rival. L’entreprise, dirigée par Satya
Nadella, le concurrence déjà avec
son logiciel Dynamics et possède
également Teams, un produit simi-
laire à Slack. « Le deal fait sens, au
moins en surface, car Salesforce est
faible en termes de collaboration entre
utilisateurs et Slack manque de l’éco-
système pouvant s’attaquer à la tota-
lité de l’entreprise. Le chat d’entreprise
n’est plus un différenciateur : Micro-
soft, Cisco et Google ont tous rattrapé
Slack en termes de fonctionnalités »,
estime Patrick Moorhead, analyste
chez Moor Insights & Strategy.
Lancé en 2014, après un pivot loin
de ses débuts dans les jeux vidéo,
Slack et son interface permettant de
collaborer en se passant des e-mails
a très vite été adopté par de nom-
breuses start-up de la Silicon Valley,
avant de conquérir les grandes
entreprises dans tous les secteurs.
L’entreprise, introduite en Bourse en
2019, comptait 130.000 clients fin
juillet. Elle prédit un chiffre d’affaires
de 870 à 876 millions de dollars cette
20
MILLIARDS DE DOLLARS
L’estimation par Salesforce de
son chiffre d’affaires en 2020.
et britannique (techUK) sont très
puissants.
« Nous avons un enjeu d’existence
par rapport à nos collègues euro-
péens, d’acculturation des politiques
au numérique et de poids face aux
autres lobbys », énumère Godefroy
de Bentzmann, le président de Syn-
tec Numérique.
Défis communs
Jusqu’alors, Tech In France, né il y a
dix ans sous l’appellation Afdel,
défendait les intérêts des éditeurs
de logiciels, quand le Syntec Numé-
rique, de quarante ans son aîné,
regroupait plutôt les grandes SSII,
devenues « entreprises de services
numériques ».
Aujourd’hui, les deux associa-
tions sont conscientes de leurs défis
communs : guerre des talents,
régulations nationale et euro-
péenne, numérisation de la
année, une hausse de 40 % en un an.
Mais la société, qui n’est toujours pas
rentable, a inquiété les marchés avec
ses prévisions d’un ralentissement
de sa croissance à 32 % ce trimestre,
contre 49 % au précédent, à cause du
départ de nombreux clients. Slack
n’a pas bénéficié autant de la pandé-
mie que des logiciels comme Zoom.
Notamment parce qu’elle a fait face
au rouleau compresseur de Micro-
soft, qui a déployé des moyens consi-
dérables pour booster Teams, son
offre concurrente.
Plainte contre Microsoft
En juillet, Stewart Butterfield, le
PDG de Slack, a déposé une plainte
pour pratiques anticoncurrentielles
auprès de la Commission euro-
péenne. Il reproche au géant de Red-
mond de profiter de sa position de
force sur le segment professionnel
pour imposer sa messagerie en
l’associant à sa suite bureautique
Office 365.
Après avoir un temps considéré
une acquisition de Slack début 2016,
Microsoft avait décidé de lancer un
service concurrent quelques mois
plus tard. Fin octobre, Teams a
dépassé les 115 millions d’utilisa-
teurs quotidiens, une augmentation
de 53 % en six mois. Slack n’a pas
communiqué de chiffre sur ce sujet
depuis octobre 2019, quand ils
étaient 12 millions. n
société… « Quand on voit que l’Etat
rétrécit le marché domestique de nos
entreprises en réarmant ses services
internes de développeurs, en dépit de
quarante années d’échecs dans ses
développements informatiques, il
faut être capable de taper du poing
sur la table », assène Pierre-Marie
Lehucher, président de Tech In
France.
En joignant leurs forces, les deux
lobbys espèrent atteindre une taille
critique. La nouvelle entité pourra
compter a minima sur un budget
de plus de 7 millions d’euros et
u n v i v i e r d ’u n p e u m o i n s d e
3.000 membres, que les deux orga-
nisations espèrent voir doubler,
en profitant des implantations
régionales de Syntec Numérique,
mais aussi en persuadant d’autres
petites associations représentati-
ves du secteur du numérique de les
rejoindre. n
HIGH-TECH & MEDIAS // 25
Facebook contraint
de compenser
des annonceurs en
millions de dollars
PUBLICITÉ
Un indicateur clé,
fourni par le groupe
de Menlo Park
à ses clients, a été
victime d’un bug
ayant conduit à
surestimer l’impact
de publicités.
Facebook a déjà
connu un problème
similaire pour
des publicités
vidéos il y a
quelques années.
Nicolas Richaud
@NicoRichaud
Voilà un nouveau raté qui ne va
guère améliorer la relation de
confiance entre Facebook et les
annonceurs publicitaire. Il y a
deux semaines, le groupe a
envoyé un e-mail à certains de
ses clients pour leur faire savoir
que l’un de ses indicateurs avait
considérablement surévalué
l’impact de campagnes publici-
taires, entre août 2019 et
août 2020, croit savoir le « Wall
Street Journal ». L’outil en ques-
tion est Conversion Lift, pré-
senté par Facebook comme
devant permettre de « com-
prendre la valeur réelle de vos
publicités Facebook, Instagram
et Audience Network pour
augmenter les ventes et les
conversions ».
En d’autres termes, celui-ci
est censé offrir la possibilité aux
annonceurs de mesurer fine-
ment l’impact de leur campa-
gne sur les ventes en ligne et
physiques d’un produit, d’un
service, ou encore concernant
le volume de téléchargement
d’une application. Une métri-
que clé sur laquelle s’appuient
beaucoup annonceurs et gran-
des marques afin d’allouer
leurs budgets publicitaires sur
une plateforme ou un écosys-
tème plutôt qu’un(e) autre, c’est-
à-dire entre Facebook et ses
rivaux directs…
Numéro deux du
marché derrière Google
Ce n’est pas la première fois que
la société de Menlo Park – qui
génère la quasi-intégralité de
ses revenus via la publicité en
ligne dont il est le numéro deux
mondial du marché derrière
Google –, rencontre ce type
d’écueil. En 2016, l’un des autres
indicateurs clés du groupe,
dirigé par Mark Zuckerberg,
QUE FAIRE
DE SON
ARGENT ?
d
votre marchan aire
Demain chez m ad
tre hebdo
de journaux, vo
avait considérablement sures-
timé le temps passé par les utili-
sateurs sur les publicités vidéo
diffusées sur sa plateforme.
Attaqué en justice par un petit
groupe d’annonceurs améri-
cains estimant avoir été floués
sur la réelle efficacité de leurs
campagnes publicitaires, Face-
book a dû payer, il y a un an,
40 millions de dollars à ces
derniers pour éteindre cette
plainte.
Cette nouvelle affaire inter-
vient cette fois dans un contexte
très compliqué pour les clients
de Facebook, avec la crise sani-
taire et économique. Dans ce
genre de période, les dépenses
marketing sont généralement
les premières à être coupées
par les entreprises. Tout parti-
culièrement dans les secteurs
les plus à la peine.
Facebook va offrir
l’équivalent de
plusieurs millions
de dollars
de crédits
publicitaires
sur sa plateforme
à ses clients.
Ceux-ci pourront
les utiliser d’ici
le 31 mars 2021.
Selon eMarketer, les investis-
sements publicitaires aux
Etats-Unis vont ainsi respecti-
vement chuter, sur un an, de
18,2 % et 41 % dans les secteurs
de l’automobile et du tourisme
en 2020. La moindre campagne
publicitaire peut aussi s’avérer
vitale pour le devenir de certai-
nes firmes ; autant dire que le
bug rencontré par Conversion
Lift ces derniers mois ne pou-
vait pas plus mal tomber…
En compensation, Facebook
va offrir l’équivalent de plu-
sieurs millions de dollars de
crédits publicitaires sur sa pla-
teforme à ses clients – qui pour-
ront les utiliser d’ici le 31 mars
2021 –, mais uniquement à ceux
qui ont été « significativement
affectés » par ce problème,
selon le site AdExchanger.
Une décision laissée à
l’appréciation de Facebook, qui
ne détaille pas la manière dont
ses équipes calculent l’indem-
nisation pour chaque firme.
Une méthode et un manque de
transparence qui risquent de ne
guère être du goût des annon-
ceurs et grandes marques. n
START-UP
Deep tech : Starburst veut libérer
les pépites du spatial français
SPATIAL
L’accélérateur de
start-up met le cap
sur l’Office national
d’études et de recher-
ches aérospatiales
pour susciter
les vocations.
Avec Paris-Saclay et
Polytechnique, Star-
burst a déjà identifié
une vingtaine de
projets susceptibles
de sortir des cartons
du centre français.
Anne Bauer
@annebauerbrux
Défense, aéronautique, espace…
Nombre de grands programmes
français et européens arrivent, qu’il
s’agisse du système de combat
aérien du futur SCAF, des recher-
ches pour l’avion décarboné, des
programmes de furtivité ou
d’hypervélocité, ou, dans le spatial,
des nouvelles constellations de
nanosatellites. Tous ces projets sont
autant d’occasions de relancer la
course aux technologies. Avec des
programmes militaires ambitieux,
des budgets a priori orientés à la
1ère ÉDITION
DE LA 1ÈRE ÉDITION DU GRAND PRIX SYNTEC CONSEIL
& &
& &
Sia Partners & EDF Commerce – Médiamétrie & Canal+ International –
Capgemini Invent & le CHU, l’Université de Bordeaux, Ma Santé 2022, Région Nouvelle Aquitaine, Feder –
Kantar & SNCF Réseau – Stimulus & RATP – Spinpart & Renault – Médiamétrie & TF1 Publicité
Palmarès détaillé à retrouver sur : https://syntec-conseil.fr/
hausse et la récente volonté politi-
que européenne d’aller vers davan-
tage d’autonomie stratégique, les
ingrédients sont donc enfin en
place en France pour faire émerger
u n e n o u ve l l e g é n é r a t i o n d e
start-up dans la « deep tech » (les
technologies de rupture). C’est en
tout cas la conviction de François
Chopard, fondateur de l’accéléra-
teur de start-up Starburst, qui a déjà
aidé une soixantaine de sociétés,
essentiellement aux Etats-Unis, et
qui note un vrai retard à l’allumage
dans l’Hexagone par rapport à
l’effervescence américaine ou
encore israélienne, pour prendre
un pays plus modeste.
Retard à combler
Bien que SpaceX ait largement
démontré que l’innovation vient
désormais en majeure partie
d’acteurs non traditionnels soute-
nus par des fonds de capital-risque,
François Chopard souligne qu’en
France les grands groupes aéro-
nautiques et de défense étouffent en
partie l’innovation. Ainsi le spatial
c o m p t e q u e l q u e s n o u ve a u x
entrants, comme Unseenlabs, Exo-
trail, Earthcube, ThrustMe, mais
insuffisamment, l’essentiel des
aides allant toujours au plus gros
acteur, ArianeGroup. Toutefois,
l’heure est venue de bousculer les
habitudes. Starburst vient d’être
mandaté par bpifrance, via un con-
LES LAURÉATS
GRAND PRIX 2020
& aux patients une prise
LES MENTIONS
Un événement en partenariat avec
L’Onera détient une multitude de brevets qui ne demandent qu’à être exploités pour créer
de nouveaux produits, par exemple dans le domaine des capteurs optiques. Photo iStock
trat de quelque 3 millions d’euros,
pour animer et susciter un nouveau
réseau de start-up dans le spatial,
l’aéronautique et la défense. En
misant essentiellement sur l’Office
national d’études et de recherches
aérospatiales, l’Onera, qui sous
l’autorité du ministère des Armées
a joué un rôle clé dans tous les
grands programmes aérospatiaux
civils et militaires français, de la
fusée Ariane aux radars Graves, en
passant par le Rafale ou les hélicop-
tères d’Airbus. Reconnu à l’interna-
tional, l’Onera (2.000 personnes,
dont 1.600 chercheurs) tourne avec
un modeste budget de 237 millions
d’euros et travaille à 95 % pour de
grands donneurs d’ordre sur des
programmes de long terme.
Avec la SATT Paris-Saclay et
Polytechnique, Starburst va lancer
dans les semaines qui viennent
Medadom lève 40 millions pour
accélérer son développement
TÉLÉMÉDECINE
Medadom a pour
spécificité de déployer
des bornes médicales
connectées dans les
pharmacies et garantit
en charge en moins
de dix minutes.
Adrien Lelièvre
@Lelievre_Adrien
C’est le propre des crises d’accélérer
les tendances en germe depuis plu-
sieurs années. Alors que la pandé-
mie de Covid-19 s’abattait sur l’Hexa-
gone, près d’un Français sur cinq (18
%) et plus de sept médecins sur dix
(71 %) ont eu recours à la téléméde-
cine cette année, selon un récent
sondage de l’institut Odoxa réalisé
pour l’Agence du numérique en
santé (ANS). Cette pratique a été
encouragée par le gouvernement
qui a prolongé la prise en charge à
100 % de cette activité par l’Assuran-
ce-maladie pendant la crise sani-
taire. Les vents étaient donc por-
teurs pour Medadom. La start-up
française de télémédecine a
annoncé jeudi avoir levé 40 millions
d’euros lors d’un tour de table en
série A auprès de G Square, un fonds
spécialisé dans l’e-santé.
Cette injection de capital doit per-
mettre à la jeune pousse de poursui-
vre son expansion et de s’imposer
comme un acteur incontournable
du secteur. « La crise a été un cataly-
seur auprès des pouvoirs publics, des
médecins et des patients », souligne
Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020 Les Echos
Blast (Boost and Leverage AeroS-
pace and defence Technologies),
décrit comme le premier pro-
gramme français d’accélération
dédié aux entreprises deep tech de
l’aéronautique, du spatial et de la
défense. Starburst souligne que le
moment est venu en France de pas-
ser la vitesse supérieure, les planè-
tes étant alignées pour le plan de
relance, de la création du nouveau
fonds du ministère des Armées
pour l’innovation Definnov et de
l’expertise de la nouvelle Agence de
l’innovation de défense. Le but de
Blast ? Dégager une vingtaine de
Elie-Dan Mimouni, le cofondateur
de Medadom.
« L’examen clinique reste la pierre
angulaire du diagnostic médical pour
certaines pathologies. Mais avec la
téléconsultation, on peut apporter
une réponse à 85 % des problèmes,
notamment pour les soins non pro-
grammés », insiste le patron de
vingt-neuf ans. Les patients adhè-
rent : le taux de satisfaction de la
télémédecine est de 79 %, selon le
sondage Odoxa.
A sa fondation en 2017, Medadom
avait l’ambition de faciliter les ren-
dez-vous médicaux à domicile via sa
plateforme. Mais la jeune pousse a
rapidement pris le virage de la télé-
consultation, en pleine accélération.
« On a constaté que les jeunes méde-
cins avaient la volonté d’exercer
Le principal défi
de la jeune pousse
sera de poursuivre
le déploiement de
ses bornes médicales
connectées.
autrement et étaient ouverts aux nou-
veaux outils numériques », détaille
Elie-Dan Mimouni, qui a troqué
sans regret sa blouse blanche pour
la casquette d’entrepreneur avec ses
partenaires Nathaniel Bern et Char-
les Mimouni.
En 2019, la société a franchi une
étape importante en rachetant son
concurrent Docadom. L’occasion
d’enrichir son catalogue de méde-
cins partenaires et de séduire de
nouveaux patients. Mais le principal
projets en 2021. Starburst assurera
la gestion globale du programme,
l’Onera fournira les projets inno-
vants et le soutien technique de ses
laboratoires de recherche, la SATT
Paris-Saclay apportera son exper-
tise dans le transfert de technolo-
gies et la gestion de la propriété
intellectuelle, tandis que Polytech-
nique formera les porteurs de pro-
jets à l’entrepreneuriat.
Le moment est venu
en France de passer
la vitesse supérieure,
les planètes étant
alignées pour le plan
de relance.
« En France, on a une richesse de la
recherche qui n’est plus à démontrer,
et l’Onera porte des pépites sous-ex-
ploitées et qui ne demandent qu’à être
cueillie pour être placée dans des pro-
grammes d’accélération », déclare
Sandra Budimir, présidente Europe
de Starburst. Directeur de la valori-
sation à l’Onera, Nicolas Guérineau
souligne qu’en mobilisant un petit
pourcentage de ses chercheurs et
en les introduisant dans un par-
cours d’essaimage, l’Onera pourrait
faire naître à moyen terme une cin-
quantaine de projets. Notamment
parce que l’Office détient une multi-
tude de brevets qui ne demandent
qu’à être exploités pour créer de
nouveaux produits, par exemple
dans le domaine des capteurs opti-
ques ou radars miniaturisés et
intelligents à embarquer sur des
drones ou des nanosatellites, ou des
technologies à base d’optique adap-
tative pour la défense. n
défi de la jeune pousse sera de pour-
suivre, en parallèle, le déploiement
de ses bornes médicales connectées,
qui constituent sa spécificité par
rapport à Doctolib, également dopé
par la téléconsultation pendant la
crise sanitaire, ou Alan, qui a débuté
dans l’assurance-santé mais est pré-
sent sur le terrain de la télémédecine
grâce à son partenariat avec le sué-
dois Livi (groupe Kry).
« Nos bornes médicales connectées
sont composées de six objets : un ther-
momètre, un saturomètre, un sté-
thoscope, un tensiomètre, un otos-
cope et un dermatoscope », détaille
Elie-Dan Mimouni. En cas de soup-
çon d’infection au SARS-CoV-2, le
patient peut par exemple prendre
lui-même sa température, sous le
regard du médecin derrière l’écran.
Une fois la téléconsultation termi-
née, le patient a accès à un compte
rendu médical et dispose d’une
ordonnance digitale valable en
pharmacie.
Les pharmacies doivent débour-
ser 190 euros par mois pendant une
période de trois ans pour s’offrir une
borne médicale connectée. Grâce à
cette technologie, Medadom est
convaincu de pouvoir apporter une
réponse au problème des déserts
médicaux.
Or, la jeune pousse certifie que les
patients peuvent être pris en charge
dans un délai de moins de dix minu-
tes dans les 650 pharmacies équi-
pées de ses bornes. Mais Medadom
voit déjà plus loin. La start-up veut
aussi vendre ses bornes aux mairies,
entreprises ou encore aux écoles.
Au total, Medadom se fixe pour
objectif d’en installer 25.000 d’ici
à 2024. Le rendez-vous est pris. n
Les Echos Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020 // 27

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45000 ORLEANS Actifs : droit au bail, matériels roulants, mobiliers, et agencements, 313 332 € au 31/08/2020 (12mois) aluminiums, mobiliers de magasin, charpente métallique... mais également les machines-
CONTACT :
et filiale in bonis détenue à 60 % dont l’activité est une agence de voyage  Effectif : Aucun outils, ligne de process ou matériel industriel tel que les tracteurs, nacelles, camion bennes...
positionnement luxe employant 2 salariés et réalisant un CA de 1.925.018 € Localisation : Vallée du Rhône
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Tél. : 02.38.42.14.62  Cession organisée en application des articles L.642-1 Principaux clients : enseignes de la grande distribution
Date de la Liquidation Judiciaire avec poursuite d’activité : 25 novembre 2020
Fax : 02.38.42.01.24 La date limite de dépôt des offres est fixée au : 11/12/2020 à 12h00 et suivants du Code de Commerce. C.A. HT (en euros) : 1.399 K€ (dernier exercice comptable sur 12 mois 30 septembre 2019)
Frédéric AVAZERI  L’accès aux informations sera réalisé par dataroom électronique Nombre de salariés : 13
orleans@ajassocies.fr Une data room électronique hébergée sur notre site www.ajadataroom.fr Administrateur Judiciaire Associé après remise de l’engagement de confidentialité et des pièces Date limite de remise des offres auprès de la SELARL de SAINT-RAPT & BERTHOLET :
www.ajadataroom.fr sera accessible après acceptation d’un engagement de confidentialité. SCP AJILINK AVAZERI-
Franck MICHEL - Alain MIROITE - Charles GORINS - Nicolas DESHAYES - Christophe BIDAN - Serge PREVILLE - Lesly MIROITE - BONETTO mentionnées, téléchargeables sur le site : www.ajilink.fr. vendredi 15 janvier 2021 à 12h00 à l’étude d’Avignon
Nicolas GRICOURT - Céline MASCHI - Hervé COUSTANS - Maxime LEBRETON 23/29 rue Haxo L’accès au dossier de présentation se fera par dataroom. Les identifiants de connexion seront communiqués
Blois-Bobigny-Cayenne-Chartres-Colmar-Créteil-Evreux-Fort de France-Gosier-Laval-Le Mans-Marseille-Melun-Mulhouse-Nantes-Nevers- 13001 MARSEILLE Date limite de dépôt des offres : Mardi 8 décembre 2020 à 17h00
Orléans-Paris Flandrin-Paris La Fayette-Poitiers-la Réunion-Rennes-Rouen-Saint Martin-Tours-Versailles après transmission d’un engagement de confidentialité disponible sur le site : aj-specialises.fr/societe

Nathalie Leboucher
RECHERCHE DE CANDIDATS INVESTISSEURS OU REPRENEURS APPEL D’OFFRES RECHERCHE DE PARTENAIRE OU DE REPRENEUR Hélène Bourbouloux
Jean-François Blanc Sylvain Hustaix
D’UNE SOCIETE EN REDRESSEMENT JUDICIAIRE
DURALEX INTERNATIONAL ENTREPRISE SPECIALISEE FABRICATION Gaël Couturier
Benjamin Tamboise
Charlotte Fort
RECHERCHE DE REPRENEURS
Cécile Dür
Activité : Fabrication et commercialisation de verre trempé : GAINES DE VENTILATION Alicia Alves

produits de verrerie, arts de la tables, cuisine (plats, moules, boîtes), etc.
Clientèle : Professionnels de la grande distribution essentiellement, C.A.
réalisé pour 80% à l’export dans plus de 110 pays
CA 30/06/2020 (12 mois) : 21 815 K€ / CA 30/06/2019 (12 mois) : 26 099 K€
Effectif actuel : 262 salariés, dont 30 CDD / Siège social : Loiret
Me Franck MICHEL
Actifs à céder : Site de production de 142 000 m2 comprenant une usine de
3, rue Croix de Bois
45000 ORLEANS 70 000 m2 avec cinq lignes de production, marques, logiciels, matériels industriels,
CONTACT : outillage, stock de produits finis, de matières premières et d’emballages
Sarah RENAULT Date Redressements Judiciaires : 23 septembre 2020
Tél : 06 38 57 95 86
Fax : 02 38 42 01 24 La date limite de dépôt des offres est fixée au : 31/12/2020 à 14h00
s.renault@ajassocies.fr Une data room électronique hébergée sur notre site www.ajadataroom.fr
sera accessible après acceptation d’un engagement de confidentialité. Réf. : 23720
www.ajadataroom.fr
Franck MICHEL - Alain MIROITE - Charles GORINS - Nicolas DESHAYES - Christophe BIDAN - Serge PREVILLE - Lesly MIROITE -
Nicolas GRICOURT - Céline MASCHI - Hervé COUSTANS - Maxime LEBRETON
Blois-Bobigny-Cayenne-Chartres-Colmar-Créteil-Evreux-Fort de France-Gosier-Laval-Le Mans-Marseille-Melun-Mulhouse-Nantes-Nevers-
Orléans-Paris Flandrin-Paris La Fayette-Poitiers-la Réunion-Rennes-Rouen-Saint Martin-Tours-Versailles
SARL DIFFER-ANT
 Région : AUBAGNE (13) Acteur historique de la distribution de musique indépendante en France
 Activité : Fabrication de gaines de aerauliques Redressement judiciaire du 31 juillet 2020
 CA: 1.190.000€ au 31/12/2019 Activité : Distribution de musique en réseau physique et digital ;
portefeuille de labels et artistes indépendants en partenariat exclusif
 Effectif : 8 salariés Locaux : Montreuil (93), 207 m2, bail commercial
Modalités : C.A. au 31/12/2019 : 1 737 996 € / Effectif : 10 salariés
La date limite de dépôt des offres de reprise est fixée au: vendredi 8 janvier 2021 à 12h00
 Cession organisée en application des articles L.642-1 Les tiers sont invités à remettre leur offre (conforme à l’article L. 642-2 du code de commerce) en
et suivants du Code de Commerce.
6 exemplaires (dont 1 non relié) à l’administrateur judiciaire. L’accès à un dossier de présentation sera
Frédéric AVAZERI  L’accès aux informations sera réalisé par dataroom électronique autorisé après régularisation d’un engagement de confidentialité et d’une présentation succincte du
Administrateur Judiciaire Associé candidat à la reprise. Référence à rappeler impérativement : dossier n° 7693
après remise de l’engagement de confidentialité et des pièces
SCP AJILINK AVAZERI- Les candidats intéressés sont invités à se manifester par télécopie ou e-mail auprès de :
BONETTO mentionnées, téléchargeables sur le site : www.ajilink.fr. SELARL FHB – Me Charlotte FORT, Administrateurs Judiciaires Associés
23/29 rue Haxo 176 Avenue Charles de Gaulle - 92200 Neuilly-sur-Seine – www.fhbx.eu
13001 MARSEILLE Date limite de dépôt des offres : 7 décembre 2020 à 17h00 E-mails : charlotte.fort@fhbx.eu et mathilde.bernard@fhbx.eu – Télécopie : 01 40 97 02 33

Recherche de repreneurs APPEL D’OFFRES RECHERCHE DE PARTENAIRE OU DE REPRENEUR

Maître MERLY UNION DES MUTUELLES DE DUNKERQUE CESSION D’ENTREPRISE
Société SARL GAËTAN DELAHAYE MENUISERIE (Livre III du Code de la Mutualité)
Administrateur
Judiciaire associé  Région : HAUTS DE FRANCE Conformément aux dispositions de l’article L. 642-1 du Code de Commerce
La société GAËTAN DELAHAYE MENUISERIE
La Roche-sur-Yon –  Chiffre d’affaires: 5,5 M€ au 31/12/2019
La Rochelle – Rennes –
développe une activité de menuiserie en bois et pvc,  Capitaux propres: 6,6 M€ au 31/12/2019
Lorient – Caen pour intérieur et extérieur, et d’agencement notamment  Activité : Centres d’optique et d’audition ▪ Activité : Ingenierie, études technique, maintenance
dans la région rennaise, avec une clientèle représentée Centre de santé mutualiste pluridisciplinaire, dans le domaine de l’électronique
Dossier suivi à RENNES Centre de soins infirmiers à domicile ▪ Chiffre d’affaires : 1.946 M €
principalement de professionnels, mais aussi de particuliers.  Effectif : 92 salariés
Contact :
Dorian LEGOUT C.A. au 31/12/2019 : 8 M€ / Effectif : 29 salariés Modalités : ▪ Effectif : 22 salariés
A.J.I.R.E. Implantation du siège social : CESSON-SEVIGNE (35)  Proposition en application des articles 626-1 et suivants du Code de
Commerce et de l’article L631-13 du Code de commerce
▪ Zone géographique: GUYANCOURT
6 cours Raphael Binet CS Date limite de dépôt des offres : 18/12/2020 à 12h00  L’accès aux informations sera réalisé par dataroom
76531 - 35065 RENNES CX VINCENT LABIS Les identifiants de connexion seront communiqués après remise de ▪ DATE LIMITE DE DÉPÔT DES OFFRES : 6 JANVIER 2021 à 12H00
Tél. : 02 99 67 84 90 Dépôt par courriel à l’adresse mail : etude.rennes@ajire.eu Administrateur Judiciaire Associé l’engagement de confidentialité et des pièces mentionnées, téléchargeables
▪ CONTACT :
etude.rennes@ajire.eu 26 Place Roger Salengro sur le site : www.ajilink.fr - rubrique RECHERCHE - Recherche de
accès donné à une data room électronique sur demande écrite et motivée du reprises – Réf. : 2223) SELARL GUILLAUME LAUREAU – 36 rue des Etats Généraux – 78000 VERSAILLES
candidat justifiant d’une capacité commerciale et financière adaptée, après 59140 DUNKERQUE
signature d’un engagement de confidentialité et d’un cahier de charges www.ajilink.fr Date limite de dépôt des offres : 14/12/2020 versailles@glaj.fr

SELARL CARDON & BORTOLUS APPEL D’OFFRES RECHERCHE DE PARTENAIRE OU DE REPRENEUR RECHERCHE CANDIDAT-REPRENEUR
ENTREPRISE EN REDRESSEMENT JUDICIAIRE
8 rue des Cordeliers - BP 215 - 77104 MEAUX
« SELARLFARHI » OU PARTENAIRES PREPACK CESSION
Tél. : +33(0)1 60 09 96 00 - Fax: 01 60 09 96 19 ARTICLE L.611-7 DU C.COM.
 Région : HAUTS DE FRANCE (NORD)
E-mail : a.dusseau@cardon-bortolus.fr
 C.A. : 2.270 K€ au 30 septembre 2019
APPEL D’OFFRES DE REPRISE  Activité : Pharmacie OFFICE NOTARIAL ALPES MARITIMES
BROVAREC  Effectif : 7 salariés
Leader historique de la réparation de broches et d’électrobroches Modalités : • C.A. 2019 : 2 978 K€ / • EFFECTIF : 16 SALARIES
 Cession organisée en application des articles L.642-1
Implantée dans le département de la Seine et Marne (77) et suivants du Code de Commerce. • Date limite de dépôt des offres : 21 décembre 2020
C.A. 2019 : 2.809.472 € – Résultat d’exploitation : -107.249 €  L’accès aux informations sera réalisé par dataroom.
 Les identifiants de connexion seront communiqués après
Effectif : 15 personnes Vincent LABIS remise de l’engagement de confidentialité et des pièces Écrire à SCP EZAVIN THOMAS, Administrateurs Judiciaires
Date limite de dépôt des offres : 10 décembre 2020 à minuit Administrateur Judiciaire Associé mentionnées, téléchargeables sur le site www.ajilink.fr, 1 rue Alexandre Mari – 06300 NICE
26 Place Roger Salengro rubrique « RECHERCHE » (réf. : 2254)
Un dossier de présentation sera transmis sur demande écrite motivée auprès de l’Etude E-mail : scp@etude-aj.fr – Réf. dossier : N° 1335 / DD
59140 DUNKERQUE
après signature d’un engagement de confidentialité. www.ajilink.fr Date limite de dépôt des offres : 20/12/2020 à 16h00 Transmission du dossier de reprise sur signature d’un engagement de confidentialité

APPEL D’OFFRE POUR CESSION(S) PARTIELLE(S)

SELARL CARDON & BORTOLUS DANS LE CADRE D’UNE PROCEDURE DE SAUVEGARDE RECHERCHE DE CANDIDATS REPRENEURS
Contact : Me Alexandre BORTOLUS (article L.626-1 du Code de Commerce) EN PLAN DE CESSION
Tél. : 03 25 73 97 98 Raison sociale : SAS MGD Groupe de prêt-à-porter haut de gamme pour femmes
E-mail : a.bortolus@cardon-bortolus.fr Siège social : 254 rue Francis de Pressensé – 69100 VILLEURBANNE Réseau de 56 boutiques et corners / 250 points de vente dans le monde
Activités : • Organisation de prestations de traiteur à destination de professionnels / 109 salariés en France et 24 à l’étranger
APPEL D’OFFRES DE REPRISE OU PARTENARIAT (prestations multisites et simultanées) sous la dénomination « MONSIEUR GOURMAND » Marque déposée en France et à l’étranger
• Plateforme digitale B to B permettant la mise en relation de producteurs de produits
Société de Transports routiers de fret de proximité alimentaires et de distributeurs sous la dénomination « LE COMPTOIR » 2 sociétés en redressement judiciaire :
Nombre de salariés : 12 – Clientèle : Professionnels
Implantée dans le département de l’Aube Eléments comptables : Exercice 2019 : CA : 1.032 K€ / Résultat : - 378 K€ • Entité chargée de la création, production et commercialisation via boutiques,
C.A. au 30/09/2019 : 1 881 163,00 Euros Exercice 2018 : CA : 686 K€ / Résultat : - 176 K€ wholesale et e-commerce – C.A. 2019 : 28,4 M €
Exercice 2017 : CA : 593 K€ / Résultat : +1,8 K€ • Filiale responsable du retail en France – C.A. 2019 : 11,0 M €
Effectifs : 10 personnes L’accès aux informations (data-room électronique et/ou dossier de présentation) sera possible après
demande écrite précisant l’identité du Candidat-repreneur et justifiant de sa capacité commerciale et Pour accéder au dossier de présentation, les candidats intéressés
Date limite de dépôt des offres : 18 décembre 2020 à 16h00 financière à intervenir sur cette affaire et après la régularisation d’un engagement de confidentialité.
sont invités à contacter par écrit :
L’accès à un dossier de présentation sera donné sur demande écrite motivée auprès Date limite de dépôt des offres: le 15 décembre 2020 à 18h00 dernier délai en l’étude de:
Maître Joanna Rousselet – joanna.rousselet@fajr.eu
Me Maître Olivier BUISINE, Administrateur Judiciaire
de l’Etude après signature d’un engagement de confidentialité. [réf. Etude : n° 7881] 107 rue Servient – 69003 Lyon – E-mail : n.dubourg@ajup.fr La date limite de remise des offres est fixée au 22 décembre 2020, à 12H00.

ENTREPRISE EN REDRESSEMENT JUDICIAIRE SELARL YVON PERIN

RECHERCHE DE PARTENAIRES / REPRENEURS &
JEAN-PHILIPPE BORKOWIAK
NÉGOCE D’AMEUBLEMENT – AMÉNAGEMENT DE BUREAUX Société de Mandataires Judiciaires NICOLAS SOINNE
Société d’Exercice Libéral à Responsabilité
RECHERCHE DE CANDIDATS REPRENEURS
MANDATAIRE JUDICIAIRE EN PLAN DE CESSION TOTALE OU PARTIELLE
* Activité : Aménagement de locaux pour les entreprises et les collectivités Limitée de Mandataires Judiciaires
– vente de mobilier contemporain aux particuliers – vente de mobilier Liquidateurs judiciaires de la société JULIE GUERLANDE 2 sociétés holding détenant des titres de participation et 1 société réalisant
de bureau aux professionnels – vente de mobilier de bureau d’occasion – des activités de conseil en recrutement, au sein d’un groupe de 8 sociétés
Travaux de second œuvre (Cloison, sol, éclairage...) APPEL D’OFFRES – CESSION MARQUES En redressement judiciaire
1 • FOURNEL CONSEIL
* C.A. 31/03/2019 (12 mois) : 17,8 M € I 31/05/2020 (14 mois) : 15,4 M € (Marques nationales, internationales, verbales, semi-figuratives,...) Holding du groupe, détenant 60% des titres de la sous-holding R2I
(taux de marge brute : compris entre 35% à 42%) Le Tribunal de Commerce de LILLE METROPOLE, par jugement La société n’emploie aucun salarié
* Effectifs: 40 salariés (+ 9 personnel d’encadrement / administratif sur une holding) rendu le 24 juillet 2020 a prononcé la liquidation judiciaire de la : C.A. 2019 : 288 K€ – Résultat d’exploitation 2019 : - 623 K€
SACO JULIE GUERLANDE 2 • ETUDES ET REALISATIONS INDUSTRIELLES ET INFORMATIQUES (R2I)
* Implantations : 10 sites : dept 37 (3 sites) ; dept 44 (3 sites) ; dept 28 Sous-holding du groupe détenant directement 100% des participations des 5 filiales
23 rue des Châteaux du groupe et exerçant en outre une activité opérationnelle (rédaction de procès-verbaux
(1 site) ; dept 72 (1 site) ; dept 45 (1 site) ; Paris (1 site). ZI la Pilaterie, 59290 WASQUEHAL de réunion, assistance technique)
1 ensemble immobilier comprenant 1.000 m2 à usage de bureaux + 1.800 m2 Dont l’objet est le commerce de prêt à porter. 15 salariés – C.A. 2019 : 1.145 K€ – Résultat d’exploitation 2019 : - 726 K€
à usage d’entrepôt détenus par une SCI familiale avec possibilité de cession La liste des marques faisant l’objet du présent appel d’offres sera
Le tableau ci-dessous décrit l’activité des 5 filiales détenues directement par R2I :
des murs I 7 magasins en centre ville - 1 magasin de mobilier d’occasion I transmise après signature d’un engagement de confidentialité Pôle Luxe Pôle digital
6.500 m2 au total d’espace de dépôt et d’exposition. AGENCE EXPRESS
Contacter Maitre YVON PERIN, Mandataire Judiciaire CRYSTAL VIP
PEOPLE-COCCINELLE CONSEIL ATAFOTO
* Clientèle : 90% professionnels (collectivités & entreprises) et 10% particuliers. à TOURCOING (59976) – Tour Mercure, 8ème étage, 445 Boulevard Agence de Agence de Agence de Agence de relations Agence digitale
* Précisions : Entreprise fondée il y a plus de 100 ans, bénéficiant de Gambetta (03.28.36.50.60) ; mail : yvon.perin333@orange.fr mannequins mannequins mannequins publiques
plusieurs contrats de distribution ou partenaniats commerciaux établis Les offres de reprise doivent être écrites et comporter l’indication :
(Steelcase, Lafa, Buronomic, Sokoa...). 15 salariés 7 salariés 4 salariés 8 salariés 17 salariés
1. De la désignation précise des marques inclues dans l’offre
Date Limite de Dépôt des Offres : 17 décembre 2020 à 12h00 2. Du prix offert, des modalités de règlement, de la qualité des apporteurs de capitaux et CA 2019 : 4.780 K€ CA 2019 : 2.365 K€ CA 2019 : 1.384 K€ CA 2019 : 1.036 K€ CA 2019 : 1.042 K€
le cas échéant de leurs garants
Une data room électronique sera accessible après régularisation d’tm engagement de confidentialité 3. De la date de la réalisation de la cession Rex 2019 : 224 K€ Rex 2019 : 139 K€ Rex 2019 : 268 K€ Rex 2019 : 67 K€ Rex 2019 : 36 K€
et transmission d’une présentation du candidat à la reprise (Kbis, Comptes annuels...)
4. Des garanties souscrites en vue d’assurer l’exécution de l’offre 3 • SUNEVIT
Les demandes d’accès au dossier sont à adresser à : dataroom@a2jz.fr 5. De la durée de chacun des engagements pris par l’auteur de l’offre. Agence de recrutement d'ingénieurs informaticiens principalement
Les propositions de partenariat seront étudiées par la Direction actuelle de l’entreprise. Les candidats doivent transmettre leur offre de reprise au plus tard le 1! salariés - C.A. 2019 : 1.702 K€ – Résultat d’exploitation 2019 : 82 K€
Les offres de reprise devront être conformes aux dispositions de l’article L.642-2 du Code de commerce. 10 décembre 2020 à 16H00 Pour accéder au dossier de présentation, les candidats intéressés sont invités à contacter par écrit :
au Greffe du Tribunal de Commerce de LILLE METROPOLE, le cachet de la Maître Joanna Rousselet – ABITBOL & ROUSSELET
SELARL A2JZ – Maître Julien ZETLAOUI – Administrateur Judiciaire poste faisant foi. Les offres seront transmises sous pli cacheté.
9 rue de Lucé I 37 000 TOURS I 02.47.20.76.43 joanna.rousselet@fajr.eu
Aucune surenchère ne sera possible. La date limite de remise des offres est fixée au 2 Décembre 2020.

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PME&REGIONS
Les centres de marques
se démarquent pendant la crise
l Même en temps de crise, les spécialistes de l’« outlet » parviennent presque à maintenir leurs parts de marché.
l Les efforts faits pour monter en gamme portent leurs fruits et les stocks accumulés par les marques entretiennent
la dynamique, même si la clientèle étrangère fait défaut.
CENTRES
COMMERCIAUX
Françoise Sigot
— Correspondante à Lyon
Alors que la pandémie bouleverse
les habitudes de consommation et
met à mal le commerce, les centres
de marques restent relativement
imperméables à cette tendance. Ces
spécialistes de l’écoulement à prix
cassés des invendus des marques de
prêt-à-porter, lingerie, sport, acces-
soires, décoration et même alimen-
taire souffrent moins que le com-
merce traditionnel. « A fin octobre,
nous enregistrions une baisse d’envi-
ron 4 % de notre activité », relève
Zachari Leriche, directeur général
de Marques Avenue. Comme ses
pairs, entre la levée du premier
confinement et le deuxième, surtout
cet été, le plus gros opérateur natio-
nal n’avait jamais vu une telle effer-
vescence dans ses 8 centres. « En
août, le chiffre d’affaires de nos centres
a augmenté de 20 % par rapport à
2019 », note-t-il. Son concurrent
Advantail, qui gère 8 villages de mar-
ques en France, affirme, lui aussi,
avoir, « cet été, quasiment récupéré les
deux mois de fermeture du prin-
temps ».
Efforts payants
Le fruit d’une stratégie aiguisée.
« Le concept séduit parce que les pro-
priétaires de ces centres ont fait de
gros efforts pour rendre leurs struc-
tures accueillantes. Ces villages de
marques sont beaux, ils intègrent de
la restauration, des services qui en
font une destination plaisir, où les
clients peuvent rester toute une jour-
née. De plus, les bonnes affaires ont le
vent en poupe et, en ces temps de crise
sanitaire, ces villages sont à ciel
ouvert ce qui rassure », analyse
Caroline Lamy, directrice de
Magdus, l’observatoire européen
des centres de marques.
Par ailleurs, très vite à l’annonce
du premier confinement, les ges-
tionnaires ont su mettre en place ou
entretenir une batterie d’outils de
marketing et de communication.
Forte présence sur les réseaux
sociaux, renfort de blogueuses, ven-
tes en ligne, publications à gogo, tous
ont rivalisé d’efforts pour maintenir
un lien avec leurs clients et leur pro-
poser à distance des affaires encore
meilleures. Les clients ont apprécié
Privé de clientèle internationale, La Vallée Village
cherche des relais de croissance
Ce village de marques
francilien d’ordinaire
fréquenté par une clientèle
internationale se recentre
sur celle de proximité
et sur des outils digitaux.
En 2019, La Vallée Village a attiré
plus de 7 millions de visiteurs de 175
nationalités différentes. A quelques
pas de Disneyland Paris, les 110 bou-
tiques du seul centre de marques
géré par Value Retail en France réa-
lisent 70 % de leur chiffre d’affaires
auprès d’une clientèle étrangère.
Plutôt réalisaient, car même entre
deux confinements ces clients ne
sont pas revenus.
L’impact est sévère et Emma-
nuelle Delanoë, directrice générale
France de Value Retail, ne prévoit
pas de retour à la normale avant
plusieurs mois. « Si, en 2021, nous
Les acteurs du secteur assurent que cette mobilisation a été décisive cet été pour faire revenir des clients, qui n’hésitent pas à délier les cordons de leur bourse. Photo Cedric Danonville
et les marques aussi, car elles ont pu
placer quelques produits sans
dépenser d’argent dans la promo-
tion. D’autant que les propriétaires
de centres de marques leur ont
Les Français ont
compensé le volant
de clientèle des
centres de marques
désertés par les
étrangers, surtout
par les Chinois.
consenti des rabais sur les loyers ou
ont mis à leur disposition des servi-
ces de vente en ligne et de communi-
cation gratuits ou presque.
Les acteurs du secteur assurent
que cette mobilisation a été décisive
cet été pour faire revenir des clients
retrouvons le niveau d’activité de
2019, ce sera déjà extraordinaire.
Pour cette année, c’est irrattrapa-
ble », regrette-t-elle. Même si l’acti-
vité est en berne, la directrice géné-
rale France de Value Retail veut voir
le verre à moitié plein.
Le site de vente en ligne lancé il y a
quelques semaines et adopté par
plus de la moitié des marques sem-
ble trouver sa place et de nouvelles
boutiques frappent à la porte de
Value Retail. « Dans toute l’Europe,
nous avons signé une cinquantaine
de contrats. Les marques ont besoin
d’écouler leurs stocks et elles réalisent
le service que nous pouvons leur
apporter », estime Emmanuelle
Delanoë. Elle fait aussi valoir que le
modèle économique de La Vallée
Village est attractif pour les nouvel-
les enseignes. Pendant les confine-
ments, les commerçants n’ont, en
qui n’hésitent pas à délier les cor-
dons de leur bourse. Cushman &
Wakefield, dans son étude du mar-
ché français des centres de mar-
ques, relève que ces commerces
peuvent compter sur une clientèle
dont le panier moyen est de
153 euros. Il dépasse même
300 euros pour 34 % des clients.
Pour l’heure, aucun signal ne
vient contredire ces tendances. Les
planètes se sont même plutôt bien
alignées cet été, puisque, faute de
pouvoir s’envoler à l’étranger, les
Français ont compensé le volant de
clientèle des centres de marques
désertés par les étrangers, surtout
par les Chinois, qui hors crise, selon
Cushman & Wakefield, généraient
60 % des dépenses réalisées par les
touristes. Même sans cette clientèle,
les gestionnaires de ces structures
sont confiants. « L’outlet est la pre-
mière pierre de l’économie circulaire
effet, rien eu à débourser, car la
rémunération de Value Retail est
fondée sur un pourcentage de leurs
ventes et non sur des loyers et des
charges.
La crise a néanmoins amené de
nouveaux défis. Le plus urgent
étant de faire venir une nouvelle
« Les marques ont
besoin d’écouler
leurs stocks et elles
réalisent le service
que nous pouvons
leur apporter. »
EMMANUELLE DELANOË
Directrice générale France
de Value Retail
et les confinements vont certainement
confirmer et accélérer les mutations
de consommation des Français, qui
vont vers des achats plus raisonnables
et plus raisonnés », parie Franck
Verschelle, président d’Advantail.
Les stocks accumulés par les mar-
ques durant les confinements
garantissent, par ailleurs, un solide
réservoir de pièces à écouler. « Les
enseignes ont besoin de déstocker
rapidement leurs produits. Cette crise
confirme notre rôle », assure le prési-
dent d’Advantail.
Si le contexte semble porteur, il
n’exonère pas les propriétaires de
ces centres de relever encore quel-
ques défis. « L’enjeu reste d’attirer
toujours plus de marques pour
renouveler l’offre, spécialement des
marques tendance et des marques
haut de gamme, et il faudra aussi faire
revenir la clientèle internationale »,
explique Caroline Lamy. n
clientèle de proximité pour pallier
l’absence des étrangers. Cet été, les
touristes français, mais aussi bel-
ges, néerlandais, suisses et alle-
mands ont été plus nombreux qu’à
l’ordinaire. Leurs achats ne com-
pensent pas ceux des Asiatiques ou
des Américains, mais, ajoutés aux
revenus des ventes à distance, ils
constituent un premier relais de
croissance. Emmanuelle Delanoë
cherche à séduire des Parisiens
habitués à faire leur shopping aux
quatre coins du monde et qui, faute
de pouvoir sauter dans un avion,
pourraient prendre goût aux bon-
nes affaires au pied de chez eux.
Chaque temps de confinement a
donc été mis à profit pour embellir
La Vallée Village au gré de rénova-
tions de boutiques et pour créer de
nouveaux services « qui serviront
encore pour l’après ». — F. S.
Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020 Les Echos
The Village engrange
les fruits de ses
investissements en ligne
La Compagnie de Phals-
bourg, propriétaire du
village de marques de
Villefontaine, en Isère,
constate une montée en
puissance des ventes sur
son site.
A quelques semaines de Noël, Phi-
lippe Journo, président de la Com-
pagnie de Phalsbourg, veut croire
que les fêtes sauveront l’année des
125 boutiques de The Village, le
centre de marques de Ville-
fontaine, en Isère, qu’il a ouvert en
2018. Comme lors du premier
confinement, toutes ont baissé le
rideau le 30 octobre. Un coup dur
car la croissance était au rendez-
vous. « Le chiffre d’affaires de
l’ensemble des boutiques a pro-
gressé de 15 % en juillet, de 38 % en
août et de 20 % en septembre »,
explique le patron de la Compa-
gnie de Phalsbourg.
Pas de quoi compenser les per-
tes de mars, d’avril et de mai, mais
dès l’annonce du reconfinement
ses équipes ont redoublé d’efforts
de communication pour faire bas-
culer cette fièvre acheteuse sur
Internet. « Au regard de ce que nous
avons constaté en mars et avril, la
plateforme de vente en ligne permet
de maintenir entre 10 % et 35 %
d’activité pour les enseignes qui y
adhèrent », estime-t-il.
Faire revenir les clients
Ce service a été mis en place dès
l’ouverture de The Village. Il
décharge les enseignes de la logis-
tique, puisque moyennant 10 %
sur les commandes qu’il génère,
The Village se charge des expédi-
tions et de l’animation du site.
Aujourd’hui 60 % des boutiques y
adhèrent. La Compagnie de
P h a l s b o u rg f a i t t o u t p o u r
convaincre les derniers réticents
et parvenir à offrir la même offre
physique et digitale. Ainsi, la gra-
tuité des loyers qui accompagne
les confinements n’est accordée
qu’aux commerçants qui utilisent
la plateforme digitale. Néan-
moins, Philippe Journo martèle
que le commerce physique a un
bel avenir devant lui. Sous certai-
nes conditions. « La qualité de
l’expérience client sera de plus en
plus décisive », assure-t-il. Pour
faire revenir ses clients, il mise
plus que jamais sur les équipe-
ments et services haut de gamme
de son village de marques, du voi-
turier à la restauration, en pas-
sant par la garde d’enfants, la
qualité architecturale et les ani-
mations.
D’ailleurs, sans savoir s’il pour-
rait rouvrir avant Noël, The Vil-
lage s’est paré de ses habits de fête
dès la mi-novembre. Des décora-
tions et des animations dévoilées
sur les réseaux sociaux et les
newsletters adressées aux clients
pour les tenir en haleine. En paral-
lèle, les équipes de la Compagnie
de Phalsbourg distillent des indi-
ces sur les nouvelles marques qui
vont arriver bientôt. L’objectif
étant de maintenir le client en
éveil pour ne pas le perdre. — F. S.
38 %
PROGRESSION
La hausse du chiffre
d’affaires pour le mois d’août,
+20 % en septembre.
Les Echos Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020
Le promoteur de la signature
électronique repris par le fonds Hg Capital
OCCITANIE
L’éditeur de logiciels
Septeo cède une partie
majoritaire de son
capital au fonds
d’investissement
londonien Hg Capital.
L’objectif est de finan-
cer des opérations
de croissance externe
et des programmes
R&D.
Hubert Vialatte
— Correspondant à Montpellier
Septeo, éditeur de logiciels pour les
professions juridiques et immobiliè-
res, change de propriétaire et accède
au statut de « licorne » soit une valo-
risation supérieure au milliard
d’euros.
Le fonds londonien Hg Capital,
premier investisseur européen dans
le domaine des logiciels (30 mil-
liards de fonds sous gestion), va
devenir le nouvel actionnaire majo-
ritaire, aux côtés des trois dirigeants
fondateurs – Philippe Rivière, Jean-
Luc Boixel et Hugues Galambrun.
Les deux premiers quittent la direc-
tion opérationnelle mi-décembre.
Hugues Galambrun poursuit l’aven-
ture et devient PDG. Crédit Mutuel
Equity cède sa participation minori-
taire et sort du capital.
Cette restructuration du capital,
en attente du feu vert de l’Autorité de
la concurrence, doit être effective
sous peu. Elle doit lui permettre de
devenir le leader européen des logi-
ciels dans les secteurs du droit, de
A Saint-Amour, le site d’assemblage Algeco
tourne à plein régime
BOURGOGNE-
FRANCHE-COMTÉ
Rapide à mettre en
œuvre, les bâtiments
modulaires d’Algeco
facilitent la distancia-
tion sociale.
Ils sont plébiscités
par les établissements
scolaires et de santé.
Monique Clémens
— Correspondante à Besançon
A Saint-Amour (Jura), sur le site
d’assemblage historique des bâti-
ments modulaires Algeco, le trou
PHD Agro lance une usine de pâtes farcies
à Arras
HAUTS-DE-FRANCE
Le groupe PHD
Croissance fait partie
des lauréats du fonds
France Relance, pour
une unité de raviolis
haut de gamme au
procédé innovant.
Olivier Ducuing
— Correspondant à Lille
Et de cinq. Le groupe PHD Crois-
sance s’offre une nouvelle usine,
baptisée PHD Agro, dans la péri-
phérie d’Arras, dans le Pas-de-Ca-
lais, pour y produire des pâtes far-
cies. Le groupe présidé par son
fondateur, Philippe Delecroix, a
créé la société PHD Agro il y a deux
Septeo a récemment créé une solution destinée aux avocats pour des rendez-vous
et paiements en ligne avec signature électronique. Photo Septeo
l’immobilier et des technologies de
l’information. Les conditions de la
transaction ne sont cependant pas
divulguées.« Avec Hg au capital,
nous voulons doubler le rythme
annuel des acquisitions, pour passer
de 2 ou 3 par an à 5 ou 6 par an, et en
réalisant des opérations plus impor-
tantes », précise Hugues Galam-
brun. Autre priorité, des investisse-
ments massifs dans l’innovation
technologique. « Notre secteur se
concentre. Il va y avoir besoin de plus
en plus d’argent, pour intégrer le
meilleur des technologies mondiales,
et faire la différence », face à une con-
currence anglo-saxonne redouta-
ble. L’investissement dans l’intelli-
gence artificielle et le cloud sont les
deux axes R&D prioritaires de
l’entreprise.
d’air de mars est oublié. Les chan-
tiers des clients du BTP avaient
stoppé net, et Algeco, en forte crois-
sance, avait encaissé le coup.
Mais l’activité est repartie de plus
belle depuis mai et, cet automne,
50 intérimaires sont venus prêter
main-forte aux 130 salariés du site.
Cette usine doit être une nouvelle
fois agrandie et modernisée, à rai-
son d’un million d’euros d’investis-
sement d’ici à dix-huit mois. Le site
a notamment fourni des éléments
permettant de créer deux nou-
veaux bâtiments d’un hôpital de
Madrid pour la gestion de patients
Covid. « Cette année, une partie de
nos commandes découle des protoco-
les sanitaires en France, en Angle-
terre, en Allemagne, en Espagne ou
dans les pays de l’Est pour des établis-
sements de santé », confirme Xavier
ans pour porter ce projet. Elle s’est
offert un bâtiment de 1.000 m2, une
ancienne pépinière agroalimen-
taire, acquis auprès de la commu-
nauté urbaine d’Arras, qu’il va amé-
nager et équiper de lignes de
fabrication d’ici à la fin du premier
trimestre 2021. L’investissement
atteint 3,8 millions d’investisse-
ments.
Ces pâtes garnies, de qualité
supérieure, profiteront d’un pro-
cédé protégé qui garantit pendant le
réchauffement l’intégrité des plats
cuisinés qui sont à l’intérieur. Les
morceaux de saumon ou de noix de
Saint-Jacques, par exemple, sont
ainsi parfaitement préservés.
70 salariés visés à terme
La production devrait démarrer à
raison de plusieurs tonnes par jour
avec une quinzaine de salariés,
L’entrée de Hg permet de changer
de taille, tout en conservant la cul-
ture PME de Septeo. Ce qui n’aurait
pas été le cas en cas de rachat par un
industriel, fait valoir le dirigeant.
Avec l’épidémie de Covid-19, les
besoins de digitalisation des clients
se sont accélérés. Une solution, des-
tinée aux avocats, est ainsi sortie
récemment pour des rendez-vous et
paiements en ligne avec signature
électronique et intégration dans
l’ERP du client…
Croissance de 20 % en 2020
Chez les notaires, Septeo « a été un
acteur majeur du déploiement de la
signature électronique, sans laquelle
les transactions se seraient effondrées
cette année », souligne Hugues
Galambrun. Autre tendance forte,
Sadoine, qui pilote l’usine. Chaque
année, le site de Saint-Amour
assemble 4.000 modules pour ses
clients du BTP, de l’industrie et des
services, du scolaire et du secteur
public, chacun captant un tiers du
chiffre d’affaires.
1.000 salariés en France
Algeco est né en 1955 à Mâcon
(Saône-et-Loire), à 50 kilomètres
de là et, depuis, ne cesse de faire
évoluer son produit. Climatisé,
connecté, équipé en mobilier et
même en purificateurs d’air
depuis mars, il permet de monter
des immeubles jusqu’à cinq éta-
g e s , d ’a j o u t e r d e s s u r f a c e s ,
d’assembler des locaux profes-
sionnels clés en main. « Le modu-
laire, c’est rapide à mettre en œuvre,
moins cher que le pérenne, tout
pour alimenter la grande distribu-
tion ou la restauration collective
notamment, et pourquoi pas les
grands acteurs du secteur, indique
Jean-Charles Haffreingue, direc-
teur administratif et financier du
groupe. A terme, l’entreprise vise
les 70 salariés, soit davantage que la
taille actuelle du groupe (50 salariés
pour 8 millions d’euros de ventes).
Le projet a déjà séduit plusieurs
fonds régionaux, Finorpa, Nord
Croissance et Nord France Amor-
çage, ainsi que Bpbifrance et, tout
6
MILLIONS D’EUROS
La levée de fonds de PHD Agro.
iStock
les assemblées générales dématé-
rialisées de syndics de copropriété.
A travers 15 filiales, Septeo est pré-
sent en France, en Belgique, au
Canada et aux Etats-Unis. Créé en
1989, il emploie 1.400 salariés. Le
groupe basé à Lattes, à côté de
Montpellier, réalise en 2020 un chif-
fre d’affaires de 175 millions d’euros,
en croissance de 20 % par rapport à
2019. D’ici à 2025, Septeo devrait
« doubler de taille », conclut Hugues
Galambrun.
4
À NOTER
Le studio de production
cinématographique Dwarf Labs
est sorti du capital de Septeo, en
toute discrétion, il y a trois ans.
aussi confortable, mais aussi recon-
figurable et recyclable, répondant
ainsi aux exigences de la RSE », pré-
cise Alexis Salmon-Legagneur,
directeur général d’Algeco France,
qui veut participer à la relance.
L’entreprise avait été reprise en
2004 par le fonds britannique TDR,
qui en a fait le navire amiral de sa
division modulaire, Algeco Europe,
fraîchement rebaptisée « Modu-
laire Groupe ». La France reste le
plus gros marché et le groupe
emploie un millier de salariés sur
son sol, dont 800 répartis sur ses 23
plateformes régionales où sont
stockés et préparés les produits des-
tinés à la location (75 % d’un chiffre
d’affaires France 2019 de 250 mil-
lions d’euros), 50 à sa direction
Noveltis
générale France, dans les Hauts-de-
Seine, et les 130 de Saint-Amour. n
récemment, le nouveau fonds
national d’accélération France
Relance. Au total, l’entreprise a
ainsi levé plus de 6 millions d’euros.
Né dans les années 1990 avec la
création d’une première usine de
pâtes fraîches, revendue après avoir
beaucoup grossi, ce groupe indé-
pendant s’est ensuite doté d’une
usine de pizzas dans la Somme, qui
s’est elle aussi fortement dévelop-
pée jusqu’à atteindre 25 millions
d’euros de ventes en 2015. Elle sera
aussi cédée à la Financière Turenne
Lafayette, connue pour le scandale
William Saurin, dont le groupe des
Hauts-de-France aura été une vic-
time collatérale. Elle a également
développé une usine de chips de
crevettes, Som’Exo, et une autre de
chips de pommes de terre, PHM
Production, à Roisel, près de
Péronne. n
PME & REGIONS // 29
innovateurs
LE PARTENARIAT
IRD-PICARDIE INVESTISSEMENT GESTION
Un nouveau fonds pour
soutenir les PME et ETI
Guillaume Roussange
— Correspondant à Amiens
Le Groupe IRD et Picardie
Investissement Gestion réali-
sent un premier pas dans la
redéfinition de la stratégie du
capital-risque dans les Hauts-
de-France. Sans signer d’accord
formel, les deux structures
viennent d’annoncer la création
d’un comité stratégique com-
mun, qui permettra de déployer
une plus grande force de frappe
sur toute la région. Pour les par-
tenaires basés à Lille et à
Amiens, l’urgence est de mise,
car la crise risque d’accélérer le
basculement du tissu économi-
que. « Nous devons ancrer nos
entreprises dans nos territoires.
Nous pesons 350 milli ons
d’euros d’actifs sous gestion et
totalisons 250 participations,
soit 20 % des montants investis
au capital des entreprises des
Hauts-de-France », rappellent
Jean-Pierre Letartre et Patrick
Colin, respectivement prési-
dents de l’IRD et de Picardie
Investissement Gestion.
L’objectif affiché est de ren-
forcer l’innovation, mais aussi
LA TECHNOLOGIE NOVELTIS
La plateforme qui met la
météo marine sur le Web
Date de création : 1998
Président : Richard Bru
Effectif : 40 personnes
Secteur : météorologie
Laurent Marcaillou
— Correspondant à Toulouse
L’entreprise toulousaine Novel-
tis lance une plateforme Web de
prévisions météo marine pro-
fessionnelle, en grande partie
gratuite, qui réunit plus de
60 indicateurs de l’état de toutes
les mers du globe. Cette société
spécialisée dans la conception et
le paramétrage des instruments
des satellites d’observation de la
Terre s’est diversifiée dans les
services pour l’environnement
(dérive des nappes de pétrole et
déchets marins…), la prévention
des risques (feux de forêt, sub-
mersion des côtes…) et les éner-
gies renouvelables, en modéli-
sant les données. Depuis dix ans,
Noveltis développe aussi des
services de météo marine pour
lesquels elle a 50 clients dans
l’exploitation pétrolière, les
énergies renouvelables et le
de soutenir la transformation
des entreprises en région. Pour
favoriser l’éclosion de jeunes
pousses dans les cinq départe-
ments, un nouveau fonds
d’amorçage, dont les contours
précis n’ont pas encore été
dévoilés, est en gestation. Sou-
tenu par la région, il aura pour
vocation de soutenir des projets
technologiques « issus de la
recherche, visant les marchés de
la santé et la médecine du futur, la
bioéconomie, l’alimentation de
demain, l’usine 4.0, la robotique
et les objets connectés ».
100 millions d’euros
Le second projet dans les car-
tons, en cours de validation, est
le lancement d’un fonds qui vise
à « réveiller les belles endormies »,
selon l’expression des partenai-
res. A savoir, les PME et ETI en
difficulté du fait d’un marché en
déclin, d’une organisation trop
figée ou d’un modèle économi-
que à adapter. « Cette période de
crise nous amène à réinventer
notre rôle de capital investisseur,
alors que les liquidités pleuvent
pour les entreprises, mais où les
dirigeants ont cruellement besoin
d’accompagnement », analyse
Jean-Pierre Letartre.
Ce dispositif comprendra
donc des outils d’accompagne-
ment et de conseil. Des missions
d’expertise et des diagnostics de
transformation pourront, par
exemple, être menés. Attendu
au premier trimestre 2021, ce
fonds doit donner lieu à un pre-
mier closing de 100 millions
d’euros. n
transport maritime, comme
Total, Technip, BP, Engie, Valeco
EnBW, EDF et Eolfi. Jusque-là,
l’entreprise fournissait des ser-
vices spécifiques aux besoins
des clients. Désormais, elle réu-
nit ses données sur la plate-
forme Web enovOcean.com, en
libre accès, qui fournit une
météo professionnelle facile à
lire avec des cartes animées.
Atlas des courants
L’application donne des prévi-
sions gratuites à cinq jours de
l’état des mers du globe : vents
forts, état de la mer, courants en
3D, hauteur des vagues, para-
mètres océaniques, glaces et
événements extrêmes. Elle pro-
pose aussi quatre indicateurs
payants en exclusivité : par
exemple, une prévision à
7 jours des vagues scélérates de
20 mètres qui ont coulé
200 navires en vingt ans, avec le
modèle SAVaS développé avec
la Marine nationale, ou un atlas
des courants de marée pour les
promoteurs d’énergie hydro-
lienne.
Ces services sont facturés
100 euros la semaine ou
360 euros par mois. « Cette plate-
forme réduit le temps et le coût
d’accès à la météo marine, elle est
plus souple d’utilisation que les
services très précis vendus sous
contrat, explique Hubert Lafont,
directeur marketing de Noveltis.
Nous voulons ainsi élargir notre
clientèle et réaliser plusieurs mil-
lions d’euros dans les services de
météo d’ici à trois ans. » n
FINANCE&MARCHES
Coup de frein historique
sur l’assurance-vie
l Le marché de l’assurance-vie est
en recul depuis le début de l’année,
avec une décollecte nette de plus
de 7 milliards d’euros.
l Confrontés aux taux d’intérêt
négatifs qui compliquent
leur équation financière, les assureurs
cherchent à transformer les habitudes
d’épargne des Français.
ÉPARGNE
Solenn Poullennec
@SolennMorgan
Le marché de l’assurance-vie,
produit d’épargne très prisé des
Français, s’enfonce encore un peu
plus dans le rouge. Pour le huitième
mois de suite, en octobre, les assu-
reurs-vie ont versé aux épargnants
plus d’argent (154 millions d’euros)
qu’ils n’en ont collecté auprès d’eux,
selon les données publiées jeudi
par la Fédération française de l’assu-
rance (FFA).
« Nous n’avons jamais connu de
période de collecte négative aussi lon-
gue », souligne Franck Levallois, le
directeur général de la FFA. Supé-
rieure à 7 milliards d’euros depuis
janvier, la décollecte cumulée est
déjà plus importante que celle enre-
gistrée en 2012, année marquée par
la crise de la zone euro.
Fr a n c k L e va l l o i s ex p l i q u e
d’abord ce phénomène par la crise
sanitaire, qui a perturbé les circuits
de vente des assureurs et poussé
de nombreux Français à garnir en
priorité leurs comptes et livrets ban-
caires pour garder leurs économies
très accessibles en cas de coup dur.
« Ce n’est pas une bonne nouvelle
pour le financement de l’économie
du pays », poursuit-il.
Le phénomène est pourtant loin
d’être dramatisé par les assureurs.
Car il intervient à un moment ou
ceux-ci apparaissent plus déter-
minés que jamais à changer les
habitudes des épargnants, tradi-
tionnellement friands des contrats
d’assurance-vie assortis d’une
garantie en capital que sont les
fonds en euros. Et ce, quitte à ce que
la collecte marque le pas, voire
pique du nez. Il en va ainsi de CNP
Assurances, qui a encaissé une
Comment les assureurs veulent changer
les habitudes des épargnants
Les assureurs veulent
vendre d’autres contrats
que les fonds euros, clés
du succès de l’assurance-vie
de ces dernières décennies.
Encore faut-il que leurs
réseaux de distribution
soient formés à distribuer
des produits plus
complexes et risqués.
Les assureurs déterminés à chan-
ger les habitudes d’épargne de leurs
clients savent qu’ils n’y parvien-
dront pas sans leurs commerciaux.
En témoigne l’annonce en début de
cette semaine par Generali France
de la création d’une société de ges-
tion chargée d’offrir « un appui tech-
nique, des formations et des solu-
tions » à ses réseaux de distribution,
agents généraux, conseillers en ges-
tion de patrimoine,...
Cette nouvelle entité, baptisée
« Generali Wealth Solutions », veut
faciliter la « transformation du
modèle d’épargne » de la filiale fran-
çaise du groupe italien. L’assureur a
décollecte de 5,7 milliards d’euros
sur les contrats en euros en France
depuis le début de l’année. Le
numéro 2 de l’assurance-vie dans
l’Hexagone évoque les effets de la
crise sanitaire mais il a souligné, lors
de la présentation de ses derniers
résultats trimestriels, qu’une bonne
partie de la décollecte résulte de sa
propre stratégie, à savoir des « res-
trictions d’accès aux fonds euros de
CNP Patrimoine ». Le coup de frein
est aussi dédramatisé chez AXA, qui
a fait état d’une collecte de moins de
1 milliard pour son activité d’assu-
rance-vie, épargne et retraite au troi-
sième trimestre. « Nous assumons
complètement le fait de ne pas avoir
de croissance et même d’avoir de la
décroissance sur l’épargne en euros »,
Les assureurs tentent
de dissuader les
épargnants d’investir
massivement dans
les fonds en euros.
a expliqué le directeur financier de
l’assureur, Etienne Bouas-Laurent,
début novembre. « Pourquoi ? Parce
que c’est extrêmement consom-
mateur de fonds propres dans un
contexte de taux très bas », a-t-il
poursuivi. Les taux sont tombés au
plancher après la crise financière de
2008. Mais la crise économique liée
au Covid-19 n’a fait qu’enfoncer le
rendement des obligations d’Etat
européennes en territoire négatif.
Ce phénomène pèse sur la capacité
des assureurs à dégager des marges
tout en offrant un rendement attrac-
tif aux épargnants.
Pour sortir de cette nasse, les
assureurs se sont tous lancés dans
un chantier de « transformation de
l’épargne », sous l’œil bienveillant
des autorités. Souvent, ils encou-
annoncé en 2019 la fin du « monde
du fonds euros roi ». Autrement dit,
plus question à l’avenir de distri-
buer massivement ces contrats
généralement investis en obliga-
tions, assortis d’une garantie en
capital qui ont fait tout le succès de
l’assurance-vie pendant des décen-
nies. Il souhaite notamment encou-
rager la souscription d’assurances-
vie en unités de compte (UC),
dépourvues de garantie en capital
et généralement investies en
actions, donc plus risquées, ou alors
encore de contrats euro-crois-
sance, à mi-chemin entre les fonds
euros et les UC.
Transformation complète
Ceci implique un changement cul-
turel. « Les réseaux de distribution
étaient formés pour répondre à
certains besoins à un certain
moment, explique Alessandra Gau-
dio qui préside Generali Wealth
Solutions, présentée comme une
« task force » d’une dizaine de per-
sonnes, appelée à grandir vite.
ragent la souscription de contrats
en unités de compte (UC), des sup-
ports potentiellement plus risqués
mais aussi potentiellement plus
rémunérateurs pour les épar-
gnants, en fixant un niveau mini-
mal de souscription ou en augmen-
tant certains frais. Témoin de ce
mouvement, les UC – largement
investies en actions – ont représenté
34 % des cotisations depuis le
début de l’année.
Les stratégies varient cependant
selon les acteurs et les caractéristi-
ques de leurs clientèles, qui peuvent
être plus ou moins attachées aux
fonds euros et méfiantes vis-à-vis
des UC. Ces stratégies peuvent aller
de la fermeture de fonds en euros à
une baisse de la garantie en capital,
Aujourd’hui, l’enjeu est d’aller plus
loin en termes d’expertise pour ven-
dre des produits plus complexes,
avec, par exemple, des produits
structurés, des produits investis en
immobilier, en capital-investisse-
ment ou en infrastructures. »
Cette initiative inter vient à
l’heure où tous les assureurs tra-
vaillent à faire évoluer leurs offres
de produits d’épargne. Les débats
sur l’évolution du modèle tradition-
nel de l’assurance-vie ont cours
depuis plusieurs années déjà, mais
la crise économique liée au
Covid-19, qui repousse à un avenir
lointain toute remontée des taux,
ne fait que renforcer leur détermi-
nation. Certains assureurs restent
très attachés aux contrats d’assu-
rance-vie en euros, mais cherchent
à faire évoluer leurs paramètres,
quand d’autres cherchent à pousser
de nouveaux produits, tels que les
plans d’épargne retraite.
Autant d’initiatives qui suppo-
sent d’être mises en musique par les
commerciaux sur le terrain. « Le
ou la mise en avant d’autres sup-
ports tels que les fonds euro-crois-
sance ou les plans d’épargne retraite
(PER). Certains, comme le britanni-
que Aviva, veulent carrément sortir
du marché. « Le fonds euro a dominé
depuis les années 1980 et 1990, com-
mente un expert du secteur. Il rap-
portera de moins en moins et n’aura
plus la place qu’il a eue toutes ces
années dans le paysage de l’épargne. »
« Je vois bien un scénario dans lequel
un bon nombre d’assureurs pilotent
un niveau de collecte négatif, légère-
ment négatif à 1 %, sans aller vers une
décollecte massive », a déclaré jeudi
David Simon, en charge des investis-
sements, des finances et des risques
pour le groupe de protection sociale
AG2R La Mondiale. n
fonds euros est facile à vendre avec un
réseau commercial polyvalent qui
vend de l’épargne mais aussi de
l’assurance-dommages, explique
Stéphane Dessirier, directeur géné-
ral du groupe MACSF. Il n’y a pas
d’arbitrage à faire, pas de crise à gérer,
pour un réseau c’est extrêmement
confortable. A partir du moment où
il y a des unités de compte, il faut des
conseillers spécialisés qui connais-
sent les marchés. C’est une transfor-
mation complète du mode de
distribution et de la qualité d’accom-
pagnement que vous devez fournir et
cela coûte plus cher ». Ce type de
chantier est aussi sensible. L’indus-
trie se sait surveillée de près par le
gendarme des assureurs, toujours
prompt à enjoindre au respect du
« devoir de conseil » vis-à-vis des
clients. Ce sujet a pris une réso-
nance particulière ces dernières
semaines, quand certains contrats
d’assurance-vie ont été contaminés
par les difficultés des fonds distri-
bués par la société de gestion H2O,
affiliée à Natixis. — S. P.
Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020 Les Echos
En Allemagne, la fin
des contrats garantis
Plusieurs grands
assureurs ont annoncé
qu’ils cesseraient
de garantir le capital
à 100 % sur les contrats
assurance-vie, blâmant
les taux négatifs.
Nathalie Steiwer
— Correspondante à Berlin
« Fin de partie », « crépuscule ».
Les titres de la presse allemande
sur l’assurance-vie prennent der-
nièrement des allures d’élégie
funèbre. Le cortège a démarré
après que le premier et le troi-
sième assureur allemands ont,
coup sur coup, annoncé que leurs
clients ne pourront bientôt plus
récupérer 100 % de l’argent qu’ils
ont versé.
Assureur de près d’un quart
des Allemands, Allianz Leben a
été le premier à déclarer, début
octobre, qu’il ne garantirait plus
que 90 % des primes payées pour
les nouvelles polices de son pro-
duit phare « Perspektive » à partir
de 2021. En contrepartie, les ren-
dements pourraient être plus éle-
vés. Si le leader brise un tabou vis-
à-vis de ses clients, ses
concurrents semblent prêts à
« Les clients
doivent de plus
en plus souvent
choisir entre
rendement
et sécurité. »
JÖRG ASMUSSEN
Directeur général
de la fédération allemande
des assurances
aller encore plus loin. Le PDG
d’Ergo, la filiale de Munich Re,
Markus Riess, a ainsi reconnu
dans un entretien au quotidien
« Handelsblatt » que « des garan-
ties à 80 % pourraient se générali-
ser pour les nouvelles polices » à
terme. L’abandon de ces garanties
traduit les difficultés d’assureurs
pris en tenaille entre la baisse des
taux d’intérêt et des contrats de
plus de trente ans avec des rému-
nérations garanties allant jusqu’à
4 %. Les assureurs ont déjà
enclenché le mouvement en pro-
posant plus de produits hybrides,
entre assurance-vie et fonds
d’investissement. La fin des
garanties du capital à 100 % sera
toutefois une petite révolution
pour les Allemands : 30 % d’entre
eux restent d’autant plus attachés
à ces produits classiques que,
depuis 2002, ils sont encouragés à
souscrire à des assurances pri-
vées pour compléter leurs retrai-
tes. Pour Jörg Asmussen, direc-
teur général de la fédération
allemande des assurances (GDV),
l e m o u ve m e n t n e p e u t q u e
s’amplifier. Les Allemands pour-
ront « bien sûr toujours compter
sur l’assurance-vie », explique-t-il
aux « Echos ». « Mais dans un
monde où les taux d’intérêt nomi-
naux ne sont pas positifs, les clients
doivent de plus en plus souvent
choisir entre rendement et sécu-
rité ». Axel Kleinlein, porte-pa-
role de la fédération des assurés
(BvD), voit dans la baisse de la
garantie un aveu d’échec du sec-
teur. « Au final, cela peut signifier
que l’épargnant fait des pertes,
dit-il. Le produit devient un inves-
tissement à risque. » Sa conclu-
sion : les assurances-vie ne sont
plus adaptées à la prévoyance
vieillesse. n
Les Echos Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020 FINANCE & MARCHES // 31

La Banque Postale se réorganise Wirecard : l’auditeur

spécial de KPMG charge
pour intégrer CNP Assurances son concurrent EY
PAIEMENT
L’auteur du rapport
BANQUE qui a déclenché
la chute du groupe
Le mariage, officialisé allemand, Alexan-
juste avant le premier der Geschonneck,
confinement, se était interrogé jeudi
concrétise d’un point par la commission
de vue opérationnel, d’enquête spéciale.
avec le transfert
des activités non vie Il a laissé poindre le
au sein de CNP.
manque de vigilance
d’EY.
Le patron de la filiale,
Antoine Lissowski, Ninon Renaud
doit rejoindre mardi @NinonRenaud
le comité exécutif — Correspondante à Berlin
de La Banque Postale.
L’information révélée par le
Romain Gueugneau quotidien « Handelsblatt » ne
et Solenn Poullennec pouvait mieux tomber pour les
neuf députés allemands mem-
Le cap des cent jours n’est pas bres de la commission
encore atteint. Mais Philippe Heim, d’enquête spéciale sur Wire-
l’ex-directeur général délégué de card. Alors même qu’ils se pré-
Société Générale nommé à la tête paraient à interroger une poi-
de La Banque Postale le 3 septem- gnée d’auditeurs d’EY dans
bre, a eu le temps de se plonger « de l’après-midi, le « Handelsblatt »
façon intensive » dans les dossiers. faisait état, jeudi matin, de soup-
Il prépare d’ores et déjà le nouveau çons d’infractions pénales com-
plan stratégique qui doit être pré- mises par l’auditeur responsa-
senté en février. b l e d e l a vé r i f i c a t i o n d e s
Le patron de La Poste, Philippe comptes du spécialiste des paie-
Wahl, l’a prévenu il y a quelques ments pendant près de dix ans.
semaines : il faut que La Banque L’APAS, organe de contrôle
Postale, locomotive du groupe des auditeurs rattaché au minis-
public touché de plein fouet par tère allemand de l’économie, a
la crise, « continue à grandir et à envoyé au procureur général de
gagner en rentabilité ». A charge Berlin une lettre faisant état de
pour lui d’« inventer le nouveau preuves possibles de telles
modèle de la bancassurance ». Un infractions liées à des violations
Andbz/Abaca
répliqué un porte-parole de
l’auditeur. Alexander Geschon-
neck, enquêteur de KPMG
chargé en octobre 2019 de se
pencher sur les comptes du
groupe bavarois après plusieurs
soupçons d’irrégularités, a
donné aux députés un avant-
goût de l’art de Wirecard de se
d é f a u s s e r. « A u c o u r s d e
l’enquête, nous avons rencontré
des obstacles considérables en rai-
son de la réticence de Wirecard à
coopérer », a-t-il déclaré devant
la commission d’enquête. Dans
certains cas, les documents
demandés étaient remis avec
des mois de retard, les rendez-
vous reportés et l’accès au sys-
tème informatique refusé.
EY refuse de s’expliquer
Son rapport bouclé en avril der-
nier a pourtant fait exploser le
scandale. Interrogé sur ce qu’il
aurait fait de plus qu’EY, Alexan-
der Geschonneck a dessiné en
creux les manquements de ce
dernier, notamment dans le
cadre du contrôle des comptes
en fiducie en Asie. « Sur ses pro-
cédures d’audit, il faut demander
à EY. Dans le rapport spécial,
nous n’avons fait que procéder
selon nos propres normes – avec
pour résultat qu’aucune preuve
suffisante n’était disponible »,
a-t-il assuré. « Pour EY, les décla-
rations de M. Geschonnek sur le
manque de preuves des relations
avec des clients importants, de
revenus ou de comptes bancaires
sont des signes désastreux », a
réagi le député Vert Danyal

chantier surveillé de près dans un
secteur en pleine mutation, sur
fond de taux bas.
Priorité : l’intégration de CNP
Assurances, le numéro 2 français
de l’assurance-vie désormais
détenu à hauteur de 62 % par La
Banque Postale. « Les équipes tra-
vaillent d’ores et déjà ensemble au
quotidien, et de façon très opération-
nelle », assure Philippe Heim,
notamment sur les politiques com-
merciales et les nouvelles gammes
de produits.
Age limite
Témoin de ce nouvel équilibre,
le patron de CNP Assurances,
Antoine Lissowski, doit rejoindre
au 1er décembre le comité exécutif
de La Banque Postale. Il remplace
de facto l’ex-directrice générale
adjointe en charge de l’assurance
au sein de la banque, Catherine
Charrier-Leflaive, qui doit rejoindre
le courtier en assurances April. Son
départ intervient après celui du
patron Rémy Weber. « L’axe mana-
gérial est un facteur clé de succès du
rapprochement », explique aux
« Echos » Philippe Heim, qui
La Banque Postale espère regagner du terrain en assurance-vie et accélérer sur les autres marchés
en équipant davantage ses clients bancaires de produits d’assurance-auto, santé, accidents de la vie.
privilégie les « circuits courts »
au sein de l’organisation. Vétéran
de l’assurance, Antoine Lissowski
devra bien sûr veiller au bon déve-
loppement de CNP et de ses parte-
nariats en France (dont BPCE) et
en Amérique latine, et renforcer
l’offre d’assurance au sein de La
Banque Postale.
Reste à savoir la pérennité de
cette réorganisation, copréparée
avec Véronique Weill, ex-AXA qui
a pris en août la présidence du
conseil d’administration de CNP
Assurances. Antoine Lissowski,
dont le mandat arrive à échéance
le 16 avril, fêtera quelques jours plus
tard ses soixante-cinq ans, qui cor-
respondent à la limite d’âge.
Cette échéance intervient alors
que le rapprochement de La Ban-
que Postale avec le premier assu-
reur français de personnes, poids
lourd de l’assurance-vie et de l’assu-
rance-emprunteur, modifie en pro-
fondeur le profil de la filiale de
La Poste. Celle-ci va voir la part de
l’assurance dans son chiffre d’affai-
res passer d’à peine 5 % à plus de
40 %. Les chantiers ne manquent
pas.
CNP, la nouvelle branche
assurances du groupe
Concrètement, La Banque Postale
espère regagner du terrain en assu-
rance-vie et accélérer sur les autres
marchés en équipant davantage
ses clients bancaires de produits
d’assurance-auto, santé, accidents
de la vie (prévoyance), tout comme
il le fait sur l’assurance-habitation.
Certains acteurs présents sur
ces métiers, tels que La Mutuelle
Générale et AG2R La Mondiale, se
verraient bien tisser ou renforcer
les liens avec le nouvel ensemble.
Celui-ci a des atouts. « La force com-
merciale de la banque reste un
moteur déterminant pour la com-
d’obligations de déclaration par
des salariés d’EY, indique le quo-
tidien allemand. Une porte-pa-
role du ministère public de
Munich a ensuite confirmé
jeudi qu’une lettre correspon-
mercialisation des produits d’assu- dante de l’APAS lui avait été sou-
rance », déclare Philippe Heim. mise et était en cours d’examen.
Pour mener à bien cette stratégie Les élus souhaitaient juste-
– sur le modèle des bancassureurs ment comprendre comment
mutualistes comme Crédit Wirecard avait pu échapper à la
Agricole ou Crédit Mutuel –, CNP va vigilance de ses commissaires
centraliser la nouvelle branche aux comptes et parvenir à dissi-
d’assurances du groupe, en inté- muler un trou de 1,9 milliard
grant en son sein toutes les activités d’euros dans son bilan. « Le
d’assurance non vie de La Banque ministère public de Munich a con-
P o s t a l e (d o m m a g e s , s a n t é , firmé qu’il n’a aucun soupçon ini-
prévoyance). La filiale de La Poste tial contre EY. Toute autre infor-
emploie environ 800 person- mation serait fausse et
nes dans sa division assurances, équivaudrait à une atteinte
contre un total de 2.800 salariés extrême à notre réputation », a
chez CNP.
Le chantier est titanesque. D’un
point de vue technique, l’intégra-
tion passe notamment par la fusion ventes aux enchères publiques //
complexe des bilans des deux enti-
tés, assurance-vie et non vie. Cela EN PARTENARIAT AVEC
passe aussi par l’imbrication des
systèmes informatiques des deux
groupes, et la construction de nou-
93 VENTE leauxjemardi
enchères publiques, au Palais de Justice de BOBIGNY (93)
velles plateformes produits. n 93 5 janvier 2021 à 13h.30 - EN UN SEUL LOT
APPARTEMENT en TRIPLEX à AULNAY SOUS BOIS (93)
5 allée du Docteur Schallow (Bât. 43)
Bayaz. Les quatre témoins con-
voqués en fin de journée, ayant
participé à la supervision des
comptes du groupe de paiement
pour EY, avaient annoncé leur
refus de donner la réplique par
devoir de confidentialité,
comme l’ancien patron du
groupe, Markus Braun, la
semaine dernière. Pour les
députés, ce coup de projecteur
défavorable à EY ne décharge
pas le gouvernement d’Angela
Merkel de ses responsabilités. Ils
se pencheront lors de leur pro-
chaine cession le 10 décembre
sur les relations de la chancelle-
rie avec Wirecard et notamment
le travail de lobby exercé sur la
chancelière lors de son voyage
en Chine en septembre 2019. n

La banque italienne convoitée par Crédit

De 80,30 M² comprenant : - 1er niveau : entrée, pièce principale, cuisine, WC ;
2ème niveau : palier, 3 chambres, SdE/WC ; 3ème niveau : combles - PARKING n° 383
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Agricole veut faire monter les enchères

ter en Italie, a qualifié mercredi
BANQUE dans un communiqué l’offre du
géant mutualiste de « non attendue
Credito Valtellinese et de non sollicitée », sans pour
a qualifié, jeudi, la autant en rejeter le principe.
proposition d’OPA L’établissement transalpin – dont
de Crédit Agricole Crédit Agricole détient déjà 9,8 % au
de « non attendue travers de Crédit Agricole Assuran-
et de non sollicitée ». ces (CAA) – a, dans le même temps,
autorisé ses dirigeants à s’entourer
des conseils financiers et légaux
Un actionnaire
pour assister le conseil d’adminis-
de la banque lombarde tration pour la période à venir.
demande une hausse
sensible du prix
Selon une source, la nomination de
conseils ne signifie pas que l’offre
par action. est jugée hostile, mais seulement
brusque. C’est autour du prix que
Edouard Lederer les discussions pourraient se cris-
et Olivier Tosseri talliser. A 10,50 euros par action,
— Correspondant à Rome soit un total de 737 millions d’euros,
« Creval estime que l’offre de Crédit
On a connu accueil plus chaleu- Agricole est trop basse », selon un
reux. Credito Valtellinese (Creval), proche. « Même si une offre en cash
la banque lombarde que Crédit est toujours intéressante » et que Cre-
Agricole Italia (CAI) souhaite rache- val sait qu’il devra à terme fusionner
avec un autre établissement. Mer-
credi, un des actionnaires – Petrus
Advisers, pesant moins de 3 % du
capital – a écrit à la direction de Cre-
val pour exprimer ses « préoccupa-
tions » concernant l’offre de Crédit
Agricole. « Après avoir mené diffé-
rents scénarios de valorisation, nous
estimons que l’offre de 10,50 euros
C’est autour du prix
que les discussions
pourraient
se cristalliser.
par action est inadéquate, car elle est
de nature opportuniste et sous-éva-
lue considérablement Creval », indi-
quent ses dirigeants dans un cour-
rier que « Les Echos » ont pu
consulter. Pour le fonds la « juste
valeur » de l’établissement serait
plutôt de 14 euros par action. Incon-
nue à ce stade, la position de Denis
Dumont, l’entrepreneur français
qui est actionnaire à hauteur de
près de 10 % de la banque italienne.
Il avait bataillé en 2018 pour obtenir
une refonte de la gouvernance de la
banque et « ne se laissera pas faire »,
estime un bon connaisseur.
Engagement ferme
Interrogé, le groupe français n’a pas
souhaité commenter. « La proposi-
tion de Crédit Agricole n’est en rien
remise en cause », précise une
source proche. En présentant
son offre, en début de semaine, le
g r o u p e av a i t p r é c i s é q u’ i l
conditionnait la réalisation de son
opération à la « non-adoption par
Creval de mesures défensives ». La
banque verte a rallié à ce stade 15 %
des actionnaires à sa proposition,
dont les 10,1 % déjà détenus en
propre et les 5,4% du fonds
Algebris. n
(Consignation pour enchérir : 3.000 €)
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BOBIGNY où le CCV est déposé
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32 // FINANCE & MARCHES Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020 Les Echos

Goldman Sachs choisit Paris pour Dassault

Systèmes

sa plateforme de trading européenne distingué

BOURSE
La firme américaine
domiciliera sa plate-
forme, futur miroir
européen de celle
de Londres, dans
la capitale française.
Une présence indis-
pensable pour pouvoir
continuer à travailler
avec ses clients
européens à compter
du 1er janvier prochain.
Guillaume Benoit
@gb_eco
Anne Drif
@anndrif
L’approche du Brexit exacerbe la
concurrence entre les places euro-
péennes. Mais Paris vient de mar-
quer un point, cette fois, face à Ams-
terdam. Goldman Sachs a annoncé
le lancement en France de sa plate-
forme de trading alternative en
actions, futur miroir européen de
celle de Londres, Sigma X, qui traite
93 millions d’euros de transactions
par jour. Un arbitrage à revers de ses
principaux grands concurrents qui
se sont tous tournés vers les Pays-
Bas. « Nous voulons nous assurer
que nos clients continuent d’accéder
à toutes nos sources de liquidité
post-Brexit », a justifié Liz Martin, la
responsable du trading actions et
dérivés de Goldman Sachs.
Prévue pour être opérationnelle
le 4 janvier, premier jour de sortie
effective du Royaume-Uni, la plate-
forme Sigma X Europe dit vouloir
accueillir les actions de toutes les
sociétés européennes réglementées
par la directive MIF 2. « Dès l’obten-
tion des autorisations réglementaires,
elle démarrera la cotation des instru-
ments européens sur 15 marchés »,
indique Goldman Sachs. Pour faire
valoir son attractivité face à ses
rivaux installés de plus longue date
sur le continent, la firme américaine
imposera des « marges post-négocia-
tion moins élevées et des exécutions
dont la taille moyenne est plus impor-
tante que celle des carnets d’ordres
concurrents ». Il n’y aura pas non
plus d’évolution tarifaire pour ses
membres.
Goldman Sachs est le dernier en
date parmi les opérateurs alterna-
tifs à implanter sa plateforme sur le
De fortes
ambitions
en France
Avec 170 banquiers à Paris,
Goldman Sachs a doublé
de taille ces deux derniè-
res années sur le marché
français et pourrait multi-
plier à nouveau ses effec-
tifs par deux d’ici à trois
ans. D’ici au deuxième
semestre 2022, la firme de
Wall Street quittera ses
locaux de l’avenue Kléber
pour 6.500 mètres carrés
au 83 de l’avenue Marceau,
dans le 8e arrondissement.
Autre marque de son atta-
chement au marché fran-
çais, souligne la banque, le
lancement en Europe
continentale de son pro-
gramme pour les entre-
preneurs, actif depuis une
dizaine d’années aux Etats-
Unis et au Royaume-Uni.
continent. « On sent qu’une nou-
velle étape est en train d’être fran-
chie, constate Antoine Pertriaux,
responsable de la recherche chez
Adamantia. Les grands acteurs
s’étaient préparés, techniquement et
réglementairement, à faire face à un
Brexit sans accord. A l’approche de
la date butoir, ce qui était une hypo-
thèse est en train de devenir une réa-
lité. » Ce sont près de 30 % des volu-
mes sur les actions qui pourraient
quitter la City. L’objectif, pour
Sigma X comme pour les autres
opérateurs alternatifs, est de pou-
voir continuer à offrir leurs servi-
ces après le 1er janvier. Concrète-
ment, en vertu de la règle de la
« share trading obligation », les
banques européennes ne pourront
passer leurs ordres que sur des
Bourses implantées en Europe
continentale ou dans des pays
b énéficiant d’un régime
d’équivalence.
Une structure distincte
de celle de Londres
Pas question donc de mettre en
place une simple boîte aux let-
tres. « La plateforme européenne
doit être bien distincte de celle de
Londres, souligne Antoine Per-
triaux. Si elle peut reposer sur
l’infrastructure informatique
existante, elle doit néanmoins être
ségréguée et avoir son propre car-
Goldman Sachs a annoncé le lancement en France de sa plateforme Sigma X Europe qui devra être
opérationnelle le 4 janvier, jour de sortie effective du Royaume-Uni. Photo Daniel Leal-Olivas/AFP
net d’ordres. En outre, elle doit dis-
poser d’équipes opérationnelles et
de personnel de contrôle dédiés. »
Les serveurs, a priori, ne seront
pas relocalisés. « Pour les opéra-
teurs alternatifs, la mise en place
de ces plateformes a un coût »,
affirme Antoine Pertriaux. Mais,
comme ils peuvent capitaliser
sur leurs modèles opérationnels
e t l e u r s s ys t è m e s ex i s t a n t s ,
l’investissement reste limité.
Seule la plateforme alternative
Aquis (5 % de part de marché) a
jusqu’à présent fait le même choix
que Goldman Sachs en faveur de
Paris comme port d’attache sur le
Des plateformes pour les professionnels de marché
Les opérateurs boursiers alternatifs sont
apparus à partir de 2007 en Europe, lorsque
la directive européenne MIF a fait voler en
éclat le monopole des Bourses traditionnel-
les. Ces systèmes multilatéraux de négocia-
tion (MTF, en anglais) ont vu très vite leur
volume bondir grâce à une promesse : offrir
aux professionnels de marché une meilleure
exécution de leurs ordres, et surtout à un
moindre coût. Leur succès ne s’est pas
démenti, même si les opérateurs boursiers
historiques, comme Euronext se sont adap-
tés pour faire face à la concurrence. Contrai-
rement aux Bourses « classiques », elles
n’agissent que sur le marché secondaire.
par le Club
des Trente
PRIX
L’association qui
réunit les grands
argentiers des
entreprises françai-
ses a également
primé Loxam et la
Française des Jeux
au titre des meilleu-
res opérations
financières de 2019.
Laurent Flallo
@lflallo
Les bonnes stratégies se révèlent
encore mieux dans l’adversité.
Le coup d’œil dans le rétroviseur
qu’offrent à ce titre les prix de la
meilleure opération financière
décernés par le Club des Trente
est éclairant. Dassault Systèmes,
Loxam et Française des Jeux, les
trois primés de 2019 par l’asso-
ciation, qui regroupe les direc-
teurs financiers des grandes
Vieux Continent. Celle -ci a 2019, même si, pour l’instant, l’acti- entreprises françaises, sous la
d’ailleurs déjà commencé les vité de ce dernier est quasi inexis- présidence de Sophie Stabile
échanges sur 13 actions « pilotes » tante. Turquoise, filiale du London (Lagardère), ont vu leurs choix
en mars dernier et est prête à inté- Stock Echange (5 % de part de mar- confortés par la crise sanitaire.
grer 1.000 nouveaux titres dans les ché) lui aussi implanté dans la capi- Les trophées de cette compéti-
jours qui viennent. tale néerlandaise, a annoncé lundi tion parrainée par Mazars,
que sa plateforme serait opération- Deloitte, Cleary Gottlieb, Brand-
Le choix des Pays-Bas nelle dès le 30 novembre, « sauf si ford Griffith et HEC, en partena-
Les plus gros rivaux de Goldman un accord d’équivalence est conclu riat avec « Option Finance » et
Sachs ont opté depuis longtemps d’ici là entre l’Union européenne et le « Les Echos », ont été remis jeudi.
pour les Pays-Bas. Celui qui a pris le Royaume-Uni ». Mais, même si
plus d’avance face au risque d’un Londres et Bruxelles s’entendaient Diversification
« no deal » est sans conteste CBOE à la dernière minute, les platefor- Pour cette vingtième édition, le
Europe, le plus important, avec mes européennes devraient être j u r y, p r é s i d é p a r Jé r ô m e
22 % de part de marché sur les tran- conservées, car le régime d’équiva- Michiels (Wendel), a récom-
sactions sur actions européennes. Il lence pourrait être remis en cause à pensé Dassault Systèmes d’un
a créé sa structure aux Pays-Bas dès tout moment. n « grand prix », une première en
dix ans, pour l’acquisition de
Medidata. Le timing de cette
diversification dans la santé du
groupe dirigé par Bernard
Charlès tient a posteriori de la
C’est-à-dire qu’on ne peut pas « s’introduire » prescience : l’américain gère
sur un MTF, les actions qui s’y échangent sur sa plateforme plus de la moi-
doivent être d’abord cotées ailleurs. Certai- tié des essais cliniques en cours
nes de ces plateformes – les « dark pools » – concernant le Covid-19. La tran-
permettent d’échanger en toute discrétion de saction de 5,8 milliards de
gros blocs d’actions sans faire bouger les prix dollars, la plus importante en
de façon trop importante. C’est le cas de bientôt quarante ans d’histoire
Sigma X. D’autres sont transparentes, de l’éditeur de logiciels de simu-
comme CBOE Europe et Turquoise, tout en lation, a fait des sciences de la
offrant en parallèle un segment « dark pool ». vie son deuxième débouché
A fin 2019, les MTF totalisaient près d’un tiers après les transports et la mobi-
des volumes sur les échanges d’actions lité. Dassault Systèmes a été
européennes. Le plus gros acteur est CBOE conseillé par Goldman Sachs
Europe, avec 22 % de parts de marché, suivi pour cette opération dont le
à égalité par Aquis et Turquoise (5 % chacun). multiple était inférieur au sien.

Développement
Le prix de la meilleure acquisi-

Les Suisses appelés se prononcer dans les urnes tion attribué à Loxam salue le
parcours d’une ETI bretonne
devenue en un demi-siècle le

pour des « multinationales responsables »

RÉGULATION
Soumise au vote
le 29 novembre,
l’initiative obligerait
les entreprises suisses
à certifier le respect
des droits de l’homme
et de l’environnement
dans leurs activités
à l’étranger.
Laurence Boisseau
@boisseaul
Dimanche 29 novembre, la popula-
tion suisse est appelée aux urnes
pour se prononcer sur l’initiative
« pour des entreprises responsa-
bles ». Si cette dernière est votée, les
grands groupes domiciliés en
Suisse devront s’assurer très sérieu-
sement du respect des droits de
l’homme et de l’environnement
dans leurs activités à l’étranger. Si
une violation était commise par
l’une de ses antennes hors des
frontières suisses, la firme qui la
chapeaute en serait tenue responsa-
ble – à moins qu’elle ne puisse mon-
trer avoir fait preuve de la diligence
requise pour prévenir le dommage.
L’initiative ouvre aux lésés de
l’étranger la possibilité d’engager
une procédure civile en Suisse pour
obtenir des réparations.
Appui de 130 ONG
L’initiative a récolté 120.418 signa-
tures pour être portée devant les
électeurs. Au sein de la société
civile, elle dispose de l’appui de
plus de 130 organisations non gou-
vernementales (ONG) actives dans
les domaines des droits humains,
de l’environnement et du dévelop-
pement, de celui de la Conférence
des évêques et de l’Eglise évangéli-
que réformée de Suisse et de celui
d’un Comité d’entrepreneurs. Au
niveau politique, le texte est
défendu par le Parti socialiste, les
Verts, et le Parti évangélique.
Depuis des décennies, les scan-
dales dénoncés par les ONG mon-
trent que les mesures volontaires
des entreprises ne sont pas suffi-
santes pour prévenir les violations
des droits humains et les atteintes
à l’environnement.
Le Parlement
et le Conseil fédéral
(gouvernement)
jugent que cette
initiative
« va trop loin ».
Parmi les exemples mis en avant,
un pesticide de Sygenta qui empoi-
sonne des agriculteurs en Inde ou
encore une grande cimenterie de
LafargeHolcim à côté du village
d’Ewekoro, au Nigeria, qui fait
beaucoup de poussière et dont les
particules nocives tombent dans
l’eau que la population boit et utilise
pour cuisiner. Selon les médecins,
les habitants de ce village souffrent
de dommages irréversibles au foie,
aux poumons et à la rate. L’initiative
a fait l’objet d’une vaste campagne
d’affichage à travers le pays. Sur une
affiche, une petite fille devant la
mine de Cerro de Pasco, au Pérou,
exploitée par une filiale de Glen-
core. L’air et l’eau sont empoisonnés
aux métaux lourds. « Eau potable
contaminée, enfant empoisonné,
multinationale tenue responsable »,
peut-on lire sur l’affiche.
Les adversaires de l’initiative
sont les organisations patronales,
comme Economiesuisse, et la
majorité des chambres cantonales
de commerce. Plusieurs associa-
tions et fédérations de branches
spécifiques y sont, elles aussi,
opposées, comme celles des cosmé-
tiques et des détergents ou des
entreprises pharmaceutiques.
Le Parlement et le Conseil fédé-
ral (gouvernement) jugent que
cette initiative « va trop loin ». Ils
ont recommandé aux électeurs
de voter contre. Aucun pays euro-
péen ne s’applique de règles aussi
strictes. La France a adopté en
2017 une loi sur le devoir de
vigilance qui force les grandes
entreprises à prévenir les risques
sociaux, environnementaux et de
gouvernance liés à leurs opéra-
tions à l’étranger. Les Pays-Bas
ont adopté un texte contre le
t r ava i l d e s e n f a n t s d a n s l e s
chaînes d’approvisionnement.
Texte contre-productif
En réalité, argumentent ses oppo-
sants, le texte pourrait être contre-
productif si des groupes suisses
comme Glencore, face au risque
accru de plaintes, décidaient de
quitter des pays où ils investissent et
créent des emplois. Le Parlement a
donc élaboré un contre-projet qui
poursuit les mêmes objectifs mais
avec des règles « coordonnées au
niveau international ». Il sera activé
si les électeurs rejettent l’initiative.
Cette initiative populaire inter-
vient alors même que l’Europe veut
rédiger l’an prochain une directive
visant à accroître la responsabilité
des entreprises et celle de leurs
dirigeants (notamment celle des
membres des conseils d’adminis-
tration) en matière de création de
valeur durable. n
numéro trois mondial de la
location de matériels pour le
BTP. L’OPA sur le finlandais
Ramirent, valorisé à 1,5 milliard
d’euros (dette incluse), l’a déve-
loppé au bon moment dans les
pays nordiques, moins touchés
par la pandémie et l’a diversifié
dans les équipements pour la
construction. La plus grosse
opération transfrontalière
jamais réalisée dans le secteur a
été conseillée par Deutsche
Bank et Handelsbanken.
L’entrée en Bourse de la
Française des Jeux a reçu le
prix de la meilleure introduc-
tion. Un demi-million de petits
porteurs, neuf fois plus de
demande de la part des inves-
tisseurs institutionnels que de
titres offerts et une capitalisa-
tion de 3,8 milliards d’euros
pour une société manquant de
comparables : le succès de la
première privatisation depuis
c e l l e d ’A D P e n 2 0 0 6 s’e s t
confirmé dans la pandémie
par la bonne tenue de l’action.
L’opération a été conduite par
BNP Paribas, Citi, Crédit Agri-
cole, Goldman Sachs, HSBC,
Natixis, Société Générale, CM-
CIC, Lazard et Rothschild. n
Les Echos Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020 FINANCE & MARCHES // 33

Bonduelle dans l’incapacité de L’AMF pointe

réunir son assemblée générale
Le fabricant de conserves de légumes de Villeneuve-d’Ascq ne pourra pas tenir sa grand-messe annuelle à la date prévue. Photo Philippe Huguen/AFP
ment réunir ses actionnaires le
GOUVERNANCE 3 décembre.
Explications. En mars dernier,
Bonduelle avait quand il a été évident que les assem-
convoqué son blées générales ne pourraient se
assemblée générale tenir normalement, le gouverne-
pour le 3 décembre. ment a autorisé, par ordonnance,
leur tenue à huis clos jusqu’au
Mais elle ne pourra se 31 juillet, puis par un décret jusqu’au
tenir ni en présentiel, 30 novembre. Il fallait bien valider
les comptes annuels, nommer des
pour cause de
administrateurs et autoriser (par-
confinement, ni à huis fois) le versement des dividendes.
clos car l’ordonnance
permettant Huis clos : l’opposition
ce dispositif ne sera des actionnaires
pas encore sortie. Au-delà du 30 novembre, pour pro-
longer ce dispositif, il fallait une
Laurence Boisseau autre ordonnance. Le gouverne-
@boisseaul ment s’est donc employé à rédiger
un nouveau texte. Mais, dans le
Trois jours de vide juridique dans même temps, des actionnaires ont
l’organisation des assemblées géné- manifesté publiquement leur
rales (AG) des entreprises cotées. opposition au huis clos, dénonçant
D’ordinaire, entre le 30 novembre et des assemblées générales virtuelles
le 3 décembre, aucune entreprise qui portent atteinte à certains de
ne tient son AG. Cela aurait donc pu leurs droits fondamentaux, notam-
Le projet d’ordonnance a fait
l’objet de différentes moutures et de
nombreux allers-retours entre le
gouvernement, les juristes et les
organisations patronales (Afep et
Medef). Résultat : le temps que le
texte soit examiné par le Conseil
d’Etat, il n’a pu être validé par le
Conseil des ministres mercredi
25 novembre. Il devrait l’être mer-
credi prochain, le 2 décembre.
Au mieux, il sera donc publié le
3 décembre au « Journal officiel ».
Ce calendrier ne fait pas les
affaires de Bonduelle. Le groupe
avait convoqué son AG annuelle
pour le 3 décembre, à 17 heures.
Or cette dernière ne peut se tenir
ni en présence des actionnaires
(le confinement généralisé et le
protocole sanitaire l’en empê-
chent) ni à huis clos (car aucun
texte ne l’y autorise aujourd’hui).
Le groupe, qui avait retenu cette
date il y a un an déjà, va sans
doute devoir ajourner son AG.
Il pourrait en théorie, jusqu’à
prendre le risque que l’ordonnance,
qui lui permet un tel dispositif, ne
soit pas publiée à temps. « Sans
texte, l’AG peut être frappée de nul-
lité », explique Grégory Sanson,
directeur général adjoint finance
et développement de Bonduelle.
Entre 150 et 200 personnes
tous les ans
Tous les ans, début décembre, entre
150 et 200 personnes assistent à la
grand-messe annuelle de Bon-
duelle, à Villeneuve-d’Ascq, dans le
nord de la France. C’est un moment
d’échanges important pour le
groupe qui compte beaucoup
d’actionnaires individuels, bien que
plus de 50 % des titres soient entre
les mains de la famille Bonduelle
et Dalle. Beaucoup d’actionnaires
ont choisi de s’inscrire au nomina-
tif, ils peuvent donc se rendre à l’AG
sans avoir prévenu le groupe en
demandant des cartes d’admission.
« Nous risquons de nous retrouver
avec des actionnaires qui se seront
des faiblesses dans
le contrôle des
sociétés de gestion
RÉGULATION
Le gendarme des
marchés financiers
relève des anoma-
lies dans des procé-
dures de contrôle
interne de gestion-
naires de porte-
feuille effectuées
par des prestataires
externes.
Amélie Laurin
@AmelieLaurin
L’Autorité des marchés finan-
ciers (AMF) avait classé la revue
de cette pratique parmi ses
priorités de 2020. A juste titre
visiblement. Son examen de
l’externalisation du contrôle
interne des sociétés de gestion
de portefeuille a révélé quel-
ques surprises, selon un rap-
port publié jeudi. Le contrôle
interne est essentiel car il per-
met de s’assurer de l’efficacité
des procédures mises en place,
notamment celles qui permet-
tent de se conformer à la régle-
mentation en vigueur.
Le rapport de l’AMF pointe
« des niveaux d’efficacité trop
disparates » chez les gestionnai-
res de portefeuilles qui ont
« recours aux services d’un pres-
tataire », explique le supervi-
seur français. « Dans certains
cas, ces dispositifs sont insuf-
fisants, à la fois en matière de
profondeur des analyses et de
traçabilité des diligences réali-
sées », ajoute l’institution. Or la
pratique est loin d’être confi-
dentielle. En 2018, 57 % des
sociétés de gestion françaises
externalisaient leur contrôle
permanent et 70 % leur con-
trôle périodique, selon le der-
nier rapport annuel de l’AMF.
ANNLEGALECH
L’enquête a porté sur sept
gestionnaires d’actifs qui recou-
rent à trois cabinets différents.
Sur cet échantillon, « cinq enti-
tés n’ont pas de procédures suffi-
samment précises et opération-
nelles » et « dans trois cas, les
“reportings” apparaissent lacu-
naires ». Autre problème, le rap-
port souligne pour l’ensemble
du panel « l’absence de mention
des anomalies relevées par la
fonction de contrôle interne dans
les fiches de renseignements […]
et les rapports annuels »… desti-
nés au gendarme des marchés.
Pas d’agrément
spécifique
Si l’identité des entreprises
contrôlées n’est pas dévoilée, ce
sont des sociétés de gestion de
petite taille et principalement
« entrepreneuriales ». Cette caté-
gorie d’acteurs choisit le plus
souvent de se concentrer sur la
gestion des fonds et leur
commercialisation, quitte à
déléguer les autres fonctions.
Les trois prestataires anony-
mes concernés par l’enquête
sont également des petites
structures, comptant entre
« moins de cinq personnes » et
« une trentaine » de salariés. Ces
professionnels ne sont pas
agréés, car « les sociétés de ges-
tion demeurent, en tout état de
cause, responsables de l’exercice
de [la] fonction de contrôle », rap-
pelle l’AMF. Certains sont toute-
fois membres correspondants
de l’Association française de la
gestion financière, qui repré-
sente le secteur, à l’instar de
2AM, Agama Conseil, PCI ou
D2R Conseil.
Les gérants doivent « appor-
ter une attention particulière au
choix et au suivi » de leurs pres-
tataires, rappelle l’AMF, qui
entend préciser prochaine-
ment sa doctrine. n

passer inaperçu. Sauf que Bon-
duelle se trouve aujourd’hui dans
une impasse, ne sachant pas com-
ment celui de proposer en séance
la nomination ou la révocation des
dirigeants.
trois jours avant la date de son AG,
la convoquer à huis clos. Mais
l’entreprise ne peut, ni ne veut,
déplacés le 3 décembre et que nous
devrons renvoyer chez eux », expli-
que Grégory Sanson. n
annonces judiciaires & légales
Commune de Cergy
AVIS D’ENQUÊTE PUBLIQUE

La dette portugaise passe brièvement

Par arrêté n°996/2020 en date du 12 novembre 2020, le Maire de Cergy a
prescrit l’ouverture et l’organisation de l’enquête publique relative au permis de
construire déposé par Dassault aviation sur la commune de Cergy
Cette enquête publique est organisée afin d’accueillir le public et de recueillir ses

à taux négatif
MARCHÉ
OBLIGATAIRE
Le départ prochain
de Donald Trump et
les nouvelles rassuran-
tes sur le front des
vaccins entraînent une
baisse de la tension
sur les marchés.
Guillaume Benoit
@gb_eco
Cela n’a duré que quelques minutes
mais l’événement est historique.
Surtout pour un pays qui avait
compté parmi les principales victi-
mes de la crise de la zone euro.
Jeudi, en début d’après-midi, le taux
des obligations d’Etat portugaises à
10 ans est devenu négatif, à
–0,004 %. Un passage très symboli-
que, mais qui était attendu.
Les spécialistes des marchés
obligataires le guettaient depuis la
veille. « Le taux portugais à 10 ans est
à moins de 2 points de base de 0 %, et
je retiens mon souffle », écrivait ainsi
Frederik Ducrozet, stratégiste chez
de Pictet Wealth Management sur
Twitter mercredi. Le taux de réfé-
rence portugais pourrait bien
s’ancrer en territoire négatif dans
les prochains jours, venant grossir
un stock mondial de dette offrant
un rendement sous 0 % qui a allè-
grement dépassé les 17.000 mil-
liards de dollars.
« Cette détente des taux portugais
participe d’un mouvement général
qu’on a constaté dans les autres pays
périphériques de la zone euro », ana-
lyse Stéphane Déo, responsable de
la stratégie de marchés chez
Ostrum AM. Le taux italien à 10 ans
a baissé de près de 18 points de base
en à peine quinze jours. Et son équi-
valent espagnol flirte avec le seuil
des 0 %. « Avec le départ annoncé de
Donald Trump de la Maison-Blan-
che et les nouvelles rassurantes sur la
mise au point des vaccins contre le
Covid, il y a actuellement une baisse
globale de la tension sur les mar-
chés », poursuit Stéphane Déo.
Conséquence, les investisseurs
sont prêts à acheter des actifs plus
risqués. « Il y a une très forte demande
de papier, constate Stéphane Déo. Le
Pérou vient de placer des obligations à
100 ans sur le marché, alors que le
pays a changé trois fois de président en
deux semaines ! » Le Portugal offre
en outre un profil plutôt attractif.
Même si son économie a été dure-
ment frappée par la crise du Covid, il
offre une stabilité politique plus sûre
et de meilleures perspectives de
reprise que son voisin espagnol.
Soutien de la BCE
Le Portugal, comme les autres pays
de la zone euro, bénéficie du sou-
tien sans faille de la Banque cen-
trale européenne. Les achats de la
BCE dans le cadre de son plan
d’urgence (PEPP) ont d’ailleurs
légèrement remonté ces dernières
semaines, même s’ils restent bas.
Surtout l’existence de ce plan, et sa
très probable prolongation lors de
la prochaine réunion de politique
monétaire le 10 décembre, rassure
les investisseurs.
« Après la réunion d’octobre et
l’engagement de facto de Christine
Lagarde à mettre en place de nouvel-
les mesures de politique monétaire,
la seule question qui se pose est “que
va faire la BCE ?” et “non va-t-elle
agir ?” », souligne Carsten Brzeski
chez ING, qui déplore toutefois que
les minutes – le compte rendu offi-
ciel – de la dernière réunion,
publiée aujourd’hui, ne donnent
pas vraiment d’indice. Les marchés
tablent cependant sur une hausse
de 500 milliards d’euros de l’enve-
loppe du PEPP – actuellement de
1.350 milliards d’euros – et d’une
extension au moins jusqu’à fin 2021.
Le Portugal offre un
profil plutôt attractif.
Politiquement
plus stable que
son voisin espagnol,
il présente aussi
de meilleures
perspectives
de reprise.
« En affirmant à plusieurs reprises
sa volonté de poursuivre les achats
d’actifs sur une période longue, la pré-
sidente de la BCE a donné suffisam-
ment de visibilité aux Etats pour
qu’ils lancent des plans de relance
ambitieux, sans craindre une remon-
tée brutale de leurs coûts de finance-
ment, explique Stéphane Déo. Mais
Christine Lagarde a également donné
de la visibilité aux investisseurs, qui
savent qu’un krach obligataire en
zone euro est peu probable. » n
observations et propositions relative à une étude d’impact dans le cadre d’un projet
de construction d’un établissement industriel PHOENIX de 50397 m2 de surface de
plancher situé ZAC des Linandes à Cergy.
L’enquête publique se déroulera en mairie située 3 place Olympe de Gouges,
siège de la présente enquête publique, du lundi 14 décembre 2020 au lundi
25 janvier 2021 inclus, aux jours et heures habituels d’ouverture au public des
services, soit les lundi, mardi, mercredi et vendredi de 08h45 à 12h30 et de 13h30
à 17h30, le jeudi de 13h30 à 17h30 et le samedi de 09h00 à 12h30. Monsieur Paul
GALAN a été désigné commissaire enquêteur.
Le dossier d’enquête public sera mis à disposition du public
aux jours et heures habituels d’ouverture susmentionnés ainsi que
sur le site internet de la ville de Cergy, à l’adresse www.cergy.fr.
Chacun pourra prendre connaissance du dossier et consigner ses observations
et propositions sur le registre d’enquête, par courrier adressé par voie postale à
l’adresse suivante : Mr Paul GALAN, commissaire enquêteur – Dassault-projet
PHOENIX – Mairie, 3 place Olympe de Gouges, ou par voie électronique dont l’objet
du mail précisera « enquête publique-projet PHOENIX – observations à l’attention
du commissaire enquêteur » à l’adresse enquetepubliquedassault@cergy.fr
Ces observations seront transmises au commissaire enquêteur, jointes au
registre et retransmises sur le site internet.
Toute information complémentaire relative à ce projet peut être demandée
auprès de Monsieur le Maire :
- par courrier adressé à Mairie à l’adresse sus indiquée
- par mail à l’adresse sus indiqué
- par téléphone au 01 34 33 45 36
Les personnes intéressées pourront obtenir communication du dossier d'enquête
publique, à leur demande et à leurs frais, dès la publication de l'arrêté d'ouverture
de l'enquête.
Le commissaire enquêteur se tiendra à la disposition du public en mairie :
- Lundi 14 Décembre de 9h30 à 12h30 (ouverture de l'enquête)
- Samedi 19 Décembre de 9h00 à 12h30
- Mercredi 6 Janvier de 13h30 à 17h30
- Samedi 16 Janvier de 9h00 à 12h30
- Lundi 25 Janvier de 13h30 à 17h30 (clôture de l'enquête)
Le rapport et les conclusions motivées du commissaire enquêteur seront
consultables au service urbanisme réglementaire situé 3 place Olympe de Gouges
et sur le site internet de la Ville dès leur réception et durant un an à compter de la
clôture de l’enquête.
EP 20-472 enquete-publique@publilegal.fr
La ligne de référence est de 40 signes en corps minimal de 6 points didot.
Le calibrage de l’annonce est établi de filet à filet.
Les départements habilités sont 75, 78, 91, 92, 93, 94, 95 et 69.
LES ECHOS SOCIÉTÉS - LE PUBLICATEUR LÉGAL - LA VIE JUDICIAIRE
34 // FINANCE & MARCHES Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020 Les Echos

euronext
SÉANCE DU 26 - 11 - 2020 A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année
CAC 40 : 5566,79 (-0,08 %) NEXT 20 : 12025,42 (0,21 %) civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres A pour les capitalisations
CAC LARGE 60 : 6164,5 (-0,05 %) supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et C pour les capitalisations inférieures
CAC ALL-TRADABLE : 4315,69 (-0,07 %) à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice
DATE DE PROROGATION : 28 DÉCEMBRE CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates.

CAC 40 SRD Suite VALEURS FRANÇAISES SRD Suite VALEURS FRANÇAISES

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER
ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT
AIR LIQUIDE (AI) R A 136,45 137,6 + 1,25 + 9,03 MICHELIN (ML) R A 109,45 107,6 - 1,42 - 1,37 GETLINK (GET) LR A 14,46 14,21 - 1,53 - 8,38 SAVENCIA (BH) B 56,4 56,4 - 8,14
634842 137,9 + 4,76 144,45 392297 109,55 +12,27 112,8 586502 14,5 +13,68 17,04 648 56,6 +10,59 64,8
FR0000120073 11/05/20 2,7 473.593.425 135,85 + 12,79 94,86 1,96 FR0000121261 01/07/20 2 178.257.784 107,6 - 3,28 68 1,86 FR0010533075 23/05/19 0,36 550.000.000 14,21 - 7,12 8,615 FR0000120107 13/05/19 1 14.032.930 55,8 - 4,41 45,1
AIRBUS GROUP (AIR) R A 92,1 89,8 - 1,86 - 31,18 3,4 ORANGE (ORA) R A 10,45 10,535 + 1,2 - 19,7 GL EVENTS (GLO) g B 10,26 10,34 + 0,78 - 57,01
1877723 92,53 +36,37 139,4 26,45 5312079 10,545 +12,58 13,545 77779 10,5 +46,46 24,45 SCOR (SCR) LR A 29,9 29,42 - 1,28 - 21,38
NL0000235190 15/04/19 1,4 784.149.270 89,14 - 33,81 48,12 1,84 FR0000133308 02/06/20 0,2 2.660.056.599 10,385 - 29,81 8,632 1,9 FR0000066672 01/07/19 0,65 29.982.787 10,04 - 56,65 6,4 244036 29,96 +27,47 39,12
ALSTOM (ALO) R A 43,45 43,42 - 1,14 + 10,88 PERNOD-RICARD (RI) R A 155,45 156,05 + 0,48 - 2,1 GROUPE CRIT (CEN) g B 61 61 - 17,12 FR0010411983 30/04/19 1,75 186.677.576 29,36 - 22,27 15,88
2235720 43,75 +16,19 46,956 320395 156,1 + 6,59 171,1 741 61,3 +11,93 74,4
FR0010220475 15/07/19 5,5 226.894.751 42,13 + 20,01 27,567 FR0000120693 08/07/20 1,18 261.876.560 154,95 - 5,97 112,25 0,76 SEB (SK) G A 148,3 146,1 - 0,95 + 10,35
FR0000036675 26/06/19 1 11.250.000 60,9 - 7,29 36,15 1,64 39533 148,9 + 2,24 155
ARCELORMITTAL (MT) R A 15,5 15,286 - 1,32 - 2,28 PEUGEOT (UG) R A 19,96 19,765 - 0,73 - 7,21 GROUPE GORGÉ (GOE) g B 13,68 13,8 + 1,62 - 19,01
3594735 15,58 +22,78 16,85 2290668 19,98 +19,28 22,01 FR0000121709 22/05/20 1,43 50.307.064 146 + 5,41 86,35 0,98
LU1598757687 16/05/19 0,15 1.102.809.772 15,246 - 3,93 5,98 FR0000121501 02/05/19 0,78 894.828.213 19,73 - 11,17 8,878 5565 13,9 + 7,98 19
FR0000062671 01/07/20 0,32 13.502.843 13,62 - 12,1 8,59 2,32 SES-IMAGOTAG (SESL) Gg B 25,8 26,3 + 3,14 - 17,03
ATOS SE (ATO) R A 74,42 74,8 + 1,03 + 0,65 PUBLICIS GROUPE (PUB) R A 38,64 38,57 - 0,34 - 4,44 4278 26,4 + 4,78 37,5
504397 76,16 +18,54 82,46 618213 38,81 +21,44 43,7 GTT (GTT) G A 85 83,65 - 1,47 - 2,05
FR0000051732 03/05/19 1,7 109.993.166 74,38 - 3,48 43,26 FR0000130577 07/09/20 1,15 247.748.484 38,27 - 2,23 20,94 2,98 47121 85,35 - 1,01 102,7 FR0010282822 25/06/12 0,5 15.758.108 25,65 - 14,05 19,5
FR0011726835 03/11/20 2,5 37.078.357 83,5 + 2,01 48,76 2,99 SHOWROOMPRIVÉ (SRP) g C 1,562 1,68 + 8,39 +154,11
AXA (CS) R A 19,876 19,788 - 0,41 - 21,19 RENAULT (RNO) R A 34,455 33,655 - 2,32 - 20,21
5336987 19,9 +35,11 25,615 1630193 34,455 +38,21 43,365 GUERBET (GBT) g B 32,2 32,4 + 0,47 - 21,55 791842 1,69 +49,73 1,69
FR0000120628 07/07/20 0,73 2.417.778.069 19,572 - 20,59 11,844 3,69 FR0000131906 18/06/19 3,55 295.722.284 33,49 - 23,14 12,77 6416 32,95 + 9,46 44,1 FR0013006558 117.461.769 1,562 +119,6 0,243
BNP PARIBAS (BNP) R A 43,965 43,365 - 0,89 - 17,92 SAFRAN (SAF) R A 124,85 122 - 1,61 - 11,37 FR0000032526 30/06/20 0,7 12.600.874 32 - 38,29 24,05 2,16
3008686 43,965 +31,61 54,22 631409 124,95 +30,37 152,3 HAULOTTE GROUP (PIG) g B 5,07 5,2 + 2,56 - 1,89 SOITEC (SOI) G A 144,8 142,6 - 1,52 + 52,19
FR0000131104 29/05/19 3,02 1.249.798.561 42,795 - 15,02 24,505 FR0000073272 27/05/19 1,82 427.235.939 122 - 18,12 51,1 18553 5,25 +30 5,78 EX-DS 13/05/16 REGR.1P20 90567 146,6 +13,54 146,6
BOUYGUES (EN) R A 33,6 33,48 - 0,36 - 11,62 SAINT-GOBAIN (SGO) R A 40 39,7 - 0,75 + 8,77 FR0000066755 15/07/20 0,22 31.371.274 4,97 + 5,05 3,27 4,23 FR0013227113 33.278.901 142,3 + 25,97 48,86
491659 33,65 +12,35 41,32 727605 40,11 +16,42 40,8 HEXAOM (HEXA) g B 32,3 34,1 + 5,57 - 7,34 SOLUTIONS 30 (ALS30) A 16,8 16,7 + 0,54 + 67,67
FR0000120503 09/09/20 1,7 380.654.936 33,18 - 10,84 22,27 5,08 FR0000125007 10/06/19 1,33 535.683.713 39,69 + 7,04 16,408 5607 34,2 +12,54 39,8 297893 17,3 + 6,37 19,16
CAP-GEMINI (CAP) R A 119,7 117,4 - 1,84 + 7,81 SANOFI (SAN) R A 84,67 85,37 + 1,37 - 4,74 FR0004159473 11/06/19 1,5 6.937.593 31,6 + 0,74 21,7
406848 119,95 +18,42 121,65 1441766 85,91 + 3,08 95,82 FR0013379484 107.127.984 16,65 + 67,08 5,3
HIGH CO (HCO) g C 4,92 4,84 - 0,82 - 20,39
FR0000125338 03/06/20 1,35 169.449.699 116,8 + 6,73 51,78 1,15 FR0000120578 04/05/20 3,15 1.258.964.700 84,61 + 1,03 67,65 3,69 28516 4,98 + 1,26 6,32 SOMFY (SO) A 130 129,8 + 0,46 + 48,34
CARREFOUR (CA) R A 13,9 13,625 - 1,87 - 8,86 SCHNEIDER ELECTRIC (SU) R A 118,7 117,35 - 0,93 + 28,25 FR0000054231 24/05/19 0,16 22.421.332 4,7 - 14,18 2,95 2885 132,2 + 1,41 145
2828424 13,92 - 2,01 16,915 719988 119,25 + 9,72 121,8 ICADE (ICAD) G A 65 64,6 - 0,31 - 33,44 FR0013199916 30/06/20 1,25 37.000.000 129,8 + 51,99 63,6 0,96
FR0000120172 08/06/20 0,23 817.623.840 13,505 - 10,89 12,095 1,69 FR0000121972 05/05/20 2,55 567.068.555 117,15 + 32,99 61,72 2,17 105692 65,15 +38,39 106 SOPRA STERIA GP (SOP) G A 125,2 123,5 - 1,12 - 13,94
CREDIT AGRICOLE (ACA) R A 9,928 9,828 - 0,47 - 23,96 SOCIÉTÉ GÉNÉRALE (GLE) R A 17,47 17,19 - 1,21 - 44,58 FR0000035081 06/07/20 1,6 74.535.741 63,15 - 29,32 41,88
5180133 9,95 +33,64 13,8 4294069 17,49 +36,6 32,23 23960 125,8 + 1,73 162
FR0000045072 24/05/19 0,69 2.884.688.712 9,736 - 21,97 5,7 FR0000130809 27/05/19 2,2 853.371.494 17,038 - 39,65 10,774 ID LOGISTIC (IDL) g A 199 196 - 1,61 + 8,65
858 199 - 2,73 220 FR0000050809 02/07/19 1,85 20.547.701 123,4 - 10,44 78,15
DANONE (BN) R A 52,3 52,86 + 1,23 - 28,47 STMICROELETRONICS (STM) R A 32,35 32,53 + 1,78 + 35,71 0,23 FR0010929125 5.649.427 196 + 0,51 115 SMCP (SMCP) g B 4,716 4,95 + 6,45 - 47,62
1563568 52,96 + 4,59 75,16 1970694 33,02 +16,3 33,02 143,14
FR0000120644 14/07/20 2,1 686.629.600 52 - 29,39 46,03 3,97 NL0000226223 21/09/20 0,04 911.204.420 32,28 + 44,39 13,73 0,13 IMERYS (NK) G A 34,86 34,82 - 0,34 - 7,59 568258 4,976 +17,69 10,08
DASSAULT SYSTEMES (DSY) R A 152,8 153,35 + 0,36 + 4,64 TELEPERFORMANCE (RCF) R A 271,8 272,1 + 0,59 + 25,16 49065 35,2 +26,9 43,54 FR0013214145 74.117.760 4,63 - 56,19 2,945
173297 154,2 + 5,36 164,15 84150 273,8 + 5,63 297,3 FR0000120859 15/05/20 1,72 85.015.055 34,66 - 4,39 20,68 4,94
SPIE (SPIE) G A 17,46 17,35 - 0,86 - 4,46
FR0000130650 28/05/20 0,7 264.919.418 152,8 + 7,01 105 0,46 FR0000051807 02/07/20 2,4 58.730.600 271,2 + 25,74 150,3 0,88 INNATE PHARMA (IPH) g B 4,396 4,35 - 0,23 - 27,01
303402 4,408 +29 7,48 164757 17,6 +18,19 19,58
ENGIE (ENGI) R A 12,7 12,525 - 0,87 - 13,02 1,21 THALES (HO) R A 81,44 79,7 - 1,58 - 13,86 FR0012757854 24/09/19 0,17 157.698.124 17,35 - 5,5 7,805
3656385 12,715 +12,74 16,795 10,39 305500 81,44 +30,02 99,96 FR0010331421 78.980.640 4,3 - 23,68 2,9
FR0010208488 21/05/19 0,8 2.435.285.011 12,525 - 12,17 8,626 FR0000121329 03/12/19 0,6 213.364.420 78,94 - 11,15 52,5 INTERPARFUMS (ITP) g A 42,85 42,55 - 0,35 + 26,5 SQLI (SQI) g C 19,1 18,7 - 1,84 - 23,67
ESSILORLUXOTTICA (EI) R A 119 120,6 + 1,77 - 11,19 TOTAL (FP) R A 37,615 37,365 - 1,09 - 24,05 8781 43,1 + 7,18 44,65 9861 19,1 - 6,5 24,5
433877 120,8 + 6,58 145 5410581 37,645 +38,11 50,93 FR0004024222 02/05/19 0,71 51.988.409 42,35 + 25,48 23,682 FR0011289040 21/07/17 0,88 4.613.975 18,45 + 10,91 13,42
FR0000121667 21/05/19 2,04 438.611.346 118,4 - 14,56 86,76 FR0000120271 25/09/20 0,66 2.653.124.025 37,17 - 22,36 21,12 1,77 IPSEN (IPN) G A 78,45 79,9 + 2,31 + 1,14
80249 80,5 + 0,13 95,9 STEF (STF) g B 70,6 71,2 + 0,85 - 11,44
HERMES INTL (RMS) R A 829,4 826 - 0,17 + 23,99 UNIBAIL-R/WFD (URW) R A 63 63,18 + 0,93 - 55,08
46627 832 - 0,02 865 989486 64,36 +67,9 142,05 FR0010259150 03/06/20 1 83.814.526 78,25 - 22,28 34,2 1,25 531 71,4 + 5,48 85,1
FR0000052292 28/04/20 3,05 105.569.412 819,8 + 24,14 516 0,37 FR0013326246 24/03/20 5,4 138.472.385 62,52 - 55,82 29,08 IPSOS (IPS) G A 27,75 26,6 - 4,14 - 8,12 FR0000064271 17/11/20 1,5 13.000.000 70,6 - 20,36 57,2 4,21
KERING (KER) R A 606,8 602,7 - 0,22 + 2,99 VEOLIA ENV. (VIE) R A 19,48 19,705 + 1,1 - 16,89 43226 27,75 +14,41 32,1 SUEZ (SEV) LR A 16,22 16,2 - 0,12 + 20,13
107408 607,2 + 9,7 628,2 2731925 19,74 +15,1 29,09 FR0000073298 01/07/20 0,45 44.436.235 26,5 - 0,37 15,82 1,69 1166161 16,36 + 3,88 16,36
FR0000121485 23/06/20 4,5 126.279.322 601,6 + 10,34 348,55 0,75 FR0000124141 12/05/20 0,5 567.266.539 19,405 - 14,81 15,675 2,54
JACQUET METAL SERVICE (JCQ) g B 12,1 12,12 + 1 - 21,4 FR0010613471 18/05/20 0,45 628.362.579 16,135 + 21,39 8,046 2,78
L.V.M.H. (MC) R A 497,2 495,75 + 0,31 + 19,69 VINCI (DG) R A 88,08 88 - 0,27 - 11,11 28814 12,22 +21,2 15,86
286541 498,2 +17,55 498,8 605880 88,62 +24,54 107,35 FR0000033904 01/07/20 0,2 23.461.313 12 - 18,11 7,6 1,65 SWORD GROUP (SWP) g B 31,9 31,9 + 0,63 - 6,45
FR0000121014 07/07/20 2,6 504.757.339 494 + 21,7 278,7 0,52 FR0000125486 23/06/20 1,25 613.519.218 87,34 - 12,13 54,76 1,42 4250 32 + 0,47 37,15
JCDECAUX (DEC) G A 18,85 18,36 - 2,08 - 33,19
LEGRAND (LR) R A 71,12 70,86 + 0,06 - 2,45 VIVENDI (VIV) R A 25,5 25,45 - 1,43 319251 18,85 +35,6 27,74 FR0004180578 10/09/20 2,04 9.544.965 31,7 - 5,62 20,45 7,52
236659 71,2 + 6,33 77,94 1968386 25,53 + 0,67 26,65 FR0000077919 21/05/19 0,58 212.902.810 18,23 - 29,44 12,26
FR0010307819 01/06/20 1,34 267.447.746 70,68 - 1,86 45,91 1,89 FR0000127771 21/04/20 0,6 1.185.842.163 25,36 + 2,21 16,6 2,36 SYNERGIE (SDG) g B 29,2 29,4 + 0,69 + 0,68
L'ORÉAL (OR) R A 306,2 305,8 + 0,46 + 15,83 WORLDLINE (WLN) G A 76,9 76,64 + 0,24 + 21,36 KAUFMAN & BROAD (KOF) g B 37,05 36,95 + 0,27 - 0,14 2572 29,5 +19,76 31,4
311986 307,7 + 7,19 321,4 371039 77,84 +15,81 82,66 10297 37,25 +13 41,86 FR0000032658 19/06/19 0,8 24.362.000 29,2 + 13,29 13
FR0000120321 03/07/20 3,85 559.856.576 304,9 + 18,85 196 1,26 FR0011981968 279.070.362 76,44 + 32,48 36,36 FR0004007813 08/06/20 1,75 22.088.023 36,65 - 0,19 19,4 4,74
KLEPIERRE (LI) LR A 19,605 19,835 + 1,98 - 41,4 TARKETT (TKTT) G B 14,9 14,48 - 3,4 + 0,56
1422482 19,93 +61,13 34,66 84587 15,05 +33,21 16,56
FR0000121964 07/07/20 1,1 299.939.198 19,25 - 39,98 10,05 FR0004188670 12/06/19 0,6 65.550.281 14,44 + 4,32 7,53
KORIAN (KORI) G A 28,5 28,22 - 0,42 - 27,74 TECHNICOLOR (TCH) B 1,753 1,732 - 0,41 - 86,55
122246 28,5 + 9,38 42,54 321248 1,77 +20,66 13,735
SRD VALEURS FRANÇAISES FR0010386334
LAGARDÈRE (MMB) G
11/06/19 0,6 105.038.158
A 22,38
28,14
20,44
- 24,31 23,441
+ 0,39 + 5,2
FR0013505062 218.324.139 1,71 - 87,59 1,1
248415 22,4 - 4,13 28,48 TELEPERFORMANCE (RCF) R A 271,8 272,1 + 0,59 + 25,16
FR0000130213 14/05/19 1,3 131.133.286 20,34 + 3,34 8,14 84150 273,8 + 5,63 297,3
VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA LDC (LOUP) A 99 99,2 - 0,6 - 5,07 FR0000051807 02/07/20 2,4 58.730.600 271,2 + 25,74 150,3 0,88
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER 1202 99,4 + 0,4 110,5
ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT TF1 (TFI) G A 6,65 6,53 - 1,43 - 11,76
FR0013204336 25/08/20 1,2 17.134.471 98,8 - 12,6 74,2 1,21
A.S.T. GROUPE (ASP) g C 3,95 4,14 + 4,81 + 15,32 CGG (CGG) G A 1,002 0,99 - 0,14 - 65,81 234930 6,675 +24,98 7,805
LNA SANTÉ (LNA) g B 46,8 47 + 0,54 - 5,15 FR0000054900 29/04/19 0,4 210.392.991 6,525 - 10,3 4,062 6,13
20620 4,2 + 9,23 4,25 10289002 1,004 +83,23 3,121 5139 47,5 + 0,75 53
FR0000076887 19/06/19 0,25 12.903.011 3,95 + 36,41 1,82 FR0013181864 711.324.929 0,964 - 58,76 0,443 FR0004170017 08/07/20 0,45 9.705.937 46,75 - 4,37 31,75 0,96 TFF GROUP (TFF) B 27,6 27 - 0,74 - 26,43
AB SCIENCE (AB) g B 10,2 9,91 - 2,27 + 84,2 CHARGEURS (CRI) g C 17,66 17,74 + 0,57 + 2,66 LECTRA (LSS) g B 21,55 21,5 - 0,46 - 3,8 3941 27,6 + 5,88 38,2
220392 10,52 + 3,01 13,78 59272 17,86 - 1,66 24,1 4768 21,9 +12,57 24,85 FR0013295789 06/11/20 0,35 21.680.000 27 - 26,03 22 1,3
FR0010557264 45.145.024 9,91 +105,6 4,81 FR0000130692 16/09/20 0,28 24.211.232 17,56 + 11,01 7,9 1,58 FR0000065484 06/05/20 0,4 32.347.211 21,4 - 2,71 12,2 1,86
ABC ARBITRAGE (ABCA) g B 7,33 7,32 - 0,95 + 9,25 CHRISTIAN DIOR (CDI) A 434 434 + 0,46 - 4,99 THERMADOR GROUPE (THEP) B 63,2 63,2 - 0,32 + 19,25
LINEDATA SVICES (LIN) g B 25,3 25,6 + 1,19 - 4,12 2778 64,6 + 6,4 64,6
41459 7,39 + 1,1 7,58 EX D OP 08/06/17 2461 434,2 +11,23 479,8 800 25,6 - 3,76 30,9
FR0004040608 06/10/20 0,1 58.512.053 7,27 + 9,09 5,05 1,37 FR0000130403 07/07/20 2,6 180.507.516 430,6 - 9,05 252,4 0,6 FR0004156297 06/07/20 0,95 6.625.726 25,3 + 1,59 18 3,71 FR0013333432 09/04/20 1,8 9.200.849 63 + 17,47 35,7 2,85
ABIVAX (ABVX) g B 22,75 22 - 2,66 - 2,44 CNP ASSURANCES (CNP) G A 13,82 13,54 - 1,96 - 23,63 LISI (FII) g A 21,25 20,9 - 1,65 - 30,45 TIKEHAU CAPITAL (TKO) g A 24,1 23,6 - 1,67 + 7,27
32984 22,95 +17,77 25 372419 13,82 +28,58 18,17 17383 21,35 +38,04 32,7 EX D S 03/07/17 18398 24,1 +17,41 26,4
FR0012333284 13.851.239 21,95 + 95,73 10,4 FR0000120222 26/04/19 0,89 686.618.477 13,54 - 25,19 5,3 FR0000050353 30/04/19 0,44 54.114.317 20,9 - 36,09 12,5 FR0013230612 22/05/20 0,5 136.802.970 23,6 15,45 2,12
ACCOR (AC) LR A 30,95 30,37 - 1,65 - 27,26 COFACE (COFA) G A 8,79 8,87 + 0,68 - 19,14 LUMIBIRD (LBIRD) g C 12,18 12,3 - 0,16 - 18,55
929490 30,95 +32,27 42,24 94914 8,89 +34,8 12,51 TRANSGÈNE (TNG) g B 1,616 1,662 + 4,27 + 7,23
5587 12,42 +24,87 15,499
FR0000120404 10/05/19 1,05 261.288.260 30,22 - 23,27 20,15 FR0010667147 22/05/19 0,79 152.031.949 8,75 - 11,26 4,448 FR0000038242 22.466.882 12,18 - 9,63 5,365 119441 1,69 +23,11 2,08
ACTIA GROUP (ATI) g C 2,65 2,77 + 4,14 - 35,73 COLAS (RE) A 112,5 113,5 - 19,39 M6-MÉTROPOLE TV (MMT) G A 12,68 12,64 - 24,67 FR0005175080 83.841.334 1,602 - 7,77 0,81
34129 2,78 +37,13 4,625 802 113,5 + 8,1 143 94288 12,84 +28,85 17,07 TRIGANO (TRI) G A 136,8 132,4 - 3 + 40,7
FR0000076655 21/09/20 0,15 20.099.941 2,65 - 30,31 1,74 5,42 FR0000121634 08/09/20 6,4 32.654.499 112,5 - 21,62 90 5,64 FR0000053225 15/05/19 1 126.414.248 12,6 - 21,15 8,55 23720 138 + 8,97 138
ADOCIA (ADOC) g B 7,45 7,6 + 1,33 - 23,23 COVIVIO (COV) G A 74,5 74,55 + 0,68 - 26,33 MAISONS DU MONDE (MDM) G B 13,85 13,86 + 0,15 + 6,86 FR0005691656 14/01/20 2 19.336.269 131,3 + 42,9 41,76 1,51
12863 7,6 + 7,8 16,18 141250 76,25 +38,06 112,2 111657 14,1 + 0,73 14,84
FR0011184241 6.977.854 7,42 - 14,61 5,6 FR0000064578 27/04/20 4,8 94.488.052 73,45 - 27,41 38,84 FR0013153541 02/07/19 0,47 45.241.894 13,74 + 6,7 5,35 UBISOFT ENTERTAINMENT (UBI) LRA 77,5 78 + 1,17 + 26,66
AÉROPORTS DE PARIS (ADP) G A 110 109,5 + 0,18 - 37,82 COVIVIO HOTELS (COVH) A 16 15,95 - 0,31 - 44,04 MANITOU (MTU) g B 21,8 22 + 1,85 + 2,56 177129 78,84 - 3,11 85,14
55116 110,6 +28,67 179,2 3840 16,2 +34,03 30 11058 22,3 +28,81 22,3 FR0000054470 123.414.480 77,32 + 42,08 51,16
FR0010340141 06/12/19 0,7 98.960.602 109 - 39,3 70,7 FR0000060303 13/05/20 1,55 132.547.616 15,95 - 43,24 11,6 FR0000038606 17/06/19 0,78 39.668.399 21,75 + 16,65 11,36 VALEO (FR) LR A 32,38 32,8 + 1,58 + 4,43
AIR FRANCE-KLM (AF) LR A 5,1 5,148 + 1,94 - 48,13 DASSAULT AV. (AM) G A 921,5 893,5 - 2,56 - 23,63 MARIE BRIZARD W & S (MBWS) g C 1,41 1,44 + 2,86 - 10,11 703699 32,99 +18,2 33,03
6355637 5,226 +63,07 10,27 4642 925 +20,09 1192 11357 1,44 + 0,14 1,7
FR0000031122 14/07/08 0,58 428.634.035 4,983 - 52,62 2,614 FR0000121725 22/05/19 21,2 8.348.703 893,5 - 30,2 624 FR0013176526 29/06/20 0,2 241.717.403 31,96 - 10,26 10,51 0,61
FR0000060873 27/09/07 0,5 44.698.844 1,4 - 24,21 0,651
AKKA TECHNOLOGIES (AKA) Gg B 26,35 26,35 + 0,19 - 55,75 DBV TECHNOLOGIES (DBV) G B 4,018 4,234 + 5,22 - 78,43 MAUNA KEA (MKEA) g C 1,426 1,398 - 1,41 + 2,34 VALLOUREC REG (VK) G A 29,8 29,395 - 0,02 - 73,87
63557 26,85 +42,43 62,273 739722 4,266 +63,1 25,44 182027 1,426 +24,82 2 400803 30,585 +123,67 114,68
FR0004180537 28/06/19 0,49 20.291.990 25,8 - 52,48 14,54 2,66 FR0010417345 54.927.187 3,982 - 69,16 2,352 FR0010609263 30.558.480 1,37 + 50,65 0,566 FR0013506730 11.449.694 27,2 - 68,55 11,186
AKWEL (AKW) g B 20,7 20,15 - 2,18 - 0,25 DERICHEBOURG (DBG) g B 3,35 3,342 + 0,42 - 8,44 MEDIAWAN (MDW) g B /271020 + 10,15 VALNEVA (VLA) g B 5,71 5,98 + 5,84 +132,68
4179 20,7 +19,37 20,8 208879 3,414 +27,85 3,784 + 9,32 12,2
FR0000053027 08/06/20 0,2 26.741.040 20,1 - 3,13 8,8 0,97 FR0000053381 07/02/20 0,11 159.397.489 3,3 + 4,83 2,07 3,29 320043 6,04 + 0,34 7,35
FR0013247137 33.768.746 + 21,82 5,02 FR0004056851 90.954.937 5,71 +141,13 1,784
ALBIOMA (ABIO) Gg B 41,45 41,35 + 0,36 + 59,04 DEVOTEAM (DVT) g C 97,7 97,8 + 3,49 MERCIALYS (MERY) G A 7,095 7,12 + 0,07 - 42,25
69108 41,95 - 5,27 47,6 3464 98 + 0,2 99,1 535408 7,215 +60,5 12,64 VERALLIA (VRLA) g A 28,3 27,9 - 0,71 - 7,8
FR0000060402 11/06/20 0,35 31.641.910 41,1 + 78,23 22,85 0,85 FR0000073793 03/07/19 1 8.332.407 97,7 + 9,76 47,25 FR0010241638 27/04/20 0,48 92.049.169 7,03 - 40,07 3,89 48093 28,3 +21,3 36,01
ALD (ALD) G A 11,28 11,02 - 1,43 - 20,38 EDENRED (EDEN) LR A 48,33 48,11 + 0,02 + 4,36 MERSEN (MRN) g B 25,5 25 - 1,96 - 26,79 FR0013447729 15/06/20 0,85 123.272.819 27,55 - 7,09 19,26 3,05
75780 11,28 +11,76 14,2 244632 48,4 +17,08 51,56 16301 25,5 + 1,42 35,3 VERIMATRIX (VMX) g B 3,17 3,17 + 60,1
FR0013258662 29/05/20 0,63 404.103.640 11,02 - 21,29 6,29 5,72 FR0010908533 13/05/20 0,7 246.583.351 47,94 + 4,27 29,74 1,46 FR0000039620 03/07/19 0,95 20.858.964 24,9 - 17,9 12,38 125907 3,17 +26,04 3,245
ALPES (CIE DES ) (CDA) g B 19,06 19 - 2,06 - 36,35 EDF (EDF) LR A 11,86 11,7 - 1,02 + 17,85 METABOLIC EXPLORER (METEX) g C 1,82 1,83 + 18,83
24451 19,42 +23,7 30,95 EX-DS 7/03/17 1786929 11,9 +13,76 13,61 FR0010291245 84.927.567 3,12 + 55,39 1,138
18213 1,835 +11,93 2,04
FR0000053324 10/03/20 0,7 24.510.101 18,94 - 29,5 13,16 3,68 FR0010242511 26/11/19 0,15 3.099.923.579 11,7 + 28,29 5,978 FR0004177046 27.813.800 1,8 + 53,01 0,921 VICAT (VCT) g A 35,8 35,05 - 2,1 - 13,14
ALTAREA (ALTA) A 140 138,4 - 0,72 - 31,65 EIFFAGE (FGR) LR A 84,98 83,78 - 0,85 - 17,86 NANOBIOTIX (NANO) g B 12,3 12,54 + 3,98 + 51,45 23145 35,8 +31,27 41,65
2889 140 +17,09 210 189038 85,26 +22,74 111,75 274909 12,8 +99,68 12,8 FR0000031775 20/04/20 1,5 44.900.000 34,65 - 9,55 22,5 4,28
FR0000033219 06/07/20 4,5 17.275.839 137,6 - 30,59 103,2 FR0000130452 21/05/19 2,4 98.000.000 83,5 - 17,21 44,65 FR0011341205 13/05/19 26.037.122 12,16 + 83,07 3,54 VILMORIN & CIE (RIN) g A 48,4 48,1 - 0,52 - 0,31
ALTEN (ATE) G A 92,2 92,25 + 0,38 - 18 EKINOPS (EKI) g C 6,3 6,45 + 3,04 - 2,42 NATIXIS (KN) G A 2,69 2,652 - 1,23 - 33
34955 92,75 +17,29 119 47035 6,45 + 5,05 6,8 4859 48,95 + 5,02 52,4
3933917 2,697 +29,18 4,411
FR0000071946 20/06/19 1 34.205.863 91,5 - 12,39 54,5 FR0011466069 25.422.170 6,29 + 31,9 3,67 FR0000120685 31/05/19 0,78 3.155.951.502 2,638 - 31,28 1,471 FR0000052516 11/12/19 1,35 22.917.292 48 - 4,56 34,25 2,81
AMUNDI (AMUN) G A 68,7 66,8 - 2,84 - 4,43 ELIOR (ELIOR) G A 5,29 5,065 - 3,16 - 61,34 NEOEN (NEOEN) G A 47 47,15 + 0,32 + 52,59 VIRBAC (VIRP) G A 212,5 214 + 0,47 - 9,51
EX-DS 15/03/17 153016 68,8 +12,84 78,55 1350874 5,32 +44,71 13,83 93545 47,85 + 5,48 52,9 2199 215 - 1,15 244,5
FR0004125920 24/05/19 2,9 202.585.953 66,65 - 3,75 43,82 FR0011950732 07/04/20 0,29 174.147.823 5,055 - 55,26 3,062 5,73 FR0011675362 85.490.712 46,85 + 95,24 25,3 FR0000031577 26/06/15 1,9 8.458.000 212,5 + 1,9 132,2
ARCHOS (JXR) g C 0,035 0,035 + 0,58 - 67,66 ELIS (ELIS) G A 14 13,83 - 0,5 - 25,24 NEXANS (NEX) G A 52 52,3 + 0,58 + 20,26
6255225 0,035 + 0,58 0,115 370504 14,04 +25,16 19 WAVESTONE (WAVE) g B 25,1 25,3 + 0,8 - 2,69
35291 52,45 +23,47 52,45
FR0000182479 167.279.961 0,034 - 62,55 0,025 FR0012435121 27/05/19 0,37 221.807.226 13,7 - 22,35 5,375 FR0000044448 17/05/19 0,3 44.105.941 51,7 + 43,48 21,55 2932 25,5 + 4,55 29
ARGAN (ARG) A 81 79,2 - 1,49 + 2,06 EOS IMAGING (EOSI) g C 1,65 1,65 + 0,61 - 25,51 FR0013357621 19/09/19 0,23 20.196.492 25,1 + 9,05 15,5
NEXITY (NXI) G A 34,7 34,36 - 0,81 - 23,27
2677 81,6 93 176375 1,678 +22,22 2,9 180745 34,8 +40,7 46,2 WENDEL (MF) G A 94,5 93,75 - 0,37 - 20,89
FR0010481960 26/03/20 1,9 22.309.227 79 + 7,03 54 FR0011191766 26.569.946 1,642 + 3,13 1,18 FR0010112524 25/05/20 2 56.129.724 33,54 - 25,56 22,04 5,82 23185 94,65 +16,9 127,5
ARKEMA (AKE) LR A 95,08 95,94 + 0,88 + 1,31 ERAMET (ERA) G A 38,5 37,63 - 1,49 - 17,91 NICOX (COX) g B 4,6 5,56 + 23,01 + 27,67 FR0000121204 07/07/20 2,8 44.719.119 93,05 - 24,58 54,8 2,99
126862 95,96 + 9,7 99,52 78303 38,69 +58,24 47,18 1415580 5,77 +57,73 5,77
FR0010313833 25/05/20 2,2 76.736.476 94,88 - 0,31 42,5 2,29 FR0000131757 29/05/19 0,6 26.636.003 37,51 - 11,31 18,665 FR0013018124 33.491.370 4,6 + 39,52 2,53 WORLDLINE (WLN) G A 76,9 76,64 + 0,24 + 21,36
ARTMARKET.COM (PRC) g C 7,38 7,38 - 22,4 ERYTECH PHARMA (ERYP) g B 6,5 7,34 + 15,23 + 9,55 371039 77,84 +15,81 82,66
NRJ GROUP (NRG) B 5,92 5,82 - 1,36 - 13,13
6849 7,4 + 5,43 10,1 232709 7,41 +47,54 11,46 12159 5,98 + 4,68 6,88 FR0011981968 279.070.362 76,44 + 32,48 36,36
FR0000074783 6.651.515 7,22 - 20,82 5,01 FR0011471135 19.081.988 6,37 + 69,12 2,8 FR0000121691 03/06/19 0,17 78.107.621 5,82 - 3,64 4,5 XPO LOGISTICS (XPO) A + 3,7 + 7,69
ASSYSTEM (ASY) B 25,1 24,8 - 0,2 - 23,22 ESI GROUP (ESI) g C 42,9 43 + 0,23 + 32,31 ONXEO (ONXEO) g B 0,76 0,764 + 0,53 + 37,66 + 9,38 296
OPA 24/11/17 8097 25,15 +17,81 34,65 921 43 + 7,5 43,6 170662 0,777 +17,54 0,979 FR0000052870 20/06/19 0,6 9.836.241 + 6,87 214
FR0000074148 08/07/20 1 15.668.216 24,7 - 18,95 16,58 4,03 FR0004110310 6.028.192 42,3 + 44,78 24,6 FR0010095596 78.317.810 0,752 + 38,91 0,3
ATARI (ATA) g C 0,385 0,385 - 0,26 + 16,81 EURAZEO (RF) G A 52,55 52,15 - 0,86 - 14,51 ORPÉA (ORP) LR A 102,45 102,8 + 0,44 - 10,06
1005485 0,39 - 6,67 0,494 57829 52,55 +21,62 67,05
FR0010478248 267.782.050 0,381 + 22,23 0,17 FR0000121121 08/05/19 1,25 78.645.486 51,6 - 15,41 35,6 FR0000184798
113833
12/07/19 1,2 64.615.837
103,6
101,95
+13,94 129
- 9,03 69,1 AUTRES VALEURS DE LA ZONE EURO
AUBAY (AUB) g C 31,5 33,45 + 6,19 EUROFINS SCIENT. (ERF) LR A 67,2 66,96 - 0,34 + 35,49 PHARMAGEST INT. (PHA) g B 97,3 97,2 - 0,1 + 60,4
18155 33,75 + 8,6 35 198186 67,69 - 3,9 75,4 8055 97,9 + 5,42 100,8 EURONEXT (ENX) G A 88,5 88,65 + 0,45 + 22,02
FR0000063737 06/11/20 0,33 13.208.296 31,5 - 1,04 15,32 0,99 FR0014000MR3 03/07/19 2,45 190.742.750 66,79 + 39,85 39,3 4,3 FR0012882389 01/07/20 0,9 15.174.125 96 + 68,17 41,25 0,93 81534 89,75 - 3,33 109,7
AXWAY SOFTWARE (AXW) g B 24 24,4 + 1,67 + 96,77 EUROPCAR GROUPE (EUCAR) g B 1,3 1,171 + 2,09 - 72,98 PIERRE & VACANCES (VAC) g B 14,3 14,6 - 0,68 - 27,72 NL0006294274 20/05/20 1,35 70.000.000 88,35 + 28,48 52,9 1,79
6820 24,5 + 8,93 24,5 16753266 1,35 +102,25 4,688 89161 15,3 +35,19 33,9 NOKIA (NOKIA) R A 3,43 3,388 - 1,22 + 2,45 0,3
FR0011040500 02/07/19 0,4 21.316.266 24 +114,98 10,55 FR0012789949 21/05/19 0,26 163.884.278 1,13 - 70,35 0,492 FR0000073041 19/03/12 0,7 9.893.463 13,85 - 4,2 9,08 166677 3,437 - 4,42 4,352 11,44
BAINS MER MONACO (BAIN) B 62 62 + 8,01 EUTELSAT COM. (ETL) G A 9,8 9,578 - 1,87 - 33,9 PLASTIC OMNIUM (POM) G A 28,32 28,9 + 2,34 + 16,06 FI0009000681 29/07/19 0,02 5.653.886.159 3,36 + 8,24 2,083 1,48
7 63 - 0,96 67,6 663807 9,81 + 9,64 14,825 423130 29,34 +40,16 31,48
MC0000031187 26/09/14 0,01 24.516.661 62 + 14,39 44 FR0010221234 20/11/20 0,89 230.544.995 9,514 - 36,7 7,984 9,29 FR0000124570 29/04/20 0,49 148.566.107 27,8 + 15,65 12,01 1,7 SES (SESG) LR 8,15 7,948 - 4,56 - 36,42
BÉNÉTEAU (BEN) g B 8,44 8,41 - 0,36 - 22,35 EXEL INDUSTRIES (EXE) B 44,1 44,5 + 1,14 - 4,51 PLASTIVALOIRE (PVL) g B 5,93 5,82 - 2,02 - 15,9 1105972 8,15 +11,32 14,165
69886 8,48 + 4,93 10,9 521 44,5 +17,11 47,8 DIV 8 02/05/17 49828 5,93 +75,57 7,48 LU0088087324 21/04/20 0,34 376.915.302 7,772 - 35,22 4,87 5,03
FR0000035164 12/02/20 0,23 82.789.840 8,315 - 13,43 4,9 2,74 FR0004527638 13/02/19 1,14 6.787.900 44 + 6,97 31 FR0013252186 18/04/19 0,2 22.125.600 5,8 - 13,65 2,79 X-FAB SILICON (XFAB) g A 4,225 4,25 - 0,35 + 1,92
BIC (BB) G A 50,3 50,25 - 0,1 - 18,95 FAURECIA (EO) LR A 42,74 42,28 - 0,68 - 11,97 PROLOGUE (PROL) g C 0,301 0,305 + 3,39 - 10,82 76329 4,32 +34,92 6,08
33488 50,5 +22,14 66,05 300526 42,74 +12,87 49,49 174242 0,317 +18,68 0,387 BE0974310428 130.781.669 4,22 + 5,07 1,868
FR0000120966 01/06/20 2,45 45.532.240 49,98 - 19,92 38,5 4,88 FR0000121147 31/05/19 1,25 138.035.801 41,77 - 12,75 20,58 FR0010380626 46.585.630 0,301 - 22,39 0,15
BIGBEN INT. (BIG) g C 16,3 16,7 + 1,95 + 4,11 FDJ (FDJ) G A 35,06 35,27 + 1,06 + 48,04 QUADIENT (QDT) g B 17,79 16,62 - 8,43 - 22,98
58886 16,96 +10,6 17,1 224055 35,9 + 8,52 36,09 319220 17,79 +38,04 24,3
FR0000074072 24/07/19 0,2 19.969.658 16,3 + 11,63 8,1 FR0013451333 26/06/20 0,45 191.000.000 34,89 + 61,2 18,3 1,28 FR0000120560 07/09/20 0,35 34.562.912 16,33 - 13,66 9,615 2,11 VALEURS ZONE INTERNATIONALE
BIOMÉRIEUX (BIM) G A 115,1 117,1 + 2,54 + 47,57 FFP (FFP) g A 88 88,6 + 1,26 - 14,81 RALLYE (RAL) A 5,21 5,14 - 0,77 - 49,21
97102 118,2 - 7,8 144,8 6913 89,4 +21,87 105,6 123994 5,21 +33,16 10,3 GENERAL ELECTRIC (GNE) 8,77 8,701 - 1,49 - 11,65 1,29
FR0013280286 14/07/20 0,19 118.361.220 115 + 41,77 75 0,16 FR0000064784 22/05/20 2,15 24.922.589 87 - 17,81 42,15 2,43 FR0000060618 20/05/19 1 52.373.235 4,97 - 29,1 3,105 3494 8,86 +39,22 12,1
BOIRON (BOI) g A 38,4 38,8 + 0,78 + 6,59 FIGEAC AERO (FGA) g B 4,655 4,52 + 5,61 - 51,4 RAMSAY GDS (GDS) A 18,1 18,3 + 1,67 + 8,93 US3696041033 USD 25/09/20 0,01 8.759.873.0008,668 - 16,18 5,02
5556 39,3 - 3,24 44,8 56643 4,655 +73,18 9,69 187 18,3 + 0,27 21,8 HSBC (HSB) 4,526 4,434 - 0,93 - 36,8 52,19
FR0000061129 02/06/20 1,05 17.545.408 38,4 + 15,82 26,75 2,71 FR0011665280 31.839.473 4,35 - 59,86 2,415 FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 18,1 + 10,91 15,2 70961 4,543 +25,72 7,121
BOLLORÉ (BOL) G A 3,356 3,31 - 1,14 - 14,91 FIN. ODET (ODET) A 746 734 + 1,1 - 6,14 RECYLEX SA (RX) g C /130520 - 45,57 GB0005405286 USD 27/02/20 0,21 20.693.492.491 4,423 - 34,72 3,081
687210 3,356 + 4,42 3,996 312 750 + 7,94 810 3,66
FR0000039299 02/09/20 0,02 2.946.208.874 3,31 - 15,08 2,01 0,6 FR0000062234 04/06/20 1 6.585.990 734 - 9,83 497 0,14 FR0000120388 04/07/90 0,61 25.886.482 - 41,7 1,3 LAFARGEHOLCIM LTD (LHN) A 44,67 44,42 - 9,25 4
BONDUELLE (BON) g B 19,96 19,58 - 1,71 - 15,97 FNAC DARTY (FNAC) G A 46,1 46,32 + 0,7 - 12,27 RÉMY COINTREAU (RCO) G A 150 148,2 - 1,79 + 35,34 21874 44,77 +15,77 49,79
7851 19,96 + 4,59 23,9 122762 47,4 +14,37 53,85 68017 152,8 - 2,5 162,8 CH0012214059 CHF 15/05/20 2 615.929.059 44,36 - 6,15 26,89
FR0000063935 06/01/20 0,5 32.538.340 19,54 - 18,42 16,58 2,55 FR0011476928 26.608.571 45,24 - 8,64 16,29 FR0000130395 28/07/20 1 50.503.106 147,3 + 24,75 79,2 0,68 SCHLUMBERGER (SLB) A 18,45 18,4 + 0,55 - 48,75 3,45
BUREAU VERITAS (BVI) LR A 21,48 21,5 + 0,47 - 7,57 FONCIÈRE LYONNAISE (FLY) A 60,4 60,8 + 1,33 - 17,62 REXEL (RXL) G A 11,2 11,245 + 1,17 - 5,07 28023 18,55 +43,75 36,9
358191 21,71 + 9,08 26,01 1478 60,8 + 6,67 83,4 653404 11,365 +12,56 13,415
FR0006174348 20/05/19 0,56 452.204.032 21,35 - 10,49 15,165 FR0000033409 21/04/20 2,65 46.528.974 59,8 - 15,56 51 FR0010451203 02/07/20 0,48 304.425.106 11,035 - 2,47 4,921 AN8068571086 USD 01/09/20 0,13 1.385.122.304 18,25 - 45,56 11,05
BURELLE SA (BUR) A 770 796 + 3,92 - 2,69 GECI INTERNATIONAL (GECP) g C 0,019 0,019 - 42,68 ROBERTET (RBT) G B 892 900 + 1,12 - 2,49
866 820 +44,2 842 5804211 0,019 -25,69 0,07 792 909 - 8,54 1068
FR0000061137 03/06/20 15 1.757.623 770 + 1,53 407 1,88 FR0000079634 01/10/01 0,1 261.583.099 0,018 - 42,15 0,018 FR0000039091 02/07/20 5 2.172.551 892 - 8,72 662 0,56
CARMILA (CARM) g C 12,2 12,32 + 1,15 - 38,4 GECINA (GFC) LR A 130,8 129,4 - 0,61 - 18,92 ROTHSCHILD & CO (ROTH) G A 27,15 27,2 + 1,12 + 6,25
64318 12,38 +69 20 81597 131 +17,96 183,6 24864 27,2 +14,77 27,55
FR0010828137 03/07/20 1 142.357.425 12,1 - 36,49 6,54 FR0010040865 01/07/20 2,5 76.461.700 128,9 - 18,2 88,5 FR0000031684 20/05/19 0,79 77.617.512 26,9 + 8,8 14,62
CASINO (CO) G A 24,66 24,48 - 0,45 - 41,29 GENFIT (GNFT) G B 4,27 4,616 + 8,61 - 73,85 RUBIS (RUI) G A 36,6 36,66 + 0,33 - 33,04
196355 24,66 +10,02 42,85 1414724 4,686 +37,79 20,96 DIV 2 28/07/17 169918 36,8 +23,43 57,45
FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 23,93 - 42,8 19,045 6,37 FR0004163111 38.858.617 4,24 - 68,56 3,022 FR0013269123 17/06/20 1,75 103.560.783 36,3 - 30,57 27,34 4,77
CATANA GROUP (CATG) g C 2,78 2,79 + 1,46 - 35,57 GENSIGHT (SIGHT) g C 6,01 5,94 - 1 +139,03 SARTORIUS STED. BIO. (DIM) G A 283,2 286,4 + 1,56 + 93,91
72905 2,82 +33,81 4,49 559706 6,06 +53,89 6,15 DIV 6 10/05/16 49714 290,2 -12,2 367
FR0010193052 30.514.178 2,71 - 4,94 1,7 FR0013183985 39.693.012 5,7 +442,96 1,36 FR0013154002 29/06/20 0,34 92.180.190 280,2 + 98,61 133,9 0,12
Les Echos Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020 FINANCE & MARCHES // 35

ACTIONS ACTIONS ACTIONS

EURONEXT HORS SRD FRANÇAISES EURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES EURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES CHANGES COURS AU COMPTANT
VAR. VAR.
26-11-2020 COURS VEILLE ANNÉE
ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL 1 EURO EN DEVISE BCE EN % EN %
FR00133417812CRSI g C 4,425 4,5 4,32 4,345 - 2,91 131577 FR0010099515 ECA g B 22,4 22,9 22,4 22,6 + 0,89 1218 FR0000077570MICROPOLE g C 1,1 1,1 1,085 1,1 10490 DOLLAR US 1,1905 -0,08 6,10
FR0013185857 ABEO g C 7,62 7,68 7,46 7,54 + 0,27 13257 FR0000072373EGIDE g C 0,91 0,962 0,88 0,95 + 5,32 93541 FR0013482791 NACON SAS B 7,55 7,59 7,49 7,53 + 0,4 39120 LIVRE STERLING 0,8915 0,11 5,31
FR0012616852ABIONYX PHARMA g B 0,91 1,204 0,89 1,106+ 43,64 4992994 FR0012650166 ENGIE EPS g C 11,4 12,1 11,2 11,95 + 5,29 49452 FR0013018041NAVYA g B 4 4,59 4 4,33 + 8,25 2360316 FRANC SUISSE 1,0795 -0,27 -0,56
COURONNE DANOISE 7,4426 -0,01 -0,41
FR0000064602 ACANTHE DEV. C 0,43 0,437 0,429 0,437 + 1,87 8333 FR0000120669ESSO g B 12,75 12,75 12,4 12,45 4216 FR0004154060 NETGEM g C 0,976 0,982 0,954 0,98 + 1,24 30787
COURONNE NORV. 10,5651 0,40 6,96
FR0000076861ACTEOS g C 1,59 1,595 1,525 1,56 10164 FR0000054678 EURO RESSOURCES C 3,12 3,16 3,09 3,1 - 1,59 4243 FR0004050250NEURONES B 24,4 24,5 24 24,5 + 0,41 4106 KUNA CROATE 7,5545 -0,05 1,47
FR0000062978 ADL PARTNER g C 13,3 13,9 13,3 13,65 + 2,63 2080 FR0000075343EUROMEDIS GROUPE C 12,4 13 12 12,8 + 3,23 11011 FR0000052680 OENEO g B 10,62 11,06 10,62 10,74 + 1,13 12365 COURONNE SUEDOISE 10,1519 0,21 -3,28
FR0012821890ADUX g C 1,625 1,69 1,535 1,67 + 2,77 21811 FR0010490920 EUROPACORP g C 0,76 0,78 0,746 0,776+ 3,61 72145 FR0010428771OL GROUPE g C 2,15 2,18 2,11 2,17 + 1,88 29702 DOLLAR CANADIEN 1,5491 -0,02 6,32
YEN JAPONAIS 124,13 -0,27 1,78
FR0004152874 ADVENIS g C 2,09 2,1 2,08 2,08 + 5,58 59328 FR0000038184F.I.P.P. C 0,194 0,2 0,193 0,2 + 0,5 10468 FR0000075392 ORAPI g C 7,06 7,14 7,06 7,14 + 1,42 4181
DOLLAR AUSTRALIEN 1,6172 -0,08 1,12
FR0013296746ADVICENNE g C 7,76 8,02 7,42 7,86 + 2,34 47106 FR0011271600 FERMENTALG g C 1,32 1,368 1,312 1,338 + 1,36 86114 FR0010609206OREGE C 0,908 0,908 0,894 0,896 - 1,32 14756 ROUBLE RUSSE 90,1241 -0,01 29,75
FR0000053837 ALTAMIR B 20,71 20,71 20 20 2398 FR0004076891FLO (GROUPE) g B 0,15 0,15 0,145 0,15 + 3,1 3030 FR0012127173 OSE IMMUNO g C 6,98 7,18 6,96 7,16 + 2,29 59827 ROUPIE INDIENNE 87,874 -0,09 9,83
FR0012789667AMPLITUDE g C 2,14 2,14 2,12 2,13 18663 FR0011277391 FONC. PARIS NORD g C 0,025 0,026 0,025 0,025 - 2 182359 FR0010263202PAREF C 62 62 60 61 - 2,4 865 DOLLAR NEO-ZELANDAIS 1,7001 -0,05 1,89
COURONNE TCHEQUE 26,1565 0,04 2,94
FR0011992700 ATEME g C 16,22 16,26 16 16,2 - 0,12 6051 FR0010341032FONCIERE INEA B 38,5 38,5 38,1 38,5 965 FR0004038263 PARROT B 4,38 5,16 4,32 5,08 + 18,14 121535
FORINT HONGROIS 360,84 -0,04 8,98
FR0000039232AUREA g C 4,9 5,06 4,9 5,04 1953 FR0013030152 FRANCAISE ENERGIE g C 17,7 17,7 17,4 17,4 10727 FR0000038465PASSAT g C 5,8 6 5,75 5,95 + 0,85 19342 ZLOTY POLONAIS 4,4706 0,12 4,74
FR0013183589 AURES TECHNO g C 17,9 18,7 17,85 18,7 + 4,76 3509 FR0010501692GENERIX g C 6,4 6,6 6,4 6,54 + 2,19 4083 FR0011027135 PATRIMOINE ET COMM B 15,2 15,25 14,7 15 - 0,99 2995 LEV BULGARE 1,9557 -0,01 -0,03
FR0013529815AVENIR TELECOM C 0,624 0,626 0,614 0,615 + 0,13 113767 FR0013399474 GENKYOTEX g C 3,05 3,1 3,04 3,08 + 0,65 13900 FR0000053514PCAS B 8,7 9,15 8,65 9,15 + 1,11 1081 DOLLAR HONG-KONG 9,2283 -0,08 5,63
FR0013258399 BALYO g C 1,152 1,374 1,152 1,33 + 15,65 1086069 FR0011799907GENOMIC VISION g C 0,87 0,898 0,82 0,85 - 2,52 2458106 FR0012432516 POXEL g C 6,68 6,89 6,57 6,83 + 3,8 109057 WON SUD COREEN 1317,2123 -0,09 1,66
PESO MEXICAIN 23,876 0,35 12,39
FR0000035370BASTIDE CONF.MED. g C 48,2 49 48,2 48,65 + 0,41 2686 FR0004050300 GROUPE OPEN g C 14,94 14,96 14,94 14,96 + 0,13 5420 FR0004052561PROACTIS C 0,107 0,15 0,107 0,146+ 36,45 156009
REAL 6,3262 -0,28 40,35
FR0011814938 BOOSTHEAT C 4 4,4 3,6 4,24 + 39,47 828033 FR0012612646GROUPE PARTOUCHE B 20,6 20,7 20 20,2 - 1,46 1152 FR0012613610 PRODWAYS GROUP g C 1,85 1,85 1,79 1,81 20035 DOLLAR SINGAPOUR 1,5938 -0,20 5,59
FR0000074254BOURSE DIRECT C 2,34 2,38 2,22 2,38 + 1,71 71173 FR0010214064 GROUPE PIZZORNO C 17,6 18 17,6 18 + 2,86 1104 FR0000054199S.T. DUPONT C 0,08 0,08 0,078 0,08 + 2,05 45921 RAND SUD-AFRICAIN 18,1185 0,43 15,33
FR0010151589 CAFOM C 4,64 4,64 4,6 4,6 - 0,86 6495 FR0004155000GROUPE SFPI g C 1,65 1,73 1,63 1,69 + 2,74 74289 FR0000060071 SAMSE B 149 149 147 148 901 LIVRE TURQUE 9,3846 -0,70 40,59
RENMIBI YUAN 7,8289 -0,13 0,26
FR0012969095CAPELLI g C 32 32 30,9 31,8 + 7,07 12650 FR0000066722 GUILLEMOT g C 7,46 7,68 7,44 7,64 + 4,37 103019 FR0000039109SECHE ENVIRONNEM. g B 37,6 37,75 37,2 37,2 - 1,33 2689
RUPIAH 16786,7561 -0,38 7,76
FR0000072894 CAST g C 3,75 3,75 3,65 3,7 - 1,07 17789 FR0000038531HF COMPANY C 4,79 4,8 4,78 4,78 - 0,42 3660 FR0011950682 SERGEFERRARI GP g C 6 6,08 5,92 6 - 1,32 6247 PESO PHILIPPIN 57,2691 -0,05 0,81
FR0000064446CATERING INTL SCESg B 10,2 10,3 10,2 10,2 - 0,97 1543 FR0012821916 HIPAY GROUP g C 11,8 11,8 11,1 11,8 4552 FR0000060790SIGNAUX GIROD g C 11,45 11,55 11,45 11,55 + 0,87 1451 RINGGIT MALAIS 4,8426 -0,56 5,44
FR0010193979 CBO TERRITORIA C 3,55 3,58 3,55 3,56 - 0,56 9412 FR0000065278HOPSCOTCH GROUPE g C 4,81 4,85 4,8 4,85 + 0,83 1601 FR0000074122 SII g C 20,9 21,2 20,8 21,2 + 1,92 1546 BATH THALANDAIS 36,0624 -0,07 8,19
FR0000053506CEGEDIM B 24 24,4 23,8 24,2 + 0,83 1845 FR0000033243 IMMO. DASSAULT B 59,6 65,2 59,6 63,8 + 7,05 1625 FR0004016699SMTPC g B 16,2 16,4 16,15 16,2 + 0,31 1557
FR0000037475 CFI C 0,92 0,92 0,92 0,92 - 28,13 1200 FR0000071797INFOTEL g C 39,4 39,6 39,3 39,6 + 0,51 1058 FR0000078321 SODITECH C 0,515 0,515 0,515 0,515 + 9,11 880 TAUX MARCHÉS MONÉTAIRES ET EURODEVISES
FR0000054322CIBOX INTERACTIVE g C 0,199 0,209 0,193 0,208+ 4,52 922848 FR0000064297 INNELEC MULTIMEDIAg C 4,65 4,79 4,62 4,67 + 0,43 5244 FR0000065864SOGECLAIR g C 13,9 14,1 13,8 13,8 - 0,72 2670 MARCHÉS MONÉTAIRES
26-11-2020 JOUR 1 MOIS 3 MOIS 6 MOIS 1 AN
FR0013426004 CLARANOVA g B 7,18 7,34 7,095 7,315 + 2,6 256041 FR0013233012INVENTIVA g B 11,4 11,52 11,22 11,3 + 0,53 63992 FR00140006O9 SOLOCAL GROUP B 2,52 2,529 2,451 2,455 - 2,96 336697 ZONE EURO -0,43/-0,73 -0,39/-0,69 -0,37/-0,67 -0,36/-0,66 -0,36/-0,66
FR0000053399CNIM GROUP C 12,75 13,7 12,6 13,7 + 8,3 3066 FR0012872141 JACQUES BOGART g C 8,92 9,16 8,9 9,16 + 1,78 745 FR0000060949TIVOLY C 15,9 15,9 15,4 15,7 - 1,26 2029
ECARTS DE TAUX AVEC L’ALLEMAGNE
FR0004031763 COHERIS g C 2,04 2,05 2,04 2,05 + 2,5 1744 FR0004029411KEYRUS g C 2,25 2,25 2,1 2,2 + 0,46 29994 FR0000033003 TOUAX g C 8,2 8,42 8,2 8,42 + 2,68 21145 26-11-2020 6 MOIS 2 ANS 5 ANS 7 ANS 10 ANS
FR0010483768CRCAM BRIE PIC. CC B 21,4 22,395 21,395 22 + 5,67 11465 FR0000035263 LAFUMA C 17,99 17,99 17,99 17,99 4284 FR0000036816TOUR EIFFEL g B 31 31,1 30 30,9 - 0,32 4849 ALLEMAGNE 100,29 -0,71 -0,78 -0,73 -0,60
FR0000185514 CRCAM NORD FR. B 19,98 20,2 19,632 20,16 + 2,34 6551 FR0000032278LATECOERE g C 2,09 2,09 2,01 2,02 + 0,5 55400 FR0000034548 UNION FIN.FRANCE g B 20,1 20,1 19,2 19,2 - 4,95 3968 PORTUGAL 0 5,59 0,22 0,31 0,40
FR0000044364CRCAM NORM. SEINE B 109,8 114 108 113,9 + 3,73 1226 FR0013233475 LYSOGENE g C 2,21 2,25 2,17 2,25 + 1,81 37850 FR0000074197UNION TECH.INFOR. g C 0,58 0,595 0,58 0,595 + 6,25 12591 FRANCE -0,02 0,04 0,11 0,12 0,19
ESPAGNE -0,05 0,16 0,27 0,39 0,55
FR0000045528 CRCAM PARIS IDF B 72 73,5 70,91 71,66 + 1,26 1860 FR0000060196M.R.M. C 0,96 0,96 0,96 0,96 12601 FR0004186856 VETOQUINOL B 82 82 80 81,2 - 0,25 3710
ITALIE -0,09 0,28 -0,02 0,96 1,09
FR0000045346CRCAM SUD RHONE B 155,02 165,6 154,88 165,6 + 5,49 1088 FR0000032302 MANUTAN INTER. B 62 63,6 61,6 61,6 - 0,65 761 FR0000066680VIDELIO C 1,59 1,59 1,58 1,58 784
FR0007317813 CS GROUP g C 3,61 3,61 3,58 3,61 3696 FR0000051070MAUREL ET PROM g B 1,774 1,796 1,634 1,678 - 4,55 572652 FR0000050049VIEL ET CIE C 5,68 5,7 5,64 5,7 + 0,71 4478
FR0013283108DELTA PLUS g B 63,8 64,4 63,6 64,4 + 0,94 2061 FR0011742329 MCPHY ENERGY g C 31,75 35,4 31,45 34,5 + 12,01 421080 FR0004183960VOLUNTIS g C 4,5 4,74 4,45 4,725 + 3,05 146098 CERTIFICAT/FONDS INVESTIR 10
FR0000073793 DEVOTEAM g C 97,7 98 97,7 97,8 3464 FR0004065605MEDINCELL C 10,3 10,65 10,1 10,45 + 1,95 37315 FR0000062796 VRANKEN - POMMERY B 14,65 14,7 14,55 14,6 - 0,34 1956 INVESTIR 10 GRANDES VALEURS I10GS - FR0011630474 124,72 0,20
FR0012202497DIAGNOSTIC MEDICALg C 1,615 1,73 1,6 1,73 + 8,13 138674 FR0010298620 MEMSCAP g C 0,942 0,968 0,938 0,968+ 2,76 13593 FR0004034072XILAM ANIMATION g C 46,4 46,55 45,8 45,8 - 1,29 1076 INVESTIR PEA PALATINE FR0013284114 100,53 0,97

SICAV/FCP
VAL. UNIT DATE DERNIER VAL. UNIT DATE DERNIER VAL. UNIT DATE DERNIER VAL. UNIT DATE DERNIER
CLASSIFICATION

CLASSIFICATION

CLASSIFICATION

CLASSIFICATION
DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET
CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS**
MONT. DATE MONT. DATE MONT. DATE MONT. DATE

Banque Cantonale
de Genève (France) SA
Mirabaud Asset Management Tél. 04 72 07 31 50
Tél. +41 058 200 60 01
www.mirabaud.com bcgef.fr/fonds
marketing@mirabaud-am.com
SYNCHRONY (LU)
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gestion active de conviction ? LU1626130063 SWISS SMALL & MID CAPS (CHF) 116,77 25/11
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LU0851564038 BALANCED (EUR) 128,39 25/11
Tous les details de nos LU1048876350 RAM (L) SF GB STB INCOME EQ 128,3 25/11 LU0419186167 RAM (L) TF GB BD TOT RET 155,81 25/11
LU0851564384 DYNAMIC (EUR) 149,52 25/11
solutions d’investissement LU0705072691 RAM (L) SF L/S EM MKT EQ 103,32 25/11 LU0935723782 RAM (L) TF II ASIA BD TOT RET 155,52 25/11 LU1626130220 HIGH DIV. EUROPE STOCKS (EUR) 97,01 25/11
à disposition ici : www.mirabaud-am.com LU0851564541 WORLD EQUITY (EUR) 173,65 25/11

Valeur unitaire hors frais : valeur de la part ou de l’action hors droits d’entrée ou de sortie éventuels. Les SICAV éligibles au PEA sont signalées par un astérisque *. Le pictogramme P indique la cotation d’un FCP.
Classification des OPCVM : actions françaises (AF), actions de la zone EURO (AE), actions internationales (AI), monétaires EURO (ME), monétaires à vocation internationale (MI), obligations et autres titres de créances libellés en EURO (OE), obligations et autres titres de créances internationaux (OI), sicav luxembour-
geoises (LX), diversifiés (DI), garantis ou assortis d’une protection (GP). ** : en euros ou dans la devise indiquée dans la colonne «DÉSIGNATION DES VALEURS».

carnet
PORTRAIT ENTREPRISES PUBLICIS GROUPE mique au Secrétariat général de la
Michel-Alain Proch défense nationale. De 1997 à 2012,
par Julie Le Bolzer APRIL sera directeur financier groupe, il fut directeur de l’intelligence
@JulieLeBolzer Catherine membre du directoire en 2021. économique, de l’innovation et
Charrier-Leflaive des TIC à l’Assemblée des cham-
sera directrice générale Michel-Alain Proch, 50 ans, bres françaises de commerce et
Alexandre Tabaste/Veuve Clicquot

Donia Amamra déléguée d’April Santé

Prévoyance.
diplômé de la Toulouse Business
School, a d’abord oeuvré chez
d’industrie. En 2014, il devint con-
seiller senior de la Déléguée inter-

et Loubna Ksibi, Catherine Charrier-Leflaive,

Deloitte & Touche, puis chez Her-
mès. Il devint vice-président exé-
ministérielle à l’intelligence éco-
nomique Claude Revel.

de l’audace au menu 56 ans, diplômée de Neoma

Business School, a travaillé huit
cutif, directeur financier d’Atos
en 2007 puis directeur des opéra-
ans chez Generali. En 2010, elle a
rejoint La Banque Postale pour
tions groupe en Amérique du
Nord en 2015. Nommé vice-prési- +
Alors que le Covid-19 contraint les restaurateurs à la
diète, Donia Amamra et Loubna Ksibi ont concocté un
créer la compagnie d’assurances
de dommages dont elle est deve-
dent exécutif senior et directeur
de la stratégie digitale d’Atos en
Ils sont nés
menu spécial pour maintenir leur activité. A 27 et 28 ans, ou encore dans des camps de réfugiés au Liban. De leur nue directrice générale. Elle fut 2018, il était directeur financier un 27 novembre
les cofondatrices de Meet My Mama – une start-up qui vision commune et de leur coup foudre amical naît DRH de La Banque Postale, des d’Ingenico depuis 2019.
accompagne des femmes de tous horizons sur le chemin
de l’emploi en commercialisant leurs talents culinaires –
Mama Cook’in. Lancée en 2016, cette association entend
« rendre visibles des femmes au foyer réfugiées, immigrées
services financiers et du réseau
La Poste puis directrice de la MIELE FRANCE
•banquier
Claude Alphandéry, résistant,
et économiste, 98 ans.
assurent des sources de revenu aux cheffes de leur réseau
malgré la crise. La recette ? Jusqu’alors sollicitées pour
ou expatriées » en valorisant leurs talents en cuisine. banque de détail et de l’assu-
rance à La Banque Postale et
Thomas Bourgeois
est promu directeur marketing
•dePierre Bontemps, président
Coriolis, 67 ans.
des services de traiteur, ces « Mamas », âgées de 23 à 65
ans, sont désormais mobilisées pour préparer des repas
A l’exposition universelle de Dubaï
Deux ans plus tard, les deux battantes s’associent à un
directrice générale adjointe du
réseau La Poste. Directrice géné-
et communication. •auteur,
Caroline Bouvier Kennedy,
63 ans.
destinés aux plus démunis.
L’audace et l’engagement qui animent les deux jeunes
autre entrepreneur social, Youssef Oudahman. Le duo
devient alors trio, et Meet My Mama voit le jour. « Nous
rale adjointe de la banque de
détail et de l’assurance en 2019,
Thomas Bourgeois, 37 ans, titu-
laire d’un master 2 en marketing
•président
Jean-Baptiste Danet, co-
de L’ambassade, 62 ans.
femmes depuis les prémices de leur aventure entrepre-
neuriale leur valent d’être les lauréates 2020 du Bold
avons construit un parcours d’accompagnement global,
depuis la rencontre qui a créé le déclic et la formation jus-
elle avait ensuite été promue
directrice générale adjointe de
et management de l’Ifag Lyon, a
notamment travaillé pour
•deRachida Dati, ex-ministre
la Justice, maire du 7 e

Future Award. Cette récompense, créée en 2014 par qu’aux opportunités économiques, pour que les “Mamas” La Banque Postale, chargée de Decathlon, Media Saturn, Pixma- arrondissement de Paris, 55 ans.
Veuve Clicquot, dans le sillage du Bold Woman Award,
vise à mettre en lumière la nouvelle génération d’entre-
vivent de leur savoir-faire », détaille Donia Amamra,
grande amatrice de cinéma indépendant. Et Loubna
l’assurance. nia et Candy Hoover. Entré chez
Miele France en 2015, il y a été
•écrivain,
Philippe Delerm,
70 ans.
preneuses. « Dans ce monde chaotique, il est très impor-
tant de faire acte de solidarité. Donia Amamra et Loubna
Ksibi, insatiable lectrice, de poursuivre que « nous devons
notre réussite à un réseau de personnes engagées étoffé
ARVAL
Bertrand Gousset
chef de produit senior et chef de
groupe marketing.
•PDG
Olivier Delrieu,
de Trescal, 55 ans.
Ksibi incarnent cet altruisme, et leur initiative se double
d’un vrai succès économique », souligne Jean-Marc Gallot,
grâce au bouche-à-oreille, aux associations et aux institu-
tions partenaires, comme Pôle emploi ».
est désormais
directeur global operations
•président
Philippe Houzé,
du directoire
PDG de la maison de champagne, filiale du groupe Aujourd’hui, elles emploient 18 personnes et commer- France. INSTITUTION des Galeries Lafayette, 73 ans.
LVMH (propriétaire des « Echos »).
Outre le progrès social, le binôme est également mû
cialisent « des plats faits maison et avec amour » auprès de
1.000 entreprises (BNP Paribas, L’Oréal, LVMH…). « Du Bertrand Gousset, 54 ans, ingé- ACADÉMIE DE L’INTELLIGENCE
•sélectionneur
Aimé Jacquet,
de l’équipe
par un appétit pour la diversité. « Originaires de 90 pays, côté de l’activité traiteur, les prestations sont diverses nieur diplômé de Supélec, titu- ÉCONOMIQUE de France de football, 79 ans.
les cheffes de Meet My Mama laissent libre cours à leur
identité via des recettes authentiques ou corsées de moder-
– repas, banquets, cocktails – et ont parfois des cadres presti-
gieux comme le château de Versailles ou le Grand Palais »,
laire d’un master en finance
internationale de HEC a rejoint
Philippe Clerc
se voit confier la présidence.
•entraîneur
Roberto Mancini,
de football, 56 ans.
nité », s’enthousiasme Loubna Ksibi, native de Lorraine,
titulaire d’une licence de l’Institut Mines-Télécom Busi-
lancent de concert, les entrepreneuses qui représente-
ront la France à l’exposition universelle prévue à Dubaï
BNP Paribas dès 2001. Il fut
directeur financier puis direc- Philippe Clerc, 65 ans, ancien
•clarinettiste,
Michel Portal,
85 ans.
ness School et d’un master de Paris-Dauphine.
Forte d’une expérience en alternance chez IBM, l’atout
en 2021. « Donia apporte la puissance de feu et la réactivité,
elle fait avancer les projets en mode TGV. Loubna, elle, est
teur international chez BNP
Paribas Leasing Solutions. En
élève du Collège d’Europe et des
universités de Grenoble, de Nan-
•PDG
Benoît Sillard,
de TestWe, 62 ans.
tech de Meet My Mama, par ailleurs membre du Conseil
national du numérique, a d’abord effectué un stage chez
experte en communication : elle fédère notre écosystème en
saupoudrant chaque interaction d’émotions », résume
2012, il a rejoint la Banque de
détail en France (BDDF) comme
terre et de Paris-Dauphine, est
conseiller expert pour les études
•Scholz
Frédéric Torloting,
& Friends, 54 ans.
PwC. C’est là qu’elle rencontre Donia Amamra. Celle-ci,
enfant du Val-d’Oise et diplômée de Sciences Po, a été
Youssef Oudahman. Ce qu’elles mijotent pour les jours à
venir ? Des brunchs à la Gaité Lyrique, des cours de cui-
directeur du centre d’affaires Ile-
de-France-Nord puis responsa-
et la prospective à CCI France.
Après avoir œuvré au Commissa-
•mière
Yulia Tymochenko, ex-Pre-
ministre d’Ukraine, 60 ans.
alternante à la SNCF, et a sillonné le globe dans le cadre de sine en ligne, du conseil culinaire pour les géants de ble conformité. Depuis 2018, il riat général du Plan dès 1992, il a
missions humanitaires : aux côtés de femmes victimes
de violence aux Etats-Unis, auprès d’orphelins en Egypte
l’agroalimentaire, une offre dédiée aux particuliers… De
quoi les rassasier… momentanément. n
était directeur adjoint des activi-
tés retail d’Arval.
été nommé chef de la mission
compétitivité et sécurité écono- , Envoyez vos nominations à
carnetlesechos@nomination.fr
36 // PATRIMOINE Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020 Les Echos

PATRIMOINE
IMMOBILIER Du fait de la deuxième vague de la pandémie, les craintes sur les impayés de loyers, tant pour les baux d’habitation
que commerciaux, prennent de l’ampleur. Quelles sont les conséquences pour les propriétaires bailleurs ? Comment agir ?

Trois solutions si votre locataire

ne paie pas pendant le Covid
Anne-Sophie Vion le bailleur d’actionner, pour absence de
@AnnesophieVION paiement des loyers p endant l’état

C
ondition sine qua non de la réussite
d’un investissement locatif, la per-
ception régulière des loyers est mise
à mal en temps de crise du Covid-19. Or, l’épi-
démie, dans sa deuxième vague, conjuguée
à un confinement bis, frappe encore plus
locataires et bailleurs qui peinaient déjà à se
remettre de la première vague.
Les loyers impayés fragilisent en particu-
lier les propriétaires, nombreux, qui ont
souscrit des emprunts pour financer leurs
investissements locatifs. S’ils sont bailleurs
d’un logement à usage d’habitation, comme
dans la première période de confinement,
le loyer de leur locataire n’est ni suspendu ni
allégé p endant la nouvelle pério de
d’urgence sanitaire. Instaurée depuis le
17 octobre, celle-ci a été prolongée par la loi
d’urgence sanitaire (« Journal officiel » du
15 novembre 2020), jusqu’au 16 février 2021.
Autrement dit, le locataire est toujours
tenu de s’acquitter intégralement de son
loyer – charges comprises – et à la date fixée
dans le contrat de location. Dans le cas où le
locataire a donné son congé avant le confi-
nement mais ne peut pas partir, sachant
que les déménagements demeurent possi-
bles, il reste tenu du paiement du loyer.
Bailleur et locataire peuvent organiser un
maintien dans le logement en signant une
« convention d’occupation temporaire »,
prévoyant le paiement d’une indemnité
d’occupation.
1 Etalement des dettes
Face aux difficultés de leurs locatai-
res, si leurs finances personnelles le leur
permettent, et même s’ils ne sont pas tenus
de le faire, les bailleurs ont intérêt à trouver
rapidement un terrain d’entente avec ces
derniers. Ils devront convenir soit d’un
report de paiement des échéances de loyers
soit d’échelonner leur remboursement sur
quelques mois. Cet accord à l’amiable doit
être formalisé par écrit et signé par les deux
parties. La pratique de la gestion locative
montre qu’il faut agir vite, dès le premier
impayé de loyer. Car, en général, passé trois
mois d’impayés, le locataire est incapable de
rembourser. Les propriétaires peuvent
aussi recommander à leur locataire de véri-
fier s’il n’est pas éligible à des aides d’urgence
pour les locataires en difficulté.
Pour s’informer, ils doivent contacter
l’agence départementale pour l’information
sur le logement (Adil) dont ils relèvent. A
noter que l’aide exceptionnelle mise en place
par Action Logement en juin (aide excep-
tionnelle de 300 euros sous conditions) va
être prolongée et ses conditions assouplies.
Afin de se donner un peu « d’oxygène finan-
cier », les bailleurs peuvent solliciter leur
banque pour, par exemple, (re)décaler les
échéances de leur prêt immobilier.
2 Eviter le contentieux
Si les bailleurs sont assurés contre
le risque locatif en ayant souscrit une garan-
tie des loyers impayés (GLI), ils doivent pen-
ser à l’actionner en respectant le forma-
lisme et les délais imposés par leur
assureur. Ce type d’assurance met souvent
plusieurs mois avant de déclencher les rem-
boursements.
En cas de locataire défaillant, il faut privi-
légier une solution amiable pour éviter un
contentieux. Une procédure judiciaire loca-
tive est longue et coûteuse. Sans compter,
comme pour le premier confinement, un
système judiciaire toujours très au ralenti,
et la période de trêve hivernale qui exclut
toute expulsion. Elle a commencé le
1er novembre et s’achèvera le 31 mars.
3 Crédit d’impôt
contre abandons de loyers
Des bailleurs non professionnels d’un local
commercial se trouvent dans une situation
financière périlleuse. Ils subissent les diffi-
cultés de paiement de leur locataire com-
merçant, lui-même touché de plein fouet
par la perte brutale d’activité en raison de
la crise. Deux mesures (article 14 de la loi
d’urgence sanitaire) donnent un peu d’air
aux locataires.
La première permet de les dispenser
des pénalités de retard en cas d’impayés
de loyers. Par ailleurs, ce texte empêche
d’urgence, astreintes, clauses pénales et
clauses résolutoires.
Attention, comme pour le premier confi-
nement, ce moratoire ne signifie pas que le
loyer, charges comprises, est effacé ni que
cette mesure permet au locataire de rené-
gocier sans l’accord de son bailleur les
modalités du bail commercial.
La pratique de la gestion
locative montre qu’il faut
agir vite, dès le premier
impayé de loyer.
Le gouvernement a pris une seconde
mesure pour inciter les bailleurs privés ou
professionnels à accorder des franchises de
loyers. Elle consiste en un crédit d’impôt
[insérée dans le PLF pour 2021], initiale-
ment égal à 30 % du montant des loyers
abandonnés. Pour l’obtenir, les bailleurs
doivent renoncer à au moins un loyer sur les
mois d’octobre, novembre et décembre. Les
entreprises concernées, de moins de
250 salariés, doivent être fermées adminis-
trativement ou appartenir au secteur de
l’hôtellerie, des cafés et de la restauration.
Mais, constatant que les bailleurs pei-
nent à s’en saisir, le ministre de l’Economie,
Bruno Le Maire a revu sa copie et annoncé
le 12 novembre, en accord avec les fédéra-
tions du secteur, « améliorer et simplifier le
dispositif ». Désormais, si les bailleurs aban-
donnent le règlement du loyer de novem-
bre, le crédit d’impôt sera porté à 50 % du
montant du loyer. Ce qui signifie, par exem-
ple, pour un loyer de 5.000 euros, le loca-
taire paiera zéro en novembre et son pro-
priétaire ne perdra « que » 2.500 euros. Il est
probable que l’effort soit jugé encore insuffi-
sant pour nombre de bailleurs même si
l’Union nationale des propriétaires immo-
biliers a salué la mesure. n

LA MAISON DE LA SEMAINE INDICES DES PRIX IMMOBILIERS (IPI)

SUR LE WEB
Immobilier locatif
Le Top 10 des villes fran-
çaises les plus recherchées
en 2020 : quelles sont les
villes préférées des investis-
seurs ? Dans un climat très
compliqué pour la réalisa-
tion de leurs projets immobi-
liers, les Français continuent
à investir. Surprise : ce n’est
ni la moins chère ni la plus
rentable qui est la plus
recherchée puisque Paris
arrive en tête du classement.
Sextant

1 Dans les Yvelines
Situé à 1 heure à l’ouest de
Paris, dans les Yvelines, et
à 20 minutes de Houdan,
le bien comprend deux
maisons d’habitation, une
piscine et un tennis, le tout
sur un terrain de 7.500 m²,
entouré de champs.
1 7 chambres et un sauna chambres, d’un salon,
La maison principale,
entièrement restaurée,
dispose de 5 chambres
dont deux belles suites,
d’un salon cathédrale
et d’un sauna.
La maison d’amis est
composée de deux
Bourse
Des épargnants piégés par
des sites de trading en ligne.
Malgré les mises en garde
d’une cuisine et d’une répétées de l’AMF, des parti-
salle de bains. culiers trop confiants s’im-
provisent trader. Certains
1 Prix sites de « formation » au
850.000 euros trading font perdre des mil-
liers d’euros aux épargnants
RETROUVEZ LA MAISON
DE LA SEMAINE SUR trop crédules en les incitant
LESECHOS.FR/PATRIMOINE à spéculer sur les devises .
La ligne de crête
C’est l’expression à la mode
en ce moment dans l’excé-
cutif, mais il faut dire
qu’elle décrit assez bien
la situation. C’est le cas
pour l’immobilier. Faute
de visibilité, la stabilisation
des prix se confirme et les
dix plus grandes villes
de l’Hexagone poursuivent
leur phase d’atterrissage
(0 %). Cependant, toutes
ne suivent pas le même
rythme. Certaines comme
Paris (– 0,6 %), Toulouse et
Bordeaux (– 0,7 %) enregis-
trent une pression baissière
plus ou moins marquée. La
question de l’emploi et du
pouvoir d’achat immobilier
jouent un rôle de catalyseur
en cette période d’incerti-
tudes économiques liées à
la pandémie de coronavirus.
Les Echos Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020
SUCCESSION
Etre ou supposer être bénéficiaire d’un contrat d’assurance-vie est une chose. Effectuer les démarches pour en percevoir le capital décès
en est une autre. Pas à pas, ce qu’il faut savoir sur la procédure à suivre.
Assurance-vie : le mode d’emploi
pour percevoir le capital décès
C haque contrat d’assurance-
vie comporte un appendice
extrêmement précieux :
une clause bénéficiaire qui désigne
la ou les personnes qui percevront
l’épargne disponible, hors succes-
sion, lorsque le souscripteur vien-
dra à décéder. Généralement pré-
remplie, cette clause, et c’est un
grand atout, peut être adaptée et
réadaptée au fil du temps et des
priorités, par simple lettre recom-
mandée à l’assureur. Elle peut éga-
lement être glissée au sein d’un tes-
tament pour en préserver l’absolue
confidentialité. Dans un cas comme
dans l’autre, le jour venu, pour per-
cevoir les capitaux qui leur revien-
nent, les bénéficiaires ont diverses
démarches à accomplir.
1 S’assurer de sa qualité
de bénéficiaire
Lorsque le souscripteur a pris la
précaution d’informer les (futurs)
bénéficiaires, cette première étape
n’a pas lieu d’être. Mais les choses
peuvent se dérouler différemment,
quelle qu’en soit la raison : clause
mal rédigée ou devenue caduque,
clause modifiée à la dernière
minute, oubli ou perte du contrat…
Le cas échéant, chaque personne
a la possibilité de savoir si oui ou
non elle est bénéficiaire d’un con-
trat d’assurance-vie, en interro-
geant simplement l’Agira, structure
qui regroupe tous les assureurs du
marché français. Cette démarche
s’effectue en ligne et nécessite une
copie de l’acte de décès du souscrip-
teur du contrat (délivrée à toute per-
sonne qui en fait la demande auprès
de la mairie du dernier domicile du
défunt ou de son lieu de décès). La
demande est ensuite transmise aux
assureurs (sous 15 jours si elle est
complète) qui informent, le cas
échéant, les bénéficiaires potentiels
dans les 30 jours maximum.
Pour écarter tout risque de déshé-
rence du contrat (capitaux transfé-
rés au bout de 10 ans à la Caisse des
Dépôts et Consignations), les assu-
reurs ont, pour leur part, l’obliga-
tion d’identifier les souscripteurs
décédés par tous moyens et notam-
ment via la consultation du Réper-
toire national d’identification des
personnes physiques (RNIPP) géré
par l’Insee. Ils ont aussi l’obligation
de rechercher les bénéficiaires, en
ayant recours à un généalogiste si
besoin. Enfin, les notaires en charge
d’une succession doivent interroger
le Fichier central des dernières
volontés (FCDV) pour connaître les
dispositions d’une éventuelle clause
bénéficiaires formulée par testa-
ment. Ils peuvent aussi avoir accès
aux coordonnées des bénéficiaires
qui figurent obligatoirement dans le
fichier des contrats d’assurance-vie
et des contrats de capitalisation
(Ficovie) géré par la Direction géné-
rale des Finances publiques.
2 Réunir les justificatifs
demandés
Selon le libellé de la clause bénéfi-
ciaires (personnes désignées nomi-
nativement ou par leur qualité de
conjoint, partenaire de pacs, enfant,
neveu…), l’assureur a besoin de cer-
tains justificatifs : carte d’identité,
livret de famille, acte de notoriété
ou de dévolution successorale, tes-
tament… Une fois l’acte de décès en
mains, il peut, selon les conditions
Le baromètre
des fonds
générales du contrat, transférer
immédiatement l’épargne sur un
compte spécifique ou « provision
pour sinistre à payer ».
Parfois, il n’y a alors pas d’autre
choix que de « vendre immédiate-
ment les supports en unités de
compte quelle que soit la conjoncture
boursière », fait remarquer Odile
Ezerzer, directrice générale de
Mutavie. L’assureur peut aussi
« reporter cette opération à plus tard,
lorsque toutes les pièces nécessaires
au règlement des capitaux décès
seront fournies, dès lors que les con-
ditions générales le prévoient,
comme c’est le cas pour la plupart de
nos contrats », explique Alexis
Rogier, responsable juridique assu-
rance-vie et patrimoine d’AXA
France. Un tel report permet de pro-
fiter de la revalorisation des mar-
chés s’ils sont bien orientés, mais de
faire fléchir les montants versés s’ils
sont baissiers. Les bénéficiaires ont
ici la possibilité de faire traîner les
choses en n’envoyant pas rapide-
ment l’ensemble des pièces néces-
saires au règlement, dans l’espoir
d’un rebond des marchés.
3 S’acquitter
des formalités fiscales
Pour encaisser le capital décès qui
lui revient, chaque bénéficiaire doit
se soumette à certaines formalités
fiscales. En effet, même si la trans-
mission d’un capital via l’assurance-
vie décès a lieu « hors succession »,
cela ne signifie nullement qu’il n’ait
aucun droit de succession à payer :
tout dépend de la date de souscrip-
tion du contrat, de l’âge du souscrip-
teur lors de ses différents verse-
ments, des montants transmis et de
sa propre qualité de bénéficiaire.
Pour les primes versées avant les
70 ans du souscripteur (article 990 I
du Code général des impôts), cha-
que bénéficiaire doit ainsi remplir
une attestation sur l’honneur indi-
quant les montants qu’il doit perce-
voir au titre d’éventuels autres
–14,23 %
FONDS ACTIONS ESPAGNE
En Europe, l’Espagne fait partie
des pays les plus affectés par
la crise sanitaire. Le décrocha-
ge devrait être de 12,8 points de
Même si
la transmission
d’un capital via
l’assurance-vie décès
a lieu « hors
succession », cela
ne signifie nullement
que le bénéfifciaire
n’ait aucun droit
de succession à payer.
contrats souscrits auprès d’autres
compagnies d’assurances.
« Un défaut de déclaration, une
sous-évaluation ou une omission
expose à des sanctions fiscales.
L’administration peut en effet facile-
ment croiser les informations com-
muniquées par les bénéficiaires,
d’une part, et celles transmises par
les assureurs, d’autre part, y compris
pour le conjoint ou le partenaire de
pacs qui sont systématiquement exo-
La rédaction de la clause bénéficiaire
peut tout changer
Il est des matières où
il ne faut pas se contenter
des standards. C’est le cas
de la clause bénéficiaire,
qui mérite toute l’attention
des souscripteurs.
Tous les contrats comportent une
clause bénéficiaire standard, qui
dédie les capitaux décès à « mon
conjoint, à défaut mes enfants, nés
ou à naître, vivants ou représentés,
par parts égales, à défaut mes héri-
tiers ». Si elle a le mérite de répon-
dre à nombre de configurations
personnelles, cette formulation
peut toutefois s’avérer insuffisante
PIB en 2020. Dans ce climat,
les fonds axés sur la Bourse
espagnole plongent de 14,23 %
depuis le début de l’année.
nérés de tous droits de succession »,
souligne Odile Ezerzer.
L o r s q u e l ’a b a t t e m e n t d e
152.500 euros par bénéficiaire est
franchi, l’assureur verse les droits
dus à l’administration fiscale au
taux forfaitaire de 20 % ou de
31,25 % selon les montants en jeu.
Lorsqu’il y a plusieurs contrats
auprès de compagnies d’assuran-
ces différentes, chaque assureur
tient successivement compte du
cumul des sommes préalablement
déclarées pour le calcul et le paie-
ment des droits.
Pour les primes versées après les
70 ans du souscripteur (article
757 B du Code général des impôts),
les bénéficiaires doivent récupérer
auprès de chaque assureur le mon-
tant des versements entrant dans
cette catégorie, puis remplir le for-
mulaire n° 2705-A-SD qui fait office
de déclaration partielle de succes-
sion avant de l’adresser au centre
des impôts du dernier domicile fis-
cal du souscripteur. Si les verse-
lorsque l’on souhaite véritablement
organiser la transmission des capi-
taux. Pour donner au conjoint une
possibilité autre que celle d’accep-
ter ou de refuser la totalité du con-
trat, il est par exemple judicieux de
se diriger vers une clause à options
(ou à tiroirs) telle que : « mon con-
joint […] pour la totalité, les trois
quarts, la moitié ou le quart du capi-
tal décès du capital ; à défaut, mes
enfants, nés ou à naître […], etc. ».
Panacher la répartition
Pour panacher la répartition des
capitaux entre enfants et/ou entre
personnes autres que le conjoint, il
+13,72 %
FONDS ACTIONS SECTEUR
BIOTECHNOLOGIES
Des sociétés de la biotechnolo-
gie, américaines comme euro-
péennes, sont en première li-
ments sont inférieurs à l’abatte-
ment de 30.500 euros qui vaut pour
tous les contrats souscrits depuis
l e 2 0 n o ve m b r e 1 9 9 1 e t p o u r
l’ensemble des bénéficiaires, un
certificat de non-exigibilité des
droits est délivré.
Dans le cas inverse, l’administra-
tion établit un décompte des droits
dus, fonction ici du lien de parenté
entre chaque bénéficiaire et le sous-
cripteur du contrat. Ces droits peu-
vent être réglés par chaque bénéfi-
ciaire ou, de façon plus pratique, par
chaque assureur concerné. « Cette
étape peut prendre plusieurs semai-
nes ou plusieurs mois. Légalement,
tant que nous n’avons pas le certificat
de non-imposition ou d’acquittement
des droits dus, nous ne pouvons pas
verser les capitaux aux bénéficiai-
res », indique Alexis Rogier.
4 Percevoir
les capitaux décès
A compter de la date à laquelle
l’assureur a connaissance du décès,
est possible de remplacer la men-
tion « par parts égales », par une
mention qui corresponde à ce que
l’on souhaite précisément, en indi-
quant de préférence des pourcenta-
ges et non des sommes fixes, car la
valeur des supports en unités de
compte fluctue sans cesse. Un
parent remarié, ayant deux garçons
adultes et une petite dernière
(mineure) par exemple, peut ainsi
choisir de céder « 25 % à mon fils
Paul, 25 % à mon fils Pierre et 50 % à
ma fille Rose ».
Il peut aussi donner la possibilité
à Paul et à Pierre d’être représentés
le cas échéant par leurs propres
PATRIMOINE // 37
Morningstar le 24 /11/2020
gne dans la lutte contre l’épidé-
mie de Covid-19. En Bourse,
le secteur s’apprécie de 13,72 %
depuis le début de l’année.
Un minimum
quoi qu’il arrive
Pour préserver des
soubresauts boursiers
les supports en unités
de compte et garantir
la transmission d’un capi-
tal minimum aux bénéfi-
ciaires, les contrats
multisupports peuvent
comporter une garantie
dite « plancher » qui
couvre les sommes
investies (hors retraits ou
avances) même si la valeur
des UC a drastiquement
baissé. Indispensable
dans le contexte actuel,
cette garantie ne fait hélas
pas partie d’emblée
de tous les contrats.
Le cas échéant, elle est
proposée sous forme
d’option, sans formalité
médicale, à souscrire à
l’adhésion uniquement.
Son coût est variable,
le capital sous risque est
souvent plafonné, tout
comme l’âge à partir
duquel elle cesse d’être
opérationnelle (75 ans
le plus souvent).
quand bien même il n’a pas encore
l’ensemble des pièces nécessaires
au paiement des sommes dues à
chaque bénéficiaire, les capitaux
décès doivent être revalorisés, net
des frais de gestion du contrat, à
hauteur d’un taux minimum
(décret n° 2015-10-92 du 28 août
2015).
Sachant que le calcul de ce taux
minimum réglementaire est néga-
tif cette année, chaque assureur
peut donc décider d’une éventuelle
revalorisation : 0 % chez AXA
France, mais 0,50 % chez Mutavie
par exemple, pour 2020. Lorsque le
dossier est complet, l’assureur a un
mois pour verser les capitaux à cha-
que bénéficiaire (art. L. 132-23-1 du
Code des assurances). A défaut, ils
doivent être rémunérés à hauteur
du double du taux légal, soit 6,22 %,
durant deux mois, puis à hauteur
du triple du taux légal, soit 9,33 %
pour 2020 (art. L. 132-23-1 du Code
des assurances).
— Roselyne Poznanski
enfants, s’ils viennent à décéder ou,
plus simplement, s’ils souhaitent
passer la main. Dans ce cas, la clause
devra intégrer « 25 % à mon fils Paul
et 25 % à mon fils Pierre, tous deux
vivants ou représentés par suite de
prédécès ou de renonciation, et
50 % à ma fille Rose ». Il est égale-
ment possible d’échelonner dans le
temps la transmission des capitaux
décès en démembrant la clause
bénéficiaire entre un conjoint usu-
fruitier et des enfants nus-proprié-
taires. Pour annihiler tout conflit ou
procédure judiciaire, il est toutefois
conseillé de se faire épauler par un
notaire ou un avocat. — R. P.
38 // PATRIMOINE Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020 Les Echos

MARCHÉ
BEAU SUCCÈS POUR UN LE DESIGN À L’HONNEUR
TINTIN DANS L’ESPACE CHEZ CHRISTIE’S

Daniel Maghen
La maison Daniel Maghen Une vente dédiée à l’Art déco

DE L'ART
a adjugé un dessin de Tintin et au design est organisée par
et du capitaine Haddock Christie’s Paris le 2 décem-
dans l’espace, par Hergé, bre. Parmi les 245 lots,

en bref

Christie’s
pour 145.500 euros. Il avait des créations de Charlotte
été réalisé à l’encre de Chine Perriand, Jean Royère,
en 1952 en vue d’un puzzle. Jean Prouvé et Gino Sarfatti.

Une masse d’œuvres de

LA CHRONIQUE
DU FISCALISTE

Balthus affronte les enchères

il fige des scènes de théâtre, dans
Une des muses de Balthus est lesquelles ses personnages voient
décédée en 2018 et 144 œuvres leur corps tordu dans une étrange
gymnastique, tout comme dans les
du maître qu’elle possédait, principa- dernières œuvres de Degas. Son
lement des dessins, sont dispersées

DR
ami l’écrivain Antonin Artaud par-
lait du « réalisme cruel » de Balthus.
chez Artcurial. Comment le marché Setsuko Klossowska de Rola, sa
Sylvie Lerond Avocate
counsel, responsable
va-t-il absorber une telle quantité de dernière épouse elle-même peintre du département droit
pièces en période de crise sanitaire ? et détentrice du droit moral de du patrimoine, CMS
l’artiste, explique : « il dessinait en Francis Lefebvre Avocat
permanence des détails avant l’exé-

T alleyrand aurait dit : « Der-

cution du dessin en vue de la compo-
sition finale sur la toile ». Quand
rière chaque grand homme il
y a une femme. » A l’observa- Des études entre caution
tion de l’histoire de l’art on pourrait
ajouter que derrière nombre de
3.000 et 8.000 euros
Plusieurs feuilles sont des études
rime avec
grands artistes il y a plusieurs fem- des années 1930 pour son donation
mes. Balthazar Klossowski de Rola
alias Balthus (1908-2001), ce fasci-
chef-d’œuvre « La Rue », un tableau
dans la veine surréaliste indirecte
nant peintre français qui finit ses aujourd’hui au MoMA. Elles sont
jours dans un chalet suisse près de estimées entre 3.000 et 8.000 euros. Les parents sont souvent
Gstaad, eut une œuvre au sein de Picasso fait l’acquisition, en 1941, sollicités pour donner leur
laquelle les compagnes n’étaient d ’u n e p e i n t u r e d e B a l t h u s caution en garantie d’enga-
pas seulement des êtres de chair et aujourd’hui au musée Picasso de gements locatifs ou bancaires
de sang. La postérité les a hissées au Paris, « Les Enfants Blanchard », de de leur enfant.
rang de sublimes inspiratrices, 1937, qui représente un frère et une S’ils règlent ensuite les dettes
autrement dit de muses. sœur dont les corps prennent de leur enfant en tant que
C’est semble-t-il entre 1953 et 1961 d’étranges positions géométriques. caution, ils doivent lui
que Balthus vécut avec une très Deux études pour cette composition demander le remboursement.
jeune femme, Frédérique Tison sont estimées chacune 10.000 euros. S’ils ne le font pas avec l’inten-
(née en 1938), dans un château du En 1947, Balthus peint « Le Chat de tion de gratifier l’enfant,
Morvan, à Chassy. A cette date il est La toile « Le Vase la Méditerranée », une scène surréa- la renonciation à l’exercice
nommé directeur de la Villa Médi- bleu » de 1963-1964, liste montrant un personnage mi- de ce recours peut réaliser
cis, l’Académie de France à Rome. un bouquet de fleurs chat mi-homme très jouisseur, qui une donation indirecte.
C’est à la même époque, lors d’un peint, est estimée s’apprête à déjeuner tandis qu’une Lors du partage de la succes-
voyage au Japon, qu’il rencontre 100.000 euros. jeune fille s’éloigne dans une barque. sion de ses parents, l’enfant
Setsuko, une jeune étudiante en Photo Artcurial Le tableau est aujourd’hui certaine- avantagé devra rapporter
français qui prendra la place ment la propriété de la famille cette donation pour assurer
d’épouse, de mère de sa fille et de qui supporte mal la reproduction une petite fille se contorsionnant : de dix-sept ans au début de leur Agnelli de Turin. Une étude peinte l’égalité avec ses frères
nouvelle muse. photographique. Et la vente a lieu à « Thérèse sur une banquette ». Selon relation. En 2013, le Metropolitan sur carton de 1947, qui représente le et sœurs. Il encourra en outre
Quant à Frédérique, désormais huis clos tandis que les lots ne sont la banque de données du marché de Museum de New York lui avait con- chat, est proposée avec une estima- une taxation aux droits
destituée, elle deviendra, grâce à son pas visibles par les collectionneurs l’art Artprice, 70 % des transactions sacré une exposition d’une qualité tion de 30.000 euros. de succession assortis
ex-amant reconnaissant, proprié- étrangers qui, de manière générale, dans les dix dernières années ont été exceptionnelle. Cependant « dans le Nombre d’œuvres présentes au d’éventuelles pénalités
taire du château de Chassy et de ce ne peuvent pas, en ce moment, se réalisées aux Etats-Unis. Il faut dire catalogue, la commissaire, Sabine catalogue du 8 décembre datent de et d’intérêts de retard.
qu’il contient. Elle est décédée en déplacer hors de leur pays. En outre que l’artiste était bien implanté Rewald, avait pris soin de souligner le la période de Chassy ou juste après, La jurisprudence est bien
2018 et la maison de vente pari- pour examiner les lots en détail, il outre-Atlantique, déjà de son vivant, point de vue des modèles, davantage alors qu’il met au point une techni- établie.
sienne Artcurial cède, le 8 décem- convient de prendre rendez-vous grâce au célèbre marchand de New que celui de l’intérêt plastique des que de peinture héritée de la
bre, 144 œuvres, principalement des auprès de la maison de vente. York Pierre Matisse. peintures. Balthus est un grand Renaissance italienne. « Cette Une société
dessins ainsi qu’une dizaine de toi- Le directeur de l’art moderne artiste avec un univers unique et il matière qu’il recrée sur la toile intermédiaire
les, qui étaient restées dans le châ- chez Artcurial, Bruno Jaubert, se serait dommage d’oublier son apport s’approche de l’effet des fresques », Plus nouveau est le fait
teau. L’ensemble est exceptionnel veut cependant optimiste. « Depuis Riche de son à l’histoire de l’art », observe Cécile explique Setsuko Klossowska de qu’une telle donation peut être
non seulement par le nombre de lots que le catalogue est sorti, nous som- érudition plastique, Debray, la directrice du musée de Rola. Dans le genre, la toile « Le réalisée par l’intermédiaire
mis aux enchères d’un seul coup, mes abondamment sollicités. » L’un Balthus suggère avec l’Orangerie de Paris, qui signait en Vase bleu » de 1963-1964, un bou- d’une société. La Cour
mais encore du fait qu’il raconte, par des attraits de l’opération tient aux 2016 à Rome et Vienne une rétros- quet de fleurs peint, est estimée de cassation vient de le juger
cette masse d’œuvres sur papier, la estimations exagérément basses.
une maestria hors pective Balthus. En 2018, la Fonda- 100.000 euros. « Fruits dans une dans le cas d’une mère,
création du peintre. Sa production C’est ce que Bruno Jaubert appelle du commun le trouble tion Beyeler à Bâle puis, en 2019, le assiette », une huile de 1962 dédica- coassociée avec un de ses fils
est relativement rare aux enchères « une vente de succession ». Tout est du désir physique. musée Thyssen-Bornemisza, à leur cée : « Balthus pour Frédérique », dans des sociétés dont celui-là
(16 œuvres vendues en 2019) et on cédé au profit des trois enfants de tour, se penchaient sur l’œuvre du est, elle, estimé 80.000 euros. C’est était gérant. La mère avait
peut se demander comment le mar- Frédérique Tison. Les pièces sont peintre. C’est dire si ses mérites sont un morceau d’histoire de l’art dans réglé des dettes des sociétés
ché va réussir à absorber tout cela en toutes répertoriées dans le catalo- L’autre difficulté de cette vente toujours reconnus aujourd’hui. la mesure où il la dédicace à sa muse auprès de diverses banques
cette période de crise sanitaire. gue raisonné de l’artiste. tient au caractère polémique de la Car Balthus trouve des solutions déchue, mais encore parce qu’il en sa qualité de caution sans
Il y aura donc, sans aucun doute, création de Balthus, dans une dans l’histoire de l’art pour sa pein- montre, ici, à quel point il s’inspire en réclamer le rembourse-
des opportunités d’achat à prix rai- Caractère polémique période où l’esprit du « political cor- ture, pourtant très ancrée dans le de son prédécesseur et géant de la ment. Pour la haute juridiction
sonnables, particulièrement pour Aux enchères, le prix record pour rect » est omniprésent. On sait que XXe siècle. Riche de son érudition modernité, Cézanne. il y a donation indirecte
les acheteurs français qui sont, une peinture de Balthus – 16,9 mil- l’artiste était fasciné par les très jeu- plastique, il suggère avec une maes- — Judith Benhamou si la mère a artificiellement
dans le contexte actuel, favorisés. lions d’euros – a été atteint en 2019 nes femmes, à commencer par Fré- tria hors du commun le trouble du soutenu l’activité profession-
Car le dessin est un sujet sensible pour une toile de 1939 représentant dérique Tison, probablement âgée désir physique. Dans ses peintures Le 8 décembre. www.artcurial.com nelle de ce fils, en se substi-
tuant à lui dans le paiement
des dettes des sociétés,
s’appauvrissant ainsi
LE GRAPHE DE LA SEMAINE à son profit.
Cette décision s’inscrit dans
Immobilier parisien : moins de pression un mouvement jurisprudentiel
qui admet qu’une donation
sur la demande peut être réalisée via une
société interposée au profit
A Paris, au deuxième trimestre 2020, les achats de logements neufs et d’une personne physique
anciens ont enregistré un repli nettement plus important (–7,93 %) qu’en associée.
banlieue parisienne, révèle une récente étude de Moody’s. Les Hauts-de-
Seine, le Val-de-Marne ou le Val-d’Oise, moins densément peuplés, sont
moins impactés par la crise. Ces chiffres confirment une tendance déjà
existante avant le Covid-19. En effet, depuis de nombreuses années les prix
des logements dans les grandes villes européennes comme Paris évoluent D
plus rapidement que le revenu des habitants. Ainsi les ménages aux revenus Les points
moyens peuvent de moins en moins accéder au marché parisien intra-mu-
ros. « La crise a exacerbé les inégalités, c’est d’abord un problème d’accessibi-
à retenir
lité », explique Vincent Allilaire, analyste chez Moody’s. En outre, la sélecti-
vité des banques pour l’octroi des crédits immobiliers ne cesse de s’accroître. 1 Régler les dettes de son en-
Chez le courtier Vousfinancer, en septembre et octobre, le taux de refus des fant ou de la société dont il est
dossiers a atteint 15 %. La crise sanitaire accélère une réorientation des le dirigeant associé, en qualité
préférences vers les villes plus petites et les banlieues. L’essor du télétravail de caution sans demander en-
pourrait aussi avoir un impact, 35 % des Français interrogés par Ipsos pour le suite le remboursement, peut
groupe immobilier Icade envisageant de déménager dans les prochains mois. réaliser une donation indirecte.
Les Echos Vendredi 27 et samedi 28 novembre 2020 // 39

= Les chiffres de l’économie

// Budget de l’Etat 2020 : 399,2 milliards d’euros // PIB 2019 : 2.479,4 milliards d’euros courants
// Plafond Sécurité sociale : 3.428 euros/mois à partir du 01-01-2020 // SMIC horaire : 10,15 euros à partir du 01-01-2020
// Capitalisation boursière de Paris : 1.827,78 milliards d’euros (au 06-01-2020)
// Indice des prix (base 100 en 2015) : 103,55 en décembre 2020 // Taux de chômage (BIT) : 8,6 % au 3e trimestre 2019
// Dette publique : 2.415,1 milliards d’euros au 3e trimestre 2019

crible
Grands écarts
La dispersion des valorisations est appelée à durer en Bourse. Occasion manquée
Si la crise sanitaire défie La restructuration financière d’Europcar est
les modèles des économistes un test de l’appétence de ses actionnaires.
et la dichotomie classique entre
sociétés cycliques et «défensives»
faite par les gérants, la polarisa-
tion des valorisations boursières
qu’elle a accentuée ne disparaîtra
pas avec la fin de la pandémie.
Catherine Garrigues, la directrice
de la stratégie Actions Europe
Conviction d’Allianz Global
Investors, doute que le retour,
en 2022, des profits au niveau de
ceux de 2019 puisse provoquer un
renversement complet en faveur
des titres décotés (banques,
pétrolières) au détriment de ceux
qui font aujourd’hui consensus
(santé, technologies). Les grands
écarts, comme celui aussi entre
acteurs des énergies renouvela-
bles et les majors de l’or noir, vont
à ses yeux perdurer, tout comme
l’incroyable endurance du
secteur du luxe. Pour réduire
celui avec les Etats-Unis,
l’Europe a en main la carte
de l’investissement durable.

Meilleure franchise
Aviva n’entretient plus les regrets à défaut
de doper les espoirs.
L’heure est à l’auto-partage, mais pour les créanciers d’Europcar,
Quoi de mieux qu’une bonne franchise pour un assureur ! Et malgré elle n’est certainement pas au partage de l’automobile de location.
les apparences, cela concerne aussi les actionnaires, pas seulement Le plan de restructuration financière auquel le premier actionnaire
les assurés. A défaut de pouvoir éteindre l’incertitude sur ses nouvelles du leader européen du secteur, le holding Eurazeo (29,9 % des parts)
cessions, Aviva a donc dévoilé son dividende envisagé au titre de 2020, une a donné son soutien de principe, tient de la voie de garage pour
nouvelle base pour sa croissance annuelle future (moins de 5 %). Il s’agit les détenteurs du titre. La conversion de 1,1 milliard d’euros de dette
de prendre en compte dès maintenant le recentrage stratégique sur trois essentiellement obligataire et l’apport de 255 millions en capitaux frais
marchés (Grande-Bretagne, Irlande et Canada), sous la houlette de la aboutiront à créer 29 fois plus d’actions que celles existantes. In fine,
patronne Amanda Blanc. La nostalgie peut se comprendre (30 % de moins entre 92 % et 97 % du capital d’Europcar atterriront entre les mains
que le versement au titre de 2018) mais pas vraiment les regrets, d’autant du comité de coordination des créanciers, constitué de cinq fonds
que le coupon « pandémique » (au titre de 2019) était plus « light » encore. (Anchorage, Attestor, Diameter, King Street Capital et Marathon),
Le rendement reste non négligeable (6,5 %), sur la base du cours quasi selon que les actionnaires actuels souscriront ou non à l’émission
inchangé après la nouvelle, l’un des plus déprimés depuis le début de de 50 millions d’euros à 19 centimes pièce, soit une décote
l’année il est vrai. Les oracles sectoriels avaient bien phosphoré. Selon eux, de 83 % sur le cours de mercredi. Autant dire que le maintien du droit
un produit des ventes de 6 milliards à 7 milliards de livres laisserait de préférentiel de souscription fait figure de petite monnaie face aux
seulement moitié moins à réallouer – en acquisitions ou en distribution « penny bons de souscription » exerçables à un centième pièce,
de capital – en raison du désendettement nécessaire et de la moindre portant une dilution de 11 %, que se réservent les prêteurs à titre
diversification dans le calcul du capital obligatoire. Même si elle reste « d’honoraires ». Certes, l’injection de liquidités, par l’abandon
à écrire, la nouvelle page donne des gages en promettant de rendre aux de paiements d’intérêts et un financement de flotte, en atteignant
actionnaires le surplus de solvabilité au-delà d’un seuil fixé suffisamment 500 millions, permettrait au groupe de passer la crise. Mais pour
bas pour ne pas désespérer la City (180 %). ses actionnaires, l’occasion semble manquée.

La Bourse de Paris à l’équilibre

EN VUE

Mick Jagger

L e chanteur des Rolling Stones

•quasiment
La Bourse de Paris a terminé
à l’équilibre après une
séance peu animée, les marchés
américains étant fermés en ce jour
de Thanksgiving. Dans des volumes
d’échanges faibles de 2,5 milliards
d’euros, le CAC 40 a reculé de
0,08 %, à 5.566,79 points. A Lon-
dres, le Footsie a perdu 0,44 % et, à
Francfort, le DAX a cédé 0,02 %. Les
restrictions contre la pandémie ont
pesé sur le moral des consomma-
teurs allemands, selon le baromè-
tre GfK. Celui des ménages français
en novembre est au plus bas depuis
décembre 2018 et la crise des « gilets
jaunes ». Les minutes de la dernière
réunion de politique monétaire de
la BCE, publiées dans l’après-midi,
ont montré une inquiétude face à la
deuxième vague de la pandémie, ce
qui annonce une nouvelle série de
mesures de soutien à l’économie.
Du côté des valeurs, STMicroe-
lectronics, en hausse de 1,78 %, a
pris la tête du CAC 40, devant Essi-
lor Luxottica (+ 1,77 %) et Sanofi
(+ 1,37 %). Le secteur automobile
a été durement touché. Lanterne
rouge de l’indice, Renault a cédé
2,32 %. Michelin a reculé de 1,42 %
et Peugeot de 0,73 %. Le secteur
aéronautique a également souffert.
Airbus a perdu 1,86 % et Safran
1,61 %. Chez les financières, Société
Générale a abandonné 1,21 %, BNP
Paribas 0,89 %, Crédit Agricole
0,47 % et AXA 0,41 %.
aurait pu figurer dans la série
« The Crown ». Ne lui prête-
t-on pas – on ne prête qu’aux riches –
une liaison avec la princesse Marga-
ret ? La sœur souffre-douleur de la
reine Elisabeth II partageait avec
Mick son amour pour l’île Mousti-
que. Le désormais arrière-grand-
père estimerait à 4.000 (environ) le
nombre de ses conquêtes. « Mille e
tre »… Son huitième enfant est né en
décembre 2016. Mais, à part ça,
Sir Michael Jagger aujourd’hui est
un sage.
En France, il joue les châtelains en
Touraine. Le Rolling Stone aime les
vieilles pierres. Il a acquis le château
de Fourchette en 1982 pour l’équiva-
lent de 750.000 euros. Il y a passé le
premier confinement. Le facteur
rêve de lui remettre un jour son cour-
rier en mains propres. Mick a 77 ans,
l’âge de péremption des lecteurs de
Tintin. En politique, le rebelle est
devenu centriste. Sur Twitter, il se
félicite de la victoire de Joe Biden :
« J’ai tellement hâte de revenir dans
une Amérique sans mots durs et sans
injures, et d’être parmi des gens qui, je
le sais, ont des points communs et de
l’harmonie. » De « Sympathy for the
Devil » à « Sympathy for Joe ». Il n’est
pas dans « The Crown » mais c’est
sur un autre écran qu’il arrive. Le
chanteur, cinquante-huit ans de
scène, est aussi acteur sur Amazon
Prime Video, ça ne plairait pas à
Ségolène Royal et Eric Piolle. Dans
« The Burnt Orange Heresy », film de
clôture de la Mostra en 2019, un
thriller, Mick tient le rôle d’un mar-
chand d’art. C’est un second rôle. Il
n’en a pas l’habitude.