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Art. 156. Quelles sont les propriétés de la générosité, et comment elle sert de remède contre
tous les dérèglements des passions.
Ceux qui sont généreux en cette façon sont naturellement portés à faire de grandes
choses, et toutefois à ne rien entreprendre dont ils ne se sentent pas capables. Et parce qu’ils
n’estiment rien de plus grand que de (448) faire du bien aux autres hommes et de mépriser son propre
intérêt,
pour ce sujet ils sont toujours parfaitement courtois, affables et officieux envers un chacun. Et avec
cela ils sont entièrement maîtres de leurs passions, particulièrement des désirs, de la
jalousie et de l’envie, à cause qu’il n’y a aucune chose dont l’acquisition ne dépende pas
d’eux qu’ils pensent valoir assez pour mériter d’être beaucoup souhaitée ; et de la haine envers les
hommes, à cause qu’ils les estiment tous ; et de la peur, à cause que la confiance qu’ils ont en leur
vertu les assure ; et enfin de la colère, à cause que n’estimant que fort peu toutes les choses qui
dépendent d’autrui, jamais ils ne donnent tant d’avantage à leurs ennemis que de reconnaître qu’ils en
sont offensés.
Art. 202. Que ce sont les âmes faibles et basses qui se laissent le plus emporter à l’autre.
L’autre espèce de colère, en laquelle prédomine la haine et la tristesse, n’est pas si apparente d’abord,
sinon peut-être en ce qu’elle fait pâlir le visage. Mais sa force est augmentée peu à peu par l’agitation
qu’un ardent désir de se venger excite dans le sang, lequel, étant mêlé avec la bile qui est poussée vers
le cœur de la partie inférieure du foie et de la rate, y excite une chaleur fort âpre et fort piquante. Et
comme ce sont les âmes les plus généreuses qui ont le plus de reconnaissance, ainsi ce
sont celles qui ont le plus d’orgueil et qui sont les plus basses et les plus infirmes qui se
laissent le plus (481) emporter à cette espèce de colère ; car les injures paraissent d’autant
plus grandes que l’orgueil fait qu’on s’estime davantage, et aussi d’autant qu’on estime davantage les
biens qu’elles ôtent, lesquels on estime d’autant plus qu’on a l’âme plus faible et plus basse, à cause
qu’ils dépendent d’autrui.
Au reste, encore que cette passion soit utile pour nous donner de la vigueur à repousser les injures, il
n’y en a toutefois aucune dont on doive éviter les excès avec plus de soin, parce que, troublant le
jugement, ils font souvent commettre des fautes dont on a par après du repentir, et même que
quelquefois ils empêchent qu’on ne repousse si bien ces injures qu’on pourrait faire si on avait moins
d’émotion. Mais, comme il n’y a rien qui la rende plus excessive que l’orgueil, ainsi je crois que la
générosité est le meilleur remède qu’on puisse trouver contre ses excès, parce que,
faisant qu’on estime fort peu tous les biens qui peuvent être ôtés, et qu’au contraire on
estime beaucoup la liberté et l’empire absolu sur soi-même, qu’on cesse d’avoir lorsqu’on
peut être offensé par quelqu’un, elle fait qu’on n’a que du mépris ou tout au plus de l’indignation pour
les injures dont les autres ont coutume de s’offenser. (482)
Epicure, Lettre à Ménécée
“Quand on est jeune il ne faut pas remettre à philosopher, et quand on est vieux il ne
faut pas se lasser de philosopher. Car jamais il n’est trop tôt ou trop tard pour
travailler à la santé de l’âme”
Tant que nous vivons, la mort n’est pas - Quand la mort existe, nous ne sommes pas
Alors, la mort n’existe ni pour les vivants ni pour les morts.
BIEN VIVRE = BIEN MOURIR
Epicure offre une classification des désirs qui contribuent aux contrôles de ces derniers.
Il en distingue en trois ordres :
1 - Les désirs naturels et nécessaires
→ Grâce à eux l’on peut atteindre une vie bienheureuse, ils sont alors indispensables à la
quête du bonheur. Ils apportent l’ataraxie(=absence de troubles)
2 - Les désirs naturels et non-nécessaires
→ Eux, ils ne sont pas mauvais car naturels, mais pour autant ils ne méritent pas d’être
poursuivis de manière inconditionnelle et/ou excessive. Leur non-satisfaction n’est pas
dangereuse. Toutefois, c’est la juste mesure qui doit toujours l’emporter.
On voit là le danger que représentent pour l’homme les désirs naturels et non nécessaires : la
non-satisfaction de ces désirs, et la souffrance associée au manque que nous pouvons
éprouver, quand bien même il s’agit de biens non nécessaires
3 - Les désirs non naturels et non nécessaires
→ On voit là le danger que représentent pour l’homme les désirs naturels et non
nécessaires : la non-satisfaction de ces désirs, et la souffrance associée au manque que
nous pouvons éprouver, quand bien même il s’agit de biens non nécessaires.
substance : idée réconciliatrice puisqu’en elle-même, elle porte deux idées à priori
contradictoires à l’esprit : le changement et la permanence. Elle forme une identité, la
sienne.
La substance sert «de principe d’union ou de cohésion entre ces qualités et [donne] à l’objet
composé le droit d’être appelé une chose en dépit de sa nature diverse et composée»
= elle consigne à la fois le caractère particulier et le caractère générique (simplicité) d’un
même objet.
Dans le premier livre, Hume tente de déterminer ce qui constitue le moi d’un individu. Le
moi qu’il décrit demeure quelque chose d'on ne peut plus incertain, dont on n’a pas
“d’impression constante et invariable”.
Les perceptions de l’être humain sont soit des impressions, soit des idées. S’il n’y a pas de
distinction au niveau de leur nature, il en existe une au niveau de leur intensité : les
impressions agissent plus fortement sur l’âme alors les idées moins.
→ les impressions : sensations, passions, sentiments
Sénèque, De la Tranquillité de l’âme
La doctrine stoïcienne auquelle appartient Sénèque est organisée en trois parties : la logique,
la physique et la morale. Les Stoïciens comparait leur philosophie au corps humain :
éléments de contexte : Sérénus expose ses difficultés à Sénèque, son “mal de mer” de l’âme.
Sénèque lui répond et établit un diagnostic, puis il propose des remèdes au mal de Sérénus.
“Ce que tu cherches, c’est une grande chose, une chose souveraine, toute proche de la
divinité, c’est d’être inébranlable ; c’est cette assiette stable de l’âme, appelée en grec
euthymia, sujet d’un remarquable ouvrage de Démocrite, et que j’appelle tranquillité.”
- p.663
→ La tranquillité, c’est la vie heureuse, l’estime de soi et la joie sans passion. Il vaut mieux
vivre en reconnaissant ses défauts que de feindre les “beaux sentiments” pour paraître
honorable.
Une vie de tranquillité n’est en aucunement une vie d’excès. Avant d’agir, il faut pouvoir
distinguer les actes superflus de ceux nécessaires.
“Reçois mon âme, meilleure que tu ne me l’as donnée ; je n’hésite pas ; je ne recule pas ; ce
que tu m’as donné sans que j’en aie eu conscience, je le mets à ta disposition de mon plein
gré. Prends.” Revenir d’où l’on vient : qu’y a-t-il là de si grave ? Il vivra mal, celui qui ne
saura pas mourir. pp. 679-680.
- Il faut savoir se garder de toute agitation stérile : Une vie de tranquillité n’est en
aucunement une vie d’excès. Avant d’agir, il faut pouvoir distinguer les actes
superflus de ceux nécessaires.Le défaut le plus dangereux, c’est l’inconstance : ne se
tenir à rien, être le jouet du hasard. La plus grande qualité, c’est la constance :
fermeté d’âme, qui permet de résister aux passions de même qu’au revers de fortune
- il faut savoir accepter le sort qui nous est fait : laisser une part au hasard
- il ne faut point s’attarder aux pensées déprimantes :
“l’âme alors se laisse engloutir dans la nuit ; et dans cet espèce de crépuscule des vertus, où
sombrent l’espoir de les rencontrer et le fruit de leur exercice, les ténèbres recouvrent tout.”
p. 686.
“Sache cependant que, pour préserver quelque chose d’aussi fragile, aucun de ces moyens
n’est assez puissant, si nous n’entourons de soins toujours attentifs et vigilants une âme
toujours prête à trébucher.” p. 691.