Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Introduction :
Question :
Le désir constitue-t-il un obstacle au bonheur, à la félicité ou bien le désir est-il un chemin vers celui-
ci ?
Désirer empêche-t-il ou du moins rend-il difficile l’accès au Bonheur ou bien au contraire est-il le
chemin, voir le moteur, vers la félicité ?
Désir : au sens général, le désir est souvent défini par le manque. On ne peut, semble-t-il désirer que
ce qui nous manque. Manque à combler, naturel ou artificiel, limité ou illimité, réel ou illusoire.
Désir/Besoin
Le propre du besoin, c’est que son manque est strictement déterminable : si mon organisme a
besoin de calcium ou de fer, en consommer pourra combler entièrement ce besoin. De même si j’ai
besoin d’une voiture pour travailler, mon besoin sera satisfait quelle que soit la marque, la couleur, la
forme de la voiture. Il n’en va pas de même si “je désire” une voiture. Certes ce désir peut se greffer
sur un besoin réel, mais le désir s’éveille dès lors qu’une part de rêve, d’image, de fantasmes est lié à
cet achat : je n’achèterai pas n’importe quelle voiture, celle qui correspondra le mieux à mes rêves.
Il y a désir quand, visant un objet, je vise à travers lui autre chose que lui, un inconnu qui
s’ouvre par l'intermédiaire de signes que je perçois confusément.
Ce que le désir met en jeu est moins un manque de quelque chose qu’une recherche de soi, “un
manque à être”. Il appartient alors à son essence de ne pouvoir être satisfait, contrairement au besoin.
Il est une recherche sans fin. De plus, le désir met en jeu le désir de l’autre : la concurrence, la jalousie
montre que l’on désire souvent ce que les autres désir , à tel point que parfois le fait qu’autrui désir un
objet est ce qui rend cet objet désirable.
Bonheur :
Etymologiquement, la chance, le sort favorable (bonum augurium, ce qui est de bon augure, de
bon présage).
De façon générale, le bonheur se définit comme un sentiment de plénitude durable; on le
distingue du plaisir ou de la joie, qui ne sont qu’éphémères, mêmes s’ils ne sont pas nécessairement
contraires au bonheur et peuvent en être les moyens. Le bonheur est une fin en soi, une fin dernière :
on ne recherche le bonheur pour rien d’autre que pour lui-même. Appelé le Souverain Bien par les
philosophes antiques.
Lettre 123 :
Quels principes adopter pour éviter le malheur ?
Ces principes ont été annoncés à plusieurs reprises dans les 122 lettres précédentes ici, récapitulatif
[1] & [2] : Introduction : Récit d’une anecdote récemment vécue dont SENEQUE se sert pour rappeler
les bases de la doctrine stoïcienne dont il se présente comme le défenseur. Le stoïcisme n’est pas une
doctrine abstraite mais un mode de vie qui consiste à rester maitre de soi en toute circonstances
(stoïque).
[3] à [5] : On reste maître de soi en limitant ses désirs afin de ne pas dépendre des circonstances car
celles-ci sont imposées par la fortune (la providence) la nécessité.
Donc, puisqu’on ne peut pas s’opposer à la nécessité, on l’accepte ; accepter est difficile car
spontanément, la colère et le chagrin s’imposent.
Spontanément : La philosophie stoïcienne apprend à dépasser cette spontanéité par la raison mais cela
suppose un entraînement.
Bilan :
Il faut préparer son âme à affronter tous les sentiments qui pourraient la troubler car ce qui trouble
l’âme la rend malheureuse, donc, pour éviter le malheur il faut rechercher la sérénité.
[6] & [7] : On reste maître de soi en réglant ses désirs non pas sur ceux imposés par la mode mais
limités par la raison.
Société, ses usages, ses modes qui cherchent à Au départ régie par la nature qui nous a donné la
influencer raison pour guide
Bilan :
La société nous entraine dans une surenchère de désir qui ne sont qu’illusoires quand elle nous laisse
croire que le bonheur se trouve dans leur satisfaction alors qu’en réalité, les satisfaire fait de nous des
esclaves donc pour éviter le malheur, il faut se libérer de l’influence de la mode et ne faire confiance
qu’à la raison en ce qui concerne la maîtrise des désirs. Ces derniers sont envisagés par SENEQUE de
façon péjorative. Il faut apprendre à ne plus désirer et ne satisfaire que ses besoins (SENEQUE était
moins intransigeant dans la lettre 5).
[8] à [17] : En restant maître de soi en se protégeant des influences extérieurs qui propagent le vice au
lieu d’encourager la vertu.
Vertu : « disposition réfléchie et volontaire qui porte à faire le bien et éviter le mal ». Elle consiste à
lutter contre les désirs (la recherche des plaisirs). Lutter suppose force et courage. Du latin virtus : le
courage. Vir : l’Homme, le mâle, la virilité. Le vice est le contraire de la vertu.
Vice Vertu
Associé au mal Associé au bien
Très rependu au point de constituer la norme il est difficile [13] : elle consiste a ne pas désirer ce qui semble le + enviable
de résister à la pression du vice. (ex : les biens matériels) et à accepter la nécessité (maladie, mort)
en toute conscience et sans se révolter. Ex : lettre 30.
Vice : perversion : attitude contre-nature.
[15] & [16] : Mise en garde contre les hypocrites qui enseignent la
Justice : Qualité morale consistant à rendre à chacun ce qui vertu mais ne la pratique pas tout en se faisant passer pour des
lui est dû c’est-à-dire à ne pas chercher à s’approprier ce qui sages.
n’est pas à nous que ce soit un bien matériel ou immatériel.
[16] & [17] : La vertu s’apprend par l’exercice.
[10] & [11] : ce qu’enseigne l’opinion vicieuse : mépris de la
vertu, de la philosophie et de la justice. Et glorification de la
jouissance par tous les moyens Hédonisme.
Comme les sirènes finissent par dévorer les marins attirés
par leur chant, l’homme vicieux finit détruit physiquement et
moralement par les plaisirs
Bilan :
Cette lettre montre en quoi consiste la philosophie dans l’antiquité : elle est une façon de vivre
(art de vivre selon la vertu) et par conséquent, elle se pratique sans se réduire à des connaissances
abstraites. En ce sens, la philosophie stoïcienne ressemble plus à ce que les orientaux appellent
« philosophie » car ce que nous appelons aujourd’hui en occident « philosophie ».
Cette lettre est un exemple d’eudémonisme. Ainsi, le stoïcisme comme d’ailleurs l’épicurisme
est une sorte de recette pour être heureux. Le bonheur stoïcien consiste dans l’apathie.
L’eudémonisme est la doctrine morale qui fait du bonheur le souverain bien, le but ultime de toute
vie.
Apathie : l’absence de passion. C’est une sorte de « self control » pour être le moins touché possible
par les accidents de la vie. C’est le moyen de se mettre en sécurité en s’habituant à vivre détaché des
plaisirs et préparé à la souffrance. En effet, nous sommes malheureux si nous sommes privé de nos
plaisirs habituels qui faisaient de nous leurs prisonniers.
Le bonheur stoïcien suppose donc aussi la liberté
B. Car le désir nous attache à l’accidentel mais nous éloigne de l’essentiel.
Texte de St Augustin « La vie heureuse ».
Est un philosophe et théologien romain du IVème siècle.
Un des pères de l’Eglise à l’origine, l’assemblée de ceux qui croient en la résurrection de Jésus et
en la toute-puissance de Dieu, son père.
Christianisme, Chrétiens.
Extension géographique et en nombre de fidèles entre les Ier et IVème siècles.
AUGUSTIN fait parti de ceux qui ont abandonné le paganisme (religion polythéiste des païens) pour
se convertir au christianisme sous l’influence de sa mère.
AUGUSTIN accède à de hautes responsabilités dans l’église. Il devient évêque d’Hippone.
Le christianisme repose sur les évangiles.
PB : ce livre : récits, témoignages.
Ne fixe aucune règle, aucun dogme,
Les 1er Chrétiens ne disposent d’aucune loi contrairement aux juifs (la Torah).
Lois et dogmes vont être fixés par les pères de l’église dont St Augustin.
Ce dernier rejette les principes et les valeurs du monde antique en particulier l’idée que le bonheur
existe.
Philosophie antique : Bonheur existe à condition d’adopter un mode de vie respectueux
eudémonisme.
Philosophie chrétienne : Bonheur sur terre n’existe pas, seule la vie dans l’au-delà permet de le
connaître la vie terrestre est une « vallée de larmes ».
Mais vous âme remplis, de la lumière de dieu, ne passera pas. Les ténèbres ne l’engloutiront pas. »
Cette citation met en évidence l’opposition entre l’essentiel et l’accidentel.
Essentiel : Ce qui fait qu’une chose est et ne pourrait être autrement ; ex : l’âme, Dieu.
L’accidentel : Ce qui est mais pourrait ne pas être ou être autrement ; ex : le corps, les civilisations
bâties par les hommes.
C. Car le désir n’a pas de fin dans tous les sens du terme.
Pour Schopenhauer, le bonheur n’est qu’illusion, un idéal que les hommes se sont forgés mais
qu’ils ne parviendront jamais à atteindre. Selon lui, l’homme est sans cesse obsédé par ce qu’il n’a pas,
sans se réjouir de ses acquis : nous serions l’esclave de nos désirs. Nous serions donc condamné à
désirer sans répit, nous croyant libre alors que nous sommes manipulé par notre volonté.
Rapprochement entre Arthur Schopenhauer et Georges Duroy, personnage pessimiste du
roman « Bel Ami » de Maupassant.
Ccl : Nous sommes asservis à nos désirs ce qui nous empêche d’accéder au bonheur et à l’idéal que
nous nous sommes fixés.
II. Mais est-ce le désir lui-même qui empêche d’être heureux ou sa nature ?
A. Seuls les désirs naturels sont largement des besoins qui conduisent au bonheur ?
La philosophie d’EPICURE est un hédonisme non pas au sens péjoratif du mot (voir I. A. : rechercher
aveuglément tous les plaisirs et fuir systématiquement tous les déplaisirs). Mais au sens
philosophique : elle fait résider le bonheur dans le plaisir le bonheur n’est pas spirituel mais
matériel = EPICURISME
La philosophie d’EPICURE est matérialiste, selon le matérialisme au sens philosophique, rien
n’existe en dehors du monde matériel, ce que l’on appelle esprit n’est qu’un prolongement de
celui-ci, le monde matériel est constitué d’atomes qui prennent des formes multiples.
Etudier ce monde matériel c’est étudier la nature : la physique dont la connaissance permet
d’adopter un mode de vie qui rendra heureux car il sera conforme à la nature.
Lorsque les désirs naturels nécessaires sont satisfaits et que l’on s’abstient de satisfaire les
désirs vains, on atteint l’ataraxie = l’absence de troubles physiques car suivre la nature permet de
rester en bonne santé ; or, être en bonne santé est une condition du bonheur ; mais parfois, pour rester
en bonne santé, il faut accepter momentanément la douleur.
D’autre part, c’est l’absence de troubles psychologiques en s’habituant à ne satisfaire que ses
désirs naturels, on s’habitue a se contenter de peu. Par conséquent, on ne risque pas d’être malheureux
à cause de privation et sera capable d’apprécier pleinement ce qui sort de l’ordinaire.
Enfin, en ne recherchant pas la gloire, en ne se mêlant pas de politique et en fuyant les
complications amoureuses, on évite toutes les causes d’inquiétude et d’angoisse qui rendent en général
malheureux.
Journaliste, économiste, philosophe et homme politique Allemand du 19 ème siècle. Il développe une
doctrine matérialiste (au sens philosophique).
Epicure : besoins fixés par la nature.
Ils sont absolus et universels (identiques partout et toujours).
≠
Marx : « Nos besoins sont relatifs par nature ».
Idéal/ réel
Texte de Rousseau « Julie ou la nouvelle Héloïse ».
Problématique : La réalisation d’un désir conduit-elle au bonheur ou bien à la désillusion ?
1ère partie : De « Tant qu’on désire » ligne 1 à « avant d’être heureux » ligne 8.
2ème partie : De « En effet, l’homme » ligne 8 à « au gré de sa passion » ligne 13.
3ème partie : De « Mais tout ce prestige » ligne 14 à la fin du texte.
L’idéal : Ce qui n’existe pas dans la réalité, ce qui est abstrait car existant seulement dans l’esprit.
La perfection, le modèle rêvé offre tous les possibles.
Le réel : Ce qui existe dans la réalité, qui est concret ou du moins perceptible, sensible.
La confrontation entre notre rêve et le monde réel. Le rêve n’est jamais à la hauteur du rêve
car il est limitatif, fini.
L’éthique :
De façon général, elle consiste à s’interroger sur ce qu’est vivre bien et à fixer des règles pour
y parvenir mais, contrairement à la morale, ces règles sont individuelles.
L’éthique est un terme mieux adapté pour parler des règles de vie proposées par les anciens
que le terme morale car il préserve une large part de liberté et de raison dans la recherche du
bien.
Ce sens ancien se retrouve chez SPINOZA qui propose une philosophie pour la conduite de
l’existence.
La Joie La Tristesse
Par joie, j’entendrai donc dans la suite une Et par tristesse une passion par laquelle on passe
passion par laquelle l’esprit passe à une plus à une perfection moindre.
grande perfection…
Soit ils satisfont tous leurs désirs de façon spontanée et se nuisent à eux-mêmes et aux autres
(attitude courante de l’opinion qui conduit à la superstition au fanatisme).
Soit ils s’efforcent de n’en satisfaire aucun et vivent dans la frustration (attitude recommandée
par la morale).
Dans les deux cas, ils subissent passivement les désirs.
Au livre IV, Spinoza explique comment faire pour que le désir conduise à la joie.
Il faut mener une réflexion éthique pour que la connaissance permette de passer de l’état passif et
servile vis-à-vis des désirs à un état actif et libre.
Recherche son bien (=joie) et celui d’autrui non par crainte du mal mais pour lui-même.
S’est débarrassé des préjugés, des superstitions
Méprise les faux biens
Se méfie des ignorants et des dangers du monde social
Recherche la vérité plus que la gloire
Recherche une jouissance concrète d’exister sans peur du péché
Est plus soucieux de la vie que de la mort
Grâce à l’ensemble des joies procurées par la satisfaction active et libre des désirs, atteindra le
bonheur, la béatitude, c’est-à-dire l’état de perfection accessible aux hommes.
Immanent : Ce qui est présent dans le monde concret, réel, et se limite à lui.
≠
Transcendant : Ce qui dépasse l’ordre de la réalité et qui correspond donc à l’idéal (ex : Dieu, le
bonheur après la mort…).
L’intérêt :
Au sens financier, somme versée par l’emprunteur au prêteur l’argent rapporte de l’argent
condamnation de l’Eglise, interdiction aux chrétiens d’être banquiers.
Sens très péjoratif qui se retrouve dans le langage courant ; ex : être aimable par l’intérêt.
Pourtant, on dit par exemple de telle œuvre d’art qu’elle a de l’intérêt (= est intéressante) ou n’en a pas
(= ne vaut pas la peine qu’on lui prête attention).