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Stoïcisme: vaincre ses émotions.

On se situe au 3ème siècle avant J.-C. Le stoïcisme est un grand courant philosophique
qu’on peut appeler une philosophie totale, car ce n’est pas seulement un système de
pensée, un système de compréhension du monde, c’est à la fois une philosophie
théorique et une philosophie pratique. C’est une philosophie qui est tournée à la fois
vers la compréhension, mais aussi vers l’action.

Pour commencer, le stoïcisme dit: «Il y a ce qui dépend de nous et il y a ce qui ne


dépend pas de nous». La vision stoïcienne du monde est donc basée sur cette
séparation dont on doit prendre conscience pour comprendre nos limites en tant
qu’être humain.

Il y a des choses qui dépendent de nous comme par exemple: il dépend de moi de
travailler pour réussir, de rechercher la vérité, de bien agir. Il ne dépend pas de moi
d’être grand, puissant, beau, de naître à tel ou tel endroit. Ce que les stoïciens disent,
c’est qu’il y a ce dont on hérite et ce qu’on a construit par soi-même. Évidemment, on
pourra toujours répondre que cette limite est assez floue, mais dans les grandes lignes,
on comprend ce que cela signifie.

Prendre conscience de cette distinction pour les stoïciens, c’est juste le premier pas vers
la prise de conscience que nous ne sommes pas en capacité de tout faire et que nous
sommes fondamentalement limités. De ce point de vue là, la philosophie stoïcienne est
un appel à l’humilité. Humilité qui n’est rien d’autre que la reconnaissance de notre
impuissance, notre finitude. Dit à l’envers: si j’ai des souhaits, des désirs ou ambitions
complètement démesurés, je serai d’une manière ou d’une autre confronté à mes
limites. Je ne vais pas pouvoir accéder à tout ce que je souhaite et lorsque je
rencontrerai des obstacles à mes désirs, je risque d’être malheureux.
Pour synthétiser: si je désire des choses impossibles, je vais souffrir car je vais me
rendre compte, par définition, que ce qui est impossible ne m’est pas accessible. C’est
important de le préciser car au quotidien, on a tendance à oublier que certaines choses
ne dépendent pas de nous.

Exemple: la mort. Pour les stoïciens, être triste quand quelqu’un meurt, c’est une
aberration logique, car on ne peut pas faire en sorte que les gens qu’on aime soient
éternels, c’est un fait. Cette limite (la mort), je dois non seulement savoir qu’elle existe,
mais je dois aussi l’accepter. C’est là qu’on comprend que chez les stoïciens, savoir
quelque chose, ce n’est pas seulement savoir que ça existe, c’est l’accepter au plus
profond de soi. La philosophie stoïcienne est donc une philosophie pratique, pas
seulement théorique. Pour l’exemple de la mort, c’est dès lors que je l’accepte comme
une loi de la nature que je peux m’émanciper du chagrin et de la souffrance que
normalement, cette idée véhicule.

Le noyau de la philosophie stoïcienne est la place importante occupée par le rôle de la


projection imaginaire qui fait qu’un individu n’est jamais totalement dans sa réalité
présente. On est toujours dans l’anticipation du futur ou dans la nostalgie du passé,
mais jamais vraiment dans le présent. Le problème de ces projections, c’est qu’elles
font naître en nous des émotions que les stoïciens appelaient des passions.

En grec, passion se dit pathos, ce qui veut dire souffrance. Et la passion, c’est aussi ce
face à quoi nous sommes passifs, c’est ce que nous subissons. La peur, le regret, la
jalousie, l’envie, la colère, ce sont des émotions, des passions. Ce sont des créations de
notre esprit et la preuve que nous n’acceptons pas l’existence telle qu’elle est.
Par exemple, si je suis jaloux de mon voisin pour une raison donnée (sa femme est plus
belle, ses enfants sont plus intelligents, sa voiture est plus grosse, sa maison plus
grande, etc.), cette jalousie est une projection de mon esprit. C’est-à-dire que si on
voisin n’avait pas tout ce que je n’ai pas, je ne serais pas malheureux. C’est parce qu’il a
ce que je n’ai pas que j’ai cette frustration qui se traduit par de la jalousie. Ce n’est donc
pas mon voisin qui est responsable, c’est moi. C’est moi qui laisse cette pensée (et les
émotions qui en découlent) prendre le dessus sur mon état affectif. Donc, j’en suis
responsable et donc, ça dépend de moi. Là, on arrive à l’idée des stoïciens qui est que
je ne dois pas être affecté par ce qui ne dépend pas de moi.

Conclusion: il y a ce qui dépend de moi, il y a ce qui ne dépend pas de moi, et je ne dois


pas être affecté par ce qui ne dépend pas de moi.

Tout comme pour la mort, toute émotion, pour les stoïciens, est une aberration logique,
pour une raison simple qui est que toute émotion ne résout pas le problème qui en est
la cause.

En réalité, pour les stoïciens, la cause de nos émotions, c’est nous-même, mais nous,
nous identifions la cause de nos émotions à quelque chose d’extérieur à nous. Si je suis
en colère, c’est parce qu’on m’a mis en colère. Pour les stoïciens, ça, c’est de la foutaise!
Si on est en colère, c’est parce qu’on n’arrive pas à maîtriser nos émotions et l’autre
n’est qu’un prétexte pour justifier notre colère, c’est-à-dire notre incapacité à maîtriser
nos émotions. La preuve que nous sommes responsables de nos émotions, c’est que
certaines personnes savent très bien gérer leurs émotions en ne se laissant pas
perturber ou affecter par des événements extérieurs, aussi graves et pénibles soient-ils.
On dit de ces personnes qu’elles savent rester stoïques.
Stoïque, dans le langage courant, signifie impassible. Impassible = sans passion. C’est
une forme d’indifférence non pas liée à une absence de conscience, au contraire, c’est
une indifférence maîtrisée, assumée, puisqu’elle correspond à la conscience qu’il y a
certaines choses qui ne dépendent pas de nous. Les stoïciens nous disent: pourquoi
être affecté par ce qui ne dépend pas de moi? Cela ne résoudra pas le problème. La
colère ne fera pas disparaître les raisons de la colère, la jalousie ne fera pas disparaître
les raisons de la jalousie. Pour les stoïciens, les émotions, c’est un peu la chaleur que
produit une énergie qu’on arrive pas à canaliser, alors qu’on a besoin d’extérioriser
cette énergie par une émotion, mais ça ne résout pas le problème.

Pour les stoïciens, il ne sert à rien d’être dans l’émotion et en réalité, à travers nos
émotions, on masque notre capacité à accepter le monde tel qu’il est. C’est pour cette
raison qu’une autre citation des stoïciens est: «Ne cherche pas à changer la réalité, mais
à changer le point de vue que tu as sur la réalité». Mais attention, ce n’est pas une
philosophie de la soumission ou de la passivité. On pourrait penser que si on accepte
tout, c’est une forme de renoncement, cela reviendrait à dire qu’on doit accepter les
injustices, qu’on puisse nous mentir, nous voler, nous tromper, accepter l’immoralité
d’autrui, etc., puisque les stoïciens nous disent que si on n’accepte pas, on est dans la
folie. Alors… oui et non.

Il existe des choses sur lesquelles je peux avoir un contrôle et les stoïciens nous disent
bien: «Donne-moi la force de changer ce qui peut l’être». Il faut donc trouver ce qui
peut être changé et agir à notre niveau sur cela, mais je ne dois pas avoir des
prétentions qui sont au-delà de mes moyens. Je dois accepter que seul, les
changements que je peux opérer sur le monde sont à l’image de mes capacités, c’est-à-
dire pas grand-chose, mais j’ai toujours le choix entre: faire ce que je peux faire et
laisser tomber en me disant qu’après tout, ça ne sert à rien.
Je peux accepter de renoncer en me disant «à quoi bon?» et dans ce cas là, pour les
stoïciens, je ne fais pas ce qui dépend de moi. J’abandonne, mais pourquoi? Parce que
je ne supporte pas l’idée de ne pas avoir plus d’emprise sur le monde. Donc, je renonce
par égo et donc, ce raisonnement est dicté par l’émotion, le sentiment et le désir de
toute puissance. Mais là, pour les stoïciens, on est toujours dans l’aberration. Pour eux,
on doit agir sur le périmètre sur lequel on peut agir, sans se préoccuper du reste, parce
que le reste ne nous appartient pas. Le reste appartient au monde et le monde poursuit
son chemin sans nous.

Il nous appartient en tant qu’individu de faire des choses dont nous sommes capables,
mais il ne nous appartient pas d’agir à la place des autres. Donc, plutôt qu’une
philosophie du renoncement, on parle d’une philosophie de la lucidité. Les personnes
qui accomplissent de grandes choses sont celles qui ne se préoccupent pas de ce
qu’elles ne sont pas capables de faire. Elle se soucient exclusivement de ce qu’elles sont
capables de faire. Avoir des rêves inatteignables, c’est le meilleur moyen de n’en
réaliser aucun. Désirer l’impossible, c’est le meilleur moyen de rester dans l’inaction,
donc dans la passivité et donc dans la frustration qui accompagne cette passivité. La
philosophie des stoïciens est une philosophie pratique parce qu’elle nous pousse à
mettre nos actes en conformité avec nos pensées.

Si j’évolue dans des émotions telles que la colère, la jalousie ou le ressentiment, mes
actions porteront la marque de ces émotions. Au contraire, si j’agis dans
l’enthousiasme, la gaieté, la joie inconditionnelle qui n’a pas besoin de raison d’être, je
suis beaucoup plus libre car je ne dépends pas de mes émotions, d’une ambition
irréaliste, d’une illusion. Pour les stoïciens, nos émotions nous rendent esclaves. Elles
nous empêchent de voir et de comprendre la réalité telle qu’elle est. C’est comme un
filtre qu’on met entre nous et la réalité et qui, du même coup, déformerait cette réalité
à nos yeux. Les émotions nous rendent esclave puisque par définition, nous ne
choisissons pas de les avoir. Pour les stoïciens, nous subissons nos émotions, puisque
nous ne faisons pas l’effort qu’il faut pour les maîtriser. En fait, les stoïciens pensent que
le but de l’existence humaine, c’est d’atteindre le bonheur et la sagesse, puisque pour
eux, la sagesse est la condition du bonheur. Cette sagesse est aussi liée à la
connaissance, à la compréhension: je comprends le monde et la façon dont il
fonctionne et parce que je l’accepte, je peux être heureux.

Il y a une phrase de Sartre qui résume assez bien le point de vue des stoïciens:
«L’important n’est pas ce qu’on a fait de nous, mais ce qu’on fait de ce qu’on a fait de
nous». Cela signifie qu’on a tous un tempérament et on est tous enclins à éprouver des
émotions, des passions. Cela ne dépend pas de nous (certains sont calmes, paisibles et
d’autres plus inquiets ou encore colériques), mais rien ne nous empêche de travailler
sur ça. Il faut prendre conscience de ce caractère qui est le nôtre puisque ça, c’est dans
nos possibilités.

La vision stoïcienne du monde est une vision déterministe. Cela veut dire que pour les
stoïciens, tout ce qui arrive dans l’univers arrive pour une certaine raison. Cela ne
signifie pas qu’il y a des dieux qui tirent des ficelles et qui nous poussent à agir dans un
sens plutôt que dans un autre, cela serait trop simpliste. Cela signifie que quand
quelque chose se produit, il y a des causes à cet événement. Aucun événement ne se
produit sans cause. Quand on dit que tout a une raison, en fait on veut dire que tout a
une cause. Le mot raison est intéressant et on y reviendra. Tout ce qui arrive a une
cause (ou un ensemble de causes), ce qui fait qu’on peut expliquer tout ce qui arrive.
Expliquer ne veut pas dire accepter automatiquement ou justifier au sens de légitimer.
Par exemple, si un homme commet un crime, on peut expliquer son crime par un
diagnostique psychiatrique ou psychologique, mais cela ne justifie pas son geste au
sens où cela ne l’excuse pas. Pour les stoïciens, cette distinction entre expliquer et
excuser n’a pas lieu d’être (elle a évidemment lieu d’être dans le cadre social), au sens
où si une chose arrive, c’est que de toutes façons, elle avait des raisons d’arriver, elle
avait des causes, puisque rien n’arrive sans cause. Tout ce qui arrive est un effet de
causes qui le précèdent.

Si on était capable, du point de vue de notre connaissance, d’identifier toutes les


causes de ce qui arrive, on s’apercevrait qu’en fait, tout est «normal» (terme qui prête à
polémique), tout est logique, rationnel. La raison englobe tout ce qu’il est possible de
comprendre et si quelque chose se produit, c’est bien que cette chose avait des causes
et celles-ci sont compréhensibles. Évidemment, on n’est pas toujours capable
d’identifier toutes les causes de ce qui arrive, mais on est capable de savoir que ces
causes existent.

Exemple de la fameuse coïncidence: imaginons qu’on rencontre quelqu’un qu’on avait


pas vu depuis longtemps dans un contexte totalement improbable.

Le sentiment de coïncidence extraordinaire est quelque chose qu’on a tous déjà vécu,
mais qui, pour les stoïciens, correspond uniquement à notre point de vue individuel,
point de vue d’«ignorant». Nous sommes surpris de quelque chose quand nous n’en
connaissons pas les causes. C’est ça, la surprise: on ignore les causes. Mais si on avait
connu les causes de l’événement avant qu’il ne se produise, on aurait été capable de le
prédire, de l’anticiper, comme étant la conséquence logique, rationnelle et nécessaire
de ces causes. En effet, si on avait un point de vue omniscient d’une ville, on verrait
toutes les rues et les déplacements et on verrait donc la rencontre avant qu’elle n’ait
lieu et dans ce cas, rien ne serait surprenant. Pour ceux qui, par contre, se rencontrent
au coin de la rue, c’est extraordinaire. Tout est une question de point de vue, en fait!
La surprise, l’étonnement, la coïncidence, c’est un sentiment individuel. Si l’individu
était capable de s’élever, du point de vue rationnel, c’est-à-dire objectif, omniscient, il
ne serait pas surpris, il s’y attendrait. Pour les stoïciens, rien de ce qui arrive n’est
étonnant, car ils adoptent ce point de vue omniscient. Ils savent que lorsque quelque
chose se produit, c’est qu’il y avait des raisons que ça se produise. C’est ça le
déterminisme. C’est le fait de se faire dire que tout ce qui arrive est l’effet nécessaire,
c’est-à-dire fatal, de causes qui précèdent cet événement.

L’univers est totalement rationnel, il obéit aux lois de la logique, il est donc
compréhensible dans sa totalité. Si le réel est rationnel et logique, l’homme, en tant
que partie de l’univers, doit, dans la mesure du possible, se conformer à ce modèle de
rationalité et doit chercher à se comporter comme cet univers. Plus il se comportera
comme l’univers, c’est-à-dire de manière rationnelle et logique, et moins il sera soumis
à la souffrance, à la frustration, à la tristesse… Bref, moins il sera soumis à ses émotions.
Plus il se rapprochera de ce modèle de rationalité et plus il sera libre. Plus il sera libre et
plus il sera heureux. Le bonheur, c’est lorsque je deviens capable de ne plus dépendre
de mes émotions, qui sont des sangsues qui m’empêchent de déployer mon potentiel
rationnel.

Ce modèle peut sembler inhumain, inaccessible à l’être humain, cette capacité


d’objectivité absolue qui fait qu’on ne va plus dépendre de nos émotions. Les stoïciens
s’en foutent! Ils se demandent si on est capable d’aller vers cet idéal, de se déprendre
de l’influence de nos émotions. La réponse est oui: on en est capable, mais ce n’est pas
facile. Évidemment que ce n’est pas facile! Les stoïciens n’ont jamais dit que la sagesse
était quelque chose de facile, et de manière générale, les philosophes n’ont jamais dit
que le bonheur ou la connaissance était quelque chose de facile. Ils disent: «C’est
possible, c’est faisable: on peut vaincre nos émotions et c’est par ce travail de combat
contre nos émotions qu’on peut aller vers la sagesse et le bonheur».

Pour les stoïciens, le bonheur n’est en aucun cas la satisfaction de ses désirs. Pour eux,
satisfaire ses désirs, c’est même le contraire du bonheur.

Pourquoi est-ce que le bonheur est le contraire de la satisfaction du désir? Parce que le
désir est quelque chose qui ne dépend pas de nous. Le désir est un sentiment qui nous
habite et qui peut même devenir physique et qui vient manifester notre manque d’un
objet extérieur.

On sait que par définition, je désire quelque chose que je n’ai pas. Lorsque je le désire,
je prouve que je dépends de cet objet, que mon bonheur dépend de cet objet et je vais
spontanément associer mon bonheur à l’acquisition de l’objet que je désire. Pour les
stoïciens, c’est une illusion totale! C’est facile à tester: si on désire quelque chose, par
exemple une cigarette. On la fume et quand on l’aura terminée, on en voudra encore
une autre très peu de temps après. On n’aura donc pas tué notre désir, au sens où on
ne l’aura pas satisfait. Donc, la cigarette ne me rend pas heureux. Elle comble un désir,
elle comble un manque qui ne manquera pas de ressurgir quelques temps après.

En ce sens, le bonheur, ce n’est pas obtenir quelque chose qu’on désire, le bonheur
c’est ne plus dépendre de ses désirs. Le bonheur, c’est ne plus désirer. Je désire quelque
chose lorsque je suis en manque, fatalement. Lorsque je suis comblé, je ne désire plus.
Le stoïcien total, accompli, c’est celui qui est capable d’être dans la pure constatation
sans aucune émotion, sans aucune expression de souffrance.
En guise de conclusion: les stoïciens nous disent qu’il y a ce qui dépend de nous et ce
qui ne dépend pas de nous, et qu’il ne dépend que de nous de ne plus être dépendant
de ce qui ne dépend pas de nous. Pour les stoïciens, l’univers obéit à des lois
implacables, qu’on pourrait appeler les lois de la fatalité, mais chez les stoïciens, le mot
fatalité n’a pas une connotation négative. C’est d’ailleurs surtout dans nos sociétés
modernes que la notion de fatalité a une connotation négative, puisqu’on considère
qu’à partir du moment où il y a fatalité, il y a une absence de libre arbitre, mais pour les
stoïciens, ce n’est pas du tout ça. Le libre-arbitre existe pour les stoïciens, au sens où il
dépend de nous de ne pas nous affecter ou émouvoir de la nécessité implacable du
monde. Il ne dépend que de nous d’être heureux dans la situation qui est la nôtre. Ce
qui n’implique pas que nous devons être passifs face à l’existence et face à ce qui arrive.
Cela implique seulement que nous devons faire preuve de discernement et de lucidité
sur ce qui peut être changé, sur les raisons de changer ce qui doit l’être et sur les
moyens à employer pour changer ce qui doit l’être.

Le stoïcisme est une philosophie pratique. D’ailleurs, il s’est un peu converti aujourd’hui
dans les techniques de développement personnel. Cependant, elles sont un aspect un
peu superficiel de quelque chose de beaucoup plus profond qui est une philosophie à
part entière. On ne peut pas simplement prendre l’aspect pratique de la philosophie
stoïcienne et penser que ça suffit. Pour les stoïciens, cette capacité à maîtriser ses
émotions, à redevenir le capitaine sur le paquebot de notre existence, ne peut être que
le résultat d’une démarche de compréhension du monde.

Comprendre le monde ne signifie pas l’accepter, mais il est impossible de l’accepter si


on ne cherche pas à le comprendre. Comprendre le monde, c’est comprendre que ce
qui arrive a des raisons d’arriver et que ce qui est, est le seul arbitre. Je peux déplorer
une situation à titre individuel, mais n’empêche que cette situation a une raison d’être.
Peu importe si je n’en comprends pas le sens ou les causes, cette situation est là et je
ne peux que l’accepter. Il ne sert à rien de résister face à ce qui est implacable, il ne sert
à rien de s’énerver, ça n’arrangera rien. Si j’accepte ce qui m’est, a priori désagréable,
ça cesse d’être désagréable. Quand on est dans un état d’esprit stoïque, un état de
neutralité par rapport à nos émotions, on se rend compte que d’un point de vue
rationnel, tout est justifié et que si la vie ne se limite pas à la raison, il n’y a pas de
raison que la vie soit une longue succession de souffrances.

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